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 Hors-série I - Stargate Chronicles

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Rufus Shinra
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Skay-39
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Skay-39
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MessageSujet: Re: Hors-série I - Stargate Chronicles   Hors-série I - Stargate Chronicles - Page 2 EmptyJeu 5 Juil 2007 - 21:54

Tableau III
L’Espoir


« Ainsi s’acheva la vie d’Omo Roca, fille du peuple Oannes, dernière femelle de sa race, et de ses trois amis humains. Sa fin ne fut pas paisible, comme elle s’y attendait. Elle périt aux termes de terribles souffrances, entourée par la haine et le mépris. Mais jusqu'au dernier instant, elle garda au fond de ses cœurs des certitudes qui valaient le plus grand des océans. Elle savait que son compagnon l’aimait plus que tout, et l’aimerait encore durant des milliers d’années ; elle savait que ses alliés un jour triompheraient de son bourreau ; elle savait que son sacrifice préserverait son œuvre. »
« Son compagnon nous a promit une alliance. »
« Elle n’eut jamais lieu, et ne verra jamais le jour. Au temps dont je vous ai tiré, Nem a rejoint son épouse dans le Grand Océan, Royaume des Abysses. Il l’a rejoint dans la mort.
Ses cœurs n’abritèrent jamais le même courage ni la même haine que ceux d’Omo Roca. Il n’aspirait pas à la vengeance ; il n’aspirait pas à la justice. Il ne désirait qu’une chose : finir ses jours au côté de son épouse. Il s’accrocha à cet espoir aussi longtemps qu’il lui fut possible, et lorsqu’enfin il fut libéré de ce serment envers lui-même… Il s’éteignit, tout simplement. Mais votre peuple gardera tout de même à jamais une dette envers la défunte nation Oannes. »
« Sa rébellion a échouée. »
« Oui. Celle-ci. Mais elle posa les prémices du second soulèvement, celui qui renversa le grand Râ et le contraignit à abandonner le monde des esclaves. Quatre personnes de bien donnèrent leur vie pour libérer le peuple de la Tau’ri, et sans doute ne furent-elles pas honorées comme elles l’auraient mérités ; mais l’homme désire trop souvent oublier les époques de souffrance, et leurs noms tombèrent longtemps dans l’oubli, tout comme le règne millénaire des Goa’uld. La porte des étoiles et son cadran de commande furent enfouis sous le sable du désert Egyptien, et les pharaons s’approprièrent la majesté des grandes pyramides.
Ce ne fut donc pas sur Terre que la lutte se poursuivie en ces temps. Et cependant, il y eut de tout temps des êtres au cœur noble et courageux pour s’opposer aux tyrans des étoiles. Il y eut de grandes et de petites batailles ; certains remportèrent d’immenses victoires, et d’autres connurent de cruelles défaites. D’autres encore mêlèrent ces deux antagonismes, et firent ce que négligent trop souvent les hommes. Ils plantèrent la graine d’un futur meilleur.
Ce fut le cas d’une autre femme ; ou plutôt de deux femmes. Elles eurent le formidable courage de s’opposer aux siens alors que leur rébellion semblait sans espoir ; elles vécurent un temps parmi les humains de la Tau’ri, dirigeant les peuple sans les asservir.
C’est donc bien à la surface de votre monde que nous la rejoindront. La voici, drapés dans ces étoffes précieuses, sur le bord de cet escarpement rocheux. Son vaisseau l’attend derrière elle, recueillant peu à peu la rosée du matin.
Venez. Rejoignons-là. Et prenez-garde à celle que vous côtoierez. »
« Prendre garde ? »
« Cet esprit est double. Vous comprendrez… »



Je m’imprègne de l’atmosphère froide et humide de cette planète, baignant dans la brume matinale. L’air est vide, dépossédé de sa densité par l’altitude et les lois de la physique. Ma respiration n’est pas des plus aisées, mais je le supporte sans mal. Après tout, j’ai choisis ce lieu sciemment. Je veux garder une image inoubliable de mon premier regard sur la Tau’ri. Mon premier regard sur le monde où mes ancêtres trouvèrent la base de notre pouvoir ancestrale. Et, nous en convenons toute deux : le spectacle est magnifique.
Les monts qui nous font fasses, larges et crayeux, semblent absorber l’intense teinte rose-orangée dispensée par l’unique soleil levant. Leurs abondantes forêts luisent de toutes leurs feuilles, couvertes des perles de la rosée ; le vent frais remue le brouillard bas et y fait danser des reflets bleutés. Tout respire la primitivité d’une terre sauvage et encore inviolée.
Je m’avance lentement vers le bord du parapet, mes sandales de cuir fin se posant sans assurance sur le sol inégal et encombré. Enfin. Marcher sur un tendre tapis d’aiguille ; respirer l’odeur des arbres ; écouter même le chant des oiseaux, qui d’ordinaire m’agace prodigieusement. Mon voyage à prit fin, enfin. Mon vaisseau à émergé de l’hyperespace et s’est posé sur la Tau’ri après plusieurs mois de voyage solitaire – quoique ce terme ne puisse s’appliquer tout à fait à moi.
Retenant les plis de ma tunique contre mon corps, je me penche vers la vallée en contrebas, et admire le toit des arbres qui se succèdent tel le plafond nuageux que j’ai traversé un peu plus tôt, la rivière ténue qui serpente tout au fond de l’immense bassin, les collines qui présentent au ciel embrasé leur ventre rond et doux. Un monde beau et paisible. Agréable et fertile. Mon foyer, pour les années à venir.
Quelques pierres roulent sous mes pieds. Elles disparaissent dans les hautes herbes qui plongent vers la pente abrupte, et mon oreille humaine perçoit quelques bruits durs et cascadant.
« Attention ! Ne nous abîme pas. »
« Silence. Je sais ce que je fais. »
Mais est-ce vraiment le cas ? Pourquoi ais-je entamé ce long voyage ? Pourquoi ais-je fuis mon Seigneur, mes enfants, l’adoration des fidèles, pour ce lieu oublié ou nul pouvoir ne m’est acquit ? Moi-même, je ne suis pas sûre de le savoir. Peut-être le murmure continuel dans mon esprit n’y est-il pas étranger. Ce murmure persistant, incessant, qui me pousse à me poser des questions, trop de questions. Oui, peut-être est-ce cette présence qui m’a amenée à fuir les miens est à entamer cette quête spirituelle, ce voyage initiatique.
« Bien évidement, que c’est moi. »
« J’ai dis silence. »
Je tente sans conviction de la noyer dans son inconscient, mais elle repousse avec une pointe d’agacement cette vague tentative. Son impudence me remplie de colère et d’indignation, mais ce sentiment me semble si vain qu’il retombe bien vite.
« Allez, inutile de nous attarder ici. Trouvons au plus vite une ville ou nous établir et un souverain à qui proposer nos services. Et un endroit ou déjeuner. Je suis affamée. »
Je soupire, épuisée de m’évertuer sans cesse à maîtriser cet esprit rebelle. Que n’ais-je hérité d’un hôte faible et docile, au lieu de cette âme farouche et indomptable…
« Tu te serais ennuyée à mourir. »
« Vas-tu te taire ? »
« Allons-nous enfin nous mettre en route ? »
Je pousse un grognement agacé suivit d’un claquement de langue, et la sens se ravir de ma confusion lorsque je réalise qu’il s’agit là d’une des mimiques favorites de mon hôte.
« Très bien, cédais-je pour couper court à ses sarcasmes. Très bien, mettons-nous en route. »


Aujourd’hui, je me rappelle ces instants avec nostalgie. Je me souviens, emprunte d’une certaine note de surprise, de celle que j’étais avant de posséder Shar’loth. Une jeune humaine fantastique, forte et pleine de malice, qui à depuis bien longtemps quittée le monde des vivants.
Une pointe de culpabilité me saisie toujours lorsque je pense à elle ; culpabilité pour celle que j’étais, culpabilité pour la manière dont je la traitais, culpabilité pour n’avoir su à sa dernière heure lui exprimer tout ce qu’elle avait représenté pour moi. Pourtant, je crois qu’elle le savait. Elle à sauvée mon âme, et elle l’a fait au détriment de sa propre vie. C’est elle qui m’a convaincu de renoncer à l’usage du sarcophage, qui lui aurait pourtant assuré l’immortalité ; elle détestait les changements qu’elle sentait s’opérer en moi chaque fois que j’en émergeais, des changements dont je n’avais pas conscience. Elle martelait que cela corrompait mon esprit ; me montrait des images et des sentiments dont j’ignorais totalement qu’elle les avait perçue, et me mettait face aux ténèbres qui s’étaient peu à peu insinués en moi.
Cette noirceur, je la porterais à tout jamais ; car si le cerveau humain est capable de se purger presque entièrement des néfastes effets du sarcophage, l’organisme Goa’uld s’ingénie à faire de ce dérèglement contre-nature une norme à maintenir. Oui, cette femme que je possédais alors me changea au plus profond de mon être. La graine du doute et de la compassion sommeillait déjà en moi ; mais sans cette compagne, jamais elle ne se serait éveillée. Shar’loth à nourrit ce sentiment de culpabilité, l’a entretenu et stimulé ; elle à aiguisé ma curiosité et m’a montré ce que je ne voulais pas voir. Sans elle, jamais je n’aurais dérobé ce tel’tak à Artémis pour quitter Aricie, ce monde ou chacun me révérait et me considérait avec une adoration craintive. Certes, je n’étais qu’une simple mère pondeuse ; pas une Reine de statut Royal. Ma seule raison d’être était de mettre au monde toujours plus de larves Goa’uld, des enfants qui donneraient force et endurance aux guerriers Jaffa. Des enfants destinés à la mort.
Mais même en tenant compte de mon modeste rang – ce rang que Shar’loth à toujours bénit, puisque c’est lui qui m’a préservé d’un accès trop aisé au sarcophage – j’étais une personne d’importance. Maintenant que je l’ai quittée, Artémis devra me retrouver, ou bien mettre la main sur une autre Reine avant les dix années à venir ; car passé ce délai, les dernières larves dont j’ai accouché auront atteint leur maturité.
Chaque Seigneur Goa’uld possédant quelque importance possède au moins une reine ; en fait, c’est sur cette base que se construira son pouvoir. Cette reine aura pour fonction d’alimenter l’armée du Grand Maître, et sera le plus souvent d’extraction modeste - en effet, il est primordial d’éviter la naissance de centaines de larves animés de velléités de grandeur.
Mais certains Seigneur parmi les plus influents – tel Apophis ou l’abject Râ – peuvent également choisir une reine pour compagne. La raison pour laquelle ne prendrons ce risque que les plus puissants Grands Maîtres est qu’une reine ainsi promue ne pourra plus donner naissance qu’à quelques enfants ; car si une reine est capable de féconder elle-même ses œufs, elle peut aussi recevoir la semence d’un autre Goa’uld, mâle ou femelle. Les enfants ainsi conçus posséderont toute la connaissance de leurs deux concepteurs ; ce qui représente pour ces derniers un bonheur autant qu’un danger. Dans l’empire Goa’uld, les descendants sont des adversaires souvent plus redoutables que les ennemis de toujours.
Une fois fécondée par son Seigneur, la pondeuse pourra donner directement naissance à ses enfants ou bien reprendre d’abord possession d’un hôte ; la plupart des espèces disposent naturellement des organes nécessaires à la synthèse de larves Goa’uld, dès lors que la Reine intervient dans le processus de formation. Cette matrice devra être de la race que ses enfants seront destinés à parasiter, et dont la Reine aura déjà possédé une unité femelle afin de recueillir les gamètes d’une unité mâle. La reproduction Goa’uld est bien plus complexe que celle des hommes.
« Et bien moins agréable. »
Cependant, malgré mon statut limité, je jouissais sur Aricie de toutes les attentions que je pouvais désirer – bien que la nature féminine d’Artémis ne m’offre pas à priori la possibilité d’accéder un jour au statut de Déesse.
En effet, les Goa’uld ont un genre ; mâles et femelles se côtoient en nombre à peu près égal dans le ventre des reines. Mais pour notre peuple, cette distinction est plus que mineure ; les différences morphologiques entre les deux sexes sont inexistantes, les variations génétiques infimes. Un Goa’uld mâle n’est rien de plus qu’un Goa’uld n’ayant pas la moindre chance de devenir un jour une Reine ; nombre de symbiotes ignorent toute leur vie si la nature les à fait mâle ou femelle, et n’ont nul besoin de le savoir. En revanche, nos préférences s’affirment avec une troublante évidence lorsque vient le moment de choisir un hôte. Certains pensent que le premier réceptacle exerce sur le symbiote une influence majeure ; et bien que je ne pense pas que ce soit le cas, je ne peux rejeter cette possibilité. Quoi qu’il en soit, c’est par le genre de son corps d’accueil qu’un Goa’uld affirme sa propre nature, et il s’agit d’une étape importante de son développement.
C’est pourquoi je n’ai jamais nourrit l’espoir d’entrer dans les grâces d’Artémis, dont les mœurs sont des plus classiques. J’aurais certes pu tenter ma chance auprès d’un autre Grand Maître ; mais c’aurait été un pari très risqué. Il n’est pas rare qu’un Seigneur de statut masculin choisisse pour reine un Goa’uld orthodoxe quel que soit son genre profond, ne se souciant que de ses inclinaisons. Car quoi qu’en pensent certains, l’amour est un sentiment qui n’est pas étranger aux miens. Cependant, le statut de reine est indéniablement un atout de séduction majeur. Notre rareté ainsi que nos étonnants pouvoirs ont toujours exercés une grande fascination sur notre peuple. C’est nous qui façonnons le génome des nouvelles générations. Nous avons libérés notre peuple de sa nature de prédateur ; nous lui avons octroyés la capacité à posséder d’autres reptiles, et puis des mammifères ; plus récemment, nous avons introduis le naquadah dans ses veines. Et, régulièrement, nous garantissons aux Goa’uld de pouvoir posséder une race nouvellement découverte – bien qu’en cela nous partagions notre travail avec les Jaffa, dont nous suggérâmes par ailleurs la création.


Lorsque nous survolâmes Rome, créant quelques émois, ce fut pour observer une civilisation bien différente de celle que les Premiers Seigneurs avaient découverte il y a huit milles ans, bien différente même de celle qu’ils avaient abandonnés trois milles ans auparavant. Râ avait prétendu ce monde détruit, et nul ne le contredit ; mais bon nombre n’ignorait non plus que la Tau’ri existait toujours, dans son coin de galaxie. Cependant, aucun Seigneur n’était assez stupide pour prendre possession de ce monde et défier Râ ; c’est ce qui avait permit aux humains, libérés du joug Goa’uld, de prospérer et de se développer. Libres.
Mon tel’tak avait lentement dépassé l’édifice le plus imposant de la ville, avant d’aller se poser dans la forêt proche. Je pris la précaution de le dissimuler dans un bouquet d’arbre, et d’étendre tout autour son champ de force, affaiblit afin d’en augmenter le rayon d’action. Un mur de lumière invisible devrait suffire à repousser les autochtones sans provoquer trop d’émois, en ce pays ou le souvenir de la magie des dieux se transmettait encore à travers les légendes qu’elle avait engendrée. Shar’loth avait amèrement protesté contre cette méthode, mais à cette époque, je me souciais peu de ses états d’âme – ou, tout du moins, j’aimais à le croire.


Dernière édition par le Dim 30 Sep 2007 - 0:53, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Hors-série I - Stargate Chronicles   Hors-série I - Stargate Chronicles - Page 2 EmptyJeu 5 Juil 2007 - 21:58

Il ne m’avait fallu que quelques jours pour acquérir le statut de nymphe au sein de la population de Rome, une déesse bienfaisante de rang inférieur. J’utilisais de façon mesurée les quelques artéfacts Goa’uld que j’avais emmené avec moi lors de mon départ – particulièrement des technologies de soin – le naquadah n’étant pas naturellement présent dans le sol de la Tau’ri. Je me concentrais sur les femmes enceinte, fascinée par le mode de reproduction humaine que je n’avais jamais étudié en profondeur.


« Pas aussi fascinée que je l’aurais souhaitée. »
« Oh, s’il-te-plait, épargne moi ce genre d’allusions… »
« Je le ferais peut-être si cela ne t’amusait pas autant. »


Cette tendance ne passa pas inaperçue, et une rumeur se répandit rapidement ; on racontait qu’un sacrifice en mon nom pouvait faciliter les accouchements. Je ne la démentie pas ; cela servait mes desseins. Je devais me constituer un nom, une renommée ; et le plus tôt serait le mieux. Mon lien avec Artémis – connue en ce pays sous le nom de Diane, et jouissant d’une certaine popularité – avait déjà contribué pour beaucoup à me constituer une réputation favorable. J’espérais que celle que j’avais trahie n’apprendrait jamais l’usage que je faisais de sa notoriété.
Lorsque j’estimais avoir suffisamment démontré mes pouvoirs, je me présentais devant les imposantes portes ouvragées du palais royal. Aux gardes qui m’arrêtèrent, je donnais mon nom.
« Egéria. »
Numa Pompilius me reçut rapidement. Je fus impressionnée par son assurance. Certes, il était comme tous les autres, fasciné et effrayé d’assister au retour d’une déesse après trois milles ans de simples rumeurs parlant de villages entiers emportés par les dieux au cœur de célestes montagnes d’or. Mais malgré cette crainte déférente, il restait droit et digne, s’adressant à moi avec respect sans pour autant renier sa royale ascendance. Je compris rapidement qu’il n’adviendrait rien de bon si je tentais de lui imposer ma volonté.
Alors, je lui dis que les Dieux m’avaient envoyés auprès de lui pour l’aider à guider son peuple. Pour le conseiller et être son oracle. Il était sage, mais jeune ; et c’était un homme. Son orgueil fit le reste.
Moins de deux ans plus tard, il devenait mon époux.

Numa Pompilius… Je passais près de cet homme de merveilleuses années. Mais… peu, bien trop peu. Il mourut à l’âge de quarante-quatre ans. Le récit de sa fin serait inutile et douloureux, et surtout bien plus complexe que ce que les livres d’histoire en retiendront.
Mon époux m’avait donné la preuve que j’ignorais être venu chercher. Il m’a montré que les hommes étaient capables de se gouverner par eux-mêmes ; ils n’ont nul besoins d’être guidés et dominés par les Goa’uld. Ils ne sont pas une race d’esclave ; ce ne sont pas des bêtes. Ils sont jeunes, primitifs par certains aspects, obstinés ; mais c’est une espèce sensible pleine de potentiel.
Après avoir assisté aux obsèques de mon amant et m’être occupé des responsables de sa mort, j’ai quitté la Tau’ri. Je n’avais plus rien à y faire. Je savais désormais ce à quoi je devais me consacrer. A compté de ce jour et jusqu'à ma mort, dans la victoire comme dans le malheur, moi et mes enfants nous consacrerons à combattre l’empire Goa’uld.
Et même aujourd’hui, malgré tout ce qui s’est produit, tous ces morts et toutes ces souffrances, tous ces espoirs et toutes ces trahisons, je ne regrette rien. Comment le pourrais-je ?
Car en cet instant, sur une lune forestière d’un monde isolé, pelotonnés dans le ventre des Jaffa qui me sont demeurés fidèles, grandissent les derniers petits dont j’ai accouché. Les derniers peut-être qui rejoindront ce mouvement que j’ai enfanté.
Certains ont déjà atteints l’âge adulte et communiés avec leur hôte. Cette opération, très différente de l’implantation telle que la pratique les Goa’uld depuis des dizaines de milliers d’années, ne s’est pas déroulée sans difficulté ; car si la possession brutale et sans compassion est inscrite au plus profond de nos gênes – constituant non seulement notre instinct primaire, mais aussi la majeure partie de notre mémoire génétique -, la fusion fait essentiellement appelle à notre intellect. Je suis convaincu qu’il s’agit là d’une évolution décisive du peuple Goa’uld, de notre réelle raison d’être ; car il est indéniable que le sang des miens charrie la clé d’une existence longue et robuste pour toute créature qui consentirait à partager notre vie. Mais, comme tout bouleversement majeur, il nécessite avant tout que soient abandonnées les anciennes méthodes.
Dans le cas d’un parasitage classique, un combat s’engage très vite entre l’hôte et le Goa’uld. L’issue de cette bataille – dont la durée se mesure d’ordinaire en secondes, bien qu’elle semble infiniment plus longue aux deux protagonistes – se détermine le plus souvent dans les premiers temps de la possession ; car chaque élément dont l’hôte abandonne le contrôle au Goa’uld durant ces instants de panique et de trouble est un outil supplémentaire dont celui-ci n’aura pas à s’emparer par la force. Hélas, il n’est pas rare que l’esprit assaillit ne parvienne pas à se ressaisir avant que le Goa’uld n’ait totalement accaparé son être.
Cependant, il existe des cas particuliers, qui concernent des réceptacles à l’esprit particulièrement farouche ; car certains sont capables de lutter, sans relâche et sans faiblir, durant des jours, des semaines – voir des années. Ces individus sont hélas bien rares, en particulier en ces temps ou les peuples soumis aux récoltes subissent d’ordinaire la tyrannie et la propagande des Goa’uld depuis de nombreuses générations. Peu d’hommes ont le courage de résister aux Dieux.
A force d’introspection, j’ai pu déterminer grâce à la mémoire génétique de mes ancêtres que la révolte, la colère et surtout la compréhension de la nature des Goa’uld sont des facteurs d’importance dans la capacité d’un hôte à résister à son parasite ; au contraire, la peur, le découragement ou encore la fascination ne font que lui faciliter la tâche.
Néanmoins, quelle que soit la force de caractère des deux protagonistes, il n’existe qu’une seule issue possible à cette confrontation. L’hôte pourra lutter de toute son énergie, de toute son âme, de toute la force de sa volonté, la victoire reviendra toujours au parasite ; car la possession est sa nature profonde, et le synonyme de sa survie.
Dès lors, l’esprit de la créature possédée est écrasé par celui du symbiote. Coupé de ses perceptions, isolé dans un recoin de son esprit, il traverse son existence au milieu d’une rêverie fiévreuse et tourmentée, ne contemplant que les ténèbres profondes de son esprit et n’écoutant que les murmures diffus de son âme.
Un hôte suffisamment fort sera toujours capable de refaire surface de façon épisodique ; il lui faudra pour cela réunir toute son énergie et mobiliser toute sa détermination, afin de forcer sa personnalité à émerger de l’épais brouillard ou le Goa’uld désirerait le maintenir. Cet esprit ressurgissant au premier plan retrouvera sinon le contrôle, du moins l’usage de ses sens ; l’hôte momentanément rétablit dans sa position de conscience percevra à nouveau son environnement, sans pour autant cesser d’être esclave du Goa’uld parasitant son enveloppe.
En cet état, la conscience asservie – qu’elle n’ait pas encore cédé à la pression de son tyran ou qu’elle y ait momentanément échappé – dispose d’un pouvoir non négligeable, pouvant même s’avérer redoutable. On vit de puissants Grands Maîtres protéger contre toute attente le monde d’où leur hôte était issu, ou encore épargner au moment le plus critique la vie d’un ennemi appartenant à l’entourage de ce dernier alors que la prudence aurait commandé de l’éliminer. La tendance inverse est presque aussi répandue ; car détruire tout ce qui faisait la vie de votre réceptacle – son monde, son peuple, sa culture - est le plus sur moyen de le briser et de l’inciter à fuir la douleur et le désespoir en se retranchant dans le coma providentiel offert par son bourreau.
Cette aptitude du possédé, dont la majorité des Goa’uld nient l’existence – tant auprès des autres que d’eux-mêmes – bien qu’elle soit un fait avéré, dépend majoritairement de la force d’esprit du parasite et du parasité. Plus le Goa’uld sera imbu de lui-même, moins il lui paraîtra envisageable d’être influencé par un être aussi primitif que celui qu’il possède – l’espèce de ce dernier n’ayant que peu d’importance, mes frères se considérant comme supérieurs à toute autre créature. L’empathie, elle, est une arme à double tranchant ; cette tendance rendra le reptile plus vulnérable aux désirs les plus profonds, les plus viscérales de son réceptacle, mais lui permettra également de déjouer ses tentatives conscientes d’influence.
Mais tout ceci ne concerne que le cas d’une possession traditionnelle ; le mouvement que j’ai instauré aborde une forme rigoureusement différente de fusion entre hôte et symbiote, et c’est pour cette raison que les choses s’avérèrent si compliquées.
Rien n’est plus difficile que d’infester une créature dont la race ne fut jamais possédée par un de nos ancêtres, ou sans avoir grandit en tant que larve dans le ventre de ceux de son espèce ; de même, tenter de partager le contrôle d’un corps avec un hôte peut ne pas être sans danger. Car il est toujours extrêmement périlleux d’être les premiers lorsqu’on aborde une pratique aussi complexe que la fusion.
Lors d’une relation symbiotique parfaite, on distingue trois contenants distincts au sein de l’unité : d’une part, l’hôte et l’organisme parasite disposent tout deux d’un espace mentale qui n’appartient qu’a eux, où sont enfouis certains de leurs souvenirs, leur désirs et leurs secrets les plus intimes ; c’est le siège de leur pensée consciente, et nulle intrusion ne pourra se faire en cette part de leur esprit sans violence et sans que l’autre en soit conscient - il faut cependant avouer que si le Goa’uld peut arracher de force ces pensées à son hôte, l’inverse n’est pas vrai ; c’est une injustice hélas insoluble, mais qui ne devrait avoir aucune conséquence dramatique, car jamais mes descendants n’imposeront leur volonté à une autre créature sensible. Parallèlement, la grande majorité de la mémoire et des aspirations des deux âmes se mêlent au sein d’un vase commun, ou tout deux sont capables de puiser de façon absolument naturelle.
A un stade plus conscient, les deux esprits, bien que ne se fondant jamais l’un dans l’autre ou l’un avec l’autre, sont inévitablement et définitivement affectés par la symbiose ; non seulement par les souvenirs et les ambitions de leur moitié, mais surtout par sa personnalité profonde. Au fil des implantations, le symbiote connaîtra des changements considérables, car il emportera avec lui un peu de l’âme de son hôte précédent ; et cela sera vrai également dans le cas sans doute beaucoup plus rare d’un hôte participant à plusieurs mélanges.
Néanmoins, la réussite d’une fusion n’est jamais assurée. Un certain nombre de facteurs peuvent intervenir et provoquer l’échec de l’union, au niveau physiologique ou psychique – les deux étant parfois intrinsèquement liés. Une profonde inimitié entre les deux intéressés n’est pas l’un des moindres dangers.
Dans la majeure partie des cas, il s’agit seulement d’une question de temps ; la fusion s’opèrera alors peu à peu, en douceur, le plus souvent sans que tout deux en aient consciences. Mais il arrive également que certains esprits se révèlent tout à fait incapables de s’accorder.
Lorsque les deux âmes confrontées ne peuvent s’imprégner l’une de l’autre, car leur mentalité et leurs aspirations se trouvent être diamétralement opposées, la relation qui s’installe n’est pas celle d’une symbiose, mais d’un parasitage alterné. Le reptile tentera inconsciemment de profiter des capacités que lui procurera son nouveau corps sans prendre en considération les désirs de son propriétaire, tandis que ce dernier aspirera à jouir égoïstement de la santé parfaite et de la longévité induite par notre système immunitaire sans s’investir dans notre mouvement. Chacun se sentira prit en otage, et chacun argumentera en sa faveur au lieu d’agir dans l’intérêt commun ; le symbiote réclamera son due tandis que l’hôte, libéré de ce qu’il l’aura poussé à rechercher la fusion, ne songera plus qu’a être débarrassé de ce qu’il considérera comme un intrus.
Cela peut aboutir à un résultat extrêmement dangereux : un hôte refusant d’abandonner le contrôle de sa chair à un être auquel il ne parvient pas à accorder sa confiance, et un symbiote renâclant à renoncer à un corps sur lequel il à lui aussi ses droits. Deux esprits pour un seul organisme ; cela n’est pas viable. En ce cas, la séparation doit être envisagée.
Peut-être dans l’avenir mes enfants mettront-ils au point un moyen efficace de déterminer l’hôte et le symbiote qui s’accorderont au mieux en vue d’une première implantation ; pour le moment, la méthode est très incertaine, car il est difficile de déterminer le tempérament d’une larve. Ses sens limités lui permettent à peine de déterminer un certain nombre de critères majeurs, tels que le sexe de l’hôte ; car comme je l’ai déjà mentionné, pour la plupart des Goa’uld, le genre du réceptacle est un facteur déterminant.
L’une des méthodes les plus sûres pour déterminer le caractère d’un symbiote immature et assurer une compatibilité d’humeur avec son hôte futur réside en une forme extrême de Kelno’Reem, au cours de laquelle l’esprit d’un Jaffa - oscillant au portes de la mort et ramené à son niveau le plus primitif - s’avère capable de capter les brins d’ARN messagers massivement projetés par la larve dans sa poche ventrale, et charriés jusqu’au cerveau de l’organisme porteur via le réseau sanguin. Ainsi, à force de concentration et de persévérance, le porteur parvient parfois à visionner les souvenirs et les émotions émis par son symbiote.
J’ai initié tout mes Jaffa à cette pratique, afin de définir au mieux la personnalité de mes enfants et par conséquent éviter les rejets.
Mais pour autant que j’ais pu l’estimer auprès des nombreux enfants que j’ai mis au monde, ces cas extrêmes sont très rares. La nature même de la symbiose, mêlant l’esprit de l’un à l’esprit de l’autre, est faîte pour inciter à une union parfaite. Unis dans leurs buts, unis dans leurs émotions, homme et reptile sont les plus féroces alliés ; ils aiment et haïssent à l’unisson.
Dans le cas d’une union parfaite, l’hôte ne récupère en fait jamais plus la maîtrise absolue de son corps, et cela aussi longtemps que perdurera la fusion – à moins que le symbiote n’ait à soigner de graves blessures nécessitant qu’il y consacre tout ses efforts et toute son attention. Lorsque le symbiote lui rendra le contrôle, cela signifiera en réalité que l’esprit des deux sera lié si étroitement que les paroles formulées par l’hôte seront presque instantanément prononcées par le symbiote, sans que celui-ci puisse auparavant les contrôler – ou si peu… Chaque mouvement et décision du réceptacle aura ainsi des répercussions quasi-immédiates sur son organisme – le temps de latence se comptant en millièmes de seconde. J’ai donné à cet acte l’appellation sobre de « passation de pouvoir. »
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MessageSujet: Re: Hors-série I - Stargate Chronicles   Hors-série I - Stargate Chronicles - Page 2 EmptyJeu 5 Juil 2007 - 22:00

Il est également possible pour un symbiote de relâcher totalement son emprise sur son hôte ; de déconnecter des synapses de ce dernier les filaments par lesquels il exerce son contrôle. Aveugle, sourd et impotent, le symbiote n’est plus alors qu’une créature faible et vulnérable, se nourrissant de son hôte sans être capable d’interagir avec lui en quoi que ce soit. Il se trouve en fait réduit à un état proche de celui de n’importe quelle créature parasitée et dominée par un Goa’uld, bien que disposant encore de sa capacité de réflexion et de ses sens propres, aussi limités soient-ils au sein d’un organisme. Une séparation plus partiale est également possible, au cours de laquelle il continuerait à percevoir son environnement à travers les organes sensitifs de son hôte.
Si cette procédure est presque instantanée, rétablir la connexion en revanche est bien plus long et laborieux – du moins sans causer de traumatismes au corps d’accueil. C’est pourquoi la méthode de la passation de pouvoir est préférable sur tous les points.
« Tu oublies un élément essentiel, ma sœur. »
« Vraiment ? »
« Oui. Laissons-là les synapses et le code génétique. Ce n’est pas par ce biais que notre lien s’exprime dans toute sa beauté. »
En effet. Car la symbiose n’est pas qu’un phénomène physique et psychique. Il ne s’agit nullement de la simple fusion de corps et d’esprits ; mais de la communion de deux âmes qui, sans rien abandonner de leur nature profonde, s’imprègnent mutuellement à un niveau aussi bien conscient qu’inconscient. Dans le cas d’un équilibre total entre hôte et symbiote, on est plus ni un, ni deux, ni trois : mais tout cela à la fois. Une unité profonde, une individualité inaltérable, un enrichissement mutuel inestimable.
Lorsqu’il m’arrive de me perdre dans mes pensées, de laisser mon esprit dériver ou me transporter dans mes souvenirs, alors elle repousse ma conscience loin de l’aspect matériel de notre vie, doucement, naturellement, sans même que je m’en aperçoive réellement. Elle veille à travers des sens dont je garde pourtant le contrôle ; elle écoute ce à quoi je ne prête pas attention, observe ce qui m’échappe, et toutes ses informations s’inscrivent naturellement dans notre mémoire commune. Toujours, l’une d’entre nous veille sur nous deux ; toujours, l’une d’entre nous prend soin de notre couple. C’est un soutient de chaque instant, absolu et sans condition - sans même que la simple idée de contrepartie ne nous effleure. Sa présence est une sécurité dont je n’imagine plus me passer, et que ni les hommes, ni mes frères Goa’uld ne peuvent concevoir. C’est cela également qui nous permet plus que quiconque de supporter les épreuves et la torture.
Et pourtant, bientôt, cette part de moi me sera arrachée. Ou plutôt, c’est moi – cette parcelle de mon être, humide et atrophiée, qui n’est guère plus qu’un prolongement physique à mon âme – qui serais impitoyablement extrait du corps de celle qui partagea avec moi les derniers deux cent ans. Râ tentera alors d’extraire de son cerveau autant d’informations que possible ; et il possède des méthodes d’interrogatoire terrifiantes.
Une poussée malicieuse.
« Allons, ma sœur. Tu sais bien que nous n’en arriverons jamais là. »
« Nous en avons parlé, mon amie. Je ne… Je ne suis pas certaine d’en avoir la force. »
« Tu es la personne la plus forte qu’il m’ait été donné de rencontrer, Egéria. Et tu le feras. Si tu tiens réellement à moi, tu le feras. Tu m’ôteras la vie de façon à ce que nul ne puisse me ramener de l’Empire des Morts. »
« L’Empire des Morts… N’as-tu encore abandonné toutes ces vieilles croyances ? »
« Vous autres Goa’uld ne détenez pas la clé du savoir absolu » me taquinât-elle.
« Mais nous avons-nous même mis en place cette légende du Royaume de l’Autre Monde. »
Un bref silence.
« Ne change pas de sujet. J’ai besoin de toi, ma sœur. Toi seule peux m’éviter milles pénibles morts, et des réveils plus pénibles encore. »
Nulle réponse ne me vient à l’esprit. Mais la bourrasque d’émotion qui transite par mon cerveau pour venir accélérer notre rythme cardiaque est assez significative.
Un parasite est capable de supprimer aisément son hôte. Il peut le faire proprement, arrêtant instantanément toutes ses fonctions vitales ; ou bien de manière bien plus radicale, engloutissant en quelques coups de mandibule les parties du cerveau indispensables à une régénération du corps et de l’esprit. Ce qu’elle désire. Ce qu’elle attend de moi. Ce que je ferais. Car je dois lui épargner le sort que lui réserve Râ. Après tout, c’est bien la moindre des choses que je puisse faire.
Nous demeurons là un long moment, baignant paresseusement dans les eaux de nos souvenirs mêlés. Sans rien dire. Sans rien faire. Appréciant simplement, dans le calme et la paix, la présence aimante et amie de l’autre près de nous. Cette âme lovée tout contre notre âme. Cet esprit jouant avec notre esprit. Une sœur. En nous, pour toujours.
« Il est temps, ma douce » murmure ma sœur humaine.
« Nous pouvons attendre encore un peu. »
« Tu peux m’épargner la douleur de la lame qui fouille notre chair, mais pas celle qui serre ton cœur minuscule. Il ne sert plus à rien de repousser les choses davantage, Egéria. Plus à rien. Il est temps, ma douce. Il est temps, ma sœur. »
« Chaque seconde est importante. »
« Et nous en avons partagées suffisamment, et de suffisamment merveilleuses, pour ne rien regretter. Allez, ma sœur. Allez, Egéria. Maintenant. Mainte… »
Je contracte les muscles depuis si longtemps immobiles de mes mâchoires, et mes mandibules aiguisées tranchent le fil ténu d’une vie humaine.

Des mains me saisissent. Me manipulent avec une prudente brusquerie. Haine et mépris, tempérées par des ordres stricts. L’odeur du sang m’assaille, et je voudrais faire taire l’excitation qu’elle me procure. Le goût acide du naquadah coure le long de mes vertèbres. Tout comme il coure dans les veines de mes bourreaux. Acte puéril qui doit tout à mon ancienne compagne, je tors mon long corps flexible pour entailler un pouce de mes crocs encore pleins du fluide vital de cette sœur disparue. La main se déplace et saisit ma tête fermement. Mes yeux peu sophistiqués me permettent tout de même de voir la plaie se refermer lentement.
Une silhouette mince s’approche de moi. Du naquadah dans son sang. Un petit rire léger. Et puis, deux points de lumière brillent un instant au dessus de moi. Râ assiste à ma punition.
« Ainsi finit la reine Goa’uld qui souilla son âme de celle d’une bête » prononce calmement le Haut Seigneur en Goa’uld ancien. Cet être honnit. Celui qui découvrit la Tau’ri et condamna ses habitants – mes frères – à l’esclavage.
Je feule et crache dans sa direction ; mes nageoires se hérissent, mes yeux brillent un instant. Réaction primitive et ancestrale, issue de mes plus profonds instincts. Je hais ce frère suffisant et sans pitié, et cette haine est un poison que Râ distille dans mes veines.
Non, Egéria. Non, ma sœur. Ne le laisse pas faire cela. Ne le laisse pas ternir ton dernier repos de ces noirs désirs. Je veux que tes ultimes pensées soient pour moi. Pas pour ce pourceau arrogant. Tu as fais ce qu’il fallait, et les générations futures s’en souviendront.
« Mon amie ? »
Le Goa’uld qui me manipule enroule mon long corps autour de son poing, affirmant sa prise sur mon crane anguleux. Je sens les bords de l’urne de stase frotter contre la crête osseuse qui coure le long de mon dos.
« Ma sœur ? Est-ce que tu es là ? »
Non, elle n’est plus là. J’ai sentie son âme s’éteindre tout autour de moi aussi nettement que je sens maintenant le liquide emplissant la jarre se couler dans mon système respiratoire. Son absence m’a frappée comme le faible courant électrique parcourant ces drogues élaborées.
« Ma sœur… »
Non, elle n’est plus là. Sinon dans cette part de moi qui ne la quittait jamais. Et, bientôt, elle se fondra totalement dans ce que je suis, aux côtés de Shar’loth et de celles qui l’ont suivies ; altérant encore une fois mon âme à jamais. J’ignore si le processus se poursuivra durant ma stase. Déjà, je sens cette perle de conscience se diluer doucement.
Et, tandis que mon corps et mon esprit se fondent tout deux dans le même brouillard huileux ou se bousculent des humeurs colorées, ce brouillard si semblable à la poche tiède ou je sommeillais il y à bien longtemps en compagnie de mes frères et sœurs, résonnent confusément en moi les mots que Râ fera graver sur le mur de pierre qui condamnera ma chambre mortuaire.
« Ci-gît Egéria, traître à l’espèce Goa’uld. Puisse-t-elle souffrir pour toute l’éternité. »
Mais ces mots ne m’atteignent plus. Ceux de ma compagne m’ont touché bien davantage. Oui, mes enfants se rappelleront. Ensemble, ils se dresseront devant celui qui me condamna, devant sa puissance et ses armées ; rongeant les bases de son Empire. Et ensemble, ils abattront le pouvoir de l’être que les humains vénèrent comme le soleil lui-même. Un sombre nuage au-dessus de sa tête, une menace tapie dans son ombre, un poison se répandant dans ses veines ; ils deviendront sa hantise, son obsession, sa crainte de chaque instant. Ils s’opposeront encore et encore au Seigneur Râ, n’ayant de cesse que de se dresser sur son passage, ne lui laissant aucun répit ni aucun repos.
Ils seront…

…les Tok’Râ.

(To be continued...)
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MessageSujet: Re: Hors-série I - Stargate Chronicles   Hors-série I - Stargate Chronicles - Page 2 EmptyVen 6 Juil 2007 - 0:36

C'est vraiment bien écrit. Smile

Intéressante, la façon dont tu rends les symbiotes semblables aux termites. Cette idée que la caste asexuée est en réalité composée de mâles et de femelles stériles. Cependant, si je comprends bien la notion de symbiote femelle, reine potentielle mais jamais réalisée, j'avoue par contre mon incompréhension totale du concept de goa'uld "mâle". Car, pour reprendre ma comparaison, il existe effectivement un roi des termites, c'est la vérité, mais je n'imagine pas un roi goa'uld. On aurait plutôt affaire à l'absence totale du potentiel pour devenir une reine, et un quelconque atome crochu avec la masculinité humaine serait alors difficilement explicable. Ou alors, il faudrait supposer que les lointains ancétres aquatiques des symbiotes avaient un mode de reproduction semblable au nôtre. J'aime cependant beaucoup la façon dont même les goa'ulds ayant une femme pour hôte ont besoin d'une reine pondeuse.

J'avoue n'avoir pas accroché au discours animiste surgissant en cours de route. J'avais eu le même probléme avec la fic de l'enfanteuse "autres regards", au demeurant excellente. Si j'avais la possibilité de créer un réplicant, je me soucierais de reconstruire le corps et de repliquer l'esprit. Je ne chercherais pas à mettre une âme dans le programme. J'aurais peut-être tort, remarquez.

Je trouve dommage que la symbiose consentie ne permette pas une maturation directe de la "larve tok'râ" dans un hôte humain. Il faut dire que j'ai toujours vu cette symbiose dans une perspective "les bons sentiments font une bonne santé". Comme McKay, je vois les états mentaux comme étant d'abord des états physiques, l'amour et la sérénité étant d'abord un équilibre. Toi, tu vois cela sous une perspective plus "changement difficile". Ca marche aussi.

La suite. ^^
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MessageSujet: Re: Hors-série I - Stargate Chronicles   Hors-série I - Stargate Chronicles - Page 2 EmptyVen 6 Juil 2007 - 1:46

sylvouroboros a écrit:
Cependant, si je comprends bien la notion de symbiote femelle, reine potentielle mais jamais réalisée, j'avoue par contre mon incompréhension totale du concept de goa'uld "mâle". Car, pour reprendre ma comparaison, il existe effectivement un roi des termites, c'est la vérité, mais je n'imagine pas un roi goa'uld.
A vrai dire, j'imagine les choses différemment. Je pense que mâles comme femelles sont capables de sécréter des gamettes dites "mâles" ; mais que très peu de femelles sont capables de recevoir ces gamettes des autres - ou bien les leurs propres - pour donner naissance à des larves. Ce sont celles-là qu'on nommera "reines"

Je me base pour cela sur trois affirmations :

Celle de Klorel dans "Within The Serpent's Grasp" :
KLOREL : He is my father. He seeded the queen mother. He chose the host in which I will live out eternity. Apophis gave me life.

Celle de Martouf dans "The Tok'Râ" :
MARTOUF : Well, actually, that isn't accurate. The symbiote does not have a gender. However, Jolinar has always been in female hosts.

Et enfin, celle de Malek dans "Cure" :
MALEK : Symbiote queens are able to fertilize their own eggs. It is essentially an asexual process.

Je dois dire que je suis assez fier d'avoir réussi à réunir tout ces éléments dans une seule théorie. Même le premier colle, si on considère les mâles comme des femelles ne disposant pas des gènes nécessaires pour devenir un jour des reines.

Citation :
On aurait plutôt affaire à l'absence totale du potentiel pour devenir une reine, et un quelconque atome crochu avec la masculinité humaine serait alors difficilement explicable.
En effet, c'est bien ça, et je ne crois pas avoir suggéré un rapport de ce type. Un Goa'uld, qu'il soit "mâle" ou femelle, peut selon moi choisir un hôte masculin. J'ai simplement supposé, surtout pour des raisons de commodité, je le confesse, que les reines étaient nettement attirées vers les hôtes féminins.

sylvouroboros a écrit:
J'aime cependant beaucoup la façon dont même les goa'ulds ayant une femme pour hôte ont besoin d'une reine pondeuse.
C'est l'un des éléments que j'avais le plus envie de mettre en avant. C'est la seule explication logique au fait que les Goa'uld puissent envoyer des milliers de larves à la mort, tout en souhaitant avoir des enfants. Une reine de rang inférieur me semble indispensable.

sylvouroboros a écrit:
J'avoue n'avoir pas accroché au discours animiste surgissant en cours de route. [...] Si j'avais la possibilité de créer un réplicant, je me soucierais de reconstruire le corps et de repliquer l'esprit. Je ne chercherais pas à mettre une âme dans le programme.
Personnellement, j'aime croire en l'existance de l'ame. Mais ce que je pense n'a que peu d'importance. En l'occurence, c'est Egéria qui évoque le concept d'âme. Je ne suis pas sûr que Jack, le scientifique Altéran par lequel à débuté ce voyage ou bien encore Moros auraient tenus le même discours.

sylvouroboros a écrit:
Je trouve dommage que la symbiose consentie ne permette pas une maturation directe de la "larve tok'râ" dans un hôte humain. Il faut dire que j'ai toujours vu cette symbiose dans une perspective "les bons sentiments font une bonne santé". Comme McKay, je vois les états mentaux comme étant d'abord des états physiques, l'amour et la sérénité étant d'abord un équilibre. Toi, tu vois cela sous une perspective plus "changement difficile". Ca marche aussi.
Si j'ai bien compris tout ce que tu dis, je pense effectivement qu'une possession est plus éprouvante qu'une symbiose ; en cela, peut-être qu'un symbiote Tok'Râ pourra fusionner avec son hôte plus tôt qu'un parasite Goa'uld. Cependant, si je me base sur le terme de larve (forme intermédiaire prise par certains animaux avant le stade adulte), je pense qu'il ne s'agit pas que d'une question de croissance ; mais bel et bien d'un bouleversement majeur dans l'organisme du Goa'uld. Il est peut-être possible pour une larve à un stade de croissance suffisement avancé de prendre possession d'un hote de façon partielle ; mais je crois qu'il s'agit bien d'un caractère qui est apparut au cours de son évolution. Dans mon esprit, une larve, à sa naissance, ne possède encore aucune capacité à parasiter un hôte - sans parler des dangers de se passer de la traditionnelle période d'acclimation dans un organisme porteur.
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MessageSujet: Re: Hors-série I - Stargate Chronicles   Hors-série I - Stargate Chronicles - Page 2 EmptyDim 8 Juil 2007 - 17:56

J'ai trouvé cela superbe. Au début, on n'est pas sur de qui parle. Puis, au fur et à mesure que le récit avance, grâce aux indices parsemés de ci de là, on est amener vers l'inéluctable vérité.

Personnellement, c'est pas exactement ce que j'avais imaginé pour la naissance de la Tok'ra, et surtout, comment Egeria en était arrivé la. Cependant, je dois bien reconnaître que c'est 100 fois mieux que ce que j'avais pensé.

Excellent chapitre (comme toujours ? Razz)
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MessageSujet: Re: Hors-série I - Stargate Chronicles   Hors-série I - Stargate Chronicles - Page 2 EmptyLun 9 Juil 2007 - 19:50

Citation :
la synthèse de larves Goa’uld

Tu peux employer de ces mots, parfois.... Que penses tu des termes "gestation", "developpement" ou même simplement "enfantement", "procréation", "naissance" ?

Citation :
la capacité à posséder d’autres reptiles

Le terme "Reptile" a été abandonné. C'est "sauropsidé", maintenant. Ca inclus tous ceux qui étaient désignés par "reptiles" plus les oiseaux. C'est du au fait qu'on a reconnu les oiseaux comme étant des dinosaures.

Citation :
Cependant, aucun Seigneur n’était assez stupide pour prendre possession de ce monde et défier Râ ; c’est ce qui avait permit aux humains, libérés du joug Goa’uld, de prospérer et de se développer. Libres.

Si. Cronos, Baal, Zipacna, Arès, Amaterasu, Camulus, Pélops, entres autres, sont liés à des civilisations qui ont moins de 5000 ans et donc, qui se sont fait connaitre après la révolte.

Sans oublié Sokar qui doit être passé sur Terre il y a à peine 500 ans.

Citation :
Numa Pompilius me reçut rapidement.

Il a régné il y a 2700 ans. Il y a 2000 ans, c'était César ou Octave qui avait le pouvoir et cela faisait 500 ans qu'il n'y avait pas eu de roi.

Citation :
s’avère capable de capter les brins d’ARN messagers massivement projetés par la larve dans sa poche ventrale

Pour la communication Jaffa/symbiote, penses plutôt à des interactions entre le système nerveux du symbiote et celui du Jaffa. Avec des ARNm, ça doit être très dur.

Citation :
Je dois dire que je suis assez fier d'avoir réussi à réunir tout ces éléments dans une seule théorie.

Et moi ? Et moi ? Et moi ? protest

Moi aussi, j'ai proposé un modèle, il y a un moment, maintenant.

Les femelles Goa'ulds ("reines") sont diploides (enfin, une ploidie double de celle des mâles) et engendrent les mâles, haploides, par parthénognénèse. Les gamètes femelles non fécondés donneront des mâles et ceux fécondés par des mâles donneront des femelles.

Pour les cas Klorel/Herru'ur, on pent envisager qu'ils étaient des femelles ou des transferts horizontaux.



*****************************************************


Bon, désolé pour l'accumulation de corrections mais il me semble que tu avais envoyé un post où tu disais que tu aimais traquer les erreurs des fics.



...................C'est pour meubler mon post, quoi..................


Nan, la seule chose qui me va pas, c'est ton style trop élaboré. Ca manque de simplicité et c'est trop "contemplatif". La perspective historique en prend un coup, d'ailleurs, chose qu'on avait pas avant...

Sinon, c'est pas mal.



.....................Désolé, j'arriverai pas à être plus stimulant que ça........... biglol
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MessageSujet: Re: Hors-série I - Stargate Chronicles   Hors-série I - Stargate Chronicles - Page 2 EmptyMar 10 Juil 2007 - 0:53

@ Webkev : Merci beaucoup, je suis heureux que cette étape t'ai plu. Il risque d'y avoir pas mal de latence avant la seconde partie, parce que pas mal de recherches m'attendent sur un sujet que je connais mal... silent

@ Ienpk :
Ienpk a écrit:
Tu peux employer de ces mots, parfois.... Que penses tu des termes "gestation", "developpement" ou même simplement "enfantement", "procréation", "naissance" ?
Dans mon esprit, gestation concerne davantage l'acte de porter un enfant jusqu'a l'accouchement, procréation l'acte de donner naissance depuis la fécondation à la mise au monde et naissance seulement cette dernière étape.
Par contre, le mot "synthèse" m'évoquait une forme plus froide et plus technique de formation d'un enfant.
Ienpk a écrit:
Le terme "Reptile" a été abandonné. C'est "sauropsidé", maintenant. Ca inclus tous ceux qui étaient désignés par "reptiles" plus les oiseaux.
lol! Merci pour la précision. Julien Leperse peut toujours essayer de me coller sur ce coup là. biglol

Ienpk a écrit:
Si. Cronos, Baal, Zipacna, Arès, Amaterasu, Camulus, Pélops, entres autres, sont liés à des civilisations qui ont moins de 5000 ans et donc, qui se sont fait connaitre après la révolte.

Sans oublié Sokar qui doit être passé sur Terre il y a à peine 500 ans.
En effet, mais ce n'est pas ce que j'entendais par "prendre possession". Je suis surpris de cette remarque, étant donné que peu après je précise que de nombreuses histoires circulent à propos de "villages entiers emmenés par les Dieux à bord de montagnes d'or celestes". Je faisais bien sur référence aux populations déportées par des hat'ak.
Ce que je voulais dire, c'est qu'aucun Goa'uld ne s'est proclamé Seigneur de la Tau'ri, y établissant une administration définitive, comme sur toutes les planètes d'importance.

Ienpk a écrit:
Il a régné il y a 2700 ans. Il y a 2000 ans, c'était César ou Octave qui avait le pouvoir et cela faisait 500 ans qu'il n'y avait pas eu de roi.
De moins -715 à -672, pour être précis, bien qu'aucune date ne soit vraiment certaine. Les évènements se déroulant sur Terre ont en effet lieu 700 ans avant la création de la Tok'Râ. D'ailleurs, je mentionne à un moment donné que plusieurs hôtes ont séparés Shar'loth et la dernière compagne d'Egéria. Sachant qu'un hôte de Tok'Râ à une durée de vie moyenne de 200 ans... En cela, je ne faisais que suivre la mythologie, qui situe Egéria sur Terre à cette époque et en fait la compagne de Numa Pompilius...

Ienpk a écrit:
Pour la communication Jaffa/symbiote, penses plutôt à des interactions entre le système nerveux du symbiote et celui du Jaffa. Avec des ARNm, ça doit être très dur.
Non, d'après Teal'c et Fraiser, il n'y à aucune intéraction notable entre un Jaffa et sa larve, hormis le liquide de la poche symbiotique. C'est d'ailleurs pour cela que j'ai pensé à l'ARN, ce qui est logique puisque les Goa'uld ont une mémoire génétique.

Ienpk a écrit:
Bon, désolé pour l'accumulation de corrections mais il me semble que tu avais envoyé un post où tu disais que tu aimais traquer les erreurs des fics.
Pas de problème, ça m'a permit de t'éclairer sur certains points de ce chapitre, complexe il est vrai. content

Ienpk a écrit:
Nan, la seule chose qui me va pas, c'est ton style trop élaboré. Ca manque de simplicité et c'est trop "contemplatif".
lol! Alors là, j'espère bien que ça manque de simplicité ! mrgreen Je ne fais jamais dans la simplicité. J'aime quand chaque mot est choisi avec le plus grand soin pour suggérer quelques chose ou instaurer une ambiance. Mon style est alambiqué, je le sais, et c'est ce que j'aime. Mais encore une fois, c'est une affaire de goûts.

Ienpk a écrit:
La perspective historique en prend un coup, d'ailleurs, chose qu'on avait pas avant...
La perspective historique ? Qu'est-c'est qu'ça ? scratch
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MessageSujet: Re: Hors-série I - Stargate Chronicles   Hors-série I - Stargate Chronicles - Page 2 EmptyMar 10 Juil 2007 - 18:46

Citation :
Par contre, le mot "synthèse" m'évoquait une forme plus froide et plus technique de formation d'un enfant.

Le mot synthèse, on l'utilise pour des molécules ou des matériaux. Donc.... C'est sur que c'est froid et technique.

Citation :
Ce que je voulais dire, c'est qu'aucun Goa'uld ne s'est proclamé Seigneur de la Tau'ri, y établissant une administration définitive, comme sur toutes les planètes d'importance.

Râ n'a pas fait grand chose non plus. A part l'Egypte, il y avait rien. A part pour ses réserves d'Humains, la Terre n'a jamais été une planète d'importance.

Apparemment, Râ, tout ce qu'il faisait sur Terre il y a 5000 ans, c'est du bronzage, donc....

Citation :
La perspective historique ? Qu'est-c'est qu'ça ?

Ce chapitre est essentiellement basé sur les réflexions d'Egeria quant à la fondation de la Tok'râ. Il manque la fondation de la Tok'râ d'un point de vu historique.

C'est seulement comment et pourquoi Egeria décide de créer la Tok'râ. Mais tu ne dis rien sur comment ça s'est passé.
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MessageSujet: Re: Hors-série I - Stargate Chronicles   Hors-série I - Stargate Chronicles - Page 2 EmptyMar 10 Juil 2007 - 20:17

Ienpk a écrit:
Citation :
Ce que je voulais dire, c'est qu'aucun Goa'uld ne s'est proclamé Seigneur de la Tau'ri, y établissant une administration définitive, comme sur toutes les planètes d'importance.

Râ n'a pas fait grand chose non plus. A part l'Egypte, il y avait rien. A part pour ses réserves d'Humains, la Terre n'a jamais été une planète d'importance.

Apparemment, Râ, tout ce qu'il faisait sur Terre il y a 5000 ans, c'est du bronzage, donc....
Je vois plutôt la Terre à l'époque de Râ comme un domaine régit par plusieurs Goa'uld - dont le fameux Bélus - administrant chacuns un territoire et pouvant disposer des populations y vivant. A la fois un lieu de résidence et un "paiement" en échange de leurs bons services. On peut imaginé que lors du soulèvement qui entraîna la fuite de Râ, ces Seigneurs et leurs vaisseaux se trouvaient loin, empêtrés dans un conflit quelconque qui aurait également expliqué que Râ ne se donne pas la peine de reconquérir la Tau'ri, et la prétende détruite.

Ienpk a écrit:
Ce chapitre est essentiellement basé sur les réflexions d'Egeria quant à la fondation de la Tok'râ. Il manque la fondation de la Tok'râ d'un point de vu historique.

C'est seulement comment et pourquoi Egeria décide de créer la Tok'râ. Mais tu ne dis rien sur comment ça s'est passé.
En effet, le but premier de cet arc était de donner ma vision de la possession, de la Tok'Râ et du fonctionnement des Reines. Je ne me suis pas attâché à l'évènement en lui-même - l'enfanteuse pourra témoigner du peu d'enthousiasme que suscite en moi ce genre de situation. Cette remarque est très juste. Je vais y réfléchir.
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MessageSujet: Re: Hors-série I - Stargate Chronicles   Hors-série I - Stargate Chronicles - Page 2 EmptyMar 10 Juil 2007 - 22:13

Citation :
Je vois plutôt la Terre à l'époque de Râ comme un domaine régit par plusieurs Goa'uld - dont le fameux Bélus - administrant chacuns un territoire et pouvant disposer des populations y vivant.

Ca a peut être été comme ça mais sans doute pas au délà du premier millénaire d'occupation de la Terre par les Goa'ulds. Je ne pense pas qu'il ait fallu longtemps avant qu'il y assez d'Humains disséminés dans la galaxie pour les Goa'ulds.
Il y a 9000 ans, la Terre ne devait déjà plus présenter d'interet pour les Goa'ulds.

Citation :
On peut imaginé que lors du soulèvement qui entraîna la fuite de Râ, ces Seigneurs et leurs vaisseaux se trouvaient loin, empêtrés dans un conflit quelconque qui aurait également expliqué que Râ ne se donne pas la peine de reconquérir la Tau'ri, et la prétende détruite.

Si Râ n'a pas prit la peine de reconquérir la Terre, c'est parce qu'il n'avait pas la patience de recommencer tout ce qu'il avait pu y faire après avoir tout rasé avec un seul tir de Ha'tak.

Et aussi, comment veut tu que Râ prétende la Terre détruite vu que la quasi totalité des Goa'ulds connus sur Terre sont arrivés après la révolte ?
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MessageSujet: Re: Hors-série I - Stargate Chronicles   Hors-série I - Stargate Chronicles - Page 2 EmptyMar 10 Juil 2007 - 22:29

Ienpk a écrit:
Ca a peut être été comme ça mais sans doute pas au délà du premier millénaire d'occupation de la Terre par les Goa'ulds. Je ne pense pas qu'il ait fallu longtemps avant qu'il y assez d'Humains disséminés dans la galaxie pour les Goa'ulds.
Il y a 9000 ans, la Terre ne devait déjà plus présenter d'interet pour les Goa'ulds.
C'est une théorie. Shuis pas d'accord. biglol

Ienpk a écrit:
Si Râ n'a pas prit la peine de reconquérir la Terre, c'est parce qu'il n'avait pas la patience de recommencer tout ce qu'il avait pu y faire après avoir tout rasé avec un seul tir de Ha'tak.
A moins que ça ait été dit dans un épisode de la série que j'aurais manqué, tu n'as strictement aucune preuve de ce que tu affirmes. De plus, je ne fais pas partis de ceux qui pensent qu'un seul tir de ha'tak possède une telle puissance.

Ienpk a écrit:
Et aussi, comment veut tu que Râ prétende la Terre détruite vu que la quasi totalité des Goa'ulds connus sur Terre sont arrivés après la révolte ?
Hey, j'y suis pour rien, moi, c'est dit dans la série qu'il l'a fait. J'essaye seulement d'inserrer cette donnée dans ma fanfiction.
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MessageSujet: Re: Hors-série I - Stargate Chronicles   Hors-série I - Stargate Chronicles - Page 2 EmptyMer 11 Juil 2007 - 18:16

Citation :
c'est dit dans la série qu'il l'a fait. J'essaye seulement d'inserrer cette donnée dans ma fanfiction.

On a seulement Teal'c qui dit ceci :

Citation :
TEAL'C: (...) But that world has been lost for centuries.
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MessageSujet: Re: Hors-série I - Stargate Chronicles   Hors-série I - Stargate Chronicles - Page 2 EmptyJeu 12 Juil 2007 - 18:58

voilà un très bon chapitre qui présente sous un jour intéressant le personnage d'Egeria à ses débuts. clap! je regrette juste de ne pas connaître leur premier dialogue hote/symbiote après l'implantation, ni d'en apprendre plus sur la naissance historique de la Tok'ra.

surtout que Teal'c sous-entend dans l'une des premières saisons (épisode 02-02 je crois) que Jolinar commandait une authentique armée Tok'ra, avant une ultime déroute face aux Goa'ulds. c'est quelque chose que tu pourrais creuser. Wink

c'est toujours intéressant de suivre cette grande chronologie qui saute à Pégase, aux Anciens, aux Tok'ras... c'est aussi inhabituel qu'agréable, cette perspective Stargate globale. Heureux

j'avoue avoir un peu décroché aux longs paragraphes cognitivo-métaphysiques, mais bon les modalités de parasitage et fusion n'ont jamais été ma tasse de thé même dans la série Wink

bref, encore un récit bien écrit, bien pensé, pertinent et inscrit dans ta logique de narration. study
c'est très bon. : :208:
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MessageSujet: Re: Hors-série I - Stargate Chronicles   Hors-série I - Stargate Chronicles - Page 2 EmptyJeu 12 Juil 2007 - 22:24

Oh ! Désolé de pas avoir commenté ce chapitre avant, mais, euh, j'ai oublier mrgreen .
Je sais, y'a pas plus nulle excuse, mais bon, me vaut tard que jamais !


Alors, je vais faire dans le commentaire concis, ne sachant pas trop quoi rajouter après ce que les autres fans de cette fic ont dit.


Je l'ai déjà dit, mais ce que j'aime dans cette fic, c'est que tu nous livres les nombreux passages dans l'histoire stargatienne qui nous manquent. Tu éclaircis les points qui restent obscures, et ceci nous aide à enrichir notre compréhension globale de tout l'univers. On arrive alors plus facilement à se forger un point de vue, une idée de certains points de cet univers. Et donc, je te remercie content .



Voilà, on a donc ici affaire à Egeria. Que l'on découvre petit à petit. Et donc, au travers de ce personnage, tu nous fais quelques considérations sur les rapports Symbiote/Hôte, et également sur les symbiotes en général. Je dois dire que j'ai quelques fois déccroché^^, mais j'ai compris l'essentiel de ton point de vue. Même si cela ne m'a jamais vraiment très passioné... Parce que dans la série, ces considérations sont quelques fois confuses, ou contradictoires, donc bon, pour comprendre, faut s'accrocher aussi^^.



En résumé, c'est toujours aussi bon, j'attends évidemment la suite content
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MessageSujet: Re: Hors-série I - Stargate Chronicles   Hors-série I - Stargate Chronicles - Page 2 EmptyDim 13 Juil 2008 - 20:36

Ajout.

En lisant une fiction de Webkev, je me suis aperçu qu'il y avait un évènement d'importance que j'ai négligé dans cette fic, un évènement qui s'inscrivait en plus parfaitement dans le thème du premier tableau. J'ai décidé d'y remédier, et j'ai rédigé le passage qui suit. J'ai édité ma fiction, et placé ce nouveau bond temporel entre la scène initiale de la machine à boucle temporelle et le départ d'Atlantis.

J'espère que vous me pardonnerez ce énième remaniement de Stargate Chronicles. Wink


Ici se situe donc le passage sur la machine à remonter le temps.

Spoiler:

Ici se situe le départ d'Atlantis, avec pour narratrice celle que nous connaissons sous le nom d'Ayanna.

Bonne lecture.


Dernière édition par Skay-39 le Lun 14 Juil 2008 - 11:48, édité 5 fois
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MessageSujet: Re: Hors-série I - Stargate Chronicles   Hors-série I - Stargate Chronicles - Page 2 EmptyDim 13 Juil 2008 - 22:13

Je suis ravi d'avoir indirectement causé ce remaniement (mais tu spoiles tout le monde, vu que la fanfic en question n'est qu'à létat de projet, lol!)


Cet enième remaniement, comme tu dis, est... superbe. J'aime beaucoup le sentiment presque dramatique, mélancolique que tu donnes à l'activation de l'appareil de Dakara, au travers du regard de cette Ancienne. Ce quasi désespoir qui suinte du personnage, alors que tous les autres semblent être en extase devant l'activation de cet appareil, c'est génial.

De plus, non seulement tu parles de Dakara, mais tu fait allusion bien adroitement aux pouvoirs des Anciens, et au fait que construire un appareil pour contrôler la météo est aussi facile que de se faire un sandwich.

Citation :
« Allons… Contentez-vous d’observer. »
« Ça…Comptez sur moi. »
J'ai adoré ce petit passage, qui ajoute une pointe d'humour dans un passage qui est loin d'être drôle ! Superbe.
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MessageSujet: Re: Hors-série I - Stargate Chronicles   Hors-série I - Stargate Chronicles - Page 2 EmptyVen 8 Mai 2009 - 5:19

« C’était Egéria, reine et mère de la Tok’Râ. Elle demeura emprisonnée bien longtemps, flottant dans les nimbes de l’inconscience. Un jour, cependant, son corps fut exhumé. C’aurait été pour le peuple Tok’Râ l’espoir d’une renaissance ; hélas, le destin en décida autrement, et la grande reine expira sans avoir pu agrandir les rangs de ses fiers enfants.
Cependant, sa fin fut plus heureuse qu’elle n’aurait osé l’espérer lorsqu’elle fut arraché à l’impertinente jeune femme qui partageait alors son existence. Avant de s’éteindre, Egéria eut la chance de retrouver ses enfants, et de voir combien le mouvement qu’elle avait engendré était devenu puissant. L’une de ses filles sacrifia même sa vie pour lui offrir la voix de son hôte ; un acte vain, puisque la reine approchait de ses derniers jours. Mais il lui permit cependant de sauver encore quelques centaines d’existences. Elle accepta ce nouveau grand sommeil avec la même dignité que deux milles ans plus tôt ; et déplora que celle dont le corps l’abritait dû périr une fois encore par sa faute, comme la sœur dont elle avait abrégé l’existence lorsque Râ l’emprisonna. »
« Comment s’appelait-elle ? Celle qui a… qui était avec elle lors de son extraction. »
« J’attendais que vous me le demandiez. Elle se nommait Célia. »
« C’est un beau nom. »
« C’était une belle personne. »
« J’aurais voulu connaître toutes les autres. Celles qui se sont succédées depuis Shar’loth jusqu’à… jusqu’à la fin. Je sais que nous n’en avons pas le temps. »
« Oh, le temps, nous l’avons. Pour autant que quiconque ait jamais quoi que ce soit. Mais la mémoire ? Nous ne pouvons nous rappeler chaque être qui foula cette terre – ou une autre. Les morts sont voués à l’oubli, c’est une terrible vérité. »
« Pourquoi me montrer ceux-là, en ce cas ? Ne sont-ils pas morts, tous ces gens dont nous avons exploré les pensées ? »
« La plupart. Pas tous. Mais l’important n’est pas qui ils étaient. L’important est celui que vous serez. Je vous l’ai dis… Ceci est une leçon. Leur vie en est un chapitre. Rien ne nous empêche, cependant, de l’aborder avec humanité.
Et justement, voici le prochain chapitre de notre voyage. Mille ans se sont écoulés depuis l’emprisonnement d’Egéria. Mille autres s’écouleront avant qu’elle ne soit libérée.
Je vous parlais tout à l’heure des caprices du destin. L’être que je veux vous présenter passa sa vie à se débattre avec le futur. Il faisait partie des rares élus à voir au-delà du voile du temps. Pour lui, cela se sera avéré un cadeau empoisonné. Et pourtant, à l’instar d’Egéria, son sacrifice fut salutaire – ou le sera peut-être. Je l’espère en tout cas.
Nous y sommes. C’est ici que nous rencontrerons notre prochain vaisseau. »
« Mais…il n’y a rien. »
« Croyez-vous ? »
« Vous vous amusez de moi. »
« C’est vrai. Pardonnez-moi. Je vais vite vous révéler ce qui était caché. Il suffit pour cela d’effectuer un petit glissement vers une autre phase… »
« Une planète ! »
« Une planète, en effet, astucieusement dissimulée. Il en existe beaucoup d’autres dans la même situation. Intéressons-nous à ce rocher, et aux galeries qu’il dissimule.
Voici. C’est en ces lieux que se déroulera notre prochaine histoire. Contemplez-en le héros. C’est celui avec la longue barbe blanche. »
« Qu’est-ce que…Je ne…Je sais ce qu’il est, du moins je le crois. Mais… il n’est pas comme vous. Il n’est pas… »
« Oui, c’est un être très particulier. Une combinaison interdite. Durant quelques temps, il fut la créature la plus puissante et la plus influente de cette galaxie. Son but, cependant, n’était pas le pouvoir. Son but était d’empêcher l’apocalypse. »
« Son apparence m’est familière. »
« Bien des mythes parlent de lui. Mais il est tant d’aller au-delà du mythe. De plonger au cœur des choses. Encore une fois… »



« De cet homme singulier, dont l’image est grise, voici ce que dans tout Camelot les mieux instruits disaient. On prétendait, et c’est une vérité, qu’il vivait sa vie à l’envers, et que l’avenir des autres était son passé, et que c’est ainsi qu’il pouvait connaître les choses de l’horizon »
De toutes les légendes qui courent sur mon nom et de toutes celles qui naîtront ou continueront de courir au cours des quelques milliers d’années à venir, celle-ci est indéniablement ma favorite. Quelle belle poésie ces mots peuvent-ils receler… Naïve, et erronée, bien entendu ; mais si inventive, si incongrue, et tellement confiante en la nature du destin… Les hommes d’Avalon ont bien grandis, leur civilisation s’est construite, passant immanquablement par tous ces noirs millénaires qui furent également le prélude à l’empire Altéran. Guerres, massacres, tyrannie, bestialité, obscurantisme, fanatisme, anarchie, inextricablement mêlés, se succédant et s’appelant sans fin, en anneau de Mœbius.
Evidemment. Evidemment. Comment pourrait-il en être autrement ? Nous même… il y a à peine cinquante millions d’années…
Je ne vis pas ma vie à l’envers. Je sais qu’il n’y a pas de Destin, sinon sous forme de Nœuds. Et je ne peux certifier de la façon dont je mourrai.
Il y a de très fortes probabilités, cependant, pour que mon existence s’achève ici et maintenant. Il est également très possible que cela se passe dans un peu plus de mille ans, de la main d’un messie des Orii. L’un comme l’autre ne sont guère réjouissant.
Mais ne nous attardons pas sur cet ennuyeux détail. En cet heure ou se décide le destin de milliards d’individus, ou les millions d’années d’histoire à venir s’écrivent, j’en ai bien d’autres plus intéressants à relater.


Les premières manifestations de mon don se produisirent extraordinairement tôt. Bien avant que je ne sois en mesure de les contrôler. Bien avant que je ne sois capable de les raconter. Bien avant même que j’en eusse seulement conscience.
J’étais un fœtus de sept mois lorsque ma première vision me frappa. Je m’en souviens. Non… Bien sur que non. Je ne peux m’en souvenir. Mais je l’ai vu, cependant. Le passé est combien plus aisé à deviner que le futur.
Ma famille vivait sur la bordure extérieure, dans la galaxie de Pégase. Le monde – une lune, en fait, mais qui dépassait en taille notre bien-aimée Avalon – se nommait Infir, et était sans doute le meilleur endroit où pouvait grandir un enfant. Mon père, artisan programmateur, n’était guère au fait des bizarreries les plus extrêmes que la nature peut engendrer lorsqu’une combinaison génétique improbable se noue dans le hasard d’une étreinte. Quand à ma mère, poète et compositeur dont les textes et les musiques suscitaient je crois à l’époque un certain engouement, elle avait depuis bien longtemps oblitéré toutes les considérations scientifiques trop techniques qui encombraient ses pensées et limitaient, selon elle, la verve de ses œuvres. Oh, elle n’était pas vaniteuse, très loin de là, Science adorée. Ses mots étaient autrement plus simples, autrement moins sérieux que les miens. Son cœur était de douceur, et son esprit vif et malicieux. Mais si fragile…
Il n’est hélas guère surprenant que mes visions l’aient dévasté.
Cette première fut une douloureuse entrée en matière. Sous la lumière pâle d’un soleil hivernal, les toits de pierre d’un grand village scintillaient de l’éclat du gypse et des quartz. Des lanternes de papier oscillaient dans le vent, leur lumière égayant le soir qui s’annonçait ; parsemant la ville jusqu’à la lisière du bois qui s’étendait au loin, et grimpait même à l’assaut des montagnes roses. Quelques Altérans marchaient encore dans les rues, s’interpellant par messages télépathiques ou signes de la main, flattant l’encolure d’un lézard domestique en vadrouille, consultant leur messagerie, le poing serré sur une pierre de communication. Le cadre de la vision glissait par à coup, les angles de vue se succédant et se superposant ; les informations arrivaient en cascade, moins visuelles que mentales, moins mentales qu’autre chose d’indéfinissable. Le temps se disloquait sans fin, donnant chaque minuscule détail d’un pied se posant sur le sol, d’un bras se balançant avec une lenteur infinie au rythme de la marche, d’une feuille tournoyant vers le sol.
La porte des étoiles s’activa soudain, ses chevrons s’illuminant les uns après les autres. Sur la place du village, les petits rongeurs présents se réfugièrent en hâte dans le dos de l’anneau, avertis du danger que représentait son autre face par un instinct inexplicable, un message d’alerte subconscient.
Le tunnel hyperspatial était là. Au sein de la prémonition, l’espace se distordait, mettant en relations deux mondes sans rapport autre que la liaison qui unissait leurs portes. Un tunnel d’un kilomètres reliant deux points disants de plusieurs centaines de milliers d’années lumière.
L’autre monde. Un ciel obscur, gris sombre, où tournoyait une nuée d’inquiétants vaisseaux pointus. D’immenses bâtisses à l’aspect déplaisant, qui surplombaient le sol de plus d’un kilomètre ; le sol où progressaient les troupes, au pas, avec un ensemble détestable, les masques rugueux se succédant sans fin, parfaitement identiques.
Wraith !
Les soldats marchaient au milieu des Altérans insouciants, distants d’à peine trois centièmes de secondes – fusil à l’épaule, les Darts fusant au dessus de leur tête dans ce bourdonnement honnit, les ordres de leur Reine résonnant dans les esprits, sa faim et sa soif de victoire les exaltant.
« Tuez-les ! Détruisez-les ! Nourrissez-vous, mes enfants, prenez leur force et leurs années. Amenez-les moi. Amenez-moi nos ennemis. Amenez-moi les Lantiens ! »
Les Darts franchirent la porte et surgirent au cœur du village, leurs rayons mortels fauchant immédiatement plusieurs passants, ébranlant les murs de granit. Les vaisseaux se suivaient en une abominable essaim, emplissant le ciel, semant la mort. Les rayons de téléportation emmenaient tout ce qu’ils trouvaient, femmes, enfants, vieillards, fauchant les familles prises sous les décombres, harcelant les habitations de leurs tirs jusqu’à ce que leurs occupants n’aient d’autre choix que de tenter leur chance à l’extérieur.
« Pour la reine. Pour les Wraith. Pour la reine. Pour les Wraith. Pour la Ruche. »
Cette litanie télépathique était dans tous les esprits, Wraith comme Altérans, stimulant les uns, terrifiant les autres. Des fantômes intangibles courraient dans les rues, feulant et bondissant, aggravant la panique, poussant quelques habitants hagards à tituber hors de leur abri, où ils ne faisaient généralement pas long feu. Les illusions des Wraith étaient encore efficaces. Un esprit acculé et terrifié peut faire preuve de bien peu de logique.
Les premiers chasseurs étaient abattus par les systèmes de défense automatique du hameau lorsque la vision commença à s’estomper. Fragmentaire, sibylline, elle délivra encore l’image de l’ignoble cohorte d’aiguilles mauves s’engouffrant sans répit dans un nouveau vortex, emportant avec elle un festin de roi. Juste avant la fin, avant que ne se rompe le fil, je reçu l’ultime image de deux croiseurs de classe Rédemption.
Les immenses vaisseaux surplombaient un champ de ruines.
Telle fut ma première vision.
Cet oracle, ma mère le partagea. Elle était télépathe, voyez-vous ; pas de profession, mais le niveau de son don le lui aurait permit, si cette voie l’avait intéressée. La mort, la terreur, la violence l’avaient frappé de plein fouet. Pauvre femme…
Je sais aujourd’hui que ce n’était sans doute pas par hasard. Il est probable que ce soit moi, petit monstre aux dons surdéveloppés, qui lui ait envoyé ces images. Pour me protéger, inconsciemment, de cette agression.
Ma mère n’avait jamais montré la moindre aptitude à la précognition. Le lendemain de cet évènement perturbant, elle consulta un spécialiste en la matière officiant sur Atlantis, qui lui assura que ses dons se trouvaient dans la moyenne, ses prédispositions pour la télépathie exceptées, et que son cerveau ne montrait aucune trace d’activité anormale. Les voies de l’avenir lui étaient fermées. Aussi ne fut-ce pas sous cet angle qu’elle envisagea la chose.
Elle crut qu’elle était folle.
La jeune Altéran ne parla pas à mon père de ce qu’elle avait vu, tâcha elle-même de l’oublier. D’autres visions lui vinrent, plus anodines, moins compréhensibles. Généralement, la prédiction précédait de peu son accomplissement, si bien qu’elle y vit un phénomène exacerbé de déjà-vu. Il fallut attendre le onzième mois de grossesse avant qu’elle ne se décide à révéler son trouble à un médecin. Celui-ci rapporta cette confession à quelques collègues comme une anecdote cocasse, et l’un d’entre eux, plus malin ou plus fantasque que les autres, soupçonna ce qu’il en était.
Un évènement particulier avait décidé ma mère à agir. Un monde Altéran portant le joli nom de Perenis avait subit une Sélection des Wraiths. Une planète charmante quoiqu’un peu froide, avec une faible protection contre les rayons ultraviolets. Et de belles chaînes montagneuses gris-rose.
Des Lantiens Sélectionnés. C’était la première fois que cela se produisait. C’était encore les premiers temps de la grande guerre, il faut bien le comprendre. Les Wraiths s’étaient multipliés durant des centaines de millénaires, organisant leur déplaisant système de cheptel, acquérant à une vitesse étourdissante des notions de voyages hyperspatiaux et s’élançant dans l’espace. Leur longévité y était évidemment pour beaucoup, tout comme leur cohésion primitive. D’immortels scientifiques, travaillant en totale coopération, en totale symbiose… Les hostilités étaient ouvertes depuis bien avant la naissance de mes parents, mais nous pensions encore nos planètes à l’abri. Je ne m’étendrai pas sur les moyens par lesquels les Wraiths furent en mesure de mener cette attaque. C’est hors de propos – un morceau d’Histoire dans mon histoire. Mais il me semble intéressant de remarquer que ma première vision montra l’évènement déclencheur du plus formidable conflit que notre peuple ait jamais affronté. Le sort en était jeté ; mon existence toute entière serait bercée par la guerre.
Je crois que ma mère ne se remit jamais tout à fait des terribles scènes dont je l’avais abreuvé durant la fin de ma gestation. Elle ne fut en tout cas pas capable de l’oublier. Je le voyais dans ses yeux, et dans son esprit aussi, lorsqu’elle se montrait imprudente. Je crois également que mon père ne me pardonna jamais l’épreuve que j’avais fait subir à son épouse. Il me fallu du temps pour le comprendre, car il était imperméable à la télépathie. Mais il y a d’autres moyens pour comprendre ce qu’un homme a dans la tête.
Du point de vue de la précognition, les premiers temps de mon existence furent extrêmement frustrants. Trop jeune encore pour appréhender toutes les implications de mes prédictions, j’avais bien du mal à trouver à mon don une utilité. Tout juste me permettait-il parfois de savoir à quel moment il était avisé de quitter la cuisine, lorsque je venais dérober en douce des biscuits entre les repas.
Mes prophéties n’étaient pas orientées. Elles ne répondaient à aucune sollicitation. Les images me venaient sans que je puisse encore m’en prémunir, m’assaillaient ; à peine étais-je capable d’ignorer certaines visions pour me concentrer sur d’autres. Nul ne prenait vraiment la mesure de mon pouvoir. J’étais trop jeune, tout simplement. Il n’était pas possible que je sois si clairvoyant.
Et pourtant.


Dernière édition par Skay-39 le Sam 9 Mai 2009 - 1:38, édité 3 fois
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MessageSujet: Re: Hors-série I - Stargate Chronicles   Hors-série I - Stargate Chronicles - Page 2 EmptyVen 8 Mai 2009 - 5:25

Mon premier oracle reconnu se produisit lorsque j’avais sept ans. Je me trouvais alors dans une école d’Atanor, troisième monde du Système Luis, pour y suivre mes cours quotidiens. Assit en cercles avec d’autres écoliers autour de notre professeur, je griffonnais des Jumpers dans les marges de ma tablette tandis qu’elle nous rabâchait les principes élémentaires de la mécanique des fluides ; attendant impatiemment la fin de cette heure, la dernière de la journée, afin de pouvoir courir jusqu’à la porte des étoiles et retourner chez moi, ou m’attendait un roman d’aventure dont j’ai oublié le nom. Je peaufinait l’animation d’un drône jaillissant du Jumper pour désintégrer un Dart lorsque me submergea l’image étourdissante d’une grande planète verdoyante striée de quelques masses nuageuses. Sous mes yeux s’étalaient ses continents, méandre de rivages compliqués, et ses quelques océans turquoise. Une lune me boucha la vue, et sa teinte mauve m’interpella. La vision glissa, révélant un soleil derrière la planète, puis un second satellite, plus petit et d’une nuance de bleu plus pâle.
Une fenêtre d’hyperespace se forma soudain dans le vide, vomissant des flots verdâtres. Un vaisseau en émergea, puis un second, un troisième – deux autres points de sortie se formèrent en retrait du premier – cinq, six, huit… Au total, neuf vaisseaux-Ruches se répandirent sur l’orbite de la planète, accompagnés de trois ravitailleurs. Leur coque semi-organique absorbait les rayons du soleil, leurs moteurs produisaient un son déplaisant que je percevais malgré l’évidente impossibilité de la chose.
Lorsque j’émergeais de la prédiction, mon enseignante me fixait, attendant manifestement quelque chose de ma part, et ma main était crispée. Sans prêter attention aux menus murmures oraux ou télépathiques autour de moi, je baissais les yeux sur ma tablette, et eus la surprise d’y trouver une représentation parfaite de ce que mon oracle m’avait montré, tracée d’une main bien plus assurée que la mienne ne l’était d’ordinaire. L’image cependant avait un peu débordé du cadre. Je la réduisis et la complétais mécaniquement. Cela ne sembla guère plaire à la jeune femme, qui s’avança dans ma direction. Cependant, j’avais quitté la salle de classe avant qu’elle n’arrive à ma hauteur. Je l’entendis m’interpeller – « Moros ! » – mais n’y prêtais pas attention.
Il ne me fut guère difficile de retrouver la planète de la vision, en me basant sur la courbe des continents et les constellations que j’avais aperçus. La position des lunes m’indiqua la date précise de l’évènement. Ces éléments en main, je rapportais mon expérience à un responsable, avec l’enthousiasme de la jeunesse mais non sans sérieux.
Mon don était connu, mais les prédictions des jeunes oracles manquaient souvent de précision. L’information cependant était trop intéressante pour être dédaignée. La planète n’étant pas habitée, c’était probablement pour s’approvisionner en eau ou pour laisser refroidir les hyperpropulseurs organiques que cette flotte allait s’y arrêter. L’occasion rêvée d’une action sans risque.
Un satellite d’observation fut mit en orbite. Quelques jours avant la date annoncée, ses scanners hyperspatiaux détectèrent les appareils en approche – qui étaient au nombre de sept, et non neuf comme je l’avais prédit. Je l’ai dis, les prévisions des jeunes sont souvent approximatives, manquant la plus forte probabilité au profit d’une autre moindre. Ou bien peut-être les Nœuds de Destin avaient-ils décidé que l’improbable se produirait cette fois-ci dans notre réalité. Qui sait ?
Ce fut en tout cas un affrontement réjouissant. Cinq Ruches furent détruites par un satellite de défense et deux croiseurs placés en orbite. Les vaisseaux de guerre parvinrent encore à en désintégrer une sixième après que la plate-forme de tir ait été neutralisée. La dernière prit la fuite… mais, dans sa hâte, poussa trop son hyperpropulsion qui avait effectivement besoin de repos. Les croiseurs la cueillirent un peu plus loin, offrant la reddition à son équipage. Les Wraiths s’autodétruisirent, n’occasionnant aucuns dommages aux appareils Lantiens, dont les capitaines n’avaient pas envisagé une autre réponse.
Ainsi se firent mes premiers pas sur le chemin du futur.

J’eus bien d’autres visions, évidemment. La plupart n’étaient pas d’une aussi grande importance stratégique, mais me furent tout de même une aide précieuse tout au long de ma vie. Je sus que cet ami me trahirait, qu’il le regretterait, que je le pardonnerai. Je sus que ma relation avec cette femme ne donnerait rien, et je la quittais. Je vis que cette autre était la meilleure compagne que je pourrais jamais espérer, qu’elle me comblerait au-delà de tout, au point de supplanter mes ambitions… et je la quittais.
Cependant, il n’y eut qu’une seule autre prédiction pour revêtir une signification aussi intense que celles que je viens d’évoquer. Une vision qui me poussa sur un chemin que je n’avais jamais envisagé, un chemin qui ne pouvait mener qu’à ma perte.
C’était après le siège d’Atlantis, après le dernier exode. Après notre retour sur la Terre et la désagréable surprise de cet empire parasite qui s’appropriait peu à peu l’œuvre de nos ancêtres. Après que j’eus délaissé mon enveloppe physique au profit d’une forme ô combien plus riche de possibilités.
L’Ascension avait décuplé mes dons. Mes pouvoirs comprenaient tout l’éventail habituel des êtres d’énergie : j’étais immortel et éternel, je possédais une connaissance, une perception accrue de l’univers et de ses lois. Ma volonté commandait aux forces de la nature, au temps, à l’espace, à l’énergie et aux possibles ; mon regard se portait à des distances inimaginables, et j’avais à ma disposition une puissance immense, suffisante pour ravager des planètes entières… ou bien les forger. Je pouvais en un instant traverser des milliards d’années lumières, voyager presque sans limite entre les galaxies, les époques et les dimensions. Je pouvais contempler les Nœuds de Destin, et apprendre, avec quelques centaines de milliers d’années d’expérience, à les connecter à ma guise, bâtissant les destinés.
Voila pour la théorie… Mais évidemment, il y avait les règles.
Tant de pouvoir, si peu de possibilités. Cependant, ne pas pouvoir interagir avec le monde matériel ne m’était pas trop pénible. Je n’étais ni omniscient ni omnipotent, mais mon état m’offrait à explorer, plus qu’une dimension : un plan d’existence tout entier. Mes capacités désormais dépassaient de loin celles que je possédais dans mon corps Altéran ; et il en allait de même pour mon don de prescience.
Mon existence était presque devenue une constante sensation de déjà-vu. Mes perceptions m’offraient une vision omniprésente du futur, des possibilités, des probabilités. Je voyais l’avenir se dérouler sous mes pas, bifurquer au gré de mes décisions.
Il y avait des perturbations, bien entendu ; les autres oracles, ou bien un évènement se produisant contre toute attente. Mon don n’avait cependant plus rien de commun avec ce qu’il était du temps de mon vivant, et me permettait de fouiller l’avenir comme je fouillais l’espace, avec une facilité que bien peu de mes semblables partageaient.
Et puis je vis l’apocalypse.
Je me trouvais entre la galaxie d’Ida et une autre voisine – c'est-à-dire, comprenons-nous bien, qu’une partie de moi se trouvait dans chacune – lorsque me vint la pire de toutes mes visions.
Des flammes !
Des flammes, immenses, rugissantes, un implacable mur de feu se ruant à ma rencontre à une allure défiant l’imagination, consumant tout sur son passage. La tornade se concentra, se modela, et un immense visage squelettique émergea un instant de la frontière en expansion, ses orbites flamboyant furieusement, sa gueule s’ouvrant sur une clameur puissante. A peine étais-je parvenu à distinguer cette forme que le mur ardent me submergeait et que l’oracle s’interrompait.
La vision avait été brève et hautement métaphorique. Incomplète, incompréhensible. Il n’en fallu pas plus, cependant, pour que je me mette en quête de données.
Je ne m’attarderai pas sur les procédés qu’il me fallut employer. C’est trop complexe, trop fastidieux, et totalement inintéressant. Mes recherches durèrent longtemps, un peu plus de mille ans ; bien entendu, elles n’occupèrent pas tout mon temps – je n’avais pas encore pris toute la mesure de la menace. Cependant, à force d’efforts, de patience et de persévérance, à force de travail sur les Nœuds de Destin, je parvins à réunir les conditions adéquates, à écarter le voile de l’avenir.
J’entrevis, parmi la brume des possibilités, une guerre titanesque.

C’était une époque distante d’un peu moins de cinq milliers d’années. Nous nous trouvions tous là, flottant dans l’espace ; nous, les Elevés, les Ascendants, les Autres. Tous réunis côtes à côtes, insolite assemblée d’êtres par nature indépendants. C’était un évènement exceptionnel. Un moment historique. Les êtres d’énergie passaient d’ordinaire le plus clair de leur temps à voyager loin dans le temps et l’espace, à méditer, à étudier, à observer, ou encore à entretenir des siècles durant des débats d’une rare intensité avec quelques interlocuteurs soigneusement sélectionnés. Nous sommes une collectivité… mais dans l’immensité de notre plan d’existence, il est bien rare – pour ainsi dire inimaginable – que tous les nôtres soient ainsi réunis. Mais c’était faux, bien entendu. Nous n’étions pas tous là. Nombreux ; des milliers, des millions, plus encore. Même les Bannis étaient présents, leur châtiment pour un temps oublié. Et quelques uns continuaient d’arriver de temps à autre, revenant d’un long voyage ou bien sur leur décision première. Je ne cherchais pas à savoir. Mais beaucoup demeuraient absents, cependant.
Qu’importe, nous étions nombreux. Nous étions puissants.
Et c’était heureux.
Car en face de notre immense armée, la porte des étoiles démesurée était en train de s’activer.
L’ennemi était à notre porte.
Un courant d’énergie avait parcouru tout le tour de l’anneau, courant sur ses maillons les uns après les autres. Son bord intérieur avait scintillé, et puis l’immense vague d’énergie avait jaillit, suffisamment imposante pour désintégrer un croiseur de classe Rédemption. Je m’étais placé de façon à ce que le puit de forte gravité qui allait stabiliser et alimenter le vortex s’inscrive au centre du cercle grisâtre. L’obscurité intense s’effaça, noyée par le flot bouillonnant.
Nous aurions pu la détruire. Désintégrer cette masse de naquadah m’aurait demandé à peine plus qu’une pensée. Mais nous n’étions pas menacés, pas encore. Nous étions encore tenus aux cinq directives premières.
Quelle folie.
L’horizon des évènements instable en expansion s’était effondré sur lui-même, se stabilisant en un vortex miroitant. La surface d’argent liquide renvoyait les perles de lumières de nos êtres.
Et alors il avait émergé.
Les Orii. Cet incroyable collectif.
Le centre de l’horizon des évènements avait semblé s’embraser. Les flammes s’étaient dressées hors de la surface aqueuse, se tordant comme des serpents. La masse avait grossi, enflé, émergeant comme une colline flamboyante ; des rides suffisamment imposantes pour engloutir une île couraient le long de l’horizon des évènements, venaient mourir contre les bords de l’immense anneau.
Un tentacule titanesque émergea, se tordant dans le vide de l’espace. Un second, qui se déroula et claqua comme un fouet ; c’était des vrilles, des lianes, des appendices durs et agressifs, au point d’en sembler presque matériels. Dans chacun de leurs mouvements, on sentait l’immense puissance de l’entité incandescente.
Ils s’extirpèrent hors du vortex, une longue traîne de feu à leur suite. Leur corps était mince, la plus grande partie de leur personne contenue dans les longs tentacules qui se cabraient férocement tout autour d’eux. Ces vrilles se déployèrent sans fin, dépassant de loin le diamètre de la porte. Une seule entité, concentrant la puissance de millions d’Ascendants. Un être unique et multiple, conjuguant la puissance de dizaines de milliards de fidèles.
La puissance des Orii était faramineuse. Nos ennemis mortels avaient trois galaxies à leurs pieds : Origine priant avec ferveur, la Voie Lactée fraîchement convertie, et Pégase, où un marché diabolique était en œuvre. Les Orii n’avaient pas prévus cette seconde galaxie de fidèles potentiels. Ils n’avaient pas non plus prévus l’existence d’une race menaçante consommant leur pouvoir.
Les Wraiths, cependant, étaient des êtres raisonnables.
Ils s’étaient convertis. Oh, pas les reines, bien sûr. Pas les castes les plus élevées. Mais les millions de soldats priaient qui on leur disait de prier, avec un fanatisme qui était gravé dans leur génome. Et ils s’étaient fait de zélés Prêcheurs. Non pas que ce fut vraiment nécessaire : les humains de Pégase avaient adopté le culte de l’Origine avec une déroutante facilité. Les ancêtres étaient revenus, enfin, pour guider leurs enfants sur la voie de l’Illumination.
Quant aux redoutables dévoreurs de vie, ils avaient gagné trois galaxies d’hérétiques à consommer. On aurait difficilement pu imaginer association plus bénéfique. Les Wraiths faisaient d’excellents instruments de la colère divine.
Pégase était loin. Origine était infiniment plus loin encore, bien que le grand vortex facilite nettement le passage à l’énergie des adeptes. Mais la Voie Lactée, elle, était tout autour.
Durant un moment, nous restâmes faces à face. Les Autres, îlots de lumière positionnés de loin en loin, se préparant au combat, vibrants de puissance contenue ; et les Orii, monstrueux brasier cohérent.
Des comètes jaillirent soudain de l’agglomérat unique. Elles s’immobilisèrent brutalement en tournoyant, déployant leurs fouets de flammes acérés. Je me doutais qu’elles avaient leur rôle, leurs instructions. Chacune de ces créatures était une fusion de plusieurs entités. Combien ? Dix, cent, mille ? Nous ne pouvions le savoir. Pas avant de ne les avoir affronté.
Mais ils ne passaient pas à l’attaque. Et nous restions immobiles.
L’une des pieuvres de feu se mit soudain en mouvement. D’un mouvement paresseux, elle s’élança vers notre maillage, prétendant manifestement passer au travers. Ses membres traînaient paresseusement dans son sillage.
Sept Ascendants dressèrent une barrière devant elle. Leur geste était soutenu par la puissance de toute la communauté.
Le Ori s’immobilisa, ses tentacules s’enroulant autour de lui en s’embrasant.
« Vous n’êtes pas les bienvenus », déclama la collectivité.
J’en faisais partis. Nous en faisions tous un peu partis, à un niveau difficilement définissable. La collectivité nous sublimait. Elle était une entité à part, et la fermeté de sa voix me rasséréna.
L’Elevé flamboyant fit soudain demi-tour, filant comme un poisson, regagnant à toute allure le cercle de ses frères ; et derrière, l’Entité unique lançait en avant l’un de ses bras colossaux en un ample mouvement, déplacement une puissance qui aurait tranché en deux une galaxie.
La foule éclatante se dispersa, se protégea du mieux qu’elle put. Quelques Elevés essuyèrent l’attaque, et voltigèrent au loin, étourdis ou mortellement blessés, j’étais incapable de le déterminer.
Comme un seul Altéran, tous les Autres passèrent à l’attaque.
Le plus formidable combat de tous les temps était engagé, et le cosmos tout entier en fut ébranlé.


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MessageSujet: Re: Hors-série I - Stargate Chronicles   Hors-série I - Stargate Chronicles - Page 2 EmptyVen 8 Mai 2009 - 5:27

C’était de la folie, de la folie complète, à l’état pur. Le combat se produisait sur des centaines de milliards d’années lumière, se répercutait dans cinq galaxies, s’étalait au travers de milliers d’univers parallèles ! Les plans d’existence résonnaient de chacun de nos coups, les phases s’emmêlaient et se contaminaient. Je vis le Café de l’Eternité, balayé, se perdre dans les méandres du subespace. Je vis des mondes se dissoudre le temps d’un instant. Je vis de gigantesques soleils vieillir de milliards d’années en une poignée de secondes, et se changer en tristes sphères de cendres grises. Je vis des trous noirs percuter des supernovas dans un vacarme inconcevable, des lunes et des continents changer de phase, la matière se transformer en antimatière, les univers parallèles se mélanger, les lois de la physique s’altérer. Au sein de cet enfer, mes dons de voyance furent réduits à néant. Trop d’Ascendants tâchaient de prévoir l’avenir, ne serait-ce que pour empêcher l’autre camp de faire de même. Je sentais peser sur moi les limites que nous nous imposions mutuellement, interdisant de nombreuses pratiques, compliquant certaines autres.
Dans les autres réalités, le conflit faisait rage avec la même brutalité, parcouru d’infimes variations de plus en plus notables à mesure que l’arborescence s’éloignait. Une bataille d’une rare violence se déroulait pour le contrôle des Nœuds de Destin, mettant pratiquement en scène les mêmes protagonistes, luttant chacun pour leur propre univers. Plusieurs Autres furent happés dans des mondes parallèles. Plusieurs Orii furent vidés de leur substance par leurs semblables – parfois même par leurs propres alter ego. L’énergie fusait en tout sens, en éclairs, en rayons ou en onde, crépitait, tournoyait, mordait.
Un système solaire tout entier, prit dans ce mælstrom de pouvoir, fut téléporté dans une autre galaxie. Je sentis confusément des formes de vie à la surface de l’un des mondes, des consciences qui appelaient à l’aide. Ce peuple ne survivrait pas longtemps. Déjà, les mondes se dispersaient, s’engageaient dans des orbites mortelles.
Je vis des vaisseaux en approche. Une flotte hétéroclite fondait vers le lieu de notre affrontement à travers l’hyperespace, déterminée à en découdre. Nous les avions prévenu, pourtant. Plusieurs d’entre nous avaient enfreints les règles, s’étaient manifestés de manière plus ou moins indirecte afin de transmettre notre avertissement. Il ne fallait pas intervenir. Ils n’étaient pas de taille. J’avais triché, moi aussi, j’avais fait circulé l’information. Mais ils étaient là, malgré tout. Nous savions que certains viendraient tout de même.
Ce ne furent pas les Orii qui les détruisirent. Ce ne fut pas nous non plus, bien sûr. La simple tension à laquelle nous soumettions cette région de l’espace disloqua les appareils en plein vol, en plein hyperespace, alors qu’ils étaient encore à des dizaines d’années lumière. La troisième flotte la plus imposante que la Voie Lactée ait connu ces derniers trente millions d’années finit en une myriade d’étoiles filantes se matérialisant dans l’espace conventionnel.
Je réalisais soudain, tandis que je harcelais en compagnie de mes semblables la monumentale tornade de flammes, que certains des miens disparaissaient peu à peu de ma conscience. Soupçonnant une manœuvre des Orii, je lançais mes perceptions à leur recherche, tout en esquivant de mon mieux les attaques des vrilles imposantes et en contrant tant que faire se peu les agressions mortelles des entités indépendantes.
Lorsque je compris enfin de quoi il s’agissait, une colère incrédule me secoua. Des Régressions ! Certains des nôtres se réfugiaient dans le monde matériel, comptant qu’ainsi les Orii se désintéressaient d’eux. Ma fureur était telle que durant un horrible instant, je rassemblait mon pouvoir en vu de pulvériser ces lâches qui fuyaient le front. J’ignore si je l’aurais fait. Par chance – la guerre amène ce genre de terribles pensées, j’en avais fait l’amer expérience durant le siège d’Atlantis –, les Orii me devancèrent : d’un seul mouvement de vrille rayonnante, les nouveaux êtres de chair et de sang furent tranchés en deux. Je perçus leur incrédulité et leur incompréhension.
C’avait été une erreur. Je sus que les Orii l’avaient compris à l’instant même ou ils agissaient. Plus personne désormais ne se risquerait à regagner le monde matériel. Plus personne ne déserterait nos rangs.
Fort heureusement, car nous ne pouvions nous passer de personne.
Nous avions l’avantage du nombre, mais nous n’étions toujours pas assez. Nous étions puissants, mais encore trop peu. Nous étions habiles, mais pas suffisamment.
La plus grande partie des Nox n’était pas là. Ils avaient fuis depuis bien longtemps, dès que la conversion des peuples de la Voie Lactée avait commencé. Bon nombre des Elevés de ce peuple cousin s’étaient enfoncés profondément dans les couches des plans d’existence, gagnant un lieu où la vie des êtres d’énergie est moins aisée et leur survie plus discutable. C’était un projet qu’ils nourrissaient depuis bien des millions d’années. La grande confrontation fut simplement l’évènement déclencheur dont ils avaient besoin.
D’autres partirent pour les confins du cosmos, décidés à voyager si loin et si longtemps qu’ils se trouveraient hors de portée même des Orii. Leurs frères de chair et de sang les avaient imité à peine deux ans plus tard, emportant leur planète avec eux, lorsque les premiers vaisseaux de Croisade avaient entrepris d’écraser toute velléité de révolte.
Ces déserteurs furent imités par certains Autres, guidés par la peur ou leurs convictions.
Quelques-uns, enfin, restèrent pour se battre.
« Lya ! » tonnais-je en guise d’avertissement.
Un monstrueux tentacule de feu déchira la réalité, tranchant de longs cheveux de lumière. La trame de l’univers trembla. L’Elevée blessée s’éloigna en tourbillonnant, ripostant vaillamment à cette attaque.
« Je suis vivante », répondit-elle avec sérénité, comme si l’enfer n’était pas tout autour de nous.
Ce peuple est fou. Mais, nom d’un petit Wraith, il me plait. Les formes Elevées des Nox étaient d’une rare beauté : éclat diaphane entouré de longs cils ondulants, ils disposaient de pouvoirs qui laissaient pantois même les plus anciens des Autres, moins par leur puissance que par leur subtilité.
Les Furlings auraient voulu nous aider, du moins le prétendaient-ils. Hélas, leur plan d’existence est bien trop éloigné du notre, et leur conscience de l’Ascension par trop abstraite. Au moins se trouvaient-ils à l’abri de toute agression. Cet isolement est malheureux, malgré tout, car les membres de la troisième race sont plus nombreux ici-haut que les Autres et les Orii réunis. J’aurais voulu en cet instant voir les étranges silhouettes de mammifère marin translucide envahir le champ de bataille. J’étais blessé, perturbé, diminué, perclus de douleur et de fatigue. Le combat faisait rage depuis trois ans déjà. Opérant un lent panoramique, je détaillais le champ de bataille.
Je vis une réalité ravagée, irrémédiablement peut-être. Les cadavres flottaient partout, consommés parfois par les Orii ou même des gens de notre peuple, à bout de force, cherchant désespérément un peu d’énergie pour reprendre le combat. Des décharges d’une puissance étourdissante continuaient se fuser en tous sens, causant d’effroyables dommages collatéraux. Les débris de la porte géante flottaient dans l’espace, calcinés ; les Orii avaient cependant relié le vortex au trou noir, conservant ainsi une voie privilégiée pour recueillir l’énergie des fidèles restés dans Origine. La trame de la réalité était à tel point endommagée qu’on pouvait glisser dans un univers parallèle sans même en avoir conscience.
Je vis le peuple d’Abydos, secoué, désemparé, prit au milieu de la tourmente. Ils étaient trop jeunes, trop inexpérimentés, novices encore sur ce plan d’existence. Leur énergie nourrissait le collectif, mais ceux qui tentaient de se jeter dans la bataille étaient mis en pièces ou neutralisés d’horrible manière en quelques instants. D’innombrables Ascendants essuyaient durement les coups des Orii en tâchant de protéger ces Assomptionnés ineptes et inaptes. Ils n’étaient pas les seuls ; d’autres Assomptionnés se tenaient derrière ce cordon de sécurité, ou bien de jeunes Elevés, perdus au milieu d’un combat ô combien trop complexe. C’est sur cette fragile assemblé que se déchaînait toute la puissance de nos ennemis mortels.
L’ordre était inévitable. Il finirait par venir, c’était évident. Si personne ne l’avait fait, je m’en serais chargé. Je n’eus pas cependant à être le premier.
« Abandonnons-les », fit quelqu’un.
« Abandonnons-les », appuya une voix féminine chargée de tristesse.
« Abandonnons-les », acquiesçais-je à mon tour, en même temps que des milliers d’autres.
Certains refusèrent. Pas suffisamment.
Ce fut rapide.
Je perçus la tristesse des Abydossiens. Je sentis leur peur, leur désespoir, leur colère et leur révolte. Je le voulais. Cette décision pèserait déjà bien assez sur ma conscience. Avoir partagé un peu de leur souffrance me permettrait de d’amoindrir ma culpabilité, je le savais. C’était un acte égoïste. Mais au fond de moi, j’étais un être égoïste.
Soudain, plusieurs centaines d’entre eux s’élancèrent. Déchaînant toute la puissance qu’ils possédaient encore, les jeunes Ascendants montèrent à l’assaut. Ce fut un massacre, bien sûr… Les êtres de lumières furent disloqués, consumés comme des papillons au cœur d’un brasier. Leur sacrifice, cependant, prit les Orii au dépourvu. Les anciens protecteurs passèrent à l’attaque et lacérèrent durement notre ennemi, permettant peut-être à quelques-uns de fuir. La pieuvre de feu riposta sans pitié, projetant un raz-de-marée de puissance contre les pauvres Elevés sans défense.
Au dernier instant, une entité solitaire tenta de s’interposer. C’était de l’inconscience, de la folie pure. Un acte inutile, absurde et insensé. Digne d’Oma Dessala.
Le torrent de puissance l’écorcha durement. Ses efforts ne permirent que de retarder d’un instant l’inévitable. Ses disciples furent fauchés, dispersés, disloqués, mutilés. Elle-même ne put que s’échapper juste avant de ne succomber à son tour, le corps en lambeaux, à l’agonie.
Quelque chose se produisit alors. Une créature de fumée noire fondit sur Oma Dessala, tournoyant et griffant le vide ; elle fouetta cruellement l’être de lumière gémissant, lui arrachant des fragments de matière immaculée, la transperçant d’excroissance acérée. Finalement, l’enserrant solidement de ses tentacules d’obscurité, l’être maléfique la déchira en morceaux. Il bouillonna d’exaltation, son aura répugnante irradiant à travers l’espace ; et puis, dans un ultime frémissement qui amena jusqu’à moi une odeur de charogne, se volatilisa. Il fuyait, et les Orii le laissaient partir, trop occupés par le carnage auxquels ils se livraient sur les jeunes Ascendants vulnérables.
Nous étions mal en point, alors. Nous étions en déroute. Rien n’était joué encore, et il était difficile d’évaluer l’état de notre hydre d’adversaire, mais l’épuisement nous guettait, et nos blessures étaient nombreuses.
Ce fut alors que les Orii nous assénèrent le coup de grâce.
Au moment fatidique, des centaines de porte des étoiles lactéennes furent activées simultanément. Des centaines de vortex courbèrent la réalité, trouant l’hyperespace, dessinant une immense toile d’araignée dans toute une partie de la Voie Lactée. Certains tunnels de transfert, par une manipulation technologique, avaient été reliés à la même porte. D’autres traversaient des soleils, effleuraient des trous noirs, charriaient l’énergie à une allure anormalement lente ou précipitée. Tous traversaient, quelque part dans ce maillage complexe, le puit de l’étoile en effondrement relié à Origine.
Je compris la nature de l’horrible mécanique à l’instant ou elle se refermait. Les Orii insufflèrent leur pouvoir dans cet immense filet hyperspatial, enclenchèrent des rouages d’une simplicité effarante mais d’une immense ingéniosité. La physique se conjugua comme un art, soutenue par cet indispensable support du monde matériel. L’étau se resserra, nous enserra, tandis que nous luttions de toutes nos forces pour retarder l’échéance, tandis que ceux qui le pouvaient encore fuyaient ce traquenard. L’univers se dérobait sous nos pieds.
Et c’est alors que je retrouvais ma vision initiale. Le mur de feu… Cet immense rempart mugissant qui fondit sur moi à une allure démente, flamboyant et tourbillonnant ; ce visage démoniaque vomit un instant avant l’impact par la masse aveugle, ce crâne incandescent dont les mâchoires gigantesques s’ouvraient sur un rugissement inhumain et m’engloutissaient.

Ici s’arrêta ma vision.
Ici se serait arrêté ma vie.
Notre erreur avait été – serait ? Sera ? – d’oublier que les Orii disposaient d’alliés dans le monde matériel, des serviteurs que nous ne pouvions tous surveiller. Avec le Doci comme intermédiaire et les Prêcheurs pour exécutants, ils pouvaient donner des ordres dont la teneur nous échappait.
Voici quelle fut la plus grande vision de toute mon existence, et voila quelle était le danger dont je tâchais d’avertir les miens.
Cette grande bataille n’était pas inéluctable, évidemment. Somme toute, les probabilités étaient extrêmement faibles. C’est ce que l’on me rétorqua.
Mais derrière cette possibilité, j’en voyais une autre, deux cents ans plus tard. Et puis une autre, à mille huit cents années de là. Et une nouvelle, trois milles ans après. Toujours improbable, toujours incertaine, de plus en plus lointaine sur l’arborescence des possibles jusqu’à sortir même des limites de ma perception, la guerre n’en était pas moins inévitable. Elle se produirait, un jour ou l’autre, tôt ou tard. Et de ces futurs lointains, bien peu mettaient en scène une Voie Lactée prête au conflit. De ces futurs improbables, aucun ne montrait notre victoire.
Nous ne pouvions attendre la guerre. Nous devions la provoquer.
Démence ?
Les Autres le pensèrent.
J’étais trop jeune. Ils n’avaient pas confiance en mon pouvoir. Quelle triste ironie… Qui a dit que les erreurs étaient condamnées à être répétées ?
Je connaissais la solution. Les Orii devaient être détruits comme ils nous avaient détruits dans ma vision : depuis le plan matériel. Il fallait une arme, une arme physique, aux mains de créatures de chair et de sang. Nous devions mettre en commun tout notre savoir pour concevoir de quoi éradiquer les Orii une bonne fois pour toute, créer notre propre noyau de fidèles, et attendre enfin qu’ils viennent jusqu’à nous. Attendre leur venue pour que nos alliés puissent les éliminer tandis que nous même mobiliserions toute leur attention.
Peu acceptèrent de m’écouter. De ceux qui le firent, peu se rangèrent à mon avis. De ceux-là, aucun ne fut prêt à agir.
On m’interdit de mener à bien mon plan. On me bannit. On me surveilla étroitement, à tel point que je finis par comprendre que jamais je ne pourrais agir depuis le plan supérieur. Seuls les êtres de chair étaient susceptibles d’échapper à leurs perceptions. Pas les individus ordinaires, bien sûr. Mais un Altéran disposant encore de certains pouvoirs pourrait espérer se soustraire à leur attention, en manœuvrant habilement, prudemment. Il pourrait jouer plus aisément avec les règles.
Alors, je pratiquais la Régression. Une Régression partielle, cependant. J’étais matériel. J’étais mortel. Mais je gardais un lien solide avec le plan supérieur, ce qui me permettait d’accéder aux connaissances de l’Ascension et d’user des pouvoirs qui l’accompagnaient.


Dernière édition par Skay-39 le Sam 9 Mai 2009 - 16:18, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Hors-série I - Stargate Chronicles   Hors-série I - Stargate Chronicles - Page 2 EmptyVen 8 Mai 2009 - 5:30

Evidemment, en cela, j’enfreignais les cinq directives premières. La principale, évidemment. J’allais largement influer sur le destin de plusieurs espèces du plan inférieur. La seconde ? Science adorée… Je pouvais difficilement la violer davantage. La troisième… j’y serais venu, probablement. J’avais bafoué la quatrième, pour raisons pratiques. Idem pour la cinquième.
Les Autres ne relâchèrent pas leur vigilance. Au fil des ans, je sentais leur regard peser sur moi, balayer l’univers à ma recherche. Leur attention était distraite, cependant. Ils n’avaient pas encore décelé ma tricherie. Ils se croyaient à l’abri de mes dangereuses idées. Leur surveillance n’en restait pas moins gênante, au point qu’il me fallut mener mes recherches dans une autre phase, isolée avec soin. Ce n’est que l’un des nombreux stratagèmes auxquels je dû recourir.
Je nommais ma création à venir selon un antique dialecte Altéran, datant d’avant le shisme : Sangraal, « la dernière chance ».
Parallèlement à mes expérimentations, j’entrepris de me constituer cette cours de fidèles dont mon plan dépendait. Mon don de précognition me fut précieux en ces temps. Il s’était considérablement affaiblit depuis que j’avais quitté le plan supérieur, mais restait dix fois plus puissant que durant ma première vie mortelle, et me permit de forger la destiné de plusieurs hommes, et des empires avec eux. Je le confesse, je concevais ces êtres comme des pions, des pièces d’un tout qui les dépassait eux et moi. Mes possibilités étaient restreintes, mes options limitées. Je ne pouvais me permettre de faire de sentiments.
C’est ainsi que je dirigeais dans l’ombre toute l’existence d’Ambrosius Aurelianus, fils de l’empereur Constantine. Je le manipulais, l’influençais, forgeais sa personnalité pour en faire le chef dont j’avais besoin, m’aidant de mes dons d’Altéran et de ceux de l’Ascension. Je lui imposais douleur, épreuves et renoncement, le testant et l’endurcissant. L’un de mes nombreux crimes. J’avais vu un avenir construit autour de cet enfant ; Ambrosius était nécessaire. Il était le meilleur choix. Pour le bien de tous, il devait venir au monde, quoi qu’il puisse en coûter.
Pour qu’il gouverne la Bretagne, j’organisais la mascarade de l’épée. Le peuple d’Avalon était crédule, en ces temps. Mes plans fonctionnèrent. Je le formais à la science et à la philosophie Altéran, soucieux de le préparer à toutes les éventualités. Les choses semblaient aller pour le mieux.
Je l’ignorais, mais à cette époque, les Autres avaient deviné ma supercherie.
Je n’étais plus un être d’énergie ; ils ne pouvaient simplement me rappeler. Ils mandatèrent une Ascendante pour me ramener, sinon à la raison, alors dans le plan supérieur, afin que j’y sois jugé. A cet émissaire fut accordé une dérogation, dont il ne devrait pas abuser. Il serait autorisé à interagir avec le plan inférieur si nécessaire.
L’une de mes anciennes compatriotes leur offrit ses services, une citoyenne de Lantia. Ganos Lal, membre du haut conseil d’Atlantis, ministre de l’éducation. Sans doute espérait-elle que notre passé commun nous permettrait de nous entendre sans recourir à la force.
Elle avait tout à fait raison, quoique pas de la manière dont elle l’avait imaginé. Mais j’y viendrai en temps voulu…
Le jeu du chat et de la souris auquel nous nous livrâmes, Ganos et moi, fut long et compliqué, et n’a guère d’intérêt à être relaté ici. Sous le nom de Morgane, elle me traqua sur toute la surface d’Avalon et même au-delà, multipliant les ruses et les bassesses. Ses traits charmants dissimulaient quelle femme redoutable elle était, capable de se montrer tout aussi impitoyable et retorse que moi. Nous étions tous deux persuadés d’agir pour le mieux, tous deux convaincus que notre échec aurait des conséquences catastrophiques. Dans notre petite guerre personnelle, nous fîmes de nombreuses victimes. Dommages collatéraux.
Son intervention ruinait mon plan si patiemment orchestré. Je ne pouvais me permettre de tomber entre ses mains trop tôt. J’étais toujours hanté chaque nuit par ma vision de l’apocalypse.
Je savais depuis longtemps que je ne pourrai plus entrer en contact avec mes chers chevaliers une fois Ganos Lal sur mes traces, à plus forte raison si elle me retrouvait. Le Sangraal n’existait pas encore à l’époque, bien que mes recherches, je le prédisais, touchâtes à leur but. Je laissais donc à Arthur, pour ultime instruction, de le rechercher sans relâche ; je ne savais quand l’artéfact serait achevé, je ne savais pas encore comment ni où je le cacherai, mais je lui fit la promesse de laisser derrière moi autant d’indices que possible. J’étais tout à fait certain qu’il n’aurait de cesse de parvenir au bout de sa quête, si ardue soit-elle. Il attirerait les Orii dans la Voie Lactée, et éliminerait au moment crucial cette engeance maudite.
Il ne restait plus grand chose de mes grands desseins alors. Ganos Lal également voyait l’avenir, dans une certaine mesure, et compte tenu de mon état, nous nous trouvions sur ce point à égalité. L’étau se resserrait autour de moi. De planètes en planètes, elle se rapprochait, accumulait les indices sur mes méthodes de dissimulation, me contraignait à user plus que de raison de mes pouvoirs d’être Elevé. Toutefois, entre-temps, ses convictions avaient changé. Mes pouvoirs de divination l’impressionnaient, et elle commençait avec réticence à les respecter. Mes arguments la troublaient. Plus l’aboutissement de sa mission se profilait à l’horizon, et plus elle doutait de son bien-fondé.
Entre temps, j’achevais mon œuvre.
Il ne ressemblait pas à ce que j’avais imaginé. J’étais pressé par le temps, et me livrais à une science extrêmement pointue, visant à adapter les connaissances du plan supérieur au monde physique. Le Sangraal n’était pas une arme orientable. Lorsqu’on l’activerait, il détruirait tous les êtres d’énergie à l’intérieur de son champ d’action, Autres comme Orii. Les miens avaient eu raison de s’inquiéter, finalement…
C’est à sur ce monde que je mis la touche finale à mes recherches. C’est sur ce monde que Ganos Lal me retrouva. De cette rencontre devait découler le futur de la Voie Lactée, Pégase, Origine, Ida, et sans doute beaucoup d’autres choses encore.
J’avais déjà testé l’artéfact maintes et maintes fois au cours des ans, sans grand résultat. Je savais que je confinais à la réussite, mais les frontières de cette imminence étaient floues. Se comptaient-elles en semaines ? En années ?
En secondes ?
Comme des dizaines de fois auparavant, j’activais tout autour de moi les dispositifs de brouillage, leurres et générateurs de singularité. J’isolais au mieux ma portion d’espace du reste de l’univers, à la limite de ce qui était possible sans quitter cette phase.
Ensuite, je m’élevais lentement au-dessus de moi-même, m’étendant vers le plan supérieur autant que la prudence me le permettait, contraignant mes perceptions à l’intérieur du périmètre grossièrement sécurisé.
Me préparant à une souffrance que je ne n’attendais pas vraiment, je mis en place le dernier cristal et fit faire quelques pas en arrière à mon enveloppe physique. Le Sangraal brilla de plus en plus fort, émettant une stridulation ascendante, répandant une vibration dérangeante dans le plan supérieur selon les nouvelles fréquences et équations que j’avais programmé. Je notais une troublante différence. L’énergie m’assaillait avec une déplaisante moiteur étouffante.
Et soudain, la souffrance me ravagea tandis qu’un ouragan de puissance déferlait sur mon extension extracorporelle.
C’était une tempête comme je n’en avais jamais connu, pas même durant la grande guerre à venir. Rien dans mes souvenirs du passé ou du futur n’égalait ni même n’approchait ce souffle écrasant, cette onde de choc ininterrompue qui menaçait de disperser mon être. C’était un combat presque désespéré ; comme de lutter contre la gravité pour un être de chair et de sang, contre la châleur d’un feu de bois pour un flocon de neige. Il fallait pour s’y opposer faire preuve d’une détermination presque insensée, s’opposer à ce déchaînement abrutissant sans s’autoriser un instant d’hésitation. Si je me laissais emporter, je perdrais mes repères ; et alors… le Sangraal remplirait son office. Il dénouerait la trame de mon existence, interromprait la cohésion de mon énergie et me désagrègerait en un nuage de poussière incandescente.
J’y étais parvenu, finalement. J’avais créé l’arme parfaite, celle qui anéantirait les êtres du plan supérieur. Si c’était là ce que j’obtenais à un seizième de sa capacité, alors l’artéfact dépassait de loin mes plus folles espérances. Il était si puissant… Trop puissant pour être bridé, maîtrisé, dirigé. En temps normal, c’aurait été une arme de dissuasion. De destruction massive.
Mettant la douleur incendiaire de côté, je concentrais mon esprit sur les tâches indispensables, recomposant mon être pas à pas, sans hâte, pleinement conscient pourtant de ce que la résistance que j’opposais au raz-de-marée ne saurait demeurer indéfiniment sans faiblir. Pas à pas. Sans s’inquiéter de rien d’autre.
Je perdais pied inexorablement, m’éloignant peu à peu à travers les couches du plan supérieur. Mon corps physique, ancre précieuse et providentielle – arqué dans une expression de souffrance, les yeux révulsés – était de mon en moins efficace à mesure que les liens qui m’unissant à lui s’amenuisaient.
Faisant de mon mieux abstraction de toute distraction, je lançais un éclair qui manqua le Graal d’un bon mètre et fracassa l’un de mes dispositifs de confinement.
Immédiatement, je sentis l’œil d’un être supérieur se river sur moi, me soumettant à une désagréable sensation de distorsion.
Morgane !
Elle s’était dissimulée, la fourbe, par les mêmes moyens que moi sans doute ! Pour m’avoir à ce point dupé, elle devait avoir résorbé ses pouvoirs au point de n’être guère plus qu’une Régressée, à peine capable de perceptions extrasensorielles. Il semblait bien également qu’elle ait fait appel à l’un des Autres afin qu’il imite son essence, me la fasse croire plus loin qu’elle n’était. En un instant, malgré le supplice de mon être, malgré l’épuisement et la lutte perdue d’avance, je distinguais dans le plan supérieur le redoutable enchevêtrement d’énergie qui m’avait trompé.
Avec l’énergie du désespoir, je parvins enfin à atteindre mon but. D’une ultime décharge, je pulvérisais le cristal de contrôle.
Aussitôt, l’ouragan cessa de se déchaîner. Ma conscience réintégra mon corps avec une brutalité excessive, mes yeux flamboyèrent de lumière céleste, et je restais là un instant, vacillant, pantelant. Mais il n’était pas temps de traîner. A travers la brèche ouverte dans mon bouclier par la destruction du dispositif de brouillage, je sentais Morgane se ruer vers moi avec détermination. Il lui faudrait un peu de temps pour recouvrer ses pleines capacités, pour faire coïncider mes coordonnées qu’elle avait décelées depuis le plan supérieur avec ce qu’elles impliquaient dans le monde matériel. Mais combien de temps ? Quelle avait été l’acuité de ses perceptions au moment de l’incident ? Je ne pouvais le savoir. Je devais me hâter.
D’un geste, je recomposais le cristal principal du Sangraal. Un instant, j’envisageais de l’employer contre Morgane. Mon œuvre était achevée ; je pouvais Régresser pour de bon, s’il le fallait. La tuerais-je ? Je sus que oui ; s’il le fallait. Mais cette mort serait vaine. Dès lors que je ne disposerais plus des connaissances de l’Ascension pour me protéger, les Autres me trouveraient sans mal.
Je me figeais dans un frisson et fit brusquement volte-face.
Morgane était arrivée.
Dans sa longue robe blanche luminescente, elle était belle, sans aucun doute. J’aimais son visage plein, ses longs sourcils délicats, ses yeux de la même nuance noisette que ses boucles exquises et ses cernes légères. Préservée des rigueurs du temps par les vertus de l’Ascension, elle était tout à fait comme dans mes derniers souvenirs du temps d’Atlantis – et même un peu plus jeune, peut-être. Quelque chose en elle me rappelait une ancienne amante.
Je m’étonnais d’être saisi de cette pensée en cet instant si critique. Sans doute n’avais-je pas été très attentif, car je sens Morgane rétracter ses perceptions, vaguement gênée. Elle doit regretter maintenant d’avoir déployé avec une telle intensité ses capacités extrasensorielles. Elle ne tient pas à m’humilier en abusant de ses pouvoirs.
Dans le même temps, un pan de ma mémoire se déverrouilla. Je me souvint avoir moi-même programmé ces pensées intimes, dissimulant ensuite cette manipulation. J’avais anticipé ses réactions, fait en sorte qu’elle n’ose plonger trop avant dans mon esprit. Une pointe d’orgueil me chatouillq. D’autant que Ganos Lal n’était certainement pas mon type, et que cette pensée-là ne m’aurait sans doute aucunement servie.
Le Sangraal me fut arraché sans que je tente de l’empêcher – à quoi bon ? J’avais perdu. Je le vis, aboutissement de mon travail, fruit de mon sacrifice, s’envoler dans les airs en tournoyant avec lenteur ; et se consumer brutalement, s’embraser d’énergie dorée et se dissoudre en grésillant dans une giclée d’étincelles et un coup de tonnerre. La déflagration me frappa avec la même violence, labourant ma poitrine me déchirant de rage, de désarroi et de morne désespoir. Tant d’efforts, tant de dur labeur réduit à néant en un instant…
Je sentis la satisfaction des Autres, leur paisible soulagement, leur sérénité tranquille. Ils félicitèrent silencieusement Ganos Lal, m’abandonnant à son jugement. La plupart s’en allèrent, éloignant leurs perceptions.
Quelques-uns, cependant, s’attardèrent encore, curieux de connaître sa décision. Elle avait toute latitude ; j’avais enfreint toutes les règles, et il ne faisait nul doute que j’aurais mis mes plans à exécution si j’en avais eu le temps et la possibilité. Elle pouvait m’anéantir, me contraindre à une régression totale, effacer ma mémoire, me bannir à des distances faramineuses, m’imposer n’importe quel châtiment. Je perçus quelques murmures tandis qu’ils s’interrogeaient, l’incitaient à la clémence ou à la sévérité.
Une onde d’agacement émana de Morgane. Elle m’avait traqué, s’était contrainte à la vie matérielle, avait essuyé les blessures des pièges que j’avais conçu à son intention. Elle entendait agir à mon encontre selon son bon plaisir.
Les Ascendants sentirent l’irritation irradier de sa personne. Uns à uns, ils se détachèrent, retournant à leurs occupations. Mon sort, en définitive, ne les intéressait pas tant que cela. Qu’elle fasse de moi ce que bon lui semble : le Sangraal était détruit, la directive première préservée du pire, c’était là tout ce qui importait.
Bientôt, nous fûmes seuls.
Et je sentis immédiatement l’atmosphère changer de teneur.


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MessageSujet: Re: Hors-série I - Stargate Chronicles   Hors-série I - Stargate Chronicles - Page 2 EmptyVen 8 Mai 2009 - 5:30

Voici où nous en sommes. Voici où m’ont mené ma vie et mes visions. Aucune d’entre elles, par ailleurs, ne m’avait dévoilé cette scène. Aucune non plus n’est capable de me révéler mon avenir ; mes réactions dépendent de ce qui sera, ce qui sera est fonction de mes agissements. Ce cercle vicieux est encore perturbé par celui qu’expérimente Morgane en cet instant, fouillant le futur pareillement.
Deux prédictions seules demeurent. L’une est très ancienne : c’est le redoutable mur de feu, inchangé. L’autre se déroule à l’instant même, et m’apparaît le temps d’un éclair. Une incarnation matérielle des Orii consumant mon cœur en excitant ses atomes, dans un peu moins de mille ans. Son visage m’est invisible, le lieu changeant, l’époque soumise à quelques variations.
Mais je frissonne devant l’importance de ces probabilités.
- Tu viens de condamner notre genre, Morgane, énonçais-je soudain.
Elle sursauta. Mon intérêt forcit immédiatement. Une réaction si physiologique ne peut signifier que deux choses : ou bien la « jeune » femme s’applique à imiter avec soin les réactions humaines, ou bien…
- Oublie ce nom, réplique l’Ascendante avec force, comme déclamant une réplique de théâtre. Il n’a plus lieu d’être.
- Aaah… Dois-je en déduire que nous en avons terminé avec la légende ? Cette histoire s’achèvera-t-elle ici ?
Elle ne me répond pas. Son regard est vide, tourné sans doute vers quelques mystères du plan supérieur qui me sont pour l’heure invisibles.
Je la fixe toujours, ne me retenant qu’à grand peine de tendre une perception dans sa direction. Ce serait gâcher ses efforts, si vraiment les choses sont comme je le crois. Mais je peux faire autrement…
Je l’examine à l’aide de mes sens Altérans aiguisés. En me concentrant suffisamment, je perçois chaque détail de sa respiration, brève, rapide, humide, puis les battements précipités de son cœur, et le bruit du sang courant dans ses veines. J’entends même son estomac s’affairer à digérer le complexe protéiné qu’elle y a amené – précaution indispensable pour éviter de ne souffrir d’une vive sensation de faim lors d’un retour à un corps physique. Ma vision me montre le moindre détail de son épiderme, qui comporte toutes ces imperfections que les Elevés gomment d’ordinaire dans les illusions qu’ils projettent. En quelques inspirations discrètes, je sens l’odeur de sa peau, celle de ses cheveux et de ses vêtements, celle de la sueur qui mouille son dos et de l’adrénaline dans ses veines – signe de sa nervosité. Enfin, avec autant de délicatesse que possible, j’exerce une légère pression télékinésique sur son épaule. Pas encore assez subtile, car Morgane baisse brièvement les yeux. J’ai sentis qu’elle était solide, néanmoins. Un indice supplémentaire. Un élément de plus qu’elle pourrait avoir feint, également. Mais dans quel but ?
Puisqu’il n’est plus utile de me montrer circonspect, je décide d’exprimer mes soupçons à voix haute.
- Tu es incarnée, assenais-je doucement.
Simultanément, mon regard s’oriente involontairement vers le dispositif de contention que j’ai détruit par erreur. Si vraiment Ganos Lal a regagné le monde matériel afin de protéger notre conversation, les dispositifs de brouillage lui seront précieux.
Comme si elle avait lu dans mes pensées – ce qui est peut-être bien le cas –, l’artéfact se rétablit en quelques secondes, ses fragments épars se réunifiant et ses fissures brillant d’une lumière bleutée en se ressoudant. Le long socle en ovale aiguisé d’où émergeait un cristal dentelé en arc de cercle émit à nouveau son grésillement parasite, et un imperceptible glissement parcouru notre environnement, isolant cette portion d’univers.
Ainsi, j’avais vu juste.
- Ainsi, j’avais vu juste.
Ses paupières s’abaissent sans se fermer, son regard glisse jusqu’au mien et s’y plante un instant. Puis elle cligne doucement des yeux et oriente ses prunelles d’un brun sombre vers mon dispositif de synthèse moléculaire, cette table ronde à laquelle on associe mes chevaliers.
- J’aimerais assister à ton oracle, fait-elle doucement.
Je la jauge d’un regard perçant.
- Du temps de notre existence supérieure, tu t’y est toujours refusé, Morgane.
- Les gens… changent, répond-t-elle lentement. Tu es bien loin de l’intransigeant conseiller Moros que j’ai connu du temps de la glorieuse Atlantis. Ou dois-je encore te nommer Myrddin, moi aussi ?
Un bref éclat d’amusement traverse son regard tandis qu’elle s’attarde sur ma robe fantaisiste, ma longue barbe blanche, le bâton ouvragé qui décuple mes dons lorsque je ne peux employer ceux issus de l’Ascension.
- Je m’adapte, répliquais-je sèchement.
Morgane me fixe d’un regard morne.
- Et moi de même, chuchote-t-elle.
Sans plus tergiverser, je m’approche lentement de l’atlante. Les sondes que je lance avec prudence vers son esprit se heurtent à un mur impénétrable. Ecartant sa frange, j’appuie mon front contre le sien. Un parfum floral qu’elle aura généré en même temps que son corps et sa vêture chatouille mes narines. Mes lèvres frémissent sur l’ébauche d’un sourire devant cette preuve de coquetterie sans doute à peine consciente.
Les barrières de son esprit s’ouvrent devant moi, et je m’y engouffre, me retenant d’aller voir plus avant. Rassemblant les éléments de ma vision, je la laisse couler en elle.
Un sursaut brutal l’éloigne de moi.
- Science adorée… murmure-t-elle.
Je hoche la tête avec compassion.
- Je vis avec cette prédiction depuis si longtemps que j’en suis venu à m’y habituer. Comprends-tu l’horreur que je tâche d’éviter ?
Elle s’éloigne nerveusement.
- Les probabilités sont…
- Oui, je sais à quel point elles sont faibles, l’interrompis-je avec brutalité. Est-ce pour me resservir tous les sermons des Autres que tu nous as ainsi isolés ? Si tel est le cas, alors tu ferais mieux de remplir ton office et de regagner le plan supérieur. J’ai répété mille fois cette conversation, et je suis fatigué de la voir s’achever toujours de la même manière.
- C’est de la folie ! réplique-t-elle malgré tout. Réalises-tu, Moros, que tu parles de déclencher la guerre la plus dévastatrice que notre univers connaîtra peut-être jamais ? Comprends-tu que cette confrontation pourrait fragiliser irrémédiablement notre réalité toute entière ? Comment peux-tu envisager pareille éventualité ?
- Tu as vu ce que j’ai vu, Ganos Lal. Les éventualités ne manquent pas, toutes plus effrayantes les unes que les autres. Saches cependant que je n’ai vu aucun avenir dont le mur de feu soit absent.
- Trop de possibilités.
- Je ne le nierai pas. J’ai pourtant ardemment désiré découvrir une autre voix. Durant des siècles, j’ai fouillé l’arbre des possibles, à la recherche d’un avenir paisible. Mais tôt ou tard, c’était inévitable : la guerre avait lieu.
Ganos Lal frissonne, et reprend sa marche nerveuse d’un pas plus pressé. Avisant une seconde fois mon bâton catalyseur appuyé contre le mur, elle le désigne du doigt ; je sens le pouvoir affluer en elle, et l’artéfact se désintègre comme le Sangraal, dévoré de haut en bas par une pluie d’étincelles couleur or. Le sceptre, qui avait basculé lorsque sa pointe s’était dissoute, s’était volatilisé avant de toucher le sol. Elle détruit les technologies issues de l’Ascension, comme mission a dû lui en être confié.
- Mais ce futur que tu entends orchestrer…
- Tout aussi chaotique, selon toute vraisemblance. Tu t’es acquittée de ta tâche avec méticulosité, ma chère Ganos Lal, au point de ruiner presque tous nos espoirs…
Je me suis exprimé avec amertume. L’Ascendante me lance un regard peu amène, ses lèvres se pinçant en une moue réprobatrice.
- …quelques-uns demeurent, cependant… Oui… Si tu fais ce qu’il faut, ici et maintenant, quelques chances subsisteront que nous sortions victorieux.
- Et par nous, tu entends bien sûr…
- Les Autres.
Elle s’assied avec délicatesse dans l’un de mes fauteuils rustiques, lâchant un soupir. Le regard qu’elle m’adresse alors est chargé de détresse, mais décidé malgré tout. Je ne laisse pas le soulagement envahir mes traits, mais je ne peux empêcher mon cœur de battre soudain à coups redoublés, sous l’effet de l’optimiste retrouvé.
- Que faudrait-il que je fasse ? murmure la jeune femme d’une voix plaintive.
- Tout ton possible, Ganos Lal, simplement ça. Je pense que cela devrait suffire.
Un maigre sourire accueille ma piteuse plaisanterie.
- Ce sera un jeu dangereux. Je pourrai leur dissimuler certaines de mes actions, mais d’autres attireront leur attention, forcément.
- Que ce ne soit pas les plus importantes. Il te faudra trouver des moyens crédibles de les justifier. Tu ne serais pas la première à enfreindre les lois. Les Autres tolèrent les caprices passagers, tu le sais comme moi. Et tu as passé si longtemps à interagir tandis que tu étais à ma recherche… Ils pourront comprendre qu’il te soit pénible de renoncer au monde matériel. Si tu parviens à passer pour faible, ils se montreront indulgents. Aucun d’eux ne tient à ce que tu leur rappelles la dérogation qu’ils t’ont accordé. Il se pourrait même que tu sois mieux placée que moi pour remplir cette tâche, finalement…
- Je ne pourrais abandonner aucun indice de plus que ceux que tu as déjà semé. Moi aussi, je serai sous surveillance, comme tout ceux qui ont eut un lien avec le Sangraal. Il n’y a guère que sur les mondes que tu as isolé de notre phase pour te cacher de moi que je pourrai agir à ma guise…
- Je ne l’ignore pas. Ceux qui se lanceront à la recherche de ma création devront se montrer habiles et acharnés dans leur quête. Les indices seront épars…
Je m’approche, fébrile, et me laisse tomber en face d’elle. Mes os craquent douloureusement. Je ne suis plus jeune.
- Il n’y a que deux choses qui soient importantes : les chevaliers de la table ronde et le Sangraal. Ambrosius Aurelianus est notre meilleure chance. Si tu dois…
Je m’interromps lorsque son regard s’assombrit.
- Je ne peux t’accorder ni l’un, ni l’autre, Moros, fit-elle avec tristesse, me regardant droit dans les yeux. Je ne reconstruirai pas ton artéfact, ni ne t’autoriserai à le faire. Les conséquences, s’il tombait entre de mauvaises mains, seraient par trop catastrophiques.
Je sens une colère dangereuse flotter dans mes yeux. Il est primordial que je conserve mon calme. Mais l’enjeu est si important ! Mes émotions sont exacerbées. A quoi bon avoir gagné la terrible Ganos Lal à ma cause, si elle ne consent pas aux infractions les plus importantes ?
- Tu as dis, ma redoutable consœur, voir le péril qui nous menace, le voir comme je le vois. Comment, en ce cas…
- Te rends-tu compte que c’est nous tous que ton Sangraal mettrait en danger, Moros ? Pas seulement toi ou moi, mais les Autres dans leur ensemble ! Les Furlings eux-mêmes n’y survivraient pas.
- C’est la seule…
- J’ai sentis son pouvoir. Lorsque tu l’activas tantôt et que ton bouclier fut brisé, je sentis la formidable puissance de l’artéfact. Etait-ce là son plein potentiel ? Non, évidemment. Tu as pleinement accomplis ton œuvre, Moros. Le Sangraal, lorsqu’il sera enclenché, balayera l’intégralité des Orii. Mais il pourrait aussi dépeupler le plan supérieur de cette partie du cosmos, et c’est un risque dont je refuse de prendre la responsabilité.
- Ganos Lal, imagine…
- N’insiste pas, Moros. Ma réponse est non, et ne changera pas.
Un frisson me parcoure tout entier, reflet de ma colère. Je sens mes narines frémir, mes dents grincer. Pour contenir mon agacement, je noue mes doigts sur mes genoux. Je n’ai plus l’habitude que quiconque me tienne tête. Si cette idiote pouvait comprendre… Si elle avait vraiment vu ce que j’ai vu, chaque jour, depuis tant d’années…
L’Ascendante me fixe d’un regard impassible, attendant patiemment que je me reprenne avant de poursuivre, et je réalise qu’elle a lu une part de mon monologue intérieur. Je reconstruis mes barrières mentales, un peu tard cependant. Je ne m’excuse pas. A quoi bon ? Mes pensées sont ce qu’elles sont, il ne servirait à rien de les nier.
- Que propose-tu, en ce cas ? questionnais-je d’une voix dont je tâchais de nuancer la froideur.
Ganos Lal se redresse sans hâte, lissant sa robe. Je masque mon irritation avec davantage de prudence.
- Toi, répond-t-elle simplement.
Il ne me faut que quelques instants pour comprendre ce qu’elle a en tête.
- Il m’appartiendra donc de décider si les êtres venant à moi sont dignes de confiance ? Je suis flatté que tu m’accordes ainsi la tienne. Ne crains-tu pas cependant qu’une fois libéré, je bâtisse le Sangraal quoi qu’il arrive ?
- J’ai foi en ton jugement. Qui plus est, je te surveillerai.
Un sourire me vient, à peine ironique. Evidemment.
- Evidemment.
Bien vite, cependant, mon amusement se fane.
- Qu’en est-il d’Ambrosius ? Pourquoi me refuser son concours ?
Lentement, la jeune femme secoue la tête.
- Les Autres le surveilleront avec soin. Nul Ascendant ne saurait l’approcher. Aucun d’entre eux ne sait exactement ce que tu lui as enseigné.
Cette information m’intéresse au plus haut point.
- De plus…
- De plus ?
La tristesse voile son regard.
- Il est peut-être mort, Moros.
Ses mots me frappent avec plus de violence que je ne m’y serais attendu.
- Quoi ? fis-je brutalement.
Elle soupire encore.
- Une bataille a eut lieu sur Avalon, en terre de Camlann. Ton protégé tâchait de reformer ses rangs lorsque…
- Reformer ses rangs ? Qu’entends-tu par là ? Les chevaliers de la table ronde sont-ils en dissension ? Est-ce du fait de Mordred ?
Je me sens plein de frustration. Soudain, mes nombreuses années d’absence m’apparaissent pleinement. Que s’est-il passé pendant que j’étais au loin ?
- Tu as quitté Avalon depuis bien longtemps…
- Par ta faute, Morgane ! rétorquais-je, revenant sans y songer à son pseudonyme légendaire.
- Nous n’avons pas le temps pour cela, réplique-t-elle sèchement.
Je ravale mes réparties rageuses. Cette femme maudite a raison.


Dernière édition par Skay-39 le Ven 17 Juil 2009 - 22:05, édité 3 fois
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MessageSujet: Re: Hors-série I - Stargate Chronicles   Hors-série I - Stargate Chronicles - Page 2 EmptyVen 8 Mai 2009 - 5:31

- Mordred et Ambrosius se sont affrontés. Leur combat fut long et difficile…
- Rivalités territoriales ! bougonnais-je.
- Ambrosius a tué Mordred… A propos, puis-je savoir ce qui t’a poussé à le présenter comme mon fils incestueux ?
- Tu m’a rendu la vie impossible, Ganos. C’était à peine une vengeance. De plus, un peu de surnaturel assure toujours une certaine clémence au fautif. Et Ambrosius s’est vraiment montré stupide dans cette affaire…
- Passons. Avant de succomber, Mordred a mortellement blessé ton protégé.
- Science adorée… Quand était-ce ?
- Il y a tout juste quelques instants. J’étais à ses côtés lorsque j’ai détecté ton expérience.
- Tu dois faire quelque chose ! Moi mis a part, personne n’en sait autant que lui sur le Sangraal !
- Je fais quelque chose, Moros. Je lui ai offert l’Assomption.
Ces mots me réduisent au silence. Je n’en espérais pas tant. Mais…
- Je t’en suis infiniment reconnaissant, Ganos Lal. Cependant, je ne crois pas que ce soit là la meilleure…
- Je le sais. Je veux simplement lui laisser suffisamment de pouvoirs pour qu’il puisse se cacher des Autres. Et je veux pouvoir le transporter sur Camelot.
- Cela, ce n’est pas utile. J’ai construis une porte des étoiles à Stonehenge, grâce à laquelle j’ai peuplé Camelot et quelques autres…
- Je l’ai détruite il y a bien longtemps.
Je ne peux m’empêcher de grincer à nouveau des dents. Les choses sont allées encore plus mal que je ne le craignais.
- Alors mes chevaliers n’ont jamais quitté Avalon.
- J’en ai peur, répond-t-elle avec douceur.
Amère déception. Il ne reste donc rien de mes plans.
- Ambrosius ?
- Lorsque j’ai laissé une part de moi sur Avalon, il n’avait pas encore accepté ma proposition. Ses blessures étaient graves. Je suis inquiète.
- Comment ? Mais… Qu’attendait-t-il ?
- Une raison de vivre, Moros. Il a écumé le monde à la recherche d’un artéfact encore inexistant, perdu l’amour de son épouse et la confiance de ses chevaliers, a été trahit par son plus grand ami. La mort le séduisait.
- Il faut qu’il survive.
- Oui, il le faudrait. Mais s’il est mort, d’autres mèneront peut-être sa mission à bien. Il faut que tu t’endormes maintenant, Moros. Je monopolise trop d’énergie.
- Comment auras-tu dissimulé son Assomption, s’il a fait ce choix ?
- Je prétendrai qu’elle est de ton fait.
- Mais tu assumeras sa Régression.
- En effet. Tu dois te placer en stase sans tarder, Moros. Ce lieu est déphasé, il m’offre quelques possibilités. J’ai créé à ton attention une dormata.
- Si tu avais seulement pu l’approcher une fois encore…
- …j’aurais pu lui révéler ou chercher, en effet. Et si je l’avais su avant de l’Assomptionner, je l’aurais Régressé ici même. Il ne sert à rien de refaire l’univers, Moros. Je n’ai pu sauver ton champion que parce que l’attention des Autres était alors concentrée sur la destruction du Sangraal. Il faut que tu dormes, à présent.

Il le fallait, en effet. Tarder davantage eut été imprudent. Ganos Lal s’était scindée en deux pour demeurer auprès d’Arthur tout en s’entretenant avec moi, et ce genre de pratique n’est pas anodine. Si elle avait été découverte, tout aurait été gâché.
Elle avait su qu’elle se joindrait à moi depuis le début, ou se doutait tout du moins que tel serait le cas. La proposition faite à Ambrosius en est la preuve. Celle qui avait si astucieusement saboté mes efforts allait maintenant tâcher de préserver la braise de l’espoir… Mais j’ai peur que sa prudence ne laisse trop peu de chances au futur.
Car alors que je m’installe dans la cellule de stase pour le moins incongrue générée par mon meilleur ennemi, mes visions n’ont pas changé.
Le mur de feu, rugissant, gigantesque, implacable. Et ce messie… Cette incarnation des Orii qui, selon toutes probabilités, embrasera mon cœur dans ma poitrine et me laissera agoniser sur un sol froid. Je ne vois pas son visage. Plus exactement, j’en vois mille possibles, et plus encore, parmi les improbables, flous, changeants, nébuleux.
Peu importe. Je sais que je mourrais, de toute manière. On ne m’accordera plus l’accès au plan supérieur. Je l’accepte. C’est une pensée difficile, mais il ne sert à rien de hurler contre l’inévitable. J’ai déjà vécu plus de vies que la plupart n’en ont la chance.
Je suis Altéran, héritier des Ancuitas. Je suis Atlante et oracle. Je suis Moros du haut conseil d’Atlantis et Moros le Banni. Je suis Myrddin l’Enchanteur, père de la légende du Sangraal.
Et avant tout, je suis un espoir improbable.
Le reste…

…je l’accepte.


« Règle n°3 : Nul n’assistera dans son Ascension, par le biais de l’Assomption [...], un être ne possédant pas les capacités physiologiques et spirituelles [...] nécessaires pour la réaliser par lui-même. »

Extrait du règlement intérieur du Café de l’Eternité.


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MessageSujet: Re: Hors-série I - Stargate Chronicles   Hors-série I - Stargate Chronicles - Page 2 EmptyVen 8 Mai 2009 - 10:10

Je ne sais que dire. En fait, en terminant ce passage, la seule pensée qui m'a traversée l'esprit était que ce chapitre est le meilleur que tu ai jamais écrit. Tu nous racontes la vie imaginée de Merlin, et fichtre que c'est bien fait! De sa naissance à sa capture par Morgane, en passant par ses visions, souvent de guerre ou d'apocalypse. Les descriptions et la foule de détails qui les accompagne sont superbes. Le combat entre Elevés et Oris est magnifique. On peut aisément s'imaginer les scènes, presque ressentir le désespoir, ou la colère de Moros tandis qu'il voit cette bataille cataclysmique. C'est dantesque! Puis vient l'élaboration du plan de Merlin, sa manipulation machiavélique pour les chevaliers d'Arthur et leur quête du Saint Graal, son jeu de cache cache avec les Elevés et Morgane, et pour finir l'épilogue qui se raccroche ô combien parfaitement aux événements de SG 1.

J'aime aussi le fait que les Nox eux aussi se soient élevés et que comme à leur habitude, ils se soient éloignés du conflit (bien que certains s'en soient mêlés). Et tu nous donnes une description des Furlings en prime, moi qui croyait que tu refusais de t'y risquer (cfr une des citations glissées à la fin de chacun de tes chapitres Razz)

Puis, tu explores la vie des Lantiens dans Pégase, leur train train quotidien et leur dons qui sont d'un naturel évident pour eux. Le petit passage avec la mécanique des fluides à 7 ans XD j'adore Razz
Les Altérans que tu nous décris sont parfaitement ceux que l'on a attendu dans SGA, ceux qui nous avait été esquissé dans SG 1.

Certains disent que qualité ne rime pas avec quantité, mais Skay tu parviens à pondre un texte soigné, précis et facile à lire, qui est long sans le paraître car on ne s'ennuie à aucun moment et qui témoigne de ton imagination plus que fertile et très efficace pour nous raconter selon ton point de vue certaines histoires que la franchise n'a pas explorées.
Du grand art, donc. Je ne regrette pas les mois d'attente qui nous a fallu endurer ^^ Bravo, bravo! Qu'ajouter de plus ? Ah, je sais : clap!

Sinon, c'est génial. Hier et aujourd'hui, j'ai lu deux excellents récits de très haut niveau. J'adore ce forum Razz
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Rufus Shinra
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MessageSujet: Re: Hors-série I - Stargate Chronicles   Hors-série I - Stargate Chronicles - Page 2 EmptySam 9 Mai 2009 - 8:08

Que dire de plus après Webkev ?
Ce texte est vraiment exceptionnel (enfin, est-ce une exception ou la règle chez toi...) et je dois dire qu'en le lisant, on comprend véritablement le potentiel de l'univers SG et de son background. La scène de la bataille finale entre Anciens et Ori est monstrueusement belle, littéralement indescriptible (XD) du fait du point de vue de son narrateur, mais pourtant si aisée à imaginer : Voilà une prouesse littéraire qui me laisse sur le ***.

C'est l'apocalypse, la destruction absolue et universelle par le déchaînement d'énergies n'ayant plus de sens pour les humains. Tu décris bien la tentative risible d'intervention d'une flotte qui a dû être colossale, résultat peut-être de l'union entre tous les peuples de la galaxie, une force qui aurait fait passer les Minbari, les Vorlon, les Ombres-mêmes pour des plaisantins.
Et elle se fait désintégrer par les simples remous de l'affrontement, avec une poignée de personnes se rendant compte de sa brève existence. Voilà ainsi une illustration parfaite du pouvoir contrôlé par ces êtres, qui, je le répète, dépasse l'entendement.

Mais tu en profites pour glisser des éléments appréciables et bien amenés sur les Nox et les Furling, ainsi que sur la vie des Anciens (j'ai adoré le concept d'artisan-programmeur, totalement logique mais inattendu pour les lecteurs). La dernière partie, sur la course au Sangral est tout autant réussie, réécrivant les légendes et nous donnant le plaisir d'un face-à-face de qualité se terminant sur ce que nous savons déjà.

Skay-39, tu incarnes "Patience et longueur de temps valent mieux que force ni que rage" :
On attend tes textes.....longtemps.....très longtemps, mais contrairement à beaucoup d'oeuvres (payantes), l'attente en vaut de très loin la peine.


Franchement, les scénaristes de Stargate devraient avoir honte de ce sabotage qu'ils ont commis à l'égard de TON oeuvre !

A quand une pétition pour rendre Chronicles canon à la place de SGA ?


Dernière édition par Rufus Shinra le Lun 25 Mai 2009 - 16:51, édité 1 fois
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