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| Kaliam-C : archives versions & commentaires (spoiler) | |
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+4Artheval_Pe Haiyken ketheriel Mat 8 participants | |
Auteur | Message |
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ketheriel Conquérant Itinérant
Nombre de messages : 1441 Age : 44
| Sujet: Re: Kaliam-C : archives versions & commentaires (spoiler) Mer 24 Sep 2008 - 17:24 | |
| - Citation :
- Bon, et pour un petit voyage dans l'esprit de la discipline militaire, quand tu auras un peu de temps à gaspiller (même des extraits suffisent à saisir l'esprit) :
Malheureusement tu ne remets pas en perspective les documents que tu soumets à Mat : Relis le début de ton lien (intro): - Citation :
- Il est clair cependant que les société évoluent et que la tendance actuelle à la disparition des catégories sociales et les possibilités de communication accrues entre les hommes, qui sont les signes de notre temps, ont pour conséquences une uniformisation et une simplification des règles qui régissent notre monde.
Un code d'usages évolue avec le temps (en définitive, plus le temps passe il devient souple. Suffit de voir les anciens usages et ceux actuellement). Et là on est quand même quelques centaines d'années dans le futur. De plus un code n'est jamais appliqué strictement, c'est un morceau de papier, d'usage qui est plié selon les individus jusqu'à un certain point bien sur. Les usages ne sont pas des lois gravées dans le marbre. Tout est une question de personne, d'interprétation et de l'expérience des gradés. - Citation :
L'ouvrage qui suit n'est qu'un guide destiné à aider les jeunes officiers à maîtriser le problème des relations humaines.
La règle d'or en la matière est la simplicité : rien n'est plus agréable qu'un comportement naturel de bon aloi. Mais on ne doit jamais perdre de vue que les armes, non seulement s'accommodent de prestige et de formalisme, mais l'exigent en certaines circonstances. Certains donneront plus de latence que d'autres. Et au XXIII ème siècle, il y en a forcément plus que maintenant. De plus il faut être réaliste, même maintenant, les latences selon les individus sont clairement existantes. Il y a de nombreux témoignages (demande à ceux qui ont fait leur service militaire par exemple) montrant que les usages ne sont pas un truc rigide. Alors c'est vrai que dans les médias ont fait passer l'armée comme une société de robots, un truc d'abrutissant à ce niveau. ça l'est oui mais pas au point d'être un bloc monolithique.Il y a l'impression, le mythe colporté et la réalité. On a d'ailleurs la même chose quand on nous sert, des forces spéciales ou d'élites à toutes les sauces pour nous sortir que ce sont les meilleurs soldats, des athlètes de la mort, le top du top et que contre des gars "basiques" avec une arme, ils se baladent.... La vérité est tout autre. |
| | | Skay-39 The Vortex Guy
Nombre de messages : 4190 Age : 35 Localisation : TARDIS 39th room (blit), on Moya third level, in orbit around Abydos (Kaliam galaxy)
| Sujet: Re: Kaliam-C : archives versions & commentaires (spoiler) Mer 24 Sep 2008 - 17:53 | |
| - Mat Vador a écrit:
-
- Citation :
- O'Neill
O'Neil Autant pour moi ^^ La force de l'habitude. Mais je ne l'écris pas encore à la place de Youtube... - Mat Vador a écrit:
- Nous savons hors-caméra que Morden était un xéno-archéologue qui a effectivement perdu sa femme et sa fille dans un attentat terroriste sur le portail de saut de Io, avant de devenir ce qu'il est. J'ai brodé les détails autour, y compris sa participation à la milice coloniale du système Orion
En ce cas, c'est admirablement construit, vraiment. - Artheval_Pe a écrit:
- J'ai un petit problème avec ce passage. C'est léger, mais tout de même. Lorsque je le lis, je n'ai pas l'impression d'entendre un Amiral s'adresser à son subordonné.
- Mat Vador a écrit:
- Artheval_Pe a écrit:
- même si un officier au grade de Laurel devrait avoir rentré comme automatisme la manière de s'adresser à un supérieur. Et, dans le cas où un supérieur prononçerait quelque chose de ce gout là par ironie, le subordonné s'en rendant compte s'excuserait immédiatement...
Voyons, un peu de réalisme... aucune discipline ne transformera jamais de soldats en robots. Après tout, c'est pas comme si elle était à quelques secondes d'assister au déclenchement d'une guerre née d'un quiproquo, (tu notera le souvenir assez marquant) plus encore en étant techniquement responsable, (même si elle ne peut être blâmée) alors les excuses en trois formulaires, ça peut tout de même attendre de voir si on va survivre. Pour ma part, je n'avais pas été plus dérangé que ça par ce passage, surtout parce qu'il n'a pas grande importance... Mais il est vrai que je serais plutôt d'accord avec Arth. Les deux protagonistes se connaissent depuis peu, et O'Neil est un chouia intimidant... Je pense qu'il exigerait d'abord un rapport de la situation, avant de mentionner éventuellement ce qu'ils avaient cru comprendre. Si Laurel venait à manquer au protocole, il ne le relèverait peut-être pas, mais pour sa part il resterait sans doute assez stricte... Et s'il se montre plus prévenant, pour ménager les nerfs de la jeune-femme, je crois que c'est un détail qui vaudrait le coup d'être rapidement mentionné. Désolé. Mais, encore une fois, ça ne m'avait pas spécialement interpelé. EDIT : J'ajouterais que le message de Keth met encore tout cela en perspective... - Artheval_Pe a écrit:
- J'aime beaucoup le nouveau Daniel, bien que l'ancien y soit un peu difficile à retrouver. Il semble plus détaché, mais étrangement plus désagréable aussi. Un des effets du sarcophage, je suppose.
Ou bien de deux cents soixante ans de règne sans partage et de quasi déification. ^^ - Artheval_Pe a écrit:
-
- Citation :
- Le bain de sang est évité, mais on sent bien qu'on est pas passé si loin. Il aurait suffit d'un seul pilote un peu trop téméraire...
Tout dépend des règles d'engagement qui leur ont été données. Si les règles sont "Ne tirer qu'en autodéfense ou attendre les ordres", je peux te garantir qu'aucun téméraire n'ouvrira le feu, parce qu'il aurait droit à la cour martiale et la dégradation une fois sorti du cockpit.
Après, il est vrai que si l'ordre avait été donné d'ouvrir le feu ou d'utiliser la force selon la situation, ç'était peut-être beaucoup plus tendu. Mais, certaines personnes passent en cour martiale, Arth ^^ Une rencontre avec une technologie inédite et un peuple plus menaçant qu'il n'y paraissait peut surprendre. Et puis, quand je parle d'un pilote un peu trop téméraire, ça valait aussi bien pour les Abydossiens. Pas sûr qu'eux soient aussi dociles que les soldats de l'Alliance. Enfin, je ne parlais pas forcément d'ouvrir le feu. Il aurait pu suffire d'une manoeuvre trop provocante, d'un mouvement trop brusque, d'un feu de signalisation confondu avec l'armement d"un canon à plasma... - Artheval_Pe a écrit:
- Le grand, le beau, le magnifique a écrit:
- Ah, bien, ça faisait un moment qu'on avait pas eu un nouveau chapitre de quoi que ce soit sur ce site. ^^
Et Stargate Earthling Fleet, alors, c'est du poulet ? Oops ! Mea Culpa. Mais il faut dire pour ma défense que j'ai lu le passage en question il y a bien longtemps ^^ - Mat Vador a écrit:
- Artheval_Pe a écrit:
- Ah, et dernier détail... Amiral est un titre honorifique, et non un grade (ça correspond à General ou General of the Navy, selon la personne), donc ça ne peut être en aucun cas utilisé pour s'adresser au dit Amiral.
Oui et puis des officiers de l'EA ne portent en aucun cas des uniformes blanc et bleu que je sache, donc comme tu vois, ça peut l'être ici. Yep, je crois que ce détail en particulier peut parfaitement passer, si l'on considère les évolutions probables du code depuis deux cents cinquante ans... - Mat Vador a écrit:
- Mais enfin Arth, c'est du second degré! Comment as-tu pu survivre sans t'arracher les yeux quand Garibaldi a demandé à Sinclair de quelle manière il fermait sa braguette et quand Ivanova a chassé Sheridan de son bureau?
XD Il FAUT que je vois cette série... |
| | | Mat Le Pharaon
Nombre de messages : 5127 Age : 34 Localisation : Amiens
| Sujet: Re: Kaliam-C : archives versions & commentaires (spoiler) Mer 24 Sep 2008 - 18:52 | |
| Artheval, j'ai lu tes encadrés, et je n'y ai pas reconnu le staff de B5 sur trois mots d'affilée. Qu'est-ce que ces histoires de prendre l'initiative pour dire bonjour et d'être découvert ou pas ont à voir avec B5? Ce n'est pas la série que j'ai regardé. - Citation :
- Les deux protagonistes se connaissent depuis peu
Ils bossent ensemble depuis plus d'un an. Pis si ça se trouve ils couchent ensemble aussi, z'en savez rien - Citation :
- Et ça ne viendrait à l'idée d'aucun Amiral de dire "à vos ordres" ironiquement à un Lieutenant-Commander pendant le service.
La preuve que - Citation :
- De plus il faut être réaliste, même maintenant, les latences selon les individus sont clairement existantes. Il y a de nombreux témoignages (demande à ceux qui ont fait leur service militaire par exemple) montrant que les usages ne sont pas un truc rigide.
L'exemple dont je me souviens, c'est un oncle qui me racontait que pendant son service militaire, il tutoyait le gradé et se foutait de sa gueule, et ça le faisait rire. (le gradé) D'autre part, assez souvent dans l'oeuvre de JMS, l'étroitesse d'esprit et la déshumanisation permanente de ce type de réglement humiliant et psychorigide (genre pas le droit de dire bonjour sans y être invité) est contourné à l'écran de différentes façons discrètes, par Delenn principalement. |
| | | Artheval_Pe Chief of Spatial Operations
Nombre de messages : 3590 Age : 33 Localisation : Paris
| Sujet: Re: Kaliam-C : archives versions & commentaires (spoiler) Mer 24 Sep 2008 - 22:04 | |
| - Citation :
- Malheureusement tu ne remets pas en perspective les documents que tu soumets à Mat :
J'ai pensé que le document se suffisait à lui-même. Après, il s'agit d'un document décrivant les usages actuels (enfin, ceux en vigueur depuis 1984) formels dans la Marine Nationale, rien de plus. Je n'ai pas prétendu que ça se passait de la même manière dans les marines étrangères, et encore moins que Babylon 5 ou Kaliam aurait du suivre ces lignes, mais c'est pour donner une idée de ce que c'était formellement il y a environ 20 ans (Il me semble que c'est toujours en vigueur), pour pouvoir extrapoler sur ce que ça peut être au XXIIIème siècle. - Citation :
- De plus il faut être réaliste, même maintenant, les latences selon les individus sont clairement existantes. Il y a de nombreux témoignages (demande à ceux qui ont fait leur service militaire par exemple) montrant que les usages ne sont pas un truc rigide.
En effet, les usages ne sont pas rigides, et je n'ai pas prétendu qu'ils l'étaient, encore moins qu'ils devraient l'être dans Kaliam. Mais dans le cas de Laurel et de l'Amiral, c'est un peu comme si le directeur d'un concession Renault se mettait à donner des ordres à Carlos Goshn pour plaisanter. J'avoue avoir du mal à imaginer la scène. Le fait que les deux personnes ou personnages soient dans l'armée ne compense pas le fossé social qu'il existe entre eux, et à titre de comparaison, souvenez vous de l'attitude de Sheridan ou d'Ivanova face à Hague ou le général transmettant la passassion de pouvoir vers la Nightwatch. - Citation :
- Certains donneront plus de latence que d'autres. Et au XXIII ème siècle, il y en a forcément plus que maintenant.
Certes, mais à titre de comparaison, Lord Hood ne se fait pas tutoyer par ses subordonnés. - Citation :
- Qu'est-ce que ces histoires de prendre l'initiative pour dire bonjour et d'être découvert ou pas ont à voir avec B5? Ce n'est pas la série que j'ai regardé.
Comme je l'ai écrit "pour un voyage dans l'esprit militaire". Après, ce n'est pas du tout Babylon 5, effectivement, mais c'est quelque chose qu'il faut je pense garder à l'esprit quand on écrit des dialogues entre militaires, même si forcément, dans la réalité le formalisme n'est pas celui des textes, et les usages sont plus soft. Juste histoire de remettre en perspective par rapport à ce qui se fait aujourd'hui. - Citation :
- Un code d'usages évolue avec le temps
En effet, cependant tu n'es pas sans savoir que certaines traditions militaires toujours en usage aujourd'hui son pour certains plusieurs fois centenaires et même pour une frange, millénaires. Même si un assouplissement est logique, il n'y a pas de raison pour qu'on observe des bouleversements considérables. - Citation :
- Yep, je crois que ce détail en particulier peut parfaitement passer, si l'on considère les évolutions probables du code depuis deux cents cinquante ans...
Non, rien à voir, les détails concernant la fonction d'Amiral, c'est spécifique à Babylon 5 (voir le topic sur les gardes), aucun rapport avec les armées actuelles. Bon, après, que ça soit bien clair, mes remarques sur ce sujet, les usages militaires, ne se fondent que sur mes impressions et n'engagent que moi. Je n'ai pas des connaissances énormes sur le sujet, donc mes remarques ne sont pas forcément toutes pertinentes. Après, je donne mon sentiment, libre à vous de le prendre en compte ou non. Enfin, bien évidemment, le lien que j'ai donné ne représente pas la manière dont j'attendais que les personnages intéragissent. |
| | | Mat Le Pharaon
Nombre de messages : 5127 Age : 34 Localisation : Amiens
| Sujet: Re: Kaliam-C : archives versions & commentaires (spoiler) Dim 23 Nov 2008 - 1:34 | |
| Chapitre 10: Mouvements
La scène portait comme toujours quelques aspects déstabilisants. En observant les mouvements de la navette spatiale qui pénétrait la soute exposée au vide cosmique, l’on était partagé entre l’aura d’intelligence infaillible et de cohésion aveugle qu’inspiraient les multiples mouvements mécaniques, et celui de rigidité ainsi que d’insensibilité qu’amenait la désincarnation apparente de l’engin sidéral, des bras robotiques, des portes automatiques et de tout ce qui se mouvait, de manière autonome, dans la grande pièce métallique à l’éclairage rouge sang.
Lorsque la soute se fut refermée, rétablissant pression, atmosphère et température autour de la navette désormais solidement harnachée au sol, l’éclairage redevint plus conventionnel. Alors le lieutenant junior Stella Blackbird passa le portail coulissant, pour se retrouver au milieu du ponton surélevé, quelque peu au dessus du pont de débarquement.
La jeune femme arborait une chevelure d’un roux scintillant, maintenue sous la coupe d’un chignon sobre mais élégant. Sa peau était pâle, mais sans tâche de rousseur. Elle était petite, et ses formes, menues bien que féminines, transparaissaient d'une harmonie et d‘une fraicheur toutes végétales. Ses iris d’un violet clair et électrique fixaient les choses avec l’air de passer au travers, et sa veste blanche au col haut semblait l’entraver en maints endroits. Stella avait fait ses classes sur Alpha Prime, sa planète après que sa famille ait quitté New London alors qu'elle n'était que fillette. Elle y avait porté l’uniforme bleu aux lamelles de cuir brun, qui soutenait agréablement le corps sans l’étouffer. Mais depuis son affectation à la Légion Solaire, il ne lui restait que cette veste à boutonnière qui enserrait sa gorge.
Bien sûr, l’aspect quelque peu atypique de certains traits physiques de la jeune femme aurait pu surprendre un œil non averti. En réalité, comme des milliers d’êtres Humains, Stella avait été exposée aux inoffensifs pollens autochtones de l’écosystème Alpha Primien, qui, des années durant, ne cessaient jamais de s’immiscer imperceptiblement dans les habitats des colons. Ils franchissaient les sas dans les plus profonds interstices des scaphandres, pénétraient les hangars sous la carlingue des sondes automatiques et des véhicules d’exploration. Les procédures de décontamination se suivaient et se ressemblaient, n’éliminant jamais totalement le dernier pour cent de spores et de micro-organismes.
Ainsi ces derniers franchirent-ils micron par micron tout le chemin les séparant des élevages animaliers, des serres botaniques, des stations de distribution d’eau et des systèmes de ventilation, pour au final s'immiscer dans le sang et les poumons de chaque créature vivante importée, et imposer leur symbiose invisible à l’ensemble des installations profanes. De la même manière que les colons Lunaires étaient majoritairement plus grands, plus minces et plus fragiles que la moyenne sur Terre, le résultat sur Alpha Prime en était que, un peu moins d’un siècle après la fondation de Port Centaure, les colons résidant sur place à peu près sans arrêt pendant quatre ou cinq ans avaient en eux de très subtiles variations physiologiques; se traduisant principalement par quelques particularités esthétiques. Plus précisément, et plus encore dans le cas des natifs aux familles déjà anciennes dans la colonie, il s’agissait en général de coloris exacerbés et diversifiés dans les iris, l'épiderme et la chevelure.
Peut-être même la civilisation Humaine serait-elle faite, cent mille ans plus tard, d’un agrégat d’espèces cousines, toutes tirées dans des directions différentes par les particularités de leur monde d‘accueil? C’était ainsi que Stella avait parfois quelque peu tendance à se percevoir. L’idée qu’elle puisse être à certains égards, avec ses semblables, une fenêtre ouverte sur l’avenir intersidéral de son peuple, n'était pas pour lui déplaire… bien qu‘elle se contraigne aussi intérieurement à ne pas trop en rajouter.
Le cas des Nagadians intriguait le lieutenant-junior. On ne croisait pas de types Occidentaux ou Asiatiques parmi eux, car ils étaient tous des descendants de Noirs et d’Arabes kidnappés par Râ en Afrique du nord aux âges pré-civilisationnels, et relogés sur un monde figurant le Sahara et les terres d’Egypte à échelle planétaire. Mais après dix mille ans d’existence parallèle, ils ressemblaient davantage aux Terriens que les Alpha Primiens des lignées pionnières. À l’image de la femme escortée de deux gardes, qui descendit la passerelle quelques secondes plus tard, sous le regard subjugué de l’amiral; était-il possible qu’elle ait vraiment l’âge que la rumeur lui prêtait, elle qui semblait avoir été à l’académie avec Stella?
Un personnage important. Une reine, disaient-ils. Elle était belle, mais tout en elle, depuis ses vêtements jusqu'à son physique, en passant par son maintien, sa démarche et son expression, inspirait le froid. Ses boucles noires dévalaient ses frêles épaules en cascade, en parfaite adéquation avec la robe sombre, simple et légère, qui la couvrait en la laissant épaules et bras nus. Même ses quelques bijoux d’argent ou d’or blanc demeuraient fidèles au ton de fraîcheur. Quant à ses yeux, si la vie les animait, ce n’était pas sans un fond de tristesse qui semblait demeurer, indéboulonnable, enfoui quelque part dans son regard.
Si elle ne paraissait pas outre mesure surprise ou effrayée par l’aspect très inhabituel de ce qu’elle voyait, la grande dame habituée à l’aspect techno-antique qui faisait la culture de Nagada scannait les formes froides, industrielles et dépouillées du pont Terrien, d’un regard perçant et alerte.
Les deux guerriers qui l’entouraient étaient des hommes; l’un à la peau basanée, l’autre noire. Ils étaient vêtus de hautes bottes grises, et de pagnes de tissu coloré maintenus en place par des ceintures métalliques. Tissu orange vif pour l’homme noir, mauve clair pour le second. Pour l'un comme pour l'autre, pendait de la ceinture, sur une cuisse, une espèce de poignard à la lame ondulée et au manche d'or; et sur l’autre cuisse, un petit engin métallique gris, lisse et effilé, évoquant la forme globale du pistolet. Un mince plastron argenté leur couvrait les pectoraux et le haut du dos, laissant nu le cou, les bras, les abdominaux et la chute des reins. Tous deux avaient en main une fameuse lance Nagadiane, la cosse recroquevillée. Quant à l’autre main, il y était arnachée une sorte de gant métallique travaillé comme un bijou, de couleur or, un artefact laissant les doigts libres et qui ornait la paume d’une gemme de couleur émeraude. En les détaillant, O’Neil visualisa quelque chose de l’ordre d’un poing américain sophistiqué et conçu pour être beau.
Enfin, les casques argentés des gardes leur couvrait l’intégralité du haut et de l’arrière du crâne, ainsi que le visage jusqu’au dessus du nez. Deux fins cristaux sombres, comme fumés, pointaient du casque à l’emplacement des yeux, et achevaient de rendre indéchiffrable ces faces qui n’avaient d’humaines que narines, bouche et menton à nu. De sus, un ruban vert clair, semblable à une longue plume exotique, ornait le sommet de leur modèle de casques.
Pendant quelques secondes, le silence qui prit corps entre la reine et l’amiral face à face fut porteur d’une infinité de sentiments déstabilisants. O’Neil, totalement absorbé par ses pensées, observa la « jeune » femme avec le sentiment étrange de faire face à un être plus qu’Humain, comme une sorte d’ancre temporelle incarnée, transcendante et éternelle. Si tout ceci n’était pas un gigantesque canular, alors Shau'Ri avait connu l’ancêtre de Ronald, petite particule d’Humanité anonyme parmi tant d’autres et dont le descendant se retrouvait aujourd’hui face à elle, à son tour. Comme l’incarnation concrète de l’espace-temps, elle avait vécu au dessus de la fin de l’ancienne Terre et de l’essor de l’Alliance, au dessus de chaque âge prospère, chaque guerre, chaque jalon de la civilisation. Elle avait partagé la temporalité de tous les grands noms de l’Histoire depuis la fin du vingtième siècle jusque aujourd‘hui, régnant avant, pendant et après leurs naissances et leurs morts. Elle avait été contemporaine de toute l’enfance de Ronald, maintenant physiquement plus vieux et plus fatigué qu’elle. Et elle régnerait encore, inchangée, contemporaine du monde d’avant l’Alliance, des siècles après que l’amiral ne soit plus lui-même que poussière.
À quoi diable pouvait bien ressembler le psychisme d’un être Humain conduit à vivre, en tant que monarque, le triple ou le quadruple de sa propre longévité, et qui se savait potentiellement destiné à bien plus encore?
Mais quoi qu’il en soit, la reine n’était finalement pas si inaccessible que l’aurait supposé l’amiral puisque à en juger par son expression faciale, elle avait deviné le type de réflexions qui occupait son nouvel allié à l’instant même. Ainsi sollicitée, une pensée instinctive, sans mots, l’interrogea quelques instants sur sa propre condition. Elle revit brièvement l’ancêtre O’Neil qu’elle avait appréhendé comme un demi-dieu il y a si longtemps, elle, si jeune, naïve, banale, anonyme… vaine? Un O’Neil du passé qui, aujourd’hui, n’était plus que l’écho flou et éparpillé d’un brave homme comme tant d’autres aux yeux d’une reine âgée de 290 ans.
-Votre majesté, articula finalement O’Neil avec une révérence discrète. Il avait hésité une longue seconde avant de sélectionner ce qualificatif pour son hote, qualificatif qu’il regretta effectivement la seconde d’après, agacé par le sentiment de son propre ridicule. -Amiral, répondit la reine en lui tendant sa main à hauteur de poitrine. Un ange passa tandis que O’Neil se demandait s’il devait baiser ou simplement serrer la main tendue, puis il opta à raison pour la seconde solution. Mais Shau'Ri entrava sa poignée de main, gardant le poing du Terrien imbriqué au sien, statique. -Madame? -J’ai connu quelqu’un qui compte pour vous, souffla-t-elle sur le ton de la simple exposition des faits, sans cesser de lui tenir la main. La sienne était chaude et sèche. -C’est exact, répondit prudemment l’officier fatigué. Mais… relativement. Je ne l’ai pas connu en personne. J’ignorais même son existence avant une date récente. -Je comprend. Sur Nagada, nous avons eu la chance de fréquenter nos petits-enfants, nos arrière-petits enfants et plus encore pendant de longues décennies.
Le regard d’O’Neil sembla s’échapper une seconde, puis la conscience immédiate réinvestit son expression faciale. -Je suis, embraya-t-il… aussi heureux que soulagé de vous savoir ici, après la crise que nous venons de traverser. J’ai contacté le gouvernement de ma nation. Notre président tient à vous présenter ses hommages, et les excuses officielles de la Terre, aussi bien pour ce malentendu récent que pour ce que l’une de nos factions a projeté contre votre planète il y a tous ces siècles. -Votre ancêtre et ses partenaires, ainsi que mon époux lui-même, ont depuis longtemps prouvé aux Nagadians que les Terriens étaient des hommes et des femmes, comme nous, et que parmi eux il y avait de nobles personnalités, répondit doucement la reine en lâchant la main de l'amiral. Nous déplorons le souvenir de la bombe, mais Dan’Yer et moi-même acceptons vos excuses de bonne grâce, en espérant qu’elles nous permettrons d’aller plus loin, ensemble, par la suite. Il semble après tout que Nagada elle-même doive aussi assumer sa part de responsabilités. Vos émissaires n’ont guère été chaudement accueillis... Il se trouve que nous vous avions pris pour d’autres.
Ronald était subjugué. La gamine analphabète et inexpérimentée du rapport de son ancêtre était désormais une oratrice, une dirigeante, et une personnalité trouble. Finalement, la reine des glaces au pays des trois soleils avait-elle encore quoi que ce soit de la petite esclave aux yeux emplis de rêves, qui vivait jadis comme une chiffonnière entre les baraques de boue de Nagada? Il frissonna. D'une certaine manière, elle lui évoquait maintenant la déposition de Jack à propos de Râ.
Sans plus s’attarder, l’amiral se décala et, de profil, indiqua la sortie du pont à la reine d’un long geste du bras. -Vos… hommes doivent-ils vous accompagner? À cette évocation, Shau'Ri s’approcha gracieusement du guerrier au pagne mauve et caressa son ventre nu de sa paume. O’Neil put alors percevoir l’affection sincère, plus encore l’animalité passionnée qui semblait unir la souveraine à ses deux acolytes. -Les Kas sont nos échos. Nos empreintes. Là où nous allons, ils vont. Ce sont des élus de la nature, amiral. Ils ont le don de se mêler aux pensées et aux sensations des êtres. Ils chuchotent au cœur de chacun. Ils insufflent mots, ressentiments et images. Gare à qui met en danger la famille royale; l’Ordre du Ka en est le reflet, la vengeance.
Des télépathes, frémit O’Neil intérieurement, sans rien en laisser paraître.
Il sut alors, sans avoir la moindre idée tangible d’où aurait pu venir une telle connaissance, que les Kas étaient au moins les égaux en puissance psychique des terribles policiers psy P12 de la Terre, si ce n’est davantage. Il n’avait aucun raisonnement logique ou savoir tangible à faire valoir; l’idée s’était imposée d’elle-même, et désormais, il le savait, tout simplement. -Grande horlogerie universelle, murmura machinalement l’amiral, trahissant ainsi son adhésion à la croyance Néo-Animiste.
Stella Blackbird ne croyait pas aux drapeaux, mais simplement aux idées. Elle était soldat, pas guerrière. La perspective de missions humanitaires, d‘aventures et de découvertes merveilleuses, plus que l’appât du prestige ou de la force, lui avait donné envie de se faire enseigner le pilotage et le commandement dans l’Earth Force; avec le secret espoir qu’un jour, elle pourrait apporter sa part de justice et d’espoir à l’univers. Elle était trop jeune pour avoir été de la guerre Terre-Minbar, mais elle avait abattu un corsaire Skywalker pendant la guérilla hyperspatiale de Sora Corvin, de courant 2255 à la fin 2257. Un unique mort, si peu atténué par l’impersonnalité et la distance d’un chasseur spatial subitement désintégré dans le feu de l’action. Une unique aile jaune triangulaire Zéphyr, volatilisée en un éclair pour un unique mort, un mort légal qui la hantait toujours aujourd’hui. Les peines, les joies, les espoirs, les convictions d’un éternel inconnu tombé au combat se juxtaposaient comme une toile d’araignée autour d’une Stella prisonnière, sans cesse harcelée par la question perpétuellement scandée: qui était-il? Qui était cet homme ou cette femme qu’elle aurait pu haïr ou aimer, et quelle aurait été sa vie si la pilote de starfury qu’elle avait été ce jour-là n’y avait pas brutalement mis terme?
Mais pendant cet étrange conflit de harcèlement spatial opposant l’insaisissable David qu’était la Confédération Skywalker au Goliath de l’Alliance Terrienne, les Skywalkers avaient démontré qu’indépendamment de leur objectif final, leurs moyens étaient mauvais; à l’image des assauts contre Babylon 5, pendant la guerre. On ne pouvait tirer sur les colombes et les ambulances, ou sacrifier l’innocence à ses intérêts tactiques. C’était ce qui différenciait les combattants de la liberté des terroristes, et c’était aussi le meilleur réconfort de la jeune femme lorsque le raider anonyme venait frapper à la porte de sa cabine, la nuit.
Quoi qu’il en soit, la résultante de tout ceci était que la boule de conviction pure et d’idéalisme naïf qu’était Stella Blackbird n’aimait guère se représenter tant soit peu la réalité politique des forces en mouvement autour d’elle. Aussi, en observant de loin l’entrevue pincée entre son amiral et la monarque de Nagada, elle se surprit à essayer d’imaginer, sans grand succès, les courbettes politiciennes qui devaient se dérouler à quelques mètres d’elle. Tant de bruit pour rien…
Dernière édition par Mat Vador le Jeu 12 Fév 2009 - 23:13, édité 5 fois |
| | | Mat Le Pharaon
Nombre de messages : 5127 Age : 34 Localisation : Amiens
| Sujet: Re: Kaliam-C : archives versions & commentaires (spoiler) Dim 23 Nov 2008 - 1:34 | |
| Tandis que le lieutenant junior callait derrière son oreille une unique mèche rousse en vadrouille, Shau'Ri et ses deux gardes du corps se dirigèrent vers la sortie du pont, O’Neil leur emboitant le pas.
-Mon lieutenant? Stella fit doucement volte-face pour découvrir les deux yeux trop grands de l’ensign Jonah, alias « E.T » bien affectueusement, qui était également trop haut et trop maigre pour paraître stable sur les longues cannes qui lui servaient de jambes. Le garçon était charmant, mais se créait une réputation de benêt et avait toujours l’air d’être sur le point de faire une grande déclaration d’amour lorsqu’il voulait dire quoi que se soit.
« E.T ». Blackbird trouvait étrange que l’on utilise encore des sobriquets facilement mal interprétables à l’époque actuelle, mais après tout… il y a un siècle, les aliens n’étaient encore que de lointains échos pour la Terre. Leur existence avait été attestée bien avant les Centauris, particulièrement depuis le vingt-et-unième siècle; des observations avaient eu lieu de manière irréfutable, à l’image de la vague d’OVNI partout sur Terre et sur Port Armstrong en 2019. On comptait même des rencontres directes, impliquant des êtres isolés qui se présentaient à titre individuel. Le réseau d’observation sidérale des astronomes Terriens avaient repéré d’inaccessibles exoplanètes fertiles, voire même probablement industrialisées, et le malchanceux programme SETI lui-même avait finalement reçu des signaux artificiels. On racontait que les dossiers classifiés des forces armées comptaient nombre de références à des expériences étranges et à des rencontres du troisième type musclées.
Quoi qu’il en soit, aucune de ces histoires n’avait permis à la Terre de quitter son carcan stellaire, ni même d’établir une relation diplomatique dont un gouvernement aurait pu s’enorgueillir. À cet égard, seul le premier contact Centauri était véritablement entré dans les livres d’histoire comme tel, car c’était là, et seulement là, que pour la première fois, la Terre put parler officiellement d’état à état et établir une relation suivie avec un autre peuple. Tout était parti de ce mystérieux portail orbital endommagé, de plusieurs dizaines de milliers d'années, au dessus de Io. Trente années d'expérience sur lui avaient attiré les Centauris jusque Sol, et avec l'aide de ces derniers pour la réparation, il devint d'usage courant pour tous les navires Terriens. Dans la foulée, la Terre obtient de cette relation la technologie des points de saut pour se déverser hors de son système stellaire d’origine, et établir d’autres contacts avec d’autres espèces, retrouvant cependant rarement les nations extraterrestres à l’origine de ses premiers émois. Par exemple, la version officielle voulait que les étranges Vrees soient la cause des observations ufologiques de la seconde moitié du vingtième siècle, mais il se disait que cette dernière explication n’écartait pas toutes les zones d’ombres.
Mais après tout, Jonah n’était pas un véritable alien. Il était Humain et citoyen de l’Alliance Terrienne, né sur Cérès et formé sur Éris, deux planétoïdes nains aux alentours de la Ceinture d’Atéroïdes. Un collègue fidèle et même adorable, sauf quand la dangerosité d‘une situation rendait irritante son manque d‘assurance. -Le lieutenant Colomb nous rappelle dans la salle des machines, section 14F en dessous de notre pont, annonça-t-il. Un technicien a été libéré de la calle où il était ligoté depuis plusieurs heures.
Takashima avait eut beau se délester de sa veste de combat, son débardeur blanc était trempé de sueur, à l’instar de sa peau luisante. L’équipe d’exploration Terrienne, bombardée corps diplomatique, avait obtenu l’accès à l’oasis artificiel, que la Cour entretenait entre la face avant de la pyramide royale et l’arrière du grand portail pierreux qui permettait d’y accéder par un passage souterrain, ou sous-sableux. Ainsi adossée contre les premières pierres taillées de la base de la pyramide, Laurel avait espéré que l’ombre et la vitalité des pseudo palmiers locaux lui permettrait de se requinquer. À cet instant précis, elle estimait cependant qu’une brutale et immédiate éclipse totale provoquée par l’une ou l’autre des trois lunes diurnes était sa dernière chance de survie.
Le bruit répétitif de pas péniblement alignés dans le sable abondant fit ouvrir un œil au lieutenant-commandeur. Jamal Buzir, le cadre de la Yeiland-Yutani, qui s’était cette fois séparé de son costard gris rayé pour ne porter qu’un jean, un t-shirt noir et des lunettes de soleil, avançait dans sa direction. Non loin de lui marchait le flic psy, Malcom, silencieux et le visage fermé. Juste derrière, Ivanova avançait d’une démarche encore fragile, discrètement surveillée par un Garibaldi prévenant.
-Hey, sourit faiblement Takashima. Vous êtes remise? -On fait aller, répondit poliment Susan, dubitative quant au fait d’en avoir réellement fini avec sa fièvre. On bronze? -On cuit. Ce monde est infernal. -Alors que faites-vous ici, au lieu de vous trouver à l’intérieur du palais? Risqua Malcom du bout des lèvres. -Je supporte encore moins son air poussiéreux et renfermé que la chaleur de l’extérieur. Impossible d'y respirer. Je préfère agoniser de chaleur plutôt que d'asphyxie et d'inflammation des bronches. -Nous allons bientôt pouvoir nous rafraichir, annonça gaiement Jamal de son accent Saoudien. Pharaon lui-même va nous faire visiter les principaux centres civilisationnels de la planète. -Vous semblez bien enthousiaste, pour un industriel venu à la chasse aux technologies Atlantes, nota Garibaldi. -Allons, répondit Buzir, un peu vexé. J’ai été salarié d’IPX pendant des années, et c’est pour mes compétences d’archéologue que me paye la Weyland-Yutani. Dans cet univers, le passé peut booster l’avenir. Il suffit de trouver le… bon passé. -Ils vous payent pour trouver des reliques technologiques alien, conclut Michael en un rictus. -Pourquoi toujours cette hostilité? Si nous découvrons les ruines d’Atlantis, il faudra bien que l’Humanité en tire quelque chose de bien. Les méga-corporations font partie de cet effort commun. -Inutile de me vendre votre soupe, Jamal, pas à moi. Je n’ai aucun budget à allouer, aucun reportage à diffuser. J’espère simplement que les archéologues de cette mission pourront nous enrichir autrement que par le fric et les grosses machines, ou plutôt que votre bande d’économistes rationnels les laisseront faire. Jamal prit une expression outrée. -Monsieur Garibaldi… estimez-vous que quoi que la Terre fasse, ce soit immanquablement avec médiocrité? -Non, mais il y a une différence entre les idéaux et les politiciens, et vous autres des états-corporations n’avez pas pour objectif l’Humanisme mais le profit. Inutile de vous braquer, ajouta-t-il précipitamment avant que Jamal n’ouvre la bouche, ce n’est pas une attaque, juste un fait. Entreprise vouloir profit, c’est sa définition. Pour ça, vous avez annoncé la couleur d'emblée. -Et donner Mercure et Vénus à un peuple sans monde fixe qui se meurt dans des vaisseaux-poubelles, ce n’est pas humaniste non plus, je suppose? Un sourire las barra le visage du chef de la sécurité. -Si, mais arrêtez de vouloir faire croire qu’on a filé deux planètes de notre système à des aliens par pur altruisme, ce genre de choses n’existe pas en politique. Ces deux mondes brûlants et acides sont tellement inabordables qu’il était plus rentable de laisser les Sauteurs les exploiter eux-mêmes puis commercer avec nous, que de faire le boulot nous-mêmes. -Sans rire, il ya des habitants sur Vénus, maintenant? Coupa une voix nouvelle, venue de l'entrée sans lumière taillée dans le flanc de la pyramide. Et des dinosaures aussi, je présume? J’aimerais bien en apprendre plus sur votre monde, acheva Dan'Yer en sortant au soleil.
-Jackson, salua Garibaldi en n’employant ostensiblement aucun signe de protocole.
Comme lors de leur première rencontre, Dan’Yer portait un pantalon de toile ample, une bure ouverte sur son torse nu, et un couvre-chef pharaonique, bleu à rayures verticales dorées. -Je vois que le lieutenant-commandeur a été remise sur pieds, s’enjoua ce dernier en fixant Susan. Bien! Ne restons pas une minute de plus ici à ne rien faire. Comme promis, pendant que ma reine rencontre votre chef, je vais vous montrer ce que signifie Nagada en cet an de grâce… on est en quelle année, déjà? - ... Bientôt 2259. -Voilà, je le savais. D’une pierre deux coups, vous pourrez à la fois nous découvrir un peu mieux, et vous informer sur notre univers, Atlantide y compris… au cours de cette promenade. -Encore des Dromavaches? Soupira Laurel. -Huh? Ha, les mastadges! Ho, non, à quoi ça servirait d’être le roi? Suivez-moi.
Dan’Yer partit devant, descendant avec fébrilité une dune garnie de palmiers en s’enfonçant les pieds dans le sable à chaque pas. Le silence flotta derrière lui pendant quelques secondes, puis après une série de regard échangés, Susan, Michael, Laurel, Jamal et Malcom le suivirent, beaucoup plus maladroitement.
Les Terriens traversèrent quelques mètres sablonneux ainsi, Garibaldi manquant plusieurs fois de perdre l’équilibre en posant le pied sur une parcelle friable. Puis enfin, un sol de pierre à la surface circulaire sembla surgir devant eux comme un mirage, cerné de palmiers et de petits murets. Mais c’était ce qui l’habitait en son milieu qui attirait l’attention.
La partie centrale de l’objet était pareille à celle d’un char à deux roues de l’Ancien Empire D’Egypte. L’épaisse nacelle sans toit, en métal vert brillant souligné d’or, jouissait de traits lisses et d’angles arrondis, uniquement trahis par un pupitre de pilotage tout à l‘avant. Mais la ressemblance s’arrêtait là. Il n’y avait aucune roue pour la supporter, seulement la face ventrale du compartiment encadrée de deux ailes aérodynamiques, tranquillement posée contre le sol dur et égal du cercle de pierre. Il n’y avait pas non plus de fiers chevaux harnachés à l’avant , mais juste une grande excroissance métallique lisse, pareille à un bec ou à une lame, à l'extrémité de laquelle figurait une bien curieuse figure de proue: l'imposante sculpture d’une tête de dieu Anubis, tout en or et en peinture brillante.
-Et bien? Demanda Dan’Yer, déjà à l’intérieur de la nacelle, à ses invités estomaqués. Vous ne montez pas?
Par des ouvertures qui s’étaient déployées dans la paroi de la nacelle, l’assemblée embarqua, contrainte de rester debout derrière Dan’Yer qui lui, dressé à sa console de contrôle, toisait la tête d’Anubis. Celle-ci, immobile devant, semblait faire office de bête de somme.
La coque se reconstitua automatiquement, bouchant les ouvertures servant de portes dans le bastingage qui encadrait la nacelle. Puis l’engin décolla silencieusement à la verticale, encore et encore, jusqu’à dépasser le sommet de la pyramide royale. Alors, tout aussi silencieusement, le char volant fut propulsé à l’horizon, seul ou presque dans le ciel azur à l'exception d'un soleil et de trois satellites naturels.
Fin du chapitre
Dernière édition par Mat Vador le Lun 26 Jan 2009 - 23:41, édité 1 fois |
| | | Skay-39 The Vortex Guy
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| Sujet: Re: Kaliam-C : archives versions & commentaires (spoiler) Lun 24 Nov 2008 - 0:44 | |
| Bon, je vais commencer le commentaire de ce chapitre comme j'ai commencé celui de Rufus il y a quelques jours, mais en inversant la vapeur : je ne suis pas fan de ton titre. Après lecture du chapitre, il me semble être un simple résumé de la tendance générale, sans plus. Un peu plat, quoi. J'ai l'impression de jouer les casse mik'ta avec ça, car d'ordinaire je ne relève pas ce genre de truc, mais je suis tellement fan de cette fic en fait que ce détail m'a interpelé. Bon signe donc. ^^ J'ai mis quelques instants à situer la scène initiale - étions-nous de retour sur Babylon 5 ? Sur un autre monde alien ? Mais nous faisons vite connaissance avec la très charmante Stella Blackbird, et là je dis : Wouhou, félicitations ! Tu évites la majorité des clichés, mais ta Stella est incendiaire. Cette rousse menue et jolie m'évoque un coquelicot tout frais entouré de flammes ronronnantes... Mais peut-être ai-je trop d'imagination. C'est une leçon dont je tirerais des enseignements... Rendre une femme désirable par des moyens aussi subtils et détournés, ça inspire le respect. Et on comprends vite que son rôle ne se limite pas être belle et à la fermer. Tu nous offres ensuite une jolie plongée dans son monde, sans trop t'attarder mais sans expédier la chose. Très réaliste. Très crédible. Je signale au passage que j'ai noté sur les quelques paragraphes suivants un style un chouia moins naturel et des tournures un peu complexes. Comme je l'ai déjà mentionné plus tôt, la construction de tes phrases peut parfois égarer un peu, contraindre à une relecture qui rend le récit moins fluide. On sent, durant la rencontre entre l'amiral et la reine, une sorte d'atmosphère irréelle, froide, inconfortable. Le poids du protocole, de la politique, une tension née de l'âge impossible de Sha'ori et du caractère de O'Neil, qu'on devine... et bien... qu'on peine à deviner. C'est un homme qui ne se montre pas tel qu'il est, et qui ne semble même pas très à l'aise avec lui même. Une belle carapace, une attitude manipulatrice, et on le devine capable de se montrer avenant lorsque c'est nécessaire... Mais plus l'histoire avance, et plus l'amiral me semble instable. Cela ne veut pas dire qu'il va devenir fou. Mais j'ai l'impression que cet homme peut changer de manière assez radicale, en bien ou en mal. Cela m'a rappelé le style de Frank Herbert dans Dune, un peu guindé, ou les évènements sont abordés de loin, de manière impersonnelle. Très torturé, peu de vie... On sent que l'atmosphère entre ces deux là ne sera pas très chaude. A l'image de la nouvelle Sha'Ori... La gamine naïve, illettrée et superstitieuse qui se change en reine multicentenaire, froide et calculatrice... Mention spéciale aussi pour les télépathes Abydossiens habillés en technoprêtres. J'en sais encore peu sur la vision Babylon Cinquième de cet art, mais il est en tout cas certain que les pratiques des Kas varient de celles du Corp Psy... en mieux ou en pire. Et cette intimité entre ces hommes et la reine est assez... troublante. A se demander qui mène le jeu, de Sha'Ori ou Dan'Yer. J'en viens même à me demander si elle n'est pas un peu télépathe elle aussi. - Mat Vador a écrit:
- Finalement, la reine des glaces au pays des trois soleils avait-elle encore quoi que ce soit de la petite esclave aux yeux emplis de rêves, qui vivait jadis comme une chiffonnière entre les baraques de boue de Nagada?
Je rappelle tout de même à notre illustre compagnon que Sha'ori était la fille du chef de Nagada. ^^ Certes, un esclave lui-même... Mais elle ne devait tout de même pas être la plus mal lotie parmi les siens. Pour conclure, un très bon chapitre qui nous tient en haleine et présente des personnages très vivants et de plus en plus complexes. Ton Daniel m'est de plus en plus sympathique, Laurel gagne en épaisseur, en personnalité, et l'on commence à mieux la situer ; Et un nouveau personnage pour le moins... intéressant entre en jeu. (m'est avis que tu vas pas tarder à trouver une subtiles occasion de la déshabiller... mais je dis ça, je dis rien ^^) Quand à Abydos, elle renforce encore son atmosphère unique. Quant à tes télépathes Abydossiens et autres Chars volants, ils m'ont donné des envies d'illustration... Bon sang, ça devient n'importe quoi, ces commentaire. Faut vraiment que je me calme. |
| | | Mat Le Pharaon
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| Sujet: Re: Kaliam-C : archives versions & commentaires (spoiler) Mar 20 Jan 2009 - 11:41 | |
| Le chapitre suivant n'est pas pour tout de suite, pas taper moi, en revanche je précise que j'ai imprimé l'intégrale du texte et que comme je suis en train de la relire, j'y corrige au passage les invraisemblances, coquilles, et faiblesses dans le style que j'y vois. Rassurez-vous, je ne me lance absolument pas dans un auto-remake tel que je le faisais souvent sur Héliopolis, ici c'est beaucoup plus succinct. J'éditerai le topic pour corriger tout cela, avant de poster la suite, mais ça ne prendra pas beaucoup plus de temps, surtout que je suis déjà à la moitié de la relecture/correction. L'histoire reste pareille, sauf deux petites exceptions (et s'il y en a davantage après, elles ne seront pas plus lourdes de sens que cela) -Cédant à la suggestion de Skay, je vais couper dans le discours du colonel Musa afin que les Terriens ne sachent en tout et pour tout que ce que Jackson lit sur le mur dans le film, rien de plus. -J'ai décidé de bannir les termes "Abydos" et "Abydossiens" du récit. En effet, à l'instar de naquadah, Goa'ulds... ces derniers sont une invention de la série SG-1, pour laquelle Abydos est la planète la plus proche de la Terre dans le réseau stargate de la Voie Lactée, et pas un monde de la galaxie de Kaliam. Je conserverai donc uniquement les termes de "Nagada" et "Nagadians" qui eux, viennent du roman du film et collent à ma volonté. Je corrigerai aussi l'orthographe de Shau'Ri et quelques autres conneries de ce type. Rien de profond, donc. Ce sera achevé sous peu. Merci pour ton commentaire intéressant et intéressé, Skay. |
| | | Mat Le Pharaon
Nombre de messages : 5127 Age : 34 Localisation : Amiens
| Sujet: Re: Kaliam-C : archives versions & commentaires (spoiler) Lun 26 Jan 2009 - 23:58 | |
| Voilà, la "correction" a été intégralement éditée sur ce topic. Comme je le disais, des changements peu importants, surtout sur des coquilles, du style, ou alors des détails retournés de manière à mieux coller à B5. (visioconférence de Santiago, portrait politico-psychologique de Clark, etc) + ce qui concerne par exemple le nom "Nagada" ou les infos sur Râ, comme indiqué ci-dessus. Prochain chapitre dans pas trop longtemps (il est commencé, au moins) - Citation :
- Je n'ai pas du tout l'impression que les humains associés puissent dans la série, vaquer à leurs propres affaires indépendamment comme ils le souhaitent. Morden a toujours opéré pour les Ombres, et accompagné d'Ombres. La femme de Sheridan était également revenue uniquement en mission pour les ombres... Donc j'ai quelques doutes, là. Rien de bien grave, cependant.
J'avais oublié de répondre à cela. 2267, Ultime Croisade, montre des Drakhs qui semblaient fortement être libres d'organiser leurs propres affaires, et même d'emprunter le matos des parents à condition de bien y faire attention. Il suffit que cela n'aille pas à contresens de l'action des Ombres, et que les associés répondent présents à leur appel. |
| | | Mat Le Pharaon
Nombre de messages : 5127 Age : 34 Localisation : Amiens
| Sujet: Re: Kaliam-C : archives versions & commentaires (spoiler) Ven 6 Fév 2009 - 0:25 | |
| Chapitre 11: L'occasion unique
Depuis le temps, d’autres autochtones auraient pu finir par se lasser de l'aride nature Nagadiane. Pas Nabeh. Selon lui, savoir laisser l’esprit de la planète nous emplir et nous traverser seconde après seconde, c’était cela être véritablement un Nagadian. Plus que lors des repas collectifs du soir, où il avait tant de mal à s’impliquer, le jeune aventurier ne se sentait vraiment vivre que lorsqu’il allait dans le désert, pour chasser les créatures qui le peuplaient et pour monter les mastadges sauvages. Nabeh ne tenait pas en place. Si ce n’était la traque et l’élevage, c’était donc l’escalade des gisements d’orichalque, ou les duels l’arme à la main. C’était seulement là que la passion de l’existence le prenait, lors de la communion physique et spirituelle avec Nagada ainsi que tous ses habitants. Alors l’énergie coulait au travers de lui à la manière d’un torrent: ainsi gorgé de puissance, Nabeh cessait de penser pour simplement jouir de chacune des émotions et des sensations rythmant ses odyssées. Il ressortait de ses efforts béat, purifié, transporté par la douce violence de ses exquises douleurs musculaires.
L’esprit aussi léger et aussi repu que celui d’un crocodile des sables lézardant au soleil entre jouissance et inconscience, il ne lui restait plus qu’à s’assoupir de contentement, sans questionnement intellectuel comme autant de fardeaux, sans la moindre difficulté à vivre sa solitude. Souvent, on l’apercevait de nuit, torse nu, en tailleur sur un immense piton rocheux dressé dans le désert. Escorté par les puissances animiques auxquelles il croyait, il y dévorait la récompense de ses efforts, seul, devant un feu de bois ronflant où la viande cuisait. Il pouvait ensuite méditer et danser des heures entières, et ne revenait parfois que plusieurs semaines après.
Un Nagadian devait communier avec son désert, avec son ciel, avec la vie indigène, avec tout ce qui constituait son monde. Nagada était une beauté dure, brutale, mais Nabeh avait la certitude qu’il s’agissait-là du plus beau monde de l’univers. Cette simple croyance se muait en extase lorsque, perché au sommet de la plus haute des dunes, il observait le soleil et les trois lunes vaporeuses menant leur balai cosmique au dessus de la Pyramide et de la Cité Royale. L’azur de temps à autre fendu par les oudajeets, les puissants aéronefs noirs du Roi, son cœur s’emballait alors de plaisir.
Mais si Nabeh était aussi solitaire, ce n’était pas originellement par choix. Il avait un beau nom; celui d’un jeune Nagadian courageux, mort au combat contre le Félon des siècles plus tôt et depuis érigé au rang de martyr. Si ce garçon avait été assez laid, lui était pour sa part très beau; grand et fin, son torse taillé en V, ses imposantes dreads noires reposant avec animalité sur sa peau dorée. Son long visage creux était également très avenant, bien que souvent jugé froid et hautain. Nabeh n’avait pas d’amis, et s’intégrait mal à son peuple. Car malgré sa beauté, sa ruse et sa force, il avait un défaut majeur: il était fou. Fou, comme sa mère avait été folle avant lui, elle qui n’avait jamais démentie avoir conçu Nabeh seule, sans relation. Et le garçon de père inconnu avait grandit dans l’angoisse de la Voix qui, selon lui, murmurait des choses terribles au creux de son oreille, parfois même manquait de prendre le contrôle de son corps. Il s’alarmait aussi des échos maléfiques qu’il percevait chez les autres. Face à l’incompréhension et à la moquerie des siens, il avait fini par se réfugier dans le silence et l’éloignement. Le temps passant, il avait cessé d’en souffrir et avait appris à aimer de toute son âme sa condition ainsi qu’elle était. Mais l’on ne pouvait pas demeurer éloigné pour toujours. Et aujourd’hui, Nabeh était rentré à Nagada-Ville, profiter d’une sieste à l’ombre dans la vieille case familiale.
Étendu sur la paillasse confortable, Nabeh se laissait aller à la félicité de la torpeur, plongé dans l’ombre que les volets fermés imposaient à la fenêtre sans vitre. L’air restait chaud, et par l’entrée de la case sans autre porte qu'un rideau d'écorce tressée dansant au vent, tout près de sa couche, la lumière solaire ne cessait de se déverser à l’intérieur. Les éclats de voix et l’ombre mouvante des passants au dehors achevait d’insuffler ce rythme envoutant de la vie qui suivait son cours sans que l’on cherche à se concentrer sur elle. Quelqu’un jouait de la musique. C’était l’un des airs Terriens que le lieutenant Brown avait immortalisé sur Nagada une belle soirée de 1994, année terrestre, quelques heures seulement avant son assassinat par un garde oppresseur. Un air entré dans la tradition de Nagada libre depuis lors. Nabeh aurait voulu aimer les autres, être proches d’eux. Mais il trouvait qu’ils ne faisaient pas de bons Nagadians. Un authentique et légitime fils de la planète devait pouvoir sentir la Voix et ses empreintes, comprendre que sa mère disait vrai. Les autres ne voyaient rien de tout cela. Ils se levaient, allaient travailler, faisaient la fête chaque soir lors du repas collectif. Les états d’âmes de la planète Nagada leur passaient au dessus de la tête. Nabeh n’en avait pas la moindre idée, mais dans ses paradoxes, il ressemblait quelque peu à ce petit homme, vice-président de son état, à des millions de mondes de là dans cette spirale divine et étoilée que l’on nommait Voie Lactée. À la manière de cet autre individu, Nabeh aimait Nagada et la culture Nagadiane, mais pas les Nagadians qu’il connaissait et qu'il jugeait indignes.
Dans son demi-sommeil, le garçon pensait à tout et à rien; comme un ballet d’enregistrements fragmentaires, les idées fortuites et les pensées fugitives dansaient en lui sans la moindre uniformité de sujet ou de raisonnement, mourant, déviant, renaissant entre ses synapses au gré de ses ivresses oniriques. Il percevait vaguement sa pensée se détacher de son être conscient, pour formuler à elle seule des concepts absurdes, machinaux, à mi-chemin entre le mot et le songe. Comme il se plaisait à le dire, sa pensée pensait toute seule tandis que son âme demeurait assoupie. Il ne lui restait alors plus qu’à écouter paisiblement la musique des mots. Au cœur des rêves indistincts et des idées floues peuplant sa léthargie, son corps restait quant à lui à se relaxer dans un état de relâchement absolu. Tandis que toutes les défenses étaient baissées, l’esprit endormi et les muscles décontractés, la musique changea peu à peu et le rythme en fut progressivement bouleversé. Maintenant, les mots semi-construits ne se contentaient plus de tourbillonner indépendamment de tout regard conscient du propriétaire du cerveau: ils cherchaient à attirer l’attention du dormeur, à focaliser sa lumière sur eux. Lorsque leurs injonctions devinrent assez puissantes et assez désagréables, le jeune homme, physiquement toujours plus assoupi qu’alerte, pu concentrer les forces de son esprit endormi sur la Voix désormais unie et distincte. -Cela va finir, murmurait-elle sur un ton sensuel et voluptueux. Son intonation était masculine, et semblait portée par un écho caverneux sans pourtant paraître si grave en elle-même. -Non, pensa strictement Nabeh à l'attention de son interlocuteur insidieux et invisible. Je n’ai pas peur de toi! -Inutile. La peur est inutile, susurra encore la voix. Tu me reviens comme le grain de sable va au désert. Tu es moi. -C’est un mensonge, pensa Nabeh avec une telle violence que ses traits de dormeur se durcirent. Tu dois me laisser en paix, songea-t-il encore comme un leimotiv de plus. -Non, répondit simplement la Voix. -Pourquoi? Demanda le garçon avec un autre sursaut de furie psychique. -Tu es conçu pour cela. Ce que tu crois être ton âme n'a jamais été rien de plus que l'une de mes émotions rescapées. J’ai insufflé ce fragment de ma propre personne dans ce corps que j’ai conçu. Une fois que nous aurons tous été réunis, tu comprendras. -C’est impossible, hurlait mentalement Nabeh, les poings crispés et la respiration rapide, le fragile courant du sommeil au bord de la rupture en sursaut. -Des générations durant, il n’est resté de moi qu’un souffle inconscient dans chacun des atomes de ton peuple. Mais les sarcophages m’ont rendu de la force jusqu'au retour d'une existence psychique. J’ai alors rêvé et cauchemardé pendant un siècle, plongé sans mot pour penser dans des délires fiévreux où j’ai redécouvert la peur, le désespoir et la souffrance. Avec mon seul instinct, j'ai dû batailler en permanence, épuiser l'ensemble de mes pouvoirs rescapés, pour me maintenir au bord du gouffre, m'empêcher de me dissoudre à jamais dans le néant de l'abîme. Lorsque j’ai finalement émergé des limbes puis repris conscience du monde tangible qui m’entourait, j’étais prisonnier, en mille bris inégaux échoués entre tous ces corps étrangers, sourds à ma présence et agissant sans aucun contrôle de ma part. Chacun d’entre nous n’était qu’une portion incomplète, limitée et sans perspective, et je ne comprenais pas ce qu‘il arrivait, j'étais dans la détresse la plus profonde. Mais lorsque les couples faisaient l’amour, leurs hôtes les quittaient et affluaient en l’enfant naissant pour y fusionner. Ainsi mes fragments se sont-ils retrouvés et reconstitués année après année, jusqu’à renouer avec la pensée alerte et l’intelligence construite. Une fois maître de l’essentiel de ma mémoire, de ma personnalité et de mon intellect, j’ai observé, écouté, attendu, réfléchi, médité. Puis j’ai appris à me détacher des corps, à m’agripper aux choses, à me déplacer avec le vent. Tandis que je quittais la masse des tiens pour ne concentrer mes nexus que dans certains d’entre vous, j’ai pu concevoir le clone de mon corps depuis le plus réceptif entre eux tous. Ta génitrice. Et toi, tu es non seulement ma chair, mais aussi mon émotion la plus intime. La plus ancestrale. L’une des parts les plus précieuses. Maintenant, ton illusion de conscience doit se superposer à mon moi. Tu ne mourras pas. La flamme de la bougie ne meurt pas au milieu du brasier. Elle y est intégrée. Tu seras moi, nous serons tous moi et alors tout nous… me, reviendra comme avant. -Ce que tu dis est insensé, le repoussa Nabeh. J’ai mon identité. Tu as la tienne. Pars. -Tu ne peux comprendre, répondit la Voix. Tu n’es qu’un morceau d’âme. Tu es une émotion pensante, il te manque des dizaines de facettes de ta propre réflexion. Il y a des milliers d’années dans le ciel, avant même ton peuple, vivait loin d’ici un jeune chasseur qui se nommait Rha. Son aspect était exactement le tien. En tout points, tu es son reflet parfait. Lui était un esprit entier, mais ce dernier ressemblait beaucoup à ta propre personnalité. Un autre être à la fois ressemblant et diamétralement opposé a fusionné avec lui et je suis né. Il y a quelques siècles, le corps de Rha a été détruit. Crois-tu qu’il ait disparu pour autant? Non. Rha est toujours là, avec Reayew, son alter égo. Ils sont moi. Je n’existe que parce que je suis leur synthèse. Et toi, tu fais partie de ces retraites secrètes où une partie du trésor a sommeillé. Tu es une partie d’eux deux. Mais en expérimentant seul ces dernières années, tu as acquis de nouvelles facettes. Elles me reviendront, elles aussi. -Qui êtes-vous? Hurla Nabeh.
Désormais, le garçon se voyait seul, dans une pièce vide, immense et sombre, telle qu’il n’en avait jamais observé. Il y faisait froid comme certaines nuits dans le désert. Un rêve, pensa-t-il. Mais même en se concentrant de toutes ses forces, il ne parvint pas à déclencher son réveil. On l’avait pris au piège dans cette cellule mentale! Au milieu du noir, il aperçut une forme humanoïde qui s’approchait de lui. Une statue! C’était une statue, vivante ou du moins animée. Le corps granitique avait ses formes camouflées par la coupe de riches et lourds vêtements, des parures princières. Mais le plus effrayant restait son visage Humain aux traits exagérés, surréalistes. Ce dernier se trouvait encadré d’une longue barbiche rigide, et d’une coiffe pharaonique encore plus somptueuse que celle que portait parfois le Roi. Ses deux yeux métalliques lumineux, d’un jaune pale et absent, ne portaient aucune vie, aucune étincelle, mais plutôt la conscience glacée et insensible d’une machine assassine.
Terrorisé à la vue de cette sinistre apparition et à l’idée de ses maigres chances d’évasion de la cave psychique, Nabeh fit volte-face et voulut courir sans savoir où aller. Pour tout résultat, il se fit mal en percutant de plein fouet une autre silhouette, qui correspondait à une autre statue animée. Pas qu’une. Les monstrueux bipèdes de pierre, aux facies d’oiseaux de proie et de chacals aux yeux bleus étincelants, formaient un mur de corps lui barrant la route. Tous le fixaient de leurs yeux sans vie et sans âme, mais pas sans intelligence ni objectif. La poigne la plus froide et la plus solide qu’il ait jamais sentie lui enserra brutalement les épaules, l’obligeant à se retourner. Le pharaon statufié l’avait plaqué contre le torse d’un homme-loup et l’y maintenait de son mécanisme puissant. Il approcha ensuite son visage de celui du Nagadian, puis, comme dans un cauchemar, sa bouche sculptée s’ouvrit en grand, et se distendit au-delà du possible. La gueule béante se posa contre la face de Nabeh hurlant.
Le jeune homme comprit qu’il était réveillé en sentant ses genoux et ses coudes percuter sèchement le sol de terre, juste à côté de la couche qu’il sentait d’ailleurs contre son flanc. Mais il y avait encore quelque chose qui clochait. Et pour cause, Nabeh comprit soudain que la poursuite n’avait pas cessée. Même dans le monde réel, la Voix le traquait. Ignorant la douleur, il se redressa vivement sur ses deux pieds, puis, en quelques coups d’œil, il détailla l’ensemble ce qui était visible dans la case depuis sa position. Tout semblait normal… la lumière du jour continuait de trancher dans l’ombre chaude de la case paresseusement ensommeillée, et à l’extérieur, le vent d’été soufflait toujours paisiblement par dessus les rires d’enfants, les pas et les discussions des passants, ainsi que les coups sourds de marteaux et d’autres outils maniés par des artisans consciencieux. Il y eu même un bellement lointain de mastadge. Nagada, ses lunes et son étoile tournaient comme à leur habitude, indifférentes à son malheur. Car le cœur de Nabeh battait toujours la chamade. Paniqué, il se sentait exactement comme s’il avait eu conscience d’un meurtrier brandissant un couteau vers son dos nu. Plus aucun doute, elle était là! Nabeh sentit distinctement la masse noire et glacée qui pénétrait vivement son crâne depuis sa nuque pour s’insinuer entre chacun de ses neurones. Elle avançait, se densifiait… -Non! Hurla le garçon.
Dernière édition par Mat Vador le Sam 11 Avr 2009 - 23:04, édité 13 fois |
| | | Mat Le Pharaon
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| Sujet: Re: Kaliam-C : archives versions & commentaires (spoiler) Ven 6 Fév 2009 - 0:25 | |
| Il bondit et partit en courant, presque à l’aveugle. Bien sûr, à l’intérieur de la pièce minuscule, il ne sprinta pas bien loin et heurta presque aussitôt le panier en osier qui trônait en haut d’un long tabouret de bois. Nabeh et le mobilier chutèrent au milieu des noix roulant à terre.
Il l’ignorait, mais au même instant, plusieurs autres Nagadians souffrirent de maux de tête passagers.
À plat ventre, la paume sur le front, le jeune homme resta ainsi, silencieux, plusieurs secondes. Puis une ombre se découpa dans l’embrasure sur l’extérieur. -Tout va bien, garçon? Demanda en langue Nagadiane le vieil homme vêtu d’une tunique couleur sable.
Après quelques secondes de flou, Nabeh lui renvoya un sourire paisible. -J’ai simplement juré en me sentant trébucher, répondit-il en se redressant assez vite pour ne pas donner à l’ancêtre la possibilité de venir l’y aider. Merci, acheva-t-il avec un signe de tête. Le vieux Nagadian observa encore quelques secondes Nabeh avec un paternalisme inquiet, comme s’il s’attendait à ce que celui-ci tombe raide mort d’une seconde à l’autre, puis finit par poursuivre sa route après avoir rendu son signe de tête au jeune maladroit.
Le jeune aventurier embrassa du regard l’intérieur de la petite maison, puis détailla le pantalon marron, unique vêtement qu'il portait. Même ses pieds étaient nus. Non sans prendre garde aux noix à terre, il se dirigea vers l’inégale plaque de métal vaguement réfléchissante qui lui servait de miroir. Il y observa ses longs rastas abîmés forgés à la poussière, et sembla les considérer avec mépris. Sans regarder ce qu’il faisait, il attrapa le pinceau qui, sur la tablette voisine, attendait dans une petite marmite tapissée d’une poudre verte. Après y avoir versé le tiers d’un gobelet de bois rempli d’eau, il écrasa les poils rêches de l'ustensile contre le fond incurvé et mélangea longuement la substance obtenue. Ceci fait, il porta le pinceau maculé de pate verte sur la racine de ses longues mèches entremêlées, et passa plusieurs minutes à les en enduire, silencieux. Quand il eut achevé son travail, le beau jeune homme saisit un long poignard peu affuté et, tandis qu’il tenait d’une main ses dreads dressées au dessus de sa tête, il fit passer sa lame au travers avec l’autre. Sous l’action de la poudre humidifiée, les longues tresses emmêlées à la dure depuis des années se brisèrent comme des brindilles trop frêles et trop sèches sous les doigts d’un enfant. La chevelure rongée par le produit artisanal toucha terre en un bruit étouffé tandis que de ses deux mains, l’être solitaire terminait, toujours sans parole ni son corporel, de frotter le haut de sa tête. Une pluie de minuscules poils déracinés plana lentement, comme de la neige sans vent, jusque sur le sol. Le crâne du garçon était désormais parfaitement rasé, dévoilant la peau plus claire que partout ailleurs sur son corps. Alors qu'il se détaillait dans le miroir, il planta son regard dans le reflet de ses propres yeux et ces derniers s'illuminèrent d'un blanc jaunâtre. Ceci fait, il desserra le nœud de son pantalon poussiéreux et marcha nu jusqu’à la grande bassine de bois qui attendait dans l’un des angles, remplie à ras bord d’eau savonneuse « froide » pour autant qu’on puisse en juger dans une atmosphère si chaude. Après en avoir enjambé le bord, il s’agenouilla cérémonieusement à l’intérieur, humidifia les parties de son corps qui dépassaient de l'eau, puis se frotta longuement, n’épargnant aucune parcelle de sa peau. Pour finir, il plongea la tête sous la surface et, en apnée, lava longuement son visage et son crâne nouvellement à nu.
L’humidité ne tenait pas longtemps dans l’air chaud et sec de la planète. Une fois sorti, l'original n’eût qu’à se passer une pièce de tissu épais sur le corps pour se retrouver séché. Il se dirigea alors nu vers la fragile étagère de bois, emmitouflée dans quelques draps blancs grossiers. Fouillant parmi la garde-robe sommaire, il en retira un pantalon marron et une tunique blanche sans col, vêtements qu’il enfila aussitôt.
Furtivement, le Nagadian focalisa sa perception sur ses mains. Des mains de travailleurs, semblables aux pieds avec lesquels Nabeh avait pu, pendant des années, courir sans chaussure sur des cailloux brûlants et pointus. Il s’était trompé. C’était là la différence du corps de Nabeh vis-à-vis de celui de Rha, dont l’héritage d’une jeunesse tribale avait été aplani par des millénaires d’usage du sarcophage au milieu d'un quotidien aristocratique.
Trêve de rêverie… il était grand temps de se mettre en route, de trouver une stratégie. Il n’avait tout de même pas enduré tout cela pour remplacer Nabeh dans son existence d’enfant sauvage! Non, il lui faudrait faire mieux… mais quoi? Même s’il en avait eu la patience, l’exclusivité du pouvoir royal sur cette planète l’empêcherait d’y reconstruire un domaine de quelque sorte que se soit. De toute façon, il ne voulait plus entendre parler de ce monde maudit. Il y avait mieux à faire dans Kaliam que de se focaliser sur la petite planète des sables.
Malgré la prouesse que représentait le fait d’avoir, des siècles durant, orchestré sa réunion spirituelle dans son propre clone, il savait pertinemment qu’il n’était plus que l’ombre de lui-même. Des fragments de son esprit avaient quitté cette galaxie avec O’Neil, Kawakski, ainsi que Ferreti, pour se perdre dans la masse humaine sur Terre, et il en éprouverait une lourde mélancolie à jamais. Quant aux Sphinx, ils ne voudraient certainement plus rien avoir à faire avec lui. Et pour ce qui était de ses anciens pouvoirs, qu’il avait perdu depuis des millénaires après avoir été touché par les Mûviens, il allait de soi que cette dernière expérience avait plus que jamais éloigné de lui la perspective de remettre un jour la main sur les facultés de son hyper évolution. Le peu qu'il lui restait, il l'avait sacrifié à sa seule survivance et désormais, il était à peine plus qu'un être Humain normal.
Pour couronner le tout, il était seul. Seul, et il serait aussi traqué sans pitié si jamais quelqu’un parvenait à le démasquer. Puis torturé à mort si l’on venait d’aventure à le prendre dans son ancien royaume… le pouvoir qui lui avait permis de quitter son corps face à la bombe, lors de la visite de O'Neil et de Jackson, s'était tari avec sa lutte pour la survie puis cette nouvelle chute de ses capacités, cet état de... presque-vie. Maintenant que ce corps était totalement investi, il ne pourrait plus le quitter tant que ce dernier resterait cliniquement vivant, et il éprouverait toutes ses douleurs avec lui. En conséquence, par dessus toute autre précaution, il lui faudrait à présent fuir l’Ordre du Ka comme la peste. Il fallait prendre les choses avec méthode et logique… de quoi avait-il besoin? Premièrement, d’un moyen de transport. Hélas, ces idiots ce Nagadians n'avaient aucune machine capable de sauter dans l’hyperespace. Quand bien même il parviendrait à tromper la vigilance de ce nouvel empire assez longtemps pour lui dérober un chasseur oudajeet, ce ne serait que pour être réduit à l’état de momie des décennies avant d’avoir atteint le système stellaire le plus proche de celui de Nagada, qui n'était soit dit en passant ni habité, ni habitable. De plus, même si de manière très théorique, on le retrouvait ailleurs dans Kaliam, que ferait-il, seul, quelconque, dans une galaxie où les Humains étaient voués à l’esclavage? Il avait donc besoin d’un moyen de pression, d’une arme secrète pour la reconquête…
Il y en avait bien une. Quelque chose que lui avait soufflé la mémoire dormante dissimulée dans les cerveaux des chefs de Nagada, même dans ceux de son couple royal, jusqu’à il y a quelques minutes à peine. Le Temple de la Nuit, sur Naturu, la lune de Nagada la plus colonisée parmi les trois. Les anciens esclaves y avaient perdu trop d’explorateurs pour souhaiter y retourner. Mais c’était là-bas qu’il s’emparerait du Cristal d’Eleiyoniir… son fameux moyen de pression. Les chefs de Nagada connaissaient le Temple, mais pas son contenu. Lui avait su dans quoi se trouvait le Cristal, mais pas où se situait le dit contenant. Heureusement, c’était lui qui était parvenu à voler son information à l’ennemi et pas l’inverse. Ensuite, resurgissait la question du transport. Le stargate jaillit dans son esprit comme une évidence… mais celui de Nagada était ensevelit et sous bonne garde. Utiliser celui apporté par les Terriens? Ridicule. Mais le Temple de la Nuit en aurait probablement un…
C’était cela, la solution! En sacrifiant la bourse de pièces d'or familiale, il pourrait se payer un billet dans la navette jusque la colonie Nagadiane de Naturu… de là-bas, il lui faudrait trouver le moyen de rejoindre le Temple… et le stargate qu’il trouverait certainement sur place lui permettrait de revenir au Laboratoire, où dormaient des vaisseaux.
La créature sentit soudain comme un vertige s’emparer de lui. Avec l’Eleiyoniir, il serait l’un des êtres les plus puissants de la galaxie Kaliam. Les Sphinx, leurs esclaves Humains, et par voie de conséquence les Nagadians tomberaient sous sa coupe. Avec de tels moyens à sa disposition, il pourrait poursuivre bien plus vite ses expériences sur la haute science occulte, et peut-être ramener son espèce à la vie, récupérer ses propres pouvoirs… Par tous les dieux de l’univers! Comme cela le changerait! Car, avec son errance spectrale de plus de deux siècles et demi, puis avec sa récente réincarnation, l’être multimillénaire prenait maintenant conscience de la réalité avec amertume : il n’avait rien fait, rien construit. Tous ces millénaires passés à manger, dormir, profiter, ressentir, se distraire et faire l’amour dans le luxe... tout ce temps passé à administrer sa milice, ses gisements et ses ouvriers sans ambition, en remplissant les quotas réclamés par les Sphinx en temps et en heure, sans arrière-pensée... Il avait vécu médiocrement, en un temps assez long pour porter la naissance et la mort de plusieurs civilisations. Cent siècles de règne indifférencié à toute époque, un éternel recommencement, tandis qu'en moins de trois siècles les Nagadians avaient fondé un véritable état-nation, enchaînant les progrès, inaugurant les époques qui se suivaient sans se ressembler. Toujours plus loin vers l'avenir, l'évolution. Bien sûr, lui n'avait jamais voulu que les Nagadians deviennent davantage que des esclaves pauvres et illettrés, retranchés dans leur unique cité de boue. Cela n'était pas dans son intérêt. Il n'empêche que cela faisait réfléchir... se pouvait-il que son égoïsme sans rêve de grandeur ait entravé la marche de l'Histoire elle-même? Avait-il été un poids mort, un parasite pour cet Univers?
À vivre en immortel aussi bien comblé de délices physiques que spirituellement seul à bord de son vaisseau en autarcie, il avait fini par perdre toute notion du temps, les événements du passé et du futur fusionnant dans l’unique présent perpétuel de sa luxueuse routine existentielle. Tant d’êtres croyant sincèrement à sa nature de divinité au-delà du temps n’avait pas arrangé les choses. Il savait désormais que c’était précisément le temps qu’il avait le plus gaspillé. Et aujourd’hui, il ne restait plus rien pour lui après son absence. Aucune assise, aucun pouvoir, juste une vie en sursit…
Ou peut-être était-il un peu dur avec lui-même. En amiral des Spectres de Mû, en corsaire des Sphinx, puis en dieu des Nagadians et des Egyptiens, son action avait influencé sur la destinée de Mû, d’Atlantis et d'Ialou. Il avait fondé deux civilisations, aujourd’hui fringantes, la Terre et Nagada. Il n’avait enfin jamais cessé d’incarner l’ultime espoir de son peuple.
Le garçon se caressa le menton. Oui, il était dur avec lui-même... rien fait, rien tenté? Non, il avait échoué, ce qui était très différent. Sur Terre, il y a des milliers d'années, il avait d'abord eu une ambition, une vision. Il désirait alors quelque chose, et pas l'immobilisme dans la simplicité. Mais le rêve était mort trop tôt, et ce ne fut qu'alors qu'il rentra dans la routine intellectuellement médiocre, et à terme mortelle, de Nagada. Peut-être, dés lors, avait-il préféré se persuader lui-même qu'il n'avait jamais rien désiré de plus, comme une arme psychologique dérisoire face à la profondeur du dépit, à la honte de l'échec et à la peur de faillir encore. Sans doute était-ce dans ses propres yeux, parmi ceux de tous ses anciens fidèles, qu'il se sentait le moins divin... mais aujourd'hui, il n'était plus temps de baigner dans les leurres mentaux érigés contre lui-même.
Ho, oui, il avait définitivement marqué l'histoire, même de manière indirecte. Et puis, pendant que les Nagadians extrayaient l’orichalque pour lui, il avait mené ses expériences secrètes, cherché à localiser le Cristal… dire qu’il avait été sous son nez pendant dix mille ans! Quoi qu’il en soit, il n’avait pas fait tout cela sans objectif à long terme. Il aurait certes pu faire bien mieux, mais c’était suffisant pour qu’une seconde chance lui soit accordée. Et il se retrouvait désormais face à une occasion unique. Ayant perdu le peu de pouvoir qu’il avait, la conjoncture le jetait dans le vide avec la possibilité d’attraper au vol le pouvoir suprême, et tout simplement la mort en cas d'échec… le vecteur était dégagé, exceptionnel, droit et explicite. Bien réel, mais temporellement limité, et le compte-à-rebours avant sa dissolution filait déjà. C’était le plus extraordinaire rebond que l’on puisse envisager, et c’était de cette occasion unique dont il allait se saisir sans plus perdre de temps. Après toutes ces époques passées dans une position secondaire, puis considéré comme mort, même pas tout à fait à tort, il allait s’organiser le retour le plus fracassant de l’histoire… en pharaon de Kaliam.
Il y avait un autre problème. Tout comme les Terriens n’avaient pas pu enclencher d’autres stargates à cause du verrouillage de ces dernières, lui risquait de peiner pour rejoindre son Laboratoire. Il aurait donc besoin d’une clé… qu’il allait devoir aller chercher dans la gueule du loup, au cœur même de l’ancienne pyramide. C’était plus que dangereux, mais sans cela, il n’aurait rien de mieux à faire que perpétuer Nabeh dans la vie qu’il avait eu… mieux valait alors risquer de mourir.
La détonation qui suivie fut assez puissante pour permettre au ressuscité de percevoir le tremblement de ses propres murs. Poussé par la curiosité, il repoussa le rideau d’écorces d’une main et sortit au soleil, qui frappa avec force son crâne récemment rasé. L’entrée de sa case donnait sur une sommaire et asymétrique ruelle surélevée, en roche, en terre cuite et en bois. Derrière la balustrade de bâtons et d’épais cordages, s’empilaient aléatoirement les étages, balcons et passages surélevés d’une autre « colline» de maisons de Nagada-ville. Actuellement, les visages se pressaient à chaque fenêtre, ou plutôt à chaque ouverture sommairement découpée, tandis qu’une colonne de fumée s’élevait du double-étage marchand en contrebas. La passerelle de bois avait volée en éclats, et ses restes ainsi que son contenu s’étaient écrasés sur la ruelle au sol, d’où un feu commençait à partir d’étals abandonnés devant des murs défoncés.
L’observateur fronça les sourcils. Il y avait manifestement plusieurs victimes. Les blessés et les morts gisaient parmi les décombres, lorsqu’il reconnut nettement des sons caractéristiques de lances énergétiques.
Fin du chapitre
Dernière édition par Mat Vador le Dim 12 Avr 2009 - 0:54, édité 18 fois |
| | | ketheriel Conquérant Itinérant
Nombre de messages : 1441 Age : 44
| Sujet: Re: Kaliam-C : archives versions & commentaires (spoiler) Ven 6 Fév 2009 - 8:52 | |
| Nouveau chapitre basé sur un axe personnel que l'on reconnait relativement facilement. Mais ce personnage prend une ampleur plus complexe et riche que dans l'original (et à des années-lumière de celui de son dérivé...). On voit donc une case de plus s'inscrire dans la trame de cette histoire. Il n'y a plus qu'à voir où cela va mener |
| | | Skay-39 The Vortex Guy
Nombre de messages : 4190 Age : 35 Localisation : TARDIS 39th room (blit), on Moya third level, in orbit around Abydos (Kaliam galaxy)
| Sujet: Re: Kaliam-C : archives versions & commentaires (spoiler) Ven 6 Fév 2009 - 19:16 | |
| Nouveau chapitre de Kaliam... Je vais rater Invisible Man pour le lire et le commenter, c'est dire comme je l'attendais... Ici, peu d'action, où en tout cas rien qui s'inscrive directement dans l'axe de la mission Kaliam et de ses bouleversements... En revanche, on devine aisément combien ce nouveau protagoniste va pouvoir se dresser en travers de leur chemin. Le renaissance de Râ est amenée très subtilement, sans se presser, par allusions et accumulation d'indices qui ne prennent vraiment forme que lorsque l'entité s'adresse finalement à son nouveau porteur. Destin tragique que le sien, mais infiniment moins que s'il s'était agit d'un autre. Nabeh n'était qu'à demi-vivant... Peut-être même le serât-il davantage que jamais noyé dans Râ. En tout cas, son personnage est très bien introduit, très bien décrit, et la lutte brève mais frénétique qui l'oppose à Râ est haletante. C'est un moment intense, d'autant plus qu'il n'a en réalité lieu que pour une seule personne. Pendant quelques instants, je me suis demandé si Râ ne pouvait pas être un Vorlon... ^^ Moins à cause de ses pouvoirs que de sa manière de s'exprimer. Mais son discours s'éloigne vite des litanies de Kosh. La fin de Nabeh est peut-être un peu brusque... Râ explicite clairement ce qui va se passer et comment cela va se passer, mais lorsqu'enfin la chose se produit - je parle de l'instant précis ou le pharaon suplante le jeune Nagadian -, on n'a qu'un point de vue extérieur. Je dois avouer que cette scène me manque... Surtout après avoir passé autant de temps dans la tête du personnage pour la préparer. Mais c'est un choix. Et sinon, sacré hasard que Râ revienne à la vie physique au moment précis ou les terriens gagnent Kaliam en compagnie de Morden et de ses associés, non ? Mais je suppose que tout ceci à trait à une vieille prophétie orchestrée par les First Ones il y a de cela bien longtemps... ^^ Ah, petite remarque. - Mat Vador a écrit:
- Plus que lors des repas collectifs du soir, où il avait tant de mal à s’impliquer, le jeune aventurier ne se sentait vraiment vivre que lorsqu’il allait dans le désert, pour chasser les créatures qui le peuplaient et pour monter les mastadges sauvages.
Quelque chose dans la construction de cette phrase me dérange... Je crois qu'on s'attends plus à lire "plus que lors..., c'était lorsqu'il..." Voila... Il n'y a plus qu'à attendre de voir comment la quête du Cristal magique va rejoindre les objectifs de la mission Kaliam et de quelle manière ces deux éléments vont interagir avec les actions de Ombres. Et il ne faut pas oublier les Shpinx... Décidemment, j'ai l'impression que c'est une grande saga qui se prépare, et que nous n'en soimmes qu'aux prémices. PS : Mon Dieu... Keth aussi est un Vorlon.
Dernière édition par Skay-39 le Lun 16 Fév 2009 - 0:14, édité 1 fois |
| | | Rufus Shinra Roi des Petits Gris
Nombre de messages : 2455 Age : 36 Localisation : Là où s'est déroulée la dernière catastrophe en date ~ Compagnon senior de la Confrérie
| Sujet: Re: Kaliam-C : archives versions & commentaires (spoiler) Ven 6 Fév 2009 - 19:56 | |
| La chandelle est......non, je ne commence pas. XD Alors, que dire, sinon qu'une fois de plus, on nous rappelle subtilement qui est le patron (suis-je en train de parler de Râ ou de Mat ?). Le personnage est bien décrit, et on découvre avec plaisir le retour de ce qui doit être ton personnage préféré de la franchise. Par contre, je tiens à signaler mon impatience pour la suite des évènements en ce qui concerne notre staff de B5, dont on connait l'avenir à courte échéance. |
| | | Mat Le Pharaon
Nombre de messages : 5127 Age : 34 Localisation : Amiens
| Sujet: Re: Kaliam-C : archives versions & commentaires (spoiler) Sam 7 Fév 2009 - 21:25 | |
| La lecture de ces archives peut être spoilante vis-à-vis du reboot de la fiction, disponible ICI dans cette même section. équivalent SGF : http://www.stargate-fusion.com/forum-stargate/fan-fiction/crossover-babylon-film-stargate-1994-fanfic-t13203_1.html Merci beaucoup à vous tous - Citation :
- La fin de Nabeh est peut-être un peu brusque... Râ explicite clairement ce qui va se passer et comment cela va se passer, mais lorsqu'enfin la chose se produit - je parle de l'instant précis ou le pharaon suplante le jeune Nagadian -, on n'a qu'un point de vue extérieur. Je dois avouer que cette scène me manque... Surtout après avoir passé autant de temps dans la tête du personnage pour la préparer.
J'avoue que c'est voulu, honnêtement j'apprécie la "pudeur" chargée de mystère autour de cette fusion. Le fait de pouvoir s'interroger un moment, de garder quelque espoir, à cause du narrateur extérieur non omniscient, avant que la réalité n'apparaisse fatalement, incontournable. Mes excuses, c'est vrai que ce passage aurait pu donner un effet différent. Sinon, il y a un élément passé que j'avais modifié et que je préfère faire remarquer dés maintenant, pour ne pas donner une sensation d'incohérence aux lecteurs à la trop bonne mémoire, car ce point va un peu revenir sur le tapis. Voici donc le paragraphe tel qu'il se trouve actuellement: - Citation :
- Mais rien ne fascinait autant que la colonie Thrakallan, cette irréelle ruche de résine verte en forme de tour minérale, doublée, plus loin, d'une vaste structure jaune et lisse, en forme de losange à toit plat. Ses habitants, bipèdes insectoïdes le plus souvent vert brillant ou jaune doré, évoquaient les criquets ou les mantes religieuses, bien que leurs gros yeux à multiples facettes renvoient plutôt aux mouches. Ces derniers respiraient normalement du méthane, mais pouvaient retenir leur respiration des heures sans s'en sentir incommodés. Mais le plus impressionnant était encore leurs lourds robots biologiques, les Blorks, qui vivaient non pas d’une atmosphère mais de la lumière solaire et de la poussière spatiale. Faits comme des troncs, portés par trois courtes pinces osseuses, flanqués d’une tête de T-Rex édenté avec trois petits yeux verts fluorescents, et d’un nombre variable de longs et fins tentacules du même vert, il allait sans dire qu'ils plaisaient aux touristes.
Note: on parle de la fameuse colonie alien sur une parcelle de (notre) Lune qui a été vendue. Pour rappel: https://le-multivers.forumpro.fr/ordinateur-lance-la-recherche-croisee-f164/les-thrakallans-t1900.htmLa lecture de ces archives peut être spoilante vis-à-vis du reboot de la fiction, disponible dans cette même section. équivalent SGF : http://www.stargate-fusion.com/forum-stargate/fan-fiction/crossover-babylon-film-stargate-1994-fanfic-t13203_1.html |
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