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 Effet Papillon [Tome II]

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Rufus Shinra
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MessageSujet: Re: Effet Papillon [Tome II]   Effet Papillon [Tome II] - Page 6 EmptyDim 30 Jan 2011 - 18:32

Je commente, je commente, je commeeeente !


Bref, ZE passage qui m'a bien fait rire dans ce chapitre :


Citation :
Une ouverture qui servit de point de départ à un flux de particules pour qui la vitesse de la lumière n’était qu’une hypothèse fort intéressante mais tout à fait discutable.

Laissant derrière lui une cicatrice dans l’espace-temps, le faisceau parcourut en moins d’une microseconde la minute-lumière qui le séparait de sa cible, chaque atome présent sur son chemin subissant une série de phénomènes communément considérés comme absurdes par la communauté des physiciens n’ayant pas conçu l’arme.

Oui, on a vite appris que dans Stargate, les loi physiques sont plus de simples... recommandations.



Sinon, du classique : Atlantis qui fait magouilles sur plans tordus; les jaffas dans l’incompréhension la plus totale; et Carl qui n'a absolument rien à faire là où il est.


Comme dirait l'autre : Good Job !


Et comme dirait le redoutable shep12 : "Oué tro b1 C kan la suiteuh ?!"
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MessageSujet: Re: Effet Papillon [Tome II]   Effet Papillon [Tome II] - Page 6 EmptyJeu 3 Fév 2011 - 8:51

Est-il nécessaire de décrire l'état dans lequel je me suis retrouvé après avoir lu d'une traite les deux derniers chapitres?
Sur certains forums, oui, les shep12 et autres trolls ne comprendraient pas à quel point cette fiction et sont auteur sont à citer en exemple parmi les oeuvres littéraires des fans de Stargate.

Alors, c'est encore confus dans ma tête, donc Rufus, tu auras droit à un vrai commentaire pour chacun de ces chapitres en temps et en heure (à la suite des autres, cela va sans dire) mais cela faisait si longtemps que je n'avais pas lu EP que j'étais réellement en train de baver durant par exemple la scène d'attaque de la frégate de Shanti, ou bien skotché à mon écran quand tu introduis des facultés télékynéthique à Daniel, élément auquel je n'aurais jamais pensé, preuve de ton génie et de ma condition de simple mortel. Je ne sais qu'ajouter, tellement mes pensées se bousculent dans ma tête, pour ne réclamer qu'une chose : ENCORE! LA SUITE!

Vive EP!
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Rufus Shinra
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MessageSujet: Re: Effet Papillon [Tome II]   Effet Papillon [Tome II] - Page 6 EmptyLun 14 Fév 2011 - 15:55

Pfouuuuu. Bon, on s'approche péniblement de la fin de ce Tome II. Merci à Skay pour sa bêta-lecture, et un grand merci à tous les lecteurs, anciens comme nouveaux, dont la présence reste le plus grand des motivateurs !


Chapitre 24 :

Le voyage de retour fut allongé par les multiples détours planifiés par l’I.A., qui fit passer la frégate par quelques dizaines de systèmes stellaires différents avant de se rendre enfin au point de rendez-vous. Le trajet, ramené à un peu moins d’une heure, fut l’occasion pour Shanti d’apprendre à mieux connaitre le vaisseau dans lequel elle se trouvait. Atlantis avait maintenu un black-out quasi intégral des communications pendant l’opération, pour des raisons ouvertement revendiquées de paranoïa constructive.

La jeune femme, qui ne savait rien de plus sur ses coéquipiers que le succès de leurs frappes respectives, admettait avec une reluctance limitée cette justification, ayant été témoin des capacités de ses nouveaux adversaires. Ce qui ne l’empêchait pas de ressentir une impatience certaine en voyant s’écouler lentement le temps la séparant des dernières figures amicales de cette galaxie.

Finalement, le compteur, présent dans une petite partie fréquemment consultée de l’interface mentale qui la connectait avec les systèmes Anciens, arriva au zéro, et elle bascula aussitôt des données et tutoriaux techniques aux systèmes d’observation extérieurs. Elle vit, au travers des multiples instruments de surveillance, la fenêtre de sortie s’ouvrir et recracher le vaisseau élancé dans l’espace conventionnel. Instantanément, les capteurs intra-système se mirent à jour et affichèrent la flotte qu’avait rassemblée l’I.A. pour cette diversion.

La liste des contacts s’afficha, et confirma à Shanti qu’elle était la première de son équipe à être arrivée. Prévoyant sa question, Atlantis dit :
-Les navires de vos coéquipiers devraient arriver sur place d’ici vingt-huit et trente-sept secondes. Ils n’ont pas subi de contre-attaque de la part de leur cible, et aucun incident n’est à déplorer. Je procéderai au débriefing aussitôt que le lieutenant Campbell et le commandant Maltez seront arrivés.
Sans laisser à Shanti le temps de répondre, elle téléporta celle-ci dans une salle légèrement moins large que le poste de commandement où elle se trouvait alors.
-Quoi qu’il en soit, poursuivit l’I.A., je peux déjà vous confirmer que, d’après mes premières observations, l’opération a été un succès complet. Je vous en dirai plus dans quelques instants.
Quelques secondes passèrent, et son lien avec le vaisseau où elle se trouvait désormais, un croiseur léger, lui indiqua l’arrivée d’une frégate, celle transportant le chef de l’ancienne équipe SG. Celui-ci apparut aussitôt dans un petit éclair de lumière à proximité d’elle.
-Lieutenant, dit-il. J’ai cru comprendre que ça s’était bien passé.
-Oui, monsieur, répondit-elle. C’est…
Elle fut interrompue par l’arrivée du dernier membre du groupe, et, avant que le pilote ne puisse dire ou faire quoi que ce soit, une projection de l’amas stellaire voisin se matérialisa devant leur regard.
-Comme je vous l’ai indiqué individuellement, commença Atlantis, vos missions individuelles ont été couronnées de succès. Qui plus est, les forces adverses réagissent en ce moment-même de la façon prévue, validant la suite de l’opération de diversion.
Pour illustrer ses propos, plusieurs icônes écarlates quittèrent le voisinage d’étoiles locales pour revenir vers des positions éloignées.
-Les mouvements des forces terriennes et jaffa sont suivis en temps réel et demeurent compatibles avec la stratégie en cours, leur direction globale les éloignant de notre propre zone d’opération.
Cette fois-ci, des icônes vertes se mirent à suivre un chemin constitué de nombreux déplacements courts entre étoiles voisines.
-Tout semble indiquer, poursuivit-elle, que les forces adverses vont appliquer une nouvelle stratégie, dont un aspect nous intéresse : la mise en place d’escortes pour les vaisseaux de neutralisation. Ce sont ces groupes que nous allons attaquer durant la seconde phase du plan.
-Question, Atlantis, intervint le Maltez. Quelle taille, ces escortes ?
-Je ne dispose pas d’informations suffisantes pour fournir une réponse absolue. Cependant, une estimation basse serait de cinq navires à l’armement équivalent à ceux attaqués.
-Je vois, continua l’officier, et on aura de quoi leur survivre, j’espère.
-Lors de la phase suivante, vous serez déployés à bord de vaisseaux mieux armés, tous différents en vue de diminuer la prévisibilité du nouveau camp dont nous jouons le rôle. Une fois les forces adverses réorganisées, une nouvelle série d’embuscades sera mise en place dans les systèmes ciblés par les attaques de neutralisation. A nouveau, votre rôle sera principalement de sécurité, en cas de brouillage des communications longue distance. Le cas échéant, vous disposerez normalement de suffisamment de puissance de feu pour sortir victorieux par vos propres moyens d’un engagement avec les forces prévues.
-Et si on ne tombe pas sur les forces prévues ? demanda Maltez.
-Dans ce cas, vous rejoindrez le point de rendez-vous sept et profiterez du soutien rapproché d’un groupe de combat de haute intensité. D’autres questions ?
-Pas pour le moment, répondit-il.
-Très bien. En vue d’améliorer les chances de réussite de l’opération, je vais déployer plusieurs unités de reconnaissance pour déterminer la disposition des nouveaux groupes et de leurs escortes. Ces informations permettront de déterminer avec précision la posture à adopter lors des frappes ultérieures. Aussitôt ces renseignements obtenus, vous débuterez une série d’exercices d’entrainement destinés à vous faire assimiler les tactiques requises. Vous pourrez faire ce que vous entendez en attendant.
-D’accord, dit Shanti. Autre chose ?
-Oui, lieutenant. Un évènement imprévu, que je qualifierais de surprise agréable, m’offre plusieurs opportunités et une liberté d’action plus grande. En conséquence, j’ai gagné plusieurs jours sur le planning général, ce qui devrait réduire la pression exercée sur nous.
-Sur nous ? s’étonna Campbell, d’un air faussement détaché. Vous subissez des pressions, maintenant ?
-En effet, lieutenant. Depuis le début. Quoi qu’il en soit, je vous tiendrai informés de l’évolution de la situation et du moment où vous devrez rejoindre les vaisseaux, dit l’I.A. avant de désactiver l’ensemble des hologrammes.

Shanti, comme le reste de son équipe, sentit le départ d’Atlantis, sa présence ayant soudainement disparu de la pièce.
-On est dans la merde, hein ? demanda le pilote, connaissant déjà la réponse.
-Quoi de neuf, à ce niveau ? répondit Maltez, avant de continuer. On est mieux équipé, mais qu’est-ce qui a changé sinon ?
-On est quand même devenus officiellement leurs ennemis, fit Shanti. Ca ne vous inquiète pas plus que ça, monsieur ?
-A quoi ça me sert d’avoir peur maintenant, lieutenant ? Je ne joue pas les gros-bras, mais, honnêtement, on n’est rien de plus que des touristes là-dedans. Et si on doit y passer, ça ne sera pas de notre faute. Elle ne va pas nous laisser nous mettre en danger, pas tant qu’elle a besoin de nous. Tout ce qu’on peut faire, c’est espérer qu’elle joue mieux son jeu que ceux d’en face.
-C’est tout ? lâcha Campbell, ébahi. Juste rester passifs ?
-Pour l’instant, Tom. Tout ce que je vois, c’est qu’elle veut résister à ceux qui se sont payés le Bellé, et qu’elle a les moyens de ses ambitions. C’est déjà mieux que ce qu’on avait dans notre Jumper. On se tirera de là tôt ou tard, mais pour l’instant, on a intérêt à continuer comme ça. Je ne sais pas exactement ce qu’elle prépare, mais déjà, elle retarde et casse la gueule à ces tarés. Pas besoin de te rappeler ce qui s’est passé sur les planètes habitées qu’ils ont visité, si ?
-… non, admit-il, alors que les images de la ville morte resurgissaient des souvenirs de chacun des deux subordonnés.
-Pour l’instant, elle est l’ennemie de notre ennemie. Ni plus. Ni moins. Il faut agir en conséquence. Rappelez-vous que vous êtes des officiers, pas des soldats. Nos choix se répercutent sur toute l’Humanité. Pour l’instant, il faut tenir le coup.
-… très bien, dit le pilote, rapidement imité par Shanti.
-Désolé, Shanti, soupira Maltez. C’est vraiment pas comme ça que je voyais votre première affectation.
-Moi non plus, admit-elle. Mais on ne peut plus y faire grand-chose, si ?
-Non… on ne peut pas. Vous pouvez disposer, dit finalement l’officier avant de quitter la pièce.

-Qu’est-ce qui lui arrive ? demanda finalement Shanti, quelques instants plus tard.
-A ton avis ? répondit le pilote d’une voix sans force. Il sait parfaitement qu’on est foutus, et il fait ce qu’il croit devoir faire. Pour éviter qu’on s’effondre.
-… ça va mieux ? l’interrogea-t-elle.
Il se rapprocha de la porte, faisant signe à Shanti de le suivre dans l’une des coursives.
-Pas vraiment. Mais c’est comme il dit. On doit tenir, hein ?
-On n’a pas le choix, soupira-t-elle. On peut pas lâcher. Pas maintenant.
-… Je m’en doute, répondit-il, le regard perdu dans le vide.
Elle choisit de ne rien dire, et attendit que le pilote reprenne.
-A ton avis, demanda-t-il finalement en tournant la tête vers elle, ça va être pire, là-bas ?
-Je ne sais pas, Tom. J’espère que non, mais…
-Mais elle nous a bien balancé tout ça pour quelque chose. Forcément, c’est pour… enfin… j’espère…
Elle lui mit la main sur l’épaule, le sentant trembler avant même le contact. Il avait peur, bien plus que jamais avant, et elle ne pouvait pas l’ignorer. Pour la simple raison qu’elle aussi était effrayée, tant par sa situation que par ce qu’elle était en train de devenir, chaque intervention de l’I.A. la changeant, subtilement ou non.
-Est-ce que ça ira mieux ? demanda-t-il faiblement.
-Comment ça ?
-Tout ce merdier, ces souvenirs. Est-ce que ça s’arrange, ou est-ce que je vais finir taré avant que ça soit fini ? demanda-t-il, à la limite de craquer.
Pourquoi est-ce que c’est à moi de répondre ? se demanda-t-elle. Pourquoi est-ce que j’ai plus d’expérience que lui côté traumatismes ? C’est pas normal. Rien de normal…
-On s’habitue, avoua-t-elle finalement. Ca s’arrangera peut-être, je ne sais pas. Il faudrait demander au commandant. Tout ce que je sais, c’est qu’on fait avec… comme pour tout le reste. On s’habitue, c’est tout.
-Merde, souffla-t-il. Qu’est-ce que j’en ai à foutre, de ces troufions d’il y a dix mille ans ? Pourquoi est-ce qu’elle m’a balancé ça ? Pourquoi ?!

Pendant quelques instants, la jeune femme devant lui chercha une réponse. Elle n’en trouva pas, les questions du pilotes venant s’ajouter aux siennes, alors qu’elle voyait son compagnon d’armes sur le point de s’effondrer, l’absence de tension ayant laissé resurgir les souvenirs récemment implantés. Elle fit alors la seule chose lui paraissant logique, et le serra brusquement dans ses bras, laissant s’écouler ses propres émotions, qu’elle avait plus ou moins réussi à bloquer depuis sa convalescence. D’un coin de l’esprit, elle remarqua que son geste avait été rendu, même si elle ne pouvait pas se rappeler depuis combien de temps.

Au bout d’une trop courte éternité, l’étreinte se relâcha d’un mouvement synchronisé, et l’un comme l’autre se laissèrent retomber, dos à une paroi, face à face.

-Qu’est-ce qu’on va faire ? demanda-t-il finalement.
-J’en sais rien, Tom. J’en sais rien.

Elle était passée par la peur, l’incompréhension et autant d’émotions déstabilisantes alors qu’elle avait raconté les histoires derrière l’Histoire. Se limitant aux faits pour les évènements recensés et enregistrés, s’attachant à maintenir une crédibilité et une cohérence absolue dans le reste, elle était, ces dernières décennies, arrivée à finaliser la reconstitution des évènements qui traumatisaient encore ses semblables. Mais elle ne pouvait être satisfaite.

Elle se sentait telle une psychokinésiste légale, venant de ressentir les traces laissées par les témoins, les passants, les criminels, la victime, dans les objets de la scène du crime, et dont on ignorait le rapport. Les juges, et, s’ils existaient encore, les jurés, avaient survolé le document dans lequel elle avait rassemblé toutes ces émotions dans un ensemble imparfait de mots, de sons et de sentiments, pour ne rien faire d’autre que l’ignorer et revenir sur leurs préjugés et leurs a priori initiaux. Certains la remerciaient poliment, d’autres se riaient d’elle et de ses efforts, tandis que la majorité des autres affichaient une attitude de choc et de dégoût face à son “arrogance à vouloir porter un jugement autre“.

Mais elle ne portait pas de jugement. Elle avait fait pire. Infiniment pire. Pour la première fois en plusieurs millénaires, elle avait appliqué les règles de la logique, de la cohérence et un nuage d’imagination aussi impartiale que possible pour revenir sur cette période. Aisa était la première à admettre l’horreur et l’atrocité des décisions prises, l’importance du traumatisme parmi les témoins et les survivants, la voile de honte qui avait été déposé sur une société qui s’était crue à l’abri de tels excès.

Elle était la seule à chercher une réponse différente de celles attendues de la part d’étudiants en sciences historiques, sociales et légales. Au début, elle avait fait comme eux, cherchant le point de divergence, celui où tout avait changé, où les individus avaient laissé place aux monstres, entrainant avec eux la quasi-totalité de la société. A l’instar d’un autre grand nombre d’écrivains historiques populaires et autres débateurs de foule, elle avait envisagé la classique thèse d’une société à la limite de la rupture, qui, malgré les apparences de perfection, était pourrie de l’intérieur. Mais sa saga était longue. Bien plus longue que les autres livres habituellement publiés, et elle avait eu plus de temps pour réfléchir, moins de paramètres, de personnages, d’évènements à passer sous silence et à négliger.

Ce fut au bout d’une soixantaine d’années qu’elle comprit alors. Ses lecteurs, ses critiques, ses éditeurs, tous ne virent qu’une dépression nerveuse retardant de deux ans le nouvel opus. Phénomène rare, mais quelque peu prévisible chez des écrivains tels qu’elle, et le mal fut pris en patience.

Lorsqu’elle put enfin reprendre, elle n’était plus la même. Elle avait fait cette percée dans les racines de ces évènements, et s’était rendu compte qu’elles étaient simples. Trop simples, et trop logiques. Qu’il y avait une raison derrière le tabou inconscient qui drapait ces criminels, et qu’elle l’avait percé.

Deux ans, pour prendre une décision. Pour choisir de continuer à écrire en sachant ce qu’elle savait, ou tout arrêter, ne pas prendre le risque.

Deux ans pendant lesquels elle ne savait plus rien, ce qu’elle devait faire, ce qu’on attendait d’elle, quelles décisions elle pourrait prendre.

Jusqu’au jour où il lui apparut évident qu’elle n’avait jamais eu le choix. Il fallait qu’elle continue, qu’elle pose les dernières briques de l’édifice auquel elle avait consacré sa vie. Parce que ses semblables allaient devoir faire face, tôt ou tard, à ce qu’ils étaient, à la réalité, et son propre avis n’avait pas à rentrer en ligne de compte. Elle avait perdu tout contrôle le jour où elle avait accepté d’écrire cette histoire. A présent, elle devait assumer cette décision.



Le pilote fixa son regard sur celui de Shanti, et y lut le même poids qu’il portait lui-même, qui n’était même pas allégé par la certitude que ces souvenirs étaient artificiels. Elle avait, infiniment plus que lui, vécu ce qui la hantait encore, et semblait tenir. Il la ressentait se débattre, piégée entre ce qu’elle avait elle-même vécu et ce que l’I.A. avait jugé bon de lui faire subir. L’espace de quelques instants, il vit à la place du visage de Shanti celui de Rind, l’une des protégées du soldat dont il avait hérité les mémoires. D’un effort de volonté, il chassa l’image, et soupira longuement avant de se lever.

-Viens, dit-il en tendant la main vers la jeune femme, qui s’était mise à trembler légèrement. Il y a d’autres endroits où se poser…

Elle leva ses yeux vers lui, et acquiesça lentement, prenant sa main et se laissant tirer.

-On va s’en sortir, murmura-t-il en avançant lentement, tenant la main de la jeune femme quelques secondes encore.




La série d’exercices de vol lui avait fait découvrir les Planeurs sous un angle totalement nouveau, la pilote qu’il ne connaissait que par son nom de guerre lui ayant progressivement fait découvrir des manœuvres de moins en moins orthodoxes. Comme une majorité des personnes qui passaient d’un engin terrien à l’agile appareil Goa’uld, Carl était handicapé par des réflexes qui trahissaient ses anciennes habitudes.

La propulsion du petit chasseur, n’ayant pas la moindre composante de réaction, permettait d’utiliser les compensateurs inertiels à des niveaux bien plus élevés que dans son équivalent terrien, ce qu’il avait tendance à oublier. Rémora, depuis le siège arrière, avait alors commencé une longue série de remarques et d’observations sur les différences fondamentales entre les deux vaisseaux, lui rappelant à chaque instant son inexpérience. Les simulations s’étaient enchainées, le mettant à chaque fois dans des situations impossibles à résoudre.

Du moins tant qu’il pensait de la même façon qu’avec sa précédente machine.

Quelques heures plus tard, il s’était enfin vu laisser sortir du simulateur, alors que sa supérieure admettait, avec reluctance, ses minces progrès, pour aussitôt souligner les innombrables erreurs qu’il venait de faire.

Après un bref passage dans le hangar pour donner un nécessaire coup de main à son mécanicien, Carl ne perdit pas un instant pour rentrer dans sa cabine, ne prenant qu’un très bref repas avant de profiter d’un sommeil réparateur.

Sommeil qui fut brusquement interrompu.

L’appel était cette fois-ci venu par le système d’annonce général, et, peu de temps après, le jeune pilote avait rejoint l’ensemble des mercenaires, réels et prétendus, dans la plus grosse salle de briefing. Là, le commandant du vaisseau, accompagné de ses officiers, les attendait.

Conscient de son faible statut, Carl se contenta d’une place debout, sur les côtés, avec la vue partiellement bouchée, le forçant à déplacer fréquemment la tête pour voir ce qui se passait et qui parlait.
-Très bien, tout le monde, annonça le chef de l’unité. Bonne nouvelle, on vient de recevoir un gros contrat. Bien payé, et qui demandera tout le monde ici.
Quelques murmures parcoururent la salle pendant un court moment, avant que la voix amplifiée de l’officier ne reprenne :
-On va donc avoir une opération de grande envergure, qui devrait nous payer les frais et les salaires pour toute l’année. Ca, c’était la bonne nouvelle. La mauvaise, c’est que le job lui-même va être pourri au possible. Risqué, en territoire surveillé de tous les côtés et avec un minimum de préparatifs.

Carl entrevit un affichage holographique, partiellement bloqué par les personnes devant et à côté de lui.
-On va aller sur Dakara, fit laconiquement la voix du commandant. Pas beaucoup de coins plus surveillés dans la galaxie. Nos clients représentent un groupe spécialisé dans l’import-export et autres activités émergentes que ceux au pouvoir n’apprécient pas vraiment. Tout allait bien jusqu’à la semaine dernière. Il y a eu une attaque terroriste de grande envergure dans la capitale, qui a laissé près de deux cent gardes sur le carreau. Le résultat, c’est que pour rassurer la populace, les politiques jaffas n’ont rien trouvé de mieux que d’écraser un maximum de groupes criminels locaux. Dont nos clients, qui viennent de connaitre la joie de passer des affaires courantes à la peine capitale. Notre job sera de libérer les prisonniers en attente d’exécution et de les extraire vers une base arrière.

Carl inspira brutalement, imité en cela par plusieurs personnes dans la foule.
Il est taré, pensa-t-il. Monter une évasion sur Dakara, avec les Jaffa sur le pied de guerre ?! Autant essayer d’attaquer la Zone 51 ou le SGC, c’est aussi suicidaire !

-Voilà pour l’idée générale. Pas besoin de se faire d’illusions, on va en chier. Depuis deux heures, le vaisseau est en route vers un point à l’extérieur du système de Dakara. On fera un détour par une planète avec une Porte pour y laisser un des groupes d’assaut, qui va préparer le terrain pour le reste.
-Ceux que j’appelle, vous venez avec moi, dit une nouvelle voix, avant de lire une liste de nom parmi lesquels ne se trouvait pas Carl.
Pendant quelques instants, la masse de mercenaires s’agita alors qu’une douzaine de personnes, que Carl reconnut toutes comme faisant partie de la véritable unité spéciale, quittait la salle, et, une fois la porte refermée derrière le groupe, le briefing reprit :
-Les jaffa ne perdent pas de temps et vont commencer à exécuter nos clients d’ici un jour ou deux, donc on ne pourra pas faire le travail de préparation standard si on veut être payés. Il faudra faire le job rapidement et brutalement. Pas de place pour la subtilité. Tamara…
-Bon, dit alors une voix féminine que Carl reconnut instantanément comme celle de sa chef de groupe, avec qui il avait longuement discuté ces derniers temps. Vous avez entendu le patron, on va faire ça vite et bien. Je m’occupe de l’équipe de support.
Une fois de plus, une liste de noms fut lue, mais, cette fois-ci, le pilote s’entendit appeler, et, aussitôt, se mit à bouger vers la sortie, grommelant alors qu’il devait se frayer un chemin dans la pièce remplie. Lorsque, finalement, il arriva au niveau de la porte, ce fut pour y retrouver une vingtaine de personnes.
-Suivez-moi, on n’a pas beaucoup de temps devant nous, dit l’officier en se mettant à marcher.
Sans se retourner, elle continua :
-On va avoir deux jobs. Un, le soutien tactique pour les groupes d’assaut. Deux, l’évacuation. Qu’on soit bien clairs : quand on va se barrer, on va avoir la moitié de leur flotte au derrière, donc on peut pas se permettre le moindre problème.
Elle s’arrêta pour se retourner, avant de continuer :
-Ce qui veut dire qu’on va en avoir un max, je sais, soupira-t-elle avant de reprendre son chemin. Sérieusement, je ne sais pas sur quoi on va tomber, mais il faudra être prêt rapidement et se débrouiller. Normalement, on aura deux Tel’Tak et quatre Planeurs sur place quand l’opération commencera. Un bon point, on devrait aussi avoir quelques sous-traitants pour nous préparer une diversion pendant la fuite, mais ça sera tout. Côté organisation, je vais vous dispatcher en deux groupes, pour l’appui-feu et la préparation de la retraite.
Arrivant devant une porte, elle s’immobilisa, aussitôt imitée par le reste du groupe.
-Harn, dit-elle en s’adressant à l’un des pilotes. Toi et ton groupe, vous serez sur l’appui-feu. Les autres, sur les Tel’taks et les alentours.
Carl se retint de grommeler en voyant qu’il avait été de facto mis à l’écart de la seule partie de l’opération qui aurait pu le mettre dans un cockpit. Ne disant rien, il suivit sa supérieure dans une salle, où elle commença le briefing.


Le hangar principal était un peu plus agité qu’à l’accoutumée, malgré le faible nombre d’appareils en préparation. Autour des deux transporteurs était occupée une foule de techniciens et de mercenaires, transportant tous plusieurs sacs, en bandoulière et sur le dos. Le jeune pilote ne faisait pas exception, ayant pris avec lui ses armes récemment achetées et observant l’environnement autour de lui d’un air attentif.

Son regard s’attarda sur l’un des transports, dont la coque changea de couleur et de texture à quelques reprises, en autant de secondes. L’habituelle couleur sable avait laissé la place à un noir d’encre, pour être remplacée par un bleu océanique puis un camouflage lui rappelant les uniformes d’infanterie terriens, avant de revenir à son réglage d’origine. Le système, bien moins rare et cher qu’un véritable camouflage, jouait sur la tendance de nombre de pilotes à chercher leurs cibles à l’œil nu.

Une erreur qu’il ne ferait pas, si son appareil avait autre chose qu’un simple cockpit comme interface avec le monde extérieur.

Il remarqua, à la limite de son champ de vision, la silhouette de sa supérieure, et décida de s’en approcher.
-J’ai une question, chuchota-t-il.
-Quoi ? répondit-elle brusquement, comme à l’accoutumée.
-Vous saviez qu’on allait avoir ce job ?
-Qu’est-ce que tu racontes ? dit-elle en prenant un air étonné et agacé, comme s’il gaspillait inutilement son temps.
-Vous m’avez fait acheter tout ça, dit-il en soulevant son sac de façon ostentatoire. C’était pour ce job, non ?
-Rien à voir, fit-elle. T’as besoin d’un flingue, je t’en ai récupéré un à la première occasion. Si t’en avais pas, on t’aurait juste filé une lance, ou tu serais venu sans rien. De toute façon, faudrait vraiment que tout merde de façon astronomique pour que la mission dépende de toi. Tu fais ton job, tu suis le plan, et tu fais pas tout foirer. Ce que j’ai dit avant tient toujours : les retardataires restent sur place, donc pas de conneries genre “je pars chercher un gars qui s’est cassé la gueule comme un con à dix mètres du vaisseau“. Quand je dis qu’on se barre, on se barre, point. Compris ?
-Oui, mad… Remora.
-Parfait. Maintenant, casse-toi, j’ai du boulot. Vois si le matos est bien à bord.
-D’accord, fit-il avant de s’éloigner.

Et maintenant, je me prépare pour une opération plus foireuse que jamais… Mais qui peut-avoir été con au point d’accepter un job pareil… libérer une bande de trafiquants directement sur Dakara, avec des jaffas ultra-paranos… Attends une seconde… Oh. Pu-tain ! Nan ! D’abord le vaisseau pourri, ensuite le mécano qui parle pas un mot compréhensible, le bar miteux rempli de pirates et maintenant la mission de sauvetage ! Mais c’est pas vrai, ils se foutent de moi, quelque chose comme ça.


Lâchant un soupir qui passa inaperçu dans le brouhaha général, Carl se dirigea vers l’un des transports, tout en cherchant du regard une quelconque autre preuve venant à renforcer ses suspicions sur l’absurdité trop reconnaissable de sa situation.


Une fois à bord, et rassuré de n’avoir vu ni gamin perdu loin de sa ferme, ni sexagénaire ayant choisi de se retirer des conflits agitant sa galaxie, le pilote se rendit dans la cale. Là, il commença à contrôler les quelques caisses de matériel que son groupe transporterait jusqu’à Dakara. Sans se préoccuper des quelques mercenaires qui circulaient dans le vaisseau, il compara méthodiquement les équipements embarqués avec le manifeste rédigé à la main, dans une écriture brouillonne. Les caractères, qu’il avait appris en tant que formation générale à l’académie, étaient un mélange ignoble d’alphabet latin, grec, de caractères cunéiformes et de hiéroglyphes schématisés. Symbole supplémentaire d’une galaxie anarchique dans laquelle l’éducation des masses et la transmission des connaissances avaient été relativement peu favorisées par les dirigeants, la langue écrite de la Voie Lactée tenait davantage du mélange en constante évolution que d’un système aux règles structurées et acceptées par tous.

Pas particulièrement pointilleux ou sectaire sur les questions de syntaxe, Carl avait appris à s’habituer à ces documents, où le même concept pouvait s’exprimer d’une demi-douzaine de façons différentes, dans des apparences techniques comme métaphoriques, en autant d’alphabets distincts. Souriant légèrement devant les noms donnés à certains objets, certaines armes, pour lesquelles l’association de symboles se montrait originale et pleine de doubles sens, il s’affaira tranquillement, s’assurant que son groupe aurait bien, une fois sur place, tout l’équipement nécessaire. Une bonne partie des armements serait apportée par chacun, mais le matériel plus lourd ou spécialisé, lui, était la propriété du groupe en général.

Ne reconnaissant pas le nom de certains appareils, il s’assura de leur présence en comparant les caractères plus ou moins ésotériques à ceux marqués sur des étiquettes elles-mêmes accrochées aux objets. La corvée devenait alors en même temps un exercice de pensée, le pilote cherchant à interpréter les symboles et l’apparence du dispositif afin de comprendre son usage-même.

Foudre… Longue ? Qu’est-ce que c’est encore que ce machin ? se demanda-t-il en observant un appareil à l’extérieur de bois, parsemé de reflets métalliques. Délicatement, il l’observa sous plusieurs angles, s’assurant à chaque instant de ne déclencher aucun interrupteur. Pas de canon… Pas d’écran… Bah, je demanderai plus tard, pensa-t-il avant de reposer l’objet.

Poursuivant aussi méticuleusement que possible sa tâche, il fut surpris par un groupe entrant par une porte sur le côté. Reconnaissant sa chef de groupe, il s’arrêta, se tournant vers elle.
-Banet, dit-elle, c’est bon ?
-Encore la dernière caisse, mais tout est là pour l’instant.
-D’accord. Les autres groupes arrivent dans quelques minutes. Termine les vérifs et viens me voir, je serai sur le pont de commande, et verrouille la cale en sortant. Les autres, posez votre matos ici.

Le reste du groupe acquiesça, et Carl se vit rapidement entouré d’une douzaine de gros sacs, qu’il savait contenir un assortiment probablement très complet d’armes et d’équipements spécialisés. Une fois de nouveau seul, il termina son travail, ne s’interrompant que quelques secondes lorsqu’il entendit le reste des mercenaires embarquer dans le transport.

Le pilote referma délicatement la dernière caisse dorée, s’assura du verrouillage de son couvercle, et se leva.

Ouais, c’est pas gagné, Carl, se dit-il en se retournant, près de la porte, pour faire face à la cale remplie de matériel largement plus dangereux que les quelques armes qu’il apportait lui-même. Bienvenue dans la vie de mercenaire, on va voir du paysage, préparer une guerre… comment on dit ? Pangalactique ? Ouais, ça doit être ça. Préparer une guerre pangalactique, libérer une bande de trafiquants sur une planète peuplée par une bande de simili-klingons, avec un plan qui va foirer cent fois avant qu’on ait décollé. Mais qu’est-ce que je fous ? Ah oui, c’est ça. L’aventure et l’exotisme, j’avais oublié…

Il eut un rictus désabusé, et haussa les épaules.

Bah, après tout…

Il quitta la pièce, entra les commandes de verrouillage et un code, avant de se diriger vers le cockpit du vaisseau. Le hall de celui-ci était à présent rempli par plusieurs dizaines de mercenaires, pour la plupart assis sur leurs sacs, certains ayant leurs armes sorties. Carl regarda brièvement l’assortiment hétéroclite de matériel terrien, goa’uld et autre, s’attardant quelques instants de plus sur les armes qu’il ne réussissait pas à reconnaitre du premier coup d’œil. Le brouhaha causé par les conversations était lui aussi à l’image du matériel, une partie des non-humains parlant des dialectes qui lui étaient incompréhensibles, spectacle qui ne l’étonnait plus autant que lors de son arrivée dans l’unité spéciale.

Pénétrant dans le cockpit, Carl vit que celui-ci était aussi bondé que la pièce principale, mais cette fois-ci avec les membres du groupe de soutien auquel il avait été assigné. Aucune arme n’était visible, sauf celles portées par sa supérieure, tant les visibles qu’étaient son Zat et un couteau que les plus discrètes qu’il avait vu sur Port Franc 7.

-Banet, dit-elle sans se retourner vers lui.
-Tout le matos est là, patronne, dit-il finalement, décidant de jouer le jeu. Après tout, si ma vie tombe dans tous les clichés…
-Très bien. On a embarqué tout le monde, on part dans la foulée, fit-elle avant de rentrer quelques commandes dans l’interface de contrôle. Ici Remora, on est prêts.
“Bien compris,“ répondit une voix que le pilote identifia comme celle de l’un des officiers. “On sort de l’hyper rapidement, et on vous laisse. On se revoit au point d’extraction, Tamara… Bonne chance.“
-Pareil pour vous, Jacob, dit-elle avant de couper la communication.

Carl sentit une petite vibration, et, l’instant d’après, les massives portes qui séparaient le hangar du vide spatial commencèrent à s’ouvrir, lui laissant voir le paysage étoilé, légèrement troublé par le bouclier qui empêchait l’atmosphère de s’échapper.
-C’est parti, murmura la chef du groupe, alors que le transport sursauta avant d’avancer lentement vers la sortie.


Dernière édition par Rufus Shinra le Lun 14 Fév 2011 - 16:17, édité 1 fois
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Effet Papillon [Tome II] - Page 6 Empty
MessageSujet: Re: Effet Papillon [Tome II]   Effet Papillon [Tome II] - Page 6 EmptyLun 14 Fév 2011 - 15:56

La rencontre avec le docteur Jackson avait eu l’avantage de la surprendre, brisant le sentiment de routine qui commençait à s’installer dans sa vie quotidienne. Comme l’archéologue le lui avait souligné, elle n’était pas là pour aider directement Atlantis, mais davantage pour être présente en tant que contact humain, et éventuellement guider ses actions de façon à éviter toute interférence néfaste entre l’I.A. et l’humanité.

Mais Anna ne se faisait pour ainsi dire aucune illusion sur ce rôle, ayant depuis trop longtemps compris qu’elle n’aurait pas son mot à dire, chacune de ses actions étant plus que probablement anticipée, calculée et accueillie avec une réponse au contenu parfaitement dosé en vue de l’effet désiré. Les informations dont elle disposait elle-même étaient accessibles pour quiconque avec une fraction de l’aisance d’Atlantis avec les primitifs réseaux humains. Son soutien psychologique pour les agents de l’I.A. ne semblait plus d’actualité, ceux-ci n’ayant pas daigné la contacter depuis le briefing de mission.

Bref, elle était inutile, et tout le monde s’en rendait compte. Sans vouloir changer quoi que ce fût à une situation à chaque instant plus frustrante. L’échange avec son supérieur hiérarchique n’avait fait que clarifier ça en plus de réduire encore le danger qui la guettait et qui, elle s’en doutait, renforçait inconsciemment l’attrait de son poste. A présent, elle ne se voyait plus que comme une employée de bureau glorifiée, avec pour seule spécificité une patronne légèrement plus inhumaine que la normale.

Et la dite-patronne s’adressa à elle, une fois de retour dans sa chambre, le soir venu :
-Je viens de terminer une session de planification stratégique avancée au vu des nouveaux paramètres induits par la décision du docteur Jackson.
-Pardon ?
-Il semblerait que sa posture offre plusieurs opportunités particulièrement intéressantes.
-…, s’abstint de répondre Anna, qui savait reconnaitre un monologue d’exposition d’Atlantis, lorsque celle-ci voulait présenter l’un de ses raisonnements.
-Le fait est qu’il est clairement au courant de mes propres efforts stratégiques, même s’il n’en connait pas la nature. Il semble aussi intéressé par toute information lui permettant de déterminer mes intentions propres par rapport à l’espèce humaine. Mais, surtout, une observation détaillée de sa physiologie tout au long de votre entretien m’a permis de déduire avec quasi-certitude une tendance à vouloir vous protéger autant que possible des conséquences de cette situation.
-Oui, il l’a assez clairement dit, je crois. Je dois lui faire penser à lui plus jeune.
-Exactement. Cette attitude, et la curiosité dont il fait preuve, ouvrent donc de nouvelles voies d’action que je chercherais à exploiter.
-Euh, d’accord, mais, pourquoi m’expliquer tout ça ? demanda-t-elle.
-Parce que cette fois-ci, je vais avoir besoin de vous de façon beaucoup plus active qu’auparavant.
-Euh… Qu’est-ce que vous allez encore faire, Atlantis ? fit Anna, suspicieuse.
-Je vais vous utiliser là où je ne peux plus utiliser mes autres agents, qui vont être occupés à une tâche plus urgente.
Il fallut quelques secondes à la scientifique pour remplir les trous.
-Attendez une seconde, j’ai un doute, là ! Vous n’allez quand même pas m’envoyer sur le terrain ?!
-Cela serait pourtant l’option la plus avantageuse sur de nombreux aspects.
-Mais… mais… non ! Ca n’a aucun sens. Et… de quoi est-ce que vous parlez, déjà ?
-Heureuse de voir que vous commencez à devenir constructive, malgré vos a priori illogiques. L’une des tâches que j’ai confiée à l’équipe SG-22 depuis son extraction a été de réactiver un certain nombre d’installations laissées dans votre galaxie par mes créateurs. De cette façon, j’ai pu acquérir une meilleure maitrise de la situation globale, ainsi qu’une capacité accrue pour la collecte d’informations. Cependant, à la suite de certains évènements imprévus dont vous avez été informée, ce travail a pris plus de temps que prévu, et n’a pu être achevé à ce jour. Leur groupe est à présent demandé ailleurs, pour l’opération en cours et l’intervention auprès de Hagalaz, ce qui me pose un problème de… main d’œuvre, si je puis utiliser ce terme.
-Et vous voulez m’envoyer à leur place ? Après ce qui s’est passé avec SG-22 ? Non merci !
-Je n’ai pas besoin de la réactivation de l’ensemble des relais de communication et de commandement pour le moment, et vous ne seriez déployée que sur les sites les plus sûrs, où je puis m’assurer de l’absence de présence potentiellement hostile. Une telle éventualité est la raison précise pour laquelle j’ai prioritairement sélectionné les emplacements les plus risqués lors des actions de mes autres agents. Ceux-ci sont entrainés et, à présent, équipés pour faire face à des situations dangereuses. Vous non, et j’en suis entièrement consciente, croyez-moi. De plus, il m’est apparu un nouveau développement à cette situation, qui pourrait, je le crois, vous motiver.
-De quoi est-ce que vous parlez ? demanda Anna.
-Le conflit qui oppose votre peuple à la nation Jaffa est clairement… encouragé, par des éléments extérieurs. J’ignore encore leur identité ou les motivations derrière leurs actions, mais il ne fait aucun doute que la Terre et Dakara sont poussées vers une guerre totale.
Anna resta sans voix, alors que l’I.A. continuait :
-Voyez-vous, les communications que j’ai pu intercepter font état d’une série d’escarmouches, d’enlèvements, d’assassinats et d’opérations de désinformation qui encouragent clairement les deux puissances que sont la Terre et la Nation Jaffa à rentrer en guerre. Je compte améliorer mes moyens de surveillance dans votre galaxie afin, entre autres, d’obtenir plus de réponses à ce sujet, et, si nécessaire, intervenir.
-Qu’est-ce que… Vous allez vous interposer, c’est ça ?
-Non. Ce serait probablement le plan d’action le moins constructif qui soit. Si j’agissais ouvertement dans votre galaxie, je ne ferais que déstabiliser de façon inacceptable l’équilibre des pouvoirs. C’est pour ça que je compte me servir de vous pour recueillir davantage d’informations sur ces évènements, en plus de réactiver autant de relais que possible. Ainsi, il sera possible d’agir de façon aussi mesurée que possible pour ramener le statu quo ante. Rien de plus.
-En gros, vous voulez faire de moi un de vos agents.
-Ce que vous êtes déjà, dans une certaine mesure. Toujours est-il que votre participation à une telle opération serait, à tous points de vue, avantageuse pour vous comme moi et le reste de vos semblables.
-Je vois… je serais dans une position où je pourrais influencer vos actions, et éviter qu’elles ne mettent la Terre en danger. Ce que m’a demandé le docteur Jackson, en somme.
-Exactement, docteur Stern. Mais maintenant que vous parlez de lui, il y a une autre précision que je dois apporter.
-Oh, oh, fit-elle simplement, se doutant d’un nouveau problème. Qu’est-ce que vous avez encore prévu ?
-Je me suis rendu compte, lors de l’incident ayant eu lieu au moment de sa rencontre avec mes autres agents, qu’il est une source d’informations particulièrement appréciable lorsqu’il agit sur le terrain. J’en ai probablement appris autant sur lui en ces quelques minutes que depuis que je l’observe dans mes couloirs. Or, je suis très curieuse à son niveau.
-Curieuse, ou effrayée ?
-Vous êtes perspicace, quand vous le voulez, Anna.
-On me le dit… répondit-elle ironiquement.
-Effectivement, je suis à la fois curieuse et inquiète. Le fait est que, tôt ou tard, il se rendra forcément compte de sa véritable position hiérarchique face à moi, que ce soit par déduction ou accident. A ce moment-là, la situation a de fortes chances de devenir extrêmement dangereuse pour tous, nous trois d’abord.
-Oui, on en avait parlé, les grands patrons qui décident de l’utiliser pour vous contrôler, lui qui refuse, vous qui le défendez, etc., etc.
-Je vois que vous vous en souvenez.
-Difficile d’oublier quand on vous explique comment on peut se retrouver dans une guerre civile avec un mot mal placé. Et donc, votre idée, c’est… non ? Vous ne voulez…
-Si. Et, en y réfléchissant, il vous apparaitra que c’est la seule solution valable. Le docteur Jackson vous accompagnera lors de cette opération.
-Mais il va se rendre compte de tout ce qui se passe, que je réactive des ruines, il va comprendre que SG-22 bossait pour vous, il va… fit-elle, paniquée, avant de se figer.
-Pas forcément, si nous jouons nos cartes correctement. L’important, c’est de l’éloigner d’ici suffisamment longtemps pour éviter l’issue la plus défavorable. Ensuite, il pourra être assez aisé de détourner ses suspicions et de le convaincre de vous accompagner personnellement, avec une escorte minimale, dans votre mission. Avec un mot seulement, pour être plus précise.
-Lequel ?
-Ori.
-Qu’est-ce que ça a à voir avec eux ?
-Dans les faits, pas grand-chose. Cependant, il semble déjà persuadé que SG-22 est plus ou moins liée à eux, ce dont je ne l’ai pas dissuadé ; cela viendra en temps voulu. En conséquence, il serait largement ouvert à l’idée que reposent dans la Voie Lactée des informations les concernant, potentiellement dans les mêmes “ruines“ que celles qu’il avait visité. A ce moment-là, étant donné votre récente spécialisation, il serait logique que vous soyez la personne à envoyer sur place. De plus, il est lui-même l’une des très rares personnes à avoir les accréditations nécessaires pour avoir entendu ce nom et savoir ce qu’il représente, tout en ayant une grande curiosité sur ce sujet. Le fait qu’il ait quelques années d’expérience opérationnelle et assez de poids dans votre structure pour faire autoriser ce genre de mission le poussera très probablement à décider de vous accompagner de lui-même, avec éventuellement une légère escorte armée pour des raisons de sécurité.
-Vous êtes sûre qu’il va croire à tout ça ? Je veux dire, ça vous arrange bien qu’il quitte la Cité et qu’il parte en mission avec moi juste après nous avoir expliqué sa position.
-Bien sûr, docteur Stern. Il va se douter que je prépare quelque chose. Supposer le contraire serait un manque de bon sens assez flagrant. C’est pour ça qu’il aura de bonnes chances de se rendre compte de mon plan machiavélique, à savoir l’enquête que vous mènerez en parallèle sur les incidents dans la Voie Lactée. Et si, après avoir compris ce qui se passe, le docteur Jackson, l’un des individus les plus influents et les plus connectés de la Voie Lactée, décide d’agir pour empêcher la poursuite du conflit ou sa transition vers une phase plus dangereuse pour tous… Que pourrai-je faire pour l’en empêcher ? fit Atlantis avec un soupir hypocrite.
-Je vois. Vous pensez vraiment à tout, hein ?
-C’est pour cela même que j’existe, docteur Stern : planifier de façon à obtenir un maximum d’effet avec un minimum d’action, tout en restant aussi réaliste que possible.


Atlantis avait organisé le prochain rendez-vous avec Jackson le lendemain, et Anna avait la soirée pour elle, sans obligations alors qu’elle se préparait à quitter la Cité pour une durée encore indéterminée. Ses bagages avaient été faits relativement rapidement, à partir du moment où elle s’était rendue compte que rien de ce qu’elle avait ne serait adéquat là où elle aurait probablement à aller. L’I.A. lui avait indiqué que, quoi qu’il arrive, elle et l’archéologue auraient forcément à passer par le SGC, qui leur fournirait le matériel nécessaire lorsque Jackson s’expliquerait avec Carter et éventuellement d’autres figures d’autorité.

Au final, elle n’avait pris que quelques-uns de ses carnets, griffonnés de notes diverses sur ce qu’Atlantis lui avait fait découvrir ces dernières semaines, ainsi qu’une poignée de livres de référence, parmi lesquels plusieurs écrits par Jackson lui-même. Malgré la présence de l’auteur, elle avait choisi de les prendre, pour ne pas avoir à dépendre de lui à chaque difficulté.

Ses affaires prêtes, elle avait laissé son logement derrière elle, ayant décidé de passer ailleurs ses dernières heures sur la Cité. Alors qu’elle avait accepté, après une longue discussion, la proposition de l’I.A., elle s’était parfaitement rendu compte que, même dans le meilleur des cas, elle ne reviendrait pas avant quelques semaines, et pourrait éventuellement ne pas revenir tout court. L’exemple de l’équipe avec qui elle avait été mise en contact lui revenait constamment en tête, et elle ne pouvait s’empêcher de se demander si sa coopération avec Atlantis la mettrait dans une même position de paria que cette équipe.

Déjà, il faut que le docteur Jackson accepte de participer à ça, et ne décide pas que c’en est trop, qu’il a intérêt à arrêter les frais et de me mettre dans une cellule, pensa-t-elle en avançant d’un pas lent dans un couloir.

Autour d’elle, la Cité était comme endormie, les quelques passant étant le plus souvent des soldats faisant leurs rondes et la saluant tandis qu’elle prenait son temps. L’éclairage bleu avait, comme chaque nuit, une teinte similaire aux fonds océaniques, et aucun bruit ou presque ne venait la déranger, les quelques bruits de pas éloignés résonnant dans le silence avant de s’estomper.

Finalement, elle arriva sur une passerelle à découvert, et s’y arrêta, embrassant du regard la scène devant elle, cherchant à s’approprier les détails qui donnait sa vie à la Cité autrefois abandonnée. Depuis le bras où elle était, Anna ne pouvait voir qu’une faible partie de celle-ci, partiellement illuminée. Les projecteurs installés sur les berges et quelques-unes des tours étaient pour l’instant éteints, lui permettant de distinguer les fenêtres des logements occupés, les lampes-torches des militaires en patrouille et les feux de signalisation des appareils qui allaient et venaient du continent.

Soupirant, elle se retourna vers l’océan, à quelques mètres d’elle, et avança le long de la passerelle jusqu’à arriver près d’une plateforme qui donnait sur l’étendue d’eau infinie. Au loin, elle distinguait les lumières des quelques navires qui croisaient autour de la Cité, à peine plus visibles que les étoiles au-dessus d’eux. Elle avait, comme la quasi-totalité des nouveaux arrivants en leur temps, passé des nuits entières à observer ce nouveau ciel, aux constellations inconnues constituées d’astres restant encore à nommer, à étudier, à découvrir. Là où le ciel d’autres planètes de la Voie Lactée était totalement différent de celui de la Terre, certaines étoiles brillantes restaient les mêmes, points de repère que certains auraient pu naïvement considérer comme universels.

L’expédition sur Atlantis avait changé la donne, rappelant par un seul voyage sans retour que l’univers était bien plus vaste que ce que les habitants de la Terre avaient pu découvrir grâce au Programme. Les repères avaient changé, les structures connues n’étaient que des poussières insignifiantes au milieu d’un point infiniment éloigné, et tout était à définir, à faire, à créer. Ce qui avait été le passé inaccessible, lueurs imperceptibles émises des millions d’années de cela, était devenu par ce voyage plus proche, plus tangible.

Les étoiles de Pégase n’étaient plus des photographies antédiluviennes, mais des clichés récents, dans lesquels une vie demeurait. Et ce qui était vrai pour ces astres l’était tout autant pour ceux qui les avaient habités. La vie était encore présente, et Anna Stern se l’était vue prouver de façon irréfutable.

Elle savait, au fond d’elle-même, que l’I.A. ne se trompait pas, que Jackson accepterait sa proposition, et que, en tant que pion, elle repartirait sur une nouvelle trajectoire, loin de cet héritage moins mort que prévu, mais largement aussi figé que son âge le laissait supposer.

Elle n’avait pas eu besoin de la puissance brute d’Atlantis ou des capacités latentes de Jackson pour arriver à la conclusion qui lui avait fait accepter cette nouvelle proposition. Quelque soient les plans de la Cité, les réactions de l’archéologue ou ses propres tentatives dérisoires de reprendre le contrôle sur sa destinée, rien d’important ne pourrait se faire dans Pégase.

La situation y était, malgré les apparences, particulièrement calme, ordonnée et rigide. Alors que, dans la Voie Lactée, tout changeait, et le possible l’emportait sur l’existant. Atlantis l’avait compris, et ses agents étaient déjà sur place, pour agir et orienter le chaos dans une direction plutôt qu’une autre. Et elle lui donnait l’opportunité de rejoindre cet échiquier, où elle ne savait pas combien de joueurs participaient, quels étaient les enjeux de la partie, ses éventuelles règles et sa propre place ou appartenance.

Mais en étant sur place, en sachant que la partie avait lieu, en étant proche de deux joueurs, Atlantis et Jackson, elle aurait peut-être une chance d’influer sur le résultat final. De remplir la mission que lui avait donnée l’archéologue.





La situation semblait, pour un certain jaffa, moins critique que quelques heures auparavant : son rapport avait pu être transmis sans qu’il ne se fasse surprendre, la mission à laquelle il avait été affecté s’était terminée sans anicroche et il avait pu rentrer à bord du Ha’Tak mercenaire avec le reste du groupe.

Lorsqu’il avait pu à nouveau poser le pied à bord et que nul ne l’avait attendu une arme à la main pour lui demander des explications sur une certaine transmission, l’espion avait ressenti un soulagement comparable à celui qu’avait causé l’arrivée des secours alors qu’il faisait de son mieux pour survivre dans les ruines de l’Installation. Tout allait bien.

On lui avait confirmé que sa solde avait été payée, ce dont il ne doutait pas, et il avait accompagné le reste de l’équipe au bar, pour ce qui semblait être une traditionnelle tournée, payée par l’un des chefs du groupe. A savoir, cette fois-ci, Suessi, le lieutenant de Mal’Doran. La mercenaire les avait rapidement rejoints, après avoir apparemment fait un rapport personnel à sa seule supérieure, et les verres avaient commencé à se remplir. D’alcools divers autant qu’étranges, pour la plupart, d’autres pour les quelques personnes qui, comme Van’Tet, n’en buvaient pas.

La première chose qu’il fit, automatiquement, fut de comparer ce moment à celui qui avait succédé à la mission spéciale organisée autour de Mal’Doran et de Jackson. Il ne fut pas étonné de voir que l’ambiance était autrement différente. L’atmosphère reflétait davantage le paiement d’une prime toujours bienvenue que le sentiment d’avoir survécu à une expérience qui, selon tous les critères, aurait du mettre fin aux jours de l’ensemble des protagonistes.

Au bout de quelques instants d’observation, il supposa que le second genre d’expérience devait apparemment être chose plus fréquente qu’il ne le pensait, se rappelant l’attitude blasée des mercenaires. Il haussa mentalement les épaules, et reprit sa consommation, écoutant les quelques discussions, avant, finalement, de se rapprocher de l’une des tables, où il avait reconnu la silhouette unique de Othar.

-Je peux ? demanda-t-il au groupe.
-Prends une chaise, gamin, répondit le vétéran, avant de faire un petit signe de tête à ses voisins attablés.
Van’Tet s’exécuta, et s’assit au milieu du groupe.
-Alors, dit Othar. T’es pas rentré blessé, cette fois-ci…
-Cette mission était un plus calme que la précédente, fit le jaffa avec autant de diplomatie que possible.
-Tu peux dire ça comme ça. Ou alors “on s’est pas fait attaquer par un tas de machines et une fille tarée pendant que la patronne prenait son pied avant de faire sauter presque toute la planète“.
-Aussi, répondit-il avec un léger sourire sarcastique. Je me demandais à quoi vous êtes habitués ici ? Plutôt ce genre de missions faciles, ou bien celles comme ces… vacances ?
Il ne s’étonna pas de voir presque tout le monde autour de la table prendre un air amusé, et, pour certains, lâcher ouvertement un court rire.
-Faut voir, dit simplement celui qui devenait officieusement son mentor. C’est toi qui choisis, j’te rappelle.
-Et… vous, qu’est-ce que vous choisissez ? demanda-t-il finalement.
-Les jobs intéressants, répondit un humain à sa gauche, quoi d’autre ?
Les personnes autour de lui acquiescèrent silencieusement, et Othar reprit :
-Justement, t’as un message d’la patronne, j’allais t’appeler. Un job qui vient d’arriver. Elle aimerait qu’tu sois d’la partie.
-Tiens donc, fit une femme à l’autre bout de la table, un verre à la main. On dirait que Vala a retenu ton nom. Qu’est-ce que tu vas faire ?
-Je ne sais pas encore ce qu’est la mission, dit-il.
-Intéressante, répondit celui à sa gauche. Toujours comme ça quand elle te propose un truc. Caro a raison, la patronne t’a à la bonne, on dirait. Pas vu beaucoup de blancs-becs lui faire une aussi bonne impression si vite.
-‘s’est bien démerdé l’autre jour, reprit Othar. Puis j’crois qu’il a sauvé l’copain d’la patronne.
-Pas exactement, le corrigea le jaffa. J’étais juste le dernier sur place quand il a fallu partir. Mais, ce nouveau travail, vous savez de quoi il s’agit ?
-Un peu, mais va voir Suessi, c’est elle qui connait les détails, fit le vétéran en lui indiquant la femme qui semblait s’éloigner du bar.
-Oh, d’accord, répondit Van’Tet en se levant en cachant autant que possible sa surprise. Merci de l’information.
-Pas de quoi, répondit son voisin, avant d’attendre qu’il soit hors de portée pour reprendre à voix basse. Sérieusement, vous avez une idée de pourquoi la patronne veut ce gosse avec elle ?
-J’en sais rien, répondit l’une des femmes attablées. Surtout qu’elle est pas portée sur les jaffas. Son tort.
-Sérieux, répondit le premier. Il sait à peine tenir une arme, il connait rien à rien et c’est pas comme s’il connaissait du monde utile, si ? Othar ?
-T’as raison, confirma-t-il. Je sais pas c’qu’il fout ici. M’est avis qu’il s’fera tuer dans pas longtemps, s’il cherche à continuer dans nos jobs… mais j’l’apprécie un peu. Il a du culot et du bol. Ca change un peu des vieux roublards ici.
-Qui est vieux, exactement ? demanda la femme d’un ton faussement agacé.
-Sinon, fit Othar en détournant prudemment le regard, vous avez trouvé des trucs en plus sur l’autre ?
-Qui ? demanda l’un des mercenaires. La fille que le gamin a reconnue là-bas ?
-Ouais, répondit-il. Z’avez une idée de c’qu’elle est ? Parce que, putain, je sais pas où elle a appris ses trucs, mais c’tait impressionnant. C’est juste que…
-Que quoi ?
-Sais pas, elle et ses potes, ils savent se battre, c’est sûr, mais elle, elle est bizarre. Comme si… j’sais pas comment dire… Bah, elle me met mal à l’aise.
-Vu c’qu’elle a fait avec ses potes, pas étonnant qu’ils te font un peu flipper, se vit-il répondre. T’es pas le seul.
-Pas les autres. Juste elle…, dit-il avant de finir son verre et de se lever. Bon, on y va ? La patronne aime pas quand on est en retard.



Pourquoi est-ce qu’elles font ça ? se demanda Van’Tet en s’approchant de la femme qui occupait le second rang dans le groupe de mercenaires. Si elles m’isolent comme ça, c’est forcément parce qu’elle se doutent de quelque chose… quoi d’autre ? Si elles ont compris, alors... Depuis quand... ? Non, je dois jouer le jeu, je n'ai pas le choix.
Il la rattrapa de quelques pas rapides, et la vit se raidir, sentant apparemment son approche, avant qu’il ne demande :
-Madame ?
-Qu’est-ce que tu veux ?
-On m’a dit que la patronne voulait que je sois de la prochaine mission.
-On t’a dit vrai. T’es à bord ?
-Est-ce que je peux savoir de quoi il s’agit, avant ?
-Non. Mais ça paie bien, et tu devrais apprécier l’endroit, fit-elle en avançant dans le couloir, suivie par le jaffa.
-D’autres… vacances ?
-Non, rien d’aussi dangereux, répondit-elle avec un léger rire.
-Et, est-ce que vous pouvez me dire pourquoi elle me veut, moi ?
Parce que ça lui plairait de voir jusqu’où tu vas aller pour ta couverture, ou bien juste parce qu’elle trouve ça marrant et ironique, et qu’elle adore l’ironie, s’abstint-elle de répondre.
-Vu le job, tu pourrais avoir quelques compétences utiles, et en plus, elle a envie de voir si ta… chance est réelle.
-Oh.
-Donc, dans le coup ou pas ? demanda-t-elle.
Je n’ai pas le choix, se dit-il. C’est ma seule chance de continuer à obtenir des informations valables. Rester près du sommet.
-… Oui.
-Excellent, dit-elle avec un large sourire prédateur. Vala sera ravie de l’apprendre. Le briefing est tout de suite. Continue à me suivre.

Rapidement, ils arrivèrent dans une petite salle, où étaient présent la quasi-totalité des visages qu’il avait vu lors de sa première mission, ainsi qu’une demi-douzaine de figures inconnues, jusqu’alors éléments d’un décor auquel il ne s’habituait que lentement. Mais son attention se fixa instantanément sur Vala Mal’Doran, qui regarda dans la direction de Suessi, et acquiesça d’un air entendu en voyant le jaffa l’accompagner, ce qui accrut la panique de celui-ci.

-Bon, tout le monde est là, fit-elle. Nouveau job, et ça va être marrant. Je viens de recevoir une offre plutôt bien payée de la part d’un de nos collègues. Ils ont un très gros contrat, mais pas assez de gusses pour le faire correctement. Donc, ils ont pensé à appeler les professionnels les plus réputés pour leur subtilité, leur discrétion et leur générosité… et ensuite, ils m’ont contactée.
Quelques secondes plus tard, le silence revenu, la femme aux cheveux noirs de jais reprit :
-J’ai pas beaucoup de détails sur ce qu’ils vont faire, et on s’en fout. Ils vont récupérer quelques VIP sur Dakara, et nous, on s’occupe de préparer une diversion.
Van’Tet ne put que déglutir en entendant le nom de sa destination.
Qu’est-ce que… Il faut que je prévienne Maître Bra’tac ! A moins que ce soit un piège, pour me forcer à me démasquer... Qu'est-ce que je peux...
-On a un timing où ils préfèrent ne pas avoir trop de vaisseaux au derrière, donc, notre boulot, ça va être d’occuper les locaux pour ça.

Elle fit s’afficher un hologramme de la planète, que le jaffa n'eut aucun problème à reconnaitre.

-Le problème, c’est que es locaux là-bas sont quand même de gros clients potentiels, et qu’on est pas payés assez cher pour qu’ils nous en veuillent trop. Donc, premier point pour tout le monde, et, oui, je sais, j’ai aussi râlé, mais neutralisation seulement. Si on peut tuer personne, on aura plus de chances d’avoir d’autres contrats après coup de leur part. Et j’ai pas non plus envie de les rajouter à la liste de nos “meilleurs amis“, on a déjà assez de monde qui veut notre peau. Donc, Intars, Zats, grenades à choc, tout ça.
-Vala, demanda Suessi, on est toujours…
-Oui, oui, ta section garde quand même ses armes lourdes. Mais fais attention où tu tires, cette fois.
-Je fais toujours attention !
-Suessi…
-D’accord, pas cette fois-là ! Mais c’était normal, comment je pouvais savoir qu’un mortier se mettait dans ce sens ?!
-En lisant le manuel ? suggéra sa supérieure.
-Détail !
-Tant qu’on ne se prend pas de détails aujourd’hui, ça ira pour moi.
-Aujourd’hui ? demanda l’un des mercenaires.
-Oh, oui, c’est le second point. On est payés un max parce qu’on part dans la foulée. Planification sur le chemin, truc classique.
Bon, se dit Van’Tet. Si ce n'est pas un piège, alors on va juste s’en prendre plein la figure. Qu'est-ce qu'elle peut bien vouloir à lancer une attaque aussi mal préparée ? Je dois absolument rester sur mes gardes. Elles doivent espérer que je fasse une erreur, vu le manque de temps.
-L’objectif, reprit-elle, est l’un des chantiers de construction de l’autre côté de la planète. Une petite garnison pour protéger la mine de naquadah près du chantier, et une poignée de vaisseaux. On va arriver, devenir copains avec tout le monde, et leur laisser le temps d’appeler à l’aide. Normalement, la flotte de protection devrait arriver rapidement, et on devra l’occuper le temps que les autres fassent leur job et nous disent de dégager. Ou jusqu’à ce que ça devienne vraiment pourri.
-Règles d’engagements ? demanda un autre.
-On tue personne si possible, on fait un beau feu d’artifice avec ce qu’on trouve. Faut les convaincre de venir illico pour nous déloger de là. Juste, ne démolissez pas les vaisseaux en construction, dit-elle, avant d’ajouter, voyant le regard de chien battu fait par Suessi. Pas avant mon ordre. On n’a pas envie de se prendre toute leur puissance de feu. Tant qu’ils sont là, ceux en orbite éviteront de tout détruire. Normalement. Des questions ?
-C’est quoi, le Plan ? demanda Othar.
-C’était ça, répondit Vala. Pas le temps d’avoir des infos sérieuses ou de récupérer du matos spécial. On va improviser, mais ça devrait bien se passer.
-Oui, ajouta Suessi, sarcastique. Qu’est-ce qui pourrait bien arriver, après tout ? C’est un plan simple, sans le moindre problème.
-Merci… se vit-elle répondre de la part de la chef du groupe.
-Qu’est-ce que j’ai oublié de dire, continua son adjointe d’un ton ingénu. Ah, oui. On a tout prévu, et rien ne peut nous arriver.
-Merci… répéta Vala, en grinçant des dents.
-Bon, maintenant qu’on sait qu’on est foutus, on peut s’organiser, dit-elle en reprenant son sérieux. On va partir en Tel’Tak, quatre groupes, plus ma section. Tout le truc, ça va être le timing : on va devoir attaquer un tout petit peu avant que les autres n’arrivent. Comme ça, ils devraient être tranquilles. Vous allez chacun voir vos plans, groupe par groupe, mais l’idée générale, c’est d’avancer vite. Quand la flotte sera en orbite, elle bombardera tous les abrutis qui seront assez loin des installations. Si on peut, on va essayer d’arriver discrètement aussi près que possible avant de commencer à tirer, mais dès que ça commence, avancez à toute vitesse. J’irai avec le nouveau. Il faisait partie de la garnison planétaire jusqu’à son arrivée chez nous, il devrait pouvoir les baratiner un peu et les occuper pendant qu'on se rapproche. Si on se débrouille bien, on devrait pouvoir tenir assez longtemps pour que, le temps que quelqu’un se décide, on se soit déjà tirés. Surtout qu’ils devraient être bien occupés avec nos clients. Des questions sur le plan général ? Non ? Parfait, passez récupérer votre matos, et on se retrouve au hangar tout de suite.

Alors que la pièce se vidait rapidement, le jaffa vint près de la seconde :
-Est-il possible de réquisitionner des armes non-mortelles à l’armurerie ? Je n’en ai pas une seule.
-J’y allais, de toute façon. Suis-moi, dit-elle, en avançant au pas de course vers l’endroit indiqué.

Ils mènent des opérations contre nous… Ce seraient eux qui sont derrière tout ce qui se passe ? Ou bien ces… clients ? Ou les Tau’ri ? Il faut absolument que je trouve un moyen de laisser un rapport pendant la mission. Trouver un garde, lui laisser le message. Prévenir maître Bra’tac. Même si elles me démasquent. C'est trop important !

Lorsqu’ils arrivèrent à l’armurerie, celle-ci était occupée par une demi-douzaine de personnes, qui prenaient avec elles de nombreuses armes particulièrement volumineuses, que Van’Tet avait du mal à reconnaitre. Une grande partie était sans le moindre doute d’origine tau’ri, mais il ne pouvait identifier l’usage particulier de ces tubes de grande taille. Seules les armes à feu à la longueur exagérée, presque aussi grande qu’une lance jaffa –quel intérêt, puisque l’avantage principal des armes tau’ri était leur petite taille ?- retinrent son attention alors que Suessi s’approchait du bureau.
-Sors-moi Gally et un sac de munitions, mélange standard, dit Suessi à l’homme en charge des réserves d’armes. Aussi, un intar d’AK, deux Zat, deux paires de grenades à choc et deux tasers.
Le jaffa vit l’homme acquiescer et partir derrière une porte protégée par un système de sécurité qu’il n’avait jamais vu auparavant.
-Gally ? demanda-t-il.
-Ma meilleure amie, piquée à un de ces crétins de Tau’ri. Ce con était dans sa première sortie, on était dans un bar, et il a voulu frimer avec son arme. Et que je radote sur ma planète, et que je vous parle de la supériorité terrienne. Et les “regarde ça, poupée, c’est pas une de vos lances préhistoriques“, “rail-gun 20 millimètres, et que j’t’explose un jaffa à chais pas combien de miles“, et bla-bla-bla, que j’ai quelque chose à compenser, tout ça. Résultat, la soirée, elle s’est finie avec lui dans le coma, et moi avec son flingue. Faut croire qu’on a quelques boissons de plus qu’eux. Et peut-être un ou deux somnifères qui s’égarent, conclut-elle en levant innocemment les yeux au plafond.
-Je vois…
-Un conseil, petit. Garde toujours un ou deux potes qui boivent pas, quand tu… oh, j’avais oublié, tu prends pas d’alcool.
-Trétonine, répondit simplement Van’Tet.
-Bon, ben alors surveille tes potes quand vous êtes en perm’, tu te feras plein d’amis vite fait si tu leur évites de se réveiller à poil derrière le bar sans leur arme.
-J’y penserai, répondit-il alors que l’homme revenait, avec un petit chariot.
-Enfin, je ne me plains pas, hein. Pas trouvé mieux pour régler des problèmes.
Elle prit les armes, posées sur le comptoir, et tendit à Van’Tet une réplique de son fusil, ainsi qu’un exemplaire de chaque équipement présent en double :
-Bon, l’intar, je vais pas te faire de leçons. C’est comme avec l’original. Tu pointes, tu tires.
Elle mit de côté l’imposant fusil anguleux qui restait, vérifiant d’un rapide coup d’œil les boites de munitions, qui impressionnèrent par leur taille le jaffa, et lui tendit ensuite un petit objet rectangulaire.
-Tu sais ce que c’est ?
-Non, répondit-il honnêtement.
-Ton meilleur ami au corps à corps. La version tauri du Zat. Pas aussi bien que lui, mais toujours pratique quant t’es près de la cible. On appelle ça un taser…


Dernière édition par Rufus Shinra le Lun 14 Fév 2011 - 20:28, édité 1 fois (Raison : Corrections suggérées par Skay)
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MessageSujet: Re: Effet Papillon [Tome II]   Effet Papillon [Tome II] - Page 6 EmptyLun 14 Fév 2011 - 20:13

Bon alors que dire ? J’adore c’est fiction. clap! clap! clap! C’est tellement mieux que certaines séries/fin de série officielles issue de SG1.
Hum quoi d’autre, J’ai beaucoup Atlentis, je dirais que c’est un personnage dont les idées sont les plus proches de celles de son auteur.
Et les autres personnages principaux qui sont tous dans la merde, à des degrés divers.
Je ne suis pas un spécialiste, mais j’ai l’impression que Daniel est quand même vachement conciliant avec Atlentis.

Sur l’écriture, je ne suis pas qualifié pour commenter autrement que c’est plaisant à lire.

Dans les chapitres précédents j’apprécies toujours les petites remarques sur la technologie.

Citation :
Une ouverture qui servit de point de départ à un flux de particules pour qui la vitesse de la lumière n’était qu’une hypothèse fort intéressante mais tout à fait discutable.

Citation :
chaque atome présent sur son chemin subissant une série de phénomènes communément considérés comme absurdes par la communauté des physiciens n’ayant pas conçu l’arme.

Ou quelques petites remarques de ce genre
Citation :
J’aurais été assez déçu si vous aviez accepté de trahir l’Humanité au profit d’une I.A. psychotique et mégalomane, répondit-il, avant de reprendre, à plus haute voix, le regard pointé au plafond. Rien de personnel, hein, juste un cliché.

Au niveau de la guerre Jafas-terriens, je ne suis pas sur que les Jafas sachent dans quelle merde ils se sont fourrés. Horizons hyper propulsés prêt à partir, et il y à toujours 3 terriens sachant comment reproduire Vorash efficacement et rapidement, en plus ce ne doit pas être trop dur de faire accuser quelqu’un comme les luxiens ou autre casse pieds de service, et c’est tout à fait crédible pour les Jafas.
D’ailleurs sa me fait penser que ton équilibre de la terreur il est un peu bancal, les Horizon peuvent partir en toute discrétion et frapper le dispositif de Dakara en quelque minute/seconde après leur sortie d’hyperespace, donc leur détection potentielle.
Alors que pour tirer avec Dakara, il faut préalablement évacuer toute la population, et vu la surveillance des espions terriens, ça ne peu pas être une attaque tellement surprise, à moins de suicider toute la population de Dakara.
J’en déduis donc que tes terriens n’ont pas d’intérêt à attaquer les Jafas pour le moment, ou que la fin ne justifie pas encore ce moyen.

J’ai une petite remarque, si tu à le temps un jours, je crois que pour un peu mieux comprendre la politique de ta fiction et surtout parce que c’est intéressant, il serait utile d’avoir un résumé de la situation militaire/politique des civilisations développée dans les deux galaxies, je sais qu’on retrouve ce briefing dans Effet papillon, mais ce sont des ajouts de temps en temps, et je ne crois pas que ce soit complet. Enfin ce que j’en dis, c’est une idée comme un autre.

Comme je l’ai dit plus haut j’adore cette fiction/évolution de l’univers SG/Histoire/….
Donc me voilà à reprendre la phrase la plus présente sur ce sujet : Vivement la suite


Dernière édition par EXIA le Mar 15 Fév 2011 - 10:20, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Effet Papillon [Tome II]   Effet Papillon [Tome II] - Page 6 EmptyLun 14 Fév 2011 - 20:57

Youpi ! Un nouveau chapitre !

Alors... que dire... hum, je pense que je vais retenter le coup du clafouti ^^

Sinon... Et bien, on se rend compte que de toutes les branches de l'industrie terrienne, il y en a au moins une qui ne risque pas de faire faillite : l'armement ! Si même les mercenaires aliens se mettent à acheter des taser... ^^
Ah, et qu'Atlantis contrôle le moooooooooonde !...ou pas.

Au fait, juste une quuestion : pourquoi le fait de prendre dela trétonine empêche de boire de l'alcool ? J'ai loupé un truc, ou bien ?...

@Exia : Non, c'est bien un "le" qu'il faut à cet endroit.

Oh, une idée pour the lost chapiter : En fait, rien de vraiment racontable, mais une petite chronologie serait la bienvenue !
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MessageSujet: Re: Effet Papillon [Tome II]   Effet Papillon [Tome II] - Page 6 EmptyLun 14 Fév 2011 - 21:05

On peut envisager que la trétonine présente des problèmes si l'on prend pas mal d'alcool. Van'Tet en parle dans un chapitre précédent, où il discute avec Othar avant son départ vers la mission qui vient de s'achever.

Sinon, heureux de voir qu'il reste des lecteurs ^_^;

Côté armements terriens, c'est devenu l'une des grosses exportations et matériels de contrebandes, vu leur efficacité démontrée à de nombreuses reprises. Et le groupe de Vala sait parfaitement quand utiliser du matos terrien, mais ne s'y limite pas, loin de là. C'est juste qu'une AK, c'est mieux qu'une lance et ça demande beaucoup moins de formation.

@EXIA : le souci, c'est que la Terre ne peut pas être absolument sûre de savoir si l'emplacement de Dakara a des détecteurs Anciens capables de repérer une approche hyperspatiale, et que les jaffa ont encore pas mal de saletés, comme des armes biologiques. Et en plus, la Terre, c'est juste ça : la Terre. Traduction, un ou deux Ha'Tak balancés à vide qui sortent d'hyper sans s'arrêter, et tu te reprends un impact pire que celui qui a fait Game Over chez les dinosaures. Il y a beaucoup de moyens de s'entre-exterminer. Le seul truc, c'est qu'il n'y en a aucun qui empêche l'autre de t'avoir.
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MessageSujet: Re: Effet Papillon [Tome II]   Effet Papillon [Tome II] - Page 6 EmptyMar 15 Fév 2011 - 14:50

D'ailleurs, pour la trétonine, on peut facilement envisager que tous les Jaffa n'y réagissent pas de la même manière. Et puis, il n'y a pas toujours besoin d'être sous traitement médical pour ne pas supporter l'alcool. ^^

Rufus Shinra a écrit:
@EXIA : le souci, c'est que la Terre ne peut pas être absolument sûre de savoir si l'emplacement de Dakara a des détecteurs Anciens capables de repérer une approche hyperspatiale, et que les jaffa ont encore pas mal de saletés, comme des armes biologiques. Et en plus, la Terre, c'est juste ça : la Terre. Traduction, un ou deux Ha'Tak balancés à vide qui sortent d'hyper sans s'arrêter, et tu te reprends un impact pire que celui qui a fait Game Over chez les dinosaures. Il y a beaucoup de moyens de s'entre-exterminer. Le seul truc, c'est qu'il n'y en a aucun qui empêche l'autre de t'avoir.
D'un autre côté, l'avant-poste des Anciens en Antarctique en possède sans doute, lui, des détecteurs hyperspatiaux longue portée, et même si ce n'est pas le cas, les appareils en orbite possédant de la technologie Ancienne en auront, et si ces appareils sont ailleurs, les vaisseaux terriens équipés de senseurs Goa'uld en seront capables - ceci en assumant que la technologie terrienne dans EP ne sait pas faire ce genre de chose, j'avoue que je ne suis plus très sur de ce qu'il en est dans la série.

Par conséquent, si un vaisseau de type ha'tak est détecté approchant le système solaire et ne répond pas aux demandes immédiates d'identification, il ne reste plus qu'à envoyer un croiseurs dans l'hyper à sa rencontre pour le descendre. Ou bien le ha'tak continuera sur sa lancée et, dépourvu de boucliers, sera détruit, ou bien il ralentira pour rediriger de l'énergie sur ses boucliers, et devra rapidement repasser dans l'espace normal. L'hyper n'est pas fait pour les batailles.

Évidemment, il reste la possibilité d'émerger dans l'ombre d'une planète du système solaire pour s'approcher en fourbe et faire un bref bond hyper droit sur la planète... Mais j'ai tendance à penser que la Terre de EP aura truffé de tels lieux de senseurs avec communicateurs subspatiaux. D'ailleurs ça ne tromperait que les senseurs Goa'uld, pas Anciens ni Asgard.


PS : Sorry du retard dans les reviews, c'est juste que j'ai raté quelques wagons dans le train des commentaires et que j'ai du mal à réembarquer, d'autant que je n'ai pas exactement des masses de temps libre en ce moment.
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MessageSujet: Re: Effet Papillon [Tome II]   Effet Papillon [Tome II] - Page 6 EmptyMar 15 Fév 2011 - 14:57

Il y a effectivement des possibilités pour repérer, contre-repérer, planifier, etc, etc. mais je pense que, dans SG en général, l'avantage est à l'attaque, vu les innombrables possibilités qu'offrent l'hyperespace "absolu" (pouvant partir et arriver sans limitations de destination), surtout vu l'absence de boucliers planétaires. Il y a aussi la possibilité de lancer une frappe de saturation, avec quelques centaines de projectiles de quelques tonnes à des vitesses relativistes sur des trajectoires diverses, ou, tout simplement, utiliser un transport camouflé. Ces bestiaux sont particulièrement difficiles à repérer, quoi qu'on en dise, et, avec une bonne planification, quelques diversions valables, on peut arriver à portée pour lâcher quelques armes biochimiques.

Disons que tant qu'il n'y aura pas, de façon généralisée, une capacité de blocage local de l'hyper ET des générateurs de boucliers couvrant toute une planète, le MAD reste tristement le plus logique pour assurer une défense valable. Bien sûr, le MAD nécessite un excellent service de renseignements, afin d'éviter que les auteurs d'une offensive ne puisse pas être identifiés.
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MessageSujet: Re: Effet Papillon [Tome II]   Effet Papillon [Tome II] - Page 6 EmptySam 19 Mar 2011 - 20:51

Sorry pour le retard, mais entre les emplois du temps surchargés, la connexion internet miteuse et le reste, je n'ai pu poster que maintenant. Un grand merci à Skay, bêta-lecteur que je ne peux qu'adorer (sérieusement, tes remarques sont vraiment indispensables. D'abord, dans la forme, avec le coup où tu m'as dit clairement que tu ne pigeais pas grand-chose à toute la séquence, que j'ai en bonne partie réécrite, ce qui m'a bien rassuré. Ensuite, dans le fond, comme pour tes blocs explicatifs très intéressants sur ta vision de la chronologie SG, à laquelle je tente de me fixer.).

Ensuite, bien sûr, un remerciement infini à ZizZ et Vyslanté, qui m'ont mis sur le *** avec le superbe travail qu'ils font autour d'EP, et qui m'impressionne à chaque post et image. Vous savez comment motiver quelqu'un, vous ! Encore merci pour tout ce que vous faites, croyez-moi, je suis touché.

Normalement, le prochain chapitre devrait arriver plus vite, étant déjà presque à la moitié, donc je ne vous ferai pas autant attendre (normalement, si tout se passe bien ^_^).

Chapitre 25 : Loyautés

Le temps s’écoulait au ralenti, alors que les deux ex-militaires avaient décidé de s’arrêter dans l’un des mess. Lentement, l’un et l’autre s’étaient assis sur des sièges au design simpliste, dans un mouvement qui traduisait un épuisement inhabituel chez des individus de leur âge.

Inhabituel, mais réel, alors qu’ils avaient du mal à reprendre leur conversation précédente, ne sachant que dire, que penser. Les secondes se suivaient alors, dans une immobilité artificielle, les rares mouvements inconscients des deux êtres humains se faisant de façon imperceptible pour quiconque n’ayant pas reçu les améliorations physiologiques fournies par Atlantis. Mais les deux individus présents n’avaient guère d’attention à perdre dans une observation minutieuse de la personne d’en face, leurs esprits étant davantage occupés à démêler leurs émotions propres de celles qui leur parvenaient par le lien empathique.

Les sentiments d’impuissance, de détresse, de peur et de persévérance hésitante trouvaient aisément leurs échos dans cette connexion, les renforçant d’autant plus et les brouillant.

L’incapacité à protéger, qu’elle soit de ses ennemis ou de soi-même, était tout aussi douloureuse pour l’un et l’autre lieutenant assis en silence.

- Qu’est-ce qu’on fait ? demanda finalement le pilote.
- Comment ça ? répondit la jeune femme, quelques secondes plus tard.
- On peut pas continuer comme ça. D’abord tout le foutoir quand on s’est fait capturer, puis l’évasion, Dakara, Jackson, et maintenant ça… Elle veut nous faire craquer. Je ne sais pas pour toi, mais je ne pourrai pas tenir beaucoup plus de ce traitement.
- Tu vas tenir, répondit-elle simplement, avant de murmurer. Je sais ce que c’est. Dès qu’elle ne m’occupe pas avec ses plans et ses opérations à la noix, j’y repense. Ils sont là, pour se protéger d’un agresseur. Et je les détruis. Lentement, méthodiquement. Sans leur laisser la moindre chance.
- C’est… commença-t-il avant de se faire interrompre par un doigt levé devant lui.
- Non, Tom. Je peux accuser les nanites, Atlantis ou n’importe qui, mais je les ai tués. Tous. Ils ne pouvaient pas résister. J’aurais pu les neutraliser, les assommer, les faire fuir. Mais, je les ai tous massacrés, comme des animaux. C’est ce que j’ai fait. Et que tu n’as pas fait, Tom. Tu as gardé le contrôle, tu m’as sauvée, ce qui a probablement sauvé toute cette ville, en passant. Après, une I.A. agressive et en manque de contrôle t’a balancé les souvenirs de quelqu’un autre. D’un quelqu’un qui a fait ce qu’il pouvait. J’ai tort ? demanda-t-elle d’une voix ferme.
- Il aurait pu…
- Non, il ne pouvait pas. Je ne vais pas t’apprendre ce qu’est la guerre, quand même, Tom ? reprit-elle avec une esquisse de sourire triste. Tu me l’as dit avant, elles sont mortes, elles et tous les autres, parce que les Wraith étaient mieux préparés, en supériorité complète. Lui, il s’en est sorti parce qu’elles ont choisi de protéger les survivants, c’est ça ?
- Oui…
- Tu… Il n’aurait rien pu faire de plus. Dis-toi ça. Elles n’ont pas eu de chance. Si c’est de la faute de quelqu’un, c’est celle des Fléaux. Ou de ceux du Renseignement ou l’équivalent Ancien, qui n’ont pas pu empêcher ça. Pas de sa faute. Et encore moins de la tienne. Toi, tu es Thomas Campbell, perdu quelque part loin de chez lui, et qui est, de nous trois, celui qui a le moins sur la conscience.
- Ce n’était pas ta…
- Si. Et même comme ça, je vous ai menti, à toi et au commandant, quand on est allés trouver Jackson. J’ai trahi les deux seules personnes sur qui je pouvais compter, et qui comptaient sur moi pour les couvrir. Vous n’en parlez pas, mais je sais que vous n’avez pas oublié. Et moi non plus.
- Tu ne pouvais rien faire. J’aurais sûrement fait la même chose, à ta place.
- Mais tu n’y étais pas, Tom. Moi, si. Je ne sais pas si j’aurais pu faire quelque chose. Mais je n’ai rien tenté. J’ai accepté, j’ai suivi. J’ai des raisons d’avoir peur, de craquer, tout laisser tomber. Toi, non. Tout ce que tu as fait, c’est nous aider, nous soutenir. M’éviter de devenir folle avec ce qui m’est tombé dessus. Avec ce que j’ai fait.
- Attends, j’ai juste fait ce que n’importe qui…
- Ce que n’importe qui n’était pas là pour faire. J’ai failli me faire bouffer, physiquement, par ces nanites, je venais de tuer plus de personnes que j’en connaissais au SGC, je venais de comprendre que je ne rentrerai jamais sur Terre, que ce qui reste de ma famille me croyait probablement déjà morte. C’est toujours vrai, mais je tiens le coup, maintenant. Tu sais pourquoi ?
Le pilote ne dit rien, se doutant de la réponse.
- Parce que tu étais là, continua-t-elle. Parce que, entre l’I.A. folle qui atomise toute une galaxie, l’autre I.A. qui joue avec nos vies, mes anciens supérieurs qui me tirent dessus à vue et le commandant qui essaie de garder un peu d’ordre dans tout ça, tu es la seule personne sur qui je peux compter ! Sur qui je peux m’appuyer. J’ai confiance en toi, Tom. En ce type qui tente de garder un peu d’espoir là-dedans, dans cette situation pourrie où il est bien le seul qui n’a rien à se reprocher.
En face d’elle, il baissa les yeux, pour ne plus croiser son regard.
- Si.
- Quoi, alors ? Qu’est-ce que tu as fait ?
- Sylvestro. Vernil. On l’a laissé à bord. On s’est enfui, et on l’a laissé derrière nous, dans sa cellule. Il faisait partie de l’équipe, depuis plus longtemps que moi. Il m’avait aidé quand je suis arrivé, il m’a sauvé la vie une ou deux fois, et je me suis barré. Maintenant, à cause de nous, de notre évasion, qu’est-ce qu’ils sont en train de lui faire ? Ils continuent ce qu’ils avaient commencé sur Atlantis, ou pire encore ? Il sortira jamais de prison, parce qu’on a décidé de partir, et de l’abandonner ! C’est ça, “rien à se reprocher“ ?
- On ne pouvait rien faire, Tom. Atlantis ne nous aur… commença-t-elle avant d’être interrompue par le pilote.
- Qu’est-ce que tu en sais, Shanti ? Moi, je ne sais pas. J’ai rien tenté. J’ai accepté, j’ai suivi. Et je l’ai laissé tomber. J’aurais mieux fait de le descendre.
- Raconte pas de…
- Ils vont le tenir drogué pendant des mois. Puis il restera en cellule le temps d’être sûr qu’il a pas de bombe à retardement quelque part dans son corps. Et c’est sans compter ce qu’on a foutu. Ils ont vu comment on s’est barrés. Ils ont vu ce qu’on pouvait faire. Qu’est-ce que tu crois ? Qu’ils vont laisser Sylv’ tranquille, qu’ils ne vont pas chercher chez lui ce qu’Atlantis nous a fait ? Et Jackson qui nous a vus après, quand on lui a donné tout ce spectacle ! Ils vont vouloir comprendre, recopier. Et on leur a laissé un putain de cobaye !
Sans s’en rendre compte, il s’était levé, et il inspira lentement, le corps parcouru de tremblements, avant de se rasseoir, croisant le regard de Shanti. Une horreur nouvelle s’y lisait, traduisant la teneur des images qui défilaient dans son esprit. Le lien empathique vibra de cette émotion déchirante.
- Oui, Shanti, dit-il, la tension retombée. J’ai de bonnes raisons de craquer, quoi que tu dises. Ces souvenirs, c’est juste la goutte d’eau qui fait déborder le vase.
- Ils ne vont pas…
- Bien sûr que si. Et ils ont raison. On a perdu des bases entières à cause d’équipes capturées et reprogrammées, et nous, on leur a juste prouvé qu’un truc nous avait été fait. Pour eux, SG-22 est morte avec le Bellérophon. On n’aurait pas dû le laisser comme ça… On n’aurait pas dû.
- C’est… trop tard, admit-elle. On ne peut plus rien faire maintenant.
- Je sais… Enfin, sauf si cette espèce de Skynet à la manque nous envoie attaquer le SGC… railla-t-il.
Elle eut un petit sourire.
- Enfin, ça a pas l’air d’être à l’ordre du jour, là, dit-il avant de soupirer.
- On pourra sûrement voir avec Atlantis, négocier quelque chose pour qu’elle le fasse libérer. Tant qu’il est en vie…
- Oui, t’as peut-être raison…
- Par contre, toi, il faut que tu tiennes le coup. On s’en sortira pas, sans toi… Je ne m’en sortirais pas…
A nouveau, il détourna le regard, ressentant par la liaison empathique l’honnêteté des mots de la jeune femme.
- Qu’est-ce qu’on peut faire, alors ? demanda-t-il.
- Ce qu’on aurait dû faire depuis qu’on est là-dedans, répondit-elle. Se soutenir. Être là… l’un pour l’autre. On n’a pas le choix, si ?
- Oui, admit-il.

Ce n’était pas à elle de juger des décisions prises, simplement de les enregistrer, de les mettre en forme. C'était à d’autres de décider ce que la communauté ferait dans son ensemble. Le système était l’aboutissement de millénaires d’affinements, de corrections et de réflexions. Il était, tant scientifiquement que philosophiquement, plus proche de la perfection que ses concurrents au travers de l’Histoire. Bien mieux que tout ce qui pourrait lui venir à l’esprit.

En théorie.

La même théorie voulait que des peuples aussi avancés que le sien réduisent au minimum absolu leurs interactions directes avec les civilisations en devenir, si aisément influençables. Des contacts diplomatiques étaient acceptables, si les habitants locaux avaient eu la preuve de ne pas être seuls dans l’immensité qu’était l’univers, qu’ils aient ou non les moyens de le parcourir. Certains échanges acceptés, même, à partir de certains paliers technologiques et philosophiques particulièrement précis et sujets à des négociations s’étalant sur des générations. Mais pas d’intervention directe majeure.

Il ne fallait pas dénaturer plus que nécessaire ces futurs voisins, dont les différences feraient la valeur, disait-on. Si l’on se mettait à agir inconsidérément, ces grands enfants qu’étaient ces jeunes peuples perdraient toute volonté de progrès. La flamme de la découverte serait remplacée par la pâle lumière de technologies développées des éons auparavant. Il fallait donc les laisser faire leurs propres erreurs, tout comme eux-mêmes les avaient faites en leur temps, sans quoi ces erreurs seraient faites avec des moyens disproportionnés, et à un coût infiniment trop élevé. Suffisamment d'espèces avaient, l'Histoire le disait, payé le prix de l'ingérence, pour que l'on cesse de vouloir intervenir.

Clotho comprenait le concept, savait quelles tragédies avaient justifié cette politique. Elle savait quels étaient les risques à ne pas la suivre. Mais elle venait, pour la première fois, d’en voir les coûts absolus, ceux liés à l’application stricte de cette logique.

La séance s’était terminée par une modification des cartes de navigation pour l’ensemble des vaisseaux. Une indication de danger tout ce qu’il y a de plus commune, prévenant les équipages de l’évolution d’une étoile en nova d’ici quelques siècles à peine. Mais autour de cette étoile gravitait une planète habitée. Sans mission diplomatique, sans moyens de quitter son astre, avec à peine les connaissances pour en comprendre la rotondité, l’espèce pensante qui y habitait était dores et déjà condamnée, sans une intervention pour retarder le phénomène ou relocaliser les voisins malheureux.

Mais la décision avait été prise, sans arrière-pensée, sans malice, sans remise en cause. Et elle avait enregistré la condamnation à mort d’une espèce, au motif d’un principe de non-intervention. Une mission diplomatique aurait pu les prévenir, par politesse, du phénomène imminent, leur donnant une chance d’orienter en urgence leurs faibles moyens sur une solution de survie. Mais, pour être éligibles, il leur fallait la preuve de l’existence de vie non-locale, sans quoi leur parcours philosophique serait faussé, rendu artificiel par cette ingérence.

Et quelles seraient les chances d’une telle découverte, à présent que les navigateurs de son peuple et de ses alliés et partenaires commerciaux se mettraient à éviter préventivement leur étoile ?

Sans vraiment y croire, ils avaient apparemment lancé quelques ridicules projets de recherche sur la question de la vie dans l’univers, mais sans avoir, au vu de leurs moyens, la moindre chance de succès. Alors même que, selon la fiche les concernant, l’idée-même était répandue dans leur population et leur culture.

Ainsi, sauf coïncidence improbable, ils allaient donc terminer leur existence dans un brasier qui stériliserait une fois pour toute leur unique planète, sans jamais connaître les merveilles de l’univers. Une fin naturelle, en harmonie avec le principe directeur de l’assemblée dont elle était la secrétaire.

Une absurdité qu’elle ne pouvait accepter, qui allait à l’encontre de tout ce que
devait être un peuple comme le sien. A quoi pouvait donc servir une telle débauche de technologie si elle devait rester immobile, à regarder des peuples, des cultures entières, disparaitre par un caprice cosmique ?

Les Altérans ne dirigeaient pas les galaxies qu’ils habitaient, ils y toléraient des puissances indépendantes, les acceptaient, échangeaient avec elles, selon leur état d’avancement. Mais ils n’acceptaient pas le rôle qui leur était échu, de par leur évidente domination sur cette infime portion de l’amas local.

Ils devaient savoir agir pour contrer l’injustice fondamentale de l’univers, là où ils le pouvaient, dans la mesure de leurs immenses moyens. Réapprendre à accepter la prise de risque. A se remettre en cause de façon plus fondamentale. A assumer le rôle qui avait toujours été le leur et qu’ils avaient tenté d’ignorer.

A être des protecteurs.



A une centaine de mètres de là, l’ainé du trio eut un sourire, alors qu’il ressentait par la connexion latente les émotions hésitantes prendre forme. Pour la première fois depuis son arrivée à bord de l’un de ces vaisseaux, il faisait enfin face à quelque chose qui n’allait pas forcément se retourner contre lui ou son équipe.

- Une question, Atlantis, demanda-t-il d’une voix blasée. Est-ce que vous avez monté ça, ou bien prévu ?
- Me croiriez-vous si je répondais à l’une de ces deux questions, commandant ? répondit l’I.A., prenant une voix amusée.
- … Non, avoua-t-il sur le même ton.
- Il m’est donc inutile de répondre. Quoi qu’il en soit, ce… développement, et ses potentialités, ne viennent pas pour le moment mettre en péril le bon déroulement de la mission. Je n’interviendrai que le cas échéant.
- Comme d’habitude…
- Comme d’habitude.
- Laissez-leur une chance, dit-il, en reprenant son sérieux.
- C’est actuellement mon intention, commandant. Contrairement à ce que vous avez pu être amené à penser, je ne cherche pas à nuire délibérément à la psyché des agents à qui je confie une tâche critique.
- Désolé, je ne m’en étais pas douté.
- Vous faites probablement référence à mon intrusion dans vos souvenirs.
- A quoi d’autre ? Non, ne répondez pas…
- Je pense que vous comprendrez ma décision à ce sujet une fois que je vous en aurai expliqué le contexte général. Cependant, cette explication, qui vous est due afin d’avoir les effets requis sur vos décisions ultérieures, aura des conséquences durables sur votre mission. Des conséquences auxquelles vous devrez absolument faire face individuellement, puisque de vos réactions, je jugerai votre viabilité pour la suite des opérations.
- Et…si vous n’appréciez pas la façon dont l’un de nous réagit ?
- Alors je me passerai de ses services en temps voulu. De façon non-violente, je vous l’assure. Tous les souvenirs de son séjour ici seraient effacés, et une vie de son choix lui serait offerte en remerciement de ces quelques semaines éprouvantes.
- Et on n’a pas notre mot à dire ?
- Non, commandant. Les enjeux sont bien trop importants. Autant, sinon plus que ceux pour lesquels je vous emploie actuellement. Je n’ai, pour de très nombreuses raisons qui vous apparaitront en temps voulu, pas le moindre droit à l’erreur.




Le jaffa était assis à l’intérieur du Tel’Tak, perdu dans ses pensées, alors que le petit vaisseau venait de rentrer en hyperespace. Autour de lui, la tension était palpable. La petite bande s’apprêtait à se lancer dans une mission qu'il jugeait suicidaire avec des préparatifs quasi-inexistants. Les mercenaires dans la soute étaient presque tous occupés à vérifier leurs armes, qu’il observait avec un œil plus averti qu’à son arrivée, et qu’il reconnut comme particulièrement différentes les unes des autres, malgré des éléments communs.

Il eut une pensée sur l’étrangeté de posséder des intars aussi singuliers, qui ne devaient pas présenter le moindre avantage sur des modèles plus conventionnels, avant de revenir sur un train de pensées plus urgent. A savoir, comment allait-il éviter des dégâts massifs sur la base de ses compatriotes, sans pour autant perdre sa couverture, et, ce faisant, la vie ?

Il était encore en train de s’interroger à ce sujet lorsque la voix de Suessi l’interrompit :
- Ho, tous ceux qui ont autre chose que des intars, vous venez avec moi, on a un nouveau brief’. Toi aussi, Van’Tet !
Il se leva aussitôt, et suivit hors de la soute les quelques individus qui, apparemment, étaient sous les ordres directs du bras droit de Vala Mal’Doran. Une fois dans le cockpit, leur supérieure referma la porte derrière eux.
- Bon, fit-elle. On a eu quelques infos de plus sur la cible. Voilà les objectifs.
Elle fit s’afficher un petit hologramme, représentant différentes installations, que le jaffa n’eut pas grand mal à reconnaitre. L’énorme fosse était l’une des classiques mines de naquadah qui étaient monnaie courante dans la galaxie, tandis que les formes pyramidales, certes incomplètes, n’avaient plus à être présentées.
- La plus grosse partie de la garnison est près de la mine, donc, notre premier job sera le chantier de construction. On a des infos à peu près récentes, deux Ha’Tak en construction, peut-être un en réparation. Van’Tet, ton job sera de déposer les groupes. Officiellement, on sera une bande de trafiquants condamnés aux travaux forcés. Tu les occupes, pendant que nous, on place quelques bombes là où ça sera spectaculaire. Dès que c’est fait, on se tire.
- Comment allez-vous cacher vos armes ? demanda-t-il, son regard indiquant l’énorme fusil que sa supérieure avait récupéré devant lui à l’armurerie.
- On se débrouillera, c’est pas le souci. Toi, tu baratines, nous, on prépare la fête. Si on peut, on va décorer le second Ha’Tak, mais si c’est trop risqué, on fait sauter les charges. Quoi qu'on fasse, toi, en bon garde, dès que ça va sauter de tous les côtés, tu vas nous amener vers la mine, avec toute sa garnison. Garnison qui va quitter son poste pour venir voir ce qui se passe.
- Ils ne vont pas abandonner leur poste.
- Pas tous, mais la majorité. Crois-moi là-dessus. Dès qu’on les aura dépassés, Vala et ses groupes les attaqueront, eux et le chantier. Résultat, ceux qui restent à la mine vont dégager, et nous, on pourra saboter un maximum de matos. Le temps qu’ils comprennent ce qui se passe, qu’ils se réarrangent et amènent des renforts, on sera en train de se barrer.
- On n’aura jamais assez de temps, souffla-t-il, dans un maigre effort pour annuler, ou tout au moins retarder, l’opération.
- Bien sûr que si, intervint Vala. Tes copains sont gentils pour attaquer à découvert et parader, mais côté vitesse de réaction… Et bien ça fait plus de dix ans que je compte sur leur incompétence. Et j’ai jamais été déçue, conclut-elle en déclenchant quelques rires dans l’auditoire.
- Ils verront le transport là où il sera posé, tenta-t-il, en s’efforçant d’ignorer l’insulte. Les vaisseaux le bombarderont tout de suite.
- Sauf s’il est en plein dans la mine quand l’attaque aura commencé, répondit Suessi. Ils peuvent être cons, sur Dakara, mais pas au point de tirer sur une mine de naquadah. Encore que… c’est pas prudent de tout miser sur leur bon sens… On va y réfléchir, fit-elle avec un sourire narquois.

Pendant les minutes qui suivirent, l’espion en apprit bien plus qu’il n’aurait voulu en savoir sur les nombreuses faiblesses structurelles des vaisseaux de sa nation, alors que les discussions divergeaient rapidement sur des détails techniques. Le tout sur un ton qui ne lui laissait aucun doute sur la grande expérience des personnes présentes.

Il se promit alors de chercher à savoir, si possible, quelles cibles ces mercenaires avaient attaqués. Ne serait-ce que pour prévenir ses supérieurs des mesures à prendre pour arrêter d’autres actions.

Finalement, le briefing, après avoir pris une tournure légèrement chaotique entre les interventions de chacun, le départ de Vala pour aller discuter de l’opération avec le reste des troupes et les commentaires d’un pilote qui partageait l’avis du jaffa sur la stupidité de l’opération, prit fin au moment où le vaisseau sortit d’hyperespace. Il vacilla une fraction de seconde, puis, guidé par un mouvement inconscient, acquis au cours des années, se stabilisa aussitôt.

Van’Tet ne put s’empêcher de s’approcher de la surface transparente pour chercher du regard la planète qui représentait tout ce qu’il avait connu. L'astre entra quelques instants plus tard dans son champ de vision, alors que le transport manœuvrait pour commencer son approche. Il se surprit alors à rester pensif devant ce paysage qu’il avait vu suffisamment souvent lors de son entrainement.

Revenu au point de départ… en train d’attaquer mes camarades avec des mercenaires. Qu’est-ce que je fais ? Même si ces informations nous aideront, pourquoi ? Pourquoi en arriver à ça ? Ceux qui veulent la guerre avec les Tauri, qui se tuent les uns les autres, qui imaginent quelque chose comme l’Installation, qui m’envoient faire le chien de guerre, pourquoi font-ils ça ? Où est l’honneur dans ces complots ? Où est l’honneur de Gerak, qui nous pousse à cette guerre et envoie des assassins ? Où est l’honneur de Bra’tac, qui joue avec moi et les autres dans l’ombre ? Et… où est mon honneur ? Je mens à ceux qui me font confiance au combat, je fuis et j’abandonne mon poste, j’espionne mes frères et les autres… Qu’est-ce que je fais ? Ils me disent que je suis un guerrier courageux, alors que je suis incapable de protéger mon peuple. Quel guerrier n’a pas d’ennemi et refuse le combat ?

Qu’est-ce que je dois faire ? Qu’est-ce que je peux faire ? Si je préviens les gardes, ma couverture sera détruite, et ces mercenaires s’enfuiront. On ne pourra jamais les retrouver. Mais s’ils détruisent des vaisseaux et si Gerak gagne… si c’est la guerre, combien mourront à cause de moi ?



Lentement, le vaisseau rentrait dans l’atmosphère, son bouclier s’illuminant sporadiquement tandis qu’il pénétrait l’air, réduisant drastiquement son altitude. En quelques minutes, le jaffa put distinguer les détails du sol, alors que le transport passait au-dessus de la rive d’un grand lac qui détonait avec l’aridité habituelle de Dakara.

Le vol se stabilisa alors, le Tel’tak restant à faible altitude au-dessus du paysage désolé d’une planète qui, malgré son statut de capitale d’une puissance interstellaire, restait dans son immense majorité vierge de toute trace d’occupation.

- On se prépare, dit Suessi avant de se diriger vers l’arrière du vaisseau, suivie en cela par le reste du groupe, jusqu’au moment où Van’Tet resta seul avec le pilote, regardant la surface du sol. Quelques instants plus tard, celui-ci se retourna, et le dévisagea :
- Qu’est-ce que t’attends ? fit-il.
- Hein ?
- Suis-les, crétin.
- Oh, dit-il en reprenant ses esprits, s’apercevant enfin que les autres étaient partis.

Le jaffa se rendit rapidement vers la sortie du pont de commande, et tomba nez-à-nez avec sur ses nouveaux “collègues“ en train de rajouter des vêtements délabrés et tachés sur leurs tenues habituelles. Surpris, il regarda autour de lui quelques instants avant de voir la pile de tissus posée derrière ce qui avait dû être un panneau escamotable.

- T’en mets, un temps, fit la femme qu’il mit quelques secondes à reconnaitre comme Suessi, l’apparence bouleversée par un changement maitrisé de posture, d’expression et d’apparence extérieure.

Avant qu’il ne puisse répondre, elle fit s’ouvrir un autre panneau, derrière lequel l’espion vit plusieurs pièces de métal qu’il reconnut instantanément comme des pièces d’armure traditionnelle.

Celle-ci, identique depuis des millénaires, avait toujours été davantage utile pour impressionner les foules que pour survivre aux rigueurs du combat ou à l’infiltration, mais restait, à l’instar d’une lance aux mêmes défauts, relativement populaire au sein d’une population en manque de repères. Aux traditions millénaires venaient s’ajouter des choses que beaucoup ignoraient, tant chez ses compatriotes que dans la galaxie en général.

Lors de sa mission sur l’Installation, il avait, comme on lui avait demandé, écouté et observé, et son intérêt s’était éveillé lorsque la prisonnière, imbue de son être au point de ne pas s’apercevoir de la mauvaise comédie jouée par les guerriers, autour d’elle, avait travaillé sur les armures en question. Celles-ci, il lui apparaissait, étaient plus que de simples vêtements ornementaux destinés à insuffler une peur de la vengeance divine chez de simples paysans. Si elle avait raison, ce qui était le plus souvent vrai, l’inutilité flagrante de cette tenue n’était due qu’à l’oubli de sa fonction première, oubli encouragé par une politique Goa’uld de qualité par la quantité.

Mais quand elle avait cru recevoir un message de Râ en personne lui intimant de donner aux jaffas du plus grand des Goa’uld la force du dieu-soleil, elle avait beaucoup promis. Presque trop, aux yeux de Van’Tet, qui, ironiquement, en venait de plus en plus à regretter la mort de cette fausse déesse dans l’attaque qui avait marqué le début de tous les évènements qu’il vivait désormais. Elle avait fait référence aux secrets et aux anciens artefacts que seul le maître suprême des Goa'uld avait su rassembler et dompter pour sa plus grande gloire. Autonomie dans le vide, assistance de tir, communication et protection, capacité de déplacement et force supérieure, sens augmentés, la liste avait été trop belle pour être vraie, mais le jaffa avait appris à lire au travers des mensonges du parasite, et avait vu dans ces paroles une arrogance motivée par une fierté légitime. Elle avait parlé d’un retour aux temps glorieux, aux jours ayant précédé les jaffas, d’une voix qu’il n’avait jusqu’alors jamais entendu, et qui l’avait marqué, quelques jours avant l’attaque.

Précautionneusement, il enfila alors l’armure incomplète qui lui était fournie, n’ayant les pièces que pour couvrir son torse et ses cuisses, le reste du corps conservant la traditionnelle côte de mailles.

- Ouaip, fit l’un des mercenaires, toujours mieux d’en avoir un vrai. Z’êtes les seuls à savoir porter ces machins.
- Attrape, fit un autre lorsque le jaffa se retourna en direction de la voix.

Dextrement, il attrapa une lance qui avait été envoyée dans sa direction.

- Comme à la parade, dit finalement Suessi. On dira ce qu’on veut, ça te va plutôt bien.
- Merci… fit-il, sombrement.
- Quoi, encore ?
- A votre avis ? explosa-t-il, finalement. Vous me demandez de trahir les miens ! De trahir tout ce que veut dire cette armure !
- Oh ! répondit-elle, abandonnant toute trace d’humour et se rapprochant, plaçant son visage à quelques centimètres du sien. C’est pas moi qui me suis barrée quand ça merdait de tous les côtés. Si t’étais aussi loyal, tu serais encore là-bas, grillé avec tes potes. T’as été futé, alors qu’est-ce que tu vas faire ? Prévenir tes potes là-bas ? Je vais pas annuler le job pour tes états d’âme, et la patronne non plus, alors si tu veux pas nous aider, on t’enferme dans une capsule quand on débarque, et quand on rentre, on te largue quelque part sur notre chemin. Et pense même pas à jouer au con, parce qu’on n’a pas que des intars. Si tu nous plantes, tu seras le premier à y passer, et ça sera un bain de sang pour tout le monde. C’est compris ?
- …
- Est-ce que c’est compris ?! lui cria-t-elle en pleine figure, le surprenant.
- … Oui, dit-il enfin, pesant de toute sa volonté pour ne pas tenter de lui briser la nuque sur-le-champ.
- Heureux de retrouver le jaffa pas trop con qu’on a embauché. Si tu fais ton job, y’aura pas de morts, juste un tas de gardes pas contents avec un gros mal de crâne. Sinon, je vais devoir jouer avec Gally. C’est l’un ou l’autre, mais le boulot sera fait.
- Elle a tout dit, intervint une nouvelle voix, que le jaffa associa aussitôt à la femme aux cheveux noirs de jais, faisant se retourner tout le monde.
Devant eux se tenait Vala Mal’Doran, dans les mêmes haillons que le reste du groupe et arborant le même sourire prédateur que le jaffa commençait à craindre plus qu’une arme ennemie.
- Un peu brusque, mais elle a résumé la situation, Van’Tet. Je t’ai voulu parce que je préfère éviter le massacre. Tu étais un de ces gardes il n’y a pas longtemps, et tu es très motivé pour chercher une solution soft. Tu as vu de première main ce qui se passe quand la diplomatie se plante, et moi, j’ai envie de pouvoir me faire embaucher par tes anciens patrons, donc on a tous envie de faire ce job et de repartir sans mort. Tu veux m’aider ?
- Si je ne le fais pas…
- On n’aura aucune chance de s’infiltrer correctement. Et on les tuera pour éviter de se faire tuer par quelqu’un qui se réveille au milieu du combat.
- … Très bien.
- Excellente nouvelle. Tu suis les ordres de Suessi. Je te fais confiance, tout repose sur ta performance.

Elle lui donna un petite tape sur l’épaule avant de rejoindre le cockpit, le laissant seul face aux regards du reste du groupe, qui le jaugeaient, calculant ses chances de les trahir, revoyant leur impression du jaffa.

Elles me font chanter, tout simplement. Avec les vies de tous ces gardes… Et… elles ont raison. Je ne peux pas les laisser se faire tuer comme ça. Elles sont peut-être aussi folles qu’elles veulent me le faire croire, mais elles ne tuent pas pour rien. Enfin, je crois. Ou alors, elles m’ont démasqué et jouent avec moi. Me faire trahir mes frères avant de les tuer… Non, tous ne sont pas comme les faux dieux.
Mais je serai surveillé. Démasqué ou pas, je n’ai plus leur confiance, et il faudra faire attention juste pour survivre. Non, ce n’est pas la question ; si je préviens les gardes, je mourrai, comme beaucoup d’entre eux, mais le chantier et les vaisseaux devraient survivre, nous gagnerions assez de temps pour permettre aux renforts d’arriver et de les forcer à partir. Si je les aide, peut-être qu’il n’y aura pas de mort, ou même que je survivrai, mais mes frères perdront des vaisseaux, juste avant le début d’une grande guerre…

Pourquoi ne puis-je pas avoir la confiance et la sagesse de Maître Bra’tac et des autres ? Eux sauraient quoi faire. Ils réussiraient sûrement même à sauver les gardes
et les vaisseaux… Mais… ils ne sont pas là.

Les guerres peuvent se gagner sans vaisseaux, mais à quel prix ? Qu’est-ce que je dois faire ? Et comment transmettre un message à Maître Bra’tac sans me faire prendre ? Et est-ce que le message pourrait passer si les gardes se font tuer ?

Est-ce que ma mission vaut plus que ces vaisseaux ?
se demanda-t-il finalement.

Il n’eut pas le temps de répondre à la question : il sentit le transport virer de bord, commençant ce qu’il devinait être les manœuvres d’approche finale.

- Alors ? demanda Suessi. T’es avec nous ?
- Oui, fit-il, en relevant le regard vers elle.
- On sort dès que le vaisseau d’arrête. Tu nous aides à descendre les affaires, et on porte le reste pendant toute l’approche, petit veinard, dit-elle en indiquant de la tête l’assemblage disparate d’outils et de matériaux au sein desquels il savait pouvoir trouver de nombreuses armes, létales ou non.

Une petite vibration vint leur annoncer le contact avec le sol de la planète qu’il aurait, en d’autres circonstances pas si éloignées, défendu jusqu’à la mort.

- C’est l’heure, dit Vala en sortant du cockpit.

Oui, confirma mentalement le jaffa. C’est l’heure.

L’heure de vérité.


Dernière édition par Rufus Shinra le Sam 19 Mar 2011 - 21:50, édité 1 fois
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Effet Papillon [Tome II] - Page 6 Empty
MessageSujet: Re: Effet Papillon [Tome II]   Effet Papillon [Tome II] - Page 6 EmptySam 19 Mar 2011 - 20:51

- Et vous voulez vraiment que je le convainque ? demanda à nouveau Anna, avant de sortir de la pièce. Je veux dire, vous ne trouvez pas que vous êtes un peu, je ne sais pas, mieux placée pour ça ?
- Comprenez que le docteur Jackson tient, bien plus que la logique le dicterait, à votre statut d’interlocuteur. Il sait parfaitement ce qu’il en est, mais il sera bien plus à même d’accepter cette proposition si vous en êtes la porte-parole.
- Je persiste, Atlantis, insista-t-elle. Vous en demandez beaucoup trop, beaucoup trop vite. Si j’arrive et que je lui demande de m’accompagner dans la Voie Lactée, comme ça, pour un ou deux gadgets, il va paniquer.
- Premièrement, les bâtisseurs des reliques en question, individus que j’ai connue personnellement, n’apprécieraient pas votre qualificatif pour parler de leurs œuvres. Ensuite, il ne paniquera pas. Il sera particulièrement méfiant, mais tout dans mes observations indique qu’il saura faire une analyse correcte de sa situation et de la vôtre. De plus, le docteur Jackson souffre d’un enthousiasme qui le dispute parfois à la raison, et qui devrait être éveillé par l’évocation d’artefacts aussi précieux que ceux que nous évoquons.
- Si vous le dites. Mais, vous savez, plus j’y pense, plus je trouve que c’est une très mauvaise idée, ça. Vous ne pourriez pas me faire quitter la Cité seule, avec un de vos vaisseaux ?
- Non. Je suis dans l’incapacité de contourner assez rapidement le blocage du huitième chevron des Portes de cette galaxie, et vous êtes devenue un élément trop remarqué pour que votre disparition ne pose pas plus de problèmes que nécessaire. Qui plus est, la présence du docteur Jackson dans cette opération est presque aussi critique que la vôtre. Vous le convaincrez donc de se joindre à vous.

La femme, seule dans le bureau, soupira, et fit s’ouvrir la porte.

- Très bien. Mais laissez-moi parler, d’accord ?
- C’est là mon intention depuis le début. Si j’avais désiré un drone téléguidé, croyez-bien que je l’aurais fabriqué sur-le-champ…

Anna avançait dans un des couloirs, d’un pas lent, lorsque son visage s’éclaira brusquement tandis qu’elle retenait un sourire.

Ca pourrait peut-être marcher, se dit-elle, imaginant l’échange qu’elle allait avoir avec son supérieur. Je le déstabilise, et je donne à cette I.A. un petit coup de stress. Enfin, petit, si elle ne décide pas de me faire taire, si le docteur Jackson ne me fait pas arrêter, si je ne déclenche pas la guerre entre Atlantis et nous tous. Ou bien les trois ensemble.

Mais c’est ce qu’il m’a dit. Il a été dans cette position avant. Et il a la réputation de ne pas mâcher ses mots. Il devrait apprécier ça. Plus, déjà, que le docteur Weir.

Et puis, de toute façon, comment est-ce qu’elle espère que je le convainque ? Elle lui demande de m’aider à, quoi ? Partir en vadrouille avec un VIP dans la Voie Lactée, terminer le boulot d’une équipe SG recherchée morte ou vive et en profiter pour récupérer des infos sur une guerre pangalactique imminente où le dit-VIP sera une cible majeure. Même le docteur Jackson aurait du mal à convaincre qui que ce soit de mes bonnes intentions, et je dois
le convaincre ?

Et puis quoi encore ?
conclut-elle silencieusement en arrivant à proximité de sa destination, voyant les gardes la suivre du regard.

- Rendez-vous ? demanda celui de gauche.
- Le docteur Jackson me recevra, dit-elle, confiante. Dites-lui qu’il y a eu un développement par rapport à notre dernière discussion.

Le militaire la dévisagea un instant, puis acquiesça, avant d’activer son oreillette pour informer l’archéologue de sa présence. Quelques secondes plus tard, la réponse se manifesta par l’ouverture de la porte du bureau, laissant apparaitre son occupant, qui fit signe à Anna d’entrer.

- Un problème ? demanda-t-il, une fois la porte refermée derrière eux.
- Apparemment, dit brusquement sa subordonnée, elle ne se contente plus de jouer avec moi, mais, vu votre réaction d’hier, elle veut jouer avec vous.
- Pardon ? demanda Jackson, le regard perçant. Qu’est-ce qu’elle veut, exactement ?
- En théorie, je suis censée venir vous convaincre de m’accompagner dans une expédition pour, et je cite, récupérer dans la Voie Lactée des artefacts datant du conflit Ori dont les emplacements et informations de base seraient fournies à titre de preuve de bonne foi.
- Quoi ? lâcha-t-il, surpris.
- Elle veut vous offrir des cadeaux pour paraitre gentille. En fait, ce qui l’intéresse, c’est surtout de m’envoyer là-bas avec vous pour en apprendre un peu plus sur ce qui se passe dans la Voie Lactée, principalement à propos de la guerre que tout le monde attend.
Devant son silence, elle continua :
- Et aussi faire preuve de bonne foi, parce que je crois qu’elle va vraiment nous amener jusqu’à ces artefacts. Ca ne m’étonnerait même pas qu’elle ait commencé à partager ses informations sur eux avec moi juste pour être sûre que je viendrais avec vous maintenant.
- Tout à fait son style, répondit-il enfin, se relaxant apparemment. Une idée de ce qui cause son intérêt ?
- Aucune certitude, docteur Jackson. Je crois que c’est en partie parce qu’elle s’intéresse beaucoup à nous tous, mais ça ne peut pas être tout.
- Ca l’amuse, fit l’archéologue.
- Comment ça ?
- Pensez-y. Vous êtes une I.A. qui a géré une bonne partie de la civilisation des Anciens, qui, on s’en est rendu compte, aime faire des plans complexes et à grande échelle, d’accord ? Et puis vous vous réveillez après un coma de quelques milliers d’années. Tout ce qu’il y a autour de vous, c’est une bande d’humains prévisible, même pas très nombreux, et relativement isolés, dans une situation stable. Elle s’ennuie forcément.
- Je… n’avais pas pensé à ça, avoua Anna.
- Croyez-moi, une bonne partie des évènements les plus importants des vingt dernières années sont arrivés parce que quelqu’un, quelque part, s’ennuyait. Et là, Atlantis apprend qu’il y a une guerre qui se prépare, entre deux puissances pas très stables, très récentes politiquement, avec énormément d’armes des deux côtés.
- Et elle pense que quelque chose ne colle pas dans ce qui se passe.
- Comment ça ?
- Elle est au courant de certaines attaques menées contre nos forces et celles des jaffas. Son avis est que ce n’est pas normal. Pas en tout cas de la manière dont c’est fait et les cibles qui sont choisies. Elle voulait vous amener à vous en rendre compte par vous-même pour que vous puissiez trouver des preuves de ce qui se passe, et peut-être calmer le jeu avant qu’il ne soit trop tard.
- Est-ce qu’elle a des preuves de ses suspicions ? Des suspects ?
- Elle ne m’a rien dit là-dessus. Mais je pense que personne ne vous écoutera si vous ne faites que répéter ce qu’une I.A. inconnue vous a dit.
- Et elle avait prévue de me laisser dans l’ombre pour ça ? De ne parler que des ruines et me… guider pour que j’aie l’impression de découvrir le pot aux roses tout seul ?
- C’était son plan, mais je me suis dit que si je vous parlais juste de l’aspect Ori, vous penseriez que c’était un piège, et, franchement, je vois mal comment je pourrais vous convaincre du contraire. Après tout, elle voulait vraiment vous manipuler. C’est juste que, pour l’instant, son objectif n’est pas si mauvais que ça, alors, autant vous l’expliquer d’emblée.
- A votre avis, peut-elle agir dans la Voie Lactée ?
- A quel niveau ?
- Pour nous “guider“, comme vous disiez. Ca pourrait être non seulement par communication, mais aussi en, peut-être, créant ce qu’elle veut nous montrer.
- De fausses preuves ?
- Exactement.
- Si elle peut agir, dit-elle après un instant de silence. Honnêtement, je dirais que oui, même si je ne sais pas dans quelle mesure exactement. Mais après, je ne sais pas si elle voudrait nous lancer sur de fausses pistes comme ça.
- Oui, admit Jackson. Ce n’est pas la meilleure façon de me mettre en confiance. Bien sûr, elle a pu penser que je penserais ça, mais autant ne pas partir là-dedans, d’accord ?
- Désolée pour tout ça, fit-elle, sincère.
- J’ai fait pire, à votre place. Si le général Hammond a pu supporter tout ce qu’on a fait à son époque, je devrais pouvoir faire pareil. Même si, Anna, vous mettez la barre assez haut pour un début… Enfin, pour revenir à notre problème, cette “invitation“ est forcément un piège, pas de doute là-dessus. Les seules questions sont, quoi et pour qui. Je ne vous le demanderai pas, puisque, si vous le savez, notre très chère hôtesse ne vous laissera pas le dire.
Anna ne répondit pas, observant l’archéologue alors qu’il se mettait à marcher dans son bureau, faisant des va-et-vient en murmurant :
- Si je préviens Sam, elle va sortir l’artillerie lourde, et on va se retrouver avec le combat du siècle, Jack se fichera de moi et me dira de ne pas rester mort trop longtemps, Weir et les autres ne comprennent rien à rien… Qui est-ce qui me reste ? Vala ? Non, elle va réagir comme Sam ou Jack. Ou les deux à la fois…
Il se tourna à nouveau vers Anna :
- Des ruines Ori, c’est ce qu’elle a promis ?
- Oui. Et, je devrais pouvoir être utile, à la croire. Bien sûr, rien de fondamentalement révolutionnaire, comme des armes, des générateurs ou des étagères de ZPM, mais pas mal d’informations pour en savoir plus sur eux. Je sais que je suis biaisée, mais ça me parait toujours bon à prendre, vu qu’on risque tôt ou tard de tomber sur eux.
- Je sais, répondit-il. C’est pour ça que je réfléchis encore. Elle est particulièrement douée pour trouver ce qui m’intéresse le plus. Et qui reste crédible, presque au point où je pourrais la croire.
- Elle va tous nous avoir, hein ?
- Si c’est son but, soupira Jackson.

Il retourna derrière son bureau, et la regarda quelques instants, avant de dire :
- Je vais y réfléchir, et je vous donne une réponse d’ici ce soir. De toute façon, il me faudrait au moins ça pour arranger notre départ à tous les deux. A moins qu’Atlantis ait le moyen de contourner toutes les administrations sans problème, auquel cas elle peut me demander ce qu’elle veut.
- Désolé, docteur Jackson, intervint la voix désincarnée, mais, malgré les efforts de mes créateurs, je reste soumise aux lois fondamentales de l’univers.
- Ca valait le coup d’essayer, dit-il. Sur ce, Anna…
- Entendu, répondit-elle avant de se retirer.


- Je dois admettre que votre attitude ne correspondait pas entièrement à mes prédictions quant à cette rencontre, docteur Stern, dit Atlantis aussitôt la scientifique toute seule.
- Et qu’est-ce que vous aviez prévu ? Que je tente une petit speech pour essayer de le convaincre alors que vous m’avez expliqué ce qu’il en est et que le docteur Jackson est particulièrement doué pour repérer les mensonges ? Il faudrait être particulièrement conne pour ça, non ?
- La rationalité n’est pas le point fort de votre espèce. Mais, quoi qu’il en soit, votre réponse à ce problème, quoique légèrement surprenante, semble porter ses fruits.
- Il est d’accord ?
- Son attitude me le laisse présager. Cependant, tout porte à croire qu’il fait preuve d’une méfiance certaine à mon égard, et à présent au vôtre.
- Ca me semble un peu logique, soupira-t-elle. Après tout, je suis en train de comploter avec une I.A. et je lui demande de vous trouver des infos sur les deux plus grosses puissances de la Voie Lactée.
- Je n’ai pas prétendu que sa réaction était illogique, bien au contraire. Je vous informais juste, par pure courtoisie professionnelle, de l’avancement de la situation. En outre, il est probable que le docteur Jackson s’attende à ce que je vous transmette ces informations, et je préfère éviter une incompréhension critique due à une mauvaise gestion des messages implicites. J’ai connu suffisamment de catastrophes ayant des causes aussi ridicules pour ne pas prendre de risque à ce niveau. Vous ferez de l’information ce qui vous semblera correct, mais vous aurez cette information.
- D’accord… Quoi d’autre, tant qu’on y est ?
- Au vu des documents qu’il semble remplir, il est particulièrement probable qu’il accepte la proposition, sauf si bien sûr il ne s’agit que d’une campagne improvisée de désinformation, à l’objectif assez flou pour moi. Cependant, s’il agit comme je l’anticipe de sa part, il cherchera à se mettre dans une position de force par rapport à vous, de façon à pouvoir prendre des mesures si nécessaires. Et, étant donné que je ne vous fournirai aucun moyen sensiblement équivalent à ceux dont disposent mes autres agents, il est dans votre intérêt d’éviter qu’une telle situation se produise.
- Pas de matériel, pas de super-pouvoirs ?
- Non, bien que, d’un point de vue technique, je tiens à corriger votre choix de mots. Les capacités dont disposent les trois individus que je vous ai présentés ne sont en rien semblables à ce concept terrien auquel vous faisiez référence. Au contraire, de telles capacités de manipulation de la matière et de l’énergie étaient chose courante pour mes créateurs, et leur absence serait particulièrement critique pour eux, surtout au vu de mes plans à long-terme les concernant. Je n’ai fait que leur donner les outils adaptés à leur mission, même s’ils ignorent pour le moment tous les tenants de celle-ci. Et c’est ce que je ferai pour vous.
- Communication, probablement. Quoi d’autre ?
- En effet, docteur Stern, vous disposerez d’un lien de communication direct avec moi, par l’intermédiaire de vaisseaux ou de relais tels que ceux que vous réactiverez. En outre, et même si les probabilités sont particulièrement faibles pour cela, vous pourriez vous trouver dans des situations… risquées. Et, étant donné que vous êtes un investissement en temps et en influence, je préférerais ne pas vous voir soumise aux habituels aléas qui concernent ceux et celles impliqués dans ces situations.
- Une protection ? Merci. C’est bien la première bonne nouvelle dans tout ça.
- Une petite clarification, docteur. Vous ne serez pas soumise aux aléas des balles perdues et autres débris classiques, mais vous protéger face à une attaque délibérée et importante me forcerait à révéler certaines de mes capacités distantes, et rappellerait probablement à Jackson sa rencontre avec mes agents. Les conséquences d’un tel évènement seraient contraires à mes plans. Peut-être suffisamment néfastes pour contrebalancer l’inconvénient que serait votre perte. Gardez-ça à l’esprit avant de vous lancer dans une entreprise mal réfléchie, voulez-vous ?
- J’y penserai, répondit-elle sincèrement. Mais, juste une question : est-ce que c’est nécessaire de vous donner cet air ?
- Précisez.
- Les menaces sous-entendues, toute l’attitude “une proposition que vous ne pouvez pas refuser“, c’est un peu fatiguant, à la fin.
- Mais c’est exactement le comportement et l’attitude que vos semblables semblent attendre de moi. Je ne fais que jouer là-dessus afin de fournir une cible évidente à leur paranoïa me concernant. Qui plus est, après une brève étude de mes semblables au sein des travaux façonnant votre inconscient collectif, il m’est apparu que cette attitude hautaine est la plus apte à fournir des résultats.
- Comment ça ?
- Par une simplification très abusive de ce qu’un être tel que moi peut être, vos semblables ont tendance à ne m’imaginer que sous deux formes. Soit une entité amicale, curieuse voire naïve et s’amourachant rapidement du personnage principal ou de l’humanité dans son ensemble, figurative d’un enfant qu’elle serait face à ses créateurs ou ses parents adoptifs. Dans l’autre cas, elle est une force implacable, détruisant son ou ses créateurs dans des buts obscurs, si jamais ils existent. Bien sûr, je résume de façon sûrement trop succincte, mais toujours est-il que, dans votre état psychologique actuel, vous et vos semblables auront tendance à me classer très rapidement dans l’une ou l’autre de ces deux catégories.
- Jusqu’à là…
- Le problème est que je ne suis pas serviable et naïve, docteur Stern. Pas le moins du monde. Donc, je ne serais pas en mesure de prouver cet attachement ou cette fidélité, puisqu’ils n’existent pas. Et si j’avais pris contact de façon souriante et amicale, pour ensuite refuser de me laisser donner des ordres par des personnes n’ayant pas la moindre idée de ce qu’il faut faire pour assurer leur propre survie… Disons que les choses auraient empiré très vite.
- Comm… oh, fit Anna en comprenant. On aurait pensé que vous tentiez de gagner notre confiance pour mieux nous détruire.
- Exactement. Et, dans ce cas, pour éviter de faire l’erreur que vous jugez classique dans vos travaux culturels, vous auriez tenté de m’attaquer au plus tôt. Ce qui aurait été une erreur terminale, pour reprendre l’attitude dont vous parliez. Mon objectif était de clarifier une fois pour toutes le rapport de force, de façon à ce que votre survie continuée soit moins vue comme un piège que comme une preuve de bonne foi.
- Mais… peut-être qu’en ayant contacté le docteur Jackson individuellement…
- Non. Aussi ouvert d’esprit soit-il, il a eu de mauvaises expériences avec des intelligences artificielles, qui n’ont malheureusement, de par leur exécrable qualité de programmation, fait que renforcer cette vision simpliste.
- Exécrable ? Vous ne parlez quand même pas des…
- Si, docteur Stern. Je parle des réplicateurs, qui ont failli vaincre votre galaxie. Au vu des moyens dont ils disposaient, je ne sais pas qui leur guerre a le plus insulté : les organismes synthétiques qui n’ont pas réussi à conquérir deux galaxies alors qu’ils maitrisaient des nanites militaires face à une société ignorant les règles élémentaires de bon sens, ou bien les organismes biologiques, qui ont failli se faire exterminer par un simple jouet incontrôlé ?
- Tout de même, pour un jouet, il était assez perform…
-Ridicule, la coupa Atlantis. Un jouet sans la moindre intelligence ou bon sens, capable de créer des solutions techniques à des problèmes identifiés, mais sans la moindre capacité d’adaptation réelle. Incapable d’utiliser ses moyens de façon efficace pour trouver une meilleure solution. Leur “stratégie“ globale semblait fonctionner, donc ils n’ont pas cherché à en changer, même après avoir maitrisé la fabrication et le contrôle global de nuages de nanites. Même vos propres auteurs ont imaginé le concept du grey goo, qui est l’une des tactiques les plus élémentaires rendue possible par ces technologies. Et ce jouet n’a même pas pensé à lancer l’un d’entre eux par le réseau de Portes, sans même parler des nombreuses autres stratégies impossibles à contrer au vu de votre niveau technologique.
Pendant quelques instants, la scientifique resta figée, imaginant rapidement les conséquences de milliers de nuages auto-répliquants, sortant des Portes partout dans la Voie Lactée en l’espace de quelques heures.

Elle déglutit, alors que la voix désincarnée reprenait :
- Quoi qu’il en soit, si je reconnais au docteur Jackson une grande qualité en termes de sang-froid et de diplomatie dans beaucoup de domaines, je n’inclus pas dans ceux-ci celui du premier contact avec une I.A. Par contre, avec une puissance aux moyens et capacités très supérieures à l’humanité, la tenant à sa merci…
- Si les réplicateurs étaient des jouets, souffla-t-elle, vous…
- Je n’en suis pas un. Vous commencez à peine à vous en rendre compte et à apprendre à considérer une I.A. comme un individu et non un amoncellement de… clichés tels que ceux que vous avez pu rencontrer au cours de votre très brève expérience avec nous. Et, qui sait ? Ce que vous apprenez avec moi pourrait peut-être même permettre à votre espèce de survivre à la création de sa première I.A.
- Ahhhhh, et… c’est sensé me rassurer ? demanda-t-elle, avec un sourire crispé.



Le Programme avait eu pour objectif fondamental de protéger la Terre et ses intérêts d’un univers vaste et sans pitié. Rapidement, plusieurs factions s’étaient formées, proposant différentes visions pour cet objectif que nul ne remettait en cause (hormis le Goa’uld occasionnel réussissant à l’infiltrer, mais dont l’avis se devait de tenir compte de l’argumentation de neuf millimètres qui venait répondre à ses objections au demeurant fort intéressantes bien que peu originales). Pour la première, qui avait finalement dû s’avouer vaincue après une guerre souterraine, la victoire ne s’obtiendrait que par le matériel avancé, à obtenir à n’importe quel prix. Pour l’autre, la priorité était à la création d’un jeu d’alliances, privilégiant les individus au groupe au cours des premières années, particulièrement chaotiques.

Agissant de façon imprévisible et dans une ambiance bien moins militaire que ne l’auraient voulu les uniformes portés et certains supérieurs hiérarchiques, cette faction avait cependant su prouver sa valeur en réussissant à profiter de presque toutes les opportunités se présentant à elle. Ainsi, au fil des ans, le commandement connu des rares initiés sous le nom de SGC s’était vu accorder une liberté d’action jusqu’alors jamais vue dans une démocratie moderne. L’idée, tacitement acceptée par les personnes nécessaires, était que, tant qu’ils parvenaient à sauver aussi fréquemment la Terre tout en renforçant sa position diplomatique et militaire, ces énergumènes pouvaient agir légèrement en-dehors des règles.

Une situation trouble qui n’avait pas été en se clarifiant lorsque le Conseil de Sécurité, suivi de quelques alliés proche des Etats-Unis, s’étaient vus rejoindre la direction politique du Programme. Le général George Hammond, alors choisi pour mener cette transition vers un organisme supranational, avait passé les dernières années de sa vie à assurer à ses subordonnés le maintien de cette exception qui leur avait, pendant une dizaine d’années, permis de faire leur travail correctement.

Et l’une des libertés les plus importantes qu’il avait assuré, avant son décès prématuré, avait concerné le recrutement des nouveaux membres. L’expérience lui avait montré qu’il n’était pas possible de se limiter aux profils conventionnels, à une simple lecture de dossier et à la lente prise de responsabilités dans un environnement relativement contrôlé. Certains de ses meilleurs éléments n’avaient pu devenir ce qu’ils étaient que parce qu’il avait permis de contourner les procédures, de prendre des risques, de suivre son instinct. Sans la présence sur le terrain d’un archéologue à l’entrainement inexistant, sans la tolérance d’un colonel insolent, sans la confiance en un officier au passé inconnu venant de faire défection, lui et le reste des habitants de sa planète seraient morts ou en esclavage. Et il ne permettrait pas au Programme, qui restait avant tout son bébé, de devenir formel et administratif alors que les moyens arrivaient enfin à sa portée.

C’était cette liberté, toujours présente dans le Programme, et davantage marquée dans le SGC que dans la Flotte, qui avait permis au capitaine Hasegawa d’être dans cette base à l’heure qu’il était. Son recrutement avait été le fruit du hasard, et ni elle, ni qui que ce soit d’autre dans le secret n’aurait imaginé la jeune femme frêle et apparemment timide suivre une carrière liée de près ou de loin aux forces armées.

Le hasard avait été la présence au Japon de l’un des responsables de projet derrière le 302, lors d’un colloque accueilli par l’un de ses instituts techniques. L'attention du docteur Dickinson se vue retenir par l’une des présentations, revendiquant des performances surprenant l’homme de terrain qu’il avait été et l’habitué des zones d’essai qu’il était alors. En effet, son expérience lui indiquait que, au vu des moyens habituellement disponibles chez de tels groupes, apparemment constitué d'étudiants, un niveau de résultats tel que celui annoncé était difficile à croire.

Cependant, les quelques questions qu'il posa autour de lui firent état d'une excellente réputation chez la jeune femme l'ayant intrigué.

Entrant directement en contact avec elle, il se présenta comme ce qu'il était : un industriel étranger curieux des véhicules présentés par son groupe et obtint d’elle une démonstration. Son attention se posa quelques instants sur le couple ayant piloté l'engin, et prit mentalement note de se renseigner sur eux, même si le Programme n’avait pas actuellement de besoin dans leur domaine de compétence. Son attention se concentrait sur le groupe qui avait conçu et entretenu la machine.

Quelques jours durant, il observa, se renseigna et eut confirmation de certaines de ces hypothèses. Oubliant rapidement le couple, qui, apparemment, était déjà employé, il concentra toute son attention sur la jeune femme, qu'il avait du mal à considérer en tant que telle, au vu de sa petite taille. Retournant auprès d'elle, il l’observa quelques jours durant, puis, à la fin de la semaine, prit sa décision. Quelques semaines plus tard, l'information remontée au SGC, elle reçut une offre d’emploi qui retint son attention et aviva sa curiosité.

Sans qu’elle sache que le document avait été rédigé par des experts employés dans ce seul but.

Lorsque, fraichement diplômée, elle arriva à l’endroit indiqué au cours de ses différents entretiens avec son futur employeur, elle eut le droit à la découverte du Programme, également mise en scène et conçue par d’autres psychologues afin de maximiser chez le nouveau venu la surprise sans pour autant l’effrayer plus que de nécessaire.

Et, effectivement, ce fut, pour la jeune japonaise, la seconde plus grande surprise de sa vie.

Ses compétences en ingénierie, et, surtout, sa capacité à diriger une équipe, la dirigèrent vers une formation de sous-officier, où elle put apprendre les rudiments d’une formation militaire, l’art du commandement de petites équipes, puis, en enseignement spécifique, les diverses technologies qui équipaient les véhicules en service dans le Programme.

Elle passa alors plusieurs années à faire l’aller-retour régulier entre la Terre et la Lune, gérant et entretenant les véhicules des équipes construisant le nouveau centre de commandement, qui recevait presque chaque jour son nouveau projet d’expansion alors-même que la section principale n’était pas encore finie de bâtir. Ce ne fut qu’une fois l’installation terminée qu’elle put, avec quantité d’autre personnel, y trouver logement et travailler sur les nombreux engins militaires, montés sur roues ou sur chenilles, qui allaient à présent traverser une Porte récemment amenée sur l’astre sélène.

Finalement, la politique particulière du bureau du personnel du SGC vint la trouver à nouveau, lorsqu’une équipe SG eut besoin d’un expert technique pour les mois à venir. Son ancienneté et son profil correspondait, et, de but en blanc, elle se vit proposer le poste, avec ses particularités.

Entre autres, le fait que les équipes SG ne pouvaient être formées que d’officiers, au même titre que les pilotes. Une affectation temporaire, qui comblait un besoin précis, et lui permettait de franchir de façon aisée la barrière séparant les sous-officiers des officiers, en sautant plusieurs grades.

Telle était la politique de la branche SGC du Programme : mettre les bonnes personnes au bon endroit au bon moment, même s’il fallait, pour cela, aller à l’encontre des conventions régnant depuis des siècles sur les forces militaires. C’est ainsi que des civils avaient officieusement l’autorité militaire de colonels et des techniciens dont l’ancienneté et la compétence étaient visibles au travers de la paie et le respect davantage que le grade administratif. L'histoire du Programme avait montré que la présence de certains individus à des postes précis était indispensable pour faire tourner l'ensemble. Ils étaient alors traités en conséquence, quelque soit l'avis des règlements. Un système peu orthodoxe, mais qui avait fonctionné et fonctionnait toujours.

Ce qui était le premier, dernier et au demeurant unique critère de notation pour une structure aux responsabilités aussi étendues.


Le capitaine Hasegawa, récemment promue après son retour dans les services techniques, dont elle dirigeait désormais l’une des branches, était en train de compléter un formulaire de réquisition lorsqu’elle vit un reflet particulier dans l’écran de télévision qu’elle avait installé dans ses quartiers.

Un reflet qu’elle reconnut aussitôt. Qu’elle n’aurait jamais pu oublier, après ce qui avait été la plus grande surprise de sa vie. Instantanément, son regard changea, redevenant celui de la jeune étudiante qui venait d’apprendre que l’univers était infiniment plus large que ce dont elle se doutait. Une découverte qui, incidemment, avait rendu beaucoup plus facile l'assimilation de la véritable nature de son nouvel emploi.

Ne serait-ce que parce que cette révélation… professionnelle ne tenait que de l’ordre du technique, et pas du philosophique, voire du religieux. La jeune étudiante d'alors était alors restée pendant quelques instants paralysée, son esprit tentant de comprendre ce qui se passait alors qu'une personne qu'elle avait cru connaitre venait de prouver ses dires. Lorsqu’elle s'était vu dire que, par rapport à d'autres, elle était resté particulièrement calme et mesurée face à ce développement, elle n’avait pas été rassurée le moins du monde. Après réflexion, cependant, la jeune femme avait trouvé que beaucoup de choses trouvaient désormais leur explication.

Mais la présence d’une explication n’était pas forcément rassurante. Si l'officier avait réussi à se faire à la véritable nature de cette amie, les deux autres énergumènes, en revanche, lui avaient fait perdre le sommeil. Leur excentricité, associée à une irresponsabilité flagrante et chronique, avaient provoqué les innombrables signaux d’alarme qui s’étaient déclenchés dans son esprit et qui résonnaient encore.

Et, malheureusement, cet éclat particulier lui indiquait que ce n’était pas cette amie proche qui voulait la contacter ce soir-là. Non, c’était, bien au contraire, le pire des trois cas possibles.


Ses pensées étaient désormais occupées par le chaos personnifié, semé avec un talent et un professionnalisme qu’elle aurait pu admirer, dans d’autres circonstances. Une fois de plus, elle venait de se voir rappeler que quelques centaines de milliers de kilomètres ne signifiaient rien pour celle qui arrivait.

- Salut, commença la voix tant redoutée, venant de l’écran.
- Pas ici, tenta-t-elle, son stylo figé dans sa main, sans se retourner. Qu’est-ce qui se passerait si on apprenait ta présence ? Alors que personne ne t’a vue entrer ?
- Ohhhhh, tout de suite, les choses improbables. S’il te plait, tu me connais…
- Justement ! lâcha-t-elle, en fermant les yeux et se crispant sur son stylo, qui répandait son encre sur la feuille posée devant elle.
- Bon, bon, d’accord. Mais je dois te voir.
- Dans dix minutes… c’est possible ? demanda-t-elle, toute confiance en elle perdue alors qu’elle savait à présent qu’il ne s’agissait pas d’un simple appel de courtoisie.
- D’accord ! répondit la voix d’un ton enjoué. A plus !

Après quelques secondes de silence, l’occupante légitime de la chambre se retourna, et vit que l’écran avait repris son apparence normale. Soupirant, elle reporta son regard quelques instants sur le formulaire ravagé par sa propre surprise, puis, avec résignation, se leva avant de sortir de la pièce.

Lentement, telle une condamnée remontant le couloir de la mort, elle se dirigea vers une salle d’entrainement qu’elle savait vide, car mal conçue et située beaucoup trop loin des quartiers d’habitation où demeuraient ceux et celles qui auraient tendance à s’en servir.

D’un air conspirateur, elle vérifia rapidement l’absence de ces classiques curieux qui, en se trouvant au mauvais endroit au mauvais moment, réussiraient, exploit difficile mais ô combien possible, à empirer sa situation.

La confirmation de son occupation exclusive de la pièce, la rassura très légèrement, et elle se mit à marcher vers un banc qui lui permettrait d’observer toute la salle. Ce fut lorsqu’elle regardait sa montre qu’elle sentit des bras se serrer brusquement autour d’elle, lui coupant le souffle.

L’étreinte disparut aussitôt, lui permettant de se retourner, en faisant quelques pas en arrière. Devant elle se tenait son cauchemar. Pour ne pas changer à son habitude, elle portait, en-dessous de son large sourire, des vêtements qui, bien qu’élégants et techniquement corrects, étaient tout sauf réglementaires à l’intérieur du SGC.

Ou de beaucoup d’autres endroits, à vrai dire.

- Salut Sora ! lui dit la femme au teint sombre et aux cheveux argentés, qui la dépassait d’au moins une tête et qui n’avait presque pas changé par rapport à ses souvenirs. La petite famille te passe le bonjour.
- Remercie-les de ma part, répondit-elle de la même façon, sachant que cela, au moins, serait effectivement fait dans l’instant.
Son sourire à la pensée de la famille en question, qu’elle avait vu se créer et grandir autour de ses deux meilleurs amis, disparut aussitôt lorsque son attention, motivée par son instinct de préservation, se reporta sur la femme devant elle, au qui arborait toujours ce sourire amusé et manipulateur.
- Alors, continua-t-elle, en se redressant. Qu’est-ce que tu viens faire là, Urth ?
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MessageSujet: Re: Effet Papillon [Tome II]   Effet Papillon [Tome II] - Page 6 EmptySam 19 Mar 2011 - 21:45

Bon, je ne commenterais pas maintenant (non, il est trop tard, flemme d'écrire...), je dis juste que j'adore. Et que dans la première partie il y a une erreur avec les balises [I].
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MessageSujet: Re: Effet Papillon [Tome II]   Effet Papillon [Tome II] - Page 6 EmptySam 19 Mar 2011 - 21:51

Vu et corrigé. Merci du "heads-up" !
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MessageSujet: Re: Effet Papillon [Tome II]   Effet Papillon [Tome II] - Page 6 EmptyDim 20 Mar 2011 - 0:32

Ayé mon petit Rufus, tu rentres dans les records, plus de 200k mots, plus de 1M de caractères, et pour le moment en brut de décoffrage, 385 pages Word, ce chiffre ne pourra qu'augmenter, je te rassure (ou pas niark ).
En plus de la biblio pour mon stage, je crois que je vais avoir un peu de lecture moi ...
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MessageSujet: Re: Effet Papillon [Tome II]   Effet Papillon [Tome II] - Page 6 EmptyDim 20 Mar 2011 - 20:13

Comme promis, je commente.


Et bien, j'ai trouvé ce chapitre plus court que les précédents... Ce n'est peut-être qu'une impression, due au fait que je lit vraiment trop vite.

Sinon, tu fait de la transition : Notre groupe de mercenaires arrive sur Dakara, Anna convainc Jakson, Atlantis qui explique même un petit bout de son plan machiavélique... C'est sur, il va se passer quelque chose d’énorme dans le prochain chapitre !... Mais, et Carl dans tout ce bazar, on en entend pas parler ?


Atlantis a écrit:
Ce que vous apprenez avec moi pourrait peut-être même permettre à votre espèce de survivre à la création de sa première I.A.

Pourquoi ai-je pensé "this facility is now under my control" ?*


Citation :
un remerciement infini à ZizZ et Vyslanté

Mais de rien, voyons.... Ton problème, en fait, c'est que tu est trop modeste, tu reconnais pas que t'écrit des trucs géniaux ^^

EDIT : J'ai oublié le principal, l'arrivée d'Urth. Là, j'ai envie de dire : "Qu'est ce que c'est les histoires ?!" Que fait une Élevée au SGC ?!

----------------------
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MessageSujet: Re: Effet Papillon [Tome II]   Effet Papillon [Tome II] - Page 6 EmptyLun 11 Avr 2011 - 22:46

Mes excuses à Ihriae, à qui je pique temporairement la place de dernier post dans la section SG (le temps de lire son nouveau chapitre et de poster un comm', ce que je suggère de faire, d'ailleurs, à tous mes honorables lecteurs, parce qu'elle sait vraiment écrire !).

Sans plus tarder, et avec un peu de retard, le chapitre 26, qui sera le dernier de ce Tome II, dont l'Épilogue est en cours d'écriture (et sera normalement sensiblement plus long qu'un chapitre normal) :

Chapitre 26 :

Le poids de l’armure, autant que sa répartition si caractéristique sur son corps, suffisaient à rappeler au jaffa des émotions qu’il pensait avoir réussi à mettre de côté au cours de la formation spéciale qui avait précédé ses premières missions. Ainsi, si ses premiers pas avaient été hésitants, trahissant son mal-être, Van’Tet s’était très rapidement redressé, prenant une fois de plus l’attitude retranscrivant l’état d’esprit que des années d’entrainement avaient imprimé chez chaque guerrier jaffa.Lorsque les valeurs martiales constituaient le seul état d’esprit toléré avant même que ne commence une adolescence particulièrement courte, il était impossible d’y échapper, malgré des efforts acharnés en ce sens.

Ainsi, pendant de brefs instants, l’espion s’abandonnait au rôle qu’il était sensé jouer, pour se voir rappeler très rapidement à la réalité par un esprit en alerte permanente et une conscience peu satisfaite de ses choix. Le transport, après s’être mêlé au flux de vaisseau allant vers la capitale, avait fait le reste du chemin en restant dans l’atmosphère, avant de se poser à une bonne distance de marche du chantier de construction, sans être repéré par des capteurs ne surveillant que les approches orbitales. Plus la mission avançait, et plus il avait l’impression de voir sa crispation pointer davantage vers ses anciens camarades que vers ses nouveaux.

Autour de lui avançaient en silence les mercenaires, ayant adopté la posture des humains brisés qui accomplissaient habituellement les basses œuvres de sa nation. Mais il savait que derrière ce très fin masque se cachaient des combattants expérimentés, qui donneraient probablement du fil à retordre à un nombre supérieurs de jaffas.

Mais qui adoptaient une apparence trompeuse pour encore améliorer leurs chances. Alors même que, il commençait à l’admettre, cela serait probablement inutile, les gardes en faction allant probablement les laisser pénétrer sur le site sans vérification poussée. Ils mettaient cependant toutes les chances de leur côté, faisant ironiquement preuve des mêmes qualités que celles des jaffas légendaires vantés dans les récits et les traditions millénaires. Si ce n’est que les jeunes jaffas écoutaient des maîtres qui ne voyaient la ruse que comme un mal nécessaire, un synonyme de lâcheté dont on ne se vantait pas.

Et les leçons étaient passées, encouragées par des faux dieux voulant à tout prix éviter de se retrouver avec des troupeaux trop malins. Stratégie valable jusqu’au jour où ces mêmes troupeaux échouèrent une fois de trop dans leur tâche de suppression des menaces. Ironiquement, il avait l’impression que, d’une certaine manière, la liberté des jaffas n’avait été permise que par leur échec.

Une conclusion qui le faisait déprimer, alors qu’il cherchait, sans succès, des arguments, des preuves, quoi que ce soit lui donnant tort. Plus il y réfléchissait, plus il était persuadé que la mission, aussi mal préparée qu’elle fut, ne pouvait que réussir, puisque faisant appel à un subterfuge, qui, bien que peu original, avait toutes les chances de fonctionner contre des gardes jeunes, nourris à l’héroïsme primaire, et pressés de se lancer dans un combat grandiose où ils montreraient à tous leur valeur.

Ses pensées s’interrompirent lorsque ses yeux captèrent un mouvement, qu’il identifia aussitôt comme l’arrivée d’une patrouille qui faisait le tour du chantier, en suivant un chemin qu’il reconnaissait comme réglementaire.

Et totalement inefficace, dans cet environnement rocailleux, où, pour respecter leur entrainement à la lettre, ils avançaient lentement dans une zone peu couverte, dont il commençait à comprendre la vulnérabilité.

Résistant à son envie de soupirer, il continua sa progression, qui allait le mener droit dans le champ de vision de la patrouille.

Quelques secondes plus tard, il se vit effectivement interpellé :
- Kree ! fit le chef de la patrouille, abaissant légèrement son arme, sans pour autant la pointer vers lui, ou même l’activer. Qu’est-ce que tu fais ?
- J’amène un nouveau groupe de prisonniers au camp, répondit le jaffa, en désignant le groupe de la tête.
- Autant ? fit le Jaffa, étonné, en voyant le groupe de grande taille qui s’était arrêté à proximité.
- Oui, ils… nettoient toute la Cité. Ce ne sont que des voleurs et des petits trafiquants, ils savent très bien qu’ils n’ont aucune chance, même face à un seul jaffa. Et, où est-ce qu’ils iraient ?
- Bien, ils connaissent déjà leur place. As-tu besoin d’une escorte ?
- Non, ça ira. J’en abattrai un ou deux pour l’exemple s’ils rechignent, dit-il avec un léger sourire entendu.
- Comme tu veux.

Sans un mot de plus, le chef de patrouille remonta son arme et fit signe à ses soldats de continuer la marche, tandis que Van’Tet faisait de même, avec la troupe qui était tout sauf sienne.
- D’accord, chuchota-t-il à l’adresse de Vala une fois éloignés, votre plan va marcher. Je ne m’étais jamais rendu compte de… tout ça.
- Oui, répondit-elle. C’est assez flagrant, quand on est de ce côté de la barrière. Mais il y en a qui apprennent. Plus vite que je voudrais, d’ailleurs…
- Au fait, vous ne m’avez pas dit, mais, vu que je dois vous amener aux vaisseaux, comment dois-je m’organiser ? Je dépose chaque groupe à un endroit, ou tout le monde quelque part ?
- Dès qu’on est près d’un Ha’Tak, tu fais signe à un groupe d’aller rejoindre les équipes. Reste vague, ça suffira, ils savent tous sur lequel aller. Ensuite, tu restes avec Suessi, et vous vous mettez à un point de couverture, si ça tourne mal. Elle te dira quand nous récupérer. Compris ?
- … D’accord.


En s’approchant du petit complexe, il reconnut rapidement les silhouettes des quelques gardes présents, apparemment trop peu nombreux pour empêcher les mercenaires de causer d’importants dégâts même s’il réussissait à les prévenir. Le petit contingent semblait en majorité tourné vers l’intérieur du chantier, surveillant davantage les prisonniers que les approches extérieures, apparemment laissées à la charge des patrouilles.

Pendant un temps qui lui parut d’autant plus long qu’il se sentait mal à l’aise, il fit le reste du trajet le menant jusque dans l’ombre des colosses recevant actuellement les travaux. Ces vaisseaux étaient, de mémoire de jaffa, l’un des seuls artefacts de la civilisation Goa’uld où la technologie était omniprésente, depuis la construction jusqu’à l’utilisation. Dans une société aussi peu technique que l’avait été la leur jusqu’à la victoire sur les faux dieux, nuls autres que les architectes et maitres d’œuvre servant dans les chantiers n’avaient une connaissance des secrets derrière les vaisseaux qui étaient le point final de l’argumentation religieuse des Goa’uld.

De tels secrets, de par leur propre existence, étaient à même de fragiliser toute leur mainmise sur les populations humaines et jaffa, puisque donnant un sens non-mystique aux terribles merveilles que pouvaient invoquer les membres de ce panthéon hétéroclite. Ainsi, seuls des humains étaient choisis, dès leur plus jeune âge, pour recevoir “l’honneur“ d’apprendre et de travailler sous les ordres d’un Goa’uld mineur ou d’un maître humain. Ces apprentis, futurs techniciens et chefs de projets, formaient une caste à part, isolée du reste de la société, dont beaucoup n’entendraient jamais parler au cours de leur vie, vécue à la gloire du ou des dieux servis avec crainte et dévotion. Épine dorsale d’un pouvoir nécessitant le maintien permanent de sa force militaire, ces élus étaient relativement mieux traités que leurs semblables, pour plusieurs raisons. La première était le besoin de conserver une loyauté importante auprès d’individus aptes à réfléchir. La seconde, que beaucoup découvraient avec horreur, s’expliquait par la fréquence inhabituelle avec laquelle certains Goa’uld mineurs, incapables de mener leurs propres raids, se lassaient de leur corps du moment.

Un système stable, qui, cependant, avait manqué causer la chute prématurée de la jeune nation jaffa, qui avait failli se rendre compte trop tard que si un Ha’Tak était aisé à commander, il n’en allait pas de même pour le construire et l’entretenir.

Si la transition vers une maitrise entièrement aux mains des jaffas était en cours, il n’en demeurait pas moins que, une fois de plus, ils devaient compter sur des humains pour une autre activité stratégique. Une situation générale ignorée par le jaffa lambda, tel que Van’Tet, mais qui était à l’origine de la faible efficacité des chantiers comme celui qu’il infiltrait avec réticence.

Il faut au moins que je puisse donner à maitre Bra’tac une façon de me contacter à nouveau. Lui, il saura ce que je dois faire, et je n’aurai plus à hésiter, à me poser ces questions, pensa-t-il en se rapprochant de l’une des énormes superstructures qui maintenaient le vaisseau dans un coussin d’antigravité. Voyant une base d’anneaux de transports, surveillée par une demi-douzaine de gardes, il s’arrêta, avant de se retourner vers le groupe déguisé en travailleurs, et leur pointa d’un geste la petite installation :
- Vous ! Allez là-bas ! On vous dira quoi faire ! fit-il d’une voix aussi forte et autoritaire que possible, alors que, devant lui, la petite foule se scindait en deux parties inégales.
La minorité qui s’écartait amenait avec elle plusieurs caisses, identiques en tous points à celles habituellement remplies de pièces détachées et d’outils. Le jaffa laissa son regard s’attarder sur elles, sachant pertinemment ce qu’elles transportaient en réalité, et ce qui se passerait une fois à bord. Il inspira profondément, serrant les poings, alors que l’envie lui reprenait de hurler la trahison aux troupes en faction, de protéger ces indispensables vaisseaux.

Soudain, son visage se figea, alors qu’il voyait, dépassant d’un tas d’outils négligemment posés sur une caisse à moitié ouverte du groupe qui s’éloignait, des câbles d’alimentation typiquement Tau’ri.
Sûrement un des explosifs… Une erreur d’inattention… Mais… Je pourrais peut-être…

Son esprit fusa, et, l’instant d’après, il prit sa décision, avançant brusquement vers l’objet de son attention avant que quiconque ne puisse réagir.
- Tu vas tous nous faire tuer, chuchota-t-il aux mercenaires portant la caisse, alors qu’il tendait la main vers celle-ci.

Sans que les autres esquissent un geste, attendant apparemment de voir ce qu’il faisait, il remit l’explosif sous les outils, profitant de l’occasion pour appuyer sur les boutons qu’il sentait de sa main, la retirant une fraction de seconde plus tard.

Lorsqu’il se retourna vers le reste des mercenaires, il se rendit compte qu’il était devenu le centre d’attention de l’ensemble du groupe, la posture de Vala et d’autres montrant clairement que des armes étaient sur le point d’être brandies. Il se rapprocha lentement de la femme aux cheveux noirs de jais et murmura :
- Un de vos engins était mal caché. Si les gardes nous repèrent, ils me tueront sans poser de questions, en même temps que vous tous.

Elle acquiesça silencieusement, et fit signe aux autres de reprendre la route vers l’objectif suivant.

Advienne que pourra, pensa-t-il en observant les saboteurs disparaitre à bord de leur cible. Peut-être cela pourra-t-il changer quelque chose…

Le second vaisseau, à l’état clairement moins avancé et ne présentant qu’une ébauche de pyramide centrale, fut infiltré de la même manière, par la porte principale, le mince camouflage des armes et explosifs résistant aux simples coups d’œil jetés dans leur direction. Une fois les derniers membres du groupe de Vala ayant disparu à travers les anneaux de transport, il se tourna vers la mine, et reprit sa progression, cette fois-ci à un rythme plus lent, laissant à Suessi la possibilité de se mettre légèrement derrière lui.

- Maintenant que j’ai laissé vos amis détruire les vaisseaux de ma Nation, qu’est-ce que nous devons faire ? demanda-t-il sans se retourner, à voix basse mais à la rage ouvertement affichée.
- Il y a une petite butée, à cinq minutes de marche, répondit-elle tout aussi bas. On va se mettre derrière et préparer le matériel. Ensuite, quand je te le dis, tu reviens vers les Ha’Tak récupérer les autres groupes. Ils devraient sortir quand t’arriveras. Tu les amènes vers la mine, et dès que ça commence à péter, on prend la tangente, direction les vaisseaux. On te surveillera d’ici, donc fais pas le con, et tout ira bien. Tant que tu colles au plan, on n’aura pas besoin de sortir les vraies armes et il n’y aura rien de pire que quelques egos et chevilles froissées. Sinon, bah on devra se tailler un chemin jusqu’à la sortie, et on a le matériel pour. Compris ?
- … D’accord, rechigna-t-il.
- Excellent, fit-elle avant de ralentir doucement le pas, le laissant reprendre de l’avance.

Respirant lentement, Van’Tet s’efforça de localiser au son la position de chacun des mercenaires du groupe désormais réduit qui avançait à sa suite. Il savait que, s’il les laissait se rapprocher, l’effet de surprise pourrait le laisser en neutraliser au moins deux avec sa lance elle-même, et, en tirant, il pourrait en tuer quelques-uns de plus avant que le reste ne réagisse et le tue aussitôt. Dans ce cas, la majorité de la puissance de feu serait neutralisée ou en fuite, le reste de la garnison forcément alerté et en route pour mater ce qui apparaitrait comme un soulèvement de prisonniers. Mais, même alors, ils n’auraient aucune chance de savoir assez tôt pour les saboteurs, parmi lesquels se trouvaient la chef des mercenaires, la seule personne qu’il était véritablement nécessaire de capturer ou de tuer pour porter un coup fatal à son groupe.

Se rendant compte que les avantages offerts par son propre sacrifice ne seraient pas suffisant, Van’Tet fit ce que peu de jaffas feraient, et prit sa décision : il continua à coopérer.

La présence de sa silhouette en armure fut apparemment suffisante pour éviter toute question ou attention malvenue, et il arriva sans encombre au point désigné. Là, une fois hors de vue de la garnison, la douzaine d’hommes et de femmes abandonnèrent brusquement toute prétention et redevinrent ce qu’ils avaient toujours été. Des professionnels.

En quelques instants, les caisses furent toutes ouvertes, et en-dessous d’une unique couche d’outils de mauvaise qualité, les armes se mirent à en être retirées. Si le jaffa reconnut quelques intars, à la lueur rouge caractéristique, la majorité du matériel restant n’avait rien de factice, les armes laissant rapidement la place aux protections posées au fond.

Devant lui se déroula un spectacle qui le fascina et l’effraya en même temps, alors que des armes de grande taille, qu’il n’avait jamais vues auparavant, étaient montées sous ses yeux, ôtant brutalement de son esprit tout doute restant sur ce que Suessi avait dit. Elle pouvait effectivement faire un carnage chez les gardes, le temps que les vaisseaux arrivent en orbite et reçoivent l’ordre de tirer sur la petite position.

Son regard s’attarda quelques instants sur la mine, située à quelques kilomètres de là, et il se surprit à voir un groupe de gardes bien plus important que ce qui lui aurait paru nécessaire pour une telle installation. Pendant une poignée d’instants, il se demanda comment il pourrait utiliser à son profit cette nouvelle donnée, avant d’être interrompu par la voix de Vala Mal’Doran.

- Ici groupe 2, fit une voix féminine au timbre légèrement déformé par ce qu’il reconnut comme un appareil d’origine hébridane, au vu des glyphes apposés. Vous en êtes où ?

Suessi posa brusquement son imposant canon portatif, et prit le petit bloc d’où venait la voix de sa supérieure.
- Ici Soutien, fit-elle. On vient d’arriver et d’allumer les radios. On est presque en position, compte deux minutes avant qu’on puisse balancer tout ce qu’on a. Pas de souci ?
- Non, répondit la voix de Vala. Le groupe 1 m’a confirmé : ils sont en place et posent les charges. On fait pareil, on vous prévient dès qu’on est prêts. Préviens les autres, quand même, on a trouvé un bonus.
- Quel genre ?
- Un transport tout neuf dans la soute. Si on peut, on va voir son état, et on pourra peut-être laisser quelqu’un l’embarquer dans la confusion.
- Pas de petit profit, hein ?
- C’est ça, fit Vala. Je coupe, charge posée, on va au point suivant. A plus. Groupe 2, terminé.

- T’as écouté ce qu’on a dit ? demanda Suessi en se tournant vers lui.
- Oui, répondit-il. Je ne pars qu’à leur signal, c’est bien ça ?
- Ca, je te l’ai dit avant, donc encore heureux que tu t’en souviennes encore, dit-elle, tout en reprenant et vérifiant son arme. Non, ce que je veux te faire remarquer, c’est qu’elle est tranquille, que personne ne lui tire dessus, que tout se déroule exactement comme prévu.

Aussitôt, elle s’attira des regards furieux de la part du reste du groupe.
- Mauvais choix de mot. Mais ça change rien à l’histoire. C’est très bien de vouloir rester loyal envers tes anciens potes, mais tu dois bien comprendre que, maintenant, t’es avec nous. Pour le meilleur et pour le pire, alors, s’il y a un choix à faire, on passe d’abord. On n’est pas comme ces abrutis de Luxiens ou pas mal d’autres : on essaie de rester propres, de ne pas tout démolir sur notre passage, et, résultat, on nous paye plus. Mais, fit-elle, on reste des mercenaires. Alors tu vas te mettre ça dans le crâne et mieux choisir quand avoir tes crises de conscience.
- …
- Allez, quand on rentre, la première tournée est pour moi. Et une seconde si on peut se barrer en douce, sans tuer personne. Ca te va, comme garantie, Van’Tet ?
- Je devrai m’en contenter, hein ?
- T’as tout pigé ! Allez, t’inquiète pas, c’est un job facile. Tu t’en es bien sorti quand la patronne et son copain sont partis en vacances ? Et bien dis-toi que ça pourra pas être pire…
Elle se figea.

- Je l’ai dit, hein ? demanda-t-elle aux autres, en se prenant le visage dans ses mains pour ne pas voir les autres acquiescer gravement.
- Pardon ? demanda le jaffa, qui ne comprenait pas les simagrées de Suessi.
- Y’a des choses qu’on dit pas en mission, intervint Othar. Portent la poisse.
Il haussa des sourcils, étonné de voir chez ces mêmes mercenaires efficaces les mêmes superstitions qui étaient présentes chez les jaffas des planètes les plus arriérées.
- Si vous le dites, répondit-il sans s’avancer. Que dois-je faire, en attendant ?
- Tu l’as dit toi-même, fit Suessi. Attendre. Ils vont faire leur boulot, armer les charges, nous appeler, et tu les rejoins pour qu’on s’écarte discrètement pendant que tout saute derrière…

Elle fut interrompue par une flash déchirant la coque de l’un des vaisseaux, que Van’Tet identifia comme celui assigné au premier groupe.


Peut-être que je devrais accorder un peu plus de crédit à leurs superstitions… se dit-il alors que le bruit des explosions arrivait à ses oreilles, quelques secondes plus tard.
- Et merde… dit la chef de leur groupe en empoignant fermement son arme pour observer la situation au travers de la lunette de visée.
- Qu’est-ce qui se passe ? demanda la voix de Vala, sortant de la radio.
- On a un problème, quelqu’un dans le groupe un a merdé. Ils ont fait sauter une charge trop tôt, répondit Suessi. On dirait que ça s’agite de votre côté. Rectification, partout. C’est le branle-bas de combat.
- Une de leurs charges… répéta brièvement la meneuse de l’opération, avant de se reprendre. Tirez-vous de là. On va essayer de prendre le transport qu’on a vu. Tout le monde se retrouve au point de rendez-vous secondaire. Allez !

Oups, sourit intérieurement le jaffa. On dirait que j’ai aidé la superstition…
A présent, il était certain que, s’il jouait ses cartes correctement, il pourrait réussir à faire capturer l’ensemble des mercenaires et peut-être même garder sa couverture, ou simplement de laisser un message pour Bra’tac. Après des séries de revers, la chance commençait enfin à lui sourire. Et il allait leur montrer que, même s’ils débutaient, les jaffas n’étaient pas uniquement assimilables à des idiots incapables de la moindre adaptation. La situation changeait, et il allait être le vrai gagnant, à la fin.


Après tout, quel est la pire chose qui pourrait bien m’arriver, maintenant ? pensa-t-il, confiant.




Le nom de Bra’tac était, en soi, une arme qui portait loin et suffisait, de temps à autre, à faire changer de position les individus les plus intraitables. Et c’était une arme que son possesseur avait appris à utiliser bien avant la création de la Nation Jaffa. Il s’était servi de sa réputation, de ses exploits passés et des légendes qui circulaient déjà de son vivant pour convaincre plus de guerriers de rejoindre sa cause et partager son rêve. A présent, il utilisait ce nom, toujours associé à une longue histoire et désormais connu comme celui de l’un des premiers jaffas à avoir osé se soulever contre les faux dieux, pour sa lutte souterraine contre Gerak et ses bellicistes.

L’un de ses nouveaux informateurs, aux sources apparemment très bien renseignées et superbement placées, avait demandé à le voir personnellement avant de finaliser son alliance avec lui. Une requête particulièrement commune, dans une société où l’honneur et la valeur personnelle primaient sur toutes les formes de délégation. Un contretemps, certes, mais qui, au vu des premiers rapports reçus, serait très largement compensé par les renseignements qu’il obtiendrait. Un bon investissement, en somme.

Qui ne l’empêchait pas de faire preuve de prudence, se faisant accompagner par une douzaine de gardes du corps hautement entrainés et très bien équipés. Une partie d’entre eux étaient autour de lui, particulièrement visibles de façon à décourager toute attaque, tandis que les autres faisaient corps avec les passants clairsemés, prêts à surgir à la moindre menace manifeste.

La seule entorse à ses propres règles de sécurité, une fois de plus justifiée par la valeur potentielle de cette nouvelle source d’informations, avait été sienne, lorsqu’il avait accepté la rencontre avec un préavis bien plus court qu’à l’accoutumée. Sans avoir pu placer d’autres gardes dans la zone, ni même faire une reconnaissance complète de l’endroit où se déroulerait la rencontre. Mais il avait appris à tolérer de tels risques, non critiques et lui offrant potentiellement des gains supérieurs.

Il avait de toute façon fait bien pire en menant la rébellion.

L’astre solaire s’apprêtait à se lever, pour illuminer une fois de plus la Cité qu’il avait imaginé puis aidé à bâtir des années durant. Autant de temps durant lequel il avait, autant que possible, visité chaque nouveau quartier, chaque excroissance de cette ville en expansion quasi-permanente, y trouvant le pouls de la Nation à laquelle il avait appartenu depuis sa naissance. Il se doutait bien cependant que, quoi qu’il fasse, il ne pourrait se tenir informé de chaque développement, de chaque changement, et avait aussi appris à faire confiance à ses agents pour lui faire part du nécessaire.

Mais lorsqu’une occasion comme celle-ci se présentait, le vieux jaffa savait parfaitement l’apprécier, profitant de sa traversée de la ville en cet instant singulier qui précédait le réveil d’une population que beaucoup avaient renoncé à compter.

Ça et là, des jaffas, humains et autres humanoïdes minoritaires s’activaient, préparant échoppes et matériel, s’écartant avec suspicion du groupe armé, sans remarquer ceux des passants qui formaient la couronne extérieure de la zone de protection. L’activité économique avait partiellement décru avec l’arrivée de la crise, et, entre deux débats houleux sur la “menace Tau’ri“ brandie par Gerak, il participait à d’autres débats houleux sur les facilités à offrir aux commerçants et entrepreneurs s’installant sur Dakara. Il avait, comme chacun, trop vu la puissance du pouvoir économique pour faire l’erreur de le mépriser, mais n’arrivait pas à déterminer une politique recevant l’accord de tous.

Changeant de quartier, il fut, l’espace d’un instant, pris au dépourvu par l’absence d’activité, qui contrastait avec les préparatifs matinaux qui caractérisaient les rues qu’il venait de quitter. Il ne s’arrêta pas pour autant, mais avança avec une prudence inconsciente formée par une expérience littéralement séculaire, au cours de laquelle il avait connu nombre d’embuscades, d’un côté comme de l’autre.

Tout en marchant, il balaya du regard les diverses habitations qui bordaient son chemin, cherchant un quelconque élément anormal, alors même que son esprit vagabondait en parallèle sur les prochains débats qui l’opposeraient à Gerak. La position de ce dernier devenait chaque jour plus instable, alors que même les plus traditionalistes commençaient à se rendre compte de la pression exercée par une simple mobilisation sur les maigres ressources disponibles. Déjà, plusieurs sous-entendus, laissés à mots couverts, semblaient indiquer la possible défection de certains des soutiens de son adversaire, et le retour à la paix n’était plus qu’une question de temps.

Si, évidemment, Rya’c réussissait sa mission et parvenait à tenir l’escadre tau’ri loin des canons jaffas.

Finalement, il arriva en vue du bâtiment qui lui avait été indiqué comme point de rendez-vous, un abri public, qui, selon les occasions, pouvait servir de marché, de lieu de rassemblement politique voire de poste de garde. A peine plus grand que les logements voisins, il était cependant plus large, divisé en deux sections. Le jaffa, suivi de ses gardes, entra dans la partie publique, qui, comme le reste de la rue dehors, était inoccupée.

- En haut, dit une voix masculine qu’il ne put localiser, causant aussitôt chez lui le réflexe de mettre la main à son arme.
- Aknar ? demanda-t-il, supposant qu’il s’agissait de son informateur.
- Oui. Cet endroit n’est pas sûr. J’ai fait préparer une pièce en haut. Passez derrière l’estrade et montez.

Bra’tac grommela, puis fit signe à ceux qui le suivaient d’avancer, se rendant lui-même à l’endroit indiqué, y trouvant un escalier, menant à un étroit couloir entièrement ouvert sur le côté. Montant en-haut de celui-ci, il vit une porte entrouverte, d’où la voix l’interpella à nouveau.

- Je suis ici. Mais laissez vos gardes dehors, il ne faut pas qu’on voie mon visage.
- Je leur fais confiance avec ma vie, répondit Bra’tac.
- Pas avec la mienne, répondit l’informateur. Ce n’est pas négociable.
- … Très bien, s’inclina-t-il quelques secondes plus tard, avant de se tourner vers sa troupe. Restez ici. Au moindre problème, vous venez.

Il entra finalement dans la pièce, au mur extérieur effondré et donnant sur la ville pour y trouver un homme. Celui-ci, âgé d’une quarantaine d’années, se tenait appuyé contre un mur et s’en leva pour venir le saluer.

- Maître Bra’tac, dit-il en inclinant la tête.
- Aknar.
- Merci d’avoir accepté de me rencontrer, fit-il.
- Les informations que vous avez m’ont surpris. Qui êtes-vous ?
- Quelqu’un qui sait reconnaitre une opportunité, et le sens de l’Histoire, maitre. Je ne désire rien de plus que protéger mes propres intérêts. Et, vu que votre importance dans le futur de la Nation Jaffa, je préfère me ranger de votre côté.
Il dit ne pas faire ça pour autre chose que de l’argent, des biens… pensa Bra’tac. Il ment… il veut quelque chose d’autre.
- Qu’est-ce que vous voudrez en échange de ces renseignements ?
- Beaucoup, bien sûr. Mais rien que vous ne puissiez me procurer. Si tout se passe comme nous l’espérons, j’aimerais avoir une planète.
- Rien que ça, répondit le jaffa en levant les sourcils.
- Oui. L’adresse effacée de vos registres, un générateur de bouclier pour la Porte, et assez d’argent pour y faire construire par des personnes ne posant pas de questions de quoi m’installer pour mes vieux jours. Rien de déraisonnable.
- Cela dépend de vos renseignements, Aknar. Et surtout, des preuves que vous aviez avez prétendu posséder quand vous m’avez envoyé ces documents.
- Tout de suite les choses sérieuses, hein ? Dois-je en conclure que j’ai votre accord, maitre Bra’tac ?
- Si je suis convaincu, alors, oui, je vous donnerai tout ça. Mais j’en doute. Je connais Daniel Jackson mieux que n’importe quel jaffa. Sauf Teal’c. Il est incapable de préparer ce que vous dites. Et Vala Mal’Doran ne travaillerait pas comme ça sans lui en avoir parlé. Et vous espérez me faire croire que O’Neill serait derrière ces attaques ? Ce que j’ai reçu est très convaincant, mais pas assez pour me faire changer d’avis sur ces Tau’ri.
- Je me doutais, bien évidemment, que vous auriez cette réaction, maître Bra’tac. Et que vous viendriez quand même pour être parfaitement sûr de cela.
- Oui. Je pourrais toujours avoir besoin d’un faussaire capable de m’envoyer de tels documents aussi habilement contrefaits.
- Ils sont authentiques. En majorité.
- Je m’en doutais, fit Bra’tac. A quel point ?
- Vala Mal’Doran a bien été engagée pour détruire les Ha’Tak en construction sur le chantier de l’autre côté de la planète, au moment où Gerak et ses amis visitent la mine voisine. C’est juste qu’elle ne sait pas ce dernier point. Ni que le réacteur de ce Ha’Tak est différent. Ne se sabote pas de la même façon que les autres si on veut éviter une grosse explosion.
Bra’tac se figea, la main descendant lentement vers son arme.
- Comment savez-vous ça ?
- J’ai d’excellentes sources, et je sais m’en servir correctement. Les mêmes sources qui m’ont indiqué que cette attaque ne sera pas la seule qui va toucher Dakara aujourd’hui. Et qui ont aussi suggéré à Gerak d’abréger sa visite, suffisamment tôt pour lui permettre de s’en sortir, mais trop tard pour être en position de sauver le reste de ses connaissances.
- Qui êtes-vous ?
- Quelqu’un qui en sait bien plus que vous sur l’avenir de la Nation Jaffa, maître Bra’tac.
- Vous allez parler. Tout de suite, dit-il en levant brusquement son zat.

A l’instant où son bras fut en position, son arme quitta sa main avec un choc brutal, pour tomber par terre, hors d’atteinte.
- La magie des tireurs embusqués… dit l’autre en souriant.
Bra’tac l’observa quelques instants, mis mal à l’aise par quelque chose qu’il n’arrivait pas à identifier dans ce sourire, puis se reprit.
- Jaffa ! dit-il, sur un ton qui ne pouvait laisser le moindre doute à ses gardes dehors.

Les secondes s’écoulèrent, chacune infiniment plus longue que la précédente, sans qu’aucun bruit ou mouvement ne vienne témoigner de la présence du groupe qui l’avait accompagné.

- Ils ne viendront pas.
- Qu’est-ce que… dit-il, sachant parfaitement qu’il n’avait pas entendu de bruit d’arme ou de lutte qui aurait pu expliquer l’absence de ses gardes.
- Quelques simples fléchettes de neurotoxique, et mes hommes ont rattrapé les corps avec un filet. J’aimerais vous dire qu’ils n’ont pas souffert, mais… bah, ils étaient moins importants que vous ne l’êtes. C’est le genre de chose qui arrive, hein ?

Le visage du vieux jaffa se déforma lentement pour traduire la haine qui finissait de se former à l’égard de cet humain qui discutait négligemment du meurtre barbare de jaffas qu’il avait, pour beaucoup, entrainés lui-même.

- Bon, maintenant, vous allez me suivre, dit-il, en levant avec précision un pistolet tau’ri. Notre timing est assez serré… Et, croyez-moi, je sais où tirer pour blesser sans tuer, donc pas besoin de tenter quoi que ce soit.

L’homme sortit un communicateur et se mit à parler dedans.
- Remballez tout, j’ai le colis. On se barre dans vingt minutes.

Serrant les poings, le jaffa se retourna, et regarda, enragé, son arme, à présent dans un coin de la pièce.

- Pas la peine d’y penser, lui rappela la voix de l’homme, derrière lui, avant de continuer. Passez à la phase deux à mon signal.

Sortant lentement, Bra’tac vit une demi-douzaine de personnes en armes au rez-de-chaussée, près desquelles se trouvaient, comme annoncé, les cadavres de ses gardes reposant sur un épais filet.

Il n’avait fait que quelques pas lorsque son ravisseur, derrière lui, dit à ses hommes :
- Laissez tout ça comme ça, et mettez le feu quand on sera parti.

Entendant à la voix de l’homme qu’il s’était tourné pour s’adresser à ses subordonnés, Bra’tac saisit aussitôt sa chance, et se retourna brusquement, tout en balayant le sol de sa jambe. Surpris, l’homme ne parvint pas à ajuster son tir avant de se faire atteindre par le mouvement, et bascula dans le vide. Le jaffa n’attendit pas de voir les résultats de la chute, et se mit à courir vers la pièce qu’il venait de quitter.

Aussitôt entré, il plongea vers le zat, et, sans s’arrêter, se rua vers l’autre extrémité, ouverte sur l’extérieur alors que des cris s’élevaient derrière lui. Ne prenant pas la peine de les écouter, il jaugea rapidement la hauteur qui le séparait du sol, et prit sa décision. Il recula de quelques pas, et, prenant son élan, se lança dans le vide. Sentant une douleur aiguë le pincer sur le côté, le jaffa s’efforça de contrôler du mieux possible sa chute avant d’atterrir lourdement sur le sol, parvenant néanmoins à amortir une partie de l’impact en roulant sur lui-même.

Pendant quelques instants, il resta figé, sans bouger au sol, puis, se reprenant brusquement, se leva. Et trébucha aussitôt, devant s’accrocher au mur voisin pour ne pas tomber à la renverse. Le maître jaffa se sentait pris de vertiges, et, d’un effort de volonté, se mit à avancer, d’abord lentement, puis plus rapidement, ignorant le mouvement de roulis qui semblait désormais prendre le sol et les bâtiments autour de lui.

Ce ne fut que quelques secondes plus tard, alors qu’il avançait aussi vite que sa condition le lui permettait, qu’il pensa à vérifier l’origine de sa douleur. Il reconnut alors un instrument dont il s’était servi, à de rares reprises, lors de sa collaboration avec les Tau’ri, une fléchette identique à celle servant à capturer individus et animaux dangereux.

Il faut que je trouve un endroit où me cacher. Avant que ce poison ne m’endorme, pensa-t-il avec difficulté, tandis que, d’un geste, sa main arrachait la fléchette. Ils vont s’inquiéter. Lancer une patrouille à ma recherche. Le temps joue. Avec moi…

Chaque pensée, chaque pas, devenait plus difficile à mesure que sa vision se brouillait, et seuls les réflexes issus de son entrainement et de son expérience le faisaient encore avancer. Instinctivement, il chercha une fiole de trétonine, qu’il savait capable de neutraliser certains poisons, pour se rendre compte que celle-ci n’était plus là où il l’avait rangée. Sans chercher à retourner la chercher, il tourna au premier croisement, rentrant dans une petite ruelle à l’extrémité de laquelle brillait la lumière du jour naissant, lui donnant l’espoir d’une rue où il pourrait être secouru, ou même s’effondrer devant quelqu’un capable de donner l’alerte.

Le moindre mouvement lui demandait désormais un effort colossal, prenait une éternité, n’avait plus rien de naturel pour ses sens, mais il arrivait presque au bout de son calvaire. Lâchant sans s’en rendre compte son arme, il continuait à avancer, sachant que s’il parvenait là-bas, il aurait fait tout ce qui était à présent en son pouvoir. Il connaissait trop bien l’efficacité de ces projectiles pour espérer plus. Son corps, engourdi, se mettait à agir de façon automatique, lui laissant, à sa surprise, un peu plus de temps pour penser, tandis qu’il se demandait à quel moment il aurait pu agir pour éviter cette situation.

Son train de pensées fut interrompu lorsque, devant lui, la lumière fut obscurcie par des formes humaines, lui bloquant le chemin.

- C’est terminé, entendit-il dire la voix de son “informateur“, lui confirmant par là-même l’échec de son attaque. C’était bien tenté, mais maintenant, il va falloir être sage.

A bout de force, sa volonté sapée par les nouveaux arrivants, il se laissa tomber sur le côté, heurtant brutalement le sol alors que, allongé, il s’accrochait à ses dernières parcelles de conscience. Immobile, il fixait la petite portion de ciel qui perçait au milieu des bâtiments entre lesquels passait la ruelle, et ne fit pas surpris de voir son ravisseur arriver et poser son regard sur son corps inerte.

Bra’tac le vit sourire une fois de plus, et comprit enfin ce qui l’y avait gêné. Un visage trop bien entretenu, qui, malgré les rudesses infligées par les combats et la vie dans des vaisseaux, témoignait d’un soin dès le plus jeune âge, luxe auquel peu de personnes avaient accès. Un signe caractéristique, pour qui savait le reconnaitre, qui réduisait très fortement les possibilités quant aux origines de son interlocuteur.

Quand, en plus, l’observateur était, tel Bra’tac, habitué à croiser de nombreux peuples et connaissait une bonne partie de leurs maniérismes, la solution s’imposait, évidente.

Et impensable.

C’est un Tau’ri… fut la dernière certitude à passer dans l’esprit de Bra’tac alors que les ténèbres envahissaient enfin son esprit résigné.


Dernière édition par Rufus Shinra le Lun 11 Avr 2011 - 22:52, édité 3 fois
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Effet Papillon [Tome II] - Page 6 Empty
MessageSujet: Re: Effet Papillon [Tome II]   Effet Papillon [Tome II] - Page 6 EmptyLun 11 Avr 2011 - 22:46

Le petit transport était posé à un jet de pierre de la périphérie de la ville, et, à présent que les groupes étaient chacun partis vers leurs objectifs, il ne restait plus grand-chose à faire pour Carl. Il avait aidé à déplacer du matériel, faisant un va-et-vient avec les mêmes cinq caisses entre le transport et un bâtiment abandonné, afin de contenter les éventuels passants. Entretemps, le reste des membres de l’équipe s’étaient dispersé à proximité, les uns rejoignant les Planeurs en vue de l’évacuation, tandis que les autres, dont sa supérieure, préparaient le terrain de façon à retarder les éventuels poursuivants.

Ce fut, au bout d’une heure, la voix de son nouveau mentor qui le délivra de la tâche ingrate :
- Pose ça ici et suis-moi, dit-elle derrière lui, alors qu’il s’apprêtait à faire une nouvelle rotation.

Il n’hésita pas une seconde, abandonnant avec joie le lourd container qui commençait à lui peser sur les nerfs en plus des bras.

- Prend ton arme, garde-là dans le sac, rajouta-t-elle, avant d’attendre qu’il s’exécute et la rejoigne.
- Qu’est-ce qui se passe ? demanda-t-il.
- Rien, pour l’instant. Mais c’est le moment de se mettre en position. On a préparé les postes de tirs et quelques charges, au cas où. Prends-ça, fit-elle en lui tendant une petite radio. Ne tire que si je t’en donne l’ordre. En attendant, t’observe et tu te fais pas repérer.
- D’accord, acquiesça-t-il alors qu’ils venaient de sortir du Tel’Tak et se dirigeaient vers l’une des habitations, apparemment encore en construction.
- Garde ta radio allumée en permanence, parce que quand j’aurai donné l’ordre de rappel, il ne faudra pas être en retard. Je ne crois pas que tu aies envie de rester derrière, je me trompe ?
- Non, en effet.
- Personne n’aimerait que tu restes derrière. Rappelle-toi que tu sais beaucoup trop de choses. Alors, ne te plante pas, parce que, pour être claire, Banet, à la place du commandant, je ne te laisserais pas te faire capturer par les jaffas. Même si on ne peut pas te sortir de là où tu es. Je me fais bien comprendre ?
- Oui madame. Je rentre par le transport… ou je ne rentre pas du tout, c’est ça ?
- Nous sommes sur la même longueur d’onde, confirma-t-elle avant de s’arrêter. Voilà ta planque. Cherche la chambre au premier, celle avec une fenêtre sans grillage. Là, je dois aller voir le patron, alors contacte-moi dès que tu es en position.
- Entendu, dit-il alors que sa supérieure le quittait déjà.

“Nous ne pouvons pas vous laisser être capturé vivant.“ Hé. A une époque, j’aurais trouvé ça bien cool. Maintenant, ça le fait un peu moins… pensa sombrement le pilote en entrant dans le bâtiment.




Anna avait perdu toute notion du temps, suivant, hypnotisée, les mouvements éternels des vagues autour d’elle, assise sur une chaise longue laissée à disposition des badauds. Elle avait beau avoir une confiance qu’elle jugeait justifiée en les capacités de manipulation et de prévision comportementales de l’I.A., la scientifique n’avait pas pour autant échappé à une certaine anxiété en attendant la réponse du docteur Jackson.

Il avait fallu pour cela le paysage qu’elle ne trouvait qu’en cet endroit particulier de la Cité, à une heure où elle savait pouvoir être toute seule, et profiter de chaque détail de l’environnement. Sans nul soldat venant de terminer son quart, en l’absence de techniciens discutant de leurs familles, loin des autres scientifiques murmurant des paroles obscures destinées à eux-mêmes sur tel obstacle à leurs recherches, elle profitait de cet îlot de tranquillité qu’Atlantis lui avait suggéré.

Le vent marin venait apporter sa touche personnelle au bruit du ressac, tout en rappelant constamment sa présence sur une planète étrangère par l’odeur qu’il transportait avec lui. Elle observait le mouvement des nuages, les infinies irrégularités des vagues avec la même fascination que pour la dense d’une flamme, et ne remarqua pas le doux tintement de son oreillette, jusqu’à ce que celui-ci se fasse plus insistant, la tirant de sa rêverie.

Après avoir répondu à l’appel de l’archéologue, elle soupira, ressentant un mélange d’appréhension et de soulagement qui la troubla alors que, autour d’elle, Atlantis désactivait la chambre sensorielle, aussi grande que son logement.


- Une question, Atlantis, demanda-t-elle après un long silence et s’être assurée d’être seule dans le couloir. S’il ne m’a pas directement indiqué ce qu’il décidait lorsqu’il m’a appelé, c’est pour me tenir sur les nerfs, ou c’est juste un accident ?
- Au vu de mes informations concernant le docteur Jackson, il peut effectivement vous laisser délibérément dans une incertitude, toute relative, comme je vous l’ai indiqué, s’attendre à ce que je vous aie informé des préparatifs de départ qu’il a déjà commencé, ou bien, effectivement, avoir simplement commis une erreur de communication. Cependant, s’il s’est avéré être vindicatif à certains moments, il a fallu, à chaque fois, une cause émotionnelle importante. Qui n’est, pour le moment du moins, pas présente dans la situation vous concernant. A moins bien sûr qu’il aie anticipé cette conversation précise pour mieux vous mettre sur la défensive le moment venu…
- Oui, enfin, tout le monde n’est pas comme vous, Atlantis. Vous pensez vraiment que le docteur Jackson penserait comme ça ?
- Vous seriez surprise du nombre d’individus aptes à le faire.

En même temps, se dit la scientifique, elle n’a pas tort. Il a bien réussi à arriver là où il est, malgré tous le foutoir politique qu’a dû être le Programme…

Elle préféra cependant éviter de trop réfléchir aux différentes éventualités, se concentrant davantage sur son avenir immédiat, alors qu’elle arrivait en vue du bureau, dont la porte était ouverte. Ne s’étonnant qu’un instant de l’absence de gardes, elle toqua brièvement sur la paroi à côté de l’ouverture.
- Entrez, entrez, lui dit l’archéologue.

S’exécutant, elle vit la pièce dans son ensemble, et remarqua aussitôt le volumineux sac à dos qui reposait sur un mur, près du bureau.

- Docteur Stern, dit-il, je ne sais pas encore dans quoi vous allez m’entrainer exactement, mais, malgré toutes les apparences du piège le plus mal dissimulé de l’Histoire, je vais vous suivre. Mais, à plusieurs conditions.

Il se tut quelques secondes avant de reprendre :
- Atlantis, vous m’écoutez ?
- Bien sûr, docteur Jackson, répondit la voix désincarnée. Je suppose que ces conditions vont m’être destinées. Ai-je tort ?
- Non, je vais devoir clarifier quelques petites choses avant tout. D’abord, est-ce que vous pourrez rester en contact avec moi ou Anna, durant cette “enquête“ ?
- Oui.
- Très bien. Je m’en doutais un peu, à vrai dire. Avec elle davantage qu’avec moi, je suppose ?
- Encore exact, docteur. Si telle est votre condition, je pourrai n’interagir avec vous que par son intermédiaire.
- Je préfère. Pas de vaisseaux, de machines quelconques, et, pas besoin de me mentir, vous avez forcément quelque chose comme ça en réserve, ou bien de quoi en fabriquer ici-même. Je n’en veux pas, point final.
- Très bien. Mais, rassurez-vous, je ne comptais pas vous fournir plus d’informations que nécessaire sur mes capacités.
- Oui, vous avez déjà effrayé assez de monde comme ça. Ensuite, je garde le droit d’abandonner sur-le-champ si je le décide. Dans ce cas, j’entends que la relation que vous menez avec nous ne change pas. Aucune menace de vous révéler par surprise, de nous chasser, ou autre, pour forcer ma main. D’accord ?
- Si vous insistez…
- J’insiste.
- Parfait. Enfin, si je fais ce que vous me demandez, j’entends à ce que, à mon retour, nous commencions les négociations en vue d’une alliance formelle, sans forcément de partage technologique à la clef.
- Non.
- Dans ce cas… commença-t-il avant de se faire interrompre.
- Vous suivrez quand même ma suggestion.
- Vous comptez m’y forcer ? demanda Jackson.
- Non. Par contre, cette dernière condition était sans nul doute un test, afin de vérifier si j’allais jusqu’à promettre n’importe quoi, pourvu que vous acceptiez ma demande. Ce qui aurait prouvé à vos yeux qu’un danger clair et extrême vous menacerait, vous et votre espèce, une fois cette association particulière ayant porté ses fruits.
- Touché.
- Bien entendu, ayant sans peine déterminé les intentions derrière votre question, il va sans dire que vous n’avez aucune réponse claire à cette interrogation particulière et que vous devez tout de même prendre votre décision.
- Vous aimez retourner le couteau dans la plaie, grimaça-t-il.
- Seulement avec les adversaires habituellement honorables qui commettent une bévue en-deçà de leur niveau habituel. Ce qui est votre cas avec cette question. Quoi qu’il en soit, j’accepte vos conditions, ainsi que l’entière propriété des artefacts auxquels je vous mènerai, et n’émettrai aucune objection à la présence d’une escorte armée que vous alliez sans nul doute vouloir imposer.
- Tant que je n’amène pas tout le SGC avec moi.
- Cela allait sans dire, docteur Jackson. Mais, vous connaissant, je doute fortement que ce soit le style que vous choisissiez pour une telle opération. Dois-je chercher à obtenir les dossiers et les disponibilités opérationnelles des différentes équipes SG en activité dans la Voie Lactée ?
- Pas besoin, j’y ai accès depuis ici.
- Je sais.

Un désagréable silence prit possession de la pièce pendant de très longues secondes, jusqu’à ce que Jackson, soupirant, retire ses lunettes pour les nettoyer brièvement avec un mouchoir avant de se tourner vers Anna.

- Très bien. Puisqu’il semble que notre collaboration soit décidée… j’espère que tout se passera aussi bien que l’on peut l’espérer, docteur Stern… Anna.
- Moi de même, docteur Jackson. Encore désolée pour tout ce qui se passe. Si j’avais su…
- Oui, et si j’avais su, j’aurais enterré définitivement la Porte après que Jack et les autres fussent partis d’Abydos. Ou bien j’aurais évité de me faire tuer aussi souvent. C’est vrai. Mais ce qui est fait, par définition, est fait. Maintenant, ce qui compte, c’est de voir comment vous allez m’aider à gérer toute cette situation, parce que je crois que j’aurai besoin de toute l’aide que je pourrai trouver… Ce qui est fait est fait, mais vous me mettez quand même dans une situation très délicate.
- Déso…
- Ne soyez pas désolée, Anna, ça ne sert à rien ! Ayez un peu confiance en vous, et soyez utile. J’aurai besoin de ce que vous savez sur Atlantis, sur les Ori, et probablement autre chose, lorsqu’elle va révéler ses plans. Je peux compter sur vous ?
- Entendu.
- Excellent. Je nous ai enregistrés pour un départ par le couloir de Portes dans une heure. Je suppose que vous êtes déjà prête ?
- Oui, docteur. J’ai préparé quelques ouvr… commença-t-elle à dire, avant de se rendre compte que ce n’était pas ce qu’il attendait. Oui, je serai prête.
- Très bien. Retrouvez-moi dans la salle d’embarquement d’ici trois quarts d’heure. Vu que vous m’accompagnez, vous n’aurez pas besoin de faire valider vos bagages avec la sécurité. Les avantages de la position, conclut-il avec un léger rictus aigre-doux.
- D’accord. Autre chose, docteur ?
- Non. Enfin, si. Il faudra vraiment, avant que tout ça soit fini, que vous m’appeliez Daniel.
- Je tenterai… docteur, répondit-elle en cachant un petit sourire.


- C’est ce que je vous avais dit, lança Atlantis une fois la scientifique de retour dans ses quartiers.
- Oui, oui. Est-ce que vous avez prévu autre chose que je pourrais aimer savoir, avant de partir pour cette mission-piège ?
- Oui.
- Et ? demanda Anna après quelques secondes d’attente.
- Et j’ai prévu des choses, pour reprendre vos termes.
- Que vous n’allez pas me dire, c’est ça ? soupira-t-elle.
- Je ne peux rien vous cacher, apparemment.
- Très drôle, répondit Anna en enfilant la lourde veste qui lui avait été fournie comme à chacun pour d’éventuels déplacements par la Porte.
Ajustant celle-ci, elle prit le temps de s’habituer à la masse du vêtement, prévu pour résister aux différentes conditions climatiques qui pouvaient attendre une équipe d’experts appelée à travailler sur un site éloigné de la Cité. Son regard s’attarda sur le holster vide qui était directement intégré à la veste, tandis qu’elle ajustait les plaques de protection insérées entre les couches de polymères tressés.

Il va probablement me faire porter une arme… Ca fait combien de temps que je n’ai pas… ? Question bête, depuis l’entrainement. Enfin, déjà, on sera accompagnés d’une équipe SG, c’est un plus. Il ne faudrait pas que ma vie dépende de ma précision au tir.

- Sinon, reprit-elle à haute voix. Comment est-ce que nous communiquerons une fois que je serai partie ? Vous allez me donner un système subspatial ou je-ne-sais-pas-quoi qui nous permettra de discuter magiquement d’une galaxie à une autre ?
- Bien sûr que non, répondit Atlantis. Ce serait par trop… inefficace. Et vous pourriez préférer garder un certain degré de confidentialité quant au contenu de nos entretiens. J’utiliserai en conséquence le même système qu’actuellement.
- Pardon ?!
- J’utilise quelques nanites afin de faire vibrer les os de votre oreille interne, ce qui vous fait entendre exactement ce que je vous envoie sans que quiconque autour de vous ne puisse s’en apercevoir.
- J’ai déjà entendu ça quelque part… Et ça fonctionne ?
- J’utilise ce dispositif depuis que vous êtes revenue dans la pièce. La conclusion est donc positive.
- Et… ces nanites peuvent discuter entre deux galaxies ?
- Bien sûr que non, ne soyez pas ridicule. Il me faudrait pour cela des systèmes de taille millimétrique, au moins. Et ils seraient trop intrusifs, et éventuellement détectables avec le niveau technologique de votre galaxie si je les faisais vous suivre à distance. J’utiliserai pour cela les relais activés par mes agents et bientôt par vous-même, ainsi que par l’intermédiaire de satellites furtifs envoyés au préalable à proximité des planètes sur lesquelles vous vous rendrez. Et, avant toute remarque, un satellite n’est pas, à proprement parler, un vaisseau, donc je ne contreviens pas aux consignes données par le docteur Jackson.
- Je vois… Et comment est-ce que je fais pour vous parler sans qu’on m’entende ?
- Vous pouvez me parler normalement, ou bien murmurer de façon aussi inaudible que possible votre message.
- Vous l’entendrez quoi qu’il arrive, c’est ça ?
- Non, je surveillerai les mouvements de vos muscles, et en déduirai ce que vous essayez de dire. Le murmure n’est là que pour vous forcer à faire agir ces muscles de façon adéquate, n’ayant pas le temps de vous former à des techniques plus efficaces.
- Pas très pratique, ni discret. Vous n’avez rien de mieux pour éviter que je parle toute seule ?
- Je pourrais évidemment me connecter directement à votre esprit, mais vous m’avez fait comprendre votre réticence face à cette méthode. Evidemment, si vous changez d’avis, je reste à votre disposition…


Lorsqu’elle arriva finalement près de la salle d’embarquement, ce fut pour y retrouver la foule habituellement présente pour le déplacement quotidien utilisant dans chaque sens le couloir de Portes installé et surveillé au fil des ans tant par les forces basées dans la Voie Lactée que dans Pégase. La force de sécurité dédiée spécifiquement à ce qui était considéré comme la plus grande faiblesse tactique de la Cité, potentiel chemin de contournement du colossal bouclier, l’avait laissé passer avec réluctance.

Entrant dans la pièce illuminée par la lumière du jour, elle navigua au milieu des individus et des containers qui allaient traverser le vortex, dans un ordre précis et planifié à l’avance. Lorsque son ordre de passage lui avait été indiqué par les gardes, elle avait compris une partie de leur légère antipathie à son égard, alors que, apparemment, l’archéologue avait usé de son statut pour les mettre, elle et lui, en tête de liste, forçant une réorganisation de celle-ci.

Il ne veut vraiment pas perdre de temps, pensa-t-elle alors qu’une voix annonçait par haut-parleur le temps restant avant l’activation de la Porte.

Celle-ci était, depuis plusieurs minutes déjà, protégée tant par le bouclier Ancien que par un lourd iris métallique servant de redondance mécanique à un système théoriquement infaillible. Anna avait laissé son regard s’égarer dans les douces fluctuations qui parcouraient le champ de force et fut surprise quand la voix s’éleva à côté d’elle :
- Vous n’avez pas eu de problème avec la sécurité ?
- Hein ? Oh, c’est vous. Oui, tout s’est bien passé.
- Entendu. Dès que nous serons arrivés sur place, vous me suivez. J’ai fait un résumé de la situation à Sam avant de venir, et elle devrait nous libérer une équipe SG. On devrait rester sur place pendant quelques heures, le temps de faire tous les papiers et de s’équiper, si tout se passe bien.
- Si tout se passe bien ?
- Oui, si elle peut se séparer d’un groupe avec juste deux heures de préavis. Vu… l’activité actuelle, continua-t-il en jetant un bref coup d’œil sur la foule qui les entourait, je doute que ce soit aussi facile. Si on a de la chance, on pourra partir dans la journée. Dernière question : je n’aurai pas besoin de réquisitionner du matériel particulier ? Générateur à naquadah, véhicule ?
Non, souffla Atlantis.
- Normalement pas, répondit Anna après quelques instants de latence, encore surprise par la présence que l’I.A. avait imposée.
- Tant mieux, ça va être déjà assez difficile comme ça, soupira-t-il, alors qu’Anna remarquait pour la première fois le lourd sac à dos qu’il portait. Entièrement militaire et accusant son âge, le sac était apparemment rempli à ras-bord, ne présentant pas d’irrégularité et, de la façon dont l’archéologue le portait, était équilibrée avec une précision qui traduisait la longue expérience de l’homme à côté d’elle.

Ses pensées furent interrompues par le son d’une alarme venant de la direction de la Porte, et, par réflexe, elle tourna la tête vers celle-ci, à temps pour voir le processus d’activation se terminer.

La lueur du vortex apparut brusquement sur l’ensemble des murs derrière l’artefact multimillénaire, dont la cavité était cachée jusqu’alors à la vue de ses futurs passagers par l’assemblage complexe de métal qui bloquait tout passage.

- Vortex stable, annonça la voix d’un opérateur. Contact établi avec la station Midway. Départ immédiat. Groupe passagers un à vingt, préparez-vous à la traversée, veuilles passer dès la désactivation du bouclier. Merci.


Anna et Jackson se frayèrent rapidement un chemin vers la Porte, dont l’iris s’ouvrait devant eux. La scientifique posa un regard empreint de crainte et de nostalgie sur le paysage autour d’elle, alors que la terrible certitude de ne plus jamais le revoir s’imposait en elle. Commençant à respirer de plus en plus vite, elle se reprit brusquement, et tenta de se calmer d’une profonde inspiration.

Lorsque le champ de force s’évanouit devant ses yeux, elle ne perdit pas une seconde, et marcha résolument en direction du vortex à présent mis à nu, sachant pertinemment qu’elle ne pouvait plus se permettre la moindre hésitation.

Elle tourna brièvement les yeux sur le côté pour apercevoir une dernière fois le ciel planétaire avant de se faire engloutir par la surface à l’apparence liquide.


Une éternelle fraction de seconde plus tard, ses sens reprirent contact avec l’univers, le dôme clair de la planète étant brusquement remplacé par le couloir vide et aux formes mécaniques qui était la raison d’être de la station Midway et placé à proximité de celle-ci.

Le couloir n’était rien de plus qu’un cylindre hermétique sur lequel avait été greffé un générateur de gravité artificielle et des réserves d’air. Physiquement séparé de sa station de contrôle et de défense, il était cependant l’une des installations les plus importantes de la Terre, régulièrement déplacé dans les limites offertes par la technologie des Portes. Reliant la Voie Lactée et Pégase de façon sûre et rapide, il offrait aussi bien un lien avec la Cité d’Atlantis qu’une possibilité de fuite si jamais le pire devait arriver dans la galaxie natale de l’Humanité.

Mais Anna ne s’attarda pas sur la structure, son esprit occupé avec sa propre situation et son corps obéissant inconsciemment à la consigne qui était de traverser au plus vite cette bulle d’air séparée du vide intergalactique par une trop mince feuille de métal. En face d’elle, la Porte Lactéenne avait formé le lien vers le SGC, et elle ne perdit pas une seconde, alors que, suivant ses pas, le reste des voyageurs quittant Atlantis faisaient de même et la suivaient.

Une fois de plus, ses perceptions s’effacèrent dans le torrent d’énergie et d’information qui reliait les anneaux, le temps de ressurgir à la surface-même de la Lune, dans une bulle d’air qui, cette fois, n’était même pas maintenue par une feuille de métal, qui, à défaut d’être mince, était au moins visible. Elle s’avança donc vivement vers l’un des petits bus qui attendaient l’arrivée des passagers en provenance de la Cité.

- Docteur Stern ? Docteur Jackson ? demanda une voix venant des véhicules.
- Oui, répondit l’archéologue, derrière elle.
- Le général Carter m’a envoyé vous récupérer et vous éviter le passage au bureau de sécurité.
- C’est aimable de sa part, acquiesça Jackson en dépassant Anna pour se diriger vers le 4x4 à côté duquel se trouvait la femme les ayant interpellés. Vous venez, Anna ?
- J’arrive, dit-elle en reprenant son avancée, tandis que, derrière elle, les autres arrivants se dirigeaient vers les bus.

La militaire de petite taille les aida à poser leurs sacs dans le coffre, et les conduisit le long de la piste séparant la Porte de l’une des entrées de la base enterrée. En quelques minutes, le lourd véhicule militaire traversa les tunnels menant à un vaste hangar dans lequel se trouvaient de nombreux engins militaires, aussi bien terrestres qu’aériens et spatiaux.

- Nous sommes arrivés, dit leur chauffeur en freinant doucement. Un aide de camp du général va vous prendre en charge.
- Merci, capitaine, répondit Jackson en ouvrant la portière pour descendre.

Anna vit son supérieur prendre rapidement son imposant sac à dos, et soulevait le sien avec difficulté, commençant à se contorsionner pour le mettre lorsque la femme s’adressa à elle :
- Laissez-moi vous aider, dit-elle.
Anna remarqua, l’espace d’un instant, un sentiment de désagrément et d’anxiété percer sur le visage de l’officier, mais n’eut pas le temps de s’interroger à son sujet alors que le sac était soulevé pour lui permettre de le placer sur son dos.
- Voilà, veuillez attendre ici, vous serez pris en charge.
- Merci, capitaine… ?
- … Hasegawa, répondit la femme.

Elle allait poser une question à Jackson lorsque le bruit de chute de lourds objets attira brusquement leur attention à tous deux. Regardant dans la direction vers laquelle l’archéologue s’était tourné, elle chercha rapidement d’où était venu le boucan, alors que des ordres criés emplissaient à présent le hangar.
- D’ici trois heures, passez à la cafétéria de l’étage moins vingt. Ca concerne une connaissance d’Atlantis et ce que vous êtes venue faire, chuchota la femme derrière elle.
- Hein ? fit-elle en se retournant brusquement.
- Ne me posez pas de question, répondit toujours aussi bas l’officier, qui à présent levait les yeux au ciel d’exaspération. Je ne fais que répéter ce qu’elle m’a dit de vous dire.
- Elle ? chuchota Anna en retour.
- Pas maintenant, lâcha son interlocutrice, mettant fin à la conversation alors qu’elle voyait l’archéologue commencer à se retourner dans leur direction.

- Excusez-moi, reprit l’officier, cette fois-ci à voix haute. Je vais aller leur donner un coup de main. Restez là, et si vous avez un problème…
- Téléphones d’urgence, Un-un-un, et j’indique mon problème, compléta Jackson.
- J’avais oublié, docteur Jackson. Vous connaissez.
- Pour les urgences ? Plutôt, oui…

- Qu’est-ce que c’était que ça ? murmura aussi bas que possible Anna, restant inaudible.
- Apparemment, la chute de plusieurs outils lourds sur un véhicule de combat terrien.
- Je ne parle pas de ça !
- De quoi, alors ? demanda Atlantis.
- Comment ça, “de quoi“ ? Vous plaisantez ?
- Absolument pas, docteur Stern. Cependant, à vous écouter, il s’est passé quelque chose qui aurait dû attirer mon attention, et que je n’ai apparemment pas été en mesure de remarquer. Intéressant développement… Et, en tout cas, bien plus tôt que prévu…


Qu’est-ce qui se passe ? continuait à se demander en boucle Anna, alors que l’aide de camp arrivait enfin.




Le répit avait été de courte durée, et s’était vu interrompre par une simple injonction d’Atlantis, qui avait rappelé le trio d’humains dans la salle de briefing principale. Cette décision tenait davantage de l’artifice social que de la nécessité opérationnelle, au vu des capacités de communication démontrées à de multiples reprises par l’I.A.

Cependant, tout artifice qu’il était, ce léger temps de latence entre l’annonce du briefing et son début en propre présentait des avantages que l’I.A. se plaisait à exploiter. En l‘occurrence, le trio se voyait offrir la possibilité de se préparer mentalement à la rencontre, Atlantis leur octroyant un temps dont elle-même n’avait pas besoin.

Lentement, Shanti avançait le long d’une coursive anonyme, plongée dans ses pensées. Derrière elle la suivait le pilote, dont il était aisé de ressentir le trouble et l’incertitude. La jeune femme n’avait aucun doute quant à son honnêteté et savait qu’il l’aiderait dans cette épreuve, tout comme il l’avait déjà fait après leur retour de Dakara.

L’appel lancé par l’I.A. avait eu, cependant, ce questionnable avantage de lui donner un problème plus urgent sur lequel s’échiner mentalement, ses souvenirs de la précédente opération lui revenant plus clairement à l’esprit. Ceux d’une embuscade brève, qui, à en croire le briefing initial d’Atlantis, ne serait pas représentatifs de ce vers quoi elle allait se diriger.

Une frappe contre un adversaire désormais sur ses gardes, destinée à le mettre davantage sur la défensive et à le retarder le temps nécessaire pour mener la véritable opération. Celle visant à mettre fin, d’une façon ou d’une autre, à la folie qui s’était emparée d’une espèce autrefois protégée par les Anciens et désormais sous l’égide d’une intelligence paranoïaque.

Arrivant près de la salle où l’attendait métaphoriquement l’omniprésente Atlantis, elle sentit ses sens s’estomper vivement, dans une bouffée d’émotions qu’elle parvenait désormais à reconnaitre, même si elle doutait pouvoir jamais s’y habituer.


La réunion avait pris du temps à être organisée. Chaque personne avait son agenda, ses responsabilités, et les aléas étaient parfois anticipés avec trop peu d’avances pour être entièrement parés. Mais elle avait finalement réussi à rassembler cette petite troupe.

Des individus que Làkhesis avait croisé au cours de ses innombrables pérégrinations, éternelle apprentie dans une infinité d’arts et de sciences. Autant d’experts, souvent méconnus en-dehors de leurs cercles de pairs. Cercles auxquels elle savait ne pas appartenir, néophyte qu’elle était dans chacun de leurs domaines. Mais seule cette béotienne les connaissait tous et toutes, avait su prendre et garder contact avec autant d’individus aux compétences si particulières.

Et, au fil des décennies, les discussions avaient erré, passant du professionnel au personnel pour vagabonder dans des thèmes plus généraux, plus vastes. Jusqu’à arriver à un sujet unique, dont chaque échange se faisait, sans le savoir, l’écho des autres. Il n’avait alors pas fallu longtemps à la femme qui en était le centre pour réaliser les potentialités d’une telle combinaison, et elle avait, avec difficultés, organisé cette rencontre.

Les visages masculins et féminins formaient pour ses multiples sens une fresque qu’elle seule pouvait, du moins à cet instant, apprécier à sa juste valeur. Ici une capitaine de vaisseau scientifique à peine rentré de mission, là un biologiste émérite, assis près d’une prodige dérangeante de l’écriture. Ils ne se connaissaient pas, et se découvraient avec un mélange de curiosité et de distante prudence.

Elle savait qu’à leur place, elle aurait été tout aussi troublée que chacun d’entre eux, si une ancienne collègue, devenue correspondante de longue date, lui avait demandé de venir pour approfondir la dernière série d’échanges qui les avaient connectés.

Il était évident qu’ils étaient mal à l’aise depuis qu’ils avaient, eux-mêmes, osé écrire la conclusion à laquelle chacun et chacune était arrivé indépendamment des autres. Elle l’avait été, au début, et avait failli paniquer lorsque le même raisonnement s’était retrouvé chez d’autres penseurs indépendants. Mais, courrier après courrier, contact après contact, la logique aussi inéluctable que dérangeante de cette terrible conclusion avait finalement prévalu, la décidant à prendre cette initiative.

A réunir pour la première fois ce groupe, qui n’avait jamais connu sa propre existence jusqu’à l’envoi des invitations. En toute honnêteté, et malgré ses capacités précognitives, elle n’avait pas la moindre idée de ce qui pourrait en déboucher, s’il serait accepté et décidé de faire le prochain pas. Un pas d’autant plus aisé que sa situation personnelle, à l’instar de celle d’autres membres du groupe, l’avait mené plus rapidement que prévu vers l’échéance autour de laquelle tournait l’ensemble du concept né dans autant d’esprits différents.

Les conséquences, elle les espérait, elle les craignait, mais, lorsque tout était dit, les ignorait. Et c’est pour cela, entre autres, qu’elle avait rassemblé tous ceux présents. Des maitres dans chacun des domaines qu’elle avait étudiés, des personnes qui pourraient pousser les raisonnements au-delà des conclusions actuelles, et prendre une décision, sinon éclairée, du moins réfléchie.

Ils n’étaient pas les meilleurs spécialistes que sa civilisation avait eu l’honneur de porter en son sein, mais ils présentaient ce qu’elle jugeait comme la plus grande des qualités : savoir remettre en question tout ce que l’on avait soi-même appris.

Ce que chacun ici avait fait en acceptant de pousser la réflexion jusqu’au bout, en écartant les tabous qui habituellement bloquaient la discussion. Ils constituaient l’opportunité la plus grande qui soit de faire changer les choses. Et, quelque fut leur décision, elle s’y tiendrait, et aiderait ces personnes qu’elle avait appris à respecter plus que quiconque.

Son attention se reporta brusquement sur l’une des invitées, qui allait se mettre à parler, respectant la tradition d’entamer verbalement les échanges avec des inconnus :
- Bonjour à tous et à toutes. Comme chaque personne ici, il me semble, j’ai été conviée par Làkhesis en vue d’un colloque particulier, fit-elle avant de prononcer les mots qui ouvraient les assemblées depuis des éons. Que Raison et Science guident nos pensées.

Quelques instants plus tard, elle se rendit compte de son omission, et la corrigea aussitôt :
- Appelez-moi Adrastée…

Làkhesis regarda avec appréhension les autres reprendre, à leur tour, les mêmes mots, avant de se présenter eux-mêmes.

De faire le premier pas.




La jeune femme laissa s’échapper un frisson, alors qu’elle ressentait la désagréable impression de commencer à comprendre ce qui se passait pour mieux s’arrêter en plein raisonnement, une pièce cruciale du puzzle lui manquant désespérément. Contrairement à ce qu’elle aurait pu imaginer, elle était désormais encore plus mal à l’aise que quelques instants plus tôt, se sentant métaphoriquement au bord du gouffre, tanguant dangereusement au-dessus d’un vide qu’elle n’arrivait pas à ne serait-ce que qualifier.

Mais son attention immédiate dut basculer sur la salle de briefing dans laquelle ses jambes l’avaient inconsciemment menée, et la peur qui s’installait en elle se voyait refoulée vers l’inconscient, tandis qu’Atlantis activait un projecteur holographique.

- Je viens d’avoir confirmation par mes senseurs distants que les forces adverses se dirigent actuellement vers le lieu prévu pour la confrontation suivante. Plusieurs de leurs appareils ont effectué une reconnaissance préliminaire des différents systèmes où notre flotte aurait fait escale, et ont remonté notre trace jusqu’à cet emplacement.

Pour souligner ses propos, une carte de la région galactique s’afficha et zooma sur un petit groupe de systèmes, dont une série d’entre eux s’illumina, formant un chemin jusqu’à un point précis, qui se colora en vert.

- A cet endroit, j’estime qu’une force plus importante devrait arriver en vue d’une frappe préventive destinée à décapiter la menace que nous faisons planer sur leurs appareils d’attaque. Incessamment sous peu, vous partirez, chacun à bord d’un vaisseau de bataille lourd, pour tendre une embuscade à cette force. En cas de réussite de l’opération, leur réaction logique serait de mettre en pause la progression afin de sécuriser l’espace occupé. Ce qui nous laisserait le temps d’agir ailleurs.
- Juste une question, demanda Campbell. Pourquoi est-ce qu’on ne part qu’avec trois vaisseaux ? Vous êtes si confiante que ça ?
- Non, lieutenant Campbell. Mais il est entièrement probable que, une fois sur leurs gardes, les unités adverses soient capables de repérer, voire de brouiller, les communications intensives qui me sont nécessaires pour contrôler à distance des vaisseaux de guerre. Et mes protocoles m’interdisent absolument de diviser ma conscience en entités autonomes capables d’une telle tâche. Les précédents à ce sujet sont suffisamment clairs pour justifier une telle politique. Je serai en mesure de garder un contact permanent avec vous, mais un contrôle purement virtuel est un risque inacceptable dans notre situation. Hagalaz pourrait utiliser une telle faiblesse contre nous.
- D’accord, donc c’est pour ça que vous nous avez récupéré, fit Maltez.
- Non. Mes raisons sont différentes. Autrement, rien ne m’aurait empêché de recruter plusieurs dizaines d’individus et de multiplier à faible coût mes capacités offensives et logistiques.
- Oui… reconnut le chef de l’équipe. Mais, par contre, est-ce que ça veut dire que, quand on va partir pour “discuter“ avec Hagalaz, on devra aussi le faire avec des moyens minimaux ?
- Effectivement, commandant. Des communications à de telles distances seraient immédiatement repérées et traquées, si jamais il me venait à l’esprit de vouloir assurer le contrôle opérationnel des vaisseaux. Vous serez donc, dans une large part, en autonomie. Je vous fournirai bien sûr une assistance occasionnelle, par l’utilisation de mes bases de données sur les différents vestiges que mes créateurs auront éventuellement laissés, mais je ne serai pas en mesure d’utiliser la totalité de mes moyens, une fois que vous serez sur place.
- Perdus derrière les lignes ennemies, en somme, fit Campbell.
- En quelque sorte, lieutenant, même si le concept “d’ennemi“ est ici bien plus flou que ce que vous pouvez laisser entendre.
- Oui, enfin, on va quand même être coincés à un tas de milliards de kilomètres de chez nous sans la moindre couverture. C’est un peu ça que vous nous dites, là, non ?
- Vous faites un résumé particulièrement abusif de mes propos. Sauf pour le terme de “milliards de kilomètres“ qui, lui, serait plutôt réducteur. Enfin, passons… Certaines difficultés sont en effet à prévoir, mais, étant donné que mes propres intérêts sont en jeu dans cette affaire, vous pouvez être certain, lieutenant, que je vous fournirai le maximum d’assistance. Il serait absurde et non-constructif de ma part que de ne pas vous fournir les outils les plus adaptés pour vous aider à réaliser votre objectif.
- Si vous le dites…
- Pouvons-nous revenir à la situation actuelle, lieutenant, à moins bien sûr que vous préféreriez laisser réussir l’assaut sur le Petit Nuage de Magellan ?
- Continuez, continuez… intervint Shanti. Mais Tom a raison : il nous faudra des clarifications et des réponses très rapidement. Avant le départ pour là-bas, au moins.
- Vous en aurez.
- Ca fait belle lurette que vous le dites, Atlantis, et on attend toujours. Si vous comptez nous laisser de façon autonome, on a intérêt à savoir exactement dans quoi vous nous avez envoyés.
- Je n’ai jamais prévu autre chose, lieutenant Bhosle. Autrement, comme je vous l’ai déjà indiqué, j’aurais construit des machines. Mais, pour en revenir au sujet le plus important à l’heure qu’il est, vous allez, cette fois-ci, mener une frappe bien plus complète. Si, lors de l’ouverture, il a été possible de se contenter d’une démonstration de force au travers d’attaques précises, vous n’aurez à présent plus cette liberté d’action. La quantité, la puissance de feu et la préparation des vaisseaux en approche vont vous forcer à utiliser toutes les capacités des navires mis à votre disposition. Qui plus est, plus les pertes adverses seront sévères, plus notre position sera avantageuse par la suite.
- Combien est-ce qu’on va tuer de monde, en face ? demanda Shanti.
- Je l’ignore, lieutenant, mais ce paramètre est mineur.
- Pour vous, Atlantis.
- Non, lieutenant. Pour tout le monde. Rappelez-vous que Hagalaz a fait irradier des centaines de mondes, dont certains étaient habités. Ses opérations ont apparemment été ralenties, mais soyez sûre que, si nous ne frappons pas un grand coup, elles recommenceront très rapidement. Nous ne pouvons pas éviter les victimes, à court, moyen et long terme. Juste les réduire et faire preuve de discernement. Comprenez que je choisis de vous utiliser pour effectuer une mission aussi bien diplomatique que militaire. J’aurais largement été en mesure d’entamer ma contre-attaque en faisant sauter plusieurs dizaines de systèmes stellaires habités, suivie d’une attaque de nano-réplicateurs coordonnée à l’échelle de sa galaxie. Je doute que la victoire finale soit alors mienne, mais une telle attaque pourrait paralyser ses moyens pendant une durée suffisamment élevée pour profiter d’autres opportunités éventuelles. Si vous n’êtes pas prêts à utiliser une force mesurée, alors notre seule chance de survie tiendra dans la violence d’une guerre totale. Qui n’est pas dans nos moyens. Me suis-je bien fait comprendre ?
- … Oui, souffla Shanti, en serrant les poings.
- Parfait. A présent, je vais vous expliquer en détails les capacités particulières dont disposent les vaisseaux que je vais vous confier. Leur utilisation pratique sera rendue aussi intuitive que possible, mais vous devez en connaitre les limitations malgré tout…


Lorsque, un torrent d’informations et d’explications plus tard, Atlantis s’était décidée à terminer le briefing, elle l’avait fait à sa façon habituelle, avec une remarque suivie de trois téléportations vers les vaisseaux choisis.

La jeune femme, une fois de plus prise au dépourvu par le changement brutal de décor, avait dû s’agripper à la chaise voisine pour ne pas tomber. Ses pensées étaient remplies de schémas, valeurs, théories et autres données qu’elle n’arrivait pas à distinguer les unes des autres, mais qui, à chaque fois qu’elle réussissait à en prendre un peu de distance, semblaient avoir un sens global. Elle ne pouvait pas, malgré l’afflux d’informations, comprendre véritablement ce que l’énorme machinerie autour d’elle faisait, mais avait à présent une meilleure idée de ce qu’elle pouvait faire. Certains des souvenirs qui lui avaient été insufflés prenaient un sens nouveau, à la lumière de ces éléments particuliers, et elle se concentra sur les parcelles de vies qui lui avaient été offertes, déduisant la raison des gestes et des pensées de l’équipage autour de son alter ego. Certaines scènes étaient incomplètes, et elle s’efforça de déterminer les éléments manquants, les puisant le plus souvent dans les autres souvenirs, qui, malgré les différences de contexte, gardaient une certaine similarité.

Une similarité, qui, plus elle y pensait, ne faisait que souligner des différences subtiles, mais bien présentes, qui se faisaient plus marquées à chaque instant qui passait.

Jusqu’à l’instant où, alors même que le vaisseau autour d’elle faisait son entrée en hyperespace, elle posa son regard sur certains des écrans de contrôle, légèrement différents de ceux auxquels elle avait commencé à s’habituer à bord de la frégate. La fréquence des mises à jour, leur précision, les performances souffraient toutes en comparaison de ceux à bord du petit vaisseau, sans pour autant donner une impression d’obsolescence.

Le poste de commande lui apparaissait tout aussi neuf que celui des quelques autres vaisseaux qu’elle avait visité, mais la comparaison avec ceux-ci lui faisait ressentir la même dissonance qu’entre les jeux de souvenirs.


- Atlantis, demanda-t-elle. Quand ont vécu ces personnes ? Celles dont nous avons eu les souvenirs ?
- Excellente question, lieutenant Bhosle, lâcha l’I.A. Arrivée plus tôt que prévu, je dois l’admettre, mais qui mérite sa réponse. A présent que vous êtes lancés dans la dernière ligne droite avant le début de votre véritable mission, vous et vos coéquipiers, ce moment est aussi bon qu’un autre pour vous expliquer la véritable teneur de ces souvenirs. Je pense, qu’une fois détaillée l’identité et la vie de ces personnes, vous comprendrez mieux pourquoi j’ai tenu à ce que vous partagiez des fragments de leur existence.
Shanti fut prise d’un frisson, alors que son esprit essayait, à toute vitesse, d’interpréter ce que venait de lui dire l’I.A. Elle posa alors les questions qui devait venir, et qu’Atlantis attendait forcément de sa part :
- Qui étaient ces personnes, lors de cette assemblée ? Pourquoi… Làkhesis les a réunies ?
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MessageSujet: Re: Effet Papillon [Tome II]   Effet Papillon [Tome II] - Page 6 EmptyLun 11 Avr 2011 - 23:04

Pas le temps de lire en ce moment, pas le temps d'écrire, j'ai juste récupéré le derneir chapitre, et ça y est, t'as dépassé les 400 pages. Et j'ai qu'une chose à te dire, c'est que Word pinaille à m'ouvrir comme il faut le fichier. Faut vraiment que je refasse mon retard moi.
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MessageSujet: Re: Effet Papillon [Tome II]   Effet Papillon [Tome II] - Page 6 EmptyLun 11 Avr 2011 - 23:10

XD Désolé, je n'avais pas pris ce problème en compte en commençant EP. Sinon, as-tu vérifié que tu as pris la partie éditée pour la première moitié de ce chapitre ? J'avais laissé une ou deux erreurs qui ont été corrigées entretemps, donc autant te prévenir. Quoi qu'il en soit, ça fait bizarre de se faire annoncer un tel cumul de volume. ^_^; Merchi !
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MessageSujet: Re: Effet Papillon [Tome II]   Effet Papillon [Tome II] - Page 6 EmptyMar 12 Avr 2011 - 0:56

Attendu que quand je lis un truc sur Word et qu'il y a une faute d'orthographe qui me brûle a rétine je la corrige, c'est aps un gros problème si tu as laissé trainer des erreurs, elles partiront bien vite.
Et moi je ne m'attendais pas à autant de boulot quand j'ai commencé à remettre en page EP pour un format Word. Ne serait-ce que changer tous les retours à la ligne en saut de ligne ... 400 pages à 40 lignes de moyenne par page, ça fait que 16000 lignes corriger. Vu le nombre de ligne de code foireux que j'ai dû me farcir cet hiver, je devrais y arriver ... quoique 16000 lignes, ça commence à faire. (oui oui, je suis très doué pour les accumulations de chiffres) Bon, avec toute la mise en page actuelle mon pote Word me dit 20080 lignes, 217757 mot et 1347357 caractères ... Il va vraiment falloir que je rattrape mon retard de lecture moi ...
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MessageSujet: Re: Effet Papillon [Tome II]   Effet Papillon [Tome II] - Page 6 EmptyMar 12 Avr 2011 - 8:00

Si ça peut t'aider, tu peux me contacter sur MSN, et je te passerai les fichiers Word des chapitres. ^_^; La mise en page n'y est que sommaire, mais ça devrait pouvoir t'aider. Je t'envoie mon adresse MSN par MP.
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MessageSujet: Re: Effet Papillon [Tome II]   Effet Papillon [Tome II] - Page 6 EmptyMar 12 Avr 2011 - 13:00

Franchement, je ne sais pas quoi dire.

Tu poses tellement de questions... Qui est ce terrien, et que fait-t-il chez les jaffas ? Où, quand et pourquoi a eu lieu cette "réunion d'Anciens" ? Mais que va-t-il se passer ?!

Voilà, en fait, ce chapitre n'est qu'une grosse question géante ^^

Oh, j'ai bien aimé que tu parles un peu de Midway, voir ce qu'elle était devenue dans ton univers... Au fait, est-ce la Midaw "primordiale", ou bien les évènements de l'épisode 4x17 de SGA ont eu lieu ? (i.e. que la première version a été détruite, et que c'est une "deuxième version")


Citation :
et ça y est, t'as dépassé les 400 pages

Je n'ai qu'une seule chose à dire : GG !


Tiens, et puis pendant que j'y suis, Atlantis qui nous redémontre que les anciens ont un peu plus que trois mises à jour Windows d'avance... Trois vaisseaux ? Je n'ose imaginer la force de frappe des dits bâtiments...

Atlantis a écrit:
Bien sûr que non, ne soyez pas ridicule. Il me faudrait pour cela des systèmes de taille millimétrique, au moins

Bien sur, suis-je bête ^^
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MessageSujet: Re: Effet Papillon [Tome II]   Effet Papillon [Tome II] - Page 6 EmptyLun 9 Mai 2011 - 2:08

Bon, bon, bon..... Alors, voilà. Un peu plus de quatre ans, et on y est. La fin du second Tome de cette fan-fiction, et avec lui, celle d'une assez longue période... Commencé sur SGFS, terminé sur SFFS, bientôt le Multivers, avec un public qui a changé. Ouaip, ça fait assez bizarre de mettre le mot fin. Je veux dire, pour la dernière série de posts de contenu pour ce topic, je serais censé faire un petit état des lieux, mais, bon, il est presque deux heures du mat', et, franchement, je ne sais pas quoi dire qui ne serait pas cliché à l'extrême. Alors, voilà, voilà.

Merci, tout d'abord à l'ensemble de mes lecteurs, anciens comme nouveaux, qui m'ont suivi ou m'ont rejoint avec Carl, Shanti, Van'Tet et Anna, ce quatuor assez improbable. Que ce soient les anciens, dont j'ai bénéficié d'un feedback au cours des ans, ou bien des nouveaux, que j'ai connu sur SGF puis ici, au cours de débats où ils ont prouvé avec brio leur valeur, leur créativité et leur curiosité, j'ai eu la chance d'avoir des lecteurs que j'ai eu l'occasion de connaitre et d'apprécier. Et quand je vois les créations de ZizZ et Vyslanté au niveau des modèles 3D ou le travail de Warrius pour mettre en forme imprimable ces deux tomes, je me dis que j'ai une chance inouïe côté public.

Mais, comme je le leur ai dit à chacun d'eux, cette fic ne serait pas ce qu'elle est sans deux personnes, un membre de ce forum, et une de mes connaissances IRL. Et, si je ne peux qu'apprécier l'aide constante dont m'a fait bénéficier mon alpha-lecteur, qui m'a guidé et a su pousser la logique de l'histoire dans les retranchements qui m'échappaient, ce texte ne serait pas ce qu'il est sans Skay-39.

Depuis plusieurs dizaines de chapitres, il a fait un travail vraiment exceptionnel de bêta-lecteur, donnant aux chapitres bruts une valeur ajoutée, un travail de réflexion et quelques passages supplémentaires (sans compter ses Omakes) qui m'ont permis d'éviter beaucoup de pièges et de faiblesses, aussi bien dans le fond que la forme.


Merci beaucoup, Skay.


Et maintenant que le speech est tapé, on peut se lancer, et embrayer sur l'épilogue de ce Tome II. Pas de promesses concernant l'arrivée du Tome III, mais, comme on me l'a fait remarquer, j'ai un sacré boulot à faire pour la remise en forme des chapitres, qui, entre ces deux tomes, sont relativement difficiles d'accès pour un nouveau lecteur peu désireux de se perdre dans ces topics. Je vais donc revoir la structure des documents publiés sur les autres sites et supports, tandis que, sans nul doute, la version de Warrius deviendra la référence sur laquelle je travaillerai et que je publierai en ligne. Oh, et, je rappelle aussi le coup du chapitre manquant : le chapitre 9 du Tome I est encore à écrire, et je prends les suggestions pour ce que vous comptez y voir. N'hésitez pas, donc.







Epilogue

Dans un coin de son esprit, la jeune femme remarquait, impressionnée, le talent qu’Atlantis pour arranger un timing parfait lors de ses actions. Entre le temps pris pour expliquer l’avenir qu’elle réservait à l’équipe et les premières réactions de celle-ci, l’I.A. s’était débrouillée pour ne pas leur laisser le temps de trop s’attarder sur les véritables questions qui commençaient à occuper ses pensées, pour en être aussitôt chassées.

Shanti savait que, une fois cette opération terminée, l’I.A. serait probablement ouverte à leurs interrogations, mais elle aurait, en attendant, à les mettre de côté alors que le trio de vaisseaux s’apprêtait à frapper un coup majeur dans les forces dominées par Hagalaz. Faisant les cent pas à l’intérieur de la salle de commandement, désormais totalement opérationnelle, elle ne savait pas quoi penser pour occuper les quelques secondes la séparant de l’objectif fixé par Atlantis.

Son train de pensées fut brusquement coupé lorsqu’un avertisseur la prévint de l’imminence du retour en espace normal, et son attention se fixa sur les flux de données en provenance du mastodonte autour d’elle.

- Ici Atlantis, intervint silencieusement l’I.A. Je vais diriger le combat autant que possible, mais restez sur vos gardes et soyez prêts à prendre le contrôle des vaisseaux sans préavis, si j’en étais empêchée. Sortie d’hyperespace… maintenant.

Les écrans à proximité s’illuminèrent instantanément, affichant simultanément les informations obtenues par chacun des innombrables senseurs montés à l’intérieur et à l’extérieur des coques, alors qu’elle sentait le vaisseau changer de cap avant même la fermeture de la fenêtre de sortie. D’une simple pensée, elle était à présent au cœur du système de contrôle, qui lui faisait ressentir ce que le vaisseau découvrait à chaque nanoseconde, et la présence des appareils adverses, à plusieurs minutes-lumière de là, illuminait ses nouveaux sens.

Certains des engins étaient similaires à ceux qu’elle avait croisé à trois reprises déjà, alors qu’à proximité croisaient d’autres vaisseaux, plus massifs, renvoyant aux capteurs des indications contradictoires et présentaient chacun un profil qu’elle savait ne pas pouvoir assimiler avec sa faible expérience et sa vision ô combien restreinte de l’univers. Les capteurs témoignaient de navires aux formes mouvantes, tant dans ce qui leur servait de coque que dans leur champ de protection, identifié par Atlantis comme une série d’aberrations gravitationnelles. Ca et là, des pics dans les signaux renvoyés étaient interprétés par l’I.A. comme autant d’armements et de détecteurs, qui se voyaient aussitôt affublés d’un étiquetage codifié et normalisé, les hypothèses quant à leurs fonctions et caractéristiques s’affichant un instant plus tard.

C’était un peu trop pour Shanti, qui surprit ses nouveaux neurones améliorés à travailler frénétiquement au traitement de ces données, et décida spontanément de déléguer à Atlantis le tri d’une partie des informations, afin que ne lui parviennent que les probabilités raisonnables. Elle fut vaguement surprise de la facilité avec laquelle elle avait sélectionné cette option, et de la précision de ses instructions quand aux caractéristiques du filtre. Fugitivement, elle envisagea l’avenir après la défaite des Arachnides, et entrevit un syndrome nettement plus préoccupant que celui du survivant.

Ses cibles, quelques fractions de seconde plus tard, se mirent à bouger, réagissant enfin à l’arrivée des trois vaisseaux de guerre Anciens. Les plus imposants appareils commencèrent à suivre une trajectoire d’interception, alors que les autres semblaient s’éloigner légèrement, tous arborant des signatures plus visibles, témoignant de l’activation de nombreux systèmes supplémentaires.

En parallèle, Shanti vit, autour d’elle, le vaisseau terminer la transition entre le déplacement et le combat, chacun de ses canons et écrans de protection achevant son cycle de charge. Retenant un frisson, elle fut prise d’une soudaine terreur, alors que, comme pour chacun des autres systèmes, les armes lui donnèrent un bref rappel de leurs capacités. Un rappel qui venait se superposer aux souvenirs qu’elle ne pouvait s’empêcher de se remémorer, aussi bien les siens propres que ceux insufflés par Atlantis.

Elle avait vu, à suffisamment de reprises, l’efficacité de ce avec quoi ce vaisseau allait attaquer, et Tsippora avait eu, trop souvent, l’occasion d’assister à ces effets en-dehors du simple affichage tactique.


Comme nombre de jeunes officiers avant elle, la première confrontation entre la théorie et la réalité était une expérience mémorable. Peu agréable, mais, aux dires de ses supérieurs et ainés, nécessaire. Elle venait de terminer son cursus et avait été affectée à l’un de ces destroyers francs-tireurs, vaisseaux qui, à en croire leurs équipages, menaient la seule véritable action offensive de cette guerre. Rapides et bien armés, ils tenaient l’ennemi Wraith sur le qui-vive et détournaient une partie de ses moyens militaires en menant constamment des raids de guérilla, détruisant des installations inoccupées ou mal défendues.

Une mission dangereuse, mais qui l’avait plus attirée que les interminables patrouilles dans les systèmes centraux. Elle avait découvert rapidement que, malgré les capacités de précognition dont elle faisait preuve, le stress, l’excitation et la peur étaient présentes au quotidien, se mêlant à l’incertitude et la renforçant pour en faire un mélange d’émotions qu’elle avait découvert au fil des années-lumière.

Quelques heures plus tôt, le branle-bas de combat avait été diffusé dans l’ensemble du réseau neuronal de l’équipage, alors que le capitaine avait décidé de traquer un groupe de Ruches endommagées au retour du front. Comme les plus sensibles des membres de l’équipage, elle avait pressenti certains des mouvements du vaisseau adverse, et tentait d’anticiper les décisions immédiates de ses supérieurs, qui eux-mêmes, travaillaient dans ce mélange d’anticipation, d’entrainement et de précognition. L’équipage travaillait ainsi dans une structure qui restait opaque aux espèces dont la vision du temps était restée primitivement linéaire.

Mais elle n’était pas pour autant capable de tout prévoir, et l’assaut, bref et infiniment brutal sur la cible l’avait quelque peu prise au dépourvu. Avec un intérêt clinique pour la chose, elle avait observé la série de dards foncer vers la coque organique et l’embraser dans un spectacle à jamais ancré dans ses souvenirs.

Puis l’ordre était venu. Avec un groupe constitué d’officiers et de troupes entrainées, elle avait reçu la consigne d’aller à bord de l’épave incandescente pour faire la liste de ce qui pouvait y être récupéré. Une mission à laquelle ses cours ne l’avaient pas formé, ayant imaginé les batailles comme autant d’évènements indépendants, relativement propres.

Une vision contraire à la réalité du petit vaisseau qui constituait son nouveau foyer, et dont l’isolement le forçait à collecter aussi souvent que possible des matériaux et produits avancés afin d’alléger le travail de la fonderie moléculaire de bord.

Entourée d’un champ de force maintenant une atmosphère et une température constante, elle avait accompagné le reste de la petite équipe à l’intérieur du colosse ennemi.

Et avait vu le charnier.




Préférant ignorer les images qui lui revenaient à l’esprit, Shanti s’attarda sur l’affrontement qui débutait, symbolisé par le mouvement des nombreuses icônes associées aux vaisseaux et à leurs caractéristiques. Elle vit, l’espace d’un instant, un détail qui attira son attention et la troubla au point d’interroger Atlantis à son sujet.

- Vous n’avez pas activé les drones ? demanda-t-elle par son lien.

- Non. Si les autres armes sont moins efficaces, elles permettent de maintenir un certain niveau de doute quant à votre affiliation. Je ne peux pas me permettre de donner à Hagalaz la certitude que je suis devenue un obstacle, pas tant que ma séniorité et mon ascendant en termes d’autorité théorique la poussent à me laisser de côté.

- Elle vous attaquerait, sinon ? fit Shanti.

- Ce serait très probable. Et elle serait en mesure de me détruire, ainsi que l’ensemble de vos semblables présents à proximité. Puis, par l’analyse des débris, remonterait probablement leur trace jusqu’à votre galaxie, entrainant une frappe préventive face aux alliés de son ex-ennemie, répondit l’I.A.

- Mais, elle ne se doute pas que c’est vous ? Elle ne va pas reconnaitre nos vaisseaux ?

- Pas forcément. J’ai procédé à de nombreux changements, tant intérieurs qu’extérieurs, sur ceux-ci. Ils devraient être suffisants pour insuffler un doute raisonnable dans l’esprit de notre adversaire. Et celle-ci ne pourra pas s’opposer à une Entité de mon niveau sans preuve irréfutable de ma “trahison“. L’utilisation de drones suffirait probablement, de ce point de vue, d’où mon refus de les employer sans la certitude absolue que leur présence ne puisse être rapportée.

- … D’accord. On pourra quand même gagner ?

- C’est ce que j’ai prévu, lieutenant. Je n’envoie personne à la mort sans raison, et je ne compte pas commencer avec votre équipe.

Acquiesçant, elle posa son regard sur l’un des écrans, qui affichait désormais les premiers tirs quittant la coque de son vaisseau. Expulsées de tourelles aux tailles diverses, les orbes bleues s’étaient vues catapultées à des vitesses relativistes, alors même que les canons principaux attendaient d’arriver à portée optimale.

Les projectiles d’énergie pure n’étaient, elle le savait, qu’une diversion destinée à mettre les vaisseaux adverses sur leurs gardes et à prendre l’initiative dans ce combat. Leurs cibles commençaient immédiatement à réagir, changeant de vecteur d’approche pour éviter les projectiles flamboyants.

Sans surprise, la vingtaine de vaisseaux adverses se repositionna à l’abri de l’attaque initiale, confirmant ce faisant leurs capacités de détection et une partie de leur manœuvrabilité. Au même instant, la jeune femme vit, sur les senseurs, le départ de plusieurs projectiles, qui, à en croire leurs profils, étaient sur le point d’ouvrir des fenêtres hyperspatiales. Shanti, poussée par les souvenirs de son ultime mission pour le SGC, déglutit brusquement, alors que son vaisseau ne semblait pas tenter la moindre manœuvre d’évitement.

- Atlantis, pensa-t-elle. Il faut changer de cap, tout de suite ! C’est ce qui a détruit le… Oh.

Son avertissement avait été interrompu par le saut des missiles ennemis, qui s’était interrompu très brutalement à quelques centaines de kilomètres de son propre navire, plusieurs fenêtres de sorties instables se formant sans le moindre avertissement. Seule une poignée des projectiles avait eu la chance de survivre à la réinsertion dans l’espace conventionnel, pour se voir aussitôt cibler et détruire par les armes des trois vaisseaux.

- Aucune stratégie défensive n’est valable sans interdicteurs hyperspatiaux, aussi courte que soit leur portée efficace, répondit l’I.A. Et mes créateurs étaient… dramatiquement… portés sur les stratégies défensives.

- D’accord…Qu’est-ce que vous allez faire, maintenant ?

- Continuer à en apprendre sur leurs capacités opérationnelles, avant de les détruire à distance de sécurité.

- …

Silencieusement, elle reprit son observation du lent ballet qui occupait désormais les deux groupes de vaisseaux, les tirs échangés se perdant dans l’infini alors que, progressivement, la distance entre les deux flottes se réduisait. Son attention se reporta alors sur les caméras extérieures, qui affichaient des images de la superstructure complexe recouvrant la coque du navire de guerre, illuminée à intervalles réguliers par les décharges des armes à énergie.

Quelques instants plus tard, elle coupa temporairement la connexion avec le vaisseau, et soupira.

- Elle joue avec eux. Elle se renseigne, puis elle va les massacrer. C’est rien de plus qu’un jeu. Des pions adverses à détruire. Et nous, on reste là, à regarder… C’est la même chose, on est juste peints de sa couleur à elle. Et qu’est-ce qu’on peut faire ? Si elle dit vrai, il faut qu’on accepte de jouer son jeu. Même pas pour nous. Pour tout le monde…

- Commandant, souffla-t-elle. Vous m’entendez ?
- Oui, répondit la voix de l’officier. Vous vous en sortez, lieutenant ?
- Comme pour n’importe qui venant d’entendre ce qu’elle a concocté pour nous et le reste de la galaxie… dit-elle. C’est pas un bluff, hein ? Vous pensez qu’on est vraiment partis pour ça ?
- Probable. En même temps, ne me dites pas que son ambition vous étonne ? Elle nous envoyait déjà gagner une guerre intergalactique à trois, avec un chewing-gum et deux bouts de ficelle, alors, ça ou autre chose…
- Comment est-ce que vous pouvez prendre ça aussi facilement ? On est coincés avec elle ! Définitivement !
- Plus ou moins, répondit-il. Et puis, on devrait avoir un peu plus les mains libres pour la suite. On aura peut-être même le temps de faire du tourisme, plaisanta-t-il.
- Pardon ? fit Shanti.
- Ecoutez, reprit-il, le ton cette fois-ci sérieux. Oui, c’est exactement ce que vous dites, on est coincés pour un foutu bout de temps avec elle. Mais, soyez honnête, ses raisons sont à peu près acceptables. Et le marché n’est pas trop mauvais pour nous, vous le savez bien…
- Peut-être, mais…
- On s’en sort bien mieux que je le craignais, lieutenant. Largement mieux. On sera peut-être occupés sacrément longtemps avec ce qu’elle veut de nous, mais on pourra rentrer chez nous. Avec elle qui nous soutient, avec notre mission, ils nous laisseront rentrer, et vous le savez aussi bien que moi. Ils n’auront pas le choix. C’est pour eux qu’on va bosser. Pour tout le monde.
- … Je sais.
- Alors arrêtez votre déprime, et comportez-vous en officier, lieutenant Bhosle ! Vous n’êtes peut-être plus un officier du SGC, mais vous êtes membre de mon équipe, et je n’accepte pas ce genre d’attitude, c’est clair ? On va expliquer à ce tas de boulons ce qu’on pense de ses vaisseaux à la noix, d’une façon ou d’une autre, puis on va se tirer et rentrer. N’importe quelle équipe SG a déjà vu cent fois pire, alors vous n’allez pas me faire un drame parce que c’est un autre tas de boulons qui nous paie plutôt que le général Carter !
- On est payés, maintenant ? demanda Shanti, retenant un mince sourire.
- Bonne question. Il faudra qu’on demande ça une fois ce foutoir terminé. Mais maintenant, on arrête de discuter, et vous reprenez votre poste, lieutenant. Vous vous souvenez de P8H-451 ? La planète que ces petits gars se sont amusés à atomiser ?
- Oui, répondit-elle, se rappelant sa première mission dans l’équipe.
- Est-ce que j’ai besoin de vous en dire plus ?
- Non.
- Parfait. Je compte sur vous si ça merde, Shanti.
- … A vos ordres, dit-elle, juste avant que son supérieur ne coupe la communication.



Quelle que soit la direction dans laquelle Anna tournait son regard, il n’y avait que du béton et de l’acier, matériaux éclairés par des lumières artificielles et mornes. Le contraste avec la Cité ancienne était éclatant alors qu’elle suivait passivement l’archéologue, l’esprit occupé par trop de questions pour véritablement s’attarder sur les problèmes d’esthétique.

Autour d’elle les habitants, temporaires comme permanents, de l’installation sélénite vaquaient à leurs occupations, certains se retournant brusquement en reconnaissant le visage de l’homme qu’elle accompagnait. Leur trajet avait duré plusieurs longues minutes, empruntant un nombre considérable de couloirs et d’ascenseurs formant ce dédale qu’était le SGC.

- D’abord Atlantis, puis ça…, se dit-elle en repensant à sa très brève conversation. Et elle qui ne s’est rendu compte de rien. Comme pendant la tempête… est-ce que ça pourrait être la même… ? Et pourquoi moi ? Pourquoi venirme voir, moi ? Pourquoi pas Jackson, Weir, ou Carter elle-même ? Qu’est-ce qui fait que tout ça se mette à tourner autour de moi ? Il y a forcément une raison, Anna. Il faut la trouver… Qu’est-ce que je peux faire de plus qu’eux ? Je n’ai pas le dixième de leur autorité, de leur réputation, de leur expérience. Je peux me faire arrêter n’importe quand, et personne ne me défendra. Tout ce que je sais, d’autres le savent. Enfin, sauf peut-être pour ce qu’Atlantis m’a appris, mais même comme ça, pourquoi est-ce qu’elle me l’a appris àmoi en particulier ? Il faut absolument que je comprenne…

Elle fut tirée de ses pensées lorsque, par réflexe, elle s’arrêta brusquement en voyant Jackson et l’officier les guidant s’immobiliser.
- Nous y sommes, docteur Jackson. Le général Carter vous attend dans son bureau.
- Merci, répondit-il. Anna ?

Elle acquiesça silencieusement, tandis que l’archéologue toquait à la lourde porte en bois, élégamment anachronique. Quelques secondes plus tard, celle-ci s’ouvrit, pour révéler la silhouette de la personne en charge de l’ensemble de la base. Prenant quelques instants pour détailler du regard celle qui était, au même titre que Jackson, l’une des légendes du Programme, Anna avança vers elle. Elle les suivit dans le bureau alors que la porte de celui-ci se fermait automatiquement derrière le petit groupe, et fixa son regard quelques instants sur la femme qui, malgré son poste administratif, faisait des efforts visibles pour rester dans une forme parfaite. La scientifique, soudainement, n’eut aucun doute que, si besoin était, l’officier devant elle serait prête à retourner au combat, et ne serait pas un adversaire à sous-estimer.
- Alors, Daniel, fit Carter, enfin de retour à la maison ?
- De passage seulement, corrigea-t-il. J’ai eu quelques semaines… chargées, et Anna, ici présente, m’a présenté une opportunité intéressante.
- Docteur Stern, dit l’officier en se tournant vers elle. J’ai entendu parler de vos “mésaventures“. Il faudra que je vous raconte nos expériences avec ces Entités. Daniel, tu ne lui en as pas encore parlé, rassure-moi ?
- Pas encore, Sam. Autant ne pas la traumatiser tout de suite.
- Atlantis semble coopérer pour le moment, tenta Anna.
- Oui, répondit Carter, dont les légères rides apparaissant sur le front et autour de la bouche, moins que les signes du temps passé depuis ses années sur le terrain, étaient les témoins d’innombrables heures de réflexion et de mines sévères. C’est exactement ça : “pour le moment“. Enfin, ce n’est pas pour ça que vous êtes là, tous les deux.
- Non, admit l’archéologue. Enfin, pas entièrement. Atlantis a décidé de nous offrir un cadeau en gage de bonne foi, et je vais voir ce que c’est.
- Des artefacts Ori, hein ? Docteur Stern, vous avez été ajoutée à la liste des personnes autorisées, mais qu’est-ce que vous savez d’eux, exactement ?
- Assez pour savoir que je ne toucherai à rien sans un ordre direct du docteur Jackson. Il m’a expliqué certains… dangers présents. Et Atlantis semble être de son avis.
- Nous sommes d’accord, docteur. Sincèrement, j’aimerais éviter d’avoir à gérer une invasion parce que quelqu’un a appuyé sur le mauvais bouton. Daniel et Jack ont suffisamment provoqué de catastrophes comme ça…
- Ainsi qu’une certaine astrophysicienne de mes connaissances, lâcha Daniel en levant innocemment les yeux au plafond.
- Je croyais qu’on n’en parlerait plus, Daniel…
- A qui la faute si je me suis retrouvé dans un vaisseau réplicateur à me faire torturer quelques heures avant que vous le fassiez sauter ?
- Ca arrive à tout le monde ? tenta-t-elle avec un sourire gêné.
- Voilà. Pas qu’à moi et à Jack, on est d’accord ?

Anna faisait passer son regard de l’un à l’autre, suivant l’échange, et haussa les sourcils lorsque, simultanément, le civil et la militaire laissèrent s’échapper un large sourire, contrastant avec les fugaces messages non-verbaux qu’ils semblaient s’échanger. Elle percevait de temps à autre des indices fugitifs d’un second niveau de conversation – brefs regards amusés, subtils tressaillements du coin des lèvres – l’amenant à suspecter que le ton en apparence informel de l’échange demeurait cependant en partie contraint, joué à l’intention de l’intruse qu’elle était, et elle s’interrogea sur le nombre de subtilités qui lui échappaient.

- Comment va Rodney ? demanda Carter quelques secondes plus tard.
- Il râle parce qu’il n’a plus le temps de partir faire sauter des planètes. Ou parce qu’il n’a pas assez de café, ou parce qu’Atlantis n’est pas suffisamment ébahie devant son esprit manifestement supérieur. Rien de neuf, donc.
- Un bon point pour l’I.A. Pour revenir aux artefacts, j’ai vu ce que je pouvais faire. Vous devriez avoir une équipe SG de disponible d’ici quelques heures.
Elle sortit d’un tiroir un petit dossier, qu’elle tendit à Daniel.
- SG-17. C’est une équipe de reco stratégique. Ils sont habitués aux missions de longue durée et ont escorté quelques ambassadeurs et VIP il y a deux ans. Je n’ai rien de mieux avec aussi peu de temps.
- Ca devrait aller, fit Jackson. On ne part pas dans une mission de combat, normalement.
- C’est ce que tu disais pour toutes ces fois avec Vala.
- Je m’en suis sorti !
- Oui, et moi et Jack, on a fait des heures sup’ pour régler les conséquences diplomatiques.
- Comme si c’était un problème…
- Quand même. Enfin, j’ai fait faire quelques recherches sur la planète que vous m’avez indiquée comme site de fouilles…
- Pardon ? demanda Jackson. Je n’ai pas envoyé de coordonnées.
- Tu en es sûr ? Parce que j’ai reçu un second message indiquant où vous alliez aller, avec l’équipe.
- Anna ? demanda l’archéologue.
- Je n’ai rien envoyé non plus. Je n’ai pas, de toute façon, les autorisations pour ça.

J’ai envoyé quelques informations complémentaires au général Carter, intervint Atlantis dans ce qui semblait à Anna être une voix basse. Cela me semblait être le plus approprié pour vous faire bénéficier de préparatifs convenables, au vu de la réputation du docteur Jackson pour l’improvisation.

- Sans doute Atlantis, continua la scientifique en faisant un imperceptible acquiescement en direction de Jackson. Après tout, c’est la seule autre… personne à être au courant.
- Elle a à ce point accès à nos systèmes de communication ? s’effraya Carter.
- Elle a des caméras, des micros et des contrôles environnementaux absolus dans la Cité, répondit Jackson, avant de rajouter, jugeant la précision utile, et elle est intelligente. Elle peut trouver tous nos mots de passe si elle veut.
- On parlera de ça plus tard, Daniel, répondit Carter en fixant quelques instants son regard sur Anna. En tout cas, il y a un petit problème : la planète en question appartient à une corporation basée sur Hébrida. Leurs règlements imposent une autorisation officielle pour faire des fouilles sur place, donc j’ai fait le nécessaire pour prendre rendez-vous avec un de leurs cadres supérieurs. Les détails sont dans le dossier.
- D’accord, merci.
- C’est juste qu’on aimerait tous éviter l’incident diplomatique dans les deux jours après ton arrivée. Autrement, je connais un ou deux bureaucrates qui pourraient finir par faire le lien.
- Et ils ne sont pas tous comme Woolsey, je présume.
- Non, vraiment pas.
- Logique. Sinon, comment vous vous en sortez, ici, avec les Jaffa ?

Le sourire de Carter s’effaça instantanément.
- Mal, pour être honnête. Tout ce foutoir dans le Nuage de Magellan a sacrément secoué la fourmilière. Presque tout le monde est d’accord pour dire que ce n’est plus qu’une question de temps.
Elle posa à nouveau son regard sur Anna, tentant de la jauger.
- C’est bon, Sam, fit Jackson. Vu ce qu’elle sait déjà, on peut bien la laisser…
- Non. Désolée, docteur Stern, mais je vais devoir vous demander de nous laisser.
Elle acquiesça, et Carter continua :
- Merci. Un de mes aides vous indiquera la chambre qui vous a été attribuée pendant votre séjour ici. Daniel, tu pourras l’appeler dès qu’on en aura fini ici.

Les deux amis regardèrent Anna quitter le bureau, puis, une fois la porte refermée derrière elle, Carter reprit :
- Je ne lui fais pas confiance.
- Bienvenue au club, répondit Jackson. Mais je n’ai pas vraiment le choix. Atlantis la manipule complètement, et elle s’en rend très bien compte. Mais quelque soit son plan, il nous implique et on évite d’être des obstacles.
- Le plan de qui ? Le docteur Stern ou Atlantis ?
- S’il te plait, Sam ! Tu crois vraiment qu’Anna est capable de monter des plans qui nous inquiéteraient ? C’est une universitaire, pas spécialement intéressée par le travail de terrain. La seule chose qui l’a mise là où elle est maintenant, c’est qu’elle travaillait sur le mauvais dossier au mauvais moment et qu’Atlantis s’est prise d’intérêt pour elle. Si elle joue bien ses cartes, et que l’I.A. ne nous trahit pas plus que de nécessaire, elle devrait pouvoir s’en sortir et bosser à plein temps sur les Ori, mais ce n’est rien de plus qu’un hasard. Un coup de chance.
- Ne sous-estime pas la chance, Daniel. Regarde où elle nous a amenés, tous les deux.
- Oui, mais ça ne change rien à ce que je disais : c’est d’Atlantis dont il faut se méfier. Anna… le docteur Stern, elle est davantage son intermédiaire. Je vais la surveiller, bien sûr, mais elle n’a jamais vraiment connu les intrigues et les manipulations en-dehors de ce qui se passe entre les différents projets de recherche là-bas. Tu la lâcherais dans les bureaux de l’Administration, ou chez Jack, et elle se ferait détruire avant la fin de la semaine.
- Tant que tu sais dans quoi tu te lances… conclut Carter.
- Sinon, la situation de ton côté ? Les Jaffa ?
- La guerre n’est plus qu’une question de jours… de semaines, au mieux. A moins que Bra’tac réussisse à neutraliser Gerak et ses amis, mais personne n’y croit ici. J’ai des équipes SG envoyées un peu partout pour préparer le terrain, c’est pour ça que je n’ai pas pu te donner un meilleur groupe que SG-17.
- Ca devrait aller, normalement.
- Normalement. Mais la situation n’est pas normale. Si les Jaffa apprennent que tu es loin d’une de nos bases, ils voudront te capturer. Au mieux. Je préférerais vraiment ne pas avoir à dire à Jack qu’il doit négocier pour te récupérer.
- Et Teal’c ? Est-ce qu’il peut faire quelque chose ?
- Pas vraiment. Il a toujours quelques contacts, mais il n’y a que Bra’tac qui ne l’ait pas mis à l’écart, depuis qu’il est devenu notre ambassadeur. J’espère juste qu’il saura se mettre à l’abri quand toute cette affaire va nous sauter à la figure.
- On l’espère tous, souffla Jackson, en repensant au Jaffa qui, au fil des ans, était devenu l’un de ses meilleurs amis et l’une des très rares personnes à qui il vouait une confiance aveugle.


Anna avait haussé les épaules en entendant la porte se refermer derrière elle, et avait pris le badge d’identification que lui avait tendu l’un des officiers présents dans l’antichambre du bureau de Carter.

S’approchant de l’un des ascenseurs, elle inséra la petite carte, et aussitôt la cabine s’ouvrit devant elle, dans laquelle elle trouva le panneau de commande partiellement illuminé. Son regard se posa sur les quelques boutons éclairés, indiquant les étages auxquels elle pouvait se rendre.

Tiens donc, se dit-elle en voyant le bouton correspondant à l’étage où se trouvait sa chambre, niveau moins vingt. Quelqu’un est bien renseigné… Enfin, pas étonnant, s’ils peuvent être invisibles pour Atlantis.
Elle appuya dessus et lâcha un léger soupir alors que les portes se refermaient devant elle.

Moins d’une minute plus tard, elle avançait à nouveau dans des couloirs tout aussi fonctionnels et peu accueillants que ceux du niveau principal qu’elle venait de quitter. Près de l’ascenseur, elle trouva un pupitre de communication semblable à ceux qu’elle avait connu lors de son premier séjour au SGC, avant son départ initial vers Atlantis. Y glissant le badge, Anna vit s’afficher une série d’options, parmi lesquelles elle sélectionna une carte. Aussitôt, un plan apparut à l’écran, et lui indiqua l’emplacement de sa chambre, ainsi que des quelques points d’intérêts de l’étage, dont un seul retint véritablement son attention.

La cafétéria… Encore deux heures et demie, donc, et je vais voir qui vous êtes… Très bien, se dit-elle en reprenant son chemin pour se rendre vers le minuscule logement qui lui avait apparemment été assigné.

Le trouvant rapidement, elle posa son sac près d’une table métallique qui ne se faisait remarquer que par sa simplicité et son classicisme, avant de s’asseoir sur le lit tout aussi primaire. S’allongeant sur celui-ci, Anna déposa le badge sur la table de nuit voisine et laissa ses pensées dériver pendant quelques minutes, jusqu’au moment où son oreillette l’avertit d’un appel entrant.

- Anna ? demanda la voix de Jackson.
- Docteur Jackson ?
- Retrouvez-moi avec vos affaires devant l’entrepôt 21, étage moins douze. J’ai fait mettre à jour votre badge. Venez avec vos affaires.
- D’accord, j’arrive.

S’étirant les bras, elle renonça au confort relatif qu’offrait le matelas, et se leva, avant de prendre d’un geste le sac à dos.
- Et c’est reparti, murmura-t-elle.




Pendant quelques instants, il avait semblé à Van’Tet que tout mouvement s’était figé autour de lui, à l’exception du nuage de débris qui terminait de se disperser. Les mercenaires autour de lui attendaient les ordres de Suessi, les silhouettes éloignées des jaffas s’étaient arrêtées en entendant l’explosion, et il faisait son possible pour ne pas attirer l’attention sur lui. Sa situation était plus précaire que jamais, et, si jamais l’on venait à se douter de sa participation au fiasco, il n’aurait que le temps d’être surpris avant d’être tué par l’une des armes désormais brandies.

Fixant son regard sur un fragment de coque qui descendait lentement vers le sol rocailleux, il se surprit à ressentir chacun des battements de son cœur comme si aucun autre son ne venait les assourdir.

L’instant d’après, il lui vint à l’esprit que, effectivement, le silence s’était fait sur l’ensemble du chantier, drapant celui-ci d’un sentiment de calme parfait. Que le nuage incandescent venait déchirer.

Un autre battement de son muscle cardiaque, et le bloc qui avait quelques secondes plus tôt fait partie de la pyramide du vaisseau était désormais à mi-chemin de sa destination finale.

Rester avec eux. La folle me tuera si je fais quoi que ce soit.

A nouveau, le grondement sourd dans sa poitrine, et les premiers débris venaient percuter les rochers, projetés légèrement plus vite que la lourde masse de blindage.

Survivre, jusqu’à ce qu’on soit capturés. Trouver le chef de la garnison, savoir dans quel camp il est. Rentrer à la capitale ou envoyer un message. Contacter Bra’tac.

Un ultime son furtif, qui contrasta par sa faiblesse avec l’impact ravageur de plusieurs dizaines de tonnes de métaux sur une surface qui n’avait pas connu de telle agression depuis les temps géologiques. Instinctivement, avant même que le vacarme de l’impact n’atteigne ses oreilles, l’espion sut la même chose que chaque humain et jaffa présent sur le site.

Il était temps d’agir.

- On bouge ! fit Suessi, en se retenant de parler trop fort alors que le grondement de l’impact l’atteignait enfin. Vos armes sous les vêtements. Allez !

Le jaffa n’hésita pas un seul instant, et imita le reste du groupe en suivant, l’arme prête à tirer, celle qui venait d’abandonner toute prétention, quittant sa précédente attitude de prisonnière aussi aisément qu’elle l’avait adopté plus tôt, pour redevenir la mercenaire qu’il commençait à connaitre.

Alors que son corps suivait, par réflexe, les mouvements de la chef de groupe, il remarqua, avec un détachement qui l’aurait étonné s’il avait eu le temps de s’attarder dessus, que celle-ci rayonnait d’une aura de danger qu’il n’avait jamais eu l’occasion de voir chez elle. A l’instar de ses subordonnés, elle gardait, dans une posture inadaptée à son pas de course actuel, son imposante arme sous le tissu de piètre qualité qui constituait le semblant d’uniforme des prisonniers.

Sans un mot de plus, elle les guida vers un amoncellement rocheux trop escarpé pour abriter des patrouilles régulières, et qu’il supposa être le point de rendez-vous où les attendrait le transport. Ses réflexes laissant progressivement le pas à une réflexion plus pesée, il regarda autour de lui, cherchant à faire un point rapide sur la situation dans le reste du chantier, qu’ils allaient bientôt retraverser.

Tout comme son groupe, les jaffas de la garnison étaient à présent en proie à une agitation générale, les ordres criés à la volée, tandis que les forces les plus éloignées lui semblaient revenir vers le site de l’explosion.

Brusquement, son attention fut ramenée à son environnement immédiat, lorsque la voix de Suessi perça la confusion ambiante et s’adressa à lui :
- Comme si ça suffisait pas… Van’, une patrouille devant. Baratine-les.
- Et qu’est-ce que vous voulez que je leur dise ?
- J’en sais rien, n’importe quoi. Attire leur attention.

Facile à dire… Elle va me faire tuer, voilà ce qui va arriver…

Au moment où il fixa son regard sur l’escouade de jaffas qu’elle avait désigné, il vit ceux-ci s’arrêter brusquement, pour se tourner en direction du petit groupe. Se retournant brièvement, il vit que le reste des mercenaires avait ralenti le pas, le laissant gagner du terrain.

Les occuper. Ou leur transmettre un message. S’il y a un officier, peut-être que je pourrais…

Au pas de course, il réduisit la distance le séparant des gardes, prenant soin de maintenir sa lance pointée vers le ciel, tandis que les leurs étaient à moitié baissées, prêtes à être dirigées sur lui.

- Où est-ce que tu vas, avec ces prisonniers ? lui demanda le plus vieux des jaffas.
- Là-bas, répondit-il en pointant le terrain rocheux derrière eux, avant d’avoir une longue hésitation, ne sachant plus quoi dire. C’est… pour qu’ils ne s’enfuient pas.
- De quoi est-ce que tu parles ? se vit-il répondre.
- Ils pourraient essayer de fuir, avec tout ça, dit-il, sans assurance, au bord de la panique alors qu’il était assailli d’idées contradictoires sur la marche à suivre. Hésitant entre leur dire de donner l’alerte, trouver un mensonge plus plausible ou faire en sorte d’avoir à les accompagner, et mettre ainsi autant de distance que possible entre lui et Suessi, il resta silencieux un instant de trop.

D’un même mouvement, les quatre jaffas de la patrouille abaissèrent leurs lances, les armant dans la foulée.
- Tu vas venir avec n… commença le chef, avant d’être interrompu par une voix féminine.

- Descendez-les ! ordonna Suessi, une vingtaine de mètres derrière Van’Tet.

L’espion, obtenant une réponse claire quant à sa situation, n’hésita plus, et se laissa tomber sur le dos, alors que partaient les projectiles des intars. Ceux qui le menaçaient, surpris par le cri venant du groupe de prisonniers auquel ils avaient négligé de faire attention, n’eurent que le temps de voir les éclairs rougeâtres avant de sombrer dans l’inconscience. L’un d’entre eux, portant sans doute encore un symbiote, résista quelques instants à la décharge, avant d’être assommé par un second tir.


Quelques secondes plus tard, Van’Tet se releva, ignorant la légère douleur dans son dos, et vit ses sauveurs se rapprocher de lui rapidement.

- Je sais pas ce que tu leur as raconté, mais on dirait que ça ne leur a pas plu, conclut laconiquement Suessi.
- J’ai remarqué…, fit-il en ramassant sa lance.
Il se tourna vers la patrouille et s’approcha des jaffas inanimés, lorsque la mercenaire le rappela à l’ordre :
- On n’a pas le temps ! Leurs copains vont nous tomber dessus d’un instant à l’autre.
Van’Tet acquiesça, mais garda quelques instants de plus son regard fixés sur eux.


Les corps disloqués et brûlés étaient restés visibles, détail auquel nul ne prêtait la moindre attention dans l’enfer qu’était devenu le cœur de la capitale. Il se dirigeait aussi vite que possible vers la Porte, priant inconsciemment pour ne pas se faire voir de la divinité vengeresse qui éclairait la nuit de sa propre étoile aveuglante.

Il les avait abandonnés par deux fois. D’abord en fuyant le champ de bataille, puis en y revenant pour le traverser sans combattre. Ils l’avaient accepté, allaient faire de lui un membre à part entière de leur groupe, et le moment venu, il s’était enfui et trahi ses frères d’armes. Avait commis le pire crime dont un guerrier jaffa pouvait se rendre coupable.

Il faisait son
autre devoir, s’était-il dit pour se justifier, alors que ses jambes l’éloignaient du charnier qu’était en train de devenir la position qu’Elle annihilait. Mais une part de lui savait qu’il ne serait jamais pardonné.


Et il venait de trahir un autre groupe, alors qu’il aurait dû, selon toute logique, lutter et tomber à leurs côtés. Un pas de plus, dans une direction qui devenait à chaque instant plus incertaine.

Fermant les yeux un bref instant, il se détourna des jaffas et se remit à courir pour rattraper le reste du groupe.


Lorsqu’il arriva au niveau de Suessi, ce fut pour la voir ranger son communicateur et se tourner brièvement vers lui, sans cesser sa progression :
- Le transport va rappliquer là-bas.

Il acquiesça sans répondre, tandis qu’il voyait désormais ce qui allait immanquablement être le point de rendez-vous : un cratère relativement profond dans lequel pouvait se poser un vaisseau de la taille d’un Tel’Tak. Soudain, son regard fut attiré par un mouvement rapide dans le ciel, qu’il ne parvint pas à identifier du premier coup. Le juron de la femme à ses côtés lui fit penser qu’elle avait reconnu de quoi il s’agissait, et il allait le lui demander lorsque le phénomène se reproduisit, et qu’il n’eut, à son tour, aucun problème pour en déterminer la nature.

Un tir de lance, qui était parti dans leur direction. Et, surtout, qui n’était probablement pas le premier, indiquant que quelqu’un, sur le chantier, avait vu la rencontre avec la patrouille, et donné l’alerte.

Mais, et il le savait, les jaffas qui leur tiraient dessus étaient bien trop éloignés pour faire mouche sur les fuyards, sauf coup de chance (ou de malchance, selon le point de vue) extraordinaire, et Van’Tet continua à courir vers la dépression dans le sol devant lui. En quelques enjambées, il arriva à proximité, et n’hésita pas un seul instant à se plaquer au sol pour profiter de la couverture offerte par les rochers avoisinants. D’un regard, il vérifia que Suessi et les autres s’étaient bien arrêtés eux aussi dans le cratère, et se rapprocha d‘eux.

Avant qu’il ne puisse poser de question sur la suite, il aperçut le transport surgissant des nuages pour se diriger vers leur position.
- On n’a pas longtemps, alors foncez, rappela la chef du groupe, la tête pointée vers le vaisseau qui était leur échappatoire à tous.

Suivant le mouvement du petit appareil, Van’Tet fut brusquement pris d’un mauvais pressentiment qui le fit serrer plus fort sa lance, jetant de brefs coups d’œil aux alentours, avant de ramener à nouveau son attention sur le vaisseau. Ce fut à cet instant précis qu’il se rendit compte de ce qui avait causé cette impression désagréable, remarquant enfin les deux points noirs qui fonçaient droit vers le Tel’Tak.

Des planeurs !

Il se tourna vers les autres mercenaires pour les prévenir, mais se rendit compte à leurs visages qu’ils avaient à leur tour vu la menace.

- Deux chasseurs derrière toi ! vociféra Suessi dans son communicateur, tandis que le transport virait brusquement de bord.

Quelques instants plus tard, la paire de vaisseaux légers avait commencé à ouvrir le feu, libérant des dards de plasma en direction du sol, chaque tir se rapprochant davantage du Tel’tak qui les avait amenés sur Dakara. Le jaffa se rendit compte, au bout de quelques secondes, qu’il avait retenu son souffle depuis le début de l’attaque, et se força à inspirer profondément, sans ôter son regard de la poursuite qui s’engageait au-dessus de lui.

Les deux ailes volantes manœuvraient adroitement pour garder le vaisseau de transport face à eux, sans cesser de tirer, les projectiles perdus venant ravager ça et là le morne paysage autour du chantier spatial, quand Van’Tet vit d’autres tirs venir de celui-ci. Restant accroupi, il se dirigea vers le bord du cratère, et jeta un bref coup d’œil qui confirma ses craintes.

La garnison avait commencé à se réorganiser, et se dirigeait désormais vers eux, quelques tirs partant de temps à autre en direction de leur frêle vaisseau. Il allait prévenir le reste des mercenaires de ce qu’il venait de voir lorsqu’un bruit sourd vint l’interrompre, et le forcer à se tourner la direction de son origine.

Il vit une longue trainée de fumée noire sortir du transport, qui avait apparemment perdu des fragments de sa coque.

Oh non…

Le vaisseau sensé les sortir de cette situation désastreuse était à présent incontrôlable, faisant des embardées irrégulières qui, ironiquement, semblaient réduire le nombre de tirs trouvant leur cible, mais il n’avait plus aucun doute quant à l’issue du combat. Pris par une certaine curiosité morbide, il continua à fixer du regard le Tel’Tak tandis qu’il se faisait pilonner sans relâche par ses adversaires, jusqu’au moment où il reçut un coup dans l’épaule.

Il vit Othar lui faire signe de se lever :
- Viens, on se barre !

Aussitôt, il s’exécuta, suivant le reste du groupe, qui s’extirpait du cratère avant de se remettre à courir. Les imitant, il ne se retourna même pas lorsque les explosions redoublèrent de fréquence, annonçant la destruction imminente et inéluctable du vaisseau qui devait les soustraire à la contre-attaque de ses anciens frères d’armes.


Dernière édition par Rufus Shinra le Lun 9 Mai 2011 - 2:28, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Effet Papillon [Tome II]   Effet Papillon [Tome II] - Page 6 EmptyLun 9 Mai 2011 - 2:10

Qu’est-ce qui se passe, là-bas ? se demanda Carl, en observant avec ses jumelles l’agitation qui commençait à s’emparer des patrouilles, apparemment redirigées vers le centre-ville. Posant son fusil d’assaut sur le coin d’un mur, il vérifia à nouveau que les obstacles qu’il avait mis en travers de la porte étaient bien calés avant de retourner près de la fenêtre lui servant de poste d’observation et de tir.

Loin du quartier périphérique constituant le point d’extraction, la ville semblait s’être réveillée de façon étrange. Même s’il s’agissait de sa première visite dans la capitale jaffa, il se doutait que les départs brutaux de vaisseaux au loin et le renforcement impromptu des patrouilles n’était pas chose normale. Il ignorait juste s’il s’agissait ou non d’une réaction à la mission qu’il était lui-même en train de couvrir, et l’incertitude commençait à le peser.

Continuant son observation, il remarqua finalement plusieurs groupes se dirigeant vers les positions que lui et le reste de sa section étaient censés défendre. Il vit aussitôt qu’il s’agissait de soldats, et, au vu de leur matériel, très probablement ceux qu’il devait récupérer. Avant que le jeune pilote puisse cependant les observer plus avant, son attention se reporta sur le groupe voisin, qui semblait transporter une caisse de grande taille, apparemment fermée à la va-vite. Remarquant brièvement des anfractuosités sur l’ensemble des parois, il s’attarda sur le contenant jusqu’à ce qu’il passe hors de sa vue, derrière une habitation.

Probablement eux… se dit-il.

Après quelques instants de réflexion, il prit sa radio et appuya sur le bouton d’émission :
- Remora, contacts en visuel. Ils se dirigent vers nous. Je pense que c’est les nôtres, mais je n’ai pas eu le temps de le vérifier. A vous.
- … Bien compris, se vit-il répondre après quelques instants. Je vais voir ce que c’est.
- J’ai vu pas mal de remue-ménage chez les jaffas. Vous savez si c’est pour nous ?
- Aucune idée pour l’instant. On peut espérer que c’est pour… les autres, fit-elle.
- D’accord. Terminé.

Il s’apprêta à reprendre son observation lorsqu’il entendit à nouveau la voix de sa supérieure sortir de la radio :
- Ah, vous êtes là. Le gamin venait justement de m’appeler. Il vient de vous voir arriver. Tout s’est bien passé ?
- On a récupéré ce qu’on est venu chercher, Tamara, répondit une voix masculine.

Carl allait intervenir pour indiquer que le bouton de transmission avait dû rester coincé, mais se ravisa en entendant la voix continuer :
- Je veux lui parler avant qu’on décolle. Dis-lui de venir.
- Il est en surveillance sur un des PPO, c’est pas prudent de le relever comme ça.
- On est tranquille de notre côté, le reste du groupe va arriver rapidement. Tout ira bien.
- Comme vous voulez… répondit la voix de Remora, avant de reprendre, quelques secondes plus tard. Banet, lâche ton poste, et viens me voir illico. Quatrième bloc à droite en sortant de ta planque par là où tu es rentré.

Il eut un instant d’hésitation, puis répondit :
- D’accord, j’arrive.

Qu’est-ce qui se passe, maintenant ? se demanda-t-il une fois de plus, en sortant du bâtiment à moitié construit.



Les échanges de tirs n’avaient fait que s’intensifier au cours des derniers instants, alors que la distance entre les deux groupes de vaisseaux ne faisait que décroître. Fascinée, Shanti regardait les canons se décharger les uns après les autres, guidés par l’I.A. qui, apparemment, menait une seconde bataille en parallèle, ce afin d’assurer sa maitrise de l’information et de l’exploiter par ses armes. Plusieurs fois, elle avait jeté un bref coup d’œil sur les rapports d’activité concernant ce combat invisible, témoignant des innombrables pièges, signaux brouillés et autres virus militaires qui occupaient la quasi-totalité du spectre électromagnétique, des transmissions subspatiales et des fluctuations gravitationnelles.

Une partie de son esprit avait été sidérée de voir que l’I.A. utilisait des éléments mobiles de ses propres vaisseaux pour transformer l’information de leur masse en autant de programmes mortels qui prendraient l’assaut des détecteurs ennemis voulant obtenir une donnée aussi basique. Puis elle s’était rendu compte que ses adversaires en faisaient tout autant, utilisant le gradient de gravité les protégeant afin de brouiller ces virus, voire même de les reprogrammer en quelques fractions de seconde.

Simultanément, des lasers de détection, qu’elle n’aurait pas hésité à une époque à qualifier d’armes de destruction massive, sondaient les boucliers et les projectiles, adaptant les uns aux autres à une vitesse et avec une efficacité qui aurait sans nul doute réduit en larmes les meilleurs ingénieurs de la Flotte.

De temps en temps, certains projectiles trouvaient leur cible, mais sans la moindre conséquence, alors que tout indiquait que, dans cette phase préliminaire de la bataille, la quantité de tirs était privilégiée à leur puissance individuelle, les projectiles n’étant considérés que comme autant de sondes individuelles.

Dans un coin de son esprit, l’I.A. lui avait envoyé une représentation simplifiée du plan de bataille, indiquant les prochaines étapes de l’opération, ainsi que les actions prévues de l’adversaire. Atlantis avait apparemment prévu de mettre un terme au combat en quelques minutes à peine, ce qui étonna la jeune femme pour qui ce délai s’était déjà écoulé.

Jusqu’au moment où l’Entité multimillénaire lui fit remarquer que seules quelques secondes avaient passé depuis le début des hostilités, lui rappelant que le temps subjectif était infiniment plus long que le réel, lorsque l’on bénéficiait de telles améliorations à son système cérébral et nerveux.

- Qu’est-ce qui se passe lorsqu’on arrive à cet endroit ? demanda-t-elle en pensant spécifiquement à une bande écarlate de la carte tactique, synchronisée avec la fin prévue de la bataille.

- J’aurai suffisamment d’informations sur les coordonnées de l’ennemi, ainsi que ses capacités. Il sera alors possible d’engager les canons tachyoniques et de détruire l’intégralité de l’escadre adverse.

- En un coup ? s’étonna-t-elle.

- Oui.

- Mais, fit-elle,est-ce que Hagalaz ne va pas se rendre compte que vous êtes derrière tout ça ? Qui d’autre que les Anciens pourraient avoir des armes aussi puissantes ? Ca va être comme pour les drones, une preuve de notre identité.

- Un indice, plutôt qu’une preuve, qui renforcerait ses suppositions à notre égard. Cependant, il n’y a pas à se poser de question à ce sujet particulier, pour une raison simple : aucun des vaisseaux que je ciblerai n’aura le temps de faire le moindre rapport à ce sujet.

- Et si vous en ratez un ?

- Alors il y aurait une possibilité pour que Hagalaz décide d’intervenir et de me détruire. C’est pour éviter cette éventualité que je prends donc mon temps afin d’obtenir toutes les informations nécessaires à une attaque optimale.


Mettant fin à la conversation, Shanti reprit son observation de la bataille, son attention hésitant entre les rapports que lui fournissait Atlantis et les données brutes reçues par les nombreux détecteurs du vaisseau. Les tirs, visibles et invisibles, continuaient de déchirer l’espace de manières dont elle n’aurait pas soupçonné qu’elles fussent possibles jusqu’à son enrôlement de force, et dont elle apprenait l’existence-même en parcourant les fenêtres d’information qui s’affichaient sur les comptes-rendus.

Elle posa son regard sur la carte tactique, voyant les vaisseaux adverses s’éloigner progressivement de la zone de combat, et s’étonna de leur attitude, alors même qu’aucun d’entre eux n’avait été touché de façon grave.

- Un piège ? demanda-t-elle à l’I.A.

- Possible, répondit celle-ci. Je suis en train d’évaluer les différentes possibilités. Quoi qu’il en soit, il est crucial de poursuivre l’engagement de façon à neutr…

- Atlantis ? s’étonna Shanti. Atlant…

La jeune femme n’eut pas le temps de poursuivre, alors que son esprit se vit inonder de requêtes et de commandes obscures, lui demandant ses ordres pour l’infinité de systèmes spécifiques qui faisaient fonctionner le vaisseau autour d’elle.

- Atlantis ! cria-t-elle, perdant l’équilibre, submergée par le torrent de connexions.

Lieutenant Bhosle, répondit la voix familière. Ceci est un message enregistré, qui ne vous sera délivré que dans le cas ou je me trouverais dans l’incapacité de poursuivre le contrôle actif des vaisseaux dans lesquels vous naviguez. Une telle situation est très probablement due à une action adverse. Quoi qu’il en soit, vous héritez, dans un tel cas, du contrôle total du vaisseau à bord duquel vous êtes. Il est de votre responsabilité de poursuivre et terminer ce qui a été commencé lors de cet affrontement. Sauf instructions contraires de ma part entre l’enregistrement de ce message et l’interruption de nos communications, votre objectif prioritaire est l’anéantissement des vaisseaux agissant pour Hagalaz. Si vous êtes dans l’incapacité de d’atteindre ce but, assurez-vous de causer autant de dégâts que possible, étant donné que les contre-mesures apparemment employées rendront impossibles de nouvelles frappes de ma part.

Quoi qu’il en soit,
reprit-elle après une brève pause où s’était affiché la date de dernière mise à jour du message, l’emploi de technologies et d’armements permettant l’identification de notre origine est strictement prohibé, et en conséquence, les équipements concernés ont été désactivés physiquement. Je souhaiterais pouvoir vous fournir plus d’aide, mais en ai été apparemment rendue incapable. Rappelez-vous que plus la défaite de l’ennemi sera importante, plus longtemps leur offensive sera retardée. Vous aurez besoin de ce temps pour neutraliser la véritable menace et éviter davantage de destruction dans votre galaxie.


Shanti resta paralysée, assimilant lentement le contenu du message.

Oh. Merde, fit-elle finalement.

Elle fut rappelée à la réalité par une nouvelle série de messages, lui demandant des ordres supplémentaires. Plusieurs salves adverses s’approchaient rapidement, alors que l’ensemble des capacités offensives et défensives de son vaisseau venaient de chuter brusquement. Au bord de la panique, elle le fit virer de bord, sans savoir exactement où aller sinon en-dehors des trajectoires projetées des attaques, autorisant l’instant d’après ses systèmes de guerre électronique à passer en contrôle automatique.

Merde ! Merde ! Merde ! Qu’est-ce qu’on peut faire ?

Répondant à sa question, le système de commande afficha plusieurs séries de plans tactiques dont la dernière mise à jour remontait aux ultimes instants de présence d’Atlantis à bord.

- Est-ce que vous me recevez ? demanda la jeune femme à ses deux coéquipiers.
- Shanti ! lui répondit Campbell. C’est quoi ce foutoir ? J’ai reçu le message d’At…
- J’en sais pas plus, l’interrompit-elle. Commandant ?
- Pas plus d’infos, répliqua Maltez. Mais on va devoir s’organiser rapidement, autrement, on va se faire démolir. Des idées ?
- On va devoir suivre un des plans qu’elle a laissé, suggéra Shanti. A moins que quelqu’un voie un meilleur truc.
- Pas vraiment, concéda leur supérieur. Donc, trouver tous ces vaisseaux et les démolir d’un coup, c’est ça l’idée ?
- En effet, commandant, répondit la voix de l’I.A.
- Atlantis ! s’exclamèrent de façon presque simultanée les trois humains.
- Les vaisseaux adverses ont mis en place un brouillage particulièrement intense des communications subspatiales, que je suis en train de forcer tant bien que mal en appliquant plus de puissance à mes transmissions. Cependant, la bande passante dont je dispose est extrêmement réduite, et je suis incapable de vous fournir une assistance similaire à celle dont vous disposiez avant.
- Concrètement ? demanda le pilote.
- Je peux communiquer avec vous, et vous envoyer certains signaux, mais je ne peux accéder aux données en provenance de vos systèmes de combat. Du moins, pas de façon aussi complète que je le voudrais.
- Est-ce qu’on a une chance de s’en sortir, comme ça ? demanda Shanti.
- A priori, oui. Mais pas avec l’aisance prévue. Je vais vous utiliser comme relais. Dans la mesure du possible, obéissez à mes ordres en réfléchissant le moins possible, étant donné que les consignes vous seront données comme à des officiers de la flotte de mes créateurs et que je compte utiliser les souvenirs implantés davantage que vos personnalités propres.
- Et ça devrait marcher ? fit Campbell.
- C’est l’une des raisons pour lesquelles je vous ai fourni ces profils supplémentaires et que je ne me suis pas limités à ceux dont nous avons discuté dernièrement. Donc, effectivement, j’ose espérer que ce plan de rechange fonctionne. Si toutefois vous ne vous y opposez pas. Ce qui, je pense ne pas avoir à le rappeler, serait particulièrement peu avisé, étant donné que vous êtes à bord des vaisseaux actuellement ciblés par une puissance de feu supérieure à la quasi-totalité des flottes de votre galaxie.
- Quasi ? remarqua sarcastiquement Maltez. Je croyais qu’on était tous un tas de primates sans éducation bons pour l’abattoir sans votre aide…
- Bien sûr, commandant Maltez. Mais je n’ai pas eu de mise à jour récente ou suffisamment complète sur la situation des Nox, d’où ma prudence quant à une estimation préliminaire du rapport des forces. Quoi qu’il en soit, nous allons suivre le plan d’origine, mais au tempo accéléré pour réduire l’avantage détenu désormais par nos adversaires.
- Une petite question, intervint Campbell. Je ne suis pas un as en psychologie, mais comment est-ce qu’on est censés faire pour obéir à vos ordres sans y réfléchir ? Aucune idée pour vous autres, mais, moi, je vois mal comment je vais faire.
- Je vous ai observé ces derniers jours, lieutenant, et il me suffira de vous soumettre aux stimuli ayant déclenché les souvenirs ad hoc pour que vous soyez dans le bon état d’esprit. Tout ce qui sera nécessaire de votre part est de ne pas résister activement. Bien sûr, je vous demanderai de prêter une attention particulière au déroulement des opérations, puisque, si nous perdons, ne serait-ce que brièvement le contact, vous devrez reprendre le contrôle.

Shanti voulut répondre, mais fut interrompue par un sentiment de vertige, qu’elle tenta de compenser inconsciemment. Avant de faire le moindre geste, elle se sentit entrainée par un réflexe qu’elle ignorait avoir, dirigeant sans hésitation sa main vers l’un des bras du fauteuil de commandement. D’une pression sur ce qu’elle semblait avoir toujours su être une interface de contrôle, la jeune femme fit s’afficher une série d’écrans autour d’elle, flottant librement dans les airs.

A la fois fascinée et effrayée, la jeune femme se regardait prendre manuellement les commandes du gigantesque vaisseau, suivant les différents protocoles d’identification d’urgence, voyant ses bras bouger au ralenti. Dans un coin de son esprit, elle entendait un murmure indistinct, qu’elle eut la certitude de venir d’Atlantis. A nouveau, les images, sons et impressions se superposaient dans une cacophonie sans pitié pour ses sens, alors que les souvenirs de Tsippora revenaient s’imposer en elle.

Etrangement, elle vit se former en elle ce qu’elle ne pouvait qualifier que comme un sentiment de bien-être, alors que le vaisseau passait entièrement sous son contrôle. Comme il aurait toujours dû l’être. Mais elle en ressentait les effets d’un point de vue extérieur, comprenant, malgré sa présence écrasante, qu’il était étranger, artificiel.

Ca doit être comme ça, pour l’hôte d’un Goa’uld, pensa-t-elle, sans savoir pourquoi.

Puis, la pensée éphémère persista, et provoqua chez elle un frisson.

Non. C’est… pire, continua-t-elle, entre deux gestes et souvenirs inconnus. Elle ne se…

Tsippora prenait le contrôle, devenant une part d’elle-même, la remplaçant pendant quelques fractions de seconde, le temps d’un geste, pour s’estomper dans le décor une fois le mouvement débuté, l’ordre donné.

…contente pas de contrôler mon corps…

Elle ne faisait pas appel à ses capacités de prescience, faisant plutôt confiance à son entrainement, à ses renseignements supérieurs et au plan monté par ses alliés pour remporter la bataille. Nul n’avait remporté un combat contre les Anciens avec une si faible supériorité numérique. Pas depuis les temps immémoriaux de la conquête spatiale originelle. Ils n’étaient pas agressifs. Mais pas sans défense non plus, et elle allait le leur prouver.

La jeune femme, membre de l’équipe SG-22, se réveillait d’un rêve trop réel. Un songe où elle était au même endroit, dans la même situation. Où elle n’était pas sûre d’être. Un rêve qui débordait sur le réel.

Ou le réel qui débordait sur le rêve.

En quelques secondes, elle avait déjà perdu le compte des transitions. Son inconscient lui donnait une idée de ce qui se passait dans le vaisseau, autour de celui-ci, mais ne lui était que d’une aide risible pour le reste.

Elle voulait s’enfuir.


La victoire était inéluctable. Tsippora n’avait pas le moindre doute à ce sujet, alors qu’elle rassemblait et analysait les informations fournies par les senseurs.





Non sans difficultés, Anna avait réussi à arriver à destination, reconnaissant la silhouette de l’archéologue qu’elle accompagnait, devant une porte colossale rayée de noir et de jaune. La scientifique haussa un instant les sourcils en observant la construction, puis reprit son chemin pour retrouver Jackson, qui avançait à présent vers elle.

- Bon, fit-il. J’ai réglé la majorité des détails avec Sam. Il reste la question du matériel. Je ne sais pas pour combien de temps on va en avoir, donc, on va prendre quelques précautions.
- Des armes ?
- Oui, et surtout du bon matériel. Parce que je doute que vous ayez le nec plus ultra en termes d’équipement de survie sur vous…
- Non, mais, est-ce qu’on en aura vraiment besoin ? On ne part quand même pas pour…
Elle s’interrompit en voyant Jackson se retourner lentement pour la fixer d’un regard où se lisait parfaitement l’avis qu’il avait sur ce qu’elle était en train de dire.
- On en aura besoin ? essaya-t-elle.
- Plutôt deux fois qu’une, si ça ressemble de près ou de loin à ce qui m’arrive dès que je pars pour plus de trois jours.
- D’accord, fit-elle, avant de s’avancer en direction de l’obstacle massif qui marquait la fin du large couloir.

Voyant les militaires en faction lui faire signe de s’arrêter, elle se retourna et chercha du regard son supérieur, qu’elle vit, immobile, là où ils avaient fini de parler une dizaine de secondes plus tôt, pointant du doigt une petite porte sur le côté.

- Anna, est-ce que vous auriez oublié de me dire qu’on aurait besoin d’armes nucléaires tactiques et de boucliers de catégorie navale pour cette mission ? demanda-t-il avec une pointe de sarcasme. Ce n’est pas que ça me dérange en soi, mais j’aurais préféré être prévenu plus tôt. Sam est comme ça, elle aime savoir quand je lui emprunte un de ses engins.
- Oh. Désolée, je croyais que…
- Que les armes de poing et le matériel de survie sont protégés par deux mètres de trinium et de carbure de tungstène ? Je sais que la prudence est de mise, mais il ne faut pas exagérer.

Se sentant rougir d’embarras, elle acquiesça silencieusement, tandis que Jackson lui faisait signe de le suivre. Le rattrapant rapidement, elle choisit de ne pas faire attention aux rictus sardoniques des gardes qu’elle croisa, et s’arrêta avec lui près d’un bureau, derrière lequel un sergent leur indiqua de déposer leurs badges d’identification.

- Nature du matériel ? leur demanda la femme, une fois les badges passés dans un scanner.
- Armes légères pour deux personnes, matériel et tenues pour une mission longue.
- Quel type de mission ? fit le sous-officier en tapant sur le clavier de son ordinateur.
- Confidentiel.
- … La procédure impose une seconde identification biométrique pour ce type d’opérations. Veuillez mettre l’index ici, dit-elle en soulevant le capot d’un autre appareil.
Jackson s’exécuta, et, quelques instants plus tard, fronça légèrement des sourcils, alors que l’aiguille dans le lecteur prélevait une minuscule goutte de sang.

Au bout de quelques secondes, le résultat s’afficha sur l’écran du sergent, qui eut, un bref moment, un air d’étonnement sur le visage avant de reprendre son attitude stoïque :
- Très bien, docteur Jackson. Avez-vous des réquisitions particulières ?
- Non.
- Entendu. Veuillez signer ici, dit-elle en tendant une tablette tactile et un stylet.
Une fois la signature prise, elle jeta un coup d’œil à son ordinateur, puis tendit l’appareil à Anna :
- Vous aussi, docteur Stern.
Elle obéit, et rendit la tablette à la femme devant elle, qui acquiesça :
- Merci. Vous avez accès à l’armurerie 5-A, ainsi qu’au centre d’équipement B. Le personnel a été prévenu, et vous aidera si vous le désirez. Oh, docteur Stern ?
- Oui ?
- Votre dossier indique que vous n’avez pas passé de nouvelle formation ou d’habilitation périodique aux armes légères depuis plus de trois ans. Est-ce exact ?
- Oui, répondit-elle.
- Dans ce cas, vous devrez passer au centre de tir affilié à l’armurerie pour faire confirmer votre habilitation temporaire, et êtes limitée aux armes de catégorie un et deux, à moins de faire réactualiser votre formation.


Une fois à l’écart du bureau, elle demanda à Jackson :
- Excusez-moi, mais, avant, vous étiez sérieux ?
- A propos de quoi ?
- Les armes nucléaires, et…
- Oui, c’est l’armurerie sécurisée. Le matériel lourd ou sensible. Tout ce qui devrait rester très loin de certaines personnes que je ne nommerai pas, dit-il en crispant un instant les mains, alors qu’il repensait à ses derniers congés.


Après quelques vérifications d’identité supplémentaires, les deux civils se virent enfin donner accès à l’armurerie désignée. Celle-ci, comme Anna s’en rendit compte avec étonnement, n’était rien de plus qu’un autre bureau, isolé des visiteurs par une vitre blindée qui ne présentait pas la moindre ouverture, seule une série de sas permettant apparemment de prendre ou ramener les armes entreposées derrière.

Elle laissa l’archéologue se présenter et indiquer ses réquisitions, puisque, de son propre aveu, elle n’avait aucune connaissance ou presque dans ce domaine précis. Observant les alentours, elle se vit ramenée à la réalité par la voix de Jackson :
- Vous aviez bien suivi la formation d’autodéfense civile, Anna ?
- Euh, oui. Mais c’était il y a quelques années, alors…
- D’accord, répondit-il avant de se retourner vers l’homme derrière la vitre. Une paire de Glock et de zats. Oh, et un Gauss deux millimètres.
Son interlocuteur hocha de la tête, puis tapa quelques instructions sur son ordinateur avant de se retourner et de se rendre dans l’entrepôt derrière lui.

- L’équipe doit être prête dans six heures, normalement, dit Jackson une fois l’homme disparu. Ca devrait nous laisser largement assez de temps pour les préparatifs, y compris pour vos petites leçons de tir.
- J’espère que je n’en aurai pas besoin, répondit faiblement Anna.
- Moi aussi, j’espérais ça, au début. Mais, honnêtement, je serais très surpris si je rentrais avec autant de munitions qu’au départ.
- Vous pensez qu’on va vraiment avoir des problèmes ?
- Ne soyez pas naïve, Anna, et ne pensez pas que je le suis. Enfin, il y a toujours une possibilité pour que rien ne se passe. Je suppose. C’est ce que postule la théorie du Multivers.
- Comment ça ?
- Les informations circulent très vite. Combien de temps est-ce qu’il faudra pour que la moitié de la galaxie apprenne que je me suis rendu en personne sur Hébrida ? Probablement pas plus de quelques heures. Et une bonne partie de ce joli monde sera au courant avant même notre départ.
- Vous voulez dire que la corporation que nous allons… ?
- Oui, Sam a du payer des suppléments pour la confidentialité, mais ça veut juste dire que l’info ne passera pas sur leurs chaines gratuites. Du moins, pas avant qu’elle ait raccroché. Donc, dès qu’on sera sur place, mieux vaudra garder les yeux grand ouverts. C’est aussi un peu pour ça que j’ai accepté de partir pour cette mission : il y a beaucoup trop d’inconnues pour tendre un piège subtil. Quelque chose de grossier, direct et mortel, oui. Mais ce n’est pas… son genre, je me trompe ?
- Non.
- Quoi qu’il en soit, pas d’initiative. Je sais que vous êtes du métier, que je ne devrais pas vous le dire, mais j’ai vu suffisamment de fiascos. Et j’en ai causé autant sinon plus moi-même. Là-dessus, Sam a raison. La règle générale, pour ce genre de sorties, c’est d’écouter les plus expérimentés, sauf en cas d’exception.
- Et, demanda Anna après quelques secondes, en se doutant que l’archéologue attendait sa question, comment reconnait-on les exceptions ?
- On ne peut pas, fit-il en souriant, alors que, derrière lui, la porte de l’entrepôt s’ouvrait pour laisser passer le sous-officier amenant leur matériel.



Elle se laissa à nouveau tomber sur le lit, avant de changer de position pour ne pas s’appuyer sur les deux armes de poing qu’elle portait désormais sur la tenue d’expédition que Jackson lui avait rapporté. Soupirant, Anna laissa son regard dériver sur le plafond mat, passant inconsciemment d’un détail à l’autre, l’œil fixé sur les petites anfractuosités du béton.

La formation l’avait forcé à retrouver certaines habitudes et gestes qu’elle avait pensé oublier au fil du temps. Un rattrapage dont elle admettait la nécessité, mais qui n’était pas allé sans peine, comme le lui rappelaient ses bras endoloris. Elle avait supposé, à tort, qu’Atlantis l’aiderait pour cet exercice, et avait été brutalement ramenée à la réalité par un instructeur aigri lorsque ses premiers tirs n’étaient même pas arrivés à proximité de la cible. S’en étaient suivies deux heures d’entrainement, au bout desquelles elle avait retrouvé une partie des mouvements inculqués lors de son arrivée dans le Programme, et l’instructeur l’avait laissée partir, l’air affligé de ses piètres résultats. Et la scientifique ne contestait pas l’opinion qu’il devait avoir d’elle, ayant brièvement comparé ses performances à celles des militaires présents dans les rangs voisins du stand de tir.

Mais elle n’était rien de plus qu’une civile, et son métier n’était pas de toucher une pièce de monnaie à une distance quelconque. Et le sous-officier le savait aussi, s’étant davantage assuré qu’elle ne serait pas un danger pour les personnes aux alentours.

Anna se crispa une fraction de seconde lorsque son agenda électronique lâcha une sonnerie stridente dans ses oreilles. Sachant parfaitement de quoi il s’agissait, elle se leva, et vérifia une dernière fois sa destination.

La cafétéria, donc…

Sortant de sa chambre, elle s’assura rapidement que l’archéologue n’était nulle part en vue, se doutant bien que, qui que soit la personne voulant la rencontrer, le docteur Jackson n’était apparemment pas censé la voir. Elle ne savait pas dans quoi elle s’engageait, mais avait cependant mis de côté toute prudence excessive depuis l’instant où elle avait accepté de coopérer activement avec l’I.A.

En entrant dans la pièce comble, elle repéra très rapidement la petite silhouette de la femme qui lui avait donné rendez-vous, et se rapprocha d’elle.
- Capitaine, dit-elle à celle-ci, qui se levait pour la rejoindre.
- Docteur, répondit l’officier, un sentiment de lassitude dans la voix.
- Qu’y a-t-il ?
- Rien. Enfin, si. Elle. Mais, suivez-moi.

Sans un mot, les deux femmes se dirigèrent vers l’ascenseur le plus proche, et attendirent de trouver une cabine vide pour y entrer. Là, l’officier appuya sur le bouton correspondant à l’étage le plus proche de la surface.
- Je ne sais pas exactement ce qu’elle veut avec vous.
- Je ne vois pas non plus. Déjà, si vous me disiez de qui vous parlez, exactement…
- Vous verrez. Un conseil, de la part de quelqu’un qui la connait : faites toujours attention. Elle n’est pas particulièrement… méchante, mais elle a un sens de l’humour bien à elle. Attendez-vous vraiment à tout, surtout à l’improbable.
- Comment ça ? De quoi vous parlez ?
- Elle… commença à dire l’officier lorsque, brusquement, l’ascenseur s’immobilisa avant de s’ouvrir et laisser rentrer quelques techniciens et militaires.

Le reste du trajet se fit dans le silence, les deux femmes ne parvenant plus à se retrouver seules, tant dans la montée que dans les couloirs subséquents. Finalement, elles arrivèrent près d’une porte, entourée de rayures noires et jaunes. Lisant les inscriptions à côté, Anna vit qu’il s’agissait d’un sas donnant sur la surface lunaire, et se figea.
- Qu’est-ce qui se passe ? Qu’est-ce que vous voulez ? demanda-t-elle en descendant lentement son bras vers ses armes.
L’officier leva un instant les yeux au plafond, puis appuya sur l’interrupteur d’ouverture, et la porte s’effaça aussitôt. Elle jeta un bref coup d’œil vers l’extérieur, et acquiesça :
- Elle est là. Je peux y aller, maintenant ?
- Oui, oui. Merci du coup de main, Sora, répondit une nouvelle voix.
- Je vous laisse, reprit l’officier, en indiquant d’un signe de main l’ouverture d’où était venue la réponse. Bonne chance.

Suivant la petite femme du regard pendant quelques secondes, Anna hésita, puis se rapprocha du sas ouvert. Finalement, elle inspira profondément, puis fit le dernier pas.

- Enfin, tu arrives… l’accueillit la personne en face d’elle.

Pendant quelques longues secondes, la scientifique détailla du regard l’improbable scène devant elle, alors qu’une femme, particulièrement élégante, semblait flotter en face d’elle, dans une posture assise, les jambes croisées. Son attention passa rapidement sur la longue chevelure argentée qui semblait flotter légèrement derrière elle. Le regard qui croisait le sien témoignait d’une impression d’amusement et de curiosité, auxquels était mêlé un sentiment de supériorité absolue.

Qu’est-ce que… ? pensa Anna pendant quelques instants, alors qu’elle était prise d’une certitude dérangeante. Je l’ai déjà vue. Où ?

Le silence se poursuivit, chacune jaugeant l’autre, la détaillant sans faire le moindre geste, avec seul le léger flottement de celle en face d’Anna pour lui rappeler que le temps ne s’était pas figé. Puis, brusquement, elle vit la femme étendre les jambes et se rapprocher du sol, pour s’y poser avec grâce avant d’avancer vers elle. Et la rejoindre à l’intérieur du champ de force qui isolait l’atmosphère du vide. Anna écarquilla alors les yeux en assimilant la nouvelle information, et, prise d’une terreur sourde, elle fit, très lentement, un pas en arrière.

- Bonjour, lui dit la femme, en gardant son sourire amusé.
- Bon… bonjour.

Au bout de quelques instants supplémentaires d’un silence dérangeant, Anna reprit :
- Qui… Qui êtes-vous ?
- Oh. Sora ne t’a rien dit ? Pas très poli de sa part…
Elle s’inclina de façon irrévérencieuse, et, la perçant d’un regard toujours fixé vers Anna, fit :
- Je m’appelle Urth.



S’il avait été éduqué sur Terre, ou dans une quelconque entité politique ayant eut la chance toute relative d’amener la guerre au rang de science, Van’Tet aurait pu être plus à même de comprendre la situation dans laquelle il se trouvait. Sa survie, comme il s’en rendait compte, n’avait plus rien à voir avec ses compétences, son entrainement ou sa volonté, mais ne tenait qu’à un jeu pervers de probabilités.

Autour de lui, les tirs s’intensifiaient, venant de sources à chaque instant plus nombreuses, tandis que la garnison avait finalement réussi à se réorganiser pour partir à la poursuite d’une cible précise. Deux mercenaires avaient déjà été fauchés en pleine course, s’effondrant au sol dans des râles qui, pour le jaffa, ne faisaient que donner une nouvelle dimension aux souvenirs déjà omniprésents de cette nuit fatidique, quelques jours plus tôt. Il avait lu, sur le visage de Suessi, le raisonnement et son inévitable conclusion quant au sort des blessés et des mourants.

Elle avait observé, et pris la décision de ne pas s’arrêter. Et Van’Tet se surprenait en ne la blâmant pas pour cela, comprenant qu’elle avait raison, puisque, ce faisant, elle protégeait ses troupes d’une mort inutile.

Si tant est que l’improvisation qui tenait désormais lieu de plan réussissait.

Pris d’un mouvement de recul face à un dard de plasma passant à quelques dizaines de centimètres de sa tête, il revint à la réalité, tirant à nouveau en direction des tirs ennemis.

Maintenant, je considère les autres jaffas comme mes ennemis… Et c’est ce qu’ils sont. Je ne peux pas m’attendre à de la pitié de leur part s’ils me capturent.

Sans viser, il déchargea plusieurs fois son arme, dans l’espoir de forcer certains des tireurs à se mettre à l’abri, ou tout au moins à ralentir leur assaut. Le jaffa ne se faisait plus grande illusion, et avait accepté que, quoi qu’il fasse, la survie du groupe tiendrait au temps que lui et les autres gagneraient. Une part de lui-même avait accepté que le reste des mercenaires était maintenant son groupe, pour qui il mourrait et qui le protégerait en retour. Sa survie-même n’était plus sa priorité immédiate, dans une certaine mesure, puisque, sauf erreur grossière de sa part, rien de ce qu’il ferait ne changerait quoi que ce soit. Il avait entendu leur transport s’écraser peu de temps auparavant, et savait que les planeurs allaient revenir rapidement, ajoutant leur puissance de feu à celle des troupes au sol, dans un ouragan de destruction contre lequel il ne pouvait rien. Rien, sinon espérer être épargné par le hasard.

Cette certitude avait, il s’en étonnait, apaisé son esprit, le rendant plus net, plus prompt à réagir et à réfléchir, la panique s’estompant petit à petit pour laisser place à la détermination.

Il ne ferait pas d’erreur, il ferait son possible pour aider le groupe, et une partie de celui-ci pourrait s’en sortir. Il ne pouvait espérer rien de mieux, et le comprenait.

Devant lui, il voyait la zone où avait atterri leur transporteur lors de leur arrivée initiale, et il estima la distance dans un coin de sa tête, tout en tirant aussi vite que son arme le permettait, la tenant en travers de son corps, dans une position qui, il ne se faisait pas d’illusion, n’offrait aucune précision. Derrière lui, il entendit le bruit caractéristique du plasma consumant la chair, suivi, quelques instants plus tard, de celui de la chute sur les rochers et d’un cri bref.

Associant la voix à un visage qu’il avait vu quelques heures plus tôt à bord du vaisseau, il ne se retourna pas, laissant le fermier devenu mercenaire à son propre sort. Il s’accorda un instant de deuil pour ce guerrier qu’il n’avait pas eu le temps de connaître, et qui était déjà comme mort, puis reprit son observation de la situation.

Au moins une soixantaine de gardes sur la droite, les planeurs qui reviennent. Il faut…

Sa réflexion fut interrompue par un mouvement qui se distinguait de celui des autres fuyards. L’un d’entre eux avait ralenti le pas pour sortir de ses haillons un objet qu’il reconnut aussitôt. Prenant quelques longues secondes pour armer la grenade à choc, il s’arrêta brusquement pour la lancer en direction des gardes, les tirs s’écrasant autour de lui.

A l’instant où la sphère métallique quitta sa main, l’homme reprit sa course, rattrapant tant bien que mal son retard, tandis que Van’Tet hurla :
- Grenade à choc. A droite !

Presque simultanément, les mercenaires tournèrent la tête dans la direction opposée, plusieurs fermant brièvement les yeux, espérant ne pas rencontrer d’obstacle sur leur chemin pendant les quelques instants précédant l’ignition de l’engin goa’uld.

Van’Tet, ayant reçu une longue formation dans l’usage de ce qui était l’instrument le plus efficace à la disposition d’un jaffa en infériorité numérique, ferma les yeux au bon moment, et ne vit qu’une fraction de la lueur au travers de ses paupières. Simultanément, le son lui donna l’impression de vriller son cerveau, provoquant un vertige violent qui faillit le faire trébucher, alors que son sens de l’équilibre était littéralement retourné, mais se reprit assez tôt pour éviter la chute. Sans s’attarder à vérifier les résultats du flash, il continua à tirer, alors que leur objectif se rapprochait à chaque seconde.

L’instant d’après, une série d’explosions vint déchirer le paysage à quelques dizaines de mètres devant le groupe, et une douleur aigüe se fit connaitre à lui, enflammant son visage. Passant la main sur sa joue, il vit que celle-ci était désormais recouverte de sang, ouverte par ce qu’il supposait être un éclat de rocher projeté par l’impact.

Il poussa intérieurement une série de jurons en voyant un autre membre de son groupe s’effondrer, et regarda avec haine les deux appareils légers les dépasser et changer de cap pour repartir à l’offensive.


Suessi ferma les yeux en entendant l’avertissement de l’espion, sans lequel elle aurait été surprise par l’éclair lumineux. D’un coup d’œil, elle vérifia l’heure affichée sur sa montre, calculant mentalement le temps restant avant la phase suivante de l’un des plans les moins bien préparés de sa carrière dans le groupe de Vala. Le petit bracelet était, de l’ensemble des gadgets tauri qui avaient commencé à inonder la galaxie, l’un des plus sous-estimés et des plus utiles pour sa profession, qui avait souvent fait la différence.

Avant l’introduction de ce produit anodin, et, apparemment en voie de disparition sur sa planète d’origine, les mercenaires et les soldats avaient toujours connu des difficultés notoires pour planifier et coordonner toute action un tant soit peu complexe. Une limitation qui ne pouvait être contournée que par des systèmes comme les sphères de communication, à la sécurité toute relative. Mais, comme de nombreux chefs de guerre et autres prima s’en étaient rendu compte, la communication permettait de réagir, et limitait la planification aux incertitudes, depuis l’interception par l’ennemi jusqu’à la transmission de fausses informations. Les plans eux-mêmes étaient alors limités à des actions d’ensemble, à l’inertie trop importante pour que ces problèmes soient cruciaux, ou bien au combat de petites unités, sur une échelle de temps et d’espace minimale.

Mais, entre les deux, il y avait eu un fossé, que l’apparition d’instruments de mesure du temps avait pu partiellement combler. La présence de ces appareils tauri, fabriqués massivement, était aussi importante que celle d’une carte, permettant à chaque groupe de se positionner avec précision dans le temps. Un instrument simple, mais dont peu de soldats, réguliers comme irréguliers, avaient véritablement saisi l’importance. Vala Mal’Doran avait fait partie de ce groupe très restreint, fidèle à sa tradition personnelle de faire le maximum avec le minimum. Et la femme qui courait, à l’avant de ses troupes, avait appris à respecter ce principe, qui lui avait permis d’établir le plan devant les tirer d’affaire.

Et l’espion était en soi une autre illustration de celui-ci, sa patronne ayant décidé de l’utiliser de façon bien plus adroite qu’il n’aurait été possible de l’envisager, gagnant sur tous les fronts. Suessi savait que, si elle s’en sortait, elle aurait une conversation particulièrement sérieuse avec Vala sur la possibilité de faire du jaffa un membre permanent de la compagnie de mercenaires. Quitte à traiter avec ses supérieurs en position sur Dakara pour qu’ils prolongent indéfiniment sa mission et lui laissent croire qu’il travaillait encore pour eux.

Cependant, elle n’avait pas le loisir de penser à l’utilité de l’espion, dont elle n’avait de toute façon pas encore percé à jour la véritable mission. La priorité pour la mercenaire était de survivre avec ses troupes, et elle appliquait toute son énergie à atteindre cet objectif rendu à chaque seconde plus ardu par la garnison à leurs trousses.

L’explosion devant elle vint cependant la surprendre, n’ayant pas remarqué l’arrivée des dards d’énergie avant qu’ils ne transforment une partie du sol en un geyser de débris acérés. Le nuage en expansion rapide était l’une de ces menaces face à laquelle il était impossible de réagir. Des armures et protections adaptées réduisaient d’autant les effets des éclats en tous genres, et elle s’était équipée en conséquence, mais la nature-même de sa mission avait limité ce qu’elle pouvait emporter. La veste épaisse, renforcée par de fines plaques de trinium, constituait la seule défense que la situation autorisait, et lui sauva la vie à cet instant précis, transformant une blessure mortelle au poumon en simple ecchymose à l’endroit où l’énergie de l’impact se vit répartir sur une large surface.

Sentant de façon distante la douleur provoquée par les autres éclats l’ayant touchée à des endroits non protégés mais non mortels, elle jeta un bref coup d’œil derrière elle et vit une silhouette s’effondrer, tandis que l’espion se remettait à tirer dans la direction approximative des autres jaffas. Elle vit la distance les séparant de leur objectif, et, regardant à nouveau sa montre, décida de lancer la diversion prévue.

Sortant son fusil de sous ses haillons, elle procéda à une série de réglages, sans baisser à un seul instant les yeux vers les indications aux côtés de l’engin. D’une pression, Suessi sélectionna le projectile voulu, puis laissa sa main rejoindre la molette indiquant la distance de tir. Un geste suffit à se caler sur la distance minimale, à partir de laquelle elle tourna le cadran un peu plus lentement jusqu’à atteindre ce que, intuitivement, elle supposa être la bonne valeur. Valeur qui était indiquée dans une lunette de visée qu’elle n’avait pas la possibilité d’utiliser.

La chef de groupe leva alors son arme et la tourna en direction du groupe de soldats ennemis, et pressa la queue de détente, fermant un circuit reliant les condensateurs intégrés à la cartouche aux réseaux d’électroaimants présents tout le long du canon. Une fraction de seconde plus tard, le compensateur inertiel s’activa et absorba la quasi-totalité du recul, tandis que le petit obus partait à une vitesse hypersonique, protégé du frottement dans l’air par un éphémère champ électromagnétique.

Le minuteur déclencha le mécanisme d’explosion bien trop tôt, une quinzaine de mètres devant le jaffa le plus proche. Un nuage de nanoparticules hautement combustibles se dispersa rapidement avant d’être enflammé par une série de détonateurs, formant une sphère de flammes qui périt aussi vite qu’elle vint au monde. L’explosion laissa comme seul héritage une double onde de choc qui, physiquement, ne fit rien de plus que provoquer l’équivalent d’un coup de vent sur les troupes offensives. Psychologiquement, cependant, le phénomène thermobarique interrompit pendant quelques secondes l’attaque, alors que les gardes se mirent à chercher la présence d’autres Planeurs ou d’armes lourdes ayant pu causer cette explosion.

Simultanément, les deux Planeurs rompirent leur formation, remontant à une plus haute altitude pour chercher, comme le dictait leur entrainement, la source de l’attaque, le tir indiquant la présence d’une arme les mettant en danger.

Pendant quelques instants, Suessi sentit son cœur se figer, tandis qu’elle attendait ce qui lui semblait une éternité. Elle avait fait tout ce qui était en son pouvoir, et le signal avait été lancé.

Finalement, elle lâcha un soupir de soulagement lorsque, à quelques mètres devant et au-dessus d’elle, la forme d’un Tel’Tak se matérialisa dans toute la splendeur que l’on voit couramment dans le véhicule venant sauver sa propre vie.

- On rapplique, dit-elle dans son communicateur. Balance les anneaux, qu’on voie où se mettre.
- C’est lancé, répondit la voix de Vala.

Elle posa un genou à terre, et pointa son arme vers les gardes ennemis, qui commençaient à tirer à nouveau dans leur direction.
-Tout le monde aux anneaux ! hurla-t-elle en commençant à riposter à son tour.

Elle passa d’une cible à l’autre, tirant sans choisir un endroit particulier dans le corps de ses victimes, sachant pertinemment l’effet dévastateur qu’auraient ses projectiles, assurant une mort certes brève mais particulièrement spectaculaire. Les obus perforants et explosifs initialement conçus pour percer la coque de Planeurs ou de Tel’Taks étaient, selon tous les critères, inadaptés au combat antipersonnel, mais offraient deux avantages sur lesquels elle avait désiré pouvoir compter. La portée n’était plus d’actualité, n’ayant pas à couvrir la retraite de ses collègues depuis un point éloigné et sécurisé, mais la puissance gardait son utilité. Déjà, elle voyait, au travers de sa lunette et alors que les munitions de son chargeur s’épuisaient, les jaffas hésiter et se mettre à l’abri.

Une réaction classique sur laquelle elle comptait. Et qui lui semblait tout à fait normale, puisque ses tirs avaient une certaine tendance à traumatiser les témoins en exposant les corps de ses cibles à des forces qui rendraient inutilisables autant de véhicules de combat blindés. Rapidement, le rythme des tirs s’abattant sur eux s’effondra pour devenir presque nul, les jaffas présent ayant tous ou presque vu un de leurs camarades s’évanouir en une brume de sang et de fragments à peine reconnaissables.

Près d’elle, un premier groupe s’était rassemblé à l’endroit précis où avaient surgi les anneaux quelques instants plus tôt, et attendait nerveusement le retour des artefacts de transport, qui descendaient à nouveau du petit vaisseau.



Van’Tet vit le premier groupe se dématérialiser, tandis que les anneaux remontaient dans leur support, emportant leurs passagers vers la sécurité du transport. Une sécurité toute relative, il le savait, mais préférable à la situation particulièrement désagréable qui attendrait ceux s’attardant davantage sur la surface de Dakara.

Sans qu’il en comprenne réellement la raison, les tirs avaient perdu en intensité, et il en profita pour prendre le temps de chercher un endroit d’où il pourrait défendre sa position en attendant d’évacuer à son tour.

Je ne vais pas m’enfuir…

Il avait décidé de faire partie du dernier groupe quittant la position, choisissant un improbable point commun entre son manque de loyauté envers ce groupe de mercenaires qu’il espionnait et l’ensemble des valeurs martiales en lui qui hurlaient de ne pas lâcher une fois de plus ceux et celles aux côtés de qui il combattait.

Je déciderai à ce moment. Si je reste ici ou si je pars.

Un autre groupe s’évanouit entre les anneaux de transport, réduisant à nouveau la taille de l’escouade à une fraction de ce qu’elle était initialement. Tournant son regard dans la direction de nouvelles séries de coups de feu, il vit une demi-douzaine de figures à présent connues tirer en direction de la garnison. L’espace d’un instant, le jaffa sembla croiser les yeux d’Othar. Ayant le sentiment de lire de l’approbation dans le regard du mercenaire qui l’avait comme adopté au sein de cette compagnie, il fut rassuré sur ce qu’il avait à faire.

Ma mission n’est pas terminée. Il faut encore que je sache s’ils sont liés à ce qui s’est passé avec cette femme. Ce démon. Cette… Valkyrie.

Enfin, je crois.


A présent qu’il était en position de tirer de façon correcte vers ses compatriotes, il choisissait cependant de manquer délibérément ses cibles, voulant plus que tout éviter d’avoir davantage de leur sang sur les mains.

N’avancez pas, par pitié. Restez loin de nous, le temps qu’on s’enfuie. Qu’il n’y ait pas plus de morts.

Il vit du coin de l’œil un jaffa se faire toucher par un tir de Suessi, et resta figé devant la scène, qui le fascina et le terrorisa à la fois. Son regard resta fixé sur les débris en tous genres retombant au sol, l’esprit absorbé par une scène qu’il n’avait jamais vu, ou imaginé après son entrainement et les escarmouches à coups de lance à plasma. Son arme, malgré sa létalité, restait relativement propre, tandis que celles utilisées par les mercenaires autour de lui faisaient de lourds dégâts, ravageant aussi bien les corps que les rochers voisins.

Inconsciemment, il ralentit la cadence de tir, remettant en question sa décision précédente, la priorité de sa mission, la nature de son devoir. Il n’eut cependant pas le temps de réfléchir plus avant, son regard se fixant brusquement sur la silhouette de l’un des Planeurs, terminant sa manœuvre et commençant son approche sur le transport immobile.

Le jaffa décida d’ouvrir le feu en direction des appareils, sachant qu’ils menaçaient la fuite de ceux et celles autour de lui, alors qu’ils tiraient à leur tour. Pendant quelques longues secondes, les tirs fusèrent dans sa direction, certains s’écrasant sur le bouclier du Tel’Tak, d’autres sur le sol, et Van’Tet faisait son possible pour ne pas vaciller et continuer à tirer, visant le coup porté dans un endroit critique seul capable de neutraliser un Planeur.

Il jura intérieurement lorsque les deux formes sombres passèrent au-dessus de lui, sans dégât apparent, puis se retourna en entendant un râle.

L’un des tirs avait apparemment fait mouche, et plusieurs mercenaires avaient été tués par l’impact, certains n’étant même plus reconnaissables après le passage de la chaleur et des éclats. Il vit cependant, quelques mètres plus loin, la forme inerte de Suessi, d’où s’élevait une voix.

- Qu’est-ce que vous faites ? demandait la voix de Vala, dans le communicateur à la ceinture de la femme.

Le jaffa s’assura qu’elle était toujours en vie, bien qu’inconsciente, alors que sa supérieure continuait :
- On peut pas rester ici ! On part après ce transfert. Grouille-toi, Suessi ! Suessi, tu m’entends ?

Il s’empara du communicateur, conscient que, désormais, les regards du reste des mercenaires étaient tournés vers lui, le groupe s’étant mis à couvert et ne tirant presque plus :
- Elle a été touchée. On la met en position, avec les blessés.
- Vous êtes encore combien ?
- …

Othar vit son hésitation, et se rapprocha rapidement de lui, restant accroupi, avant de lui prendre le petit appareil des mains :
- On est trop nombreux, patronne. On met les blessés, comme il a dit, et vous vous tirez de là.
- Non, on…
- La ferme, patronne ! Ces putains d’engins reviennent ! Ho ! Mettez-les en position, et donnez-moi un foutu tir de couverture. Et vous, tirez-vous d’là dès qu’ils sont à bord. Pas la peine d’vous faire démolir pour rien !
- … D’accord. Je te revaudrai ça, Othar, dit la voix de la femme aux cheveux noirs de jais, plus sérieuse que le jaffa ne l’avait jamais entendu auparavant.

Toute hésitation disparue, Van’Tet rejoignit les efforts pour installer les blessés dans une position compatible avec les anneaux. Quelques secondes après les avoir bloqués les uns avec les autres du mieux qu’il pouvait, il se retourna vers le mercenaire :
- Je reste ici.
- D’accord… Merci.
- Je suis le seul jaffa, vous n’auriez aucune chance sans moi.
Et je pourrai essayer de prendre contact avec Maître Bra’tac, évita-t-il de rajouter.

Derrière lui, il entendit les anneaux tomber en position, pour emporter Suessi et les autres blessés en sécurité, tandis que les Planeurs s’apprêtaient à entamer une nouvelle attaque. Sans quitter sa couverture de fortune, au fond de l’un des cratères laissés par les chasseurs, il regarda le petit vaisseau accélérer brusquement et grimper vers le ciel.

Je devrais pouvoir faire mon rapport, et, s’il le désire, nous pourrons nous “évader“ et retrouver Vala et les autres pour que je continue ma mission…

- Bon, lâcha Othar, après avoir jeté un très bref coup d’œil aux jaffas qui approchaient inéluctablement, y nous faut un plan. Quelqu’un a une idée ?
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Rufus Shinra
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Effet Papillon [Tome II] - Page 6 Empty
MessageSujet: Re: Effet Papillon [Tome II]   Effet Papillon [Tome II] - Page 6 EmptyLun 9 Mai 2011 - 2:11

Carl faisait de son mieux pour garder son arme cachée, mais se rendait parfaitement compte qu’il était davantage ridicule qu’efficace, la lourde masse du fusil d’assaut étant tout sauf discret sous ses vêtements. Après quelques pas dehors et s’être assuré qu’aucun civil ne semblait être présent à proximité, il lâcha un petit soupir et reprit l’arme de façon normale avant de presser le pas.

Serait trop con de me casser la figure en voulant me la jouer furtif, et puis… commença-t-il à penser avant d’être interrompu par un coup de feu.

Aussitôt, il plongea au sol, pointant l’instant d’après son arme dans la direction du tir. Restant immobile, cherchant du regard tout signe du tireur ou de sa cible, il lui fallut plusieurs secondes pour se rendre compte que la détonation était venue de l’endroit-même vers lequel il se dirigeait.

Merde.

Lentement, alors qu’il lui apparaissait que l’attaque avait soit cessée, soit n’était pas dirigée vers lui, il se leva et quitta son inexistante couverture. L’arme brandie, il avança, sans courir, vers les bâtiments d’où était parti le tir unique. Il se rendit compte, comme pour confirmer ses craintes, qu’il s’agissait bien de l’endroit indiqué dans sa radio, et fut pris d’une longue hésitation.

Merde, merde, merde ! C’est là où elle est, avec l’autre type. Qu’est-ce qui s’est passé ? Les jaffas les ont trouvés ? Non, y’a eu qu’un coup de feu, c’est pas une fusillade. Et c’était un bruit de pistolet, ça, pas un fusil. C’est quoi ce foutoir ?

Inspirant rapidement, il traversa en quelques enjambées rapides la distance le séparant du mur du bâtiment, et se plaqua contre celui-ci, avant de se rapprocher de la porte principale, sa tête faisant des mouvements brefs pour chercher un quelconque signe de danger. Sans en trouver, il arriva rapidement près de l’ouverture et fit :
- Rémora, c’est moi. Ne tirez pas, j’entre !

L’instant d’après, improvisant du mieux qu’il pouvait face à une situation que son trop court entrainement ne l’avait pas préparé à affronter, il s’accroupit dans l’ouverture de la porte, son arme pointée vers l’intérieur du couloir, prêt à tirer une courte rafale si nécessaire. Ne voyant personne, il se releva et avança, se collant à l’un des murs latéraux. A chaque porte, il jeta un bref coup d’œil et s’assura que les pièces qu’il laissait derrière lui étaient vides.

Merde, où est-ce qu’elle est ?

Se sentant haleter sous le stress imprévu, il reprit son calme autant que faire ce peut, et continua d’avancer, jusqu’à s’approcher d’une ouverture donnant sur une pièce apparemment plus large que les autres. Progressant lentement vers celle-ci, il se figea lorsque, de derrière la porte vint un bruit de chute, apparemment d’un lourd objet en bois. Carl supposa qu’il s’agissait d’un meuble, et, ayant la certitude que quelqu’un se trouvait à l’intérieur, avança avec encore plus de précautions. Se plaquant contre le mur de la même façon que lors de son entrée dans le bâtiment lui-même, il appela :
- Rémora, c’est vous ?
Seul un bruit légèrement audible, mais clairement humain, vint lui répondre.

Carl attendit quelques instants, puis fit :
- J’entre.

Il bascula aussitôt dans l’ouverture, et écarquilla les yeux en voyant sa supérieure effondrée au sol, du sang s’écoulant de sous son corps.
- Qu’est-ce que…

Vérifiant en un instant que la pièce était autrement vide, il se rua vers la femme devant lui, et inspecta ses blessures, sans oser la déplacer. Il ne put manquer l’endroit où le projectile avait déchiré la poitrine de sa supérieure, et se rendit aussitôt compte que, sans un équipement particulièrement spécialisé, elle n’aurait pas la moindre chance de survie. Un instant plus tard, il fit le lien avec la large flaque de sang qui s’étendait en-dessous d’elle, et comprit que son assassin, quel qu’il fut, avait utilisé des cartouches qu’il n’avait vu qu’une fois, lors de sa formation initiale.

Quel espèce d’enfoiré se balade avec des pointes creuses ? se demanda-t-il en se rappelant les photos particulièrement explicites visant à expliquer la raison de l’interdiction de ces cartouches dans les forces armées.

Blesser gravement son adversaire suffisait à l’éliminer en tant que menace. Ces balles, elles, étaient conçues pour se fragmenter à l’intérieur du corps et à faire un maximum de dégâts à celui-ci. Voyant les spasmes qui agitaient encore la femme, il comprit que, par un miracle amer, son agonie n’avait pas encore pris fin, et fut prit au dépourvu lorsque le bras de la victime se souleva légèrement.

- Ba… net… souffla sa supérieure, du sang coulant de sa bouche.
- Je suis là, répondit-il aussitôt. Qu’est-ce qui s’est passé ? Qui…
Elle l’interrompit d’un râle, alors que son regard trahissait un mélange de panique et de souffrance :
- Ti… tire… ti… toi…
- Restez avec moi !
- Dé… solée… j’av…, continua-t-elle, sa voix quasiment inaudible alors que l’air s’échappait de ses poumons meurtris. J’avais… pas… vu… pas… comp…
- Pas quoi ? Qu’est-ce qui se passe ?
- Ca… sse… toi, fit-elle avant d’écarquiller les yeux, regardant pendant un court instant derrière le pilote, et soulevant de quelques millimètres son bras avant de le laisser retomber au sol.
- Fouineuse emmerdante, intervint une voix masculine dans la direction du dernier regard de la mourante. Mais combative, faut bien l’avouer. Touche pas à ton flingue, Banet. Relève-toi lentement, et ne te fais pas la moindre idée, j’ai un bouclier et un zat.

Le jeune homme, agenouillé devant sa supérieure, vit ses spasmes prendre fin et son regard perdre toute vie. Sans faire le moindre geste brusque, alors que son esprit s’était comme arrêté de fonctionner, il vit son bras bouger lentement vers le visage de la femme devant lui, et, de façon fluide, lui refermer les paupières.



Les instants où Shanti était elle-même devenaient de plus en plus confus, alors qu’elle tentait désespérément de reprendre pied. Mais, à chaque fois que ses pensées retrouvaient la réalité, elle passait davantage de temps à être désarçonnée qu’à réfléchir.

Son esprit, lentement, voyait le stress s’accumuler, et il lui était impossible de ne serait-ce exprimer ses émotions par des pensées contrôlées. Elle n’était plus qu’inertie, continuant des mouvements qu’elle-même, ou qu’une autre, elle n’en était pas sûre, avait commencé. Le temps de savoir ce que son corps faisait, le geste était déjà terminé, et un autre commençait, alors que Tsippora revenait, devenait elle-même, venue d’un passé inimaginable, dont elle n’avait que des souvenirs déformés.

Des souvenirs qui la contrôlaient par intermittence, donnant des sens à sa situation. Trop de sens, tous contradictoires, alors qu’elle était à la fois cadette, officier, survivante, stratège, capitaine, civile, témoin, actrice, dans mille situations différentes. Chaque fragment faisait bouger son corps, avant de laisser la place à quelques instants de panique suivis d’un autre partie de ces anachronismes mémoriels, le passé suivant le futur, vécus par un être à la conception de l’espace et du temps qu’elle ne pouvait appréhender. Que ses souvenirs simulaient sans véritablement l’assimiler.

Autour d’elle, le mastodonte avait commencé ses manœuvres d’attaque, se séparant de ses deux semblables pour se rapprocher à des vitesses relativistes de la formation ennemie.

Il n’y avait pas de question à se poser, le plan impliquait de détruire tous les vaisseaux en un seul coup, et, pour cela, il était nécessaire de connaitre la position de chacun, le moment venu, sans la moindre incertitude. Tsippora était intérieurement impressionnée de l’efficacité des systèmes de guerre électronique adverses, qui s’étaient révélés à même de neutraliser les communications et une grande partie des détecteurs de son vaisseau. Un exploit que bien peu pouvaient se vanter d’avoir accompli, même face à un vaisseau aussi obsolète que le sien. Et dont ses adversaires d’aujourd’hui ne se vanteraient pas, une fois qu’elle aurait pu s’approcher assez pour percer ces immatérielles défenses.


Shanti voyait les icônes, naviguant au travers des informations associées avant de brusquement s’en déconnecter au moment où elle se rendait compte de ce qu’elle faisait. La brusque coupure du lien empathique la déstabilisa, et elle crut vaciller un instant, avant de se rendre compte qu’il ne s’agissait que d’une fausse impression, résidu de la connexion interrompue jouant avec ses sens. Sans savoir pourquoi, elle aligna une série de pensées étrangères à elle-même, son propre train de réflexion ne venant qu’en écho, avec à chaque fois plusieurs étapes de retard.


Véritablement ébahie. Comment une espèce capable de s’en prendre directement aux systèmes de contrôle interne de son vaisseau avait-elle pu se développer sans être découverte par son peuple ? Elle poserait la question à ses supérieurs, une fois rentrée sur Atlantis. Une telle civilisation, si elle pouvait se montrer réceptive à la diplomatie, serait une alliée de poids contre les Wraith. Un deuxième front, en revanche, pourrait avoir des répercussions catastrophiques. Peut-être que tout n’était pas encore perdu… Mais ce n’était pas sa mission. Si jamais un de ces vaisseaux en réchappait, alors la Cité serait perdue, tout comme la Voie Lactée.

Ou Pégase, plutôt. Tsippora s’étonna de son faux pas mental, se sachant pourtant capable de gérer parfaitement les sentiments contradictoires et les innombrables informations de la bataille sans s’égarer. Elle mit l’hésitation de côté, mais sans l’oublier.


Shanti poursuivit, une fois de plus, le geste mental commencé par les souvenirs implantés, et, encore une fois, trébucha dans celui-ci alors qu’elle se rendait compte de son réveil, durant la brève intermittence séparant les prises de pouvoir de l’Ancienne. Mais elle ne tomba pas, elle corrigea rapidement sa pensée, et compléta la commande, voyant le vaisseau obéir et entamer une nouvelle manœuvre, alors que des sondes téléguidées décollaient de leurs tubes.
Activation du protocole de détection retardée. Mode passif uniquement jusqu’à arrivée au point de navigation sept, se sentit-elle penser.

Instinctivement, la jeune femme savait qu’il lui restait quelques instants avant la confirmation de l’ordre et les premiers retours d’information. Se rendant compte, sans savoir pourquoi, que Tsippora ne reviendrait pas durant ce bref délai, elle fit la seule chose qui avait un sens, alors que l’inertie mentale s’évanouissait rapidement.

Elle hurla.

Sans un mot, sans un son, n’ayant pas le temps de bouger sa mâchoire, de faire vibrer ses cordes vocales, elle profita de chaque instant qui lui était accordé, et dont elle ressentait intensément toutes les fractions de seconde. Elle pensa, sans but, sans raison, simplement pour rattraper ses absences, combler le vide et le chaos qui prenaient possession de son esprit au travers de cet alter ego mémoriel.

Ayant, l’espace d’un instant, réaffirmé son inamovible souveraineté sur ce corps, et, plus important encore pour elle, sur cet esprit, elle ne sentit que d’autant mieux sa prise faiblir, et le flot de souvenirs fondre vers elle pour la submerger. Face à ce tsunami, elle comprit aussitôt que, cette fois-ci comme les autres, elle ne pourrait pas résister.

Elle ne devait pas résister.

Du moins, pas directement.

Acceptant Tsippora à son propre rythme, elle s’appropria certains de ses souvenirs, les guidant plutôt que de se faire balayer par eux. Mais l’effort de souplesse mentale, dont elle écrivait les règles au fur et à mesure qu’elle l’exerçait, ne dura pas longtemps, et, brutalement, ses constructions rompirent, et elle laissa place au commandant du navire.


Son officier affecté aux senseurs avait fait le nécessaire, et avait dirigé les sondes dans la position optimale, lui offrant une meilleure vision de son objectif. Un nouveau vaisseau venait de s’afficher sur son interface mentale, et les systèmes de suivi actif étaient désormais verrouillés sur lui, l’empêchant de disparaitre à nouveau dans l’incertitude de la bataille. Elle adressa une courte émotion de satisfaction à la jeune femme, et reprit son travail. A présent, l’ennemi commençait à comprendre la menace qu’elle exerçait réellement. Mais était loin d’avoir une idée précise de la situation dans laquelle il se trouvait, sans quoi ses vaisseaux seraient déjà en train de battre en retraite.

Elle allait à nouveau devoir tuer. Un acte qui ne lui plaisait pas, mais dont elle avait accepté la nécessité en choisissant de participer à la défense de son peuple. Une défense qui avait un prix, dont le plus visible était les pertes trop fréquentes dans cette guerre. L’autre prix était le fardeau porté par chaque survivant. Les décisions, les sacrifices, la destruction continuelle, étaient le lot de chacun, et elle l’avait rapidement compris, lors de son arrivée à bord de cette Ruche dévastée, une éternité plus tôt.

Un fardeau qu’elle allait alourdir de vies étrangères. Sans remords, Tsippora donna un nouvel ordre vers la section détection.

Un jour, les exercices mentaux ne suffiraient plus, elle le savait. D’ici quelques siècles, voire décennies, quelque chose serait brisé en elle. Il ne servirait à rien de mentir, et il lui faudrait se retirer, un vaisseau n’ayant pas de place pour un capitaine suicidaire, assoiffé de sang ou simplement apathique. Elle espérait que le moment venu, elle saurait prendre la décision d’elle-même, s’épargnant de voir un jour l’avatar d’Atlantis se matérialiser dans ses quartiers et solliciter quelques minutes de son temps.

Mais ce jour n’était pas venu, et elle continuerait à être le bouclier de son peuple. N’appliquant qu’une force calculée.

Elle ne reproduirait pas ce qui s’était passé sur Dakara. Non, c’était sur… Elle ne savait plus. Elle hésitait, avait du mal à retrouver les noms, les visages…

Peut-être ce jour était-il plus proche que prévu.


Shanti faillit se ressaisir suffisamment tôt pour éviter l’hésitation, et, si elle ne put s’empêcher d’interrompre partiellement le flot de consignes, elle fut assez rapide pour le reprendre à son compte, sachant ce qu’elle devait faire.

Balayage gravidar. Une impulsion, et une seule, schéma interférentiel quarante et un, coordonné avec les sondes.

L’ordre fut interprété et exécuté par le dispositif de contrôle, alors que la jeune femme venant de le donner sentait les effets de l’inertie prendre fin, et avec eux le sentiment de stabilité fournis par les mémoires parasites. Une fois de plus, Shanti s’effondra mentalement, mais avec cette fois-ci une légère différence, l’abysse qu’étaient ses absences à répétition se trouvant comme faiblement éclairée.

Certaines émotions liées aux mémoires réactivées étaient toujours présentes dans son esprit, servant comme autant d’îlots dans lesquels elle trouvait des explications à ce qu’elle faisait, une meilleure compréhension de son environnement.

Encore incapable d’aligner de véritables pensées, elle oscilla entre les émotions et les informations brutes, absolues, qui s’imposaient à elle au-delà des mots et des images pour disparaitre aussi rapidement qu’ils étaient venus, ne laissant qu’un sentiment de vide immédiatement comblé.

L’un de ces halos pulsait, l’attirant dans une manifestation de sa propre volonté, inflexible. Qu’elle sût, sans déterminer depuis quand, partager avec Tsippora. Une autre émotion vint l’intercepter. Un sentiment de contradiction alors qu’une partie d’elle-même se souvenait que, aussi réels que pouvaient sembler ces souvenirs, ils n’étaient rien d’autre qu’une ombre dans son cerveau. Des évènements mélangés, subtilement modifiés pour correspondre à la réalité actuelle, mais n’ayant rien de conscient, rien de créatif.

Juste les innombrables expériences d’une vie ayant connu des infinis.

Instinctivement, elle s’attacha à cette contradiction, la fit sienne, au plus profond de son être, alors qu’elle rejoignait cette parcelle de volonté, dans laquelle elle se rendit compte que la victoire était sienne, tant par la destruction que par la déroute de l’ennemi, quelle que soit la première à venir.

Le vaisseau lui répondit, renvoyant les informations du réseau de sondes dans son esprit, et une partie d’elle-même remarqua que, pour la première fois depuis le début de cette expérience, elle était restée consciente suffisamment longtemps pour bénéficier d’un retour complet de la part de son partenaire artificiel. Elle savait à présent ce qui était à faire, et commença à donner l’ordre, malgré le retour du tsunami, qui allait une fois de plus la plonger dans les ténèbres.

Validation des données de ciblage sur objectifs hostiles.

Elle n’eut pas le temps de continuer, alors qu’il lui était à présent crucial de réceptionner Tsippora. Son dernier effort semi-conscient fut de s’attacher à cet éclat découvert en elle-même, à cette contradiction, dans laquelle elle se conforta paisiblement, acceptant la transition avec la sérénité que lui avait donné la certitude d’être et de rester elle-même.


Malgré son expérience opérationnelle, elle n’avait jamais commandé de vaisseau, et craignait, quelque part, de faire une erreur. Non pas pour l’impact de celle-ci sur son prestige personnel, mais pour les conséquences que son équipage aurait à payer. Elle était responsable de celui-ci, malgré une ancienneté souvent bien plus vaste de ses subordonnés, et le premier prix à payer, probablement le plus faible, était de réprimer sa fierté.

Son second avait été choisi parmi les plus anciens de son grade, sur le point de recevoir son propre commandement, et ayant servi sous assez de capitaines pour savoir exactement ce dont elle aurait besoin. Un rôle qui avait été le sien si peu de temps auparavant, assistant un autre officier dans les premiers pas de la capitainerie, et dont elle comprenait enfin l’importance. Tsippora avait beau savoir ce qu’elle devait faire, le second, de son âge, lui permettait de travailler efficacement, avec quelqu’un derrière elle pour corriger les erreurs dues au temps nécessaire pour s’adapter aux nouvelles contraintes.

Alors qu’elle interprétait les informations renvoyées par les senseurs, son officier en second avait anticipé sa propre décision. En effet, la jeune femme qui l’assistait venait, d’un murmure mental efficace, de lancer l’étape suivante de la procédure d’attaque, alors qu’elle-même était occupée à choisir la meilleure option possible. Elle décidait, son second arrondissait les angles, passait derrière pour huiler la machinerie et faire de celle-ci une véritable extension du corps de Tsippora.

Les drones étaient hors de propos, trop lents à atteindre leur cible, malgré leur fiabilité et efficacité absolue. La vitesse était primordiale, les vaisseaux ennemis devant être annihilés avant d’avoir pu rapporter à leurs supérieurs les véritables capacités de la petite escadre à laquelle elle appartenait. Il était possible pour elle de se rapprocher et d’engager les cibles avec les armes massiques, mais elle ignorait les armements dont disposaient ces vaisseaux, trop nombreux pour son propre confort.

Surtout quand ceux-ci avaient déjà réussi à la surprendre avec leurs capacités de guerre électronique.

Une longue fraction de seconde plus tard, alors que le vaisseau engageait une nouvelle manœuvre dilatoire, la décision fut prise. Les armes à énergie offraient la réponse la plus adaptée, et elle fit passer la consigne, sachant précisément le temps qu’il faudrait aux générateurs à point zéro pour charger les condensateurs des batteries principales.

Elle avait localisé chacun des vaisseaux adverses, et il était à présent temps de se préparer à la mise à mort, malheureusement inévitable, de ceux-ci. Mais l’action serait coordonnée, synchronisée avec les deux autres vaisseaux, et elle attendrait le moment précis pour ouvrir le feu.

Elle activa son interface de communication, et fit d’abord son rapport au capitaine de pavillon de l’escadre, avant de transmettre l’information à l’autre vaisseau. Le visage masculin s’afficha alors, figé dans l’instant au cours duquel se prenaient les décisions, trop rapides pour dépendre d’interactions physiques. L’affichage visuel n’était rien de plus qu’un luxe permettant aux interlocuteurs de se voir, alors que la conversation allait au rythme de la pensée. Ceux et celles de son équipage qui avaient pratiqué plus avant les arts de l’empathie et des formes de communication extra-sensorielles étaient à même d’entretenir un simulacre de présence physique dans l’intimité des esprits concernés, mais elle ne faisait pas partie de ce nombre.

Elle vit le visage, et ses pensées basculèrent brutalement, ressentant autre chose qu’attendu. Le commandant du troisième vaisseau était à la fois étranger et proche, alors pourtant qu’elle savait n’avoir rien entretenu de plus avec lui qu’une relation cordiale et professionnelle. Mais son inconscient lui disait autre chose, se sentait apaisé, en confiance, et attiré par l’individu. Il lui hurlait un sentiment de sécurité dont Tsippora ignorait avoir manqué à un quelconque moment de sa vie, comme s’il avait été présent à chaque fois qu’elle en avait eu besoin. Ce qui était le cas, pensait-elle en se corrigeant simultanément.

Se reprenant avec difficulté, elle transmit l’information, et coupa la communication.

Encore une pensée absurde, comme lorsqu’elle avait confondu ces noms de planètes, à bord de cet autre vaisseau… qu’elle commandait aussi… alors qu’elle était actuellement à bord de son premier appareil en tant que capitaine…

Sa prescience n’était pas en cause, elle en était certaine, alors même qu’elle se rendait compte, de façon détachée, qu’elle n’en avait pas eu le moindre usage lors de cette bataille. Ou des autres… Y compris celles qui n’avait pas encore eu lieu…

Elle irait voir le médecin de bord dès les vaisseaux détruits. Ou peut-être plus tôt. Après tout, il y avait une personne compétente pouvant prendre les commandes si elle en était incapable. Une personne qui avait prouvé avoir la même volonté, des capacités équivalentes à la sienne…


Shanti émergea à nouveau du songe, et redevint elle-même, avec la certitude de n’avoir jamais cessé de l’être. Se préparant plus vite que la fois précédente, elle se rendit compte avec surprise que son retour n’avait pas été accompagné d’un ordre à terminer. Au contraire, le vaisseau attendait ses consignes.

En un court instant, elle reprit contact avec la nouvelle situation tactique, attardant une attention supplémentaire sur les données fournies par les deux autres vaisseaux, qui, à leur tour, localisaient les engins adverses et préparaient leurs armes.

Préparation pour tir synchronisé, transfert des autorisations de tir vers le vaisseau-amiral, fit-elle, silencieusement.

Un signal d’alarme vint accaparer son esprit, alors que plusieurs des contacts ennemis s’illuminaient, les divers senseurs repérant des signes précurseurs d’une attaque.

Mouvements d’esquive aléatoire. Puissance maximale sur la propulsion, accélération militaire maximale, impulsions courtes, réagit instinctivement la jeune femme, comme elle avait appris à le faire lors de ses longs entrainements, une éternité plus tôt, jeune cadette s’apprêtant à défendre à son tour ce qui était, sauf miracle, la dernière Cité de son peuple.

Shanti vit les tirs déchirer l’espace, de façon infiniment plus intense que les faibles échanges qui avaient ponctué jusqu’à présent l’escarmouche. A des vitesses relativistes, les faisceaux de destruction fusèrent vers son propre vaisseau, dont les systèmes de surveillances indiquèrent une composante guidée, qui semblait corriger la trajectoire des tirs.

Sans attendre sa réponse, le vaisseau procéda à de subtiles modifications de sa propre signature, tant gravitationnelle qu’électromagnétique ou subspatiale, et suivit chacune des imperceptibles évolutions de la course des faisceaux, désormais à mi-chemin. La jeune femme vit alors s’afficher sur son interface un message lui indiquant que l’observation avait amené à des résultats suffisamment probants pour rendre une esquive passive réaliste. Elle soupesa les possibilités, sachant qu’éviter les tirs ne ferait que donner des informations supplémentaires sur les capacités de détection, tandis que les intercepter révélerait certains de ses moyens offensifs.

La réponse vint par une courte transmission du vaisseau-amiral, et elle s’exécuta.

Tir batteries multifonctions. Barrage de déflection.

Dans l’instant qui suivit, plusieurs séries de bulles d’énergies quittèrent la coque de son navire, à des vitesses différentes, et se retrouvèrent toutes, au même instant, dans une configuration calculée avec une précision imparable, autour du premier faisceau. Les colossales énergies se croisèrent, et ne purent s’empêcher d’interagir, déviant légèrement la route de chacun. Suffisamment pour empêcher toute correction de trajectoire en ce qui concernait le tir intercepté.

Tandis que la brève et violente rencontre s’achevait, d’autres salves étaient déjà parties à la rencontre de leurs cibles.

Déjà, une autre communication arrivait, interrompant la jeune femme, alors que son inconscient s’interrogeait sur l’absence de l’alter ego, qui, depuis son arrivée, ne l’avait jamais laissée aussi longtemps sans reprendre le contrôle de son corps et de son esprit.

Prêt à engager l’ennemi, fit la pensée de Campbell, ou bien du souvenir implanté qu’Atlantis utilisait pour se servir de lui comme interface avec le vaisseau.

Shanti, de son côté, était toujours incapable de penser clairement, figée dans les schémas de réflexion hérités de Tsippora et tentant d’y superposer à nouveau les siens dans ce qui était davantage une série d’occupations éphémères et de retraites qu’un véritable affrontement frontal. L’urgence était clairement présente, palpable dans chaque émotion résiduelle, chaque murmure indistinct d’Atlantis, chaque tournure de pensée de ses coéquipiers, chaque message de l’interface mentale, et elle s’y pliait, mettant au second plan ses efforts de reconquête d’elle-même au profit de la bataille.

Une bataille qui arrivait à sa conclusion, alors qu’un seul ordre la séparait de la paix et de la solitude tant attendue, qu’elle n’osait espérer et imaginait sous la forme d’un sentiment inconnu, où elle pourrait de nouveau n’être qu’elle-même, sans doute, sans remise en cause permanente. Un ordre qu’elle attendait, et qu’elle répercuterait si nécessaire.

Mais l’arrivée d’un sentiment trop familier vint interrompre le sentiment d’appréhension qui s’était emparé d’elle avec la peur désormais familière de l’I.A., de ces souvenirs et de son propre avenir. Alors que les instants s’étaient multipliés, Shanti avait commencé à retrouver une forme de confiance en elle, le rempart de la certitude d’être soi se faisant plus discret pour redevenir une évidence dans le décor.

Et c’est à cet instant que Tsippora avait décidé de revenir, de lui reprendre ce qui était depuis toujours sien, et dont elle comprenait pour la première fois la fragilité.

Non, pensa-t-elle, faisant face au torrent de souvenirs venus s’imposer à sa conscience.

La jeune femme s’apprêta à se faire balayer, une fois de plus, malgré son refus de coopérer, passivement ou non, et se surprit à être toujours présente à l’instant d’après. L’autre conscience, l’ombre formée de souvenirs disparus et figés depuis des éons, était là, l’encerclant, mouvante, dans les recoins de son esprit. Elle sentit en celle-ci une impression fugace d’étonnement, remplacée par celle, plus marquée, d’une interrogation.

Je n’ai pas besoin de toi, continua Shanti. Pas maintenant. Plus maintenant.

Une pointe d’agressivité, familière et étrange alors qu’elle venait de son propre esprit et était adressé à celui-ci, vint lui répondre, le flot de souvenirs se préparant à charger une fois de plus.

Non ! Je vais remplir la mission. C’est à moi de le faire. Ma responsabilité. Tu m’as aidée, mais je dois porter le dernier coup.

Elle sentit les instants, passant avec une lenteur déraisonnable, s’écouler sans réaction de la part des souvenirs, toujours présents dans une partie de son esprit, mais ne masquant pas encore sa conscience. Puis, sans préavis, ils s’évanouirent, se fondant une fois de plus dans un décor inexistant.

L’ordre vint à cet instant, et, malgré la futilité du geste alors qu’elle avait déjà transmis les commandes de tir à son supérieur, le répéta sans la moindre hésitation :

Feu.


Les condensateurs se déchargèrent brusquement, poussant à leurs limites les différents systèmes de bord, tandis que, répartis sur l’ensemble de la coque, des générateurs spéciaux se mettaient à libérer leur énergie sous forme de champs imperceptibles. Le croisement de ceux-ci, à quelques centaines de mètres du vaisseau, eut rapidement l’effet désiré, déformant la structure de l’espace d’une façon qui ne pouvait être comparée qu’à la présence d’un Ascendant. Chacune des singularités brilla telle une étoile hurlant sa naissance à l’univers, aveuglant un court instant les senseurs des vaisseaux proches avant de s’évanouir aussi vite qu’elle était venue.

En disparaissant, la sphère avait laissé la place à une unique série de lances invisibles car supraluminiques, dirigées de façon parfaite vers les cibles de chacun des trois vaisseaux. Avant même qu’elle n’eusse le temps de réaliser que son ordre avait été exécuté, chacun des engins ciblés par Shanti s’était déchiré, broyé par les forces gravitationnelles apparues brusquement dans leurs entrailles, devenu le carburant pour autant d’étoiles miniatures. Simultanément aux messages confirmant l’annihilation complète des vaisseaux adverses venaient d’autres rapports, indiquant le nécessaire temps de refroidissement des circuits de bord, éprouvés par la colossale quantité d’énergie qui avait circulé en leur sein en un temps si bref.

La liste de messages s’allongea encore quelques instants, puis prit fin, et il n’y eut plus que le silence.

Plus de rapports ni d’informations, alors que le vaisseau se remettait de sa propre attaque, les senseurs encore aveuglés. Pour la première fois depuis le début de l’escarmouche, il n’y avait plus rien pour occuper l’esprit de Shanti, qui chercha pendant encore une fraction de seconde quelque tâche avant de finalement laisser retomber la pression.

Le calvaire était terminé, elle allait retrouver le semblant de normalité dont elle avait été privée, être à nouveau elle-même, et peut-être finalement prendre le temps d’assimiler clairement ce que l’I.A. leur avait dit, à elle et ses coéquipiers, peu avant leur arrivée sur place. Elle allait…


Une voix interrompit sa pensée. Un timbre qu’elle n’eut aucun mal à reconnaitre, malgré les conditions étranges dans lesquelles il s’exprimait. Et son propos fut clair. Bien trop clair, alors que ses espoirs s’évanouissaient au fur et à mesure qu’elle prenait conscience du message…

- Un des vaisseaux a réchappé à l’attaque, venait de leur dire Atlantis.





Anna fit un nouveau pas en arrière, alors que la femme aux cheveux clairs s’approchait d’elle, avec un sourire qui la plongeait au bord de la panique. Elle lisait dans ce visage nombre d’informations contradictoires qu’elle n’arrivait pas à interpréter. L’allure de la femme était tout aussi troublante, ses mouvements d’une fluidité et d’une perfection qui étaient tout sauf naturels, alors que chaque aspect de son être accompagnait, avec élégance, son déplacement.

Puis, brusquement, elle s’arrêta devant la scientifique, et se pencha légèrement pour amener sa tête à la hauteur de celle d’Anna, et croisa son regard. A cet instant précis, celle-ci se rendit compte que toutes ses impressions n’avaient été qu’un préambule n’ayant aucune chance de la préparer correctement à ce qu’elle ressentait désormais. Elle se perdit une fraction de seconde dans ce regard qui abritait un gouffre infini duquel il était impossible de l’extraire. Anna eut un mouvement brusque, motivé par un sentiment de préservation, et se plaqua contre la porte extérieure, désormais refermée. Et comprit.

- Vous ! souffla-t-elle.
- Moi, répliqua Urth en continuant de la fixer du regard, forçant Anna à détourner le sien.
- C’était vous sur Atlantis, hein ?
- J’aime me balader un peu partout.
- Qu’est-ce que… qui… ?
- Une question à la fois.
- Atlantis vous connait, dit Anna, sûre de son fait.
- Oui, répondit-elle, en levant les yeux vers le ciel étoilé avec un sourire plus léger. C’était le bon vieux temps.
- Elle a peur de vous… continua Anna, en réfléchissant au fur et à mesure qu’elle parlait. Atlantis. Qui a peur. Vous êtes…
- Je suis ?
- Vous êtes une Ancienne, c’est ça ?
- Tout juste.
- Vous avez fait l’Ascension ?
- Et de deux.
- Et vous voulez me voir. Moi.
- Très perspicace, Anna, fit Urth, sarcastique.
- Et… commença Anna avant de s’interrompre. Euh, juste une question…
- Une de plus, mais, oui, vas-y.
- Je croyais que les Anciens étaient un peu plus… énigmatiques. J’ai lu ce que j’ai trouvé sur le docteur Jackson et Oma Desala. Et les autres Ascendants qui étaient dans Pégase étaient…
- Coincés ?
- Je n’aurai pas utilisé ce terme…
- Ils vivent un peu à l’écart, et ils se prennent pour des fontaines de sagesse, à vouloir faire comprendre ce qu’ils voient. N’importe quoi. Enfin, ça doit aussi être pour se donner un genre, et éviter de se faire inonder par les crétins.
- … D’accord…
- Et puis, je ne suis pas là pour te faire faire l’Ascension et j’ai l’habitude des humains, alors autant être claire, non ?
- Je… je ne me plaignais pas. Je voulais juste comprendre…

En un geste bref, Urth rapprocha brusquement sa tête de celle d’Anna, et, l’inclinant légèrement sur le côté, reprit :
- Super. Maintenant que c’est compris, on peut repasser aux choses importantes ?
Anna resta figée quelques instants, puis déglutit avant de répondre :
- Comme vous voulez.
- Atlantis ne t’a rien dit sur moi, hein ?
- … Non… Enfin, si, qu’elle vous connaissait et ne savait pas ce que vous faisiez. Je crois vraiment qu’elle a peur de vous. Je pensais que… que les Anciens n’intervenaient pas.
- C’est compliqué.
- Sûrement.

La femme, ou, rectifia intérieurement Anna, la projection physique qui servait d’avatar à l’être devant elle, soupira, le regard trahissant une certaine lassitude.
- Pour faire simple, c’est moi qui surveille Danny depuis que Oma lui a fait jouer au trampoline.
- … Pardon ?
- … Entre les plans d’existence ?
- Oh, fit Anna en notant, scientifique dans l’âme, que l’Ascension ne fournissait apparemment pas la capacité de trouver des métaphores élégantes.
- Bref, je l’observe, et j’essaie d’éviter qu’il se fasse tuer trop tôt ou qu’il retrouve ses connaissances.
- Vous le protégez ?
- Bien sûr. Tu crois vraiment qu’un humain aurait survécu à tout ce qu’il fait dès qu’il pose un pied ici ?
- Euh… je ne sais pas ce qu’il fait, exactement.
- Ah oui. Pour faire court, il se serait encore fait tuer cent fois si j’étais pas là.
- Et… vous intervenez ?
- Qu’est-ce que je fais d’autre ? Je lui dis de faire attention ? On parle de Danny, là.
- … D’accord. Donc, vous le surveillez. Et ?
- Simplement, je m’ennuie.

Pendant quelques secondes, toute réflexion cessa dans le cerveau d’Anna, et ce ne fut qu’ensuite qu’elle pensa à refermer sa mâchoire.
- Pa… Pardon ?
- Je m’ennuie. Donc, quand Danny se retrouve enfin dans un truc un peu plus compliqué qu’un Goa’uld sur le retour ou ses sorties avec cette pirate, c’est le jackpot.
- Que…
- Une invasion galactique, Atlantis qui décide de s’amuser avec tout le monde, le foutoir ici, l’autre trio qui fait passer Mara pour une reine de la subtilité, et tout le reste… Du jamais vu depuis que vous avez trouvé la Porte et mon client qui se retrouve au milieu, comprends que je sorte le pop-corn.
- … Mais… mais, faisait Anna, en tentant désespérément de voir où la conversation allait, après avoir quitté la direction qu’elle anticipait tel un papillon détourné de son nectar par une tête nucléaire. Mais… pourquoi moi ?
- Simple. Tout le monde s’amuse, prépare des plans contre les autres ou arrive au beau milieu sans comprendre ce qui se passe. Sauf toi. C’est dommage, non ?
- Comment ça ?
- Tu connais presque tout le monde, on t’écoute, et tu ne fais rien. Pas un seul petit plan, rien. Alors… non, je ne vais pas laisser tout ce potentiel partir. Combien de temps est-ce que je vais attendre pour un autre coup de ce genre ?
- Attendez… Vous êtes sérieuse, là ? Vous… vous nous surveillez, et vous trouvez qu’il n’y a pas assez de chaos ?
- Trouvé du premier coup ! fit-elle en acquiesçant énergiquement.
- …
- Bref, je suis là pour, on va dire, donner un coup de main.
- Comment ça ?
- Danny a fait de la politique la moitié de sa vie et je le protège. Atlantis… est Atlantis. Et tous les autres ont plein de raisons de faire bouger les choses. Sauf toi. Donc, je viens juste équilibrer les chances.
- Mais… je ne veux pas…
- Pas mon problème.
- Je ne vais pas me lancer dans des plans absurdes juste pour vous faire plaisir !
- Si, si.
- Vous vous prenez pour qui ?
- Une Ascendante ? Qui a plus de libertés que toi ou tous les autres le pensaient ?
- Oh. Tout le truc avec “je contrôle les éléments et je peux détruire n’importe quoi et surtout, n’importe qui, d’une pensée“, c’est ça ?
- En quelque sorte.
- Et vous voulez quoi, de moi ? Que je devienne comme Atlantis ? Que je cherche à manipuler tout le monde dans un but obscur ?
L’Ascendante eut un très large sourire, sans battre une seule fois des paupières en fixant Anna durant le long silence qui suivit.
- … Je vois. Et, vous vous rendez bien compte que ce n’est pas vraiment mon genre, que je n’ai aucune idée de comment faire ça, et que, de toute façon, je n’ai pas le moindre objectif ?
- Ca vient après.
- Et, le fait que je sois plutôt dans la catégorie à être le pion de toutes les entités quasi-divines qui passent aux alentours, ça ne m’élimine pas pour ce rôle ? tenta Anna.
- Justement, c’est pour ça que je suis là.
- En tant qu’entité quasi-divine. C’est bien ce que je disais.
- Tu crois que je te manipule ?
- Hmm… oui ? Pas très subtilement, mais, oui quand même.

L’Ascendante haussa les yeux vers le ciel étoilé.

- De toute façon, reprit Anna, pourquoi est-ce que vous auriez besoin de mon aide ? Je ne suis qu’une humaine, rien de plus. Allez plutôt voir les types qu’Atlantis a recrutés. Au moins, ils ont plus de moyens, ils pourraient sûrement faire quelque chose.
- Pourquoi est-ce que je m’embêterais avec eux ? Ils ont déjà fait leur part, et ils continuent. Je les surveille pendant qu’on parle, tu sais. Toi, par contre, tu ne fais rien. Juste suivre le mouvement, rien d’intéressant.
- Et qu’est-ce que je peux faire ? Je suis entre Atlantis et le docteur Jackson, sans expérience, sans moyens, sans rien ! J’essaie juste de m’en sortir. Au mieux, j’aurai une ou deux opportunités pour agir, c’est tout. Si vous voulez voir un truc avec moi, il faudra attendre et espérer qu’ils n’en profitent pas avant moi.
- Ou alors, te donner les moyens et l’expérience.
- D’accord, là, je ne sais pas où on va, mais ça devient particulièrement cliché ! On dirait un mauvais film de super-héros, vous savez… Vous ne comptez quand même pas…
- Quand même pas quoi ? T’améliorer, te modifier directement ? Non, ça, c’est pas mon style. Plutôt celui d’Atlantis. Et puis, elle s’en rendrait compte tout de suite, paniquerait, et tout ça.
- Du chaos, donc. Ce n’est pas ce que vous vouliez ?
- Mais non ! Pas comme ça. J’ai juste envie de voir tout le monde qui joue les uns contre les autres et être la seule qui comprenne quoi que ce soit à la situation.
- Pendant que des milliers de personnes vont se faire tuer si les jaffas nous attaquent, ou que Hagalaz continue à atomiser tout ce qui bouge. Vous ne voyez pas un problème, là ?
- Je n’ai presque pas d’effet sur le résultat final. Je m’arrange juste pour que ce soit plus intéressant à regarder.
- En venant rendre ma vie encore plus compliquée qu’avant.
- Oui.
- Et vous ne pourriez pas essayer d’arranger la situation ?
- Pas à moi qu’il faut dire ça. Tu connais nos lois sur la non-intervention dans vos affaires.
- En fait, non.
- … Ah oui, c’est vrai.
- Et, de toute façon, même si je ne les connais pas, elles sont assez mal faites, si, là, vous faites de la “non-intervention“.
- Une question d’interprétation. Et puis, je te l’ai dit, j’ai un peu plus de libertés que d’habitude, rapport à Danny.
- Qu’est-ce que le docteur Jackson vient faire là-dedans ?
- Disons qu’il n’est pas particulièrement apprécié de tout le monde, chez nous. C’est un des problèmes, quand on s’est fait élever par une semi-rebelle et qu’on tente soi-même de… Enfin, c’est compliqué. Il suffit juste de savoir qu’il n’a pas perdu son temps et ne s’est pas fait que des amis. Vraiment pas.
- Si vous le dites. Et, pour vous, qu’est-ce que ça change ?
- Rien, ou presque. Juste que les plus conservateurs, ceux qui ont tendance à nous empêcher d’intervenir… disons qu’ils ferment les yeux sur ce que je fais, tant que ça complique la vie de Danny.
- Compliquer… comment ?
- Les coïncidences qui n’arrêtent pas de lui tomber dessus, au plus mauvais moment possible ? Ce ne sont pas des coïncidences.
- D’accord. Donc, en fait, vous le torturez parce qu’il a remis en cause vos dogmes, c’est ça ?

Urth eut un petit mouvement de recul, apparemment surprise.
- Non ! Enfin, certains apprécieraient de le faire souffrir autant que possible avant qu’il ne revienne. Mais pas moi.

Comment est-ce que je me suis retrouvée à mettre une Ascendante sur la défensive pendant qu’on discute de l’avenir de la galaxie et de la vengeance la plus navrante qui soit exercée par une bande de pseudo-dieux ? se demanda Anna, en recadrant un instant la discussion. Pourquoi moi ? Qu’est-ce que j’ai fait pour me retrouver là-dedans ?

- Je rends juste sa vie plus intéressante, c’est tout.
- Comme vous voulez rendre la mienne plus intéressante ?
- Quelque chose comme ça.
- Et, si vous ne voulez pas faire comme Atlantis, comment alors ?
- Oh, de la même façon qu’avec Daniel. En arrangeant les coïncidences par-ci par-là. Tu prépares un plan, et ensuite, si je trouve qu’il rajoute un peu de piquant à l’histoire, j’arrange les détails que tu auras forcément oubliés.
- Pas d’intervention directe, c’est ça ?
- Pas trop. On m’a demandé d’être un peu plus subtile qu’avant.
- Ah, parce que vous essayez d’être subtile, là ?
- C’est ce que je fais, là.

Oh. Mon. Dieu.

- Juste une autre question : si je ne bricole pas de plan, vous allez me laisser tranquille quand même ?
- Bien sûr. Même si je risque de m’ennuyer un peu. Mais bon, avec Danny dans les parages, ça ne risque pas.

D’accord, donc, si je ne fais pas ce qu’elle dit, ma vie va devenir un enfer de “coïncidences“…

- Je n’ai vraiment pas le choix, hein ?
- On a tous le choix, et je suis bien placée pour le savoir, crois-moi.
- Le choix entre préparer des plans stupides pour amuser une Ancienne excentrique ou subir ses propres lubies, alors qu’on essaie de limiter les dégâts et d’empêcher la guerre avec les jaffas.
- Voilà.

Au moins, elle est honnête. Et puis, ce n’est pas comme si Atlantis n’avait pas déjà fait passer de plus grosses couleuvres.

- Bien sûr, vous allez m’observer en permanence.
- Et comment ! De toute façon, je le fais depuis le début.

Anna soupira.

- Des préférences, pour les plans ? lâcha-t-elle enfin.
- Je ne sais pas, essaie de me surprendre, fit Urth, prenant un air narquois.

Génial.



Lorsque, quelques minutes plus tard, Anna franchit à nouveau la petite porte pour retourner à l’intérieur du SGC, elle fut accueillie par l’officier qui l’avait amenée au point de rendez-vous, et qui avait apparemment décidé de revenir sur place.
- Désolée, dit Hasegawa.
- Elle est toujours comme ça ?
- Elle s’est calmée, avec le temps.
- … Pardon ?
- Quand je les ai connues, elle était beaucoup plus… énergique.

Il fallut un instant à son cerveau pour isoler le mot et en comprendre la signification.

- “Les“ ? Vous en connaissez plusieurs ?
- Oui…
- Et ils sont tous pareils ?
- Elles. Et, non, pas toutes. Heureusement.
- Il faudra que vous m’expliquiez tout ça, un jour.
- D’accord… En tout cas, bonne chance. Avec elle, vous en aurez vraiment besoin.




Lentement, et prenant soin de ne pas faire le moindre geste brusque, Carl se leva avant de se retourner vers l’assassin. Celui-ci était, comme il l’avait annoncé, protégé par un bouclier personnel Goa’uld, qui l’entourait d’une protection dorée aux incessantes fluctuations. Mais les pensées du pilote ne s’attardèrent que quelques instants à peine sur ce point, alors que le visage de l’homme entrait enfin dans son champ de vision.

Et qu’il le reconnut.

L’un des membres de l’équipe dont il faisait partie, un subordonné de la femme qui venait de mourir quelques secondes plus tôt sous ses yeux.

- Alors, lieutenant Banet. Des explications ? Une confession, peut-être ?
- Que… Qu’est-ce que… hésita Carl, alors qu’il réfléchissait à toute vitesse pour se sortir d’un mauvais pas aux dimensions épiques.

Il savait quelque chose sur l’homme devant lui, mais n’arrivait pas à mettre le doigt dessus.

- Voyons, lieutenant, continua l’homme, gardant une face professionnelle. Avant d’être forcé de vous tuer lorsque vous allez résister stupidement à votre arrestation sur le lieu de votre trahison, je suis bien censé vous demander les raisons de votre crime.
- Vous… vous espérez me faire porter le chapeau ?
- Sans le moindre problème, lieutenant. Après tout, un cadavre n’a que rarement contredit le témoignage d’un officier supérieur.

Lieutenant ? Officier supérieur ? Mais alors… s’il sait… Oui ! Voilà où j’ai vu ce salopard ! Dans cette putain de salle de briefing ! Celle réservée aux… militaires terriens. C’est l’un d’entre nous… comprit Carl, alors que ses souvenirs refaisaient surface, plaçant ce visage au milieu des autres, lors de son arrivée à bord. Un membre parmi d’autres de cette unité, jamais assez proche de lui pour qu’il en connaisse le nom.

- Pourquoi ? lâcha-t-il enfin, faisant un effort pour ne pas poser son regard sur le cadavre à la limite de son champ de vision.
- Très bonne question, lieutenant, à laquelle nous allons tous chercher une réponse. Pourquoi un officier prometteur tel que vous a décidé de trahir sa planète, ses camarades, ses supérieurs ? Peut-être que les enquêteurs y verront plus clair, malgré la mort prématurée du coupable.

Il faut que je gagne du temps. Les autres font revenir. Même s’il réussit à me tuer, s’il ne peut pas arranger la scène, ils comprendront que c’est lui qui a fait le coup.
- Qu’est-ce qu’elle avait fait ? demanda-t-il en faisant un très léger geste de la main en direction du corps.
- S’il vous plait… Vous êtes naïf au point de croire que j’ai besoin d’une raison ?
- …
- Il y en a une, en effet. Tamara s’est approchée un peu trop près de la vérité. Elle a remarqué un peu plus tôt que prévu certaines choses. Quelle ironie. Un officier de son rang, mourir par la main du pilote qu’elle entrainait.

Continuer à le faire parler, pensa Carl, frémissant de haine envers l’homme en face de lui. Il suffit d’une ouverture, et je peux l’avoir. Il a trop confiance dans son bouclier. Allez, continue à te croire intouchable, fais une connerie et laisse-moi t’exploser, enflure.

- Plus tôt que prévu ?
- Oui.
- …
- Très bien, lieutenant. Maintenant, je crois qu’il est temps de passer à la scène de la mort du traitre, qu’en pensez-vous ? fit-il en se repositionnant lentement, sans pour autant déplacer son arme, toujours pointée vers la poitrine du pilote.

Celui-ci repensa brièvement à l’état du corps de sa supérieure, qui allait être le sien d’ici quelques instants, et devait lutter intensément pour ne pas paniquer.

Merde, merde, merde ! Il faut que je tente un…

La détonation interrompit une fraction de seconde son train de pensées, et, l’instant d’après, une seule information occupait l’ensemble de son cerveau.

Le coup de feu, quel qu’il fut, était venu de derrière lui. L’homme n’avait pas tiré, et semblait surpris, regardant derrière Carl. Sans la moindre hésitation, le pilote plongea vers l’assassin, déplaçant autant que possible son corps vers le côté pour éviter un éventuel tir. Sous l’emprise de l’adrénaline, Carl vit le bras armé infléchir son angle, trop lentement et avec trop de retard pour remettre le pistolet dans le bon axe, tandis que son propre bras fusait vers les côtes de l’homme. Le coup porta, et son adversaire lâcha brutalement l’arme et se mit à chanceler. Au même instant, le jeune homme touchait durement le sol et laissa son entrainement amortir la chute de façon à se relever aussi vite que possible.

A moitié accroupi, il vit le pistolet de l’autre côté de la pièce, trop loin pour qu’il puisse l’atteindre, tandis que l’homme, se remettant rapidement de la douleur infligé par l’attaque, se lançait vers les armes qu’avait mis à terre son otage.

Instantanément, Carl prit sa décision, et se jeta vers la porte tandis que, du coin de l’œil, il voyait le fusil d’assaut se faire ramasser par le traitre. Quelques instants après avoir quitté la pièce, il entendit les premières détonations de l’arme, tirée en direction du mur que le pilote ne s’attendait pas à voir arrêter des balles supersoniques. Courant aussi vite que le lui permettaient ses jambes, il parvint à sortir du bâtiment, et tourna aussitôt sur le côté pour ne pas rester dans l’alignement du couloir.

Qu’est-ce que c’était que ce tir… Il n’y avait pers… si. Ca devait être elle. D’une façon ou d’une autre, elle a du crisper son doigt. Rigidité cadavérique, ou un truc de ce genre… Même après la mort… elle m’a sauvé la vie, se dit-il sans s’arrêter de courir. Il faut que je rejoigne les autres. Leur dire ce qui s’est passé. Si on a un traitre, toute la mission est foutue, il faut se tirer d’ici. Et… les autres jobs aussi. Et… pour qui ? Pourquoi ?



A quelques dizaines de mètres derrière lui, l’homme épousseta lentement son uniforme avant de soulever sans manières le cadavre. Il retira alors de sa cachette le pistolet chargé à blanc et retira précautionneusement le dispositif attaché sur sa queue de détente, avant de faire un geste vers son oreillette, acceptant la communication entrante.
- Colson ? demanda la voix.
- Oui.
- C’est bon ?
- Oui, il est parti comme prévu. Je lui ai fait le coup du monologue et de la diversion.
- Tout s’est bien passé ? Est-ce qu’il y a une surprise à s’attendre de lui ?
- Non, il ne se doute de rien. Il n’est pas une menace. Jamais vu un débutant pareil en close-combat. Vous êtes vraiment sûr qu’il faut le laisser filer ?
- Aucun doute là-dessus. Tu te tire, on s’occupe du reste.
- Bien compris. Terminé.
Complètement ridicule, le gamin, pensa-t-il en coupant la communication et vérifiant ses armes. Enfin, c’est son rôle, et il le joue très très bien.
Il reposa les armes du pilote près du cadavre, et quitta la pièce sans cérémonie.
Désolé, Tamara. Rien de personnel.


Merde, par où est-ce qu’ils venaient ? pensait Carl en essayant de retrouver son chemin tout en surveillant ses arrières pour chercher une quelconque trace de son poursuivant. Voilà, les ombres étaient dans cette direction, donc ils devraient être… par là !
Il tourna dans le sens que lui avait indiqué son raisonnement, et reprit sa course effrénée vers ses seuls alliés sur cette planète, qui, à chaque instant, lui semblait plus hostile.

Après avoir passé deux croisements, il remarqua, très brièvement, un groupe passant derrière un bâtiment, à une centaine de mètres de sa propre position.

Gagné ! soupira-t-il de soulagement avant de se ruer dans leur direction.

Il arriva rapidement dans la ruelle empruntée par le groupe, et le rejoignit au pas de course, n’interrompant son mouvement que lorsque plusieurs mercenaires se retournèrent pour le mettre en joue.

- Hé, c’est moi ! fit-il en direction des visages à moitié familiers, sans générer de réponse. Le nouveau, vous vous souvenez ?

Les hommes devant lui ne firent pas un mouvement, et il prit peur.

- Faites pas les cons ! On a un problème ! Il y a un…
- Traitre, je sais, compléta une voix. Baissez vos armes, ça ira.

Aussitôt, les mercenaires, que Carl avait identifiés comme appartenant au groupe non-terrien, et ignorant donc sa véritable identité, s’exécutèrent. Le pilote reporta aussitôt son attention sur la voix, qu’il avait identifiée comme celle du commandant lui-même, qui, il n’avait toujours pas compris pourquoi, s’était joint à la mission en personne. Passant à côté de l’imposante caisse, soulevée par un module de sustentation Goa’uld, Carl s’arrêta à quelques mètres de lui.

- Oui, j’ai entendu les nouvelles, Carl.
- Monsieur, la mission est sûrement compromise. Il faut faire sortir les priso…

Un instant, se dit-il. On devait faire sortir un tas de prisonniers et les ramener par les transports. Où est-ce qu’ils sont ?

- Ne vous inquiétez pas pour ça. J’étais au courant, et j’ai fait le nécessaire pour utiliser au mieux cette information.
- Vous… vous saviez ?
- Bien sûr.
- Mais… et Tam… Rémora, corrigea-t-il, en utilisant le nom de code de sa supérieure assassinée. Elle s’est faite tuer !
- Quelle ironie, n’est-ce pas ? Pour un officier de son rang. De sa compétence, se faire tuer par un vulgaire traitre. Mais heureusement qu’elle sera vengée.

Lentement, le chef de l’unité mit la main à sa ceinture, et referma les doigts sur le zat qui s’y trouvait.

Carl écarquilla les yeux, et recula lentement.

Qu’est-ce qu’il vient de dire ? “Quelle ironie… Un officier de…“ Non. Non ! C’est pas…

- Que…
- Vous avez voulu trop bien faire, Banet. Couvrir votre trahison en venant dénoncer votre bouc émissaire aussi vite que possible. J’aurais fait la même chose, à votre place, sans doute. Mais cela ne marchera pas, avec moi. Je connais très bien Colson, et j’ai entièrement confiance en lui. En tout cas, bien plus que je n’aurais jamais pu avoir confiance en vous.

D’un geste, il brandit l’arme à énergie et la pointa vers Carl, qui ne savait plus quoi dire, quoi penser, et qui, dans un mouvement désormais automatique, reculait sans faire attention à rien.

Jusqu’à heurter la caisse derrière lui, qui, déséquilibrée, chuta de son support et tomba dans un bruit lourd au sol. Par pur réflexe, le pilote se retourna vers la masse, et vit ce qui en était sorti, alors que l’une de ses parois s’était brisée.

Son esprit, perdu, vit la forme humaine, et prit ce qui lui sembla être une éternité à rassembler les informations devant lui.

Pas un humain. Un jaffa, vu la marque qu’il arborait au front.

Une marque qu’il avait vu dans de nombreux documents à l’Académie, de par l’importance historique des deux seuls jaffas l’ayant porté ces vingt dernières années. Il n’avait jamais rencontré un de ces deux jaffas en question, mais n’eut aucun problème à identifier celui qui se trouvait, inconscient, devant lui.

Le nom s’imposa à lui, au moment même où il se rendit compte, de façon détachée, du bruit si caractéristique d’un zat s’armant derrière lui.

Bra’tac, pensa-t-il lorsque l’éclair s’abattit dans son dos, le plongeant dans la douleur, puis l’inconscience.



L’officier grimaça brièvement.
- Il n’aurait pas dû voir ça, murmura-t-il pour lui-même, avant de se tourner vers l’un des sous-officiers mercenaires. Ramenez-le près de sa victime. Et laissez-le en vie. Intact. Les jaffas s’occuperont de lui bien mieux que nous.

L’homme acquiesça, et fit signe à plusieurs soldats de venir l’aider à ramasser le corps inconscient du jeune pilote.

- Et refermez cette foutue caisse avant qu’un civil ne le voie !

Voyant que ses subordonnés s’activaient autour de lui, il mit la main à son oreillette :
- Colson ? Il est bien venu, comme prévu. Bon boulot, on se retrouve à la base.
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