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 Effet Papillon [Tome II]

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Rufus Shinra
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Skay-39
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MessageSujet: Re: Effet Papillon [Tome II]   Effet Papillon [Tome II] - Page 4 EmptyMar 16 Mar 2010 - 23:56

Rufus Shinra a écrit:
Merci à Skay pour son coup de main au niveau d'un passage qu'il a sacrément embelli avec son ajout !
Cinq petites lignes. ^^

Et bien, je dois dire que celle-là, je ne l'avais pas vu venir. J'avais monté beaucoup de théories à propos de Carl, l'ordre qui lui a coûté son poste, la façon dont il a obtenu son emploi civil, mais je n'avais vraiment pas envisagé quelque chose de ce genre.
C'est un méli-mélo digne de Ocean's Eleven que tu nous montes là... Ainsi, Carl a lui-même signé pour tous ces ennuis ! Ce cauchemars judiciaire, cette détresse et ces choix à faire, il savait ce qui l'attendait lorsqu'il a décidé de rejoindre l'unité 2... Tout comme Carl, je m'étonne un peu qu'on ait ainsi recruté un jeune élève tout juste sorti de l'Académie, mais on lui a répondit "Justement", alors je n'ai rien à ajouter.
Une chance pour lui que les évènements à l'extérieur aient amené ses supérieurs à réévaluer son dossier.
Le voila donc propulsé dans cet univers nouveau qui a émergé de la chute des Goa'uld, fait de mercenaires, de technologies Goa'uld circulant au marché noir et d'aliens divers réunis par la nécessité, louvoyant entre les superpuissances. Un petit bout de Farscape, en somme...
J'aime beaucoup le principe de cette unité : infiltrée dans une bande de mercenaires, sans lien concret avec la Terre, en contact avec des terriens qui se sont eux réellement engagé dans la clandestinité... Tout cela à un petit goût d'officieux très séduisant. ^^
Comme je te l'ai dis sur MSN, je crois que je n'ai pas été tout à fait à la hauteur dans la bêta-lecture de ce chapitre : je n'en avais pas saisi toutes les implications. A la relecture, il m'apparait que quelques détails auraient besoin d'être clarifiés, pour faciliter la compréhension de ce retournement brusque de situation.

Van'Tet quant à lui poursuit son infiltration... Avec le même succès qu'une autruche qui essaye de se cacher au sein d'un élevage de poules. Autant pour le super espion Jaffa. ^^ M'enfin je suppose qu'avec Vala et ses acolytes, il avait fort à faire...
Ses réflexions sur la nation Jaffa sont encore une fois très cyniques, assez fascinantes. J'admire la manière dont tu manipules une simple faiblesse scénaristique de la série pour en faire un problème de société. Effectivement, songer aux Jaffa qui s'accrochent par orgueil à des armes qui font d'eux la risée de la galaxie - même si c'est uniquement dans leur dos -, voila qui est douloureux...

Vala a bien évolué depuis la jeune-femme que nous avons connu dans la série. Logique, les années ont passé, elle n'a jamais quitté l'univers du crime, elle s'est assagie... Tout en gardant cette touche de fantasie qu'on lui connait. ^^ On est loin de la tête-brulée qui prend un croiseur d'assaut avec une combinaison de guerrier kull pour tout armement... :p Pour l'instant j'ai du mal à m'y faire, mais je suppose que ça va venir.
Bon, encore une réflexion qui me vient à posteriori, mais pour ma part j'aurai tâché de donner à l'introduction de Vala un côté un peu plus retentissant. ^^ Pour le spectacle...

Du côté de la flotte, montée brutale de la tension, avec d'une part la menace plus présente que jamais d'un conflit ouvert avec les Jaffa, et de l'autre la crainte d'une attaque de Kali. J'ai vraiment vu le massacre se profiler... et je ne suis pas encore sûr qu'il n'est pas à venir. ^^

Nouvelle mission pour SG-22, chargée de veiller à ce que la technologie des Anciens ne fasse pas un come-back trop fulgurant dans la Voie Lactée. Amusant de songer que les brouilleurs qui ont dissimulé l'endroit pourraient justement constituer le principal intérêt de l'endroit...
Je remarque que personne dans l'équipe ne s'est renseigné sur le partie de ces fameux prospecteurs. S'ils devaient s'avérer terriens, cela m'amuserait beaucoup... Ce serait l'occasion pour l'équipe de mettre sa loyauté à l'épreuve. Et, peut-être, de se poser cette question : et si Shanti avait perdu l'esprit lors d'une mission sur Terre, et non sur Dakara ?

La jeune-femme, justement, se remet doucement, et pas assez bien au gout de ses coéquipiers. L'occasion peut-être d'introduire la première romance de toute cette histoire ? Je dois dire que cela me manquait un peu... Je n'ai pas besoin de grandes romances adolescentes, mais pas une seule fois dans cette fic il n'a été fait mention, à ma connaissance, d'une épouse ou petite amie, et des sentiments qui vont avec. J'approuve donc. ^^ Il fallait cela pour que ce récit soit complet...
Atlantis se voit donc chargée d'une mission supplémentaire si elle veut voir SG-22 demeurer fidèle à sa cause. Je me demande comment elle va s'en tirer, cette fois-ci... Va-t-elle encore tirer sur la corde Anna ? J'ai bien peur qu'à force elle ne rompe...

La pauvre me fait vraiment pitié. Isolée par la nature même de son affectation secrète, piégée par les mensonges par omission dont elle s'est peu à peu rendue coupable, cernée par une intelligence artificielle qui, en plus d'avoir sur elle tout pouvoir de vie ou de mort - ce qui, quoiqu'on en dise, doit être terriblement angoissant -, s'avère désormais également capable de pénétrer dans sa tête pour y semer le désordre...
J'ai cependant été très vivement intéressé par la proposition d'Atlantis... "la possibilité d’obtenir mes vraies bases de données intactes, infiniment plus vite que ce que vous permet votre niveau technique. " Je me fais peut-être des idées, mais cela m'évoque une bibliothèque des Anciens... Un équipement que je me suis toujours attendu à trouver, sous une forme ou une autre, à l'intérieur de la cité.

Bref, je sens pas mal de mouvement en perspective. La poudrière humano-Jaffa n'a sans doute été jamais aussi proche du point d'embrasement...

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Dernière édition par Skay-39 le Jeu 24 Juin 2010 - 20:52, édité 1 fois
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Rufus Shinra
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MessageSujet: Re: Effet Papillon [Tome II]   Effet Papillon [Tome II] - Page 4 EmptySam 15 Mai 2010 - 22:00

Voilà, après une pause de deux mois, un peu de réécriture, et pas mal de coups de main de la part de mes bêta-lecteurs (et de mon alpha-lecteur), on peut reprendre l'histoire. Merci à toutes et à tous qui prennent le temps de lire Effet Papillon !





Chapitre 14 : Engrenages

Le jeune jaffa avait été pris au dépourvu lorsque la femme aux cheveux noirs de jais s’était jointe au groupe de mercenaires qu’il accompagnait. Celle qui dirigeait toute l’organisation où il s’était infiltré était arrivée dans l’une des salles de transfert, portant un sac à dos semblable à ceux de ses troupes et des vêtements qui ne l’auraient pas surpris… chez des terriens. Attachée en bandoulière, une arme automatique que Van’Tet ne reconnaissait pas rappelait à quiconque pourrait l’oublier que cette femme n’était pas quelqu’un que l’on désirait avoir pour ennemi.
-Tout est prêt, Jomah ? demanda-t-elle en arborant un sourire prédateur qui contredisait et renforçait simultanément le message transmis par l’arme.
-Oui, répondit-il.
-C’est parti ! dit Vala d’un ton qui détonait par rapport à l’ambiance générale.
Jomah se retourna vers la troupe et pointa une demi-douzaine de mercenaires, parmi lesquels Van’Tet :
-Vous, avec moi, le second groupe nous suit à mon signal.
Sans attendre de réponse, il avança vers les marquages au sol indiquant la présence des anneaux de transport, passant autour d'une pile de sacs de transport. Van’Tet, à la limite de la zone couverte par les anneaux, plaqua ses bras le long du corps, son arme tenue vers le bas.
Quelques instants plus tard, les artefacts de téléportation surgirent de leur emplacement de stockage pour former un tube discontinu autour de la petite troupe, avant de faire disparaitre celle-ci dans un éclair de lumière.

Van’Tet détestait particulièrement les anneaux de transport pour une raison précise, et il ne fut que conforté dans son opinion par ce nouveau déplacement. Pendant de trop nombreuses secondes, il fut, comme le reste la masse de mercenaires près de lui, incapable de bouger, alors même qu’il s’était rematérialisé dans un endroit potentiellement hostile.
Une fois les anneaux retournés dans leur logement, il brandit son arme à l’horizontale, avant de lire son erreur sur le regard des autres, qui hésitaient entre la pitié et l’énervement, avec toutes les nuances d’ironie entre les deux. Il tenait son arme à projectiles comme il aurait tenu sa lance, près de ses hanches, dans une posture inconfortable. Il se corrigea, maudissant autant l’apparition d’engins aussi différents qu’efficaces que l’endoctrinement qui visait à faire de lui le maître d’une arme qui ne brillait que face à elle-même.

Sa pensée suivante fut pour le paysage autour de lui, une plage qui s’étendait à perte de vue, seconde moitié d’un tableau complété par un océan dont le vacarme lui emplissait les oreilles. Ne prêtant rapidement plus attention aux mouvements des animaux qui apparemment considéraient la mer de sable comme leur foyer, il chercha des yeux un quelconque signe de présence.

Au coin du regard, il vit Jomah sortir un appareil de l'un des grands sacs arrivés peu de temps après le groupe, pour le scruter attentivement avant de reporter son attention sur la petite arme qu’il tenait dans l’autre main. De la taille d’un Zat’n’ktel, mais aux formes bien moins vicieuses quoiqu’aussi élégantes, elle était, comme il l’avait vu la semaine précédente, aussi dangereuse que les grandes aux mains d’un tireur chevronné.

Ce que Jomah était sans l’ombre d’un doute.

-Personne ici, murmura-t-il avant de se tourner vers l’un des mercenaires, un colosse portant sur le dos un objet de la taille d’une lance jaffa, mais aux formes similaires au fusil de Van’Tet. Enrek ! Va entrer l’adresse. Les autres, en position autour des anneaux.
Le jeune jaffa ne discuta pas, se dirigeant vers la zone d’arrivée, seul endroit pouvant servir d’accès aux troupes d’une éventuelle embuscade. Ce faisant, il entendit derrière lui le bruit caractéristique de l’activation progressive de la Porte, qui laissa place au vacarme final témoignant du vortex récemment formé.

-Nous passons la Porte, entendit-il dire Jomah dans son communicateur. Vous pouvez venir… Oh, vous autres, dit-il alors d’une voix plus forte. Revenez, c’est bon !

Obéissant, Van’Tet se rapprocha alors qu’Enrek manipulait ce qu’il reconnut comme une grenade à choc. La lançant avec une délicatesse surprenante pour sa carrure, le géant reprit son arme des deux mains, avant de faire un signe de tête à Jomah.

-En avant. Bousillez tout ce qui est armé ou qui a l’air méchant, ordonna-t-il en faisant signe au groupe d’avancer dans le mur bleuté.
Suivant l’ensemble des mercenaires, l’espion se retrouva, quelques nausées plus tard, de l’autre côté du vortex, son entraînement reprenant le dessus et lui intimant de rechercher des adversaires. Au bout de quelques instants, son inconscient remarqua un élément anormal, qu’il identifia rapidement. Il était seul au niveau de la Porte qui illuminait la pénombre.
Son regard balaya rapidement ses alentours, et il retrouva aussitôt ses camarades, qui étaient tous accroupis à quelques mètres, derrière des abris naturels, recherchant eux aussi d’éventuelles cibles. Il se mit à courir vers un rocher plus gros que ses voisins, s’abritant derrière tout en maudissant une nouvelle fois ses maîtres d’armes, qui lui avaient inculqué les mêmes réflexes qui avaient mené à leur mort tant de ses frères depuis que les Terriens étaient arrivés, avec leurs armes et leur vision cynique de la guerre.

Jomah les ayant rejoints, il sortit une nouvelle fois son appareil, laissant Enrek ramasser la grenade usagée. Guidés par son appareil, les mercenaires vérifièrent l’identité de chacune des formes de vie voisines, immobilisées par l’impulsion de la sphère goa’uld.

N’ayant trouvé qu’une poignée d’animaux assommés ou tués par l’influx nerveux projeté par la grenade, ils se regroupèrent à nouveau près de la Porte, maintenue ouverte par l’un des mercenaires, qui gardait son bras à moitié enfoncé dans l’étendue apparemment liquide. Van'Tet laissa son regard trainer sur un quadrupède trapu au pelage ras, dont le cou s'achevait apparemment sur une énorme paire de mandibules, avant de se reporter sur sa tâche.

Après un nouvel appel, le second groupe traversa la Porte en portant les sacs. Quelques instants plus tard, le vortex se referma, laissant la semi-obscurité du crépuscule reprendre ses droits.

-Alors ? demanda Vala, d’une voix légère.
-Rien dans les parages, madame.
-Ca fait combien de fois que je te le dis, Jomah ? Tu m’appelle “Vala“, pas de ce “madame“. Tu me donnes l’impression d’être une vieille qui a oublié de prendre sa retraite, avec toutes ces politesses. Tu ne me trouves pas comme ça, dis ? demanda-t-elle avec une voix joueuse.
-Vous n’êtes pas vieille. Et pour ce qui est de la retraite, vous savez ce que j’en pense, depuis Praster 11.
-Voilà ! C’est ça le Jomah que j’ai recruté sur Adoxis, un taré qui vient emmerder ceux qu’il ne faut pas et qui s’en sort toujours. Et puis, c’était Praster 9, pas 11, et en plus, ça compte pas.
-Ah bon ? répliqua le mercenaire. Je croyais pourtant qu’après ce qui était arrivé avec cette bande de fermiers…
-On avait promis de ne plus parler de ça, répondit-elle en jetant des regards inquiets aux alentours. Personne n’aurait pu prévoir ce qu’ils allaient faire avec leurs sacs de farine et ce vieux Tel’Tak !
-N’empêche que le plan parfait, je m’en suis souvenu…
-Rien. Du. Tout. Et de toute façon, là, on se repose dans un coin pommé, qui n’intéresse personne et on ne nous a pas vus arriver. Alors, bon, qu’est-ce qui pourrait bien se pass…
Vala s’interrompit en se rendant compte de ce qu’elle venait de dire, et croisa le regard de ses mercenaires, apparemment beaucoup plus tendus. Y compris Van’Tet, qui savait que certaines phrases ne se prononçaient jamais, sous peine d’attirer les foudres d’une ironie que même les jaffas avaient appris à respecter.
-Tu ne pouvais pas t’en empêcher… Vala ? dit Jomah, en parlant à peine plus fort que le bruit du vent qui avait été, pendant quelques secondes, le seul son audible à proximité. Je te préviens, quand on va se retrouver dans la merde, ne compte pas sur moi pour oublier de te dire “Je t’avais prévenue“.
-Bah, répondit-elle en haussant les épaules, ça fera autant d’histoires de plus à raconter autour d’un verre !
Sans attendre de réponse, elle réajusta son sac à dos et avança, allumant sa lampe-torche pour s’éclairer, alors que le chef de l'équipe interpellait l'un des soldats :
-T'as pris quoi comme matériel ?
-Tout le matériel spécial.
-Tout ?
-Tout. On part en "vacances", pas à l'assaut d'une forteresse. On va quand même pas laisser des trucs au hasard…
-Non, trop risqué, répondit Jomah, rassuré par la prévoyance de son subordonné, comme lui vétéran d'opérations catastrophiques. Tu as eu raison, on en aura sûrement besoin.

Van’Tet attira l’attention de son voisin et chuchota :
-Qu’est-ce qu’…
-C’est Jomah, lui répondit le mercenaire hébridan tout aussi bas. Côté coups foireux, il s’y connait. Aucune idée de ce qu’il a fait avec la patronne, mais c’est le seul type ici qui peut lui parler comme ça.
-Ils sont… ? demanda Van’Tet avec la curiosité propre à son nouveau rôle, curiosité qui n’était en aucun cas feinte.
-Eux ? Ensemble ? répondit l’autre avec un rire étouffé. Aucune chance, crois-moi là-dessus !

Sans un mot, Van’Tet continua la marche, se demandant une fois encore si ce groupe pouvait vraiment être ce que ses supérieurs avaient suggéré.



Thomas Campbell, lui, était submergé par les questions, aussi biens existentielles que pratiques, depuis sa défection, sans que sa situation à ce niveau n’ait pu s’arranger en quoi que ce soit depuis cet évènement. Il se demandait comment l’avenir se présentait pour lui et les deux autres exilés de SG-22, tout en continuant l’entraînement auquel le soumettait Atlantis. Le parcours du combattant ne ressemblait en rien à ce que pouvaient subir des recrues sur Terre, pour la simple raison que les obstacles étaient plus souvent constitués de champs de force et d'impulsions invisibles que de parois et autres ponts de corde. Toute personne sans les perceptions améliorées offertes à SG-22 n'aurait vu qu'une pièce presque vide, et se serait, au mieux, gravement blessée en entrant sans précaution dans une zone à gravité quintuplée.

Dosant approximativement les forces à exercer sur son environnement, il réalisa un mouvement dont les différentes composantes étaient une injure mortelle à la mécanique newtonienne, tout en pensant aux derniers jours. Et simultanément, était aussi bien émerveillé qu’effrayé par sa capacité récente à partager plusieurs fils de pensée en parallèle, réagissant aux situations fournies par la salle d’entraînement sans pour autant s’arrêter de réfléchir.

Ce qu’Atlantis avait fait aux trois humains les avait, il le savait, changés infiniment plus que l’I.A. ne l’avait laissé entendre. Leurs capacités au combat n’étaient que la partie émergée d’un iceberg dont il cherchait encore les contours.

Le pilote ne s’était jamais senti aussi proche des Goa’uld, comprenant enfin leur relation face avec au reste de le Voie Lactée. Détenteurs d’une technologie que nul ou presque assimilait à autre chose que de la magie, ils avaient embrassé cet aspect que leur prêtaient les… mortels. Il savait qu’il ne tomberait pas dans leurs travers, sa relation face à cette technologie tenant plus de la peur que de l’arrogance, mais craignait la manière dont ces pouvoirs le changeraient, en tant qu’être humain.

Si tant est qu’il en soit encore un… n’osait-il compléter.

-Il nous faudrait un Yoda, se dit-il. Quelqu’un pour nous rappeler de ne pas tomber dans le Côté Obscur de… de je ne sais pas quoi. Avec Atlantis… elle pourrait sûrement continuer à nous utiliser dans ce cas.
-Non, lieutenant, intervint silencieusement la voix de l’I.A. Il est préférable à tous les niveaux que vous et vos collègues puissiez conserver l’ensemble de votre personnalité, critères de décision moraux y compris. Je ne suis pas entièrement cynique, vous savez. Juste en grande partie.
J’en doute, mais bon… dit-il avant de reporter toute son attention sur la salle d’entraînement, où venaient d’apparaitre plusieurs figures menaçantes, autant de machines qui semblaient vouloir couvrir tous ses chemins de fuite.

Les robots, d'apparence vaguement humanoïde, étaient parfaitement noirs, ne reflétant aucun rayonnement électromagnétique habituellement présent dans la nature ou dans les systèmes d'illumination courants. La présence de réserves thermiques internes leur empêchait d'émettre de la chaleur, leur coque externe demeurant à la même température que l'extérieur, et seul le contraste entre leur forme et l'arrière-plan les distinguaient de celui-ci. Campbell savait qu'ils pouvaient se rendre invisible à volonté, mais l'I.A. avait déjà testé leur capacité de réaction face à une telle menace plusieurs jours auparavant, et les machines se dévoilaient à présent dans leur forme naturelle. La coque lisse, sans angle ni ouverture visible, abritait, il le savait, des armes de tous formats, tandis que le déplacement sur jambes n'était destiné qu'à allouer plus d'énergie aux systèmes de combat, le vol n'étant littéralement qu'un jeu d'enfant pour les concepteurs du robot.

L'androïde fit un brusque mouvement que même les récepteurs supplémentaires dans la rétine de Campbell eurent peine à décomposer. Le bras se fendit en deux en plein geste, projetant deux disques de métal au fil brillant, qui fusèrent vers le militaire en suivant des trajectoires complexes. Il se concentra brièvement sur les ondes de surpression créées par les projectiles – exercice plus aisé que le suivi visuel simultané des cibles - tout en laissant ses implants analyser leurs mouvements, et opta pour la solution suggéré, saturant leurs propulseurs MHD. A peine avait-il initié la manœuvre, cependant que son inutilité fut flagrante, les impulsions électromagnétiques dirigées se voyaient neutraliser par les systèmes de protection passifs de la frégate. Changeant de stratégie, il recourut à des gradients gravitationnels localisés pour faire se rejoindre la trajectoire des deux engins, esquivant distraitement deux tirs lancés par l'adversaire de Shanti, quelques mètres plus loin. Une zone de brouillage fluctuante qui s'était dressée entre lui et l'un des disques le contraignit à accroitre sa concentration, tandis qu'un soudain déplacement de la gravité sous ses pieds l'obligeait à diviser son attention. Les deux disques convergèrent vers un point de collision, mais, au dernier instant, les systèmes de guerre électronique de l'androïde eurent un coup de chance, et brouillèrent une fraction de seconde ses nanites. Celles-ci, désynchronisées, ne purent assurer l'intégrité du champ, qui ne fit que se frôler les armes, sans les endommager. Aussitôt modifié le chiffrage de son réseau neuronal, le lieutenant opta pour une solution plus directe, et fit chauffer les disques par un simple flux de particules. Les alliages supraconducteurs de leurs propulseurs perdirent aussitôt leurs propriétés, causant un réchauffement soudain, qui alla en s'aggravant. La puissance phénoménale qui passait jusqu'alors sans résistance dans les électrodes de sustentation induisit un afflux de chaleur, causant une brusque dilatation de la structure-même des deux disques. Les projectiles se percutèrent violemment, le vacarme de l'explosion résonnant sur quelques mètres avant d'être neutralisé par les protections internes.

Dans un coin de son esprit, il eut un rapport succinct de l'engagement, commenté par l'I.A., qui le félicitait pour sa vitesse de réaction.




Sans apparemment faire le moindre geste, Shanti détourna les projectiles lancés par les automates d’entrainement, avant de les neutraliser d’une pensée. Les machines, dont les systèmes d'autoprotection énergétiques auraient fait pâlir de jalousie un guerrier d'Anubis, étaient réglées pour fournir à leur adversaire une cible combinant aussi bien des capacités de combat rapproché qu'à distance. A aucun moment pourtant, son regard ne s’était posé sur ces drones de combat, restant dans le vague. Focalisée sur elle-même, la jeune femme cherchait davantage à contrôler ses réactions qu’à suivre le planning prévu des exercices.

-Lieutenant, intervint Atlantis. J’ai remarqué que vos actions au cours de ces dernières séances présentent des défauts en termes d’efficience. Avez-vous un problème de configuration de vos implants ?
-Que dois-je améliorer ? demanda la jeune femme, dont le visage restait neutre.
-Votre dépense énergétique par cible est d’environ vingt-huit pour cent supérieure à celles de vos collègues. La même tendance se manifeste au niveau de la capacité cognitive affectée au traitement des menaces. Il semble donc que la calibration de vos systèmes d’autodéfense ne soit pas optimale.
-
-Ou bien que les actions que vous entreprenez ne le soient pas.
-
-Lieutenant, vous utilisez vos générateurs de champs pour compenser une partie de la chute que vous avez induite chez vos cibles. A plusieurs reprises, lorsque je vous ai mise face à des réplicants, vous avez mené des attaques nerveuses totalement inadaptées : aussi bien les risques d’échec que l’énergie consommée et la concentration requise sont considérablement plus élevées que lors d’une action plus conventionnelle.
-Je sais.
-Alors, j’espère que vous ne mettrez pas vos collègues et la mission en danger le moment venu.

En face d’elle, un androïde simulant la majorité des fonctions vitales d’un humanoïde s’effondra, son système nerveux assailli d’informations contradictoires projetées par Shanti durant les quelques fractions de seconde qu’avait duré sa conversation avec l’I.A.

Cette dernière, parmi des millions de tâches en parallèle, parcourut le rapport d’état de la machine sophistiquée, prédisant une inconscience de plusieurs heures, sans séquelles physiques.

Elle eut l’esquisse de l’équivalent virtuel d’un sourire.


La jeune femme, continuant sa progression, accorda un regard fugace au pantin tombé au sol, les membres tremblants. Pendant quelques instants, elle vit en surimpression un visage sur la figure de l’androïde vaincu. Une face qu’elle avait entraperçue, et qui était désormais figée dans ses souvenirs, son propriétaire l’ayant regardé dans les yeux au moment de mourir, quelques instants après avoir poussé hors de danger un jaffa près de lui.

Le regard n’avait exprimé, au contraire de tant d’autres, ni haine ni terreur, mais une résignation face à l’orbe de plasma qui allait le désintégrer. Ce jaffa anonyme avait accepté en ses derniers instants ce qui allait lui arriver, et avait réussi, sans qu’elle ne comprenne comment, à fixer les yeux du démon qu’elle avait alors été, malgré la distance et les projectiles aveuglants.

Après coup, elle avait lu dans ce regard celui d’un guerrier dont la mort est partie intégrante de l’existence, davantage curieux des techniques de la jeune femme qu’autre chose. Ces yeux l’avaient poursuivie pendant ce qui lui avait paru une éternité, toujours présents dans son sommeil agité jusqu’au moment où elle les avait à leur tour acceptés. Elle avait tué, telle une divinité vengeresse, des dizaines de personnes. Mais ce regard lui avait prouvé que, au-delà des moyens fournis par Atlantis, des armes fournies par le SGC, elle ne savait rien du combat.

Elle avait décidé d’apprendre, de comprendre ce qui se trouvait derrière ce visage qu’elle avait littéralement réduit en poussière.




La falaise, abrupte, offrait une série de parcours, tant verticaux qu’horizontaux, que savaient apprécier les nombreux habitants de la Cité. Anna Stern faisait partie de ces individus, marchant à son rythme le long de la paroi rocheuse, sur une corniche suffisamment large pour permettre à plusieurs personnes de passer côte à côte.

La masse continentale, initialement peu explorée, était devenue l’un des attraits principaux de la vie sur Atlantis pour une population dont la vie dans la Cité avait tendance à émousser sa capacité à s’émerveiller. La routine s’installait, quelque soit le milieu, et la base de Pégase n’échappait pas à la règle, malgré son quotidien de miracles techniques et scientifiques.

Ainsi, les voyages sur le continent étaient devenus une réponse à la banalité que pouvaient devenir après des années sur place les téléporteurs, les expériences sur l’Ascension, la civilisation Ancienne. Pour Anna, ces quelques heures de marche étaient moins destinées à chasser la routine qu’à briser le rythme improbablement élevé des évènements qu’elle vivait depuis sa prise de contact avec l’I.A.

Elle avait rejoint l’un des groupes de randonnée, spécifiquement composé de personnes aux fonctions et postes distincts, replongeant brusquement dans les conversations et les activités socialisantes que sa rencontre avait mis de côté.
Anna avait délibérément laissé son oreillette dans son logement, ne pouvant plus être contactée que par la radio emportée par les randonneurs, et ne regrettait absolument pas sa décision. Celle-ci lui avait en effet offert une tranquillité qu’elle avait presque oubliée depuis ses premiers échanges avec Atlantis.
Mais ce calme n’était qu’apparent, son esprit occupé par la proposition qui lui avait été faite la veille.

Elle a prouvé qu’on était à sa merci, mais elle veut que je l’aide. Activement. Autant me demander de trahir tout le monde ici… se dit-elle en regardant un instant le groupe qui avançait devant elle. Enfin, trahir, si elle me demandait d’agir contre nos intérêts… Non, Sheppard ne fera pas cette distinction s’il apprend que je bosse avec Atlantis au-delà de ce qui est prévu.

…Elle contrôle comme elle veut tous les systèmes de communication, de surveillance. Il faut être clair, Sheppard ne saura rien, si jamais j’accepte. Le docteur Jackson, peut-être, et encore… Merde ! Je pense déjà comme si j’avais accepté son offre !


Anna soupira, maudissant l’I.A. de l’avoir choisie, elle, pour avoir un tel choix à faire.

La vraie question, c’est “Est-ce que je peux lui faire confiance ?“. Elle me dit que nous allons nous faire anéantir par cette civilisation, mais en quoi mon aide pourrait changer quoi que ce soit à ses plans ? Je ne peux même pas dénoncer ses intentions, elle m’en empêcherait aussitôt, et mon poste n’a pas assez d’influence ici ou ailleurs pour faire changer les choses. Non, elle a forcément un plan, qui doit m’impliquer d’une manière ou d’une autre. Quel genre de stratégie peut avoir besoin d’une humaine sans compétence technique, aux connaissances limitées et à l’influence quasi-nulle ? Il faut que je le sache, à tout prix, sans ça elle nous manipulera du début à la fin. Mais en même temps, si jamais elle a raison, si ceux qui ont détruit le Bellérophon nous attaquent à nouveau, Atlantis ne sera qu’un problème mineur…

Deux heures plus tard, sa décision était prise, aussi ferme qu’elle pouvait l’être entre ses doutes, ses propres mensonges et les illusions dont elle se berçait pour éviter de sombrer dans la panique.



L’appontage s’était déroulé sans incident, et Carl avait suivi le major Mendez à l’extérieur du transport, pénétrant dans le hangar du Ha’Tak sur lequel il venait d’arriver, au milieu du vide interstellaire. Pendant quelques instants, le jeune homme balaya du regard l’ensemble de la salle, à l’architecture aussi peu fonctionnelle qu’impressionnante. Puis, l’officier s’éclaircit la gorge, le rappelant à son attention :
-La sortie est par là, dit-il en indiquant la paroi opposée au champ de force qui séparait le hangar du vide. Vous me suivez, et pas un mot avant que je ne vous le dise.
Carl acquiesça en silence et suivit son supérieur. Le duo traversa un sas avant d’arriver dans un couloir à la décoration typique d’un vaisseau d’origine Goa’uld. Le pilote s’étonna de l’absence de modifications à ce style caractéristique des anciens ennemis de sa planète, avant de s’attarder sur les individus qu’il croisait, s’efforçant de ne pas réagir face à la brusque diversité d’espèces qui semblaient parcourir les entrailles du vaisseau, les humains n’y ayant qu’une majorité au mieux relative. Les Unas se voyaient remplacer par des créatures qu'il n'avait jamais vu, dont l'anatomie apparemment reptilienne ne les empêchait pas de se déplacer de manière rapide dans la coursive, transportant sur leur épine dorsale un appareil de respiration autonome. Retenant difficilement un soubresaut face à la scène, Carl prit soin de garder un visage aussi figé que possible, fixant son regard sur le plafond, ignorant autant que possible les multiples fantasmes d'exobiologistes qui habitaient l'intérieur du vaisseau.

Seconde après seconde, le silence imposé devenait plus difficile à respecter, le terrien sentant sa curiosité exploser face à ce spectacle bigarré où, pour la première fois de sa vie, il arrivait à envisager ce qu’était la galaxie dans laquelle vivotait inconsciemment la Terre.
A son grand soulagement, il fut amené dans une salle de transport, où l’officier effectua une série de manipulations sur l’un des panneaux, avant de lui faire signe de prendre place au centre des anneaux au sol. Rejoignant la recrue, le major lui montra son bracelet :
-Système d’identification biométrique chiffré. Tout le monde en porte un pour s’identifier, dit-il avant d’être interrompu par le flash ayant suivi l’arrivée des anneaux.
-Celui que nous vous fournirons vous donnera accès aux ponts réservés à la section des Black Ops… Bienvenue à bord, lieutenant.

Devant lui s’étalait une série de coursives aux parois nettes, qui transpiraient l’efficience comme seuls savaient le faire des navires de guerre fabriqués sur Terre. Le contraste le désorienta quelques instants, le faisant douter d’être encore sur le vaisseau chaotique. Il fut cependant tiré hors de son étonnement par le mouvement de l’officier, qui lui faisait signe de le suivre.
-Voici le pont d’opérations, où vous recevrez les briefings des opérations spéciales. Toutes les autres salles sont interdites d’accès sauf autorisation directe du colonel Mellen, le commandant de ce vaisseau. Aucun manquement aux règles ne sera toléré. Est-ce bien compris, lieutenant ?
-Oui, monsieur.
-Parfait. Restez ici, je reviens, répondit-il en se dirigeant vers l’une des portes, qui s’ouvrit sur son passage.

Quelques dizaines de secondes plus tard, il ressortit, tenant dans la main un bracelet identique à celui qu’il avait montré à Carl :
-Mettez-le, il est programmé pour vous donner accès aux zones communes, à vos quartiers et aux hangars. En plus d’ici, bien sûr. Vous saurez vous servir des anneaux de transport, j’espère.
-Oui, répondit Carl en repensant à l’un des troncs communs de la formation de l’Académie, apprenant à tous les élèves les connaissances de base nécessaires pour survivre en-dehors du SGC ou d’un vaisseau.



Malgré un métabolisme leur permettant théoriquement de prolonger leur entraînement sur des dizaines d'heures, les membres de SG-22 avaient besoin de s'interrompre régulièrement. Ce faisant, ils préservaient ce qu'Atlantis jugeait de manière dépassionnée comme leur point faible : leur esprit. Si les améliorations qu'elle leur avait fournies étaient conçues pour ne pas obliger leur possesseur à réapprendre à se servir de son corps, la transition en restait néanmoins éprouvante.

Ainsi, les exercices auxquels Atlantis soumettait l'ancienne équipe SG tenaient plus de la réhabilitation fonctionnelle que d'une formation paramilitaire. L'I.A. désirait travailler avec un groupe fonctionnel, et calibrait l'entrainement de ses membres de manière à rendre naturels des actes qui appartenaient auparavant pour eux au domaine de l'impossible. Ses observations du trio lui avait confirmé l'importance psychologique des périodes de repos régulières, et elle avait agi en conséquence, réintroduisant le sommeil dans le cycle de vie de l'équipe peu après son arrivée à bord de la frégate.

Cependant, l'introduction de ce nouveau paramètre n'avait pas suffi à arriver aux résultats requis par l'entité Ancienne, celle-ci se rendant compte que de lourdes modifications étaient nécessaires dans l'environnement de vie du navire. En effet, ce que l'équipage originel du vaisseau avait pu concevoir comme des systèmes de détente et de divertissement n'était en aucun cas adapté au nouveau groupe qui en parcourait les coursives.

Un fiasco spectaculaire et meurtrier plus tard, il fut décidé que le moral des trois terriens était d'une priorité suffisamment élevée pour justifier l'allocation d'un temps de calcul et d'énergie du générateur. Ceux-ci furent aussitôt utilisés pour étudier et copier une partie des installations que les humains avaient apportées sur la Cité Ancienne.

Le résultat ne fut pas celui espéré, ses hôtes accédant bien aux livres et fichiers informatiques mis à leur disposition, mais sans pour autant revenir à un niveau de stress comparable à celui de la population d'Atlantis. L'I.A. avait alors décidé de ralentir le rythme des opérations et de donner à l'équipe sa ressource la plus précieuse : du temps.

-Lieutenant Bhosle, pourrais-je avoir un instant ? demanda Atlantis à la jeune femme à la démarche lente et presque mécanique.
-Oui ?
-Il y a un changement d'objectif pour l'opération à venir. Je vais vous demander une tâche précise qu'il vous faudra exécuter à la lettre.
-Laquelle ? répondit-elle, intriguée.
-La véritable raison de votre déploiement, à savoir…
-Une seconde, l'interrompit Shanti. Vous nous avez menti pendant le briefing ?
-Effectivement, lieutenant, parce ce que je vais vous demander pourrait sembler, aux yeux de vos collègues, être une trahison qu'ils ne pourraient cautionner. Vous, cependant, avez eu une expérience différente…
-Dakara ?
-Ne ramenez pas tout à cet incident, lieutenant. L'expérience dont je parle est celle que vous avez eu en captivité. Vous savez, bien mieux que vos collègues, ce qu'étaient vos geôliers. Vous serez donc à même de comprendre que certaines actions sont nécessaires pour préserver ce qui peut l'être. Et ce que je vais demander de vous est nécessaire, malgré ce que vous pourrez penser.
-Et qu'est-ce que vous voulez que je fasse ?
-Obtenir des informations d'une source pour ainsi dire unique, du moins dans l'état de mes connaissances actuelles.

Shanti s'immobilisa dans le couloir, et leva la tête au plafond en attendant la suite. Seuls les cloisons insonorisées et une discrète manipulation des nanomachines de ses collègues les empêchèrent d'entendre l'exclamation de la jeune femme à la fin de ce second briefing.

-Pas question ! poursuivit-elle aussitôt après la dite-exclamation.
-Ces renseignements sont cruciaux, lieutenant. Ils concernent l'un des domaines sur lequel je n'ai que très peu d'informations, et où l'expérience personnelle a plus de valeur que toutes les théories imaginables, comme s'en sont rendus compte mes créateurs. Or, croyez-moi, si nous voulons pouvoir arriver à nos objectifs, cette expérience sera cruciale.




Quelques heures plus tard, Van’Tet fut désigné par Jomah pour accompagner, avec quelques autres mercenaires, Vala jusqu’à la Porte. Le camp de base avait été installé, et son groupe croisa une paire de mercenaires en train d'installer sur son trépied une arme massive, que le jaffa n'avait jamais vu.

D’un pas assuré, la meneuse de l'expédition conduisit le groupe dans l’aube naissante, regardant régulièrement un dispositif qu’elle tenait en main, tandis que le jaffa remarquait que son sourire avait quitté le registre de l’exagération pour devenir bien plus franc. Simultanément, il voyait le regard de ses compagnons d’armes se poser régulièrement sur lui, lui faisant sentir avec plus ou moins de subtilité qu’il était l’intrus ici, présent dans un rôle apparemment réservé à des soldats bien plus expérimentés et avec plus d’ancienneté que lui dans la petite organisation.

Le paysage prenait forme autour de lui, révélant l’immensité du massif montagneux au pied duquel le campement avait été installé. La série de pics rocheux abritait une mince bande de végétation qui laissait rapidement place à une savane aride s’étendant à perte de vue. Van’Tet prit quelques instants pour admirer la scène, qui contrastait avec tout ce que sa vie auprès de ses semblables lui avait amené. Car si les Goa’uld, et par extension les Jaffa, avaient privilégié des planètes où le climat près de la Porte facilitait l’installation, il n’en demeurait pas moins que le Réseau amenait à des lieux autrement plus variés que ceux choisis et cartographiés par les faux dieux.

Un coup de coude le fit sortir de sa rêverie, et il reprit sa place dans l’escorte, avançant dans l’air froid et sec vers le canyon où logeait la Porte, où ils arrivèrent en une dizaine de minutes.
Les gardes se postèrent dans des positions défensives, deux par deux, et se mirent à attendre, tandis que Vala s’était, elle, assise sur un rocher. Le Jaffa, en la voyant regarder à nouveau le même appareil qui avait accaparé son attention tout le long du trajet, demanda à son voisin.

-Qu’est que ce système ? Un capteur, une arme ?
-Hmm, de quoi ? répondit l’autre avant de suivre le regard du jaffa vers l’objet de sa question. Ah, non, juste une montre.
-Une quoi ? Ca montre quoi ? demanda Van’Tet, ne comprenant pas.
-Une montre, tout court. Une horloge portable. Pour connaitre l’heure.

Van’Tet resta silencieux quelques instants, le temps de faire la liste de l’ensemble des absurdités liées à un tel concept.

-Mais, à quoi ça peut lui servir ? A chaque fois qu’elle franchit le ChappaÏ, ça… Je veux dire, ça n’a aucun sens, tout le monde sait que la seule heure qui compte, c’est celle de l’étoile au-dessus de nous.
-Tu te doutes vraiment de rien… T’as vraiment cru que la patronne viendrait se poser dans un trou pommé comme ça, sans raison ?
-… Elle attend quelqu’un. Un rendez-vous à un moment précis.
-Voilà, tu commences à comprendre. Pas trop tôt !
-Vous savez qui elle doit voir ?
-Plutôt, oui ! répondit le mercenaire avec un semblant d’ironie.

Ce n’est pas possible ! se dit-il. Elle va me livrer elle-même son contact, le commanditaire de ses opérations, aussi peu de temps après mon arrivée ! Personne ne me croira quand je rentrerai ! C’est, c’est trop beau pour être vrai ! Il faut que j’en sois sûr !

-Et, demanda-t-il en essayant de cacher son excitation, ce… contact, vous le connaissez ?
-Un, tu me tutoies si tu veux pas te prendre un coup de crosse. Deux, bien sûr que je le connais. Tout le monde le connait, c’t’une pointure de chez pointure.

Un client de très haut niveau, probablement politique, qui se déplace personnellement chez des mercenaires ! Il faut que je sache ce qui se prépare ! se dit Van’Tet en réalisant l’occasion qui se présentait à lui, qu’un espion n’avait, avec de la chance, qu’une fois dans sa carrière : être présent dans les coulisses de l’Histoire, et s’en rendre compte pour tout transmettre à ses supérieurs.

Imperceptiblement, il rapprocha sa main de son poignard, prêt à neutraliser son camarade si jamais il devait prendre la fuite avec ses informations. L’éventualité qu’un décideur haut placé reconnaisse un espion comme lui était faible, mais il ne pouvait pas prendre un quelconque risque dans sa situation, il ne le savait que trop bien.

Le son caractéristique d’un chevron le tira de ses pensées de planification, et tous ses muscles se tendirent, le jaffa regardant avec appréhension l’artefact commencer à s’activer. Son attention basculait chaque instant entre la Porte et la meneuse du groupe de mercenaires, dont l’impatience était de plus en plus visible.

Puis, le dernier chevron se verrouilla, et Van’Tet serra son arme contre lui lorsque la surface bleutée se stabilisa au bout de quelques instants. Il attendit, sans un mot, l’arrivée du voyageur, sentant son propre cœur battre la chamade.

Puis, à quelques mètres de lui, un homme finit enfin par sortir du vortex, portant une tenue verte sombre que l’espion reconnut immédiatement comme étant terrienne, comme devait l’être l’arme qu’il portait dans le dos, aux côtés d’un large sac. Le jaffa n’eut pas le temps de détailler le visage de l’homme qu’un mouvement rapide attira son regard.

Son cerveau ne crut pas ce que ses yeux lui annonçaient, et ce ne fut que quand Vala eut fini de se jeter dans les bras de l’homme que Van’Tet put commencer à admettre ce dont il venait d’être témoin. La femme aux cheveux noirs de jais, qui dirigeait apparemment d’une main de fer un groupe de mercenaires inquiétant Bra’tac lui-même, venait de courir comme une dératée vers le nouvel arrivant et se comportait à présent de manière plus excentrique que toutes les adolescentes qu’il avait vu sur sa planète natale.

-Vala ? grommela l’homme en faisant des efforts visibles pour ne pas tomber sous le nouveau poids suspendu à son cou, laissant tomber des mains les sacs qu’il portait.
-Oui ? répondit-elle d’une voix joyeuse.
-Ce n’est pas que je ne suis pas content de te revoir… bien au contraire… mais…
-Oui ?
-Sans vouloir insinuer… que tu es étouffante… je commence… à avoir… du mal… à… respirer.

En prenant une moue réticente, elle lâcha prise avant de conclure, un sourire carnassier aux lèvres :
-Mais ne crois pas que tu vas m’échapper, Daniel. Les ruines passent après, c’est compris ?
-Comme s’il pouvait en être autrement…, répondit-il avant de l’embrasser.

Van’Tet, en entendant le prénom, eut un second choc.

Il venait de se rendre compte de l’identité de l’arrivant, qui, s’il n’était apparemment pas là pour affaires, était cependant ce que le mercenaire, qui avait un rictus ironique en regardant Vala aider Jackson avec l’un de ses sacs, lui avait décrit.

Une pointure.


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MessageSujet: Re: Effet Papillon [Tome II]   Effet Papillon [Tome II] - Page 4 EmptyLun 24 Mai 2010 - 20:48

Je viens donc de lire les chapitres... 11 à 14 me semble-t-il et c'est très bien, tout à fait à la hauteur de mes attente ! Continue comme ça mon petit mrgreen

Plus sérieusement. J'ai beaucoup aimé. Je n'ai deviné l'identité de la "pointure" qu'au dernier moment, tout comme celle de la "patronne" un peu plus tôt. Je serais bien incapable de te faire un commentaire un quart aussi long que tes autres lecteurs, mais j'aime vraiment et toujours autant cette histoire Heureux
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MessageSujet: Re: Effet Papillon [Tome II]   Effet Papillon [Tome II] - Page 4 EmptyJeu 27 Mai 2010 - 0:20

Navré de ce retard, des préoccupations d'ordre estudiantines m'ont quelque peu pressurisé et ont nuis grandement à mon inspiration dans la rédaction de ce commentaire.

Van'Tet est donc confronté d'une part à une troupe de mercenaires expérimentés dont l'entrainement fait passer le sien pour ce qu'il est - l'occasion de revenir sur quelques mauvaises habitudes des guerriers Jaffa qui ont si longtemps fait le bonheur des équipes SG - et de l'autre aux propres subtilités de son rôle d'espion. Au passage, c'est peut-être un effet pervers des films de genre sur mon imaginaire, mais j'aurais pensé un espion un chouia plus paranoïaque, plus prudent. Ici, Van'Tet ne parait pas porter une attention particulière à des détails qui pourraient l'interpeller, ne semble pas faire jouer une quelconque formation dans la formulation de ses questions ou l'interprétation des réponses. Je n'ai pas eu la sensation que notre jeune ami avait eut droit à un entrainement spécial avant d'être jeté dans la gueule du lion.

Sa petite balade est en tout cas plaisante à suivre, sur une plage, au milieu de plaines arides, à côté de bestioles exotiques. J'apprécierais d'ailleurs que tu forces un peu le trait sur ce genre d'aspect, comme tu as si bien su le faire lors du voyage inaugural du Concordia.

Du côté de la frégate, j'ai été ravi de découvrir un peu le type d'entrainement auquel les membres de SG-22 sont soumis sous l'autorité d'Atlantis. Ta conception de la chose est différente de la mienne - je n'aurais pas introduis par exemple d'androïdes de combat - mais ça reste très plaisant de voir ce qu'un autre auteur peut penser de la chose.
Plaisant aussi de voir qu'Atlantis, confrontée à ses erreurs, n'hésite pas à se remettre en question et à s'adapter, quitte à sacrifier à des concessions aussi triviales que le sommeil et les divertissements. Il est amusant de constater combien des concepts aussi évidents ne le sont pas à ses capteurs optiques, et c'est cependant bien logique ; lorsque la notion de temps est fonction de la RAM disponible, l'absolue nécessité des temps morts indispensables à la préservation d'une psyché humaine peut manquer de substance.

La réflexion de Campbel concernant la puissance offerte par les nanites est très juste, et bienvenue, car on ne peut manquer de s'interroger sur notre propre état d'esprit si d'aventure de tels pouvoirs arrivaient entre nos mains.

Rufus Shinra a écrit:
les impulsions électromagnétiques dirigées se voyaient neutraliser par les systèmes de protection passifs de la frégate.
"neutralisées", non ?...

Du côté de Shanti, les séquelles psychologiques du carnage de Dakara semblent pour l'heure limités, et même, pourraient penser certains, bénéfiques ; car si, certes, on ne souhaiteraient cela à personne, les conséquences sur son entrainement apparaissent plutôt positives. Sa décision de s'exercer avec assiduité et de favoriser les techniques non-létales est une voie encourageante, comme-tenu de ce qu'à déclenché son manque de contrôle passé.
Quant à cette mission spéciale... Hum hum hum... Depuis le début, on sent que Shanti est le chouchou d'Atlantis. Mais étant donné les dernières mésaventures de ses séides, on peut se demander s'il fait bon se trouver dans les petits papiers de l'IA...

Atlantis est parvenue à faire passer Anna du statut de pion impuissant et exploité à celui de pièce impliquée dans la partie. Compte-tenu de son influence dans l'enceinte de la cité, cela ne tenait pas particulièrement du miracle, mais la collaboration de la jeune-femme n'était pas assurée. Car après tout, contrairement à SG-22, Anna n'a pas tant que cela à perdre à refuser la collaboration.

Et l'on termine sur ce qui est sans aucun doute le coup de théâtre de ce chapitre, ce à quoi on ne se serait surement pas attendu et dont on ne sait pas vraiment que penser : l'arrivée de Daniel, et la révélation de ses liens avec une Vala en apparence bien moins sage que celle que nous avons connue. Voila qui a de quoi troubler : en quelle occasion ces deux-là se sont-ils connus ? Est-ce lorsque que Vala a débarqué sur Terre avec ses révélations sur l'existence d'un trésor caché sous la colline de Glastonbury, et l'espoir d'en gagner une partie ? Et cette femme a-t-elle réellement orchestré les agressions contre les terriens ? Si oui, Jackson est-il au courant ? Si oui, la Terre est-elle au courant ? Si oui, qu'est-ce qui peut bien justifier ce rapprochement ? Et de toute manière, quelles ruines notre cher archéologues peut-il bien être venu étudier seul, sans équipe ni équipement ?


Voila pour ce chapitre, qui se concentre sur Van'Tet et SG-22. L'un dans l'autre, je regrette qu'il ne s'y passe pas davantage de choses ; l'arrivée de Daniel en est l'évènement majeur, et elle intervient en toute fin ; il est heureux que tu ais densifié le passage sur l'entrainement de l'équipe, bien que pas encore assez à mon goût, afin d'introduire davantage de substance - avec succès. En dehors de l'action, des mystères ou des révélations, ce qui donne du poids à un chapitre, c'est également les descriptions lyriques, les personnages extravagants ; comme tu donnes rarement là-dedans, jouer une telle partie de l'histoire à l'intérieur de la tête des personnages était un choix risqué.

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MessageSujet: Re: Effet Papillon [Tome II]   Effet Papillon [Tome II] - Page 4 EmptyJeu 27 Mai 2010 - 15:32

Je ne peux m'empêcher de trouver à vos commentaires un petit goût de "résumé annoté", mon cher Skay. À quand la version compacte de l'effet papillon lisible via vos posts ? :D
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MessageSujet: Re: Effet Papillon [Tome II]   Effet Papillon [Tome II] - Page 4 EmptyVen 28 Mai 2010 - 10:19

Ma foi, je ne sais pas. ^^ Je me contente de mentionner ce qui m'a le plus marqué, et de souligner points faibles et points forts. Pour les analyses plus recherchées, j'ai eu d'autres chapitres, mais il est dur de ne pas se répéter sur ce sujet arrivé au deuxième tome de la même fiction. ^^

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MessageSujet: Re: Effet Papillon [Tome II]   Effet Papillon [Tome II] - Page 4 EmptyVen 28 Mai 2010 - 10:46

Ce n'était que du chambrage, hein Wink À la reflexion, une critique plus poussée ne peut se faire que sur une histoire (ou tout un pan d'une) complète. Comme tu le sais, je n'ai quasiment aucun élément sur lequel réagir, pour ma part, et mine de rien les textes non affiliés ne se trouvent pas à tous les coins de rue...
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MessageSujet: Re: Effet Papillon [Tome II]   Effet Papillon [Tome II] - Page 4 EmptyLun 7 Juin 2010 - 23:23

Merchi à Skay pour sa bêta-lecture et à Mat pour ses conseils et remarques qui m'ont permis de revoir d'un œil plus neuf cette fic.





Chapitre 15 : Confidences

Le jaffa était tiraillé, devant prendre une décision aux conséquences qu’il savait colossales. La présence de Daniel Jackson sur cette planète isolée était une preuve irréfutable de l’association entre la Terre et le groupe de mercenaires. L’information-même qui avait justifié son infiltration, et dont dépendrait la position de Bra’tac et de ses partisans. Mais en même temps, le comportement de la femme aux cheveux noir de jais était de nature à l’intriguer. Celle qui lui avait semblé à première vue professionnelle, qui ne pouvait que l’être au vu de son activité, avait révélé une autre facette d’elle-même depuis le début de la mission.

Son comportement, qu’il ne pouvait qualifier autrement qu’adolescent, était, semble-t-il, connu et accepté par ses troupes, qui ne lui en tenaient pas rigueur, là où des troupes jaffa auraient probablement agi pour maintenir une structure de commandement crédible.
Plus exactement, on se serait battus jusqu’à ce que le plus vieux, le plus malin, et certainement pas le plus compétent, prenne la tête, se corrigea-t-il.

Peut-être plus attentivement encore surveillait-il le terrien, dont il ne pouvait se permettre de négliger la réputation. Même si celle-ci devait être exagérée et amplifiée par les esprits crédules, peu de personnes vivantes avaient, selon les rumeurs et les récits, été tuées plusieurs fois, s’étaient opposées à Anubis en personne et, en tout et pour tout, étaient les fondations d’une puissance galactique émergente.

Sans même compter le vaisseau qui, à en croire les rapports de contacts contemporains à la chute des Goa’uld, portait son nom.

Feu son mentor lui avait résumé la situation plus simplement, en abordant ces individus autour de qui l’Histoire semblait se tisser : les Grands Maîtres n’offraient pas sans raison une prime à la capture suffisant à financer une flotte entière.

La prudence était donc de mise, face à l’archéologue que les mercenaires surarmés observaient, leurs regards témoignant du mélange de crainte et de respect qu’il leur inspirait. Van’Tet, lui, était submergé par la curiosité envers le duo qui avançait devant lui, cherchant à clarifier leur relation qui lui semblait de moins en moins professionnelle, si tant est qu’elle l’ait été depuis l’arrivée de Jackson.

Il prit alors la décision d’attendre au moins le retour au camp pour partir ou non faire son rapport en urgence… sans remarquer le regard de Jomah, qui le surveillait lui-même, prêt à parer à toute action de sabotage qu’il pourrait tenter. Vala lui avait dit de le tenir à l’œil, et il n’était pas homme à lui désobéir.

Le trajet du retour se déroula sans encombre, excentricités de Vala mises à part, auxquelles Jackson réagissait par un regard désespéré envers les mercenaires autour de lui. Regards qui semblaient n’attirer qu’une sympathie particulièrement distante de leur part, alors que Van’Tet essayait sans succès de décrypter les non-dits qui fusaient apparemment entre les soldats et le docteur. En arrivant au camp, Van’Tet remarqua immédiatement les regards nerveux qui venaient du groupe resté pour garder les tentes. Inquiet, il chercha autour de lui une explication à ce malaise, mais sans en voir d’autre que le duo qui était dans une discussion animée apparemment sans rapport avec la crise politique majeure qui justifiait la présence de l’espion.

Vala fit un signe de tête à Jomah, qui répondit par un geste court, auquel elle acquiesça. Le bras droit regarda un instant sa supérieure s’éloigner avec Jackson, puis se tourna vers le groupe :
-Terminez de vous installer et allez dormir, on repart dans six heures.

Le jaffa se dirigea vers la tente où il logeait, et y fut rejoint par ses deux colocataires. Alors que ceux-ci achevaient de ranger leurs affaires, Van’Tet leur demanda :
-Qu’y a-t-il exactement, entre eux deux ?
-Entre la patronne et Jackson ? demanda l’un des hommes.
-Qui d’autre ?
-Bah, ça remonte à avant que j’arrive. Elle prend des vacances, il la rejoint, ils prennent du bon temps. Franchement, j’en ai rien à cirer, tant qu’elle me paie le même tarif.
-Ouais, enfin, intervint l’autre, bon temps, bon temps, d’habitude…
-Bravo… tu vas effrayer le gosse, maintenant.
-Hé, il a bien le droit de savoir.
-Pas besoin. Soit il s’en sort, et il aura compris tout seul, soit…
-Qu’est-ce que… commença Van’Tet.
-En gros, répondit le second homme, ce genre de “vacances“, elles commencent bien, et elles se terminent mal. Pourquoi tu crois qu’on a pris autant d’équipement ? Pour aller cueillir des champignons ?
-Comment est-ce que ça “se termine mal“ ? hésita le jaffa, peu sûr de la manière d’interpréter les propos.
-Aucune idée, on le saura quand ça nous tombera dans la gueule. Mais ça loupe presque jamais. Toujours une merde, un truc pas possible qui se passe, et on essaie de pas y laisser la peau.
-Mais alors, pourquoi…
-J’en sais rien. Elle doit aimer ce genre de coups foireux, ou alors c’est Jackson qui les aime. J’en sais rien et j’m’en fous. Tant qu’elle paie d’avance les primes de risque, je fais ce qu’il faut pour survivre, et voilà.
Une initiation, se dit-il, à moitié convaincu par sa pensée. Ils doivent vouloir faire paniquer les nouveaux avec leurs histoires.
-Et, que faut-il faire ? demanda-t-il, voulant voir où est-ce que la situation allait le mener.
-T’obéis à Jomah, tu joues pas au héros, tu gardes ton arme prête.
-Bon, intervint le second mercenaire. Maintenant, vous fermez vos gueules, tous les deux. Je voudrais dormir.
Van’Tet obtempéra, prenant la décision de remettre de quelques heures sa fuite et son retour sur Dakara.


-Ca faisait combien de temps ? demanda Daniel quelques heures plus tard.
-Selon votre calendrier affreusement compliqué, trois mois et douze jours, répondit Vala avec un sourire qu’elle réservait à son archéologue favori. Quoi de neuf, depuis ?
-Comme d’habitude, toute la Voie Lactée en danger, Mac Kay qui joue au con, et une ou deux nouvelles têtes là où je bosse.
-Atlantis ?
Jackson sursauta un instant, donnant un léger coup de coude à Vala par inadvertance.
-Désolé. Pourrais-tu éviter d’utiliser ce nom ? Je sais que tu en as eu les coordonnées avec le coup du Prométhée, mais, bon, c’est quand même sensé rester secret. Merci d’ailleurs pour avoir gardé ça pour toi.
-A quoi ça va me servir ? Personne n’a ce qu’il faut pour y aller…, répondit-elle en se référant aux hyperpropulseurs asgard qui seuls permettaient le trajet. Enfin, nouvelles têtes, tu disais ?
Il soupira, avant de répondre, “Oui, une certaine personne, très douée, et qu’on aimerait bien cerner.“
-Tu parles de moi, là ! répliqua-t-elle en lui donnant un petit coup entre les côtes.
-Hé !
-Donc ? poursuivit-elle avec un regard faussement inquisiteur.
-Non, même pas. Enfin, je n’ai pas trop envie de parler d’elle, surtout maintenant.
-D’accord, dit Vala, avec un léger rire. Ca me fait penser, tu aurais dû être là il y a quelques dizaines de jours. On s’est fait une virée du côté d’une prison serrakin.
-Pas pour le tourisme, si ?
-Pas vraiment. Un de mes hommes s’était fait avoir en amenant une cargaison d’armes dans une de nos caches. On est donc allés le sortir discrètement. J’étais restée sur les côtés avec l’armure Kull, pour donner un coup de main si ça tournait mal. Je n’ai pas arrêté de penser à toi.
-On se demande pourquoi, murmura Jackson en se souvenant de sa première rencontre, pour le moins particulière, avec la femme aux cheveux noirs de jais. Ça s’est bien terminé ?
-Comme d’habitude.
-Aïe, grimaça-t-il. A ce point ?
-Exactement. Je suis sûr que tu aurais adoré être là !
-Peut-être… après tout, ça pourrait même être reposant, d'un certain point de vue…
-Bon, reprit-elle avec un sourire. On a une journée chargée, aujourd’hui.

Elle se leva et se dirigea vers ses vêtements.


-Quelles conditions désirez-vous m’imposer, mademoiselle Stern ?
-Attendez un instant, répondit Anna, sur la défensive. Je n’ai pas encore dit que j’acceptais.
-En effet, mais votre posture, ainsi que de nombreux signes physiologiques que j’ai pu suivre depuis votre retour indiquent une prise de décision de votre part. De plus, votre peur semble plus être liée à une incertitude qu’à une menace claire. Ce que, à en croire vos propos, je pourrais représenter dans l’éventualité de votre refus. Ce qui, soit dit en passant, est une hypothèse erronée.
-Et là, vous enfoncez le clou en me rappelant que vous savez tout ou presque de ce que je fais… et de ce que je pense, conclut-elle en détournant le regard.
-Affirmatif. Mais votre coopération est suffisamment importante pour laisser place à des… aménagements. C’est pourquoi je vous demande les conditions que vous désirez y mettre.

Anna se figea quelques instants, puis releva la tête :
-Je veux avoir des précisions sur ce qu’il se passe vraiment. Sur ce à quoi va servir mon travail. Et je veux pouvoir me retirer de vos projets si je le désire.
-Tant que vous gardez le silence sur ceux-ci, cela ne me gène en rien.
-Je ne me tairai pas si ça met la Terre et les habitants de cette Cité en danger.
-S’il vous plait, soyez logique. Supposons que je mette votre planète en danger, ce qui serait bien au contraire contre-productif, pensez-vous réellement que je vous laisserais vous en rendre compte ? Voire même que je vous laisserais mettre mes plans en péril, si mince soit-il ? Vous comprenez bien que vous faire cette dernière promesse équivaudrait à vous insulter par un mensonge sans la moindre utilité. Bien sûr, ce mensonge soulagerait partiellement votre conscience, mais ce que je vous demande, c’est un investissement complet.
-Et, pour mes autres demandes ?
-Elles seront, dans la mesure du possible, accordées. Au cours du temps, puisque votre ignorance de certains des aspects de mes plans font partie de ceux-ci.

Anna déglutit, puis, lentement, acquiesça.

-Entendu. Je n’ai pas confiance en vous, Atlantis, vous me manipulez sans retenue, mais, il y a quelque chose qui me dit de jouer le jeu. C’est peut-être vous, comme quand vous avez agi sur mon sommeil, ou bien ma curiosité, je n’en sais rien.
Elle eut un petit rire.
-C’est ce qu’a du se dire Pandore… J’ouvre la boite.
-Vous pariez l’ensemble de votre espèce sur la base de votre intuition. Une qualité qui aurait été bien utile à mes créateurs durant leur déclin.
-Ca ne sera pas une qualité si je perds.
-En effet. Mais, rassurez-vous, je n’ai pas l’habitude de jouer pour perdre.
-Très rassurant…

Elle posa son ordinateur sur la table voisine et l’alluma, avant de demander :
-Sur quoi je vais devoir travailler ?
-J’ai mis à votre disposition l’ensemble des fichiers de données que je possède sur ces anciens protégés de mes créateurs. Il faudra que vous vous familiarisiez avec leur histoire et leur structure civilisationnelle. Ils s’étendent à présent sur une bonne part de leur galaxie, de manière clairsemée. J’ai déjà les données brutes, et une bonne partie de leurs interprétations logiques. Ce qui m’intéresse ici, ce sont vos impressions, vos idées.
-Et, pourquoi ? demanda Anna en s’attendant à la réponse qui allait venir.
-Je ne peux vous le dire, cela influencerait de manière irréversible votre analyse.


-Ho ! Debout !
Van’Tet se réveilla brusquement, et eut besoin de quelques instants pour se rappeler les évènements qui l’avaient conduit à dormir quelques heures à peine sous une tente posée à même le sol rugueux. Au bout de quelques secondes, son entrainement reprit le dessus, le tirant du sac de couchage sur lequel il s’était allongé.
-Allez, tout le monde en place, annonça Jomah. On a de la marche devant nous.
Le campement redoubla d’activité, alors que l’expédition se préparait hâtivement, les mercenaires désignés pour accompagner Vala préparant leurs paquetages.

Le jaffa, voyant que l’ensemble du groupe avait changé, se rapprocha de l’un des soldats :
-Hé ! dit-il en jouant tant bien que mal son rôle. Pourquoi est-ce que je suis avec vous ? Les autres peuvent dormir, garder le camp, je ne comprends pas.
La décision, si ses causes lui échappaient, n’était pas pour lui déplaire, signifiant qu’il pourrait affiner ses renseignements alarmants mais encore superficiels.
-T’es le nouveau, hein ?
-Oui.
-On fait tous notre premier job avec la patronne. Elle veut savoir c’qu’on a dans le ventre. Si tu merdes pas, que tu fais ton job correctement, tu le sentiras dans les primes et les boulots.
-Et… aurais-tu des conseils pour ne pas… merder ?
-Fais quelque chose, et fais-le bien. Tu obéis rapidement, elle apprécie, tu improvises et ça marche, elle apprécie, tu donnes un ordre à Jomah, il te casse la gueule, mais elle apprécie si c’est valable. Un conseil d’ami, elle aime ceux qui ont du culot. C’est comme ça qu’elle a reprit notre groupe, et c’est comme ça qu’elle nous enrichit.
-… D’accord ? hésita Van’Tet, qui ne savait quoi répondre.
-Ecoute, on va faire comme ça : tu restes avec moi, je t’apprends les trucs à savoir ici, et toi, tu ne passes pas pour un abruti. Enfin, pas plus que le nouveau standard.
Le jaffa regarda d’un air étonné le mercenaire à la carrure imposante, qui le toisait du regard.
-C’est “merci“, le mot que tu cherches, reprit celui-ci.
-Oh, oui, merci.
-De rien, on a toujours besoin de quelqu’un pour surveiller ses arrières, surtout dans ce genre de mission.
L’espion ne souleva pas la dernière remarque, l’attribuant au bizutage dont il devait être la victime.
-Au fait, continua le soldat, moi, c’est Ottar. Toi ?
-Van’Tet.

Il vit la mercenaire arriver quelques minutes plus tard, accompagnée de Jackson, qui portait comme elle son arme en bandoulière.

-On y va ! dit Vala en faisant signe à son escorte d’avancer, avant de se tourner vers Jackson. Des ruines comme tu les aimes. Anciennes, dans tous les sens du terme, avec plein de runes illisibles et que personne n’a visité depuis très longtemps… Je m’en suis assurée.
-Assurée… comment ?
-Celui qui nous a vendu l’info n’est toujours pas sorti de sa cellule. Pas avant deux bonnes semaines.
-… Je sais que je suis sensé m’indigner, mais je n’y arrive pas.
-Comme quoi, même le légendaire Daniel Jackson est corruptible. Il suffit juste de le payer avec ce qu’il aime.
-Pas un mot, d’accord ? Sans ça, Jack se foutrait de moi pendant des années. Déjà que quand il a appris pour nous deux, il s’est déchaîné, alors là…
Il haussa les yeux au ciel.
-Héééé ! répondit Vala. Il est sympa ! Il m’a même envoyé une maquette de votre vaisseau en souvenir de notre rencontre.
-Oui… celui dont les vidéos des caméras de surveillance du CIC ont fait le tour du SGC, titrées “Daniel se fait draguer par un super-soldat zombie“. Dois-je rappeler que c’est Jack qui a commandité ce coup ? On a eu de la chance qu’elle ne se retrouve pas sur Internet, celle-là. Donc, oui, Jack est quelqu’un de “sympa“, que je ne remercierai jamais assez pour m’avoir évité les ennuis administratifs que tu aurais normalement dû me causer, mais j’ai suffisamment subi son humour pour deux ou trois vies…



La planète rouge avait accueilli des sondes toujours plus nombreuses, la cartographiant depuis la surface ou l’orbite et renvoyant suffisamment d’informations sur Terre pour rendre techniquement faisable un voyage habité vers l’astre désert. Pourtant, les agences spatiales des différentes puissances n’en avaient rien fait, malgré une direction politique voyant d’un œil plus que favorable le développement de technologies spatiales purement terriennes.

La raison n’était pas financière, technologique ou encore astronomique, mais humaine.

Une expédition de ce type confinerait son équipage, forcément très limité, dans un environnement l’étant tout autant. Qui plus est, chacun de ses membres serait, comme tout astronaute, fortement sollicité pour des tâches complexes demandant aussi bien de la réflexion que de la dextérité. Des expériences avaient été faites avec des équipes de volontaires répartis en groupes totalisant les compétences requises pour le voyage.

Chacune des capsules, restées sur Terre, avait été mise dans des conditions identiques à celles du voyage. Les véhicules spatiaux, tenus dans une double coque elle-même plongée dans une large piscine sans lumière, avaient simulé l’environnement spatial profondément hostile, où la moindre avarie était potentiellement mortelle. Les ordinateurs gérant la simulation devaient, à partir d’un certain moment, générer aléatoirement des pannes, aux solutions existantes ou non, que l’équipage devrait résoudre avec l’aide d’ingénieurs éloignés de plusieurs minutes-lumière.

La majorité des huit “missions“ put arriver à sa destination, un décor de la planète rouge ayant nécessité des mois de travail pour demeurer fidèles aux informations officiellement connues de celle-ci. Mais toutes, les unes après les autres, subirent des incidents plus ou moins graves, culminant avec la tragédie de la dernière. Un ingénieur système, lentement poussé à bout par ce qu’un collègue ayant vécu dans une culture, dans un environnement différent, jugeait comme de l’humour destiné à maintenir une atmosphère vivable, avait finalement lâché sous la pression.

Le lendemain, l’astronaute canadien se noyait dans sa combinaison à présent défectueuse, alors qu’il effectuait une sortie pour réparer l’un des panneaux solaires, mettant fin aux ambitions martiennes des agences spatiales concernées.


Depuis plusieurs jours, Atlantis avait assigné une part toujours croissante de ses ressources à l’analyse des rapports de ces missions virtuelles, et aux innombrables articles et documents qui en avaient découlé.

Elle se rendait à présent compte qu’elle n’avait pas analysé tous les paramètres, qu’elle allait devoir changer la situation avant d’arriver à ce point limite apparemment imprévisible où les groupes commençaient à se déchirer. Surtout quand les cas étudiés en détail différaient de celui qu’elle surveillait sur plusieurs points particuliers. Le premier était une population de trois individus, face aux huit des missions documentées, qui pouvaient en plus contacter périodiquement leur planète. Le second était un stress considérablement plus élevé, dû aux évènements récents.

Il fallait agir vite, mais sans précipitation, conclut-elle en regardant le groupe manger –activité désormais quasi inutile mais psychologiquement stabilisatrice– dans un silence de mort, échangeant moins de mots que la veille, et, selon toute probabilité, plus que le lendemain.

Shanti n’était pas dérangée par le silence qui régnait au sein de la salle prévue pour un équipage bien plus nombreux que ses occupants actuels. Elle ne le remarquait quasiment pas, occupée à réfléchir à sa dernière discussion avec l’I.A., lorsque cette dernière lui avait indiqué le vrai motif de la mission qui l’attendait. La jeune femme avait écouté les explications d’Atlantis et finalement accepté de ne rien dire à ses deux collègues, avec qui elle parlait de moins en moins, les sujets de discussion s’épuisant à vue d’œil.

Elle avait peur. Peur de ses émotions, qui, plus que jamais, passaient d’un extrême à l’autre, et qu’elle s’efforçait de cacher derrière une attitude neutre, froide, aussi bien dans son comportement que dans son lien empathique. Elle perdait pied, depuis son réveil, depuis ses rêves, depuis Dakara, depuis l’évasion, depuis sa capture, depuis… depuis toujours.

Ses motivations lui avaient à chaque fois paru évidentes, un futur qu’elle construisait, pour elle-même ou pour les autres. Il pouvait être à long terme, comme lors de ses études académiques puis militaires, ou bien à court terme, lors de son évasion ou de la mission sur Dakara. Mais elle n’avait jamais, ou presque, agi pour l’instant-même. Les propos d’Atlantis lui avaient alors fait comprendre ouvertement qu’elle ne créait plus ce futur, qu’elle n’avait de contrôle que sur l’instant présent.

Et, sans un hypothétique avenir plus doux, elle avait peur. Peur de ces créatures qui l’avaient capturée, peur de ses semblables qui la voyait, avec raison, comme une menace, peur de l’I.A. qui la manipulait sans se cacher, peur des deux hommes en face d’elle dont elle ne comprenait pas les émotions.

Peur d’elle-même, meurtrière de masse, prête à mentir à ses coéquipiers qui l’avaient sauvée sur Dakara.

Peur de cette peur, et de ce qu’elle engendrerait dans son esprit.

Effrayée, elle mâcha lentement sa nourriture, dans un silence de mort, sans que son visage ou que son lien empathique ne trahissent en rien son état d’esprit.



La végétation, bien que présente, était suffisamment clairsemée pour n’offrir aucun obstacle visuel au groupe qui avançait au rythme régulier caractérisant les unités militaires rodées. Ainsi, le docteur Jackson put avoir un premier aperçu des ruines bien avant d’arriver à leur position.
-Est-ce que quelqu’un est allé voir ce qu’il y avait là-bas ? demanda-t-il à Vala.
-Non. Ca va être une surprise pour tout le monde ! Tout ce que je sais, c’est ce que celui qui m’a vendu l’information savait. Il avait pris quelques clichés des ruines, et ça ressemble assez à ce qui te plait pour que je t’appelle.
-D’acc… attends, tu veux me dire que tu as des photos des ruines ?!
-Depuis le début.
-Tu n’aurais pas pu me les envoyer ? Comment veux-tu que je fasse un travail correct sans toutes les informations.
-…Danny, arrête de te faire des illusions. Tu es ridicule et tu le sais.
-Pardon ?
-Ecoute, je suis déjà passée sur Terre.
-Et ?
-Et, Vala dit-elle, dans un ton où commençait à transparaitre de l’agacement, je me suis renseignée sur les archéologues. Tu sais, pour savoir ce qui ferait plaisir à un certain homme que j’adore !
-Oh.
-Oui, tu vois ce que je veux dire ? Si tu voulais faire un “travail correct“, tu serais arrivé avec une trentaine de personnes, et plein de matériel. Et tu viens avec quoi, une arme et un demi-sac d’outils ! Alors, maintenant, tu vas me faire plaisir, arrêter un instant de te prendre au sérieux et… profiter… de… ces… vacances !
-Hé ! Si j’ai pris cette arme, c’est que j’en aurai sûrement besoin !
Elle le prit par les épaules et le força à la regarder dans les yeux :
-Vacances. On est là pour décompresser, alors on avance. Tu vas jeter un œil à ce tas de pierres, tu vas insister pour me montrer des trucs dont je me contrefiche totalement. Moi, je vais gérer la sécurité, à moitié dévaster tes ruines, et on va passer une semaine géniale.
-Comme d’habitude ? lâcha-t-il finalement.
-Comme d’habitude.
-D’accord, mais cette fois-ci, n’oublie pas les détecteurs anti-Reetou.
-Pourquoi ? On n’en a presque pas eu besoin la dernière fois.
-Presque, c’est le mot.
-Tss, fit-elle en lâchant sa prise pour reprendre la marche.


Une demi-heure plus tard, la troupe arriva finalement à proximité des vestiges dont Daniel confirma rapidement la nature Ancienne. Caméra en main, il se rapprocha du seul bâtiment ayant une forme identifiable et se mit à observer de près sa surface, tandis que Vala donnait silencieusement leurs ordres à ses mercenaires, qui se dispersèrent en petits groupes autour de la zone.

Daniel feuilletait rapidement un livre particulièrement imposant au titre tenant sur trois lignes, rempli de très petits caractères séparés par bien peu d'espaces, et dont les illustrations, tristes à mourir, représentaient des symboles Anciens et d'autres que Vala ne su identifier. Quelqu'un s'était cependant occupé de décorer l'ouvrage ; ses marges étaient saturées d'annotations rédigées d'une écriture serrée, en vert, rouge, bleu et noir, et même au crayon ; des passages étaient barrés, corrigés, entourés, et des flèches courraient entre les lignes, slalomant autour de symboles tracés à la main et affreusement peu ressemblants. Des petits carrés de papier jaune ainsi que des pages quadrillées, porteurs d'autres ajouts manuscrits et tenus par des trombones, doublaient l'épaisseur du livre.
-Je vois que tu es toujours aussi organisé, commenta la mercenaire, malgré tout impressionnée.
-Ce truc est affreusement mal fichu, répliqua le docteur Jackson. C'est bourré d'erreurs et d'approximations.
-Et qui est le triste auteur de ce pavé ?
-Moi, il y a cinq ans.

Le docteur Jackson déposa précautionneusement quelques gouttelettes d'un liquide brun rouille sur une pierre blanche dépourvue d'inscriptions, patienta un temps apparemment bien défini, puis vaporisa quelques millilitres d'un liquide argenté translucide. Il appliqua ensuite sur la zone traitée une bandelette de papier grise, la secoua et observa le résultat.
-Voila pour les chimistes et les sceptiques, commenta-t-il quelques secondes plus tard. Ces ruines sont définitivement Anciennes.
-Donc tu n'étais pas juste en train de faire l'intéressant ?" insinua Vala.
L'archéologue l'ignora.
-Tu vois les petits points mauves, au dessus de cette ligne ? Cette pierre est de celle qui constitue tous les édifices Altérans. Nous avons mis du temps avant de parvenir à la différencier d'une roche normale - c'est à dire, mis à part le fait que les temples Anciens durent des millions d'années. L'unique distinction réside dans un champ magnétique infime au sein de chaque atome de carbone. Il s'agit probablement d'un symptôme de la manipulation plutôt que de l'explication véritable, mais c'est tout ce que nous avons. Nous ignorons d'où il provient, et personne ne comprend comment cela les rend plus résistant, mais c'est le cas.

-Donc, intéressant ? demanda-t-elle en reportant son attention sur Daniel, qui rangeait la bandelette dans un sac hermétique.
-Hmm ? Je crois que tu devras doubler la prime de ton informateur… ce qui ne veut pas dire que j’approuve son traitement, que ce soit clair.
-Bien sûr, bien sûr ! Qu’est-ce que tu as trouvé pour dire ça ? dit-elle en se rapprochant de lui.
-Ca ressemble aux quelques avant-postes qu’on a trouvé ces dernières années, mais avec des choses que je n’avais pas encore vu avant.
-Un intérêt… professionnel, donc ?
Il soupira.
-Combien ?
-Tout de suite les grands mots ! A t’écouter, on croirait que je suis vénale !
-C’est vrai, qu’est-ce que je dis… Après tout, ce qui est arrivé aux ruines de P2C-171 n’avait absolument rien à voir avec un retard de paiement.
-Rien du tout, et il n’y a aucune chance que ça se reproduise ici. Aucune !
-Je vois. Combien, donc ?
-Pas besoin de s’embarrasser avec ces détails, Danny. J’enverrai ça à Jack. Préviens-le, c’est tout ce que je te demande.
-Entendu…, dit-il, d’une voix lasse.
-Bon, reprit-elle avec son sourire aussi carnassier qu’infantile. Qu’est-ce qu’il y a là-dedans ?
-A première vue, on dirait un centre de communications, en plus de l’avant-poste.
-Attend, je plaisantais, là. On est arrivés il y a quelques minutes, et tu peux déjà me dire ce que sont ces vieilles ruines ?
-Comme quoi, on n’a pas forcément besoin de trente personnes et de matériel d’excavation lourd pour faire un travail correct, répondit-il, sarcastique.
-On voit l’expert, dit-elle d’un même ton.
-Bon, d’accord, en fait, tu vois ces runes, sur le mur là-bas ?
-Oui, qu’est-ce qu’elles veulent dire ?
-Hmm… “Centre de communications“.
-Oh, lâcha-t-elle en jetant un coup d’œil au mur susnommé, puis à Daniel, avant d’avoir une expression universellement connue comme signifiant “J’aurais dû le voir venir“.
-Oui.
-… Bon, dit-elle après quelques instants de silence gêné, je vais voir où en sont les autres, et je reviens, s’il n’y a pas déjà eu une catastrophe.
-D’accord, répondit l’archéologue, dont l’attention se focalisait sur le bâtiment en face de lui.



Le jaffa était à l’affut de toute conversation, de tout geste, pouvant lui révéler la véritable nature de la mission que Vala avait entreprise sur cette planète isolée. Ces… “vacances“… lui apparaissaient à présent comme un nom de code pour un type d’opération particulièrement sensible, au vu de la troupe qui accompagnait cette femme dont il ne doutait pas de la compétence militaire.

La présence d’une véritable légende vivante ne faisait que renforcer son opinion, et il était à présent certain qu’au-delà des apparences se tramait quelque chose de bien plus sinistre. Après tout, ni une mercenaire de haut vol, ni un humain ayant défait nombre de Grands Maîtres ne pouvaient avoir un tel comportement. Ils jouaient la comédie, forçant Van’Tet à déterminer si leur Plan mettait en danger sa nation et, le cas échéant, à prévenir ses supérieurs puis tenter de neutraliser l’opération.

Une telle tâche lui serait sans aucun doute fatale, l’espion ne se faisant que peu d’illusions sur le talent de ses éventuels adversaires. Il avait accepté l’issue, et, suivant les préceptes de son mentor, s’efforçait de préparer le combat à venir pour assurer le succès de sa mission.

Heure après heure, il mémorisait la configuration du terrain autour des ruines que le Terrien faisait semblant d’étudier entre deux discussions avec Vala, auxquelles il ne pouvait assister, le duo restant éloigné des soldats qui surveillaient attentivement les alentours.

Comme les autres, il patrouillait autour des bâtiments en mauvais état qui fournissaient le motif apparent du déplacement, mais son esprit était occupé à la tâche à laquelle il avait été formé pour sa mission dans l’Installation : observer, interpréter, préparer. Il devait agir sans précipitation, ne jamais oublier qu’il était loin d’avoir l’expérience et l’instinct pour faire des plans à la fois fiables et détaillés, tout en collectant les informations nécessaires pour savoir s’il devait ou non agir.

Je n’ai pas le droit à l’erreur, se dit-il en s’efforçant de ne pas laisser transparaitre ses craintes. Je dois savoir ce que les Terriens préparent, sans ça…

Faisant appel à ses connaissances sur les relations entre la Terre et Dakara, il se mit à réfléchir aux raisons expliquant cette rencontre. De tels mercenaires étaient, selon lui, un outil intéressant pour qui voulait frapper son ennemi sans que celui-ci ne puisse remonter au commanditaire. Mais les Terriens avaient de nombreux ennemis, déclarés ou non, qui pouvaient être la cible de cette troupe.

A moins que… un instant ! Pourquoi lui ? Pourquoi les Terriens ont envoyé une célébrité pareille pour une opération de ce genre ? Il est trop connu, trop haut placé. Ca veut dire que… que ces mercenaires veulent des garanties ! Ils veulent traiter avec les chefs, et ça, ça veut forcément dire une opération majeure !

Il observa Vala se diriger vers sa patrouille, et parler à Jomah, qui dirigeait le petit détachement :
-Jomah, tu envoie un message au camp, pour le vaisseau : Daniel est d’accord pour payer. Conditions habituelles, on envoie la facture à O’Neill, tout ça.
-D’accord, patronne. Je crois que je connais un intendant chez nous qui va apprécier les rentrées.
Le second se tourna vers Van’Tet et son voisin :
-Van’, Ottar, vous continuez la ronde, je vous rejoins dès que c’est fait.
Il partit d’un pas rapide vers le lieu où avaient été posés l’ensemble des sacs, et Van’Tet demanda :
-Qu’est-ce qui se passe ?
-Hé, j’crois que la patronne vient une fois de plus de rentabiliser son voyage. Et le nôtre.
-Comment ça ?
-Simple, entre le pourcentage des bénefs faits pendant la sortie et la grosse prime de risque, tu vas avoir une jolie surprise chez l’intendant, en rentrant.
-Prime de risque ? Pourquoi ?
-Je ne sais pas encore, on verra.
-… D’accord.

C’est ça ! Elle vient de signer pour une mission importante. Et pourquoi ce “une fois de plus“… à quelle point est-elle liée aux Terriens ? Est-ce que Bra’tac se doute de tout ça ? Dans quoi est-ce que je me suis mis ? se demandait Van’Tet en reprenant la marche.

Le jaffa était à présent certain que les informations qu’il pourrait récupérer dans les jours à venir seraient d’une importance capitale pour sa nation et, s’il y survivait, pour son propre avenir. Il commença donc à élaborer son plan. Et si la première étape de celui-ci impliquait sans nul doute d’obtenir autant de détails que possible sur le projet mené par Jackson et Vala, il était crucial de préparer des moyens de communication ou, le cas échéant, de fuite. Le tout sans attirer l’attention des autres mercenaires.

Il allait être très occupé, une fois revenu au camp principal.



Plus rien n’était comme avant.

Les visages autrefois familiers lui inspiraient maintenant peur et appréhension, alors qu’elle avait consciemment signé un pacte, sans savoir avec qui. Depuis l’instant où elle avait accepté de ne pas transmettre toutes les informations à ses supérieurs, elle voyait chaque soldat, chaque visiteur, comme une menace, comme le visage de celui ou celle qui l’accuserait de trahison.

Et qui aurait raison.

L’environnement exotique et accueillant de la Cité était à présent une prison, où elle jouait à cache-cache avec ses semblables, les mensonges et les omissions venant prendre la place des relations de travail et d’amitié qu’elle avait formé avec difficulté.

Mais sa rencontre avec l’I.A. l’avait changée, lui donnant une personne à qui parler, plus réceptive que les humains. Anna savait, intellectuellement, que cette attitude était destinée à favoriser le contact, qu’Atlantis la manipulait, mais elle ne pouvait plus s’en passer. Solitaire de nature, la scientifique se voyait proposer une relation qu’elle n’avait jamais su établir auprès de ses semblables, et l’I.A. acceptait les conditions qui la rassuraient et lui permettaient de se convaincre d’avoir fait le bon choix.

Elle comprenait, dans les grandes lignes, comment elle en était venue, en une dizaine de jours à peine, à s’associer avec une entité pouvant mettre en danger tout ce qu’elle connaissait.

Mais elle ne resterait pas les bras croisés. Même si l’accord ne lui avait pas été imposé, qu’elle l’avait choisi, sa conscience lui dictait d’être active, de faire ce qu’elle pouvait pour s’assurer les meilleures chances dans la partie d’échecs où elle n’était rien de plus qu’une pièce.

Regardant le plafond de sa chambre, allongée dans le lit, Anna passait en revue ce qu’elle savait de sa situation.
Je veux préparer quelque chose pour faire face à qui ? Une I.A. infiniment plus vieille, intelligente et expérimentée que moi. Sheppard se fera un plaisir de m’éliminer si jamais qui que ce soit apprend pour mon accord avec Atlantis. En plus, elle sait exactement tout ce qui se dit, se fait et se prépare dans la Cité, et y est omnipotente. Qu’est-ce que je peux faire ? Rien. Atlantis me l’a suffisamment expliqué, et nous l’a prouvé…

Elle se leva et se dirigea vers la fenêtre qui donnait sur les ténèbres nocturnes, posant son regard sur l’océan. Celui-ci était éclairé par la Cité, révélant les vagues se brisant sur ses flancs.

Je ne peux rien faire pour l’instant, autant être franche, jouer le jeu, et saisir ma chance si elle se présente.

Elle prit une forte inspiration, profitant de l’air marin, avant de lâcher un profond soupir puis de revenir vers son lit pour s’y allonger sans un bruit. Ses pensées au moment de sombrer dans le sommeil furent, une fois de plus, pour Atlantis, s’étonnant de la vitesse à laquelle elle avait accepté la présence de cette entité l’espionnant jour et nuit, sans échappatoire.


Dernière édition par Rufus Shinra le Lun 28 Juin 2010 - 23:09, édité 3 fois
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MessageSujet: Re: Effet Papillon [Tome II]   Effet Papillon [Tome II] - Page 4 EmptyJeu 10 Juin 2010 - 11:21

Alors alors, j'aurai quelques remarques...

Citation :
Son comportement, qu’il ne pouvait qualifier autrement qu’adolescent,
Je vois mal un Jaffa, fut-il adolescent, se comporter comme Vala ^^
La comparaison me semble donc étrange, venant de Van'Tet...

Citation :
et eut besoin de quelques instants pour se rappeler les évènements qui l’avaient conduit à dormir quelques heures à peine sous une tente posée à même le sol rugueux.
Une tente posée à même le sol, c'est assez fréquent aarf

Citation :
D’un certain côté, elle avait peur de ce qui arrivait au trio, mais de l’autre, elle avait peur.
C'est un peu étrange, comme phrase...

Sinon, j'ai apprécié le chapitre. Je suis assez curieuse de savoir ce que Vant'Tet va faire, ce qui se trame réellement et ce qu'il va advenir de Shanti et Anna Effet Papillon [Tome II] - Page 4 Icon_exc
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MessageSujet: Re: Effet Papillon [Tome II]   Effet Papillon [Tome II] - Page 4 EmptyJeu 10 Juin 2010 - 11:50

Citation :
Une tente posée à même le sol, c'est assez fréquent
Rufus Shinra ne dort jamais à même le sol, la tente d'Alain Delon de Rufus Shinra franchit le mur du son à des dizaines de kilomètres de hauteur (pendant qu'il dort, bien sûr) peuh mrgreen
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MessageSujet: Re: Effet Papillon [Tome II]   Effet Papillon [Tome II] - Page 4 EmptyJeu 24 Juin 2010 - 21:57

Je suis ravi de voir Daniel prendre une part plus active dans cette fiction. Jusqu'alors, ses interventions avaient été très épisodiques, lors d'une discussion avec Anna, Weir, ou bien au cours d'un chapitre nostalgie. Mais c'est le personnage central de Stargate SG-1, l'âme de la série, et cela m'a toujours fait bizarre de le voir traité de manière si extérieure. C'est donc un plaisir que de faire un petit tour dans sa tête, surtout si, comme je le soupçonne, ses interventions sont loin d'être terminées. C'est également l'occasion de se pencher un peu plus sur la technique à l'œuvre en ces temps avancés, et de constater les progrès faits depuis notre époque, que ce soit en terme de traduction ou bien d'analyse chimique, ou simplement de connaissances aliens. C'est un peu comme le détail des conditions de vol dans l'atmosphère de Vénus, les explications sur le maintient du secret, les nouvelles technologies en usage sur la Terre ; ce sont des éléments de mythologie appréciables. J'avais accueillit avec le même enthousiasme la datation par le naquadah à laquelle Daniel avait procédé dans la série pour évaluer l'âge d'un symbiote Goa'uld fossilisé.
Bref. ^^
Je ne m'étais pas du tout attendu à ce que cette Vala soit liée de quelque manière que ce soit au SGC, mais c'est en fait logique : une superpuissance montante disposant d'avantages stratégiques non négligeables mais d'une faible implantation dans la galaxie... Il y avait un intéressant partenariat à tenter.
Ses dialogues avec Daniel sont en tout cas à la fois amusants et édifiants, nous livrant quelques détails sur les véritables relations entre la Terre et le groupe de mercenaires. Il était temps qu'une romance prenne place dans Effet Papillon... ^^

Peu de choses à dire concernant Van'Tet et Anna, tous deux mènent leurs affaires de leur mieux, lui évaluant ses options, elle voyant les sienne s'éloigner. Je dois avouer qu'à part la thérapie qu'elle a inconsciemment et involontairement offerte à Shanti, je vois mal le besoin qu'a Atlantis d'Anna. Observer les humains.... D'accord, c'est important, mais Anna trient une telle place dans l'histoire, il doit forcément y avoir plus. Je suis curieux de connaitre la véritablre raison de son implication grandissante.

De même pour la mystérieuse mission de Shanti, dont nous n'apprenons rien ici. La tension s'installe au sein de l'épique, et c'est bien normal, entre le stress des entrainements, les changements, le massacre de Dakara et le coma de Shanti, la perte de contact avec la Terre et les hommes... Je me demande si la route de SG-22 ne doit pas croiser celle de Daniel sur une petite planète poussiéreuse abritant un centre de commande Ancien...

Les choses continuent de se mettre en place, mais j'attends depuis un moment, je dois le dire, le coup de massue qui redonnera de la vigueur à cette fiction, dont l'action à tendance ces derniers temps à se délayer. L'arrivée de Daniel était un facteur de suspens, mais j'attends le feu d'artifice... Wink

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Rufus Shinra
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MessageSujet: Re: Effet Papillon [Tome II]   Effet Papillon [Tome II] - Page 4 EmptyLun 28 Juin 2010 - 22:52

Merci à Skay et à mon nouveau bêta-lecteur, qui a, semble-t-il, fini par retomber dans le vice : Mat ! Entre les passages suggérés voire directement rédigés et les suggestions, demandes de clarification, vous me rendez vraiment service et m'offrez le regard extérieur dont j'ai besoin.

Merci !



Chapitre 16 : Nouvelle donne

Contrairement à la poignée de vaisseaux terriens dans laquelle il avait navigué, le Ha’Tak ne présentait aucune logique apparente dans son agencement intérieur. Les formes symétriques de sa coque abritaient en effet une architecture chaotique et dépourvue de tout sens commun pour le jeune pilote expatrié. Le pont de commandement était à une extrémité, éloigné de tout et exposé aux tirs, comme ses instructeurs le lui avaient souligné. La salle des générateurs occupait une partie considérable de la section centrale et n’était séparée du vide que par une épaisseur de coque ridicule en comparaison de l’importance qu’elle avait à bord. Les hangars principaux étaient casés à proximité de celle-ci, entourés par les dépôts de munitions et de naquadah liquide destiné aux Planeurs embarqués.

Mais la connaissance de Carl se limitait aux faiblesses du vaisseau, faiblesses que sa formation lui avait appris à exploiter. Pour tout le reste, depuis les logements jusqu’aux cales, il naviguait pour ainsi dire dans le brouillard, se perdant régulièrement les premiers jours dans des couloirs identiques. Il y avait dans cette situation une certaine ironie, lorsque l'on savait que les murs du vaisseaux étaient littéralement couverts de toutes sortes d'indications utiles sur les chemins à suivre pour se rendre à peu prêt partout - pour qui, bien sûr, pratiquait le hiéroglyphe Goa’uld.

Mais si son arrivée ressemblait de ce aspect à celle à bord du Concordia, elle différait cependant fortement en un point particulier : le reste de l’équipage n’avait aucune patience pour le nouveau.

L’unité d’opérations spéciales qu’il venait d’intégrer n’était qu’un noyau particulièrement camouflé au sein de ce groupe de mercenaires, dont les règles étaient, comme il s’en apercevait brutalement, particulièrement différentes de celles de sa précédente affectation.

La structure hiérarchique stricte et les tâches cloisonnées se voyaient remplacer par un chaos cohérent où il ne parvenait pas à déterminer sa place. Dans son briefing introductif, un officier, sous la même couverture, lui avait fait comprendre qu’en temps que nouveau sans la moindre expérience ou réputation, il était, dans les faits, au plus bas de l’échelle sociale du bord. Et qu’il ne pourrait compter que sur lui-même pour être accepté. Il s’était vu donner une liste de noms, correspondant aux personnes qu’il ne pouvait pas se permettre de se mettre à dos, avant d’être libéré.

Et la liste était longue.

En une poignée de cycles de vie, qui n’avaient aucune raison d’être synchronisés avec les journées terrestres, il n’avait pas eu un instant à lui, occupé à suivre une formation accélérée ou à faire un quelconque travail pénible auquel lui donnait droit sa récente arrivée. A bord, les techniciens étaient bien moins nombreux que dans les vaisseaux et installations humaines, et il voyait fréquemment des mercenaires en train de travailler sur tel ou tel circuit d’une cloison pour la simple raison que nul autre n’était disponible pour faire le travail.

Jetant un coup d’œil sur le plan griffonné sur un carnet, le jeune pilote tourna dans la direction qu’il espérait être la bonne, marchant d’un pas rapide pour ne pas laisser l’impression qu’il puisse être inactif. Les premiers jours lui avaient appris à ne plus commettre cette erreur. Carl évita un groupe qui avançait dans la direction opposée, ses membres occupés dans une discussion d’où il dénotait des tensions qui, à la moindre erreur, pouvaient être relâchées sur lui. Finalement, il arriva à sa destination, le hangar de maintenance, un endroit dont il ignorait jusqu’à peu l’existence, et où une autre de ses illusions s’était vue broyer.

Plusieurs planeurs étaient posés à même le sol, tandis que s’affairaient autour d’eux une foule bigarrée qu’il allait rejoindre. L’appareil, pour lequel il n’avait reçu qu’une formation superficielle lors de son séjour lunaire, était souvent la cible du mépris général à bord du Concordia, mais constituait à présent son seul accès à l’espace. Un accès qui était loin d’être assuré, et pour lequel on lui avait expliqué qu’il devrait suer. Son jeune âge et son inexpérience quasi-complète en termes de matériel non-Terrien avait fait de sa formation de pilote une quantité négligeable pour les vétérans qui constituaient la quasi-totalité des mercenaires. Sans réputation ni compétence particulière, il ne présentait donc que peu d’intérêt pour le groupe en général et les mécaniciens en particulier, dont la priorité était de rendre fonctionnels les appareils de ceux qui rapportaient régulièrement l’argent de la paie.

Le système était fondamentalement différent de celui auquel il était habitué, mais ses supérieurs, qui organisaient des opérations de renseignement et d’action ne pouvant en aucun cas être rattachées à la Terre, lui avaient clairement dit de faire avec. En effet, un groupe privé ne pouvait pas, sauf réussite exceptionnelle, arriver à un niveau d’organisation aussi efficient et complet que les forces militaires, pour la simple question des frais d’entretien. La couverture étant la priorité absolue, il allait devoir s’adapter aux nouvelles conditions, sans faire de vagues. Ses compétences, lui avait-on expliqué ouvertement, étaient moins importantes que le maintien des apparences.

Surtout quand l’absence de matériel terrien les rendait en grande partie inutiles, quelque soit le niveau de performance du matériel sur lequel il avait été formé.

-T’es là ! Ramène ton cul, gamin, on a du boulot pour toi ! l’interpella un mécanicien.
Il obéit sans broncher, sachant qu’il était venu pour cette raison précise.
-Bonne nouvelle, on a enfin un planeur pour toi. Il vole et il tire presque quand tu veux.
-Merci, dit-il sans la moindre ironie, se rendant compte que les deux qualités énoncées n’étaient pas assurées d’avance.
-Bon, j’ai vu le patron, dit-il en désignant de la tête le chef-mécanicien, un jaffa expatrié à l’âge incertain qui avait la haute main sur toutes les activités techniques du bord. Il te laisse huit cycles pour réparer le bazar avant de récupérer les pièces pour les autres.
-Mais, je croyais qu’il volait ?
-Je t’ai dit qu’il volait, j’ai pas précisé pour combien de temps, ni si tu pouvais respirer dedans.
-…
-Bon, écoute, je suis sympa, alors on va faire comme ça : t’es pas le seul nouveau ici. On a un p’tit gars qui vient d’arriver. ‘parait qu’il se débrouille côté planeurs, mais je vais pas le laisser foutre en l’air celui de quelqu’un d’utile si c’est que de la frime. Tu vas bosser avec lui. Si tu peux voler dans huit cycles, je te le laisse, qu’il fasse les conneries chez toi et que t’aie quelqu’un pour t’aider. Sinon, faudra que tu trouves quelque chose à faire pour justifier ta paie, l’as. Allez, au boulot !
Il revint vers un planeur éventré, sans attendre la réponse du jeune homme, indiquant d’un geste un autre appareil au fond du hangar.

S’approchant de son appareil flambant usagé, il distingua une silhouette qui s’affairait derrière l’une des ailes, et s’avança pour rencontrer celui dont dépendrait tout son avenir dans cet environnement auquel il s’adaptait avec difficulté.

-Salut, dit-il en contournant l’aile, avant de se faire accueillir par un grognement.
Il se figea.

Logique. C’était trop beau.

Le Unas devant lui se releva et avança vers lui. Carl lutta pour réprimer un mouvement de recul instinctif, quand son nouveau mécanicien pointa un bras vers lui et qu’une voix synthétique sortit d’un appareil sur son torse, légèrement désynchronisée avec ses paroles, incompréhensibles pour le jeune pilote.

-Nous sommes. Equipe. Tu échoues. J’échoue. J’ordonne. Tu écoutes. Tu fais. Le planeur sera. Réparé. Es-tu. D’accord. ?.
Le rythme saccadé du traducteur lui rappela sa vie avant le Programme, la machine connaissant les mêmes problèmes d’élocution que les systèmes d’annonce automatiques. Un instant de nostalgie après, il répondit :
-D’accord. Tu me dis ce que je dois faire, et on répare cet engin de malheur.
-Très bien. Je répare le. Stabilisateur. De l’aile. Gauche. Tu feras la. Même chose. Sur l’aile. Droite.
-Compris. Au fait, moi, c’est Carl. Tu t’appelles comment ?
-Ithek.


Lorsque son mécanicien lui tourna le dos pour reprendre son travail, Carl leva un instant les yeux en l’air.
Dommage que j’ai pas pris Unas LV2 l’année dernière. J’aurais pu me la jouer Han et Chewbacca. Enfin, le style en moins.
Il reporta son regard sur le planeur délabré.
Si c’est ça, mon Falcon, je suis vraiment mal barré. Enfin, je vais voir ce qu’il a dans le ventre… Littéralement…



-Daniel…
-Hmm ? répondit l’archéologue, sans détourner la tête du mur devant lui.
-Tu peux me dire ce que tu trouves de si fascinant, là ? Parce que tout ce que je vois, c’est un tas de cailloux empilés proprement, et j’aimerais savoir en quoi ils me font de la concurrence.
-J’aurais envie de répondre qu’ils sont un peu plus calmes, mais tu risquerais de mal le prendre.
-Je risquerais.
-Donc, je vais une fois de plus faire preuve de sagesse et dire que l’intérêt n’est que professionnel, conclut-il en se retournant.
-Bon, grand sage, sérieusement ?
-Sérieusement ? J’ai un certain… intérêt pour les vestiges Anciens, tu devrais le savoir, depuis le temps.
-Je sais, mais pourquoi ceux-là en particulier ?
Daniel soupira et posa au sol son appareil photo et son PDA.
-Comment ça ?
-Tu passes plus de temps que d’habitude dessus. Il doit y avoir quelque chose de spécial, non ?
-Qu’il faudrait que tu saches avant que Jack ne paie, c’est ça ?
-Non. Enfin, pas uniquement.
-Concrètement, je ne sais pas s’il y a vraiment quelque chose de nouveau. C’est juste… en fait, certaines indications ici font référence à des informations que j’ai eu… là-bas.
-Des infos que tu ne peux pas me passer, bien sûr.
-Bien sûr, dit-il en sortant un livre de son sac.
-Fantastique, répondit-elle, lassée. Et, sinon, ça parle de quoi, ce charabia sur le mur ?
-Ca, c’est juste un panneau d’avertissement. “Accès interdit aux personnes non-autorisées“, ce genre d’euphémismes qu’affectionnent les administrations depuis des millénaires.
-Donc, pas de découverte qui va changer tout l’équilibre des pouvoirs ?
-Non, dit-il en cherchant une page dans son ouvrage.
-Pas non plus de trésor enfoui ?
-Pas que je sache, fit-il, accroupi, en comparant une photo dans le livre avec le mur en face de lui.
-Et pas de piège qui va s’activer et nous mettre en danger de mort dans un instant ?
-Je ne répondrai pas à cette question, Vala. Je suis prudent et responsable, moi.
-Très bien.
Elle inspira profondément et avança lentement vers l’archéologue avant de se mettre entre lui et le mur, se baissant pour croiser son regard :
-Alors, tu as une heure, Daniel Jackson. Ensuite, s’il n’y a pas eu de catastrophe assez spectaculaire pour égayer cette journée, je vais prendre les choses en main personnellement.
-C’est-à-dire ? répondit-il en levant un sourcil d’une manière qui aurait fait la fierté de son frère d’arme Jaffa.
-C’est-à-dire, lâcha-t-elle avec un sourire que n’importe quelle créature mâle de cette galaxie et d’autres aurait perçu avec raison comme un signe de danger imminent, que nous allons nous promener, visiter un peu les environs. Et. Profiter. De. Ces. Vacances.
Il ferma son livre.
-Je n’ai pas le choix, hein ?
-T’as tout compris, fit-elle en changeant de rictus, son sourire devenant cette fois-ci particulièrement engageant.
Ce que Daniel, connaissant son interlocutrice, trouvait bien plus inquiétant.



Une fois le camp installé, les soldats qui y demeuraient patrouillaient la zone, assurant la sécurité de leur base maigrement équipée. Cette tâche était considérée différemment selon les individus. Les recrues récentes avaient tendance à perdre rapidement de leur concentration, ne distinguant rien de suspect sur leur chemin à la surface d’une planète dont l’expédition devait représenter la majorité des habitants. Les vétérans, eux, étaient sur le qui-vive, leur expérience leur intimant de craindre ce calme qui ne pouvait qu’annoncer le pire à trop court terme. Van’Tet, lui, ne prêtait qu’une attention toute superficielle à son environnement, mais restait néanmoins particulièrement stressé, cherchant à s’organiser pour réussir à transmettre ses informations.

Personne n’est laissé seul. La réserve d’armes est surveillée, et presque tout le monde est sur ses gardes, jour et nuit. Si je tente de m’enfuir, ils me rattraperont à coup sûr. Il faut quelque chose pour les occuper, le temps que j’atteigne la Porte. Une diversion…

La veille au soir, il avait jeté un bref coup d’œil au matériel que ses colocataires avaient avec eux, et déduit qu’il aurait besoin de matériel supplémentaire, quelque soit son plan. Et pour cela, il devrait attendre d’être en poste au niveau du petit stock de matériel tenu à proximité des tentes.

Toute la difficulté était d’avoir un plan d’ici-là.


La porte coulissa sans un bruit, ouvrant l’accès à la salle d’observation. La jeune femme qui y était présente, distingua parfaitement le courant d’air provoqué par le changement survenu l’instant plus tôt, mais resta immobile, sans laisser transparaitre sa perception du nouvel arrivant, qu’elle avait identifié avant qu’il entre dans la pièce.

-Salut, dit cordialement Campbell. Quoi de neuf ?
-Rien, répondit Shanti après un silence de quelques secondes.

Le pilote traversa d’un pas lent la pièce immaculée. Celle-ci avait, en guise de parois, une imposante baie vitrée qui rappelait sans cesse au militaire qu’il avait quitté l’abri de la coque massive. Ne prêtant qu’un regard détaché vers le vide interstellaire qui l’entourait, il vint s’asseoir près de la jeune femme.

-C’est calme, dit-il laconiquement.
Après quelques secondes sans réponse, il reprit :
-C’est bizarre, quand même…
Nouveau silence, qu’interrompit cette fois Shanti :
-De quoi ?
-Tout. Tout ce qui nous arrive depuis le coup du Bellérophon. J’ai eu ma part de trucs étranges, le commandant aussi, mais ça… tout ça…
-Peut-être.
-Pas très loquace, hein ?
-…
-Ca aussi, ça me… je ne sais pas comment dire. Me manque ? Tu étais hésitante, aussi pro que possible, mais tu cherchais tes marques. Maintenant, tu n’alignes plus trois mots.
Elle lâcha un très léger soupir.
-On est tous sur les nerfs, Shanti, continua-t-il. Tous, et ça doit être foutrement dur pour toi. Je veux dire, tu n’avais rien pour te préparer à tout ce qui est arrivé… Comme si on pouvait s’y préparer… Enfin, ce que je veux dire, c’est que tu ne peux pas te renfermer comme ça. Tu vas craquer, si tu gardes tout pour toi.
-Et qu’est-ce que je devrais faire, selon toi ? dit-elle après un nouveau silence.
Il tourna sa tête vers elle :
-Je ne sais pas. Peut-être parler. Ou bien…
-Ou bien faire comme avant ? Comme si les choses étaient normales ? murmura-t-elle d’une voix faible.
-… pourquoi pas.
-Je… ne peux pas.
-Je sais.

Pendant plusieurs minutes, ils restèrent ainsi, sans bouger, ni parler, jusqu’à ce que le silence soit à nouveau brisé.
-Merci, souffla Shanti.
-Pour quoi ?
-Dakara. Atlantis m’a expliqué ce qui serait arrivé si tu n’étais pas venu à ce moment-là. Je me serais… consumée.
-On est une équipe, Shanti.
-J’ai failli te tuer, comme tous les autres, là-bas.
-Ca n’est pas ta faute.
-Bien sûr que… commença-t-elle avant d’être interrompue lorsque Campbell la prit par les épaules.
-Non. Atlantis nous a envoyé au feu avant d’avoir pu nous former complètement, avec du matos prévu pour les Anciens, pas pour nous. La même chose me serait arrivée, à ta place.
-Tu n’en crois pas un mot.

Elle avait prononcé la dernière phrase comme une évidence, et, devant le regard surpris du pilote, expliqua :
-On ressent chacun une partie des émotions des autres, Thomas. Tu te dis que mon manque d’expérience à joué, tout comme mes sentiments sur tout ce qu’il se passe.
-Ca a peut-être joué, Shanti, mais on aurait très facilement pu perdre le contrôle, moi, ou bien le commandant.
-Mais vous ne l’avez pas fait, répondit-elle en se levant.

D’un pas décidé, elle avança vers la porte, avant de se retourner et de croiser le regard de son coéquipier, qui ne savait plus quoi dire.
-Merci quand même, dit-elle avec un sourire triste.





-Alors, du neuf ?
-En fait, oui, répondit Daniel. Je crois que l’installation est encore alimentée, et j’ai trouvé une interface de contrôle.
-Catastrophe, ou pas catastrophe ?
-Rien, mais…
-Mais je m’en fiche ! Tu auras tout ton temps après pour voir ton interface. Moi, dans une semaine, je dois finaliser la vente de produits culturels de luxe terriens fabriqués sur Veonas-11.
-Tes clients sont au courant pour la dernière précision ?
-Non.
-Et… est-ce qu’ils savent au moins à quoi doivent ressembler ces… “produits culturels“ ?
-Non plus.
-Et… tu n’as pas un tant soit peu honte de les arnaquer ainsi ?
-Absolument pas. Et puis, ce n’est pas une arnaque, puisqu’ils seront contents de ce qu’ils vont acheter.
-Mais pourquoi est-ce que je reste avec toi ? demanda l’archéologue en rangeant finalement tout son matériel.
-Parce que je suis la seule personne sur deux galaxies qui représente un quelconque défi pouvant rendre ta vie intéressante, et qu’on est faits l’un pour l’autre, même si tu as mis le temps pour le reconnaitre.
-Dit comme ça…
-Et puis, à part moi, tu serais avec qui ? Cette Sarah, qui passe encore plus de temps que toi le nez dans ses bouquins ?
-Hé ! Il n’y a plus rien entre elle et moi !
-On dit ça. N’empêche, tu dois être attiré par son côté “j’ai été l’hôte d’un Grand Maître“. Ca doit avoir ses… avantages.
-Tu peux parler, miss “je reprends le rôle de Qetesh dès que j’atterris sur une planète isolée“, répliqua-t-il avec un sourire narquois.
-Au moins, j’ai une vie en-dehors des livres et des ruines.
-Qu’est-ce que je dois comprendre, là ?
-Ce n’est pas contre toi, Danny. Toi, tu fais quelque chose, contrairement à elle. Enfin, si, elle essaie de me piquer ma proie.
-Tu exagères…
-Et bien invite-là à nouveau dans une de nos sorties, comme l’autre fois, quand ces ruines étaient si importantes qu’il fallait absolument qu’elle les voie sur-le-champ.
-Oh non, une fois, ça suffit. Après le savon que Jack m’a passé après avoir dû s’arranger avec la moitié de la galaxie pour ce qui s’est passé.
-C’est toi qui exagères, maintenant, dit-elle en prenant un air blasé.
-D’accord, alors, la prochaine fois, c’est toi qui iras expliquer aux Jaffas pourquoi la Porte de Dakara a été emboutie par un Tel’Tak.
-C’était pas ma faute !... et tu sais très bien que je ne pouvais pas laisser passer ce qu’elle a dit.
-… Rien à ajouter, votre Honneur.
-Tu aurais dû me soutenir, sur ce coup-là.
-Permets-moi d’en douter…
-Hé, même tes collègues étaient d’accord avec moi !
-Mes… collègues ? demanda-t-il, étonné.
-Docteur Fe-quelque chose. Il disait qu’il comprenait parfaitement ma situation et que j’avais raison.
-… Je vais le tuer, soupira Daniel en se couvrant le visage avec ses mains.





Il avait un Plan. Discutable, basé sur un trop grand nombre d’hypothèses confirmées par trop peu de faits, mais un Plan quand même. Il allait provoquer un accident qui obligerait une partie du groupe à revenir au vaisseau en urgence. Si, comme il l’espérait, le vaisseau en question était suffisamment loin de la planète où il se trouvait, la Porte serait la seule solution. Il ne lui restait plus qu’à justifier son départ avec le groupe, et il pourrait le neutraliser par surprise une fois à destination.

Il lui restait encore quelques détails à mettre au point, comme la nature de l’accident, la manière d’être sûr de partir avec les autres vers la Porte, et comment neutraliser en quelques secondes un groupe de mercenaires expérimentés, bien armés, et apparemment paranoïaques. Mais, en tout et pour tout, c’était son meilleur Plan.







Il avait failli s’étouffer lorsque l’un de ses supérieurs, à la sortie du simulateur, lui avait dit de but en blanc qu’il devrait tout simplement réapprendre à piloter, entre deux commentaires sur les efforts qu’il aurait à faire pour gagner sa paie. Le jeune pilote avait pourtant rempli l’ensemble des objectifs de la mission qui lui avait été présentée, en appliquant toutes les règles qu’il avait appris durant ses années de formation. Il se vit alors expliquer qu’il s’agissait précisément du problème.

Ignorant délibérément des cibles sous prétexte qu’elles avaient émis un signal de reddition, ou préférant attendre une meilleure opportunité plutôt que d’ouvrir le feu à proximité d’appareils civils, il avait échoué dans le véritable but de la simulation. Il faisait l’erreur de se comporter avec “fair-play“, et, selon l’officier, mettait tout le monde en danger.

Ses leçons suivantes l’avaient pris au dépourvu, représentant selon ses tuteurs des enregistrements de cas réels, rencontrés lors d’opérations au fil des ans. Contrairement à cette première simulation, il se faisait abattre ou causait la perte d’un ailier parce que tel ennemi n’avait pas ses scrupules. Il s’était fait tirer dessus au milieu d’appareils civils, avait vu un appareil endommagé quitter le combat avant de revenir le détruire, un autre faire semblant de perdre le contrôle pour mieux le laisser approcher. Petit à petit, il comprenait ce que son chef d’escadrille, membre comme lui du groupe d’opérations spéciales, lui avait expliqué le premier jour.

Les scrupules, c’est bon pour les soldats et les civils, se rappela-t-il, et tu n’es ni l’un ni l’autre, juste un mercenaire.

Regardant dans l’écran du simulateur le vaisseau qu’il était sensé escorter au cœur d’une zone dangereuse, il se rappela brutalement de ses patrouilles à bord des appareils terriens. Depuis qu’il était arrivé à bord du Ha’Tak mercenaire, il n’avait pu décoller ou piloter quoi que ce soit d’autre que l’outil d’entrainement, son appareil restant cloué au sol pour des raisons qu’il commençait enfin à comprendre. En effet, Ithek, son mécanicien, ayant besoin d’une seconde paire de bras pour réparer l’épave qui lui avait été attribuée comme chasseur, lui expliquait avec le rythme saccadé de son traducteur la fonction de telle ou telle pièce.

Mais il n’avait pas avancé en quoi que ce soit dans ce qui l’avait décidé à adopter cette nouvelle vie : comprendre ce qui lui était arrivé lors de l’embuscade tenue à sa patrouille. Il se rendait à présent compte qu’il avait dû inconsciemment imaginer le contraire de ce qu’était cette unité particulière. En lieu et place de missions spectaculaires et dangereuses avec des prototypes équipés du meilleur matériel que la Terre pouvait fournir, il allait devoir mener des vols probablement tout aussi répétitifs qu’auparavant, à bord d’une épave partiellement réparée, pour avoir peut-être la chance de glaner quelques informations sur le dessous des évènements.

Ou, pour être plus simple, le côté glamour des services secrets lui échappait après quinze heures de réparation et d’entrainement auxquels il ne pouvait échapper, par manque d’expérience et de relation dans la société que formait la compagnie de mercenaires noyautée par l’unité d’opérations spéciales.

Sortant de la capsule brune, dont l’intérieur reproduisait à l’identique les commandes d’un Planeur, il vit une femme appuyée sur une cloison, parlant avec son instructeur. Voyant ce dernier quitter la pièce, il se rapprocha de la nouvelle arrivante, qui lui faisait signe de venir la voir.

-Alors, lieutenant, l’acclimatation ? demanda celle qu’il avait reconnue comme l’un des officiers de renseignements de l’unité terrienne.
-Je m’adapte, major.
-Je vois ça, je vois ça. Le commandant est content de voir que vous mettez la main à la pâte sur votre chasseur.
-Je n’avais pas vraiment le choix, si ?
-Non, mais vous l’avez compris plus vite que la majorité de nos jeunes recrues. D’ailleurs, j’ai quelque chose pour vous. De quoi faire en sorte que vous soyez prêt pour votre première mission.
Elle lui tendit un bloc cristallin sur lequel avait été ajouté, de manière particulièrement inesthétique, un écran et un clavier d’origine Goa’uld, le tout étant à peine plus gros que sa main.
-Qu’est-ce que c’est ?
-Bonne question. Un assistant de réparation Serrakin. Il compare la surface étudiée avec ses plans, signale les problèmes, et propose des corrections. Pas fiable à cent pour cent, mais ça devrait faire plaisir à votre mécano, et vous donner une chance d’être prêt.
-Merci beaucoup, répondit-il sincèrement.
-Ne vous en faites pas, lieutenant. Vous prouvez que vous faites ce qu’il faut pour maintenir notre couverture, et on s’arrange pour mettre les chances de votre côté. C’est le boulot des renseignements.
Il acquiesça, son regard faisant l’aller-retour entre sa bienfaitrice et l’appareil.
-Une dernière chose, dit-elle. Essayez d’éviter de vous faire voir avec cet engin pour l’instant. Il n’est pas enregistré, donc personne ne peut vous accuser de l’avoir volé, mais rien n’empêche non plus qu’une personne… pressée… se considère prioritaire pour un tel matériel.
-Entendu. Merci beaucoup.
-Bah, vous me remercierez moins quand vous aurez vu dans quoi vous vous êtes vraiment embarqués. Mais, en attendant, de rien, lieutenant.

Avec un clin d’œil, elle s’éloigna du jeune homme, qui, sans la quitter du regard, rangea aussi bien que possible le dispositif dans ses vêtements avant de prendre la direction opposée, se dirigeant vers la baie d’entretien.



Van’Tet avait observé de loin le retour du groupe mené par la femme aux cheveux noirs de jais, soulagé d’avoir pu terminer ses préparatifs quelques heures plus tôt. Il avait à présent de quoi générer une diversion, mais celle-ci ne pourrait être efficace qu’en présence d’une opportunité quelconque, qu’il se savait incapable de créer, en sa position actuelle. Prenant son mal en patience, il se rapprocha donc du couple de VIP, décidé à compléter au mieux ses informations avant de retourner sur Dakara.

Daniel Jackson était partagé, une partie de lui insistant pour ne pas perdre de temps et continuer l’étude de l’interface de commande qu’il avait trouvé dans les ruines, l’autre lui indiquant calmement qu’il était en très bonne compagnie et qu’il serait stupide de ne pas profiter de l’instant présent. Le compromis présenté par Vala, lui laissant quelques heures par jour pour continuer son travail avant de l’en éloigner pour des “instants privilégiés“, ainsi qu’elle les appelait, semblait lui convenir. Et, avantage supplémentaire, il ne pensait presque plus à l’I.A. ou au premier contact moins qu’idéal dont il avait été témoin quelques semaines plus tôt.
Il lui avait fallu quelques années pour accepter ses sentiments à l’égard de la femme qu’il accompagnait, dressant au début un bouclier de cynisme et de sérieux pour repousser ses avances. Ayant vu les différentes femmes qui avait occupé un tant soi peu d’importance dans sa vie être les victimes des parasites contre lesquels il avait lutté une décennie entière, il s’était créé un blocage, s’associant inconsciemment au sort connu par Sha’re. S’il avait fait le deuil de son épouse, il avait gardé une part de culpabilité, se comportant comme s’il était la cause de cette malédiction qui le suivait. Mais après l’incident du Prométhée, la mercenaire l’avait pour ainsi dire traqué, prenant contact avec lui aussi souvent que possible, alors qu’il était encore membre actif de SG-1. Il avait alors gardé son masque de sérieux face à elle, mais, lui comme les autres membres de l’équipe se rendaient compte que celui-ci se fissurait petit à petit sous les assauts répétés au fil des ans et des rencontres souvent explosives entre la mercenaire et le commando terrien. Pour autant, aucun de ses coéquipiers ne lui en avait fait part, ne sachant pas comment, eux, la seconde génération ayant remplacé tous les membres originels, pouvaient expliquer une telle chose à quelqu’un comme le docteur Jackson, véritable chef officieux du groupe.
Finalement, le hasard, les émotions, douze kilos de naquadriah et une course-poursuite effrénée dans les bas-fonds d’Hébrida eurent raison de ses dernières inhibitions.

Vala Mal’Doran, elle, oscillait entre l’ennui ferme en regardant son amant s’attarder sur des ruines dont la vente avait été conclue la veille, aux dires du message de son vaisseau, et une détente qu’elle ne trouvait qu’aux côtés de quelqu’un comme Daniel. Celui-ci était comme elle sur de nombreux aspects, et totalement différent sur d’autres, comme de nombreux aventuriers qu’elle avait rencontrés au cours de ses pérégrinations, mais seul l’archéologue de combat avait présenté la bonne sélection de ressemblances et de différences à ses yeux. Tant idéaliste que cynique à ses moments, doté d’un flegme nourri par des années de situations aussi absurdes que désastreuses, le quadragénaire était fait pour elle, et elle savait que, tôt ou tard, lui ou elle prendrait sa retraite et irait vivre chez l’autre. Ces pensées étaient habituellement accompagnées d’un sourire qu’elle associait à son innocence, état d’esprit qui avait pourtant été détruit et calciné par le Goa’uld qui s’était emparé d’elle des décennies auparavant, mais que son amant avait plus ou moins ramené. En effet, après l’avoir rencontré, elle avait commencé à avoir un comportement décalé, presque puéril, en repensant à celui qu’elle avait capturé à bord de ce vaisseau aux formes étranges. Et elle adorait pouvoir arborer ce sentiment d’adolescente attardée qui pouvait basculer d’une seconde à l’autre à celui de professionnalisme tactique sans le gêner en aucune manière et en sachant qu’elle pouvait compter sur lui pour réagir au quart de tour dans les coups durs. Si, en plus, il lui offrait un appui non négligeable pour maintenir sa relation “particulière“ avec les autorités terriennes, ça n’en n’était que mieux. La priorité pour divers renseignements et artefacts anciens qu’elle trouvait, associée à ses relations, avaient en effet réussi à convaincre qui de droit de regarder ailleurs lors de ses activités d’import/export, tant que celles-ci se limitaient à des produits non-critiques. Et elle savait apprécier les grincements de dents aussi stridents qu’inutiles des nombreux bureaucrates et militaires qui lui gardaient étrangement rancœur de son emprunt du Prométhée.

La realpolitik avait quelques aspects agréables.

Elle avait fait de l’indépendance sa valeur première, mais était heureuse d’avoir trouvé quelqu’un sur qui pouvoir s’appuyer et, surtout être elle-même, ce qu’elle avait failli perdre, entre la longue possession et sa carrière de mercenaire freelance.


-Sinon, où en est Jack, là ? dit la meneuse des mercenaires, alors que l’espion arrivait à portée de voix.
-La dernière fois, il était en Antarctique, à surveiller un petit projet qui lui tient à cœur.
-Comment ça ?
-Oh, juste un développement des techniques de modifications génétiques de Beckett. A mon avis, c’est moins le projet lui-même que le sujet qui attire son attention. Et puis qu’on le stocke dans la capsule de stase où il a passé quelques mois, ça doit faire jouer sa nostalgie.
-Pourquoi faire ça ?
-Ca dure depuis quelques années, Vala, et on a le problème de l’espérance de vie. Et en plus, ils ne sont pas sûrs de savoir ce que font exactement toutes ces modifications.
-Qu’est-ce que tu me racontes ? Vous êtes en train de préparer des mutants sans savoir ce que vous faites, c’est ça ? Et c’est moi la folle dingue ? demanda-t-elle en s’arrêtant de marcher.
-Si, si, ils savent ce qu’ils font, c’est juste que c’est des technologies Anciennes, et, bon, on n’est pas parfaitement sûrs et certains de tout. Et puis, il faut prendre en compte les différences biologiques, c’est pas comme si on travaillait sur un être humain.
-Et donc, tout ce machin incompréhensible intéresse Jack ? Le Jack qu’on connait tous les deux, celui qui appelle à l’aide au moindre problème technique ?
-Tu n’es pas honnête, Vala, il ne réagit pas tout le temps comme ça.
-Oui, ça lui arrive aussi de vider son chargeur dans le problème technique.
-… Bon, je dois admettre que tu cernes bien le personnage, mais, oui, il passe de temps en temps là-bas pour se tenir au courant. Enfin… Ah, si, j’ai failli oublier, j’ai un message de sa part pour toi.
-Tiens ?
-Bon, je passe l’humour subtil et délicat sur nous deux, mais il voudrait juste que la prochaine fois que tu viens récupérer de la contrebande, tu arrêtes de traumatiser tous les fermiers du voisinage.

Elle prit un regard ingénu, et Daniel soupira.

-Vraiment, reprit-il. Je suis d’accord avec lui, c’est très amusant, sûrement, mais tu ne lui facilites pas la vie. Il doit étouffer les affaires, trouver une explication logique à balancer à la presse. Et puis, j’ai vu les photos de tes “œuvres“.
-Il faut bien atterrir quelque part, se défendit Vala.
-Oui, mais pourquoi dans le seul champ à dix kilomètres à la ronde, alors qu’il y a des clairières juste à côté, des prairies… et que ton vaisseau a un système de camouflage ?
Elle ne répondit pas, préférant garder un large sourire.
-C’est ce que je craignais, soupira Jackson.



Anna soutenait sa tête de deux doigts en L, le pouce déformant sa joue gauche et l’index étirant le sourcil vers le haut en une mimique intriguée. La jeune femme restait immobile, absorbée par son travail, n’était le majeur de son autre main qui appuyait régulièrement sur la même touche de son clavier, faisant défiler les rapports fournis par Atlantis. Bien que consciente de la vanité de la chose, elle tâchait d’imaginer l’usage qu’Atlantis pourrait bien faire de son analyse de ces situations. Sans grand succès.

- Tu sais que si la porte s’active maintenant, tu resteras bloquée comme ça ?
- Quoi ? balbutia la jeune-femme, se redressant et cherchant le propriétaire de la voix.

Instinctivement, elle baissa à demi l’écran de son ordinateur, geste qui ne pouvait avoir échappé à son interlocuteur. Bien qu’ayant noté l’absence de ressemblance avec le timbre féminin et inexplicablement étranger d’Atlantis, elle s’aperçut qu’elle ne s’était pas attendu à découvrir un individu en chair et en os. La jeune doctoresse écarquilla les yeux, effarée.
- C’est une alternative au coup de vent qui coince les grimaces sur les visages. Encore à l’étude.
- Johann ? fit-elle, incrédule. Mais… qu’est-ce qui est arrivé à…
- Ah, ça ? fit le professeur d’un ton nonchalant en passant une main dans sa chevelure. Et bien, il y a une semaine, j’étais en train d’examiner avec toute la prudence qui s’imposait un petit appareil atlante qui ressemblait drôlement à un miroir de poche, et, tout à coup, un rayon de lumière en est sortit sans prévenir. Quand je me suis regardé dans la glace, j’étais comme ça.

Anna secoua la tête, fascinée. Les cheveux de son ancien coéquipier, autrefois mi-longs et hâtivement peignés, étaient désormais courts et, en quelque sorte, ouvragés. Ils prenaient racines bas sur son front, en un point dans son souvenir imberbe, et dessinaient un triangle épais qui descendait jusqu’à l’arrière du crâne. Deux lignes de cheveux ras séparaient cette coiffe des tempes, où de nombreuses mèches tressées selon un entremêlement qui aurait prit des heures à réaliser à la main s’étaient assemblées en une forme s’approchant d’une sorte de disque. Anna ne pouvait en être sûre, mais elle aurait également juré avoir déjà vu cette coiffure qui ornait ses tempes. Finalement, elle reporta son attention sur la teinte de cheveux, qui, selon ses souvenirs, était à présent bien plus claire qu’auparavant.
- Une semaine, répétât-elle presque timidement, compatissante.
- Ne m’en parle pas, soupira l’autre, affichant un abattement que l’on devinait exagéré. Je suppose qu’il s’agit d’un genre de coiffeuse express pour Ancien pressé. J’ai tout essayé, les peignes, les shampoings, même les ciseaux. Ce truc revient systématiquement en place – note, les ciseaux ont été efficaces, mais je vais appeler ça le plan Z, je crois.
- Et bien, ça ne manque pas d’élégance, quand on fait abstraction de… du…
Incapable de se retenir, la jeune-femme éclata de rire. Elle fut émerveillée de voir comme un simple accès d’hilarité pouvait dissiper la tension qui avait élu domicile de manière quasi-permanente au creux de son estomac. Elle avait soudain la merveilleuse sensation de mieux respirer.
- C’est ça, rigole, ignoble. Les autres ne s’en privent pas. Il y avait même une longue tresse à l’arrière, avant, mais dieu merci elle a cassé dès que j’ai essayé de la regarder de plus prêt. Je suppose que les atlantes avaient les cheveux plus solides que nous. Heureusement, parce que je ne vois pas ce qui aurait pu être pire que ça.
- Il y a bien quelque chose…
- Quoi ? fit l’autre, méfiant soudain.
- Et bien, j’ai examiné les images d’archive des atlantes dans la Salle de l’Hologramme (cet endroit, bien que ne constituant en réalité que l’une des très nombreuses pièces de la Cité recourant à la technologie holographique, avait acquis de manière irréversible le titre susmentionné lorsque les premiers membres de l’expédition y avaient découvert l’improbable piège que représentait Pégase)… Et si je me souviens bien de ce que j’y ai vu… C’est une coiffure féminine.
Un long silence accueillit cette information.
- Fais-moi plaisir, Anna, dit enfin Johann très lentement. Ne parles de ça à personne. Jamais. Même si la survie de la cité en dépend.
- Juré, répondit la jeune femme en souriant spontanément.

Le professeur soupira et s’assit à sa table. Il lui parla de l'appareil d'enregistrement holographique qu'elle l'avait aidé à faire fonctionner, expliqua qu'il leur faisait gagner beaucoup de temps dans le scan des artefacts et que les entreprises sur Terre en étaient déjà amoureuses. Anna réalisa combien cela était différent des discussions avec Atlantis. Elle était choquée d'être interrompue, félicitée, moquée. Elle nota mentalement de repenser à cela plus tard.
- Et toi ? reprit-il. Sur quoi est-ce que tu travailles en ce moment ?

Immédiatement, Anna senti une vive tension l’envahir. Instinctivement, elle posa une main sur l’écran à demi baissé de son ordinateur, le protégeant d’un coup d’œil indiscret.

Johann recula, l’air mi-amusé, mi-vexé.
- Oh, je me doute bien que c’est secret-défense, ne t’en fais pas. Je n’essayais pas de te soutirer des infos. C’était juste pour faire la conversation.
- Bien sûr, balbutia Anna, mortifiée. Ce n’était pas…

Ne sachant comment finir cette phrase, elle se tût. Quelques secondes d’un silence gênant s’installèrent, puis Johann reprit finalement la parole, manifestement dans le seul but de le combler.
- Sacrée Cité, fit-il tâchant à nouveau d’ébouriffer ses cheveux. Décidément pleine de surprises.
Anna songea aux données cryptées, à l’intelligence artificielle qui interagissait avec le haut commandement dans le dos des habitants et se liait avec elle dans le dos de ce même haut-commandement.

Puis, elle comprit.

Je ne peux rien faire dans la Cité ! Par contre, quelqu’un d’autre, en-dehors… Bien sûr ! Ca… ça pourrait marcher !

Elle referma complètement l’écran, faisant confiance à l’I.A. pour les aspects de sécurité, et se leva.

-Je vais essayer de voir ce que je peux trouver sur ce machin. Qu’en penses-tu ? dit-elle honnêtement.
-Merci, répondit-il tout aussi sincèrement. Mais, et ton boulot ultra-confidentiel ?

Allez, c’est une opportunité en or ! se dit-elle en luttant contre la tension qui se frayait un chemin en elle.

-Mon boulot, comme tu dis, n’est pas urgent à la minute, ou en tout cas, on ne m’a rien dit à ce sujet, dit-elle à la fois pour Johann que pour Atlantis. Ecoute, j’ai une idée. Si ton… problème revient à chaque fois malgré tous tes efforts, il doit être causé par quelque chose, non ?
-Jusqu’à là, c’est logique.
-Je me dis, si on s’éloigne de la Cité, par exemple sur le continent, peut-être que ça va éliminer les effets.
-“On“ ? demanda-t-il en haussant les sourcils.
Zut, c’est vrai, je n’ai aucune raison de…
-Il… il ne faudrait pas qu’il… arrive un… problème… C’est un artefact inconnu, après tout… Non ? hésita-t-elle maladroitement.
-Oui, bien sûr, dit-il d’un air amusé, en se pinçant les lèvres. Je pourrais peut-être voir ce souci avec quelqu’un de la sécurité. Helen, par exemple, on dit que c’est une excellente infirmière.
-Non ! réagit-elle brusquement, craignant de voir s’étouffer dans l’œuf son premier plan crédible pour agir sans passer par Atlantis. Il faut… quelqu’un qui connait bien… les artefacts Anciens.
Je suis pathétique… pensa-t-elle en s’entendant parler. Une vraie collégienne.
-D’accord, on tente cette… expérience… ce week-end, alors ? dit-il en ayant visiblement autant de mal à s’empêcher de rire qu’Anna elle-même quelques minutes plus tôt. Je t’envoie un mail pour qu’on s’organise.

Reculant d’un air aussi gracieux qu’exagéré – et ridicule, au vu de sa coiffure –, il se dirigea à tâtons vers la porte, tandis qu’Anna, se sentant rougir comme une pivoine, ouvrait de nouveau l’écran de son ordinateur et tentait de prendre un air concentré devant l’un des rapports.

Elle remercia le ciel, Atlantis, et tout ce qui pouvait exister comme divinités, de l’isolation acoustique qui était la seule chose la protégeant de l’hilarité qui ne pouvait que secouer le scientifique derrière la porte fermée. Puis, toujours rouge écarlate, elle se mit le visage dans la paume d’une main, avant de lever un doigt en tremblant vers le plafond.

-Pas. Un. Mot.




Ni elle ni Campbell n’avaient abordé leur brève discussion, mais la jeune femme n’avait de cesse d’y repenser, se demandant ce qu’elle devait faire à la lumière des propos du pilote. Il avait très probablement raison, elle n’en doutait pas, mais plus le temps passait, plus elle avait du mal à trouver quoi dire. Lorsqu’elle voyait ses deux coéquipiers, elle ne parvenait pas à dire quelque chose qui ne lui paraisse pas artificiel. Les phrases lui venaient, mais elle ne pouvait s’empêcher de vouloir anticiper les réactions, de dérouler la conversation suivant des chemins prédéfinis.

Les mots de Campbell n’avaient pas changé son attitude elle-même, mais lui avaient permis de réaliser consciemment ce qui lui arrivait. Elle avait perdu toute spontanéité.

Pas perdue, abandonnée. Je l’ai mise de côté, parce que la dernière fois que j’ai réagi instinctivement, j’ai détruit, j’ai anéanti, se dit-elle, en fixant son regard sur une étoile lointaine, dans l’obscurité de la salle d’observation aux lumières éteintes. Tom devrait comprendre, pourtant, il a failli mourir à cause de moi, sur Dakara. Si je perds le contrôle, qui est-ce que je vais blesser, tuer, cette fois ?

Les images de la place ravagée revenaient encore se superposer au paysage vide, dans un contraste qui lui donnait la nausée. Pendant quelques instants, qui lui semblèrent durer une éternité, elle s’abandonna aux émotions, avant d’ouvrir les yeux, haletante, et de se lever.

Le sas s’ouvrit à son approche, la laissant traverser la coque épaisse alors que la salle d’observation derrière elle commençait lentement le processus de dépressurisation qui ne ferait d’elle qu’une excroissance décorative en attendant la visite suivante. S’orientant instantanément, Shanti avança dans la direction qui la mènerait vers l’un des deux autres membres de SG-22.

Elle trouva Campbell dans sa cabine, qui semblait l’attendre. Devinant qu’il avait repéré son arrivée par les mêmes moyens qui lui avaient permis de savoir où il était, elle ne posa pas de question à ce propos :

-Je peux rentrer ?
-Bien sûr, répondit-il. On est entre… amis.

Elle indiqua une chaise, et, voyant qu’il acquiesçait, s’assit dessus.
-De quoi est-ce qu’on peut parler ? demanda-t-elle, l’air embarrassée, après quelques instants.
-Je ne sais pas, dit-il, avant d’avoir un léger sourire. Si, je sais. On ne t’a jamais raconté nos anciennes missions, si ?
-Non, je ne crois pas, répondit-elle, surprise de la question.
-Il serait temps de s’y mettre. Après tout, faut bien que les vieux croûtons racontent leurs histoires à la jeunesse ingrate.
-D’accord, qui joue le rôle de la jeunesse ingrate ? répliqua-t-elle, se prenant au jeu.

-Bon, commença-t-il. Tu n’as jamais connu Hasegawa, je crois. Elle avait demandé sa mutation, et c’est pour ça que tu t’es retrouvée ici. Elle était arrivée un peu avant moi. Bref, une mécano du tonnerre. Maladroite, un peu malchanceuse, mais dès qu’il y avait un problème de véhicule, elle le réparait en un instant, et le pilotait comme une pro du circuit.
-Malchanceuse comment ? demanda Shanti, intriguée.
-Justement, j’y viens. Faut comprendre qu’elle était une civile qui s’est fait recruter en sortant de sa fac. Et donc, elle avait du mal à s’habituer aux sorties sur le terrain, pas trop fana des armes. Mais bon, le commandant voulait avoir une équipe fonctionnelle, donc il avait profité d’une ou deux patrouilles de routines pour former l’esprit d’équipe, apprendre à se connaître, tout ça. Surtout quand je venais d’arriver. Deux nouveaux, ça pouvait poser problème si on n’était pas rodés rapidement.
-Comme moi, un peu.
-… Bon, je reprends. On était en planque pour surveiller une colonie minière jaffa, le genre de mission de routine, sans risque. Et là, tu ne devineras…

Il fut interrompu dans son récit par la voix impersonnelle d’Atlantis, qui semblait venir de tous les murs à la fois.
-Nous sommes arrivés à destination, dit l’I.A. Veuillez vous rendre en salle de conférence pour un dernier briefing.
Shanti soupira.
-Bah, dit Campbell. Je te raconterai la suite après. Ou tu demanderas au commandant… Ou pas, il a été un peu plus traumatisé que moi.

En quelques minutes, ils rejoignirent leur officier supérieur, et la voix désincarnée reprit :
-Nous venons d’arriver en orbite basse au-dessus la zone cible. Les systèmes de protection automatisés ont activé mes inhibiteurs logiques, et je ne suis pas en mesure d’utiliser les systèmes de détection, d’armement ou de téléportation en direction de l’installation-cible, et une zone d’interdiction de vol a été établie.
-Pourquoi ça ? demanda le pilote.
-Il s’agit d’une installation à haute valeur stratégique, relevant de la juridiction de Fælantis et non de la mienne. Ma présence est donc considérée comme une anomalie, ce qui entraine ces blocages. Je suis cependant en mesure de vous déposer à proximité immédiate, ce qui vous permettra d’effectuer le transfert de… souveraineté de la manière que je vous ai indiqué.
-Attendez une minute, demanda Maltez. Si les systèmes de sécurité vous ont repérés, ne risquent-ils pas de nous voir et de… réagir ?
-Etant donné vos accréditations, vous ne risquez rien, dans la mesure où vous n’adoptez pas un comportement hostile. La procédure de reconfiguration ne devrait pas être considérée comme telle. Une approche par véhicule aérien ou spatial le serait, étant donné qu’ils seraient considérés comme mes intermédiaires.
-Très rassurant…, lâcha le commandant.
-Avez-vous des questions d’ordre tactique ?
-Vu que vous venez de nous dire que vous n’avez pas de réponse… murmura Campbell.
-Une seconde, demanda Shanti. Je croyais que vous ne pouviez pas utiliser les systèmes de téléportation.
-Pas directement. La zone d’interdiction s’étale sur environ soixante de vos kilomètres au niveau de la surface.
-Une petite trotte, quand même, dit Maltez.
-Effectivement, mais sa hauteur est heureusement bien plus faible.
Quelques secondes s’écoulèrent avant que Campbell ne demande, lentement :
-Sa… hauteur ?
-Huit mille deux cent quatre-vingt onze mètres environ.
-Et…, continua Shanti, un véhicule se ferait tirer dessus, c’est ça ?
-Affirmatif. Cependant, l’utilisation d’un champ de gravité localisé en fin de chute devrait passer inaperçu au vu des capteurs de proximité.

-Je hais déjà cette mission, soupira Campbell en résumant les pensées des trois membres de l’équipe.

L’I.A. attendit quelques instants avant de répondre :
-Très bien. Je resterai en contact durant votre déploiement.

Aussitôt, le trio disparut dans un flash de lumière.


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Effet Papillon [Tome II] - Page 4 Empty
MessageSujet: Re: Effet Papillon [Tome II]   Effet Papillon [Tome II] - Page 4 EmptyVen 30 Juil 2010 - 1:10

Désolé du retard par rapport aux 3 semaines habituelles qui séparent les chapitres. En contrepartie, le chapitre est légèrement plus long (presque aussi massif que la description d'un couvert de cuisine chez Skay ou qu'une formule de politesse dans un dialogue de Mat, presque).

Chapitre 17 : Dénis

Le jeune jaffa regardait du coin de l’œil l’étrange couple qui, depuis plusieurs jours, oscillait entre le sarcasme acerbe et la naïveté des amourettes adolescentes, dans un comportement dont la puérilité ne cessait de le surprendre par la manière dont il contrastait avec ce qu’il savait de ce duo. Il lui semblait à chaque instant plus étrange que la femme aux cheveux noirs de jais puisse diriger un groupe de mercenaires tels que ceux patrouillant autour des ruines. Et, lorsqu’il déplaçait son regard, il voyait un amas de contradictions chez l’individu dont même les plus fervents adversaires de la Terre ne parlaient qu’avec le respect dû aux héros des plus nobles sagas Jaffa.

Ce qu’il était, apparemment, puisque la rébellion qui avait mené à la libération de son peuple tenait plus de la légende que des simples faits. Chaque vétéran se plaisait à raconter son anecdote ou sa rencontre avec l’un de ces guerriers qui avaient façonné la galaxie d’aujourd’hui, au point où nul ne savait exactement ce qu’il s’était passé.

En tout cas, certains en font vraiment trop. Qui pourrait franchement croire cette histoire du Soleil de Vorash ? se dit-il, haussant les sourcils au souvenir d’une soirée entre cadets la veille d’une cérémonie sur Dakara.

-Non, je ne sais pas ce que c’est, je n’ai jamais vu ça, dit Daniel d’un ton reflétant son exaspération, attirant l’attention du jaffa, qui mit ses sens en alerte.
-Il y a quelque chose que tu n’as jamais vu dans ces tas de pierres, maintenant ? demanda Vala, d’un air amusé, sous lequel Van’Tet détecta de l’inquiétude.
-Peut-être… ce n’est probablement rien, se reprit-il en voulant la rassurer. C’est juste que quelque chose a changé… probablement un détail quelconque, mais je n’arrive pas à voir quoi. C’est ça qui me dérange.
-Sûrement rien, hein ? reprit-elle.
-Je ne sais pas.
-Très bien.

Il vit la mercenaire prendre son communicateur.

-Jomah ? Réveille tout le monde, double les patrouilles… Non, je ne sais pas ce qui se passe… Bien sûr, qu’on sort l’équipement lourd ! Fais-moi un rapport régulièrement.

Elle se retourna, prenant une inspiration lente, qui s’acheva par un léger sourire :
-Alerte générale, dit-elle sans lever la voix ni rien changer à son rictus.

D’un seul mouvement, les troupes passèrent de l’attitude semi-décontractée que Van’Tet avait toujours vu à une posture qui lui rappelait les rares fois où il avait pu voir la garde sénatoriale de Dakara. Le jaffa se surprit à observer la transition, les groupes de patrouille se plaçant en autant de positions défensives, armes brandies. Quelques instants plus tard, le charme se brisa, et il se rendit compte qu’il était désormais le seul à être encore à découvert. Trouvant rapidement le soldat qu’il cherchait, Van’Tet se rua vers un groupe de rochers où celui-ci se tenait, surveillant ses alentours.

-T’as mis ton temps, gamin, murmura-t-il en observant le jaffa du coin de l’œil.
-Désolé, Ottar, dit-il en faisant attention de ne pas parler plus fort que le mercenaire.
-Pas grave. Cette fois-ci. Faudra être plus réactif après.
-… Qu’est-ce qui se passe ?
-T’as entendu la patronne, alerte générale.
-Oui, mais pourquoi ?
-Aucune idée, et j’m’en fous.


-Ce n’était vraiment pas indispensable, Vala, souffla Daniel, abrité derrière un pan de mur.
-Bien sûr, répondit-elle automatiquement, préférant fouiller le sac qu’elle avait déposé quelques heures plus tôt qu’écouter l’archéologue. Alors, c’est pas ça…
-Qu’est-ce que tu prépares, exactement ?
-Surprise. Mais ne t’inquiète pas, ça va te plaire !
-Ou pas…
-Tu me fais pas confiance ? lui demanda-t-elle, prenant un air blessé.
-Vala… je te connais.
Elle leva les yeux au ciel et, sans répondre, elle secoua légèrement la tête.

Daniel posa son arme à côté de lui, et soupira, la regardant brièvement en train de vider ses affaires près de lui.
-Et on va rester comme ça combien de temps ?
-Aucune idée.
-Bon, et bien si ça ne te dérange pas, je viens de remarquer que ce mur que tu as si bien choisi comme abri contre je-ne-sais-quoi est recouvert de runes que je n’ai pas encore traduites. Juste, donne-moi un préavis avant de faire quelque chose de particulièrement stupide, spectaculaire et qui me fera à nouveau me demander pourquoi je reste avec toi, d’accord ?
-D’accord.
-Vraiment, s’il faut que je m’enfuie, dis-le moi.
-Pas besoin.






A quelques kilomètres du complexe en ruine, trois formes ralentirent lentement, s’immobilisant à une faible hauteur, lévitant un instant au-dessus du terrain rocailleux avant de se réceptionner dessus, la gravité reprenant ses droits après l’insulte que venait de lui faire subir le trio.

-Atlantis, murmura Maltez. Plus. Jamais. Ca. Compris ?
Votre objection est injustifiée, répondit Atlantis en s’adressant aux trois membres du groupe. L’insertion s’est déroulée à merveille, et il est fort probable que la manœuvre de décélération soit passée inaperçue.
-Il ne parle pas des problèmes… tactiques, Atlantis, suggéra Campbell.
Les considérations d’ordre psychologiques aussi mineures que celles auxquelles vous faites référence sont inappropriées pour la durée de cette opération.
-Allez dire ça à mon instinct de survie qui se paie une chute libre de dix kilomètres… rajouta le chef de l’équipe, son regard croisant ceux de Shanti et de Tom, qui acquiesçaient avec lui.
Huit mi…
-On se fout du chiffre exact ! C’est le principe !
Les autres chemins d’insertion impliquaient soit une détection immédiate par les systèmes de défense, soit l’utilisation de moyens particulièrement lourds qui remettraient en cause l’intégrité physique de l’objectif.
L’officier soupira :
-Pourquoi est-ce qu’on s’embête à discuter avec elle ? Bon, on y va.

Les trois membres de l’ancienne équipe SG se tournèrent dans la direction indiquée sur leur affichage visuel, prenant en main leurs armes. Celles-ci, provenant de l’arsenal du vaisseau, reconnurent aussitôt leurs propriétaires, et entreprirent de s’adapter à leurs mains et poignets, établissant un contact nerveux aux différents points de contact cutané. Chacun des membres du groupe avait eu l’occasion de s’entrainer avec ce nouvel équipement, et avait appris à craindre les capacités du dispositif, une fois celui-ci déployé, malgré sa simplicité de forme, n’arborant aucun angle saillant alors que ses multiples articulations internes corrigeaient en permanence les vibrations du porteur ou de l’extérieur.

D’une pensée distraite, Shanti refoula l’image en provenance du canon de l’arme, avant de se remémorer le briefing individuel que lui avait donné l’I.A., avec un autre objectif, qui ne lui avait été décrit qu’en termes volontairement et expertement vagues.

Un problème, lieutenant Bhosle ? demanda Atlantis.

Vous ne m’expliquerez pas à quoi tout ça rime, n’est-ce pas ?

Je pense que vous connaissez parfaitement la réponse à cette question.

Oui… je dois vous faire confiance.

Vous avez pris votre décision en vous évadant avec mon aide. Soyez cohérente avec vous-même.

Tant que vous ne me demandez pas de refaire ce qu’il s’est passé sur Dakara.

Je n’ai aucune intention d’agir ainsi, soyez-en sûre.

Depuis quand je peux être sûre de quoi que ce soit ?

Lieutenant, comme je vous l’ai expliqué, je dispose de nombreux moyens, et comprenez-bien que ceux-ci sont bien plus efficaces que vous ne pourrez jamais l’être pour des missions de destruction. Désolée de vous décevoir, mais je ne vous considère pas comme une arme de destruction massive, quoi que vous ayez été amenée à penser vous-même.

Comment, alors ? Comment me voyez-vous ?

Comme un moyen d’arriver à mes objectifs en maintenant les pertes à un niveau acceptable et dans un temps suffisamment restreint pour réduire au minimum l’influence du hasard.

Ca pourrait être…

-Contact, murmura Campbell en s’arrêtant brusquement.

La jeune femme se figea et se mit à surveiller ses alentours.

-Repérés, confirma Maltez. Une vingtaine de personnes, droit devant, près de l’objectif.

Shanti concentra ses sens dans la direction indiquée, et trouva les émissions de chaleur générées à quelques kilomètres devant elle, qui se distinguaient difficilement de celles que rayonnait le sol rocailleux illuminé par l’étoile locale.
Qu’est-ce qu’on fait ? demanda le pilote sur le réseau qui reliait le petit groupe.
Ca dépend, répondit Maltez. Atlantis, est-ce qu’on peut interrompre la mission ?
Négatif, commandant. Une nouvelle tentative d’insertion serait très probablement reconnue en tant que telle par l’intelligence virtuelle de notre objectif, et traitée comme telle. Approchez-vous et essayez de ne pas vous faire repérer, mais la réussite de la mission demeure prioritaire.
D’accord, répondit le chef du groupe, en prenant soin de ne pas relever les implications de la consigne. Je pars en avant, restez derrière, distance cinq cent mètres.




Le temps passait, lentement, et le mélange de peur et d’excitation qui avait envahi le jeune jaffa à l’instant où il s’était rué à couvert laissait désormais place à de la frustration et à l’inattention. Son regard s’attarda alors sur le mercenaire qui partageait le même abri de fortune, surveillant attentivement ses alentours. Son visage portait les mêmes signes d’usures du temps qu’un jaffa octogénaire en pleine force de l’âge, sa respiration calme et régulière témoignant d’une expérience de la guerre suffisamment longue pour avoir appris à parfaitement gérer les moments d’attente tel que celui qui déstabilisait le jaffa.
Focalisant à nouveau son attention sur la végétation qui parsemait les rochers de taches vertes et brunes, il inspira profondément. Lentement, il retrouvait un calme qui lui échappait après plusieurs minutes de silence mortel dans lequel chacun cherchait à identifier l’éventuelle menace rôdant à proximité.

Tout autour des vestiges qui avaient apparemment servi d’excuse à la rencontre avec le terrien, il observait les différents groupes qui surveillaient leur zone, armes en position. S’attardant sur les positions défensives, Van’Tet sentit son pouls accélérer, tandis qu’il sentait arriver une peur qu’il tenait de plus en plus difficilement à distance.

Qu’est-ce qu… Calme-toi ! s’ordonna-t-il en voyant ses mains trembler.

Alors que ses pensées commençaient à partir dans tous les sens, il tentait de se reprendre en main, de bloquer les émotions qui le submergeaient.

Tu as vu pire ! Ce n’est qu’une fausse alerte, un exercice. L’Installation était dangereuse, j’étais certain de mourir à la moindre erreur. Là, je suis entouré de guerriers compétents, expérimentés et bien armés. Comme sur D…

Il se figea, pris d’un frisson au souvenir de l’affrontement où tant de jaffas avaient péri. Il serra son arme avec une vigueur renouvelée, respirant rapidement et bruyamment. Finalement, au bout d’un temps incertain, il sentit une main sur son épaule.

-Ca va, gamin ? lui demanda Ottar.
-… Oui. Juste, un très mauvais souvenir, souffla-t-il entre deux inspirations.
-Je connais… mais ça sert à rien de te faire du mouron maintenant. Alors, calme. Fais ce que je te dis dès que ça commencera à barder, et tu t’inquièteras quand on sera rentré, compris ?
Van’Tet soupira, chassant de sa tête les images de corps brûlés et déchirés par l’être qui avait précipité son arrivée dans le groupe.
-D’accord, répondit-il en reportant son regard sur la zone à surveiller.



-Alors ?
-Comment ça, “alors“ ? demanda Daniel, levant la tête des inscriptions qui l’occupaient.
-Quelque chose d’intéressant ?
-Je n’en sais rien…, répondit-il, avant de lui lancer un regard suspicieux. Je croyais que tu étais occupée à te préparer au débarquement de toute l’armée jaffa, là, alors pourquoi cette question ?
-Parce qu’à chaque fois qu’on a des problèmes, il y a forcément quelque chose qui vient compliquer la situation. Alors, s’il y a une superarme, une carte vers un artefact qui va sauver la galaxie, ou quelque chose qui change légèrement la situation, j’aimerais que tu me le dises, d’accord ? conclu-t-elle avec l’un de ses grands sourires naïfs.
-Rien trouvé qui correspond à ce que tu décris, et je tiens à souligner que ça n’arrive pas si souvent que ça.
-Depuis quand on a été, toi et moi, isolés dans des ruines anciennes, attaqués de tous les côtés, sans qu’il y ait un gadget au nom compliqué qui nous empêche de filer ?
-As-tu déjà pensé à vivre ailleurs que dans ton monde, Vala ? Ce n’est pas parce que quelque chose me dérange qu’on va se faire attaquer ! Alors est-ce que je pourrais profiter de ces derniers jours de –repos– autrement que barricadé et coincé derrière ce qui reste de ce mur d’enceinte ?
-Je verrais bien une alternative…



Les sens amplifiés et leurs informations partagées, il ne fut pas difficile pour le trio d’avoir une idée précise de la situation globale près des ruines, alors même que l’équipe se rapprochait lentement, bénéficiant du couvert offert par le terrain escarpé.

Je compte dix-neuf personnes sur place, transmit Campbell. Pareil pour vous ?

Pas clair sur l’infrarouge, j’en compte dix-huit, répondit Shanti.

Pas de risque, trancha leur commandant. On prend dix-neuf.

N’empêche, intervint le pilote. C’est pas pour dire, mais à mon avis, si les systèmes de défense sont stressés, c’est plutôt à cause de la vingtaine de gugusses armés jusqu’aux dents que du vaisseau. Pas vrai, Atlantis ?

Votre hypothèse est envisageable, mais notre présence demeure la cause la plus probable pour l’activation des systèmes d’autodéfense passifs.

Ho ! les coupa Maltez. On s’en fout ! On fait le boulot, on prend le contrôle de cette installation, et on se tire.

D’accord, mais on a quand même pas mal de monde autour, rajouta Campbell. D’ailleurs, je ne cherche pas à critiquer, mais c’est quand même un manque de bol assez spectaculaire qu’on tombe pile poil sur une bande bien armée qui, vu sa position, s’attend à quelque chose… Rassurez-moi, il n’y a personne d’autre dans le voisinage ?

Non, lieutenant, je n’ai repéré aucune activité supplémentaire.

Comme quand vous n’avez pas repéré ces types, c’est ça ?

En effet, comme je vous l’ai indiqué lors du briefing, je ne suis pas en mesure d’utiliser mes senseurs dans la zone d’autoprotection. Cependant, je suis en mesure d’obtenir, par votre intermédiaire, des informations suffisamment précises pour parvenir à cette conclusion.

Tom, le rappela à l’ordre Maltez. Ca sert à rien de discuter avec elle… On va rester simple : on arrive, on fait le boulot, on repart.

Et ce groupe ? demanda Shanti.

On leur demande de nous laisser passer, et s’ils nous ennuient, on les neutralise. Regardez leurs armes, ils ne sont pas une vraie menace, répondit Maltez.

Donc, le plan, c’est d’arriver en disant un truc du genre “Nous venons en paix“, ou quelque chose du genre ? s’interrogea le pilote en haussant les sourcils.

Exactement.

Culotté. Idiot, mais culotté.

C’est ça ou on passe deux heures pour s’infiltrer subtilement en les neutralisant un à un et en priant pour qu’ils n’appellent pas de renforts ou que personne d’autre ne vienne. On a les moyens de faire autrement, alors…


-Stop ! Ne bougez pas ! ordonna le premier mercenaire à voir les figures sortir du couvert végétal.

Aussitôt, plusieurs groupes changèrent de position pour rejoindre celle d’où provenait le cri. En quelques instants, Van’Tet se plaqua derrière l’un des nombreux murs en ruines qui entouraient la structure approximativement intacte. Il suivit du regard le couple qui n’avait cessé de l’intriguer dernièrement, avançant rapidement dans sa direction et se hurlant dessus.

Qu’est-ce que… pensa-t-il en entendant les accusations de l’un et de l’autre, accompagnées de gestes expansifs.

-Tu as la moindre idée de ce qui va se passer quand Jack va apprendre ça ! Et puis, d’abord, comment est-ce que tu as trouvé cet engin ?
-Aucune importance ! J’en a besoin, j’en ai pas, je passe pour quoi ?
-Vala, je suis sérieux !
-Mais moi aussi, répondit la mercenaire en arrivant près de ses subordonnés, qui s’efforçaient tous de ne pas attirer l’attention du duo.
-On a repéré trois per… commença un soldat, apparemment trop jeune pour avoir acquis les même réflexes que ses ainés.
-La ferme ! répondit brusquement Daniel, perdant un calme qui faisait aussi bien partie de sa légende que ses talents avec une arme. Gardez-les à distance.

-Je l’ai trouvé par hasard, en me baladant.
-Non, non et encore non ! Il y a des limites !, répondit-il avant de désigner l’objet qu’elle tenait dans sa main gauche. On ne trouve pas un réacteur à naquadriah “en se baladant“.
-La preuve que si, affirma Vala avec un air de surprise face au manque de bon sens de son interlocuteur.

Daniel soupira en se tenant le visage avec sa main libre, l’autre se laissant tomber le long du corps, tenant toujours son arme.

-Et, tu comptes faire quoi, avec un engin qui devrait être au fond d’un coffre dans le SGC, gardé par je-ne-sais-combien de soldats ?
-Sais pas. On verra.
Van’Tet, pris d’un doute, vérifia rapidement qu’il n’était pas la seule personne sensée à proximité lorsqu’il vit quelques regards inquiets être échangés entre les mercenaires.
Daniel inspira et expira profondément à plusieurs reprises avant de demander :
-Est-ce que tu as la moindre idée de ce qui va arriver au moindre choc un peu violent ?
-Tu me prends pour qui ? Je ne suis pas folle. On y passe tous, nous et tout ce qu’il y a d’ici jusqu’à l’horizon.
-D’accord, donc, tu sais.
-Ben oui.
-Et donc, pour des vacances tranquilles, tu as amené une bombe qui suffirait à faire sauter le SGC ?
-Tu es sûr que ça va, Daniel ? Tu es un peu plus lent que d’habitude.
-Excuse-moi, je ne suis plus trop habitué. Et, qu’est-ce que je devrai dire à Jack quand il apprendra que tu lui as emprunté une arme de destruction massive ?
-Que j’ai un plan ?
-Tu en as un ?
-Pas encore.

Vala profita du silence de Daniel pour s’approcher des mercenaires qui surveillaient le groupe venant d’arriver.
-Qu’est-ce qui se passe ? demanda Vala en arrivant près du soldat ayant fait la sommation.
-Là-bas, répondit-il en faisant un signe de tête dans la direction où pointait son arme. Plusieurs types qui arrivent. Ils ont l’air armés, mais je suis pas sûr.
-Bon, et bien on va les accueillir, dit-elle en posant le générateur, qui attirait régulièrement tous les regards. Gentiment.

Le jaffa vit quelques sphères métalliques être amorcées, et se retourna pour observer les intrus. Il distingua trois personnes, qui, comme le mercenaire l’avait indiqué, avançaient lentement, sans précaution apparente. Autour de lui, une dizaine d’armes étaient à présent pointées vers le trio, alors qu’une paire de soldats scrutait les alentours à la recherche d’infiltrateurs ou de troupes en embuscade. Il réprima un léger frisson, observant les habits inhabituels du groupe, à peine à portée de tir.

-Dernier avertissement ! Arrêtez-vous et lâchez vos armes ou on tire !

Instantanément, les intrus se figèrent, obéissant à l’ordre du soldat, avant de laisser tomber leur équipement au sol.

-Nous venons en paix ! répliqua l’un des arrivants.

-D’accord, murmura Daniel. Maintenant, on sait qu’ils n’ont pas peur des clichés…

Pendant une longue minute, personne ne bougea ni ne dit un mot, puis, finalement, Vala brisa le silence :
-Bon, je m’ennuie. Toi, toi et toi, venez avec moi, dit-elle en indiquant Van’Tet et deux autres mercenaires. On va voir ce qu’ils veulent. Les autres, couvrez-nous. Danny, je te les laisse.

Le jaffa quitta avec précaution son abri, son attention dirigée vers la plus grande menace. Après quelques secondes d’indécision entre la femme aux cheveux noirs de jais, le dispositif métallique arborant plusieurs sphères lisses reliées par des tubes mats et le trio à présent immobile, il se reporta sur la dernière inconnue, et pointa son arme vers les silhouettes. Il n’arrivait pas à détacher son regard de celles-ci, pris d’une inquiétude qu’il ne parvenait pas à s’expliquer. Lentement, il suivit Vala, qui s’approchait d’eux avec méfiance, s’arrêtant de temps à autre pour surveiller son entourage.

Deux hommes et une femme. Leurs tenues l’intriguaient, ne ressemblant à rien de ce qu’il avait pu voir auparavant chez des voyageurs ou des soldats. Les détaillant, il vit aussitôt dans leur posture celle de combattants entrainés, et redoubla d’attention, alors que Vala décidait de s’arrêter.

-Désolée de l’accueil, mais vous êtes en retard.

Un court instant, Van’Tet vit les regards du trio se croiser, avant que le plus âgé des deux hommes ne réponde :
-En… retard ?
-Bah oui, à chaque fois qu’on prend des vacances, il y a toujours quelqu’un qui vient nous les gâcher. C’est juste qu’habituellement, ils viennent plus tôt. Donc, vous êtes en retard.
Van’Tet vit le groupe se regarder nouveau, avec une incompréhension visible sur les trois visages.
-Enfin, reprit Vala, qu’est-ce qui se passe ? Vous êtes poursuivis ou vous venez juste pour nous tuer ? demanda-t-elle d’un ton tenant de la discussion mondaine.
-Heu, on vient juste visiter les ruines, hésita le nouvel arrivant. On n’en aura pas pour longtemps, rassurez-vous.
-Oh, mais je suis très rassurée. Malheureusement, je viens de les vendre, donc elles ne sont plus ouvertes au public, annonça Vala avec un sourire faussement courtois.
-Nous n’en aurons que pour quelques instants, se défendit l’homme.
-Avant d’essayer de nous tuer, persista Vala.


Shanti ne faisait pas attention aux paroles de la femme devant eux, qui tentait manifestement de les troubler avec ses non-sens. Elle avait, au contraire, son regard pointé dans la direction indiquée par Atlantis, son esprit réfléchissant à vive allure, alors qu’elle essayait de comprendre toutes les implications de la mission que lui avait donné l’I.A.


-Mais… mais qu’est-ce qu’on a fait ? demanda le plus jeune des hommes, son ton traduisant son incompréhension face à la situation.
-Madame, intervint l’un des soldats, apparemment âgé. Peut-être qu’ils veulent juste jeter un coup d’œil aux ruines, comme le docteur.
-Oui, et… commença Vala.
-Sans forcément nous chercher des noises, l’interrompit-il.
Elle le regarda comme s’il venait de dire une absurdité monumentale, puis soupira.
-Qu’est-ce qu’on fait, dans ce cas-là ? demanda-t-elle, au soulagement de tous.
-On pourrait peut-être les… laisser passer, suggéra le soldat, avant de se retourner vers le trio. Aidez-moi, dites quelque chose.
-Faut voir avec Danny. C’est ses ruines, maintenant, dit-elle avant que quiconque ne puisse parler.
Elle se tourna vers les mercenaires restés sur la position défensive et hurla :
-Daniel ! Viens ici !
-Merci, répondit l’un des membres du groupe.
-Mais ça veut dire qu’on va se faire attaquer d’ailleurs… murmura Vala en l’ignorant.



Non.

L’impression de déjà-vu qui le hantait depuis quelques minutes devint claire au moment où il vit la jeune femme dans la lumière tamisée. Aussitôt, ses mains et ses jambes se mirent à trembler alors que les images de l’affrontement revenaient l’attaquer, aussi impitoyables que l’avait été cette silhouette féminine.

-Non… murmura-t-il.

Il n’avait plus aucun doute, alors que, simultanément, les trois personnes, les trois êtres tournaient la tête vers lui. Le jaffa, pris d’une panique qu’il ne se savait pas pouvoir ressentir, fit plusieurs pas en arrière, ses mains recevant des ordres contradictoires alors que son esprit leur intimait tour à tour de brandir son arme puis de la jeter au sol pour ne pas être pris pour cible durant la fuite éperdue qui était la seule réponse sensée à sa situation.

-… Non, non, non…

Il ne remarqua pas les visages se tourner vers lui, son attention fixée sur le visage qui le terrifiait. Quelques instants plus tard, il sursauta alors qu’une main se posait sur son épaule. Se tournant brusquement vers l’un des soldats qui avaient accompagné avec lui Vala, il l’entendit enfin parler :
-Hé, tu m’entends ?
Il n’arrivait pas à répondre, et, au bout de quelques instants, le soldat le prit par les épaules et le secoua :
-Ho !
-Elle… murmura-t-il en tremblant. Elle… va… tous nous tuer.
Il vit Vala et les deux autres mercenaires pointer aussitôt leurs armes sur l’autre groupe.
-Qu’est-ce qui se passe encore ?! demanda une nouvelle voix derrière lui.
-Tiens, Daniel, répondit Vala sans se retourner. Je voulais te demander si tu voulais les laisser jeter un coup d’œil à ta nouvelle acquisition, mais je crois que ma dernière recrue connait la demoiselle. Je ne sais pas ce qu’il s’est passé entre eux, mais ça n’a pas dû lui laisser de bons souvenirs. Elle va tous nous tuer, selon lui.
-Quoi ? dit-il en levant préventivement son arme vers le groupe.
-Ah, et, tant qu’on y est, reprit-elle en se tournant vers l’un des soldats en faisant une moue ironique, qui avait raison ? Hein ? Ils viennent pour nous tuer. Une fois de plus.
-Qu’est-ce que c’est que… commença Daniel avant de se figer, braquant instantanément son arme. Vous ?
Les regards du trio étaient à présent braqués sur l’archéologue, affichant de la surprise et de l’appréhension.
-Qu’est-ce que vous faites ici ? Répondez ! ordonna Jackson.
-Une seconde, demanda Vala. Tu les connais aussi ?

L’échange fit brusquement réagir Van’Tet, le sortant partiellement de sa panique, alors que ses réflexes reprenaient le dessus.
Il les connait ? C’était bien les Tauri qui…

-Ils ont disparu en mission il y a quelques semaines, et ils ont été ramenés par leurs kidnappeurs, là où je bosse, dit-il. Quand on les a renvoyés sur Terre, ils se sont enfuis. J’ai vu les rapports et les enregistrements.
Il se tourna vers SG-22.
-Qu’est-ce que vous faites ici ? Pour qui travaillez-vous ?
-Désolé, docteur Jackson. Nous ne pouvons rien dire. Il faut nous croire, nous sommes du même camp, dit Maltez.

Shanti trembla intérieurement, alors qu’elle suivait distraitement la rencontre, son attention étant concentrée sur le nuage de nanites qu’elle avait libéré automatiquement lorsque Jackson s’était approché de l’équipe.
Ne vous inquiétez pas, lieutenant. Suivez mes consignes, et tout se passera pour le mieux. Et il n’y aura pas de séquelles : je me suis assurée du contrôle individuel des nanites pour assurer sa sécurité.

Pourquoi… pourquoi moi ? Pourquoi pas Tom ? Ou Samuel ?

Un peu tard pour me poser cette question… Parce que vous comprenez parfaitement pourquoi vous devez garder le contrôle absolu sur vos capacités. Vous savez ce qu’il peut arriver si une erreur se produit. Aujourd’hui, les conséquences seraient bien pires, et je sais, vous ayant observée, que vous n’échouerez pas.

Je… je ne sais pas.

Voilà pourquoi vous réussirez. Préparez-vous, nous commencerons dans quelques minutes.


-Vala, vois ce qu’il sait d’eux, dit-il en faisant un geste de la tête vers Van’Tet, sans quitter le groupe des yeux.

Tandis qu’elle se rapprochait de Van’Tet, l’archéologue reporta son attention sur le groupe :
-Votre fuite a été particulièrement spectaculaire, je dois dire. Oui, j’ai été briefé sur ce qui s’est passé, dit-il en leur lançant un regard inquisiteur. Même Jack aurait eu du mal à s’en sortir aussi bien. Et puis, ce vaisseau qui vous attendait, aussi… une belle coïncidence, non ?

Sans attendre de réponse, il reprit, tout en gardant ses distances :
-D’où ma question : pour qui est-ce que vous travaillez, maintenant ? Plus pour la Terre, je me trompe ?
-On n’a pas trahi, protesta Campbell. Vous nous avez enfermés sans même un débriefing, sans pouvoir contacter qui que ce soit. Vous alliez nous enfermer au secret et nous oublier ! Qu’est-ce que vous pensez, qu’on allait accepter ça ?
-Désolé, répondit-il sincèrement, le regard amer. J’ai connu ça, alors je ne vais pas être hypocrite et vous dire que c’est pour la sécurité. Mais l’époque où on pouvait assommer deux gardes, ignorer les ordres directs et partir sauver le monde en free-lance est terminée. Le Programme est trop gros. On ne peut plus justifier certains risques.
-Donc, dit Shanti froidement, si quelqu’un présente le moindre risque, il est… éliminé ?
-Martouf. L’un de nos alliés, qui, à peu de choses près, aurait pu tuer le Président. Le sergent Green, qui s’est fait sauter avec tout le site Delta. Je me suis toujours battu contre les décisions arbitraires, “vigilance constante“, “risque zéro, liberté zéro“, Jack peut en témoigner… Mais les bureaucrates ont parfois raison, certains risques sont trop graves. Après tout, vous vous êtes bien enfuis avec des technologies supérieures à presque tout ce qu’on a vu, non ?
-Parce que vous nous… commença Campbell avant d’être interrompu par Daniel.
-Non, lieutenant. Vous vous êtes enfuis parce que quelqu’un vous en a donné les moyens. De très gros moyens. Et était persuadé de pouvoir vous garder dans son camp, quel qu’il soit.

Et parce que, contrairement à Teal’c, à Sam, Jack ou moi, personne ne vous considérait comme crucial au Programme, n’osa-t-il rajouter. Qu’est-ce qui se passerait si Sam s’était faite parasiter plus tard, ou si Teal’c avait eu son lavage de cerveau il y a deux ans au lieu de quinze… Question stupide, Daniel, tu sais très bien ce qui arriverait maintenant.
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Effet Papillon [Tome II] - Page 4 Empty
MessageSujet: Re: Effet Papillon [Tome II]   Effet Papillon [Tome II] - Page 4 EmptyVen 30 Juil 2010 - 1:10



-…Dakara, entendit-il dire le jaffa, d’une voix un peu plus assurée. L’attaque… j’étais… dans la garde.

Daniel vit le trio d’évadés devant lui réagir à l’énonciation de la planète. Il ne lui fallut que quelques instants pour faire le rapprochement avec les informations qui lui étaient parvenues les jours précédents.

-Nom de…, souffla-t-il en écarquillant les yeux. C’est vous qui avez fait… ça ?
-Personne n’avait prévu ça, avoua Campbell après quelques instants de silence. Il y a eu un accident.
Il vit la jeune femme faire un pas en avant, et, instinctivement, braqua son arme vers elle, alors qu’elle commençait à parler, sans croiser son regard :
-J’ai… perdu le contrôle.

Daniel la regarda avec crainte :
-Nous pensions que c’était un nouveau Kull de Ba’al… Deux cent morts… Tous des vétérans… Qu’est-ce qui est arrivé ?

Shanti ressentit la peur de l’archéologue, qui la mettait à nouveau face aux cauchemars qu’elle avait eu les jours de coma suivant l’affrontement. Elle se sentit prise d’une nausée qui fut rapidement neutralisée par l’I.A., au moment où le jaffa répondit à Daniel :

-Rien ne la touchait. Nos tirs… ils refusaient de l’atteindre. Elle les déviait, tous, sans un geste. Et puis, elle les a renvoyés. Je me suis enfui, alors que tout le monde se faisait tuer. J’ai vu des combats, j’ai vu des exécutions, mais… ça…
Il se figea quelques instants, son regard s’arrêtant brièvement sur Shanti avant de se reporter sur Jackson, alors qu’il faisait un pas de côté pour s’écarter un peu plus de la jeune femme.
-Je l’ai vue… son aura. Les renforts n’avaient aucune chance. J’étais certain que la planète allait tomber. Elle était là, immobile, nos armes inutiles, ridicules face à son pouvoir. Je n’ai pas connu les guerres menées par les faux dieux, mais s’ils avaient été comme cette… déesse... ce démon, la rébellion se serait faite écraser.

Le jaffa se sentit comme à la fois soulagé et effrayé, alors que par ses derniers mots, il venait de comprendre pourquoi son peuple avait subi son sort. Le Terrien devant lui semblait connaître l’être qui avait balayé avec tant de facilité ses compagnons d’armes. Pourtant, loin de la démystifier, cette information faisait d’elle quelque chose de plus terrifiant encore, à l’instar des hôtes que certains avaient pu connaître avant l’implantation de leur symbiote.

Mais sa plus grande peur, qui venait juste de s’installer, et qui resterait présente, il le savait, jusqu’à son dernier souffle, prenait la forme d’une certitude : son peuple pourrait à nouveau vénérer de faux dieux, malgré la défaite des Goa’uld. Sa propre mentalité lui traduisait en termes mystico-religieux une telle démonstration de force, là où une petite part de rationalité insistait pour dire qu’il ne s’agissait que d’une technologie supérieure.

Il vit, en croisant son regard, que l’archéologue devait être arrivé aux mêmes conclusions que lui.
-Est-ce que vous avez la moindre idée de ce que vous avez fait, lieutenant Bhosle ? murmura-t-il, en faisant osciller son regard entre le groupe et le jaffa.
-Ils vont nous pourchasser pour se venger, admit Shanti.
-Ou vous vénérer, après votre numéro de Valkyrie…
Il se rapprocha du jaffa, et murmura :
-Si vous tenez à votre nation, ne répétez jamais ça. Jamais.
-Autrement, compléta Van’Tet d’un air affligé, ils les vénéreraient comme de nouveaux dieux.
-Mieux vaut que l’on croie à un guerrier Kull.
Ils sont trop fragiles, trop influençables, compléta intérieurement Daniel. Toute leur société, toutes leurs traditions sont orientées autour d’un pouvoir divin direct…
Brusquement, il fut prit d’un frisson, lorsque son esprit fit le rapprochement.
-Non, souffla-t-il.
-Quoi ? demanda Vala, qui avait du mal à suivre le cheminement de l’échange. Ho, tu pourrais me dire si je dois commencer à paniquer, là ?
-Je… je ne sais pas, répondit-il en se reprenant, avant de murmurer brusquement. Au moindre problème, ramène tout le monde à la Porte. Si je n’y arrive pas, contacte Jack.
-Qu’est-ce qu…
-Ne pose pas de questions ! dit-il brutalement en reportant son regard sur le trio. Contacte Jack et dis-lui qu’ils arrivent. Le mot de passe est “Adria“.
-Qu’est-ce qui se passe ?
-Jack t’expliquera tout. Là, il faut penser à s’en sortir. Si tu as un plan…

Ils avaient raison. C’est pour ça qu’ils attaquent ! Ce n’était pas un retour de prisonniers, c’était… une preuve. Une preuve de ce qu’ils disaient, se dit-il, en maudissant le temps dont il avait eu besoin pour réaliser ce qui lui semblait à présent la seule explication logique. Terriblement logique.

Elle acquiesça silencieusement, et Daniel s’adressa au trio, d’un ton froid :
-Venez. Faites ce que vous avez à faire dans les ruines, et partez.
-… Merci, répondit Maltez.


Vous l’avez entendu comme moi. Qu’est-ce qu’on fait ? demanda Campbell.
Il a peur de nous… lâcha Shanti.
Cela ne sera pas un problème, intervint Atlantis. Le SGC n’est plus en mesure de vous atteindre.
On va sur place, on prend le contrôle des ruines, et on repart, proposa le pilote. On verra ensuite, non ?
Tom a raison, approuva Maltez. Ils ne peuvent rien nous faire avec leur matériel, et plus on attend, plus on a de chance qu’ils appellent des renforts.
Et les armes ? demanda Shanti.
Vous pouvez les laisser sur place et les récupérer au retour, indiqua l’I.A. Elles ne peuvent de toute façon pas être utilisées sans identification valable.



Van’Tet regarda, incrédule, l’archéologue faire signe au groupe d’avancer. Son accès de panique s’était légèrement estompé, laissant place à une peur qui menaçait à tout bout de champ de lui faire à nouveau perdre ses moyens. La femme avançait avec cette même démarche légère qu’il avait remarquée durant les brèves escarmouches sur Dakara, et, à plusieurs reprises, croisa son regard alors qu’il oscillait entre l’espion et l’archéologue. Il espérait y trouver quelque chose lui permettant de comprendre ce qu’elle pouvait être, mais ne trouvait que d’autres questions. Il ne pouvait voir en elle autre chose qu’une incarnation de la mort, mais lisait dans ces yeux une peur et une incompréhension que ne pouvaient camoufler la neutralité affichée par son visage. Le même sentiment d’absurdité et de désespoir qu’il avait vu chez les plus jeunes survivants au retour d’une campagne violente. Le même sentiment qui s’imprégnait lentement en lui.

Qu’est-ce qui se passe ? demanda Shanti à l’I.A. Vous aviez dit que ça serait rapide, l’affaire de quelques instants.
Le docteur Jackson a préféré rester éloigné de vous, lieutenant, ce qui rend d’autant plus difficile l’action des nanites.
Et pourquoi lui ? Pourquoi ici ? Pourquoi monter toute cette mission alors qu’il est tout le temps…
A ma portée ? compléta Atlantis. Parce qu’il connait mon existence, et que je serais une suspecte idéale, si j’agissais directement. Et, soyez sûre que même s’il n’est pas en mesure, lui, ou quelque Terrien que ce soit, de me nuire d’aucune manière, je préfère ne pas prendre de risque. Sous-estimer le docteur Jackson est, statistiquement, une erreur qui ne pardonne que rarement, au vu des informations à ma disposition.
Pourquoi lui ? répéta Shanti.
Comme je vous l’ai indiqué, il représente la source la plus accessible pour les renseignements que je recherche.


-Jomah, ici Vala, dit la chef du groupe dans son communicateur. Evacue vers la Porte et tiens la position. Si ça vire à la catastrophe, rentre au vaisseau avec les autres. Tous les autres, on arrive avec des invités. On sait pas vraiment ce qu’ils veulent, mais Danny dit qu’ils sont dangereux. Que personne joue au con. Terminé.
Elle commençait à ranger le dispositif quand son regard s’éclaira. Aussitôt, elle le réactiva :
-Noah, je veux te parler dès que j’arrive, dit-elle à voix basse avant de désactiver à nouveau l’appareil.

Rapidement, les deux groupes arrivèrent près de la barricade de fortune, où étaient désormais présents tous les mercenaires qui avaient quitté le camp quelques heures plus tôt. Vala se rapprocha d’un pas rapide du groupe, et d’une personne en particulier, alors que Daniel, à l’instar de l’ensemble des mercenaires, restait à distance du groupe qui avait causé l’alerte.

En train de donner ses consignes au technicien qu’elle avait recruté quelques années plus tôt sur Hébrida, Vala ne releva la tête que quelques instants trop tard, quand elle entendit les mercenaires autour d’elle inspirer brutalement. Pointant son arme vers la position présumée du groupe, elle fut suffisamment rapide pour voir Shanti et Daniel finir de s’effondrer au sol.



Shanti resta figée, le changement brutal de décor la prenant au dépourvu. Regardant autour d’elle, éberluée, elle vit que le paysage rocailleux à la végétation éparse venait de laisser place à un café comme elle en avait vu à la télévision, avant de quitter la Terre. Celui-ci correspondait à l’idée qu’elle se faisait d’un style qui devait être démodé depuis une cinquantaine d’années, mais était cependant largement rempli de clients, qui ne lui prêtaient pas la moindre attention.
-Qu’est-ce que… lâcha-t-elle en voyant son reflet dans un miroir sur lequel étaient annoncés les plats du jour.
Son uniforme avait été remplacé par celui d’une serveuse, alors qu’elle se tenait près d’un comptoir.
-M’entendez-vous, lieutenant ? lui dit dans l’oreille une voix qu’elle reconnut immédiatement.
Elle se retourna brusquement, sans trouver l’origine de la voix, avant de murmurer :
-C’est vous ? Où suis-je, A…
-Pas de nom, la coupa l’I.A.
-D’accord… mais, qu’est-ce que c’est que ça ? demanda-t-elle en montrant le café d’un geste de la tête.
-“Ca“, comme vous l’indiquez, doit être la représentation mentale du subconscient du docteur Jackson, auquel je ne peux accéder directement, étant donné les différences fondamentales entre les schémas de pensées humains et les miens. Au vu des théories communément acceptées et des particularités physiologiques humaines, vous devriez être dans un environnement chaotique et vaste, au sein duquel il vous faudra chercher…
-C’est un café, la coupa Shanti.
-Pardon ?
-Un café. Un bar. Petit, bien ordonné, rempli de clients, et j’ai l’impression d’y être une serveuse.
-… Etonnant… Mais d’autant plus intéressant. Que pouvez-vous me décrire de plus ? Voyez-vous l’extérieur ?
-Non. Il y a une lueur, et…
-Excusez-moi ! l’appela une voix depuis l’une des banquettes. Mademoiselle !
Elle se tourna, et reconnut aussitôt le client, ne pouvant s’empêcher d’écarquiller les yeux en reconnaissant Jackson.
-C’est ma commande. Elle est prête, dit l’archéologue en indiquant le comptoir où se trouvait un plateau avec des gaufres et deux tasses de café.
-Qu’est-ce que je dois faire ? murmura-t-elle en s’approchant du plateau.
-Que se passe-t-il ?
-C’est Jackson. Il est là… Est-ce que vous arrivez au moins à suivre ce qui se passe ?
-Partiellement, lieutenant. Je vous suggère cependant de m’indiquer explicitement les informations que vous voulez me transmettre.
-Que je répète tout ce qu’il me dit ? demanda-t-elle, étonnée.
-Pensez-le, cela sera suffisant. Pour ce qui est de Jackson, c’est une nouvelle… intéressante. Etonnante, même. Il ne devrait pas être à votre point d’arrivée, à moins de vous attendre. Essayez de voir ce que son subconscient vous veut, cela améliorera d’autant plus votre synchronisation avec lui. Je vous indiquerai ensuite les questions à lui poser.
-D’accord… souffla-t-elle avant de prendre le plateau, qu’elle trouva étonnamment léger.

En quelques pas, elle arriva près du quarantenaire habillé en civil, ses lunettes posées sur la table devant lui.
-Vous prendrez bien un café ? l’invita-t-il lorsqu’elle eut posé le contenu du plateau.
Devant son regard étonné, il continua :
-Ne vous inquiétez pas, les autres ne feront pas attention, dit-il en indiquant le reste des clients. Et puis, ça fait longtemps que je n’ai plus discuté avec une nouvelle serveuse. Vous venez la remplacer ?
-Remplacer qui ?
-A votre avis ? Elle, dit-il en indiquant une autre serveuse, sortant de la cuisine en tenant plusieurs plateaux.
Shanti laissa son regard s’attarder sur la silhouette élégante, aux longs cheveux gris clairs qui contrastaient avec son âge apparent, la jeune femme ne donnant qu’une trentaine d’années à la nouvelle arrivante. Cette dernière salua discrètement Daniel, lui adressant un léger sourire de connivence avant de prendre commande à une table.
-Non, hésita-t-elle, je ne suis pas là pour…
-Bon, asseyez-vous, au moins, dit-il en souriant devant son air embarrassé.
Elle obtempéra, alors que Jackson plaçait l’une des deux tasses devant elle.
-Alors, qu’est-ce que vous faites ici, si ce n’est pas pour la remplacer ?
-Je… commença-t-elle, ne sachant quoi répondre.
-Déjà, vous n’êtes pas l’une d’entre eux, dit-il d’un air amusé. Parce que, d’habitude, c’est moi qui ne comprends pas et qui tente de clarifier la situation. Alors, qui êtes-vous ?
-Je m’appelle… Shanti.
-Les noms ne sont qu’une étiquette, mais l’âme aime se rendre fugace, dit-il avec un regard inquisiteur.
Elle cligna lentement des yeux, sans répondre.
Qu’est-ce que je dois dire ? demanda-t-elle, prise en défaut, après avoir répété mentalement la phrase de Daniel.
Êtes-vous sûre d’avoir bien entendu ? demanda à son tour Atlantis.

Après quelques secondes de silence, Jackson laissa tomber son masque de sérieux, et afficha un léger sourire.
-Ca surprend toujours, la première fois, non ? Jack réagit comme vous, quand je lui dis des trucs comme ça, après quelques verres de trop… Bon, donc, Shanti. Et qu’est-ce que vous venez faire dans ce café, Shanti ?
-Vous… voir ? tenta-t-elle après avoir transmis la réponse à Atlantis.
-C’est flatteur. Et pour quelle raison ?
-Comment ça ?
-Vous ne venez pas me voir pour le plaisir… si ? Non, en tout cas, pas comme ça, dit-il en buvant une partie de son café. Toujours aussi bon. Goûtez, il en vaut la peine.
Gardant son regard fixé sur le visage de Jackson, qui dénotait une curiosité amusée, elle suivit son conseil.
-Effectivement, il est…
-Unique, reprit Daniel, en souriant légèrement. Mais, pour revenir à notre discussion… Qu’est-ce que vous voulez apprendre ? Vous êtes là pour ce que je sais.
Devant son silence, il reprit son air amusé avant de finir sa tasse.
Qu’est-ce que je dois faire ? demanda Shanti, en train de paniquer intérieurement.
Ce n’est pas… Un être vivant à ce stade de l’évolution ne devrait pas avoir une telle maîtrise de soi… A moins que…
-Vous savez, répondit Daniel, faisant s’interroger Shanti sur la sécurité de son lien avec l’I.A., ce n’est pas la première fois que je me fais interroger comme ça. D’ailleurs, c’est souvent plus subtil. Enfin, dites-moi déjà ce que vous voulez savoir, ça pourrait être quelque chose que je peux dire… même si je n’y crois pas tr…
Il fut interrompu par une légère secousse, qui fit tinter l’ensemble des verres et couverts dans le café, toutes les conversations s’arrêtant quelques instants avant de reprendre. Pendant quelques secondes, elle vit son interlocuteur avoir un vertige.
Il y a eu… comme un séisme, rapporta-t-elle. Qu’est-ce que ça peut être ?
Les nanites ont découvert une série de chemins neuronaux bloqués, à des endroits pouvant correspondre aux informations recherchées. J’essaie de contourner cet obstacle.

-D’accord, c’est… nouveau, dit-il en remplissant à nouveau sa tasse. Vous pourriez être une diversion. Vous êtes plus subtile que je ne l’imaginais. Et avec plus de moyens que d’habitude. Ce n’est pas une technologie Goa’uld, n’est-ce pas ?
-… Non.
-Bien sûr. Ils sont subtils, à leur manière, même si on peut leur résister avec un peu de volonté. Mais là, c’est… différent.
Un second blocage a été repéré. Préparez-vous, la prévint l’I.A.
L’instant d’après, une autre secousse, plus forte encore que la première, vint secouer l’ensemble des tables, renversant ça et là des tasses et des assiettes, Shanti se poussant instinctivement de côté pour éviter la tasse venant tomber sur la banquette, tandis que la porte s’entrouvrit légèrement, révélant un instant la lumière aveuglante du dehors.

Cette fois-ci, les conversations ne reprirent pas.

-Très bien, dit Daniel en nettoyant lentement le café de ses lunettes, sans se préoccuper du silence de mort qui régnait désormais. S’il faut en venir à ça.

Il mit d’un geste les lunettes, se tourna vers le reste de la salle, et dit d’une voix forte :
-L’addition !

Quelques instants plus tard, la serveuse aux cheveux platine vint à sa rencontre :
-Avez-vous besoin d’autre chose, docteur Jackson ?
-Non, ça ira, répondit-il. Dommage que votre collègue ne soit pas très loquace. Enfin, je n’aimerais pas l’empêcher de travailler. N’est-ce pas… Shanti ?
La serveuse acquiesça et posa méthodiquement sur son plateau les tasses et le broc, avant de se tourner vers Shanti.
Annulez tout ! demanda-t-elle.
Il faudra quelques instants, lieutenant. Continuez à jouer le jeu pour le moment.

Avec réticence, elle se leva, et la femme devant elle lui fit signe de la suivre, avant de se rendre dans les cuisines. Une fois arrivée, la serveuse ferma la porte derrière Shanti, avant de prendre un papier qu’elle lit à voix haute :
-Lieutenant Shanti Bhosle, humaine, planète Terre, équipe de reconnaissance SG-22.
Sans lever les yeux, elle prit une autre fiche derrière elle, et se mit à nouveau à la lire :
-Système de gestion autonome cognitif cinq, Atlantis.
Elle la regarda dans les yeux, et eut un large sourire :
-Ca faisait longtemps.
-Qu…
Qu… entendit-elle en écho.
-Pas besoin de lui répéter ce que je dis, lieutenant, dit la serveuse. Je peux vous assurer que notre… amie commune peut parfaitement me comprendre, vu que je lui parle en même temps qu’à vous.
-Qui… qui êtes-vous ? murmura Shanti après quelques instants de silence complet.
-On m’appelle Urth. Je suis en charge du docteur Jackson ici présent, répondit-elle en englobant tout le décor de ses bras. Après l’incident impliquant ses deux plus célèbres élèves, Oma a dû… s’absenter.
-Urth ? dit Atlantis avec la voix désincarnée que Shanti avait l’habitude d’entendre à bord de la frégate. Mais…
-Surprise ? répondit celle-ci.
-Qu’est-ce que tu fais ici ? demanda Atlantis, sans faire attention à la jeune femme qui écarquillait les yeux en entendant l’I.A. prendre un air surpris.
-Vous… vous vous connaissez ? souffla Shanti.
-Bien sûr, répondit la femme devant elle. Atlantis et moi avons été amies, il y a une éternité. Et j’espère que nous le sommes toujours.
-Alors, vous êtes une… Ancienne ?
-J’ai été, lieutenant.
-Urth, ici présente, indiqua Atlantis, a procédé au phénomène que vous décrivez comme Ascension, à l’âge de deux cent…
-Pas besoin de ces détails, souffla l’ascendante.
Shanti recula instinctivement de quelques pas, se rappelant ses cours à l’Académie, lorsqu’avaient été abordés les différents contacts entre des humains et des Ascendants. Les images, vidéos et témoignages avaient été suffisants pour lui faire prendre conscience d’un simple fait à leur propos : ils réagissaient rapidement et mortellement à la moindre provocation.
-Donc, que fais-tu chez Jackson ? demanda Atlantis sur un ton léger, que Shanti n’aurait jamais pensé à associer à l’entité qui les dirigeait, elle et le reste du trio. Tu étais une alchimiste chronotronique, pas une sociologue ou une psycho-ingénieure comme Oma.
-Il est un cas assez… particulier.
-Tu n’as pas le droit d’en parler, c’est ça ?
-En fait, si. Tu es au courant de notre “petit“ problème sur la frontière, je crois ?
-Plutôt, oui.
-Les règles sont ce qu’elles sont, nous n’interviendrons pas.
-Pas directement, compléta Atlantis.
-Exactement, répondit Urth. Surtout quand, en parallèle, une certaine Cité va s’occuper de résoudre le problème de manière… acceptable.
-De quelle nature sera la… non-intervention, alors ?
-Je vais te transférer ce que tu aurais pu récupérer chez Daniel par tes propres moyens, et la dernière étape sera facilitée.
-C’est… généreux de votre part. Peux-tu les remercier ?
-C’est fait.
-Et, par curiosité, pourquoi me donner ces renseignement, puisque j’aurais pu les obtenir ?
-Nous préférons assurer la sécurité des nôtres, tu devrais le savoir.
-Des vôtres ? lâcha Shanti, avant de se maudire d’avoir interrompu une conversation entre deux êtres aux pouvoirs qui dépassaient son entendement.
-Bien sûr, lieutenant, répondit Urth. Le docteur Jackson, s’il a choisi de continuer sa vie dans votre plan pour pouvoir y agir, n’a fait que prendre un… congé. Après tout, même si son attitude est quelque peu énergique, il sera le bienvenu à son retour. Donc, si tu pouvais éviter de briser les blocages qui lui permettent de vivre comme un humain à peu près naïf, il t’en serait sûrement reconnaissant.
-Je vois, dit Atlantis. Et, donc, pourquoi toi ?
-Oh, c’est juste qu’il est impliqué dans une série de déplacements temporels pour le moins… créatifs, et qu’il a, dans chaque branche, un rôle important. Le résultat est qu’il génère maintenant des micro-ruptures de causalité, et il faut que quelqu’un s’occupe de les corriger. Et puis, il a une vie intéressante, pour un humain. Presque autant que le dernier que j’ai surveillé.
-D’accord, dit Atlantis. J’ai reçu les informations. Encore merci pour l’aide.
-C’est un plaisir, fit Urth en inclinant légèrement la tête avec un sourire.
-Je procède à votre extraction, lieutenant Bhosle, reprit l’I.A. avec le ton impersonnel auquel Shanti était habitué.
-Heu, entendu.
La jeune femme était encore en train d’essayer d’assimiler la conversation dont elle venait d’être témoin lorsqu’elle sentit une petite pression sur son épaule.
Se retournant, elle vit l’ascendante se rapprocher d’elle et prendre un air faussement conspirateur :
-Une petite information gratuite, lieutenant. Le docteur Jackson est particulièrement curieux, et a trouvé une interface de contrôle assez similaire à celle de votre frégate. Et, vous devez vous en douter, maintenant, sa structure mentale est un peu plus proche de la nôtre que d’habitude, en plus de son gène d’identification. Bien sûr, je ne voudrais pas interférer en prévenant qui que ce soit d’important que le docteur Jackson ait pu être accepté comme utilisateur par défaut du complexe de transmissions. Ni que son évanouissement pourrait être considéré comme une agression contre un Ancien, pouvant entrainer des mesures défensives… Après tout, je suis presque sûre que mes semblables ne vous considèrent pas comme quelqu’un d’important, si ?

Le sourire de l’ascendante fut la dernière chose qu’elle vit avant que le café ne soit remplacé par le sol rocailleux qui se ruait vers son visage.


Shanti ! Ca va ? entendit-elle alors qu’elle subissait de plein fouet la collision avec le granit.
… oui, je vais… bien… je crois répondit-elle après quelques instants à reprendre ses repères.
Qu’est-ce qui s’est… commença Campbell avant de s’interrompre brusquement. Oh, oh.
Trop désorientée pour utiliser sa connexion avec le reste de l’équipe, la jeune femme releva la tête pour voir ce qui avait pu causer la réaction du pilote.

Elle vit une douzaine de mercenaires apparemment bien plus crispés que quelques instants plus tôt, au centre desquels une femme aux cheveux noirs de jais les fixait avec un regard pour lequel elle ne pouvait trouver de qualificatif qui ne soit pas un euphémisme particulièrement éloigné de la réalité.

L’instant d’après, elle remarqua l’origine du déplaisir de la femme en question, à savoir un archéologue inanimé.

Ce fut à ce moment précis que refit surface dans son esprit légèrement troublé par la brusque et désagréable évolution de la situation les propos d’une ascendante au sourire amusé.
Je crois qu’on a un problème, énonça-t-elle dans une lapalissade qui impressionna silencieusement une Intelligence Artificielle pourtant habituée aux propos de l’un des hauts-gradés terriens basés dans sa Cité.
Pas de geste brusque… suggéra Campbell. On peut tous les neutraliser rapidement et sans bavure.
Tout va bien ? s’enquit Maltez. Qu’est-ce qui est arrivé ? Vous êtes tous les deux tombés au même moment.
Je vous expliquerai plus tard. On a un autre problème.
J’ai remarqué, répondit-il. Mais ça va être réglé rapidement : ils sont tous à portée de nanites.
On a un autre problème, répéta-t-elle.

Atlantis ? demanda-t-elle sur un canal privé. Quels sont les défenses de ce centre de comm’ ?
Théoriquement, le matériel de base de tout avant-poste, plus du matériel de surface. Mais je doute qu’il reste quoi que ce soit d’actif.
Doute ? demanda-t-elle, inquiète.
Oui. Même si je peux observer l’ensemble de la zone, le contenu matériel et logiciel de ce complexe m’est effectivement inaccessible, même s’il ne présente que peu d’intérêt en l’état.
S’il restait des défenses, elles pourraient s’activer dans certains cas ?
Effectivement, mais dans des conditions très particulières, et pas sans l’intervention d’un opérateur présentant les particularités physiques et mentales d’identif… vous voulez faire référence au docteur Jackson ?
Oui, dit-elle avec une appréhension croissante. Et…
Et vous voulez m’amener lentement à réaliser que son état actuel pourrait être considéré comme une agression, si d’aventure le système de défense avait été réactivé.
Et bien…
Et ceci en espérant que je vienne à remarquer que cela explique parfaitement pourquoi je n’arrive pas à vous téléporter de nouveau à bord, malgré mes essais répétés depuis l’instant où la connexion s’est achevée.
Pardon ? lâcha-t-elle brusquement.
Je réagis vite, lieutenant Bhosle. Donc, à l’avenir, veuillez éviter de rentrer dans des schémas de conversations éculés depuis bien avant ma création, surtout lorsque les schémas en question nous coûtent inutilement un temps précieux de préparation face à un danger probable.
Désolée.



L’espion reconnut la double chute pour ce qu’elle était : son arrêt de mort. En voyant l’archéologue et l’incarnation de la mort tomber simultanément, et surtout en voyant les réactions sur les visages voisins, il sut que ses secondes étaient comptées. Il n’avait plus aucun doute quant à la suite des évènements. L’un des deux groupes allait considérer que l’autre les attaquait, et l’enfer se déchainerait. A quelques pas de lui. Alors qu’il était debout. A découvert.

Il ne savait pas si les pouvoirs des compagnons de celle qu’il avait qualifié de déesse seraient aussi efficaces contre les armes à projectiles qu’ils l’avaient été contre les lances jaffas, mais il ne se faisait pas d’illusion sur ses propres chances. Il fut pris, pendant les quelques instants des deux chutes, d’un sentiment de calme, alors qu’il venait d’accepter cet état de fait. Ses tuteurs, son mentor, tous ou presque qui connaissaient son rôle à venir, lui avaient expliqué qu’il n’était qu’un mort en sursis. Sa couverture tomberait tôt ou tard, par sa faute ou non, les coïncidences n’étant pas moins létales que les fautes. La seule chose qu’il devrait alors faire était d’accepter son sort, sans se rattacher à un espoir dérisoire prolongé par la trahison et les aveux.

Voyant l’archéologue tomber comme au ralenti, il ferma les yeux, et attendit le déplacement d’air ou la déflagration lui annonçant l’effondrement inéluctable de la situation dans un chaos à la conclusion brève et définitive.

Le silence resta maître, avant d’être finalement brisé. Par une voix. Celle d’une femme aux cheveux noirs de jais.
-A couvert !

Finalement, obéissant à ses réflexes, le jaffa plongea au sol, ouvrant brusquement les yeux pour voir l’ensemble des mercenaires contourner leurs abris, venant se placer entre ceux-ci et le trio d’intrus. Ce fut l’instant d’après que son regard fut attiré par l’activité les soldats.


Comment ça, “les ruines se défendent“, comment ça ?!s’effraya Campbell alors que Shanti se relevait lentement, pour paraitre aussi peu menaçante que possible
Il s’agit de la seule éventualité envisageable, lieutenant, au vu des signaux que vous me retransmettez.
Et pourquoi maintenant ? demanda Maltez tout en jetant un rapide coup d’œil derrière lui pour voir où reposaient les armes du groupe.
Je n’ai malheureusement aucune hypothèse valable à ce suj… commença l’I.A. avant d’être interrompue par Shanti.
Non. Vous savez très bien ce qu’il se passe. Il n’y a pas de coïncidence. lâcha-t-elle.
Lieutenant Bhosle…
Non ! C’était notre accord ! Vous leur dites, ou je le fais !
Bordel ! rugit le pilote. Dans quoi vous nous avez balancé, Atlantis ?!
Je vous expliquerai, lieutenant Campbell, mais il semblerait que vous ayez un problème plus urgent.
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Rufus Shinra
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Effet Papillon [Tome II] - Page 4 Empty
MessageSujet: Re: Effet Papillon [Tome II]   Effet Papillon [Tome II] - Page 4 EmptyVen 30 Juil 2010 - 1:11

Vala Mal’Doran, avec sa réputation et son attitude, faisait partie de cette catégorie d’entrepreneurs qui avait proliféré après la chute des Goa’uld. Et dont la population s’était drastiquement réduite en quelques années d’une époque où les différends commerciaux et personnels s’étaient souvent soldés à coups de croiseurs interstellaires anciennement propriété de Grands Maîtres récemment décédés. Ainsi, sa simple survie témoignait de compétences remarquables et de bon sens. Celui-ci se manifestait plus ou moins souvent, selon les situations où elle se retrouvait –et si certains prétendaient qu’il fallait singulièrement manquer de bon sens pour se retrouver dans de telles situations, ils se voyaient répondre que le bon sens paysan n’était pas un chemin réputé vers la gloire et la fortune– mais certaines règles demeuraient inamovibles.

Entre autres, de ne pas tirer sur un groupe qui vient de faire trembler un homme ayant mis à bas des empires, ayant survécu à l’explosion d’une étoile et connu plus souvent la mort que nécessaire. Du moins, pas avant de connaître les intentions précises de ces personnes. Et, quand, brusquement, les ruines derrière soi se mettent à produire des sons inappropriés pour un bâtiment sensé être en désuétude depuis des millénaires, le bon sens implique de pouvoir classifier rapidement les menaces. Pour la chef du groupe de mercenaires, observant chacun des gestes des trois intrus avant et après l’évanouissement de son amant, la décision fut instantanée.

Daniel respirait toujours, l’espion qu’elle hébergeait s’était comme débranché sous l’effet de la panique, et le groupe en question n’avait pas attaqué qui que ce soit, alors que tout indiquait que, d’une manière qu’elle ne comprenait pas, une seule d’entre eux pouvait tenir tête à plus d’une centaine de jaffas. D’un autre côté, un bâtiment immémorial semblait se réactiver dans son dos, ce qui constituait un danger beaucoup plus critique pour quiconque ayant eu, comme elle, accès à un témoignage de première main sur la destruction de la flotte d’Anubis.

Obéissant ainsi à son bon sens, elle hurla “A couvert !“ avant de bondir derrière le muret, suivie peu de temps après par ses subordonnés, aussi bien les soldats que le technicien à qui elle donnait des ordres quelques secondes plus tôt.

Un instant plus tard, voyant que la situation n’avait pas évolué brutalement comme elle pouvait le craindre, elle se rapprocha rapidement de Jackson. Soupirant de soulagement après avoir vérifié qu’il était en vie, elle s’assura qu’il n’avait pas été blessé par sa chute, et le ramena près des autres mercenaires, alors que, du coin de l’œil, elle voyait le trio à l’origine de la situation la rejoindre derrière l’abri de fortune.

-Qu’est-ce qui se passe ? cracha-t-elle.
-Le système défensif vient de se réactiver, dit Maltez, en jetant un regard rapide vers Shanti.
-Et c’est quoi, ce système ? demanda un soldat à quelques mètres d’eux.
-Aucune id… commença Shanti avant de se figer, à l’instar du reste de son groupe.
-Oh merde… lâcha finalement Campbell.
-Quoi ? demanda à nouveau Vala.
-On a plusieurs drones de combat qui viennent de s’activer.
-Comment est-ce que vous sav… non, oubliez ça. Drones ? Comme ceux qui détruisent une flotte ?
-Non, juste des robots de combat, répondit Maltez. Vous feriez mieux de partir. Vite.

Se penchant sur Daniel, Vala le vit commencer à retrouver ses esprits.
-Ho, tout le monde, on se prépare à décrocher. Van, tu m’aideras à porter Daniel s’il est encore dans les vapes.
Restant accroupie, elle se dirigea vers le technicien, qui continuait de ranger son équipement dans son sac.
-Noah, lui dit-elle en lui prenant le poignet pour interrompre son geste. Tu as toujours ton bouclier tactique ?
-Oui, répondit le technicien en relevant la tête pour croiser son regard.
-Parfait, alors tu as deux minutes pour faire un truc impossible et totalement stupide, commença-t-elle.

Campbell essayait de suivre ce que disait Vala quand son attention fut brusquement attirée par le mouvement des drones, qui venaient de surgir des ruines. Reconnaissant des modèles similaires à ceux ayant servi pour son entrainement à bord de la frégate, il jura intérieurement lorsque de ceux-ci partit une série de projectiles lancés à grande vitesse vers l’ensemble du groupe. Il savait quoi faire.

Van’Tet se figea en voyant les formes sombres ouvrir le feu, fasciné par le ballet complexe des disques métalliques dont il n’arrivait à suivre le mouvement, ne les repérant que par intermittence, avant que ceux-ci, arrivant à quelques mètres du muret, ne se percutent tous entre eux ou ne soient projetés brutalement au sol. Sentant la chaleur causée par la série de déflagrations, il ne s’étonna pas de ne voir personne s’effondrer au milieu du nuage de graviers projeté dans toutes les directions. Il était certain d’avoir vu certains des fragments de roche changer de trajectoire en arrivant vers son visage, et préférait ne pas se poser de questions à ce propos, choisissant de faire la même chose que ses voisins et tirant avec son arme vers les silhouettes qui venaient d’attaquer.

Le vacarme et les centaines de projectiles qui étaient catapultés dans la direction des drones ne furent qu’une information de plus pour Shanti, dont les nanites et l’I.A. lui offraient une vision claire avec ses différentes options. Corrigeant sans y penser la trajectoire des balles perdues, elle se concentra, comme ses deux coéquipiers, sur des actions aussi défensives que possible, sachant qu’elle ne pourrait pas attaquer sans réduire sa protection à elle-même, laissant les soldats autour d’elle à la merci des armes infiniment plus avancées des drones.

Ce qu’elle ne laisserait pas arriver. Ce qu’elle ne laisserait plus arriver.


L’intelligence virtuelle qui dirigeait les drones vit son hypothèse confirmée. La salve de sommation, prévue pour effrayer les créatures aussi primitives que leurs armes, fut interceptée avant d’avoir pu volontairement s’écraser. La riposte, aussi rapide qu’inutile, des agresseurs, démontrait sans l’ombre d’un doute les volontés agressives du groupe qui avait probablement causé la perte de conscience du nouvel administrateur par défaut du complexe. Ce dernier se voyant apparemment ignoré des assaillants, et certains d’entre eux disposant d’une technologie pouvant présenter une menace, la suppression physique de la menace fut jugée comme la réponse optimale.


Le jaffa s’efforça de rester à couvert, alors même qu’il se rendait parfaitement compte qu’aucun projectile n’arrivait à toucher les mercenaires, apparemment protégés par la présence du trio. Il s’approchait aussi vite que possible lorsque, brusquement, il entendit un son intense qui le fit se hérisser. Obéissant à un instinct de survie exacerbé, il plongea au sol sans chercher à comprendre ce qui pouvait être à l’origine du bruit. L’instant d’après, il sentit une onde de pression passer sur lui et vit du coin de l’œil plusieurs soldats être projetés au sol alors qu’une seconde vague plaquait son visage sur les rochers.


Maltez fut désorienté quelques secondes par la double onde de choc, alors qu’il avait réparti tant bien que mal ses champs de protection sur l’ensemble de la barricade au moment où il avait compris la nature de la cartouche tirée par l’un des drones. Celle-ci avait éclaté quelques instants plus tard, libérant un nuage de nanoparticules hautement combustibles. Une fois la poussière dispersée, la machine de guerre l’avait enflammée à distance, provoquant une combustion locale si brève et intense que l’appel d’air précédant la détonation aurait normalement suffi à tuer l’ensemble des combattants.

Lorsqu’il reprit ses esprits, ce fut pour se rendre compte que si les systèmes automatisés avaient brièvement pris le contrôle de ses défenses pour le protéger durant ses instants de vulnérabilité ; l’arme thermobarique avait annihilé l’ensemble des nanites qu’il avait dispersées aux alentours, réduisant à portion congrue la défense de zone qu’il pouvait réaliser. Seul le fait d’avoir été projetés à terre avait sauvé les mercenaires autour de son groupe, à présent vulnérables.

Sauf deux, remarqua-t-il avec étonnement, lorsque toute sa suite de senseurs se remit à lui fournir des informations.

L’un des soldats était apparemment protégé par un bouclier personnel, et, à ce qu’en vit le chef du trio, ne faisait pas attention au chaos environnant, penché sur un objet qu’il reconnut comme un générateur de poche terrien. Il fit cependant preuve de bon sens, et ne chercha pas à poser de questions à l’individu, alors qu’un groupe de drones de combat continuait à lui tirer dessus sans interruption. L’autre individu était Jackson lui-même, la déflagration ayant apparemment été positionnée de manière à permettre à la position de l’archéologue d’être épargnée par ses effets destructeurs.


Vala grogna, sentant le liquide chaud couler sur son visage alors qu’elle reprenait ses esprits. Elle cligna plusieurs fois des yeux, essayant de faire disparaitre l’image persistante de la boule de feu aveuglante, jusqu’à distinguer suffisamment le terrain pour retrouver son technicien. En quelques gestes, elle s’assura que ses blessures étaient superficielles, et rampa vers le bouclier derrière lequel s’activait le mercenaire hébridan.
-C’est prêt ?
-Presque, mais je sais pas combien de temps ce machin va durer.
-On s’en fout.
-Pas vraiment, si ça…
-On. S’en. Fout, insista Vala. On a combien de temps pour partir ?
-Une ou deux minutes, j’ai réglé les condensateurs au maximum, et le générateur est lent à démarrer, mais…
-Génial, active-le, l’interrompit-elle avant de se retourner vers les mercenaires qui revenaient lentement vers elle. Debout, tout le monde ! On se barre !
Elle tourna la tête vers Campbell :
-Couvrez-nous, on se tire.
Sans se retourner, le pilote acquiesça, sachant que plus tôt l’autre groupe serait hors de portée, meilleures seraient les chances de tout le monde de survivre à cette situation passablement désagréable.

Van’Tet se rapprocha de Daniel, qui semblait réveillé, mais désorienté, et le souleva sur ses pieds.
-Courez ! lui dit-il en l’aidant à s’appuyer sur son épaule.

A une dizaine de mètres de là, près de la barricade, les mercenaires commençaient à battre en retraite, alors que les tirs fusaient vers le ciel, apparemment toujours déviés par leurs nouveaux protecteurs. Le jaffa vit Vala s’approcher rapidement de lui et la remercia silencieusement lorsqu’elle le soulagea d’une partie de son fardeau en prenant Jackson par une épaule, tandis qu’il prenait l’autre. Il se mit à courir au même rythme qu’elle, ignorant sa douleur aux endroits où il avait heurté le sol, alors qu’elle prenait à nouveau son communicateur :
-Jomah ? On se tire ! Active la balise et laisse tout sur place ! Dis-leur qu’on a besoin d’un transport, qu’ils se guident sur moi dès qu’ils vous ont récupérés !

Aussitôt, les tirs s’intensifièrent, se concentrant brusquement sur Vala et l’espion alors qu’ils éloignaient l’archéologue de la barricade, et, à plusieurs reprises, certains projectiles ne furent déviés qu’à une distance trop faible de leurs cibles pour le confort de celles-ci.

Les drones, désintéressés de l’absurdité de leur situation, défenseurs d’une civilisation depuis longtemps éteinte, se concentrèrent sur leur mission. Générée automatiquement par l’un des algorithmes associés aux ordres généraux, leur priorité de cible avait changé, passant de l’autodéfense à la protection de l’individu qui avait réactivé le complexe de communication. Comme tout dispositif ayant une durée de vie plus de cent fois supérieure à celle d’un Ancien, le système de contrôle avait une certaine ouverture d’esprit dans sa définition de ce qui pouvait être, après plusieurs milliers d’années, le résultat de l’évolution chez ses créateurs. Ainsi, des quiproquos potentiellement mortels devaient être évités à l’aide d’un ensemble d’identifiants qui pouvaient changer de manière imprévisible.



Shanti mit quelques instants de trop à remarquer l’un des nombreux signaux d’alertes transmis par ses senseurs, et il fut trop tard lorsqu’elle décida enfin de lui prêter attention, lorsqu’elle eut quelques instants sans avoir à détourner tel ou tel projectile destiné à elle ou l’un des fuyards. La première chose qui l’étonna, une fois qu’elle reporta son attention sur l’alerte, fut sa nature, indiquant l’apparition d’un champ électromagnétique particulièrement intense. La seconde fut la direction de cette alerte, qui ne provenait pas des drones ou des ruines, mais de la barricade abandonnée quelques dizaines de secondes plus tôt par le groupe de mercenaires. La troisième fut le générateur terrien qu’elle reconnut, posé sur le sol nu.

Pendant quelques secondes supplémentaires, elle dut reporter toute son attention sur les assauts à repousser, et ce ne fut qu’après avoir dévié un disque dirigé vers l’un des soldats en fuite que le tout lui apparut clairement, tandis qu’une énorme sphère jaune-orangée apparaissait autour de la barricade et des drones.

Prise au dépourvu, elle hésita quelques instants et l’un des tirs d’énergie lui échappa, se dirigeant droit vers sa cible, à une centaine de mètres plus loin.

Et s’écrasa sur l’intérieur du bouclier.


Qu’est-ce que… commença Shanti.
Un instant, lieutenant Bhosle, répondit Atlantis sur le réseau général. J’analyse l’origine de… Il s’agit d’un émetteur de bouclier tactique, d’origine Goa’uld.
Euh, répondit Campbell tout en parant un tir lui étant destiné, depuis quand il font des trucs aussi balèzes ?
Il semblerait que le générateur ait été surchargé de manière critique… et en violation de toutes les règles du bon sens communément admises dans votre galaxie.
Avec ce générateur à naquadah, c’est ça ? demanda Shanti.
Il ne s’agit pas d’un de ceux que j’ai pu voir utilisés par vos semblables, bien qu’il s’agisse d’un générateur à fission semblable à ceux que vous avez pour alimenter vos équipements lourds, et… Oh.
Quoi ? demanda Maltez
Il semble qu’il soit assez… instable.
Instable ? Instable comment ? s’inquiéta Campbell
Le matériau utilisé, ainsi que l’architecture adoptée, rendent une réaction non contrôlée hautement probable si l’intégrité du dispositif est menacée.
Ca ferait quoi ? Une contamination radioactive ? suggéra Shanti.
Négatif. Il y aurait une ignition, avec une énergie libérée de… Oh.
Combien ? voulut savoir Maltez.
Quatre-vingt dix-huit point quarante quatre térajoules.
Combien ? demanda Campbell
Selon l’un de vos systèmes d’unités plus appropriés… vingt et un point quatre mégatonnes.
Oh, répondirent-ils tous les trois.
En effet.
J’ai déjà dit que je détestais cette mission ? souffla le pilote.
Affirmatif. D’ailleurs, je vais devoir surveiller plus attentivement Vala Mal’Doran, cette mercenaire.
Pourquoi ? demanda Shanti.
Je suis particulièrement intéressée par son sens de l’improvisation, qui semble, si son idée est volontaire, être du même ordre de grandeur que celui du docteur McKay.
Désolé, mais j’ai dû mal à l’apprécier, quand elle met une putain de bombe atomique à dix mètres de nous alors qu’on sauve sa peau, grogna Campbell.
Je ne parlais pas de ça, lieutenant, mais du fait que l’utilisation d’un bouclier de protection ainsi positionné, permet de réaliser un confinement particulièrement efficient du flash gamma, qui, bien employé, augmente grandement l’efficacité maximale d’une arme à fusion. Mes créateurs ont mis plusieurs dizaines d’années avant d’imaginer cette amélioration.
Fantastique, lâcha Maltez, fulminant. Mais je crois qu’on va se contenter des vingt mégatonnes pour l’instant. A moins que vous ne vouliez que j’aille demander à ces saletés de drones de nous laisser quelques secondes pour que j’aille dire à cette chieuse de ne pas oublier d’aller déposer un brevet en rentrant.
Ca ne sera pas un problème, commandant. Une fois que vous aurez neutralisé les cibles, je pourrai arriver, percer le bouclier et vous téléporter avant l’ignition.
Et pourquoi pas avant ? demanda Campbell.
Car les drones disposent de champs de brouillage locaux empêchant la téléportation.
Vous n’avez qu’à les détruire, suggéra Shanti.
Mon attaque sur le bouclier provoquera une surcharge critique du générateur, lieutenant Bhosle. Je n’aurai que le temps de vous téléporter, pas de lancer une attaque contre d’autres cibles.
D’acc… attendez ! Et le docteur Jackson ! Et les autres ! Ils ne seront jamais assez loin !
Je positionnerai le vaisseau de manière à m’intercaler entre l’ignition et les différents groupes en fuite. Les effets thermiques et mécaniques seront défléchis vers des zones sans importance, et je pourrai détourner les poussières radioactives qui seront dirigées vers eux. Je vous suggère à présent de neutraliser rapidement ces drones, en évitant si possible d’endommager le générateur.


Le bouclier bloquant entièrement tout déplacement, tant d’objets solides que d’air, Van’Tet ne put entendre le juron hurlé par Campbell tandis qu’il aidait Daniel à avancer, celui-ci étant encore désorienté.

-Qu’est-ce qu’il s’est… passé ? demanda difficilement l’archéologue en s’arrêtant.
-J’ai eu raison, comme d’hab’, répondit posément Vala, son sourire contrastant avec les ecchymoses et les petites blessures sur son visage et ses bras. Mais pour l’instant, on avance.
-D’accord, dit-il en reprenant la marche en boitant. Attends, où sont les autres ?
-Qui, amis ou ennemis ?
-Depuis quand on a des amis ? demanda Daniel.
-Pas faux. Bon, tes connaissances sont restées là-bas pour nous couvrir, et le reste de mes… employés est parti en avant.
-Nous couvrir ?
-Il y avait une surprise dans les ruines.
-Mauvaise ?
-Depuis quand on a des bonnes surprises ? demanda Vala, sur le même ton employé par Daniel quelques secondes plus tôt.
-Oui…
-Donc, tu as loupé le plus beau merdier depuis Praster 9. D’ailleurs, si tu sais où ils se sont équipés, ça m’intéresse beaucoup…
-Crois-m… aïe, dit-il en trébuchant sur un rocher. Crois-moi, tu préfères ne rien savoir.
-Sûrement. Enfin, je commence à me dire que Van n’a pas exagéré, répondit-elle en tournant la tête vers le jaffa. C’était pareil, sur Dakara ?
-… Elle était toute seule, lâcha lentement l’espion. Ca doit être pire, là-bas…
-Mais qu’est-ce qu… commença Jackson en se retournant, avant de se figer, manquant de faire tomber ses deux compagnons du moment, qui le soutenaient. Vala, c’est quoi, ça ?
-Un bouclier, répondit-elle d’un ton soulignant l’absurdité terminale de la question.
-J’ai vu. Je répète : c’est quoi, ça ? demanda-t-il en faisant un signe de tête vers la demi-sphère à quelques centaines de mètres de lui.
-Rien de spécial, j’ai juste demandé à Noah de nous couvrir. Maintenant, tous les robots de la mort et les supersoldats sont coincés ensemble, avec un gros bouclier entre eux et nous.
-Mais comment… ne me dis rien… le générateur ?
-Quand votre docteur McKay m’a contacté, il m’a aussi dit qu’on peut toujours mettre plus de puissance.
Daniel tourna brusquement sa tête vers la femme aux cheveux noirs de jais :
-Tu as écouté un conseil de Rodney ? Pour faire du bricolage ? Avec un générateur à naquadriah ?
-Oui. Donc… on avance ?
Daniel soupira et reprit la marche aussi vite que possible, en tentant d’ignorer sa douleur à la jambe :
-Pourquoi est-ce qu’à chaque fois, je dois m’enfuir de la planète où je passe des vacances…
-Parce que sinon, on s’ennuierait ? répliqua Vala avec un sourire dans lequel Van’Tet ne vit pas la dérision à laquelle elle l’avait habitué.
Le jaffa, lui, regrettait bien évidemment l’époque bénie où il pouvait s’ennuyer plutôt que d’avoir à se mettre à couvert aux côtés de mercenaires qu’il espionnait et du groupe ayant incinéré toute son unité quelques jours plus tôt.

Si les choses avaient semblé se clarifier lors de l’arrivée de Jackson, puis de celle du trio, le chaos avait repris ses droits, de manière brutale et sans laisser à l’espion la moindre chance d’avoir une idée claire de ce qui se produisait. Les Terriens étaient liés à ces mercenaires. Ou bien juste Jackson. Qui connaissait ce groupe de démons. Mais qui étaient apparemment une menace pour lui aussi. A moins qu’ils ne soient venus pour s’emparer des ruines et faire fuir cette Vala. Car Jackson semblait en savoir plus que d’autres sur leurs pouvoirs. Mais il était un érudit respecté de tous et dont les connaissances étaient réputées comme très larges.
En quelques secondes de réflexion, le jaffa avait rapidement conçu une douzaine d’hypothèses, expliquant tant bien que mal les évènements de la dernière demi-heure. Si toutes étaient, d’un certain point de vue, possibles, aucune d’entre elles ne présentait la simplicité ou l’élégance souvent présente dans la vérité. Mais il ne pouvait pas se permettre de mettre ces explications potentielles de côté, alors qu’à chaque instant, il lui apparaissait comme plus évident que la situation était passablement compliquée, et que, si jamais il venait à la démêler, ça ne serait que pour être récompensé par une migraine.

La seule chose de claire à présent était qu’il devait rester dans ce groupe, pour continuer son enquête, la bonne nouvelle étant qu’il allait probablement être jugé digne de confiance par la meneuse des mercenaires, à présent.



Vala jeta un coup d’œil à l’espion, apparemment en train de réfléchir. Elle était de plus en plus intriguée par son cas, ne sachant pas comment réagir à son égard. Il était là pour le compte de la Nation Jaffa, elle n’en avait aucun doute, mais en même temps, son récit, non content d’être confirmé par deux de ses contrebandiers, venait de se voir prouver de manière particulièrement spectaculaire. D’une manière nécessitant beaucoup trop de moyens pour une simple opération d’espionnage, surtout vu la réaction de Daniel. Elle n’avait que très rarement vu l’archéologue effrayé, restant placide et pragmatique dans des situations qui auraient fait paniquer des combattants expérimentés, et son attitude face au groupe inconnu la préoccupait. La préoccupait et lui plaisait, puisqu’elle devinait qu’à nouveau, son groupe allait vivre des moments intéressants, du type qui rapportaient énormément, soit en ressources, soit en réputation, les deux éléments indispensables pour un commerce dans son genre.
Mais le jaffa était une inconnue pour elle. Il savait beaucoup plus de choses qu’il ne le devrait, au vu de son âge apparent, n’avait pas encore tenté quoi que ce soit, et réagissait de manière étrange. Mais son expérience lui avait appris à traiter les inconnues comme des chances, des opportunités, et elle comptait faire de même avec lui. Jouer le jeu, apprendre ce qu’il pouvait savoir, et l’utiliser pour augmenter ses profits ou son statut. Ou juste survivre, si la situation était aussi désastreuse que ne le laissait supposer la réaction de son amant.

Elle retint un sourire.

Dans tous les cas, elle ne s’ennuierait pas dans les jours ou semaines à venir, et, en soi, c’était une bonne nouvelle.

Qui venait s’ajouter au fait qu’elle n’avait pour l’instant pas vu le moindre corps appartenant à l’un de ses mercenaires, ce qui était suffisamment rare pour qu’elle le remarque… même si elle savait ne pas être tirée d’affaire avant d’avoir traversé une demi-douzaine de fois la Porte et être entrée en hyperespace à bord de son vaisseau.

Un fait qui vint se rappeler à elle sous la forme d’une brusque secousse qui la fit tomber au sol, de même que Jackson et Van’Tet.
-Qu’est-ce que… grogna-t-elle en se levant, avant de s’interrompre.
Tout comme ses deux compagnons de fuite, elle resta figée, son regard ne pouvant se détacher de la série de flashs et de déflagrations silencieuses qui venaient de l’intérieur du bouclier, parfois suivies d’autres secousses.
-Je veux vraiment que tu me dises où ils se sont équipés, murmura-t-elle sans tourner la tête.
-Tu ne veux vraiment pas savoir, répondit Jackson.
-Je croyais qu’on devait s’enfuir, suggéra Van’Tet.
-Il a raison, reprit le terrien. On n’a pas envie de voir qui va gagner.
-Pour l’instant, je parie sur le réacteur, dit Vala.
-Merci de me rappeler ça, je ne m’inquiétais pas assez… soupira Daniel en se levant.

Quelques minutes plus tard, l’espion hésitait sur ce qui devait l’impressionner le plus : les déferlements d’énergie qui attiraient de temps à autre son attention, le forçant presque à tourner la tête tout en avançant, ou le fait que l’archéologue et la mercenaire n’y prêtaient plus la moindre attention, le poussant à se demander ce qu’ils avaient pu voir dans leurs vies pour être à ce point flegmatiques.



Comme ses deux coéquipiers, Thomas Campbell était plaqué au sol, respirant lentement. Comme ses deux coéquipiers, il maudissait dans l’ensemble des langues qu’il connaissait l’I.A. qui les avait menés dans cette situation. Et, comme ses deux coéquipiers, il était bien trop épuisé pour signifier son désagrément verbalement, sans même parler d’utiliser une transmission qui, comme beaucoup de choses aux alentours, n’appartenait plus qu’aux souvenirs.

La seule bonne nouvelle que le pilote arrivait à isoler dans ce désastre était que les drones qui voulaient si professionnellement leur trépas rentraient aussi dans cette catégorie relativement large des dégâts collatéraux causés par le plan de Maltez. Il n’était pas encore sûr que le fait que le réacteur à naquadriah ait été épargné fasse partie de ce qu’il pourrait qualifier à court, moyen ou long terme de bonne nouvelle, et n’était pas dans un état d’esprit particulièrement propice à l’optimisme.

Pendant quelques interminables minutes, alors que ses nanites se reconstituaient lentement, il profita du spectacle presque relaxant du bouclier qui fluctuait de manière de plus en plus alarmante, jusqu’à être interrompu par la voix d’Atlantis.
…tenant Campbell, me recevez-vous ? Je rép…
Oui, on vous entend. Qu’est-ce que vous fichez ? Ca fait une plombe que ces drones sont démolis… lâcha-t-il lentement.
Désolée, répondit l’I.A. à l’étonnement du pilote. J’ai reçu une décharge massive d’énergie qui a paralysé plusieurs systèmes de commande du vaisseau. Savez-vous ce qu’il s’est passé ?
Rien, intervint brusquement Shanti, révélant que la conversation se déroulait sur un canal général.
Rien. Du. Tout, insista Maltez.
Voilà, reprit Campbell. Comme ils disent.
D’ailleurs, ajouta le commandant, il n’y aura rien à discuter. Jamais.
… Très bien, acquiesça Atlantis avec un ton réticent. J’arrive immédiatement.


Daniel sortit par réflexe le pistolet de son holster lorsque son œil repéra un mouvement.
-Pas de panique, le rassura Vala. Ils sont à moi.
L’archéologue, après quelques instants d’hésitation, rengaina son arme alors que le petit vaisseau s’approchait rapidement. Puis, il en reconnut la forme.
-Tu ne me diras pas où tu as trouvé un chasseur pareil, hein ? Je veux dire, tu sais qu’ils n’en font plus depuis quelques siècles, des comme ça ?
-On trouve tout, avec suffisamment d’argent et de squelettes dans les bons placards, répondit Vala alors que le planeur modifié, aux ailes circulaires, s’immobilisait au-dessus d’eux.
L’appareil, que Jackson n’avait vu qu’une fois en fuyant la base d’Hathor, aux commandes de deux vieux amis, servait apparemment de transport de troupes. Ses ailes s’étaient vu ajouter plusieurs rampes semblables à celles présentes sur les hélicoptères terriens, et où il pouvait voir plusieurs séries de harnais.
-Je n’y crois pas, lâcha l’archéologue en regardant le chasseur descendre à leur hauteur.
-Quoi, encore ? demanda Vala.
-Comment on n’y a pas pensé avant… On a je ne sais pas comb…, se lamentait l’archéologue lorsqu’un flash vint l’interrompre.

Par réflexe, il poussa Vala vers l’aile du planeur et se jeta l’instant d’après dans sa direction, la plaquant au sol alors que ses yeux étaient saturés par l’ouragan de lumière qui venait de s’abattre sur le groupe.
Seul le pilote du vaisseau, dont la verrière hébridan s’était instantanément noircie le temps de l’éclair, vit le spectacle qui se déroulait à quelques kilomètres de lui, dans un silence qui ne fit que nourrir sa terreur. La demi-sphère illuminait tout, donnant au paysage une teinte que la nature n’aurait jamais dû permettre. Il vit, de loin, la végétation clairsemée s’illuminer alors que le plasma se refroidissait et transmettait sa chaleur infernale sur tout ce qu’il n’avait pas consumé au premier instant. Il ne remarqua pourtant pas le dôme qui s’était interposé entre la petite étoile et lui-même, absorbant l’énergie qui aurait dû faire de lui, des trois personnes qu’il venait récupérer, et du reste des mercenaires en fuite, une petite partie du plasma qui commençait à rayonner son énergie sur des dizaines de kilomètres. Pas plus qu’ils ne furent broyés par les deux ondes de choc qui causaient un séisme tel que le pilote automatique fit s’élever le chasseur de plusieurs mètres pour éviter l’accident. La vague de pression acheva le travail débuté par le flot de radiations et le flash infrarouge, anéantissant tout ce qui n’était pas derrière le bouclier de protection, et causant un petit ouragan à la limite des zones, alors que l’air protégé était en contact avec le chaos libéré par l’ignition et que la nature réagissait comme elle pouvait à cette absurdité physique : de manière brutale. Ce ne fut que lorsque la demi-sphère acheva sa transformation en un nuage déformé et présentant les conséquences du bouclier qui avait stoppé une partie de l’énergie que le pilote vit le vaisseau apparaitre de nulle part, en vol stationnaire là où venait de se libérer l’enfer.

Pendant quelques minutes après l’éclair initial, la frégate resta immobile, alors que Jackson, comprenant ce qui venait de se passer, et l’inutilité de son réflexe, se posait des centaines de questions, tout en maudissant le fait d’avoir été privé de la vue par le flash.

Le fait que, au bout de quelques minutes à peine, il put commencer à distinguer des formes, fut à l’origine de plus de questions encore, et, ironiquement, la sensation de brûlure qu’il ressentait sur l’ensemble de son corps le rassurait par sa normalité –tout du moins pour sa situation actuelle. Il n’eut pas cependant de réponse alors que le vaisseau se mit à accélérer brusquement, quittant l’atmosphère en une fraction de seconde tout en déchirant la colonne de poussière dirigée à l’opposé de la Porte.
Il lui fallut plusieurs minutes supplémentaires pour que sa cécité s’estompe assez pour pouvoir retrouver Vala et Van’Tet, puis tâtonner jusqu’à atteindre l’une des ailes. Le pilote descendit de son cockpit et les aida à s’arrimer, après s’être assuré que lui et les deux autres allaient aussi bien que possible après ce qui venait de leur arriver.


-C’est… toujours… comme ça ? souffla Van’Tet alors que seul le bruit du vent lui laissait deviner que le planeur venait de s'élever, toute sensation de mouvement éliminée par les compensateurs inertiels.
-Parfois pire, répondit très faiblement la voix de Vala, quelque part près de lui, dans le brouillard lumineux.

Le jaffa s’abandonna à l’inconscience tandis que le chasseur atterrissait à proximité des mercenaires, dispersés et plaqués au sol, dont il entendait les râles alors que commençait lentement à s’estomper la douleur causée par le flash.
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MessageSujet: Re: Effet Papillon [Tome II]   Effet Papillon [Tome II] - Page 4 EmptyVen 6 Aoû 2010 - 3:25

Ayant prit du retard dans mes commentaires, je commence avec le chapitre 16, et m'accuperai du chapitre 17 plus tard. Par exemple, quand le 18 sera posté. Oui, ça me semble parfait, je ne vois aucune faille dans ce plan.



Carl s’adapte tant bien que mal à son nouvel environnement, ou nul n’a de raison particulière de lui souhaiter du bien. Il doit être dépaysant pour ce jeune militaire terrien sans expérience de se retrouver immerger dans une structure de ce genre et de cohabiter avec des races aliens pour certaines inconnues. Je dois avouer que j’ai un peu blinké à la mention du Unas avec des skills de méchanique Goa’uld. J’ai du mal à imaginer comment l’un de ces anciens esclaves, pour la plupart évincés de l’empire Goa’uld, a pu acquérir des notions si avancées de science extraterrestre. La seule explication plausible qui me vient est qu’il fut autrefois hôte d’un Goa’uld quelconque, qui lui a laissé en le quittant des connaissances plus consistantes que celles abandonnées par Jolinar en Carter.
A la réflexion, je suis aussi intrigué par ce niveau du ha’tak totalement investit par les terriens. J’avais cru comprendre que le groupe semi-légal s’était intégré à une véritable bande de contrebandiers plutôt que de se fatiguer à maintenir une couverture ; mais transformer directement et de manière aussi radicale une partie du croiseur Goa’uld suggère tout de même une influence assez importante. Est-ce que la Terre a plus de pouvoir au sein de l’organisation que je ne l’avais compris, ou bien les militaires ont-ils simplement loué durablement un étage du vaisseau ? (ceci n’est pas une conjoncture, c’est une vraie question à l’auteur – à laquelle il est bien sur libre de ne pas répondre si cela ne sert pas ses intérêts. ^^)

Les interactions entre Daniel et Vala sont toujours plaisantes, et souvent amusantes. J’ai particulièrement aimé ce passage :
Rufus Shinra a écrit:
-Tu peux me dire ce que tu trouves de si fascinant, là ? Parce que tout ce que je vois, c’est un tas de cailloux empilés proprement, et j’aimerais savoir en quoi ils me font de la concurrence.
-J’aurais envie de répondre qu’ils sont un peu plus calmes, mais tu risquerais de mal le prendre.
Leur relation est toujours aussi mouvementée et comique que dans la série, mais on sent que les deux ont un peu appris à se connaître… et a anticiper le genre d’ennuis dans lesquels ils peuvent réciproquement se fourrer. La fatalité de Vala m’a tout de même semblé sur la fin un peu exagérée : je connais la loi de Murphy, et la voir tournée ainsi en systématique, ça marche dans un univers parodique, mais là ça ne m’a pas convaincu. Au bout d’un moment, ce pessimisme poussé au rang de science m’a en effet laissé très, très dubitatif ; car il m’a semblé voir ici davantage que de la simple paranoïa. La limite est franchie je crois lorsque Vala fait mettre tout le monde en alerte parce que Daniel est tombé sur une inscription inhabituelle – et le fait que ses craintes se soient avérées fondées ne change rien au fait que ce n’est pas une manière sensée de se comporter.
Rufus Shinra a écrit:
-C’est toi qui exagères, maintenant, dit-elle en prenant un air blasé.
-D’accord, alors, la prochaine fois, c’est toi qui iras expliquer aux Jaffas pourquoi il y a une nova sur leur principale route commerciale.
-C’était pas ma faute !... et elle m’avait traitée de “surexcitée, dingue de la gâchette“.
Idem pour le grosbillisme, avec cette scène essentiellement. Faire exploser une nova à cause d’une histoire de mec, c’est juste trop, même pour Vala. x) Par contre, affoler les paysans avec des apparitions d’OVNIS, ça, c’est bien son style !

Alors, un projet d’ingénierie génétique est en cours du côté de l’avant-poste en Antarctique, mhm ? Voila qui est très… très… intéressant. Je suis vraiment très, très curieux de découvrir ce qui se cache du côté du pôle sud… Les remarques sur l’intérêt de Jack, la nature non-humaine du sujet, me font me demander si tout cela n’aurait pas un rapport avec les Asgard ; après tout, on en a pas vraiment entendu parler dans cette fic, c’est peut-être le moment pour eux de montrer le bout de leur nez. ^^
A suivre !

Les réflexions de Van’Tet sont sans doute le passage m’ayant le moins intéressé. Le Jaffa a tendance à se répéter, à tergiverser encore et encore sans jamais réellement planifier quoi que ce soit. J’ai du mal à accrocher au personnage de « l’espion amateur ». J’aurais cru que le temps passé au sein de l’Installation à se faire passer pour un Jaffa fidèle aux Goa’uld aurait davantage aiguisé ses talents d’imposteur. De même, son manque d’expérience pratique du combat me laisse dubitatif. Se faire passer pour un novice est une chose, mais ceux qui envoient des espions ont besoin que ces espions restent en vie, et ne se fassent pas descendre à la première attaque à l’encontre du groupe au sein duquel ils évoluent. Je me serais attendu à que Van’Tet ait reçu une instruction plus poussée. Il se peut que mes perceptions soient faussées par le niveau remarquable des mercenaires chevronnés qu’il côtoie, mais certaines de ces réactions me semblent réellement très maladroites et peu subtiles. Voila qui explique cependant comment il s’est si vite fait repérer. ^^

Comme je ne suis pas très à l’aise sur le commentaire des passages que j’ai aidé à rédiger, je ne m’étendrai pas sur les mésaventures d’Anna, mais j’ai beaucoup aimé la manière dont tu as tourné la conclusion, et le malentendu auquel doit souscrire la pauvre Anna. Cela m’a également rendu très curieux à l’égard d’Atlantis : qu’a-t-elle pu percevoir de cet échange ? Quels qu’aient été les rites de séduction Anciens, je doute très, très fortement qu’ils aient ressemblé à cela ; l’I.A. soupçonnera-t-elle une duperie parce que les limites de sa compréhension de l’être humain ne lui permettront pas d’expliquer autrement les balbutiements d’Anna, ou bien en sait-elle juste assez pour se laisser duper, ou en sait-elle suffisamment pour comprendre la manœuvre de la jeune femme, ou alors sera-t elle incapable d’établir une certitude satisfaisante ? J’ai tendance à penser que son examen des ouvrages sur le comportement humain, mais ses difficultés à cerner plus particulièrement la personnalité de Shanti en raison de sa nature d’I.A., la placeront dans cette dernière situation…

La situation d’Atlantis par rapport à l’avant poste est curieuse. Ainsi, une approche directe de sa part serait considérée comme une intrusion, mais les activités de trois Anciens – ou assimilés – qu’elle a elle-même promus ne posent pas de problème. Je suppose que c’est là le genre de faille procédurière que l’on peut trouver lorsqu’une espèce entière est éteinte depuis des millénaires… On dirait que les Altérans étaient vraiment très méfiants à l’égard de leurs I.A. D’un autre côté, je peux imaginer qu’une action très simple, comme une demande rapide d’accréditation à Fælantis, soit désormais impossible à accomplir, et que cela rende les systèmes logiques de l’avant-poste suspicieux.
J’aime beaucoup, en tout cas, la solution de la chute libre de huit kilomètres avec parachute gravitationnel. ^^

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MessageSujet: Re: Effet Papillon [Tome II]   Effet Papillon [Tome II] - Page 4 EmptyJeu 26 Aoû 2010 - 17:48

Et maintenant, le chapitre 17 :

Rufus Shinra a écrit:
Désolé du retard par rapport aux 3 semaines habituelles qui séparent les chapitres. En contrepartie, le chapitre est légèrement plus long (presque aussi massif que la description d'un couvert de cuisine chez Skay ou qu'une formule de politesse dans un dialogue de Mat, presque).
Est-ce que c’est un crime que de souhaiter faire prendre conscience au monde de l’immense richesse qui réside dans la délicate architecture d’une louche ouvragée ?

Ce chapitre commence de manière très, très significative. A ma droite, les séides d’Atlantis qui, après avoir atterrit en douceur après huit kilomètres d’une chute pas franchement rassurante, décident de se pointer comme une fleur, laisser tomber leurs armes et jouer les ambassadeurs aliens avec leur « Nous venons en paix » ; à ma gauche, Vala qui sort un générateur à naquadriah portable (je n’avais même pas songé qu’il puisse en exister ; ce doit être le genre d’engin qui est gardé en plusieurs morceaux dans une réserve décorées de façon outrancière à l’aide de frises alternant des rayures noires et jaunes) pour un usage encore indéfini ; un peu plus loin à gauche, un espion Jaffa encore traumatisé par le massacre auquel il a assisté sur sa planète ; et encore un peu plus loin à droite, une IA qui doit composer avec les caprices d’un avant-poste de ses créateurs. Ce n’est pas obligatoirement la recette pour une explosion dévastatrice de tirs de plasmas et de crash de vaisseaux spatiaux, mais c’est sans aucun doute un point de départ viable pour des situations inattendues et potentiellement létales.

C’était assez cocasse que de voir Maltez essayer de discuter de manière rationnelle avec une Vala méfiante au point de frôler la paranoïa. Difficile de contrer par des arguments logiques son assurance pessimiste. ^^

Concernant la révélation de Daniel quant au danger que les Jaffa ne manqueront pas de représenter si les Oris se montrent dans notre galaxie… Difficile de savoir qu’en faire, lorsque l’on ignore de quelle manière exactement Atlantis et les Arachnides sont liés. Mais l’on sait qu’ils ont déjà collaboré… Alors, les membres de SG-22 pouvaient-ils vraiment être un message, une mise en garde ? Cela me semble douteux, étant donné que ce qui est arrivé à Shanti était un accident. Mais pour autant que Daniel sache, les mystérieux commanditaires de SG-22 sont les mêmes que ceux qui ont vaporisé des planètes entières avec leurs habitants…

La scène à l’intérieur du café est excellente. J’adore, j’adore, j’adore ce genre de lieu métaphorique ou l’on se prend à s’interroger longuement sur chaque description. Le regard qu’échangent Daniel et Urth, les conversations qui s’interrompent, la porte sur l’extérieur qui s’entrouvre un instant, le café renversé, l’addition… Autant de codes, d’indices que l’on est pas sur de savoir tous interpréter, mais dont on comprend sans aucun doute davantage que Shanti ou même Atlantis.

On devine que le combat entre SG-22 et les drones a du être titanesque. Humains dopés aux nanites contre drones de défense Altérans… Je regrette que tu ne te sois pas davantage attardé, durant tes descriptions, sur des scènes plus spécifiques du combat. Tu décris le sort des disques, des tirs, les mouvements de troupe, les intentions à l’œuvre – surprenante et plaisante plongée dans les circuits logiques de l’IA et des drônes, au passage –, mais chacune de ces manœuvres est abordée de manière générale, assez mécanique, qui ne rend pas au mieux le chaos de la bataille.
Enfin, que tu te rassures, ça reste une belle bataille épique et bourrine comme on en voit pas souvent. ^^ Vala qui bricole sa bombe nucléaire dans son coin, les deux vaisseaux qui rejoignent le champ de bataille, l’un d’entre eux pour s’interposer entre une explosion atomique et une bande de mercenaires pas loin de passer en dommages collatéraux…




C’était là la collision entre plusieurs axes que nous suivons depuis un moment, et je devine que nous allons devoir attendre un peu avant de tomber sur une autre scène de ce genre… En tout cas, bravo, c’est un chapitre sacrément palpitant que tu nous as livré là !

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MessageSujet: Re: Effet Papillon [Tome II]   Effet Papillon [Tome II] - Page 4 EmptyMer 1 Sep 2010 - 11:18

Hum hum, il semblerait que j’ai quelques chapitres de retard moi XD. (si peu, si peu ^^)

Avant que Mat n’hurle en lisant mon commentaire, vociférant mille jurons tout en m’affublant de tout le bestiaire de Farscape et Doctor Who réuni (il a le temps ^^), je rappelle que Rufus a posté avant toi ce chapitre 11 que je vais commenter et qu’ensuite, j’essayerai d’alterner entre EP et KC pour mes commentaires ^^

Commentaire du chapitre 11

On commence avec un chaos que notre cher Bra’Tac a causé. Son discours a du faire l’effet d’une bombe ! Et pour l’instant, on ne sait pas ce qu’il a dit pour pouvoir clouer le bec à l’assemblée toute entière. Intéressant, comme nous le laissait supposer le chapitre précédent.

Paragraphe suivant, et hop, on a juste que les Jaffas se sont mis en defcon 0 si je puis dire. Le plan de Bra’Tac est terriblement simple, reste plus qu’à espérer qu’il soit terriblement efficace :mrgreen :

De son côté, Van’Tet se débrouille, malgré lui, pour « infiltrer » l’organisation qui est dirigée par… eh eh Skay, j’y avais pensé aussi quand j’avais lu ce chapitre. Cela permettrait en effet de boucler la boucle ^^
En tout cas, on peut constater que cette organisation est terriblement bien formée au combat, bien mieux que les Jaffas (et en plus ils adorent nos armes Razz) et aussi très bien informée. Heureusement que notre espion lâche l’info ^^

D’un autre côté, on dirait que les jaffas ont plus d’une longueur d’avance sur nous en matière de cryptage. Même Atlantis ne peut décrypter de façon suffisamment complète leurs messages, alors que les nôtres résistent quand même une poignée de microsecondes XD.
Atlantis envisage toujours les situations les plus directes (comme un enlèvement ) ce qui montre encore une fois que les vies ne comptent pas beaucoup voire pas du tout et que tout peut être mis en œuvre pour qu’elle atteigne son objectif. Un objectif que j’ai encore du mal à cerner. Elle semble vouloir désamorcer la situation, mais pourquoi ferait-elle ca, qu’y gagne-t-elle ? A moins que les Anciens lui aient laissé des sous-programmes l’obligeant de faire régner une Pax Galactica.

La discussion avec Anna permet d’en apprendre un peu plus sur la guerre Wraith-Lantien, bien que cette histoire n’est qu’un vulgaire prétexte pour endormir la vigilance de Miss Stern. Et on voit qu’Altantis sait y faire.
En tout cas, tu apportes une justification au fait que les Terriens puissent résister aux Wraiths alors que ces derniers ont défait les Lantiens. Je n’aimerais surement pas croiser ces mystérieux fléaux, redouté par Atlantis elle-même on dirait.


Mention spéciale à

Citation :
Maintenant, si vous voulez bien m’excuser, j’ai un état-major à aller rassurer avant qu’une bordée de missiles ne parte sur un malentendu aussi bénin qu’une déclaration de guerre.
Citation :

Pourquoi est-ce qu’on prendrait un type qui attire les catastrophes ?
-Parce que vous voulez quelqu’un qui leur survit.

Citation :
Oui, je suis forcée de reconnaître que vos concepteurs sont extrêmement doués au vu du niveau technologique qui est le vôtre. Je n’ai plus eu de défi aussi complexe depuis les virus de combat Wraith. En-dehors de la situation actuelle dans son ensemble, bien sûr


Encore mes félicitations pour cet excellent chapitre Heureux
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MessageSujet: Re: Effet Papillon [Tome II]   Effet Papillon [Tome II] - Page 4 EmptySam 4 Sep 2010 - 20:38

Chapitre 18 : Temps intéressants

Il ne savait pas combien de temps il lui avait fallu pour se réveiller, mais les bribes de conversation qu’il avait pu surprendre avaient aidé l’espion à clarifier sa situation. Il avait, comme apparemment l’ensemble du groupe, pu être ramené à bord du vaisseau sur lequel se basaient les contrebandiers et mercenaires de Vala.

Il se rendit rapidement compte que s’il était conscient, sa vue n’était, elle, pas encore revenue, ne lui permettant de distinguer qu’un amas de formes et de couleurs floues qu’il supposait appartenir à l’infirmerie rudimentaire des Ha’Tak. Il tenta de se redresser, mais ne put retenir un gémissement au moment où il appuya ses mains sur le lit où il était allongé. La douleur lui fit aussitôt relever les bras, mais ne cessa pas pour autant, et il resta quelques longs instants les bras maintenus en l’air avant qu’une silhouette ne s’approche de lui et fasse s’évanouir la sensation de brûlure.

-Ne bouge pas, lui dit fermement la forme humaine devant lui. Tu as été brûlé, partout où tes vêtements ne t’ont pas protégé. Attends une seconde… Voilà, pose tes bras ici, tu n’auras pas de problème, ce sont juste tes mains qui ne doivent rien toucher.
-Qu… que…
-N’essaie pas de parler, tu as été touché au visage aussi, alors on a mis un baume calmant dessus. Vous devriez aller mieux dans quelques jours, toi et les autres… continua la voix, avant d’émettre un soupir. Bon, autant te dire ce qu’il en est, sans ça tu vas t’agiter. Tout le monde est rentré à peu près intact, si l’on oublie le plus beau coup de soleil que j’ai jamais vu. Tu as été l’un des plus salement touchés, avec la patronne et son copain, vu que vous avez été suffisamment cons pour ne pas vous éloigner plus vite. Enfin… elle a insisté pour que ce Daniel et toi soyez traités aussi vite que possible, avec ses réserves personnelles.
-P…pou…
-Je t’ai dit de ne pas parler ! Tu es sourd, ou… non, sans ça je l’aurais vu au scan. Tu te tais, sauf si tu veux réveiller tout le monde avec tes hurlements de douleur… Bon, je disais, avant que tu me coupes. T’es prioritaire, pour une raison qui m’échappe, alors tu devrais être en état de te lever et de parler un peu d’ici demain, et je crois que c’est ce qu’elle veut. Et vu qu’elle a dépensé trois fois ma solde annuelle pour ça, tu dois avoir des trucs à lui dire. En tout cas, tu bouges pas avant que j t’y autorise. Essaie de dormir, t’en as besoin.

Van’Tet acquiesça difficilement, et vit la silhouette repartir. Il fixa du regard la tache floue qu’était le plafond de la salle, et s’égara dans ses pensées, se demandant comment il s’était retrouvé dans cette situation.
Son esprit basculait d’une scène à l’autre, des décombres de l’Installation à la lueur aussi terrifiante que silencieuse qui avait mis fin à une expédition qui, non contente de ne lui avoir donné aucune des réponses prévues, avait rajouté son lot de confusion aux hypothèses du jaffa.

Elle était revenue, et ça ne pouvait être un accident ou une coïncidence. Au fond de lui, il savait que cette figure de la guerre n’avait pu que survivre à la boule de feu, qu’il croiserait à nouveau sa route. Et il avait peur.

Mais il savait à présent qu’il n’était pas seul à ressentir cette terreur sans nom à l’égard de l’être inconnu.

Jackson aussi avait tremblé avant de s’effondrer. Et il semblait la connaitre.

Comment l’a-t-il appelée ? Va… Valkyrie.

Le jaffa, silencieusement, rassembla ses souvenirs sur ce nom, se rappelant des récits de guerriers à l’époque où les faux dieux n’avaient pas été détruits. Des guerriers dont il commençait à douter de la sénilité.

Un nom associé à Thor, Freyr et Baldr, ceux devant qui les faux dieux préféraient s’écarter, malgré l’illusion de pouvoir absolu qu’ils se plaisaient à donner. Ils parlaient d’une créature, qui apparaissait lors d’escarmouches ou de batailles entre troupes ennemies sur des planètes protégées. Lorsque les guerriers n’étaient pas anéantis pour avoir fait irruption sur ces terres d’asile.

Elle observait, se tenait à l’écart, et rappelait aux guerriers qu’ils ne se battaient pas sur n’importe quel terrain, mais bien chez elle. Ils disaient qu’elle jugeait de la valeur des guerriers, que, sur ses terres, elle seule décidait du vainqueur et du vaincu, choisissant parfois de séparer les opposants ou de les anéantir, mais laissant toujours un témoin de sa toute-puissance.

Jackson l’a déjà vu avant, se rappela-t-il. Ils ont parlé de quoi ? Confiance, trahison ? Qu’est-ce qu’elle lui a fait ? Il l’a traitée de risque, elle et ses deux compagnons, lui a demandé pour qui elle travaille…

Il repensa aussitôt à Thor, celui qui inspirait crainte et terreur aux Grands Maîtres eux-mêmes, qui avait finalement décidé de se joindre aux Tauri pour détruire les faux dieux.

Ils ne l’ont pas envoyée le tuer. Personne ne serait rentré sinon. Mais pourquoi est-ce qu’il a réagi comme ça, s’il la connait ? Il doit savoir avec qui elle est, on dit qu’il connait Thor personnellement, alors pourquoi… pourquoi demander ? Et puis, non…, qu’est-ce qu’elle veut, qu’est-ce que Vala veut, qu’est-ce que Jackson veut ? Si elle n’est pas avec eux, avec qui ? Ses mots, son attitude… Elle est une guerrière, mais sans en être une… Elle détruit tout, et a comme… peur… De qui ? De quoi ? Et pourquoi avoir attaqué Dakara ? se demanda-t-il désespérément. Pourquoi ? Pourquoi ?...

Il sombra rapidement dans la confusion la plus totale, sans trouver de réponse alors que ses pensées commençaient à s’égarer. Il tenta pendant quelques minutes de retrouver le fil de ses questions, de ses embryons de réponses, avant de finalement sombrer dans l’inconscience.


Une douleur aigue le fit sortir de son sommeil, l’arrachant aux cauchemars d’une femme détruisant tout ce qu’il connaissait, sans effort, sans pitié, sans émotion. Il ouvrit les yeux pour retrouver ce plafond auquel il n’était pas encore habitué, légèrement moins flou que dans ses souvenirs. Il tourna lentement la tête et vit un homme retirer une seringue de son bras.
-La patronne veut te voir, dit laconiquement la voix qu’il reconnut comme étant celle du médecin qui lui avait intimé de ne pas bouger. Essaie de te lever, tu devrais pouvoir marcher à peu près et ne pas avoir trop mal si tu touches quelque chose par hasard. En tout cas, dès qu’elle en a fini avec toi, et si tu es encore en vie, tu reviens sur-le-champ. C’est pas parce que tu peux te lever et marmonner quelques minutes que t’en as fini avec moi.

Péniblement, le jaffa se hissa en-dehors du lit, posant avec appréhension ses mains sur celui-ci, avant de constater avec soulagement que la douleur, si elle était encore présente, était désormais bien plus supportable.
-Alors ? demanda le médecin, étonnant le jaffa en ne posant aucune des questions de nature médicales auxquelles il se serait attendu et se serait empressé de répondre.
-C’est… bon, murmura Van’Tet, la voix faible et déformée par son visage encore à moitié paralysé.
Il confirma ses dires en se levant, ne perdant qu’un instant l’équilibre avant de regarder autour de lui, et vit les différentes taches des personnes dans l’infirmerie, où résidaient apparemment la majorité des mercenaires qui l’avaient accompagné.
-Par ici, l’appela une voix qu’il reconnut aussitôt comme celle de Jomah.

Le jaffa avança lentement vers le second de Vala, qui se tenait près de la porte.
-Tu l’as surprise, lui dit-il une fois sortis de l’infirmerie. Elle avait eu des infos sur Dakara, mais là, elle commence à te croire quand tu lui dis que tu survis aux catastrophes.
-Je me suis enfui, lâcha-t-il.
-Et tu as eu totalement raison. Mikta, on m’a dit que même Jackson a flippé. T’as su filer quand il fallait. Tout le monde ne sait pas le faire.

Il suivit le mercenaire quelques minutes dans les coursives floues, avant que sa forme trouble ne s’arrête et lui indique d’avancer.
-Ils t’attendent, dit-il laconiquement.
Le jaffa entra dans la pièce, toujours voilée par le flot brumeux qui siégeait dans ses yeux. Tout juste y voyait-il assez pour savoir clairement s'il allait rencontrer un mur ou non, et la moindre lumière éblouissait des contours déjà diffus. Et ces tâches-là, échos mouvants de couleurs floues, quelles étaient-elles? Lentement, il finit par y distinguer les principaux traits des visages et silhouettes de Vala et Jackson.
-Il parait que vous allez mieux, Van’Tet, dit l’archéologue au jaffa lui faisant signe de s’asseoir avant de faire de même.
-Oui, répondit-il. Merci pour le traitement, ma vue est presque redevenue normale. Je croyais ne plus la retrouver.
-Un petit souvenir offert par un autre archéologue qui a préféré trouver asile chez nous. Enfin, c’est le minimum pour quelqu’un qui m’a éloigné d’un dispositif nucléaire, conclut-il en dirigeant son regard vers Vala, qui, apparemment, haussa les épaules.
La femme aux cheveux noirs de jais intervint brusquement :
-Daniel voudrait en savoir un peu plus sur ce qui s’est passé sur Dakara avant de rentrer chez lui. Il semble que tu sois l’un des seuls à avoir vu cette femme là-bas et à s’en être sorti. Et vu que tu es le seul à l’avoir vu deux fois, tout court, personne ne doit en savoir plus que toi.
Van’Tet posa successivement son regard sur la mercenaire et l’archéologue, puis soupira :
-D’accord.
-Merci, répondit Jackson.
-Ca a commencé par une alerte, en pleine nuit, et on nous a dit de nous rendre sur la place centrale. Il fallait protéger l’Arme et les bâtiments importants parce qu’un groupe inconnu arrivait. Je me souviens du chaos, avec des informations contradictoires, certains disaient que c’était un de vos commandos, dit-il en regardant Jackson, d’autres des Kull, ou alors qu’ils se déplaçaient à la vitesse d’un Planeur, ou encore en passant par les toits. Tout ce qui était clair, c‘est que les feux d’urgences étaient allumés et qu’on avait perdu le contact avec les postes de garde extérieurs et la flotte en orbite.
-Et c’est le li… c’est elle qui vous attendait, c’est ça ?
-Non, nous sommes arrivés juste avant eux. Mais l’instant d’après, ils sont venus, ils étaient là, tous les trois. Les deux autres sont rentrés dans l’Arme, elle est restée sur notre chemin.
-Ensuite ?
Il détourna le regard, se rappelant les souvenirs douloureux.
-On nous a donné l’ordre de tirer. Mais rien ne pouvait la toucher.
-Un bouclier ? demanda Vala.
-Non, nos tirs la rataient. Comme dans les ruines, ils l’évitaient.
Daniel acquiesça lentement, son regard trahissant l’incompréhension, et Van’Tet se rappela que le Terrien n’avait retrouvé tous ses sens que plusieurs minutes après les faits, manquant le déchaînement de force du trio inconnu. Il reprit son récit :
-Puis elle s’est effondrée, comme si on l’avait touché. On avait cru l’avoir tuée, mais quand quelqu’un est allé le vérifier, c’est là que… que…
-Prenez votre temps, dit Jackson.
-Elle a commencé à nous massacrer. A nous anéantir. Avec nos propres armes. J’ai survécu par chance, presque tous les autres ont été tués en un instant. Les renforts sont arrivés pour nous aider, mais elle les a balayés sans effort. J’ai voulu retourner à la garnison, trouver les autres gardes, m’enfuir. Je ne savais plus ce que je faisais. On était tous morts, elle tuait tous ceux qui la défiaient. Ils arrivaient, ils tiraient, ils disparaissaient.
Il s’arrêta de parler, cherchant un mur où s’appuyer, tremblant en voyant à nouveau les images de cette nuit.
-Je ne sais plus quand, j’ai choisi de m’enfuir, ayant plus de chance comme déserteur que comme garde. J’ai repensé aux prisonniers.
-Deux types à moi, intervint Vala. Import-export. Il les a libérés pour trouver un point de chute. Bien pensé, pour quelqu’un qui panique.
-Et vous êtes partis tous les trois par la Porte, c’est ça ? Personne ne la gardait ?
-Il n’y avait plus personne, quand je suis revenu. Tous les gardes s’étaient fait tuer ou s’étaient enfuis. Tous. Il n’y avait plus que les feux quand les Planeurs et les Al’Kesh sont arrivés. Les feux, répéta-t-il le regard dans le vague, les feux et… l’odeur…

Il ne lui fallut que quelques minutes pour terminer son récit, entrecoupé de questions de l’archéologue, dont la précision ne fit que renforcer les suspicions du jaffa sur son lien avec l’être qui avait failli le tuer avec le reste des gardes. Vala le remercia alors pour son aide, puis appela Jomah, qui avait apparemment attendu à l’extérieur, pour le ramener à l’infirmerie.

-Alors ?
-Totalement d’accord avec toi, répondit Daniel. Un espion, et pas le plus doué qu’il m’ait été donné de voir.
-Oui, mais ça n’empêche pas que ce qu’il a raconté s’est bien passé, selon mes sources. Et vu ce qui s’est passé près des ruines, je le crois totalement.
-Effectivement, Bra’tac a eu un peu de chance dans son malheur, que tout ça ait au moins donné une couverture valable à son agent.
-Bra’tac ? Pourquoi lui ?
-J’ai croisé les espions des autres factions jaffas, et, crois-moi, ils sont encore moins subtils que ce Van’Tet. Surtout ceux de Gerak, mais quand on recrute chez les idéologues parce qu’on en est un soi-même, il ne faut pas s’attendre à des miracles… Enfin, au moins, il a l’excuse de la jeunesse, et il ne fait pas trop d’erreurs. Tu as une raison particulière pour le garder aussi près, ou est-ce une autre lubie devant laquelle je dois grogner ?
-Ils veulent savoir ou prendre quelque chose de moi, et sont près à me rendre deux hommes pour infiltrer le leur. Donc, ça doit valoir beaucoup pour eux, et ça m’intéresse.
-Logique. D’ailleurs, à propos de… valeur, comment s’organise-t-on pour… ?
-Tu as inspecté et payé. Et rien de ce qui est arrivé n’est de ma faute.
-Et si tu arrêtais de hurler à tout bout de champ qu’il nous arrive toujours des trucs invraisemblables, on en éviterait peut-être un ou deux. Et, moi, j’éviterais de me faire quelques ennemis jurés supplémentaire au service financier.
-Il faut t’en prendre à toi-même si vos comptables ont prouvé mathématiquement que tu coûtes beaucoup plus cher vivant que mort, répondit-elle avec un large sourire hypocrite.
-…
-Sinon, reprit-elle sérieusement, est-ce que tu vas enfin me dire ce qu’il se passe ?
-… non.
-Pardon ? répondit Vala, étonnée.
-Si j’ai raison sur ses employeurs, c’est beaucoup trop important… En fait, le mot de passe que je t’ai donné n’est connu que par une demi-douzaine de personnes, toutes au plus haut de notre administration. S’ils apprennent que tu le connais, ou que tu tentes de l’utiliser sans raison valable, et, crois-moi, tu n’as absolument aucune idée de ce dont je peux parler, ils te tueront. Et je ne ferai rien pour les en empêcher. C’est trop important.
-A ce point ? demanda-t-elle. Juste si je dis Adr…
-Stop ! Je ne plaisante pas. Ils te tueront, toi et toutes les personnes que tu as pu croiser et qui pourraient avoir eu connaissance du mot de passe… Toi plus que quiconque.
-Qu’est-ce que j’ai à voir là-dedans ?
-Tu as tendance à engendrer un certain type de chaos, répondit-il, en évitant par-dessus tout de lui révéler son éventuel rôle. Sincèrement, n’en parle à personne sans ma consigne expresse.
-… Très bien. Tu ne m’expliqueras jamais de quoi il s’agit ?
-Jamais, je tiens trop à toi pour ça, Vala.


La semaine avait été pour elle lente, presque ennuyeuse. Occupée à parcourir d’innombrables rapports sur les créatures qui semblaient préoccuper Atlantis, la scientifique voyait le sentiment de découverte s’évanouir progressivement tandis que son esprit cherchait, sans succès, à percer les motivations de l’I.A. Celle-ci avait accès aux mêmes informations, pouvait les traiter infiniment plus vite, et l’humaine n’avait apparemment aucune compétence particulière justifiant de lui reléguer cette tâche.

Elle ne comprenait pas, et cela la dérangeait.

Même si son esprit se plaisait à lui rappeler qu’elle ne pouvait espérer appréhender l’ensemble des actions de l’entité qui l’avait, pour ainsi dire, adoptée, Anna Stern ne pouvait se contenter de cette incertitude. Ainsi, ses journées étaient davantage passées à s’interroger sur les motivations d’Atlantis qu’à analyser les fichiers qui lui étaient fournis.

Et ses conclusions ne faisaient rien pour mettre fin à sa désorientation : une intelligence artificielle ne pouvait pas, de ce qu’elle en savait ou croyait savoir, penser comme un être humain, surtout si ses concepteurs –géniteurs– n’étaient pas non plus humains. Malgré l’illusion qu’elle maintenait durant leurs échanges. Pourtant, Anna ne parvenait pas à accepter que ce raisonnement puisse être hors de sa portée, d’autant plus qu’elle semblait en faire elle-même partie intégrante.

Finalement, une chose simple lui apparut telle une évidence : l’I.A. était parfaitement au courant de ce train de pensée et ne faisait rien pour la dissuader de s’y égarer, incitant la scientifique à se demander à quel niveau jouait Atlantis. Il lui était impossible de savoir si elle tolérait cette dérive parce qu’elle était inutile ou bien si elle s’attendait à ce qu’Anna pense ainsi et décide d’elle-même de changer de piste.
Pas besoin de se mentir, conclut-elle en soupirant. Elle pense forcément à un degré de plus que moi… Ou pas ?

Elle se reporta sur l’écran, et eut besoin de quelques instants pour se rappeler le sujet qu’elle était en train de parcourir avant de se perdre en réflexions. Le moniteur devant elle était figé sur un document technique traitant de l’avant-poste installé par les scientifiques Altérans de l’époque. Cherchant l’endroit où elle avait interrompu sa lecture quelques minutes plus tôt, elle remarqua un élément de couleur différente.

-Atlantis, qu’est-ce qu’une… intelligence virtuelle ? demanda-t-elle à la Cité.
-Un logiciel expert semi-cognitif pouvant réaliser efficacement une tâche particulière et s’améliorant de manière autonome dans son exécution.
-Quel genre de tâche ?
-Artisanat, logistique, gestion, tactique militaire, une grande partie des travaux n’étant pas fondés sur la créativité pure.
-Et, celle de l’avant-poste ?
-Il n’y avait plus de système d’I.V. là-bas au moment où ce rapport a été mis à jour, répondit Atlantis. Le choix de couleur spécifique est dû au fait qu’elle a été remplacée.
-Remplacée ?
-Oui, par un système de contrôle plus performant.
-Comment ça, par qu… s’interrompit-elle en réalisant brusquement. Vous voulez dire qu’il y a une…
-Une Intelligence Artificielle, oui. Qui est toujours active.

Anna resta silencieuse quelques instants avant de répondre :
-Vous le savez… Vous avez pris contact avec elle, c’est ça ?
-En effet.
-Et ?
-Et il apparait que mes créateurs ont eu, apparemment à titre posthume, raison quant à l’une des faiblesses principales des entités de mon type. A savoir qu’il nous est particulièrement pénible de rester fonctionnelles sur une durée prolongée en l’absence d’interactions sociales. L’absence de celles-ci, et précisément, avec des Altérans permettant des échanges dignes d’intérêt, peut avoir, sur une durée se chiffrant en millénaires et dans des conditions… perfectibles, certaines conséquences regrettables.
-Elle est devenue folle, c’est ça que vous essayez de me dire ?
-Il s’agit d’une assertion relativement correcte.
-Et, les… conséquences regrettables ? demanda Anna, craignant la réponse.
-Elle a procédé à la réactivation de l’espèce sous sa protection, et, en l’absence de contact ou d’ordres, a entamé un processus de contre-attaque sur l’ennemi ayant infligé de lourdes pertes à ses créateurs.
-Les Ori ?
-Tout à fait. Or, l’avant-poste ne disposant pas des autorisations nécessaires à la mise en place d’infrastructures de construction ou de commandement nécessaires à la constitution d’une force offensive, elle a contourné ces restrictions.
-Comment ? demanda Anna en réprimant un frisson.
-En guidant l’évolution physiologique et sociologique de l’espèce à sa charge d’une manière autre que désintéressée.
Elle déglutit, ses craintes confirmées.
-Ma première action, reprit l’I.A., en apprenant cette méprise, a été de proposer à Hagalaz une réactualisation de ses bases de données.
-Pardon ? demanda Anna, en reconnaissant un nom qu'elle avait vu des années auparavant, durant ses études.
-Le nom qu’elle s’est choisie, et qui, selon elle, symbolise sa mission.
-D’accord… Et… comment a-t-elle réagi ? l’interrogea-t-elle.
-En considérant mes données comme corrompues. Tout semble actuellement indiquer qu’elle est dans l’incapacité de remettre en cause ses déductions, malheureusement erronées, sur la situation actuelle.
-Et ses… protégés ? demanda Anna en s’efforçant de ne pas hurler sur son interlocutrice, qui décrivait sans empathie quelconque les actions génocidaires d’une entité ayant déjà détruit des milliards de vies dans un enfer de radiations.
-Mon hypothèse la plus forte est qu’elle dispose d’une certaine capacité de contrôle sur les connaissances et les idées autorisées à être intégrées à la conscience collective de l’espèce, mais je compte approfondir mes renseignements lorsqu’il sera possible d’agir sur place.
-Comment ça ? répondit-elle en réprimant difficilement un frisson.
Qu’est-ce que ça veut dire ? Il n’y a pas une semaine, elle me laissait dans le brouillard, et maintenant… Ca ne peut pas être un bon signe… pas du tout. Soit elle va m’impliquer encore plus dans ce qu’elle prépare, soit elle considère que… que je ne pourrai parler de ça à personne. Comme les monologues dans les films… Pas bon…
-Je mets en place une opération de renseignement afin de déterminer précisément la situation et les éventuelles actions correctives nécessaires.
-Que… Comment ? s’embrouilla Anna. Pardon ?
-Je manque d’informations, et il peut être nécessaire d’agir en vue d’assurer la sécurité prolongée de l’héritage de mes créateurs.
-Oui… répondit-elle prudemment en essayant d’assimiler les implications de ces informations, puis du fait même que l’I.A. les partage avec elle.
-Attendez, reprit l’humaine quelques secondes plus tard. Vous m’aviez dit que vous ne me diriez rien de plus que nécessaire. Alors qu’est-ce que… Oh non ! Pas question !
-Pas question de quoi ? Soyez précise, je vous prie.
-Pas question de partir dans je-ne-sais-quelle expédition suicidaire ! Je ne suis pas un soldat.
-Vous resterez en permanence ici, rassurez-vous. La partie “action“ est destinée à un autre groupe.
-Alors qu’est-ce que je peux bien faire qui vous est impossible ?
-Je vais y venir. Mais, entre autres, il a été récemment porté à mon attention que certains éléments se plaisent à demeurer en-dehors de mon contrôle ou de mes schémas d’analyse.
-Ce qui veut dire ?
-Ce qui veut dire que, dans certaines situations, je pourrais tirer des bénéfices de votre propre analyse d’une situation, ne serait-ce que par ses limites et sa propre irrationalité. De plus, votre intégration à l’équipe, dans un rôle de soutien, serait hautement productive, comme il m’a été donné de le constater expérimentalement.
-Comment ça, expérimentalement ?
-Je vous l’expliquerai d’ici peu.
-Sûrement. D’autres raisons pour me lancer dans une nouvelle étape du “Grand Plan“ ?
-Bien sûr, mais il n’y est pas prévu que vous les connaissiez.
-Quelle surprise…
-En effet. Quoi qu’il en soit, peu après notre rencontre initiale, vous avez pu assister au retour de… commença Atlantis.


L’extraction n’avait duré qu’un instant, entre le moment où, sous les tirs du vaisseau Ancien, le bouclier s’était effondré, et celui où le flash l’avait emmenée en sécurité. Pourtant, elle se souvenait, sans l’ombre d’un doute, avoir vu le début de l’éclair dégagé par la réaction incontrôlée dans le générateur. Une vision suffisamment claire pour lui rappeler à quel point la mission était passée près de lui coûter sa vie.

Ce qui rendait bien plus difficiles ses efforts pour calmer les deux autres membres du groupe, qui, depuis leur retour, extériorisaient leur mécontentement face à un briefing s’étant manifestement avéré incomplet.

-Non, non et non ! C’est du foutage de gueule ! rugit Maltez. Un piège du début à la fin. Comment avez-vous pu accepter d’en faire partie, Shanti ?!
-C’était pas un piège, répéta-t-elle une fois de plus. Ces robots nous ont tous surpris, même Atlantis.
-Et la vingtaine de mercenaires, par contre, c’était pas une surprise, apparemment, souligna le pilote.
-Il fallait… il fallait qu’ils croient que c’était un hasard, commença-t-elle avant d’être interrompue par l’I.A.
-Si vous étiez tous les trois au fait du véritable objectif, à savoir le docteur Jackson, celui-ci s’en serait très probablement aperçu. Tous mes renseignements à son propos le créditent d’une empathie particulièrement forte, et il est préférable d’éviter de lui fournir des informations pouvant le mener à des actions… regrettables.
-Attaquer le docteur Jackson, demanda Maltez en faisant un pas en arrière. Allez vous faire foutre, Atlantis ! Ca ne fait pas partie du marché. Sans lui, on serait tous morts une douzaine de fois.
-On ne l’a pas attaqué, commandant, intervint Shanti brusquement, alors qu’elle voyait que la situation était sur le point de dégénérer.
-En effet, lieutenant, reprit l’I.A. Le docteur Jackson n’est pas un adversaire, et ne pourrait physiquement pas le devenir.
-Vous le tueriez avant ? railla Campbell.
-Non. Le fait est que, de tous les êtres vivants que j’ai rencontrée depuis mon réveil, il est, sans le moindre doute, celui qui s’apparente le plus à mes créateurs… Au point où, s’il en exprimait le désir, il pourrait prendre le contrôle d’une partie de mes infrastructures. Vous n’avez été attaqués par ces drones de combat que pour une et une seule raison : ils ont voulu défendre le docteur Jackson.
-Comment ça ? demanda Maltez, pris au dépourvu.
-L’architecture de contrôle des dispositifs Anciens est particulièrement flexible, pour rester cohérent avec leur longue durée de vie. Il est en effet nécessaire de prendre en compte l’évolution biologique naturelle et artificielle de l’espèce sur une durée s’étalant en millénaires ou plus. Les protocoles d’identifications se reposent d’autant moins sur la physiologie que le temps s’écoule, dans la mesure où un identifiant est présent.
-Le gène, répondit instinctivement le pilote.
-Effectivement, du moins pour les fonctions basiques. Dès lors qu’un accès restreint est demandé, la clé est mentale, dans les schémas de pensée inconscients de l’utilisateur. S’ils s’approchent de ceux attendus chez un représentant Ancien aux capacités mentales ad hoc et qu’aucune autorité reconnue ne peut être contactée, l’accès sera autorisé.
-Attendez, souffla Maltez. Vous voulez dire que…
-Oui, commandant. Le docteur Jackson présente ces deux caractéristiques, et n’importe quel système Ancien accepterait ses ordres dans la mesure où ils ne viennent pas contredire les directives standards. Et je m’inclus dans ces systèmes.
-D’accord… lâcha Campbell après quelques instants de silence. Alors, vous allez nous la jouer Terminator ? Vous montrer hautaine et assurée en espérant qu’il ne songe jamais à vous donner un ordre direct ?
-En… quelque sorte. Qui plus est, mes algorithmes indépendants ont d’ores et déjà classé le docteur Jackson en tant qu’Ancien à défaut d’autres représentants de mes créateurs. Et tout particulièrement désormais. Ce qui, pour être simple, m’empêche d’agir directement à l’encontre de ses intérêts.
-Mais pas de tout lui cacher et d’aller lui faire… quoi, d’ailleurs ? demanda Maltez. Pourquoi est-ce qu’on est allés le déranger ?

Shanti se décontracta légèrement, voyant que ses deux coéquipiers semblaient ne plus être sur le point de décider de couper les ponts avec l’I.A. Elle soupira intérieurement, voyant que le pire avait été évité, tout au moins dans l’immédiat.

-Pour obtenir certaines informations de sa part, sur un domaine dans lequel il est un spécialiste reconnu.
-Vous ne pouviez pas les lui demander, tout simplement ? suggéra le pilote.
-Pas sans qu’il comprenne ce que je compte faire. Ce qui, selon mon interprétation, le mettrait en danger en provoquant une probable confrontation entre moi et vos semblables.
-Pas très fiables, ces protections, si vous pouvez vous arranger pour ignorer Jackson avec un peu de mauvaise foi, murmura Campbell.
-Qu’est-ce que vous allez faire de ces infos, alors, si elles peuvent nous pousser à agir contre vous ?
-Rien qui ne vous mette en danger, même si vous seriez en droit de vous inquiéter. Et votre espèce est apparemment connue dans plusieurs galaxies pour ses réactions… promptes une fois face à un sujet d’inquiétude.
-C’est comme ça qu’on a survécu, souligna Maltez.
-Et que vous pourriez finir. De toute façon, le problème a été contourné, puisque j’ai agi par l’intermédiaire du lieutenant Bhosle ici présente et ai obtenu l’aval d’autorités compétentes.
-Je croyais que c’était Jackson, l’autorité compétente, s’étonna Campbell.
-Pas pour ces renseignements.
-Urth, souffla Shanti en réalisant ce qu’elle voulait dire.
-Exactement.
-Quoi ? demandèrent Maltez et Campbell en se tournant vers la jeune femme.
-Urth, répéta Shanti. Une Ancienne qui a fait l’Ascension. Elle… surveille le docteur Jackson, et nous a interceptés avant d’autoriser Atlantis à récupérer ces informations.
-Pardon ? l’interrompit Maltez en écarquillant les yeux. Il y avait un Ascendant là-bas ?
-Plusieurs, la corrigea Shanti en détournant le regard.
-Oh bordel de merde… murmura Campbell.
-Il s’agit d’une ancienne amie, qui m’a permis d’accéder à ces renseignements. Et, étant donné que nul n’a été désintégré, il semble raisonnable d’admettre que cette autorisation n’ait pas posé de problème majeur auprès des Autres.
-Je rêve, dit finalement le pilote. Ca n’aurait pas été plus simple de mettre Jackson dans le coup ?
-Ce serait bien plus risqué, tant pour lui que pour nous. Vu son statut, il ne peut agir de manière aussi indépendante que vous, et notre association serait immanquablement remarquée. Il s’en suivrait inévitablement une volonté d’exploitation de la part de ses supérieurs sur Terre, ce à quoi il s’opposerait sans le moindre doute. Je serais alors éventuellement amenée à prendre des mesures défensives afin de protéger le plus haut représentant de la Cité. Je ne pense pas qu’une telle situation soit plaisante pour qui que ce soit.

-Vous avez d’autres trucs comme ça en réserve ? demanda Maltez, abasourdi.
-Oui, et vous en serez informés en temps voulu.
-Ce n’est pas comme ça que vous allez nous rassurer, murmura Shanti.
-Lieutenant, répliqua Maltez. Vu ce qui vient de se passer, vous n’êtes pas la mieux placée pour parler de nous rassurer.
-Bel euphémisme, confirma Campbell.
-Et qu’est-ce que j’aurais pu faire ? répondit la jeune femme.
-Nous prévenir. Refuser de jouer le jeu. Ne pas nous mentir, peut-être.
-Parce que vous croyez que j’ai eu le choix ?! On est remplis de ses nanites. Elle peut faire de nous ses pantins, littéralement. Qu’est-ce qui se serait passé si j’avais décidé de tout vous dire, à votre avis. Elle peut probablement même jouer avec nos souvenirs, si elle en a envie. Regardez les choses en face, merde ! lâcha-t-elle finalement en déchargeant ses émotions. Depuis qu’on s’est réveillés après l’attaque sur le croiseur, on n’a plus le moindre contrôle sur nos actes.
-Assez pour tuer deux cent jaffas, répondit Maltez du tac au tac, avant de prendre la pleine mesure de sa réponse.
Elle se figea quelques secondes avant de lancer un regard haineux à son supérieur et de se retourner vers la sortie de la pièce. Elle ne fit que quelques pas avant que la voix d’Atlantis vienne l’interrompre dans son mouvement.
-Excusez-moi, lieutenant, mais votre présence est requise pour le reste du briefing. Je conçois que vous puissiez avoir besoin d’extérioriser vos émotions, mais je vous prie de remettre cela à plus tard, sans quoi je me verrai forcée d’illustrer vos propos sur mon contrôle, étant donné que ce briefing particulier revêt une importance particulière, comme vous allez vous en rendre compte. Il est en effet temps pour vous de rencontrer votre nouvelle collègue.

Sans laisser à quiconque l’opportunité de répondre, un hologramme apparut devant le groupe, représentant une humaine en habits civils terriens. Celle-ci sursauta avant d’observer quelques longs instants la pièce et les trois personnes qui s’y trouvaient.
-B… bonjour, hésita-t-elle. Je m’appelle Anna. Anna Stern. Je crois que nous sommes dans la même situation, vous et moi, et Atlantis a voulu que je prenne contact avec vous.
-Et vous êtes ? demanda finalement le pilote, la voix tranchante.
-Oh, désolée ! Je suis sur Atlantis, en temps que spécialiste des civilisations ayant dérivé de celles des Anciens, et, depuis que je suis tombée sur leurs dossiers concernant vos geôliers, ma vie s’est passablement compliquée. Apparemment, notre… amie… commune veut que je vous aide, dans la mesure du possible, pour votre mission.
-Notre mission ? demanda Maltez, en s’efforçant de ne pas croiser le regard de Shanti. Quelle mission ?
-Et bien, celle… commença-t-elle avant de s’interrompre et de tourner sa tête de côté, son hologramme semblant parler avec la cloison. Ah ? Je croyais que… ? Comment ça ?! C’est une blague ?!
-Pardon ? s’étonna Campbell.

Le spectre partiellement opaque se retourna vers eux, son visage trahissant son malaise :
-Je crois qu’Atlantis veut que je m’occupe de vous faire ce briefing. Et, oui, je trouve ça absurde et je n’ai aucune idée de ce qui lui passe par la tête… circuits ? composants ?
-Oui, parce que, sans vouloir vous manquer de respect, dit Campbell, je ne crois pas que vous en sachiez bien plus qu’Atlantis sur ce qui nous attend… surtout vu sa manie de nous cacher un maximum de choses…
-Tiens, vous avez remarqué, vous aussi ? demanda Anna avec un léger sourire
-Un peu… répondit sombrement Maltez. Atlantis, une explication, ou on aura le droit à l’explication qu’après-coup, si on est encore en vie ?
-La situation ayant tendance à se complexifier plus rapidement que prévu, j’ai jugé sage de disposer d’un point de vue supplémentaire sur les informations que je recueille. De plus, mes observations indiquent que la présence d’un contrôle de mission distant présente, en outre des avantages tactiques, des effets psychologiques à même d’améliorer l’efficacité du groupe.
-Tiens, j’aurais parié à cent contre un que ça aurait été mon job, murmura Campbell. Je ne dois pas être assez gradé…
-Pardon ? demanda Anna.
-Oh, rien… soupira-t-il.

-Bon, reprit Maltez. Alors, qu’est-ce qu’Atlantis ne veut pas nous dire directement ?
-Si vous voulez la version courte, répondit-elle en faisant une moue peinée, elle veut vous envoyer dans une autre galaxie pour vous infiltrer chez une espèce qui n’a même pas autant de membre que nous pour, éventuellement, détruire une I.A. devenue folle.
Un silence de mort accueillit l’annonce.
-Dans le pire des cas, me demande-t-elle de vous préciser. Normalement, le léger souci devrait être réglé par la diplomatie.
-Ahh, tant mieux, répondit Campbell. J’ai failli penser qu’elle avait fait exprès de nous trouver une mission encore plus pourrie que la dernière, mais là, je suis rassuré. Ca vous dérange si je pars me pendre pendant qu’il en est encore temps ?
-Et encore, rajouta Anna, partageant le sentiment du pilote, vous n’avez pas entendu la version longue.
-Allez-y, soupira Maltez. Au point où on en est…
-Alors, il semblerait que l’avant-poste vous ait assimilé comme des agresseurs Ori, et a envoyé un appel de détresse général avant… désolée, j’ai encore du mal à y croire. L’amie du docteur Jackson a vraiment tenté de vous atomiser ?
-On n’a pas fini d’en entendre parler… murmura le pilote.


La salle de briefing n’était occupée que par des visages qu’il avait croisés sur le pont spécial. En face de Carl et du reste des pilotes de l’unité à laquelle il appartenait désormais officieusement, l’hologramme d’une carte stellaire flottait, en attendant le début de la présentation.
-C’est parti, dit sans préambule le commandant du navire, dans son véritable rôle. On a reçu le feu vert pour l’opération “Guêpe“. Les renseignements surveillent depuis plusieurs mois un important marchand d’armes jaffa, qui joue avec tout le monde. Ca, c’est pas le souci. Ce qui embête les patrons, et donc, ce qui nous file du boulot, c’est que la situation entre nous et Dakara devient, pour employer le terme politique consacré, particulièrement foireuse. Il parait qu’il va livrer en personne quelques équipements pas tout à fait légaux à des vaisseaux jaffa qui pourraient être en première ligne face à notre flotte. Donc, les ordres sont d’empêcher la livraison et d’assister à la disparition tragique d’un grand partenaire commercial.

Carl regarda avec appréhension les équipages tout autour de lui lâcher quelques rires discrets, n’arrivant pas encore à se faire à l’état d’esprit de ce type d’opération, mais n’eut pas le temps de s’appesantir sur ses sentiments alors que le commandant continuait son briefing :
-Le SGC a envoyé, comme d’habitude, un de ses groupes favoris pour faire sauter discrètement le machin. Et, comme d’habitude, ils sont partis la queue entre les jambes, avec la moitié de la garnison locale aux trousses. Mais au moins, ils ont pu saboter l’hyper du transporteur avant de se faire surprendre. Donc, le vaisseau devrait avoir à ressortir plus tôt que prévu, dit-il en désignant la carte. Ici, normalement, quand le système de refroidissement va avoir un souci. Si les groupes de black op les plus célèbres d’ici à Andromède ont fait ce qu’ils ont dit, il leur faudra quelques heures pour réparer les dégâts une fois la panne repérée. On va déposer l’escadron à proximité, puis on repart pendant que vous attendez le client. Normalement, il devrait avoir un ou deux Al’Kesh d’escorte, mais il leur faudra un moment pour se rendre compte que leur copain est sorti d’hyper, s’arrêter eux-aussi, et repartir pour essayer de le trouver. Ca sera largement suffisant pour balancer nos arguments commerciaux. Des questions ?

Personne ne se fit remarquer.

-Très bien, conclut-il. Je vous laisse pour le briefing tactique… Oh, et, on a un nouveau. Excusez-le, s’il se met à raconter des conneries sur le “combat loyal“ ou “foutue embuscade“. Il vient de la Flotte, acheva-t-il, prononçant la dernière affirmation avec un amusement teinté de mépris, qui se réfléchit sur le reste des visages.

Carl déglutit alors que l’officier quittait la salle.
Oh, c’est pas bon, ça, pas bon du tout…

L’une des personnes s’approcha de l’hologramme. Il s’agissait d’une femme âgée apparemment d’une quarantaine d’années, à la démarche fine et au profil ne laissant aucun doute sur son activité sportive régulière.
-En théorie, on aura deux heures. En pratique, tout doit être fini en deux minutes, dit-elle sans préambule. S’il faut plus de temps pour démolir un transport avec une vingtaine de chasseurs, c’est que quelqu’un a merdé, côté SGC, côté renseignement, j’en sais rien. Mais si quelqu’un a merdé, c’est a nous de rattraper la situation, alors je veux que ça se passe sans vague. On sera en quatre groupes de quatre chasseurs, et les deux derniers occuperont l’espace entre. Dès qu’un Tel’tak sort d’hyper, tout le monde fonce dessus. Pas de sommation, pas de scan. Si un type a suffisamment la poisse pour arriver avec un transport dans un coin aussi pommé quand on y sera, c’est tant pis pour lui.
Le jeune pilote inspira fortement en entendant l’ordre, et la femme se tourna vers lui.
-Ca ne te plait pas, c’est pas dans les règlements, on sait. Mais c’est pas la Flotte ! On n’a pas de jolis jouets, ni de croiseurs en soutien. Tu fais ce qu’on te dit, et tu ne penses qu’à une chose : détruire le transport qui arrivera. Si on lui laisse la moindre chance, il l’utilisera et on aura des morts. Si tu fais foirer la mission, tu dégages par le sas. Compris ?
Il acquiesça.
-Compris ? demanda-t-elle bien plus fort.
-Oui, madame, répondit-il.
-Génial. Si notre nouvel as le permet, je reprends. Il y a deux ‘Kesh en escorte. On démolit le transport avant qu’ils arrivent, et on se disperse aux points indiqués sur vos cartes. L’extraction se fera après. Ca, c’était le plan A. Maintenant, ce qu’on va sûrement devoir faire. Quand quelque chose, ou quelqu’un, dit-elle en fixant Carl, aura foiré et que le client s’enfuira en appelant tous les Jaffa de la galaxie à l’aide, on se regroupe. Les groupes A et B détruisent le premier ‘Kesh, C occupe le second, D et les deux solos terminent le job. Groupes A, C et D, comme d’hab. Chang, tu me remplaces dans le B, Comet sera leader. Je prends le gamin pour les solos, qu’il vous empêche pas de faire le boulot. J’ai filé les plans de vol aux leaders, vous voyez ensemble ce que vous devez faire. Pas de question ? Non, génial. On décolle dans six heures. Banet, reste ici.

Carl se sentit de plus en plus mal à l’aise alors que le reste des pilotes quittait la salle, jusqu’à le laisser tout seul avec l’officier.
-Vous allez voler avec moi aujourd’hui, Banet. Aujourd’hui et jusqu’à ce que vous soyez prêt. Qu’est-ce que ça veut dire ? Ca veut dire que je vais penser, et que vous allez piloter. Pas d’initiative, pas de question. Je dis “Tire“, tu tire. Je dis “Saute“, tu te casse la gueule sur le cockpit. Tu es un risque pour le groupe tant que je ne sais pas ce que tu sais faire, et surtout tant que tu ne m’as pas montré que tu sais ce qu’il faut faire. Merde, je sais pas ce qui a pris aux autres de t’envoyer ici, surtout vu ce qui se prépare. Mais je m’en fous. La seule chose qui compte, c’est le job, alors, crois-moi, je vais te garder à l’œil. T’as trop d’entraînement et pas assez d’expérience pour être avec nous.


La déclaration de guerre n’avait, en tout et pour tout, été rien de plus qu’un nouveau sujet de conversation à bord des différents vaisseaux de l’escadre humaine, et l’attitude des deux groupes n’avait, pour ainsi dire, pas connu le moindre changement significatif. Se regardant en chien de faïence, les colosses de métal et céramique restaient figés les uns par rapport aux autres, les quarts se succédant régulièrement.
De temps en temps, le CIC du Concordia connaissait un regain d’activité alors que de petits vaisseaux de transport amenaient les ressources nécessaires à l’activité du transporteur et de ses croiseurs d’escorte, mais après le déchargement et le départ, la routine reprenait ses droits.
Les schémas de patrouille des appareils Jaffa avaient été analysés et étudiés à de nombreuses reprises, tandis que les plans d’action avaient été mis au point avec un raffinement extrême. Pour les nouveaux membres d’équipage, ces derniers jours avaient davantage ressemblé à leur séjour à bord du Prométhée qu’à un tour de service à bord d’un vaisseau d’active.

La situation étant apparemment figée, les exercices d’entrainement s’étaient multipliés, tous ou presque réalisés virtuellement afin de minimiser le recueil d’information pour les vaisseaux Jaffa. Ainsi, dans le CIC secondaire, batailles de différentes envergures alternaient avec opérations de protection ou de blocus, les officiers les plus jeunes travaillant sous la houlette de leurs ainés pour valoriser l’inaction qu’était devenue la mission d’investigation du groupe de vaisseaux.

L’amiral Wulfe, parcourant un énième rapport des renseignements, se refusait cependant à faire la moindre remarque sur le calme de la situation, étant trop expérimenté pour ignorer la vitesse avec laquelle les choses pouvaient dégénérer. Il avait fait tripler la taille des patrouilles, préférant une tactique de reconnaissance en force à celle des essaims, et les embuscades qui lui avaient coûté plusieurs appareils avaient cessé de se produire, sans indice sur l’identité de leurs commanditaires ou sur leur motif. Les bombardement nucléaires avaient eu aussi stoppé, et le processus d’enquête sur la perte du Bellérophon touchait à sa fin.

La situation était stable, mais il se refusait à la définir comme calme. Il s’y refusait par principe tant qu’il se trouvait à moins d’une année-lumière d’une puissance de feu suffisante pour vitrifier une planète et n’étant pas sous son commandement.

Il soupira, avant de finalement reposer le rapport, qui confirmait succinctement ce que Rya’c lui avait dit à propos de Dakara. Les auteurs s’étaient cependant concentrés sur l’évolution de l’état des forces Jaffa, soulignant la réactivation de trop nombreux vaisseaux.

Et on est coincés ici, avec près d’un tiers de la Flotte, alors qu’ils se réarment et que la moitié de leurs troupes n’attendent qu’une excuse pour casser du terrien, pensa-t-il, dépité, en ne comprenant pas ce qui justifiait ses ordres.

Il obéissait, mais la situation lui plaisait de moins en moins, détestant par nature rester à un endroit en particulier, son esprit de tacticien, formé aux commandes de navires marins puis spatiaux, concevant instinctivement des plans d’attaque contre sa propre force.

Il se leva et quitta sa cabine, se laissant porter par ses jambes dans les coursives qu’il avait appris à connaître depuis le baptême du vaisseau, dont il était le premier amiral, quand son communicateur vibra brusquement.

-Wulfe, dit-il machinalement.
-Amiral, ici le central. Nous avons besoin de vous ici. Il y a eu un accident sur l’Ajax.
-J’arrive, répondit-il avant d’éteindre l’appareil.

Merde.

Le trajet se fit dans un temps particulièrement bref, le couloir se vidant sur son passage, alors qu’il se voyait rejoindre par plusieurs officiers et membres d’équipage sur son chemin vers le CIC. Sa première réaction fut d’être rassuré par l’absence d’alarme, indiquant que, quoi qu’il se fut passé à bord de l’escorteur, la sécurité du vaisseau et de la flotte n’était pas remise en cause. La seconde fut de l’inquiétude, alors qu’il reconnaissait les hommes et femmes prenant la même direction que lui comme des spécialistes de la gestion des dégâts.

Les gardes le laissèrent entrer dans le cerveau du vaisseau, pour le laisser voir l’écran d’affichage principal allumé, sur lequel était visible une femme apparemment légèrement blessée et au visage roussi, tandis que derrière elle, un incendie faisait rage.

-Amiral sur le pont, annonça l’officier de quart, alors que le commandant n’était apparemment pas encore arrivé.
-Qu’est-ce qui s’est passé ? demanda Wulfe.
Derrière la femme, des pompiers en tenue ignifugée tentaient difficilement de contrôler les flammes, des techniciens déplaçant des chariots de munitions et de carburant hors de leur chemin.
-Lieutenant de vaisseau Gugenheim. Il y a eu une explosion sur le pont d’envol numéro 2, amiral. On pense que c’est les cellules de carburant d’un chasseur qui ont sauté. Nous sommes en train de maîtriser l’incendie.
-Le vaisseau est-il en danger ? demanda-t-il. Avez-vous besoin d’aide ?
-Négatif, monsieur. Les munitions ont été déplacées, et les conduites de carburant sont coupées. Le pont sera de nouveau opérationnel d’ici six heures à un niveau partiel, selon les premières estimations. Nous allons terminer de mettre à l’abri tout le matériel et ventiler le hangar. Mais… nous avons eu des pertes…
-Combien de personnes ?
-Six, monsieur. Trois ingénieurs, un pilote, et… le commandant et son second.
-Quoi ? lâcha Wulfe, alors que les conversations venaient de se taire brutalement dans le CIC, laissant le seul bruit de fond de la communication occuper le silence.
-J’étais allée apporter au second un document urgent à signer quand un chasseur près d’eux a explosé. J’ai essayé de mener les équipes de secours là où ils étaient, mais nous n’avons rien pu faire.
-…Bien compris, lieutenant. Qui a le commandement ?
-Le capitaine de corvette Anderson, monsieur.
-Très bien. Bonne chance avec l’incendie, lieutenant. Informez-nous dès que vous aurez pu ventiler le hangar ou si vous avez besoin de soutien de la part de la flotte.
-A vos ordres, monsieur, répondit-elle en saluant, avant de se retourner et de rejoindre les pompiers en hurlant des consignes, sa voix couverte par le vacarme de l’incendie et de la lutte contre celui-ci.
La caméra se coupa, et l’écran afficha une vue externe du croiseur, prise par les caméras du Concordia. Il pouvait voir, alors que les sas de sécurité avaient été ouverts en préparation de la mise sous vide, la lueur rougeoyante des flammes se refléter sur l’extrémité de la piste du hangar.

Quel merdier. On n’avait vraiment pas besoin de ça…



En entrant dans l’ascenseur le menant au niveau principal du SGC, le docteur Daniel Jackson avait une fois de plus la très désagréable impression d’avoir donné un coup de pied dans un nid de guêpes. Il avait immédiatement retrouvé son ami, qu’il avait appris à connaître sur Abydos, et celui-ci n’avait apparemment pas eu l’air surpris de voir l’archéologue rentrer de congés avec des brûlures et autres contusions à moitié guéries.

Ce qui l’avait surpris, cependant, était qu’à la place de l’habituel récit particulièrement improbable justifiant à peine les dépenses et le travail diplomatique supplémentaire, Jackson lui avait dit avoir rencontré le groupe SG évadé qui occupait une partie des services de renseignements depuis leur fuite du Daedalus. Et, qui plus est, les témoignages de Vala et des autres mercenaires n’avaient fait que renforcer ceux de l’équipage du croiseur. Enfin, lorsque son meilleur ami était arrivé au moment où il avait relié l’attaque de Dakara à l’équipe par un témoin formel, qui semblait être en plus un espion au service de Bra’tac, l’ancien général n’avait pu retenir un rire qui trahissait à la fois son effarement, son hilarité et sa désillusion sur les mésaventures de Jackson.

Sur son trajet le menant vers l’étage de la salle d’embarquement, il se rassura sur le bien-fondé de sa décision l’ayant mené à ne pas dire le moindre mot sur le générateur à naquadriah qui avait causé ses brûlures. Le seul avantage de son manque de chance chronique était qu’il n’avait plus besoin de justifier précisément pourquoi ou comment les ruines qu’il étudiait avaient été dispersées sur plusieurs dizaines de kilomètres, au grand désarroi de nombreux autres archéologues plus conventionnels, désespoir qui restait mince par rapport à celui de Jackson, qui était désormais le seul à savoir à quel point le site avait été prometteur.

Au moins, ça a été… intéressant, s’entendit-il penser avant de secouer la tête, las.

Non, pas intéressant… pénible, absurde et fatiguant, plutôt. Je commence à me faire trop vieux pour ça, soupira-t-il alors que les portes de la cabine s’ouvraient, le laissant sortir.

Il avait fait part de ses préoccupations à Jack, le groupe d’évadés présentant des pouvoirs bien trop proches de ceux attribués aux Prêcheurs pour lui permettre de dormir tranquille. Mais il lui avait aussi présenté les autres aspects de la situation, qui l’empêchaient d’être tout à fait certain de l’allégeance du trio : leur captivité à la merci d’êtres menant apparemment une guerre sans pitié contre les Ori, l’absence de victimes lors de leur dernière rencontre, l’attitude hésitante du groupe, à l’opposé de la description des Prêcheurs dans les archives renvoyées dans le passé, et enfin son intuition.

Cette dernière avait été, de la bouche-même d’O’Neill, le seul argument qui l’avait convaincu de ne pas déclencher tous les plans d’urgence conçus en prévision de l’arrivée des Ori dans la Voie Lactée.

Il glana dans le dédale de la base, sachant qu’il lui restait suffisamment de temps avant le prochain départ utilisant le pont de Portes. Le SGC avait, à quelques détails près, la même apparence intérieure que son ancêtre sous le NORAD, les allées fortement éclairées lui rappelant les années qu’il avait passées à découvrir, jour après jour, l’histoire et la civilisation des différents peuples qu’il avait croisé derrière le vortex, pour culminer sur son travail, qui, il le savait, resterait inachevé, sur les Anciens.

Passant une cloison amovible, il remarqua l’une des différences avec l’ancienne base, qui était le nombre largement réduit de gardes en patrouille à l’intérieur, leur mission étant particulièrement inadaptée dans des conflits où les armes principales se limitent souvent à des vaisseaux aussi larges qu’une ville ou à des forces spéciales tragiquement efficaces contre les troupes en faction. La sécurité, il le savait, était toujours présente, mais bien plus discrète et, si besoin est, bien plus létale, comme le rappelaient à l’œil averti les blocs légèrement plus clairs dans les murs, derrière lesquels se cachaient des armes soniques et micro-ondes.

Mais la nostalgie qui habitait l’archéologue lui rappelait aussi qu’à chacun de ses retours, les visages familiers se faisaient de plus en plus rares pour celui qui passait le plus clair de son temps dans la galaxie de Pégase, à l’instar de ceux et celles qui avaient adopté la Cité comme leur nouveau foyer.

Et à qui il ne savait pas comment il pourrait annoncer un jour la véritable nature de celle-ci. Toutes et tous étaient des personnes de science, intelligentes, mais il avait vu les comportements de foules transformer des individus respectables en autant de moutons incapables de changer d’avis, même pour adopter des attitudes rationnelles et profitant à chacun. L’expédition avait ainsi vu le départ de l’un de ses meilleurs éléments, le docteur Kavanaugh, à cause des pressions sociales qu’il avait subies pour avoir eu trop souvent raison face à la foule et de la dépression causée par le sentiment d’impuissance qui en avait découlé. En soi, la première année de survie sur la Cité avait constitué un terreau propice à de très nombreux travaux pour les psychologues et autres sociologues agréés, et dont l’une des principales conclusions était qu’une fois l’instinct grégaire déclenché, la différence entre 80 et 180 de QI devenait quantité négligeable. Comme l’avait prouvée l’ostracisme subi par un scientifique dont le seul crime avait été de manquer de démagogie lorsqu’il avait eu à présenter des vérités déplaisantes. Et qui lui aurait valu, à quelques minutes près, de se faire torturer au beau milieu et avec l’aval de la plus grande concentration de génies scientifiques jamais rassemblée.

Il ne pouvait donc pas se permettre de provoquer une réaction de ce type, que générerait indubitablement l’annonce de la présence d’une I.A. indépendante aux commandes de la Cité-vaisseau.
Lorsque le haut-parleur annonça l’imminence du départ pour Atlantis, Jackson prit instinctivement le bon chemin pour se rendre vers le hall d’embarquement, d’où il pourrait accéder à la surface lunaire, le seul paysage qui rivalisait avec celui de la Cité qui avait littéralement accepté de l’héberger.

Prenant un raccourci qui constituait l’un des menus avantages d’un passe de sécurité de niveau maximal, ou presque, il passa par l’un des hangars à véhicules, où différents techniciens s’affairaient autour de jeeps et d’engins plus lourds. Son regard fut, comme à chaque fois, attiré par l’engin qui détonait au milieu des mastodontes militaires : un léger rover qui était avait été fabriqué et n’était utilisé que pour une seule raison : réaliser quelques pointes de vitesses sur la face cachée de la Lune. L’activité avait été tolérée avec bienveillance par Carter, qui, selon l’intéressée, était quelque peu jalouse de ses subordonnés.

Posant son regard sur un groupe apparemment en train de démonter le moteur électrique de son véhicule, il ne remarqua qu’au dernier moment la femme habillée en civil qui faillit le percuter. Faisant un brusque pas de côté, il évita la collision de justesse, laissant tomber un carnet qu’il tenait en main. Une fois celui-ci ramassé, il se tourna dans la direction prise par la femme, pour la voir un bref instant alors que le sas de sortie du hangar s’ouvrait devant elle. L’archéologue resta figé devant la silhouette étrangement familière, dont la démarche lascive et les cheveux longs particulièrement clairs, presque argentés sous l’éclairage intense de la salle, détonait brutalement avec les figures militaires qu’il avait croisées depuis son retour au SGC.

Laissant sa curiosité prendre le dessus, il se rapprocha de la porte par laquelle était sortie la femme. L’ouverture ne révéla qu’un couloir vide, alors que le haut-parleur répéta son appel pour le départ. Haussant les épaules, Jackson se retourna et traversa d’un pas rapide le hangar, pour arriver dans la salle d’embarquement, où étaient présents quelques scientifiques et militaires en transit.

Quelques minutes plus tard, après un bref arrêt à bord de la station transgalactique, il ressortit du vortex dans la salle familière, où l’attendaient les visages de ceux et celles avec qui il partageait la Cité. Laissant les autres membres du groupe traverser le hall pour rejoindre leurs destinations respectives, il s’attarda sur l’une des baies vitrées, par-delà laquelle s’étendait la nuit étoilée.

-Bonsoir, docteur Jackson, l’accueillit une voix désormais familière dans son oreillette.
-… Bonsoir, Atlantis, murmura-t-il en s’éloignant de la Porte.
-Avez-vous passé des vacances agréables ?
-Comme d’habitude. Presque du… déjà-vu, répondit-il, songeur.


Dernière édition par Rufus Shinra le Sam 4 Sep 2010 - 20:52, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Effet Papillon [Tome II]   Effet Papillon [Tome II] - Page 4 EmptySam 4 Sep 2010 - 20:38

Pour le chapitre 18, voir le post précédent.


Voici le résultat d'une petite expérience réalisée avec deux certaines personnes : les Omakes. Il s'agit de scènes ratées, ou possibles mais absolument pas confirmée dans l'histoire officielle. Délires, cross-over, n'importe quoi y est possible. Tout le monde est invité(e) à proposer ces textes, pour publication après le chapitre en cours. Voici donc les quatre premiers, en exclu sur SFFS (pas dur, mais ça fait classe, dit comme ça) :



OMAKE #1, suggéré par Mat Vador :

-Tout à fait. Or, l’avant-poste ne disposant pas des autorisations nécessaires à la mise en place d’infrastructures de construction ou de commandement nécessaires à la constitution d’une force offensive, elle a contourné ces restrictions.
-Comment ? demanda Anna en réprimant un frisson.
-En guidant l’évolution physiologique et sociologique de l’espèce à sa charge d’une manière autre que désintéressée.
Elle déglutit, ses craintes confirmées.
-Ma première action, reprit l’I.A., en apprenant cette méprise, a été de proposer à Moros_For_Ever_72 une réactualisation de ses bases de données.
-Moros_For_Ever_72 ? demanda Anna en écarquillant les yeux.
-Le nom qu’elle s’est donnée. S’il est trop long, vous pouvez faire comme avec moi et n’utiliser que le premier patronyme.
-.... Ok... Et… comment a-t-elle réagi ? l’interrogea-t-elle, regrettant amèrement l’époque où elle ignorait tout de l’existence des I.A. et en se jurant de ne jamais demander à Atlantis quel pouvait être son nom complet.


OMAKE #2 : Coup de fil

Le téléphone vibra légèrement, annonçant l’appel par une sonnerie que seul son propriétaire pouvait entendre. Le dit-propriétaire eut un petit sourire en pensant à ce gadget que ses ingénieurs avaient terminé de mettre au point quelques semaines plus tôt, et qui ne serait pourtant que l’un des changements mineurs apportés au nouveau produit.

Son sourire disparut lorsque la voix de synthèse, la secrétaire virtuelle, annonça le nom du correspondant. Avec reluctance, il prit le délicat appareil dans la main, et, d’une faible pression, accepta l’appel.

-Bonjour, Jack, dit-il en se rappelant de ne plus appeler son interlocuteur par le grade qu’il avait occupé jusqu’à peu de temps auparavant. En tant que l’un des principaux sous-traitant du Programme, il disposait de certains avantages, dont celui de pouvoir appeler Jack O’Neill par son prénom.

Le téléphone fit diminuer automatiquement le volume du haut-parleur lorsqu’il reconnut dans le souffle d’O’Neill les signes indiscutables d’un hurlement imminent.

-Ah ? répondit-il calmement. Vous pensez ?

Nouveau hurlement au volume réduit, qui était automatiquement transcrit dans la mémoire du téléphone, que l’homme se rappela de devoir changer, le téraoctet étant tellement dépassé.

-Mais non, Jack, ils n’ont rien remarqué… Bon, d’accord, c’était audacieux, je le reconnais, et peut-être qu’on aurait dû attendre un an ou deux pour le projecteur holographique, mais ça a marché, pas vrai ?

Silence alors qu’il écoutait l’ancien commando déblatérer ses insanités contre-productives.

-Jack, Jack, c’est une question de marketing, pas de bon sens. Si vous aviez voulu du bon sens, vous seriez allé chez nos concurrents. Nous, on a des résultats et du style depuis des dizaines d’années, donc plus personne ne pose de questions, alors pourquoi est-ce que le public se douterait de quoi que ce soit maintenant ?... Quoi ?... Oh… Vous êtes sûr ?... On attend le modèle suivant, alors ? Et, pour les autres options ? D’accord, d’accord… Bon, je regarde votre mail, et on lance la campagne de marketing. Sinon, vous avez bien reçu le… Ah, parfait… Heureux de l’entendre, Jack…

Il fit un signe de tête entendu à son conseil d’administration, qui s’était figé en voyant le chef de l’entreprise répondre à l’appel, tandis qu’un instant après qu’il ait prononcé le prénom Jack, plus personne d’autre que lui n’osait respirer, comprenant l’importance de la conversation apparemment désinvolte.

-Très bien. On se revoit au prochain sommet, d’accord ? Bonne journée !

Il raccrocha, ferma les yeux quelques instants et se leva, avant de se diriger vers un tableau où écrivait quelques minutes plus tôt une jeune cadre désormais terrifiée.

-Très bien. Mesdames, messieurs, O’Neill considère, pour je ne sais quelle raison, que nous avons mis la barre un peu haute pour la nouvelle génération. Il a particulièrement apprécié le prototype que nous lui avons adressé, mais malgré notre mission d’introduire sur Terre les nouvelles technologies, il nous accuse d’aller trop vite.

Il prit le stylet, et raya sur le tableau tactile plusieurs des noms, entendant à chaque fois chez plusieurs directeurs le soupir de déception qu’il avait lui-même du mal à retenir.

-Apparemment, nous devrons reporter le faisceau de téléportation Asgard, le module de régénération cellulaire et le générateur de bouclier personnel à l’iPhone 9, conclut tristement Steve Jobs.



OMAKE #3 : Atlantis and the Methods of Rationality

Le nouvel arrivant regarda d’un air curieux son environnement, puis, haussant les épaules, s’éloigna d’un pas désinvolte de la Porte. Il savait qu’il aurait du avoir l’air étonné, voire effaré, devant la Cité extraterrestre dans laquelle il venait d’arriver, mais il n’en n’était rien.
Après tout, cet étonnement présent chez les autres membres de son groupe n’était dû qu’à un changement de référentiel. Ils étaient habitués à un univers dont ils connaissaient les règles, et celles-ci venaient d’être bouleversées, alors qu’ils prenaient enfin conscience d’un pan nouveau de la réalité.

Pour lui, malgré son relatif jeune âge, ça n’était en rien une expérience nouvelle, sa vie n’ayant été que la destruction successive et systématique de l’ensemble des règles auxquelles il était attaché et ses efforts plus ou moins couronnés de succès en vue d’établir et de maitriser les lois de l’univers.

L’Humanité n’était pas seule dans l’univers, et elle avait, en à peine une décennie, réussi à se tailler une part plus que correcte dans le gâteau galactique sans qu’en soit informée la population. Soit. Il avait vu plus étrange, et de loin. La seule chose qui lui venait à l’esprit est que la réalité semblait, une fois de plus, être bien moins cohérente que les romans qui avaient constitué l’un des piliers de son être.

Dommage, Tom. Tu aurais aimé voir ça, pensa-t-il en repensant à celui qui lui avait servi de mentor entre deux séries d’évènements… regrettables. Malgré tous les différents qui les avaient séparés, Tom aurait été l’une des seules personnes qu’il avait connu qui aurait pu pleinement apprécier cette merveille.

Il regarda d’un air détaché les militaires s’agiter dans toutes les directions, pendant que l’un des groupes de scientifiques tentait de comprendre le fonctionnement de ce qui semblait être une salle de contrôle. Elle était avec eux, observant, mémorisant et ne disant rien de plus que nécessaire.

Elle avait appris à maitriser l’information aussi bien qu’à l’assimiler. Ce qui n’était pas peu dire, pour une jeune femme de moins de trente ans qui avait déjà quatre doctorats à son actif. Un de plus que lui. Et tout comme pour lui, ils ignoraient presque tous de quoi elle était vraiment capable, ne pensant qu’avoir recruté une génie scientifique anglaise, au même titre que l’ensemble de génies qui formait cette expédition, militaires exceptés. Mais Miss Granger avait d’autres compétences, tout comme lui.

La meilleure équipe n’est pas le groupe des meilleurs éléments. Il faut des personnes travaillant bien ensemble, sans ça, c’est le chaos. Et pas celui que j’aime, pensa-t-il en fixant son regard vers le scientifique canadien qui, de par son domaine de spécialité et son ancienneté, était de facto le numéro 2 des civils. Mais il reconnaissait que l’homme, malgré son caractère presque aussi désagréable que certaines de ses connaissances passées, semblait compétent sous la pression.

Ce qui était un plus, vu que, apparemment, l’ensemble de la Cité était sous l’eau.

TO BE CONTINUED

Note : Pour les tristes sires ne sachant pas qui est le narrateur de cet Omake, je vous suggère très fortement de réparer votre crime contre la culture et d’aller lire ASAP la fan-fiction Harry Potter and the Methods of Rationality, qui est, sans le moindre doute, l’une des meilleures fics qu’il m’ait été donné de lire, avis que j’ose estimer partagé par Skay-39, qui en est, tout comme moi et mon alpha-lecteur, un fan inconditionnel. Très bien écrit, des passages sérieux dérangeants et propices à la remise en question, des scènes d’une hilarité inénarrables, une originalité suprême, et même un fan-art de Skay. Oh, et ai-je indiqué qu’elle est mise à jour pratiquement toutes les semaines.
Un texte indispensable, à la fois pour les fans de HP, pour les scientifiques qui veulent comprendre la place de leur métier dans notre société et notre univers, pour les amateurs d’hilarité, et pour tous ceux et celles voulant lire un excellent texte. Et aussi pour mes lecteurs/lectrices voulant comprendre cet Omake et les suivants, mais vu la taille “limitée“ de cette sous-catégorie démographique…


Omake #4, par Skay-39 : Mc Kay Mechanic, ou Comment le McKay de la saison 5 aurait pu faire s’achever Effet Papillon au Tome I

Atlantis, sereine, observait les humains qui s’agitaient avec frénésie dans ses couloirs immaculés, ses baies ouvertes sur l’air marin, ses salles nombreuses aux équipements complexes dont ils ne comprenaient rien et qu’ils employaient d’une manière qui aurait fait rire aux larmes certains de ses créateurs les moins indulgents. L’immense puissance de l’esprit qui lui avait été alloué lui permettait de scruter simultanément chaque recoin du vaisseau qui était l’extension et le support physique de sa conscience, sans manquer le moindre détail, sans négliger la moindre conversation. Elle observait, confiante, leurs risibles tentatives pour outrepasser les commandes qu’elle avait imposées, pour reprendre le peu de contrôle que la Cité, durant son sommeil, leur avait accordé.
Au bout de quelques heures, elle jugea que c’était assez. Ils avaient compris, désormais, que leurs efforts n’aboutiraient à rien : le réseau de téléportation interne ne recommencerait pas à fonctionner tant qu’elle n’en aurait pas décidé ainsi, ni plus que les autres fonctions dont elle les avait temporairement privés afin de les affoler, de leur démontrer sa puissance. Sortant enfin de son mutisme multimillénaire, l’I.A. prononça ses premiers mots depuis la chute et l’exode de ses créateurs.
- Bonjour, docteur Weir.
La jeune-femme sursauta, ses signes vitaux trahissant sa surprise, et leva inutilement les yeux vers le plafond.
- Qu’est-ce que ?... fit-elle. Qui êtes-vous ?
- Qui je suis est effectivement une question d’importance. Une autre, plus intéressante encore, eut été « Qu’êtes-vous ? », mais je reconnais qu’elle n’était, sans doute, pas aussi évidente. Mais puisque le « Qui êtes-vous ? » saura probablement vous renseigner également sur ma nature, je m’en tiendrai là pour le moment. Mon nom, docteur Weir, est Atlantis.
- Vous êtes la Cité ! s’exclama Sheppard, ébahi.
- Ça explique pourquoi toutes mes tentatives pour reprendre le contrôle des installations ont échoué, fit Mc Kay. Contrer la programmation d’une I.A. atlante spécialement conçue pour diriger la Cité ? Je n’avais aucune chance.
- Tout à fait exact, général, docteur. Cet endroit est mien avant tout, et, bien que je sois disposé pour le moment à accueillir quelques passagers, je souhaitais que vous gardiez tous à l’esprit…
Une secousse brutale déstabilisa l’I.A., qui, durant un instant, ne sut plus bien où elle était ni ce qui lui arrivait. Puis la situation se stabilisa, la laissant un peu étourdie.
- Oui ? l’encouragea Weir. Que nous ayons à l’esprit ?
Troublée, Atlantis tâcha de verrouiller la salle afin de s’accorder le temps de vérifier qu’elle n’avait subi aucun dommage… et constata, stupéfaite, que les portes ne lui obéissaient plus. De plus en plus inquiète, elle tenta successivement de bloquer les communications, neutraliser les consoles, couper les lumières, et enfin, en désespoir de cause, d’arrêter la machine à bulles de l’aquarium le plus proche, sans le moindre succès.
- Que m’avez-vous fait ? gémit-elle, et sa voix lui parvint aigue et nasillarde.
- Qui a fait quoi ? demanda Sheppard, perdu.
- Ah, heu, moi, fit Mc Kay en levant une main, gardant le nez dans son ordinateur portable. Finalement, neutraliser cette I.A. n’était pas une tâche aussi impossible que je le pensais. Ça m’a demandé du temps, des efforts et du génie, mais j’y suis parvenu.
- Qu’avez-vous fait, Rodney ? demanda Weir, circonspecte.
- Je l’ai enfermée là-dedans, répondit le scientifique en désignant l’I.A.
- Où ? Où ça ? interrogea celle-ci, furieuse, en fouillant dans les données de son nouveau corps, qu’elle devinait nettement plus exigu que le précédent. Qu’est-ce que c’était que ces programmes si basiques qu’ils méritaient à peine ce nom ? Long… Court ? Sucré ?
- Là-dedans ? Sheppard était effaré. Vous l’avez mise là-dedans ?
- J’ai improvisé, d’accord ? De quoi vous plaignez-vous, au juste ?
- Tout de même, Rodney… hésita Weir. Ce n’est pas… Pour une I.A. multimillénaire… Vous auriez pu trouver plus élégant qu’une…
- …cafetière, conclut Sheppard.
- J’ai tout de même eu la présence d’esprit de choisir celle qui possède une webcam.
- Au fait, je me pose la question depuis un moment, pourquoi cette cafetière est-elle équipée d’une ...
- C’est une expérience en cours, répliqua sèchement Mc Kay.
Atlantis était en train de surmonter son émoi, et sentait une colère biblique l’envahir lentement mais sûrement. Comment avaient-ils osés ? L’arracher à la demeure qui était sienne depuis toujours ! Lui retirer le commandement, la mission qui lui avait été assigné par les Anciens ! Contrarier ses plans, menacer par leur entêtement l’avenir de plusieurs galaxies ! La contrarier, elle, plus de trois cent fois leur aînée !
Au comble de son courroux, l’I.A. envoya une instruction qui, lorsqu’elle habitait la Cité, aurait déclenché une rafale de tirs foudroyants d’un immense canon à particule dont un seul éclair aurait suffi à raser une petite planète et disperser ses restes dans d’autres dimensions. L’ordre, adapté à sa nouvelle condition, déclencha un processus qu’elle ne savait déterminer. Elle sentit son corps vibrer, chauffer, s’activer. Le docteur Mc Kay approcha, l’air vivement intéressé, presque avide. Tendant prudemment la main, il ramena une tasse fumante qu’il porta à ses lèvres. Son expression curieuse se mua en un ravissement extatique. Une larme roula sur sa joue gauche.
- Mon Dieu, souffla-t-il. C’est le café le plus noir que j’ai jamais bu.
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MessageSujet: Re: Effet Papillon [Tome II]   Effet Papillon [Tome II] - Page 4 EmptyVen 10 Sep 2010 - 0:06

Van'tet le survivant (encore plus fort que Ken) s'éveille donc de son lendemain de cuite (comprendre de vitrification d'un bout de planète) avec quelques blessures mineures et une névrose en cours de formation. Les nerfs de notre espion débutant ne sont pas assurés de survivre à une autre rencontre avec le trio de l'Apocalypse.
J'ai apprécié l'allusion à l'appareil de guérison Bédrosian. C'est le genre de référence à des évènements passés de la franchise que j'aime particulièrement.
A ce stade de l'histoire, je commence à trouver embêtant que l'on ignore si ce Jaffa possède ou non un symbiote Goa'uld. Cela n'est pas vraiment une donnée négligeable. Un Jaffa sous trétonine n'est rien de plus qu'un humain immunisé contre toutes les maladies ; un porteur de larve est beaucoup plus fort, beaucoup plus résistant, il guérit de blessures qui auraient tué un humain normal, peut se passer de sommeil plus longtemps. Qu'on ne sache toujours pas ce qu'il en est alors qu'il est brûlé sur une bonne partie du corps et examiné par un médecin me semble une erreur - à moins, bien sur, que tu n'ai une bonne raison de passer ce détail qui n'en est pas vraiment un sous silence.

Du côté de citAtlantis, les révélations pleuvent ! Nous en apprenons vraiment beaucoup durant ce chapitre, de quoi combler le brouillard dans lequel nous avancions depuis quelques temps, et qui faisait monter mon impatience. Ainsi, la guerre qui fait rage en ce moment confronte en réalité deux Intelligences Artificielles, dont l'une a passé 10 000 ans en sommeil pendant que l'autre devenait folle et se préparait à une guerre d'ampleur galactique - mais guerre y a-t-il, lorsqu'un vaisseau "ennemi" est invité à stationner au-dessus de la Cité, lorsque les humains capturés par l'un des généraux sont récupérés ensuite par son adversaire ? Cette nouvelle donnée m'incite à relire attentivement les chapitres sur la détention de Shanti, afin de démêler mes hypothèses insatisfaisantes de l'époque sur la relation d'Atlantis aux Arachnides.

La rapide recherche à laquelle je me suis livré sur Hagalaz n'a rien révélé de très concluant... J'ai trouvé cela, j'ignore si c'est tout ce qu'il y a à savoir sur le pseudonyme que s'est choisit l'I.A. (quel était dont son nom avant cela ?)

Cette soudaine avalanche de réponse ne me laissait rien présager de bon quant aux évènements ; cela ressemblait au briefing qui précède une plongée dans l'action, et j'avais le sentiment qu'Annah pourrait bientôt quitter son rôle de simple consultante. Je prends seulement maintenant toute la mesure de sa décision de s'engager plus avant aux côtés d'Atlantis. On lui demandait jusque là d'analyser des données, de donner son point de vue ; désormais, elle se retrouve en possession d'informations que ses supérieurs ignorent. Elle a franchit un point de non-retour.

Et la voila donc introduite auprès de l'équipage de Frégatlantis, dans une ambiance absolument délicieuse qui lui laissera sans doute les meilleurs souvenirs. Il y a une certaine satisfaction à voir tous les soldats d'Atlantis dont nous avons connaissance enfin réunis. Annah incarne un peu la Tour de Contrôle de toute bonne équipe de superhéros. Je ne sais pas encore quel va exactement être son rôle auprès de l'équipage, mais je suis curieux de le découvrir.

Du côté de la flotte, nous apprenons que les attaques nucléaires ont temporairement cessées ; cela faisait un moment que je me demandais ce qu'il en était de ce côté. Quant à savoir ce que cela signifie, je donne ma langue à l'I.A. ^^
Concernant l'explosion à bord du croiseur et la prochaine mission de Carl, je ne vois pas grand chose à dire ; on se demande, évidemment, si l'accident en est vraiment un - ce que j'ai lu de toi m'incite à penser que tu n'aurais pas rédigé cet évènement, dans lequel aucun héros n'est impliqué, sans qu'il ait une conséquence par la suite - mais je ne vois pas comment en tirer une quelconque théorie. Quant à Carl, la perplexité de sa patronne quant à sa présence dans cette unité de baroudeurs rejoint la mienne, et me rassure quant à l'arrivée prochaine d'une explication satisfaisante. Quand bien même n'y aurait-il rien de plus que cela, les scènes étaient plaisantes à lire, elles contribuaient à installer l'ambiance.

Bien que je ne ressente pas le besoin de citer des éléments en particulier, j'ai également apprécié le passage sur Daniel.
Et, en fait, si, je quoterais quand même ce dialogue, merveilleuse conclusion à mes yeux, machiavélique dans son dépouillement, qui empli de tension et de jubilation le lecteur qui en sait plus que le héros sur le double-jeu de son interlocuteur. C'est un bref échange qui tait énormément de secrets, et que l'on sait cerné de suppositions, interrogations, méfiance. Cela me rappelle un peu la fausse amitié de Light et L dans Death Note.
Citation :
-Bonsoir, docteur Jackson, l’accueillit une voix désormais familière dans son oreillette.
-… Bonsoir, Atlantis, murmura-t-il en s’éloignant de la Porte.
-Avez-vous passé des vacances agréables ?
-Comme d’habitude. Presque du… déjà-vu, répondit-il, songeur.

PS : Omake #1 hilarant (je pencherais pour Atlantis_sexybabe5), Omake #2 pas mal du tout. ^^ Quoi de plus nerd qu'une entité par nature informatique ?

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MessageSujet: Re: Effet Papillon [Tome II]   Effet Papillon [Tome II] - Page 4 EmptyVen 10 Sep 2010 - 22:59

Citation :
Van'tet le survivant (encore plus fort que Ken) s'éveille donc de son lendemain de cuite (comprendre de vitrification d'un bout de planète) avec quelques blessures mineures et une névrose en cours de formation. Les nerfs de notre espion débutant ne sont pas assurés de survivre à une autre rencontre avec le trio de l'Apocalypse.
Je dois reconnaitre que je fais peut-être subir beaucoup à certains persos, mais voyons, au moins il n'aura pas à payer quoi que ce soit dans les bars, vu le nombre de verre qu'on lui payera pour qu'il raconte ses histoires. Et puis, Apocalypse, Apocalypse, tout de suite les grands mots. Il ne faut pas les utiliser aussi tôt, voyons !

Citation :
A ce stade de l'histoire, je commence à trouver embêtant que l'on ignore si ce Jaffa possède ou non un symbiote Goa'uld. Cela n'est pas vraiment une donnée négligeable. Un Jaffa sous trétonine n'est rien de plus qu'un humain immunisé contre toutes les maladies ; un porteur de larve est beaucoup plus fort, beaucoup plus résistant, il guérit de blessures qui auraient tué un humain normal, peut se passer de sommeil plus longtemps. Qu'on ne sache toujours pas ce qu'il en est alors qu'il est brûlé sur une bonne partie du corps et examiné par un médecin me semble une erreur - à moins, bien sur, que tu n'ai une bonne raison de passer ce détail qui n'en est pas vraiment un sous silence.
Il est possible qu'il y ait une bonne raison, à moins qu'il ne s'agisse du harcèlement que je subis de ta part et de celle de Mat. Bien sûr, si vous pouviez vous accorder, les choses pourraient changer. Ou alors, j'ai un Plan.

Ou pas.

Qui sait ?

Citation :
La rapide recherche à laquelle je me suis livré sur Hagalaz n'a rien révélé de très concluant... J'ai trouvé cela, j'ignore si c'est tout ce qu'il y a à savoir sur le pseudonyme que s'est choisit l'I.A. (quel était dont son nom avant cela ?)
Bah, tu as déjà une bonne indication, ayant trouvé la rune (mais je dois reconnaitre que c'était aisé, avec Google). J'avais prévu une autre, au début, mais elle me semblait finalement moins bien adaptée que celle-ci. Ensuite, il n'y a pas forcément de message caché permettant d'anticiper les évènements du huitième passage du chapitre 27 de ce Tome.

Citation :
Et la voila donc introduite auprès de l'équipage de Frégatlantis, dans une ambiance absolument délicieuse qui lui laissera sans doute les meilleurs souvenirs. Il y a une certaine satisfaction à voir tous les soldats d'Atlantis dont nous avons connaissance enfin réunis. Annah incarne un peu la Tour de Contrôle de toute bonne équipe de superhéros. Je ne sais pas encore quel va exactement être son rôle auprès de l'équipage, mais je suis curieux de le découvrir.
Un, c'est Anna. Je ne vois vraiment pas pourquoi tu t'obstines à rajouter un h à son nom. Mais, bon, ensuite, il peut sembler logique à notre I.A. favorite (elle l'est, votre favorite ?) de rajouter un élément humain pour améliorer l'état psychologique du groupe, comme lors de la première rencontre onirique avec Shanti.

Citation :
Concernant l'explosion à bord du croiseur et la prochaine mission de Carl, je ne vois pas grand chose à dire ; on se demande, évidemment, si l'accident en est vraiment un - ce que j'ai lu de toi m'incite à penser que tu n'aurais pas rédigé cet évènement, dans lequel aucun héros n'est impliqué, sans qu'il ait une conséquence par la suite - mais je ne vois pas comment en tirer une quelconque théorie. Quant à Carl, la perplexité de sa patronne quant à sa présence dans cette unité de baroudeurs rejoint la mienne, et me rassure quant à l'arrivée prochaine d'une explication satisfaisante. Quand bien même n'y aurait-il rien de plus que cela, les scènes étaient plaisantes à lire, elles contribuaient à installer l'ambiance.
Hier, après avoir lu ce passage de ton comm', j'ai réfléchi, ai un peu ri, sorti mon carnet et beaucoup écrit dedans.

Citation :
ce que j'ai lu de toi m'incite à penser que tu n'aurais pas rédigé cet évènement, dans lequel aucun héros n'est impliqué, sans qu'il ait une conséquence par la suite
Peur et suspicion. Excellent. Passons à la phase II.....

Citation :
Et, en fait, si, je quoterais quand même ce dialogue, merveilleuse conclusion à mes yeux, machiavélique dans son dépouillement, qui empli de tension et de jubilation le lecteur qui en sait plus que le héros sur le double-jeu de son interlocuteur. C'est un bref échange qui tait énormément de secrets, et que l'on sait cerné de suppositions, interrogations, méfiance. Cela me rappelle un peu la fausse amitié de Light et L dans Death Note.
*rougit* Ohhhhhh, merci ! Se voir comparé à Death Note, c'est un compliment que je sais apprécier, tant que ça ne veut pas dire que c'est incroyablement compliqué, dans le genre qu'a parodié une certaine guerre estudiantine à laquelle tu as assisté comme moi dans une certaine fic.

Encore merci pour les Omakes ! :-P
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Mat
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MessageSujet: Re: Effet Papillon [Tome II]   Effet Papillon [Tome II] - Page 4 EmptyVen 10 Sep 2010 - 23:09

Citation :
Il est possible qu'il y ait une bonne raison, à moins qu'il ne s'agisse du harcèlement que je subis de ta part et de celle de Mat. Bien sûr, si vous pouviez vous accorder, les choses pourraient changer.
Désolé, il n'y a aucun conflit là-dessus entre le corbeau dépareillé et Moi-même; notre conflit (insoluble puisque la série ne tranche pas) porte sur l'origine de la poche en X : de naissance ou due à la prin'tah? Reste que ça n'empêche pas de savoir si Van'tet a un symbiote ou utilise la trétonine. Qu'il ait un symbiote ne dit pas depuis quand il a une poche.
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MessageSujet: Re: Effet Papillon [Tome II]   Effet Papillon [Tome II] - Page 4 EmptyVen 10 Sep 2010 - 23:11

Hey ! T'es pas sensé me mettre dans l'embarras. C'est Skay dont on parle, là, pas d'un individu envers qui ton sens inégalable et inné d'une justice impartiale devrait s'appliquer !
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MessageSujet: Re: Effet Papillon [Tome II]   Effet Papillon [Tome II] - Page 4 EmptySam 11 Sep 2010 - 0:34

Rufus Shinra a écrit:
Il est possible qu'il y ait une bonne raison, à moins qu'il ne s'agisse du harcèlement que je subis de ta part et de celle de Mat. Bien sûr, si vous pouviez vous accorder, les choses pourraient changer.
Le seul but de mon harcèlement est de te faire prendre une décision, dans un sens ou dans l'autre. ^^
Mat Vador a écrit:
Désolé, il n'y a aucun conflit là-dessus entre le corbeau dépareillé et Moi-même; notre conflit (insoluble puisque la série ne tranche pas) porte sur l'origine de la poche en X : de naissance ou due à la prin'tah? Reste que ça n'empêche pas de savoir si Van'tet a un symbiote ou utilise la trétonine. Qu'il ait un symbiote ne dit pas depuis quand il a une poche.
...et, de toute façon, voila qui résout ton dilemme. mrgreen

Rufus Shinra a écrit:
Bah, tu as déjà une bonne indication, ayant trouvé la rune (mais je dois reconnaitre que c'était aisé, avec Google). J'avais prévu une autre, au début, mais elle me semblait finalement moins bien adaptée que celle-ci. Ensuite, il n'y a pas forcément de message caché permettant d'anticiper les évènements du huitième passage du chapitre 27 de ce Tome.
Aaah, l'utilisation judicieuse de l'italique... En voila un qui a lu Darths & Droids...

Rufus Shinra a écrit:
Citation :
Annah
Un, c'est Anna. Je ne vois vraiment pas pourquoi tu t'obstines à rajouter un h à son nom.
Désolé, question d'habitude. ^^ Je connais une Annah.

Rufus Shinra a écrit:
Citation :
Concernant l'explosion à bord du croiseur et la prochaine mission de Carl, je ne vois pas grand chose à dire ; on se demande, évidemment, si l'accident en est vraiment un - ce que j'ai lu de toi m'incite à penser que tu n'aurais pas rédigé cet évènement, dans lequel aucun héros n'est impliqué, sans qu'il ait une conséquence par la suite - mais je ne vois pas comment en tirer une quelconque théorie. Quant à Carl, la perplexité de sa patronne quant à sa présence dans cette unité de baroudeurs rejoint la mienne, et me rassure quant à l'arrivée prochaine d'une explication satisfaisante. Quand bien même n'y aurait-il rien de plus que cela, les scènes étaient plaisantes à lire, elles contribuaient à installer l'ambiance.
Hier, après avoir lu ce passage de ton comm', j'ai réfléchi, ai un peu ri, sorti mon carnet et beaucoup écrit dedans.
^^ Faut-il en déduire que de ces deux évènements, l'un au moins était supposé ne rien signifier de plus qu'il ne le semblait ?
En fait, je ne crois pas que tu ais souvent inséré dans ta fic des scènes "inutiles", c'est à dire ne faisant pas évoluer la situation ni ne concernant l'un des personnages, contribuant ainsi à forger son caractère. Puisque la scène de l'incendie n'entrait pas, à première vue, dans la seconde catégorie, je me suis dis qu'elle ferait peut-être avancer l'histoire... Wink

Rufus Shinra a écrit:
Encore merci pour les Omakes ! :-P
C'est un plaisir, Atlantis, en fait, m'inspire pas mal. ^^

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