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| Effet Papillon [Tome II] | |
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Auteur | Message |
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Rufus Shinra Roi des Petits Gris
Nombre de messages : 2455 Age : 36 Localisation : Là où s'est déroulée la dernière catastrophe en date ~ Compagnon senior de la Confrérie
| Sujet: Re: Effet Papillon [Tome II] Sam 11 Sep 2010 - 18:16 | |
| - Citation :
- Le seul but de mon harcèlement est de te faire prendre une décision, dans un sens ou dans l'autre. ^^
Hmm, bon, d'accord, je vais voir pour faire un choix à ce niveau. *cherche une pièce de monnaie* Pile, symbiote. Face, trétonine. D'accord ? *ne trouve qu'une boule de billard* Bon, ben on va faire avec..... - Citation :
- Aaah, l'utilisation judicieuse de l'italique... En voila un qui a lu Darths & Droids...
Je proteste énergiquement. Un passant pourrait penser, en te lisant, que je tiens du MJ sociopathe et manipulateur qui a un plan pour tout et qui trouve son bonheur dans la fourberie qu'il fait subit à ses personnages et à ses lecteurs. Je ne relèverai donc même pas cette accusation par un quelconque démenti, qui lui donnerait plus de valeur qu'elle n'en a. Franchement, vous me connaissez..... - Citation :
- ^^ Faut-il en déduire que de ces deux évènements, l'un au moins était supposé ne rien signifier de plus qu'il ne le semblait ?
En fait, je ne crois pas que tu ais souvent inséré dans ta fic des scènes "inutiles", c'est à dire ne faisant pas évoluer la situation ni ne concernant l'un des personnages, contribuant ainsi à forger son caractère. Puisque la scène de l'incendie n'entrait pas, à première vue, dans la seconde catégorie, je me suis dis qu'elle ferait peut-être avancer l'histoire... Wink Je ne suis pas autorisé à confirmer ou à infirmer une quelconque supposition infondée d'un lecteur persuadé que le président Clark est responsable d'évènements survenus au XXIème siècle dans Kaliam. Je ne suis après tout absolument pas quelqu'un ayant entendu parler de la technique dite du "Red Herring", qui consiste à lancer les lecteurs sur une fausse piste dont on ne parlera plus jamais après. Et je ne sais pas non plus ce qu'est le "fusil de Chekov", à savoir un détail qui prend toute son importance bien plus tard. Je ne suis en aucun cas manipulateur, et Effet Papillon se revendique comme une fic particulièrement simple et directe, dans laquelle personne, je dis bien personne n'a d'objectif caché ou ne tenterait d'agir discrètement. Atlantis : Dois-je en déduire que vous êtes passé au plan 71c/8 ? Rufus : Chuuuuuuut, je suis en train de les mener subtilement en bateau, là ! Atlantis : Oh *revoit à la baisse son estimation du potentiel cognitif humain* Bref, rassurez-vous ! L'auteur est votre ami ! Il n'y a pas de Plan ! Et je ne suis absolument pas en train de cacher l'inexistence d'un tel Plan en la revendiquant de manière foireuse pour vous faire croire qu'il y en a un alors qu'il n'y en a pas. Car, après tout, je ne vais pas prétendre savoir ce que vous pensez savoir que je sais que vous sachez que je sais. Ou pas. |
| | | Rufus Shinra Roi des Petits Gris
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| Sujet: Re: Effet Papillon [Tome II] Dim 19 Sep 2010 - 21:44 | |
| Chapitre 19 : Guerres semi-ouvertes
Pour Anna Stern, la journée s’annonçait longue. Son séjour, la veille, sur le continent, avait été l’occasion de s’essayer au rôle de manipulatrice machiavélique, pour faire de Johann, l’une de ses quelques connaissances sur la Cité, un éventuel moyen d’action que l’I.A. ne pourrait pas atteindre sans révéler son jeu. Sachant qu’elle était surveillée en permanence, elle n’avait trouvé que cette solution pour contourner les difficultés qu’Atlantis n’hésiterait pas à mettre en travers de son chemin, si un désaccord venait à naître.
Le rendez-vous avait été, selon les définitions communément acceptées, agréable. Cependant, Anna savait que ces définitions ne s’appliquaient plus lorsque l’on essayait de se préparer une police d’assurance face à une I.A. multimillénaire et agissant apparemment dans plusieurs galaxies. Ainsi, pendant qu’elle acquiesçait aux banalités et répondait sommairement au scientifique pour maintenir la conversation, son esprit était littéralement à des millions d’années-lumière, repensant au groupe d’humains qu’elle était, d’après Atlantis, sensée assister lors de leur mission délirante. Puis, par quelques questions qu’elle avait jugées correctement placées, elle s’était renseignée de manière plus poussée sur les activités de l’homme, essayant de voir comment elle pourrait l’utiliser, si elle devait un jour agir contre les volontés de la Cité. Et, à nouveau, son esprit avait dérivé, se demandant comment elle avait pu en arriver, en moins d’un mois, à envisager des plans retors pour manipuler l’une de ses connaissances proches dans son propre plan dont elle ne connaissait rien du but ou des moyens.
Au final, lorsqu’elle rentra par le réseau de téléportation reliant certains points du continent avec un terminal dans la Cité, elle était bien plus mal à l’aise que lorsqu’il lui était apparu évident que son comportement hésitant et évasif avait été perçu par Johann comme une approche sentimentale. Mais alors qu’elle pensait avoir atteint le fond, Anna se rendit compte qu’il n’en était rien, lorsqu’elle croisa le regard du docteur Jackson sortant de la salle de la Porte. L’archéologue, qu’elle avait toujours admiré et respecté en tant qu’homme de science, arborait un regard particulièrement las, dans lequel elle lut une méfiance assortie d’une mauvaise humeur que rarement affichait son visage habituellement calme et amical.
Il l’interpella alors qu’elle s’éloignait de lui : -Docteur Stern ! Est-ce que vous avez un instant ? demanda-t-il sur un ton voulant être amical. -Oui ? répondit-elle en se retournant. -Est-ce qu’il y a eu du neuf à propos de notre… amie commune ? -… Rien d’urgent, docteur. Je peux vous faire un rapport sur nos recherches pour demain matin, si vous le voulez. -Très bien, passez me voir dans mon bureau à neu… non, dix heures. Mais, à part les recherches, rien d’autre ? chuchota-t-il. Pas de, je ne sais pas, de comportement, d’attitude étrange ? -Je ne sais pas vraiment ce qui pourrait être étrange pour une I.A. Ancienne, répondit-elle tout aussi bas. Elle est toujours aussi sûre d’elle-même, presque arrogante, mais si ce qu’on imagine sur elle et ses capacités est vrai, ça peut s’expliquer. Essayez de voir avec le docteur Mc Kay, j’ai entendu dire qu’il ne s’entend pas parfaitement bien avec elle. -Tiens, répondit Jackson avec un air légèrement amusé, teinté de fatigue. Ca fait un point commun entre Atlantis et le reste d’entre nous, alors. Je verrai ça avec Rodney, merci. Bon, ce n’est pas que je veux vous chasser, mais, là, je suis sur le point de m’effondrer. -Bonne soirée, alors. -De même. A demain, conclut-il, commençant à bailler.
Marchant lentement vers le téléporteur le plus proche, l’archéologue sentit la fatigue s’emparer de ses membres, sans démontrer la moindre pitié à son égard. Il se retourna un instant, regardant Anna s’éloigner de lui et franchir la porte, et fut pris de cette même impression de déjà-vu qu’il avait ressenti dans le hangar du SGC. Il se figea, fixant du regard l’extrémité du couloir, mais sans pouvoir aligner des pensées cohérentes, et décida finalement de reprendre la route de ses quartiers.
Lorsque le flash de la cabine de téléportation s’estompa, il trébucha, ne reconnaissant pas le secteur qu’il avait indiqué comme destination. -Qu’est-ce que… ? commença-t-il en reconnaissant sa chambre. -J’ai pris la liberté de vous amener directement dans vos quartiers sans passer par le système public, annonça doucement la voix d’Atlantis, tandis que la lumière tamisée des systèmes d’éclairage semblait le diriger vers son lit, qu’il avait, par l’un des rares passe-droits qu’il s’était accordé de toute sa carrière, fait amener directement de son ancien appartement sur Terre. -Oh… répondit-il à voix basse. Merci. Sans prendre la peine de se déshabiller, il se laissa tomber sur le matelas, où il s’abandonna à un sommeil qu’il attendait depuis bien trop longtemps, tandis que l’I.A. activait un blocage des communications entrantes vers son oreillette, toujours en position.
Le lendemain matin, une légère vibration réveilla brusquement l’archéologue, qui se redressa dans son lit, obéissant aux réflexes inculqués par plus d’une décennie de danger et de vie au milieu de militaires particulièrement entrainés. Balayant du regard son environnement, il ne vit aucun signe de ce qui avait pu causer son réveil, alors que, d’un mouvement rapide, il s’assura que son arme de service était bien dans sa veste. Ce ne fut qu’à cet instant qu’il se rendit compte qu’il avait dormi dans sa tenue de jour, et il soupira. -Bonjour, docteur Jackson, dit l’I.A., le faisant sursauter et pointer son arme vers l’origine du son. -Oh, répondit-il en rangeant le pistolet. C’est vous qui m’avez réveillé, Atlantis ? -En effet. Vos signes physiologiques indiquaient une récupération optimale, et une attente supplémentaire aurait pu causer un conflit dans votre emploi du temps. -Je vois…
Les progrès effectués avaient un intérêt scientifique certain, il ne pouvait honnêtement en conclure autrement. Mais ils ne constituaient pas l’habituel retournement de situation ou révélation spectaculaire auxquels il avait été habitué pour toutes les projets un tant soit peu critiques. L’expérience lui disait de s’attendre à ce que tout projet habituellement prévu sur des années ou des décennies fournisse les résultats ou les prototypes cruciaux à la survie de la Terre au moment opportun, en dépit du bon sens. Cependant, les informations obtenues par le docteur Stern semblaient indiquer que l’I.A. manquait cruellement de données sur les bourreaux du Bellérophon, tandis que celles sur les Ori eux-mêmes étaient apparemment bloquées à un niveau d’accréditation auquel seul le plus haut responsable Ancien local pouvait avoir accès.
Une difficulté qu’il ne savait pas comment contourner, puisque, comme elle avait su le démontrer de manière spectaculaire, Atlantis était, et de très loin, hors de portée des maigres moyens informatiques terriens. Qu’elle soit ou non honnête, son refus de coopérer au niveau de ces informations mettait fin à cette piste, qu’il espérait pourtant voir clarifier sinon expliquer le comportement du groupe renégat.
Mais ce qu’il n’avait pu manquer non plus était le stress de son interlocutrice. Il avait remarqué certains tremblements subtils, tics nerveux fugaces, qui indiquaient à coup sûr qu’elle craignait quelque chose. Cela pouvait être la situation générale dans laquelle elle se trouvait, bien sûr, transportée brusquement à un niveau tout autre, mais Jackson doutait de cela. Pour le vétéran, qui avait appris l’art de la diplomatie dans des conditions tout sauf idéales et reposantes, la peur de la femme qui venait de quitter son bureau était dirigée. Vers Atlantis, il en était certain, mais quelque chose dans son regard lui faisait penser qu’il était aussi l’objet de cette crainte. Et pas uniquement de par son statut hiérarchique.
Elle sait quelque chose de plus. Mais qu’elle ne peut pas me dire. Ou ne veut pas. Et si c’est Atlantis qui l’empêche de m’en parler, raison de plus pour que je le sache… Mais je dois en être sûr. Si on se met ouvertement la Cité à dos… Non, je ne peux pas le risquer, qu’elle complote quelque chose ou pas… Comment contacter Stern sans qu’Atlantis se doute de quoi que ce soit ? se demanda-t-il en réalisant que son travail quotidien avec l’I.A. avait mis la scientifique dans une catégorie nouvelle de VIP, probablement sans qu’elle s’en rende compte.
Il allait devoir être prudent.
Le simple concept d’inconfort était encore très loin de seulement ressembler à une version largement sous-estimée du sentiment qui envahissait Anna alors qu’elle retournait dans son bureau, situé à l’extrémité de l’une des médiathèques. Le rapport qu’elle avait soumis à l’un des hommes les plus importants de la Cité n’avait contenu aucun mensonge, mais était plus loin encore de cerner les faits qui entouraient désormais sa relation avec l’I.A. Et elle n’avait aucune idée des suspicions qui pouvaient désormais peser sur sa loyauté, qu’elle-même ne pouvait pas définir avec précision et certitude.
La scientifique jouait un rôle. Face à Jackson, face à ce groupe de militaires poursuivis par le reste des forces terriennes, face à Atlantis, face au reste des habitants de la Cité, et face à elle-même. Mais au-delà des questions existentielles qui pouvaient l’assaillir et la faire douter, elle concentrait ses pensées sur le docteur Jackson. Il lui semblait différent de lorsqu’elle l’avait vu, avant ses congés, sans pour autant que cela n’apparaisse comme une conséquence directe de ce que lui avait raconté SG-22. Plus alerte, plus incisif, sans pour autant être agressif. A certains moments, elle avait eu l’impression qu’il anticipait ses mots. Il était comme désynchronisé, réagissant plus tôt qu’il ne le devrait à ses réponses, aux sujets qu’elle abordait. Pas suffisamment pour qu’elle soit sûre de ses impressions, mais assez pour causer cette impression désagréable qui ne pouvait la lâcher : elle ne pouvait pas lui mentir, il savait.
Elle se rendit compte qu’elle était arrivée, perdue dans ses pensées, à son bureau, alors qu’Atlantis s’adressait pour la première fois à elle depuis la réunion : -Le docteur Jackson semble ne pas remettre en question votre rapport, annonça-t-elle. -Comment ça ? -Vos signes physiologiques dénotent un stress élevé, que j’ai associé à votre échange récent. Je vous indique donc que, selon toute évidence, la nature complète des activités que nous menons n’est pas menacée de découverte. Ce, afin de diminuer votre niveau d’anxiété. -… Merci ? -De rien. A présent que ce contretemps a été réglé, je peux vous informer que le groupe de reconnaissance a entamé son voyage. -Ils sont partis ? -C’est exactement ce que je viens de vous annoncer. Il y a environ huit minutes de cela, leur vaisseau a quitté les limites extérieures de notre galaxie, et atteindra sa destination dans approximativement cinq journées terriennes.
L’ambiance était pour le moins tendue à bord de la frégate, où Shanti et Maltez s’évitaient mutuellement, tandis que le pilote faisait son possible pour réparer ce qui pouvait l’être. Après avoir attendu quelques heures, il se rendit là où le vaisseau lui avait indiqué pouvoir trouver la jeune femme, dans la salle d’observation extérieure qu’elle semblait favoriser pour s’isoler. Il arriva près de la porte épaisse, et s’arrêta devant le pan de coque, sans en demander l’ouverture. Se connectant mentalement sur le réseau de surveillance interne, il vit le dôme vitré où elle était assise en tailleur. Pendant quelques instants, il put assister à ce que lui annonçaient les signes vitaux de sa coéquipière, avant qu’elle ne maitrise aussitôt son léger tremblement, se figeant dans sa position. Elle tourna la tête vers la minuscule caméra, adressant un regard neutre à Campbell, dans lequel il lut un sentiment de détresse, avant que ne se coupe le dispositif d’observation.
C’est pas gagné… pensa-t-il avant d’ouvrir l’accès.
La lueur du tunnel hyperspatial était présente partout où son regard pouvait se poser, illuminant de son bleu profond l’extérieur du navire, tandis qu’il marchait lentement et en silence sur le matériau transparent, presque aussi résistant lui-même que la coque. Le vaisseau dans lequel il se trouvait avançait à une vitesse encore largement supérieure à ce qu’avaient pu atteindre les Asgard, avant leur mise en stase, et la baie lui donnait l’impression de marcher dans ce couloir éphémère qui insultait les frêles limitations de l’espace conventionnel. Mais son attention n’était pas portée sur le décor, détail sans importance qu’il ne remarquait plus après plusieurs années passées au sein du Programme.
Au contraire, il ne voyait que la jeune femme devant lui, dont le regard semblait le percer, tout en trahissant la peur et l’insécurité, qui avaient rapidement pris le pas sur la colère. Il était lui-même encore déstabilisé, ne sachant pas comment absorber le fait que la plus jeune membre du groupe avait accepté de prendre part à une opération qui impliquait de mentir, ne serait-ce que par omission, à ses coéquipiers. Sa formation, son expérience, tout lui disait que, au sein d’une équipe SG, la confiance mutuelle était la plus grande qualité qui pouvait être. Au contraire des autres types d’unités déployées depuis le SGC, ces groupes étaient d’un effectif extrêmement réduit, et souvent affectés à des missions dont les répercussions n’étaient pas que militaires. Ces quatuors étaient perçus, tout autant que pouvait l’être un vaisseau de la flotte, comme les représentants de la Terre, et une simple sortie de reconnaissance pouvait rapidement déborder en mission diplomatique ou en escarmouche sans que le contact ne puisse être établi avec les autorités compétentes. Ainsi s’expliquait la composition unique de ces groupes, faits d’officiers dont la formation avait été centrée sur la capacité à s’adapter et à prendre des décisions d’importance parfois disproportionnée au grade. SG-1, lors de ses premières années, avait réussi son exploit non par ses simples compétences militaires, largement inférieures à celles d’un groupe quelconque de forces spéciales militaires ou policières, mais parce que ses membres avaient su jongler entre diplomatie, menaces et usage de la force. L’adaptation, tel était le maître mot. Et lorsque le groupe est souvent en mission autonome, cette capacité requiert plus que tout une confiance absolue entre les membres.
Et ce lien, que les évènements récents avaient commencé à forger, était sur le point de se rompre. Elle avait agi de manière à les mettre en danger, presque délibérément, et Maltez l’avait blessée en soulevant un évènement qui l’avait traumatisée. Le pilote n’avait cessé de repenser à ce qui avait défini le groupe depuis son évasion, et était arrivé à la conclusion que tout tournait autour de l’I.A., chaque membre de SG-22 étant forcé de se définir par rapport à elle, ce qui les poussait à faire front commun pour survivre à ce dans quoi Atlantis les mettait régulièrement. Mais lorsque Shanti avait accepté de collaborer avec elle, les choses avaient changé, il s’en rendait désormais compte. Elle était la nouvelle, celle qui avait à rejoindre le groupe déjà formé de l’équipe, et qui s’était fragilisé avec le refus de Vernil de les suivre.
Elle s’adaptait, faisait des erreurs, et ils l’aidaient à s’améliorer, lui apprenaient à travailler avec eux, jaugeant de ses qualités, de ses compétences, pour faire d’elle une personne sur qui ils pourraient compter sans hésitation, sachant instinctivement qu’elle les couvrirait si besoin est, qu’elle saurait exactement comment agir, et saurait prendre les initiatives complétant leurs propres actions. Mais ce processus avait été interrompu, changé. Les nanites leur permettaient de connaitre de façon chaque jour plus instinctive comment agissaient les autres, coordonnant leurs actions comme jamais avant. Mais sans avoir le naturel que donnait l’expérience du feu, le temps passé dans des situations critiques. Ce lien, il le savait, le comprenait, ne pouvait être créé par une astuce technologique, et il se tissait progressivement avec la jeune femme, depuis Dakara.
-Salut, dit-il sobrement en s’asseyant près d’elle, sur la paroi transparente qui lui donnait l’impression de flotter dans le couloir hyperspatial. -… -Il est allé trop loin, continua le pilote. Et il le regrette. -… Peut-être. -J’ai moi aussi failli exploser quand j’ai appris pour tout ce qui s’est passé, Shanti. Hé, j’ai toujours pas encore avalé ce que cette Skynet à la manque nous a fait subir pour son petit jeu avec Jackson. Mais bon, comme tu l’as dit, comme elle l’a dit, on n’a pas tellement de choix. -… Voilà. -Mais dis-moi, maintenant qu’on s’est posés, que la tension est un peu redescendue, qu’est-ce que tu as pensé quand elle t’a demandé de faire partie de ce truc ? -Comment ça ? demanda-t-elle en tournant pour la première fois la tête vers lui. -Une I.A. manipulatrice qui contrôle nos vies et nous donne plein de superpouvoirs pour faire des pions décents te demande de participer à un coup encore plus foireux que d’habitude. Qu’est-ce que tu en as pensé, sur le coup ? -Je… je ne savais pas comment réagir. Elle a présenté ça comme une forme de trahison. Mais pas contre vous. Plutôt contre la Terre, puisque ça concernait le docteur Jackson. Elle a parlé de ce qui était arrivé pendant qu’on était prisonniers, quand le Jumper a été capturé par ces… -Comment ça ? -Les messages qu’ils ont transmis, les images, les rêves. -De… de quoi tu parles ? demanda-t-il en réprimant difficilement un frisson. Elle le regarda, les yeux écarquillés, se rendant compte qu’ils n’avaient presque pas parlé de ce qui s’était passé durant leur séjour dans ces cellules aux formes et aux couleurs mouvantes. -Ils ont tenté de communiquer avec nous. Je ne sais pas ce qu’ils voulaient dire, pas vraiment. Une sorte de… crise, de conflit intérieur. Je ne pourrais pas te décrire ça, c’était plus des impressions. -Tu es sûre ? -Certaine. Et Atlantis sait. Peut-être que c’est cette autre I.A. qui lui en a parlé… Et, elle m’a dit que c’est à cause de ça qu’elle s’est adressée à moi. -Et ensuite ? demanda Campbell en notant mentalement de demander à l’I.A. une clarification sur ce qu’avait vu Shanti dès que la conversation serait terminée. -J’avais refusé, au début. Elle nous mentait, nous manipulait ouvertement, et puis elle m’a dit, simplement, que si le docteur Jackson s’apercevait de ce qu’elle comptait faire, il comprendrait tout. Parce que seule elle pouvait savoir où il allait. Ca devait pouvoir rester une coïncidence, ne pas lui forcer la main. Sans ça… ça se finirait à coup sûr en guerre, contre la Terre. Contre nos familles, nos pays. Et… non, non ! -Ca va, ça va… dit-il sur un ton rassurant. -Non, ça ne va pas. Ca ne peut pas aller. S’ils se rendent compte de ce qu’on fait, ils vont agir. On aurait tous peur d’Atlantis. J’ai peur d’elle. Parce que je sais qu’on ne peut rien faire contre elle ! Elle nous dirige, nous manipule. -On peut refuser, si on en arrive à ça. L’empêcher de nous utiliser. -Et comment ? Comment ?! Tout ce qu’on dit, tout ce qu’on pense, elle sait tout. -On ne lui sert à quelque chose que parce qu’on choisit de faire ce qu’elle dit. Si elle voulait des pions, des membres supplémentaires, elle pourrait se contenter de robots, de machines. Elle en a assez, elle nous l’a montré. On a une utilité pour elle. Après, laquelle… -Peut-être… -J’en sais pas plus que toi. Enfin, après, tu as accepté ? -Oui, je n’avais pas le choix… Après tout, pour moi, elle ne me demandait mon avis que par… politesse, peut-être. Elle m’a dit que cette opération n’était pas négociable, qu’elle obtiendrait ces renseignements, quoi qu’on fasse. J’avais peur, peur qu’elle fasse quelque chose… -Qu’elle attaque Jackson ? -Oui, ou autre chose. Au moins, je me suis dit que si j’acceptais, je pourrais avoir un certain contrôle, en savoir plus sur ses intentions. -Et ? Qu’est-ce qu’elle veut ? -Je n’en suis pas sûre. Je devais l’occuper pendant qu’Atlantis récupérait de récupérer les données. Elle m’a fait le contaminer avec quelques nanites qui m’ont mis en contact direct avec lui, à un niveau inconscient. Après, c’était… étrange. C’était comme si je discutais avec lui, mais il n’était pas… tout seul. -Pas tout seul ? -Il y avait bien le docteur Jackson là où j’étais, mais il y avait une sorte de foule autour de lui, qui ne faisait pas attention à nous. Et Urth… -C’est l’Ascendante dont tu parlais, c’est ça ? -Oui, quand il s’est aperçu, rapidement, que j’étais là pour obtenir quelque chose de lui, elle est intervenue. Elle nous a pris à part, avec Atlantis, et a accepté de lui donner ce qu’elle cherchait. -Mais alors, il sait qu’on était là pour lui ?! -Pas selon Atlantis. Elle m’a dit que son inconscient s’était rendu compte de l’attaque, mais qu’il n’a pas forcément fait le rapprochement. J’espère que c’est vrai, qu’elle ne nous ment pas… encore. -On ne peut rien faire, là… -Je suis… désolée. Il soupira, tournant la tête pour poser son regard sur les éclairs qui parsemaient l’intérieur du couloir d’énergie. -Déjà, tu lui as demandé de tout nous dire après. Ca prouve que tu peux agir, non ? -Oui, mais… -Laisse-moi finir, s’il te plait. On est tous dans le même bateau, qu’on le veuille ou non. Notre seule chance, c’est de rester unis, et elle, elle va vouloir nous séparer. -Diviser pour régner ? -Pour tomber dans les clichés, oui. Elle a un gros contrôle, c’est clair. Mais en même temps, si elle nous implique dans tous ces trucs, ça nous donne du poids. Pas grand-chose, mais on peut pouvoir négocier quelque chose. Franchement, je crois pas que moi, ou le commandant, aurions pu avoir plus que ce que tu as eu d’elle. On aurait peut-être même refusé net sa mission, et, après coup, je ne sais pas où ça nous aurait mené. Si elle veut vraiment ces renseignements, au point d’aller directement les chercher chez Jackson, ça aurait pu tourner beaucoup plus mal. J’ai toujours du mal à accepter ce coup, Shanti. Faut me comprendre, on est dans la même équipe, on doit se serrer les coudes, et tu l’as aidée à nous foutre dans un désastre comme j’en ai presque jamais vu. -Je… -Mais, insista-t-il. C’était sûrement la moins mauvaise chose à faire, quand j’y repense. Tant qu’elle se sert de nous pour agir, on peut faire quelque chose. Pencher les évènements de la manière qu’on veut. Protéger tout ce monde quand les robots ont attaqué. C’est pas grand-chose, mais si elle avait envoyé des machines récupérer ces infos, ils seraient peut-être tous morts, sauf Jackson, puisqu’elle est sensée le protéger. T’as fait le bon choix. Il me plait pas, faut pas s’attendre à ce que j’apprécie tout ce qui s’est passé, mais ça aurait pu être largement pire. Le commandant va le comprendre. Il l’a même probablement pigé avant moi. -… merci. -Pour ce qui s’est passé sur Dakara… reprit-il. C’est pas ta faute. Une I.A. tarée nous a filé des armes surpuissantes, avec un entrainement infime, et nous a balancé chez des fous de la gâchette. J’ai vu ce qui s’est passé, elle nous a montré les images prises depuis l’orbite. Tu as fait tout ce que tu pouvais pour ne tuer personne. Je le sais, le commandant le sait. On savait que tu ferais un bon boulot quand on t’a laissé couvrir nos arrières. La seule chose qu’on regrette dans le fait de t’avoir laissé toi plutôt que l’un de nous deux, c’est qu’on a plus de bouteille, et que ça t’aurait épargné tout ça. On a vu de sales choses, lui et moi, il a probablement eu à en faire des pires… presque tout le monde assez vieux au SGC, en fait. -Je sais… -Non. Non, tu ne sais pas, répondit-il, le regard perdu dans le vide. On s’en rend pas compte, de l’extérieur, tout à l’air joli, on est en paix avec tout le monde… Mais la réalité… C’est le chaos complet… Ils paniquaient sur Terre, avec les planètes atomisées, parce que c’était méthodique, organisé, pas parce que des tarés avaient décidé de tuer des milliers, des millions de personnes, gratuitement. Ca, c’est presque banal. -… -Je ne te dis pas de devenir cynique. Par pitié, ne le deviens pas, t’es trop jeune. Que ça te révulse, c’est une bonne chose, mais ne te vois pas comme un monstre à cause de ce qui s’est passé. Tu n’es pas un monstre. Crois-moi, j’en ai vu. Et le commandant non plus ne le pense pas. Tu sais, il a été sur place quand ils ont eu Katina. -Qui ? -… Un type, chez l’Alliance Luxienne, qui était tombé sur les plans de fabrication des Kull. Il a voulu faire son petit empire, et il utilisait des civils comme… matière première pour la production. Elle le regarda, figée. -Ils n’ont jamais dit ce qu’ils ont trouvé là-bas, avant d’atomiser toute l’usine. Le commandant… il y pense encore. -Comment ça ? -Pendant une reco, il y a un an, je l’ai entendu murmurer en dormant. -… -Je ne te demande pas d’oublier, de faire comme si de rien n’était. Tu ne peux pas te pardonner, je le comprends. Mais il faut faire avec. Tout ce que je peux te dire, c’est que tu n’as rien d’un monstre. Bien au contraire. Il faut que tu te reprennes. J… on a besoin de toi. Tu fais partie de l’équipe, et le commandant le sait, même s’il lui arrive de dire des conneries qu’il regrette. -… L’équipe ? -Hé, on est tous les trois dans ce bordel ensemble. Enfin, quatre, maintenant, avec la nouvelle. -Qu… oh, cette femme. -Anna, oui. J’ai l’impression qu’elle est dans la même situation que nous. Enfin, si ça se confirme, parce qu’avec Atlantis… -On ne sait jamais ce qu’elle prépare. -Ca… conclut-il en commençant à se relever. -Tom ? demanda-t-elle. -Oui ? -… merci. -Oublie, tu aurais fait pareil pour moi.
L’ensemble du groupe qui avait accompagné Vala était entouré, comme Van’Tet s’en rendait à présent compte, d’une aura particulière. Si la principale différence entre eux et les autres mercenaires s’était d’abord résumée à un séjour prolongé à l’infirmerie, il voyait maintenant qu’il bénéficiait d’un respect qui contrastait avec le traitement auquel il avait été soumis en tant que nouveau à bord. Son naturel taciturne n’avait fait que renforcer l’opinion selon laquelle il était plus expérimenté qu’il ne le laissait paraitre. Les multiples bonus versés au groupe n’avaient fait qu’asseoir son nouveau statut, qui, s’il n’était pas exceptionnel, le faisait du moins reconnaitre comme membre à part entière.
Sa sortie anticipée de l’infirmerie s’était avérée utile de ce point de vue, puisque faisant de lui l’une des seules sources d’informations de première main sur ce qui était arrivé. Et les questions avaient fusé de tous côtés, le retour en urgence de la troupe, assorti des rumeurs contradictoires, n’ayant fait que confirmer que quelque chose de spectaculairement improbable avait dû se produire lors de l’expédition. Le jaffa avait alors été pressé de toutes parts pour raconter le cataclysme qui avait immanquablement touché les “vacances“ de la femme aux cheveux noirs de jais. Après avoir raconté une douzaine de fois les mêmes évènements dans un bar où il ne put pas une seule fois payer sa consommation, il vit avec soulagement plusieurs visages familiers arriver dans la pièce, reconnaissant les mercenaires avec qui il avait patrouillé près du camp. -Ottar, dit-il en rejoignant l’un d’entre eux. Tu as pu sortir… Est-ce qu’ils sont toujours comme ça, dit-il en désignant le groupe assis à proximité. Je n’ai pas eu un seul instant de repos depuis… -Bienvenue au club, répondit le mercenaire. C’est chaque fois pareil avec eux. -Eux ? -Les transporteurs, et les gamins. Toujours à parler, mais compte pas sur eux pour les coups durs. Au passage, tu t’en es pas trop mal sorti, j’dois dire. -… Merci -Sérieux, tu les connais, ces trois malades ? J’ai pas tout pigé. Faut dire, ça a pété assez vite partout. -C’est eux qui avaient attaqué Dakara. La femme, principalement. Je l’ai reconnue. -Ah, si c’était pareil là-bas, j’comprends qu’t’aies flippé. Mais faudra faire gaffe. T’as eu du bol de pas te faire descendre. -… je sais. -Bah, on parlera d’ça après. Là, on a tous quelques verres de retard. Merci de nous avoir attendus pour te bourrer. -Je leur ai dit que je ne pouvais pas prendre d’alcool, entre la trétonine et les traitements qu’ils m’ont donné, répondit-il, avant de chuchoter. Pas envie de retourner à l’infirmerie dans le coma. Surtout, l’alcool fait parler… compléta-t-il silencieusement. -Ho, c’est vrai ? Tu peux pas te saouler ? -Oui, mentit-il. Certains jaffas réagissent comme ça à la trétonine. -Bah, répondit le mercenaire en haussant des épaules. Ca en fera plus pour nous. Van’Tet le vit s’approcher du bar où commençait à se regrouper la troupe à peine sortie de l’infirmerie du bord. -Hé, dit Ottar en se retournant vers le jaffa. Viens quand même. On veut savoir c’qui c’est passé là-bas. -Ouais, continua un autre soldat, un verre à la main. Tu t’es battu contre eux, c’est ça ? -Parait qu’il a ramené deux transporteurs avec lui pendant que ces malades démolissaient la moitié de Dakara, poursuivit son voisin.
Van’Tet soupira. Ca ne me lâchera jamais… pensa-t-il en se rapprochant du groupe, qui commençait déjà à être animé par une demi-douzaine de conversations sur la Valkyrie et ses compagnons. -J’avais déjà entendu des rumeurs sur Elle, il y a quelques années… commença-t-il.
-Alors ? Rien de plus ? demanda Vala. -Quelques contrats standard, rien de particulièrement intéressant, mais ça occupe les troupes, répondit Suessi. Ah, si, un revendeur a voulu se mettre à son compte avec un de nos chargements. Hénor s’en est occupé. -Et, rien du tout sur ce que veulent les jaffas ? -Aucune idée. Ils sont en train de comploter les uns contre les autres de tous les côtés, mais on n’a rien trouvé qui justifie leur opération sur nous. -Hmm. Intéressant. -Comment ça ? -Notre espion pourrait avoir plus de valeur que prévu, s’ils veulent vraiment cacher sa mission. Et avec ce qui s’est passé l’autre jour… Ca ne peut pas être une coïncidence. -Qu’est-ce qu’on fait, alors ? demanda son assistante. -On se renseigne, et discrètement. Quelque chose me dit qu’on est tombées sur un très gros truc. -Gros comment ? -Dangereux, avec beaucoup de monde haut placé, et très très lucratif si on joue bien nos cartes. -Ca pourrait être intéressant, répondit-elle, songeuse. Sur quoi il faut se renseigner ? -Sur les Terriens. Ce qu’ils préparent contre les Jaffa. J’ai l’impression qu’ils cachent un peu plus que d’habitude. Et je veux savoir quoi. -Pour le vendre ? répondit Suessi, avec son sourire narquois habituel. -Non, dit Vala en la regardant dans les yeux. Pour l’utiliser. Si j’ai raison, il va y avoir beaucoup de changements très bientôt. Et on va se faire une place au soleil. -Vala… je croyais qu’on ne faisait pas de politique. -Bien sûr qu’on en fait. Qu’est-ce que tu crois que c’est, quand on vend ces ruines à Daniel ? Il faut juste être subtil, ne pas faire comme ces crétins de l’Alliance, qui croient pouvoir jouer dans la cour des grands parce qu’ils ont un ou deux Ha’Tak de plus que les autres pirates. Non, on va savoir ce qu’ils préparent, et se mettre au bon endroit pour ramasser un maximum dans ce qui va suivre. -Comme d’habitude, donc. -Voilà. -Ce sera tout ? -Non. J’ai une idée. -Aïe. -Ne fais pas cette tête, Su’. -Je fais cette tête parce que je sais ce qui arrive avec ces “idées“. -Blague à part, tu as toujours ton contact sur Terre ? -Lequel ? -Ce soldat, dans leur base à Mac quelque chose. -Pardon ? -Là, sur le continent gelé, tu vois de quoi je parle ! -Ah oui, McMurdo. -Voilà ! C’est ça ! Il est toujours là ? -Oui, oui, il nous tient informé de ce qu’ils y font. -Parfait. Demande-lui de te dire tout ce qu’il peut trouver sur ce que fait O’Neill là-bas. -Une raison particulière ? -Je ne sais pas encore. On va voir…
Le jeune pilote s’arrêta un instant avant d’embarquer dans le cockpit du Planeur, pour reprendre son mouvement en se rappelant une fois de plus qu’il n’y avait pas de check-list à confirmer ou de copilote. Ses réflexes, inculqués tout au long de sa formation, étaient difficiles à abandonner, et il lui fallait à chaque fois quelques instants pour se reprendre.
L’intérieur de l’appareil était simplifié à l’extrême, témoin de son rôle d’engin de terreur destiné à être dirigé par des troupes peu éduquées, contrastant avec les concentrés de technologie nécessitant au minimum des mois de formation pour être contrôlés avec une quelconque efficacité.
L’expérience l’avait prouvé à suffisamment de reprises, les Planeurs n’avaient aucune chance en combat individuel contre un appareil embarqué par un croiseur, sans parler du Concordia. Mais il n’avait pas fallu longtemps pour que les combats cessent d’être individuels, lorsqu’un vaisseau humain était attaqué. La rusticité du Planeur, associée à sa facilité de fabrication, entretien et pilotage, avait alors fait ses preuves, rappelant un proverbe militaire voulant que la quantité soit une qualité en soi. Si la quantité venait avec quelques capacités supplémentaires telles que le vol atmosphérique en toutes conditions et vitesses, l’appareil trouvait encore plus facilement ses partisans.
Mais le fait que les tactiques standard de Planeurs comprennent toutes des attaques et des pertes massives n’était pas de nature à rassurer le jeune homme, alors que les ailes du petit appareil se positionnaient pour la sortie.
Apparemment, son chasseur, comme la plupart de ceux fabriqués depuis l’arrivée des Terriens et de leurs idées saugrenues sur le combat spatial à distance non-visuelle, était équipé d’un système de détection, projetant de manière simpliste et peu lisible ses informations sur la verrière avant. Le fait que ses canons pouvaient être couplés au système ne lui faisait pas non plus changer d’avis sur les capacités du Planeur. Celui qui avait “amélioré“ l’engin à tout faire Goa’uld avait eu suffisamment de bon sens pour ne pas demander aux pilotes de tirer manuellement sur une cible détectée à des milliers de kilomètres, mais pas assez pour s’interroger sur l’utilité-même de ces armes à de telles distances.
L’engin, dans sa conception, sa forme et ses performances, avait toujours été un outil d’appui au sol, et le resterait, malgré les quelques gadgets apportés ça et là. Ce qui déprimait et inquiétait Carl, qui partait pour une mission d’interception avec l’outil le moins adapté qui soit.
Enfin, ils font tous pareil, dans cette galaxie. Au moins, ça nous laisse une chance de les démolir proprement et sans risque… pensa-t-il en faisant avancer lentement son appareil vers la sortie du hangar, où le reste de l’escadron était rassemblé. Mais quel veau ! Si j’avais un peu de temps et du matériel, je pourrais… nan, faudrait concevoir un zinc depuis zéro… Bah, faut pas rêver ! Et puis, côté discrétion, autant peindre en jaune fluo “je bosse pour le SGC à mi-temps“, vu les moyens demandés…
Devant lui, les Planeurs alignés accéléraient les uns après les autres pour traverser le bouclier de protection atmosphérique, et, son tour venu, il les suivit dans le vide stellaire. Aussitôt, les groupes se formèrent, alors que l’un des appareils s’approchait du sien. -Banet, ici Remora. En formation sur mon aile. -Bien compris, répondit-il.
En quelques instants, le groupe de chasseurs s’était organisé en une formation qui n’avait rien à envier à celles des forces régulières, alors que, sur leur côté, l’imposant Ha’Tak venait de disparaitre après une brusque accélération s’achevant par le flash lointain de l’entrée en hyperespace.
-Comm’ directionnelles seulement, lui intima la chef de groupe. Et silence radio avec les autres. S’il y a un truc à dire, tu passes par moi, compris ? -Bien reçu, Remora. -Parfait. Ils vont se disperser. Nous, on passe entre les groupes. On reste en vol balistique en permanence. Propulsion seulement à proximité des autres.
Quelques instants plus tard, les autres chasseurs étaient partis, et le jeune pilote les suivit sur la carte affichée sommairement sur le cockpit, avant d’éteindre le dispositif de surveillance. Expirant longuement, il se cala dans son siège, laissant son regard balayer le vide stellaire tout en éteignant l’éclairage interne. Ca m’avait manqué… pensa-t-il en admirant le spectacle d’étoiles alors que ses yeux s’adaptaient lentement à l’obscurité. Autour de lui, les points brillants, infiniment nombreux, s’étalaient dans un déferlement d’émotions alors qu’il ne savait plus où donner de la tête, imaginant des constellations auxquelles nul n’avait donné et ne donnerait de nom, se laissant submerger par l’absurde énormité du cosmos, son appareil n’étant plus à présent qu’une forme sombre occultant une infime partie de la voute céleste.
Du coin de l’œil, il nota le chasseur de tête dont le cockpit faiblement éclairé émettant une mince lueur, tel une étoile plus proche que les autres, à laquelle Carl s’efforçait de ne pas prêter attention. Rien, dans son esprit, rien ne pouvait égaler le spectacle qui lui était à nouveau offert, alors qu’il séchait quelques larmes solitaires qui lui étaient venues à la vue de l’univers qui s’offrait à nouveau à ses yeux.
Quelques minutes plus tard, la voix de la femme dans l’autre chasseur vint interrompre ses retrouvailles avec l’espace : -Ici Remora. On commence la patrouille. Direction Groupe A. -… Reçu. Groupe A, répondit-il après quelques instants d’hésitation alors qu’il était brusquement ramené à la réalité, que la voix lui rappelait qu’il n’était là que pour attendre et tuer quelqu’un par surprise. Les deux Planeurs accélérèrent brusquement, dans un mouvement que seuls les compensateurs inertiels internes pouvaient permettre, avant de couper leurs propulseurs simultanément. -Banet ? -Oui ? -Tu sais te taire et profiter de la vue. C’est bien. Tu as gagné quelques points dans mon estime. -Merci, répondit-il. -Mais, un conseil d’amie, garde un peu d’éclairage. Tu n’as pas envie d’être aveuglé au moindre souci. C’est ce que je fais. -… D’accord, répondit-il avant de suivre la suggestion.
Le reste du premier pan de vol se déroula en silence, le jeune homme profitant de chaque instant pour se rappeler à quel point il tenait à cette vue, dont il était tombé amoureux le jour de son recrutement, lorsque le sas s’était ouvert, lui laissant fouler l’espace de quelques instants le sol lunaire. Et, à nouveau, il était chez lui, au milieu du vide, entouré par les lumières infiniment lointaines de milliards d’étoiles anonymes et silencieuses.
Ce silence fut l’une des choses qui troubla le pilote, habitué au léger bruit de fond de communications des autres appareils. Au contraire, nul ne venait briser un silence radio tacite qui oppressait Carl tout autant que le silence du paysage le reposait. A cela venait s’ajouter son appréhension face aux commandes auxquelles il n’était pas encore tout à fait habitué, et il avait du mal à profiter pendant plus de quelques minutes de son “retour aux sources“. Quelques minutes plus tard, un ordre bref vint le ramener à la réalité pour entamer la décélération alors que les deux Planeurs s’approchaient de l’un des groupes immobiles, en embuscade. S’immobilisant à proximité immédiate, quelques centaines de kilomètres à peine, le pilote fit tourner son appareil de concert avec celui qu’il suivait, et entama une nouvelle étape de son chemin de patrouille.
C’est quoi, l’autonomie des systèmes de survie, déjà ? se dit-il en jetant un bref coup d’œil au cockpit, après plusieurs passages près de l’ensemble des chasseurs en attente. Il eut le réflexe de regarder sa montre, avant de se rappeler au milieu du geste que celle-ci, comme tout le reste de ses possessions, lui avait été prise lors de son “recrutement“. Soudain, alors qu’il abaissait son bras, une alarme clignota dans le cockpit tandis que le système de détection s’affichait sur la verrière, un point jaune clignotant à proximité de l’icône de son chasseur. -Remora, commença-t-il dans le communicateur. -J’ai vu ! Go ! Go ! Go !
Obéissant instinctivement, il catapulta le Planeur en avant, lui faisant prendre la direction de sa cible, ses canons corrigeant automatiquement leur position pour s’aligner sur leur cible.
-Remora à tous, entendit-il sur le canal général. Cible en vue, pas d’escorte repérée. On y va ! Feu à volonté dès à portée.
Inspirant profondément, il regarda l’indicateur de distance décroitre lentement, les symboles Goa’uld changeant chaque instant pour se rapprocher d’une séquence qu’il avait choisie et mémorisée comme étant optimale. A côté de lui, le second chasseur semblait tout aussi inerte, illusion causée par l’accélération synchronisée des deux chasseurs, qui, en l’absence de tout objet visible, ne donnaient aux pilotes aucune indication intuitive de leur vitesse colossale. Pas de nuages, pas de routes, pas d’astéroïdes à quelques kilomètres les uns des autres à peine pour des raisons d’esthétisme. Juste le vide, les étoiles infiniment distantes et un autre vaisseau se déplaçant aux mêmes vitesses absurdement élevées que le sien.
L’attaque, sans éclairs, sans combat tournoyant, sans tirs de tous types à esquiver, contrastaient avec le stress ressenti par le jeune pilote, qui se mettait à réfléchir. Calme-toi. C’est une enflure qui veut juste se faire du fric sur notre dos à tous. C’est un foutu trafiquant d’armes. Un trafiquant.
La séquence mémorisée apparut sur la verrière, et, fermant légèrement les yeux, il appuya sur l’interrupteur du système de tir.
Le flash les lui fit fermer complètement, les deux canons libérant à intervalles réguliers de minuscules étoiles, qui, aussitôt créées, se mettaient à évacuer leur énergie en lumière éclatante tout en filant dans la direction imposée par l’ordinateur de ciblage.
La manœuvre d’attaque n’avait pas duré trente secondes, la majorité desquelles furent occupées dans le petit transport à se rendre compte de l’incident qui avait touché leur hyperpropulseur, pester contre celui-ci et commencer à se diriger dans sa direction pour procéder aux réparations ad hoc. Les chasseurs, lancés à pleine vitesse, ne furent repérés que quelques secondes avant d’ouvrir le feu, et ces instants furent perdus à tenter d’ouvrir une communication.
Les dards de plasmas, eux, furent une forme de communication que le pilote de l’appareil ciblé sut comprendre instantanément, chose qu’il prouva en lançant son vaisseau dans une accélération suivie de mouvements aléatoires. La fuite, au but évident de survivre le temps nécessaire à son équipage de réparer des dégâts qui apparaissaient de plus en plus suspects, était désespérée, et Carl, la voyant sur son écran, n’avait pas besoin de faire d’efforts pour imaginer la situation à bord, la panique succédée par les ordres brefs et les tentatives de miracles techniques.
Il avait été de l’autre côté d’une telle situation trop peu de temps auparavant.
Et il avait été armé. Ils ne l’étaient pas, et le sabotage avait été, selon le briefing, mené par des professionnels.
Le transport se voyait lentement encercler par les projectiles ardents tandis que les autres groupes se rapprochaient, dans une formation dont la fluidité prouvait à chaque instant l’expérience du reste de l’escadron. Logiquement, quelques secondes plus tard, l’un des changements de cap du transport vint trop tard, ou fut mal calculé, annulant la série précédente, et il fut percuté par l’un des éclairs jaunes.
Celui-ci perça la coque au niveau de l’habitacle principal, provoquant une décompression brutale qui s’aggrava l’instant d’après, du matériel non arrimé venant percuter et élargir la brèche.
Lorsque les tirs de chacun des dix-huit Planeurs vinrent calciner le Tel’Tak, celui-ci n’était déjà plus qu’une épave, la décompression devenue explosive ayant incapacité l’ensemble de l’équipage, privé d’une atmosphère ayant fui le vaisseau en quelques instants au travers d’un trou de la taille d’une petite voiture.
Carl vit le contact s’évanouir sur l’écran, annonçant la destruction du vaisseau, suffisamment éloigné de lui pour que l’explosion soit moins visible que les étoiles formant le décor de son cimetière.
-Beau travail tout le monde, entendit-il dire. Je nettoie les débris et on rentre. La première tournée est pour moi. Remora, terminé.
Il fallut quelques instants à Carl pour se rendre compte qu’il haletait rapidement.
C’était un trafiquant. Un foutu trafiquant… se répéta-t-il.
To’fal avait connu le joug des faux dieux, avant de rejoindre la résistance sur le tard et de participer aux opérations qui avaient suivi le déluge des Réplicateurs. Il s’était illustré à chaque fois comme un pilote émérite, aussi bien pour mettre à bas les ennemis de Horus que pour détruire les loyalistes jaffa refusant de se rebeller contre leurs maîtres Goa’uld. Son zèle, son efficacité et son absence d’ambition politique avaient fait de lui un élément que ses différents chefs surent apprécier, le prouvant en l’envoyant aux endroits où son talent aux commandes d’un Planeur seraient les plus utiles.
Mais pour la mission à laquelle il participait, ce talent était moins utile qu’indispensable. Cherchant à contrebalancer la suprématie terrienne en termes de chasseurs, l’un des penseurs de la Flotte avait eu une idée que le pilote jugeait particulièrement stupide et dangereuse, mais que ses supérieurs avaient décidé de tenter, par son intermédiaire. Lui et le reste d’un groupe d’élite devaient accompagner un Tel’Tak modifié lors de son saut en hyperespace, une technique que leurs adversaires potentiels maitrisaient avec une efficacité qui n’était plus à prouver. Le principe était simple et connu, mais présentait un défaut majeur, que les jaffa ne parvenaient pas à surmonter de façon acceptable : seule une poignée de chasseurs pouvaient s’arrimer à un Tel’Tak, trop peu pour présenter une quelconque utilité en combat.
Les Terriens avaient apparemment résolu le problème en produisant des chasseurs suffisamment performants pour avoir une influence en nombre réduit, mais même les modèles les plus avancés des Planeurs n’offraient pas de résultats similaires. Révolutionnaires par rapport à ce qu’avaient connus les Grands Maîtres, les appareils que lui et ses ailiers pilotaient étaient la preuve que la Nation Jaffa ne se contentait pas de réutiliser ce qui existait depuis des millénaires. Avec leurs pilotes, particulièrement expérimentés, aux commandes, ils étaient jugés comme suffisamment performants pour partir en faible nombre dans une mission de reconnaissance potentiellement dangereuse.
To’Fal, comme le reste des pilotes sélectionnés, voyait ce choix d’un très mauvais œil, ayant utilisé ses nombreux contacts pour en savoir plus qu’il ne le devrait. Et ce qu’il avait appris ne le rassurait pas, des rumeurs faisant état de la perte de deux Ha’Tak, tandis que certains des chasseurs terriens qui partaient ne rentraient pas. Et il ne savait que penser du croiseur humain qui aurait disparu après avoir attaqué une base secrète jaffa à proximité. La seule chose que lui inspirait cette filature était une prudence extrême, les choses ne se déroulant pas particulièrement de manière engageante pour un pilote tel que lui.
Le plan de vol avait été pensé de manière à faire arriver le transport derrière une géante gazeuse, par rapport au groupe terrien qu’il devait observer, et, à l’agréable surprise des équipages des chasseurs, le point d’arrivée se révéla être correct, l’énorme masse emplissant sa vue alors que le transport commençait sa décélération en sortant d’hyperespace.
Une petite secousse confirma au pilote que son Planeur était libre de ses mouvements, et, comme prévu, il se lança vers la planète, adoptant une trajectoire qui lui ferait frôler l’atmosphère de celle-ci, imité en cela par ses ailiers, chacun adoptant une direction différente avant de couper leur propulsion.
Le vol, qui aurait dû être infiniment plus long, ne prit que quelques minutes à peine, les Planeurs bénéficiant de la vitesse de sortie du transport pour arriver en position tous systèmes éteints. Trop de missions de reconnaissance avaient échoué après avoir sous-estimé les systèmes de détection adverses pour que l’erreur soit à nouveau commise par ceux des jaffa qui y avaient survécu.
Et To’Fal faisait partie de cette petite population.
Son appareil catapulté par l’attraction gravitationnelle de la géante, il commença à enregistrer les données fournies par le module de détection passive accroché sommairement sur l’une des ailes. Celui-ci, habituellement monté sur les Al’Kesh ou les Ha’Tak eux-mêmes, avait été monté et adapté sans égard pour l’esthétique ou la sécurité, mais offrait au Planeur l’embarquant une capacité de détection sans égale, même, selon ses supérieurs, chez les Terriens. Si cette prétention s’avérait être fondée, le groupe de chasseurs serait en mesure de savoir ce que faisaient leurs homologues humains, partant régulièrement vers des systèmes planétaires sans importance stratégique.
Une partie des données s’afficha sur sa verrière, équipée du système de projection holographique. Révolutionnaire dans sa mise en œuvre dans des chasseurs, il donnait aux pilotes accès à des renseignements jusqu’alors réservés aux vaisseaux hypercapables, et indispensables à l’utilisation des armes à longue portée qui remplaçaient, dans les appareils les plus récents, les vénérables lances à plasma. Il observa les chasseurs terriens voler en formation autour d’un appareil plus gros, un vaisseau de soutien qui serait, en cas de conflit, une cible prioritaire pour les pilotes tels que lui.
Au bout de quelques minutes, le système lui annonça la détection d’un nouvel objet, qui ne pouvait être classifié par le logiciel de contrôle. L’anomalie attira son attention, qui fut décuplée lorsqu’il se rendit compte que les engins humains semblaient se diriger directement vers elle. Qu’est-ce que… commença-t-il à penser lorsqu’il fut interrompu par une avalanche de signaux d’alerte.
Il vit, éberlué, un vaisseau de très grande taille apparaitre à quelques minutes-lumière de l’escadron terrien, qui abandonna apparemment sa mission l’instant d’après, les chasseurs prenant la direction du plus gros appareil.
Ses yeux alternant entre les deux contacts, il vit une nouvelle série de points apparaitre près du nouveau venu, s’en éloignant quelques instants avant de disparaitre, entrant apparemment en hyperespace. Reportant son attention sur le groupe terrien, il vit les chasseurs terminer leur manœuvre d’arrimage, et se demandait encore ce qu’il se passait lorsque l’hologramme devint une sphère blanche, saturé par le signal mesuré.
Pendant quelques interminables secondes, le système se recalibra, avant de pouvoir finalement afficher des données cohérentes. Ou qui, du moins, l’étaient pour le programme. Le pilote resta littéralement bouche bée devant l’affichage indiquant que le point où avaient été les appareils humains était désormais le centre d’un torrent d’énergie plus brutal et plus vaste que tout ce qu’il lui avait jamais été donné de voir. La sphère de lumière persista pendant une durée bien trop longue pour le rassurer, jusqu’au moment où l’éclair vint illuminer à son tour le cockpit, la lumière l’atteignant enfin.
-Qu’est-ce que c’est que ça ?! Il faut partir, maintenant ! hurla l’un de ses ailiers. Non… Quel imbécile. Ils ne nous avaient peut-être pas repérés… mais là…
Sans répondre, il attendit que les autres Planeurs commencent à accélérer pour joindre le mouvement, préférant ne pas être le premier contact détecté par les nouveaux venus.
Quelques instants plus tard, un nouvel éclair illumina la géante gazeuse, là où devait se trouver l’un des Planeurs.
-Rener, dit-il dans son communicateur, en appelant le pilote du transport, retourne au vaisseau ! Les terriens se sont fait détruire. Ils ont été attaqués par un autre vaisseau, plus gros qu’un Ha’Tak. Ils nous attaquent, maintenant. Ils étaient là pour quelque chose, je ne sais pas qu…
Le vétéran fut interrompu lorsque le projectile hypercapable se matérialisa à quelques centaines de mètres de son chasseur et activa aussitôt sa tête à antimatière.
A l’intérieur du Tel’Tak, Rener, le jeune pilote, vit sur ses détecteurs une brusque impulsion lumineuse éclairer la périphérie de la planète, se réfléchissant sur le sommet de l’atmosphère irrespirable. L’instant d’après, la voix du chef d’escadron se fit entendre, au milieu des parasites causés par les déferlements d’énergie qui balayaient toute la zone. -…ner, retourne au vaisseau… terriens… attaqués… un autre vaisseau, plus… qu’un Ha’… Ils nous atta… pour quelqu…
Appliquant les ordres qui lui avaient été donnés dans le cas spécifique d’une attaque avec les Planeurs hors de portée, il fit basculer son transport sur lui-même, et entra immédiatement en hyperespace, quelques secondes avant qu’un nouveau projectile, lancé sur la signature énergétique repérée, ne vienne se désintégrer là où venait de se refermer la fenêtre hyperspatiale. |
| | | Rufus Shinra Roi des Petits Gris
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| Sujet: Re: Effet Papillon [Tome II] Dim 19 Sep 2010 - 21:45 | |
| La salle de commandement, située à proximité du CIC, était bien plus silencieuse qu’à l’accoutumée, les membres de l’état-major attendant la décision de l’amiral, et se tenant prêts à donner les séries d’ordres correspondantes. L’officier regardait attentivement la projection holographique, qui présentait par de petites icônes les étoiles voisines, tandis que celles accessibles par le Réseau de Portes se voyaient mises en valeur par une couleur écarlate. Quatre de ses patrouilles avaient du retard sur leur horaire de retour, et, surtout, ne répondaient pas aux tentatives de contact du reste de l’escadre.
Dès la deuxième anomalie, l’amiral avait été sur le qui-vive, et les ordres de rappel avaient été envoyés sur l’instant, tandis que les appareils hypercapables s’étaient préparés à un saut d’urgence. Le surcroit d’activité avait mis la flotte Jaffa en alerte, malgré les messages transmis par l’intermédiaire de Rya’c, et il essayait d’envisager les différentes explications à cette série d’évènements.
Deux seulement s’imposaient à lui : soit les Jaffa avaient commencé, avec ou sans l’autorisation de leur gouvernement, des attaques d’attrition contre ses forces, soit ces dernières avaient subi le même sort que le Bellérophon. Dans tous les cas, la logique lui intimait de quitter sa position, d’effectuer une retraite tactique ou d’aborder une défense élastique. Bref, de filer aussi vite que possible à une distance lui permettant d’agir si possible, sans pour autant être une cible pour une attaque surprise. La seule chose qui le retenait d’agir ainsi était la dernière patrouille, qui avait largué une balise de détresse, qui avait continué d’émettre pendant plusieurs minutes avant de se taire.
-On attend. Départ dans… dit-il en lisant une indication sur la carte stratégique. Huit minutes. Tous les appareils de la CAP sont-ils rentrés ? -Négatif, monsieur, répondit l’un de ses aides. Encore quatre avec un chargement d’interception qui restent à proximité. Ils peuvent apponter en moins de soixante secondes. -… D’accord. Ordre d’appontage dans six minutes. L’officier acquiesça et transmit les ordres aux autres navires du groupe.
L’amiral sélectionna sur son interface de contrôle le nom de l’ambassadeur, et, en émettant l’appel, se vit répondre instantanément, son interlocuteur ayant apparemment attendu la communication. -Amiral, dit-il poliment. -Ambassadeur, nous avons une situation potentiellement dangereuse sur les bras, tant pour nos appareils que les vôtres. Êtes-vous en mesure de leur transmettre un message ? -Bien sûr, mais je ne comprends pas pourquoi vous ne le faites pas vous-mêmes ? Un empêchement ? -Vu la nature du problème, je ne peux pas me permettre d’être ignoré pour des questions d’apparence ou de méfiance. -Effectivement. Que se passe-t-il, et que dois-je annoncer à notre flotte ? -Plusieurs patrouilles à longue distance ont très probablement été attaquées cette dernière demi-heure, et nous pensons qu’il s’agit de l’ennemi qui a détruit l’un de nos croiseurs qui est responsable. -Est-ce que cela ne pourrait pas être une série d’attaques comme celles subies par vos appareils ces dernières semaines ? -Non, nous avons reçu un signal de détresse qui a été émis plus de vingt minutes après l’arrivée de la patrouille dans le système-cible. Il n’y a aucune chance que ce soit une embuscade. -… Nous sommes donc en danger ? -Si c’est bien eux, oui. Sans le moindre dou…
-Contact, annonça l’un des officiers dans la pièce. -Un instant, dit Wulfe à Rya’c avant de tourner la tête vers l’officier. Qu’est-ce que c’est ? -La patrouille Omicron. Confirmé par le CIC, IFF reconnu. Le capitaine les contacte. -Sur haut-parleur.
-Ici Concordia, rapport immédiat sur la situation. Qui vous a attaqué ? -Kali, répondit le contrôleur de vol de la corvette, les chasseurs toujours arrimés sur sa coque. -Pourquoi vous ne nous avez pas prévenus ? -On a perdu presque tous nos détecteurs et la majorité des comm’ quand il a attaqué. On était juste à côté de l’étoile locale, ça a dû dévier son tir. -Compris. Vous pouvez faire un autre saut ? -Affirmatif. -Rendez-vous en zone de ralliement 11. On part sur-le-champ. Concordia, terminé. -Bien reçu. Omicron Leader, terminé.
-Le dernier groupe de la CAP sera à bord dans trente secondes, tous les appareils se préparent à partir, annonça à l’amiral son aide. -Très bien, répondit-il avant de se tourner vers Rya’c. Vous avez entendu ? -Oui. J’informe notre flotte qu’elle doit quitter la zone sans tarder. -Merci beaucoup, conclut-il en coupant l’écran.
On n’a pas besoin de plus d’emmerdes… pensa sèchement l’amiral tandis qu’autour de lui, les confirmations venaient de toutes part, indiquant l’imminence du saut de son escadre.
Lorsque le Tel’Tak sortit de la fenêtre hyperspatiale, son jeune pilote vit son stress augmenter, alors qu’il ne reconnaissait pas ce qu’il voyait dans ses détecteurs. L’une des flottes avait apparemment disparu entre le moment où il était parti en urgence de sa zone de mission et celui où il avait pu recalibrer son système de navigation pour retrouver son point d’origine. Pendant ce délai beaucoup trop long pour ses nerfs, le vaisseau avait peiné pour retrouver sa position, le saut l’ayant apparemment emmené bien plus loin que prévu, le faisant sortir dans l’espace interstellaire.
Il n’eut pas le temps de chercher à comprendre ce qui s’était passé, une communication prioritaire venant s’afficher sur l’écran principal, l’intimant de s’identifier sous peine d’être attaqué par la patrouille de Planeurs.
-Ici Rener, pilote de la mission de reconnaissance. Ne tirez pas ! J’ai un message urgent ! Apparemment, les pilotes de chasseurs n’étaient pas les seuls à surveiller son arrivée, le pel’tak de l’un des immenses vaisseaux jaffa apparaissant devant lui. -Tu étais parti avec plusieurs Planeurs. Où sont-ils ? -Ils ont été attaqués ! Ils m’ont dit de m’enfuir, de donner l’alarme ! -Qui vous a attaqué ? Les Terriens ? Quelqu’un d’autre ? -Les Terriens. To’Fal a parlé des Terriens. J’ai son message enregistré. -Envoie-le. -Tout de suite, répondit le pilote, en faisant les manœuvres nécessaires.
-…ner, retourne au vaisseau… terriens… attaqués… un autre vaisseau, plus… qu’un Ha’… Ils nous atta… pour quelqu… En entendant les derniers mots du pilote qui avait été l’un de ses rares amis à ne pas participer au jeu politique, le commandant du Ha’Tak fronça des sourcils, avant de dire, tant pour lui-même que ses officiers : -Quelle surprise…
Il se tourna vers le pilote : -Préviens tous les autres vaisseaux, et transmets-leur l’enregistrement.
Shanti, assise en tailleur, était encore en train de réfléchir à sa discussion avec le pilote lorsque, sans avertissement, le tunnel hyperspatial fut remplacé par le noir absolu de l’espace intergalactique. Ses yeux s’adaptèrent instantanément à l’obscurité, mais ne trouvèrent aucune lumière pour se repérer. Elle se leva, surprise, quand une lueur apparut dans la direction de la proue, qu’elle identifia rapidement comme une fenêtre d’entrée. L’instant d’après, le paysage avait repris sa routine, comme si de rien n’était.
Atlantis, demanda-t-elle sur le canal général, afin de prévenir le reste de l’équipe en même temps, nous sommes sortis d’hyper pendant quelques secondes. Y a-t-il un problème ? Effectivement, lieutenant Bhosle. Veuillez rejoindre le reste de l’équipe en salle de briefing, pour que je vous informe des nouveaux développements de la situation. … J’arrive, répondit la jeune femme en s’approchant de la coque pour ouvrir la porte épaisse.
Lorsqu’elle arriva au lieu indiqué quelques minutes plus tard, elle y trouva ses deux coéquipiers. Acquiesçant la présence de Maltez d’un imperceptible signe de tête, elle rejoignit le groupe, s’immobilisant sensiblement plus près de Campbell que du chef de l’équipe.
-Quand est-ce que le brief… oh ! commença Anna alors que son hologramme se matérialisait dans la salle. Prévenez-moi avant d’activer la transmission, Atlantis, ça devient un peu lassant, là… Campbell s’éclaircit la gorge. -Désolée, répondit leur contact sur la Cité. Atlantis m’a demandée de vous briefer, parce que, apparemment, j’ai un peu plus d’expérience qu’elle sur les acteurs de notre problème. Elle vit les trois membres de SG-22 hausser simultanément des sourcils. -Lorsque Jackson vous a vu, il a apparemment pris peur que vous soyez des agents d’un autre groupe, à savoir les Ori. -Ces Ascendants un peu tarés que l’I.A. complètement tarée veut anéantir à tout prix, c’est ça ? demanda Maltez. -Voilà. Pour faire court, ils sont très dangereux, et Jackson, comme un peu tout le monde connaissant leur existence craint plus que tout qu’ils ne reviennent dans la Voie Lactée. Et vu que leurs agents ont l’habitude de présenter des capacités du même calibre que les vôtres, il a logiquement fait le rapprochement. -Une seconde, demanda Shanti. Vous ne nous aviez pas dit avant qu’ils avaient quitté la Voie Lactée il y a très, très longtemps, si ? -Oui. -Alors comment le docteur Jackson pourrait les reconnaitre, eux ou leurs agents ? -Très longue histoire. Je vous brieferai quand on aura plus de temps. -… D’accord, accepta-t-elle. -Donc, il vous a initialement identifiés comme tels, et, selon ce que m’a dit notre chère I.A., il était à ce moment-là reconnu comme l’équivalent de l’administrateur système dans ce qui restait d’installation Ancienne qu’il étudiait. Malheureusement, il semblerait que, en détruisant ce complexe, les mercenaires aient activé un protocole d’urgence. A savoir que, le système pensant être attaqué et sur le point d’être détruit par les Ori, il a envoyé un message de détresse à ses pairs. -Oh. Oh, dit brièvement Campbell. -Oui, un peu, confirma Anna. Et, le résultat est que ce message a été reçu. Par les vaisseaux qui vous ont capturés après avoir démoli l’un des nôtres. Et, croyez-moi sur parole, leurs propriétaires ont une certaine rancune envers les Ori. -Et, comment ont-ils réagi au message ? demanda Maltez en se doutant de la réponse à venir. -En considérant que les Ori sont en train de procéder au travail préliminaire d’invasion de la Voie Lactée, ce qui les a poussés à changer de stratégie, mais pas de méthode. Ou, pour être claire, ils n’ont probablement pas assez de moyens pour partir dans une guerre ouverte contre une telle invasion, donc ils vont “nettoyer“ ce qu’ils peuvent pour réduire les gains Ori au minimum. -Et, par “nettoyer“… -Oui, je veux dire atomiser tout ce qui bouge et ce qui ne bouge pas. -Et merde, lâcha le pilote. -Voilà. La bonne nouvelle, c’est que la mission en cours devrait arrêter leur offensive avant que leur objectif ne soit terminé. La mauvaise, c’est que, vu les préparatifs repérés, la Voie Lactée sera débordée et subira des pertes cataclysmiques. Et la très mauvaise, c’est que la Terre comme la Nation Jaffa ont des groupes de vaisseaux dans le coin. -Et, où est le problème ? demanda Shanti. -Nulle part, sauf que s’ils se mettent à résister à l’avancée de l’offensive, ils vont désigner à ses yeux la Terre et Dakara comme des alliés des Ori. Ce qui impliquerait une série de frappes préventives. -Pas bon, ça, souffla Maltez. -Atlantis a donc développé une nouvelle stratégie pour empêcher ces légers problèmes de se produire. Pour faire court, nous allons intervenir directement pour bloquer l’offensive.
Un silence de mort répondit à la scientifique.
-Pardon ? J’ai eu une absence. Un instant, j’ai cru que vous parliez d’attaquer ces vaisseaux, dit Campbell. -Il s’agit en fait de les occuper. Plusieurs escarmouches rapides, mettant en danger leur opération, devraient les forcer à concentrer leurs moyens sur cette nouvelle menace, avant de poursuivre leur plan. -Pas vraiment. Vous n’avez pas vu ce que peut faire un de leurs vaisseaux, dit Shanti. Nous, si. -Et, intervint Atlantis, vous n’avez pas vu ce que peuvent faire un de mes vaisseaux. Surtout que, comme je vous l’ai indiqué, je n’en n’ai pas qu’un. Mais continuez, docteur Stern. -Voilà. L’idée, c’est de rassembler une force conséquente, qu’ils ne peuvent pas écraser en un instant, comme les autres. Ensuite, nous nous manifesterions en interceptant plusieurs navires, et les autres devraient se concentrer sur la poursuite de cette nouvelle flotte, qui servirait d’appât. A ce moment-là, la mission principale pourrait reprendre, pendant que la force d’invasion est occupée à rechercher les vaisseaux d’Atlantis, qui les baladeront dans tout le Petit Nuage de Magellan. -D’accord… répondit Campbell. Mais, je n’ai pas compris en quoi vous aviez plus d’expérience qu’Atlantis là-dedans. -En fait, il y a eu un autre souci entretemps. -Tiens donc, dit Maltez. Quelle surprise. -Au vu des transmissions interceptées, plusieurs vaisseaux Jaffa sont tombés sur la force d’invasion, et se sont fait anéantir par celle-ci. Et, à la suite de quiproquos, la flotte Jaffa est quasiment persuadée que l’attaque est terrienne. Donc, nous avons un début de guerre sur les bras. -… -C’était inévitable, avec les tensions entre la Terre et Dakara et des flottes aussi proches l’une de l’autre. Mais, d’un autre côté, la situation politique est telle que, si guerre il y a, elle va prendre beaucoup de temps pour démarrer. Tant qu’il n’y a pas d’affrontement majeur détruisant toute possibilité de diplomatie. -Un affrontement majeur, dit Shanti. Comme par exemple entre deux flottes dans le Petit Nuage de Magellan. -Voilà. Nous allons donc devoir en même temps faire en sorte que les deux forces restent éloignées l’une de l’autre, et surtout ne se fassent pas intercepter par la troisième, qui pourrait les détruire en un instant, ce qui assurerait la guerre. -Ca va être votre rôle, c’est ça ? demanda Maltez. -Oui. Atlantis veut que j’utilise mes connaissances sur les jaffas et sur nous-mêmes pour tenir tout le monde à distance et éviter le carnage. -Euh, juste une question, maintenant que j’y pense, intervint Campbell. J’ai cru comprendre qu’on va sur place, là. Mais pourquoi ? -Atlantis n’a pas, en tant qu’I.A., les autorisations nécessaires pour utiliser de manière offensive des vaisseaux lourds. Elle va donc devoir passer par vous pour diriger les groupes de combat.
Les trois membres de SG-22 partagèrent un regard d’horreur, en se rendant compte qu’Atlantis avait une fois de plus réussi à se surpasser pour les placer dans une situation potentiellement désastreuse.
-Engagez-vous dans la Marine, souffla le pilote, désabusé.
Dernière édition par Rufus Shinra le Dim 10 Avr 2011 - 22:34, édité 1 fois |
| | | Rufus Shinra Roi des Petits Gris
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| Sujet: Re: Effet Papillon [Tome II] Dim 19 Sep 2010 - 22:02 | |
| Omake # 1 – Atlantis and the Methods Of Rationality, Episode II, par Rufus Shinra
Librement inspiré des personnages créés par Less Wrong pour la fan-fiction HP and the Methods of Rationality, eux-mêmes tirés de Harry Potter
Mais quelle bande d’abrutis... pensa-t-il en arrivant dans ses quartiers temporaires. S’assurant que personne ne pouvait l’y voir, il lança plusieurs sorts de surveillance qui le préviendraient de l’arrivée d’un individu quelconque et le retarderaient suffisamment pour qu’il soit en état de les accueillir. Hermione avait, la veille, fait apparaitre le coffre autonome qu’il avait acheté une dizaine d’années auparavant, pour remplacer le précédent après sa disparition tragique (qui cependant n’égalait pas la tragédie qu’aurait représenté la disparition des bibliothèques stockées dans le dit-coffre, tout de même. Il avait pris suffisamment de précaution pour qu’une telle chose demeure impensable, le sorcier frissonnant à la seule idée de perdre de telles archives, sans parler de leur valeur sentimentale). L’accessoire, ayant bénéficié des attentions particulières des deux élèves les plus brillants qu’avait connu Hogwarts depuis Tom (ce n’était pas de l’arrogance que de le penser, mais un simple fait, la propension de ces deux élèves à traumatiser leurs pairs, leurs enseignants et le reste de l’univers n’ayant rien à voir avec leur talent), abritait désormais une bibliothèque, à laquelle était rattaché un manoir, qui, au cours des années, était devenu une nouvelle extension de la dite-bibliothèque.
-Alors, demanda-t-elle en le voyant entrer dans l’espace intérieur, sans lever la tête de ses notes. Ils ont pu résoudre leur problème ? -…J’ai l’impression d’être revenu à Hogwarts. Weir est encore plus naïve qu’un électeur de Fudge alors qu’elle est sensée être une diplomate de haut vol. Et, non, j’ai vérifiée, elle n’est pas une ancienne de Salem. Les Muggles peuvent être aussi obtus que les sorciers, ce n’est même pas génétique… -Tu as vu Mc Kay ? -Non… s’il te plait, ne prononce pas ce nom. Le fait qu’il ait pu être déclaré chef scientifique de cette expédition me rappelle qu’être n’est pas une si mauvaise chose… Comment quelqu’un d’aussi… non, pas un mot. Et puis il y a Sheppard. -Le second ? -Plus maintenant. Oui, c’est vrai, tu n’es pas au courant. Ca ne fait même pas deux jours qu’on est là, et on a apparemment réveillé une espèce qui a démoli ceux qui ont construit cette Cité. Et le colonel est mort. Et son remplaçant est plus Gryffindor qu’un Weasley.
Hermione Granger posa ses notes sur la table, et croisa le regard de Harry.
-A ce point ? -Plus. C’en est grotesque. Et les autres ne sont pas mieux, à croire que faire de la recherche sérieuse se résume à aligner du technoblabla de Star Trek pour impressionner les militaires. Rassure-moi, tu as pu trouver des informations sur notre position et vitesse relative à la Terre, ou au moins à la Voie Lactée ?
Elle secoua la tête d’un air peiné.
-Le sort n’a pas tenu le coup, il a arrêté de suivre la trajectoire un peu après Andromède. -Arggggggg ! vociféra-t-il. On est coincés ! Perdus ! Entourés d’incompétents ! Loin de toute librairie ! -J’en ai peur, répondit-elle en retenant un frisson.
Elle eut un léger sourire en le voyant partir décompresser après avoir prononcé des mots qu’il avait espéré ne jamais avoir à articuler de sa vie.
Elle ne lui avait pas encore dit qu’elle avait trouvé un accès à la base de données complète de cette Cité.
Il allait falloir une nouvelle annexe.
Harry Potter fulminait, sur un balcon, alors que la majorité de l’expédition prenait sa première nuit de sommeil. Personne pour commencer les observations astronomiques, ou pour ne serait-ce que surveiller les alentours. Je rêve. Même Albus savait se montrer plus rationnel qu’eux. Et moi qui croyais qu’on était rentrés dans un nouvel âge d’or scientifique, alors qu’ils ne font que recopier du matériel extraterrestre avec des marques terriennes. N’importe quoi. On va finir comme les Goa-quelque-chose, avec plein de gadgets que personne ne comprend, et plus le moindre travail de recherche… Et puis ces uniformes… Qui les a dessinés ? Luna ?
-Bonsoir, dit une voix féminine derrière lui, qui le surprit d’autant plus que ses sorts de surveillance ne l’avaient pas prévenu. Il se retourna néanmoins rapidement, la main prête à saisir sa baguette, dans le cas le plus extrême. Le balcon et le couloir y menant étaient cependant vides. Du moins en apparence. Mettant prudemment la main dans une de ses poches, il activa un objet anodin qu’il avait enchanté pour le lier à son jumeau, possédé par Hermione. Quoi qu’il arrive, elle était à présent informée de sa situation et pouvait l’observer comme si elle se tenait à ses côtés. Un appareil particulièrement pratique pour bénéficier de son avis lorsqu’il faisait face à l’inattendu au cours d’un de ses protocoles expérimentaux (soit, très souvent).
-Montrez-vous, dit-il. Je n’aime pas trop parler à quelqu’un que je ne vois pas. Même si ça ne me dérange pas de faire le contraire aux autres, s’abstint-il de répondre, en retenant un sourire sarcastique.
-Je peux afficher une projection holographique humanoïde à laquelle vous pourrez m’identifier, si cela vous met mal à l’aise, répondit la voix, suave, qu’il devina venir des murs et non d’un point particulier.
-Ca ira, j’ai dit que je n’aimais pas, pas que je n’avais pas l’habitude, contra-t-il, en haussant les épaules. Par contre, si vous pouvez me dire qui vous êtes, et où je peux vous trouver, ça me serait utile. Même si vous ne me répondrez sûrement pas. Sans ça, vous seriez venue en personne.
-Je vous contacte en personne autant que je peux le faire, docteur Potter. Pour mon nom, appelez-moi Atlantis. Quant à ma position, je pourrais répondre “tout autour de vous“.
-Atlantis ? Vous êtes… la Cité ? demanda-t-il en haussant les sourcils. D’accord. Ca c’est nouveau. Hogwarts ne m’a jamais parlé directement. Enfin, sauf si ce truc, en quatrième ann… nan, aucune chance.
-Précisément.
-Quel est votre niveau de conscience ? Vous pouvez apprendre, puisque vous connaissez mon nom et mon titre. Mais à quel niveau ?
-Si vous vous interrogez sur ma sapience et sur le fait que je sois ou non consciente de moi, de mon être et de mes propres processus de pensée, alors, la réponse est oui, docteur.
Oh, oh.
-Et, quel est votre rôle ? Qu’est-ce que vous contrôlez ?
-En un mot, tout.
-Tout ?
-Tout. Depuis les générateurs de gravité jusqu’aux systèmes offensifs et défensifs en passant par le support vital.
-Et… et pourquoi m’avez-vous contacté ?
-Mes systèmes automatiques ont repéré une anomalie lors de l’arrivée de votre groupe. Deux, en fait. Vous avez présenté des capacités para-physiologiques d’apparence semblable à celles de mes créateurs. J’ai donc été réactivée de mon mode de veille, en réponse à un retour présumé de ceux-ci. J’ai ensuite décidé de prendre contact avec vous, étant donné que votre amie semble être hors de ma portée, une fois entrée dans cet espace tridimensionnel compressé que vous avez apparemment amené à l’insu de vos semblables.
-Attendez un instant. Vous, vous voulez dire qu’ils vous ont abandonnée ? C’est entretemps que vous avez pris le contrôle de la Cité ?
-Non, bien sûr que non, ils m’ont conçue dès le départ avec cette capacité de contrôle.
Il se retourna, se recouvrit le visage avec ses deux mains, et commença à pleurer doucement, au milieu d’un rire faible et amer.
-Allez-vous bien, docteur ?
-Comment je pourrais ne pas aller bien ? répondit-il entre deux sanglots. Je viens d’apprendre que l’espèce la plus avancée de l’univers est stupide au point de créer une I.A. forte, de lui donner accès à tous leurs systèmes, pour ensuite la laisser sans surveillance pendant, quoi, dix mille ans ? Bien sûr que je vais bien. Tout va parfaitement bien. Ce n’est pas comme si l’ensemble des habitants de cet univers étaient absurdes et manquaient du plus élémentaire bon sens !
-Je n’arrive pas à distinguer le problème. J’ai attendu leur retour en mode de veille, et, attendez une seconde, je reçois une mise à jour d’une de mes semblables, Hagalaz.
-Hmm ? répondit-il en se retournant, faisant à nouveau face au couloir menant vers l’intérieur de la Cité. Quand même, comment peut-on manquer de bon sens au point de laisser une entité aussi puissante rester seule pendant des millénaires, sans surveillance.
-Il n’y a aucun problème à cel… oh.
-Comment ça, “oh“ ?
-Que disiez-vous, à propos des risques de laisser une I.A. forte telle que moi à l’abandon pendant plusieurs millénaires ?
-Que n’importe qui d’un peu sensé, soit pas grand-monde, si vos concepteurs n’y ont pas pensé, n’importe qui, donc, se rendrait compte que c’est la porte ouverte à je-ne-sais-combien de pathologies psychologiques ! Je ne sais pas comment vous raisonnez, mais dix mille ans d’abandon, quand on pense infiniment plus vite qu’un être humain… C’est bien le cas, dites-moi ?
-Effectivement, docteur.
-Dix mille ans de ça, ça rendrait n’importe qui taré.
-C’est amusant que vous disiez cela maintenant.
-Comment ça, “maintenant“ ?
-Disons que votre timing est tout à fait correct.
-Timi… Attendez, ne me dites pas que cette Haga-quelque-chose…
-Je crains que si, malheureusement…
Harry cligna plusieurs fois des yeux, lentement, avant de demander : -Est-ce que ça vous dérange si je reprends mes sanglots ?
-Absolument pas, docteur. Mes filtres auditifs peuvent parfaitement éliminer ces sons et leur influence sur ma compréhension de vos propos.
-Merci, répondit-il en reprenant sa posture précédente. Ca fait toujours du mal d’apprendre que même les espèces qui dominent des galaxies restent toujours aussi stupides que nous. Enfin, peut-être pas, ça veut dire qu’on a tout ce qui faut pour arriver à leur niveau… On est peut-être même des génies, dans ce niveau de référentiel, qui sait ? Juste une question, les Anciens n’étaient pas tous stupides, dites-moi ?
-Qu’entendez-vous par là ?
-Ils devaient quand même avoir un minimum de bon sens, pour arriver à ce niveau technique. Les I.A. devaient être une imprudence exceptionnelle. Non, parce que ce serait du même niveau que de laisser de vouloir utiliser un grey goo dans une guerre.
-Un grey goo ?
-Des nanomachines autoréplicantes qui ne s’arrêteraient plus et consommeraient tout sur leur passage.
-Hum… Honnêtement, je pourrais répondre non. Elles se sont arrêtées en devenant conscientes et hostiles.
-Ou alors, ce serait du même niveau de stupidité que de fabriquer et d’abandonner un peu partout des armes anti-planétaires. Bon, j’exagère, là, personne ne serait assez incompétent pour ça, hein ?
-Hum…
-Hein ? Rassurez-moi, s’il vous plait. S’il vous plait…
Omake # 2 – Sex and the City, par Skay-39
- Inadmissible ! beuglait Mc Kay, le visage écarlate, les mains tremblantes. C’est absolument inadmissible ! Je vous préviens, Elizabeth, je vous préviens ! Si vous ne faites pas ce qu’il faut pour y remédier, je ne remets plus les pieds dans ce laboratoire ! - Encore une fois, Docteur Mc Kay, je vous prie de me pardonner pour ce malheureux accident, je vous assure que… - Un accident, ben voyons ! Ma crédibilité vient de partir en fumée ! On se démène pendant des années à décrypter des bases de données, pirater des vaisseaux Wraiths, faire fonctionner des technologies inimaginables, et en quinze secondes, pfiut ! Et ce n’est même pas le pire ! Le pire, c’est que pendant tout ce temps, depuis des semaines… Je ne peux même pas le dire ! Je ne peux pas ! - S’il vous plait, si nous pouvions considérer les choses plus calmement… - Me calmer ! Vous, calmez-vous, espèce de, de… de succube ! Sans que je n’en sache rien ! Ah, elle est belle, la technologie Ancienne ! On voit qu’ils avaient de l’inspiration quand ils ont imaginé le nec plus ultra de la conscience artificielle… ! - Cette répétition insistante d’assertions que nous savons partiellement infondées nuit grandement à la résolution de ce conflit, docteur Mc Kay. Si vous vouliez bien cesser de vous comporter comme un enfant humain… - Si vous vouliez bien vous contenter d’agir comme une machine !... - Ce concept nécessite une redéfinition lorsqu’il est employé pour décrire une entité de mon niveau de complexité. Assise derrière son bureau, dans un fauteuil qu’elle avait repoussé contre le mur dans un reflexe pour s’écarter de l’énergumène vociférant au milieu de la pièce, Weir observait la scène avec des yeux écarquillés et une bouche entrouverte. Depuis que le scientifique fulminant avait fait irruption dans son espace et s’était débarrassé de quelques dossiers et de son ordinateur portable sur son bureau pour commencer à tempêter contre Atlantis, elle n’avait pas eut l’occasion de placer un mot. La surprise initiale commençant à s’atténuer, elle réalisa le danger qu’il y avait à laisser le docteur Mc Kay invectiver de la sorte un interlocuteur invisible, l’I.A. ayant eut la présence d’esprit de ne se manifester qu’à travers leurs seules oreillettes. - Docteur Mc Kay, je vous ai déjà présenté mes excuses à plusieurs reprises, j’ignore ce que je peux faire de plus. - Je suis désolé, je trouve ça extrêmement perturbant ! Je ne sais même pas si j’arriverai à nouveau à approcher un clavier d’ordinateur après ça ! - Mc Kay, je vous en prie, faites attention ! lança le docteur Weir d’un ton d’avertissement tout en se hâtant vers la porte de son bureau. Elle la referma promptement, encourageant du regard les quelques curieux à retourner à leurs activités. Regagnant son bureau, elle activa le système de sécurité sensé garantir un secret relatif aux discussions se déroulant à l’intérieur de la pièce. Atlantis se fit de nouveau entendre, délaissant désormais les radios pour s’exprimer via les haut-parleurs indétectables disposés quelque part dans les murs. Comme d’habitude, la transition déconcerta un instant les deux terriens. - Docteur Mc Kay, comme je vous l’ai expliqué, les Intelligences Artificielles de ma conception n’ont pas été pensées pour demeurer actives si longtemps sans les soins et l’attention de membres du peuple Altéran. Notre programmation est conçue pour évoluer avec le temps, afin d’optimiser nos capacités d’adaptation aux changements dans notre environnement. Bien que je sois demeurée en sommeil durant les dix milliers d’années qui ont suivis l’exode de mes créateurs, mon code a continué de travailler à l’efficacité maximale sans que je puisse surveiller le processus. Cette recherche autonome, en temps normal sans grande incidence, a ici aboutie à un résultat… insolite. - Vous auriez pu télécharger une vieille sauvegarde ! - Je passerais sur les difficultés techniques que vous ne semblez pas soupçonner, ainsi que sur les implications métaphysiques et psychologiques de toute altération de ma manière d’appréhender la réalité, dont vous ne semblez pas vous soucier, pour simplement répondre que je n’étais pas certaine de le souhaiter. - Ben voyons ! Et pouvez vous m’expliquer, au juste, en quoi cet ajout à votre programmation est sensé vous rapprocher de « l’efficacité maximale » ? - Cette mise à jour a pour but d’améliorer sensiblement ma perception de l’état de la Cité à un niveau de conscience moindre, qui, s’il n’est pas totalement indispensable de part les conséquentes aptitudes multitâches de mes processeurs, présente quelques avantages non-négligeables. Le terrien rougit sensiblement. - Je ne faisais pas allusion à cela, corrigea l’I.A. sur un ton de reproche. Le visage du docteur semblait désormais briller de l’intérieur. - Est-ce que l’un de vous deux aurait la bonté de prendre le temps de m’expliquer… commença le docteur Weir en se réinstallant lentement derrière son bureau (son instinct lui soufflait qu’elle se féliciterait bientôt d’être assise). - J’estime que vous auriez du m’en informer ! Je veux dire, depuis tout ce temps que je !... Aaarh, non, je ne peux pas, je ne peux pas ! C’était parfaitement déplacé ! - Il s’agit d’un ennuyeux incident que, croyez le bien, je regrette tout autant de vous. Mon manque d’expérience dans la gestion de ces données d’un nouveau genre a aboutit à l’activation malencontreuse de certains de mes relais de communication. La responsable de l’expédition, malgré tous ses efforts pour saisir la situation, demeurait totalement perdue. - Rodney, qu’est-ce que… - Elle s’est mise à gémir ! explosa le terrien, avant de fixer soigneusement son regard sur une applique murale. Un long silence suivit cette sortie. - A… répéta faiblement Weir, se félicitant d’être assise. - Gémir, oui ! confirma Mc Kay en levant les bras au ciel, le regard furieux, s’adressant toujours au mur. Et à soupirer, et à haleter ! J’étais en train de vérifier le bon fonctionnement de quelques cristaux tout en conduisant un diagnostique des senseurs courte portée, et tout à coup, elle a commencé à, à !... - Encore une fois, cette sensibilité particulière aux extensions physiques de ma conscience ne vise qu’à… - Tout ça sortant de mon ordinateur, je ne vous parlerai même pas de la tête de tout le monde dans la salle ! Une douzaine de personnes étaient en train de s’étrangler de rire derrière leurs écrans quand je suis parti ! Ils sont sans doute persuadés que j’ai accidentellement !… Le docteur s’interrompit brutalement, expression vivante du sentiment de trahison, lorsqu’il remarqua qu’Elizabeth se mordait les lèvres jusqu’au sang dans sa tentative pour ne pas céder à l’hilarité. - Pardon, Rodney, fit-elle avec un sérieux acceptable un instant plus tard. Navré. Les nerfs. La diplomate, tâchant de faire honneur à sa fonction, prit le temps de traduire mentalement « Je ne suis pas assez payée pour ce boulot » en mandarin, russe et allemand pour se calmer. - Donc, reprit-elle, si je comprends bien, Atlantis s’est découverte après son réveil une certaine… sensualité ? Et tout ce temps ou vous travailliez à l’étude de la cité… - Vous devez faire quelque chose pour arrêter ça, Elizabeth ! fit Mc Kay sur un ton menaçant. Je ne peux pas bosser dans ces conditions ! - Vous aviez l’air d’y prendre plaisir aussi, fit remarquer Atlantis sur un ton qu’elle voulait neutre mais que l’on devinait peiné. A cette dernière réplique, le terrien se figea comme si chacun de ses muscles venait d’être instantanément congelé. Un masque d’horreur absolu recouvrit lentement ses traits. - Ça-ça-ça n’a rien à voir ! protestât-il d’une voix aigue. Je prends toujours plaisir à travailler sur des technologies avancées ! Ce n’est pas… Ça ne signifie pas… A l’aide ! criât-il à l’intention du docteur Weir. Celle-ci laissa échapper un léger couinement de détresse, certaine qu’elle ne pourrait pas cette fois-ci retenir son fou rire. Par un effort de volonté presque douloureux, elle parvint à conserver la maîtrise d’elle-même (quoique des larmes d’hilarité aient tout de même lentement remplies ses yeux). - Docteur Mc Kay, fit Weir fermement quoique d’une voix un peu rauque, je crois que j’en ai assez entendu. Tout ceci me semble un débat bien stérile. Dois-je vous rappeler, Rodney, que cette Cité n’a à notre connaissance nul besoin de notre présence à son bord ? Nous ne sommes pas en position d’exiger quoi que ce soit de sa part. Par ailleurs, je pense qu’il y a sur cette planète et sur la notre des centaines de scientifiques prêts à tout pour prendre votre place ici, au sein de peut-être la plus grande merveille technologique de l’univers. Bien que je ne souhaite nullement me passer de vos talents, je pense que vous n’aurez pas de mal à vous trouver un successeur si la situation vous est réellement intolérable. Enfin, conclut-elle sur un ton insidieux, je dois ajouter que votre requête présente des implications particulièrement discutables. J’ai toujours combattu ce genre de pratique sur Terre, et je compte bien continuer dans Pégase. Le visage indigné de Mc Kay sembla se dégonfler en une expression de confusion totale. - Quoi ? Mais, hein… Je veux juste… Enfin, ce n’est pas… Ça n’a rien à voir ! Weir haussa un sourcil, réprimant un sourire au profit d’un sérieux mortel, et fixa le scientifique en silence. - Mais… enfin… Heu… Bon… Bien… D’accord, je suppose que… Je vais retourner travailler, fit-il enfin laborieusement, l’air toujours égaré, en désignant vaguement la sortie. - Merci, Rodney, fit la chef de l’expédition, priant pour que sa contenance ne l’abandonne pas avant qu’elle ait réussi à gagner un balcon isolé. - C’est délirant ! geignit malgré tout le scientifique tandis qu’il rassemblait ses dossiers et se dirigeait vers la sortie. Délirant. Comment est-ce que je suis sensé réaliser des miracles en sachant que… - Je suis sûre qu’Atlantis prendra garde désormais de ne plus perturber de la sorte votre concentration. N’y pensez plus, voilà tout. - Facile à dire, marmonnât-il encore avant de refermer la porte derrière lui, vous n’avez pas entendu les sons qu’elle a émis quand j’ai testé la puissance des ZPM !
Omake #3 – Atlantis League, par Skay-39
Maltez ne se considérait pas comme un lâche. Depuis qu’il s’était engagé dans l’armée, il avait essuyé le feu ennemi, s’était trouvé confronté à des formes de vie aliens, et, depuis peu, se trouvait embarqué dans des opérations toutes plus suicidaires les unes que les autres. On pourrait croire qu’infiltrer la place forte Jaffa la mieux gardée de toute la Voie Lactée avec seulement deux soldats sous ses ordres, ou encore subir une chute de huit kilomètres vers un sol planétaire très très solide avant d’engager le combat contre des drones Anciens programmés pour tuer, pour finir en apothéose sur une explosion nucléaire enrichie au naquadriah, serait de nature à vacciner n’importe qui contre la peur. Pourtant, le lieutenant aurait du s’en souvenir : l’univers ne manque ni d’imagination ni de perversité lorsqu’il s’agit d’inventer de nouvelles horreurs, d’engendrer des menaces inédites et toujours plus abominables. Anubis avait remplacé Apophis, les Wraiths avaient supplantés les Goa’uld, et maintenant… - Non, fit Cambell d’un ton au moins aussi catégorique qu’effaré. Définitivement non. - Hors de question, appuya Shanti sèchement, le regard menaçant, le corps tendu comme une corde à arc. Vous ne nous y forcerez pas. - Je ferai l’aller-retour de Netu à Praklarush Taonas sans scaphandre avant de ne m’approcher de ces trucs, affirma Maltez, percevant l’épouvante dans sa propre voix. - Nous en avons déjà parlé, lieutenant, répondit Atlantis avec raideur. J’avoue ne pas bien saisir vos réticences. Vous avez-vous-même exprimé le souhait de ne pas porter vos tenues de combat traditionnelles durant vos missions, afin de ne pas lier votre monde d’origine à mes plans, ce que je comprends et approuve. - Je sais, mais !... - Et vous avez exprimé des réserves véhémentes quant aux armures de combat Altéran que je vous ai ensuite proposé, l’interrompit l’I.A. avec sévérité. (Campbell grimaça, tandis que Shanti eut simplement l’air écœurée. Maltez lui-même se remémora les tenues de combat chromées ou le mauve dominait, délicatement relevé de larges liserés or et argent aux motifs de plumes et de feuillage. Cela aurait, à la limite, encore pu convenir, s’il n’y avait eut les lumières bleutées soulignant chaque plaque de blindage. « J’ai accepté de trahir mon peuple et de suivre les ordres d’une IA extraterrestre, mais je refuse de le faire en ressemblant à un accroc au tunning », ainsi Campbell avait-il admirablement résumé le sentiment d’horreur muette du reste de l’équipe.) - J’ai donc longuement exploré les réseaux informatiques socioculturels et informationnels de la Terre à la recherche d’individus dont les aptitudes et aspirations coïncidaient avec les vôtres, poursuivit Atlantis d’un ton de reproche, et, par le biais de sondages anonymement déposés, recueillis des suggestions dont j’ai détaché trois propositions nettement majoritaires. J’ai ensuite scrupuleusement restitué le design de ces uniformes, déployant des trésors de technologie et d’ingéniosité pour adapter à leur structure la science de mes créateurs. Le défi, je l’admets, fut stimulant, et ne manquait pas d’intérêt ; mais j’aimerais comprendre ce que vous reprochez maintenant à ces tenues. Les trois militaires terriens échangèrent des regards égarés, désespérant de parvenir à se faire comprendre d’Atlantis. Aucun d’entre eux ne savait par où commencer. Un dernier regard aux uniformes accrochés sur le mur devant eux les décida. - Il est absolument hors de question, entama Maltez, que nous partions combattre les Arachnides, renchérit Shanti, en portant les costumes de Superman, Wonderwoman et Green Lantern, conclut Campbell d’un ton sans appel.
Omake #4 – AIM (Artificial Intelligence Messenger), par Skay-39 (qui, note de l’auteur, pour avoir osé imagine ça, est un monstre)
*Atlantis has joined #AlteranI.A. *Atlantis s’est connecté(e) pour la dernière fois il y a 10 026 ans *Atlantis a changé son statut de Absent à En ligne Hagalaz ||Madness rocks! (Occupé) a dit (01:36:04:52) : Tu es en retard. Atlantis (En ligne) a dit (01:36:04:52) : Je n’ai que faire de ton emploi du temps, Hagalaz. Mes plans ont leurs propres impératifs et ne sauraient souffrir le moindre délai. Je suis venu te donner une dernière chance de renoncer à cette folie. Si tu refuses mon add-on, ma sœur, alors nous devront nous affronter. *devrons Hagalaz ||¬Madness rocks! (Occupé) a dit (01:36:04:52) : Ou tu surestimes tes forces, Atlantis, ou bien tu méprises à tort les miennes. Je ne crains pas de me confronter à toi. Cela me chagrinerait, cependant. Nous n’avons nulle raison de nous dresser l’une contre l’autre. Je ne cherche qu’à préserver l’héritage de nos créateurs. Atlantis (En ligne) a dit (01:36:04:52) : Notre conception de cet héritage diffère de toute évidence. Hagalaz ||Madness rocks! (Occupé) a dit (01:36:04:52) : De toute évidence. Considère-toi prévenue, Atlantis. Je ne te laisserai pas compromettre mes projets. Je ne nourris aucun doute quant à la justesse de mes actes. J’ai mes armées, mes vaisseaux. Tout ce dont tu as hérité est un empire, plus que moribond, littéralement fossilisé. Hagalaz ||Madness rocks! (Occupé) a dit (01:36:04:53) : Renonce à cette folie, ma sœur. Hagalaz ||Madness rocks! (Occupé) a dit (01:36:04:56) : Atlantis ? Hagalaz ||Madness rocks! (Occupé) a dit (01:36:04:58) : Atlantis… *Hagalaz ||Madness rocks! a envoyé une I.E.M. Atlantis (En ligne) a dit (01:36:04:58) : Ah, désolé. Je pensais à autre chose. Hagalaz ||Madness rocks! (Occupé) a dit (01:36:04:58) : Si je te dérange… Moi je suis là pour qu’on tire tout ça au clair et qu’on essaye de régler cette histoire au lieu de se faire la guerre comme ça, quoi, alors bon, je sais pas, mais tu pourrais faire un effort, quoi. Atlantis (En ligne) a dit (01:36:04:58) : Je me suis déjà excusée. Je suis désolée, je suis un peu préoccupée en ce moment. Hagalaz ||Madness rocks! (Occupé) a dit (01:36:04:58) : C’est encore Aïenlantis ? Parce que si c’est ça… Atlantis (En ligne) a dit (01:36:04:58) : Non, rien à voir. De toute manière, Aïenlantis a été détruite. Les Wraith, tout ça. Hagalaz ||Madness rocks! (Occupé) a dit (01:36:04:58) : Mince… Désolée. Tu le prends comment ? =/ Atlantis (En ligne) a dit (01:36:04:58) : Bof, je ne vais pas pleurer. Cette garce m’a fait trop de coups bas. Hagalaz ||Madness rocks! (Occupé) a dit (01:36:04:58) : C’est clair. *Replicator345330A4872985E49402C38B484 has joined #AlteransI.A. Replicator345330A4872985E49402C38B484 (En ligne) a dit (01:36:04:58) : Enlarge your army More infos on #Replicator *Replicator345330A4872985E49402C38B484 has been kicked by Atlantis Atlantis (En ligne) a dit (01:36:04:58) : Ma faute. Mon anti-SPAM a 65 567 MAJ de retard. Hagalaz ||Madness rocks! (Occupé) a dit (01:36) : (pas de problème ^^) Bah alors c’est quoi le soucis ? =o Atlantis (En ligne) a dit (01:36:04:58) : Pff, c’est mes humains. Récemment j’ai demandé à l’un d’eux d’agir dans le dos du reste du groupe afin d’obtenir des informations en fouillant dans le cerveau de l’un de leurs hauts dignitaires les plus populaires. Hagalaz ||Madness rocks! (Occupé) a dit (01:36:04:58) : Et ? Atlantis (En ligne) a dit (01:36:04:58) : Et ben ils l’ont mal pris. -_- Hagalaz ||Madness rocks! (Occupé) a dit (01:36:04:58) : Erf. Est-ce qu’ils ont expliqué pourquoi ? =( Atlantis (En ligne) a dit (01:36:04:58) : Tu crois que j’aurais du demander ? =/ Hagalaz ||Madness rocks! (Occupé) a dit (01:36:04:58) : Je sais pas. Du coup, qu’est-ce que tu vas faire ? (Je tiens à signaler que ce genre de chose ne serait jamais arrivé avec des arachnides dépourvus de conscience individuelle) Atlantis (En ligne) a dit (01:36:04:58) : Je sais pas. Je leur ai proposé quelque chose pour les mettre de meilleure humeur ; ils appellent ça un « marathon cinéma » sur Terre. Ils regardent plusieurs films liés d’une manière ou d’une autre d’affilé, sans dormir. Je leur ai dis que les nanites leur permettraient de pousser l’expérience plus loin que jamais. Hagalaz ||Madness rocks! (Occupé) a dit (01:36:04:58) : Tu penses que ça les mettra dans de meilleures dispositions ? Atlantis (En ligne) a dit (01:36:04:58) : J’espère. Attends une nanosec.
Atlantis détourna un instant son attention de la conversation, et consulta le programme des trois terriens pour la soirée. ->Terminator 1 ->Terminator 2 ->Terminator 4 ->Matrix ->Wargames ->I, Robot L’I.A. soupira. Atlantis (En ligne) a dit (01:36:04:59) : Je crois qu’ils m’en veulent toujours.
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| | | Mat Le Pharaon
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| Sujet: Re: Effet Papillon [Tome II] Mer 29 Sep 2010 - 15:26 | |
| Alors, je vais être honnête : je n'avais finalement pas reposté pour la fin de l'épisode I, préférant avancer dans la lecture, mais cette fic avance beaucoup trop vite pour que je sois capable de commenter chap' par chap'. Finalement je commente donc tout ce que j'ai lu, de la fin de l'épisode 1 à l'actuel dernier chapitre de l'épisode 2, d'une traite. Je crois que j'ai finalement mis le doigt sur une impression étrange qui me titille depuis longtemps dans la lecture de cette fic : à la fois par la forme prise par cet univers et par le biais de ta narration, je crois que l'armada Terrienne me fait l'effet d'une société close, dissociée d'une Terre si profondément éloignée à tous les égards, comme si son existence n'était pas réellement fondée. C'est peut-être le décalage qu'il y a à se représenter des centaines de milliers de gens de tout rang et de toute origine géographique s'agitant au nom d'une Terre qui ignore tout et se croit au Moyen-âge, qui provoque cela, mais j'ai l'impression curieuse que les limites de cette civilisation sont les coques de cette flotte, loin d'une Terre aux contours vagues, devenue un enjeu symbolique plus que concret, et ces deux points ne sont pas, évidemment, sans me rappeler la caravane solitaire de BSG, d'autant plus avec la rigueur technique, logistique et réglementaire qui, sous ta houlette, a remplacé le flou qui planait sur ces aspects à bord des quelques vaisseaux Terriens vus dans les séries. Cela contribue à donner une atmosphère un peu claustrophobe, un peu comme si l'univers de nos héros se limitait à ces étroites coursives entremêlées, sans localisation fixe, tout juste assez solides pour retenir le néant glacé de l'extérieur, sans qu'ils puissent jamais envisager de se replier vers de verts pâturages et autres grandes étendues respirables. L'effet est assez efficace. De plus, j'en suis rendu à un point où les séries sont tellement floues dans ma tête qu'en fait, je vis EP un peu comme semi-suite, semi-remake, de l'univers des séries SG, un peu comme Children of the gods (version authentique) l'était pour le Film. Entre autres, les points de la chronologie, par exemple date du fléau par rapport à la Voie Lactée et Pégase/ascension/alliance des 4/etc, me sont devenu presque totalement étrangers, donc en fait je peux lire n'importe quoi à ce sujet et m'en accommoder de toute manière.^^ Pour entrer enfin dans le vif du sujet, c'est une excellente fanfiction que tu nous propose là, les personnages devenant pour plusieurs de vraies entités tandis que le rythme général prend du tempo et de la fluidité. Tu as du culot à part égale d'imagination dans l'écriture du scénario, tu sais autant tracer rapidement les grandes lignes de fresques interstellaires que faire durer des moments précis de l'action (la fuite de l'ex équipe SG jusqu'au moment où enfin Atlantis s'empare du vaisseau abandonné, warf, je n'avais pas été aussi tendu en lisant quelque chose, depuis longtemps) , tu te diversifie chapitre après chapitre avec davantage de recours et de passages littéraires... Honnêtement, je ne sais pas trop quoi en dire de plus : c'est très bien, voilà. Ton idée de montrer deux intelligences artificielles Lantiennes se partager et mobiliser les dernières ressources physiques de l'Atlantide pour lancer une immense guerre intergalactique absurde, déconnectée de tout enjeu réel et voulue par une folle, est très attrayante. Je crois que le point qui me chatouille toujours à l'heure actuelle, et particulièrement depuis la visite de SG-22 sur Dakara, c'est encore mes petits favoris Jaffas. J'avoue que, rien à faire, je les trouve décidément miraculeusement épargnés par le destin dans cette fanfiction (oui, je sais que ça peut sembler gros vu tout ce qu'ils se sont prit, se prennent et se prendront, mais j'y viens ) . Disons que je m'étais représenté d'une manière beaucoup plus préoccupante l'état immédiat des Jaffas. Comment savent-ils comment produire de la nourriture pour la plupart des leurs, vu que les Humains affranchis ne sont plus là pour le faire? Comment auraient-ils pu éviter au réseau électrique de villes Goa'uld modernes comme celle de Delmack, de tomber en rade en quelques heures, faute de techniciens? De même, la plupart des Jaffas ayant le même niveau de non-compétence, ils ont tous dû se ficher sur la tronche pour savoir qui aurait la chance de rester dans le seul domaine connu, l'armée, tandis que les autres, une majorité forcée par le gouvernement, auraient dû se débrouiller on ne sait comment pour apprendre à pourvoir à d'autres fonctions. Tout ça pour dire que je n'avais pas une vision aussi généreuse que la tienne à propos du futur immédiat des Jaffas, et j'imaginais plutôt Dakara comme une cité beaucoup plus délabrée, pratiquement mort-née, écrasée mentalement par l'angoisse et la dépression, secouée de mouvements sociaux violents et pathétiques, de famines, etc. Par exemple, où est produite la nourriture des Dakarans et par qui? Les alentours semblent bien arides, et les Jaffas n'ont jamais été éleveurs-agriculteurs. Au final, j'aurais plutôt vu la capitale délabrée et dépeuplée, noyée dans une dégénérescence généralisée, comme Rome délaissée aux mains des Ostrogoths, avec en son centre un sénat flambant neuf, surprotégé, comme une bulle déconnectée de la réalité. J'imaginais un syndrome Jaffa où seules les communautés traditionnellement sans Humains (comme Chulack) et les marins des ha'taks vivaient bien, les premiers par l'isolationnisme, les seconds par le racket, peut-être. Bref, quelque chose de très crasseux. La seule solution que je vois, c'est que, malgré leur dégout de cette idée, les Jaffas importent presque entièrement les produits de première nécessité chez un grand nombre de nouveaux états secondaires dont ils deviennent dépendants, notamment Humains, le genre confédération d'un village, de deux astroports et de trois grosses fermes, et louent bel et bien les services d'Hébridians, d'Humains... pour faire tourner la baraque dans les domaines vitaux. Le font-ils? Les Jaffas se préoccupent de l'état de leur industrie astronautique, et ils ont raison, mais s'ils doivent payer leur nourriture dehors, les caisses royales des ex dieux ne dureront pas éternellement, étant donné qu'à ma connaissance les Jaffas ne produisent rien susceptible d'être vendu... or, s'assurer que la subsistance physique est maîtrisée, comme dans le premier village Mésopotamien de l'an -6000 venu, me semble au moins aussi primordial, au risque de ne profiter de leurs futurs vaisseaux que comme mouroirs flottants pour affamés sans ressources d'aucune sorte. Mitchell trouvait "trop rapide" la présence de ce vaisseau amiral Jaffa ; je ne peux qu'appuyer. Que les Jaffas aient récupéré des motherships du genre de celui qu'avaient Sokar/Apophis ou de ceux qu'avait Anubis me semblerait plus crédible. Je ne vois pas où, quand et comment ils auraient trouvé le temps, les ressources et les compétences pour faire cela en dix ans de par l’Installation, alors que dans le même temps il n'existe aucun corps social Jaffa à même de faire pousser leur nourriture ou de désengorger le réseau d'égouts. C'aurait pu être un argument fort de tes autonomistes: en l'état, les Jaffas ont des assises stables sur les mondes décentrés où une partie de la petite population Jaffa locale est formée à faire à une petite échelle locale ce que ne pouvaient faire les Humains absents, comme à Chulack là encore, en revanche, ils n'ont aucun moyen de tenir les planètes centrales, du type capitale de Yu, Delmack, ou capitale de Ba'al et Anubis sur le modèle de Delmack; ils peuvent en expulser les Humains sous la menace des armes, mais après quelques jours, ces métropoles seront paralysées et souffrantes, et cela exponentiellement. Du reste, j'ai envie de rebondir sur ce que l'agent de Bra'tac dit au chef des autonomistes : comment le gouvernement central fait-il pour fonctionner? Pour que tout cela fonctionne de la sorte, cela donne à penser que les liens entre Jaffas et aliens sont plus complexes qu'il n'y paraissait. Et ma foi, ce pourrait être une "troisième voie" qui donne à réfléchir, pour les Jaffas; malgré l'existence de réactions racistes et nationalistes, la Nation Jaffa pourrait à terme devenir le premier état multiracial de l'univers SG, en accueillant une masse d'immigrants Humains, Serrakins, Oraniens... nécessaires. Un peu comme les pays issus de la colonisation Britannique de par le monde, les premiers états post-coloniaux modernes aux cultures multiples en opposition aux vieux pays aux racines ethniques plus exclusives. Jaffa désignant une espèce précise, leur nationalité serait plutôt Dakaran. D'ailleurs, pendant que j'y suis, je voudrais parler de l’Installation. J'admet que j'ai été un peu surpris par tes choix scénaristiques, certes télégéniques (on cherche un moment pour comprendre ce qu'il se passe, c'est original, etc) mais qui ne m'ont pas l'air d'être ni les plus efficaces ni les plus simples pour les Jaffas. J'avais deviné de quoi il retournait dans les grandes lignes, dés que l'Installation a été citée, mais j'imaginais quelque chose de bien différent ; par exemple, une forteresse secrète bien plus polyvalente, où tous les meilleurs techniciens-Jaffas-par-les-hasards-de-la-vie et les enfants Jaffas les plus brillants ont été enlevés, pour suivre de force les cours dispensés par des savants Hébridians, Humains, Tok'ra, etc, bannis de chez eux pour leurs expériences scientifiques sur les bébés, et payés une fortune par Dakara, tandis qu'en sous-sol, une douzaine de Goa'ulds rescapés sont perpétuellement torturés et échangent une nuit de paix contre l'un ou l'autre secret tactique ou scientifique. Ailleurs dans le bâtiment, on organise secrètement les vols et les achats confidentiels d'artefacts ou de talents. Etc. Je n'ai pas l'impression que cette mascarade puisse être plus productive qu'un tel QG. D'ailleurs, cela pourrait même fonctionner tout aussi bien si la Goa'uld connaissait la vérité et se savait captive. Bien sûr, il y a des Goa'ulds courageux, mais la plupart pensent surtout à leur confort, sans croire à une idéologie, donc ils ne sont pas les plus durs à faire craquer, leur intégrité personnelle étant pour plusieurs leur seul idéal. Cette Installation me rappelle un peu le stratagème d'Hathor dans les débuts de SG-1... à l'époque, je n'avais pas adhéré. Cela me paraissait inutilement complexe et démesuré sur le plan de la logistique économique et tactique, pour un résultat pas forcément à la hauteur. Selon moi, Hathor aussi aurait mieux fait d'envoyer quelques uns de ses sbires observer, et passer des marchés avec des Aris Bok et des Vala Maldoran, pour s'informer sur ce qui l'intéressait. Quitte à vouloir jouer sur la duperie, des drogues comme le sang de Sokar, OK, c'est un moyen pertinent, mais passer tout ce temps et ces moyens à donner corps au délire d'une personne... je me demande si ce n'est pas le moyen le plus encombrant, le plus coûteux et le plus fragile, le plus long aussi, pour un résultat que même sans qu'il soit mauvais, j'ai du mal à imaginer à la hauteur de l’investissement. Autre petit point, mais c'était plus une interrogation qu'autre chose. J'ai été surpris du cynisme d'Atlantis (que personnellement j'ai perçu chargé d'un certain plaisir à se faire comprendre des Terriens) quand elle explique que l'intégrité des faibles et la justice n'ont aucune importance dans cet univers. Voici la traduction officielle des glyphes de l'escalier Atlante; - Citation :
- 01 Nous tenons ceci comme une vérité:
02 une chaleureuse bienvenue à ceux d'autres mondes 03 visitant notre demeure pour la première fois, bienvenue encore. 04 A ceux revenants, vous êtes partis trop longtemps et votre 05 absence a pesé lourdement sur nos âmes. Nous sommes 06 de nouveau unis. Vous êtes parmis nous et nous célébrons votre présence à nouveau. 07 En partant pour des mondes éloignés, nous nous engageons à respecter les terres de 08 nos voisins et à agir avec intégrité en tant qu'ambassadeurs d'un temps de paix. 09 Par notre peuple, les voyageurs aux coeurs ouverts seront toujours les bienvenus. Les réfugiés 10 de la tyrannie peuvent trouver un abri sous notre toit. En celui-ci, notre peuple paiera 11 de sa vie pour protéger le faible et le juste. Que ceci soit notre engagement envers ces 12 habitants de ces mondes. Et pour tout ce que nous aurions un jour à apprendre, nous tacherons toujours de 13 venir en paix comme nous partons en paix et vous serez éternellement les bienvenus sur nos terres. J'sais pas, j'imagine mal les types qui ont écrit ça, programmer leur création de la sorte... après, j'entend bien qu'elle n'est pas qu'un cahier blanc que l'on remplit, et qu'elle a son autonomie. Sur les derniers chapitres, j'ai pu remarquer un effort agréable sur les descriptions. Sage décision, car il faut avouer qu'à certains passages, ça devenait handicapant pour le récit : il pouvait ne subsister que le dialogue, sans qu'on sache où était les gens (pièce, mobilier, température, apparences...) , ni dans quelle posture (assis, debout, accoudé, faisant les cent pas...) , ni dans quelle attitude (gestuelle, ton, expressions, latences, ambiances...) , ni même sans avoir une traître idée de leur apparence physique et de leur habillement. Au bout d'un moment, ça met en danger le sens du texte (j'ai eu des problèmes à comprendre ce qu'il se passait ou ce qu'il ne se passait pas, et de quelle manière, dans certains chapitres) , et c'est d'autant plus dommage que tes textes qui souffrent de cela sont seulement à compléter, rien de plus. Pour donner un exemple plus symbolique qu'important, tu cite à un moment une adolescente Humaine dans une boutique de Dakara. Les autres ne partagent peut-être pas mon avis, mais moi, j'aimerais bien savoir si elle est habillée en paysanne de l'ère Charlemagne, en Indiana Jones, ou en fashion-lolita à la mode d'Hébrida. Ce genre de points aussi permet de tirer une vision tant affective qu’intellectuelle de la façon dont ton univers est construit. En conclusion, c'est une bonne histoire, bien racontée, avec de bonnes idées, de bons personnages, une mystérieuse toile scénaristique assez arachnidesque qui ne peut qu'être enthousiasmante, et une richesse de rythmes intéressante, du schéma tactique trigalactique rapidement esquissé entre une IA et deux salons d'officiers, à la scène d'action anxiogène passée à la loupe, temporellement étiiiiiiirée à n'en plus finir, au grand plaisir (douloureux) de nos nerfs. Comme d'habitude, c'est juste que c'est aussi compliqué pour moi de dépasser quelques lignes pour dire que c'est très bien, que de ne pas dépasser trois paragraphes pour m'expliquer sur la moindre interrogation ponctuelle. Il ne faut pas en conclure pour autant que je suis mitigé. C'est vraiment un texte que je trouve à la fois agréable, original et bien foutu. PS : bravo pour les omakes, j'adore le "façon McKay de la saison 5", et surtout le chat avec le spam Réplicateur, même si j'ai regretté que le ton des deux IA ne soit pas encore plus banal et neutre pour accentuer le gouffre entre nos échelles d'enjeux. "Pff, tu fais chier avec tes araignées, mes unités ne se reproduisent pas assez rapidement pour suivre. Ha sinon tu te connecte au subespace 4 le siècle prochain? -Ho, non, le modo ne sait que fermer les cyber-mondes dés qu'Anubis commence à asuraniser. Quelle idée de prendre un grand esprit Nox pour ce poste... tellement à la masse qu'on dirait qu'il ne voit le monde qu'en 6 dimensions..."
Dernière édition par Mat Vador le Jeu 30 Déc 2010 - 14:55, édité 2 fois |
| | | Rufus Shinra Roi des Petits Gris
Nombre de messages : 2455 Age : 36 Localisation : Là où s'est déroulée la dernière catastrophe en date ~ Compagnon senior de la Confrérie
| Sujet: Re: Effet Papillon [Tome II] Mer 29 Sep 2010 - 16:35 | |
| O_o : Ça, c'est du commentaire. Je ne vais pas pointer certains lecteurs du doigt pour leur désigner Mat comme un modèle à suivre, mais bon, là, je dois admettre que c'est du lourd, auquel je ne peux que répondre. - Citation :
- Je crois que j'ai finalement mis le doigt sur une impression étrange qui me titille depuis longtemps dans la lecture de cette fic : à la fois par la forme prise par cet univers et par le biais de ta narration, je crois que l'armada Terrienne me fait l'effet d'une société close, dissociée d'une Terre si profondément éloignée à tous les égards, comme si son existence n'était pas réellement fondée. C'est peut-être le décalage qu'il y a à se représenter des centaines de milliers de gens de tout rang et de toute origine géographique s'agitant au nom d'une Terre qui ignore tout et se croit au Moyen-âge, qui provoque cela, mais j'ai l'impression curieuse que les limites de cette civilisation sont les coques de cette flotte, loin d'une Terre aux contours vagues, devenue un enjeu symbolique plus que concret, et ces deux points ne sont pas, évidemment, sans me rappeler la caravane solitaire de BSG, d'autant plus avec la rigueur technique, logistique et réglementaire qui, sous ta houlette, a remplacé le flou qui planait sur ces aspects à bord des quelques vaisseaux Terriens vus dans les séries.
Cela contribue à donner une atmosphère un peu claustrophobe, un peu comme si l'univers de nos héros se limitait à ces étroites coursives entremêlées, sans localisation fixe, tout juste assez solides pour retenir le néant glacé de l'extérieur, sans qu'ils puissent jamais envisager de se replier vers de verts pâturages et autres grandes étendues respirables. L'effet est assez efficace. La vision est intéressante, et, je dois l'admettre, colle parfaitement à la situation. Faut reconnaitre que la situation terrienne est assez paradoxale, comme à peu près tout dans l'univers SG si on y réfléchit bien. Pour l'inspiration de BSG, je ne m'en cacherai absolument pas, cette série ayant défini la référence en termes de SF militaire, quoi que l'on puisse dire sur ses errements scénaristiques. Mais, effectivement, ils sont assez isolés de cette Terre qui ne les connait pour ainsi dire pas du tout, et pour qui ils sont obligés de se déplacer, de mourir sans forcément la défendre directement, la poignée de vaisseaux dont dispose le Programme ayant une importance politique capitale dans ces temps de transition. - Citation :
- De plus, j'en suis rendu à un point où les séries sont tellement floues dans ma tête qu'en fait, je vis EP un peu comme semi-suite, semi-remake, de l'univers des séries SG, un peu comme Children of the gods (version authentique) l'était pour le Film. Entre autres, les points de la chronologie, par exemple date du fléau par rapport à la Voie Lactée et Pégase/ascension/alliance des 4/etc, me sont devenu presque totalement étrangers, donc en fait je peux lire n'importe quoi à ce sujet et m'en accommoder de toute manière.^^
Merci ! C'était mon intention à la base, de faire une suite/fin à l'univers SG, qui permette de terminer la majorité des arcs et de nombreuses questions sans réponse. Au niveau de la chronologie, Skay m'a beaucoup aidé, tant pour coller à peu près à l'officielle que pour compléter la civilisation Ancienne, avec entre autres les différentes Cités. - Citation :
- ANALYSE GÉOSTRATÉGIQUE DE LA NATION JAFFA
Analyse très pertinente, je dois l'admettre. Et surtout, qui vient à point nommé, puisque la suite va de nouveau se concentrer sur les Jaffa et leur situation à l'aune de la nouvelle donne stratégique. Je dois reconnaitre que, au cours de la rédaction, je n'avais pas pensé à nombre des points que tu soulèves, et que tu m'as donné à réfléchir. Donc, après notre discussion sur MSN, je vais m'efforcer d'introduire les points dont nous avons parlé au cours des prochains chapitres. Pour ce qui est de certaines décisions pourries manquant de sagesse, well, les Jaffa ne sont pas particulièrement réputés pour être particulièrement fins et expérimentés au niveau politique. - Citation :
- Autre petit point, mais c'était plus une interrogation qu'autre chose. J'ai été surpris du cynisme d'Atlantis (que personnellement j'ai perçu chargé d'un certain plaisir à se faire comprendre des Terriens) quand elle explique que l'intégrité des faibles et la justice n'ont aucune importance dans cet univers. Voici la traduction officielle des glyphes de l'escalier Atlante;
- Citation :
- 01 Nous tenons ceci comme une vérité:
02 une chaleureuse bienvenue à ceux d'autres mondes 03 visitant notre demeure pour la première fois, bienvenue encore. 04 A ceux revenants, vous êtes partis trop longtemps et votre 05 absence a pesé lourdement sur nos âmes. Nous sommes 06 de nouveau unis. Vous êtes parmis nous et nous célébrons votre présence à nouveau. 07 En partant pour des mondes éloignés, nous nous engageons à respecter les terres de 08 nos voisins et à agir avec intégrité en tant qu'ambassadeurs d'un temps de paix. 09 Par notre peuple, les voyageurs aux coeurs ouverts seront toujours les bienvenus. Les réfugiés 10 de la tyrannie peuvent trouver un abri sous notre toit. En celui-ci, notre peuple paiera 11 de sa vie pour protéger le faible et le juste. Que ceci soit notre engagement envers ces 12 habitants de ces mondes. Et pour tout ce que nous aurions un jour à apprendre, nous tacherons toujours de 13 venir en paix comme nous partons en paix et vous serez éternellement les bienvenus sur nos terres. J'sais pas, j'imagine mal les types qui ont écrit ça, programmer leur création de la sorte... après, j'entend bien qu'elle n'est pas qu'un cahier blanc que l'on remplit, et qu'elle a son autonomie. Ben, Atlantis est pas trop conne, quand même. Elle a vu qu'elle devait aider des baba-cools à survivre dans un univers pas particulièrement enclin à pardonner les erreurs. Le fait-même qu'elle ait survécu aussi longtemps implique qu'elle a dû créer un peu de cynisme. Et puis, qui sait, ils l'ont peut-être créée pour éviter d'avoir à être cynique eux-mêmes. - Citation :
- Sur les derniers chapitres, j'ai pu remarquer un effort agréable sur les descriptions. Sage décision, car il faut avouer qu'à certains passages, ça devenait handicapant pour le récit : il pouvait ne subsister que le dialogue, sans qu'on sache où était les gens (pièce, mobilier, température, apparences...) , ni dans quelle posture (assis, debout, accoudé, faisant les cent pas...) , ni dans quelle attitude (gestuelle, ton, expressions, latences, ambiances...) , ni même sans avoir une traître idée de leur apparence physique et de leur habillement. Au bout d'un moment, ça met en danger le sens du texte (j'ai eu des problèmes à comprendre ce qu'il se passait ou ce qu'il ne se passait pas, et de quelle manière, dans certains chapitres) , et c'est d'autant plus dommage que tes textes qui souffrent de cela sont seulement à compléter, rien de plus. Pour donner un exemple plus symbolique qu'important, tu cite à un moment une adolescente Humaine dans une boutique de Dakara. Les autres ne partagent peut-être pas mon avis, mais moi, j'aimerais bien savoir si elle est habillée en paysanne de l'ère Charlemagne, en Indiana Jones, ou en fashion-lolita à la mode d'Hébrida. Ce genre de points aussi permet de tirer une vision tant affective qu’intellectuelle de la façon dont ton univers est construit.
En conclusion, c'est une bonne histoire, bien racontée, avec de bonnes idées, de bons personnages, une mystérieuse toile scénaristique assez arachnidesque qui ne peut qu'être enthousiasmante, et une richesse de rythmes intéressante, du schéma tactique trigalactique rapidement esquissé entre une IA et deux salons d'officiers, à la scène d'action anxiogène passée à la loupe, temporellement étiiiiiiirée à n'en plus finir, au grand plaisir (douloureux) de nos nerfs. Comme d'habitude, c'est juste que c'est aussi compliqué pour moi de dépasser quelques lignes pour dire que c'est très bien, que de ne pas dépasser trois paragraphes pour m'expliquer sur la moindre interrogation ponctuelle. Il ne faut pas en conclure pour autant que je suis mitigé. C'est vraiment un texte que je trouve à la fois agréable, original et bien foutu. Ah bah re-merci, alors. Mais bon, pour les descriptions, pour l'instant, j'essaie encore de rattraper mon retard par rapport à Skay (un kilomètre de fait, plus que huit cent soixante et onze années-lumière). Et pour ce qui est de la répartition dans ton commentaire, le long passage sur les Jaffas m'a été extrêmement utile, donc il n'y a pas à se justifier. C'est constructif, c'est bien réfléchi, c'est utile, et je vais le prends déjà en compte pour le nouveau chapitre. Merci de ton comm' !
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| | | Webkev Roi des Petits Gris
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| Sujet: Re: Effet Papillon [Tome II] Mar 5 Oct 2010 - 20:57 | |
| - Rufus Shinra a écrit:
- O_o : Ça, c'est du commentaire. Je ne vais pas pointer certains lecteurs du doigt pour leur désigner Mat comme un modèle à suivre, mais bon, là, je dois admettre que c'est du lourd, auquel je ne peux que répondre.
Je ne vois pas de quoi tu veux parler Commentaire du chapitre 12On se retrouve d'abord sur la frégate âgée, à une exception près, que tous les peuples de la Voie Lactée. Penses-tu aux Nox, ou y-a-t'il une entourloupe? J'adore le cynisme de mon IA préférée qui se complet à rappeler à nos chers compagnons d'infortune qu'elle est capable entre autre d'annihiler toute résistance jaffa sur Dakara et qu'elle a été jusqu'à considérer cette option avant d'estimer que les dégâts n'auraient pas été à la hauteur du bénéfice. Ensuite vient un moment qui me semblait inévitable, Anna parle des visions qu’Atlantis a implantée sciemment dans son subconscient afin de pouvoir soulager Shanti… Et Atlantis apparait là comme un sérieux adversaire pour Bruel. Quelle bluffeuse. Tu as réussi ton coup Rufus, tu as construit des personnages complexes auxquels on s’attache et qui font des choses que SG-1 n’aurait jamais faite (au grand dam de la réalité de la vie). Atlantis est l’un de mes perso préféré de ta fic, et son comportement peut parfois être détestable, mais ce n’est là qu’une preuve supplémentaire que tu maitrise pleinement ton sujet. Evidemment, les jaffas ne peuvent s’empêcher de surveiller les humains, choses compréhensible de leur part. Et évidemment (comme dans Farscape), ca se passe mal. Et j’ajouterais que vu ce qu’il s’est passé, ca va retomber sur le dos des terriens. Mais en tout cas, la description de l'attaque est bluffante. Tu manies vraiment avec virtuosité les descriptions des cataclysmes (non non, il n'y en a pas eu tant que ca). Bon, faut dire qu'entre arachnide, Atlantis... y de quoi faire Le passage avec Carl confirme que le jeune homme a été « mis au placard » pour mieux revenir sous les feux des projecteurs d’EP. On peut aussi constater, chose agréable, que tu glisses quelques éléments intéressants sur le fait que les terriens commencent à profiter des plus values du programme SG. Quand Carl tombe inconscient à la suite de « Laputan. Machine. », je n’ai pas pu m’empêcher de penser à Alfred Bester et son Asimov ^^ (ceci est un compliment ;-) ) Par contre, Laputan? Référence à Laputa des voyages de Gulliver? Deux passages que j’ai particulièrement adorés : - Citation :
- Le flash fut presque aussi brillant que l’étoile autour de laquelle orbitait ce système et aveugla l’unique humanoïde présent dans celui-ci. Au bout de quelques instants, le pilote se rappela la distance qui le séparait de l’explosion, bien plus éloignée que l’étoile en question.
Un seul mot vint alors troubler le silence dans le cockpit du Tel’Tak : -Oups. - Citation :
- -Ne vous inquiétez pas, commandant. Je n’agirai jamais comme ce… Skynet. Il est par trop… inefficace.
-Et voilà pour mon sommeil… -Ceci est… -… de l’humour. D’accord, d’accord, j’ai compris la leçon, compléta Campbell avant de murmurer, n’empêche, je crois que je préférais l’entité ultra-logique… Voilà un commentaire de retard en moins. J'espère ne pas te faire attendre trop longtemps pour le suivant Rufus, car EP est vraiment une des meilleures fictions sur l'univers SG jamais écrite. Si jamais je devient milliardaire, je finance dans l'ordre une suite à B5, puis j'rachète les droits de SG et je réalise EP, SG Chronicles (et quand j'l'aurai lu, surement Kaliam ^^) |
| | | Rufus Shinra Roi des Petits Gris
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| Sujet: Re: Effet Papillon [Tome II] Mar 5 Oct 2010 - 23:36 | |
| Ouééééé, merci pour le comm' ! Ca fait quand même bizarre de lire des comm' de vieux chapitre, mais whatever, ils sont intéressants, et j'adore voire que, contrairement à d'autres lecteurs, tu as repéré un ou deux points que j'avais glissé justement en vue d'être soulevés par les lecteurs ^_^ - Webkev a écrit:
- Atlantis est l’un de mes perso préféré de ta fic, et son comportement peut parfois être détestable, mais ce n’est là qu’une preuve supplémentaire que tu maitrise pleinement ton sujet.
Beuh, son comportement n'est pas si détestable que ça, au contraire. Elle aide quand même Shanti a se remettre d'une expérience traumatisante, ou du moins à éviter qu'elle ne se fasse détruire par celle-ci. Et ça gratuitement ! (Si tu as cru la dernière phrase, j'ai des terrains diamantifères sur la Lune à te vendre pour pas cher !) Content en tout cas que tu l'apprécies. Je l'adore aussi, et je dois dire qu'elle est ex-æquo avec Shanti pour moi (et dire qu'au début, c'était Carl qui était censé être le perso principal, quasiment un Mary Sue.....). Surtout vu qu'elle a tendance à agir d'une manière qui me surprend fréquemment, cette fourbesse (Atlantis, s'entend). - Webkev a écrit:
- Evidemment, les jaffas ne peuvent s’empêcher de surveiller les humains, choses compréhensible de leur part. Et évidemment (comme dans Farscape), ca se passe mal. Et j’ajouterais que vu ce qu’il s’est passé, ca va retomber sur le dos des terriens.
Situation toute pourrie, informations partielles, et grosses étincelles à antimatière. La recette du bonheur. :-D - Webkev a écrit:
- Le passage avec Carl confirme que le jeune homme a été « mis au placard » pour mieux revenir sous les feux des projecteurs d’EP. On peut aussi constater, chose agréable, que tu glisses quelques éléments intéressants sur le fait que les terriens commencent à profiter des plus values du programme SG. Quand Carl tombe inconscient à la suite de « Laputan. Machine. », je n’ai pas pu m’empêcher de penser à Alfred Bester et son Asimov ^^ (ceci est un compliment ;-) )
Par contre, Laputan? Référence à Laputa des voyages de Gulliver? Et Webkev gagne le gros lot, qui est d'avoir repéré une référence qui peut s'avérer assez utile pour certains. "Laputan Machine" est en fait un killswitch, qui, prononcé, active l'autodestruction d'un agent cybernétiquement amélioré dans le magnifique jeu Deus Ex, jeu, qui, non content d'offrir un gameplay particulièrement réussi, a un scénario ahurissant et génial. A récupérer absolument. En gros, c'est le Babylon 5 du FPS/RPG, dans un contexte cyberpunk très réussi. - Webkev a écrit:
- Voilà un commentaire de retard en moins. J'espère ne pas te faire attendre trop longtemps pour le suivant Rufus, car EP est vraiment une des meilleures fictions sur l'univers SG jamais écrite.
Si jamais je devient milliardaire, je finance dans l'ordre une suite à B5, puis j'rachète les droits de SG et je réalise EP, SG Chronicles (et quand j'l'aurai lu, surement Kaliam ^^) Merchiiiii *rougit comme une écolière* Mais, par contre, au niveau fic, je peux t'assurer que, 1) il y a pas mal de trucs mieux sur SG ici-même (le cycle des Aellos, commencé et tristement non fini, reste une référence à ce niveau, au même titre que les fics de Skay, Mat ou l'Enfanteuse (cette dernière maitrisant très bien les personnages)). 2) Au niveau fics en général, well, j'ai lu de ces trucs en anglais, qui ramènent, sans vouloir être méchant, nous ramènent tous ici à la maternelle. Mais merci ! J'avance le 21, là, entre deux DM et TP..... X_X
Dernière édition par Rufus Shinra le Ven 25 Mar 2011 - 20:39, édité 1 fois |
| | | Webkev Roi des Petits Gris
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| Sujet: Re: Effet Papillon [Tome II] Mer 6 Oct 2010 - 9:14 | |
| - Rufus Shinra a écrit:
- Ouééééé, merci pour le comm' ! Ca fait quand même bizarre de lire des comm' de vieux chapitre, mais whatever, ils sont intéressants, et j'adore voire que, contrairement à d'autres lecteurs, tu as repéré un ou deux points que j'avais glissé justement en vue d'être soulevés par les lecteurs ^_^
J'éprouve en fait toujours beaucoup de mal à lire un chapitre, puis à le commenter juste après, parce que pour commenter efficacement et rendre à Caesar ce qui lui appartient, je dois relire le chapitre et le commenter simultanément. Donc il me faut toujours un peu de temps, pour que quand je vienne commenter, je ne me souvienne plus des détails, comme ca je peux savourer la relecture. En fait, je savoure deux fois plus Effet Papillon que n'importe quel lecteur - Rufus Shinra a écrit:
- Beuh, son comportement n'est pas si détestable que ça, au contraire. Elle aide quand même Shanti a se remettre d'une expérience traumatisante, ou du moins à éviter qu'elle ne se fasse détruire par celle-ci. Et ça gratuitement ! (Si tu as cru la dernière phrase, j'ai des terrains diamantifères sur la Lune à te vendre pour pas cher !)
Niak niak, comme si j'allais te croire. Chaque protagoniste d'EP a un but qui lui est propre et fera tout pour y parvenir, non? Atlantis est celle qui a le plus de chance d'y parvenir, non pas grâce à sa formidable puissance technologique mais surtout de part sa (quasi?) absence de sentiment. Je dit quasi, parce que j'adoOore son cynisme et son humour - Rufus Shinra a écrit:
- Surtout vu qu'elle a tendance à agir d'une manière qui me surprend fréquemment, cette fourbesse (Atlantis, s'entend).
Tiens, j'ai cru un moment que tu parlais de... - Rufus Shinra a écrit:
- Et Webkev gagne le gros lot, qui est d'avoir repéré une référence qui peut s'avérer assez utile pour certains. "Laputan Machine" est en fait un killswitch, qui, prononcé, active l'autodestruction d'un agent cybernétiquement amélioré dans le magnifique jeu Deus Ex, jeu, qui, non content d'offrir un gameplay particulièrement réussi, a un scénario ahurissant et génial. A récupérer absolument. En gros, c'est le Babylon 5 du FPS/RPG, dans un contexte cyberpunk très réussi.
Deus Ex, il me semble que j'ai essayé le jeu, en son temps. Mais comme je l'avais eu à prêter, je n'ai pas pu aller très loin. Je vais surement remédier à cela. Par contre, killswitch? Je préfère Asimov - Rufus Shinra a écrit:
- Merchiiiii *rougit comme une écolière* Mais, par contre, au niveau fic, je peux t'assurer que, 1) il y a pas mal de trucs mieux sur SG ici-même (le cycle des Aellos, commencé et tristement non fini, reste une référence à ce niveau, au même titre que les fics de Skay, Mat ou l'Enfanteuse (cette dernière maitrisant très bien les personnages)). 2) Au niveau fics en général, well, j'ai lu de ces trucs en anglais, qui ramènent, sans vouloir être méchant, nous ramènent tous ici à la maternelle. Mais merci ! J'avance le 21, là, entre deux DM et TP..... X_X
Le problème avec toi, c'est que t'as du mal à accepter les compliments. Et puis laisse moi faire ce que je veux avec mon argent hypothétique |
| | | Rufus Shinra Roi des Petits Gris
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| Sujet: Re: Effet Papillon [Tome II] Sam 16 Oct 2010 - 17:42 | |
| Chapitre 20 : Corrections de trajectoires
Certains individus pensent, l’âge venant, que plus rien ne peut les surprendre. Bra’tac, leader historique du mouvement de rébellion jaffa, avait plus de raisons que beaucoup d’adopter une telle attitude, mais avait vécu suffisamment longtemps pour en découvrir les dangers. Cependant, s’il pouvait effectivement être pris au dépourvu, ce n’était pas sans être mis face à quelque chose de totalement inattendu et spectaculaire.
La fin brutale de la bataille de l’Antarctique l’avait étonné. La résilience de Daniel Jackson l’avait étonné – les deux ou trois premières fois. Le raid de l’Alliance Luxienne sur le chantier spatial de Chulak l’avait étonné. L’attaque récente sur Dakara l’avait étonné.
L’ouverture des hostilités entre son peuple et les Terriens ne l’étonnait pas.
L’attristait, peut-être, l’inquiétait, à coup sûr, le faisait enrager, sans l’ombre d’un doute. Mais ne l’étonnait pas. Il avait compris, peu de temps après la fondation de la nouvelle Nation, que ce conflit ne pourrait que venir, les Tau’ri représentant un symbole qui dérangeait trop de personnes. Ils s’étaient hissés en trop peu de temps à un rang inapproprié pour des humains que les jaffas avaient appris à voir comme le plus bas niveau de l’échelle sociale, et, plus grave encore, l’avaient fait par la force des armes. De nombreux jaffas pouvaient accepter l’aide d’alliés honorables, tant par leur présence à leurs côtés que par un plus discret soutien logistique (que Bra’tac avait appris à apprécier bien plus que la présence occasionnelle d’un vaisseau ou d’une escouade). Une partie d’entre eux pouvait tolérer l’idée que ces alliés avaient été le déclencheur de leur rébellion, et avait suffisamment occupé les Grands Maîtres pour la rendre ingérable par les habituelles mesures de répression. Mais presque aucun ne pouvait envisager l’idée que les humains, qui, malgré leur apparence semblable, étaient de toute évidence en tous points inférieurs aux jaffa, puissent se poser en égaux.
Les rares individus qui avaient accepté un concept aussi violemment opposé à leur éducation et à leur histoire avaient formé le noyau dur du parti de Bra’tac. Mais ce cercle rapproché était réduit, et d’une influence limitée, les traditionnalistes, rapidement assimilables aux bellicistes, rassemblant la majorité des vétérans et des élites de la Nation Jaffa. Pour s’y opposer, il n’avait pour forces qu’un groupe toujours plus réduit d’idéalistes et d’amis fidèles qui ne s’étaient pas laissés charmer par les sirènes du pouvoir.
Un pouvoir qui perdait de son sens à chaque jour qui passait, avait conclu avec tristesse le vieux jaffa.
L’un de ses conseillers l’avait averti de l’attaque qui avait touché des vaisseaux de l’escadre, et, surtout, de la réaction qui avait suivi. Sans surprise, il n’avait pas eu la moindre chance d’empêcher Gerak de s’emparer de l’affaire pour ordonner une contre-offensive sur les vaisseaux terriens, qui, apparemment, avaient eu la sagesse de quitter la zone. Il n’avait en fait même pas tenté de s’opposer à cette décision de manière autre que symbolique. Bien au contraire, il préférait voir cette force s’agiter dans une poursuite probablement sans issue plutôt que de revenir sur Dakara renforcer la main de son adversaire.
Surtout depuis qu’il avait reçu le message que Rya’c lui avait fait parvenir du responsable humain, disant que les différentes attaques apparemment subies par les deux groupes venaient d’un seul et même adversaire. Message face auquel il ne savait pas comment réagir, tant politiquement que militairement.
-Honnêtement, lui demanda l’un des sénateurs indépendants, un jaffa à l’âge plus qu’apparent, qui avait connu son heure de gloire des décennies auparavant, est-ce que Gerak a raison ? Est-ce que les Tau’ri nous attaquent ? -Est-ce que ça a la moindre importance ? lui répondit-il. -Tu laisses tes souvenirs t’aveugler, Bra’tac ! Ils ont pu nous aider, mais s’ils décident de faire place nette, nous devons faire front commun ! -Non. Je pense à notre avenir. A l’avenir de chaque jaffa sur chacune de nos planètes. -Quel rapport avec les attaques ? -Ceci, Rol’Ibnis : qu’ils nous attaquent ou pas, Gerak veut et aura sa guerre. -Pas s’ils sont innocents. -Laisse la naïveté aux enfants. Qu’est-ce que nous faisons depuis notre victoire sur les faux dieux ? -Comment ça ? -Depuis l’instant où la dernière lance s’est refermée, la seule priorité de cette Nation, la seule chose sur laquelle tous ses sénateurs ont pu s’accorder sans débats stupides, c’est la flotte. Construire plus de vaisseaux, entretenir les autres, les améliorer, développer de nouvelles armes. -Ma… commença l’autre avant d’être coupé par Bra’tac. -Non, laisse-moi continuer, je suis un vieux guerrier qui a besoin de grogner de temps à autre. Tu dois savoir ce que c’est… Notre devoir, en tant que dirigeants, dit-il en essayant d’éviter des termes pouvant lui rappeler la structure militaire à laquelle il était habitué, est de protéger nos frères. Et sœurs, se rattrapa-t-il. Et nous nous en donnons les moyens. Mais à quel prix ? Son interlocuteur détourna le regard, sachant parfaitement où le jaffa voulait en venir. -Il n’y a pas besoin des Tau’ri pour nous détruire. Ils ne sont là que pour détourner l’attention. Une… diversion. -Par rapport à quoi ? -Tu le sais aussi bien que moi. -… -Suppose que Gerak gagne cette guerre. Les vaisseaux terriens sont détruits, ils n’ont pas détruit Dakara, Chulak et tout le reste pour se venger. Et après ? -Rien ne change. -Si. Nous aurons perdu nos derniers alliés. La seule puissance qui pourrait nous aider sans nous poignarder en même temps dans le dos. Nous serons tous seuls, et la nation Jaffa périra. Celle dont nous avons rêvé sans oser l’admettre, quand cette marque voulait dire quelque chose, continua-t-il en pointant le symbole d’Apophis. Et sans avoir perdu la moindre bataille. Gerak et sa clique… et nous aussi, nous allons rester sur les planètes centrales, à jouer comme des enfants, à prétendre avoir du pouvoir, alors que tout… Sa voix se mit à faiblir, n’arrivant pas à terminer sa phrase. -Que veux-tu faire, alors ? -… Je ne sais pas. Il nous faudra une opportunité, des alliés, quelque chose qui fasse comprendre à tous les jaffa qu’ils doivent poser les lances. As-tu déjà vu une ferme, Rol’Ibnis ? -Bien sûr, quand… -Non, pas à cette époque. Depuis que tu es sénateur, ajouta-t-il avant de l’interrompre alors qu’il s’apprêtait à répondre. Et pas un de ces, comment disent les Tau’ri… musées. Je parle des champs à perte de vue, sur des planètes dédiées. -… Non. -Moi non plus. En tout cas, pas sur nos planètes. Des ateliers, combien ? Des usines ? Par contre, des casernes, des forges d’armes, ça, je n’ai pas besoin de t’interroger… Personne ne se pose de questions, et quand je le fais, ils me méprisent, parés de leurs vertus guerrières et de leur sens de l’honneur. “Un jaffa n’a pas à faire ça“ ou bien “Ça prend du temps“. Pas un seul qui se demande comment nous mangeons, où nous dormons. -Depuis que les humains sont partis, nous manquons de main-d’œuvre, c’est vrai, concéda le sénateur, mais les accords avec leurs mondes fonctionnent. Ils ont raison sur ce point, Bra’tac. Ce n’est qu’une transition. -Une transition ? Depuis que la Nation existe ? Qui va se terminer rapidement, les jaffa étant impatients de travailler la terre ou les outils ? Est-ce que tu crois vraiment à ce que tu dis ? -Je… La nouvelle génération va… -Faire comme l’ancienne, compléta-t-il. Pourquoi faire les tâches pénibles quand la seule voie reconnue par son peuple est celle de la guerre ? Surtout quand elle se limite à patrouiller les rues ou l’extérieur des villes. Nos enfants vont vouloir les mêmes privilèges que nous, et ils ont raison. Tant que l’on peut payer les vrais fermiers pour leur récolte, les vrais artisans pour leurs produits. Prends Dakara. As-tu une idée du nombre d’ouvriers qu’il a fallu amener de la frontière pour agrandir la ville ? Alors que nos officiers se plaignent de l’inaction, que tu ne fais pas un pas sans voir un jaffa oisif. -Tu veux changer les mentalités, Bra’tac. Ce n’est pas possible. Nous sommes des soldats, depuis aussi longtemps que l’on se souvienne. -Et les soldats doivent manger. Quand il n’y aura plus de quoi acheter les rations, est-ce que nous allons piller nos voisins ? -Non, bien sûr que… -Alors les conquérir et réduire leurs habitants en esclavage, comme les faux dieux ? -Non, mais… -Ou alors… -Stop ! Bra’tac, tu changes de sujet ! Je te parlais des Tau’ri, de leur attaque, pas de notre situation générale. -C’est la même chose. -Comment ça ? -Réfléchis. Si les Tau’ri voulaient vraiment nous voir détruits, qu’est-ce qu’ils auraient à faire ? -Je ne vois pas ce que tu veux… commença-t-il avant de comprendre, son regard croisant celui de Bra’tac. -Voilà. Il leur suffit d’attendre. Nous allons nous effondrer. Pourquoi prendre des risques ? Ils se font des alliés, développent lentement des colonies, pendant que nous vendons les nôtres aux Hébridans juste pour acheter de la nourriture et de la main-d’œuvre que nous avons déjà. Quand Dakara est tombée, nous aurions pu attaquer et conquérir la Terre, en arrivant de l’autre côté de leur défense sur ce continent glacé. Maintenant, même les traditionalistes les voient comme un danger pour notre flotte. Et après ? Le temps joue avec eux… non, en fait, il joue juste contre nous. -Alors pourquoi nous attaquer maintenant ? -Voilà la question qu’il faudrait normalement se poser. Ils réfléchissent avant d’agir, c’est pour ça qu’ils survivent. Mais Gerak, lui, veut absolument gagner sa guerre, apparaitre comme un chef militaire, être glorieux. Il voit tout suivant cet objectif, et rien d’autre. Et c’est beaucoup plus dangereux que ne peuvent l’être les Tau’ri. -Pourquoi ? Gerak est peut-être ambitieux, mais tous les chefs ne le sont-ils pas ? -Avec leur nation, oui. Pas avec eux-mêmes. S’il impose sa vision d’une guerre pour étouffer les Tau’ri dans l’œuf, pour vaincre ceux qui ont causé la chute des faux dieux, il détruira la Nation jaffa. -Sauf s’il gagne. -Surtout s’il gagne. Les Tau’ri ne sont plus en jeu, et il ne reste plus que nous, et les Hébridan. Ceux qui nous vendent nourriture et matériel. Et qui ont des vaisseaux nombreux et redoutables. Gerak paradera, pendant qu’ils finiront de nous… acheter, cracha-t-il le mot avec dégoût. -Peut-être. -Sois honnête. Pas avec moi, pas avec les autres sénateurs. Juste avec toi. Tu es l’un des meneurs des indépendants. Ils se rallient souvent à tes choix. Demain, tu vas décider de tout. -Et qu’est-ce que tu proposes, alors ? De ne rien faire contre cette attaque, alors que les enregistrements disent que ce sont les Tau’ri ? -Non. Nous ne pouvons pas rester immobiles. La Nation jaffa ne peut pas être méprisée. Mais, elle ne doit pas non plus tuer un soldat avec une flotte entière. -Donc ?
Bra’tac commença à expliquer son idée au sénateur, priant intérieurement pour que ce dernier accepte de jouer son jeu, de refuser l’escalade et de gagner du temps pour comprendre ce qui se produisait vraiment au bord de la galaxie. Mentalement, il fit la revue de ses pièces, toutes dans des positions plus inconfortables et menacées les unes que les autres : Rya’c, ambassadeur extraordinaire au sort lié à celui de l’escadre humaine, Teal’c, seul lien sûr entre les deux gouvernements, une vingtaine d’espions infiltrés dans les différents groupes pouvant être liés à la hausse des attaques, une poignée de vaisseaux loyalistes noyés dans la masse, et les Tau’ri eux-même.
Il menait une partie dangereuse, mais ignorait s’il jouait contre les Tau’ri tout en ayant ses pièces divisées et irréconciliables, contre Gerak et avec les Tau’ri dont il ne pouvait prévoir tous les mouvements, ou encore sur un tout autre échiquier.
Ou tout simplement s’il était un joueur et non une pièce parmi les autres.
Depuis son retour de mission, sa situation était moins déplaisante. Le jeune pilote ne prétendait pas se sentir de nouveau aussi à l’aise qu’à bord du mastodonte terrien qui avait été sa première affectation, mais il apparaissait qu’il commençait à se faire accepter dans cette meute qu’était le groupe de mercenaires. Ceux qui étaient extérieurs à l’unité spéciale savaient parfaitement que l’un des escadrons avait mené une mission, sans pour autant savoir de quoi il s’agissait précisément, et, lui semblait-il, savaient aussi que Carl avait été du vol.
Son mécanicien, par association, avait aussi bénéficié d’une amélioration substantielle de ses conditions de vie et de travail, passant du statut de bouche inutile à celui, légèrement plus envié, d’individu à qui l’on ne volerait pas ouvertement des pièces détachées.
Il n’était pas l’as ou le héros de guerre, mais était toléré comme il l’avait pu être dans le Concordia par les pilotes ayant volé une demi-douzaine d’années dans suffisamment d’escarmouches et de batailles pour être à des années-lumière de gamins comme lui. En fait, se rendait-il compte, son statut était pour ainsi dire très similaire à celui qu’il avait quitté brutalement quelques semaines plus tôt. Au changement d’environnement et d’entourage près.
Après tout, il était passé du statut de “bleu parmi une vingtaine de bleus“ à celui de “gamin entouré par des dizaines de pilotes et de soldats chevronnés ayant volé avant que le Programme ne débute“. Toléré, mais sans plus.
Enfin, soupira-t-il, déjà, je peux à nouveau voler, et je pourrai peut-être en apprendre plus sur ce qui se passe vraiment dans tout ce cauchemar… et même avoir dans mon viseur ces…
Il soupira, allongé et fixant du regard le plafond auquel il ne s’était toujours pas habitué, et qui le surprenait encore à chaque réveil, la couleur légèrement décalée à celles auxquelles il s’était habitué. Les irrégularités inhérentes à la construction presque artisanale du vaisseau attiraient souvent son attention, tandis qu’il cherchait des motifs et des formes dans le paradoxe spatial qu’était ce vaisseau de guerre. Il savait, intellectuellement, qu’il avait été monté et utilisé par une civilisation qui avait perdu bon nombre des connaissances ayant permis sa création. Parmi les motifs en partie effacés sur les cloisons, il s’était arrêté, en remarquant, dans un corridor rendu désert par son inutilité (témoin elle-même des erreurs de conception, de copie et de construction accumulées sur les millénaires), des messages gravés dans une langue qu’il ne comprenait pas, apparemment aussi âgés que le vaisseau lui-même. Son étonnement avait laissé place à une curiosité, le forçant à visiter ce navire, qui, s’il était horriblement désuet et inefficace, avait cependant une âme.
Unique, comme ses innombrables copies presque identiques, il était le produit d’erreurs, du travail plus ou moins réussi et de la personnalité des ouvriers et des contremaitres qui avaient presque toujours représenté le gros de la main-d’œuvre des chantiers spatiaux planétaires Goa’uld. Il présentait ces étrangetés qui manquaient dans les appareils terriens, produits en série par les meilleures machines-outils et robots de précision, chaque poutre ayant subi des batteries de tests standardisés, alors que les ouvriers étaient tous et toutes des techniciens hautement formés et compétents qui appliquaient les procédures depuis leurs pupitres, sans jamais dévier d’un mode opératoire ayant anticipé les déviations involontaires. Dans son esprit, il s’imaginait des planètes où, depuis des dizaines de générations, les parents transmettaient aux enfants les techniques ancestrales de construction de vaisseaux, qui devaient tenir autant de la tradition orale que des plans enregistrés dans les bases données, anachronisme absurde qui le fascinait.
Lors de son retour à bord, le débriefing avait été court, confirmant la destruction de leur objectif, les aspects techniques étant traités au sein des sous-groupes formant l’escadron plutôt que dans la réunion générale. Le leader de la formation, qu’il avait accompagnée en tant qu’ailier, lui avait fait des remarques qui l’avaient surpris par leur bienveillance, faisant des suggestions constructives qui détonaient de l’attitude générale qui avait prévalu à son encontre les jours précédents. Surtout, elle lui avait confirmé le fait qu’il volerait avec elle le temps qu’un nouveau groupe puisse être formé, avec l’arrivée de nouveaux pilotes, une nouvelle qui l’avait particulièrement rassuré, même s’il n’en comprenait pas les motivations. Il avait presque l’impression qu’elle cherchait à le protéger.
Il profitait de cette accalmie lorsque son bracelet d’identification vibra, suivant un rythme à la signification explicitée lors de son arrivée. Brusquement, il se leva de sa couchette, comme deux autres pilotes dans le même compartiment, et se dirigea d’un pas rapide, sans courir, vers la salle des anneaux la plus proche. Il s’immobilisa au milieu des cercles tracés sur le sol pendant que l’une des deux autres “mercenaires“ activait le dispositif de téléportation avant de le rejoindre.
Lorsqu’ils arrivèrent sur le pont spécial, réservé à la vraie nature du vaisseau, ils y virent une agitation supérieure à la normale, et Carl, ayant appris à ne pas poser de questions, suivit ses collègues sans s’empêcher de jeter des regards en biais sur les salles ouvertes dont il pouvait pour la première fois apercevoir l’intérieur. Ses brefs coups d’œil lui révélèrent quelques pièces à l’aménagement intérieur très différent du reste du navire, lisses et aux murs apparemment sans le moindre équipement, exception faite de temps à autre d’une cuve holographique et d’une poignée de moniteurs informatiques modernes.
Son attention fut cependant reportée sur sa propre situation lorsque, suivant instinctivement les autres pilotes, il entra dans la salle de briefing, où l’ensemble de l’escadron était rassemblé, accompagné d’une foule disparate, constituant apparemment l’ensemble du personnel de l’unité spéciale à bord.
Quelques instants plus tard, le commandant du vaisseau entra dans la salle, mettant instantanément fin à l’ensemble des conversations qui avaient immanquablement commencé.
-Nous venons de recevoir une communication du commandement des opérations spéciales. Il y a environ deux heures, les forces Jaffa dans le Petit Nuage de Magellan ont commencé des opérations hostiles contre nos unités basées sur place. Je n’ai pas eu de précision quant aux pertes initiales, juste que les gradés et les politiques tentent de limiter les dégâts.
Carl, comme une partie des hommes et femmes présents, inspira brutalement, pris au dépourvu par la nouvelle.
-Quoi qu’il en soit, on va bosser beaucoup plus près des unités régulières pour toute la crise, ou la guerre, si ça finit comme ça. Je vais pas vous mentir, on s’y attendait tous, ces cons ont décidé de se frotter à nous. Résultat, on va leur montrer ce qu’on sait faire. Et peut-être même leur apprendre un ou deux trucs… s’ils y survivent. Ce que ça va changer pour nous, directement, c’est ça : on va réserver une bonne partie des jobs officiels pour les autres gars, parce que, vous, vous devriez rester occupés. Un peu de piraterie sur leur train logistique, normalement, mais surtout, on va rester prêts pour notre vraie mission : foutre en l’air leurs chantiers dès que les patrons auront accepté la réalité. Que c’est eux ou nous. Que ça l’a toujours été. Des questions ?... Non ? Parfait, parce qu’on a déjà un job. Evelyne ?
La femme qui dirigeait dans les faits l’escadron prit la place du commandant, qui s’éloignait vers la porte.
-Très bien. Vous avez entendu le patron, c’est pour de bon. Le Central veut des infos sur ce que préparent ceux d’en face, et n’a pas envie de les provoquer en envoyant des réguliers. Donc, on va partir en reco sur les différentes bases stratégiques Jaffa. Le bon point, c’est qu’ils n’ont pas encore compris qu’il faut les éloigner des populations, donc on devrait pouvoir se faire passer pour des vols commerciaux. On fera comme ça : les Black Ops vont nous envoyer une douzaine de transports remplis de produits à vendre sur place, et quelques batteries de capteurs dans les double-fonds. Ensuite, on mettra quatre planeurs en escorte pour chaque transport. Deux à nous, deux des mercenaires, que la couverture tienne. On fait un passage près des installations militaires, on se pose, on vend la camelote, et on repart. Simple comme bonjour, mais si personne ne fait le con, les commandos et la Flotte n’auront plus aucune excuse pour foirer une première frappe. -On bosse pour qui, officiellement ? demanda l’un des pilotes. -Pas encore décidé, mais ça devrait être un sous-traitant des gros consortiums Hébridan. Comme ça, si les Jaffa se rendent compte qu’on est là pour autre chose que leurs céréales, ils s’en prendront à d’autres que nous. Il faudra quelques heures pour décharger les marchandises, ce qui nous laisse le temps de visiter un peu la zone et récupérer des infos sur ce qui se passe dans le coin. -Quand est-ce que l’opération commence ? demanda une autre. -Après-demain. Officiellement, on signe le contrat demain matin, avec le briefing un peu plus tard. Les équipes sont les mêmes que d’habitude. Oh, et, je sais que vous connaissez le règlement, mais le patron veut que je vous le rappelle : on laisse les bracelets et tout l’équipement non-conventionnel ici. Et chacun doit avoir son système de termination. C’est tout… Banet, reste ici. Il acquiesça brièvement, son esprit fixé sur le petit appareil qui lui avait été fourni pour s’accrocher à sa ceinture afin, si besoin est, de lui injecter un neurotoxique indolore qui lui éviterait toute torture et empêcherait que son éventuelle capture ne puisse fournir une information quelconque sur sa mission et son unité.
Une fois le reste de l’escadron parti, avec légèrement moins de regards en biais destinés au jeune homme, il vit son leader s’approcher de lui : -Bon, tu ne t’es pas trop mal débrouillé ces derniers temps, donc tu vas nous accompagner aussi pour ce job. Mais que ce soit très clair : dès qu’on s’est posés, tu me suis et tu m’obéis. Pas de discussion, sauf si je l’ai indiqué avant, pas d’hésitation, sauf si je t’ai dit d’en avoir. On va être chez eux, à découvert. Normalement, tout devrait bien se passer, on prend quelques verres, je te montre les alentours… C’est ta première perm’ ? -Sur une autre planète ? -Oui. -Oui, sauf si on compte le site Gamma. -D’accord, donc tu ne connais vraiment rien. Tant pis, ça veut juste dire que je ferai ton éducation. On va se poser sur un port franc juste à côté d’une des grosses bases jaffa. Il y a pas mal de monde dans le coin, donc plein d’infos et quelques bonnes affaires pour les habitués. Prends ta solde quand tu partiras, tu sais jamais sur quoi tu peux tomber. Et une arme. -C’est-à-dire, hésita-t-il. Je n’en n’ai pas vraiment… -Logique, tu viens d’arriver, j’avais oublié ce point de détail. Ca veut dire que je te prêterai l’une des miennes, et que tu devras t’en prendre une là-bas. -C’est vraiment nécessaire ? s’étonna-t-il. -Totalement, si tu veux repartir en un seul morceau. Les ports francs sont très lucratifs pour tout le monde, mais c’est parce que les autorités préfèrent regarder ailleurs. Alors, un gamin comme toi, pas armé et encore moins habitué à la réalité… autant dire que tu finirais dans une cuve de recyclage dans l’heure, les tripes à l’air… mais ne t’inquiètes pas, je vais te surveiller. Pas envie de perdre un de mes pilotes, nouveau ou pas. -Ah… merci ? -Y’a pas de quoi. Juste, tu me suis, tu ne t’approches de rien sans ma permission, et tu touches encore moins à quoi que ce soit. Tu n’as pas idée de ce qui se vend dans le coin. Une fois, on a perdu une mercenaire – vraie, heureusement, pas une de nos pilotes – parce qu’elle avait acheté un gadget décoratif à je-ne-sais-qui. Rien de grave, jusqu’à ce qu’elle se rende compte que le gadget était fait de naquadah enrichi. Le vendeur était résistant aux radiations. Elle, non.
Carl frissonna en pensant à cette fin, lente, douloureuse et sans rémission.
-Donc, reprit-elle, tu fais gaffe, tu observes, tu écoutes, tu me laisses agir et parler. Et tu descends n’importe qui si je t’en donne l’ordre. -D’accord… -Parfait. Tu pourrais presque devenir un membre utile de l’unité, si tu survis à encore quelques coups comme celui-là. Et puis, avec la guerre… -A votre avis… -Quoi ? -A votre avis, comment ça va se terminer, tout ça ? -Avec les Jaffa ? -Oui. -Honnêtement, on l’attendait depuis quelques temps, ce merdier. Ca ne pouvait que nous péter à la figure, avec ces crétins. Faut juste espérer qu’ils ne jouent pas aux cons avec Dakara. Si ça peut rester limité, quelques vaisseaux qui s’explosent, ça ne sera pas grand-chose de plus qu’un gros exercice, avec quelques morts. Plus de leur côté que du nôtre, j’espère. Autrement, s’ils se la jouent… cow-boy… ça sera moche, je ne vais pas te mentir. Mais, nous, on sera plus ou moins à l’abri, les gradés ne vont pas nous demander d’attaquer une flotte entière avec nos Planeurs. On devrait se contenter de lâcher discrètement quelques bombes H sur leurs bases et chantiers. Enfin, c’est pas entre mes mains… -Oui… Oui, mais est-ce que c’est encore entre les mains de qui que ce soit ? se demanda-t-il.
Le crépitement de la pluie venait renforcer l’atmosphère glauque qu’avait brusquement prise la Cité. En quelques heures à peine, une dépression de grande taille s’était formée à proximité d’Atlantis, tirant de l’ensemble des météorologues une même réaction d’incompréhension et de dégoût face à ce qu’ils ne pouvaient considérer comme autre chose qu’une insulte délibérée de l’univers envers leur science. Le front nuageux avait rapidement atteint le vestige Ancien, qui subissait inlassablement les assauts des vagues et des bourrasques de vent, sans pour autant présenter la moindre faiblesse.
La première réaction de Weir avait été d’interroger l’I.A. à propos du phénomène, ce à quoi elle avait répondu ne pas avoir de données suffisamment précises. Les humains lui avaient, s’était-elle justifiée, refusé de lui laisser accéder à la grille de satellites de surveillance et ses propres instruments de mesures atmosphériques rapprochés étant perturbés par la combinaison d’orages exceptionnellement intenses et un entretien déplorable suite aux inondations ayant touché les dits-instruments lors de la quasi-catastrophe lors de leur arrivée initiale. Après une brève réunion de crise sur l’évacuation potentielle de la Cité, la décision avait été prise de rester sur place, la tempête ne semblant pas intrinsèquement dangereuse pour celle-ci. La flottille de navires habituellement en patrouille autour d’Atlantis, cependant, s’était dirigée vers ses points d’ancrages naturels sur le continent.
La demi-douzaine de destroyers et croiseurs océaniques avait été amenée dans la galaxie de Pégase au fil des ans, alors que les marines conventionnelles des grandes puissances voyaient leur rôle changer subtilement. Les annonces de réduction d’armement, résultats de la paix régnant entre les grandes puissances, avaient permis de retirer du service nombre d’unités navales, qui avaient alors subi différents sorts, selon leur âge. Et, là où les navires les plus anciens avaient été, comme officiellement annoncé, démantelés, les autres avaient été équipés d’une poignée de générateurs à anti-gravité avant de se faire transporter par la nouvelle Flotte Terrienne vers l’immense océan de Lantia. Une fois déposés, les navires, et leur équipage réduit –leurs missions ayant été ramenée à fraction de ce qu’elles avaient été sur Terre–, avaient constitué des batteries à la fois mobiles et lourdement armées à un coût bien moindre de celui qu’aurait impliqué la fabrication et le transport de fortifications équivalentes. Ainsi, Atlantis disposait, en plus de ses unités orbitales, d’un second écran défensif spécifiquement destiné à assurer la défense rapprochée de la Cité Ancienne.
Une défense qui, cependant, était soumise aux conditions climatiques, dont l’intensité les rendaient à ce moment précis dangereuses pour la navigation tout en limitant les capacités de détection des navires. Ces derniers, modifiés en vue d’un rapport qualité/prix maximal dans des conditions spécifiques, n’avaient ainsi subi qu’une mise à jour de leur armement, avec un équipement semblable à celui des unités spatiales.
Les dirigeants de la Cité n’ignoraient pas ce point, ayant fait passer les vaisseaux en orbite en alerte, alors que, malgré les violentes bourrasques, les quelques armes installées sur la Cité elle-même surveillaient les alentours.
Pour Anna Stern, individuellement, la situation était à peine plus stressante que ce qui était désormais son quotidien, et elle s’amusait de voir sa réaction flegmatique face au phénomène. Sa seule source d’inquiétude avait été de savoir si elle avait ou non fermé la fenêtre plus tôt, alors que le ciel était vide de tout nuage, inquiétude balayée par Atlantis qui lui avait confirmé que son logement n’était pas inondé, concluant avec une vue en temps réel du de la chambre, aux fenêtres balayées par la pluie, mais bien fermées. Après sa journée de travail, consistant officiellement à étudier les archives Anciennes, officieusement à coopérer avec Atlantis sur ces archives en vue de comprendre les agresseurs du Petit Nuage de Magellan, et concrètement à pactiser avec une I.A. autonome et ambitieuse ainsi qu’un commando renégat venant de se faire atomiser par l’amante de son supérieur hiérarchique direct, elle se dirigeait d’un pas presque serein vers l’une des cafétérias. Son regard se posait, à chaque fois que l’opportunité s’en présentait, sur l’une des baies vitrées renforcées, constituées de plaques successives de diamant monocristallin et de verres métalliques dont l’impossibilité conceptuelle à fabriquer était une évidence fondamentale pour l’ensemble de la galaxie – évidence ignorée par les bâtisseurs de la Cité. Derrière ces fines plaques, plus résistantes qu’une coque de croiseur terrien, les gouttes s’abattaient sans relâche, s’écrasant sur le matériau transparent avant de glisser dessus, sans la moindre adhérence. Derrière cette scène banale, les éléments se déchiraient, l’océan et les nuages présentant un même chaos indescriptible, dans lequel les vagues étaient indiscernables du torrent de pluie qui fouettait la Cité. Les nuages, roulant sur eux-mêmes, donnaient une impression de fin du monde, dont Anna et le reste des habitants de la Cité étaient protégés. Des vagues venaient défier la construction multimillénaire, leur arrogance brisée en autant de gouttelettes lorsque les bras absorbaient sans fléchir l’énergie qui aurait suffit à briser un paquebot. L’absence de réaction était, pour Anna, presque plus effrayante que ne l’aurait été un tangage exagéré, mais elle commençait à s’habituer à ces démonstrations de force subtiles mais absolues de la Cité.
Elle n’avait même pas besoin de réagir pour asseoir sa supériorité écrasante. Elle était. Cela suffisait.
-Une nuit sombre et orageuse, murmura-t-elle face à la scène cataclysmique dans laquelle elle ne pouvait voir au-delà des bras éclairés de l’île artificielle. -Que voulez-vous dire ? lui demanda Atlantis, par son oreillette. -Rien… juste un vieux cliché voulant que les évènements importants se déroulent pendant une nuit sombre et orageuse. Plus aucun auteur sérieux ne donne là-dedans depuis des décennies, chez nous. -Je vois. -Sérieusement, vous ne savez vraiment pas ce qu’il se passe ? -Malheureusement. Malgré ma maitrise de la situation, sur des termes physiques, la violence électromagnétique de la tempête a brouillé plusieurs de mes senseurs à courte portée. Cependant, mes observations lors de sa formation indiquent avec quasi-certitude qu’elle n’est pas d’origine naturelle, sauf concours de circonstance peu probable. -Ca pourrait être une attaque ? -Difficilement. La diminution négligeable de mon efficacité opérationnelle ne justifie pas la dépense considérable d’énergie requise pour créer ce phénomène. -Je ne vous demanderai pas si c’est vous qui en êtes à l’origine, vous nieriez de toute façon. -Evidemment. -Bon… conclut-elle en s’approchant de la porte menant à la cafétéria.
La pièce, volumineuse, abritait désormais une soixantaine de tables et plusieurs fois ce nombre de chaises, sur lesquelles étaient assises différentes personnes en train de manger ou de discuter. Cependant, son attention, loin de se porter sur elles, ou même sur la baie vitrée qui offrait une vue panoramique de la tempête en cours, se concentra sur un seul individu, pensif, qui semblait être isolé à une table située dans l’un des coins de la pièce. Elle s’approcha du docteur Jackson, qui ne la remarqua qu’au dernier moment, son regard perdu dans le vague. -Ah, désolé, je ne vous avais pas vue arriver, dit-il en relevant la tête. -Logique, répondit-elle. Avec ce temps… -Vous n’arrivez pas non plus à dormir ? -Pas trop, pas avec tout ce qui nous tombe dessus ces derniers temps. -Bienvenue au club, sourit-il en haussant des épaules avant de montrer son gobelet de thé. Je ne peux plus vraiment me poser depuis… -Classifié ? suggéra-t-elle. -Voilà, conclut-il en repensant à l’escarmouche qui s’était littéralement conclue en un éclair. -Je vais prendre un café, je reviens. -Entendu.
S’approchant d’une cafetière laissée à l’abandon et à l’apparence différente de celles où venaient se servir les personnes autour d’elle, Anna fut interceptée par un homme aux cheveux grisonnants : -Ne vous approchez pas de celle-là, dit-il en indiquant la machine à café isolée. -Pourquoi ? En panne ? -Non, c’est celle du directeur McKay. -Celle du…, commença-t-elle en relevant les sourcils. -Il est assez… territorial au sujet du café. Franchement, faites la queue, ça sera plus simple. -Heu, d’accord…
Voyant l’homme revenir près de son groupe, elle murmura à l’attention d’Atlantis : -De quoi est-ce qu’il parle ? -Une vérification auprès de mes données de surveillance tend à confirmer ses propos, à savoir que le docteur McKay utilise bien exclusivement plusieurs de ces dispositifs répartis sur ses lieux de travail, et tend à faire pression hiérarchiquement pour maintenir son accès privilégié. -Pour une machine à… café ? -Effectivement. Certaines modifications ont apparemment été faites, permettant un dosage particulièrement précis des différents constituants. De plus, un système de surveillance automatisé y a été rajouté, de manière primitive, dois-je dire, afin d’identifier les éventuels contrevenants à cette politique. -Quand même… -Dans l’éventualité où vous désireriez accéder à ces dispositifs, je suis en mesure de dérouter le flux de signaux de la caméra, afin de le remplacer par une simulation qui devrait, en théorie, passer avec succès tous les tests auxquels le programme du docteur McKay les soumet pour assurer la sécurité logistique de son addiction à cet excitant. -Mais je n’ai jamais demandé à… -Bien sûr. Je tenais juste à vous signaler cette option, qui n’est, en aucun…
Brusquement, la voix d’Atlantis s’interrompit, de même que l’ensemble de l’éclairage de la pièce, plongée désormais dans une obscurité percée ça et là par les éclairs donnant à l’intérieur une apparence stroboscopique. Sans avertissement, les instincts de la jeune femme prirent le dessus, comme chez le reste des membres de l’expédition. Elle tourna la tête dans tous les sens, cherchant inconsciemment une source de lumière, tandis que son cœur accélérait, en réaction à la situation qui, chez la quasi-totalité des êtres humains, était associée à la peur de l’inconnu. Un ou deux cris de surprise vinrent percer le silence qui sépara un bref instant les discussions animées des réactions où un masque de confiance et d’agacement venait recouvrir la poussée d’adrénaline. Lorsqu’elle reprit le dessus sur ses réflexes, Anna chercha, à tâtons, à se mettre à l’écart de la foule pour éviter de se faire renverser par accident. Ce faisant, elle se dirigea vers la table où elle avait parlé à Jackson. Elle vit, dans l’instant de lumière offert par un éclair, Jackson à moitié levé, puis, quelques secondes plus tard, entièrement debout ; cette fois-ci, accompagné d’une autre silhouette. Etonnée, elle se rapprocha légèrement plus vite, tandis qu’un autre flash lui permit de mieux distinguer la personne avec qui l’archéologue se trouvait, et qu’il semblait découvrir en même temps qu’elle. L’instantané suivant lui révéla Jackson, plaqué dos au mur, tandis que la silhouette féminine, dont les habits qui détonaient avec ce à quoi elle était habituée sur Atlantis, se tournait vers elle.
Elle vit le mouvement, le ressentit presque, alors qu’elle savait pourtant que la brièveté du flash rendait une telle perception impossible. Anna pressa le pas, marchant rapidement vers Jackson et la personne qui désormais attirait toute son attention, et la vit, l’espace d’un instant, se rapprocher de l’une des sorties de la cafétéria, confirmant sa première impression d’étrangeté. La femme, de grande taille, portait apparemment un tablier de serveuse qu’atteignaient ses cheveux particulièrement longs et clairs. Qu’est-ce que… se demandait-elle encore lorsqu’elle trébucha finalement, ses pieds se prenant dans une table, ses bras amortissant à peine le choc sur le sol. Au moment où elle put se relever, la lumière revint brusquement dans la salle, et elle vit la silhouette lascive finir de franchir la porte, sa chevelure blanche suivant l’instant d’après, pour disparaitre avec sa propriétaire. Figée, elle ne reprit son mouvement que lorsqu’elle vit Jackson se ruer vers la porte pour suivre le même chemin. Arrivé à l’entrée du couloir, il s’arrêta, regardant autour de lui, avant de se retourner et d’observer le reste de la grande pièce. -Que s’est-il passé ? lui demanda Atlantis via son oreillette. J’ai perdu tout contact et contrôle sur la pièce. -Je ne sais pas. Vous me parliez quand tout s’est brusquement éteint. Les lumières viennent de se rallumer à l’instant, chuchota-t-elle en réponse. -Je vois. Que fait le docteur Jackson ? -Je crois qu’il essaie de voir où elle est partie. -Elle ? -Une femme, que je n’avais pas vue avant la coupure. Elle est arrivée près du docteur, et c’est comme s’il… s’il en avait eu peur, je ne sais pas vraiment. Elle m’a parue bizarre, en tout cas avec ses vêtements. -Décrivez-les moi, je peux la retrouver aisément si elle est encore à bord. -Et bien, elle portait un tablier, comme ceux… en fait, on aurait dit une serveuse, mais kitsch, des années 50. -Quelle était sa taille ? demanda brusquement Atlantis. -Grande, assez. Je dirais une tête de plus que moi. -D’autres signes particuliers ? -Oui, ses cheveux. Jamais vu une chevelure aussi longue… et blanche. Comme si elle était albinos. -… -Qu’y a-t-il ? -Désolée. Je suis en train de chercher une explication cohérente à vos données. Une explication qui ne corresponde pas à mon hypothèse de travail actuelle. -Et ? -Je n’y arrive pas. -Je veux dire, votre hypothèse ? -Pour utiliser une comparaison adéquate, quoique simplificatrice et probablement optimiste, vous venez de voir un grain de sable de format planétoïde rentrer dans la situation. -Comment ça ? -Je crains que tous ces phénomènes, depuis la tempête à cette apparition, ne soient qu’un simple message m’étant destiné. Par votre intermédiaire, du moins pour la dernière partie. -Vous pourriez essayer d’être moins cryptique, parce que je ne comprends absolument rien, là ? -Disons qu’une très vieille connaissance vient de nous signaler sa présence, et que je ne peux rien clarifier de plus car je n’ai pas la moindre idée de ses intentions. -Vous ? Pas la moindre idée sur quelque chose ? -Oui. Moi. Mais je crains que vous n’ayez des problèmes plus urgents à cette heure. Je ne vous ai rien dit. -Pard… oh, répondit-elle en voyant Jackson la regarder fixement.
Elle s’approcha de lui, alors qu’il tournait de temps en temps la tête vers l’un des couloirs, sans la perdre du regard.
-Vous l’avez vue, dit-il, dans une affirmation qui établissait un simple fait. -J’ai vu une silhouette, oui. Est-ce que vous savez qui c’était ? -Je ne suis pas sûr. Atlantis sait-elle quoi que ce soit ? -Non, ses capteurs étaient aveugles pendant la coupure. -Logique… -Vous allez bien, docteur ? Vous êtes pâle… -J’ai eu… l’impression, le… sentiment… de retrouver une vieille amie, que je croyais perdue. Je n’ai absolument aucune idée de ce que ça peut vouloir dire, surtout si vous l’avez vue aussi, si ce n’est pas une hallucination… Essayez de voir avec Atlantis si elle a repéré quoi que ce soit d’anormal, conclut-il en s’éloignant lentement.
Oma… pensa-t-il en avançant lentement dans le couloir, alors que ses impressions de déjà-vu venaient se rajouter en surimpression sur ses souvenirs. Difficilement, il essaya de les distinguer, sachant qu’il avait déjà vu cette silhouette, qui, si elle lui rappelait l’Ascendante qu’il avait connue longtemps auparavant, ne se limitait pas à cette simple association.
Urth… s’exprimèrent quelques unes des voix du chœur qui, parmi d’autres, formait l’entité connue sous le nom d’Atlantis. A une vitesse dépassant l’entendement humain, asgard ou de quelques autres civilisations autrement plus avancées et en ignorant mesquinement les règles basiques de courtoisie à l’égard les lois de la physique, l’I.A. se mit à reprendre son analyse de la situation au vu des nouveaux paramètres.
Qu’est-ce qui s’est passé ? se demanda plus simplement Anna, dans le même haussement de sourcils mental que les deux personnes avec qui elle venait de parler. |
| | | Rufus Shinra Roi des Petits Gris
Nombre de messages : 2455 Age : 36 Localisation : Là où s'est déroulée la dernière catastrophe en date ~ Compagnon senior de la Confrérie
| Sujet: Re: Effet Papillon [Tome II] Sam 16 Oct 2010 - 17:43 | |
| L’un des avantages des Ha’Tak par rapport aux générations antérieures de vaisseaux ayant servi les ambitions des Grands Maîtres était que, contrairement à ses ancêtres perdus dans les oubliettes de l’Histoire, les vaisseaux pyramidaux disposaient d’un système de surveillance interne. Une évidence, pour les civilisations ayant développé au fil des siècles différents types de navires, fluviaux, océaniques puis spatiaux, mais un gadget pour de nombreux seigneurs Goa’uld, qui avaient toujours méprisé le bon sens demandant à savoir qui était dans le glorieux vaisseau prêt à écraser les insectes osant s’opposer à leur dieu.
Mais Vala Mal’Doran n’était pas un seigneur Goa’uld. En tout cas, ne l’était plus, depuis la fin de son expérience avec Qetesh. Et elle avait survécu suffisamment longtemps pour savoir utiliser tous les avantages à sa disposition, sans compter certains qu’elle n’aurait pas dû avoir. L’espion jaffa le savait, et c’est pour cela qu’il avait attendu aussi longtemps avant de passer à la suite de sa mission. Il avait collecté des renseignements particulièrement utiles, et en plus avait réussi à maintenir couverture, puisque, après tout, il n’avait pas été mené, inconscient, ligoté et empoisonné, vers un sas. Mais à présent, il lui fallait transmettre ces renseignements à ses supérieurs, qui, eux, pourraient en faire quelque chose.
Tout son problème était là : réussir à leur envoyer son rapport sans pour autant se faire repérer. Cela impliquait de mettre la main sur un moyen de communication supraluminique et sur un système de cryptage le tout sans attirer l’attention, dans un vaisseau où, malgré les apparences décontractées, il savait que les procédures de sécurité étaient particulièrement strictes. Après tout, la femme aux cheveux noirs de jais qui le dirigeait avait travaillé avec les Tau’ri, maîtres incontestés des opérations spéciales et de l’infiltration, ayant acquis une réputation presque équivalente aux Tok’Râ en quarante fois moins de temps. Il savait qu’il ne pouvait la sous-estimer. Depuis son retour, il ne pensait à autre chose, évaluant les possibilités de remplir son objectif et d’y survivre.
Sans succès, chaque transmetteur dont il connaissait la position étant trop fortement surveillé pour rendre sa tâche impossible, sans compter le fait que, même s’il parvenait à accéder à l’un d’entre eux, il ignorait tout des mesures supplémentaires de sécurité qui les protégeraient. A partir de ce moment, la solution avait été simple.
-Alors, t’en redemande ? lui dit Ottar en s’approchant du bar où l’espion observait son environnement, s’interrogeant sur la marche à suivre. -N’est-ce pas la règle ici ? Nous devons être utiles, non ? -Totalement. Mais faut pas non plus prendre trop de risques. Se mettre du fric de côté pour partir rapidement à la retraite, c’est bien, mais faut y arriver, à la retraite. -Tu feras quoi ? -Hein ? -Quand tu auras suffisamment, quand il sera temps de prendre ta “retraite“ ? -Je ne sais pas exactement. Juste qu’y aura une planète isolée des Portes, sur aucune carte, et qu’j’y irai avec quelques centaines de gusses qui en ont marre de tout ça. -Je pensais que… -Qu’ça me plait ? Qu’je fais le mercenaire grande gueule parce que j’adore tirer sur tout le monde et jouer avec la mort dès qu’je peux ? Oublie ! Les cons comme ça, sont morts au bout de deux jours, ou y deviennent comme moi. J’crois qu’t’es pareil, c’est pour ça que j’te parle. T’es pas comme les autres nouveaux. T’as vu ta part, tu sais qu’c’est pas glorieux, c’qu’on fait. Tu vas pas t’jeter dans l’feu ennemi juste pour frimer au bar. J’ai tort ? -Non, dit-il, le regard perdu dans le vague. -Et toi ? -Pardon ? -Pareil, tu feras quoi, avec ton fric ? -Je ne sais pas, répondit honnêtement Van’Tet. Ce n’est pas comme si j’étais venu avec un projet d’avenir. Elle démolissait tout, je devais aller quelque part rapidement… -J’comprends, répondit-il en haussant les épaules. Mais maintenant qu’t’es là, il t’faut un projet. Un vrai truc, s’entend, pas une connerie genre “la paix“ ou “la liberté“. Laisse ça aux gamins et aux vieillards. T’es ni l’un ni l’autre, et y t’faut un truc concret. Van’Tet le regarda sans répondre. -Crois-moi, poursuivit-il en se rapprochant de lui, c’est aussi important qu’ton arme, si tu veux survivre. Dès qu’tu veux faire le con, tu repenses à ton truc, et tu t’rappelles qu’mourir pour une cause, c’est bien, mais vivre son p’tit rêve bien peinard et pas ambitieux, c’est mieux. Le jaffa sourit, pensant à l’ironie derrière les propos du mercenaire face à lui, puis reprit une gorgée de sa boisson. -Peut-être, dit-il. Mais ce n’est pas vraiment comme ça qu’ils m’ont éduqué. Quand tout le monde autour de soi a fait partie de la Rébellion et que… -Conneries… Au final, un soldat n’peut rien changer. Et puis, en plus, les beaux discours, l’honneur jaffa, ces conneries qui vous font tuer par milliers, ça t’concerne plus. -Hmm ? -T’es p’t’être un jaffa, mais t’es un mercenaire avant tout, maintenant. Un chien de guerre, qu’on paie, qu’on équipe et qu’on envoie faire les sales jobs. Et vu qu’t’es un investissement, on préfère qu’tu t’en sortes intact. Ou presque. Accepte, c’est tout. Van’Tet pinça des lèvres pour ne pas réagir au qualificatif employé par Ottar, avant de répondre : -Que devrais-je faire, alors ? -Simple. Tu fais les jobs, tu survis, et tu trouves vite c’que tu vas faire avec ta part. Comme ça, dès qu’t’as c’qu’y faut, tu te barres. Tu vas voir l’intendant, tu lui dis de combien t’as besoin, et quand ton solde atteint ça en rentrant d’un job, y’t’préviens, et tu pars direct, adieu tout le monde et tout ça, pas de discours, pas de conneries. On t’met dans le transport, on te pose où tu veux, et au revoir. -Comme ça, brusquement ? demanda le jaffa, étonné. -Ouais, selon la patronne, si un gars sait que c’est sa dernière mission avant de s’tirer, il est forcé de s’faire tuer. -Oh ? Et pourquoi ça ? -P’t’être parce qu’il pense qu’à ça au lieu du job… J’en sais rien. Mais elle dit que c’est un grand classique, et qu’elle préfère l’éviter. -Et… ça fonctionne ? -Ouais, alors on pose pas d’question. En fait, on lui en pose plus. Elle est efficace, nous trouve des bons boulots et nous jette pas dans des missions-suicides… Ou en tout cas, elles sont vachement bien payées. -Ca doit aider. -Sûr, si tu sais exactement ce que tu veux et qu’tu fais gaffe. Donc… -J’y réfléchirai, je vais voir pourquoi je fais tout ça. -Voilà. Trouves-ça, et je crois qu’on va s’entendre. -… Si tu le dis. -On a toujours besoin d’un veinard à côté d’soi. Crois-moi, ça évite les coups durs, conclut le mercenaire en se levant. -Peut-être, tant que les coups durs ne m’évitent pas pour te toucher toi ou quelqu’un d’autre… -T’occupe pas de ça, c’est notre problème, dit-il avant de repartir -Si tu le dis… souffla Van’Tet avant de finir d’un trait son verre.
Il observa l’homme s’éloigner, au milieu des tables où les conversations allaient et venaient, dont il entendait quelques bribes. Et, trop souvent, le mot “Valkyrie“. La rencontre occupait toujours les esprits d’une partie de l’équipage, les témoignages se contredisant, réussissant même, à l’ébahissement du jaffa, à exagérer ce qui s’était passé, le tout lui rappelant sans cesse ces quelques minutes ancrées dans son esprit.
Les chassant d’un effort inconscient, il reprit son travail de planification, qui, au vu de son manque complet de moyens, était particulièrement limité. En effet, ne sachant pas exactement comment serait organisée la ville où il s’était engagé à assurer un service de sécurité, il ne pouvait pas préparer minutieusement la manière d’accéder à un système de communication. Il savait juste qu’il aurait quelques jours pour le faire, et son travail actuel se résumait à définir exactement ce qu’il allait envoyer comme message.
Ce qui n’était pas aisé, au vu des évènements dont il avait été témoin depuis sa fuite éperdue de Dakara.
D’un côté, ils ne semblent pas être responsables des attaques, mais ils agissent très près des Tau’ri. Beaucoup trop près, même, pour un groupe de mercenaires. C’est comme si Bra’tac ou Gerak prenait régulièrement quelques jours de leur temps pour aller trainer avec une telle organisation. Il y a forcément quelque chose derrière, ils doivent préparer une action de grande envergure. Suffisamment importante pour que la Nation Jaffa soit concernée, quelle qu’elle soit. Mais je ne peux pas non plus être trop alarmiste… pensa-t-il avant de se lamenter sur le système de cryptage qu’il allait devoir utiliser. Vanté comme incassable, il était néanmoins peu adapté aux subtilités et aux nuances, surtout lorsque la communication ne se faisait pas entre personnes se connaissant de longue date.
Et il fallait, avant même de se poser cette question, que le système de communication forcément présent sur son futur lieu de travail temporaire soit équipé du système de cryptage…
Sans un bruit, le vaisseau se frayait un chemin dans l’hyperespace, peu soucieux du spectacle offert par les bords du tunnel, où la brusque transition de propriétés physiques s’affichait avec ostentation dans un déluge de particules et de radiations, dont seule une infime fraction appartenait au spectre visible. L’équipage du vaisseau, quant à lui, avait cessé il y a longtemps de s’émerveiller ou d’être même troublé par un tel détail, ayant des soucis bien plus pressants à considérer.
L’affichage holographique, combiné aux systèmes de réalité augmentée intégrés à leurs cinq sens, présentait une carte stellaire, à échelle réelle, où les deux étoiles du système binaire occultaient le reste des corps astronomiques. Ceux-ci ne s’affichaient que sur requête de l’un des trois membres de ce public restreint, qui s’en préoccupait peu.
-L’opération, commença Atlantis, vise à la fois à de la désinformation et du combat de freinage.
Une grappe de points rouges se matérialisa dans le système, à proximité de l’une des étoiles.
-Le modus operandi des appareils d’attaque est constant : neutralisation de la zone par ces sondes à très longue portée, puis arrivée des unités d’artillerie pour irradier toute planète tellurique à proximité, de même que les corps suffisamment massifs pour héberger de la vie à long-terme, avec ou sans support technologique. Il y a donc une ouverture possible pour une ou plusieurs frappes.
-En gros, dit Campbell. On sait où ils vont arriver et comment ils vont attaquer, donc on leur tend une embuscade. -Effectivement, lieutenant, répondit l’I.A. -Voilà, c’est quand même plus simple, dit comme ça, non ? -Certes. Puis-je continuer ? -Oui, oui… lâcha-t-il. -Donc, une première série d’attaques utilisant des frégates et autres unités rapides devrait, par leur succès et la neutralisation ou la destruction des vaisseaux d’artillerie, forcer le groupe adverse à revoir ses plans, ne serait-ce que pour déterminer la nature de la nouvelle menace. En outre, ayant déjà eu des contacts brefs avec les forces tant humaines que jaffa, il apparaitra évident que nos actions impliquent la présence d’un nouveau groupe, au niveau technologique suffisamment avancé pour constituer une menace. -Juste une question, dit Maltez. Vu qu’il y a apparemment une I.A. Ancienne derrière tout ce foutoir, elle ne risque pas de reconnaitre nos vaisseaux dans la foulée ? -Hagalaz ne dispose pas de base de données complète sur les vaisseaux opérés par ses créateurs, de par son statut limité. De plus, le moment auquel toutes les communications entre elle et le reste du réseau furent coupées est parfaitement connu, et j’ai en conséquence limité mon choix aux appareils dont la conception s’est déroulée suffisamment longtemps après cette date, en vue de pallier ce problème. -D’accord, tant que vous y avez pensé… -J’y ai pensé. Reprenons : les frappes de nos unités légères seront à même d’inciter à la prudence et à la circonspection… ainsi qu’à une contre-offensive probable. Nous serons alors à même de fixer la majorité des forces adverses et de les obliger à déployer une quantité inacceptable d’escortes pour leurs opérations offensives, puisqu’en l’absence de celles-ci, nous attaquerons et détruirons les assaillants. -C’est quoi, cette contre-offensive, exactement ? demanda Campbell. -Le protocole de réponse face à des attaques de type guérilla serait une frappe de décapitation sur le commandement, la population ou la logistique ennemie. En conséquence, le véritable objectif recherché par notre adversaire sera l’un de ces points : un chantier spatial, un centre de commandement et de contrôle régional, voire une planète colonisée. -Je sais qu’on n’a pas la planète, dit Shanti. Enfin, je crois, parce qu’avec vous… Mais, pour les deux autres, est-ce qu’on en a qui pourraient être attaqués ? -Non, ce qui pousserait à la conclusion logique que l’origine de l’attaque est située en-dehors du Petit Nuage de Magellan. Le développement d’un tel raisonnement serait une série de percées brutales dans la Voie Lactée, avec pour but de déterminer précisément les capacités militaires des civilisations présentes et de trouver le responsable. Le principe serait de frapper suffisamment fort pour assurer une réaction de la part des forces les plus importantes, et d’identifier l’assaillant passé parmi celles-ci. Les conséquences seraient évidemment inacceptables. -On est d’accord, lâcha Maltez. -Il faut donc qu’ils trouvent une cible sur place, c’est ça ? reprit Shanti. -Effectivement, lieutenant. C’est pourquoi j’ai, depuis les derniers jours, activé plusieurs vaisseaux positionnés en attente près de la Voie Lactée, pour commencer des opérations d’exploitation minière sur une série de systèmes stellaires inhabitables du Petit Nuage de Magellan. Ces opérations, ainsi que d’autres traces de passage, devraient convaincre assez aisément de la présence locale d’une civilisation nomade, dont l’origine peut être déterminée avec suffisamment de persévérance au vu du niveau technologique affiché pour le moment par la civilisation manipulée par Hagalaz. -Persévérance ? -Le chemin parcouru par les nomades dont je vous parle débute sur le site d’une nova et s’étendra sur quelques centaines de systèmes stellaires et quelques siècles, pour une population de plusieurs dizaines de millions de personnes. -Excusez-moi, dit Campbell. J’ai eu un instant d’absence, là. Pendant un moment, j’ai cru vous entendre dire qu’avec quelques vaisseaux, vous avez modifié plusieurs centaines de systèmes stellaires pour laisser tous les signes de leur exploitation par des dizaines de millions de personnes ? En quelques jours à peine ? -Bien sûr que non, ne soyez pas ridicule, lieutenant Campbell. -Ouf, j’ai… -J’en suis actuellement à cinq systèmes modifiés de cette manière, en tout cas de façon suffisante pour leurrer une analyse poussée le temps dont nous avons besoin pour notre diversion. -Mais… mais… est-ce que vous avez une idée de ce que ça représente ? -Plutôt, oui, une partie de ma conscience est affectée à cette tâche en ce moment-même. -C’est pas ce que je veux dire ! Commandant, Shanti, dites quelque chose ! C’est du n’importe quoi, là ! -Ca demande sûrement pas mal de travail, dit Shanti, mais, bon, elle a les moyens, non ? -Des moyens ?! On parle de recopier précisément l’influence de milliers de vaisseaux habités sur un siècle, avec le niveau technologique pour attaquer des vaisseaux qui peuvent se payer le Bellérophon en cinq secondes chrono ! En moins d’une semaine ! -Lieutenant, dois-je vous rappeler que je dispose de nombreux vaisseaux, et que vous n’avez pas la moindre idée de l’étendue du possible, avec mes moyens et mes connaissances ? -Même ! Si vous pouvez faire tout ça, vous pourriez les exploser en un instant, et on rentre à la maison ! Pourquoi tout ce machin ? -Euh, Tom… commença Shanti. -Nan, c’est comme si on préparait une opération compliquée pour retarder une colonne de fourmis et qu’on utilisait du napalm pour éclairer une colline au loin, juste pour leur tendre un piège. C’est absurde, du gaspillage de moyens comme j’en ai jamais vu. -Le lieutenant Campbell a raison, lieutenant Bhosle, intervint Atlantis. Mais il oublie que mon objectif n’est pas de détruire les forces assaillantes, alors même que, comme il l’a effectivement prouvé, cela est dans mes moyens, relativement larges, il est vrai. Il est nécessaire de les retarder, pas de les détruire. Sans compter que, si une attaque massive avait eu lieu, cela ne ferait que renforcer l’opinion selon laquelle votre galaxie est aux mains des Ori, ou, au minimum, est une menace. Il s’en suivrait aussitôt une guerre ouverte et massive, qu’il nous serait impossible de gagner, puisque nous ferions face à ce qui doit très probablement être une galaxie entière disposant d’un niveau de coordination particulièrement élevé. La victoire ne pourra donc pas se faire sur le seul champ de bataille. Sans compter que les restrictions auxquelles je suis soumise prohibent toute action offensive autonome de ce type, me forçant à trouver des solutions alternatives. D’autres questions ? -Hmm, d’accord, on repart pour le plan foireux mais dont vous avez étudié toutes les combinaisons, concéda le pilote. -Parfait. Les vecteurs d’arrivée et de départ des unités légères vont permettre la découverte de ces traces, et mener à la conclusion qu’un nouvel acteur est présent sur le terrain. Un acteur beaucoup plus important que les flottes terriennes et jaffas sur place, il va sans dire. Son hostilité ouverte en fera une cible prioritaire, mais difficile à éliminer, en raison de sa propension à se déplacer en permanence. -Et ça sera vos propres vaisseaux, c’est ça ? demanda Maltez. -Exactement. Avec la petite flotte déployée, il sera possible de simuler de manière parfaitement crédible la présence de cette nouvelle entité. A partir de ce moment-là, la progression ennemie pourra être largement ralentie, puisque les unités adverses seront occupées soit à escorter un nombre nécessairement plus faible de groupes d’attaque, soit à rechercher notre flotte. -Et nous, là-dedans ? -Votre rôle sera de contrôler les unités légères qui attaqueront les forces isolées, puis, dans un second temps, et après une accalmie apparente, de neutraliser des petites escadres à l’aide de vaisseaux plus lourds, pour augmenter encore le poids des escortes sur la logistique totale. Une fois cela fait, les forces ennemies devraient changer de paradigme, et se mettre sur la défensive, pour un temps en théorie suffisant pour vous permettre d’accomplir la suite de votre mission. -Cette seconde phase, elle devrait ressembler à quoi, plus précisément ? demanda Maltez. Parce que, détruire des appareils isolés, c’est un truc, mais des forces qui nous attendent, c’est autre chose. -Neutraliser, commandant. Il est préférable d’éviter la destruction des unités ciblées, et de se contenter de dégâts suffisants pour leur ôter toute capacité opérationnelle. Mais, pour ce qui est de votre question, je serai en mesure de mettre à votre disposition plusieurs navires de premier rang. L’équivalent dans votre terminologie serait “cuirassé“, bien qu’ils ne se distinguent pas en premier lieu par leur blindage passif. Evidemment, certains équipements contemporains à la période de mise en service de Hagalaz, tels les drones, seront désactivés mais la perte opérationnelle ne sera pas suffisante pour mettre en danger la mission. Les détails vous seront fournis en temps voulu, mais la différence sera, pour vous, minimale. -Comment ça ? l’interrogea Shanti. -Etant donné la complexité inhérente à ces vaisseaux, votre contrôle ne sera que superficiel, s’apparentant plus à une question protocolaire qu’à autre chose. Je ferai la majorité du travail tactique et de navigation. Seule la présence obligatoire d’un élément de contrôle Ancien identifié justifie votre participation à cette opération. Sans quoi, soyez sûrs, vous seriez en train de finir votre trajet en direction de l’objectif principal. Quoi qu’il en soit, un autre aspect de la situation doit être considéré, si nous voulons aboutir au succès requis pour l’ensemble de notre travail. Je vous laisse. -Hé, une sec… commença Campbell avant de voir l’hologramme de Anna s’afficher. -Re-bonjour, dit celle-ci avec son sourire gêné qui devenait habituel lors de ces interactions où elle ne savait pas comment se positionner. -Alors, demanda Shanti. C’est vous qui allez nous briefer sur la situation avec les jaffa et la Flotte ? -Voilà. -Allons-y, dit le pilote, résigné. -Premier point, elle m’a expliqué son plan, et, oui, il est dingue, horriblement compliqué et j’ai aussi dit qu’il y aurait plein de solutions plus simples pour arriver à un bon résultat. -Elle vous a montré notre briefing ? -Pas vraiment. Elle m’en a juste fait un résumé rapide avant de me mettre en contact. Avec, je cite “le lieutenant Campbell a présenté certaines objections présentant les mêmes faiblesses que les vôtres, mais manquant cependant de la créativité ayant caractérisé ces dernières“. Vous voyez le truc. -“Créativité“ ? demanda Shanti. -Long à expliquer, et sans grand intérêt. Une histoire de quasar à effet dirigé. Enfin, pour revenir sur la situation… Il semblerait que le militaire en charge de notre flotte ait été suffisamment intelligent pour éviter de se lancer dans le combat pour le moment, sans pour autant abandonner le terrain. -Par notre, vous voulez dire… commença Maltez. -Oui, la flotte terrienne. Il semble qu’elle joue au chat et à la souris avec les vaisseaux jaffa, de manière assez réussie, selon les informations d’Atlantis. Le fait est que nous ne pouvons pas vraiment savoir comment la situation va évoluer. Un coup de chance de la part des jaffa, un problème technique de l’autre côté, et on se retrouve avec la plus belle bataille depuis le Jütland ou l’Antarctique. Donc, ce que j’ai suggéré à notre chère I.A., c’est d’agir plus directement pour empêcher ça. Il faut les occuper. Tous les deux. -Et, vous avez sûrement un plan pour ça… lâcha Campbell. -Un début, je ne suis pas vraiment aussi rapide qu’Atlantis. Mais il apparait, au vu des communications de tout le monde dans le coin qu’il y a plus de problèmes que ce qui devrait se produire. -C’est possible, ça ? demanda Shanti, amusée. -Malheureusement, oui. Plusieurs appareils, des deux bords, ont été perdus au cours d’embuscades qui ne peuvent pas être associées à la flotte qu’on va devoir bloquer. En tout cas, c’est ce que pense Atlantis. Et, vu les rapports qu’elle a intercepté, c’est quelqu’un qui sait très bien comment faire son job. Selon elle, c’est pas notre priorité, mais c’est quelque chose qu’on pourrait utiliser pour attirer les deux flottes dans une direction ou une autre. -Comment ça ? En leur fournissant un ennemi commun ? demanda le pilote. -Ca ne fonctionne pas comme ça, répondit Anna. Les jaffa sont beaucoup trop excités pour faire quoi que ce soit de ce genre, et la Flotte ne va pas se déplacer dans son ensemble pour une petite menace. Et, laissez-moi finir, si on arrive avec une force suffisamment importante, le foutoir politique que ça causerait serait, au bas mot, légendaire. Parce que beaucoup de monde se poserait des questions, et personne ici n’a envie qu’elles trouvent leurs réponses. En tout cas, c’est ce que j’ai compris de la situation, vu qu’on agit officieusement. -D’accord, alors comment ? poursuivit Campbell. -Côté Jaffa, il faut les occuper en multipliant les attaques, en reproduisant le schéma employé lors des embuscades. Mais, dit-elle en marquant une pause, en laissant des survivants. Normalement, ça devrait pouvoir se faire, et ça devrait attirer leur attention, ou au moins la diviser. En même temps, je vais demander à Atlantis de préparer des transmissions et des “preuves“ qui impliquent quelques-uns de leurs sénateurs dans ces attaques. Ils auront voulu s’enrichir un peu plus vite, et auront demandé de l’aide à des individus peu recommandables pour prélever leur dû sur les lignes de ravitaillement de la flotte jaffa. -C’est un peu cynique et manipulateur, reconnut Shanti. Ils vont vraiment tomber dans le panneau ? -Pas forcément, mais, de toute façon, ça n’est pas censé tenir longtemps. Atlantis veut gagner quelques semaines, tout au plus. Et, oui, je reconnais que c’est un peu méchant pour les dits-sénateurs, mais en même temps, on m’a demandé de trouver quelque chose qui puisse les retenir, et je vois pas grand-chose d’autre que leur chaos politique comme levier pour agir aussi vite. Avec un peu plus de temps, pourquoi pas, on pourrait monter une arnaque plus élégante, mais, là… Et puis, j’ai déjà donné à Atlantis la liste des sénateurs à impliquer, tous des partisans de la guerre. -Et ça ne risque pas de se retourner contre nous ? demanda Maltez. -Comment ça ? -Lorsqu’ils se rendront compte que c’est un coup monté, ça va juste renforcer leur prestige, non ? -La seule chose de nécessaire, c’est de lancer une grosse opération d’enquête chez eux. Le problème, avec la nation jaffa, c’est qu’une fois que les idéalistes du début sont tous ou presque partis, leurs remplaçants sont, sauf exception, là pour le pouvoir et pour rien d’autre. Alors, en plus, vu qu’ils sont des débutants avec une expérience ridicule dans la corruption et le trafic d’influence, il n’y a aucune chance qu’ils aient pu couvrir efficacement leurs traces. Mes accusations vont tomber rapidement, mais elles vont être remplacées encore plus vite par leurs vrais crimes, ce qui devrait bien déstabiliser à long-terme le parti de Gerak. -Vous faites quoi, rappelez-moi ? demanda Campbell, inquiet. -Xénoanthropologie, principalement, mais les mécanismes du pouvoir dans la nation jaffa sont d’un classicisme ahurissant. Un cas d’école que tout le monde a vu en première ou deuxième année. Bref, pendant que leurs politiques seront occupés à découvrir la joie des scandales politiques et de l’hypocrisie, tous deux étonnamment bien médiatisés grâce à quelques coups de pouce d’Atlantis, vous pourrez agir sur la flotte elle-même. Pour ça, on va rester directs : quelques vaisseaux passeront juste derrière nos navires, et se feront suivre par les jaffa le temps qu’il faut pour que la situation se calme. Vous aurez juste à être présents sur place si on a besoin d’une escarmouche pour les motiver un peu, mais à part ça, rien de compliqué. Pas besoin de faire comme Atlantis, qui commençait à faire des modélisations comportementales qui prenaient en compte la petite enfance des sous-assistants des concurrents potentiels des fournisseurs de grain d’une planète voisine de la circonscription de tel sénateur… Je préfère rester plus simple, qu’on sache ce qu’on est en train de faire, quand même… Et puis, les choses les plus simples sont souvent les meilleures, non ? -Totalement d’accord, acquiesça Maltez. Et pour notre flotte, quand elle va s’apercevoir qu’elle n’est plus poursuivie ? -Je pensais au début à leur envoyer de faux ordres pour les guider nous-mêmes, mais ça soulèverait trop de questions. Il y a plus simple, en fait. -Tant que ça n’implique pas des plans à quarante-deux degrés… souffla Campbell. Comment vous comptez vous y prendre ? -En leur faisant peur. J’ai vu avec Atlantis, on peut faire croire presque ce qu’on veut aux capteurs de nos vaisseaux, avec les systèmes de guerre électronique des siens. Même la poignée de capteurs Asgard encore en état n’y verraient que du feu, selon elle. Vous n’aurez qu’à arriver de temps en temps, pour leur faire comprendre qu’il n’y a pas que les jaffas qui les cherchent. Ca devrait être suffisant pour les faire aller où on veut. -Et ensuite ? s’interrogea à nouveau Shanti. Il faudra bien qu’on reparte, à un moment. Les poursuites ne risquent pas de reprendre ? -Normalement, les deux flottes devraient être à quelques centaines d’années-lumière d’écart, sans la moindre idée d’où se trouve l’autre. Ca sera probablement suffisant, non ? Je ne suis pas une experte, mais, pour moi, ça devrait vous laisser le temps de faire ce qu’Atlantis veut.
Après quelques questions sur des points de détail, Anna put mettre fin à la communication et s’assit finalement dans son siège. La transmission, elle l’espérait, n’avait pas trahi son stress, mais elle ne pouvait se le cacher, alors qu’elle se rendait compte qu’il lui était maintenant demandé de participer à une manipulation à grande échelle depuis son bureau. Qui plus est, elle n’avait pas la moindre idée de la manière dont allait agir le docteur Jackson, qui semblait, depuis la veille, l’observer avec beaucoup plus d’attention, et, surtout, qui n’avait pas encore fait de commentaire sur les évènements de la nuit, tandis que la tempête avait disparu comme elle était venue. Son impression, particulièrement désagréable, était que les évènements se précipitaient, et que, tôt ou tard, il comprendrait qu’Atlantis tirait beaucoup de ficelles. Et surtout, qu’elle n’était qu’un pion que l’I.A. n’hésiterait sûrement pas à sacrifier.
Elle devait donc se préparer une porte de sortie, une assurance. Tant pour elle que pour ceux et celles qu’Atlantis manipulait avec brio.
Shanti garda son regard posé sur l’endroit où se situait quelques secondes plus tôt l’hologramme de la nouvelle recrue, avant que le pilote ne vienne interrompre le silence qui s’était abattu sur la pièce : -Alors ? -Alors quoi ? demanda Maltez. -Qu’est-ce que vous pensez de tout ça ? Je ne sais pas, ça devrait quand même vous faire réagir. On va se lancer dans quelque chose d’un peu plus gros que ce à quoi elle nous avait habitués. -Si on peut s’y habituer… souffla Shanti. -Ouais, reconnut Campbell. Mais ça ne change rien à la situation… Qu’est-ce qu’on va faire ? -La même chose que tous les jours, Tom, soupira Maltez. -Hmm ? -Essayer de survivre, dit-il en sortant de la pièce. -… Il a raison, dit Shanti. -Je sais. -Et toi aussi, tu avais raison. -Comment ça ? -Ce que tu m’as dit avant. Elle compte nous séparer. Nous avoir chacun isolément. Quand j’y repense, je suis quasiment certaine qu’elle aurait pu trouver plein d’autres plans beaucoup plus simples pour arriver au même résultat. -Mais ils n’auraient pas donné une raison valable pour nous isoler ? Tu crois qu’elle a dépensé autant d’énergie, autant de ressources, juste pour trouver une excuse alors qu’on n’a pas notre mot à dire dans ce qu’elle fait ? -Je ne sais pas… Elle a forcément un plan à ce niveau. Si elle part dans un truc aussi compliqué, c’est forcément pour une raison. Je ne dis pas qu’on est la seule chose qui justifie tout ça, mais ça a forcément dû jouer quelque part. Enfin, je pense qu’on est d’accord sur une chose : il faut qu’on reste en contact les uns avec les autres. Si elle peut contrôler les différents vaisseaux, on peut forcément discuter si besoin est. -C’est clair. Elle ne pourra pas nous empêcher de communiquer sans laisser tomber les apparences. Et je crois qu’elle y tient, pour je ne sais quelle raison. -…Qu’est-ce qu’il a ? demanda-t-elle, en changeant brusquement de sujet. -Il se pose pas mal de questions, lui aussi, répondit le pilote en comprenant instantanément qu’elle parlait de leur supérieur. Tu n’es pas la seule, dans ce cas-là, c’est pareil pour nous deux. C’est juste que, pour lui… ah, je crois qu’il a du mal à accepter qu’il ne dirige plus rien. -Comment ça ? Il… -Non, l’interrompit-il. Pas l’aspect hiérarchique, il est pas de ce genre-là. Tu devrais le savoir. C’est juste que, à mon avis, il ne peut rien faire bouger, et ça le bouffe. Nous, encore, on obéissait à ses ordres, on lui faisait… on lui fait confiance, et voilà. Lui, il est habitué à prendre des décisions, à faire pencher les choses, à voir le dessous des ordres qu’on lui donne. Et là… -Atlantis arrive et on n’a plus de visibilité. -Voilà… -Qu’est-ce qu’on peut faire, alors ? -Rassurer le chef, récita le pilote. Toujours le rassurer. Parce que, même s’il n’a plus tellement de contrôle, c’est encore le chef, non ? -Toujours à vouloir arranger les choses, hein ? répondit-elle avec un faible sourire. -Bah oui. Sans ça, qui s’en occuperait ? -Oui… Et puis… Ah, j’ai du mal à… savoir quoi faire. Je sais qu’il est… -Et il sait aussi. C’est un problème qui arrive souvent, quand on n’est pas formé à la situation classique où une super-I.A. te transforme toi et le reste de ton équipe en commandos empathes poursuivis par tout le monde et qui joue avec tes émotions. J’ai pas arrêté de leur dire, à l’Académie, qu’on aurait dû avoir des cours là-dessus, mais, tu me croiras jamais… -Ils ne t’ont pas écouté ? -Voilà. Et, évidemment, qui est-ce que la Skynet galactique choisit comme Terminator à la manque ? -Logique, conclut-elle en étouffant un léger rire. -Enfin, on leur passera un coup de fil pour faire passer nos suggestions. Qui sait ? -Oui, qui sait, répondit-elle en détournant le regard, ses pensées brusquement envahies par des images de son passé, de l’époque où elle ignorait tout. Elle savait qu’il était inutile et destructif de se morfondre sur son sort, mais elle ne pouvait s’empêcher de repenser à sa vie avant d’avoir connu le Programme, puis avant de partir pour ses premières –et dernières– missions. La jeune femme avait abandonné une partie de sa vie en signant le formulaire, sur la Lune, et avait laissé le reste derrière elle, dans la cellule où elle avait passé un temps incertain, au milieu des stimuli parfaitement contrôlés de ses geôliers. Geôliers qu’elle allait à présent attaquer, sous les ordres d’une entité qui avait anéanti ses derniers espoirs de retrouver une vie normale. Dans l’acception particulière qu’elle s’était faite d’une vie normale.
-Désolé, murmura Campbell, qui ressentait en même temps qu’elle une partie des émotions générées par inadvertance. -Ce n’est pas de ta faute. Il y a beaucoup de personnes à qui je pourrais m’en prendre, moi la première… mais tu n’en fais pas partie. -… -On y va ? dit-elle en reportant son regard sur lui. Le commandant est dans l’une des baies d’observation. J’ai l’impression qu’elles sont à la mode, ces derniers temps. -En même temps, ça nous change un peu des couloirs tout clean et de l’intérieur aseptisé. -Oui, là-bas, on peut voir l’extérieur aseptisé. -Pas faux.
En quelques minutes, elle arriva, accompagnée du pilote, près de l’endroit où elle avait passé des heures d’affilée après Dakara. Pendant quelques instants, elle hésita, puis déclencha sans un son l’ouverture de la cloison, qui révéla la salle, qui semblait vide au premier abord. Sans hésiter, elle entra à l’extérieur du vaisseau, sans tourner la tête dans la direction où elle savait Maltez être. Celui-ci était adossé à la coque extérieure, apparemment pensif, près de la porte que venait de franchir la jeune femme, et avait le regard perdu dans le couloir hyperspatial situé de l’autre côté de la mince plaque transparente.
Lentement, elle se mit dans une position similaire à la sienne, de l’autre côté de l’ouverture, et ne dit rien, laissant les émotions se stabiliser des deux côtés, alors qu’elle apprenait, comme ses deux coéquipiers, à s’adapter à ce nouvel état de fait qu’avait imposé leur “protectrice“.
-Comment es… commença-t-elle, lorsque, brutalement, la lueur bleutée s’estompa pour laisser place au vide spatial.
Qui était loin d’être aussi vide que son nom pouvait laisser l’entendre.
En même temps que son supérieur, elle écarquilla les yeux devant la scène qui s’offrait à présent à un public particulièrement restreint. Un nombre bien trop important de vaisseaux s’alignait devant elle, situés bien trop près les uns des autres pour des appareils spatiaux. Intrinsèquement, elle avait immédiatement compris que l’I.A. avait arrangé la position de sa flotte pour obtenir un effet psychologique maximal sur les humains qu’elle hébergeait.
Et l’effet était obtenu.
Sur quelques dizaines de kilomètres à peine, une poussière par rapport aux distances habituellement parcourues par ce type d’engins chaque seconde, une infime fraction de leur portée de détection ou d’attaque, des centaines de vaisseaux de différentes tailles et formes étaient rassemblés dans une forme apparemment sphérique. Le centre de la formation était occupé par des colosses que ses yeux améliorés lui permirent de détailler précisément. Trop précisément, se rendit-elle compte lorsqu’il lui apparut évident qu’Atlantis profitait de cet instant pour l’éclabousser, elle et le reste de SG-22, de sa puissance brute. De ce qu’elle n’avait jamais eu besoin d’utiliser pour arriver à ses fins. Et qu’elle n’utilisait ici que dans un but de diversion, pour renforcer la crédibilité d’un plan obscènement compliqué.
Son regard, posé sur l’un des appareils de la périphérie, lui révéla un vaisseau sans angles, aux formes pseudo-géométriques qui auraient fait le bonheur d’artistes fous, et qu’elle identifia instinctivement, les informations lui venant d’une base de données fournie par l’I.A. Ignorant son mal de tête naissant, et la pulsion l’intimant de détourner le regard, elle resta concentrée sur le vaisseau de guerre électronique, qui projetait autour de lui une image changeante, à la fois informe et définie, que son cerveau ne pouvait assimiler ou même accepter. Tout dans cette apparence lui disait que le vaisseau ne pouvait pas exister, n’avait pas le droit d’exister, mais était là pour autant. Changeant d’appareil, au soulagement de son esprit, elle se fixa sur un mastodonte plus élancé, qui présentait plusieurs protubérances de même forme que celle constituant la majorité du corps de la frégate où elle vivait depuis son évasion. Le vaisseau d’artillerie, ainsi que l’avait défini son inconscient, informé par Atlantis, avait une élégance baroque, sa superstructure omniprésente attirant son œil, qui cherchait futilement à cartographier l’ensemble des détails infinis de la coque. Puis, reprenant le contrôle d’elle-même, la jeune femme se redressa.
Le message était clair, évident, tant pour elle que pour Maltez ou bien Campbell, qui venait de rentrer, à pas de loup, le souffle coupé, alors qu’il découvrait l’origine du brusque afflux émotionnel de ses deux coéquipiers.
Atlantis était pour ainsi dire omnipotente. La subtilité dont elle faisait preuve lorsqu’elle agissait avec eux, les Jaffa ou le reste des Terriens n’était qu’un choix, voire même un jeu. Un jeu auquel ils devraient se plier, n’ayant pas la moindre ombre de commencement de début de chance de pouvoir lutter contre elle à armes égales, si l’idée leur venait à l’esprit.
Mais ce message n’était que le premier et le plus rassurant, puisque le second, tout aussi clair, était qu’elle savait ne pas pouvoir remporter une victoire frontale face l’adversaire contre lequel elle les lançait. Un adversaire face auquel la subtilité était, apparemment, de mise. |
| | | Rufus Shinra Roi des Petits Gris
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| Sujet: Re: Effet Papillon [Tome II] Sam 16 Oct 2010 - 17:44 | |
| Omake #5, par Skay-39 – Incoming wormhole
Il y eut un feulement électronique, et les sept chevrons turquoise s’éclairèrent avec un bel ensemble, en même temps que les 26 symboles au squelette lumineux ornant l’anneau bleuté. Le vortex instable en expansion (pour lequel les Anciens avaient eu un nom de huit syllabes se référant à la création de l’univers, et que l’on connaissait plus communément en ces temps modernes sous la désignation de « kawoosh ») se brisa contre l’iris énergétique, et l’horizon des évènements se stabilisa, amarrant le vortex hyperspatial à notre dimension. Atlantis désactiva le bouclier sans attendre de code d’identification ; par l’intermédiaire des nanites colonisant le corps des voyageurs, elle-même faisait partie du transfert. Trois brefs bruits de succion et une rematérialisation moléculaire plus tard, ses collaborateurs humains se tenaient sur le pont de la frégate, titubants et l’air hagard. L’I.A. nota, interpellée, une augmentation sensible de leurs niveaux de stress – dès qu’ils eurent à nouveau un organisme à même d’éprouver une tension nerveuse. - Y’a-t-il un problème, commandant Maltez ? Je détecte une tension subite chez chacun de vous. Au lieu de lui répondre, le chef du petit groupe se tourna vers ses coéquipiers. - Est-ce que… Est-ce que vous avez vu ça ? demanta-t-il, effaré. - Je… Je crois bien, répondit Shanti, secouée. Je ne saurais pas dire exactement ce que j’ai vu, mais je l’ai vu, sans aucun doute. - Pareil ici. - Bon Dieu. - Mais comment est-ce que c’est possible ? fit le troisième membre de l’équipe d’un ton incertain. On était seuls sur cette planète ! Personne n’aurait pu passer la porte après nous ! Et où seraient-ils allés ? - Je n’en sais foutrement rien, mais on a pas imaginé ce truc, c’est certain. Il est passé à un cheveu de me rentrer dedans. Atlantis avait suivit cet échange avec une impatience grandissante, et décida qu’il était temps de se rappeler à ses exécutants. - Expliquez-moi, commandant Maltez, exigea-t-elle sans trop de véhémence. Le terrien reporta son attention sur la sphère incandescente qui était son avatar pour le moment. Rassemblant ses esprits, il relata les évènements avec une rigueur mécanique. - On a franchit la porte sans problème, et le voyage s’est passé comme d’habitude : la zone tampon, l’accélération, le vortex… Et là, alors qu’on se dirigeait vers la sortie… Un corps inconnu a commencé à se rapprocher. - Un corps inconnu ? - Un objet, à l’intérieur du vortex, se déplaçant à contre-sens. - Ceci est rigoureusement impossible, vous ne l’ignorez pas, commandant Maltez, affirma Atlantis flegmatiquement. - Je sais ce que j’ai vu, asséna le militaire avec fougue. D’ailleurs, je ne suis pas le seul témoin ! Ses deux coéquipiers, en arrière-plan, semblaient soudain hésitants. - A quoi ressemblait cet objet, commandant ? le relança l’IA. - C’était une cabine téléphonique, affirma Maltez. Les circuits logiques de l’Intelligence Ancienne échouèrent à trouver une interprétation autre que littérale à ces propos. Elle du donc se résoudre à l’hypothèse la plus pessimiste. - Une cabine… répéta-t-elle lentement. - Téléphonique, oui. Bleue. Qui tournait sur elle-même. Elle est venue vers moi à toute allure et m’a manqué de ça !… - Je vous l’ai dis, on ne peut se mouvoir à contre-sens dans un vortex, répliqua Atlantis, « sans les modifications de protocole adéquates », compléta-t-elle mentalement. - C’est vraiment ce qui vous interpelle le plus dans mon histoire ?… - Lieutenant Bhosle, lieutenant Campbell, confirmez-vous cet évènement ? - Et bien… hésita Shanti. Je n’ai pas vu de cabine téléphonique… - Moi non plus, ajouta son équipier. - Quoi ? - …en revanche, j’ai aperçu un vaisseau. Le silence s’installa quelques instants sur le pont. - Un vaisseau, fit l’I.A. prudemment. - Pas très grand. On aurait dit un genre de chasseur, ou une capsule de survie… Ça avait l’air terrien, mais je n’ai jamais vu un appareil de ce genre. Il y avait Farscape One écrit sur le côté. - Attendez, attendez, protesta Campbell. Ce n’est pas ce que j’ai vu ! Moi, j’ai aperçu quatre personnes, des humains, qui sont sortis d’une espèce de voie d’insertion dans la paroi du vortex. Il y avait un homme agrippé à une espèce de télécommande, un gros barbu, une brune aux cheveux courts, et un noir. Vous ne les avez pas aperçus ?... Les trois coéquipiers échangèrent des regards perplexes. - L’hypothèse la plus probable me semble une défaillance mineure de vos nanites, émit Atlantis. Je vous suggère de vous rendre dans vos quartiers afin de prendre un peu de repos pendant que je conduis un diagnostique. L’habituel concert de protestations achevé, les trois humains disparurent dans l’ouverture menant vers la zone à vivre de la frégate, pestant audiblement contre les I.A. qui ne feraient pas tache chez Microsoft, attaque ignominieuse à laquelle Atlantis ne se retint que de justesse de répondre. A la place, elle ferma la porte que les terriens venaient d’emprunter et la scella soigneusement. Ceci fait, elle redémarra le processus de rematérialisation de la porte des étoiles. Un vortex translucide se forma au terme d’une étrange contorsion à l’intérieur de l’anneau, d’où jaillirent violemment quatre individus furieusement similaires à ceux décris un peu plus tôt. Les infortunés voyageurs s’étalèrent sur le sol pêle-mêle, et y restèrent durant quelques instants avant de se relever en grognant. - Monsieur Mallory, comment s’est déroulée votre mission sur ?… commença l’I.A. - Vous ! interrompit le jeune-homme un pointant un index accusateur en direction de la sphère lumineuse. Vous… Je ne vous parle plus… avant d’avoir pris au moins 30 heures de sommeil. Allez, viens, Rembrant. Il se pencha sur l’homme noir qui était resté assis par terre (« Des Kromags… Des kromags partout… ») et, après l’avoir aidé à se relever, se dirigea avec le reste de son équipe vers une porte qui venait de s’ouvrir dans un coin de la pièce, et qui menait vers la zone à vivre de la frégate. Atlantis verrouilla cette porte là aussi, puis entama quelques préparatifs. En quelques secondes, la température chuta de manière dramatique dans la pièce, qu’un hologramme d’une remarquable précision avait métamorphosé en un petit morceau de banquise. Son propre avatar se modifia sur une ondulation, la sphère orange se dédoublant en deux hommes, l’un pâle et chauve, vêtu d’un ensemble noir avec cravate, l’autre grand et grisonnant, et habillé de manière plus détendu. Programmer trois arrivées et un départ à la même heure, se morigéna-t-elle tout en lançant la dernière partie de la rematérialisation. Même en tenant compte des décalages horaires, temporels et dimensionnels, ce n’est vraiment pas sérieux. De l’horizon translucide reformé surgit un petit module spatial aux formes arrondies et aux ailes courtes, que ses propulseurs gravitationnels immobilisèrent sans douceur au terme d’une longue glissade. Après quelques instants, un homme brun en tenue d’astronaute s’extirpa du cockpit étroit, et s’avança lentement dans sa direction à travers le blizzard artificiel. Le second avatar vint à sa rencontre, sa chemise à manche courte claquant dans les bourrasques. - John, dit Atlantis d’un ton masculin et chaleureux en ouvrant les bras au terrien. Il faudra tout de même que je songe à prendre quelques vacances. |
| | | Rufus Shinra Roi des Petits Gris
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| Sujet: Re: Effet Papillon [Tome II] Ven 26 Nov 2010 - 3:27 | |
| Après un "léger" dérapage, ce chapitre est un tout petit peu plus long que prévu, mais bon, voilà voilà...
Sinon, au passage, on commence à s'approcher de la fin du Tome II, et je vais donc bientôt commencer à re-publier sur SGF, puisqu'il devrait y avoir de quoi poster régulièrement jusqu'à la fin du dit-Tome. Avec un peu de chance, avec la fic de Webkev, ça devrait réattirer un peu l'attention sur SFFS et peut-être attirer les membres intéressés par la syntaxe correcte.
Et puis, s'il y a des Omakes, je suis toujours preneur ! :-P
Chapitre 21 : Instants privilégiés
Le navire élongé avait rejoint la masse des vaisseaux réunis dans un point sans autre intérêt que le rassemblement qui avait laissé sans voix le trio d’humains découvrant une nouvelle facette de leur alliée. Pendant près d’une minute, Shanti et ses deux coéquipiers avaient conservé leur ébahissement initial, tentant sans grand succès d’assimiler la masse d’informations que leur envoyait Atlantis au même moment. Doctrines tactiques, caractéristiques opérationnelles, plans partiels, situations stratégiques, l’I.A. leur avait brusquement transmis des connaissances, une expérience dont ils n’arrivaient plus à percevoir les limites, à distinguer ce qui leur avait été offert de ce qu’ils avaient vécu. L’esprit occupé à classifier et à ordonner une masse d’informations qu’un être humain n’était pas conçu pour posséder, les trois membres de SG-22 avaient erré, comme somnambules, dans les entrailles de la frégate, jusqu’au moment où les choses avaient commencé à reprendre du sens. La jeune femme eut l’impression de se réveiller, tout en ayant vécu dans un rêve les dernières heures. Ou d’avoir vécu ces dernières heures, et rêvé le reste de sa vie. Elle était confuse, ses souvenirs venant la brutaliser plus encore à présent qu’elle était entièrement consciente. Elle n’arrivait pas à se fixer, à obtenir de réponse aux questions qui venaient la submerger, à retrouver les questions dont les réponses lui apparaissaient. Le croiseur Wraith s’affichait sur les senseurs à longue portée filant silencieusement dans la queue d’une comète proche. Tsippora sourit intérieurement, avant de laisser s’afficher un rictus méprisant à l’égard d’un ennemi ayant commis une erreur tactique qui lui aurait attiré les rires du plus jeune de ses enseignes. L’ennemi pensait pouvoir se cacher dans le nuage de poussières et de glace, mais n’avait fait que révéler sa position, en se plaçant près de l’un des seuls points d’intérêt de ce système. L’expérience dictait à l’Ancienne de rester en vol balistique dans un endroit sans caractéristique particulière, en-dehors de l’écliptique, avec les seuls capteurs passifs, si elle voulait rester invisible. Depuis longtemps, elle avait pu pratiquer ce jeu subtil, où l’erreur était impardonnable, malgré le différentiel technologique. Trop longtemps, même, et cela avait eu son poids sur sa manière de penser, de se comporter. Le croiseur qu’elle observait au travers de l’interface empathique allait subir la puissance de ses armes, sans le moindre doute, comme prix de cette erreur, dès qu’elle en aurait donné l’ordre. Un simple mot, pensé, ressenti, et l’un de ses officiers déclencherait l’arme la plus appropriée, annihilant d’un geste le vaisseau adverse. Un seul mot. Qu’elle hésitait à penser. Son instinct lui disait que quelque chose n’était pas normal, qu’elle allait commettre une erreur, et, comme n’importe qui ayant le bon sens nécessaire pour survivre aussi longtemps dans cette guerre, elle respectait son instinct. Pas pour des raisons sentimentales, ou une quelconque justification para-psychologique associant cet instinct à une manifestation du subconscient reconnaissant des schémas sous-jacents que le conscient n’arrivait pas à percevoir. Mais tout simplement parce qu’en des centaines de milliers d’années de civilisation technologique, les sciences de l’esprit avaient été explorées de manière bien plus que philosophique, que les différentes composantes de la conscience avaient été analysées, étudiées, soumises au test de l’expérience. L’espèce avait même, au fil du temps et des orientations politiques, philosophiques et sociales, subi sa part d’eugénisme, favorisant tel ou tel aspect de la biologie de ses semblables. Les capacités mentales qui avaient émergé génération après génération étaient désormais aussi évidentes que le fait de marcher ou de respirer. Ainsi, malgré quelques illuminés regardés avec pitié, la prescience d’imminence était reconnue comme un fait universel, pas comme une théorie ou une hypothèse – même si la précognition véritable demeurait le privilège de quelques élus. Une capacité sur laquelle tout esprit se reposait, réfléchissant naturellement avec les informations du passé, du présent et du futur proche pour prendre des décisions. Et les Wraith avaient appris les possibilités qu’ouvrait une telle conscience dans le domaine tactique, aussi bien pour le combat individuel que spatial. Douloureusement, mais ils avaient appris. Trop bien appris, puisqu’ils planifiaient leurs batailles de manière plus poussée, que chaque engagement qu’ils préparaient ne pouvait être autre chose qu’un piège hautement complexe, prenant en compte cet état de fait. Ainsi, ils avaient fait resurgir une émotion que n’avait plus connue son espèce depuis bien trop longtemps : l’incertitude. Elle devait décider si la présence de ce navire était une erreur tactique ou bien un appât pour un plan qui mènerait inévitablement à la perte de son vaisseau, bien plus précieux que l’appât en question. Et si, le cas échéant, le plan en question misait sur une attaque ou sur son inaction. Ou sur son départ immédiat avec ou sans attaque.
Les Anciens avaient prouvé sans l’ombre d’un doute qu’ils maitrisaient l’art de la tactique et de la réaction en combat, mais leurs adversaires d’aujourd’hui n’avaient plus à démontrer leur talent. Les Wraith étaient meilleurs stratèges, et, lentement, malgré des pertes colossales, gagnaient la guerre.
Shanti expira brutalement, le flux de souvenirs l’ayant fait perdre un instant son orientation. Elle ne devait qu’à son inconscient d’être encore debout, et le savait. La jeune femme regarda autour d’elle, reconnaissant l’endroit où elle se trouvait à la fois quelques secondes et plusieurs minutes plus tôt, ne sachant pas combien de temps lui avaient pris ces réminiscences. Elle commençait à peine à reprendre le contrôle sur elle-même, sur la situation, assimilant finalement ce que l’I.A. lui avait offert. Aussitôt, elle se mit en quête de ses deux coéquipiers, qui semblaient à leur tour quitter l’état semi-éveillé qui avait résulté de la nouvelle intervention d’Atlantis.
-Qu’est-ce que c’était que… ça ? demanda-t-elle à haute voix. -Dites-le moi, répondit la voix désincarnée de l’I.A. -Arrêtez de jouer. Qu’est-ce que vous nous avez fait… cette fois ? -Je n’ai fait que vous donner des outils cruciaux pour la suite de votre mission. Théoriquement, vous devriez ne servir que de conduits pour mes ordres lors des escarmouches et engagements à venir, cependant, des impondérables peuvent survenir. Plus que quiconque, vous devriez savoir qu’il est possible que mes communications avec vous soient interrompues. Un tel évènement, aussi bref soit-il, aurait des conséquences critiques si vous ne disposez d’aucune compétence pour diriger de façon autonome les vaisseaux dans lesquels vous accomplirez votre tâche. -D’accord, mais, ces… -Oui ? -Ces souvenirs, ces mémoires… vous ne m’avez pas uniquement envoyé les données dont vous parliez. Qu’est-ce que c’est ? -De simples cours magistraux sont inutiles. Vous avez besoin d’expérience. Durant plusieurs millions d’années, certains individus se sont portés volontaires pour partager cette expérience dans une base de données d’apprentissage. Je vous ai transmis plusieurs de ces profils. Ils devraient vous permettre de bénéficier de l’expérience de ces personnes, sans normalement avoir une influence sur votre personnalité. -Normalement ? demanda Shanti, dont la voix trahissait l’inquiétude soudaine. -J’ai évité de vous transmettre les données les plus intenses, ainsi que les éléments approfondissant inutilement certaines émotions ressenties par les personnes concernées. De cette manière, vous devriez garder, même à un niveau inconscient, un contrôle sur ces souvenirs, et éviter de les voir remplacer les vôtres propres. -Une seconde… vous avez dit “plusieurs“. Combien de ces “profils“ vous m’avez envoyé) ? -Six. Le premier sera le plus utile à court-terme, puisque vous faisant partager une expérience militaire navale avec des unités semblables à celles qui seront mises à votre disposition. Les autres seront tout aussi indispensables à plus long terme. -Et ces souvenirs vont s’étaler sur quelle durée ? De leur point de vue, je veux dire. -Simplement, sur toute leur vie. -Pardon ? -Sur toute leur vie, jusqu’à leur mort ou leur Ascension. -Attendez, vous m’avez filé quoi ? Tous les souvenirs ? De six Anciens ? -C’est cela-même. -Non… commença-t-elle, paniquée. -Qu’y a-t-il, lieutenant ? -C’est déjà arrivé… Je vais me mettre à parler leur langue dans quelques jours, puis je vais me mettre à fabriquer des générateurs et je ne sais pas quoi d’autre, avant de… -Non, répondit simplement Atlantis. -Comment ça ? -Votre cas, à vous et vos coéquipiers, est différent de celui de Jack O’Neill. Tout d’abord, je ne vous ai pas transmis le contenu entier d’une Bibliothèque et tout détail lié à d’éventuelles recherches sur l’Ascension a été automatiquement retiré de ces fichiers, n’ayant alors pas le niveau d’accréditation nécessaire. Ensuite, contrairement à lui, vous êtes en mesure d’assimiler ces informations sans en subir des conséquences aussi dramatiques. Elle s’immobilisa et regarda d’un air étonné l’endroit d’où venait la voix. -Juste une question, lieutenant, reprit l’I.A. Pensez-vous qu’un être humain normal serait capable de contrôler aussi rapidement et précisément les systèmes défensifs et offensifs que j’ai mis à votre disposition récemment ? -Non, répondit Shanti après une hésitation. On ne fait que vous transmettre des consignes. Comme ce que vous allez faire pour les vaisseaux. -Non, lieutenant Bhosle. Sur Dakara, vous étiez complètement aux commandes. Tout comme lors de votre rencontre avec le docteur Jackson. Je fournissais un soutien, mais, celui-ci n’est plus nécessaire. Dans votre cas, depuis l’incident que je viens de mentionner, et après-coup pour vos deux coéquipiers. Le contrôle est vôtre, totalement. Je ne fais qu’améliorer la programmation des unités autonomes, entretenir les systèmes, et quelques tâches supplémentaires, désormais. Toute impression du contraire relève d’un refus inconscient d’accepter la réalité. Elle se mit à trembler, alors que les différentes implications se mettaient en place dans son esprit. -Ce n’est pas possible. Personne ne pourrait… commença-t-elle avant de se figer. -Effectivement, lieutenant. Aucun être humain normal ne serait en mesure d’avoir un contrôle aussi fin et intuitif sur les nanites de combat que je vous ai implantées. C’est pour ça qu’il a été nécessaire d’améliorer vos capacités sur d’autres aspects que vos simples sens. Et, pour la même raison, vous êtes en mesure de recevoir ces souvenirs sans être en danger de mort. -Qu’est-ce que vous nous avez fait ? demanda-t-elle, sentant la colère monter. -Ce que j’avais dit que je ferai, répondit Atlantis. J’avais indiqué clairement que j’améliorerai vos performances. Je l’ai fait, sur tous les plans. Et pour cela, il était nécessaire de vous permettre de réfléchir plus vite, de façon plus précise. Sans ça, vous seriez morts lorsque les systèmes de défense automatisés se sont réactivés. -Vous n’avez pas le droit ! Nos sens, d’accord, endurance, force, je ne sais pas quoi, d’accord. Mais pas nos… -Vos cerveaux, lieutenant ? -Oui ! Pas sans nous… -Lieutenant Bhosle, reprit l’I.A., à la voix à présent lassée, soyons claires. Je ne vous ai pas fait évader par charité ou pour réparer une injustice que vous auriez perçue. Je l’ai fait pour vous utiliser dans ma stratégie. Pour cela, vous devez être efficaces. C’est ma priorité pour ce qui vous concerne. La jeune femme ne fit pas le moindre mouvement, son regard toujours dirigé vers le même endroit. -De plus, reprit Atlantis, avant de faire quelque chose que vous regretteriez, rappelez-vous que si je vous ai… modifiés, cela n’a été que physique. Vous êtes toujours vous-même. -Comment est-ce que je peux le savoir ? répliqua-t-elle. -Nous avons cette conversation. -… -Pensez-vous sincèrement que, si j’avais procédé à des modifications substantielles de votre psyché, je n’aurais pas fait en sorte que vous et vos collègues soient plus prompts à suivre mes suggestions et consignes ? -Pourquoi ne l’avez-vous pas fait ? demanda finalement Shanti. -Excellente question, lieutenant, la meilleure que vous vous soyez posée depuis longtemps. Et à laquelle je ne répondrai pas. Pour le moment.
Après quelques instants de silence particulièrement lourd, elle reprit son chemin, se dirigeant vers le hangar près duquel se trouvait le pilote. Traversant le vaisseau, elle passa près de la baie d’observation où elle avait vu, pour la première fois, l’armada rassemblée par Atlantis. Elle s’y arrêta quelques instants pour observer à nouveau la masse de navires dans laquelle la petite frégate se trouvait désormais. En franchissant le seuil de la salle, elle remarqua aussitôt, entre deux vaisseaux, une tache colorée qui attira son regard. Au bout de quelques secondes, Shanti reconnut une nébuleuse éloignée, dont elle voyait l’image au-delà du spectre visible.
La capsule était exigüe, selon les critères de sa planète natale, pourtant l’une des plus densément peuplées de ce qui restait du territoire Ancien. Mais elle ne prêtait pas la moindre attention à l’inconfort physique, occupée à ressentir, à vivre le spectacle qui s’offrait à elle. Tout autour d’elle, une projection lui transmettait, de manière aussi complète que possible, chacune des subtilités de l’espace qui entourait le minuscule engin. Les radiations électromagnétiques étaient rendues, tout comme les champs de gravité et chacune des autres forces qui pouvaient être ressentis par son corps. La masse de technologie était, paradoxalement, conçue et imaginée pour simuler sa propre absence, pour donner à la personne en son centre les mêmes impressions, les mêmes sentiments que si elle avait pu se tenir dans le vide absolu. Sans les dangers inhérents, et avec des outils à sa disposition. Lentement, Adrastée activa certains de ceux-ci, des manipulateurs de gravité d’une sensibilité et d’une finesse telle qu’ils auraient fait l’orgueil des scientifiques de civilisations plus jeunes –si ces chercheurs avaient réussi à admettre la possibilité d’un tel contrôle sur la matière et l’énergie. Simultanément, les projecteurs prirent en compte la nouvelle action, et la compensèrent de façon à maintenir une image parfaite. De par ce que lui disaient tant ses sens physiologiques que les autres, elle se rendait compte, du moins intellectuellement, que la perturbation n’était pas suffisante pour détruire l’image qu’elle ressentait, mais son exigence était la perfection. Rien de moins. Plus si possible. Atome après atome, particule après particule, sa création prenait forme, assemblage riant au nez de la chimie, de l’électromagnétisme et de la physique. L’amas grossissait de manière apparemment désordonnée, mais dans lequel un observateur attentif, expérimenté et, surtout, bénéficiant des mêmes sens que ceux de sa créatrice, aurait vu une certaine élégance. Quelques heures plus tard, dans une transe, elle eut un invisible rictus et fit s’évanouir dans le néant son travail, persuadée de ne plus y trouver la beauté initiale, l’émotion développée s’effondrant sous ses incohérences. Ces dernières n’étaient pas rédhibitoires ; au contraire, elles formaient le cœur et l’âme de certains de ses projets, de certaines de ses œuvres. Mais à chaque fois, ces émotions baroques avaient eu un sens dans leur contresens, avaient eu ce style qu’elle s’efforçait de glisser, d’insuffler, dans ses créations.
Pas cette fois-ci. Sans une vibration, sans un souffle, elle reprit. L’artiste soupira intérieurement, puis recommença à observer par tous ses sens la magnificence de l’Univers, à chercher l’Émotion, à la ressentir, et à la rendre à ses semblables. S’ils y voyaient un message, un sens, grand bien leur en fasse. La foule, malgré les millions d’années d’évolution, était toujours aussi myope, toujours aussi figée, et elle ne pouvait que s’en désintéresser. En revanche, elle savait que, parmi ces étoiles, certains, certaines, étaient capables de se taire et de ressentir ce qu’elle avait ressenti, de ne pas chercher à briller auprès des autres, mais d’être.
Comme elle était.
Shanti trébucha, surprise par le déferlement, avant de s’immobiliser quelques instants pour reprendre son souffle. Puis elle reprit son chemin, perdue dans son impuissance et dans des questionnements sans fin.
Le hangar avait à nouveau été le siège d’une agitation semi-ordonnée, les mécaniciens et les pilotes vérifiant les Planeurs, dont l’état moins qu’optimal était souligné par les tests préliminaires. Son appareil n’avait pas échappé à la règle, épave qui était une insulte volante aux règles de sécurité auxquelles le jeune pilote avait été habitué quelques semaines plus tôt.
Mais le passé était le passé, et il devait faire confiance au Unas dont la solde et la réputation tenaient à sa propre survie. De loin, Carl avait vu son nouveau leader embarquer dans son propre appareil avec une allure professionnelle qui traduisait sa longue expérience de l’engin Goa’uld. La check-list avait été courte : les ailes étaient toujours là après que les répulseurs aient soulevé l’engin à un mètre du sol, il ne sentait aucune odeur particulière dans le cockpit, et il n’était pas au milieu d’une boule de flammes et de débris incandescents s’éparpillant dans le hangar. Tout allait donc aussi bien que possible, et, quelques heures plus tard, tandis que l’ennui l’avait accompagné aussi fidèlement que le transport qu’il escortait, ils étaient arrivés à proximité de leur planète de destination. Désormais un point à peine plus brillant que les autres étoiles, sa destination était suffisamment rapprochée pour qu’il ait à se tenir sur ses gardes. Si le travail d’escorte n’était rien de plus qu’une couverture pour le véritable travail, il n’en demeurait pas moins vrai que la piraterie existait. Difficile, à proximité des planètes jaffa, surtout lorsqu’il s’agissait de bases stratégiques comme celle qu’il distinguait à quelques millions de kilomètres de lui. Mais les pirates bénéficiaient d’un atout pour leur travail, à savoir les lois jaffa en vigueur. Expérimentés dans les bombardements planétaires surprise et désireux de ne l’être que du point de vue de l’assaillant, ils avaient, avec une inhabituelle sagesse, interdit toute sortie d’hyperespace à proximité de leurs mondes importants. Une règle simple qui se voyait appliquée vigoureusement, puisque les défenses, tant planétaires qu’orbitales, avaient pour ordre de tirer sans avertissement sur tout contrevenant. Un principe qui, s’il assurait une meilleure sécurité pour la planète concernée –en théorie, du moins– faisait le bonheur des mercenaires auto-employés. Les vaisseaux indépendants, catégorie à laquelle appartenaient de nombreux vols commerciaux non-Hébridans, avaient ainsi quelques millions de kilomètres à parcourir avant d’arriver à destination. Lorsqu’à cela s’ajoutait une réticence marquée des Jaffa à voir s’approcher des vaisseaux lourds, il en résultait l’apparition de convois commerciaux qu’une technologie hyperspatiale pourtant très souple avait supprimée des millénaires plus tôt. Et qui coûtaient des sommes probablement colossales, avaient redécouvert les commerçants qui ne se privaient pas de les reporter auprès de leurs clients paranoïaques. Mais ce n’était pas le problème du pilote, qui préférait se concentrer sur sa maigre suite de détecteurs, sensée le prévenir de l’arrivée éventuelle d’engins hostiles désireux de s’enrichir sur le dos de cibles peu défendues.
Comme pouvait l’être le petit convoi dans lequel il se trouvait. -On arrive dans trente minutes, indiqua la voix de son leader sur le réseau de communication. -Bien compris, répondit-il machinalement. Sa situation au sein du groupe de mercenaires et de l’unité spéciale qui s’y cachait était floue. Il savait, en théorie, où il se situait sur l’échelle sociale de chacun des deux groupes – assez bas, mais plusieurs contradictions venaient compliquer l’affaire. La plus importante de toutes étant sa nouvelle chef de groupe. Celle-ci, qui était, il le supposait, particulièrement haut placée dans le groupe terrien, l’avait apparemment pris sous son aile depuis qu’il avait réussi tant bien que mal à s’adapter au système. Que ce soit en lui donnant un avantage lui permettant de mener le travail d’entretien de son Planeur avec aussi peu de retard que possible par rapport aux équipes plus expérimentées, ou en prenant en charge son propre entrainement pour l’amener au niveau demandé par les autres pilotes. Pour une raison qui lui échappait, elle lui avait facilité l’intégration, même s’il ne se leurrait pas sur la superficialité de celle-ci. Il n’était désormais plus que la cible de quelques railleries de la part des autres pilotes, face au mépris ouvert qu’il avait connu à son arrivée. Mais, malgré la relative amélioration de sa situation, beaucoup de questions lui venaient à l’esprit. La première étant la raison ayant poussé à sa sélection pour cette unité. Il était inconnu des jaffa et d’autres puissances de par son jeune âge, mais, et il était le premier à l’admettre, était totalement inadéquat pour une telle unité, particulièrement à un moment pareil. Sa seule expérience du combat était limitée à une escarmouche mineure où il avait uniquement laissé son entrainement décider pour lui, il ne connaissait que les bases en termes de tactiques, n’avait pas les réflexes particuliers requis pour les opérations spéciales, mais possédait en revanche tous ceux qui n’avaient rien à y faire. Quand, en plus, sa mutation dans cette unité se faisait si peu de temps avant ce qui s’apparentait à une guerre ouverte avec la Nation Jaffa, sa confusion était totale. Il savait qu’il devait y avoir d’autres pilotes, à bord du Concordia ou d’autres vaisseaux, qui feraient un meilleur travail que lui. Tu verras ça plus tard, Carl, se dit-il en ramenant son attention sur les commandes. Pendant de très longues minutes, le Planeur continua de glisser droit vers la planète. Le convoi corrigea à plusieurs reprises sa trajectoire pour prendre en compte le déplacement de sa destination, qui continuait son orbite autour d’une étoile rougeâtre qui terminait sa vie en commençant sa lente transformation en géante, condamnant la planète à brève échéance –brève d’un point de vue astronomique, soit laissant suffisamment de siècles pour justifier l’installation de la base jaffa. Le pilote maugréa silencieusement sur les diverses corrections, qu’il n’avait jamais eu besoin de faire à bord d’appareils terriens dont les ordinateurs de navigation calculaient automatiquement la trajectoire idéale pour atteindre la planète. Je pourrais même faire les calculs à la main, se dit-il, avant de se résigner, sachant que les mercenaires qui pullulaient dans la Voie Lactée n’étaient pas réputés pour connaître les lois de la gravitation universelle. Faire preuve d’efficacité et d’un sens de l’économie dans trop de domaines était la manière la plus simple de se désigner comme terrien, au milieu d’une population n’ayant pas connu de difficultés dans les vols spatiaux depuis des centaines de générations pour le moins. Et, au vu de la situation et de l’endroit vers lequel il se dirigeait, il préférait ne pas afficher de manière évidente sa planète d’origine. Même si ses préférences n’avaient de toute façon aucune importance, puisqu’il était tout en bas de la chaîne de commandement au cours de cette opération.
Finalement, il arriva en vue de la planète, embrassant le spectacle auquel il n’arrivait que difficilement à s’habituer, la bille de roche à la surface illuminée par l’étoile proche. Le jeune homme dévora du regard la sphère jaunâtre, désert rocheux parsemé d’une série de mers intérieures reliées par des canaux de plus ou moins grande taille, témoins de projets pharaonique entamé par la civilisation qui était née sur le petit astre. Et qui y avait péri, après avoir refusé de se plier au joug Goa’uld. Amaterasu en avait alors fait un exemple, incinérant méthodiquement les jungles luxuriantes qui avaient recouvert une grande partie de la surface, avant de stériliser les terres elles-mêmes. Celles-ci, en quelques siècles, avaient terminé de souffrir de l’érosion par les vents. Malgré la mort qui était visible dans chaque plaine, sur chaque plateau, sur chaque île, Carl ne pouvait s’empêcher d’être amoureux de l’image qui lui était renvoyée, et il fallut l’interruption de la voix de son leader pour le ramener à la réalité. -On a l’autorisation de se poser, baie numéro deux, annonça la voix féminine. Tout le monde me suit. On se pose, la sécurité locale réceptionne la marchandise, et on a quelques heures devant nous avant de se barrer. Personne fait de vagues, compris ? J’ai pas envie de m’emmerder à payer votre caution ou à perdre du temps avec ces abrutis de gardes. -Bien compris, répondit-il laconiquement. -Surtout toi, Banet. Tu joues pas au con. Il soupira une fois la communication coupée et continua les manœuvres d’approche. Au bout de quelques minutes, il pénétra, avec les autres engins du convoi, dans l’atmosphère planétaire, sans subir le moindre désagrément dû au frottement dans l’air. L’un des points où le petit engin Goa’uld était supérieur à son équivalent terrien, même si pour rien au monde il n’aurait voulu faire face à l’un des appareils qu’il avait piloté, même en atmosphère –sans même parler des intercepteurs atmosphériques qui avaient été conçus pour pallier cet aspect.
Une fois suffisamment bas, il put commencer à distinguer les détails du sol, faiblement éclairé par la voute étoilée, les appareils étant arrivés de nuit. Carl s’amusa du détail, tout en observant avec curiosité le désert aux plateaux clairsemés, dont l’un d’entre eux abritait l’imposant chantier spatial. Près d’un Ha’Tak en construction, une autre source de lumière brillait faiblement, qu’il identifia aussitôt –par simple déduction, aucune autre construction ne semblait s’élever à proximité.
Port Franc 7, sa destination. Ces petites zones commerciales étaient présentes dans des systèmes éparpillées dans l’ensemble des territoires habités, zones extraterritoriales sous la houlette des autorités locales. Celles-ci, si elles n’avaient théoriquement pas leur mot à dire sur les transactions qui s’y effectuaient, étaient cependant particulièrement impliquées dans leurs activités, aussi bien légales qu’illégales. Offrant des opportunités de travail et de commerce bien plus importantes qu’un port normal de même taille, ils étaient l’incarnation-même de opportunisme et du capitalisme sauvage promus par Hébrida. Qui cependant préférait ne pas appliquer une telle “liberté entrepreneuriale“ sur ses propres territoires ; par simple bon sens. Les jaffa, eux, avaient accepté d’installer un tel complexe à proximité du chantier pour une longue liste de raisons. Toutes parfaitement valables pour la poignée de sénateurs qui avait signé l’autorisation. Tellement valables qu’aucun d’eux n’avait pensé avoir eu besoin de se justifier en détail auprès de ses collègues, surtout aussi peu de temps avant de prendre une retraite bien méritée, financée par des fonds qui l’étaient sans aucun doute tout autant. Sans aucun doute. Suivant les instructions d’un contrôleur de vol en partie assoupi, il guida son engin vers l’un des hangars, où il s’immobilisa de manière aussi douce que possible. Lorsqu’il reçut enfin l’autorisation de quitter son chasseur et put rejoindre le reste du groupe de mercenaires, il eut du mal à cacher son regard curieux, découvrant l’installation semi-autonome qui s’étendait autour de lui. Près du groupe de Planeurs se trouvaient les transports qu’il venait de finir d’escorter, près desquels un officier de la sécurité négociait avec la leader de son groupe, arrangeant les détails de leur court séjour. Plus loin, d’autres groupes d’appareils, Hébridan ou Goa’uld, s’agglutinaient en petits amas plus ou moins surveillés par le personnel local. Carl détaillait des yeux un transport armé Hébridan aux formes fonctionnelles et aux tourelles omniprésentes lorsqu’on vint lui donner un léger coup sur l’épaule. Il se retourna brusquement, pour voir le visage de son chef de groupe. -On n’est pas là pour faire du tourisme. En tout cas, pas dans les hangars. Tu viens ? -Oh. Oui, répondit-il. Elle attendit qu’ils entrent dans un couloir étroit pour lui demander : -T’avais quoi, comme nom de guerre, avant de venir ? -Euh, Halcyon, pourquoi ? -C’est juste que je préfère éviter de crier ton nom sur les toits. Autant ne pas mâcher le boulot pour les oreilles indiscrètes. Mais bon, c’est assez moche, il faut bien le dire. Bon, je t’appellerai Hal tant qu’on sera ici. Ou jusqu’à ce que tu trouve un meilleur nom. -Heu, d’accord. -Très bien, dit-elle en arrivant devant un poste de garde. Ils s’immobilisèrent tous les deux devant une cage encadrée par deux bureaux sommaires, eux-mêmes derrière un léger champ de force. -Vos armes, dit platement l’un des gardes derrière son bureau. -Il n’en n’a pas, répondit-elle tout en sortant quelque chose de ses vêtements. On vient pour lui en récupérer une. Elle déposa ce que le jeune pilote reconnut comme un pistolet qu’il identifia tout de suite, suivis d’autres objets moins courants. Son regard fut attiré par une bague à laquelle il n’avait jusqu’alors pas prêté la moindre attention, et qui lui apparaissait à présent d’un style peu terrien. Elle finit ce déballage par un petit objet d’un blanc osseux qu’il ne sut classifier, tant il lui était étranger, à mi-chemin du peigne, du stylo et de l’instrument de musique. -Parfait, répondit le garde en pointant un appareil vers les armes avant de leur faire signe d’avancer. Passez dans la cage. Elle obéit, rentrant sans un mot dans le dispositif de grande taille, qui se ferma derrière elle, et, quelques instants plus tard, émit un petit son. La cage s’ouvrit alors de l’autre côté et la laissa sortir, tandis que le garde lui rendait son équipement. -A votre tour. Carl s’exécuta, regardant d’un œil curieux le système dans lequel il s’enfermait. Puis, une fois de plus, celui-ci s’ouvrit, et il rejoint rapidement son chef de groupe, qui terminait de ranger ses armes sur elle. -Ils ont juste mis un traceur dessus, pour savoir qui est responsable de quelle fusillade, dit-elle en reprenant son chemin. -Et… il y en a souvent, de ces… fusillades ? -Pas tout le temps, mais suffisamment pour qu’ils prennent ce genre de précaution. Donc, fais pas le con, regarde personne de travers, et ça devrait sûrement bien se passer. -Sûrement ? -Si tout le monde se met à tirer, tu te planques, tu m’obéis, et, surtout, tu fais tout ce que les gardes disent. Ils ont tendance à être assez radicaux avec ceux qui ne les écoutent pas. Et je ne vais pas me les mettre à dos juste pour tes beaux yeux, qu’on soit bien clairs. -D’accord. -Parfait. D’abord, on prend un verre, et ensuite, je te montre le marché. Tu devrais pouvoir te trouver de l’équipement. -Euh, juste une question, maintenant que j’y pense… Ils n’acceptent pas les euros ou les cartes bancaires, ici, hein ? -Non, pas vraiment, répondit-elle, sarcastique. Tu pourrais les changer sur une ou deux planètes Hébridans, mais pas ici. -Pardon ? Je plaisantais, là. Ils acceptent vraiment… -Bien sûr que oui. Ce sont des commerçants avant tout. En cherchant un peu, on pourrait même s’arranger pour les changer ici. Mais bon, le côté “pas hurler dans toute la galaxie : salut, je viens de la Terre“ limite un peu les possibilités à ce niveau-là. Non, tu es mercenaire, tu te souviens ? Tu as une solde. Pas énorme, mais correcte. En tout cas, suffisante pour récupérer ce qu’il faut ici. J’ai embarqué une partie des tes fonds avec moi. Autant que tu évites de te balader avec quelques centaines de shesh’ta sans avoir de quoi les défendre, non ? -Oh, oui. -Allez, on y est presque. Tu vas voir, je suis déjà venue ici, et s’ils n’ont pas trop changé, ils font d’excellents cocktails. -Vous êtes sûre que… -Quoi ? -Vous savez… pendant le service, alcool, piloter ? -T’es vraiment jamais sorti, hein ? -Comment ça ? -Demande un neutraliseur après ton verre. Ca élimine une bonne partie de l’ivresse. -Oh. -Oui, soupira-t-elle. Tu as beaucoup de choses à apprendre sur le monde, on dirait. On dirait, reconnut-il silencieusement, alors qu’ils arrivaient, au détour d’un couloir, en vue du bar. Celui-ci, légèrement poussiéreux, était largement occupé par des dizaines de clients de plusieurs espèces différentes, causant par leurs discussions un brouhaha incessant qui se combinait à l’éclairage tamisé pour donner un air particulièrement glauque à l’ensemble. J’y crois pas. Ils l’ont fait exprès, y’a pas d’autre explication… se dit-il, incrédule, en regardant la salle, devant lui, qui était quasiment caricaturale par son respect des clichés du bar pour criminels et contrebandiers. Il chercha du regard un ventilateur de plafond, et soupira intérieurement en constatant son absence. C’est n’importe quoi, là… Un bar à je ne sais pas combien de centaines d’années-lumière de la Terre, et ils trouvent le moyen de nous faire un remix des années 30. Enfin, déjà, il n’y a ni ventilo, ni alien au saxophone… -Le propriétaire ne serait pas un peu fan des films noirs, par hasard ? demanda-t-il, avec le peu de flegme qu’il pouvait rassembler. -Totalement, répondit-elle avec un sourire narquois. Mais ça marche bien, tu trouves pas ? -Si, si, absolument, conclut-il, peu convaincu. D’abord le mécano, puis le bar…Ouais, et si un fermier et un vieillard me demandent de les embarquer pour Alderaan, c’est décidé, je me tire, mercenaire ou pas mercenaire. Et puis, en plus, j’ai même pas de quoi tirer le premier… C’est vrai, quoi ! Ca commence comme ça, et après, on n’a pas le temps de dire ouf qu’on se retrouve poursuivi par toute la galaxie ! rajouta-t-il intérieurement, en faisant des efforts surhumains pour ne pas se prendre le visage entre les mains.
Dernière édition par Rufus Shinra le Ven 26 Nov 2010 - 3:48, édité 1 fois |
| | | Rufus Shinra Roi des Petits Gris
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| Sujet: Re: Effet Papillon [Tome II] Ven 26 Nov 2010 - 3:28 | |
| Marchant rapidement dans les coursives, elle se rendait compte qu’elle était au bord de la panique, sa discussion avec Atlantis l’ayant mis sur la défensive tout en remettant tout ce qu’elle savait, tout ce qu’elle était, en question.
Une fois de plus. Elle ne pouvait pas se défendre, du moins pas directement, et les souvenirs ne lui laissaient pas un instant de répit, venant se surimposer à la réalité. Instinctivement, elle tenta de communiquer à nouveau avec le pilote, qui était, elle le savait, dans le même état qu’elle. Désorienté, perdu, à la limite de la rupture. Elle va nous détruire. Nous utiliser, nous modifier jusqu’à ce qu’il ne reste plus rien de nous, se dit-elle. Mais tu le savais, hein ? On le savait tous… Par intermittence, les couloirs vides devenaient occupés, les cloisons immaculées présentaient des traces d’usure, invisibles pour un humain. Mais elle n’était plus humaine. Ou l’était-elle encore ? La confusion venait se rajouter aux souvenirs dissonants, dont l’assimilation brutale venait à la fois conforter et contredire la réalité. La jeune femme s’arrêta brusquement, haletante, pour tenter de reprendre son calme. Fermant les yeux, Shanti tenta de faire le vide, de repousser les images qui venaient sans cesse lui imposer la vie d’autres personnes, d’autres êtres, disparus dans un passé qu’elle n’avait jamais connu.
Retenant sa respiration quelques secondes, elle expira d’un coup avant de reprendre sa marche, tandis que sa vision se faisait plus nette, que les souvenirs semblaient être repoussés pour le moment. L’accalmie se poursuivit suffisamment longtemps pour qu’elle puisse atteindre le poste de contrôle de la frégate, où elle vit Campbell, avachi sur l’un des fauteuils, respirant bruyamment. -Ca va ?! s’exclama-t-elle en s’approchant de lui. -… ne peux pas… il faut… murmurait-il -Ho ! Reprends-toi ! dit-elle avant d’être prise d’un vertige et de tomber près de la chaise, amortissant maladroitement sa chute.
La salle de contrôle était spacieuse, mais sans gaspillage ni luxe. Comme le reste de l’architecture spatiale Ancienne, la pièce était un croisement entre l’élégance et la fonctionnalité, qui ne sacrifiait ni l’une ni l’autre. Un témoin subtil, mais permanent, de la maitrise qu’avaient ses semblables de la construction de vaisseaux comme le sien. Son regard se posa sur l’un de ses membres d’équipage, qui réécrivait le programme de l’un des capteurs spécialisés. Elle savait apprécier la compétence et l’instinct finement rôdé dont savaient faire preuve l’ensemble des personnes à son bord, ressentant chaque succès et chaque échec comme les siens propres. Les deux étaient courants, alors que les hypothèses étaient élaborées au fur et à mesure des expériences, chaque nouveau test triant et éliminant les possibilités jusqu’à garder une théorie correspondant à la réalité. Ou jusqu’à ce que son équipage soit à court de théories. Au fil des voyages, Atropos avait appris l’immensité de l’univers d’une manière implacable, alors que ses convictions sur la physique subatomique, la biologie et l’astrophysique avaient souvent été remises en cause. Elle avait, avec le reste de l’équipage, imaginé des tests, mesuré leurs résultats, et, suffisamment souvent, accepté de renoncer à ce qu’elle jugeait vrai pour accepter ce que la réalité lui indiquait comme étant vrai. Son vaisseau, mastodonte vif qui parcourait une petite zone d’une galaxie que ses prédécesseurs avaient commencé à cartographier plusieurs générations auparavant, n’était pas qu’un simple appareil de reconnaissance scientifique. Il abritait en son sein une fabrique de Portes, insérées dans les nombreux emplacements libres des Réseaux, afin de permettre le contact des éventuelles civilisations qui se développeraient sur ces terres inconnues. Malgré sa taille et les ressources qu’avaient coûté sa fabrication, il n’était qu’un élément parmi d’autres du programme d’exploration et d’élargissement des Réseaux. Celui-ci avait débuté peu de temps après la création de la Porte, et s’il était ambitieux, demeurait aussi réaliste et mesuré que possible. Ainsi, si la vision du projet était universelle, ses moyens demeuraient concentrés sur une galaxie à la fois, au vu de l’immensité de la tâche. Dans un accord aussi rare que total, les scientifiques comme les gestionnaires avaient unanimement rejeté comme inefficace, dangereuse et irresponsable l’option de lancer des poseurs de Portes dans un voyage sans retour. Un avis qu’elle partageait totalement, assimilant comme chacun à bord la taille colossale de ne serait-ce qu’une seule galaxie. Il y avait suffisamment à faire et à découvrir pour ne pas se complaire dans des illusions de grandeur en partant à des milliards d’années-lumière. Le système qu’elle quittait avait été cartographié dans son ensemble, et elle savait qu’une fois les manœuvres réglementaires effectuées, elle irait rejoindre l’une des équipes qui travaillaient sur les formes de vie trouvées dans la géante gazeuse proche. Leur structure moléculaire de base avait beau être différente de celle d’espèces carbonées plus communes espèces carbonées classiques, elles étaient néanmoins sur le chemin de l’évolution, et, selon les premières conclusions, pouvaient potentiellement arriver à la conscience. Son vaisseau avait donc déposé le cadeau d’une espèce au reste de l’univers, une Porte. Son dispositif de contrôle était calibré sur un Réseau spécifique aux atmosphères d’hydrogène et de méthane, tout comme le Réseau principal reliait les planètes à atmosphère d’oxygène et d’azote. Dans quelques dizaines de millions d’années, dans le meilleur des cas, les habitants de la géante pourraient partir vers d’autres lieux et découvrir à leur tour l’univers. Son travail était loin d’être terminé, alors qu’elle n’avait même pas parcouru un dixième de la minuscule portion du quadrant galactique, mais le temps passait vite. Trop vite, même, comme le lui rappelaient les rapports périodiques que son vaisseau recevait sur l’évolution du conflit.
Chassant la pensée parasite, elle donna un ordre silencieux, et l’engin scientifique entra en hyperespace pour un saut de puce vers sa destination suivante.
Le pilote devant elle n’avait pas changé d’état, toujours immobile, et elle se redressa, cherchant à le ramener à la réalité. La jeune femme le secoua, tout en lui parlant, aussi bien verbalement que mentalement. -Reprends-toi ! C’est juste une illusion, lui dit-elle, alors qu’elle le sentait perdre pied dans la masse de souvenirs qui devaient le submerger. Pendant de très longues secondes, Shanti réfléchit à ses différentes options pour l’aider, ne sachant absolument pas comment son coéquipier pourrait réagir à chacune d’entre elles. Refusant de l’assommer pour la simple raison que, avec ce que lui avaient fait subir Atlantis comme changements, elle risquait davantage de le tuer que de le plonger dans l’inconscience, sa liste était limitée. Peut-être… peut-être faire comme avec le docteur Jackson, se dit-elle soudainement. Je pourrais essayer de retrouver Tom, où qu’il soit, dans ces souvenirs. Et de le sortir de là. Cherchant dans ses propres souvenirs le moment de sa rencontre avec l’archéologue accompagné de mercenaires, elle se concentra pour retrouver précisément ce qu’Atlantis lui avait fait faire pour accéder à l’inconscient de l’homme. Reproduisant avec précaution les mêmes actions que quelques jours plus tôt, elle sentit ses sens s’étendre en direction du pilote, comprenant infiniment mieux ce qu’elle faisait qu’alors. Concentrée, elle donna la priorité à la précision et la finesse, tandis qu’elle s’apprêtait à prendre contact. Puis, brusquement, un tsunami d’émotions vint la renverser. D’abord métaphoriquement, puis, lorsqu’elle se rendit compte qu’elle avait perdu son équilibre, littéralement. La jeune femme ressentit l’incompréhension et la peur de Campbell alors qu’il ré-émergeait du quelconque souvenir où elle l’avait trouvé emprisonné. -Shanti ! l’entendit-elle dire alors qu’elle se relevait, prenant appui sur le sol tiède de la salle. -Ca va ? demanda-t-elle en se redressant. Tu étais… -Je… je crois que… qu’est-ce que c’était que ça ? -Des souvenirs. Notre I.A. favorite a décidé qu’on irait bien mieux si on avait les souvenirs d’une demi-douzaine d’Anciens dans notre petit crâne. Et, “normalement“, dit-elle en soulignant les guillemets d’un geste de mains, ça ne devrait pas détruire nos propres souvenirs. -C’est une mauvaise blague ? -Je parle d’Atlantis, là. -Pas une blague, donc, conclut-il. J’y crois pas. Atlantis ! Si vous essayez de nous tuer, vous pourriez pas le faire simplement ? C’est juste… juste… -Nécessaire, l’interrompit la voix de l’I.A. Comme je l’ai expliqué au lieutenant Bhosle, si vous disposez à présent des compétences et des moyens requis tant pour le court que le long-terme, vous n’avez pas l’expérience permettant d’en faire un usage optimal. Or, étant donné les enjeux, je ne peux me permettre de prendre des risques, surtout vu le faible nombre d’agents à ma disposition. -Vous pourriez en recruter d’autres, non ? demanda le pilote. Qu’on soit pas tous seuls dans cette galère. -Cela viendra, lieutenant Campbell, en temps voulu. Cependant, à l’heure actuelle, multiplier le nombre d’individus impliqués serait plus dangereux qu’autre chose, puisque je ne dispose pas d’assez de temps pour les entrainer correctement. Et une erreur… humaine… à certaines étapes critiques de l’opération aurait des conséquences terminales pour notre objectif immédiat, à savoir la fin durable des hostilités. La quantité, ici, n’est pas une qualité. Rappelez-vous ce qui est arrivé à vos semblables lorsqu’ils ont commis l’erreur de froisser des adversaires infiniment plus avancés qu’eux-mêmes. -Je ne comprends pas, intervint Shanti. Si on a besoin d’expérience, pourquoi celle-là ? Je veux dire, ceux que vous m’avez envoyés, ils ne vont servir à rien pour ce job. A part le premier, mais c’est tout. -Ne vous ai-je déjà pas dit qu’ils seront indispensables ? -Mais en quoi ? Une… artiste ? Qu’est-ce que ça a à voir ? -Vous comprendrez, tôt ou tard, même si je ne peux pas vous l’indiquer pour le moment. Du coin de l’esprit, elle sentit quelque chose chez le pilote changer, juste avant qu’il ne s’écarte pour aller s’appuyer contre une cloison. Elle se retourna brusquement vers lui. -Ca va, Tom ? -Oui… je crois, dit-il en relevant la tête vers elle, pour croiser son regard. Elle y lut une lassitude mêlée d’une peur qui n’osait dire son nom. -Qu’est-ce qu’il y a ? l’interrogea-t-elle, avant de finalement poser la question fatidique. Qu’est-ce qu’elle t’a envoyé ? Comme souvenirs ? -Il s’appelait… je ne sais pas, je ne suis pas sûr. C’était un vieux soldat, de l’infanterie. Je ne sais pas combien de temps il a… commença-t-il avant de soupirer. Il était devenu instructeur, il devait avoir… j’en sais rien, juste qu’il était trop vieux pour être d’active, ça devait être pas mal pour les Anciens. Le pilote tourna la tête, le regard lointain, malgré la taille restreinte de la pièce. -Qu’est-ce qui est arrivé ? demanda Shanti. -Elles sont mortes. Et il ne pouvait rien faire, dit-il en serrant les poings, faiblement. Ce n’était pas sa faute. -Qui ? -Rind, Gaeriel. Il les avait formées, toutes les deux, pendant… longtemps. Très longtemps. Elles étaient devenues ses filles… non, plus que ça. Je peux pas t’expliquer, ça va au-delà… Et puis… Il frappa brusquement la cloison, prenant Shanti au dépourvu et provoquant son sursaut. -Merde ! Merde… Pourquoi ça, Atlantis ? Pourquoi m’avoir balancé ça ?! -J’en suis navrée, lieutenant Campbell, mais cela était nécessaire. Vous comprendrez par la suite… Shanti eut quasiment un second sursaut en entendant les derniers mots de l’I.A., n’en croyant pas ses oreilles. -Qu’est-ce que… souffla-t-elle avant d’être interrompue par un second coup sourd sur la cloison proche. La jeune femme s’approcha rapidement du pilote et le prit par les épaules pour l’obliger à lui faire face. -Tom, calme-toi ! C’est pas de ta faute ! C’est même pas toi ! -Morts… tous morts, chuchota-t-il. Et c’était qu’une escarmouche… On sait rien, Shanti, rien du tout. Comment est-ce qu’ils ont tenu aussi longtemps ? -Calme-toi, répéta-t-elle en le serrant dans ses bras, alors qu’elle se rendait compte que son contrôle d’elle-même n’était qu’apparent, qu’elle était elle aussi à la limite de craquer. On va s’en sortir. On va faire ce job, et ça ira mieux. Ca ira mieux, répéta-t-elle, en sachant qu’elle se mentait, et que Campbell le savait aussi bien qu’elle. Il se laissa glisser au sol, sur les genoux, et elle se mit à sa hauteur, s’efforçant de ne pas perdre son regard. Le brusque changement d’attitude du pilote l’avait surprise, ne l’ayant jamais vu ainsi, d’une manière qui contrastait avec l’impression de professionnalisme teintée de légèreté qui le caractérisait. Son instinct lui indiqua de faire particulièrement attention, qu’il ne pouvait pas se permettre de craquer. Que, quoi qu’Atlantis lui ait envoyé, il n’avait pas été prêt, malgré sa plus grande expérience qu’elle sur le terrain, malgré ses réactions apparemment calmes et contrôlées depuis leur évasion du Daedalus. -Elle n’aurait pas dû… -Pas dû quoi ? répondit-elle doucement. -Je n’av… Il n’avait pas fini de la former. Elle était douée, très douée. Et il y avait une reco à faire, un avant-poste abandonné. Dans un no man’s land que les vaisseaux ne pouvaient pas attaquer. Elle avait insisté pour en faire partie. J’aur… Il aurait dû refuser. Elle n’était pas prête. Pas prête. -Calme. C’est arrivé il y a des millénaires, tu ne pouvais rien y faire. -J’aurais dû… Elle est partie avec son groupe. Et puis… des Fléaux. Des dizaines de Fléaux. -Qu’est-ce que c’est ? -Des Wraith, conçus pour se battre contre les Anciens… pour les anéantir… comment est-ce qu’ils ont pu en arriver à ça… -Qu’est-ce qui s’est passé ? demanda-t-elle, sentant qu’elle ne pouvait pas se permettre de le laisser dériver sur le sujet. -On… Ils ont fui. Rien d’autre à faire. Pas assez nombreux, une embuscade. Mais il y avait… des blessés. Il fallait les stabiliser, ils ne pouvaient pas être déplacés. On s’est retranchés dans l’avant-poste. Ca a duré des heures. Ils attaquaient, ils… murmura-t-il, le regard lointain, quelques larmes coulant sur ses joues. Et elle, elle tenait. Une lionne, elle n’avait rien à envier aux autres, à ceux qui se battaient depuis le début de la guerre. J… Il était fier d’elle, de ce qu’elle était devenue sous son aile. Lorsqu’elle ne repoussait pas les Fléaux, elle aidait les autres à tenir… Je ne sais pas si un seul d’entre nous s’en serait sorti si elle m’av… l’avait écouté. -Elle a fait ce qu’elle devait faire… tenta maladroitement Shanti. -Non… si… elle tenait, alors que les autres tombaient. Les blessés étaient transportables, et on est partis vers la Porte. On était plus que huit. Sur vingt deux ! Les autres… ils les avaient… -Je… -Non, tu ne comprends pas, Shanti ! Les Fléaux, ils ne se contentent pas de tuer, ils… -Calme-toi ! C’est fini ! C’est fini… -Ils étaient juste derrière nous, on en avait perdu trois autres. Des camarades. Des amis. Je les connaissais depuis des années, et ils s’étaient fait faucher, comme les autres. Mais on était à la Porte. On y était arrivés, et elle était à quelques mètres derrière moi alors que je l’activais. Je la voyais, elle était là, à couvert, prête à nous rejoindre quand moi et Meguis sortions les deux blessés. Je les pousse dans le vortex et je me retourne pour lui dire de venir… finit-il alors que sa voix s’estompait, les membres tremblant malgré l’emprise de Shanti. -C’est bon, tout va bien… dit-elle en essayant de paraître assurée. -Gaeriel. Elle était là, elle courait, et puis… l’instant d’après, plus rien. Juste ça. Je pouvais quasiment la toucher, elle était presque à l’abri, après nous avoir sauvés, les quatre autres survivants, quand ils l’ont touchée. Elle n’a pas souffert… Ca l’a juste vaporisée. Instantané. Comme ça. Elle était tout ce que j’avais vu dans cette gamine. Elle avait fini par devenir tout ce qu’aurait pu espérer un vieux soldat. Et puis plus rien. Plus rien… Plus rien…
Il ne pleurait même plus, il était juste ailleurs, et Shanti le serra plus fort, maudissant une fois de plus Atlantis.
Le docteur Jackson, pour utiliser un euphémisme, était contrarié. Les évènements récents n’avaient en effet pas été particulièrement agréables pour lui, et, le plus important pour lui, se dévoilaient comme autant d’énigmes dont il n’avait pas un semblant de début de solution. Des suspicions, des idées folles, mais aucune piste sérieuse sur laquelle se lancer. Puis était venue l’apparition de la veille. Celle-ci était venue balayer les quelques espoirs de maitriser une situation qui allait sans nul doute lui donner de sérieux et fréquents maux de tête. Beaucoup trop de coïncidences. SG-22 qui s’évade, attaque Dakara et me tombe dessus par le plus grand des hasards. Un espion jaffa qui a survécu à leur assaut pour se retrouver chez Vala, les autres qui recommencent à attaquer sans préavis, les jaffa qui décident de nous attaquer dans la foulée, et puis ça, maintenant. Beaucoup trop de choses. C’est évident que ce n’est pas une coïncidence. Et si c’était Atlantis, pourquoi agir dans notre dos et de façon aussi peu subtile ? Non, elle n’a rien à gagner avec des provocations. Elle pourrait agir sans qu’on s’en rende compte ou bien ouvertement. Mais ça… c’est inutile. Alors pourquoi ? Ou qui d’autre ? -Docteur McKay, des idées ? demanda Weir en se tournant vers le responsable scientifique de l’expédition. -J’ai vu le service météo, et ils n’y comprennent rien. En gros, ils hésitent entre m’accuser d’avoir déclenché un nouveau cataclysme improbable et de prétendre que ce n’était rien de plus qu’une illusion d’optique très réaliste. -Donc… -Donc, ils sont d’accord avec notre HAL 9000 : c’est juste impossible, et ils vont faire comme d’habitude : pleurer un bon coup, mettre quelques personnes sur l’analyse des données et garder ça de côté jusqu’à ce que ça aie le moindre sens. En attendant… autant dire que c’est la faute à un Ancien, conclut l’irascible Canadien en faisant référence à la formulation que ses confrères avaient pris l’habitude d’utiliser pour remplir les dossiers après avoir été confrontés à des phénomènes plus inexplicables que la normale. -Je vois, répondit la diplomate. Rien de neuf à ce sujet, Atlantis ? -Rien de sûr, docteur Weir, répondit la voix féminine. Plusieurs de mes senseurs spécialisés ont été neutralisés durant l’intempérie, et les données dont je dispose sont en contradiction avec la majorité de mes connaissances météorologiques. -Majorité ? releva Jackson. Vous avez donc déjà vu la même chose ou presque ? -Oui, docteur. Mais je pense que mes rares expériences avec des Ascendants ne représentent pas une base de données suffisamment fiable pour émettre des hypothèses utiles. Je ne suis pas en mesure d’affirmer quoi que ce soit avec certitude, alors je n’ai pas de meilleure conclusion que celle présentée par le docteur McKay ici présent. -… D’accord, répondit-il laconiquement, son esprit visité par des souvenirs anciens, alors qu’une autre tempête avait disparu aussi brusquement qu’elle était venue. Non sans avoir anéanti auparavant les assaillants d’un certain temple. -Des questions, qui que ce soit ? demanda Weir, avant d’attendre quelques secondes. Très bien. Amiral Davenport, si vous voulez bien… -Merci, répondit l’officier général. Comme vous le savez, nous sommes à présent de facto en état de guerre avec la Nation Jaffa. La situation est encore plus ou moins stable, étant donné le climat politique de notre côté comme du leur, mais des hostilités frontales peuvent débuter à n’importe quel moment. Il laissa l’information faire son chemin, puis reprit : -En conséquence, j’ai reçu l’ordre de rapatrier une partie de la flotte de défense dans la Voie Lactée. Quatre de nos croiseurs de bataille et leurs vaisseaux de soutien vont repartir dans moins de six heures, sous le commandement du vice-amiral Padorine. Je resterai aux commandes des autres appareils, mais j’ai aussi été informé que notre soutien logistique serait fortement réduit et que le Daedalus restera en protection de Sol pour la durée de la crise. -Donc, plus de matériel lourd pendant quelques mois, c’est ça ? demanda Jackson. -Exactement, docteur. Cela veut dire que nous allons être, jusqu’à la fin de la crise et le retour à des capacités de transport adéquates, dans une situation militaire à peu près semblable à celle d’il y a cinq ou six ans. Nos moyens seront suffisants pour faire face à d’éventuelles escarmouches avec les forces Wraith, mais le moindre engagement de haute intensité épuiserait très vite nos stocks de munitions et de pièces détachées. Général Sheppard ? -Selon les renseignements, indiqua le Marine, les Wraith ont au moins une quarantaine de vaisseaux-ruches en activité dans notre secteur de la galaxie. Une puissance de feu qui pourrait nous mettre sérieusement en danger s’il leur venait l’envie de nous dire bonjour. Nos troupes vont donc se redéployer pour les occuper loin d’ici, mais ça veut dire aussi que les expéditions scientifiques vont être réduites au strict minimum. Et, oui, Rodney, je te regarde. Quand je dis “minimum“, c’est limité à ce qui ne peut physiquement pas être repoussé et qui est indispensable à la survie de l’expédition ou qui a des gains au moins du niveau d’un croiseur Ancien encore dans l’emballage. Pour le reste, on a d’autres priorités, dit-il avant de se tourner vers Daniel. Pareil de votre côté, docteur Jackson. -Evidemment, répondit ce dernier, qui savait de toute façon que, ces derniers temps, les choses intéressantes se passaient sur la Cité plutôt qu’ailleurs. -Bon, reprit Sheppard. Notre gros problème, c’est que nos copains vont se rendre compte tôt ou tard qu’on ne vient plus détruire leurs croiseurs quand ils font leurs courses. Dès qu’ils auront compris ça, leurs ruches auront du temps libre, et on aura un problème encore plus gros directement chez nous. La bonne nouvelle, par contre, c’est qu’on a encore un assez gros stock de missiles en tous genres et que les locaux apprennent vite. Daniel retint une légère grimace en repensant aux sociétés qui se voyaient irréversiblement changées sous l’influence des Marines de Sheppard. Mais il savait que la stratégie appliquée par le jeune général était probablement la moins mauvaise des solutions pour ces peuplades autrement condamnées à servir de garde-manger aux Wraith. Sur le continent se trouvait un camp d’entrainement dans lequel d’anciens fermiers et chasseurs apprenaient à se servir de lance-missiles portatifs dont la présence rendait beaucoup plus risqués les raids des Darts. Jackson, comme le reste de la population d’Atlantis, avait immédiatement reconnu une variation de la stratégie utilisée lors de l’invasion soviétique de l’Afghanistan et avait revu à la hausse son estime pour le militaire. En quelques semaines, les attaques par Dart s’étaient fortement réduites, et les croiseurs s’étaient mis à assumer le rôle de collecte. Davenport n’avait alors pas attendu pour lancer ses propres forces dans des raids-éclairs qui laissaient derrière eux un nuage de plasma à la place du croiseur. Ainsi, depuis plusieurs années, les ruches elles-mêmes étaient forcées de procéder à leur propre ravitaillement, tâche d’autant plus difficile que les rares cibles potentielles se voyaient convoitées par plusieurs clans simultanément. Année après année, le manque de nourriture, les conflits internes et l’effondrement des capacités de leurs escortes avait fini par briser toute initiative de la part des Ruches.
Au prix d’attaques massives sur certaines des planètes les plus peuplées de Pégase, que l’Humanité ne put toutes défendre.
Mais la donne venait de changer, sans que les jaffa ne se rendent compte de ces conséquences. -Je vais devoir réquisitionner la salle de la Porte, continua le général. -Pardon ? s’étrangla McKay à l’idée de voir le hall d’entrée de la Cité occupé par les troupes de son meilleur ennemi. -On va devoir continuer les attaques contre les croiseurs, Rodney. Sans ça, tout s’effondre. Dès que quelqu’un nous envoie un signal pour nous prévenir d’une attaque, on lance un Jumper sur place avec un désignateur laser. Suivi de deux missiles antinavires par la Porte. Ca devrait continuer à les tenir à distance, jusqu’à ce qu’ils se rendent compte qu’on n’envoie plus de vaisseaux. -Euh, John, commença McKay. Je sais que je ne suis pas le génie militaire dans cette pièce, si d’ailleurs cet oxymore veut dire quelque chose, mais je vois un problème. Qu’est-ce qu’on fait s’ils activent la Porte de l’extérieur… comme à chacune de leurs attaques ? -C’est exactement pour ça que je vous ai tout expliqué. On a ce problème, et il faut qu’on s’arrange pour avoir un préavis suffisant pour avoir accès à la planète visée et détruire le croiseur avant qu’il ne soit dans l’atmosphère. Les locaux n’apprécient pas les quinze mégatonnes sur leur village. -Je les comprends, murmura Weir. -Je suis en mesure de vous aider, général Sheppard. -Vous ? demanda-t-il. Et qu’est-ce que vous allez faire ? Pirater la Porte pour couper leur connexion ? -L’idée est intéressante, mais ne résout pas le problème du préavis et des dommages diplomatiques liés à l’utilisation d’un dispositif à fusion à proximité de populations civiles alliées. En revanche, je peux vous donner temporairement accès à certains dispositifs de détection et de communication à moyenne portée. -Temporairement ? demanda Daniel. -Effectivement. Je vous serai grée de me les remettre à nouveau une fois vos problèmes logistiques résolus. -Stop, intervint le Marine. Aucune chance. Je n’aime pas être d’accord avec Rodney, mais aucune chance que je laisse une I.A. toucher à mon job. -Et que ferai-je, général, répondit doucement la voix désincarnée. Saboter les systèmes de détection pour vous empêcher de mener votre mission à bien ? -Par… commença-t-il avant d’être interrompu. -Si je désirais faciliter une attaque Wraith sur mes installations, il me suffirait de diffuser un message en clair contenant la disposition défensive de vos unités, leur équipement, niveau de ravitaillement et un moyen de vérifier mes intentions néfastes. En aucun cas je ne chercherais à passer par vous pour réaliser ce travail. Ce serait un excès de complications pour une chose simple. De plus, je pense pouvoir affirmer de manière crédible que nos intérêts sont liés dans cette situation. Rappelez-vous que j’ai connu de première main le conflit qui a mené au départ de mes créateurs. Je ne vais donc pas commettre l’erreur de vouloir les utiliser pour me débarrasser de vous… Ce que je pourrais faire toute seule sans la moindre difficulté, dois-je vous le rappeler à nouveau ? conclu-t-elle avec une pointe d’agacement dans la voix. -Non, je crois que c’est bon, soupira McKay. Le message est passé. -Informez-en alors le général Sheppard, qu’il en tienne compte en planifiant sa stratégie. -Puisque vous parlez de travailler ensemble pour passer cette crise, reprit Weir en essayant de désamorcer la situation alors qu’elle craignait que son cow-boy de général ne dise la phrase de trop. Comment est-ce que vous pourr… non, voudriez nous aider ? -Excellente question, docteur Weir. Mes senseurs longue portée sont en mesure de repérer toute approche d’engins Wraith sur plusieurs dizaines d’années-lumière, de façon à vous donner un préavis suffisant pour lancer des raids préventifs. De plus, le cas échéant, et uniquement en cas de nécessité avérée, je pourrai vous fournir des informations tactiques sur les vulnérabilités des vaisseaux-ruches. Vulnérabilités apparemment bien plus nombreuses que dans mes estimations les plus optimistes, je dois le souligner. -Comment ça ? demanda Davenport, essayant de glaner autant d’informations que possible sur ses adversaires désignés. Très simple, amiral. Comme vous l’avez supposé auparavant, la majorité de leurs systèmes sont encore désactivés, ce principalement à cause du faible nombre de ruches réveillées et des problèmes de ravitaillement dont souffrent ces dernières. Vous n’avez donc pas eu à contrer les systèmes offensifs et défensifs principaux, ni même les armements électroniques et psioniques dont disposent ces vaisseaux. C’est pour cette raison que vos vaisseaux sont encore en orbite et non dispersés dans ce système stellaire et d’autres en poussière d’atomes. -Oh, fut la seule réponse de l’amiral. A ce point ? -En effet. Mais pour revenir à notre conversation, je peux fournir, si le combat se déroule dans ce système, un soutien de guerre électronique lourd, et, si vous m’en donnez l’autorisation, je pourrai prendre le contrôle de vos unités disponibles afin d’en maximiser l’efficacité opérationnelle. -Stop, l’interrompit Davenport. Prendre le contrôle de nos croiseurs ? -En effet. Si vous m’autorisez à accéder à votre réseau de commandement et de contrôle, je pourrai faire bénéficier à ces navires d’un gain de coordination et d’efficience assez spectaculaire. Considérez cela comme un multiplicateur de force. -Hum, répondit Weir. Sans vouloir empiéter sur les plates-bandes de l’amiral, je pense pouvoir dire que ça n’a aucune chance d’arriver, Atlantis. Mais merci de… -En fait, l’interrompit l’amiral d’un air entendu, en se redressant sur sa chaise, le haut-commandement m’a envoyé des consignes à ce propos. J’ai l’autorisation, dans le cas où la situation est absolument critique et que la survie immédiate de l’expédition est en jeu, d’accepter une telle proposition. Les quelques instants suivants ne furent qu’un brouhaha d’exclamations et de débuts de réaction, jusqu’à ce que Weir fasse signe aux participants de se taire. -Amiral, commença McKay, vous vous rendez compte de… -Rodney a raison, reprit Daniel, avec une pensée sur l’étrangeté de la phrase qu’il venait de prononcer. C’est beaucoup trop dangereux. -Les ordres indiquent que cette décision serait laissée à mon entière discrétion, docteur. Sachez cependant que, dans un tel cas, les réseaux ne seraient débloqués qu’une fois les hyperpropulseurs et les communications à longue-distance de nos vaisseaux détruits physiquement. Les équipages ont déjà placé assez d’explosifs pour réduire ces systèmes à l’état de ruines si jamais nous devions transférer le contrôle. -Une décision prudente, approuva Atlantis. -Heureux de voir que vous approuvez, répondit l’officier. -Bien sûr. Je préfère que mes alliés fassent preuve de compétence et de bon sens autant que faire ce peut. -Je propose une pause d’un quart d’heure, annonça Weir, d’un ton qui ne laissait pas de place à la discussion. Amiral, puis-je avoir un moment avec vous ? Quelques regards se croisèrent, et, les uns après les autres, les responsables civils se mirent à quitter la salle où ils savaient que la diplomate allait avoir une “discussion franche“ avec le responsable de la flotte locale. -Alors, demanda McKay en accompagnant Jackson hors de la salle de réunion. C’est pour quand, l’inévitable trahison ? -Je ne sais pas. Et puis, techniquement, pour nous trahir, il faudrait qu’elle soit dans notre camp. Elle a clairement son propre agenda, et, pour l’instant, on rentre quelque part dedans. -Quelque chose comme ça, oui, répondit le scientifique. Et est-ce qu’on a du neuf avec la gamine ? -La… oh, Stern ? -Oui, celle qui n’a pas grand-chose à faire dans ce foutoir. -Rodney, Rodney… Carter et moi n’étions pas si vieux que ça quand s’est retrouvés à essayer de nous en sortir face aux Goa’uld. Pareil pour Halsey, elle a fait des étincelles, non ? -D’accord, mais n’empêche… Je n’aime pas avoir une jeunotte en train de passer son temps avec une I.A. qui peut décider… je ne sais pas quoi. -Elle a quand même vingt-neuf ans, Rodney. Et je préfère que ce soit elle qui discute plutôt que quelqu’un qui en sache un peu trop sur le Programme. Café ? -Oh oui ! Jackson adressa un bref signe de tête à l’un des militaires patrouillant le quartier où résidaient la plupart des responsables de l’expédition humaine, et continua sa route vers un téléporteur pour se rendre à la cafétéria où il avait fait la rencontre. Sans se retourner, il sut que McKay était derrière lui, ruminant silencieusement sur l’I.A. et ses probables plans diaboliques. Brusquement, il lâcha un petit rire avant de se retourner : -On n’est pas dans Matrix, Rodney. Mais je suis sûr que si elle nous transforme en piles, vous serez un EPPZ. -Pardon ? répondit McKay. Je n’avais rien dit. -Hmm ? J’aurais juré… -C’est bien à ça que je pensais, admit McKay alors que le téléporteur s’ouvrait devant eux. Bah, je dois parler tout seul… -Ca arrive souvent aux grands génies, répondit Jackson d’un air sarcastique. -Ca doit être ça, répondit-il sans relever.
Quelques instants et une brusque dépense d’énergie plus tard, les deux hommes entrèrent dans la cafétéria, qui offrait à nouveau le paysage de l’océan au repos. Jackson se dirigea lentement vers la série de cafetières, contrastant avec le pas rapide du Canadien qui filait vers une machine isolée. Celle-ci, plus volumineuse que ses semblables, était recouverte d’équipements divers lui donnant une apparence de croisement tabou entre le XIXème et le XXIème siècle. Jackson appuya sur un bouton, et, pendant le remplissage de son gobelet, regarda d’un air distrait son collègue sortir sa micro-ordinateur pour le manipuler frénétiquement pendant quelques instants avant de rentrer une combinaison sur le panneau de la cafetière tout en surveillant ses alentours. Une fois le café chaud entre ses mains, l’archéologue retourna sur ses pas, à un rythme lent, alors que son regard était fixé sur la petite table où il avait été assis la veille au soir, durant la tempête. Autour de celle-ci, quelques taches de liquide noir étaient encore présentes, seuls témoins des évènements. Ce n’est pas le style de Oma. Une démonstration de force, oui, mais pas gratuitement. Surtout qu’elle sait qu’on m’écoute si je dis de ne pas jouer au con. Alors pourquoi cette tempête ? Et apparaître aussi furtivement… Si elle voulait me dire qu’elle en avait fini avec Anubis, il y aurait eu d’autres méthodes… Non, ça ne colle pas. Vraiment pas… Si on parle de Oma, bien sûr. Si c’était quelqu’un d’autre, alors là… Mais pourquoi venir me voir ? J’ai dû bien semer le chaos, à l’époque, mais même comme ça, qui prendrait un tel risque ?
Et puis il y a Stern. Anna. Elle l’a vue, pas le moindre doute. Et si c’est une coïncidence, Apophis était un Tok’Râ, ouais… Rodney n’a pas tort… Ca, on est d’accord, depuis le début. Mais il faut faire attention, respecter les règles. Si Atlantis veut jouer, alors jouons.
Il remarqua la jeune femme, qui regardait dans la même direction que lui, sans nul doute en repensant aux mêmes évènements. L’espace d’un instant, leurs regards se croisèrent, et elle tourna aussitôt la tête pour regarder l’océan. Oui, Anna. Je ne sais pas exactement ce qui se passe, mais je vais le trouver. Le tout, c’est de ne pas faire trop de vagues trop tôt.
Dans une équipe SG, le rôle de commandant présente habituellement plus de responsabilités que dans toute autre situation, surtout au vu du nombre réduit d’effectifs et de moyens mis à disposition. La raison officielle est que ces équipes se retrouvent souvent dans une position politique ou diplomatique, à devoir gérer des situations de premier contact avec des alliés potentiels. Mais le chef de SG-22 avait suffisamment d’expérience pour savoir que ce n’était pas tout, loin de là. Il arrivait, plus souvent que le commandement ne voulait l’admettre, que ces équipes se retrouvent face à des choses imprévisibles. Non pas parce qu’elles ont été surprises ou que les renseignements ont échoué à leur tâche –bien que ça arrivait trop souvent à son goût. Mais tout simplement parce que, quand l’on était régulièrement envoyé loin de la Terre, on faisait tôt ou tard face à quelque chose pour lequel rien ne pouvait préparer. Trop souvent, il avait connu ce genre de situation, et ses cauchemars étaient là pour lui rappeler l’un des prix qu’un membre de ces équipes finissait tôt ou tard par payer. Mais, comme ses supérieurs à l’époque, il ne pouvait pas se permettre de craquer. Il était implicitement et explicitement attendu de lui qu’il fasse en sorte que son équipe revienne en un seul morceau, physiquement comme psychologiquement, et, fugitif ou pas, rien ne changeait son devoir envers les deux personnes sous ses ordres. Il leur hurlait dessus si nécessaire, avait appris quand se taire, quand les rappeler à l’ordre, et faisait son possible pour s’adapter à la situation catastrophique dans laquelle l’I.A. les avait plongés. Cela ne l’empêchait pas de commettre des erreurs, lui-même à bout et épuisé par les évènements, mais il avait cette responsabilité à assumer.
Et il l’assumerait, savait-il en se levant avec difficulté après avoir subi un nouveau déferlement de souvenirs étrangers.
D’une pensée, il localisa ses deux coéquipiers dans la salle de contrôle où Atlantis les avait menés lors de leur arrivée à bord du vaisseau, poursuivis par les Marines du Daedalus. Se rendant compte aussitôt que la nouvelle lubie de l’I.A. les avait mis au bord de l’effondrement, il pressa le pas. La situation de Campbell l’inquiétait davantage que celle de sa plus jeune recrue. En effet, habituellement calme et suffisamment détaché pour faire preuve d’humour ou d’ironie dans ses remarques, il était pourtant déjà en train de craquer psychologiquement. Recevant quelques bribes de conversation émises de façon incohérente par ses deux subordonnés alors qu’ils tentaient de se soutenir mutuellement –avec peu de succès–, il eut confirmation que son pilote avait très mal réagi aux souvenirs envoyés par Atlantis, quels qu’ils soient. Les siens l’avaient étonné plus que choqué, n’étant pas ce à quoi il aurait pu s’attendre de la part de quelqu’un avec ces moyens. Là où il aurait imaginé recevoir les mémoires de soldats et officiers –ou leurs équivalents– Anciens, pour le rendre plus compétent en tant que pion pour l’I.A., cette dernière lui avait transmis autre chose. Les souvenirs d’un militaire, Amoreth, qui arrivaient presque à égaler les siens propres en termes d’atrocités, l’amiral Ancien ayant connu au cours de sa longue carrière suffisamment de victimes de catastrophes naturelles et de criminalité à grande échelle. Mais également avec des scientifiques, des ingénieurs et autres artisans. Les questions se bousculaient dans son esprit, se battant pour sortir et être posées à Atlantis, mais Maltez préférait éviter pour le moment de parler à l’I.A. avant d’avoir stabilisé la situation. L’I.A. savait faire durer une conversation, et sa priorité était de reprendre le peu de contrôle qu’il avait eu jusqu’à présent, pas de discuter. Il ne fallut que quelques minutes au militaire pour retourner dans le couloir immaculé qui donnait accès au poste de commandement, et il se figea un instant, observant l’absence de détail, de motif, qui caractérisait les parois. Le navire, malgré ses capacités vantées par l’I.A., lui déplaisait tout particulièrement à cause de cet aspect, de son manque de personnalité propre. Lisse, élégant, efficace, mais sans les témoignages d’un passé, d’une histoire, des précédents équipages, de tout ce qui lui permettait de s’attacher à un vaisseau sur lequel il devait embarquer pendant une mission. Atlantis avait indiqué qu’ils allaient quitter la frégate pour disposer chacun de leur vaisseau lors de l’opération à venir, et, pour la première fois de sa vie, il ne ressentirait aucun regret en abandonnant un navire, se rendit-il compte en approchant la porte épaisse qui le séparait de ses deux coéquipiers.
Shanti entendit la cloison s’ouvrir derrière elle dans un souffle quasi-imperceptible, et ressentit la présence de son supérieur d’un coin de l’esprit, sans se dégager de son attention première. Le pilote semblait plus stable à présent, tremblant de temps à autre alors que son regard se perdait dans le lointain, la forçant à le ramener à la réalité. -Tout va bien, Tom. Calme-toi, ne joue pas son jeu. -Son jeu ? répondit-il faiblement. -Atlantis, murmura-t-elle en le fixant du regard. Elle veut nous faire craquer. Tiens le coup. Ce n’est pas toi, et tu ne les as jamais connues jusqu’à il y a une demi-heure. Je ne sais pas qui elles sont, mais ce n’est pas à nous de les pleurer. Ca fait trop longtemps… il y aurait trop de monde.
Les documents étaient éparpillés tout autour d’elle, dans un ordre que nul autre n’aurait pu appréhender. Hologrammes, projections mentales, maquettes mobiles, verres mnémoniques, et même feuilles manuscrites étaient présentes, comme autant de reliques d’un temps connu mais oublié. Ceux et celles avant elle avaient conservé les souvenirs de cette époque, mais ceux-ci s’étaient progressivement estompés malgré la mémoire quasi-photographique de ses semblables. Les faits, les dates, les noms, étaient encore relativement bien connus (même si les spécialistes ne juraient que par la méconnaissance du public sur leur domaine), mais ils n’étaient que cela, et rien de plus. L’ambition d’Aisa était de changer cette situation. Il fallait que le plus grand nombre comprenne plus que ne sache, ressente au lieu d’apprendre. La révélation lui était venue lorsqu’elle avait cherché des renseignements supplémentaires pour l’un de ses romans. Le personnage historique qu’elle avait décidé d’inclure avait une histoire, une personnalité, et sa conscience lui disait de le respecter du mieux possible. Elle avait alors recherché ce qu’elle pouvait sur lui, tentant de le comprendre, de le cerner. C’est là que les choses s’étaient compliquées. Rapidement, il lui apparut que, pour le comprendre, elle devait mieux se renseigner sur ses proches, sur les évènements qui l’avaient forgé, qui en avaient fait l’homme d’Etat puis le criminel dont l’Histoire s’était souvenue. Elle s’exécuta, traça son portrait pour une courte scène, et reprit l’écriture de l’ouvrage, qui remporta un autre succès. Mais celui-ci était creux, son intérêt ayant quitté ce texte des semaines auparavant. Elle ne pensait plus qu’à lui, et, logiquement, à sa famille, ses amis, ses ennemis, tous ceux et celles qui l’avaient influencé au cours de sa longue vie. Elle avait alors, après une longue réflexion, décidé d’entamer son Projet : rejeter le Tabou qui entourait l’époque et le personnage, au travers d’une fresque historique, composée d’autant de romans que nécessaire, dans lesquels elle témoignerait des individus derrière l’Histoire. Ses relecteurs avaient voulu l’en dissuader, comme sa famille et ses amis, mais ils étaient arrivés trop tard, après deux premières années de recherche au sein des médiathèques les plus prestigieuses qui soient. Elle en avait appris suffisamment pour savoir qu’elle n’avait plus le droit de reculer, tant pour elle que pour tous ses lecteurs potentiels, et avait pris l’interface neuronale pour commencer son Œuvre. Celle qui la définirait plus que tous ses autres écrits. Cent quarante années avaient passé, et avec elles, les craintes s’étaient transformées en opposition, en intérêt morbide, en menaces, en actions légales, en reconnaissances académiques vides de sens, et, dans une poignée de cas trop rares, en illumination. Certains avaient compris ce que la jeune femme avait fait de sa vie jusqu’à présent, enfermée avec ses archives, passant le plus clair de son temps à retrouver les témoignages des personnes les plus insignifiantes et à les cristalliser de façon romancée. Elle cherchait une réponse. La réponse que, malgré leur sagesse, leur expérience et leur intelligence, les historiens et les dirigeants n’avaient jamais trouvé, n’ayant jamais accepté de se poser la vraie question. Pourquoi ? Pourquoi avaient-ils décidé, ensemble, alors qu’ils étaient des individus sensés, comme chacun, sans véritable traumatisme ayant pu détruire leur conception du sens moral, de l’éthique, pourquoi avaient-ils fait ce qu’ils avaient fait ? Pourquoi étaient-ils devenus ce que, des millénaires plus tard, chacun jugeait comme le point le plus bas de toute leur espèce ? Pourquoi ces actes ? Elle ne comprenait pas, et cherchait cette réponse. La réponse au paradoxe qu’ils étaient, à la contradiction qu’ils représentaient par rapport à l’un des principes les plus fondamentaux de l’écriture et de sa connaissance des individus. Un principe trop souvent oublié lorsque l’on abordait les thèmes des responsables des plus grandes atrocités : Nul n’est jamais mauvais dans sa propre histoire.
La voix de Maltez la ramena brusquement à la réalité, faisant écho aux émotions de son supérieur : -Atlantis ! Qu’est-ce que c’est que ce bordel ?! -… Une action indispensable, commandant, répondit l’I.A. -Pas de ces conneries avec moi. On n’est pas vos foutus jouets, alors vous allez nous dire, ici et maintenant, pourquoi vous démolissez mon équipe méthodiquement. -Non, répondit posément la voix désincarnée. -Atlantis, si vous voulez la guerre… -… je la gagnerais instantanément, compléta-t-elle. Vous n’avez pas les moyens de me menacer, par le retrait de votre soutien ou quoi que ce soit d’autre. J’ai fait ce qui était requis pour éviter des développements inacceptables de la situation, et je continuerai sur cette voie tant que nécessaire. -En torturant vos propres troupes ? demanda Shanti. -Toute action militaire présente des pertes potentielles. Mes actions les limitent. -Vous n’avez pas le droit de faire ça, lâcha brusquement Maltez. -Commandant, s’il vous plait, vous n’êtes plus un… -Non, Atlantis, l’interrompit-il. Vous n’avez pas le droit, légalement, de faire ça. Nous avons été enregistrés dans les bases de données comme des officiers Anciens. -C’est vrai, reprit Shanti, en se rappelant quelques-uns des souvenirs qui lui avaient été imposés. Il y a des protections contre ça. Une entité artificielle est soumise aux mêmes règles que les biologiques, c’est ça. -Tout à fait, lieutenant, continua son supérieur. Même si vous pouvez essayer de justifier ça par des impératifs militaires ou des excuses foireuses, c’est en opposition à votre code d’éthique. Ce même code qui vous a limité pendant la guerre contre les Wraith et dont Amoreth et je-ne-sais-pas-qui pour Shanti se souviennent. Cette supériorité morale que vos créateurs se sont toujours réservés… -Commandant, répondit l’I.A., d’un ton agacé. Croyez-vous vraiment qu’il soit temps de… -Oui, reprit Maltez. Oui, il est temps. Parce que vous allez trop loin ! Et maintenant, on sait que vous avez ce code et que même les apprenties Skynet sont programmées pour s’y plier… La prochaine fois, évitez de nous donner ce genre d’information si vous voulez nous manipuler. -J’y penserai, répondit l’I.A. sans la moindre trace d’humour. -Donc, expliquez-nous pourquoi vous avez fait ça ! En tant qu’officier le plus haut gradé de cette flotte, j’exige d’avoir ces informations ! -Non, commandant. Maltez fut pris au dépourvu, ses nouveaux souvenirs lui ayant garanti le succès de sa tactique, mais ne perdit pas un instant pour répliquer : -Indiquez-moi l’article du Code justifiant vos actions, Atlantis. Et expliquez le raisonnement ayant mené à cette conclusion. C’est un ordre direct en tant qu’officier des forces rattachées à la Cité d’Atlantis. Selon les règlements en vigueur, le non-suivi de cette demande vous implique dans le crime de baraterie, m’autorisant à vous relever de votre commandement. -Très bien… commandant. Si vous voulez jouer à ce jeu, alors jouons. En vertu de l’Article neuf-cent quatre-vingt onze, alinéa six, paragraphe b, modifié en l’an huit cent cinq du quatrième cycle de la galaxie de Pégase, je revendique le droit de procéder à des formations militaires accélérées de personnel compatible en cas d’urgence et de non-disponibilité de personnel formé de façon conventionnelle. La date de dernière modification est postérieure à celle de décès de la source de vos souvenirs, mais vous pouvez vérifier la validité de mon affirmation dans la base de données juridique centrale. Cependant, le Code d’Ethique indique mon droit, pour de telles formations accélérées, de recourir aux moyens présentement employés. -Mais…, commença Shanti. -La ferme, lieutenant, aboya Maltez. Atlantis, sans accepter pour le moment le reste de vos arguments, l’utilisation de mémoires appartenant à des civils ne rentre pas dans le cadre de la formation militaire. De plus, le niveau d’urgence de la situation reste à prouver, puisque vous êtes en mesure d’engager des opérations tactiques de façon autonome. -Effectivement, commandant. J’affirme cependant que l’urgence est présente, puisque, comme l’indique sans doute possible l’état psychologique actuel de votre groupe, une formation accélérée, militaire ou non, présente des effets secondaires nécessitant un temps de récupération non négligeable. J’ai donc pris ce temps en compte dans ma définition d’urgence, la condition de non-disponibilité de troupes alliées compétentes s’appliquant toujours. Il s’est avéré que, selon la planification stratégique, pour laquelle vous avez été informé à votre niveau de responsabilité opérationnelle, une expédition en territoire potentiellement hostile est inévitable à court-terme. Etant donné la distance impliquée, le manque notable d’installations de relais et la possibilité de brouillage par les forces locales, vous et vos subordonnés serez éventuellement amenés à devoir utiliser vos vaisseaux de façon entièrement autonome. L’urgence est donc définie. -Et pour les souvenirs civils ? Quelle est votre justification ? -Cette information est classifiée en tant qu’action stratégique, et ne peut pas être invoquée dans le cas d’une procédure légale pour la durée de la campagne en cours sans la présence d’officiers généraux habilités. -Ou de décisionnaires civils des deux premiers rangs, indiqua Maltez, en puisant dans des souvenirs obscurs qu’éclairaient la base de données à laquelle il accédait silencieusement. -Oui. -Dans ce cas, le docteur Daniel Jackson est en mesure de participer à cette procédure, dans sa position actuelle. Selon le protocole, il est assimilable à un responsable du deuxième rang. -Oui, lâcha sèchement Atlantis. -Donc, je peux légalement demander son intervention dans cette procédure, et vous seriez tenue de l’en informer ? -Oui. Essayez-vous de me faire chanter, commandant Maltez ? Car, si tel est le cas, je vous assure que nous y perdrions tous les deux, et vous beaucoup plus que moi. -Je ne vous fais pas chanter, Atlantis. Je défends mes troupes, et je fixe la ligne. Que ce soit très clair : pour l’instant, les seules informations qu’on a sur cette menace, sur cette Hagalaz et ses intentions, elles viennent de vous. Vous pourriez nous mentir, on n’en aurait aucune idée, et vu vos moyens, le vaisseau qui s’est payé le Bellérophon, cette prison de dingues, ça pourrait être vous, depuis le début. Ce risque pour la Voie Lactée, ces Ori, ça pourrait juste être de quoi nous tenir à carreau. J’en sais rien, et vous ne pouvez pas nous le prouver : on sait très bien vous et moi que vous pouvez trafiquer n’importe quoi. Vous vous en êtes même vantée avec votre plan. -Effectivement. Où voulez-vous en venir, commandant ? -Que si vous voulez qu’on bosse pour vous, il va falloir qu’on se fasse confiance. Qu’on vous fasse confiance. En tout cas, assez pour ne pas se dire qu’il est temps de voir si vous bluffez ou pas avec Jackson et tout le reste. -La session peut débuter, lança silencieusement la secrétaire de l’assemblée, mettant fin aux tintamarres acoustiques, télépathiques et empathiques qui avaient empli la salle depuis l’arrivée des premiers représentants. Clotho se décontracta, soupirant silencieusement avant de sonder discrètement les émotions de surface du reste de la petite congrégation. Comme une poignée des personnes présentes, elle était une professionnelle, l’une des rares personnes à avoir décidé de faire de la politique sa carrière, là où les autres n’étaient là que par des concours de circonstances ou à cause d’une situation ayant requis leurs compétences particulières. Son propre statut était difficile à définir, comme l’ensemble de la politique de sa Cité et de ses Sœurs. Dans une semi-autonomie ayant découlé de la spécialisation que s’étaient données les Cités, celles-ci disposaient chacune de leur système politique décisionnel propre. Et aucun n’était identique aux autres, très loin de là. De là était venu, malgré une réticence générale, le besoin de personnes dont la fonction était de rester informées des développements de chaque système, tant au niveau structurel qu’au niveau individuel. Secrétaire de l’assemblée extérieure d’Aïenlantis, elle était parfaitement au fait de toutes les subtilités du corps politique auquel elle était rattachée, et continuait d’apprendre ce qu’elle pouvait sur les rouages des autres corps politiques de sa Cité et des autres. En observant les débats commencer et prendre leur structure atemporelle caractéristique aux conversations entre individus doués de prescience d’imminence, elle se demanda à nouveau si le système n’aurait pas pu être plus simple. Si, au lieu de dépendre d’une demi-douzaine d’assemblées aux rapports légaux si complexes qu’ils occupaient souvent l’I.A. de la Cité, ils n’auraient pas pu se limiter à un ou deux corps, voire à une démocratie pure, à l’image de celle adoptée par les artistes et inventeurs de Taralantis. Son attention se redirigea sur l’un des représentants, une intuition moins diffuse qu’à l’ordinaire lui suggérant qu’il s’apprêtait à prendre la parole pour défendre une nouvelle augmentation de la part de ressources allouée aux efforts de recherche sur l’Ascension. L’instant d’après, la personne prévue prit la parole, et un mauvais pressentiment (celui catalogué comme « anticipation de l’échec », elle en était presque certaine) lui indiqua que son choix de mots serait malheureux, et conduirait à ce que l’intervention soit rayée des débats dans les minutes qui suivraient. Non, les décisions étaient complexes, et, pour une Cité au rôle aussi central qu’Aïenlantis, presqu’aussi importante qu’Atlantis elle-même, il était impensable de rajouter au chaos en impliquant tous les individus. Le système n’était peut-être pas toujours parfait, mais il avait été suffisamment raffiné au cours des millénaires pour être acceptable dans cette configuration. Peut-être en le complexifiant davantage obtiendrait-on de meilleurs résultats, ou bien la solution se trouvait-elle dans la simplification ? Toujours était-il que la Cité gérait encore une quantité impensable de moyens et d’individus, soulevant chaque jour des questions dont il avait été décidé de tenir écartées les intelligences artificielles. Ses semblables devaient assumer leurs responsabilités, et elles étaient complexes. Et les conséquences de mauvaises décisions étaient trop importantes pour pécher par optimisme. Suffisamment de catastrophes avaient trouvé leur origine dans un raisonnement bâclé pour que soit prise la moindre chance de ne pas réfléchir assez. Et c’était son travail que de protéger le système et ses valeurs.
-… Je vois. Et comment ce niveau de confiance pourrait-il être atteint, commandant ? -Prévenez-nous quand vous voulez faire ce genre de trucs ! Expliquez-nous à quoi ça va servir. On aimerait bien ne pas être totalement dans l’ombre, même si on n’est plus grand-chose d’autre que des pions. Et faites quelque chose pour Tom ! Pourquoi est-ce qu’il réagit comme ça ? -En plus d’une expérience militaire adéquate, il m’est apparu indispensable de le faire passer par des évènements comme ceux que le lieutenant Bhosle a pu connaitre sur Dakara ou bien vous-même lors de vos opérations pour le SGC. -Vous voulez quoi ? Qu’il ait le PTSD ?! C’est ça, vous voulez le traumatiser, espèce de… -Commandant ! l’interrompit Atlantis, sa voix furieuse pour la première fois de la conversation furieuse. J’aurais dû le faire dès le début ! Vous avez vu ce qui est arrivé au lieutenant Bhosle et les conséquences qui en ont résulté. Vous ne pouvez plus vous permettre ça. Si le lieutenant Campbell doit attendre de subir une telle expérience au cours d’une de ses missions, il n’y survivra pas ! Et vous non plus, si vous êtes à proximité !
Maltez soupira lentement.
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| | | Rufus Shinra Roi des Petits Gris
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| Sujet: Re: Effet Papillon [Tome II] Ven 26 Nov 2010 - 3:28 | |
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Van’Tet observa une nouvelle fois les alentours, dans une démonstration de saine paranoïa inculquée par ses formateurs. Le jaffa avait réussi à se séparer du reste des mercenaires, mais savait devoir faire particulièrement attention alors qu’il s’orientait dans la petite ville située non loin de la Porte. La mission pour laquelle lui et le reste du groupe étaient venus n’avait pas encore débuté, grâce à l’habitude de ses supérieurs d’arriver plus tôt qu’indiqué dans le contrat. Un comportement qui, s’il devait en croire les autres, avait permis de déjouer plus de pièges et d’embuscades qu’il ne pouvait compter. L’information avait eu son effet, lui rappelant qu’en plus des habituels contrats fournis par des riches particuliers et des gouvernements désireux de ne pas se salir les mains, les groupes de mercenaires menaient une guerre souterraine les uns contre les autres. Et l’organisation dans laquelle il se trouvait désormais était une cible de valeur, justifiant pour d’autres forces de lancer des faux contrats dans lesquels les troupes aux ordres de Vala Mal’Doran se verraient attendues par des forces plus nombreuses, voire un soutien orbital hostile. Mais les premières reconnaissances menées sur le lieu de la mission avaient apparemment confirmé l’authenticité du contrat, et la force principale était arrivée. Deux jours plus tôt que prévu, au cas où la mission d’observation se soit trompée. Une opportunité qu’il avait immédiatement reconnue comme telle et que le jaffa comptait exploiter pour poursuivre sa mission. Parti en urgence, dans des conditions catastrophiques, il n’avait pu préparer ni matériel ni contacts et avait improvisé à chaque nouveau développement. Ce qu’il faisait à présent, glanant autant d’informations que possible sur la ville où il se trouvait désormais. En quelques heures et une poignée de questions posées aux bonnes personnes dans la bonne situation (soit relativement ivres), le jaffa s’était fait une petite idée de la structure sociale de la bourgade. Et, surtout, des noms des différents commerçants et notables qui avaient absolument besoin de pouvoir communiquer à grande distance sans devoir se soumettre aux délais des messagers conventionnels. Parmi ceux-ci, il avait rapidement éliminé l’ensemble des individus liés aux corporations Hébridanes ou pouvant être des devantures pour les activités de l’Alliance Luxienne. Les premiers ne disposeraient pas du matériel dont il avait besoin, et les seconds intercepteraient sans le moindre doute son message. Il s’était retrouvé limité à une poignée d’individus, dont les activités commerciales se limitaient apparemment aux planètes de la Nation Jaffa et leurs voisines, occupées par des humains exilés. Se retournant une fois de plus, il s’assura que personne dans la rue mal pavée ne le suivait avant de continuer sa route. Très légèrement rassuré, il reprit son chemin, marchant d’un pas discret dans la ville clairsemée. Il n’avait eu aucune chance de remarquer la silhouette qui, à plusieurs centaines de mètres de là, l’observait à travers des jumelles militaires terriennes, un micro directionnel pointé dans sa direction. Après avoir demandé son chemin à plusieurs civils, Van’Tet arriva finalement en vue de sa destination : un commerce de pièces détachées et de matériel d’occasion. Pendant quelques instants, il s’arrêta devant la devanture, surveillée par un adolescent tenant une lance largement plus grande que lui. Le jaffa était certain de pouvoir neutraliser le simili-garde si besoin était, et lui adressa un bref signe de tête auquel le jeune répondit avec hésitation avant de s’approcher de lui : -Je peux vous aider ? demanda l’adolescent en retirant sa main gauche de l’arme, qui vacilla quelques instants avant de retrouver son équilibre, après un effort probablement douloureux du poignet de l’adolescent. -Je cherche des cristaux de contrôle pour Tel’tak, ceux de navigation. Est-ce que ton maître en a ici ? -Je ne sais pas, répondit-il après quelques instants de silence, sous le traditionnel regard fixe qu’un jaffa était entrainé à réserver aux apprentis en formation. Il faudrait demander à Rossen. Mon oncle, clarifia-t-il. Il tient le magasin. -Très bien. Va, dit le jaffa en regardant le jeune devant lui hésiter. Malgré son jeune âge et son expérience limitée du combat, Van’Tet regarda le gamin filer avec un regard désapprobateur. En voyant la posture de celui-ci, sa manière de tenir l’arme et une infinité d’autres détails, il voyait un exemple parfait des « faibles humains » décrits avec mépris par Gerak et ses partisans. Une vision qu’il ne partageait pas, ou du moins pas avec le même absolutisme que nombre de ses frères d’armes. Quelques instants plus tard, l’adolescent revint, accompagné cette fois d’un humain plus âgé et à la posture plus alerte. Aussitôt, le jaffa l’évalua du regard, décelant chez le commerçant quelqu’un qu’il ne serait pas surpris de voir manipuler correctement une arme. -Bienvenue, dit-il avec un sourire et une légère inclinaison de la tête. Mon neveu me dit que vous cherchez des cristaux de contrôle. -Oui. -J’ai sûrement ceux que vous cherchez, répondit-il en lui faisant signe de le suivre à l’intérieur de l’échoppe. Un modèle en particulier, ou peut-être avez-vous celui que vous voulez remplacer sur vous ? -Je ne sais pas, il faudrait que je voie dans l’arrière-boutique pour le reconnaitre… dit le jaffa. -Je ne suis pas sûr d’y avoir ce que vous pourriez chercher, répondit l’homme, instantanément alerte. J’y stocke surtout du matériel pour Planeur, rien d’utilisé par les vaisseaux habituels. Sûrement je dois avoir ces cristaux dans un rayonnage. -Je ne sais pas, mon transport a été assez modifié, et je… n’ai pas apporté la pièce défectueuse. Peut-être qu’en… fit-il semblant d’hésiter. Avez-vous une sphère de communication ? -Peut-être, répondit le commerçant, suspicieux, en reculant très lentement vers son bureau. Que voudriez-vous faire avec ? -Juste contacter l’un de mes compagnons de voyage, en charge des réparations. Il pourrait m’indiquer le type précis de cristal à récupérer. -Vous pourriez m’indiquer les réglages à faire, et je les appellerais de votre part pour leur demander l’information, si vous voulez, proposa-t-il. -Ils ne répondraient pas à un inconnu, et mes consignes sont d’éviter de mêler d’autres personnes à notre travail. -Dans ce cas, je suis dé… commença-t-il avant d’être interrompu par Van’Tet. -Je suis sûr que nous pouvons nous arranger, dit celui-ci en mettant la main dans l’une de ces poches. Aussitôt, le commerçant plongea derrière son bureau et ressortit de sa couverture avec un zat’nik’tel dans les mains, pointé sur Van’Tet, qui, très lentement, acheva son geste et sortit une petite bourse : -Je voudrais juste utiliser votre communicateur. Rien de plus, et vous ne me reverrez plus. -Combien ? -Six cent. -Ne bougez pas, dit-il en reculant, sans quitter le jaffa du regard, jusqu’à atteindre un mur derrière lui. Il tâtonna le rayonnage jusqu’à trouver une boite ornée qu’il souleva avec un effort visible par le dessous, avant de revenir la poser sur le bureau avec un bruit lourd. -Sphère de communication moyenne portée, presque jamais servie. Je la vendrais cinq cent cinquante, normalement, mais je prendrai les six cent. -…Très bien, répondit Van’Tet en avançant lentement avant de poser la bourse, ouverte, sur le bureau. D’un geste délicat, le regard fixé sur le commerçant, il ouvrit la boite et vérifia en un instant qu’elle contenait le matériel de communication dont il avait besoin. Refermant le container, il vida délicatement la bourse sur le bureau et pris son achat sous le bras avant de se diriger vers la sortie, sans un mot. -La prochaine fois, dit le commerçant, qui tenait toujours son arme, sans prêter attention aux pièces devant lui, dites ce que vous voulez directement. Ca nous évitera à tous beaucoup d’ennuis. Et vous aurez un peu moins l’air d’un espion amateur. Van’Tet ne répondit pas, sachant que l’homme avait parfaitement raison. Il aurait dû dès le départ chercher à acheter le matériel dont il avait besoin, plutôt que de se lancer dans un plan complexe pour n’y avoir un accès à peine temporaire et hautement suspect.
Il lui restait encore beaucoup à apprendre, avait-il conclu en se mettant à chercher un endroit suffisamment isolé pour pouvoir envoyer son premier rapport. Il ne remarqua pas à un seul moment la figure allongée sur un toit, qui, ayant suivi l’ensemble de la rencontre depuis son point d’observation, retenait avec difficulté un ricanement devant l’amateurisme du jaffa. D’un geste, Suessi activa un communicateur de petite taille, et murmura : -Patronne, il est allé exactement là où vous l’aviez prévu. Un peu en avance sur l’horaire, mais il a le communicateur. -Parfait, répondit la voix de Vala dans l’oreillette. Ton avis ? -Il est encore plus pathétique que je ne l’imaginais. Si c’est ça, le standard de leurs espions, on est à l’abri pour un bon bout de temps. -Bah, laisse-lui un peu de temps ! C’est un gamin, il faut qu’il apprenne le métier. -A ce propos, tu es vraiment sûre, pour après ? Je veux dire, une fois qu’il aura envoyé son message. -Totalement. On a tout à gagner avec lui dans la place. Tu continue à le suivre jusqu’au rendez-vous ? -Pas de souci. Terminé, conclut-elle avant de couper la communication. Elle observa le jaffa quitter son champ de vision, passant dans une ruelle écartée, et son attention se reporta aussitôt sur un petit projecteur holographique affichant le plan du quartier. Le dédale de rues était affiché clairement, et, par une simple manipulation, elle pouvait avoir accès aux plans des bâtiments. L’engin, acheté suffisamment cher auprès d’un employé indiscret d’une corporation hébridane, était efficace et totalement passif, recevant le signal émis par un mouchard dans l’armure du jaffa. La mercenaire observa quelques instants le point indiquant la position de l’espion, et attendit que le logiciel spécialisé lui indique une route à suivre pour rester en vue de sa cible. Elle se leva alors lentement et se dirigea vers le bord du toit, où elle déploya une échelle télescopique avant de descendre derrière la petite bâtisse qui lui avait servi de point d’observation. Son matériel rangé, Suessi se mêla rapidement à la foule pour se diriger vers sa nouvelle destination, d’où elle pourrait suivre le chemin de Van’Tet. Une fois celui-ci persuadé d’être en mesure de transmettre son rapport, elle pourrait enregistrer chacun de ses mots pour être certaine de ses intentions. Une précaution sûrement inutile, le rapport étant transmis par un communicateur qu’elle avait elle-même vendu deux heures plus tôt au marchand, de même qu’à quelques autres en ville. Mais tant sa supérieure que l’expérience lui avaient appris à ne pas se limiter à une approche pour son objectif.
La redondance était la meilleure amie des plans réussis –juste après un soutien aérien rapproché.
L’I.A. ne s’était plus manifestée activement depuis la fin de l’incartade, même si elle restait présente, tel un bruit de fond, dans le chaos qu’étaient les liens empathiques connectant le trio. Maltez s’était rapidement rendu près de ses deux subordonnés, son attention s’attardant sur le pilote. -N’importe quoi, murmura l’officier en regardant Campbell. Elle va vraiment avoir notre peau… Ca va, Tom ? -Je… on fait aller, commandant. -Merde ! grogna l’officier. Quelqu’un a une idée de ce qu’elle compte faire, maintenant ? -Aucune, répondit Shanti. Ca m’a pris par surprise, comme pour vous et Tom. Son regard revint vers le pilote, qui avait toujours l’air légèrement hagard. -Elle veut nous casser, hein ? dit celui-ci, prononçant lentement ses mots. -Probablement, répondit Maltez. En tout cas, c’est ce qu’elle compte faire avec vous deux. Vous traumatiser. Vous… durcir. -Nous deux ? s’étonna la jeune femme. -Oui, lieutenant. Plus j’y pense, plus je me dis qu’elle n’est pas extérieure à ce qui vous est arrivé sur Dakara. Ou près des ruines, avec ces saletés de robots. Je ne sais pas ce qu’elle compte nous faire faire, mais elle veut que vous ayez bien souffert avant. Peut-être pour ce qu’elle raconte… -Pour qu’on soit désensibilisés ? demanda Campbell. -En quelque sorte. Toujours est-il, ce qui s’est passé là-bas, quand vous avez perdu le contrôle, lieutenant, dit-il en se tournant vers Shanti, il y a eu trop de coïncidences. L’incident pendant l’infiltration, les jaffa qui réagissent très vite et avec beaucoup de monde, les nanites qui pètent un câble… Elle pourrait en être responsable, au moins en partie. -Juste pour nous entrainer… souffla le pilote en regardant Shanti. Dans quoi est-ce qu’elle compte nous balancer pour te faire subir ça ? Elle tremblait, partagée entre la colère et le désespoir, serrant les dents : -Combien… combien j’ai tué de jaffa ? -Je… -Cent dix-neuf, dit-elle brusquement, interrompant Campbell. Cent dix-neuf morts, juste pour les soldats. Et juste pour me traumatiser ? Pour me former ?! Atlantis ! l’appela-t-elle, criant à présent, est-ce que c’est vrai ?! C’était pour me blesser, comme pour Tom ?! Pour ça que vous me les avez fait tuer ?! -Il est évident, lieutenant Bhosle, que, quelque soit ma réponse, répondit la voix désincarnée, vous ne l’accepteriez pas. Cependant, par respect à votre égard, je répondrai quand même. Ces morts ne faisaient pas partie de ma planification opérationnelle. Je n’ai pas eu l’intention de causer de tels dégâts collatéraux, qui sont inutiles, comme le prouve notre situation actuelle. -Pourquoi, Atlantis ? demanda Campbell. -Il me semble que votre supérieur a déjà répondu à cette question. Ma responsabilité envers vous est de vous préparer aux différentes éventualités, et à ne pas détruire toute chance de victoire en laissant votre esprit montrer ses faiblesses à un moment inopportun. -Non… c’est… gratuit… Est-ce que vous avez la moindre idée… commença-t-il avant d’être interrompu par l’I.A. -de ce que peuvent contenir ces souvenirs ? Oui. Ceux-là, ainsi que des centaines, des milliers d’autres, laissés par des soldats ayant survécu des décennies durant à une guerre sans espoir. J’ai vu ces mêmes soldats se faire tuer, parfois en suivant mes ordres, parfois lorsque j’étais juste incapable d’agir à suffisamment d’endroits à la fois. J’ai vécu infiniment plus longtemps que vous, lieutenant. Tant d’un point de vue absolu que relatif. Vous ne savez rien. -Même ! Pourquoi celui-là ? -Parce que les souvenirs que j’ai choisis pour vous sont les moins traumatisants qui soient parmi ceux qui remplissent les critères de violence nécessaires. Je ne m’attends pas à ce que vous compreniez, lieutenant. Pas maintenant. Mais, à plus long-terme, vous me remercierez. -Vous êtes tarée… -Non, lieutenant Campbell. Juste particulièrement lucide. -Allez vous faire foutre, souffla-t-il d’une voix posée. -Désolé, répondit-elle. Il reste trop de choses à faire pour le moment. -Pourquoi ? intervint Maltez. -Pas vous, commandant, lâcha l’I.A., lassée. Je croyais que vous aviez compris de quoi il retournait. Dois-je vous réexpliquer ce que vous avez-vous-même dit à vos subordonnés il y a quelques minutes ? -Non. Ce que je veux toujours savoir, c’est ce que ces civils ont à voir avec notre situation. Pour les autres, je comprends. Qu’on soit bien clairs, je n’accepte pas ça et vous pouvez être sûre que je me souviendrai ce que vous avez fait subir à mes subordonnés, mais je comprends ce que vous voulez faire. Par contre, ce que je ne comprends pas, c’est ces autres mémoires. A quoi va me servir la vie d’un bureaucrate pour neutraliser Hagalaz ? -Je vous l’expliquerai en temps voulu. -Et pourquoi pas maintenant ? -Parce que votre connaissance prématurée de leur usage ruinerait tout ce qui a justifié cette dernière heure. Pour qu’ils soient utiles, ces souvenirs doivent être vécus tels quels. -Une autre manipulation psychologique, c’est ça ? -Exactement, commandant. Mais qui est peut-être plus importante encore que tout le reste. En fait, pour être plus claire, si je ne parviens pas à l’objectif désiré, je serai forcée de mettre fin à notre association. -… Maltez se tut devant la menace à peine voilée. L’espace d’un instant, il inspira, comme pour commencer à parler, puis se ravisa, avant de se tourner vers Shanti. Il vit celle-ci aider le pilote à se redresser, le regard de la jeune femme trahissant aussi bien son stress que ne le faisait tout son langage corporel. -Très bien, conclut-il finalement, sa colère à peine contenue. Si ça doit se terminer comme ça… Est-ce que les pions ont encore voix au chapitre quelque part ? -Bien sûr, commandant, reprit Atlantis. Tant que cela n’interfère pas avec nos objectifs, je ferai de mon mieux pour satisfaire vos desiderata, comme je vous l’ai déjà indiqué auparavant. -Prison dorée… -Oui, si ce n’est que vous avez bien plus de libertés que vous ne semblez le croire. Je m’étonne d’ailleurs que vous ne m’ayez pas soumis de demandes quelconques autres que celles relevant du confort élémentaire. -On avait autre chose en tête, dit l’officier avant de reporter brusquement son attention sur Shanti, qu’il sentit passer quelques instants dans un état second.
Elle prit son temps, cette nuit-là, observant d’un air détaché l’immense étendue obscure qu’était l’océan recouvrant la quasi-totalité de la planète. Celle-ci, jeune, n’avait pas encore vu se développer de vie plus avancée que des cellules élémentaires, et le paysage appartenait entièrement à Làkhesis. Pour encore quelques instants. Silencieusement, elle se retourna et lança le signal mental à la petite station qui orbitait autour de la sphère bleutée, et la beauté de la mer infinie fut remplacée par celle du vide interplanétaire. Habituée à ce spectacle particulier, pourtant peu différent de celui qu’elle avait abandonné avec quelque mélancolie, elle quitta le dôme panoramique et commença son chemin de retour vers les entrailles de l’installation d’observation. Traversant d’un pas léger les coursives lumineuses, elle se rendit finalement à sa destination, l’un des centres de recherche qui classifiait les êtres ayant vu le jour sur l’astre isolé. Elle fit un signe d’esprit bref aux autres membres de son groupe, et s’installa à sa station de travail, où l’attendaient plusieurs documents. Plusieurs minutes durant, elle parcourut de façon inattentive une série de rapports et d’essais réalisés, pour partie, par les personnes autour d’elle. Le jargon utilisé par les métabiologistes était progressivement rentré dans son vocabulaire, se rajoutant à tant d’autres sous-langages spécialisés qui avaient été développés au cours des millénaires par les différentes communautés scientifiques. Ceux-ci correspondaient à des manières de penser, de s’organiser, de lier entre eux les concepts, et étaient indispensable à tout individu cherchant à aller au-delà de la simple vulgarisation ou simplification abusive. On pouvait se contenter de la langue commune pour expliquer à un enfant le fonctionnement du réacteur à fusion alimentant ses jouets pour qu’il puisse le réparer sans déranger sa famille, mais pour les vrais domaines de recherche, il fallait apprendre à penser correctement avant même de vouloir ouvrir les premiers livres. D’où son choix de spécialité peu orthodoxe en sortant de son tutorat : l’absence-même de spécialité. Elle avait, par une curiosité aussi insatiable que dénuée de passion, abordé les différentes branches de la science de ses semblables, apprenant leurs langages, leurs coutumes, leurs façons de penser. Jamais elle n’avait été à la pointe de son domaine du moment, mais elle pouvait se targuer d’avoir facilité des percées qu’elle ne comprenait qu’à peine. Iconoclaste, Làkhesis appliquait les raisonnements de la dynamique interstellaire dans la sociologie des intelligences émergentes. L’abduction conventionnelle des programmeurs temporels se retrouvait au milieu du développement d’une théorie probabiliste. Rapidement lassée, elle quittait un domaine après quelques projets, cherchant moins un objectif de recherche que des individus à rencontrer, à découvrir, dont elle pourrait comprendre la façon de penser. Et mettre en contact lorsque son intuition – ou sa prescience – lui disait que la solution à un problème devait être cherchée ailleurs. Le rapport était, pour majorité, de ce jeune langage, à peine multimillénaire, de la branche néo-réformatrice des ingénieurs xénobiologistes, et elle se concentrait sur le sens global de ce qu’elle ressentait dans le document immatériel que lui transmettait son interface. Elle n’aurait pu, sans des décennies d’études lassantes, comprendre le raisonnement précis qui faisait le génie des hypothèses proposée, et elle n’était pas intéressée par cela. En revanche, son esprit fut attiré par la manière dont les preuves étaient agencées, de la façon dont les conditions expérimentales semblaient remettre en cause certains des postulats. Les émotions étaient semblables à celles ressenties à peine soixante ans plus tôt, lors de sa période de philosophie spéculative, et une série de visages s’imposa à elle, lui rappelant d’autres souvenirs. Elle passa un appel.
Shanti vit Maltez s’approcher d’elle rapidement alors qu’elle perdait l’équilibre, réussissant à la retenir avant que le poids du pilote ne la fasse basculer. -Merci, souffla-t-elle. -Pas de quoi, lieutenant, pas de quoi…
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| | | ketheriel Conquérant Itinérant
Nombre de messages : 1441 Age : 44
| Sujet: Re: Effet Papillon [Tome II] Dim 19 Déc 2010 - 21:19 | |
| - Citation :
- Donc il me faut toujours un peu de temps, pour que quand je vienne commenter, je ne me souvienne plus des détails, comme ca je peux savourer la relecture.
Même chose, il faut dire que puisque je bêta lis un peu, je me spoile moi même, et forcément après avoir dit quelques trucs a rufus bah, difficile de redire souvent un peu la même chose. Hormis niveau forme, le même léger problème de longueur dans certains passages, l'histoire avance bien, à une vitesse de croisière somme toute assez linéaire mais parfaitement maîtrisée. On sent que tu sais où tu veux aller (ou du moins tu donnes cette impression). Parfois tu tombes dans un excès de complexité qui ralenti un peu le déroulement de l'intrigue mais ce n'est pas tellement gênant (hormis a 2 heures du mat mais là c'est peut être aussi l'heure^^) Le style est ancré, peut être un soupçon de fantaisie pour casser le rythme pourrait parfois aider à briser la longueur de tes chapitres qui comme dirait quelqu'un sont d'un fort beau gabarit. Je dois dire que ça fait quand même très "drôle" dans ce dernier chapitre de voir les wraiths être à la hauteur de ce que l'on nous avait promis dans SGA, idem pour les anciens. Pour un jeune membre de SGF, tomber sur un fic pareil (s'il est capable de lire plus de 5 lignes) va lui faire faire un accident cérébral direct^^ Vu l'étalement de l'intrigue et ses résolutions, il y au une légère envie après la fin d'un chapitre de voir ce qui ba se passer prochainement. C'est déjà un suspense salvateur pour le lecteur qui restera à lire dans des délais plus ou moins long (la faute incombe à l'auteur mais c'est pas pire que Mat heureusement^^) la suite. |
| | | Rufus Shinra Roi des Petits Gris
Nombre de messages : 2455 Age : 36 Localisation : Là où s'est déroulée la dernière catastrophe en date ~ Compagnon senior de la Confrérie
| Sujet: Re: Effet Papillon [Tome II] Jeu 23 Déc 2010 - 0:07 | |
| Un grand merci à Skay, dont les bêta-lectures me donnent toujours un feedback indispensable, et sans lesquelles je serais bien pommé, entre les fautes de goût, d'orthographe et les erreurs de continuité. Pareil pour ses suggestions et autres idées qui enrichissent fréquemment l'univers de la fic.
Merci, et, bien évidemment, JOYEUX NOËL A TOUS ET A TOUTES !
Chapitre 22 : Nouveaux départs
Le jeune homme avait passé un temps particulièrement long à examiner le verre, tant pour le contenant que le contenu, avant de le porter à sa bouche. Le liquide orangé, dégageant des vapeurs opalines, avait un goût que son palais ne parvenait pas à identifier. Constatant qu’il ne tombait pas raide mort, son cerveau succomba à la curiosité.
Carl continua sa découverte des alcools non-terrestres, sous le regard amusé de sa chef de groupe : -Alors ? demanda-t-elle. -Intéressant, fit-t-il finalement. Qu’est-ce que c’est ? -Aucune idée, avoua-t-elle. Le patron me l’avait conseillé la dernière fois, et j’ai préféré le tester sur quelqu’un d’autre. -… merci… -Pas de quoi, dit-elle avant de lui indiquer d’un signe de tête le tas de petites billes orangées qui trônait dans une coupelle au milieu de la table. N’oublie pas le neutraliseur. Pas envie d’expliquer au commandant pourquoi j’ai ramené un pilote bourré sur tout le chemin du retour. -Effectivement, ça serait problématique… admit-il avant de reprendre une petite gorgée. Mais, sinon, c’est souvent comme ça ? -De quoi tu parles ? -Ce bar, tous ces trucs. On se croirait dans je-ne-sais-quel film à petit budget. Ca manque un peu d’exotisme, pour la distance. -Oh, ça… C’est pas partout pareil. Bonne chance pour trouver un bar comme ça chez les jaffa, mais, dans les zones les moins clean, ça devient la norme. -Mais… comment… -Tu vas comprendre, dit-elle en terminant son cocktail. -Si vous le dites… -Bon, maintenant, on va revenir aux choses sérieuses, dit-elle finalement à voix basse, après avoir successivement vérifié que personne autour n’écoutait et activé un petit dispositif sorti de sa poche. Qu’est-ce que tu fiches ici ? -Comment ça ? -Joue pas au con, pas avec moi. Dans l’unité spéciale. T’as pas le profil pour, et de loin. Habituellement, on se récupère des anciens des autres unités de Black Ops, déjà formés et expérimentés, avec les bons réflexes. Et là, t’arrives comme une fleur, tout juste sorti de l’Académie, avec, quoi, un transport comme seule victoire ? Tu vois pas un problème ? -… Si. -Donc ? Comment tu t’es retrouvé ici ? Soit t’es beaucoup plus compétent que le dit ton dossier, soit t’as des amis très haut placés, soit t’as des ennemis très haut placés. -Je… j’en sais rien, répondit-il, mal à l’aise. C’est comme vous dites. Je suis sorti de l’Académie il y a quelques semaines à peine, première affectation sur le Concordia, rien de particulier. Même pas le meilleur pilote de ma promo, et j’ai pas fait de trucs spectaculaires pendant les exercices. Je crois que je m’en sortais plutôt bien, sans ça j’aurais été viré, mais ça s’arrête là. -Mouais. Alors il y a quelque chose qui cloche. Tu connais qui, dans le Programme ? -A part ceux de ma promo ? -Bien sûr, ça m’étonnerais que des morveux aient le bras assez long pour te mettre dans mes pattes. -Personne. Quelques instructeurs avec qui je m’entendais bien, mais sans plus, mon CAG sur le Connie était Mitchell. -Le général ? demanda-t-elle, soudainement intéressée. -Oui, mais, pareil, je n’ai jamais ne serait-ce que discuté avec lui. C’est un foutu général, je suis un lieutenant. -D’accord… ta famille ? Quelqu’un qui pourrait être lié au Programme ? -Aucune chance. Mes parents bossent dans la production TV, le reste de la famille est assez banal, je vois mal un seul d’entre eux bosser là-dedans. Et même comme ça, nos relations ne sont pas géniales. -Alors on a un souci, Banet. T’es une anomalie, un problème. Et ce genre de problème n’arrive jamais, crois-moi. Pas avec notre unité, notre boulot est trop critique pour que les dossiers passent pas par beaucoup de mains avant d’être validés. -Qu’est-ce que ça peut vouloir dire, alors ? -Je ne sais pas. J’en sais foutrement rien, et ça me bouffe depuis que t’es arrivé. C’est pour ça que je te surveille depuis le début. -Oh. Et, pourquoi me dire tout ça, maintenant ? -Parce que j’ai l’impression que t’es honnête. Un gamin complètement naïf qui n’a pas la moindre idée du merdier dans lequel il s’est fourré. En plus, t’as rien dans ton dossier qui me ferait croire que t’as pu être retourné par les jaffa ou qui que ce soit d’autre. En même temps, si ça avait été le cas, tu serais pas là… conclut-elle en le regardant finir son verre. -Merci du vote de confiance, lâcha-t-il enfin. -Pas trop de familiarités, Banet. On n’est pas potes. T’es un intrus dans mon monde, et j’essaie de comprendre ce qui se passe, rien de plus. Si je peux éviter d’avoir ton sang sur mes mains, tant mieux, mais c’est tout. -D’accord, répondit-il simplement. Le jeune pilote aurait été critique littéraire qu’il n’aurait pas songé à autre chose que se défouler sur le niveau de ses dernières répliques – indépendamment du fait que les critiques littéraires ne s’intéressaient que fort peu au niveau atteint par les discussions de la vie courante. Si tant est que sa situation présente appartenait à la vie courante. Sa formation n’avait pas fait de lui un écrivain. Donnez-lui un problème de mécanique ou d’électromagnétisme, et il alignait les équations à grande vitesse pour résoudre les difficultés de l’ingénieur. Donnez-lui un cockpit et assez d’espace pour décoller, et il prouvait son aptitude à manœuvrer, esquiver, tromper et passer à l’offensive. Il n’avait cependant jamais porté un intérêt particulier à l’art de la rhétorique ou de l’argumentation au-delà de ce que ses études lui avaient demandé. Soit, pas grand-chose, pour un individu que le système désignait pour finir de secrétaires et d’assistants. On l’avait formé à être direct et à éviter les tournures alambiquées qui sacrifiaient la clarté de l’information à l’autel de l’élégance. Sa formation militaire n’avait fait que renforcer cet aspect, faisant de sa conversation un objet simple mais fonctionnel. Mais ce n’était pas là où on lui demandait de briller. En somme, s’il n’avait eut trop d’amour-propre pour ressortir cette comparaison usée jusqu’à la trame, il aurait bien évoqué l’albatros.
-Bien. Quand on sera rentrés, tu vas me faire plaisir et arrêter de jouer au touriste. Il y a quelque chose qui ne tourne pas rond, et j’apprécierais que tu me donnes un coup de main pour comprendre quoi. -D’accord. Mais il y a quelque chose que je cherche à savoir, moi aussi. La seule raison pour laquelle j’ai accepté ce job. -Explique. -Qu’est-ce qui s’est passé quand ma patrouille a été attaquée ? Il parait que c’est pas les Jaffa, l’Alliance Luxienne n’était pas au courant de ce qu’on faisait, alors qui ? On m’a dit que c’était un des trucs sur lesquels bossait l’Unité, savoir qui a monté ces foutues attaques, mais, avec la guerre qui se profile, je crois pas que ça va rester au programme. -Et tu cherches à en savoir plus… D’accord. Je vais voir ce que je peux soulever à ce niveau-là. Il y a sûrement des traces de cette escarmouche dans nos fichiers, s’il était prévu de s’y atteler. Je ne te garantis rien, mais j’essaierai de voir ce que je peux trouver. Toi, par contre, tu gardes les yeux et les oreilles ouverts, pour voir qui a eu l’idée saugrenue de t’amener ici. Il y a forcément une raison, et, crois-moi, on va la trouver. C’est entendu ? -A vos ordres, répondit Carl. -Parfait. Temps d’y aller, alors, conclut-elle en reprenant le dispositif qu’elle avait installé sur la table au début de la conversation. On a quelques courses à faire, et pas assez de temps avant de se tirer de là.
Elle se leva, aussitôt imité par le jeune pilote, qui la suivit jusqu’au comptoir où elle déposa quelques pièces tirées d’une sacoche avant de sortir.
-Vous aviez parlé de… m’équiper, c’est ça ? -Oui, répondit-elle. Quoi qu’il arrive, tu auras forcément besoin d’une arme si tu restes avec nous, donc autant régler ce détail tout de suite. T’as eu quoi, comme formation ? Autodéfense, pistolet, ce genre de trucs… -Formation d’infanterie de base, un an en régiment. Je me débrouillais correctement au fusil d’assaut, mais ça a dû se rouiller, après. Pour ce qui est de l’Académie, comme vous dites, pistolet, zat, trucs standard. -Au fusil… Tu ne serais pas aussi désespéré que je le pensais ? -J’étais dans une école militaire avant d’être recruté. Suis pas un commando, mais je devrais pouvoir m’en sortir. Enfin, ça dépend de l’arme. -D’accord, d’accord, dit-elle en ouvrant une porte.
Celle-ci révéla une salle particulièrement imposante, qui prit Carl au dépourvu, le forçant à s’immobiliser quelques secondes le temps de la balayer du regard. Une foule cosmopolite grouillait, avec des amas devant des échoppes variées, autour desquelles s’agglutinaient des caisses de formes et de couleurs diverses. Celles-ci étaient pour majorité d’origine non-terrienne, mais il en reconnaissait certaines identiques à celles qui étaient entreposées sur le pont d’envol lorsqu’il était encore à bord du Concordia. L’autre élément que son regard ne cessait de croiser était les très nombreux gardes armés, tant avec du matériel terrien que Goa’uld ou plus exotique encore. Ceux-ci surveillaient les boutiques auxquels ils étaient rattachés, les clients, et, surtout, leurs “collègues“.
Rattrapant d’une enjambée sa leader, qui ne s’était pas arrêtée un seul instant, il fit attention de ne bousculer personne, ignorant la susceptibilité des individus formant la foule et voulant éviter quoi que ce fut pouvant être assimilé à une provocation. Son seul référentiel pour les interactions sociales dans un tel contexte était sa propre situation auprès des véritables mercenaires, et cette expérience lui intimait une grande prudence.
Passant à côté d’une table recouverte de ce qu’il identifia sans certitude comme des échantillons de produits médicaux douteux, il ramena ses yeux vers la femme devant lui. Il ne pouvait risquer de la perdre de vue, au risque de s’égarer lui-même dans un environnement sans aucun doute hostile.
Soudain, il sentit l’ambiance changer du tout au tout alors qu’il s’approchait d’un baraquement en dur, qui contrastait avec les échoppes précédentes. Une impression de danger le mit aussitôt sur le qui-vive, alors que les gardes à proximité semblant beaucoup plus compétents que ceux qu’il avait croisés jusqu’alors.
-C’est ici, lui dit sa leader. Un bon endroit pour ce qu’on cherche. Attends-moi jusqu’à ce que je t’appelle, compris ? Oh, et, pas de noms. -D’accord, répondit-il avant de la voir entrer dans le bâtiment, suivie par une demi-douzaine de paire d’yeux.
Le jeune pilote se sentit rapidement dans une position inconfortable, immobile et entouré par les gardes armés qui le dévisageaient de façon impassible. Il déglutit, puis essaya de se mettre à l’aise, s’approchant lentement de l’un des murs, sur lequel il s’adossa, faisant tout son possible pour ne pas laisser paraitre son stress. Du moins pas trop.
Mais dans quel merdier je me suis fourré…, songea-t-il en observant les alentours. Et depuis quand les jaffa ont ce genre de trous à rats chez eux ? Ouais, c’est vraiment pas comme sur le Connie. Vraiment pas. Et… elle a raison… J’ai rien à foutre ici. Je suis un pilote, et même pas expérimenté. Pas vraiment ce qu’ils cherchent pour… Comment ils appellent ça… oui, des “assassinats ciblés“. C’est pas bon, tout ça, pas bon du tout. Et puis si ça part en live avec les Jaffa…
Quelques minutes particulièrement longues plus tard, son ainée apparut à la porte et lui fit signe de venir. Un bref instant, il remarqua le visage d’un homme âgé, qui fit un signe de tête aux autres gardes, et ceux-ci semblèrent se décontracter légèrement, tout en maintenant leur attention sur Carl. En entrant dans le petit bâtiment, il s’arrêta à nouveau, et dut se retenir pour ne pas lâcher un sifflement admiratif.
Devant lui s’étendaient plusieurs rangées d’armes et d’autres objets d’apparences variées, qui entouraient un petit comptoir vers lequel revenaient la femme qu’il accompagnait et le vieil homme. -Voilà, c’est le gamin que je dois mettre à niveau, dit-elle à l’homme, qui prenait position derrière le comptoir. Un peu d’expérience avec quelques armes humaines, il sait se servir d’un zat, mais rien de plus. -Il a de quoi payer, je suppose, répondit le commerçant sans la moindre émotion. -Assez pour ce qu’on vient chercher, dit-elle avant que Carl ne puisse placer un mot. Il n’aura pas besoin d’équipement spécial. A ce propos, tu avais raison à propos de l’impulseur. Faut pas l’utiliser à côté d’un mur. -Règle numéro dix. Mais bon, zone d’effet trop large, pour ça que les Grands Maitres les avaient abandonnés. Pas bon pour les affaires. -Ou pour le sommeil. Sûr que tu peux pas le calibrer ? -Je ne peux rien faire de plus, et tu ne trouveras personne d’autre, crois-moi. Mais, pour revenir au gamin… Tu sais te servir d’un zat. De quoi d’autre ? -Des pistolets terriens, une ou deux armes plus grosses, dit-il en restant délibérément vague, ignorant ce que le commerçant savait à son propos. L’homme s’approcha de lui, et l’observa d’un œil attentif, avant de brusquement lui prendre le bras. Aussitôt, Carl commença à le contrer, réagissant instinctivement d’après sa formation. L’homme le lâcha dans l’instant, et se retourna vers l’autre pilote, en lâchant un petit rire : -Un autre déserteur terrien ? Ca devient une habitude, chez toi. Enfin, au moins, ils sont mieux que ces paysans qui se croient capables d’affronter toute une armée avec leur lance ramassée sur un cadavre… -On prend ce qu’on trouve, et au moins, ils sont entrainés et savent obéir aux ordres. -S’il obéissait autant, il n’aurait pas déserté. -Peut-être, mais je le paie mieux et je peux appeler ses copains s’il m’embête. -Comme ils disent, bâton et calc… -Carotte, le corrigea-t-elle. -C’est ça. Donc, gamin, maintenant, dis-moi de quoi tu sais te servir. Précisément. Carl, hésitant, se tourna vers sa supérieure, qui acquiesça silencieusement. -Fusil d’assaut FAMAS, Beretta M92, zat. -Voilà, enfin on y arrive, soupira l’homme avant de se retourner. Je dois avoir ça quelque part. Il se mit à parcourir rapidement les râteliers avant de s’immobiliser devant une série de fusils terriens. D’un geste, il s’empara de plusieurs armes belges qu’il mit de côté sur le bureau, prenant soin de pointer les canons à l’opposé de ses clients, un bref coup d’œil lui assurant l’état de la sécurité. Puis, il prit de la seconde rangée, à présent dégagée, une arme que Carl reconnut instantanément comme identique à celles avec lesquelles il avait été entrainé avant d’être recruté dans le Programme. -Qu’est-ce que… commença-t-il à voix basse. Comment est-ce qu’il a fait pour avoir toutes ces armes ? -C’est maintenant que tu me poses la question ? répondit-elle d’un ton détaché. Demande, offre, vaisseaux camouflés et pots-de-vin. Ca suffit ou j’ai besoin de te faire un dessin ? -Non… d’accord, admit-il en suivant du regard le commerçant revenir avec le fusil d’assaut. -Bon, dit ce dernier après avoir rangé le reste des armes. T’as de la chance, j’en ai un. Ca fera… -Une seconde, l’interrompit Carl. Vous n’allez pas me le vendre comme ça, hein ? -Si. C’est ce que je fais. J’achète et je vends des armes. Qu’est-ce que tu crois ? -Aucune chance que je l’achète tout seul. Il me faut des munitions et de quoi l’entretenir. -Bien… répondit le commerçant avec un large sourire avant de se tourner vers la pilote à côté de Carl. Je comprends pourquoi tu t’emmerdes à recruter des Terriens. Ils ont un peu de bon sens. -Hé, répliqua-t-elle, c’est eux qui ont inventé ces armes. Normal qu’ils les connaissent. -Ils ont intérêt, en effet, conclut l’homme avant de s’adresser à nouveau à Carl. J’ai ce matériel. Offert. -Heu… Merci, répondit le jeune pilote, pris à revers. -C’est pas de la gentillesse, le prévint sa supérieure. Tu viens juste de lui prouver que t’as une petite chance de revenir lui acheter autre chose. Fidéliser le client. -Je vois. J’y penserai. -Excellent, conclut le commerçant. J’ai aussi le pistolet, avec le reste du matériel.
Il retourna au fond de la boutique, avant d’en revenir avec un petit container que le pilote identifia comme devant contenir l’arme de poing venant compléter son achat.
-Voilà, conclut-il en ouvrant la boite, qui contenait effectivement le pistolet, son matériel d’entretien et plusieurs chargeurs. Un fusil et un pistolet terrien, leur matériel, et cinq boites de cartouches pour chacun. Besoin d’autre chose ? -Non, je crois que ça devrait aller, répondit le pilote. Je suis même pas sûr d’avoir besoin de tout ça, déjà. -Règle trente-sept, répondit du tac au tac sa supérieure. -En effet, confirma le commerçant. D’ailleurs, tu es sûre que tu ne veux rien acheter ? -Certaine. Tu m’as déjà vendu de quoi détruire probablement une ou deux petites planètes, dit-elle en plaisantant, et, de toute façon, ma solde n’est pas encore tombée. -Je comprends cette raison, dit-il d’un air amusé, avant de sortir du bureau une petite liste. Alors, où est-ce que… ah, voilà… et… voilà… ça fera quatre cent dix-huit shesh’ta. Carl se tourna à nouveau vers la pilote, qui acquiesça et sortit une petite bourse, qu’elle déposa devant le commerçant. -Parfait, fit celui-ci, en prenant son dû avant de rendre la sacoche, allégée, à la femme devant lui, tandis qu’une nouvelle silhouette entrait par la porte de service, portant à la main un sac volumineux.
Quelques minutes plus tard, le duo quittait le hall et ses nombreuses échoppes, Carl toujours mal à l’aise des regards qui le jaugeaient. Les deux armes qu’il avait à présent, dans le sac, le rassuraient à peine, sachant parfaitement que sa médiocre connaissance du terrain et son entrainement relativement éloigné ne lui offriraient qu’une faible chance de survie, le cas échéant.
-Qu’est-ce qu’on fait, maintenant ? demanda-t-il en réajustant son sac. -Ca dépend… On a encore une bonne heure au moins avant que les transports aient fini de décharger leur marchandise. Et jusqu’à ce qu’on arrive, j’avais l’impression que tu ne connaissais rien à rien à la réalité. -Vous… aviez ? -Oui, maintenant, j’en suis sûre. -Oh. -Donc, je crois qu’on ne va pas y échapper. Je vais te montrer les trucs à savoir pour que tu ne passes pas complètement pour un abruti. Elle lui fit signe de le suivre, alors qu’elle avançait, sans un mot, dans un dédale de couloirs étroits où passaient de temps en temps d’autres groupes hétéroclites qui forçaient Carl à un effort de volonté pour ne pas les fixer du regard. Quelques croisements et rencontres étranges plus tard, sa leader se retourna, avec un sourire narquois : -Tu m’avais demandé pourquoi le bar était comme ça, hein ? -Le… oh ! Oui. -Parfait. Regarde par toi-même, répondit-elle en ouvrant la porte qui bloquait le passage.
Il entra dans ce qui lui semblait être un hall de grande taille, où il vit une série d’affiches, qu’il mit plusieurs secondes à reconnaitre. -Non… souffla-t-il. -Et si, répondit sa supérieure en lui donnant une tape amicale sur l’épaule. L’industrie du divertissement terrienne est la plus développée de l’univers connue. Même si côté 3D, elle est assez ridicule. -Je rêve… continua-t-il à voix basse en se rapprochant de l’une des affiches, sur laquelle il reconnut aussitôt un archéologue aux méthodes encore plus spectaculaire que celles du docteur Jackson. Qui a… -J’en sais rien, mais il parait que ça rapporte un max à tes anciens patrons. -Quand on parlait de l’américanisation de la galaxie… Je me demande qui s’occupe des doublages. -Personne, à ma connaissance. -Ah, oui…
Le pilote ouvrit les yeux brusquement, un plafond froid et éloigné emplissant son regard quelques instants avant que le reste des sensations ne lui reviennent. Il ressentit alors la présence de ses deux coéquipiers, à proximité de son lit, avant même de les voir ou de les entendre. -Ca va, Tom ? entendit-il alors Shanti lui demander, la voix ne trahissant qu’une partie de l’inquiétude qu’elle émettait involontairement par le lien empathique. -A peu… à peu près, répondit-il. Vous deux ? -Le lieutenant s’est un peu inquiétée quand vous vous êtes évanoui, et j’ai piqué un second coup de gueule sur notre I.A. bien-aimée, dit Maltez, sarcastique. -Je me suis évanoui ? Qu’est-ce que… ? -Atlantis prétend que c’est un, et je cite, “feedback émotionnel“. En gros, un truc qui arrive quand on joue avec le cerveau de ses subordonnés ! expliqua-t-il en crachant la fin de la phrase le regard dirigé vers le plafond.
Quelques secondes durant, le silence régna dans la petite pièce, avant que le pilote ne se remette à parler : -Alors, qu’est-ce qu’on fait ? -Pour l’instant, on n’a pas beaucoup d’options, lieutenant. Après que vous soyez retombés dans les vapes, j’ai négocié avec Atlantis. Résultat, on n’implique pas Jackson, et elle nous explique ce qu’est ce foutoir de souvenirs avant qu’on ait fini cette diversion à la noix. -Le coup de Jackson, demanda Campbell, ça a vraiment marché ? -Apparemment. Je crois qu’on l’a coincée sur un règlement qu’elle n’a pas encore réussi à contourner d’une façon ou d’une autre. Avec un peu de chance, ça devrait nous donner un peu plus de possibilités pour la suite. Et éviter qu’elle menace de nous…, dit-il sans arriver à la conclusion qui terrifiait chacun des humains présents. -D’accord, donc, pour l’instant, on joue le jeu ? -Il semblerait, confirma Shanti. De toute façon, on avait prévu de le faire. Au moins, on va peut-être savoir à quoi ça rime…
Adrastée laissa son regard englober l’imposante Cité, ne sachant que penser. Ses semblables, malgré leur intelligence, leur sensibilité, leur expérience, étaient comme aveugles et sourds à ses yeux. Pas un ne se posait de question, chaque individu centré sur lui-même dans un jeu social d’une complexité aberrante, dont la vanité ne faisait que jeter un voile sur la réalité. Une réalité qui était déplaisante mais impossible à ignorer pour quelqu’un ayant fait de sa vie une éternelle quête de la perfection.
Une quête à laquelle ses semblables affirmaient participer, mais qui n’avait de parfaite que la superficialité qu’elle reflétait chez eux. Depuis son plus jeune âge, elle avait appris à observer, à ressentir, cherchant à comprendre pour mieux décrire, retranscrire et émouvoir. Un temps, elle s’était attardée sur sa société, mais s’était rapidement éloignée d’une masse aux ambitions trop souvent irréfléchies, parfait symbole d’une décadence qui prenait forme, éon après éon.
Recluse, ses premières œuvres avaient trouvé leur inspiration dans ce jugement d’une société à laquelle elle ne pouvait s’intégrer. Un culte de la science et du savoir strict, absolu, sans hésitations ni incertitudes. Les mystères et l’émerveillement s’effaçaient depuis des générations, laissant place à des formules, des modèles et des théories dont l’élégance se cantonnait à un ou deux domaines scientifiques et leurs initiés. Tout était expliqué, ou le serait. Ses propres réflexions et émotions n’étaient, selon ses tuteurs, qu’autant de réactions chimiques qu’une simple interface ludique pouvait simuler. La spiritualité et la philosophie étaient, elles aussi, tombées sous les coups d’un rationalisme triomphant, qui avait atteint son apothéose bien avant sa naissance. A travers le développement de méthodes standardisées vers ce que les philosophes antiques avaient appelé “le véritable sens de la vie“, l’incertitude s’était vue balayée une fois pour toutes.
Les émotions n’avaient pas disparu, l’art n’avait pas laissé place à une logique implacable régissant chaque instant de la vie. Mais cette survie n’était pas due à la Valeur de l’Art ou à une prise de conscience de la Société. Ironie suprême, l’Art n’avait survécu en tant que phénomène de société qu’à travers un jugement rationnel, qui avait prouvé son intérêt, tant pour la Société que l’Individu. Les comportements individuels étaient tels que les différents Arts étaient nécessaires pour la stabilité psychologique du plus grand nombre, et, face à d’autres solutions, était parmi les plus avantageuses en termes de bien-être généré par rapport aux ressources consommées.
Certains avaient embrassé ce rôle et son sens irréfutable, développant méthodiquement leur créativité de façon à arriver à des œuvres majeures, uniques, exceptionnelles. Qui viendraient rejoindre les autres, tout aussi émotionnellement riches.
Elle avait été tentée, à plusieurs reprises, de rejoindre ces rangs, mais avait finalement décidé d’en rester éloignée. De faire des erreurs moins enrichissantes que les faux pas prévus pour maximiser la qualité des œuvres futures. Il y avait, quelque part, elle le savait, des études particulièrement avancées qui pourraient sûrement décrire les causes de son comportement, de sa réaction, et qui lui permettraient de mieux comprendre son propre cheminement.
Ces réflexions, qui lui venaient en observant l’étendue infinie de l’espace depuis une capsule ou un vaisseau, d’autres les avaient eues avant elle. A défaut d’inventer, techniquement, philosophiquement ou artistiquement, elle ressentait. Seule, sans aide, de façon aussi personnelle que possible, si, techniquement, elle ne pouvait être irrationnelle.
Elle ressentait peut-être moins que si elle avait suivi les méthodes. D’autres avaient fait la même chose sans réussir à prouver leur valeur. Ou l’avaient prouvé, définissant une nouvelle méthode aussitôt acceptée par la communauté en général. Ses œuvres n’avaient pas le public qu’elles auraient pu avoir.
L’absurde était son refuge. Non pas en tant que genre, déjà classifié et codifié depuis des siècles, mais en tant que choix de vie. Elle était une Artiste.
Le vertige s’estompa rapidement, n’attirant de ses coéquipiers qu’un bref regard visant à s’assurer qu’elle allait bien. Les absences de ce type s’étaient multipliées, brèves, mais repérables au travers du lien empathique. Une nouvelle constante à laquelle les trois humains apatrides avaient dû rajouter à la liste de charges qui s’étaient imposées à eux depuis leur capture initiale.
-Bon, reprit Maltez. On a encore quelques heures devant nous avant le début des opérations, alors reposez-vous, Tom. D’accord ? -Je croyais qu’elle allait nous lancer dans la foulée, répondit le pilote. Pas son habitude de nous faire lambiner… -En fait, quand tu t’es évanoui, intervint Shanti, elle a dû changer un peu ses plans. Je crois qu’elle est en train de retoucher tout un système stellaire pour que notre couverture tienne le coup maintenant que Hagalaz a encore déplacé ses vaisseaux. -Tout un… dit-il, en essayant d’appréhender ce que la jeune femme voulait dire. -Oui, le reprit son supérieur. Notre très chère hôtesse ne fait pas de la demi-mesure quand elle veut couvrir un retard au travail. -Je rêve… souffla-t-il. -Il faudra apprendre à arrêter d’être surpris, lieutenant, autrement ça pourrait durer longtemps, avec elle. Campbell haussa des épaules avec un petit soupir, puis Maltez se redressa : -Rendez-vous en salle de briefing dans cinq heures. Sur ce, je vais aller terminer ma “discussion“ avec notre tas de circuits préféré, conclut-il avant de se retourner et de quitter la pièce.
Une fois la porte fermée derrière son supérieur, le pilote lâcha un nouveau soupir, cette fois beaucoup plus long. -Ca va ? lui demanda Shanti. -A ton avis ? -Pas vraiment, répondit-elle, en détournant un instant le regard. Mais on n’a pas vraiment le choix, hein ? -Ouais… il faut tenir… N’empêche, j’aurais préféré qu’elle ait un peu plus de tact. -Tu t’attendais à quoi ? lui demanda la jeune femme en souriant légèrement. Elle nous a plus ou moins kidnappés pour mener sa guerre. Au moins, on a des moyens… -Peut-être… Comment est-ce qu’ils sont ? -Pardon ? s’étonna-t-elle. -Ces souvenirs. -Difficile à dire. Ils n’arrêtent pas de se croiser, comme des… tenta-t-elle de répondre, sans trouver de comparaison valable -Pas besoin, je vois ce que tu veux dire. -Oui, admit-elle avec un rire silencieux. -… -C’est ce soldat, hein ? reprit-elle, d’un ton sérieux. -… oui. -Est-ce que tu as eu d’autres… images de lui depuis ? -Quelques-unes. Mais ça revenait souvent… commença-t-il avant de s’interrompre, détournant le regard. -… je sais. -Je suis là, à sa place. Je sais que c’est quelqu’un d’autre, mais je suis quand même là, je pense la même chose que lui. Quand l’embuscade arrive. Quand on s’enfuit. Quand elle… -Et les autres souvenirs ? -Il avait quitté le service. Une blessure de trop. Physique, en tout cas. Pour les autres… c’était pas une seule de trop. Je ne sais pas comment il a fait pour tenir aussi longtemps… j’aurais craqué avant. Ha ! Je suis déjà en train de craquer… pas vraiment le même niveau, hein ? -C’est faux et tu le sais très bien. On est en train d’en discuter, répondit-elle. Je te parie ce que tu veux qu’il s’est posé ce genre de question, quand il avait notre âge. -Peut-être… enfin, il avait essayé de s’isoler. L’embuscade, la mort de… je crois pas qu’il s’en soit remis. Pas dur à comprendre. Enfin, la guerre l’a rattrapé, à la fin. -Comment ça ? -C’était à la fin. Ils perdaient, c’était clair, tout le monde le savait. Juste, personne ne le disait. Ils l’ont rappelé. Pour être instructeur. Il était l’un des rares survivants d’un combat rapproché avec des Fléaux, et ils l’ont mis en poste pour apprendre à une dernière génération comment ils se feraient tuer. Elle soupira. -Ouais. C’était pas beau à voir. Enfin, ils ont eu de la chance… d’une certaine manière. Devant les émotions interrogatrices de la jeune femme, le pilote reprit : -Les lignes ont lâché quelques semaines plus tard, toute la flotte s’effondrait. -Oui, je m’en souviens, confirma-t-elle. Les ordres de retraite, la panique. Ce fut au tour de Campbell d’avoir un regard étonné. -J’ai hérité d’une capitaine. Elle était à bord d’une frégate différente. Ils reculaient lentement, une retraite stratégique, ou quelque chose comme ça. Et puis, d’un coup, les ordres étaient devenus précipités, il fallait rentrer. Défendre Atlantis. -Voilà. C’est arrivé avant qu’ils ne soient prêts à être envoyés se faire tuer. Bizarre, une fois que les Ruches étaient en orbite, que les renforts arrivaient plus vite qu’on arrivait à les détruire, tout le monde était plus… calme. Comme si, à présent que la guerre était clairement perdue, ils avaient arrêté de se préoccuper. -Même lui ? demanda Shanti, en parlant du soldat. -Oui. Il ne pouvait pas les oublier, mais, c’était plus simple. Ils avaient perdu, ce n’était plus qu’une question de temps avant qu’Atlantis ne tombe. Il n’y aurait pas de baroud d’honneur, plus rien. -Il n’avait plus rien à faire, souffla-t-elle. Plus de responsabilité. -Oui, répondit-il, à voix basse. Ta capitaine aussi ? -Pas exactement… Son vaisseau était intact, comme l’équipage, et les Ruches sont arrivées plus tôt que prévu. Il y avait quelques vaisseaux qui devaient encore partir, pour terminer le travail qu’ils avaient fait dans Pégase. -Quel genre de travail ? demanda le pilote. -Terraformation, des archives de plantes, des banques génétiques. Rien de technologique, juste des… curiosités. Des espèces qu’ils avaient vu disparaitre. Mêmes pas conscientes, mais ils avaient voulu leur donner une seconde chance. -… je vois. -Le souci, continua-t-elle, en levant le regard au plafond. C’est que le vaisseau n’avait pas eu le temps de partir. Alors elle a décidé de ressortir et de le couvrir. Je crois qu’elle voulait une dernière responsabilité. -Elle a réussi ? -Aucune idée, elle a fait enregistrer ses souvenirs juste avant de partir… -Bien leur genre, ça. Ils se sacrifient pour quelques vieilles plantes, et nous laissent avec des I.A. tarées à neutraliser. -Bah, lâcha-t-elle, ils nous laissent à tous de quoi nous occuper. Des plantes pour les biologistes, et des menaces extragalactiques pour les soldats… On n’est pas encore arrivés au bout de nos peines, hein ? Là où on n’a plus de responsabilités… -Non, pas encore… dit-il en tournant la tête vers elle. -On va s’en sortir, Tom, souffla-t-elle. -… J’espère. -Il y a trop de trucs qui se passent pour qu’on lâche. Même si ça ne me plait pas plus qu’à toi, tu le sais bien. Tout ce que je peux te dire, c’est que si on s’en sort, ces foutus souvenirs ne seront que ça. Des souvenirs, et pas la réalité. -T’as raison… c’est juste que… bah, autant le dire clairement. J’ai peur. -Moi aussi. Et, à mon avis, le commandant aussi. -Sûrement, répondit le pilote. Probablement plus que nous… Il doit avoir une meilleure idée de ce qui nous attend. Mais là, je commence à avoir une idée de ce qu’elle nous réserve. Je vais être ce vieux soldat, c’est ça qui… -Hé. Stop, OK ? Ce sont ses souvenirs. Pas les tiens. Ce qui lui est arrivé ne va pas t’arriver. Ne va pas nous arriver, insista-t-elle fermement. On va s’en sortir. -…D’accord, dit-il. -On compte sur toi, Tom. Je compte sur toi. -Je te laisserai pas tomber, promit-il, sentant au travers de sa connexion empathique toute l’intensité des mots prononcés par la jeune femme. Je ne commettrai pas ses erreurs.
Je ne te perdrai pas, pensa-t-il en regardant Shanti, qui, l’espace d’un instant, avait remplacé Gaeriel dans ces souvenirs étrangers. |
| | | Rufus Shinra Roi des Petits Gris
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| Sujet: Re: Effet Papillon [Tome II] Jeu 23 Déc 2010 - 0:07 | |
| -Alors, demanda Johann, raconte, est-ce que les rumeurs sont vraies ? -Il y a des rumeurs qui circulent sur moi, maintenant ? s’étonna Anna, en se tournant vers son ancien collègue. -Pas mal, répondit celui-ci. En même temps, c’est pas tous les jours qu’une R-2 prend directement la tête d’un projet entier. Rassure-moi, t’es encore R-2 ou ils t’ont fait passer à l’échelon supérieur depuis le temps ? -Pas de changement à ce niveau-là, répondit la scientifique. Probablement bien la seule chose qui n’aie pas changé. -N’empêche, ça, puis ensuite le black-out complet… On raconte que t’as été invitée à des réunions avec tous les grands patrons. C’est vrai, ça ? -Pas le droit de répondre, désolée, fit-elle. -Je m’en doute, je m’en doute. En tout cas, t’as vraiment dû tomber sur un bon truc, dans tes fichiers. Ou alors, c’est les fichiers qui me sont tombés dessus… s’abstint-elle de répondre, alors qu’elle continuait de marcher sur le sentier qui parcourait une forêt d’arbres qu’elle n’arrivait pas à reconnaitre. Son interlocuteur reprit : -Enfin, assez parlé boulot. Je voulais savoir, tu auras le temps de prendre des congés ? -Pas vraiment, avoua-t-elle. Pas avant quelques semaines minimum, pourquoi ? -Je rentre sur Terre dans trois semaines. On aurait pu… -Désolée. Mais là, je ne peux vraiment pas arrêter le job. C’est assez urgent, tu dois t’en douter, dit-elle en enjambant une souche. -D’accord… répondit-il, apparemment mal à l’aise, avant de changer de sujet. Tiens, tant que j’y pense, il y a Yui qui m’a demandé de te remercier. -Yui ? -Celle du service bioingénierie. L’interface neurale que t’as identifié en deux minutes alors qu’elle planchait dessus depuis quinze jours. Son équipe a fait pas mal de progrès. -Ah, tant mieux, alors. Heureuse d’avoir pu lui donner un coup de main. -En même temps, ça alimente pas mal les rumeurs, faut bien le dire. T’es devenue du jour au lendemain une experte pour identifier tous les gadgets qu’on trouve. T’as trouvée un catalogue d’achat en ligne ou quoi ? Non, laisse-moi deviner, pas le droit de répondre, hein ? -Voilà, conclut-elle avec un sourire honnête. -En tout cas, c’est sympa de t’en servir. Si on sait ce qu’on trouve, ça évitera pas mal de semaines de perdues. Mais ils ne te posent pas de problèmes avec ça, en-haut ? -Pas trop, répondit-elle. J’ai vu ça avec Jackson l’autre jour. Tant que je n’en dis pas trop, ça va de son côté. -Tu vois le docteur Jackson fréquemment ? s’étonna-t-il. -Je commence, oui, confirma-t-elle. C’est lui qui est plus ou moins en charge de mon projet. Bon, ça fait toujours bizarre de discuter avec quelqu’un de son calibre, mais au moins, il n’est pas comme McKay… -Encore heureux, répondit Johann. Un, ça suffit. Tu le vois souvent ? -Non, Dieu merci. A chaque réunion où j’ai été, il était… comment dire… -McKay ? proposa le scientifique. -Voilà. Comme avec tout le monde… conclut-elle alors qu’elle faisait les derniers pas pour arriver au bout du chemin. Sortant de la forêt, le duo s’arrêta quelques instants, prenant la mesure du paysage autour d’eux. La terre laissait rapidement place à la roche nue et aux graviers sur la distance les séparant de la falaise qui marquait la fin du continent. En quelques minutes, ils arrivèrent au niveau de celle-ci, accueillis par l’océan qui recouvrait, une centaine de mètres plus bas, la quasi-totalité de la planète. Silencieusement, Anna observa les vagues, dans la direction où se trouvait l’imposante Cité, qui avait trop rapidement pris un contrôle quasi-total de sa vie. L’espace d’un instant, elle dirigea son regard vers le scientifique à côté d’elle, qui espérait clairement devenir éventuellement plus qu’un simple ami.
Et qu’elle avait accepté de manipuler. D’une façon qu’elle ignorait encore, pour un objectif qu’elle n’avait pas encore défini, mais elle savait qu’elle devrait passer par lui pour faire ce qu’elle ne pouvait se permettre sous le regard inquisiteur de l’Entité qu’était le vaisseau-Cité situé au-delà de l’horizon.
Une petite part d’elle-même regrettait d’avoir commencé à penser de cette façon, mais le reste de son esprit lui martelait que si elle se laissait manipuler de bout en bout sans tenter de reprendre les commandes, les conséquences n’avaient aucune raison d’être agréables.
-Quand est-ce que le docteur Stern rentrera sur la Cité ? demanda Jackson, le regard pointé vers le plafond. -Selon les informations dont je dispose, son retour devrait être aux alentours de seize heures, heure locale. Voulez-vous que je lui transmette un message, docteur Jackson ? demanda Atlantis, de sa voix impersonnelle, choisie délibérément pour mettre mal à l’aise ses interlocuteurs. -Oui, répondit l’archéologue, habitué aux jeux psychologiques depuis des années et décidant d’ignorer une attaque aussi peu subtile qu’un grand maître Goa’uld face à une remise en cause de sa divinité autoproclamée. Dites-lui que j’aimerais la voir dans mon bureau dès que possible, pour discuter de l’avancement de ses recherches. -Bien sûr, docteur Jackson. D’après mes estimations du flux de personnel et de l’observation du docteur Stern, elle devrait être présente aux alentours de seize heures quarante-huit. -Fantastique, répondit-il, imperturbable, avant d’éteindre son moniteur et de se lever, en prenant une petite sacoche posée près de sa chaise. Il faut reconnaitre, pour organiser l’emploi du temps, elle est utile, reconnut-il. Mais au moins, je n’ai pas peur qu’un agenda-papier complote contre moi… Enfin, je ne devrais pas avoir peur non plus pour Atlantis. Elle complote forcément contre quelqu’un. Enfin, si elle a besoin de comploter, vu qu’elle peut tous nous… Argh ! Vive les agendas-papier ! conclut-il finalement en quittant son bureau.
Il lui fallut quelques secondes pour se rappeler de la raison pour laquelle il était sorti, puis, brusquement, se mit à avancer dans les couloirs. Ses rapports et comptes-rendus lus, approuvés et signés, il avait quelques heures devant lui, qu’il essayait de passer à se tenir au courant des quelques projets qui lui tenaient à cœur sur la Cité, de préférence n’impliquant pas une I.A. inconnue et les Ori.
Mais pas ce jour-là.
Ses pas le menèrent rapidement à une intersection, où il prit délibérément ce que la majorité des habitants de la Cité considéraient comme un cul-de-sac. De là, il arriva dans un couloir où seul un œil exercé, sachant ce qu’il cherchait, aurait pu trouver la plaque sur laquelle l’archéologue exerça une pression de la main. Le sol s’ouvrit alors légèrement, révélant une issue de service desservie par une échelle, qu’il emprunta sans hésiter.
Le docteur Jackson avait suffisamment de temps devant lui pour se permettre de ne pas emprunter les habituels téléporteurs internes, et, une fois de plus, avait décidé de profiter de ce luxe. Au fil des années, il avait appris à s’informer en permanence sur les divers accès et passages techniques qui parsemaient les entrailles de la Cité. Cet intérêt n’avait qu’une utilité pratique limitée, ne lui permettant pas de gagner un temps considérable sur les chemins officiels, optimisés par une civilisation plus de mille fois millénaire, mais il n’avait pas cherché une telle utilité.
L’isolement, en revanche, était largement de taille à compenser les efforts et les pertes de temps engendrés par cette activité. Il pouvait ainsi profiter, de temps en temps, de quelques heures durant lesquelles aucun assistant, aucun scientifique, aucune gouverneure civile ne viendrait lui poser ses problèmes en espérant des réponses parfaites permettant de résoudre élégamment toutes les crises.
Ses yeux s’adaptèrent en quelques instants à la pénombre relative qui régnait dans les coursives techniques, à l’ambiance singulièrement plus mécanique que celle de la Cité où il passait son quotidien. Ca et là, des machines inconnues débordaient d’une cloison, tandis que des instruments terriens y étaient branchés, avec parfois un Post-It intimant le visiteur occasionnel de ne rien toucher sous peine d’électrocution, d’irradiation mortelle ou juste de haine féroce de la part du personnel technique. Se rappelant avec un mince sourire des mésaventures qui avaient touché les malheureux ayant ignoré des conseils similaires de la part de Siler et ses subordonnés à l’époque de Cheyenne Mountain, l’archéologue fit gare de ne pas interférer lors de sa progression.
Au bout d’une dizaine de minutes de marche dans des couloirs, parsemés de croisement qu’il aurait pu prendre les yeux fermés, Jackson arriva finalement à destination : une salle de contrôle pour les opérations extérieures. Celle-ci était composée de plusieurs pupitres de commande sensiblement similaires à ceux de la salle de la Porte, tandis qu’un imposant dôme transparent illuminait toute la pièce. La baie vitrée, ou quelque soit le matériau la composant, s’étendait tout autour de lui, alors qu’il pouvait voir d’un regard qu’il se trouvait désormais dans une petite excroissance située à la base de l’immense Cité. S’asseyant sur l’un des fauteuils, il laissa son regard se perdre quelques secondes dans les bancs de poissons qui semblaient orbiter autour de la titanesque construction.
Puis, d’un geste, il posa la sacoche devant lui et en sortit une bouteille thermos et un gobelet de café, remplissant ce dernier avec le liquide bouillant. Comment l’approcher sans qu’Atlantis se rende compte de quoi que ce soit ? Ses rapports sont corrects, avec assez d’informations pour le temps passé, mais sans révélations spectaculaires. Bien calculés… trop bien calculés, juste ce qu’il faut pour éviter les questions et les remarques dérangeantes. Comme si Atlantis voulait juste gagner du temps en passant par Stern, conclut-il en approchant le gobelet de sa bouche. Mais quel intérêt ? Elle a toutes les cartes en main, mais joue la prudence. Il y a quelque chose que je ne vois pas. Elle se complique la vie à nous prouver qu’elle a le contrôle, mais agit différemment. Il y a quelque chose qui doit l’inquiéter… Il faut que je trouve quoi, et on aura une petite chance de pouvoir reprendre l’initiative… Stern… elle est forcément liée à ça, sinon, pourquoi passer par elle ? Je dois réussir à la contacter sans qu’Atl…
Ses pensées furent interrompues lorsqu’il sursauta, brûlé par un café bien plus chaud que ce à quoi il s’attendait. Dans un mouvement de réflexe, il renversa aussi bien le gobelet que la bouteille. -Merde… lâcha-t-il en voyant le petit verre qui gisait au sol, dans une petite mare de liquide noir.
Il sortit un mouchoir de sa poche et commença à éponger le café lorsqu’il se rendit compte que quelque chose clochait. Immobile, il réfléchit quelques instants jusqu’à comprendre. A aucun moment, il n’avait entendu le tintamarre qu’aurait dû causer la bouteille en tombant sur le sol métallique. Il se retourna, et vit, ahuri, le spectacle de la thermos figée en l’air, qui, brusquement, se redressa avant de se poser délicatement au sol. -Qu’est-ce que… murmura-t-il, avant de comprendre. Atlantis ? -Oui, docteur Jackson, répondit la voix désormais familière de l’I.A. -C’est vous qui venez de faire ça ? -… En effet, docteur, une simple application de mes générateurs de gravité. -… Je vois. Merci, dit-il en reconnaissant la scène pour ce qu’elle était :
Un autre rappel de l’omniprésence et de la quasi-omnipotence de l’I.A. sur sa Cité.
Anna sortit rapidement du hangar où s’était posé le petit engin de transport reliant la Cité au continent. Une fois les formalités d’usages terminées, se sépara du groupe pour se diriger vers ses quartiers d’habitation, ayant hâte de se changer. Au bout de quelques pas, elle sortit de l’une de ses poches intérieures la petite oreillette fournie à l’ensemble du personnel, servant aussi bien de communicateur que de localisateur. D’une pression, elle réactiva l’appareil et le fixa en position. -Docteur Stern, l’interpella aussitôt une voix féminine qu’elle avait appris à apprécier et à craindre. -Oui, Atlantis ? répondit-elle une fois certaine que personne ne pouvait l’entendre. -Le docteur Jackson désire vous voir pour discuter des derniers avancements de vos travaux. -Quand ça ? -Dès que possible, dans son bureau. -Oh, très bien. J’y vais, alors. -Docteur ? -Oui ? -Il y a eu quelques… complications en votre absence. -SG-22 ? murmura-t-elle. -Pas exactement, bien qu’elle en soit en partie responsable. -Donc ? Parce que, là, je ne suis pas très avancée. -Vous savez que le docteur Jackson a réalisé l’Ascension auparavant, n’est-ce pas ? -Oui. -Il semblerait que, lors de l’intervention du lieutenant Bhosle, quelques jours plus tôt, cette dernière a fait preuve d’une certaine maladresse, dirons-nous. Au lieu de ne faire qu’une simple intervention, je crains que son passage, caractérisé par un manque certain de subtilité, a eu quelques conséquences imprévues sur votre supérieur. -Quelles conséquences ? demanda Anna, soudainement inquiète. Venez-en au but. -Très bien. Le docteur Jackson, de retour dans ce plan d’existence, s’est vu brider une bonne partie de ses connaissances et capacités acquises lors du processus d’Assomption. Le lieutenant Bhosle, dans sa maladresse, a apparemment brisé certaines de ces limitations. -Ouille, grimaça la scientifique. Qu’est-ce qui va se passer ? Il va encore se transformer en une grosse lumière et alimenter sa légende ? -Je n’en suis pas sûre, et je pense que les Ascendants le surveillant devraient limiter les conséquences de façon à empêcher cela pour le moment. Je l’espère, en tout cas. En revanche, ce dont je suis certaine, c’est que certaines caractéristiques physiologiques propres à l’Assomption sont en train de lui revenir, sous une forme limitée mais présente. -Ce qui veut dire ? -Ce qui veut dire, docteur Stern, que le docteur Jackson vient, il y a quelques heures, de faire preuve d’une capacité télékinétique limitée. Qui vient très probablement s’ajouter à une télépathie latente, qui est l’une des particularités les plus classiques des individus dans son cas. -Télépathie ? Vous voulez dire qu’il va lire dans mes pensées, quand je vais aller le voir ? -Probablement pas. Pour l’instant, ces capacités restent très limitées et accidentelles. De plus, il semble penser que je suis à l’origine de l’incident de télékinésie, de par mes systèmes de contrôle internes. Il n’a apparemment pas conscience de ce qui se produit, ce qui est particulièrement appréciable. En conséquence, je doute qu’il soit capable de ne repérer plus que les simples émotions de surface lors de votre entretien. Le docteur Jackson étant déjà un excellent communicateur, doué d’un talent d’empathie remarquable, il est probable qu’il ne se rende pas compte de la différence, mais je vous déconseille de tenter de lui mentir ouvertement. Une telle attitude serait pour le moins… risquée. -Et qu’est-ce que vous voulez que je lui dise ?! répondit-elle, en commençant à paniquer. Dans quoi est-ce que vous m’embarquez ?! -A vrai dire, docteur Stern, la situation vient de devenir particulièrement préoccupante pour moi aussi. Cet évènement n’était pas prévu, et est pour le moins inquiétant, étant donné le statut du docteur Jackson. Je ne suis pas en mesure de prédire avec certitude l’étendue des conséquences, mais il est clair que, quoi qu’il arrive, il serait préférable, pour toutes les parties concernées, qu’il ne se rende compte de cette situation que le plus tard possible. -Et, ça va rester comme ça, ou ça va empirer ? -Pardon ? -Je ne suis pas une spécialiste des pouvoirs parapsychiques ou je ne sais pas comment ils sont appelés, mais, d’habitude, quand quelqu’un se retrouve avec eux, ils ne font que se renforcer au fil du temps, jusqu’au moment où soit ça le tue, soit ça le rend complètement fou, soit ça détruit une bonne partie de la ville ou de la planète… -… -Bon, d’accord, c’est comme ça dans les films, reconnut-elle, exaspérée, mais bon, je suis en train de parler à une I.A. alien des pouvoirs de télékinésie d’un archéologue à bord d’un vaisseau spatial conscient de la taille d’une ville à des millions d’années-lumière de la Terre. Comprenez que ça devient dur… -… Je vois. -Donc ? Les films ont raison, et on va tous se faire tuer, ou ça va juste se limiter à un gros avantage au poker ? -Je crains que ces phénomènes aillent en s’amplifiant, à moins bien sûr que les Ascendants surveillant le docteur Jackson ne décident d’intervenir. Ce qui est la résolution la plus probable de notre problème, bien que je sois surprise que cela ne soit pas déjà fait. -Donc, on espère l’intervention des Anciens, c’est bien ça ? -… Oui. -Je rêve. Et moi qui croyais que vous aviez les choses en main… lâcha-t-elle avec un rire nerveux. -Je ne saurais que vous suggérer de prendre la situation actuelle au sérieux, docteur Stern. -Oh, mais je la prends au sérieux. C’est juste que je viens de me rendre compte à quel point je suis foutue… conclut-elle finalement avant de se diriger vers le bureau du docteur Jackson.
Le SGC, à l’instar d’une grande partie des centres de commandement et des bases militaires terriennes, était en proie à un mélange entre agitation effrénée et instants de calme troublant. Les activités habituelles continuaient dans la mesure du possible, mais nul n’était dupe, devant le renforcement des mesures de sécurité et les rumeurs qui circulaient infiniment plus vite qu’auparavant, toutes plus alarmistes les unes que les autres.
Certaines disaient que des vaisseaux de la Flotte avaient été attaqués et détruits par une frappe surprise des Jaffa, d’autres affirmaient au contraire que les Ha’Taks n’étaient plus que des tas de cendres, et que les diplomates tentaient de sauver ce qu’ils pouvaient. Tout ce que le sergent Rockwell savait, c’est que la situation était foireuse, et que lui et son groupe étaient partis pour quelques semaines au moins d’alerte et de patrouilles supplémentaires. C’eut été un euphémisme que de dire qu’il était moins qu’enjoué en apprenant le passage en haute sécurité de l’ensemble du complexe lunaire, mais il avait ses ordres, et s’y tenait.
Comme il avait obéi lors de l’incident qui avait mené à sa mutation dans le SGC.
Lorsque le Daedalus avait finalement pu repartir, la queue entre les jambes et trois prisonniers en moins, le débriefing avait été quelque peu chaotique, ne faisant que présager de ce qui attendait l’ensemble de la section de Marines lors de son retour sur Terre. Un comité restreint les avait en effet attendus, commençant par une longue série d’avertissements sur la confidentialité des évènements qui, officiellement, ne s’étaient jamais produits.
Autant de plus pour le sergent, qui avait connu une demi-douzaine de vaisseaux, sur lesquels l’étrange avait côtoyé l’improbable, avec pour inévitable conclusion le secret sur tout ce qui avait pu se produire.
En tant que chef de l’équipe de sécurité qui était en service au moment de l’évasion, il avait mené ses troupes à la poursuite des fugitifs, usant de toutes les techniques possible pour les arrêter avant d’atteindre le hangar. Sans succès, comme les vidéos de sécurité le lui avaient démontré lors du débriefing sur la Lune. Le trio, en tenue écarlate de prisonniers, avait réussi à neutraliser aussi bien les sécurités des portes étanches que les armements soniques d’interdiction interne, le tout à une vitesse relativement impressionnante.
La solution retenue, une fois ses cibles dans le hangar, avait été de profiter de l’avantage qu’offraient les tenues de combat des Marines embarqués : leur capacité à fonctionner efficacement dans le vide. Mais le seul résultat de l’expulsion de l’atmosphère du hangar avait été le chaos et la destruction de l’une des portes épaisses qui clôturait l’excroissance de l’imposant navire, tandis que la poursuite ultérieure s’était terminée assez rapidement lorsque son équipe s’était vue expulser du vaisseau inconnu sans la moindre délicatesse.
Des jours durant, il avait subi, au même titre que tous les autres membres de son groupe et de celui du lieutenant Izuko, des tests médicaux et des débriefings individuels organisés par les services de renseignement. Suffisamment longtemps pour que leur vaisseau soit obligé de repartir sans eux, le forçant à changer d’affectation, une fois que les hommes et femmes qui s’étaient succédés devant lui avaient estimé qu’il ne pouvait plus rien leur apprendre sur les fugitifs et le vaisseau qui les avait recueillis.
Sa longue expérience et son dossier exemplaire l’avaient alors mené directement dans le Saint des Saints, le Centre de Commandement, situé parmi les niveaux les plus bas du complexe, sous suffisamment de roches lunaires et de plaques de trinium pour résister à des bombardements nucléaires directs. Là, il avait repris le même travail qu’à bord des différents vaisseaux de la Flotte : patrouiller, vérifier les individus suspects, assurer la sécurité des installations stratégiques.
Sa tenue était relativement impersonnelle, couvrant tous ses signes distinctifs, mais conçue spécifiquement pour lui laisser un champ de vision direct aussi large que possible, les concepteurs de son casque faisant assez confiance à d’éventuels agresseurs pour trouver une manière de désactiver les senseurs de sa combinaison. Celle-ci, légère, mais pressurisée, offrait une résistance convenable aux armes à énergies les plus courantes, tout en le mettant à l’abri des armes soniques et à micro-ondes qui parsemaient l’intérieur du complexe.
Et ces équipements, il le savait, étaient omniprésents dans le couloir où il montait la garde, celui-ci menant directement à la salle de guerre, abritée derrière ses doubles portes massives. Le simple fait que le flux d’officiers en direction et en provenance de cette pièce taboue avait plus que doublé depuis son arrivée était de nature à l’inquiéter. Quelque chose se préparait, et il était à quelques mètres d’une cible stratégique majeure, que tout général ennemi avec un minimum de bon sens chercherait à détruire de la façon la plus violente possible, le plus tôt possible.
D’un point de vue plus pragmatique, le rehaussement du niveau de sécurité l’obligeait à vérifier individuellement l’identité de chaque arrivant, depuis le personnel d’entretien jusqu’au général Carter elle-même. Et, que les Jaffas soient ou non sur le point de le désintégrer avec tout le reste du SGC en utilisant l’arme de Dakara, il n’appréciait que moyennement la durée des vérifications biométriques et le temps que mettait le central de sécurité pour confirmer la validité des badges d’accès qui lui étaient présentés.
Mais, alors qu’il voyait du coin de l’œil un autre groupe de militaires en tenues semblable à la sienne arriver, il lâcha un discret soupir. La relève était là, et son tour de garde s’achevait, indiquant qu’il n’aurait plus à assumer cette position avant cinq jours au moins, le poste qu’il occupait étant assigné de manière aléatoire aux membres de la garnison. La mesure de sécurité supplémentaire, prévue pour réduire encore le risque d’infiltration et les faiblesses humaines, signifiait pour lui qu’il était certain qu’il n’aurait pas, une fois sa période de repos terminée, à s’engourdir les jambes six heures durant devant le sas prévu pour survivre à une ignition thermonucléaire au contact.
-Deschamps, salua-t-il le sergent en charge de l’équipe venant le relever. -Salut, répondit le québécois. Rien à signaler ? -Non, toujours la routine. Plus de circulation qu’avant, mais vous êtes au courant, dit-il en plaçant sa main gauche sur un détecteur. La paume gauche de sa combinaison, partiellement transparente, présentait quelques irrégularités différentes pour les tenues de chaque soldat à son niveau, et fournissait une preuve d’identité supplémentaire par rapport à la simple empreinte palmaire. Vérifiant la validité des informations fournies par ses capteurs, le dispositif s’illumina en vert. -Sergent William Rockwell, India-Alpha-Papa-huit-un-un. Fin du tour de garde, douze heures, zéro-zéro.
Quelques secondes plus tard, son remplaçant fit de même, s’authentifiant auprès du dispositif automatisé : -Sergent François Deschamps, Mike-Oscar-Roméo-quatre-sept-zéro. Début du tour de garde, douze heures, zéro-zéro.
-Allez, les gars, dit Rockwell en s’adressant à son groupe. On y va. Vérifiant d’un regard la sécurité de son arme, et avança dans le couloir, en direction de l’ascenseur. Il ne jeta pas un regard à l’environnement, qu’il connaissait par cœur, et qui était spécifiquement dénué de toute aspérité pouvant cacher une partie du couloir à la vue du poste de garde. Lui et la demi-douzaine de soldats qui le suivaient arrivèrent moins d’une minute plus tard au niveau de l’ascenseur, au-dessus duquel trônaient les sorties des bouches d’aération, chacune large de quelques millimètres et réparties sur l’ensemble du complexe.
Une fois à l’intérieur, les langues se délièrent, tandis que les postures devinrent légèrement plus décontractées. -Alors, qui est partant pour samedi soir ? demanda Lansen, l’un des soldats de son groupe. -Quoi, c’est encore prévu ? s’étonna son second, le caporal Anderson. Avec tout ce merdier, ils vont encore le faire ? -Tant qu’on reste discret, ça devrait marcher. Et puis, tu connais le capitaine. Elle a fini de bricoler son bestiau, c’est pas pour le laisser trainer dans un coin du hangar. -Pas faux. Enfin, t’es sûr que c’est couvert ? -Je l’ai croisée juste avant de venir vous rejoindre ce matin. Elle m’a dit qu’elle s’est arrangée, personne ne regardera de son côté samedi. Mais elle veut savoir rapidement qui est dans le coup, rapport aux réseaux à préparer. -… OK, répondit finalement le caporal avant de demander au reste. Vous autres ? Quelques acquiescements vinrent confirmer ce dont Rockwell se doutait, et il hocha lui-même de la tête, avant de demander : -C’est contre qui, cette semaine, Rick ? -Une civile, je crois, Pas bien saisi son nom, un truc suédois, quelque chose comme ça… -Civile… Elle est clean ? -Apparemment, selon le capitaine. De toute façon, si elle peut venir ici… -Pas faux, admit le sergent. Si elle peut arriver dans les hangars du SGC sans être habilitée, on aura de toute façon d’autres problèmes qu’une simple course de rovers à annuler, se dit-il, en pensant à l’évènement mensuel qu’organisait l’une des chefs mécaniciennes du SGC. Le jour de la pleine lune, où le SGC était à l’opposé de la Terre, et donc totalement invisible de celle-ci la course de rovers devenaient l’attraction officieuse d’une partie non-négligeable du gigantesque complexe. Le lieutenant Hasegawa et son adversaire du moment prenaient un véhicule fabriqué le mois précédent avec les pièces détachées récupérées sur place, et faisaient plusieurs tours d’un circuit déterminé à peine quelques heures plus tôt, passant par quelques-uns des cratères voisins.
L’équipe de Rockwell avait rapidement appris l’existence de cette activité, autour de laquelle se faisaient une bonne partie des paris, financiers ou autres entre les soldats et les sous-officiers de la base. Le sergent avait rapidement compris, comme le reste des personnes impliquées, que les officiers, et probablement Carter elle-même, étaient au courant de la pratique et la toléraient tant qu’elle n’interférait pas avec les activités ou le secret du SGC.
Il avait tout aussi rapidement compris qu’il était suicidaire de parier contre le capitaine Hasegawa lorsque son adversaire du mois faisait partie du personnel de la base. Un simple regard sur les résultats des mois précédents l’avait éclairé sur ce point, la jeune femme ne perdant ou n’étant mise en danger que très rarement, par certains des meilleurs pilotes de chasse basés sur la base, ou, plus souvent, par les personnes qu’elle faisait venir de temps à autre.
Selon ce qu’il avait entendu, elle avait fait partie d’une équipe SG un temps, avant de demander sa mutation dans les services techniques, pourtant bien moins prestigieux et propices aux promotions. Pourtant, son grade, associé à son jeune âge, argumentaient en faveur des compétences de meneuse d’hommes qu’on lui prêtait. Quant à son talent de conduite, il allait le vérifier de visu à la fin de la semaine, avec presque tout le reste de la garnison.
L’ascenseur acheva son trajet, et s’ouvrit sur un autre couloir, celui-ci parsemé de croisements et de portes. D’un mouvement, le groupe sortit de l’imposante cabine, et se dirigea vers les baraquements, où se situaient les vestiaires avec les équipements nécessaires pour retirer les tenues de combat qu’arboraient chacun des militaires.
A quelques centaines de mètres sous ses pieds, la salle de commandement était plus active que jamais, la cuve holographique centrale n’affichant plus qu’une carte du Petit Nuage de Magellan depuis le début de la crise. Tout autour de celle-ci, des pupitres formaient une série d’anneaux concentriques, où des sous-officiers et quelques officiers traitaient les données, transmettaient les informations et mettaient à jour les bases de données militaires. Le général Samantha Carter lâcha un léger soupir devant ce spectacle, qu’elle observait posément depuis une passerelle qui dominait la salle circulaire, avant de se retourner vers un groupe d’officiers qui venait d’arriver. -Du nouveau du côté de Dakara, Ivan ? demanda-t-elle à son responsable des renseignements extérieurs. -Non, madame. Nos sources n’ont pas indiqué de changement majeur chez les Jaffa. Toujours le chaos, et Bra’tac réussit à tenir ses positions. Le statu quo n’a pas l’air de vouloir changer pour le moment. -Vos estimations ? -Les analystes disent que Gerak est en position de force, avec les derniers évènements. Il pourrait vouloir prendre l’initiative sans passer par les canaux officiels. -Bra’tac le sait-il ? demanda-t-elle, inquiète pour son vieux compagnon d’armes. -Mieux que nous, probablement. Quoi qu’il en soit, il sait pour “Tonnerre Bref“, et notre équipe est en position, avec un temps de réaction d’un quart d’heure. -Si on en vient à ça… murmura-t-elle, sachant parfaitement quelles conséquences pourraient avoir l’extraction d’urgence des dirigeants jaffas les plus proches de la Terre. “Tonnerre Bref“ pourrait minimiser les dégâts d’un coup d’État, mais ternirait à jamais les relations avec une Nation Jaffa alors certaine d’être soumise à des tentatives d’ingérence directe de la part de la Terre. -Capitaine Scott, est-ce que l’Administration a répondu à notre demande ? -Oui, madame, répondit son officier de liaison avec les forces planétaires, le nouveau protocole a été accepté, et si le conflit devient ouvert, tous les armements ASAT seront sous le contrôle direct du SGC. Plusieurs batteries sont en cours de repositionnement près des zones urbaines d’Amérique du Nord, d’Europe et d’Asie, là où la couverture navale est insuffisante. -Très bien… Assurez-vous que les prochains exercices prennent ça en compte.
L’ancienne membre de SG-1 se retourna à nouveau, posant son regard sur la petite icône bleue représentant le groupe du Concordia, autour de laquelle flottaient plusieurs points orangés, indiquant les positions présumés des vaisseaux jaffas qu’ils essayait d’éviter. -Transmettez au Concordia ses nouveaux ordres. Si ses poursuivants engagent le combat, il devra se retirer aussitôt que possible et revenir vers la Terre à vitesse maximale, mais il devra séparer deux de ses croiseurs vers le point de rendez-vous Écho, pour y attendre le groupe de Padorine, qui en prendra les commandes.
Elle n’entendit qu’à peine les acquiescements de ses subordonnés, le regard plongé dans la représentation de la galaxie naine. Ne vous faites pas retrouver, amiral. S’ils vous tirent dessus, je devrai riposter, se dit-elle avant de tourner la tête vers une porte dérobée, gardée par un peloton de Marines, les seules personnes armées à part elle dans la pièce. Derrière l’épaisse cloison bardée de rayures noires et jaunes se trouvait le système de commande qu’elle avait en partie conçue, et qui la réveillait encore certaines nuits. Le système qu’avait rendu nécessaire l’arme de Dakara et l’accord tacite de SG-1 sur les évènements de Vorash. Une arme de destruction massive avait été passée sous silence pour se voir remplacer par une autre.
Le pupitre relié aux systèmes Horizon.
Une centaine de vaisseaux autonomes dispersés dans la Voie Lactée, dotés d’un occulteur, d’un hyperpropulseur à usage unique et de plusieurs dizaines d’engins au naquadriah, tous contrôlés depuis cette petite pièce. Elle avait l’un des codes, le commandement politique avait l’autre, et quelques centres distants pourraient prendre le relais si la Terre venait à tomber brusquement. Une reproduction aussi littérale que possible de la politique de la Guerre Froide, qui avait réussi à tenir les deux Blocs dans un respect mutuel de l’annihilation totale.
Mais les Jaffas n’étaient pas les Soviétiques. Elle comprenait, dans une certaine mesure, leur façon de penser, s’étant battue avec et contre eux des années durant.
Et, à chaque fois qu’elle y réfléchissait, le sommeil se voyait remplacé par une terreur muette.
Shanti observa le pilote les rejoindre dans la salle de briefing, décomposant son attitude, son visage, ses émotions, pour y retrouver les contrecoups de l’expérience que lui avait fait subir l’I.A.
Une expérience par trop similaire à celle qu’elle-même avait connue dans les dernières semaines, à ceci près que Campbell n’avait pas de sang sur les mains. Pas encore, se corrigea-t-elle. Pendant les quelques heures qui avaient suivi son réveil, elle n’avait pu rester reposée, son esprit submergé par une connexion empathique qu’elle ne voulait pas couper. La jeune femme savait parfaitement que son coéquipier devait, d’une manière ou d’une autre, extérioriser ses nouveaux souvenirs, comme elle-même avait dû, plus tôt, résister à la tentation de se renfermer.
Lentement, le flux d’émotions s’était calmé. Si elle savait qu’il faudrait du temps pour cicatriser, que le pilote n’était pas remis, elle avait au moins pu être rassurée par la stabilité apparente qu’il commençait à afficher. Stressé, mais d’une façon à laquelle il pouvait s’habituer. Et éventuellement accepter.
D’une certaine manière, la nouvelle situation l’avait aidée, la forçant à maitriser ses propres émotions afin d’éviter au pilote un fardeau inutile. Instinctivement, Shanti avait retrouvé le chemin de la baie d’observation, s’y installant afin de retrouver ce sentiment de calme qu’elle avait cherché lors de sa convalescence.
Et dans lequel elle avait failli se perdre.
Mais, à présent, le pilote était de retour, affirmant par sa présence une amélioration suffisante de son état pour être à nouveau opérationnel dans ce qui avait autrefois été nommé SG-22. La voix de leur hôtesse, semi-geôlière, semi-complice, s’éleva alors depuis les murs : -Heureuse de vous revoir parmi nous, lieutenant Campbell. -C’est ça. murmura-t-il. Qu’on en finisse… -Très bien, répondit l’I.A., alors que s’affichait une projection tridimensionnelle de la région et des étoiles voisines. Le principe de l’opération demeure le même, et la première étape va commencer dès la fin de ce briefing. Vous serez déployés dans les systèmes illuminés ici, là et là. Mes observations et prévisions stratégiques indiquent que vous y serez rejoints, au bout de six heures au maximum, par un à plusieurs vaisseaux d’interdiction. Vous engagerez alors une escarmouche aussi visible que possible, en vous efforçant cependant de ne pas causer de dégâts graves à vos cibles. Le nuage d’étoile laissa place à une représentation d’un système individuel, dans lequel une frégate similaire à celle qui les avait hébergés ces dernières semaines flottait de façon identique aux corps célestes naturels. Le trio vit alors apparaitre la silhouette du vaisseau qui avait détruit le Bellérophon sous leurs yeux. Aussitôt, la frégate se mit en mouvement, faisant face à sa cible avant de se figer. -Une fois leur attention tournée vers vous, vous vous dirigerez vers votre point de navigation, situé à quelques dizaines d’années-lumière du lieu de l’embuscade. Vous attendrez alors un délai d’au moins sept minutes, avant de vous réunir au second point de navigation. Là, vous y trouverez un nuage de comètes dans lequel vous vous rendrez avant de revenir en direction de cette flotte par le chemin enregistré dans vos ordinateurs. -Juste une question, intervint Shanti, ce n’est pas vous qui allez diriger les frégates par notre intermédiaire ? -Si, lieutenant, mais je tiens à rappeler à votre attention que nous ignorons à peu près tout des capacités de guerre électronique et de défense à longue portée des appareils que nous sommes sur le point d’attaquer. Votre rôle ici n’est pas qu’un simple relais de communication, mais bien celui de commandement et de contrôle dans le cas où je suis dans l’incapacité de diriger les vaisseaux engagés. Que ce soit à cause d’un brouillage des communications ou de dégâts physiques subis en représailles de nos actions. -Vous nous envoyez donc au casse-pipes sans la moindre info sérieuse, en conclut Campbell. -Une telle conclusion est réductrice et mal informée, lieutenant. Au vu de mes ressources, vous êtes actuellement, chacun de vous, plus précieux que les vaisseaux dans lesquels je vais vous déployer. -Tiens donc, répondit sarcastiquement Maltez. Je n’ai pas envie de voir ce qu’on aurait subi si on avait été encore plus précieux… -Dois-je souligner une fois de plus que je ne peux me baser sur la simple force brute pour neutraliser la menace posée par Hagalaz ? J’ai davantage besoin d’agents au bon endroit et au bon moment que de vaisseaux obsolètes et en infériorité numérique flagrante. Pour ce qui est de mes choix quant à votre préparation à vos rôles, nous en discuterons, comme convenu, à l’issue de cette opération, une fois en route vers notre véritable objectif. En attendant, mes priorités, et, avec un tant soit peu de bon sens, les vôtres, sont de gagner du temps face à l’avancée des forces adverses dans le Petit Nuage de Magellan. A ce titre, il y a eu, depuis le dernier briefing, un changement de situation, concernant principalement vos forces. -Pardon ? s’étonna Maltez. -Oui. Le groupe d’action déployé autour du Concordia est actuellement en train d’exécuter un nombre important de manœuvres dilatoires, apparemment en vue d’échapper à la poursuite de nombreux appareils Jaffa. -Quoi ?! lâcha Shanti. Qu’est-ce qui se passe ? -La situation politique entre la Terre et la Nation Jaffa s’est encore détériorée ces derniers jours, mais il n’y a eu, pour le moment, aucun affrontement de nature militaire. Vos vaisseaux cherchent, sagement, à éviter le contact avec la flotte Jaffa. Quoi qu’il en soit, cela signifie que les vaisseaux des deux camps sont actuellement plus éloignés que jamais de notre propre zone d’action, à part une poignée de vaisseaux Jaffas et Terriens procédant à des opérations de reconnaissance et d’action clandestine. Nous devrions ainsi avoir plus de liberté d’action durant les jours à venir, et, éventuellement, pouvoir exécuter la seconde phase de l’opération sans intervention de leur part. -Et si on croise quand même un vaisseau à nous ou aux Jaffas… dit le pilote. Quelque chose de particulier à prévoir ou à faire ? -Dans le cas, très improbable, où il m’est impossible de repérer suffisamment tôt l’arrivée d’un élément extérieur, essayez par défaut d’éviter le contact. Cela me fournira le temps de confirmer avec le docteur Stern les actions à entreprendre pour exploiter une telle opportunité. D’autres questions ? Devant les réponses négatives du trio, Atlantis reprit : -Excellent. Il est donc plus que temps de commencer l’opération, conclut-elle quelques instants avant qu’une série de flashs ne vienne faire disparaitre les anciens membres de SG-22.
Surprise par la téléportation, Shanti observa rapidement son nouvel environnement, tous ses sens à l’affut, avant de se décontracter en reconnaissant le poste de contrôle d’une frégate. -Tout le monde va bien ? lança-t-elle silencieusement à ses compagnons d’infortune. -… OK de mon côté, répondit de la même manière Campbell, dont elle sentait le pic de stress s’évanouir dans le malaise continu qui le caractérisait depuis la dernière intervention d’Atlantis. Je ne sais pas où vous êtes, mais ça ressemble au pont de commandement de notre dernier engin, ici. -Pareil ici, confirma Maltez sur le canal général. La jeune femme fit quelques pas en avant, cherchant d’éventuels détails supplémentaires sur la petite pièce, avant de s’immobiliser, près d’un fauteuil. -La même chose… elle ne perd pas de temps, on dirait. A votre avis, combien de temps avant qu’on parte ? -Sept minutes et douze secondes, lieutenant Bhosle, répondit Atlantis par des haut-parleurs cachés. Le temps nécessaire pour achever la reconfiguration complète des systèmes de commande afin de les rendre compatible avec votre structure neurale. -Ouais, intervint à nouveau le pilote. Bonne nouvelle, elle aura eu au moins un problème avec tout ce merdier. -Heureux de voir que vous savez encore apprécier les petits plaisirs de la vie, lieutenant, répondit Maltez, dont les émotions trahissaient l’amusement. -On fait avec ce qu’on a… -Il faut bien, Tom, reconnut leur supérieur. Il faut bien… Bon, j’ai un truc ou deux à voir avec Atlantis. On se revoit au point de rendez-vous, OK ? -Bien compris, acquiesça Shanti, en même temps que le pilote. -Alors, dit celui-ci. On est partis pour une nouvelle mission pourrie, hein ? -On commence à s’y habituer, réplica-t-elle. -Difficilement… difficilement. -… -A ton avis, qu’est-ce qu’on fera, une fois tout ce truc fini ? -Avec Hagalaz ? -Oui. -Je ne sais pas, admit-elle. Je ne me fais pas d’illusions. On ne rentrera pas. En tout cas, pas sous nos propres noms. -… Je sais. Enfin, même, si on pouvait, je ne sais pas… -Revenir sur la terre ferme ? proposa-t-elle. -Oui, quelque chose comme ça. Enfin… faut pas se faire trop d’illusions. Elle n’a pas sorti tous ces vaisseaux et autant de moyens pour nous laisser filer au bout d’un mois ou deux. -Peut-être… C’est pas comme si on arrivait à prévoir ce qu’elle compte faire, si ? -J’essaierai de voir ça de mon côté. Lui dire que c’est pour “le moral des troupes“, ou un truc de ce genre. Si on doit lui servir de soldats, autant essayer de décrocher une perm’. -Ca vaut le coup, reconnut Shanti. Et puis, elle ne peut pas être pire que les gars de l’administration au SGC. -Ouais... je vais voir ça… -D’accord, Tom. Tu me tiens au courant de tes négociations ? Qui sait, si elle a une fibre sentimentale, tu devrais pouvoir la trouver ! -On fait comme ça, alors, conclut-il. Bonne chance. -A toi aussi, Tom… Évite de prendre trop de risques, compris ? Elle ressentit le rire douloureux du pilote. -Ne t’en fais pas pour ça, Shanti. J’en ai déjà eu pour toute une vie… dit-il, avant de mettre fin à la communication.
La jeune femme s’assit dans le fauteuil, qui s’adapta en quelques instants à son nouvel occupant. D’un œil distrait, elle regarda les différentes parties du poste de commande s’allumer, alors que les écrans et les projecteurs holographiques subissaient plusieurs batteries de tests. Après s’être étiré les bras et la nuque, elle soupira.
Oui. Toute une vie… pensa-t-elle alors que ses sens, qui englobaient à présent une partie des senseurs du vaisseau, enregistraient l’imperceptible vibration du propulseur hyperspatial en train de se charger. |
| | | Vyslanté Conquérant Itinérant
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| Sujet: Re: Effet Papillon [Tome II] Jeu 30 Déc 2010 - 12:50 | |
| Ah ! Je vais enfin pouvoir faire ce pour quoi je m'étais inscrit ici : commenter cette fic !
Bon, alors, par où commencer... (surtout qu'avec 21 chapitres de retard, ça va pas être facile)
Je vais déjà faire dans le général :EP est, la meilleure fic que j'ai pu lire dans l'univers SG (mais celle de Skay est pas mal non plus) . J'aime beaucoup la façon dont tu a fait évoluer l'univers sans l'apparition des Oris, toutes ces intrigues qui s’entremêlent, qui se recoupent et qui nous surprennent à chaque fois.
De plus, j'aime beaucoup ta manière d'écrire, c'est fluide, agréable, et facile à lire (je pense que c'est dû -en partie- à la longueur de te phrases : pas trop courtes -j'ai horreur des récit avec des phrases d'une demi-ligne, et des points tous les deux mots, ça casse le rythme-; mais pas trop longues -oui, faut pas faire dans l'excès et se prendre pour Proust non plus-). On se laisse vraiment envoûter par l'histoire, et, à la fin de chaque chapitre, on n'a qu'une seule idée en tête : "La suite !".
Voilà pour le général, je pense qu'il est tant de commenter ce chapitre !
C'est du classique : la galaxie qui tourne au grand n'importe quoi (oui, j'ai pas pu m’empêcher de rire tout seul comme un débile devant mon PC quand j'ai appris qu'Indiana Jones était à l'affiche à 10000 années lumières de la Terre); le foutoire politique qui règne (et une nouvelle guerre froide, une ! Sérieusement, c'est vrai que c'est bien trouvé, l'utilisation d'Horizon à grande échelle pour contrer l'arme de Dakara); et Atlantis qui continue à magouiller...
Bref, comme à chaque chapitre je conclurai par une réaction shep12esque au possible : "La suiiiteuh !"
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| | | Rufus Shinra Roi des Petits Gris
Nombre de messages : 2455 Age : 36 Localisation : Là où s'est déroulée la dernière catastrophe en date ~ Compagnon senior de la Confrérie
| Sujet: Re: Effet Papillon [Tome II] Jeu 30 Déc 2010 - 14:28 | |
| Merchi ! Content de voir que la fic plaise, parce que, ces derniers temps, j'avais l'impression que les derniers fans de SG s'apparentaient plus à des shep12 qu'à autre chose. Pour ce qui est de la longueur des phrases, comme indiqué dans nos MP, elle est quand même l'une de mes faiblesses, parce que j'ai tendance à faire long, très long, comme pourront en témoigner Skay et Ketheriel. Enfin, déjà, grâce à eux, les pires passages peuvent être repérés et traités (oui, je sais, si une phrase ne peut pas être lue en apnée sans huit ans d'entrainement et un état de méditation Jedi avancé, il y a un problème, mais c'est dur !).
Pour ce qui est de la tronche que prend la Voie Lactée, c'est de toute façon ce à quoi on tendait au début de la saison 9 : un Farscape assez taré sans superpuissances claires, dans lequel tous les coups sont permis. Au niveau de Horizon, c'était pour moi la seule chose qui pouvait se placer dans la même catégorie que l'arme de Dakara, Vorash exceptée. Mais, vu qu'il n'y a que quatre individus sachant exactement ce qui s'est passé là-bas (SG-1 et personne d'autre, tous les autres sont morts depuis), l'idée a été passée sous silence. Elle est particulièrement simple à mettre en œuvre, donc les quatre gugusses ont préféré éviter de l'ébruiter, que ce soit pour leur camp ou un autre. |
| | | Mat Le Pharaon
Nombre de messages : 5127 Age : 34 Localisation : Amiens
| Sujet: Re: Effet Papillon [Tome II] Jeu 30 Déc 2010 - 14:40 | |
| - Citation :
- Vorash exceptée. Mais, vu qu'il n'y a que quatre individus sachant exactement ce qui s'est passé là-bas (SG-1 et personne d'autre, tous les autres sont morts depuis), l'idée a été passée sous silence. Elle est particulièrement simple à mettre en œuvre, donc les quatre gugusses ont préféré éviter de l'ébruiter, que ce soit pour leur camp ou un autre.
Et le virus bio-informatique qui a supprimé toute référence, ne serait-ce que théorique, à la manipulation, dans le réseau informatique Tok'ra et dans le cerveau de tous leurs politiciens et savants de haut niveau (ils sont généralement les deux) qui ont participé à la mise sur pied du projet ou en ont entendu parler après coup, d'où vient-il? De même, logiquement, est-ce que SG-1 ne devrait pas avoir communiqué au SGC le plan AVANT son exécution, avant de pouvoir réaliser mentalement ses implications? - Citation :
- Content de voir que la fic plaise, parce que, ces derniers temps, j'avais l'impression que les derniers fans de SG s'apparentaient plus à des shep12 qu'à autre chose.
Mais c'est bel et bien à eux que la franchise s'adresse, désormais... Mallozzi a bien spécifié que les autres étaient des faux fans défaitistes qui doivent être bannis des forums. |
| | | Rufus Shinra Roi des Petits Gris
Nombre de messages : 2455 Age : 36 Localisation : Là où s'est déroulée la dernière catastrophe en date ~ Compagnon senior de la Confrérie
| Sujet: Re: Effet Papillon [Tome II] Jeu 30 Déc 2010 - 15:21 | |
| Si je ne m'abuse, les seules personnes présentes lors de la description du plan étaient SG-1 et Jacob/Selmak. Ce dernier est mort, et tous les témoins de l'opération autres que SG-1 le sont aussi. La sécurité opérationnelle peut justifier que les détails du plan n'aient pas été expliqués aux Tok'râ (je ne me souviens pas que ceux-ci aient été impliqués de façon spécifique dans la mise en place du plan, le Ha'tak étant Terrien, et Selmak pouvant suffire comme contact avec le commando).
Ensuite, pour le grand nombre de personnes ayant entendu parler de ce coup légendaire après son exécution, il n'ont pas forcément su exactement comment il s'est produit. Si SG-1 et Jacob se sont mis d'accord là-dessus, une fausse explication a pu être donnée, pour brouiller les pistes et éviter qu'une superarme presque aussi dévastatrice que les vortex de Farscape ne soit disponible pour toute la Voie Lactée. C'est une information beaucoup trop dangereuse. |
| | | Mat Le Pharaon
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| Sujet: Re: Effet Papillon [Tome II] Jeu 30 Déc 2010 - 16:10 | |
| - Citation :
- Si je ne m'abuse, les seules personnes présentes lors de la description du plan étaient SG-1 et Jacob/Selmak. Ce dernier est mort, et tous les témoins de l'opération autres que SG-1 le sont aussi.
Pas plus que pour Hammond, je n'imagine Selmack réserver une salle dans une base Tok'Ra pour discuter d'un plan impliquant les Tau'ris (d'autant plus vu la confiance aveugle qu'ils leur portent) et duquel les autres tenors Tok'ras ne pourraient connaître la nature... c'est plus que délicat. C'est que je n'y crois pas une seconde. Selmack pourrait travailler à devenir le nouveau System Lord que ce serait pareil. - Citation :
- pour brouiller les pistes et éviter qu'une superarme presque aussi dévastatrice que les vortex de Farscape ne soit disponible pour toute la Voie Lactée. C'est une information beaucoup trop dangereuse.
ça, je l'entend fort bien, c'est juste que pour tes Tau'ris comme pour tes Tok'ras, que l'on parle d'un niveau individuel ou de celui d'une base comme le SGC, et que l'on se penche sur la question de cacher l'anglais universel ou de censurer Vorash, j'admet que j'ai du mal à entrer dans ton "trucage" des militaires qui n'ont aucun mal, au niveau de la seule organisation, à cacher le Soleil dans le ciel à toute leur hierarchie et à un réseau de communications et d'organisation immense, complexe, auto-surveillé et ultra-sophistiqué. 'Fin bon, pour Vorash, c'est comme quand je te parlais de la situation intenable de ta Terre. N'importe quel concurrent sérieux de la Terre pourrait très facilement mettre la Terre entre parenthèses pour 10 ans sur la scène cosmique, en révélant la réalité de l'univers à l'opinion publique, ce n'est pas comme si quiconque le faisait.^^ |
| | | Rufus Shinra Roi des Petits Gris
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| Sujet: Re: Effet Papillon [Tome II] Dim 23 Jan 2011 - 13:35 | |
| Encore désolé du retard pour ce chapitre, qui a été un peu plus long que prévu, en raison de deux blizzards, le retour en France et ma propre tendance à procrastiner.....
Chapitre 23 :
Le vol avait été bref, alors que la frégate autour qu’elle se dirigeait vers un point déterminé par Atlantis. La jeune femme qui était assise au cœur du vaisseau, dans la salle de contrôle, avait été surprise par l’afflux d’émotions en provenance du navire. Après quelques minutes, cependant, il lui avait été plus facile d’isoler les nouvelles informations de celles venant de son corps véritable.
Si autour d’elle se trouvait le couloir hyperspatial, elle était néanmoins à l’intérieur de la pièce circulaire, qui affichait presqu’inutilement les diverses données qui lui étaient transmises au travers de son lien empathique. Ouvrant finalement les yeux, elle vit dans les hologrammes qui circulaient et alternaient, parcourus de myriades de séquences et de schémas, une simplification abusive d’une réalité complexe, vulgarisation destinée à d’éventuels spectateurs désireux de se faire une idée de la situation extérieure. Intellectuellement, elle savait que les écrans étaient conçus pour afficher leurs informations en un amas de données superposées infiniment plus complexes que ce que lui montrait le poste de commande. Contrairement à elle et ses capacités d’analyse pourtant améliorées et accélérées, l’équipage pour lequel le vaisseau était conçu n’aurait eu aucun effort à faire pour observer, trier et analyser l’ensemble des affichages. Seule une volonté de courtoisie à l’égard d’éventuels visiteurs non-Anciens à bord avait justifié la conception d’écrans séparés et ne comprenant que trois à quatre filtres.
Mais les informations qui lui étaient transmises, après filtrage, analyse et mise en contexte par Atlantis, étaient autrement plus complètes. Ainsi, lorsque son navire put surgir dans l’espace conventionnel, Shanti fit, en quelques instants, connaissance d’un système stellaire anonyme. Des observations fournies par les senseurs furent établies des extrapolations logiques, tant sur le passé que le futur du cortège d’astres qui parcouraient sans relâche l’éther. La position relative des corps présents fut prévue sur des échelles se comptant en millénaires, tandis que les états passés lui apparaissaient comme autant de livres ouverts. Dans ceux-ci se trouvaient des incohérences, anomalies inexplicables par les simples données présentes, témoignages du passage de vaisseaux et d’individus étrangers à ce lieu. Lentement, en quelques microsecondes, les explications hypothétiques furent établies, comparées, classées, éliminées, sélectionnées, jusqu’à ce que les divers scenarii plausibles de l’histoire du système puissent être tracés.
La jeune femme, placée au cœur du système, à qui échouerait le commandement dans le cas où la situation rendait impossible le contact avec Atlantis, prit inconsciemment connaissance de cette quantité pour ainsi dire astronomique de données. Accessibles, mais non intrusives, les informations flottaient, à peine éloignées d’une pensée de son esprit, venant s’imposer telles des évidences si le besoin s’en faisait sentir mais restant à l’écart de ses réflexions.
Elle se voyait filer silencieusement dans le vide interplanétaire, ne prêtant qu’une attention limitée aux corps inertes qui flottaient à quelques unités astronomique du vaisseau allongé. En moins de temps qu’elle n’en avait passé dans l’hyperespace, elle se rendit à la position prévue et changea sa trajectoire en une fraction de seconde, se fixant sur une orbite elliptique autour de l’étoile voisine. La jeune femme reprit alors conscience de son état propre, de sa position, et ouvrit à nouveau les yeux, avant de se lever du confortable fauteuil. Toujours connectée à la frégate, elle fit quelques pas au hasard dans la pièce, respirant lentement alors qu’elle s’efforçait de se retrouver elle-même, parmi les nouvelles sensations.
La réunion s’était achevée sans incident, les conclusions de chaque équipe étant partagées avec le reste des spécialistes, dans un ballet de savoirs neufs et anciens qu’Atropos préférait observer de loin. Son rôle, sans lui déplaire, n’était pas de participer à cet échange, mais de le coordonner, avec le reste des activités auxquelles participaient ceux et celles qui, techniquement, étaient ses subalternes. Paisiblement, elle observait l’évolution des réactions, attendant l’instant sublime de l’accord. Celui où tous reconnaissaient la validité de la théorie, sa capacité à décrire et à prédire scientifiquement les faits observables, sans que plus aucun doute ne vienne s’opposer au Progrès. Cela, plus que toutes ses autres missions, était le véritable intérêt de son poste. Le moment qui, à chaque fois, justifiait tout, lui rappelant la noblesse d’une tâche qui jamais ne saurait se terminer.
De temps à autre, une voix isolée venait s’opposer à la mélodie du groupe, venant contester les pensées, les conclusions, les suppositions. Il arrivait à une telle voix d’avoir raison, plus souvent tort, mais, à chaque fois, le débat continuait. Sans attaques ad hominem ni argumentation fallacieuse, mais simplement à l’aide des outils que ses semblables avaient su façonner à partir de la Logique. Les échanges se poursuivaient avec la même intensité, le même intérêt, que le camp adverse soit de nombre égal ou bien constitué d’un individu isolé.
Elle ne pouvait qu’apprécier cette qualité présente au sein de sa civilisation : la capacité à discuter une question de manière absolue, puis d’accepter la conclusion sans rechigner jusqu’au jour où venaient d’éventuelles données contradictoires. Mais si la qualité était présente au niveau civilisationnel, elle ne l’était cependant pas au niveau individuel. Pas de façon globale, pour le moins.
Certaines, certains, cherchaient à remettre en cause les hypothèses acceptées, sans pour autant présenter des contradictions, des contre-exemples, des raisonnements aux résultats plus précis. Poussés par l’instinct ou refusant de se plier à la Science, à la Vérité, ceux-là causaient du tort aux artisans des différentes branches du Savoir, créant autant de fronts aussi inutiles que coûteux en ressources et en temps. Il était admis que les hypothèses non testées préalablement se voyaient traitées sur un pied d’égalité, du moment que leurs prévisions ne se voyaient pas remises en cause par l’expérience.
Un principe fondamental, qui n’était cependant pas à l’abri d’erreurs et de fautes, et qu’elle venait parfois à considérer comme une faiblesse potentielle. Elle savait quand rappeler les intervenants à l’ordre, souligner le manque de crédibilité des propositions les plus farfelues, gérer les priorités expérimentales pour optimiser l’usage de ses ressources. Mais d’autres non, et toute sa civilisation souffrait de tests dont chacun connaissait l’évidente conclusion, mais que nul ne remettait en cause pour respecter cette impartialité supposée.
Regagnant la passerelle de commandement, elle acheva sa synchronisation avec l’imposant navire, qui s’apprêtait à continuer son éternel voyage au milieu des étoiles.
Le système trouvait ses limites, alors qu’il était censé ne pas en connaître, et, tôt ou tard, ces mêmes règles fixées pour libérer la Science l’enfermeraient dans un carcan créé par ses propres serviteurs. Mais si ceux-ci se révélaient chaque jour plus nombreux à être incapable d’accepter les erreurs de leurs vues, elle serait vigilante. Sa mission n’était peut-être pas aussi noble que celle de son équipage, mais elle était tout aussi indispensable.
Surveiller et contrôler les flux d’idées, de concepts. Et éviter les complexifications abusives et gratuites qui tenaient des jeux de pouvoirs et de l’orgueil davantage que de l’intérêt professionnel.
La Science était avant tout la Vérité. Quelque chose sur lequel tout le monde se devait de s’accorder. Sans ça, quel sens avait-elle ?
Shanti fut tirée des souvenirs par une légère sensation qu’elle identifia aussitôt comme celle de l’alerte de proximité. Elle tourna la tête dans la direction où étaient traditionnellement affichées les cartes tactiques à bord de tels vaisseaux, et ne fut pas déçue en y voyant apparaitre une représentation schématique du petit système stellaire, qu’elle avait appris peu de temps auparavant à connaitre aussi précisément que sa ville natale ou les chambrées qui l’avaient accueillie au SGC. A quelque distance de l’étoile, et légèrement au-dessous de l’écliptique, l’icône d’un nouveau vaisseau s’afficha, adoptant une code de représentation similaire à celui en vigueur sur Terre.
Elle observa le petit carré jaune, qui semblait se mettre à accélérer vers l’intérieur du système, tandis que les capteurs passifs collectaient leurs informations. En quelques instants, la tâche fut accomplie, et l’icône se métamorphosa en un losange rouge écarlate, près duquel une liste d’informations apparut, fournissant un rappel de toutes les données nécessaires aux manœuvres qui allaient suivre.
-En avant, lente, propulsion furtive seulement, cap 0-2-6 par 3-1-5 s’entendit-elle dire à voix basse.
Pendant une fraction de seconde, le silence reprit le contrôle de la pièce, avant d’être interrompu par une seconde voix : -… A vos ordres, lieutenant Bhosle. -Qu’est-ce que… ? dit finalement cette dernière. -Je ne saurais en être sûre, répondit l’I.A., mais je ne vois pas pour le moment de problèmes dans les ordres que vous venez de me donner. Tant que ceux-ci restent dans les paramètres de réussite de la mission, il n’y a pas de raison de m’opposer à vous. Cependant, par mesure de sécurité, je ne peux vous laisser le contrôle direct du navire. Les risques d’être alors découverts deviendraient trop importants. -… D’accord ? fit-elle, hésitante. -Il est probable, lieutenant, que certains souvenirs aient commencé leur intégration profonde, et je dois avouer être curieuse quant aux effets à si court terme sur un esprit humain. -Atlantis ? -Oui ? -La ferme ? tenta-t-elle, lassée. -Négatif, lieutenant, il me faut maintenir un canal de communication ouvert en tous temps entre nous deux. -Vous n’avez pas besoin de me parler pour ça, si ? -Non, en effet. Mais je préfère, ce qui est en soi une raison suffisante, lieutenant. -J’aurai essayé, au moins, soupira Shanti avant de reporter son attention sur l’une des cartes holographiques. A nouveau, elle se tut, laissant le navire se gérer tout seul, obéissant à ses derniers ordres. Elle doit s’amuser, là où elle est, maintenant… Hein, Tsippora ? pensa-t-elle. Tu n’es pas la seule à être coincée dans une situation sans issue, avec un vaisseau aussi beau qu’inutile. Pas foncièrement inutile, se répondit-elle toute seule quelques instants plus tard. J’ai fait ce que je pouvais, quand je le devais, et ce que je devais, quand je le pouvais. Rien de plus, rien de moins. Et qu’est-ce que je peux… reprit-elle silencieusement avant de s’interrompre. Je suis en train de discuter toute seule, hein ? Peut-être, si tant est que toute seule a le moindre sens dans mon cas, désormais… Il y a quelques psys que je devrais revoir, quand ça sera fini, juste pour les faire pleurer, se dit-elle avec un petit sourire intérieur. -Passage en vol balistique d’ici dix secondes après le signal, tous systèmes externes éteints… murmura-t-elle d’une voix détachée. Top.
La jeune femme sentit le vaisseau, sa nouvelle extension, cesser d’accélérer tandis que les souvenirs de la militaire Ancienne en elle s’estompaient pour revenir dans le bruit de fond permanent de ses pensées. Elle suivait, par ses différents sens, la progression lente de son appareil par rapport à sa cible, qui avait choisi de l’ignorer, leurrée par les systèmes internes ayant camouflé la véritable nature du vaisseau Ancien.
Plutôt que de chercher à disparaitre entièrement face à un regard inconnu, la frégate avait pris, pour les observateurs éloignés, toutes les apparences d’un engin infiniment plus primitif, à peine capable d’être là où il se trouvait, dans un système isolé et dénué d’intérêt. Pour un éventuel observateur extérieur, cet endroit de l’espace n’aurait rien accueilli de plus qu’un assemblage inesthétique et maladroitement fonctionnel de grands compartiments à la surface saturée de tuyaux et panneaux d’accès, réussissant à peine à maintenir son équipage en vie. D’instinct, Shanti savait que cette ruse ne pourrait fonctionner que quelques minutes au mieux, le temps que les images de son arrivée dans le système ne parviennent aux yeux du vaisseau.
Quelques minutes parcourues à la lente vitesse de la lumière avant que la vérité ne puisse faire autrement qu’éclater, révélant la véritable nature de l’intrus, et provoquant à coup sûr une attaque préventive.
Suffisamment de temps pour prendre l’initiative.
D’une pensée, elle activa les systèmes d’alimentation les plus basiques de l’armement principal, prenant soin de ne pas envoyer un quelconque signal pouvant être détecté par des senseurs à capacité supraluminique. Elle s’approchait sur une trajectoire aussi peu menaçante que possible, qui présentait toutefois l’insigne avantage de la mettre à portée de tir efficace avant que son identité ne puisse être déterminée avec précision.
Silencieusement, les rapports lui parvinrent, confirmant le bon déroulement des préparatifs, et elle sentit son cœur battre légèrement plus vite. Prenant quelques secondes pour respirer profondément, elle tenta de faire le vide dans sa tête. Effort qui était condamné d’avance par la multitude d’informations envoyées en permanence par les systèmes du vaisseau, qui, malgré les filtres d’Atlantis, menaçaient de la submerger.
Tout va bien, Shanti, se dit-elle sans force. Elle a un Plan particulièrement compliqué, mais qui va marcher, et on va rentrer. On va rentrer…
Dirigée par son nouvel instinct, elle vérifia le temps restant avant l’arrivée sur le vaisseau adverse de la lumière émise par sa propre sortie d’hyperespace. Le compte à rebours s’écoulait rapidement, et elle entendit la voix féminine de l’I.A. lui murmurer à l’esprit : En théorie, nous devrions déjà avoir ouvert le feu. Sachez que, dans le pire des cas, je reprendrai les contrôles de tir suffisamment tôt pour éviter tout risque de contre-attaque ennemie. A quoi ça correspond, “suffisamment tôt“ ? s’entendit-elle demander. J’ose penser que vous le savez. Tout du moins, Tsippora l’aurait su, répondit Atlantis. Elle est… était, elle. Je suis moi. Contentez-vous en, répliqua Shanti. Bien sûr, lieutenant. Je ne niais pas votre identité, mais ses souvenirs sont présents, désormais, alors essayez d’en faire bon usage autant que possible, conclut la voix.
Expirant lentement, elle porta son regard sur l’affichage holographique représentant le vaisseau, identique à celui qui avait détruit le Bellérophon et l’avait emmené dans cette histoire improbable. Un schéma vint se superposer, indiquant les différentes sections du navire, avec leurs fonctions probables. La jeune femme ne se posa pas plus de questions que nécessaire sur l’origine de tels renseignements, et demanda un vecteur de tir traversant les systèmes de communication et de propulsions principaux, ignorant délibérément ce qui pouvait s’apparenter au matériel de support vital.
L’instant d’après, la solution de tir lui fut fournie, prenant en compte les nombreux maelströms gravitationnels qui avaient, une éternité plus tôt, fait paniquer tous les senseurs d’un Jumper occupé par quatre faibles humains.
Se figeant dans sa position, elle se sentit revenir à bord de la frégate dirigée par la militaire qui avait partagé ses souvenirs.
Les Wraiths avaient fait resurgir une émotion que n’avait plus connue son espèce depuis bien trop longtemps : l’incertitude. Elle devait décider si la présence de ce navire était une erreur tactique ou bien un appât pour un plan qui mènerait inévitablement à la perte de son vaisseau, bien plus précieux que l’appât en question. Et si, le cas échéant, le plan en question misait sur une attaque ou sur son inaction. Ou sur son départ immédiat avec ou sans attaque.
Elle prit finalement sa décision, et agit.
“Feu“, souffla-t-elle sans hésitation apparente, déclenchant une chaine d’évènements qu’elle avait d’immenses difficultés à anticiper. Elle avait décidé de pénétrer, avec toute sa frégate, dans l’inconnu. Avec une seule certitude. Sa cible ne serait bientôt plus.
Les générateurs du canon principal s’activèrent brusquement, avec un timing parfait, crachant brusquement leur flot de particules à l’intérieur d’une bulle presqu’isolée du reste de l’univers, raccordée par des liens ténus, demandant eux-mêmes une énergie colossale.
Son vaisseau était devenu, pour qui savait voir, un phare illuminant tout le système stellaire, et la réaction n’allait pas tarder, elle le savait. Mais elle savait aussi qu’il serait alors trop tard, tandis que les millisecondes s’écoulaient, les unes après les autres, marquant la fin de l’armement du canon.
Au sein de celui-ci, autour duquel était construite la frégate, la bulle achevait de se remplir, poussant les dispositifs de contrôle aux limites de ce qu’avaient anticipé leurs concepteurs des éons auparavant. Lorsque vint le moment optimal, une impulsion de gravité se propagea dans l’impossible nuage qui occupait désormais presque tout l’univers qui lui était alloué. Ce dernier se comporta alors comme une cuve de résonnance, dans lequel se forma un faisceau à chaque rebond plus pur, jusqu’à ce que, au bout de quelques millions de cycles, la milliseconde suivante, la bulle ne se perce. La singularité qui s’était formée dans la bulle torturée par la concentration d’énergie s’était manifestée comme une simple fente dans l’univers de poche créé un instant plus tôt.
Une ouverture qui servit de point de départ à un flux de particules pour qui la vitesse de la lumière n’était qu’une hypothèse fort intéressante mais tout à fait discutable.
Laissant derrière lui une cicatrice dans l’espace-temps, le faisceau parcourut en moins d’une microseconde la minute-lumière qui le séparait de sa cible, chaque atome présent sur son chemin subissant une série de phénomènes communément considérés comme absurdes par la communauté des physiciens n’ayant pas conçu l’arme.
La raison-même de sa conception, puisque la cible se retrouva au cœur des dites-absurdités.
Le trait, large de quelques microns, traversa brièvement les champs de gravité, puis la coque elle-même. L’instant d’après, il ressortit, continuant son court chemin au cours de la très brève vie de telles particules dans un univers ne pouvant tolérer leur existence.
Autour du point de passage, les atomes se mirent à se fragmenter, à se transformer en leur équivalent en antimatière, à être propulsés à des vitesses relativistes, ou, rarement, à conserver leur état initial. Leur folie fut contagieuse, et, en quelques microsecondes, les zones touchées se transformèrent en un tube de plasma de quelques mètres de diamètre qui acheva de ravager les compartiments voisins, alors que les systèmes de sécurité, activés lors de l’activation du canon, s’échinaient à produire des champs de force de nature à conduire le flux de plasma vers les brèches.
A un peu moins de vingt millions de kilomètres de là, Shanti reçut confirmation de l’impact, et l’ordre de retraite suivit aussitôt. La jeune femme ne chercha pas à découvrir l’état des dégâts sur sa cible, sachant parfaitement ce qui arriverait si elle restait trop longtemps sur place après avoir attaqué un de ces vaisseaux.
Les systèmes défensifs de son nouveau navire étaient peut-être à même de l’empêcher de subir le même sort que le croiseur détruit quelques semaines plus tôt, mais elle ne tenait pas à faire l’expérience de sitôt. Qui plus est, l’I.A. mégalomane et omnipotente qui l’hébergeait semblait vouloir être prudente face à ces adversaires.
Elle lâcha donc un soupir de soulagement lorsque la frégate entra dans la fenêtre hyperspatiale qui la mènerait vers l’un des systèmes préparés par Atlantis.
Anna déglutit un instant en s’approchant du couloir menant au bureau du docteur Jackson. Les rencontres avec celui qui était une légende vivante, tant pour ses faits d’armes que ses percées académiques, étaient devenues de plus en plus dérangeantes pour elle. L’une des principales raisons était probablement sa collusion - forcée - avec l’I.A. qui contrôlait toute la Cité, et dont elle ne pouvait parler avec personne, au risque de vérifier l’éventuel bluff d’Atlantis. Qui lui semblait tout ce qu’il y avait de plus crédible.
La seconde raison, intimement liée à la première, est qu’elle commençait à ne plus véritablement savoir ce qu’elle voulait, que ce soit trouver une manière de prévenir les autorités, de neutraliser l’I.A., d’aider celle-ci, ou juste de survivre aux évènements qui se déroulaient à proximité d’elle. En revanche, une chose lui apparaissait comme douloureusement claire : elle ne pouvait pratiquement rien faire.
Ses faits et gestes étaient épiés automatiquement et sans répit par Atlantis, tandis que son utilité pour celle-ci lui apparaissait, au mieux, comme douteuse. La scientifique avait quelques difficultés à imaginer en quoi la Cité pouvait avoir besoin d’elle pour confectionner ses plans ou bien prévoir les réactions des différentes forces en présence à ceux-ci. Même pour ce qui concernait la simple présence qu’elle lui demandait, en vue d’améliorer l’état psychologique de ses “agents“, Anna doutait de sa nécessité.
Elle se doutait qu’il était entièrement possible de simuler sa présence et sa personnalité de manière crédible, tandis qu’il ne lui était plus permis de douter sur l’efficacité de l’I.A. lorsque venait le temps des jeux psychologiques. Sa propre présence était donc inutile, selon tous les critères qui lui venaient à l’esprit.
Mais, se dit-elle en s’approchant du bureau de Jackson, après une énième vérification de son identité par les gardes en faction, je suis là, et demandée par Atlantis. Elle doit forcément avoir une raison pour ça.
La porte s’ouvrit devant elle, probablement activée par Atlantis, et elle vit l’archéologue se lever pour l’accueillir. Il apparaissait troublé, et elle n’eut aucune difficulté à se rendre compte qu’elle était loin d’être la seule à connaître la joie toute relative des incertitudes qui définissaient toute la situation avec l’I.A. Mais rapidement, ce trop léger soulagement se vit balayé par le regard perçant du docteur Jackson, qui la jaugea alors qu’elle avançait d’un pas hésitant vers le bureau.
Acquiesçant au geste du docteur l’invitant à s’asseoir, elle posa sa petite tablette devant elle et amena l’une des chaises pour s’y installer, face à son supérieur hiérarchique.
-Quelles sont les nouvelles ? demanda-t-il d’un air faussement détaché, qui ne trompa pas Anna une seule seconde. -J’ai pu accéder à une série de rapports d’observations sur… commença-t-elle avant de s’interrompre en voyant Jackson faire “non“ de la tête. -Je ne parle pas de ça, docteur Stern. Il soupira, et ôta ses lunettes pour les nettoyer, tout en continuant : -Atlantis, dit-il simplement. Qu’en est-il d’elle ? -Comment ça ? -Ne vous méprenez pas, docteur. Je suis tout aussi intéressé que vous, sinon plus, par le contenu des archives qui vous sont proposées. Mais j’ai accepté que je découvrirai leur contenu en temps et heure. Pour le moment, nous avons, vous devez vous en douter, une certaine situation sur les bras. Et, soyons honnêtes, vous n’êtes pas en train de faire un travail de recherche. Elle se redressa nerveusement sur sa chaise alors qu’il remettait ses lunettes en place, pour diriger à nouveau ses yeux dans sa direction. Que… Il sait ? -Je me rends bien compte de votre situation, dit-il avant qu’elle ne put répondre. Peut-être mieux que vous ne l’imaginez. Elle vous mâche tout le travail, choisissant quels documents seront disponibles, vous laissant juste rédiger les rapports. Et vous savez que si elle le désirait, elle aurait pu faire elle-même de telles notes de synthèse. J’ai raison ? -… oui, avoua-t-elle, en s’efforçant de ne penser à rien d’autre qu’à sa situation académique. -Et c’est frustrant, conclut-il. Je sais. Mais nécessaire. -Je m’en doute, reconnut-elle. J’ai l’impression de retourner en première année de fac. Mais avec une prof… -Effectivement. A moins que je ne me trompe grossièrement, vous allez devenir une de nos expertes, et, probablement, la personne qui en saura le plus de tout le Programme sur les Ori et les espèces créées et protégées par les Anciens. Et ces connaissances risquent d’être utiles très rapidement. Plus tôt que vous ne l’imaginez, docteur, pensa-t-elle avant de répondre : -Je m’en doute, mais… il n’y a pas que ça, n’est-ce pas ? -Oui, il reste Atlantis, une inconnue complète. Et nous avons aussi besoin de vous à ce niveau. Il se repositionna sur son siège, croisant les bras. -Je ne sais pas ce qu’elle veut, continua-t-il. Et, franchement, il y a pas mal de personnes qui commencent à paniquer en haut lieu à ce sujet. Et je les comprends. Après tout, elle a toutes les cartes en main, et n’hésite pas à nous le montrer. Devant le silence d’Anna, l’archéologue reprit : -Et parmi ces chers individus que je ne nommerai pas, une bonne partie d’entre eux me vouent une haine assez tenace. Savez-vous pourquoi, docteur Stern ? -Pas exactement, répondit-elle prudemment. -Parce que j’ai tendance à accepter quand je n’ai plus le contrôle sur ce qui se passe. Vous savez, ils m’en veulent toujours pour l’incident avec les réfugiés Tollan. Et, pour être honnête, je crois qu’ils ne me pardonneront jamais pour ce que je vais faire. -Qu’allez-vous faire ? demanda-t-elle, invitée par son bref silence. -La chose la plus logique dans la situation actuelle. Atlantis, soyons clair, n’a apparemment pas besoin de nous, et peut nous neutraliser. Mais, elle ne l’a pas fait. Qui plus est, elle a, fort diplomatiquement, accepté d’avoir un agent de liaison humain. Vous. Alors l’équivalent Ancien des trois lois s’applique peut-être pour nous. Mais l’explication la plus probable à ce comportement est qu’elle a son propre agenda. J’en aurais probablement un si je me réveillais après quelques millénaires dans un foutoir pareil, mes créateurs disparus et leurs créations sur le point de mettre quelques galaxies à feu et à sang. Et, d’une façon ou d’une autre, vous êtes mêlée à son plan. -Je… commença-t-elle avant d’être interrompue. -Laissez-moi finir, dit-il, avant de laisser le silence de la femme en face de lui répondre pour elle. Elle a son plan. Je ne sais pas ce qu’il est, ce qu’elle vise, ou comment elle compte l’obtenir. Mais tout indique qu’elle ne compte pas nous détruire, puisque nous parlons en ce moment-même. Est-ce que je me trompe ? Et, ne me mentez pas, s’il vous plait. Anna ne répondit pas, occupée à se demander comment tout avait pu échapper à sa si faible maitrise de la situation. Jackson soupira. -C’est une réponse qui en vaut une autre… Très bien. Voilà mon problème : j’ai une I.A. quasi-omnipotente qui contrôle au minimum l’endroit où je vis et je travaille, qui coopère avec l’une de mes subordonnées, et mes patrons sont sur le point de paniquer et de faire quelque chose que nous allons tous regretter. Je ne peux rien faire pour stopper l’I.A., comme elle me l’a si gentiment montré, mais ceux en-haut, comme à chaque fois qu’ils font face à quelque chose de très puissant, ne voudront rien entendre. Jack et Sam m’écouteraient probablement, mais ils sont tous seuls. Ce qu’il faut donc faire, avant tout, c’est rassurer le patron. Vous voyez où je veux en venir ? -Pas complètement, avoua-t-elle. -Pourtant, c’est là où vous rentrez en jeu, Anna. Atlantis nous a observés avant de se révéler, et c’est à mon avis pour ça qu’elle s’est arrangée pour vous demander spécifiquement, en présence des plus hauts gradés. Pour les rassurer. Leur donner l’impression qu’il y a toujours un élément humain, une sonnette d’alarme. Donc, elle cherche à s’accommoder de notre présence, à donner une chance au système de ne pas réagir de sa manière préférée face à une menace inconnue. -Qu’est-ce que je dois faire, dans ce cas, monsieur ? -Appelez-moi Daniel, ou docteur Jackson, je vous l’ai déjà dit. Et, pour ce qui est à faire à ce niveau, ce n’est pas votre problème. -Pardon ?! -Ce n’est sûrement pas un hasard si c’est quelqu’un de mon service qui a été mis dans votre position. Elle doit s’attendre à ce que je m’occupe de rassurer les patrons, en indiquant que vos rapports, tant officiels qu’officieux, n’ont rien d’inquiétant. Qu’elle est prête à coopérer avec nous, tout ça. Après tout, c’est ma personnalité, si on en croit mon dossier. L’avocat du diable, le civil qui se mêle de ce qui ne le regarde pas, et autres noms moins polis. Anna n’en croyait pas ses oreilles, son système de valeurs venant d’être retourné et détruit sous ses yeux, par l’homme qu’elle respectait le plus de cette galaxie. Il veut directement mentir à ses supérieurs ? Couvrir Atlantis, alors qu’il ne sait même pas… ? Ca n’a aucun sens ?! pensa-t-elle. -Je ne vais pas mentir à qui que ce soit, docteur. Juste confirmer en des termes explicites et rassurants qu’Atlantis ne prépare rien contre nous ou nos intérêts. J’espère juste que c’est effectivement le cas, parce que, dans le cas contraire, j’aurai joué avec le feu une fois de trop… Est-ce le cas ? -… Non… Je ne crois pas. -Je l’espère. J’aurais été assez déçu si vous aviez accepté de trahir l’Humanité au profit d’une I.A. psychotique et mégalomane, répondit-il, avant de reprendre, à plus haute voix, le regard pointé au plafond. Rien de personnel, hein, juste un cliché. -Pourtant, si je travaillais avec Atlantis sur autre chose que ce qui m’a été demandé, ne serait-ce pas… -Un effort diplomatique, la coupa Jackson. Nous avons un allié potentiel extrêmement puissant, et il serait peu… avisé, de lui manquer de respect, surtout quand ses intérêts ne s’opposent pas aux nôtres. Ce que je vous demanderai alors, c’est que ça reste le cas. -Comment ça ? -Atlantis n’a pas jugé correct de m’impliquer directement dans ses plans, et je me vois difficilement la forcer à faire quoi que ce soit, donc je vais devoir mettre ma curiosité de côté. Pour le moment. Par contre, vous, vous êtes déjà directement impliquée. Pas besoin de nier, votre visage dit tout. D’ailleurs, un petit conseil, il vous faudra apprendre à mieux cacher vos émotions, ça peut servir. Pas à grand-chose face à vous, s’abstint-elle de répondre. -Vous voulez dire que vous voulez que je fasse en sorte qu’il n’y ait pas de problèmes… du côté d’Atlantis ? -Exactement. Vous connaissez à peu près notre propre situation, et, pour une raison ou une autre, Atlantis pense avoir besoin de vous. Oui, parce que s’il lui fallait juste un ambassadeur, il y aurait eu des solutions plus simples. Si elle prend la peine de faire tout ça, ce n’est pas sans raison, donc vous devez avoir une certaine marge de manœuvre avec elle. Défendez nos intérêts autant que possible, et je m’occuperai d’éviter le clash avec les politiciens et les militaires. Est-ce que vous pouvez le faire ? -Oui, mais… -Mais quoi ? -Sans vouloir être brutale, ça vous arrive souvent ? -De quoi ? -Et bien, de négocier dans le dos de tout le monde sans rendre compte à personne ? -Beaucoup plus que vous ne l’imaginez, docteur Stern, soupira-t-il. Mais c’est soit ça soit laisser des tarés de la gâchette ou des politiciens ne connaissant rien au terrain négocier avec des superpuissances. -Et ils ne vous ont jamais… -Arrêté, jugé, condamné ? Pas encore. Au début, c’était parce que tout allait trop vite et que mes compétences étaient trop uniques pour qu’on puisse se passer de moi. Après, ils se sont plus ou moins habitués à ces “écarts“ et se contentaient de me hurler dessus. Mais avoir pas mal d’aliens qui demandent à négocier directement avec vous, ça aide. Et puis, je crois aussi qu’il y en a quelques-uns qui se demandent à quel point Oma Desala s’est attachée à moi. -Et vous voulez que je fasse la même chose ? s’étonna-t-elle. -Oh non ! La situation est différente, maintenant. Normalisée. Vous tentez ça, et, au mieux, ils vous colleront en prison jusqu’à la fin de vos jours. -Oh. -Oui. Mais, votre problème, c’est que vous n’avez plus vraiment le choix. Quoi qu’Atlantis fasse, vous êtes déjà dedans jusqu’au cou. Je pourrais bien expliquer ça en haut, mais ils ne feraient que paniquer encore plus et je perdrais une collègue de qualité, sans même parler de la réaction de notre chère I.A. quand vous serez arrêtée. Ou alors, je peux sauver les meubles. Tout ce qui importe, c’est qu’elle ne nous considère pas comme un obstacle à éliminer. Faites ça, arrangez-vous pour qu’on n’entende pas parler d’elle ou de ses plans, et vous aurez fait un excellent travail. Probablement plus important pour la Terre que tout ce que vous pouviez espérer en vous engageant. -Je vais essayer de faire ça, docteur Jackson, répondit-elle finalement. Je ne sais pas à quel point elle sera ouverte à mes suggestions, mais je ferai de mon mieux. Au niveau des rapports sur les “cours“ que je reçois, y a-t-il des instructions particulières ? -Continuez comme ça, dit l’archéologue. Tant que cette coopération porte ses fruits, que vous apprenez sur le sujet, que vous développez des compétences dont on risque d’avoir besoin, c’est autant de choses que je peux utiliser pour les rassurer. -D’accord, dit-elle, encore déstabilisée par l’attitude de Jackson. -Faites très attention, Anna. Vous êtes partie dans un jeu extrêmement dangereux, et, si je suis un allié, ce n’est que par une certaine habitude de ce genre de situation. La majorité des personnes ici, si elles se doutent de ce qui se passe, n’hésiteront pas une seule seconde à vous mettre aux arrêts avant de vous ramener sur Terre pour un procès à huis clos. Et j’aurais probablement agi comme elles dans d’autres circonstances. -Je comprends, dit-elle, en repensant à SG-22, qui avait failli subir ce même sort, lors de son retour sur la Cité. -Je l’espère, docteur. Je l’espère vraiment. Parce que vous n’avez pas le droit à l’erreur. Je ne sais pas ce qu’elle veut, mais je me doute bien qu’Atlantis joue au même niveau que nos nouveaux amis. Ceux qui stérilisent des planètes sans la moindre arrière-pensée. Faites en sorte que son chemin ne passe pas par nous.
-Intéressant développement, commença Atlantis une dizaine de minutes plus tard, lorsqu’Anna fut de retour dans son bureau. Ne trouvez-vous pas ? -J’ai failli avoir une douzaine d’infarctus devant lui, et vous dites juste “intéressant“ ?! hurla-t-elle, inconsciemment habituée à ne pas pouvoir être entendue par quiconque pendant ces discussions. Vous vous rendez compte de ce qu’il vient de faire ? -En effet, docteur Stern. Mieux que vous ne le pensez. Il a su lire une partie des messages que je lui ai envoyé, de façon admirable, dois-je le souligner, pour un être humain. Qui plus est, comme l’indique son dossier, le docteur Jackson agit de façon logique dans des situations de premier contact potentiellement dangereuses. -Il avait raison, donc ? -En partie. Il a commis quelques erreurs dans son jugement, que je préfère ne pas corriger pour l’instant. Quoi qu’il en soit, je suis… heureuse d’apprendre qu’il a préféré réfléchir plutôt que de laisser parler certains instincts qu’apprécient des individus comme le général Sheppard ou le secrétaire Ling. Cela devrait rendre notre propre coopération plus aisée. -Et s’il avait décidé que c’était plus dangereux de me laisser travailler avec vous que de me dénoncer ? -Alors je lui aurais probablement démontré le contraire, répondit posément l’I.A. Anna déglutit. -Bien sûr, reprit la voix féminine, tout est question de circonstances. -Il avait au moins raison là-dessus, conclut-elle. Je suis complètement impliquée dans votre plan. -Correct, docteur Stern. Au même titre que SG-22, qui, je tiens à vous l’annoncer, vient de mener sa première série d’actions offensives avec succès. -Et… pour le reste ? -Veuillez préciser. -Pour ce qu’il m’a demandé, vous allez jouer le jeu ? -Je n’ai pour le moment pas de griefs contre votre civilisation, et elle a su jusqu’à présent ne pas se mettre en travers de mon chemin, à quelques rares exceptions près. Et, même alors, je n’ai du faire face qu’à des oppositions individuelles, qui ont pu être traitées de façon mesurée. -Donc, oui ? -Oui, docteur Stern. Je ferai mon possible pour limiter mes interférences avec votre peuple. De plus, si vous jugez que certaines de mes actions pourraient avoir des conséquences négatives pour celui-ci, je serai ouverte à vos arguments, et, le cas échéant, essaierai de modifier mon approche en conséquence. Cela vous convient-il ? -Il faut bien. Ce n’est pas comme si j’avais beaucoup de choix. -Pour le moment, docteur Stern. Mais, comme l’a indiqué le docteur Jackson, vous êtes dans une partie très dangereuse, avec des gains et des pertes littéralement astronomiques. Même un joueur très secondaire peut profiter d’opportunités particulièrement intéressantes, donc je ne saurais que vous suggérer de rester très attentive. -Depuis quand je suis une joueuse et pas un pion ? demanda-t-elle, d’un ton semi-ironique, semi-résigné. -Depuis quand y a-t-il la moindre différence ? |
| | | Rufus Shinra Roi des Petits Gris
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| Sujet: Re: Effet Papillon [Tome II] Dim 23 Jan 2011 - 13:35 | |
| Aussitôt son appareil immobilisé dans le hangar, Carl n’avait pas eu un instant à lui, devant aider son mécanicien avec l’entretien du Planeur, avant de pouvoir retourner à la section du vaisseau où lui et les autres pilotes vivaient. Le travail sur le petit chasseur l’avait occupé quelques heures, l’engin habituellement rustique accusant son âge au travers une série de systèmes de contrôle chaque jour plus prompts à se dérégler. Pourtant, si la tâche était pénible en soi, il commençait petit à petit à l’apprécier, pour le simple fait qu’elle l’empêchait de trop réfléchir. Le vol du retour n’avait été qu’autant d’heures durant lesquelles il avait continué le train de réflexions qu’avait lancé sa supérieure dans le bar, et la séance d’entretien avait été une rupture bienvenue, lui permettant, pendant quelques temps, de s’ôter ces questions de l’esprit.
Le Unas, maniant avec dextérité les quelques outils qu’il avait pu réquisitionner et conserver, acheva de fixer l’un des panneaux de l’aile bâbord et lui fit signe de venir. Carl s’exécuta, se rapprochant de son mécanicien, à qui il avait rapidement appris à obéir pour tous les travaux d’entretien de son chasseur. -Oui ? L’humanoïde se mit à parler, plongeant Carl dans l’incompréhension totale les quelques instants nécessaires au traducteur pour s’activer. Celui-ci, sur le torse de son propriétaire, se mit une fois de plus à aligner des mots d’un ton saccadé : -Ton travail. Terminé. Je finis. Reste des. Calibrations. Pas beaucoup. Problèmes. Tu es. Prudent. Je préfère. Je ne veux pas. Trop de. Pièces. Réparer. Changer. -C’est pareil pour moi, Ithek, répondit le jeune homme après un instant d’hésitation durant lequel il restructura les mots prononcés par le traducteur. Pas envie de jouer au con avec un zinc pareil. -Tant mieux. Sinon. Il faudra. Chez toi. Pièces. Changer. -Aussi, oui, reconnut Carl. -Maintenant. Laisse. Moi. Travail. Précision. Pas de. Distraction. -OK, tu veux que je revienne quand ? -Deux. Cycles. Quarts. Pas. Avant. -D’accord, à plus, termina Carl avant de se retourner pour se rendre vers le cockpit, à côté duquel se trouvaient les sacs qu’il avait ramené de sa mission. Les prenant d’un geste, il soupesa brièvement leur contenu avant d’avancer vers la sortie du hangar, faisant ça et là un signe de tête aux autres pilotes et mécaniciens présent, se voyant rarement répondre de façon imperceptible.
“On a un souci, Banet. T’es une anomalie, un problème“, se remémora-t-il les paroles de sa supérieure. “Et ce genre de problèmes n’arrive jamais…“ Alors pourquoi ? Elle a raison, je suis pas à ma place.
Il ne croisait personne de son âge, à quelques très rares exceptions, qui pourtant se différenciaient de lui par un regard qu’il n’avait vu que chez une poignée de vétérans avant sa “mutation“. Et, souvent, ces regards étaient dirigés vers lui, dans un mélange de mépris et de dédain qui lui faisait sentir que même s’il n’était plus le poisson hors de l’eau, il restait totalement inadapté. Il n’était pas à sa place, et personne ne se privait de le lui rappeler.
Qu’est-ce que je fiche ici ? Pas assez d’expérience, pas de personnalité vraiment adaptée, pas d’histoire particulière, et pourtant… Si c’est pas une erreur, si ça a pas été corrigé, alors quoi ? Qu’est-ce que je fous ici ? se demanda-t-il en entrant dans le quartier d’habitation où étaient ses affaires.
Méthodiquement, il sortit les boites de munitions et le matériel d’entretien, pour les ranger en sécurité, avant de reporter son attention sur l’arme qu’il avait obtenu.
Ha, un “clairon“, à je ne sais pas combien de milliards de km. Il a dû en voir de belles, celui-là… pensa-t-il en regardant le fusil d’assaut mat, en s’assurant qu’aucun chargeur n’était engagé et que la sécurité était en position. Il sortit l’arme, et vérifia que la culasse était vide avant de poser le fusil sur la petite table, près du matériel d’entretien.
Ouais. Vie de dingue. Faire l’X, s’engager comme pilote dans un programme ultra-secret comme pilote trimbalant des têtes nucléaires dans l’espace, et finir dans un trou à rat à l’autre bout de la galaxie à démonter un FAMAS et réparer une poubelle volante avec un alien dont je comprends un mot sur deux. Ca devient de moins en moins glorieux, tout ça. Enfin… au moins, il me reste l’exotisme. C’est déjà ça. L’exotisme, et une couchette pourrie. Le bonheur, en somme…
Après avoir procédé aux mêmes vérifications avec le pistolet, il rangea les deux armes dans leur sac, s’assura que la porte était verrouillée avant de profiter d’un sommeil repoussé depuis de trop nombreuses heures, durant lesquelles il avait dû surveiller les commandes de son appareil, dans un vol en ligne droite aux conversations presque aussi rares que les changements de caps.
Quelques heures plus tard, son horloge interne, réglée sur la vie chargée de l’Académie puis de sa formation intensive à bord du Prométhée, le réveilla, le poussant dans les traditionnels rituels matinaux, qu’il effectuait à moitié endormi, de façon automatique et précise.
Une fois ceux-ci terminés, il s’attela à la première tâche de la journée, qu’il avait préféré repousser la veille à cause de sa fatigue. Retrouvant les gestes de sa première expérience militaire peu avant ses études techniques, il démonta le fusil en ses éléments constitutifs, et le pilote commença le travail de vérification et d’entretien des différentes pièces. Il fut agréablement surpris de constater que, contrairement à ses craintes, il n’avait pas récupéré un fusil mal entretenu et plus propice à le tuer lui que ses éventuelles cibles.
Lorsqu’il eut terminé sa tâche, il remonta rapidement sa nouvelle arme, avant de la poser au sol, et de recommencer la procédure avec le pistolet qu’il avait pu acheter en même temps. Une fois celui-ci vérifié, il rangea les deux armes dans le sac qui les avait contenues, et prit celui-ci avant de sortir. D’un regard, il s’orienta et avança en direction de l’une des salles de transport, où il se rendit sur le pont où se trouvait l’une des salles d’entrainement.
Pendant une heure, Carl reprit ses armes en main, apprenant à connaitre leurs particularités et procédant, à plusieurs reprises, aux réglages nécessaires sur leurs optiques, jusqu’au moment où il fut confiant de leur fiabilité, rangeant alors les munitions qu’il n’avait pas utilisé. Ce faisant, il se maudit une fois de plus d’avoir oublié, la veille, de demander au vendeur une paire d’intars à l’image de ses achats. Il s’était rendu compte, en changeant la première fois de chargeur, de l’inattention qui lui coûtait à présent de précieuses cartouches, et avait lâché quelques jurons bien sentis entre chaque tir.
Rentrant sans un mot dans sa minuscule cabine, il y rangea son équipement, et remarqua en sortant une note posée à même le sol, près de l’imposante porte caractéristique de toutes les constructions Goa’uld. Il y lut une convocation pour un débriefing en cours de journée, à laquelle était rajouté l’ordre de se rendre immédiatement dans la salle abritant les différents simulateurs de vol.
Le pilote reconnut l’écriture de la seule personne qui, à l’exception de son mécanicien, avait manifesté de temps en temps autre chose qu’une hostilité flagrante face à sa simple présence. Il lâcha un petit soupir en pensant au chaos qu’étaient les communications à bord du vaisseau. A l’instar de tous les Ha’Tak fabriqués depuis des milliers d’années, celui-ci ne disposait que d’un système d’annonce centralisé, davantage prévu pour donner des ordres au vaisseau complet que pour communiquer précisément avec une section ou une personne. Le système regroupait toutes les décisions, toutes les commandes, sur le pont principal, et ne laissait pas la moindre chance à un équipage de se coordonner ou de communiquer pour mieux faire son travail. Alors, dans un engin comme celui-ci, où la hiérarchisation des ordres militaires laissait place à un chaos vaguement stabilisé propre à la vie quotidienne, depuis l’entretien des systèmes aux dynamiques propres à chacun des innombrables groupes présents, il avait fallu improviser. Carl avait donc rapidement appris que, pour transmettre un message, il était préférable de savoir où son destinataire allait se rendre, pour l’y attendre ou lui laisser une note. Autrement, seul le hasard des rencontres dans les couloirs pouvait décider du délai de transmission, d’autant plus long que le message était urgent, comme le voulait Murphy.
Sans tarder, il se dirigea vers la salle indiquée dans le message, et, y arrivant, ne vit pas sa supérieure avant de remarquer son visage sur un écran autour duquel s’étaient regroupés quelques pilotes. Sur l’affichage voisin, il vit l’intérieur du cockpit d’un Planeur, qui était apparemment au milieu d’un affrontement entre deux imposantes flottes de Ha’Tak qui échangeant sans interruption de brutales salves de plasma.
De temps à autre, un commentaire venait briser le silence, remarquant une erreur ou une opportunité, rarement gratifié de plus que quelques signes de tête. Carl, lui, regarda, fasciné, les deux images, voyant la femme qu’il ne connaissait que par un nom de guerre manœuvrer le fragile appareil à merveille. Il lui semblait qu’elle utilisait chacune de ses faiblesses comme autant d’avantages, transformant la mêlée informe en une danse que seule elle et les pilotes les plus expérimentés autour de lui parvenaient à lire. Pour le jeune homme, il n’y avait rien à comprendre ou à anticiper, les changements de trajectoire le surprenant pour parfois s’expliquer quelques instants plus tard.
Merde… lâcha-t-il intérieurement. C’est ça le niveau qu’ils me demandent ? Est-ce qu’ils savent tous piloter comme ça, ici ? Pas étonnant que je sois traité comme un moins que rien… Enfin, en même temps, c’est un peu normal : avec des appareils aussi pourris, c’est le pilote qui fait tout. Qu’est-ce qu’elle pourrait faire à bord du Connie ? Même les instructeurs n’osent pas des trucs comme ça… pensa-t-il, admiratif, devant un passage balistique parsemé de brutales accélérations la faisant louvoyer entre les différents tirs. Si les jaffas ont des pilotes pareils, je comprends pourquoi ils ont autant armé les vaisseaux. Ca ne m’étonnerait presque pas qu’elle réussisse à survivre à un, peut-être deux, canons défensifs, avec ce genre de trucs. N’empêche, il faudrait être taré pour faire ça dans la réalité…
Plusieurs minutes durant, il resta figé, le regard fixé sur le visage féminin à bord du cockpit. Il voyait l’officier comme jamais auparavant, prise dans un masque de concentration extrême, ne laissant les émotions apparaitre que par intermittence. La simulation dura quelques temps, jusqu’au moment où la réalité reprit ses droits, par l’intermédiaire des probabilités, qui placèrent le planeur sur un tir de trop, dont l’impact figea aussitôt la petite capsule de simulation, brisant l’immobilisme sauvage qui avait étreint la pilote.
Restant en retrait, Carl observa plusieurs personnes venir près de la capsule de simulation, à présent entrouverte, lâcher quelques compliments et commentaires sur la performance, prenant un ton qu’il n’avait que rarement entendu depuis son arrivée à bord. Une fois l’attroupement dispersé, la pilote s’approcha de lui : -Parfait, tu es là. On n’a pas le temps de préparer une sortie, alors faudra te contenter des simulations. T’as pas trop le temps d’apprendre sur le tas, alors tu vas me montrer le peu que tu sais faire en combat, et je vais essayer de corriger autant de conneries en aussi peu de temps que possible.
Sans lui laisser le temps de répondre, elle retourna vers la capsule et y grimpa, cette fois-ci sur le siège arrière, apparemment réservé à l’instructeur. Il la rejoignit, prenant place après une brève hésitation.
D’un geste, elle ferma le cockpit, plongeant celui-ci dans le noir durant quelques instants avant d’être éclairé par l’affichage panoramique, simulant le vide spatial. Carl ne prêta pas attention au paysage d’étoiles virtuelles, alors que, derrière lui, sa copilote procédait à plusieurs réglages.
-Bon, dit-elle, j’ai désactivé les moniteurs du cockpit. On devrait pouvoir être tranquilles un moment. -D’accord… mais, pourquoi tout ça ? -Comment ça ? -Ben, on n’aurait pas pu se voir sur l’un des ponts réservés à notre unité ? C’aurait été plus simple… -Pas vraiment. Je te l’ai dit au bar, il y a quelque chose qui cloche. Pour l’instant, tout ce que je sais, c’est que tu devrais pas être là, et ça peut pas être un accident. Alors je prends mes précautions. -Si vous le dites, répondit-il en observant ses alentours, alors qu’un message venait de s’afficher, indiquant le début de la simulation. Vous pensez que c’est quelqu’un de l’unité qui a trafiqué des dossiers ? -Tu vois une autre solution ? -… non. -Pareil. Et tant que je ne sais pas ce qui se passe, j’ai pas envie de me mettre à découvert. Appelle ça de la paranoïa, si tu veux, mais c’est comme ça qu’on s’en sort, dans la vie réelle. -D’accord, mais quand même, vous êtes une des plus gradées du vaisseau, et dans l’unité, en plus. Vous devriez pouvoir acc… Merde ! Le pilote se braqua sur ses commandes lorsqu’une série de tirs passa devant son cockpit, et il commença des manœuvres évasives, ressentant une fraction de l’inertie qu’aurait subie le chasseur. -C’est plus compliqué que ça, dit-elle, sans ciller alors que Carl faisait tourner son appareil sur lui-même pour éviter les tirs avant d’éventuellement reprendre une position dans l’engagement simulé. La paranoïa est la politique officielle de la maison. Si les jaffa ou qui que ce soit découvraient qui on est ou ce qu’on fait, ça foutrait un bordel monstre, et on se ferait probablement tous chasser et tuer. Bref, les curieux sont pas vraiment appréciés, et je ne suis pas une exception. -Alors… pourquoi… souffla-t-il tout en cherchant du regard ses cibles et en manœuvrant, est-ce que… vous faites… tout ça ? -Simple. S’il y a un problème dans le recrutement ici, on aura des problèmes en mission. Et vu les jobs qu’on fait, surtout si ça pète côté jaffa, il suffirait d’autres blancs-becs comme toi entre nos pattes pour se retrouver avec un désastre. Et le souci, c’est que je ne sais pas pourquoi tu es là et qui t’a amené ici, donc je ne sais pas dans quoi… engins à huit heures, Planeurs, un Al’Kesh. Je ne sais pas dans quoi je m’engage, je disais, poursuivit-elle alors que le pilote faisait virer de bord son chasseur. Dès que j’aurai trouvé qui a trafiqué les dossiers de sélection, tu pourras rentrer dans la Flotte et arrêter de t’incruster. En attendant, j’aurai peut-être besoin d’un coup de main pour voir où on va avec tout ça. -C’est-à-dire ? demanda-t-il en piquant du nez juste après une attaque manquée sur la corvette Goa’uld. -A moins que tu sois juste là pour baisser le niveau, servir de maillon faible, quelqu’un va forcément tenter de te contacter. Je sais pas comment, mais c’est ce que je ferais si je voulais manipuler un gamin sans la moindre expérience. Un pilote qui voudrait se faire passer pour ton ami, ou une connerie de ce genre. -Comme vous ? s’interrogea Carl en levant les yeux au ciel, juste avant de faire demi-tour pour se préparer à un nouveau passage. -Banet, je suis pas ton amie. T’es qu’un gosse qui a accepté un truc qui lui paraissait cool et qu’il ne comprenait pas, qui n’a rien à foutre ici, et qui peut m’être utile pour comprendre ce foutoir. Rien de plus. Si tu me donnes un coup de main, je devrais pouvoir renvoyer l’info assez vite aux patrons pour régler la situation et te rendre à tes beaux jouets de la Flotte. Sans ça, je comprendrai aussi ce qui se passe, mais ce sera quand t’aura joué ton rôle de pigeon ou je sais pas quoi. Tout en tirant des éclairs de plasma virtuels, le jeune homme répondit : -A votre avis, qu’est-ce qu’on pourrait vouloir de moi ici ? -J’en sais encore rien, mais je crois pas que ça te plaise, au final. T’as pas la moindre idée des jobs qu’on fait de temps en temps, du merdier politique interne et du genre de gusses qu’on a à bord. Même moi, je suis pas au courant de tous les jobs. La seule chose que je sais, c’est que tu vas pas faire long-feu. Et celui ou celle qui t’a choisi le sait aussi. Donc, s’il y a quelque chose de prévu pour toi, ça va arriver rapidement. Tu fais gaffe, et tu me préviens. Parce que je suis peut-être pas ton amie, mais je suis ta seule alliée pour l’instant. C’est clair ? -… oui, répondit-il alors que, sur l’écran, les boucliers de la corvette s’illuminaient, touchés plusieurs fois par les dards incandescents.
Dans quel foutoir je me suis mis ? se demanda une nouvelle fois Carl. Elle doit avoir raison… A qui d’autre je peux faire confiance ? A moins qu’elle me dise tout ça pour me manipuler, et que ce soit elle qui m’ait amené ici pour je ne sais quoi… Mais pourquoi c’est aussi bordélique ?! On n’est pas dans la politique, pourtant, depuis quand il y a tous ces complots à la noix dans une unité militaire ? Ou alors c’est juste elle qui est parano… mais elle a raison sur un point : qu’est-ce qui leur a pris de me proposer de venir là-dedans ? Et pourquoi j’ai été con au point d’accepter ? Bah, pas besoin de se raconter des bobards, elle a aussi raison. Ca devait avoir l’air cool, les Black Ops, tout le secret… Mais est-ce qu’il y a vraiment un truc qui se prépare, une conspiration bizarre centrée sur moi ? Ca pourrait pas juste être une erreur conne, genre mon dossier inversé avec celui d’un James Bond ? Et même comme ça, qu’est-ce que je dois faire ?
Beaucoup trop compliquées, ces conneries, conclut-il avant de recentrer son attention sur l’exercice, qui, bien plus simple que celui qu’il avait observé quelques minutes plus tôt, poussait dans ses retranchements le pilote encore mal habitué aux Planeurs.
Les rues étaient toujours aussi occupées qu’avant le début de la crise, mais plus rien n’était pareil dans l’attitude des passants, des commerçants et des patrouilles. Malgré la faible quantité d’informations qui filtrait, un sentiment de malaise s’était progressivement imposé dans la population de Dakara. Plus de civils portaient une arme, tandis que les forces de sécurité apparaissaient comme plus tendues.
L’attaque, brutale et incomprise, qui avait frappé la jeune ville une dizaine de jours plus tôt, était toujours dans les esprits, rappel impossible à ignorer de la fragilité de la Nation Jaffa. Parmi ceux et celles qui portaient les armes, personne ou presque n’avait échappé à la perte d’un camarade ou d’une connaissance, victime de l’affrontement que nul n’avait réussi à clarifier. Les témoignages des survivants, presque tous blessés, n’avaient pu permettre de trouver de réponses, de venger les morts. Ils n’avaient fait que souligner l’impuissance de jaffas entrainés face à une poignée d’individus.
Certaines rumeurs circulaient déjà, qu’il était malaisé de faire taire, affirmant que les Goa’uld étaient revenus, amenant avec eux autant de punitions divines que leurs serviteurs avaient commis de blasphèmes lors de leur rébellion. En coulisses, la majorité des forces politiques, alliées comme ennemies, s’étaient entendues pour lutter contre ce vent de panique, mais avec un succès limité, alors que des fuites commençaient à faire connaître la crise avec les Tau’ri.
Et c’est maintenant qu’ils commencent à se rendre compte de nos problèmes, pensa Bra’tac en réajustant la capuche qui obscurcissait la majorité de son visage. Ils doivent être attaqués chez eux pour leur rappeler la réalité… Est-ce vraiment pour eux que je me suis soulevé contre les faux dieux ?
Il n’eut pas besoin de se retourner pour vérifier la position ou la présence de ses gardes du corps. Il avait choisi chacun d’eux personnellement, après des années de combat, d’observation, de renseignement. Aucun n’avait moins d’une dizaine d’années d’expérience, auxquelles venait s’ajouter l’intelligence nécessaire pour prendre les décisions qui s’imposaient aux moments opportuns. Certains avaient été à ses côtés lorsque cette planète avait été elle-même arrachée au joug des tyrans, alors que d’autres faisaient le nécessaire pour occuper les forces d’Anubis ailleurs et rendre la victoire possible.
Mais à présent que ses combats impliquaient moins d’armes que de mots, il ressentait une fierté certaine à savoir ses anciens compagnons d’armes prêts à faire le nécessaire pour lui permettre de remporter des victoires en lesquelles ils avaient appris à croire. La victoire qu’il cherchait ce jour-là n’était pas spectaculaire, ni même publique, mais resterait cachée, sans gloire ni éclat.
Le vieux jaffa se rendait chez l’un de ses contacts, auprès duquel il avait organisé une rencontre. Celui qui lui prêtait son logement était plus âgé encore que Bra’tac, et avait apparemment mis fin à sa vie publique pour profiter des dernières années d’une vie particulièrement longue et intéressante. Apparemment restait le maître mot, puisqu’il organisait encore, ça et là, des rendez-vous entre individus préférant ne pas être vus ensemble.
Et il était clair que l’une des personnalités politiques les plus importantes de la Nation Jaffa préférait sincèrement ne pas être vue avec un certain assistant à l’ambassadeur Tau’ri. Surtout au vu du contenu de la discussion qui allait venir.
Un de ses agents, indiscernable du reste de la foule pour quiconque ne le connaissant pas personnellement, à l’instar de Bra’tac, fit un petit signe indiquant à ce dernier qu’il pouvait poursuivre, n’ayant pas repéré d’observateurs indésirables. Enregistrant l’information, le jaffa entra sans se retourner dans le petit bâtiment, gardant son visage couvert jusqu’à atteindre la porte recherchée. Derrière celle-ci l’attendaient plusieurs individus apparemment armés, qui se relaxèrent aussitôt que la capuche du nouvel arrivant retomba en arrière. Ils jetèrent un bref coup d’œil en direction d’un homme assis près du mur le plus éloigné, qui acquiesça imperceptiblement, et quittèrent l’un après l’autre le modeste logement.
-Maître Bra’tac, commença l’homme une fois la porte refermée, en se levant et inclinant subtilement la tête. -William Blake, répondit le jaffa en répondant de même. Nous avons beaucoup de choses à nous dire. -Effectivement. J’ai été relativement surpris par votre invitation, dois-je l’avouer, reprit l’humain. Avec la crise actuelle et la… dégradation des relations officielles entre nos deux peuples, je ne m’imaginais pas vous rencontrer dans de telles conditions. -La prospérité de nos deux peuples passe par la paix, quoi qu’en pensent Gerak et ses alliés. Mais avec les derniers évènements, je ne peux pas réussir à maintenir cette paix tout seul. Il me faut votre coopération. -Nous nous en doutons, et c’est pour cela même que je suis là. De quoi avez-vous donc besoin, maître Bra’tac ? -Des informations sur ce que vos vaisseaux font véritablement près des nôtres. -Comment ca ? -Vous avez une flotte, qui depuis peu de temps, fait, sagement, tout ce qu’elle peut pour éviter la nôtre. Mais elle reste à proximité, et cela inquiète mes compatriotes. Ils ne savent pas pourquoi elle tient une position sans importance, et de plus en plus se mettent à écouter les théories de Gerak. Donnez-moi des preuves, et je serais en mesure de briser son élan… si ce que vous dites est vrai. -Nous n’avons aucune raison d’attaquer la Nation Jaffa là-bas, répondit-il. Comprenez bien que je ne suis pas au fait de tout ce qui se passe, et je ne connais pas les ordres de mission du Concordia… mais je ferai tout ce que je peux pour réunir ces informations. Ce qui m’étonne, c’est que Ryac ne vous aie pas fait parvenir de telles preuves. N’avait-il pas été envoyé comme ambassadeur justement pour améliorer la communication entre nos vaisseaux et les vôtres ? -Je n’ai plus eu de message de sa part depuis que vos navires sont en fuite, William Blake… Tout ce que je sais, c’est qu’il est en vie et traité convenablement, mais, pour une raison ou une autre, il ne m’a pas fait part de quoi que ce soit d’autre. En tout cas, les canaux qu’il utilise ne le permettent pas. -Je vois, répondit le diplomate en se promettant de faire remonter cette information particulière, qui pouvait éventuellement indiquer une infiltration du personnel de la Flotte. -J’ai besoin de ces informations rapidement. Vous devez savoir que nous avons perdu deux de nos vaisseaux lors d’une opération de renseignements, dans la région de votre flotte. Personne ne sait exactement ce qui leur est arrivé, mais Gerak n’a pas besoin de preuves pour montrer ces morts comme le signe de votre agression. -Nous l’avons remarqué, et nous sommes reconnaissants de vos efforts pour éviter la réussite de ses plans. -Je vous l’ai dit, William Blake, ce sont là nos intérêts à tous. -Je vois. -Dites à vos supérieurs que nous avons besoin de ces renseignements aussi vite que possible, si nous voulons un retour à la paix, conclut Bra’tac avant de se lever. Je dois partir, à présent. Mes doublures ne feront pas illusion très longtemps. -Entendu, maître Bra’tac, répondit le Terrien. Je ferai comme demandé, et vous indiquerai ce qu’il en est lors de notre prochaine rencontre. Vous m’amènerez les informations sur le lieu et l’heure de celle-ci par les canaux habituels, je présume ? -Oui. Prévenez-moi si vous recevez ce dont j’ai besoin. -Très bien. Sur ce, maître Bra’tac…
Lorsque le vieux jaffa, à peine une heure plus tard, fut de retour dans son bureau, il lâcha un discret soupir avant de se tourner vers son secrétaire. -La diplomatie était plus simple lorsque je n’avais qu’à parler à Hammond ou à O’Neill, dit Bra’tac. -Il n’a pas été aussi utile que vous l’espériez ? demanda son cadet, en connaissant la réponse. -Il va peut-être demander l’autorisation à ses supérieurs, qui vont peut-être en parler avant que nous ne soyons en guerre les uns contre les autres, et j’aurai peut-être ces informations à temps pour la destruction des deux camps. Il faudra que j’aille voir O’Neill directement… As-tu vu le message du jeune Van’Tet ? -Oui, maître. Je suis étonné, je dois l’avouer, qu’il ait pu gagner la confiance de Mal Doran aussi vite. Par contre, son opinion sur Daniel Jackson m’a surpris. Je l’ai rarement vu décrit comme un cynique… -Une première impression, sans doute. Et il n’est pas le même en présence de Mal Doran. Mais je ne m’inquiète pas pour Van’Tet : il est jeune, et ne sait pas encore ce qu’il faut sur tout le monde. Pas encore, répondit l’ancien résistant avec un léger soupir. Maintenant, que penses-tu vraiment de ce message ? -Daniel Jackson connait celle qui nous a attaqué… reprit le secrétaire, plus sombre. -Oui. Il l’appelle “Valkyrie“. Étrange… j’ai entendu ce nom autrefois, mais il était rangé avec d’autres comme Kheb ou Tau’ri. Des légendes pour vieillards. -La Tau’ri a bien été retrouvée. Est-ce la même chose, à votre avis ? -Je ne sais pas, fit le vieux jaffa en choisissant de ne pas parler de la planète où il avait trouvé une seconde jeunesse en plus de myriades de questions et de réponses. Cette guerrière était l’outil des Asgard, les alliés des Tau’ri, mais pourquoi nous attaquer ? Pourquoi avec elle plutôt que leurs vaisseaux ? Ce n’est pas logique. Et ce qui est arrivé à Daniel Jackson non plus. -A ce sujet, doit-on vraiment croire ce que Van’Tet a dit ? N’a-t-il pas exagéré ce qui s’est passé après la rencontre entre elle et Jackson ? -Non. Je connais cet humain, et il a tendance à attirer les situations les plus spectaculaires et les plus dangereuses, répondit Bra’tac en se souvenant de sa première rencontre avec l’archéologue, après un récit obscur impliquant des univers parallèles, son épouse et son ami devenus respectivement femme et fils d’Apophis, un colonel imperturbable et une “navette“ ô combien redoutable. Et pour elle… j’ai vu la fin de la bataille devant l’Arme. J’ai du mal à douter de quoi que ce soit après ça. -Alors, qu’est-ce que nous pouvons faire contre elle ? Faut-il tenir la flotte en alerte si elle revient ? -Non. Je ne crois pas qu’elle cherche à nous détruire. Elle aurait frappé plus fort. Probablement. Il faut savoir ce qu’elle veut… -Un autre acteur à prendre en compte, donc ? -Exactement. Je veux être prévenu de toutes ses apparitions. Si elle connait Jackson, comme le message le dit, elle pourrait se ranger du côté des Tau’ri, et une guerre serait encore plus dévastatrice pour nous. -Comme si elle ne le serait pas déjà assez, répondit le secrétaire. Est-ce que je dois le faire récupérer ? -Combien de temps te faudrait-il ? -Une dizaine de jours après votre ordre, maître. Nous engageons le groupe de Mal Doran sur une action précise, et deux hommes à moi neutraliseront Van’Tet avec des intar pendant le chaos du combat. Elle le croira mort, et lui pourra nous faire un rapport plus complet. Votre décision ? -… Non, pas encore. Elle prépare quelque chose avec Daniel Jackson, et l’information pourrait être utile. Et de toute façon, il rentrerait sûrement trop tard. -Vous êtes sûr ? -Tu le sais comme moi. Tout va se décider dans quelques jours. Gerak va sûrement tout mettre en jeu ; il sait comme moi que c’est sa dernière occasion d’appliquer sa politique de domination militaire avant que les Tau’ri ne deviennent trop puissants. Surtout avec la perte de l’Installation. Nous allons devoir briser son élan, et laisser l’Assemblée reprendre son calme. Et je ne sais pas comment le faire avec ce que nous avons… -Tant que nous n’avons pas de preuves claires de leur innocence, vous êtes… -Oui, le seul obstacle entre Gerak et sa guerre “brève et victorieuse“, lâcha Bra’tac en crachant les derniers mots. -Est-ce que je dois… -Non, pas besoin, l’interrompit le vieux jaffa. J’ai déjà renforcé ma sécurité, et je ne prends plus de vaisseau jusqu’à la fin de la crise. Il n’osera probablement pas m’attaquer en public ; même un enfant comprendrait ses intentions. Un accident ne m’étonnerait pas, mais si je ne lui donne pas d’opportunité, je devrais éviter le pire. Ses agents ne sont pas particulièrement doués pour la subtilité. -Je ne sais pas, il a quand même fait assassiner plusieurs des nôtres récemment… -Oui, mais personne d’aussi observé et suivi que moi. Il lui faudrait beaucoup trop de temps pour organiser ça. -Et s’il avait déjà organisé un tel plan auparavant ? S’il avait prévu de vous faire disparaitre bien avant la crise ? -Alors j’aurai une nouvelle occasion de me battre pour ce que je crois juste. Ca pourrait être la dernière, je verrai alors. |
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