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 Kaliam Connection

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Jack Mckay
Webkev
Rufus Shinra
Mat
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Mat
Le Pharaon
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Mat


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MessageSujet: Kaliam Connection   Kaliam Connection EmptyVen 13 Nov 2009 - 23:45

==> Archives anciennes versions et anciens commentaires (attention SPOILER) <==


Kaliam Connection



Prologue


Charles,
Nous y sommes. Compte tenu des événements survenus récemment sur la... Lune (je n'arrive toujours pas à croire que j'écris ça...) , le président a donné son accord pour la réouverture du stargate. Il est évident pour tout le monde qu'il y a quelque chose d'énorme là-dessous... et il est temps pour nous de nous faire une meilleure idée de ce qui nous tient réellement lieu d'univers, avant que tout ceci ne nous explose au visage. Je vous tiens au courant. Ci-joint la retranscription d'un extrait du mémo du docteur Joshua Shank, en charge des analyses préliminaires après les faits. Je suis sûr que vous le trouverez passionnant.
“ [...] Il ne serait pas honnête de ma part de prétendre que l'état difficile du corps à cette heure justifie la perplexité de mon équipe. Il apparaît simplement, au vu des meilleurs restes que nous ayons pu soumettre à analyse, que la chose pourrait ne pas correspondre totalement aux critères de la vie, ni même de l'entité vivante “une”, tels que nous les entendons ici sur Terre. Tout ce que nous avons pu apprendre de la structure de cet être est contradictoire. Elle semble s'axer sur trois strates différentes entretenant les unes aux autres un rapport que je qualifierais pour l'instant de symbiotique, faute d'un mot plus adapté: une forme organique présentant des traits propres aussi bien à la chair qu'à la matière végétale, mais aussi à certaines compositions inattendues tel que le caoutchouc et le silicone ; une composante supposée cristalline et minérale, à la teneur en eau quasi-inexistante et à la forte activité énergétique -quoique décroissante- et qui pour ces deux aspects, ne semble pas relever du domaine de la Vie; et enfin une vie microbiologique à la complexité aberrante, sorte d'hyper-colonie multi-symbiotique. Toutefois l'ensemble ne donne pas l'image d'une simple cohabitation profitable à tous les partis, et c'est là que je perds mes mots... non, tout ceci semble se comporter comme un “parti” unique à l'arrivée, même les composantes supposées non-vivantes, qui interagissent chimiquement et électriquement avec le reste de l'organisme. Il s'agit pourtant bel et bien d'un agrégat de composantes. Nous avons donc tout à la fois ce que j'appellerais la matière vivante, la matière morte et une galaxie de parasites microscopiques s'agençant d'une extraordinaire manière pour former, plus qu'une alliance réciproque, une union. Trois éléments cohabitant à première vue sans logique, mais qui semblent pourtant déboucher inexplicablement sur l'organisme le plus efficace que j'ai jamais vu ou même imaginé. Il ne s'agit pas ici d'évoquer seulement la symbiose entre différentes formes de vie, mais plutôt la symbiose entre ce qui est vivant, et ce qui ne l'est pas.
Je crois difficilement que la nature puisse d'elle-même donner naissance à une construction de ce type; ceci étant dit, et sans négliger un inévitable risque d'erreur de notre part, il se pourrait que notre étude ait revelé chez le sujet l'existence d'archaïsmes physiologiques, c'est-à-dire d'organes... je suppose qu'on peut désigner ça comme ça... désormais inutiles, habituellement l'une des marques de l'évolution des espèces au cours des millions d'années et un fait en défaveur de la théorie de l'artificialité. Car qui créérait des êtres avec des organes qui leur serait d'emblée dépassés? Aberrant, n'est-ce pas? Et si c'était les deux? Une création artificielle si ancienne qu'elle aurait eu le temps de muter naturellement? Tout ça me flanque le vertige... nous n'avons encore rien mis en évidence qui pourrait s'apparenter à un système reproductif ou même à un système respiratoire évident. Ho, et je saute du coq à l'âne, mais, concernant l'allure de ce qu'il avait sur le crâne, je serais curieux de savoir ce que cela pourrait impliquer du point de vue des archéologues... quoique, vu ce qu'il en reste, peut-être que... ça peut... enfin, ne pas être ce dont ça a l'air... bref. [il baille] Bon, je ne trouve plus mes mots et je crois que je suis en train de gâcher ce rapport. Entrée du 12 février 1996, 21 H 30, terminé.”

[...]

Salut, Charles,
On m'a tenu au courant de vos projets. Je ne peux que vous adresser mes félicitations... mêlées d'inquiétudes, pour cette prise de risque sérieuse, mais que j'imagine calculée. À défaut, au moins sais-je que depuis Nagada, vous avez toujours su trouver la bonne mesure même lorsque les circonstances vous contraignaient à la plus grande spontanéité. Je ferai en sorte que l'on se revoit avant le départ.
Bonne chance.

[...]

Admiral Crichton,
Ou peut-être puis-je simplement vous appeller Jack, ma position actuelle étant ce qu'elle est... j'ai bien accusé réception de vos nouvelles. Vous ne doutez pas qu'elles m'attristent, mais je reste serain. Si l'histoire de la porte des étoiles... et plus encore de tout ce qui l'entoure... n'est pas rendue publique de mon vivant, elle finira bien par l'être un jour ou l'autre. Pour être franc, voilà tout ce que je veux. Ce que j'espère le plus, c'est encore que notre histoire ne se perde pas. Peut-être n'avons nous pas toujours tout fait au mieux, nous avons même sans doute fait plusieurs choses condamnables, mais... il s'agit de notre histoire, et ceci en est le secret le plus fantastique. Qu'il faille cent ou mille ans pour l'assumer, peu m'importe tant que la vérité apparaît un jour. Néanmoins, je continuerai de faire tout ce qui est en mon pouvoir pour, peut-être, pouvoir expérimenter cela moi-même, au grand jour, avant ma fin. Je regrette surtout que Kawalsky ne soit plus là pour espérer le voir un jour... gérer le programme Stargate sous votre direction a été un honneur. J'en retiens moins la conclusion délicate que tout ce que nous y avons gagné... toutes les choses incroyables et extraordinaires que je sais... et j'ai idée que nous aurons déjà fort à faire sur notre Terre et dans notre propre système solaire, durant les années à venir. Du moins, que vous aurez. Pour ma part, je doute qu'on veuille jamais plus me tirer de ma retraite et de ma résidence surveillée. Et puis, qui sait, peut-être que tout cet héritage nous rattrapera de lui-même, un beau jour.
De mon côté, je pense avoir achevé ma réadaptation... qui fut assez cocasse. J'ai longtemps eu l'impression de tout trouver délicieux! Comme quoi la nourriture de la prison pendant presque trois ans, ça laisse des traces. Blague à part, je suis surtout plus paisible et plus heureux que je ne l'aurais jamais cru possible. Financièrement, tout n'est pas toujours évident, mais moi et Sarah faisons avec. À ce stade, je crois pouvoir dire qu'on a vu pire, d'autant plus que les enfants nous aident plus qu'ils ne devraient. Quant à vous, soyez certain que je sais ce que je vous dois et que j'en resterai à jamais votre obligé, ce avec grand plaisir.

P.S : Relativement aux annonces de perturbations par les militants de la grande jonction, j'arriverai dans vos quartiers d'Armstrong plus tôt que prévu. C'est aimable à vous de m'avoir choisi pour vous accompagner dans la visite du nouveau QG de la IASA, Jack. J'adore aller sur la Lune! Et je devine surtout comme ça va faire jaser...

Notes signées par le general Jonathan J. O’Neil respectivement les 14 fevrier 1996, 16 avril 2011 et 10 juillet 2030, actuellement conservées dans la section “archives classifiées” des services secrets de l’Alliance Terrienne, année 2258.
Date et auteur de la constitution de l'onglet B du dossier : informations non disponibles.
Officier en charge : information non disponible.
Dernière entrée système : information non disponible.


[...]

Catégorie : Rapport technique / instruction judiciaire
Crash de la navette M/E/E/M-7 constatée dans le secteur Armstrong-C, 24 juillet 2030.
Informations non disponibles.




Fin du prologue


Dernière édition par Mat Vador le Lun 22 Nov 2010 - 22:19, édité 25 fois
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Rufus Shinra
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MessageSujet: Re: Kaliam Connection   Kaliam Connection EmptySam 14 Nov 2009 - 0:40

Et bien, et bien, voici un début qui remplit bien sa part du contrat : il nous fait nous poser des questions, puisque nous voyons notre cher O'Neill (avec un seul L, bien sûr) reprenant sa carrière dans l'armée, tandis que la Terre se développe par elle-même, évènements menant d'une manière ou d'une autre à cette étrange découverte sur la Lune.

Mais surtout : Pourquoooooi O'Neil était en prison pendant plusieurs années ? Et puis.....le crash de la navette *prend un air de psychose*

On voit quand même l'amateur de Farscape avec un certain amiral, et une pointe d'affection pour SG, n'est-ce pas, Dr. Shanks ?

On veut la suite ! Le peuple veut la suite !
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Webkev
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MessageSujet: Re: Kaliam Connection   Kaliam Connection EmptySam 14 Nov 2009 - 10:55

Yataaaaaaa, je peux (enfin!) découvrir Kaliam!

Bon, eh bien, ce prologue est court, très court, mais pose déjà plusieurs questions, ce qui me skotche déjà derrière mon écran. Pourquoi O'Neil a été en prison? Quel est cet organisme? Et ce Charles est-ce Kawalski?

Et la Terre va sur la Lune? Et ce rattachement impérial? Mais qu'est ce que c'est tout ca? Je suis sur que ce texte sera digne de B5 et des plus grandes heures de gloire de SG ^^

Rufus Shinra a écrit:
On voit quand même l'amateur de Farscape avec un certain amiral, et une pointe d'affection pour SG, n'est-ce pas, Dr. Shanks ?
+1, surtout que cet amiral s'appelle... Jack ^^

Rufus Shinra a écrit:
On veut la suite ! Le peuple veut la suite !
Et comment!
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Jack Mckay
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MessageSujet: Re: Kaliam Connection   Kaliam Connection EmptySam 14 Nov 2009 - 11:34

Je découvre moi aussi avec plaisir Kaliam.

Comme déjà dit, prologue court mais néanmoins efficace. En effet, après lecture, on peut se poser au moins une bonne dizaine de questions.

Et je voudrais bien avoir les réponses dès maintenant...

Penser à envoyer un chèque à Mat pour avoir les réponses avant tout le monde...

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Mat
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MessageSujet: Re: Kaliam Connection   Kaliam Connection EmptySam 14 Nov 2009 - 13:11

Je suis soulagé de voir que mon avant-propos vous accroche et vous intrigue^^

Webkev a écrit:
Rufus Shinra a écrit:
On voit quand même l'amateur de Farscape avec un certain amiral, et une pointe d'affection pour SG, n'est-ce pas, Dr. Shanks?
+1, surtout que cet amiral s'appelle... Jack ^^
C'est pas de ma faute si le père de John Crichton s'appelle Jack^^
Et, pour Shanks : maiheu, je sais jamais comment trouver des noms de famille silent

Tiens Jack Mckay, je n'avais pas tilté que tu t'étais mis à B5^^

Jack Mckay a écrit:
Penser à envoyer un chèque à Mat pour avoir les réponses avant tout le monde...
Owi Grace
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Mat
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MessageSujet: Re: Kaliam Connection   Kaliam Connection EmptySam 14 Nov 2009 - 15:11

Chapitre premier: Naufrage



L'homme allongé gisait dans les appartements privés du commander de Babylon 5 à bord de la dite station, dans les derniers mois de l'année 2258, tout juste quelques temps avant les événements qui verraient l'ambassadrice Minbarie, Delenn de Mir, s'enfermer dans une mystérieuse chrysalide. 
Dans l'intérieur sobrement mais chiquement meublé, qui laissait deviner ses formes acceuillantes à la pénombre des veilleuses diffuses laissées en fonctionnement pour l'ambiance, le sommeil du Terrien n'était pas parvenu à soulager les traits fermés de son visage de leur habituelle stature de noblesse et de gravité. Si bien qu'en définitive, la nuit n'avait pas l'air de contribuer à le détendre outre mesure. D'une certaine manière, l'officier donnait l'impression de vouloir demeurer le même leader compétant et perspicace, éternellement stoïque et définitivement égal face à toute situation, y compris jusque dans ses songes intimes.

Le commander Sinclair était effectivement en train de rêver lorsque l'apostrophe doucereuse de l'intelligence artificielle l’arracha sans compassion à Morphée, ce matin-là. Matin, selon des conceptions toutes Terriennes puisqu’il n’y avait ni jour ni nuit dans le vide cosmique, et parce que la planète la plus proche était bien loin de partager le rythme de révolution solaire d’une lointaine petite planète bleue parmi tant d’autres. Il ne fallait pourtant pas sous-estimer le pouvoir de l'auto-persuasion : beaucoup trouvaient la température à bord plus fraiche depuis que décembre approchait à grand pas, bien qu'en réalité, le chauffage soit identique en hiver comme en été... de par leur inexistance évidente dans cet environnement.

Mais pour l’heure, Jeffrey avait surtout la bouche pâteuse et de telles réflexions ne l'effleurèrent donc que très modérément tandis qu’il se redressait dans son lit, le cerveau encore embrumé par son rêve… un sombre et tortueux défilé de Minbaris déformés par les aléas de l'onirisme, comme si souvent. Beaucoup de choses dans l’inconscient du militaire s’articulaient autour des Minbaris... y prenant au demeurant une place abusive. Mais malgré le besoin qu'il en ressentait, jamais Jeff n’aurait pu accepter de consulter un psychologue pour l'aider à venir à bout de ses obsessions. Une telle démarche l’aurait forcé à revenir sur certains secrets suspects dont lui-même ne possédait pas la clé, induisant le germe du doute dans son esprit. Des secrets qui, pour l’heure, devaient rester là où ils se tapissaient. Il ne voulait pas avoir à affronter ces questions à nouveau... jusqu’à ce que, peut-être, ses angoisses ne finissent par devenir trop lourdes au sein de sa conscience.
Secret professionnel? Allons... Sinclair savait parfaitement que dès que ses supérieurs apprendraient qu'il voyait un psy, ce dernier se retrouverait ligoté dans une petite cellule d'une base secrète, avec obligation morale envers la nation de livrer les informations qu'on exigeait de lui. En cas de refus ou de soupçons de dissimulation, un traitement télépathique viendrait en renfort. Ensuite, la mémoire du spécialiste serait probablement trafiquée, afin qu'il oublie toute trace de l'expérience. Ou alors, si les fameuses révélations avaient trop d'ampleur, peut-être ne rentrerait-il pas du tout chez lui.
Tout n'était pas toujours rose pour le citoyen innocent, dans les chroniques secret défense de l'Alliance Fédérale Terrienne. Et Sinclair subodorait que ce qu'il avait dans la tête, innaccessible à son être conscient, ait tout de l'une d'entre elles. S'il ne savait pas, grâce au savoir faire du limier Garibaldi, que les Minbaris le parrainaient secrètement -pour une raison connue d'eux seuls- depuis le cessez-le-feu sur la Ligne, il n'aurait aucune idée de pourquoi il n'avait pas déjà subi le sort qu'il prêtait à son psychologue imaginaire.
A moins, bien sûr, que les hautes autorités fédérales ne sachent déjà tout ce qu'il y avait à savoir.
Mais alors pourquoi lui imposer la déchéance d'une mise au placard, doublée par ces années d'exil grimées en affectations lointaines dans les déserts Martiens et autres cimetières professionnels? Sans l'arrivée de Babylon 5, phare vital offert sur un plateau par ses ex-ennemis Minbaris eux-mêmes, que diable serait-il advenu de lui ainsi?

Bien que Sinclair soit à peine éveillé, l'anxiété était déjà à l'oeuvre, elle qui avait d'emblée commencé à accabler sournoisement sa poitrine. Il savait bien pourquoi. Pas les Minbaris, cette fois-là, ni les secrets, non. Les Narns.
Trop peu reposé, l'Humain se força à chasser de son esprit les pensées moroses avant qu'elles ne mutent en mauvaise humeur, puis ressenti un léger contrecoup de vertige en se levant trop brusquement, les yeux à demi ouverts. La luminosité crépusculaire de la pièce avait été presque imperceptiblement rehaussée en même temps que l'ordinateur était entré en mode réveil. L'homme fit sèchement glisser ses orteils et la plante de ses pieds nus sur la moquette tiède, prenant plaisir à sentir la texture rapeuse calmer une petite démangaison épidermique.

Après s'être étiré de tout son long, Jeffrey fit volte-face et observa en silence le visage assoupi de Catherine, qui dormait en chien de fusil de l'autre côté du lit, son regard fermé tourné vers lui. Le livre éléctronique imperturbablement branché sur un traité de “décalage temporel & vitesse relativiste pendant la conquête sidérale pré-hyperspatiale”, tranche de plastique semi-rigide épaisse comme une feuille de papier, dormait lui aussi devant la poitrine rebondie qui se gonflait paisiblement à intervalle régulier, abandonné là lorsque les limbes nocturnes avaient finalement eu raison de la jeune femme en pleine lecture. L'attention de Sinclair délaissa bien vite ce qui aurait jadis été un pavé d'encre et de papier, pour carresser du regard la silhouette élégante et familière, soulignée par une nuisette noire, simple mais... efficace. Puis les yeux du commander sautèrent à nouveau jusqu'au visage de son amante. Les cheveux sombres de l'intéressée voilaient le bas de son visage à partir du nez, et répondaient avec harmonie aux sourcils fins et saillants qui marquaient ses paupières closes.

Le compagnon de l'astronavigatrice Américano-Coréenne sentit une bouffée d'affection frénétique et sensuelle l'éléctriser des membres jusqu'à la mâchoire, et un grand sourire béat imposa ses traits sur ceux du stoïque personnage, sans qu'il puisse lutter. Il aurait voulu retourner se glisser sous la couette et étreindre son amie contre lui, au risque de la priver de son sommeil. Mais il y avait un temps pour tout, et l'instant présent n'était pas dévolu à aller chercher les petites protestations de miss Sakaï.

Bientôt, il lui demanderait de l'épouser. Cela avait-il un sens, quand on accusait déjà depuis tant d'années un nombre impressionant de ruptures et de coups tordus, comme de bons souvenirs et de retrouvailles, avec le plus ou moins heureux élu, et alors même que la dernière tentative en date était si récente? Peut-être pas. Mais Sinclair ne partageait pas que de l'amour avec Catherine. Ils avaient aussi beaucoup de sentiments plus sombres en commun, et en cela, elle était plus que son aimée. Elle était sa vie. Car la vie n'était pas toujours aisée... ce qui ne l'empêchait pas de respirer d'intensité. Après tout, qu'aurait-il fait... sans sa vie?
À cette époque, la longévité moyenne était étendue, dépassant le plus souvent un siècle, mais Sinclair ne voulait pas invoquer ce prétexte pour lambiner trop longtemps encore. Toutefois, encore faudrait-il que son intime n'accueille pas avec une sidération ironique et embarassée sa proposition solenelle. Tant de séparations et de bagarres, et pas de raison sérieuse de miser que cette fois-ci serait davantage qu'une énième passade. Pourtant...

Machinalement, il ôta ses vêtements de nuit et marcha nu jusqu’à la salle de bain, non sans manquer d'envoyer voler d'un coup de pied involontaire sa propre lecture de chevet. Le contenu de ce roman présenté sous la forme d'un gros livre traditionnel (à l'épaisse couverture sans illustration) était âgé d'environ six siècles, et signé d'Alforzo Diogata, le Jules Verne Centauri par excellence. “Vius Daala et les nefs d'or d'Isikor IV” datait de l'époque de l'Empire de l'Univers, plus connu sur Terre comme le Lion de la Galaxie, l'apogée Centaurie régalienne comme culturelle et mentale. Il y était conté les aventures merveilleuses et mouvementées, entre anticipation et sorcellerie, entre guerres et énigmes, entre émotions et méditation, d'un explorateur Centauri imaginaire qui ne manquait jamais une occasion de dénoncer l'idéologie hégémonique et arrogante de ses contemporains. Sinclair avait rencontré un célèbre comédien de Centauri Bêta qui avait joué son rôle dans un holo-opéra sensitif, comme seuls les Centauris savaient en faire.

Jeffrey passa un quart d’heure dans la cabine de douche, abusant plus que de raison de l’eau chaude qui contractait les muscles de son corps en une longue succession de délicieux spasmes abdominaux. Il lui fallu encore plusieurs minutes et plusieurs reports de l'inévitable pour se décider enfin à couper l'eau, puis à se sécher, se raser et s’habiller, revêtant à cette occasion le sempiternel uniforme de tissu bleu et de cuir marron de l’Alliance. Puis il alla s’asseoir au fond du fauteuil qui paressait près d'un petit bureau personnel, profitant de son sas mental avant de commencer la journée. Des négociations entre les Humains et une ligue marchande Pak'Ma'Ra l’attendaient, pour autoriser l’intégration des astroports de la ceinture d’astéroïdes du Système Solaire à l’itinéraire commercial des potentiels partenaires. Le Martien sourit avec fatalisme. Il adorait son métier, mais les marchands Pak'Ma'Ras étaient souvent grincheux et intransigeants... étrange, pour des commerçants, d'ailleurs.

La vérité était surtout, pensa-t-il mélancoliquement, qu'avec tout ce qu'il se passait avec les Narns en ce moment, Sinclair avait l'impression de gaspiller de la pire des manières un temps précieux. La guerre froide contre le Régime Narn était le moteur de la géopolitique depuis une décennie, mais une accélération finale, avec la probable explosion de la poudrière au bout du compte, était peut-être en cours de réalisation.
Sinclair se redressa et cambra longuement sa chute de reins, sensation qui se fit sentir jusque dans sa nuque.
Ces deux dernières années, le nombre d'escarmouches, d'incidents diplomatiques, d'annexions surprise, de raids et d'autres affaires de sabotage et d'espionnage impliquant le Régime Narn, avait été le plus élevé depuis dix ans, sans compter ses appels à l'extermination des Centauris. Non contents d'être déjà devenu plus nombreux, ces dossiers s'étaient d'autre part révelés porteurs d'un impact désormais supérieur en moyenne à tout ce qui s'était déroulé depuis le début de la guerre froide, à la fin du conflit contre Minbar. En d'autres termes, la situation ne faisait qu'empirer exponentiellement. Raid contre Ragesh 3 et annexion de cette dernière, téléguidage de pirates sanguinaires, tentatives de destabilisation sociale totale dans la République Centaurie... encore plus grave (et cela, Sinclair ne l'avait pas directement communiqué à sa hierachie, car un tel geste aurait trahit sa quête de paix à bord de Babylon 5) , il savait que l'année dernière, l'ambassadeur G'Kar avait tenté d'assassiner son homologue Vorlon, et de brouiller les pistes de façon à ce que l'Empire Vorlon détruise Babylon 5... puis l'Alliance Terrienne toute entière. Tout cela, était-il besoin de le dire, non sans manquer d'essayer d'allier le Régime Narn aux Minbaris et aux Vorlons, afin d'encercler plus que jamais Centauri Prime. Oui, les Narns étaient arrivé à bord de l'ambassade de la paix et de la mesure, chargés de seuls rêves de pouvoir, de seules ivresses destructrices. Dévorés par la duplicité. Sinclair le savait, mais son rôle était de pardonner... pardonner pour faire avancer la galaxie, alors même que sa propre nation n'était pas exempte d'abus du même type, dans une moindre proportion. Et pardonner s'averrait difficile, au vu de la dernière affaire en date à attirer tous les regards de la communauté interstellaire. Les Narns avaient récemment décreté leur le quadrant sidéral 37, une zone neutre et ouverte à tous. Depuis lors, la marine Narn violentait tout ce qui passait dans le quadrant, particulièrement les marchands Centauris non armés, en utilisant la forteresse orbitale Narn du secteur comme QG.

Beaucoup de tacticiens de l'Earth Force craignaient que la première phase du processus de grande hégémonie Narn, la destruction des Centauris, soit, par le biais du Quadrant 37, sur le point de se mettre sérieusement en branle.
En effet, l'annexion violente puis la fermeture aux non-Narns du quadrant 37 était, malgré les apparences, une agression bien plus vive à l'encontre de l'intégrité Centaurie que ne l'avait été la prise de Ragesh 3. Centauri Prime avait un besoin incompressible de cette voie commerciale pour nourir toute une strate de sa population. Sauf à être au bord de la mort naturelle -ce que les Narns cherchaient justement à déterminer- , réagir était obligatoire, inconditionnel : il était question de la survie de milliers de citoyens. En cela, le quadrant 37 était somme toute le test idéal avant une action de plus grande ampleur. Les services secrets Terriens avaient rapporté de très inquiétantes informations. Si l'opération se déroulait sans déconvenue pour le Régime Narn, autrement dit sans que les Centauris ne réagissent militairement ou du moins qu'ils agissent sans remporter la victoire, alors le test serait complet et la marine Narn n'aurait plus qu'à fondre sur sa proie.

Or, une fois le sort des Centauris rêglé dans les “termes” prévus par le Kha'Ri, quelle meilleure cible que l'Humanité, qui avait été l'alliée privilegiée de Centauri Prime pendant près de 90 ans, et qui se révelait être le seul concurrent réel sur le terrain choisi par les Narns? À moins qu'un cataclysme interstellaire majeur ne vienne subitement redistribuer les cartes des puissances spatiales, cette guerre aurait lieu, dans un an, cinq, dix, quinze, vingt. Et, à cause des dégâts infligés par les Minbaris peu auparavant, les Terriens seraient en état de grave infériorité numérique, de grave carence tactique, économique et logistique. Par ailleurs, si la guerre civile ultérieure contre les colons indépendantistes de la nébuleuse d'Orion, puis la révolte des émeutiers Martiens, sans oublier la recrudescence de la piraterie spatiale, n'avaient pas à proprement parler creusé davantage ce désœuvrement matériel, elles avaient tout de même accentué la fragilisation morale des troupes et du peuple.

Selon l'Earth Dome, en cas de succès Narn dans le goulot d'étranglement du quadrant 37, la République Centaurie pourrait être attaquée avant noël. Et l'attaque contre la Terre pourrait elle survenir en 2260, voire même courant 2259. L'année prochaine. Quelques mois. Minbaris, Vorlons et Terriens ne bougeraient pas pour le quadrant 37, et donc, les autres nations militairement plus frêles, non plus. Quant aux Centauris de l'empereur Thuran, ils se laisseraient dévorer passivement jusqu'à la fin, aussi invraisemblable que cela paraisse... pour qui n'avait jamais eu vent de la politique Centaurie ultra-pacifiste reconduite par Thuran depuis des décennies, en réponse aux graves et répétitives agressions des Narns. Sinclair n'ignorait rien des crimes passés des parents et grands-parents des Centauris actuels sur la planète Narn, et comme beaucoup d'Humains, il nourrissait un grand ressentiment vis-à-vis de Centauri Prime pour avoir laissé tomber son alliée, la Terre, face aux Minbaris. Malgré cela, il trouvait cette situation d'une tristesse infinie. Nonobstant ses erreurs et ses fautes, un état-nation à l'origine d'une communauté interstellaire multiraciale âgée de plus de mille ans, ayant fondé des dizaines de civilisations des étoiles, ayant donné une langue universelle à l'espace connu, méritait-il de finir anéanti de la manière dont l'on programmait l'heure d'une vulgaire exécution?
À moins que le plus effroyable des deus ex machina ne survienne de lui-même, le succès du Régime au quadrant 37 était d'ores et déjà assuré... et les grandes guerres de conquêtes de Narn, à leur porte à tous.

Devant une telle perspective, il y avait plusieurs jours que les administrations Terrienne, Centaurie, et d'autres cibles potentielles des Narns, étaient en état d'ébullition aussi furibonde qu'inutile, tandis que le moral populaire était en chute libre. Effectivement, aucun plan tactique d'aucune sorte, aucune coalition étudiée sous n'importe quel agencement que ce soit, ne parvenait à étouffer, ne serait-ce que sur le papier, le surnombre Narn et la supériorité de leur puissance de feu, ainsi que de leurs assises stratégiques. Tout semblait indiquer qu'hormis chez les Minbaris et les Vorlons, le futur serait inévitablement Narn. Après tout, ce n'était peut-être pas par hasard que les conquérants à l'épaisse peau rouge, orange, jaune ou verte, étaient la seule espèce connue à pouvoir se métisser naturellement avec la plupart des formes intelligentes respirant de l'air de type terrestre. Peut-être le Dieu-Univers avait-il fait du puissant peuple Narn et de sa structure gouvernementale sans merci, ses instruments pour arriver à ses fins : l'harmonie à marche forcée de toutes les formes vivantes dans la galaxie...
Quelle idée stupide!

Sinclair perçut de loin le son étouffé de sa compagne qui se retournait dans son sommeil. Ainsi rappelé aux choses concrètes, il se sentit quitter en quelques instants le sentier tortueux de ses réflexions apocalyptiques et tellement trop lourdes pour ses épaules, comme pour celles de tout autre. Allons... il fallait vivre dans l'instant présent, s'occuper de l'avenir sans s'en préoccuper, et faire au mieux, quel que soit le résultat. Mais, pitié, qu'il ne croise pas l'ambassadeur Narn surexcité aujourd'hui...
En soupirant d'une sérenité résignée et mêlée d'un peu de tristesse, le commander activa sa cigarette électronique, et prit plaisir aux émanations de vapeur mentholée que le tube de métal grimé en cigarette rejetait non loin de son visage.
Jeffrey disait aimer le matin. Ceux à qui il le confiait avaient tendance à imaginer le commander se lançant au pas de course dans les coursives de la station, à cinq heure du matin! Loin de là; Jeffrey aimait tout simplement le matin pour la longue douche chaude, pour la cigarette, et pour l'état mental contemplatif et paisible que lui apportait l'absence globale de pensées dans le fil de sa conscience.
Quoique, pour ce dernier point, il convenait que ce matin-ci ne soit guère représentatif.

D'autant plus que Jeffrey ne put prendre son temps davantage ce matin-là...
-Commander Sinclair, marmonna le lieutenant commander Ivanova, après un bip depuis le triangle gris et plat qui, collé au poignet de Jeff, servait de radio à ce dernier. Nous captons quelque chose ici. Venez voir à la passerelle.
-Reçu, répondit Jeffrey, amusé du ton négligemment irrévérencieux de sa compagne de galère s'invitant symboliquement dans son appartement. Décidément, il aimait travailler avec cette femme. Lieutenant commander Susan Ivanova. Son lieutenant. Citoyenne du Consortium Russe, fédéré à l'Alliance Terrienne. Derrière les titres, fonctions et autres signes distinctifs appliqués par la société, il y avait surtout la femme, totalement intransigeante avec ses idéaux de justice et d'altruisme, et prête à tout subir pour les défendre.

Dans le dernier couloir dépouillé et fonctionnel avant sa destination, Sinclair, qui avait jusqu'ici avancé d'un pas rapide et régulier, vit son attention irrésistiblement attirée par une affiche auto-adhérante mal cadrée, sur le mur d'ordinaire dénudé, qui avait visiblement été collée ici à la va-vite par quelque anonyme quittant son service sans vouloir être vu. Il pensa à l'ignorer, mais après tout, si Ivanova ne lui avait pas explicitement signifié d'urgence absolue, cela signifiait qu'il n'était pas à dix secondes près.
“Un crime commit par une ancienne victime... est un crime!” clamait l'affiche en grandes lettres d'argent, sur un lugubre fond orangé qui représentait un ciel lui rappelant bien des choses, puisque de type Martien.

L'illustration montrait un fantassin Narn au faciès rouge distordu par la sauvagerie, fantassin qui, vêtu de son treillis noir et de son casque de même coloris, fusil d'assaut dressé vers Sinclair ou quiconque se tenant à sa place, écrasait sous sa botte une Centaurie à terre (reconnaissable à son physique Humain, à ses vêtements typiques et à son crâne tondu, hormis une seule longue tresse brune) , apparemment décedée ou inconsciente... à ses côtés, un Humain à genoux et à l'expression d'un homme épuisé, vêtu des lambeaux poussiéreux et ensanglantés d'une chemise blanche et d'un jean bleu, soutenait contre son torse un Gaim aux traits insectoïdes cachés par une combinaison intégrale grise et métallique. Une énorme déchirure fumante y avait aboli l'étanchéité vitale.
De l'autre côté de la Centaurie terrassée, n'était représenté qu'un large squelette calciné dont l'origine raciale n'était même pas, ou plus, identifiable.
Tous se trouvaient empétrés sur un amas de débris poussiéreux, de braise rougeoyante et de gravas, devant un fond de grandes flammes irréelles en arrière plan.
Comme une réminiscence fantomatique du soudard Narn, collant à ses bottes comme son ombre, apparaissait en un effet de transparence flashy, pourvu d'une très grande taille fortement exagerée vis-à-vis de la réalité historique, un fantassin Dilgar. Vêtu de son armure protectrice en super-cuir artificiel marron brillant et aux articulations dorées, son visage de chat siamois, anthropomorphique et cruel, était à moitié effacé par la visière d'un vert acidulé qui descendait du front de son casque marron lustré, jusqu'en dessous de son menton. Depuis la façon dont il tenait son fusil plasmique jusqu'à la direction de son regard, en passant par la position de ses jambes, tout en lui était l'écho grotesque mais parfaitement reconnaissable du Narn.
“Régime Narn... à qui le tour?” concluait le bas de la composition avec la même police aggressive, large et argentée.

Sinclair détailla l'ensemble de l'affiche une seconde de plus, puis l'arracha séchement du mur, la surface auto-adhérante se décollant docilement, sans se déchirer. Il la roula en boule et la jeta au loin, avec moins d'emportement qu'on aurait pu le croire. La sphère approximative rebondit mollement contre un mur puis arrêta son mouvement au pied de ce dernier, sans plus de vélléités.

Ce qui décourageait et agaçait tout autant le commander, c'était qu'hormis les diginitaires extraterrestres et les exceptionnels visiteurs identifiés, cette coursive n'était accessible qu'aux militaires et aux fonctionnaires de la station. Ses hommes. Quel manque de maturité! Ho, certes, l'affiche disait vrai. Les guerriers Narns ne cachaient pas leurs ambitions. Et, si le Régime n'avait encore rien commis, au milieu de toutes sortes de crimes de guerre et de crimes contre l'être, de comparable aux populations planétaires sciemment éradiquées par l'armement massif et les expériences scientifiques des Dilgars... la revendication récurrente de l'extermination prochaine du peuple Centauri et de sa culture prenait une dimension très différente du bluff, à la lumière du bombardement de civils en toute occasion, ou encore de la colonisation par la force de mondes déjà habités. Et, bien sûr, des partis liés avec les factions pirates meurtrières, comme Pirite, le célèbre rassemblement de raiders constitué en petit état spatial clandestin. Oui, l'affiche disait sans doute vrai. Mais comment pouvait-on manquer de finesse au point de placarder une telle chose dans les installations gouvernementales d'une colonie dédiée à la paix, à la négociation? Quelles chances laissait-on à la conciliation, au respect, et à la bonne entente? Si G'Kar, l'ambassadeur Narn, était tombé là-dessus par hasard, l'objet du délit lui aurait trois fois suffit pour déclencher l'un de ces grands scandales creux dont il avait le secret. Sinclair avait mieux à faire que gérer ce genre de choses, et sans doute celui ou celle qui avait placardé l'affiche tandis que personne ne l'observait, avait-il au moins compris que le commander n'aurait pas eu goût à son initiative.
Puis, tandis qu'il franchissait les derniers mètres jusqu'à l'entrée automatique, Sinclair se souvint fugitivement d'un commander de l'Alliance Terrienne plus âgé que son grade n'aurait dû l'induire, un commander d'origine Martienne qui jamais, depuis qu'il avait fait la rencontre d'un certain G'Kar, n'avait hésité à lui signifier ses quatre vérités, à lui comme à d'autres, lorsque les fluctuations de l'histoire l'imposaient. La tentative d'assassinat contre Kosh, Ragesh 3... non, jamais... jusqu'à une date récente. Diable! Que s'était-il donc perdu en cours de route? Pourquoi de jeunes gens devaient-ils récuperer malhabilement ce qui aurait dû relever de sa propre responsabilité, de sa propre compétence? G'Kar et la stratégie de harcellement moral comme matériel menée en permanence par le Régime étaient-ils finalement parvenus à l'user... jusqu'à ce qu'il n'ait plus la carrure nécessaire?

A bord de la passerelle de Babylon 5, Susan, inattentive à ce qui ne se passait pas en dehors de la station, ne se retourna pas lorsque son supérieur hiérarchique, marqué de son doux visage et de sa chevelure grisonnante, mais aussi d'un tout petit peu plus de ventre qu'il n'aurait dû, passa les portes coulissantes de la passerelle principale. Il y régnait une atmosphère déjà fébrile, malgré la fatigue de "l'aube". Un léger contact contre la chaussure du commander attira l'attention de ce dernier. Il aperçut alors avec un sourire amusé le petit robot bombé, à la silhouette évoquant, vue du dessus, un trèfle à quatre feuilles pointues, et qui, sous sa couverture de plastique gris orné de quelques voyants verts et rouges, était occupé à laver et lustrer automatiquement le sol. L'engin contourna l'obstacle, puis poursuivit son labeur sans prêter plus attention à l'homme le plus important de la station.

Sinclair abandonna la petite machine à son sort et embrassa du regard le centre infotechnique grisâtre où, loin des vertes collines de la Terre, les hommes, les femmes et les super-ordinateurs de la colonisation spatiale luttaient face aux mystères et aux dangers de la galaxie, comme David face à Goliath, comme Colomb et Magellan face aux tempêtes, au temps et à la folie. La plupart d'entre eux étaient Terriens, au sens : Humains de la Terre. Car, en raison de l'écrasante supériorité démographique de la planète bleue vis-à-vis de l'ensemble de ses colonies réunies, depuis Sélène (anciennement la Lune) , domaine hors-Terre le plus proche et le plus peuplé, jusqu'au plus lointain et minuscule avant-poste, "métropolitains" était pratiquement synonyme de "fédéraux" dans le jargon administratif et géopolitique de l'Alliance. Après tout, il était question de dix milliards d'habitants sur Terre, contre seulement douze malheureux millions de citoyens répartis dans les quatorze systèmes stellaires (Sol compris) de l'Alliance... dont huit millions d'âmes que se partageaient les seules Sélène et Mars! Et y ajouter les Humains vivant hors de contrôle au delà des frontières et des voies de la fédération mère, sous forme de factions autonomes, de ports raiders clandestins ou même en cohabitation sur des mondes alien, n'ajoutaient que deux millions approximatifs d'êtres Humains à l'équation, peut-être trois d'ici quelques années. Aussi, la grande majorité des employés du gouvernement central à travers l'espace Humain fédéré étaient des Terriens, mutés hors de chez eux sur des postes lointains pour plusieurs années, et non des "locaux", qui eux étaient généralement plutôt cantonnés aux petites administrations coloniales. Jeff lui-même, Martien natif après que sa famille Franco-Britannique ruinée ait déménagée vers les terres rouges la génération précédente, n'était pas dupe de cela : il était une exception dans un système à deux vitesses...

Tandis qu'il avançait en faisant glisser sa main sur la rampe en demi-cercle, il répondit silencieusement au salut manuel dont une jeune femme en uniforme de chef d'équipe technique le gratifia sans s'arrêter de marcher, lorsqu'elle remonta l'allée en sens inverse, jusqu'à le croiser puis se diriger vers la sortie. Le commander laissa ses yeux aller et venir de l'un ou l'autre des multiples écrans jusqu'aux visages de ses différents subordonnés, cherchant ça et là le signe éventuel d'un évènement de toute teneur dont il devrait avoir connaissance. Il y avait incontestablement de la tension dans l'air, ainsi qu'une certaine méfiance, mais pas de précipitation. Gêné par une démangeaison du coude qui l'agaçait par sa vacuité, il posa ses yeux sur le dos de Susan et marcha dans sa direction, sachant parfaitement que bien assez tôt, plus un détail ne lui échapperait.

C'était fou comme une simple image, même routinière, pouvait appeler les souvenirs et les idées en vous : l'officier Terrien et/ou Martien n'était pas encore réellement sorti de ses pensées à propos de la Terre et de son peuple. La première fois que Jeff avait vu “Gaïa”, c'était en été, et c'était pour aller rencontrer son grand-père, domicilié dans le centre historique de Londres. Quelle extase pour le petit garçon... pas de ciel lugubre et mortel, tranché par un dôme terne et étroit qui emplissait l'air en boîte d'une perpétuelle odeur métallique et chimique. Des animaux et des plantes, plus nombreux, plus variés et dans leur habitat naturel. Le vent. Tellement de plats et de boissons inexistantes sur la planète rouge. La caresse du soleil. La pluie. Des monuments de mille ans, des rues pavées, tant d'histoires et de diversité, en lieu et place de rues préfabriquées et d'entrepôts métalliques entre lesquels se débattaient une armée de mineurs Martiens enchainés à la monotonie abrutissante. Et le poids dans ses jambes, dû à la gravité supérieure, différence que l'alliance des traitements médicamenteux, des vêtements entravants et du sport, tous obligatoires à des degrés divers, ne parvenait pas complètement à gommer pour les colons peuplant des mondes trop légers.
Pour Jeffrey, même si la Terre n'était pas, n'était plus, forcément les organes vitaux de l'espèce Humaine, tout cela justifiait qu'elle en soit encore l'âme. Sa condition Martienne et tout ce qu'elle impliquait ne l'empêchait pas d'aimer profondément la planète bleue, davantage qu'il aimait la moyenne de ses habitants actuels.

Bientôt cent trois ans que l'ère monostellaire relativiste avait pris fin avec le premier contact Centauri, et l'obtention de l'hyperpropulsion qui l'avait rapidement suivit, rendant possible l'existence de... de tout ça. Il se tenait, entouré d'aliens, à un endroit si éloigné de la Terre qu'il n'aurait jamais pu l'atteindre de son vivant si cette rencontre fondatrice n'avait pas eu lieu, quelques générations plus tôt, et alors sa vie aurait été infiniment différente. Seulement un peu plus d'un siècle... et certains doyens, enfants à cette époque où on leur disait de rester sérieux et de ne point se disperser avec pareilles bêtises à propos des aliens, vivaient toujours pour rappeler au genre Humain que, quoi qu'en disaient les jeunes, extraterrestres et mondes lointains n'étaient pas encore devenus totalement routine dans l'inconscient collectif de la civilisation Terrienne, qui après tout, avait passé 99% de son histoire complète sur la seule Terre. Le concept de Far Sky existait tel quel depuis la réussite de la colonie Sélénite internationale en 2018 (après l'échec d'une première tentative Américaine en 1986) , mais avec l'ouverture sur une infinité d'étoiles et de mondes survenue en 2156, il était devenu à la fois plus effrayant, plus mirifique et plus fantasmagorique que jamais; pour probablement un siècle encore, si ce n'était plus.
Comme quoi, à Babylon 5, le chômage n'était pas pour tout de suite, et il en était le premier ravi. Sans doute aurait-il été malheureux à une époque antérieure à la conquête spatiale.

Sinclair se ressaisit. Décidément, il avait du mal à quitter Sélène, ce matin. Cela n'était ni rare ni surprenant pour un rêveur de sa sorte -il avait même été rêveur professionnel pendant un temps- , mais le travail devait passer avant tout.
L'officier en charge de la station regarda de manière plus insistante sa collègue, qui elle, ne lui prêtait aucune attention. Combien de temps aurait-il pu attendre vainement ainsi? Ses cheveux -dont il ne comprenait toujours pas comment ils pouvaient parfois virer d'une nuit à l'autre de châtain clair à presque roux- étaient tenus par une longue tresse complexe qui n'était pas sans rendre son visage un peu plus sévère. Ses formes agréables se laissaient soutenir par l'élégance dynamique de son uniforme, renforcées par le naturel fier et droit de la demoiselle. Qui aurait certainement été outrée de l'emploi d'un tel avatar du lexique phallocrate à son égard.
Comme tous ses confrères, la grande russe était penchée sur ses écrans à l'aspect étonnamment peu sophistiqué et cherchait fébrilement à en déchiffrer le contenu, exercice dans lequel elle excellait d'habitude, mais qui cette fois-ci semblait plus ardu qu’à l'accoutumée. Sinclair fit une autre observation insolite : sa protégée avait l'air d'avoir un peu peur, à moins qu'il ne s'agisse que de surexcitation anxieuse.
Parce que les élégants écrans plats tactiles et autres écrans holographiques interactifs de la Terre étaient jugés trop fragiles pour les rigueurs répétées de la jungle sidérale, l'on avait pris soin d'incorporer tous les écrans et ordinateurs en service au delà de la planète mère, dans d'épaisses structures de métal et de polymère sensées optimiser leur résistance. Sans ordinateurs protégés, l'Earth Force finirait sourde, muette et aveugle. De manière plus psychologique, des études semblaient indiquer qu'une esthétique évoquant discrètement la robustesse renforçait la confiance des Humains, civils comme militaires, en leur avenir et en leur pays. Sentiment qui allait croissant avec l'éloignement de la Terre.
-Ivanova? Appela Jeff avec fermeté mais douceur.
-Monsieur, répondit précipitamment la jeune brune en se retournant sans le saluer, il s'est passé quelque chose d'étrange à cent cinquante kilomètres de la station. ça a duré à peine quelques secondes. C’est un cas unique, mais si j'interprète correctement les données que les capteurs viennent de transmettre, il y a eu un échauffement moléculaire généralisé dans l'espace, pas loin de nous. Comment vous dire... les particules du vide elles-mêmes ont eu un pic d’agitation avant que le phénomène ne cesse, reprit-elle. C'est comme si il y avait eu un... tremblement de cosmos. Vous devez comprendre que si ce truc nous avait touché, même dans ses courants les plus extérieurs, explicita Susan en attrapant machinalement une mèche de cheveux en fuite pour la ramener derrière son oreille, je suis presque sûre que la moitié de Babylon 5 aurait pu se dissoudre comme... une statue de sable, lors de la marée.

Une technicienne qui s'activait dos au lieutenant commander, non loin d'elle, ralentit son mouvement de main sur l'écran mural et tourna presque imperceptiblement la tête vers l'arrière, troublée par les dires de sa chef.
-Quelque chose à signaler du côté du trafic? Voulu savoir le commander, inquiet.
-Par miracle, non. La... chose n'était pas à proximité de l'axe jumpgate-station. Aucun vaisseau présent dans le coin ni aucun de nos modules semi-automatiques n'a été touché. En revanche, beaucoup de pilotes d'horizons divers ont perçu le phénomène via leurs ordinateurs de bord, certains l'ont même vu de leurs yeux... ou de ce qui leur sert d'yeux. Nous avons été contraints de paralyser le flux de vaisseaux le temps d'éclaircir la situation, et tous ces pilotes nous noient sous un tsunami de questions et de plaintes via radio. Il a fallu désactiver le canal pour pouvoir travailler dans le calme.
-Faut-il activer la grille défensive de la station? Demanda Sinclair sans y croire, mais toujours prudent par principe.
-Il n'y a rien ni personne autour de nous sur quoi tirer, monsieur, pour peu qu'on ait seulement subi une véritable tentative d'agression, estima lentement Ivanova, non sans hausser les épaules pour signifier son dépassement. C’est surtout que… et bien, cette espèce de tornade moléculaire, nous ne savons pas ce que c’était. ça suffit déjà à me perturber : cause naturelle, et alors de quoi s'agit-il, et pourquoi ça arrive ici et maintenant, ou cause artificielle, et alors qui possédant une science à tel point supérieure à la notre ferait sciemment courir un tel risque à la station? Mais le plus gros soucis, c'est qu'on a pas non plus la moindre idée de si ça peut revenir ou se déplacer, et pire encore, ni de quelles contre-mesures appliquer si cela arrive. Vous devez vous douter qu'évacuer la station ne serait pas forcément pertinent, puisque...
-En l'absence de d'avantage d'informations sur ce phénomène et dans la mesure où il a entièrement disparu pour le moment, reprit Sinclair au vol, on ignore si le danger d'une reprise sera moins fort dans cinq ans que dans deux heures. Alors, nous pourrions tout aussi bien abandonner la station pour de bon, acheva-t-il.
-Oui, monsieur, conclut Ivanova.
Une lueur pétillante anima ses yeux soudain plus réveillés, tandis que ses joues s'empourpraient. Pas par romance. Susan aimait se sentir sur la même longueur d'onde que Jeffrey. Il y avait là pour elle une forme d'émulation intellectuelle et morale qui lui donnait goût aux énigmes et aux périls, pour les déjouer. L'envie d'escalader tous les Everests de la Voie Lactée, aux côtés de l'un des rares qu'elle percevait comme un égal. Bien que se sentant un peu fautive de sa solide arrogance, elle se sentait alors vivre. Ce qu'elle ne pouvait vraisemblablement plus ressentir d'aucune autre manière, du moins s'en était-elle persuadée par lassitude ou commodité.

Sinclair scrutait les étoiles et les nébuleuses par la petite baie comme s'il allait pouvoir trouver la solution dans l'espace insensé, simplement en regardant bien. Sourcils froncés, il finit par oser poser la question qui le perturbait.
-Est-ce que ça peut être Narn?
Comme quoi, les homme-lézards à la peau épaisse et colorée étaient vraiment chez eux dans son crâne, ces derniers temps.
-Dans l'absolu, je ne peux que vous répondre “pourquoi pas?”. Vous vous doutez que je n'ai pas accès au détail des découvertes scientifiques que font secrètement les Narns, en explorant les ruines anciennes sur je ne sais quelles planètes mortes au delà des quadrants cartographiés. Si je le savais, vous m'auriez déjà coffrée pour trahison. En revanche, si vous vous contentez de ce que je peux déduire sans m'être compromise... je dirais que les Narns ayant un niveau technologique globalement similaire au notre, c'est peu probable. Je ne suis pas scientifique, mais j'imagine qu'il faudrait au moins la science des Centauris pour savoir concrètement comment déclencher un tel séïsme moléculaire dans le vide spatial, et encore.

-Commander! Appela d’une voix survitaminée la grande asperge de jeune sous-officier qui travaillait face à sa console en contrebas, dans la dépression qui occupait le sol au centre de la pièce.
-Corwin?
-L’écho radar signale la présence d’un vaisseau proche du lieu d’échauffement, apparu de nulle part d'une seconde à l'autre, monsieur. Il vient dans notre direction, acheva-t-il avec ses yeux tout écarquillés au milieu de son visage long et maigre, relevé de cheveux blonds coupés court.
-Son axe est-il dégagé? S'enquit Ivanova.
-Affirmatif. Il n'y a rien en travers de sa trajectoire... excepté nous.
-Mettez-moi en relation avec leur poste de pilotage, ordonna machinalement Jeffrey.
-Mais... impossible, monsieur, nous ne parvenons pas à établir le canal radio, avoua-t-il comme si c'était de sa faute.
-Ils nous brouillent?
-je ne crois pas, commander, c’est… On dirait qu’on parle dans le vide. C’est silence radio là-bas. Pas non plus de signaux vitaux évidents au bioscan.
-Et il est à la dérive, informa sa collègue. Tous moteurs éteints.


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MessageSujet: Re: Kaliam Connection   Kaliam Connection EmptySam 14 Nov 2009 - 15:11

Sinclair prit quelques secondes pour réfléchir, ses yeux alerte faisant discrètement la navette entre la vue panoramique monotone et ses camarades interdits.
-Notre jumpgate n'a pas été activée, exact? Alors si ce vaisseau est là, c'est logiquement qu'il a été capable de générer un jumpoint autonome pour venir. Cela induit un certain niveau de fonctionnalité, comme probablement pouvoir nous répondre... s'ils le voulaient. Ce n'est pas certain, mais tout de même... envoyez un starfury à leur rencontre.
-A vos ordres, nota formellement Ivanova en contactant aussitôt la baie d'envol la mieux orientée.

Une minute plus tard, le chasseur Humain aux ailes en X jaillit promptement des coursives de la station, faisant paniquer le petit yacht mauve Centauri qui, bravant la consigne de rester au point mort, arrivait à contresens et fit rageusement flasher ses signaux énergétiques verts et roses. Se sachant en contravention, il avait peut-être craint l'espace d'un instant que le chasseur ne soit dépêché pour l'abattre!
Le starfury, lui, se contenta de se propulser à toute vitesse à travers les immensités vides, en direction du vaisseau intrus. Avec son étrange proue écrasée, à savoir une verrière blindée plate et verticale qui accueillait un pilote harnaché en position debout, venant s'ajouter à la forme de ses ailes, il était sans conteste parmi les modèles de module spatial de chasse les plus originaux et les plus reconnaissables de la galaxie, du moins dans ce qu'elle comptait d'exploré (et c'était bien là une très frêle minorité de sa superficie totale) .

Derrière la masse minuscule en déplacement rapide du chasseur, le colossal édifice bleu, mâtiné de gris et de noir, tournait paisiblement sur lui-même, indéfiniement suspendu dans le ciel d'encre non loin de la désertique planète Epsilon 3. Bien que la plus grande station de l'univers connu rétrécissait à l'oeil de seconde en seconde au fur et à mesure que le vaisseau de chasse filait au loin, sa coque bleue métallisée continuait de briller doucement sous les nombreuses lueurs de ses propres balises rouges et projecteurs blancs, sans parler des rayons de l'étoile locale et du bleu électrique de lointaines nébuleuses. Le spectacle ainsi rendu était féérique. La station respirait la vie, la chaleur et le dynamisme, insensible à tous les risques qu'on lui faisait courir. Insensible à l'assemblage de vide, de froid et d'immobilité dans lequel elle était perpétuellement immergée.

Il ne faisait aucun doute pour ceux qui le faisait vivre que le Fort Alamo des étoiles resterait à jamais dans les mémoires comme le temple de toutes les batailles oubliées, de toutes les aventures hors-norme, de toutes les fables fantastiques et de toutes les légendes urbaines, encore -et surtout- longtemps après sa disparition.

-Chasseur à C&C, mon armement est fonctionnel, informa une voix désincarnée transmise par radio dans tout le centre de contrôle. J’aurai le vaisseau en visuel dans deux minutes, poursuivit-elle avec concentration. Il ne répond toujours à rien... On dirait que nos transmissions n'arrivent pas.
-Soyez méfiant jusqu'au bout, rappela Sinclair qui redoutait un quelconque traquenard, mâchoire désagréablement contractée par l'angoisse qui l'enserrait pour le pilote. A parler dans le vide devant la baie vitrée, il paraissait particulièrement pensif et préoccupé.
Le pilote du starfury vit finalement cette forme qui donnait du relief au cosmos se profiler à l’horizon.
-Contrôle, mon ordinateur de bord reconnaît un minéralier Alphator Class. Toujours aucune transmission.
-Reçu, starfury.

Le diagramme détaillé d’un Alphator Class typique s’afficha sur les écrans entourant Sinclair et Susan, en attente sur la passerelle. Il était question d'un très long vaisseau-cargo Humain en forme de pointe de flèche, étendu sur six cent mètres; un appareil longiligne et pointu, plat, et à la lugubre texture mécanoïde d'un noir qui luisait sous les rayons sidéraux. Un alignement de six réacteurs en tube terminait sa poupe, et sur tout son corps puissamment blindé, l’on distinguait des antennes, des paraboles, quelques canons défensifs, des citernes incrustées à l’intérieur de la structure et encore de multiples appareillages mécaniques et électroniques, qui ne s'élevaient cependant jamais très à la verticale au dessus du corps allongé de l’engin. Conçu par les Etats-Unis d'Europe, il était particulièrement prisé par les compagnies sidérales du Bloc Asiatique, en raison de sa nature pratique et utilitaire, ainsi que du soucis de rentabilité qui avait accompagné chaque détail de son développement. Un ensemble de choses qui ne l'empêchait pas de jouir d'une véritable sophistication. Les Alphators étaient en général tous plus ou moins différents les uns des autres, car ils étaient conçu pour l'adjonction et l'ablation d'équipements très spécialisés, si ce n'était faits sur mesure, selon que l'on veuille les employer en situation sol/orbite, ou bien au coeur-même d'une ceinture d'astéroïdes flottant dans le vide. Le tout, selon une infinité de combinaisons de paramètres toujours uniques.

Aucune action n'était suspendue tandis que ceux qui ne s'activaient pas pensaient. Kilomètres avalés après kilomètres avalés, l'engin monoplace arriva à portée de visuel "organique".
-Mon dieu, monsieur… commença la voix hallucinée et hésitante du pilote. Le cargo… c’est… je vous envoie l'image.

Les ondes traversèrent en une miliseconde la courte portion spatiale séparant le chasseur de la station, et les écrans du centre de contrôle retransmirent alors l'enregistrement en temps réel du starfury.

Tout autour du vaisseau cargo en perdition, des colonnes de flammes et de fumées ponctuées d'éclairs, portées par l'air perdu dans la dépressurisation et vite étouffées par le vide cosmique, s’échappaient dans l’espace, à la façon de gerbes de sang pulsant hors d'artères tranchées comme autant de blessures mortelles et béantes. Plusieurs de ses compartiments semblaient avoir fondu sur eux-mêmes, avant que le métal démodelé ne parte en un certain nombre de stalactites grotesques qui pendaient désormais depuis la face ventrale de l'engin. Non soumises à la gravité qui instaurait haut, bas et pesanteur, ces dernières finissaient par se tortiller étrangement avant de finir figées en tout sens.

Sur la face dorsale de la coque noire, d'autres sillons grisâtres défiguraient l'Alphator en évoquant immanquablement des coulées de lave solidifiée. De fait, certaines de ces coulées, encore chaudes, s'apparentaient à d'immenses boyaux de braise écarlate serpentant comme des veines âgées à la surface d'une peau exsangue. Enfin, une partie entière de la tranche du bâtiment n’était plus là, et la déchirure, toute nette, donnait l'irréelle impression qu'un morceau du vaisseau avait été gommé proprement, et non arraché dans un fracas de feu et d'acier, comme il était courant dans ce genre de cas. Que la raison en soit une attaque, une collision ou une avarie.
Eclairé par les flammes chimiques et par la fusion partielle du métal, plus que par l'étoile d'Epsilon, la vision infernale et acérée de ce vaisseau, entre couleur de feu et couleur de nuit, se révélait l'exact contraire de la vision de la douce et accueillante Babylon 5.

-Je n'avais rien vu de tel depuis les sacrifices perpétrés par le Temple de l'Atome, dans les calles des cités-navires itinérantes de Poséidon, s'étonna Sinclair. Ivanova, qu'est-ce qui provoque ça? Chuchota presque le commander, les yeux rivés sur la baie, comme si le cargo risquait de l'entendre et de se fâcher.
-Aucune arme d'aucun monde dont j'ai entendu parler, monsieur, répondit celle-ci, qui avait pour sa part l'air prête à dégainer son pistolet PPG contre on ne savait trop quelle cible.
Sinclair se retourna plus franchement vers son lieutenant.
-Qu'en pensez-vous? Tant que nous ignorons si c'est ou non cette épave qui vient vers nous qui a provoqué le phénomène, on prend le risque de la laisser apporter une bombe juste sous notre nez pour y exploser à nouveau, estima Jeffrey une fois la fascination passée. Peut-être devrions nous pulvériser cet engin à la seconde.
-Du séisme cosmique ou du vaisseau fantôme, lequel entraîne l'autre? L'oeuf ou la poule? Questionna Susan avec un enthousiasme discret, sans attendre de réponse. Quoi qu'il en soit, reprit-elle, si on se base sur les observations de la première fois, il suffit de caler l'engin sur une orbite suffisamment au large. Toujours en partant du principe que c'est le vaisseau qui a provoqué ce cirque, et force est de constater que nous n'en savons rien... c'est à vous de voir, mon commander, conclut l'officier en haussant discrètement les épaules.

-Le scan de surface est en cours, informa indifféramment le pilote par le biais des transmetteurs et haut-parleurs. Je vous aurai d'ici peu envoyé à analyser toutes les informations que je peux extraire avec cette machine. Mon ordinateur de bord a pu déchiffrer son numéro de série malgré les dommages subits par la structure. Il s'agit du Labeur d'Automne, poursuivit-il. Immatriculé sous pavillon de la province Européenne, les USE. L'armateur est la petite multinationale Crésus. C'est Français.
-ça explique l'état du navire, commenta Ivanova d'un air et d'un ton entièrement sérieux. Pardon, monsieur, acheva l'officier deux ou trois secondes plus tard, sans avoir guetté une quelconque réaction.
-Pilote, ordonna finalement Jeffrey après quelques instants demeuré pensif, nous vous envoyons des appuis pour remorquer l’épave sur une orbite éloignée... autour d'Epsilon 3. Nous sommes en train de définir des coordonnées, ajouta-t-il en adressant un faible mouvement de main à un opérateur pour lui signifier de lancer la recherche. Feu à volonté et sans préavis si quelque chose venu du vaisseau menace explicitement votre sécurité, précisa encore Sinclair en insistant bien vocalement sur cette dernière consigne. Ou fuyez, si ça semble plus approprié. Toujours aucun signe de réminiscence du phénomène, Susan? Parfait. Contrôle, poursuivit-il, informez Garibaldi. Un commando pressurisé se rendra à bord de l'épave s'il n'y a pas d'autre échauffement d'ici à ce que les analyses préliminaires soient revenues favorables. Corwin? Nous allons commencer à réorganiser le trafic, ou bien quand tous ces pilotes accosteront, ils démonteront cette station paroi par paroi.

Environ deux heures plus tard, tout était prodigieusement calme à bord du minéralier des étoiles, dont les formes aussi oniriques que diaboliques étaient plongées dans une pénombre gazeuse et sans vie. Mais peut-être s'agissait-il davantage des effets d'une imagination trop vive que d'une authentique possession paranormale... presque impossible, dans ces conditions, de distinguer les coursives étriquées, ponctuées de portes blindées aux digicodes hors-tension. Même combat pour les kilomètres de canalisations et de câbles électriques, parfois piteusement sectionnés, courant au plafond avec les lampes éteintes. Tout comme pour les terminaux informatiques, caméras, haut-parleurs, extincteurs et autres bornes de premier secours rythmant les murs métalliques... l'on ne percevait pas non plus les logos acollés, à l'intérieur de la coque, de l'Alliance Terrienne et de la Weyland-Yutani, l'une de ses plus importantes méga-corporations privées.
Difficile également, dans cette obscurité brumeuse, de percevoir clairement, sans recours au toucher, l'étrange déséquilibre qui semblait avoir étranglé, même déchiqueté, les entrailles de l'engin spatial. Perspectives faussées, angles et dimensions rompues, la structure de l'appareil portait en son intimité des stigmates répondant à l'extraordinaire maladie de sa coque externe. Parois parcourues de longues cassures aux pointes dangereuses, couloirs tordus et distendus comme dans un mauvais trip, objets utilitaires allant de la clé à molette jusqu'à la tasse de café, partiellement disloqués ou fondus, qui flottaient misérablement dans l'air sale en apesanteur... après de longs dédales où sol, murs et plafond se rejoignaient progressivement en un cul-de-sac atrophié, certains ponts appartenant pourtant à des nivaux différents finissaient même par se rejoindre en un noeud massif de sections métalliques écrasées et entemêlées, ayant fusionné les unes avec les autres pour former d'immenses caillots de métal, de polymère et de composants variés dans l'organisme condamné du Labeur d'Automne.

Éteint, glacé, inconscient, silencieux et immobile, voici qui semblait être la condition finale du vaisseau. Mais à l’intérieur du sanctuaire, une étincelle sacrilège se fit soudain entendre contre une paroi plus étendue et plus massive que les autres, puis une déchirure verticale brûlante, s’étendant sans cesse, y apparut avec vacarme. Cette dernière se reflétant sans forme sur les fumées qui envahissaient l'air, un halo blafard irradia partiellement le couloir fantomatique.
Dans l’indifférence générale du minéralier et de tout ce qui se trouvait à bord, la forme d’une grossière encadrure de porte se dessina lentement dans la coque par le biais d'une agressive pluie d'étincelles. Puis le fragment de paroi fut violemment rejeté à l'intérieur des murs du vaisseau, frappant le sol en un fracas métallique cinglant qui souleva d'énormes volutes d'une fumée grasse et poussièreuse.
Il y eut d'abord un bruit étrange, celui d'une voix électronique plutôt grave piaillant sans discontinuer une sorte de codage sec et saccadé, qui n'avait aucun sens à l'oreille Humaine. Puis une forme profane pointa le bout de son "nez" à l’intérieur, par l'encadrure de fortune. Une sonde Humaine, automate en lévitation constante, se présentant sous la forme d'une pyramide grise à sommet plat et non à pointe. Sa silhouette était fort simple, comme en attestaient la grosse lanterne plate et circulaire insérée au centre de sa face avant, et le panneau mécanique pourvu d'un levier en forme de poignée, de quelques touches luminescentes et d'une petite antenne, sur le plat supérieur qui aurait été son "dos" ou sa “tête” selon que l'on choississe un référentiel quadrupède ou bipède. La machine était par ailleurs pourvue de quatre bras articulés, dont deux partaient de la base de la face avant et deux autres de l'aplomb avant du “toît”. Elle était également équipée de six câbles toniques, terminés par des sondes variées à l'allure de micro de chanteur, tous implantés sur l'arrière de la face supérieure depuis laquelle leur longueur et leur rigidité variaient selon les besoins. Enfin, on l'avait pourvue d'une caméra oblongue, orientable; imitation de tête flanquée au bout d’un simili d'immense cou en métal malléable, qui lui, prenait sa source sur la face avant du robot géométrique, juste au dessus du phare intégré précédemment évoqué.
La pyramide trapue à sommet plat, dont les excroissances ne cessaient de se tortiller, s'écrasait légèrement à sa base, soulignée par une housse en matière souple et dont un léger bruit de soufflerie émanait, trahissant la présence d'un système aéroglisseur.

Le silence brisé par ses marmonnements électroniques, l’engin s'avança prudemment dans le couloir sombre et mort en projetant les rayons de ses divers capteurs à travers l’obscurité, son phare presque incapable de percer la brume épaisse. Le bras mécanique pourvu du PPG intégré à rayon de défense/découpage, employé pour s'introduire dans l'épave, était demeuré inutilement en avant, brandit au dessus du long cou mouvant. Non loin naissait un autre bras surélevé, équipé pour sa part d'un épais cylindre noir, basé sur le concept du couteau-suisse et dont un large panel d'outils spécialisés pouvait être déployé et rétracté au besoin, à l'instar d'un malheureux tournevis. Sécuriser une épave ou une ruine Terrienne après un accident ou un raid s'avérait hélas la fonction la plus courante de ces sondes, loin devant l'exploration préliminaire de nouveaux mondes ou de constructions aliens. Les obstacles mécanoïdes Terriens plus ou moins grippés demeurant donc l'un des contretemps les plus récurrents auxquels devaient faire face ces machines, les équiper d'une "boite à outils" avait semblé couler de source.
Les deux bras du bas de la face avant, tous deux terminés d'une mécano-main humanoïde, s'orientaient de gauche à droite et inversement, activant leurs doigts électroniques à la recherche d'un but. Le cou de serpent se balançait quant à lui avec une grande lenteur, la caméra qui y tenait lieu de tête prenant tout son temps pour analyser ce qu'elle captait et l'enregistrer, avec le renfort des deux petites lampes supplémentaires qui lui étaient directement intégrées.
Quelques dizaines de secondes plus tard, dix Humains en combinaison intégrale noire, longs blasters d’assaut au poing et têtes protégées par des casques étanches, plongèrent dans le noir à la suite de la sonde. Ils lévitaient, mais maladroitement, sans posséder la maîtrise de leur vitesse et de leur direction. D'abord deux d'entre eux, puis tous les membres de la bande pressèrent quelque chose à hauteur de leur ceinture, côté flanc, ce qui eut pour effet de magnétiser leurs bottes, et leurs plantes des pieds se fixèrent brusquement sur la passerelle.
-Cette fumée, protesta Lou Welch. Ou de la poussière, ajouta-t-il. En tout cas, je renonce à chercher l'interrupteur.
-Allumons nos lampes, proposa Garibaldi pour toute réponse.
Une pression, et les lampes-torches des poitrails de leurs combinaisons se mirent en fonction, léchant les alentours sombres et brumeux de dix faisceaux de lumière blafarde qui, finalement, rendaient l'endroit encore plus lugubre que la seule obscurité fumeuse. Une seconde de plus, et c'était les torches secondaires de leurs casques qui s'activaient.
-Bon sang, c'est délirant, commenta l'un des explorateurs en observant l'impossible intérieur du minéralier aux formes défaites. On dirait le vaisseau du méchant dans une bande dessinée de super héros.
Tout en finissant de parler, son regard passa sur la petite semi-pyramide lévitante accablée de toutes sortes d'excroissances bizzaroïdes prises de bougeotte, qui demeurait à proximité. Il faillit la descendre, une miliseconde avant d'identifier ce qu'il voyait.
Les gardes inspectèrent en quelques secondes un petit périmètre autour de leur portion de couloir, puis revinrent vers leur chef. Presque tous se sentaient déjà enserré par l'exiguité dantesque et presque organique de ces lieux brumeux et sans grande lumière, qui, paradoxalement, respiraient la mort autant que la vie. Une mort violente et surnaturelle, qui n'aurait pas laissé l'esprit des lieux en paix, et une vie malsaine, immonde, appartenant à une forme malveillante et infectieuse.
Se tenir dans ce vaisseau était d'autant plus désagréable que marcher en apesanteur avec des bottes magnétiques était éprouvant, lent, peu discret et rendait un aspect pataud. En sus, cela tirait étrangement sur les muscles des jambes tout en laissant les organes et les membres supérieurs flotter, situation souvent source de nausées et de courbatures au niveau des cuisses et des fesses.
L'acuité visuelle du security chief sauta brusquemement à plusieurs mètres plus avant, malgré l'ombre et la brume momentanément et subjectivement réduites, puis sa vision redevint ordinaire aussi promptement qu'elle avait muté. Il n'avait rien vu de particulier au cours de l'opération...
Michael Garibaldi possédait toujours ses yeux bioniques avancés datant de son passage dans les commandos de l'Alliance, mais toutes leurs fonctionnalités n'avaient pas été reconduites après qu'il soit devenu, une fois la guerre contre Minbar achevée, simple gradé de la Sécurité Fédérale (la police militaire employée par le gouvernement fédéral, en opposition aux polices locales des juridictions coloniales) .

-OK, ça semble désert, résuma le chief en essayant de ne pas se focaliser sur les pas de ses acolytes qui raisonnaient étrangement d'une paroi à l'autre. La sonde confirme le scan du pilote, le taux de radiations est inoffensif. Il y a une atmosphère type terrestre, mais avec un déséquilibre dans les proportions, sans doute dû aux dépressurisations partielles, et aussi... qu'est-ce que c'est que ça... (il semblait chercher ses mots au fur et à mesure qu'il lisait le compte-rendu du robot-sonde projeté sur sa visière) avec des traces d'empoisonnement chimiques, sûrement à cause des fuites internes. Du reste, il fait beaucoup trop froid. Invivable, alors on garde les casques.
-Tant mieux, commenta Lou. J'ai l'impression qu'autrement, un blob en décomposition ne tarderait pas à me sauter à la tronche.
-Bon dieu Lou, ta gueule, protesta une voix de femme.
-Regardez-ça, dit un autre agent de sécurité en pointant le W jaune accolé au symbole de l'Alliance Terrienne, qu'avait furtivement revelé son projecteur integré. Le logo de la Weyland-Yutani, révéla-t-il. Ce rafiot est autant à la compagnie "Crésus" que moi je couche avec des Minbaries. Une société-écran, peut-être bien. Sans doute pas un truc très légal.
-Ils sont stupides, commenta Lou. En laissant ce logo en évidence à l'intérieur, ils pouvaient se faire choper à la première inspection surprise des douaniers.
-Faut voir, répondit le premier soldat. S'ils restent dans les espaces aériens de leurs domaines, les mandats économiques spéciaux... beaucoup sont hors des frontières et ces compagnies y sont de véritables état-corporations, sans dieu ni maître. Les lois de la Terre n'y ont cours que si elles le veulent bien.
-S'ils comptaient là-dessus, ça les obligerait à ne pas naviguer hors de leurs fiefs, remarqua Michael, et ça serait mortel pour leurs affaires. Tant de peine pour un simple logo, ce s'rait insensé... surtout pour des commerciaux qui, par définition, n'aspirent toujours qu'à la plus grande ouverture financière possible, quitte à se coucher un peu sur leurs convictions. Les cadres de la Weyland sont assez fiers d'eux pour avoir créé un calendrier parallèle qui compte les années à partir de la fondation de leur multiplanétaire, mais ils ne sont pas fanatiques à l'absurde. Non, je crois plutôt que ça a un rapport avec le logo Terrien qui va avec. Quoi qu'il se soit passé ici, si la Weyland était en cheville avec les hautes autorités fédérales sur ce coup, ce n'est pas un sherif colonial un peu casse-cou qui leur aurait fait du tort, même avec mille tonnes de contrebande à bord. Vous savez comment les fédéraux sont avec les coloniaux. Et avec leurs propres lois, lorsqu'elles cessent de les arranger.
-On est des fédéraux nous aussi, chef.
-C'est pas pareil. Nous, on l'sait, qu'on est les gentils.
Le silence tomba, uniquement entaché par les gargouillis informatiques de la sonde, devenue pour l'heure inutile mais cependant toujours à son poste. Quelque part, non loin de là, une grosse goutte de liquide -certainement pas de l'eau, ou ce froid l'aurait gelée- s'éleva depuis de ce qui était probablement une canalisation rompue en dessous de la frêle passerelle, tournoya tranquillement dans l'air, et alla heurter la matière métallique du mur en un “plic” strident qui s'attarda ensuite dans chaque recoin du pont, de plus en plus effacé.
-Bon, reprit le chief avec une intonation artificellement joyeuse, on se divise en équipes de deux, et on explore le vaisseau. Quoi, vous n'attendez quand même pas que je vous désigne vos binômes? Utilisez vos GPS pour éviter les zones ouvertes sur le vide extérieur, fit-il en désignant du doigt la ceinture électronique multifonction qu'ils portaient tous. On a mieux à faire que repêcher les impatients qui veulent rentrer sur Babylon 5 à pieds, même si je vous concède que ça peut sembler plus tentant que de s'attarder dans ce rafiot de cauchemar. Welch, avec moi, ordonna Garibaldi. Gola et Mitch, je veux toutes les données de l'appareil encore disponibles. Enregistrements des caméras de surveillance, journal de bord, rapports techniques automatiques, et caetera.

Comment faisaient-ils? Pirite était le seul grand trust Terrien officiellement illégal, mais le security chief ne donnait pas lourd, personnellement, de la différence supposée entre lui et les autres. Chaque fois qu'il y avait les trusts sidéraux quelque part, c'était poisseux, songea l'homme d'origine Italienne. Lui était né dans le Bronx New-Yorkais. Il le savait, quand c'était poisseux. Pas besoin de visiter un vaisseau qui avait l'air d'avoir été digeré par un kraken de l'espace, pour ça.

Cerné par les ombres inquiétantes, Michael s’enfonça prudemment dans le couloir opaque, suivi de près par son collègue un peu bedonnant. Il restait juste assez d'air entre ces murs pour que le bruit de leurs bottes sur le sol, renforcé par leur démarche spéciale entre magnétisme et apesanteur, leur devienne vite entêtant, meublant le silence avec une présence effarante. Mais rien ne pouvait surpasser l'effet que faisait la contemplation de ces formes viscérales, évoquant peut-être quelque ruine extraterrestre mais guère un vaisseau Humain. À chaque minute écoulée tandis qu'ils pénétraient ce labyrinthe qui s'étendait en long, en large et en travers, les deux hommes étaient un peu plus à l'étroit dans cet enfer. Un peu plus fatigués de cet environnement saturé.
-Il y a des journées comme ça, Lou, philosopha Garibaldi sans cesser de ballader le canon de son fusil d'assaut autour de lui. Il ne se passe rien pendant des lustres, et un matin, on se retrouve sans crier gare à explorer des vaisseaux remplis de fantômes.
-Chef… Touche les murs.

Michael s’approcha de la coque, et passa sa paume gantée dessus.
-C’est comme fondu… une coque bosselée, craquelée… on dirait plus la paroi d’une caverne que d'un vaisseau, s'étonna-t-il. Hé, il y a une espèce de bulle solidifiée, là!
Il parvint à percer subitement le bulbe solide en pressant dessus de deux de ses doigts gantés. La forme rebondie et carbonisée était toujours là, flanquée d'un trou qui dessinait l'empreinte de deux doigts. Il les retira, et le bout d'écorce métallique partit en l'air en tournoyant.
-Je ne connais aucune arme qui fasse ça, patron.
-Ouais, ça ne ressemble pas vraiment aux effets de quelque chose que je connaisse… Garibaldi à tous, poursuivit-il dans la radio incorporée qu'il activait par la dite formule, ne prenez en aucun cas les ascenseurs. Il y a un réseau d’escaliers accolés aux salles de fret dans les Alphator Class, restez dessus. Garibaldi, terminé.

Michael releva la tête et contempla avec déplaisir le couloir plongé dans le noir, qui ressemblait maintenant à un boyau irréel. Il jeta un oeil en arrière, jusqu'au fond du couloir d'où ils étaient venu. Chaque équipe était déjà trop enfoncée dans sa propre direction pour qu'il puisse distinguer quelqu'un d'autre que le brave Lou, même en recourant à son zoom. Si seulement il avait encore sa vision de nuit... elle aurait été plus utile que ces quelques loupiotes.
Mal à l'aise, le chef de la sécurité avait l'angoissante impression de visiter les entrailles de quelque monstre géant, horreur hybride mi-organique, mi-mécanique qui errerait dans l'espace depuis des siècles.
-Bon sang, le sol n’est même plus droit… Le couloir est pratiquement devenu circulaire. C'est n'importe quoi, commenta-t-il avec un rire nerveux. Ça ne peut pas exister!

Un peu plus haut, dans la paroi, il y avait une épaisse cassure courant tout du long du couloir. Des échardes de métal pointaient dans toutes les directions, disloquées net.
-Comme si le vaisseau avait été sectionné à force d’être trop « tordu », constata Lou.
-ça fait très, comment dire... cinéma expressionniste Allemand des années folles? Remarqua Garibaldi, qui ne savait pas trop, en disant cela, s'il souhaitait se faire rire ou penser à autre chose. Probablement les deux. Le rire était par définition le moyen idéal pour relâcher l'excès de pression.
Heureusement pour eux, ils savaient que les espaces labyrinthiques de dédales étroits étaient comparativement peu étendus à bord de ces engins en particulier, tant l'espace était consacré au fret. Garibaldi savait même s'y repérer plutôt bien, sans avoir spécialement recours au GPS. Il avait inspecté plusieurs engins de la sorte dans sa vie, sur Io, Mars et à Babylon 5, et quand sa mémoire flanchait, l'habitude d'une organisation matérielle partiellement basée sur d'anciennes conventions inter-classes, prenait le relai.
Curieusement, dans ces compartiments-ci, l'accident, ou l'attaque, n'avait laissé pour seule trace que l'extraordinaire purée de pois dans l'air, sans que la structure du secteur n'ait eu à subir ces étranges “fontes” et “cassures” observées ailleurs, sur et dans le puissant bâtiment. Même l'éclairage de secours était en fonctionnement automatique dans ce nouveau conduit abordé.
Encadrant les couloirs étroits, plafonds et planchers arboraient les mêmes grilles longilignes en métal qui couraient sur tout leur long, cachant on ne savait quels recoins et des passages d'un autre genre. Les parois murales elles-mêmes, poisseuses et grises ou noires, passaient pour beaucoup pour des amoncellements empilés de terminaux robotiques clignotants, de tuyères encombrantes, d'excroissances mécaniques et électroniques alambiquées, ainsi que d'ajonctions fonctionnelles aux formes aussi agressives qu'entremêlées. Au terme de plusieurs bifurcations de la sorte, rythmées par un éclairage terne et laborieux arrivant du plafond tous les vingt mètres environ, ils débouchèrent sur une nouvelle coursive encore plus étroite, à tel point que, les deux hommes ne pouvant rester au même niveau, Welch se laissa glisser dans le dos de Garibaldi et lui emboita le pas. La lumière minimaliste vacilla en grésillant, rendant pendant un instant toute leur valeur aux lampes incorporées des cosmonautes, puis elle se rétablit non sans cesser de bourdonner. De temps à autres, les explorateurs croisaient un objet de nature variée occupé à léviter de manière hasardeuse, petit témoignage de vies quotidiennes brutalement interrompues dans leur simplicité : tantôt un écrou esseulé, tantôt une petite serviette de bain ou un paquet de mouchoirs, tantôt une bouteille en plastique dont le dernier quart d'eau emprisonné, formant une bulle, flottait indépendamment à l'intérieur du récipient transparent. Enfin, quelques billes de liquide se succédèrent : les premières avaient la couleur du café, les suivantes du sang. L'une de celles-ci s'aplatit sur la visière de Garibaldi, entre ses deux yeux. De dégoût, il frotta frénétiquement l'impact jusqu'à ce que son casque n'en porte plus trace.
-Nos combinaisons et ce couloir où on ne voit rien et où ne peut même pas passer à deux... de quoi devenir deux fois claustrophobe, plaisanta amèrement Lou. Surtout que je commence à avoir mal aux chevilles, à force de marcher lesté dans l'apesanteur réelle, comme un astronaute des premiers temps spatiaux dans sa station-canette. Ho, voilà qui devrait mener aux zones de fret, annonça-t-il encore d'une voix plus absorbée, en posant la main sur la porte en plastique dégoulinant qui se décoinça en craquant étrangement.
Rassuré, Michael avait finit par se relâcher, si bien que la surprise fut totale quand la petite chose noire arrivée par les airs percuta mollement sa visière et passa au dessus de sa tête. Soudain sujet d'une véritable déflagration d'adrénaline, le chief pivota et, tandis que son coeur battait la chamade, braqua le démon volant à l'aide de son fusil à rayons.
-C'est OK, chef, souffla précipitamment Lou, tout en suivant quand même de son propre canon l'objet du malentendu tandis qu'il passait lentement au dessus de sa propre tête. C'est juste une connerie de... caillou. Un genre de galet. je suppose que c'est une larme de métal issu de la coque, qui a fondu pendant... l'accident, qui a fini par se détacher et qui s'est solidifiée en apesanteur.
-Formidable, grogna Michael en baissant son arme, encore soumis aux fortes pulsations de son coeur bouleversé.

Sans épiloguer, Welch fit s'ouvrir les portes délitées qu'il avait repéré tout juste avant "l'attaque", et invita son camarade à le suivre dans la partie attenante. De l’autre côté, Garibaldi et Welch eurent une lumière autre que celle de leurs torches incorporées et des vestiges de l'éclairage de secours. Ils se tenaient en haut d’un escalier à double entrée, menant à une grande salle d’entrepôt qui continuait en longueur avant et après ce que les explorateurs pouvaient en voir. Nul fret dans cette salle où jaillissait de toutes parts de petits incendies, ainsi que des volutes de gaz coloré et de fumée réflechissante. Tout éclairage hors-service, l'on distinguait à la lueur des flammes toxiques des plates-formes de chargements poussiéreuses, des bennes rouillées couvertes de suie, et des véhicules partiellement maculés de cambouis, leurs traits gommés au travers du brouillard sulfureux.
-Toi aussi tu as senti ce truc bizarre dans le ventre, chief? Demanda Lou.
-Ouep. Nos organes se sont reposés à leur place, et nos corps se sont brusquement tassés au dessus de nos jambes. Il y a de la gravité ici. Tant mieux pour nous d'ailleurs, parce qu'un incendie en gravité zéro, c'est très beau, mais ça pardonne pas. Faut croire que l'anneau interne de ce compartiment tourne encore, contrairement aux autres.
Après que les deux compères aient désactivé la magnétisation de leurs semelles, Welch fit volte-face et se figea.
-De la rouille? Ricana nerveusement Garibaldi. Ici? Il faudrait des années d'abandon dans un air humide pour en arriver là!
-Mon dieu… chef… regarde… prévint le garde enrobé en se reculant d’horreur.

Dans le mur, au dessus de la descente d’escalier, une forme de chair flasque rappelant grossièrement une silhouette Humaine, ainsi que ses vêtements -un genre d'uniforme de technicien- , était fusionnée au métal. Plate comme un bas-relief viscéral, une main droite crispée, un nez, des lèvres, un genou gauche, l'extrémité d'une chaussure et l’ébauche d’un système digestif s’en extirpaient douloureusement.

Garibaldi sentit soudain son cœur remonter au bord des siennes, de lèvres. Il se retourna machinalement et se pencha par dessus le bastingage de l’escalier, attendant de réussir à tirer son haut-le-cœur jusqu'au fond de ses entrailles.
-On va… prendre l’autre escalier, souffla-t-il avec difficulté, la face rouge sous son casque étanche. La gravité était bien revenue mais ses jambes était flageolantes.

On aurait pu trouver curieux que Garibaldi, en tant que chef de la sécurité, soit si sensible aux visions d'entrailles et autres dégoulinements viscéraux. Car en effet, Michael en avait vu d'autres. Mais en réalité, traumatisé par des films visionnés en cachette dans sa petite enfance, le Terrien désabusé avait une phobie des visions "chirurgicales"; qu'il cachait publiquement, mais qui avait constitué l'essentiel de sa motivation primordiale et plus ou moins inconsciente pour dédier sa vie professionnelle à la protection et à la sécurité. Il s'agissait, d'une certaine manière, d'empêcher son cauchemar nemesis de se réaliser, la vision d'organes à nu symbolisant chez lui le crime ou l'accident grave une fois ce dernier accompli. Plus tard, ayant ouvert les yeux sur son état, il en était venu à estimer que chaque fois que sa "faiblesse" revenait l'incommoder sur le terrain, c'était nécessairement qu'il avait quelque part manqué à son devoir, en n'empêchant pas l'affaire de se produire, et donc qu'il avait mérité sa punition. Aussi longtemps qu'il était efficace, il n'avait normalement pas à souffrir de son inconfort. Du moins, c'était de ce dont il se persuadait. Et puis, ce n'était pas comme si la mort sanglante et viscérale était anodine pour le plus clair des gens : il n'avait rien d'une exception.

-On se croirait dans "L'expérience de Philadelphie", nota Lou.
-Plait-il? Ronchonna le chief.
-Tu ne connais pas? Le film d'horreur de Tim Cronero, inspiré d'une légende urbaine complotiste du vingtième siècle, avec un bateau de l'armée de mer Américaine qui est aspiré tel quel dans l'hyperespace, frémit Lou en se remémorant visiblement les scènes les plus dures du film. 'parait qu'il a été interdit chez les Drazis.
Garibaldi voulut dire à son collègue de respecter la mémoire de l'homme emmuré en gardant ses références filmiques gore pour une soirée pop-corn entre potes, mais il n'en fit rien, sans savoir pourquoi.
Une fois les marches difformes et inégales descendues avec prudence, les deux flics se retrouvèrent exposés à la chaleur des foyers incendiaires, dont certains aux couleurs chimiques de feux d'artifice, qui se répartissaient anarchiquement au milieu d’un réseau d’énormes câbles métalliques courant sur le sol à perte de vue. Entre la fumée et le caractère anarchique de leur disposition, aucun de deux hommes n'aurait su les dénombrer sans risquer d'en avoir compté un deux fois, ou pas du tout.
-Garibaldi à C&C, cracha-t-il péniblement de sa voix haletante, c’est vraiment irréel ici. Tout est déformé… on dirait que quelqu’un a aspiré tous les atomes du vaisseau un par un avec une paille et les a recollé n’importe comment à l'arrivée… ha, et il n’y a pas de cargaison dans le dock de chargement central, juste des câbles de un mètre de large qui courent sur toute la longueur.
-Comme prévu, vraisemblablement pas de survivants, ajouta Lou.

La voix de Sinclair perça dans la radio, plus grave qu'à l'accoutumée. Son aura rassurante, emplie de charisme et de protection, sonnait faux maintenant qu'elle était désincarnée et jetée à même ce micro-monde de cauchemar.
-Essayez de voir où mènent ces câbles, Michael, et puis rentrez.
-Reçu...
Welch était visiblement déçu de ne pas pouvoir s'extirper immédiatement du bourbier. Garibaldi partageait son sentiment, mais le cachait mieux. Il fit un signe de tête, non pas sec mais qui coupait tout de même court à toute protestation, pour indiquer leur direction à son subordonné. Ils étaient payé pour aller au bout de ce genre de choses. Qui le ferait, autrement?

Prudemment, les deux hommes avancèrent entre les câbles fumants, qui leur arrivaient tout de même en haut des cuisses. Sur le chemin, ils découvrirent, le coeur battant et les jambes flasques, un autre corps; celui-ci réduit à l’état de flaque de chair et de sang décomposée et luisante, coulant lentement au sol depuis un amas d'ossements bouillis, pour un résultat sinistre et en aucun cas identifiable visuellement. Cette fois, Garibaldi, à qui il semblait qu'on était en train de lui aspirer hors du corps la majeure partie de son propre sang, eut toutes les peines du monde à ne pas vomir, ce qui eut été ô combien pénible dans une combinaison spatiale totalement étanche et qu'il n'était bien entendu pas question d'ouvrir.
Il avait déjà vu beaucoup de cadavres plus ou moins abimés : sur des champs de bataille, sur des scènes de crime, sur des lieux d'accident, flottant dans l'espace... parfois des salopards, parfois des héros, parfois des gens comme tout le monde, simples jouets malheureux du hasard. Parfois morts avec distinction, de la manière noble et utile dont les proches aimaient pouvoir se souvenir, parfois morts de façon parfaitement inutile, voire avec ce soupçon de décalage grâce auquel sur le net, votre mort amusait des inconnus, la manière qui accentuait l'accablement des mêmes proches. Parfois encore, ils avaient eu la chance d'en finir instantanément, qu'ils aient eu le temps de comprendre ou pas, mais d'autres étaient partis en achevant leurs existences incomplètes sur le souvenir traumatisant de longues heures de souffrance et de terreur. La vie pouvait vous donner le temps d'avoir des rêves, des projets, puis, un jour qui avait commencé aussi banalement qu'un autre, tout vous arracher vainement, stupidement, avant que vous ayez eu le temps de voir la couleur de ce que vous aviez choisi comme raisons de vivre. En tant que flic et ancien soldat, Garibaldi avait lui-même été contraint de faire passer un certain nombre d'êtres conscients, intelligents et sensibles à l'état de cadavre vide de toute pensée, de toute perception. C'était rarement joli à voir, et toujours regrettable. Mais là... c'était si différent! Comment diable l'Univers pouvait-il oser outrager ainsi le Vivant?
Il reprit son souffle, démonté à l'idée que la flaque d'os et de chair ait un jour -peut-être même la veille encore- été un être à part entière, avec sa personnalité, ses émotions, ses talents, son histoire et ses rêves. Tandis qu'ils se remettaient en marche, Michael tâcha silencieusement d'avoir une pensée plus solennelle pour accompagner tous les disparus anonymes du Labeur d'Automne dans leur dernier voyage pour l'inconnu.

Les deux hommes, blêmes, avancèrent encore une centaine de mètres. Ces grands entrepôts en longueur, formant une unique pièce gigantesque ponctuée d'escaliers à côté des compartiments de vie centraux de l'Alphator Class, pouvaient, à raison de deux cales de ce type par Alphator, une respectivement à la gauche et à la droite de l'axe médian de l'engin, contenir une véritable fortune en minéraux... ou autre chose.
-Voilà le cœur de la formation de câbles... je crois.

L'endroit n'était rien de plus qu'une portion comme une autre du couloir gargantuesque, mais c'était là qu'était vraisemblablement placé le centre de l'installation mystèrieuse. Les murs de la salle de chargement étaient léchés continuellement par des flammes oranges qui ronronnaient placidement aux côtés de flammes d'un vert lugubre et d'un jaune vulgaire. Tout cela avait l'air... obcène. Certaines parties de la coque étaient en bon état, arborant des sas, un sigle technique, C>3, peint à la peinture blanche en grand format, des canalisations, des caméras... mais cependant, le plus gros de l'ensemble était déformé et baroque, même infernal ; les murs avaient par endroits fondu et coulé sur eux-mêmes, des stalactites pendaient du plafond et formaient des bosses bombées au sol, là où le métal s'était écoulé comme de la glace en train de fondre. Ici se trouvait un podium circulaire de plusieurs mètres de haut, entouré de quatre élévateurs mécaniques. Forme autonome et non rattachée au vaisseau, il n'était ni disloqué ni décomposé, pas même partiellement, ce qui dans cet environnement cauchemardesque, était assez exceptionnel pour être souligné. Welch songea au bazar qui aurait possédé la cale en cet instant si l'alimentation de la roue interne n'avait pas tenue.
Non loin de lui, un véhicule de chargement abandonné était à moitié évaporé, des bras sans corps agripés au volant. Mais toutefois, c’était au sommet de cette plate-forme que tous les câbles semblaient se rejoindre. Etrangement, le coin puait d'une singulière odeur mêlant ozone, métal et brûlé.

Garibaldi et Welch utilisèrent l’un des quatre petits élévateurs, et après une courte ascension cahotante et grinçante, les acolytes se retrouvèrent aussi sec les pieds sur la plate-forme ronde, dont la texture grisâtre du métal était encore vieillie par la présence de graisse de moteur, de poussière et de fluide chimique desséché. En son centre, posé sur une sorte d’énorme générateur cubique, dans lequel tous les câbles épais trouvaient leur arrivée par une série d'orifices circulaires rythmant la surface du cube en lignes et en colonnes, se tenait encastré par sa base un haut artefact creux et circulaire, de plusieurs mètres de diamètre. Il s'agissait d'un vaste anneau dressé à la verticale, gris-argenté comme du basalte, caractérisé par un cercle extérieur portant neuf épais chevrons répartis sur toute sa circonférence. Un second anneau plus petit se trouvait solidement incrusté à l’intérieur du premier, et comportait sur toute sa surface trente-neuf symboles abstraits, gravés dans le métal... ou la pierre?
Sur l’anneau extérieur, il semblait que l'on eût pratiqué une petite "incision" à hauteur d’yeux, car un espace rectangulaire était effectivement creusé très proprement au milieu de la matière de couleur gris patiné, à l'aspect mi-roche mi-métal. Un bouton poussoir de la taille d'un pavé y était incrusté; si l'on pouvait appeler bouton poussoir une plaque fine et carrée, faite d'un cristal taillé et à la pâle luminescence bleutée... hormis, courant en travers de sa surface, quelques étranges rainures au tracé vaporeux comme des volutes de fumée de tabac, et dont la couleur oscillait entre le rose et le violet.
Un autre câble, plus modeste, était amarré à ce panneau intérieur par le biais d'une grosse pince qui enserrait le panneau cristallin, connectant ainsi l’artefact au générateur.

Du grand cercle gris de métal froid et taillé, émanait une force mystique intimidante que Garibaldi, le nez en l'air, ressentit tout le long de son dos; sans bien en déceler la raison toutefois. L'objet respirait d'ancienneté et de pouvoir, comme s'il était hanté ou même vivant... en tout cas quelque peu dédaigneux et arrogant, voire menaçant. Et quelle propreté, parfaite antithèse de tout ce qui l'entourait! En règle générale, toute l'esthétique de cet objet était sans aucun rapport à son environnement.

-Qu'est ce que c'est? ça vient de la Terre, Michael? Demanda Lou Welch.
Pour toute réponse, le chief, estomaqué, tenta machinalement de soulager une légère démangeaison sur son crâne dégarni, et ne gratta que la visière de son casque pressurisé, qui n'en demandait pas tant.

Un peu plus tard dans la journée, Jeffrey Sinclair, commander de Babylon 5, reçut par canal tachyonique instantané un enregistrement vidéo prioritaire et secret, qu'il fit lire dans ses quartiers. Debout face à l'écran mural qui occupait le coeur de son interface de communication, il écouta.

-Commander Jeffrey Sinclair bien identifié, articula longuement la voix féminine doucereuse et désintéressée de l'intelligence artificielle limitée et omniprésente. Lecture de l'enregistrement. Expéditeur: Luis Santiago, président de l'Alliance Terrienne.

Un plan fixe, resserré autour du visage fatigué d'un vieil homme légèrement enrobé et aux courts cheveux blancs, occupa soudainement l'écran. Sa peau légèrement colorée correspondait à la nationalité Mexicaine dont il était investi.
-Commander Sinclair, Jeffrey, commença-t-il d'une voix lasse. Vous avez certainement remarqué cette présence inhabituelle aux alentours de votre station, enchaîna-t-il en se retenant d'accompagner ses paroles de gestes des mains. Sachez que vous n’êtes pas en danger. Je vous demande de remorquer l’épave de l’Alphator Class de l’autre côté de la planète et de la laisser sous bonne garde. En aucun cas quiconque ne devra désormais pénétrer à bord. Par dessus tout, assurez vous qu’aucun alien supplémentaire n’ait vent de son existence. Une ingérence des Narns ou des Minbaris dans cette affaire pourrait en effet s’avérer des plus problématiques. D’ici peu, un homme arrivera sur la station. Pas que je n'ai pas confiance en notre Canal-Or, mais comme vous le reconnaitrez à coup sûr lorsqu’il sera là, inutile de vous préciser lequel en risquant ainsi inutilement de compromettre sa discrétion. Vous ne devrez rien lui refuser. Obéissez-lui comme si ses ordres venaient de moi, précisa le président en prenant grand soin de bien appuyer sur chacun des mots de sa consigne. Nous sommes peut-être au début d'une révolution sans précédent dans toute l'ère moderne de notre civilisation. A quel égard? Demanda-t-il en supposant l'interrogation de Sinclair. Et bien, à peu près à tous les égards... ni plus ni moins que tout cela, je le crains.
Il soupira.



Fin du premier chapitre


Dernière édition par Mat Vador le Mar 23 Nov 2010 - 0:08, édité 7 fois
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Rufus Shinra
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MessageSujet: Re: Kaliam Connection   Kaliam Connection EmptySam 14 Nov 2009 - 16:51

Hé hé, c'est pas mal.

Alors, les commentaires par-ci par-là : pas mal de descriptions bien amenées et qui permettent au néophyte de découvrir l'univers de B5, tout en positionnant de manière très précise le moment pour les connaisseurs. Les petits passages "Univers étendu" sont les bienvenus.

On sent toujours la maitrise de l'écriture, qui ne s'est pas perdue ces derniers mois, et toujours une bonne maîtrise du suspense qui nous fait impatiemment attendre la suite.

Anomalie spatiale à proximité de B5, puis apparition d'un vaisseau fantôme (et référence à la remarque sur les Frenchies.....mais quand même, OK, on a merdé au XXIIème siècle, mais est-ce une raison pour continuer à nous en foutre plein la figure ?!). A ce niveau-là, je trouve que le sentiment d'urgence n'est pas assez bien transcrit, vu les risques potentiels causés par cet évènement. Les personnages sont trop calmes, à mon humble avis.

Aussi, lors de l'exploration, je trouve qu'il est inutile de rajouter tout le passage sur l'expérience de Philadelphie : ceux et celles qui savent de quoi il s'agit y penseront tout seuls (en tout cas, c'était mon cas, bien avant d'arriver au passage sus-nommé), les autres ne comprendront absolument pas de quoi il peut bien s'agir à moins de faire une recherche internet là-dessus.
Une simple mention de cette expérience serait donc suffisante.

Mais le point sur lequel j'aurai beaucoup, mais alors beaucoup de mal à transiger, c'est bien celui des grades. La VF de Babylon 5 est criminelle sur cet aspect-là. Lieutenant-Commandeur n'a jamais existé et n'existe pas. Il s'agit d'une traduction littérale du terme anglo-saxon, qui serait aussi criminelle que de traduire Rear admiral par amiral arrière (ne rigolez pas, l'un des meilleurs jeux que je connais l'a fait), alors qu'il s'agit de vice-amiral.

Mais ce sont les seuls points sur lesquels je vais chipoter : très bon travail, donc, et je suis heureux de voir que Kaliam revient sur le devant de la scène !
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MessageSujet: Re: Kaliam Connection   Kaliam Connection EmptySam 14 Nov 2009 - 22:42

Zut, je voulais allez recopier discrètement mes comms sur les autres versions de ce sujet, mais après une longue prospection de reboot en reboot, j'ai finis par retrouver quelque chose datant d'avant mon visionnage de Babylon 5, et donc totalement obsolète. McKay
Au passage, j'ai relu la version initiale du chapitre I, et... le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il y a eut du changement ! lol!

Bref !... Commençons par le prologue. Comme je te l'ai déjà dis, cette nouvelle version amène l'histoire plus efficacement, posant plus en détail les bases de ce crossover, tout en introduisant un certain nombre de mystères. Quelle est exactement la nature de ce vaisseau qui s'est écrasé sur la lune, de ses occupants ? Spoiler futur-de-la-première-version-de-la-fanfic (vade retro Webkev, Joe Black, etc)
Spoiler:
Cette refonte semble ne pas concerner que la forme, toutes les conjonctures sont donc permises.

Nous apprenons également que Jack O'Neil a passé quelques temps en prison, ce qui ne me surprend pas : après tout, le colonel est coutumier des missions les plus limites. Quant à savoir si cette incarcération a à voir avec le programme Stargate, c'est une autre question...

J'aime beaucoup la manière dont tu as dosé ces documents. Il y en a juste assez pour faire ressortir l'atmosphère de secret des archives classifiées, et suffisamment peu pour qu'on apprécie celles qui nous sont offertes à leur juste valeur, qu'elles prennent toute leur importance.

Le mélange entre les personnages que nous connaissons bien, les références du style Shanks, les dates et la structure mémos dans le mémo m'a un peu perdu initialement, et j'ai du étudier tout cela dans le détail pour bien comprendre la façon dont il fallait le comprendre ; mais, au fond, cela ajoute peut-être bien à son charme.

Bref, bravo, c'est un très bon prologue.


Concernant le chapitre I, j'avoue être un peu gêné pour le commentaire, tant ces évènements me sont connus dans le détail désormais. ^^ Je mentionnerais tout de même l'excellente description apocalyptique du vaisseau torturé, les personnages bien rendus, très égaux à eux-même ; ta description de leurs relations est également bien pensée, fidèle à la série. Garibaldi en particulier est toujours aussi savoureux. ^^
Tes réflexions sur le régime Narn ne sont pas de trop ; elles nous donnent de la situation une vision plus claire que ce ne fut le cas dans la série, faisant ressortir de manière plus frappante
Spoiler:

Ceci mis à part, je dois cependant faire une critique : ces digressions sur la géopolitique de l'année 2258 étaient certes intéressantes, mais pour moi, il y en avait là une trop forte concentration au mètre carré. J'ai eu la sensation, dans la première partie de l'histoire - celle qui précède l'exploration de l'Alphator Class - que ces précisions prenaient plus d'importance que le récit.

Dans les remarques, je signalerais aussi une tendance à la répétition, ce qui, je te le concède, est compréhensible compte-tenu des circonvolutions que tu infliges à tes phrases. Une petite citation pour l'exemple :
Citation :
Il était question d'un très long vaisseau-cargo Humain en forme de pointe de flèche, long de six cent mètres; un appareil longiligne et pointu, plat, et à la lugubre texture mécanoïde d'un noir qui luisait sous les rayons sidéraux.

Voila, donc, une refonte efficace et profitable sur bien des points, même si les plongées dans la géopolitique galactique et les méandres socioculturels de l'Alliance Terrienne m'ont parfois semblé un peu trop abondants, étouffant un peu le récit.

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MessageSujet: Re: Kaliam Connection   Kaliam Connection EmptyDim 15 Nov 2009 - 17:23

Merci beaucoup à vous Heureux

Au passage, après m'être autorisé à baliser un spoiler ci-dessus qui ne l'était pas, concernant l'avenir des évènements de ma fiction, je vous demande de penser aux balises spoiler quand vous faites références à des éléments futurs lus dans la version précédente, parce que je crois avoir au moins deux lecteurs qui ont le bonheur de ne pas avoir lu cette version antérieure et ça serait chouette de leur préserver ça, particulièrement concernant mes rebondissements surprise clin d'oeil
De plus, mon plan a connu quelques ré-axages, donc il est potentiellement trompeur de chercher l'oracle absolu en la version obsolète.^^ En fait, je déconseille de voir cette fic uniquement comme la version longue remasterisée d'un truc préexistant, et d'avoir l'esprit qui fait constamment la navette entre les deux, en guettant l'arrivée d'éléments connus.^^ Le mieux est de tâcher de désapprendre ce que l'on a appris, et de se laisser porter par le texte lui-même, dans ce qu'on retrouve, dans ce qui change et dans ce qui est nouveau, sans pensées parasites.

Rufus Shinra a écrit:
Alors, les commentaires par-ci par-là : pas mal de descriptions bien amenées et qui permettent au néophyte de découvrir l'univers de B5, tout en positionnant de manière très précise le moment pour les connaisseurs. Les petits passages "Univers étendu" sont les bienvenus.

On sent toujours la maitrise de l'écriture, qui ne s'est pas perdue ces derniers mois, et toujours une bonne maîtrise du suspense qui nous fait impatiemment attendre la suite.

Mais ce sont les seuls points sur lesquels je vais chipoter : très bon travail, donc, et je suis heureux de voir que Kaliam revient sur le devant de la scène !
*s'incline* Ton serviteur est ravi^^

Rufus Shinra a écrit:
A ce niveau-là, je trouve que le sentiment d'urgence n'est pas assez bien transcrit, vu les risques potentiels causés par cet évènement. Les personnages sont trop calmes, à mon humble avis.
Ben, honnêtement, c'est pas que j'essaye de défendre mon papier coûte que coûte, mais j'ai du mal à le voir comme ça. Un truc étrange est apparu au large de la station et a disparu aussi sec, Ivanova est presque sûre que cela aurait pu être très dangereux si c'était venu assez près pour les toucher, et la manifestation est déjà achevée depuis 30 secondes quand Ivanova sonne Sinclair. Ce dernier arrivant encore au moins 5 minutes plus tard, j'ai du mal à imaginer qu'il trouve le C&C en panique. Ce sont quand même des militaires et des techniciens bossant parmi les mystères et les périls de l'espace depuis un certain temps. Quant au vaisseau fantôme, il dérive lentement, il ne leur fonce pas dessus, donc il n'y a aucun doute sur le fait qu'ils aient tout leur temps pour décider de l'abattre, de le remorquer...
ça me semble cohérent avec la manière dont ils encaissent la menace d'une Epsilon 3 sur le point d'exploser, dans le double Voice in the wilderness (qui se déroule peu avant les évènements de cette fic) .

Rufus Shinra a écrit:
Aussi, lors de l'exploration, je trouve qu'il est inutile de rajouter tout le passage sur l'expérience de Philadelphie : ceux et celles qui savent de quoi il s'agit y penseront tout seuls (en tout cas, c'était mon cas, bien avant d'arriver au passage sus-nommé), les autres ne comprendront absolument pas de quoi il peut bien s'agir à moins de faire une recherche internet là-dessus.
Une simple mention de cette expérience serait donc suffisante.
J'avoue que je ne sais pas trop quoi en penser...^^

Rufus Shinra a écrit:
Mais le point sur lequel j'aurai beaucoup, mais alors beaucoup de mal à transiger, c'est bien celui des grades. La VF de Babylon 5 est criminelle sur cet aspect-là. Lieutenant-Commandeur n'a jamais existé et n'existe pas. Il s'agit d'une traduction littérale du terme anglo-saxon, qui serait aussi criminelle que de traduire Rear admiral par amiral arrière (ne rigolez pas, l'un des meilleurs jeux que je connais l'a fait), alors qu'il s'agit de vice-amiral.
Le problème, c'est que mon ordi en carton ne prend plus la recherche (ça le fait planter) , et je me vois mal scruter 35 pages de document (oui oui, c'est bien ce que me dit OpenOffice) ligne par ligne, juste pour débusquer 2 lieutenant-commandeur aarf

Skay-39 a écrit:
Zut, je voulais allez recopier discrètement mes comms sur les autres versions de ce sujet, mais après une longue prospection de reboot en reboot, j'ai finis par retrouver quelque chose datant d'avant mon visionnage de Babylon 5, et donc totalement obsolète.
Au passage, j'ai relu la version initiale du chapitre I, et... le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il y a eut du changement !
^^ Effectivement, il y a quand même un bon 50% de nouveauté sur le fond ou sur la forme, je pense. Rassure-moi, la lecture de ce re-re-chapitre 1 ne t'es pas apparue comme une redite absolue, si?
Si oui, j'ai loupé mon effet, car ma volonté ne portait pas que sur le style, la clarté, la cohérence... je voulais aussi que les anciens lecteurs puissent reprendre du début en ayant l'impression de découvrir aux entournures une fanfic neuve, sans avoir l'impression d'avoir perdu 6 mois par ma faute. Mais ce que je lis par la suite :
Skay-39 a écrit:
Concernant le chapitre I, j'avoue être un peu gêné pour le commentaire, tant ces évènements me sont connus dans le détail désormais. ^^
est un assez mauvais présage^^

Skay-39 a écrit:
Bref !... Commençons par le prologue. Comme je te l'ai déjà dis, cette nouvelle version amène l'histoire plus efficacement, posant plus en détail les bases de ce crossover, tout en introduisant un certain nombre de mystères.
Merci Heureux Et puis, comme je l'expliquais sur le topic des projets, il me fallait remplacer l'idée du rapport bidonné, que j'avais inconsciemment repris à SG-1 et qui en fait ne correspondait pas du tout à la scène du retour à la fin du film.

Skay-39 a écrit:
J'aime beaucoup la manière dont tu as dosé ces documents. Il y en a juste assez pour faire ressortir l'atmosphère de secret des archives classifiés, et suffisamment peu pour qu'on apprécie celles qui nous sont offertes à leur juste valeur, qu'elles prennent toute leur importance.

Le mélange entre les personnages que nous connaissons bien, les références du style Shanks, les dates et la structure mémos dans le mémo m'a un peu perdu initialement, et j'ai du étudier tout cela dans le détail pour bien comprendre la façon dont il fallait le comprendre ; mais, au fond, cela ajoute peut-être bien à son charme.
Tout ceci est exact, le prologue est conçu pour obliger les yeux à se balader, après lecture, de haut en bas, de bas en haut puis de haut en bas à nouveau, et de faire tourner un peu nos engrenages têtaux mrgreen comme pour de vrais documents non romancés (de par le fait) , afin de recouper et d'associer correctement les données. Cet avant-propos est pensé pour devoir être étudié un petit peu plus longuement qu'en moyenne, au niveau des dates notamment, au risque d'associer entre eux deux mauvais éléments. clin d'oeil Quand tu parles de la navette spatiale écrasée sur la Lune et de ses occupants, par exemple : la seule navette que j'évoque dans le prologue, son crash lunaire a lieu le 24 juillet 2030 selon le rapport administratif tronqué, tandis que la première référence à un quelconque événement sur la Lune est contemporaine à la première note de O'Neil, soit février 1996 : appelons ça un piège niark
Et puis
Spoiler:
, bon, ben il n'était guère né, hein, alors à moins d'envisager deux siècles de précocité, je devine mal le fil de ta théorie^^
D'un certain côté, cette référence que je ne comprend pas bien au dit personnage, dans un contexte "deux cent ans avant", me semble illustrer assez bien mon conseil ci-dessus : je n'ai pas pensé ce reboot comme une espèce de goodie qui se contenterait de vivoter sur le dos de son ainé, et d'être observé comme une simple "expérience". C'est "le vrai Kaliam", quoi. clin d'oeil Sa cohérence naît de l'enchaînement de ses propres chapitres, pas de ce qui venait (et peut-être ne reviendra pas) quelques chapitres plus loin dans la version initiale.

Sinon, tout le monde me parle du problème Shanks comme si ça avait un effet compliquant, mais je ne parviens pas à voir en quoi. Primo "Shanks" n'est rien dans le contexte des séries SG, les versions "acteur" des personnages n'y ont aucune existence et ce n'est pas parce que parfois, on alterne les noms de l'interprète et du personnage interprété dans un commentaire d'épisode, que cela peut se produire dans une fanfic sérieuse. Secundo, les séries SG n'entrent pas en compte dans la continuité de Kaliam, ce qui accentue encore davantage l'éloignement entre la personne de Michael Shanks et l'univers de B5/film SG/Kaliam. Tertio, j'en ai fais un biologiste dont le prénom est Joshua, et qui travaillait sur Terre en 1996. Donc, en définitive, je voulais juste faire un petit clin d'oeil et trouver un nom de famille anglophone crédible, je ne comprend pas très bien comment quelque chose comme le Dr Shanks peut "perdre" un lecteur...?

Je suis flatté que tu aies apprécié mon traitement des personnages et la référence au Régime Narn. Côté "éléments B5", c'est mieux, maintenant? Je me suis fait plaisir là-dessus, notamment au niveau de l'affiche de propagande dans le style world wars, guerre froide et autres luttes militaires/idéologiques/socio-politiques du vingtième siècle.

Skay-39 a écrit:
Ceci mis à part, je dois cependant faire une critique : ces digressions sur la géopolitique de l'année 2258 étaient certes intéressantes, mais pour moi, il y en avait là une trop forte concentration au mètre carré. J'ai eu la sensation, dans la première partie de l'histoire - celle qui précède l'exploration de l'Alphator Class - que ces précisions prenaient plus d'importance que le récit.
Je suis d'accord avec toi. Je ne veux pas renoncer à ces informations, mais je ne sais jamais comment les introduire, c'est ma hantise (parce que les conversations entre personnages ne peuvent pas toujours être à la fois opportunes, crédibles en tant que conversations orales informelles, et en même temps donner tous les détails que je veux) . Je me console en me disant que ça peut être un style (Rufus semble apprécier^^) et que je n'ai pas encore dû trouver ma "voie".^^ De plus, le début du récit en souffre davantage, mécaniquement, puisque c'est généralement là qu'on tient à planter le plus gros du décor, et ça ira naturellement en se fluidifiant avec l'accumulation des chapitres. Action et digressions se mêleront mieux... j'espère (j'essaye déjà de les mêler autant que possible au fil-même de la pensée de mes personnages en présence) .

Je me demande aussi si ici comme pour Héliopolis anciennement, je ne souffre pas de ma propension à vouloir doubler de volume par le seul biais de mes idées et apports, un univers préexistant, sur le plan de la géopolitique et de ce genre de choses. Résultat, c'est sûr qu'il faut bien les présenter, ces extensions.
Dis moi si je me trompe, mais j'ai l'impression que de ton côté, sur Apogée et Walls, tu as toujours préféré respecter grosso modo l'orthodoxie formelle de tes univers-hotes (ce n'est pas une critique) . Evidemment, ça dispense de devoir se démerder pour présenter tous les facteurs inédits de notre cru. Du reste, je suis tellement plus fasciné par les univers de SF que par quelques uns des individus qui les peuplent, que c'est plus fort que moi...

Tu dis également vrai pour les répétitions...!

Quoi qu'il en soit, je vous remercie tous les deux d'avoir pris le temps de commenter ce chapitre, et je vous remercie doublement pour les passages gentils. very happy


Dernière édition par Mat Vador le Lun 3 Mai 2010 - 13:08, édité 5 fois
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MessageSujet: Re: Kaliam Connection   Kaliam Connection EmptyLun 16 Nov 2009 - 8:16

Si je ne puis juger la qualité de la refonte par rapport à la version précédente, je peux néanmoins établir que cette fiction est splendide.

Tu donnes énormément d'informations sur l'univers B5, ce qui permet de plonger (ou de replonger) très facilement dans cet univers. Tu développe de façon très poussée la géopolitique galactique de la franchise en cette année 2258 et rappelle certains événements qui se sont déroulés (l'empoisonnement de Kosh, ...) qui permet au fan de B5 de se sentir à l'aise Razz

Tu parles aussi des multiplanétaire (très bizarre d'écrire ce terme, qui convient cependant très bien ^^). Je trouve même que tu en parles davantage que JMS

Ensuite, l'histoire progresse. Après un prologue à prépondérance SG, tu nous sors un chapitre presqu'exclusif à Babylon 5. On y retrouve les personnages principaux tels quels. Leur caractère est très bien rendu (j'ai apprécié par exemple le comportement d'Ivanova avec Sinclair, la remarque sur les Français mrgreen ) mais surtout, le background que tu donnes à Sinclair et Garibaldi (cela se remarque moins pour Ivanova) est incoryable. Tu poses les personnages principaux pour que n'importe qui, du fan inconditionnel au néophyte complet en passant par l'amateur, puisse soit retrouver soit comprendre et visualiser à qui on a à faire. Bravo, c'est génial.

Quant aux événements de ce premier chapitre, je suis très circonspect. Est-ce que la porte des étoiles est responsable du cataclysme? Est-ce la porte terrienne qui a été découverte à Gizeh dont il s'agit, ou bien est-ce celle d'Abydos qui a été retrouvée par La Compagnie? Et quid des câbles? Aurais-tu par hasard repensé à l'idée que les terriens pensaient au début que c'était une arme.

Enfin voilà, le lien entre Babylon 5 et Stargate est établi, mais diable que s'est-il passé sur ce vaisseau?!


Mat Vador a écrit:
parce que je crois avoir au moins deux lecteurs qui ont le bonheur de ne pas avoir lu cette version antérieure et ça serait chouette de leur préserver ça, particulièrement concernant mes rebondissements surprise
Je confirme ^^

Bonne continuation Mat. J'attends impatiemment la suite qui sera au moins tout aussi excellente ^^
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MessageSujet: Re: Kaliam Connection   Kaliam Connection EmptyLun 16 Nov 2009 - 23:50

Mat Vador a écrit:
Un truc étrange est apparu au large de la station et a disparu aussi sec, Ivanova est presque sûre que cela aurait pu être très dangereux si c'était venu assez près pour les toucher, et la manifestation est déjà achevée depuis 30 secondes quand Ivanova sonne Sinclair. Ce dernier arrivant encore au moins 5 minutes plus tard, j'ai du mal à imaginer qu'il trouve le C&C en panique. Ce sont quand même des militaires et des techniciens bossant parmi les mystères et les périls de l'espace depuis un certain temps. Quant au vaisseau fantôme, il dérive lentement, il ne leur fonce pas dessus, donc il n'y a aucun doute sur le fait qu'ils aient tout leur temps pour décider de l'abattre, de le remorquer...
ça me semble cohérent avec la manière dont ils encaissent la menace d'une Epsilon 3 sur le point d'exploser, dans le double Voice in the wilderness (qui se déroule peu avant les évènements de cette fic) .
Je suis d'accord.

Mat Vador a écrit:
Rufus Shinra a écrit:
Aussi, lors de l'exploration, je trouve qu'il est inutile de rajouter tout le passage sur l'expérience de Philadelphie [...]
J'avoue que je ne sais pas trop quoi en penser...^^
Franchement, pour trois lignes, je ne crois pas que ça soit gênant. Pour moi, c'est même bienvenue, ça fait économiser trente secondes sur Google. ^^ =P

Mat Vador a écrit:
Le problème, c'est que mon ordi en carton ne prend plus la recherche (ça le fait planter) , et je me vois mal scruter 35 pages de document (oui oui, c'est bien ce que me dit OpenOffice) ligne par ligne, juste pour débusquer 2 lieutenant-commandeur aarf
Citation :
-Commandant Sinclair, marmonna le lieutenant-commandeur Ivanova après un bip depuis le triangle gris et plat qui, collé au poignet de Jeff, servait de radio à ce dernier. Nous captons quelque chose ici. Venez voir à la passerelle.
Citation :
Une technicienne qui s'activait dos au lieutenant-commandeur, non loin d'elle, ralentit son mouvement de main sur l'écran mural et tourna presque imperceptiblement la tête vers l'arrière, troublée par les dires de sa chef.
Citation :
-Aucune arme d'aucun monde dont j'ai entendu parler, monsieur, répondit celle-ci, qui avait pour sa part l'air prête à dégainer son pistolet PPG contre on ne savait trop quelle cible.
Sinclair se retourna plus franchement vers son lieutenant-commandeur.
Trois, en fait. ^^

Skay-39 a écrit:
Rassure-moi, la lecture de ce re-re-chapitre 1 ne t'es pas apparue comme une redite absolue, si?
Si oui, j'ai loupé mon effet, car ma volonté ne portait pas que sur le style, la clarté, la cohérence... je voulais aussi que les anciens lecteurs puissent reprendre du début en ayant l'impression de découvrir aux entournures une fanfic neuve, sans avoir l'impression d'avoir perdu 6 mois par ma faute.
Ah bien, je ne peux pas dire ça, non. Si tu regardes ta première version du chapitre, tous les éléments formels de l'action sont là, tu ne peux pas y faire grand chose. ^^ Mais pour autant, je ne me suis pas ennuyé du tout, tous tes ajouts sont intéressants.

Mat Vador a écrit:
Quand tu parles de la navette spatiale écrasée sur la Lune et de ses occupants, par exemple : la seule navette que j'évoque dans le prologue, son crash lunaire a lieu le 24 juillet 2030 selon le rapport administratif tronqué, tandis que la première référence à un quelconque événement sur la Lune est contemporaine à la première note de O'Neil, soit février 1996 : appelons ça un piège niark
Je l'avais localisé, puis oublié au moment du commentaire. ^^

Mat Vador a écrit:
Et puis
Spoiler:
, bon, ben il n'était guère né, hein, alors à moins d'envisager deux siècles de précocité, je devine mal le fil de ta théorie^^
Je l'associais au couple qu'il forme avec les autres protagonistes mentionnés, pour la suite de l'histoire.

Mat Vador a écrit:
Donc, en définitive, je voulais juste faire un petit clin d'oeil et trouver un nom de famille anglophone crédible, je ne comprend pas très bien comment quelque chose comme le Dr Shanks peut "perdre" un lecteur...?
Tu dis "Docteur Shanks" dans un contexte SG, moi je vois Daniel, c'est mar. ^^

Mat Vador a écrit:
Je suis flatté que tu aies apprécié mon traitement des personnages et la référence au Régime Narn. Côté "éléments B5", c'est mieux, maintenant? Je me suis fait plaisir là-dessus, notamment au niveau de l'affiche de propagande dans le style world wars, guerre froide et autres luttes militaires/idéologiques/socio-politiques du vingtième siècle.
Pour le coup, oui, plus rien à déplorer de ce côté là. ^^ Pour plus de précisions, voir ce qui suit :

Mat Vador a écrit:
Skay-39 a écrit:
Ceci mis à part, je dois cependant faire une critique : ces digressions sur la géopolitique de l'année 2258 étaient certes intéressantes, mais pour moi, il y en avait là une trop forte concentration au mètre carré. J'ai eu la sensation, dans la première partie de l'histoire - celle qui précède l'exploration de l'Alphator Class - que ces précisions prenaient plus d'importance que le récit.
Je suis d'accord avec toi. Je ne veux pas renoncer à ces informations, mais je ne sais jamais comment les introduire, c'est ma hantise (parce que les conversations entre personnages ne peuvent pas toujours être à la fois opportunes, crédibles en tant que conversations orales informelles, et en même temps donner tous les détails que je veux) . Je me console en me disant que ça peut être un style (Rufus semble apprécier^^) et que je n'ai pas encore dû trouver ma "voie".^^
Je crois que ce qui pourrait largement faire la différence, ce serait de tout présenter du point de vue de Sinclair. Tu l'as déjà fait en partie, accentuer cet aspect pourrait ancrer davantage ces informations dans le récit, à travers le personnage.

Mat Vador a écrit:
(j'essaye déjà de les mêler autant que possible au fil-même de la pensée de mes personnages en présence) .
C'est bien de cela que je parle.

Mat Vador a écrit:
Dis moi si je me trompe, mais j'ai l'impression que de ton côté, sur Apogée et Walls, tu as toujours préféré respecter grosso modo l'orthodoxie formelle de tes univers-hotes (ce n'est pas une critique) .
Plus exactement, je les enrichie de précisions ou de "principes" inédits, mais je veille toujours à ne pas dénaturer l'univers initial, en respectant scrupuleusement son esprit. C'est notamment la raison pour laquelle je reste sobre dans Stargate sur l'aspect du gore et du sexe, parce que cela ne correspond pas à l'atmosphère de la série. Je ne m'en priverai pas sur Walls, en revanche.
C'est notamment pour cette raison que j'avais grogné lorsque, dans Héliopolis, tu avais mélangé les galaxies Star Wars et Stargate.
Cependant, comme tu as pu le constater avec mon Olympe Farscapien, je n'hésite pas à ajouter des éléments de mon cru dans mes univers. Ce sera particulièrement flagrant dans la suite de cette fic.

Citation :
Evidemment, ça dispense de devoir se démerder pour présenter tous les facteurs inédits de notre cru.
Et bien, du coup non, simplement je procède un peu différemment. Pour mon olympe, par exemple, je lui ai consacré un chapitre entier ; d'autres éléments inédits seront présentés sous la forme d'axe secondaire. Ainsi, ils demeureront centraux, et non pas périphériques.

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MessageSujet: Re: Kaliam Connection   Kaliam Connection EmptyDim 29 Nov 2009 - 22:20

Faute de lunettes de vue suite à ma mésaventure, le rythme de croisière de la rédaction en a pris un coup, mais je fais ce que je peux. J'ai notamment pris une petite heure pour relire le prologue + chapitre 1 en y ajustant quelques détails sur la base de vos conseils à tous.

Déjà, merci beaucoup pour tout, Webkev^^

Citation :
Je trouve même que tu en parles davantage que JMS
Je dois bien admettre que ce n'est pas difficile... hormis l'épisode de la grève et sa suite déguisée dans la saison 1, un ou deux épisodes de l'arc Garibaldi dans la saison 4, et l'un des épisodes composant l'épilogue de la série dans la saison 5, le sujet n'a rien d'un Corps Psy sur l'échelle de la série.

Pour l'anecdote, il faut savoir que ma Pirite est librement inspirée, tant dans le fond que dans la forme, du trust du même nom dans le film Moon 44, petite réalisation de Emmerich là-encore, dont j'aime le background et l'aspect de l'univers présenté. J'ai pensé que cette fanfiction partiellement basée sur le probable meilleur film (et intrinsèquement très sympathique film) d'un réalisateur habituellement très pop-corn, était le meilleur endroit pour rendre hommage à quelques unes des autres bonnes idées que Emmerich aura eu dans sa carrière longuement décriée.
Quant à la Weyland-Yutani, je fais la précision parce qu'il me semble me souvenir que tu avais dis ne jamais aller dans la section Alien (il devrait y avoir une loi contre ceux qui ne vont jamais dans la section Alien) , c'est le très puissant trust sidéral qui devient la nemesis de Ripley dans l'époustouflante saga de science-fiction spatiale et horrifique, qu'est la Quadrilogy (en passe de s'agrandir) Alien.
Pour le fun, je précise à l'attention des plus geeks de mes lecteurs que dans la continuité Kaliam/B5, je situe Alien 1 environ dans les années 2170, pas si longtemps après l'obtention de l'hyperespace par l'Alliance Terrienne selon la série (vers 2156-2160) , et "57 ans plus tard" oblige, je situe le diptyque Aliens-Alien 3 environ dans les années de la guerre Dilgar, c'est-à-dire vers 2230 (soit une trentaine d'années avant la saison 1 de B5, située en 2258) . Ce qui porte Alien IV aux années 2430 environ dans B5, ce qui n'a plus d'importance à notre échelle étant donné l'éloignement temporel avec les années 2260 que marquent l'ère du projet Babylon.

Citation :
le background que tu donnes à Sinclair et Garibaldi (cela se remarque moins pour Ivanova) est incoryable.
C'est vrai et cela s'équilibre un peu, je pense, avec le fait (je ne pense pas que ce soit un spoiler) que j'ai l'impression de donner beaucoup d'importance au point de vue d'Ivanova, par la suite. Wink

Citation :
Aurais-tu par hasard repensé à l'idée que les terriens pensaient au début que c'était une arme.
Peu probable que cela intervienne ici, puisque les évènements du film de Emmerich mettent quand même à mal cette idée de manière explicite.^^

Citation :
Enfin voilà, le lien entre Babylon 5 et Stargate est établi, mais diable que s'est-il passé sur ce vaisseau?!
Et bien en fait, c'est qu... mouah ah ah, fourbe CSB! Tu as failli m'avoir... aarf

Citation :
J'attends impatiemment la suite qui sera au moins tout aussi excellente ^^
Ha ben voilà, j'ai la pression maintenant :-D

Citation :
Citation :
Un truc étrange est apparu au large de la station et a disparu aussi sec, Ivanova est presque sûre que cela aurait pu être très dangereux si c'était venu assez près pour les toucher, et la manifestation est déjà achevée depuis 30 secondes quand Ivanova sonne Sinclair. Ce dernier arrivant encore au moins 5 minutes plus tard, j'ai du mal à imaginer qu'il trouve le C&C en panique. Ce sont quand même des militaires et des techniciens bossant parmi les mystères et les périls de l'espace depuis un certain temps. Quant au vaisseau fantôme, il dérive lentement, il ne leur fonce pas dessus, donc il n'y a aucun doute sur le fait qu'ils aient tout leur temps pour décider de l'abattre, de le remorquer...
ça me semble cohérent avec la manière dont ils encaissent la menace d'une Epsilon 3 sur le point d'exploser, dans le double Voice in the wilderness (qui se déroule peu avant les évènements de cette fic) .
Je suis d'accord .
Aucune limite à mon pouvoooi... oui, bon, ok, je sais que je la fais de plus en plus souvent.

Citation :
Franchement, pour trois lignes, je ne crois pas que ça soit gênant. Pour moi, c'est même bienvenue, ça fait économiser trente secondes sur Google. ^^ =P
Yep, je m'y suis tenu, en définitive.

Citation :
Trois, en fait. ^^
Merci pour le coup de main!
Ha, puisqu'on parle de ça : cela fait partie des changements que je voulais aborder. Rufus, j'ai bien pris connaissance de tes MP concernant le système des grades francophones. clin d'oeil J'ai décidé de ne pas l'utiliser car je le trouve assez imbuvable (moi quand j'entend des machins du genre brigadier-capitaine de corvette, j'entend l'accordéon de la série policière PJ) et pour la subtilité que tu me signalais dans ton errata, j'ai vérifié dans la VO de la série, Ivanova et Garibaldi qualifient Sinclair de commander, pas de captain, même en tant que gestionnaire de la station. Afin de ne pas paumer le lecteur avec des considérations peu urgentes, j'ai préféré rester sur la ligne donnée par la série, d'autant que faire le contraire créerait une invraisemblance. En revanche, j'utiliserai désormais uniquement les grades VO, et non VF, comme on le constate déjà dans mon édit du chapitre 1.

Citation :
Ah bien, je ne peux pas dire ça, non. Si tu regardes ta première version du chapitre, tous les éléments formels de l'action sont là, tu ne peux pas y faire grand chose. ^^ Mais pour autant, je ne me suis pas ennuyé du tout, tous tes ajouts sont intéressants.
Me voilà rassuré^^ Tu verra vite, à la lecture du chapitre 2, que les éléments de l'action ne seront déjà plus parfaitement les mêmes. Plus que d'ajouts mythologies de fond, les différences vont commencer à influer sur la version jusqu'à la faire très tôt bifurquer du tracé initial de son modèle. Bon, ceci étant dit, il restera pas mal de copié-collé redessiné, logé dans des contextes plus ou moins nouveaux.

Citation :
Tu dis "Docteur Shanks" dans un contexte SG, moi je vois Daniel, c'est mar. ^^
Dans ce cas j'en sèmerai d'autres, vois-y une dédicace^^

Citation :
Je crois que ce qui pourrait largement faire la différence, ce serait de tout présenter du point de vue de Sinclair. Tu l'as déjà fait en partie, accentuer cet aspect pourrait ancrer davantage ces informations dans le récit, à travers le personnage.
Sauf que si je le fais trop, ce n'est plus crédible de voir Sinclair qui semble se remémorer des bouquins entiers alors qu'il est sensé s'inscrire dans l'action. clin d'oeil

Dans mon édit, j'ai essayé d'incorporer un minimum la digression sur les trusts spatiaux, à la pensée de Garibaldi.

Citation :
Cependant, comme tu as pu le constater avec mon Olympe Farscapien, je n'hésite pas à ajouter des éléments de mon cru dans mes univers. Ce sera particulièrement flagrant dans la suite de cette fic.
Le sens que je voulais employer, c'est que tu es peu susceptible de donner naissance à un peuple entier, qui soit concurrent de niveau comparable aux Peacekeepers, Scarrans et Nébaris, action dont je suis en revanche bien plus soupçonnable.^^ Pas parce que tu ne saurais pas le faire, mais parce que ça désaxe un peu l'orthodoxie d'une série.

Pour finir sur la question de mon édit, j'ai donc, outre le passage aux grades VO et davantage de liens entre Garibaldi et la pensée sur les multiplanétaires, dénoué quelques noeuds dans la rédaction, viré quelques coquilles (dont la répétition que m'a pointé Skay) , remis en place un paragraphe de la séquence consacrée aux Narns, qui était mal placé (sans incidence sur la compréhension) , et, question de vraisemblance, j'ai aussi ajouté ici et là quelques répliques faisant référence au trafic de vaisseaux habituel au cours de la manifestation spatiale (mon texte donnait l'impression que B5 était seule dans son coin, ce qui n'arrive que très rarement) , dont voici les deux pièces les plus importantes :

Citation :
[...] Une technicienne qui s'activait dos au lieutenant commander, non loin d'elle, ralentit son mouvement de main sur l'écran mural et tourna presque imperceptiblement la tête vers l'arrière, troublée par les dires de sa chef.
-Quelque chose à signaler du côté du trafic? Voulu savoir le commander, inquiet.
-Par miracle, non. La... chose n'était pas à proximité de l'axe jumpgate-station. Aucun vaisseau présent dans le coin ni aucun de nos modules semi-automatiques n'a été touché. En revanche, beaucoup de pilotes d'horizons divers ont perçu le phénomène via leurs ordinateurs de bord, certains l'ont même vu de leurs yeux... ou de ce qui leur sert d'yeux. Nous avons été contraints de paralyser le flux de vaisseaux le temps d'éclaircir la situation, et tous ces pilotes nous noient sous un tsunami de questions et de plaintes via radio. Il a fallu désactiver le canal pour pouvoir travailler dans le calme.

-Faut-il activer la grille défensive de la station? Demanda Sinclair sans y croire, [...]

Citation :
[...] -ça explique l'état du navire, commenta Ivanova d'un air et d'un ton entièrement sérieux. Pardon, monsieur, acheva l'officier deux ou trois secondes plus tard, sans avoir guetté une quelconque réaction.
-Pilote, ordonna finalement Jeffrey après quelques instants demeuré pensif, nous vous envoyons des appuis pour remorquer l’épave sur une orbite éloignée... autour d'Epsilon 3. Nous sommes en train de définir des coordonnées. Feu à volonté et sans préavis si quelque chose venu du vaisseau semble menacer votre sécurité, précisa Sinclair en insistant bien vocalement sur cette dernière consigne. Ou fuyez, si ça semble plus approprié. Toujours aucun signe de réminiscence du phénomène, Susan? Parfait. Contrôle, poursuivit-il, informez Garibaldi. Un commando pressurisé se rendra à bord de l'épave supposée s'il n'y a pas d'autre échauffement pendant un certain temps. Corwin? Nous allons commencer à réorganiser le trafic, ou bien quand tous ces pilotes accosteront, ils démonteront cette station paroi par paroi.


Dernière édition par Mat Vador le Lun 3 Mai 2010 - 13:16, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Kaliam Connection   Kaliam Connection EmptyLun 30 Nov 2009 - 22:42

Je me suis permis de rajouter un petit sondage, histoire de me faire une idée... clin d'oeil
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MessageSujet: Re: Kaliam Connection   Kaliam Connection EmptyMar 1 Déc 2009 - 14:53

Mat Vador a écrit:
Pour l'anecdote, il faut savoir que ma Pirite est librement inspirée, tant dans le fond que dans la forme, du trust du même nom dans le film Moon 44, petite réalisation de Emmerich là-encore, dont j'aime le background et l'aspect de l'univers présenté. J'ai pensé que cette fanfiction partiellement basée sur le probable meilleur film (et intrinsèquement très sympathique film) d'un réalisateur habituellement très pop-corn, était le meilleur endroit pour rendre hommage à quelques unes des autres bonnes idées que Emmerich aura eu dans sa carrière longuement décriée.
ça a du sens. ^^

Mat Vador a écrit:
Pour le fun, je précise à l'attention des plus geeks de mes lecteurs que dans la continuité Kaliam/B5, je situe Alien 1 environ dans les années 2170, pas si longtemps après l'obtention de l'hyperespace par l'Alliance Terrienne selon la série (vers 2156-2160) , et "57 ans plus tard" oblige, je situe le diptyque Aliens-Alien 3 environ dans les années de la guerre Dilgar, c'est-à-dire vers 2230 (soit une trentaine d'années avant la saison 1 de B5, située en 2258) . Ce qui porte Alien IV aux années 2430 environ dans B5, ce qui n'a plus d'importance à notre échelle étant donné l'éloignement temporel avec les années 2260 que marquent l'ère du projet Babylon.
Les Space Jockeys font-ils partis des First Ones ? ^^

Mat Vador a écrit:
Aucune limite à mon pouvoooi... oui, bon, ok, je sais que je la fais de plus en plus souvent.
ça te passera, comme moi et le bouton ban. mrgreen

Mat Vador a écrit:
Rufus, j'ai bien pris connaissance de tes MP concernant le système des grades francophones. clin d'oeil J'ai décidé de ne pas l'utiliser car je le trouve assez imbuvable (moi quand j'entend des machins du genre brigadier-capitaine de corvette, j'entend l'accordéon de la série policière PJ
xD :tealc:
Sans compter que les grades français ne sont pas toujours le reflet de leurs équivalents américains. Parfois, il n'y a tout simplement aucune correspondance...

Mat Vador a écrit:
En revanche, j'utiliserai désormais uniquement les grades VO, et non VF, comme on le constate déjà dans mon édit du chapitre 1.
Voila une décision que j'approuve. Vive la VO ! cheers

Mat Vador a écrit:
Tu verra vite, à la lecture du chapitre 2, que les éléments de l'action ne seront déjà plus parfaitement les mêmes. Plus que d'ajouts mythologies de fond, les différences vont commencer à influer sur la version jusqu'à la faire très tôt bifurquer du tracé initial de son modèle. Bon, ceci étant dit, il restera pas mal de copié-collé redessiné, logé dans des contextes plus ou moins nouveaux.
Curieux de (re)découvrir tout cela, donc. Wink

Mat Vador a écrit:
Citation :
Je crois que ce qui pourrait largement faire la différence, ce serait de tout présenter du point de vue de Sinclair. Tu l'as déjà fait en partie, accentuer cet aspect pourrait ancrer davantage ces informations dans le récit, à travers le personnage.
Sauf que si je le fais trop, ce n'est plus crédible de voir Sinclair qui semble se remémorer des bouquins entiers alors qu'il est sensé s'inscrire dans l'action. clin d'oeil
D'où la nécessité sans doute de reformuler ces passages, enfin, si tu souhaites qu'ils passent mieux. Je m'étais fait prendre au même piège dans Stargate Chronicles : mon passage sur Egéria était prétexte à de longues digressions sur la symbiose. J'ai par la suite réalisé que cela n'avait rien à faire dans un roman, et qu'il valait mieux reprendre ce passage. Cela fait parti de mes projets de retouche.

Mat Vador a écrit:
Dans mon édit, j'ai essayé d'incorporer un minimum la digression sur les trusts spatiaux, à la pensée de Garibaldi.
Y'a du mieux, mais j'ai quand même survolé ce passage. Embarassed Je n'en suis pas fier, mais cela cassait beaucoup trop l'action, alors que ce moment est plutôt intense. Tu me connais, je ne suis pas réfractaire aux considérations politiques ; mais étalées ainsi, sans "contexte" dynamisant, j'avoue que cela à plutôt tendance à me lasser. J'ai préféré y revenir après la fin de ma lecture.

Mat Vador a écrit:
Citation :
Cependant, comme tu as pu le constater avec mon Olympe Farscapien, je n'hésite pas à ajouter des éléments de mon cru dans mes univers. Ce sera particulièrement flagrant dans la suite de cette fic.
Le sens que je voulais employer, c'est que tu es peu susceptible de donner naissance à un peuple entier, qui soit concurrent de niveau comparable aux Peacekeepers, Scarrans et Nébaris, action dont je suis en revanche bien plus soupçonnable.^^ Pas parce que tu ne saurais pas le faire, mais parce que ça désaxe un peu l'orthodoxie d'une série.
Niark, niark. Twisted Evil Qui sait ?...

Voici mes tables de la loi lorsque je me lance dans une fanfic :
1/ Tu ne perturberas point la continuité de la série.
2/ Tu ne dénatureras point la série, en modifiant les informations que celle-ci délivre (sauf dans le cas ou ces informations sont un foutage de gueule complet, style Stargate)
3/ Des aliens sexy tu introduiras.

Ainsi, je pourrais introduire un peuple du niveau militaire des Scarrans et des Pacificateurs... à partir du moment ou il est crédible que l'on en ait jamais entendu parlé auparavant et que l'on en entende plus parler par la suite.

Mat Vador a écrit:
j'ai aussi ajouté ici et là quelques répliques faisant référence au trafic de vaisseaux habituel au cours de la manifestation spatiale (mon texte donnait l'impression que B5 était seule dans son coin, ce qui n'arrive que très rarement)
Initiative judicieuse, en effet.

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MessageSujet: Re: Kaliam Connection   Kaliam Connection EmptyMar 1 Déc 2009 - 15:10

Citation :
Les Space Jockeys font-ils partis des First Ones ? ^^
Par définition oui, mais je n'établis pas de liens avec ceux vus dans la série^^ Et je vais "spoiler", leur intervention dans Kaliam n'est pas prévue. clin d'oeil

Citation :
D'où la nécessité sans doute de reformuler ces passages, enfin, si tu souhaites qu'ils passent mieux. Je m'étais fait prendre au même piège dans Stargate Chronicles : mon passage sur Egéria était prétexte à de longues digressions sur la symbiose. J'ai par la suite réalisé que cela n'avait rien à faire dans un roman, et qu'il valait mieux reprendre ce passage. Cela fait parti de mes projets de retouche.
[...]
Y'a du mieux, mais j'ai quand même survolé ce passage. Je n'en suis pas fier, mais cela cassait beaucoup trop l'action, alors que ce moment est plutôt intense. Tu me connais, je ne suis pas réfractaire aux considérations politiques ; mais étalées ainsi, sans "contexte" dynamisant, j'avoue que cela à plutôt tendance à me lasser. J'ai préféré y revenir après la fin de ma lecture.
Je pense que je vais couper ce passage ce soir, et je m'arrangerai pour le distiller tout au long du chapitre 2, dont la structure dépourvue d'action s'y prête davantage. Merci de tes conseils clin d'oeil
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MessageSujet: Re: Kaliam Connection   Kaliam Connection EmptyMar 1 Déc 2009 - 22:05

Je me rappelle avoir rapidement jeté un coup d'œil à Kaliam 1ère version à l'époque où je ne connaissais pas encore Babylon 5 et avoir arrêter pour ne pas être spoilé. Cela dis, j'ai du mal à me lancer dans une fic déjà bien avancé car mon rythme de lecture est assez particulier, cela fait donc plaisir que tu re-postes une nouvelle version. Je vais pouvoir suivre tout cela plus tranquillement.

Je me rappelle vaguement la première monture de ce premier chapitre et cette nouvelle version semble en effet bien plus détaillée et plus riche. De mon point de vu, les digressions géopolitique accompagnant l'arrivée de Sinclair sur le CC sont très réussis et ne me semblent pas plomber le rythme. Mention spéciale pour la description de l'affiche qui en est presque réaliste (rassure moi, tu n'es pas le graphiste d'un sombre mouvement d'extrême gauche). On y retrouve les codes de tout bon travail de propagande. Franchement, c'est peut être qu'un détail mais c'est le passage que j'ai le plus apprécié de ce premier chapitre. L'évocation de la menace Narn est également plaisante, même si je ne me rappelle pas que cette menace soit si présente (et là je me rend compte que ça va faire 1 an que je l'ai vu cette saison 1 et il faudrait que je la revois).

A part ça, l'univers Babylon 5 est très bien rendu, notamment les trois personnages principaux (merci d'avoir pris Sinclair plutôt que Sheridan).

Dans les détails que j'ai (très légèrement) moins appréciés, il y a la description du vaisseau que j'ai trouvé un peu longue et au final, j'ai une impression de redondance sur de nombreux passages (mais ce n'est peut être qu'une impression hein).

Ah oui, il y a aussi ce (très léger également) malaise lorsqu'au milieu d'une de tes belles phrases bien littéraire on tombe sur un "pote" ou un "flic" que je ne trouve pas à leur place. Mais encore une fois, c'est un détail.

Tu m'as également un peu perdu dans la description de ta sonde. C'est peut être moi, mais trop de détail tue ma capacité à "visualiser" les choses.

Mais pour finir sur un compliment, tu as un style vraiment prenant, entre fluidité et sophistication qui me plait vraiment beaucoup. Surtout que je suis pas un grand fan des envolées lyriques et des textes trop "littéraires"; mais tu as su trouver un bon compromis (contrairement à certains passages de "Cheval de Troie" de Skay-39 que j'avais plus ou moins survolés pour cette raison).

Non, pas taper, on m'a obligé à écrire ça ... ange
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MessageSujet: Re: Kaliam Connection   Kaliam Connection EmptyMer 2 Déc 2009 - 0:13

J'ai supprimé le pavé où Garibaldi "pense" longuement aux compagnies spatiales, au cours de l'exploration. Les informations réapparaitront de manière plus digeste dans le chapitre suivant.

Citation :
Je me rappelle avoir rapidement jeté un coup d'œil à Kaliam 1ère version à l'époque où je ne connaissais pas encore Babylon 5 et avoir arrêter pour ne pas être spoilé.
C'était plus sage, effectivement.^^

Citation :
Cela dis, j'ai du mal à me lancer dans une fic déjà bien avancé car mon rythme de lecture est assez particulier, cela fait donc plaisir que tu re-postes une nouvelle version. Je vais pouvoir suivre tout cela plus tranquillement.
Et bien oui, c'est tant mieux, même si fondamentalement personne n'a jamais été sommé d'être à jour dans une fanfic^^ ce n'est pas comme s'il y avait une date limite après laquelle la fiction était effacée... clin d'oeil

Quand on lit un rédacteur aussi lent que moi, ça peut même être un atout éphémère que d'avoir de la réserve, parce qu'on en arrive vite à trépigner devant une suite qui n'arrive pas XD

Citation :
De mon point de vu, les digressions géopolitique accompagnant l'arrivée de Sinclair sur le CC sont très réussis et ne me semblent pas plomber le rythme.
Honnêtement, je suis d'accord : je l'aime bien!^^ C'est celle sur Garibaldi & les mégacorporations durant l'exploration du Labeur, qui me laissait un malaise depuis le début.

Citation :
Mention spéciale pour la description de l'affiche qui en est presque réaliste (rassure moi, tu n'es pas le graphiste d'un sombre mouvement d'extrême gauche). On y retrouve les codes de tout bon travail de propagande. Franchement, c'est peut être qu'un détail mais c'est le passage que j'ai le plus apprécié de ce premier chapitre.
Héhé, ça me fait chaud au coeur que tu en parle car personne d'autre ne l'a évoqué, et j'ai pris un malin plaisir à rédiger ce passage, je compte bien truffer Kaliam d'équivalents!^^ Et non je ne suis pas le graphiste du PCF aarf , pour cette affiche de propagande je me suis tout simplement inspiré de documents authentiques Soviétiques et du Front Populaire principalement, mais aussi Nazis, Américains, Britanniques, Vichystes... (je ne met pas tous ces mouvements sur un pied d'égalité, bien évidemment, je ne relève que la technique de la chose)

Citation :
L'évocation de la menace Narn est également plaisante, même si je ne me rappelle pas que cette menace soit si présente (et là je me rend compte que ça va faire 1 an que je l'ai vu cette saison 1 et il faudrait que je la revois).
Pour tout te dire, je ne trouve pas qu'elle soit assez présente de toute façon, alors qu'à chaque fois, depuis The Gathering jusqu'à la fin du processus d'inversion Centauri/Narn dans la saison 2, que G'Kar personnellement et/ou le Régime Narn a été un opposant de Londo et des Centauris, ça allait aussi souvent de pair avec s'opposer à Sinclair, à Babylon 5 (incluant son message de paix) et à l'Alliance Terrienne, de manière injuste, violente et perfide. Je voulais attacher une ambiance claire à ces faits apparents ou déduits, qui en manquaient trop dans la série, à mon sens (comme souvent, hélas, dans B5) .

Citation :
A part ça, l'univers Babylon 5 est très bien rendu, notamment les trois personnages principaux (merci d'avoir pris Sinclair plutôt que Sheridan).
Merci clin d'oeil Et pour la petite histoire je n'ai aucun mérite puisque quand j'ai entamé la première version du chapitre 1, j'ignorais jusqu'à l'existence de Sheridan!^^ Je n'avais alors en ma possession que The Gathering et la saison une...
Néanmoins, si c'était à refaire, mon choix se porterait à nouveau sur la saison 1 et Sinclair. very happy

Citation :
et au final, j'ai une impression de redondance sur de nombreux passages (mais ce n'est peut être qu'une impression hein).
ça se peut, oui, même si il y aussi le fait que l'intérieur d'un vaisseau de ce type est forcément un peu monotone, et les dégâts subits, uniformes. Éventuellement, je pourrai envisager un ultime lifting/maquillage de ce genre d'aspects une fois Kaliam entièrement achevée et publiée. clin d'oeil

Citation :
Ah oui, il y a aussi ce (très léger également) malaise lorsqu'au milieu d'une de tes belles phrases bien littéraire on tombe sur un "pote" ou un "flic" que je ne trouve pas à leur place.
J'ai dis pote, moi? Par contre, pour flic, j'assume, je trouve que ça correspond bien à la fois à l'ambiance de cette période de B5, avant que le statut de Garibaldi ne devienne beaucoup plus nébuleux (chef de guerre, pilote...) , et à l'ambiance (connotée par différents classiques que j'aime) que j'essaye d'introduire de mon côté.^^

Citation :
Mais pour finir sur un compliment, tu as un style vraiment prenant, entre fluidité et sophistication qui me plait vraiment beaucoup. Surtout que je suis pas un grand fan des envolées lyriques et des textes trop "littéraires"; mais tu as su trouver un bon compromis (contrairement à certains passages de "Cheval de Troie" de Skay-39 que j'avais plus ou moins survolés pour cette raison).
Merci, et espérons que notre collaboration puisse se poursuivre ainsi Razz
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EvilLoki
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MessageSujet: Re: Kaliam Connection   Kaliam Connection EmptyMer 2 Déc 2009 - 20:55

Citation :
Et bien oui, c'est tant mieux, même si fondamentalement personne n'a jamais été sommé d'être à jour dans une fanfic^^ ce n'est pas comme s'il y avait une date limite après laquelle la fiction était effacée...

Je sais, mais se retrouver face à un texte relativement long est assez rebutant, surtout quand on lit sur un écran de PC ou (encore pire) sur celui d'un Iphone. Et je me vois mal imprimer autant de page.

Citation :
C'est celle sur Garibaldi & les mégacorporations durant l'exploration du Labeur, qui me laissait un malaise depuis le début.

Citation :
J'ai supprimé le pavé où Garibaldi "pense" longuement aux compagnies spatiales, au cours de l'exploration. Les informations réapparaitront de manière plus digeste dans le chapitre suivant.

J'ai lu ce chapitre hier aux alentours de 17/18h donc est ce que j'ai eut le droit à la version allégée? Sinon, je n'ai pas trouvé ça trop long et je dirais même que cela à l'avantage de casser le rythme de la description de l'intérieur du Labeur d'Automne (très joli nom au demeurant).

Citation :
Héhé, ça me fait chaud au coeur que tu en parle car personne d'autre ne l'a évoqué, et j'ai pris un malin plaisir à rédiger ce passage, je compte bien truffer Kaliam d'équivalents!^^ Et non je ne suis pas le graphiste du PCF aarf , pour cette affiche de propagande je me suis tout simplement inspiré de documents authentiques Soviétiques et du Front Populaire principalement, mais aussi Nazis, Américains, Britanniques, Vichystes...

Curieux de voir ce que ces équivalents pourront donner. D'ailleurs l'évocation du procédé de l'ombre du Narn transformé me rappelle furieusement une affiche de propagande mais je ne sais plus laquelle. Quoiqu'il en soit, la symbolique est très bien utilisé (voir peut-être un peu trop car on retrouve vraiment tous les schémas du 20ème siècle).

Citation :
Pour tout te dire, je ne trouve pas qu'elle soit assez présente de toute façon, alors qu'à chaque fois, depuis The Gathering jusqu'à la fin du processus d'inversion Centauri/Narn dans la saison 2, que G'Kar personnellement et/ou le Régime Narn a été un opposant de Londo et des Centauris, ça allait aussi souvent de pair avec s'opposer à Sinclair, à Babylon 5 (incluant son message de paix) et à l'Alliance Terrienne, de manière injuste, violente et perfide. Je voulais attacher une ambiance claire à ces faits apparents ou déduits, qui en manquaient trop dans la série, à mon sens (comme souvent, hélas, dans B5) .

Je comprends mieux maintenant.

Citation :
Et pour la petite histoire je n'ai aucun mérite puisque quand j'ai entamé la première version du chapitre 1, j'ignorais jusqu'à l'existence de Sheridan!^^ Je n'avais alors en ma possession que The Gathering et la saison une...
Néanmoins, si c'était à refaire, mon choix se porterait à nouveau sur la saison 1 et Sinclair.

Je n'ai rien contre ce brave Sheridan, mais je préfère et de loin l'Unique du Passé à celui du Futur (ou est ce celui du présent? J'ai un doute scratch )

Citation :
J'ai dis pote, moi?

Oui, dans la phrase:
"Garibaldi voulut dire à son collègue de respecter la mémoire de l'homme emmuré en gardant ses références filmiques gore pour une soirée pop-corn entre potes, mais il n'en fit rien, sans savoir pourquoi."

Mais si c'est pour donner un effet dans la narration il n'y a pas de problème.

Autre petit défaut, mais il ne vient pas vraiment de toi mais de la série directement. J'ai toujours trouvé bizarre que les héros face beaucoup de référence à la fin du 20ème siècle alors que l'on est au milieu du 23ème. C'est la cas pour l'Expérience de Philadelphie mais je pense aussi à la moto de Garibaldi dans la série et pleins d'autres références. A croire qu'il ne s'est rien passé entre les deux. Ce serais bizarre que je sorte à tout bout de champs des références au 17ème siècle, surtout sur des sujets aussi triviaux.

Citation :
Merci, et espérons que notre collaboration puisse se poursuivre ainsi

Et bien j'attends la suite avec impatience et félicitation pour ce premier chapitre.
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MessageSujet: Re: Kaliam Connection   Kaliam Connection EmptyMer 2 Déc 2009 - 22:48

Citation :
Autre petit défaut, mais il ne vient pas vraiment de toi mais de la série directement. J'ai toujours trouvé bizarre que les héros face beaucoup de référence à la fin du 20ème siècle alors que l'on est au milieu du 23ème. C'est la cas pour l'Expérience de Philadelphie mais je pense aussi à la moto de Garibaldi dans la série et pleins d'autres références. A croire qu'il ne s'est rien passé entre les deux. Ce serais bizarre que je sorte à tout bout de champs des références au 17ème siècle, surtout sur des sujets aussi triviaux.

A noter que ce phénomène concerne surtout Garibaldi, qui est un fan de la culture du XXème siècle, ce qui se manifeste par les enregistrements qu'il regarde, et pas mal de centres d'intérêts (le pistolet, la moto, etc.), tandis que les autres font référence à des évènements entre le XXème et le XXIIIème siècle, au cours de la série.
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MessageSujet: Re: Kaliam Connection   Kaliam Connection EmptyLun 14 Déc 2009 - 16:26

... Et non! Pas de nouveau chapitre! Mouahahaha!

Citation :
J'ai lu ce chapitre hier aux alentours de 17/18h donc est ce que j'ai eut le droit à la version allégée?

Non, je n'avais pas encore retiré le paragraphe. ;-)

Citation :
Sinon, je n'ai pas trouvé ça trop long et je dirais même que cela à l'avantage de casser le rythme de la description de l'intérieur du Labeur d'Automne (très joli nom au demeurant).
Le paragraphe n'arrivait pas pendant un passage de description du vaisseau mais pendant un passage consacré à l'avancée et à l'angoisse de Welch et Garibaldi. clin d'oeil

Citation :
Curieux de voir ce que ces équivalents pourront donner.
Attention je ne parle pas d'autres choses liées à la propagande, mais simplement d'autres petites excentricités visuelles ou conceptuelles, comme je les aime^^

Citation :
Je n'ai rien contre ce brave Sheridan, mais je préfère et de loin l'Unique du Passé à celui du Futur (ou est ce celui du présent? J'ai un doute )
Nan c'est bien celui du futur :-D

Citation :
Mais si c'est pour donner un effet dans la narration il n'y a pas de problème.
Oui là c'était effectivement un marqueur de registre, accentuant l'agacement un peu hautain de Garibaldi à ce moment-là.

Citation :
Autre petit défaut, mais il ne vient pas vraiment de toi mais de la série directement. J'ai toujours trouvé bizarre que les héros face beaucoup de référence à la fin du 20ème siècle alors que l'on est au milieu du 23ème. C'est la cas pour l'Expérience de Philadelphie mais je pense aussi à la moto de Garibaldi dans la série et pleins d'autres références. A croire qu'il ne s'est rien passé entre les deux. Ce serais bizarre que je sorte à tout bout de champs des références au 17ème siècle, surtout sur des sujets aussi triviaux.
Pour Philadelphie, c'est juste parce qu'un cinéaste contemporain de B5 (la station, pas la série) a fait un film dessus, (Tim Cronero étant un consternant amalgame de Tim Burton, George Romero et David Cronenberg, trois réalisateurs à genre qui auraient été succeptibles de donner un souffle remarquable à cette légende moderne) et donc, que Welch en parle, c'est comme si toi tu citais le Dracula de Coppola en visitant un manoir multiséculaire des Carpates. Pour le reste, il y a deux écoles : les références culturelles, et alors comme l'a astucieusement pointé Rufus, cela vient de Garibaldi qui est fan de la culture du vingtième siècle, et les références historiques faites par n'importe quel Terrien du casting, et alors c'est à peu près moitié-moitié, il y a autant de références à l'histoire réelle qu'à l'histoire fictive, postérieure au tournage de la série.

Citation :
Et bien j'attends la suite avec impatience et félicitation pour ce premier chapitre.
Merci^^ Je me débat contre un vrai Rubik's Cube (rebooter un texte est parfois plus complexe que de l'écrire de zéro) car même si je connais mes grandes lignes, harmoniser tous les détails est un peu plus délicat, mais la suite arrivera, et peut-être même avant Nowail, qui sait^^ à suivre, un chapitre beaucoup plus "parlé" et informatif que ce premier, partagé entre mystère et action...
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MessageSujet: Re: Kaliam Connection   Kaliam Connection EmptyVen 19 Mar 2010 - 22:39

Bon, cela fait longtemps que je potasse ce chapitre mais quoi que j'en fasse je ne parviens pas à en être satisfait, donc, autant se lancer. J'espère que j'ai encore au moins 0,5 lecteur, depuis le temps.^^

Ha pour info, j'ai relu le prologue et le chapitre 1 avant de relire ce chap 2 dans la foulée, donc, j'en ai profité pour améliorer le prologue et le chap' 1 à main levée.




Chapitre 2 : Inertie


Quand bien même la journée avait été épuisante, tout, à Babylon 5, semblait demeurer encore et toujours à peu près identique à ce que l'on en attendait... du moins, à regarder de l'extérieur. L'immense colonne bleue n'en finissait pas de pivoter sur elle-même, flattant l'orbite de la planète rocheuse tandis que vaisseaux marchands et diplomatiques, voire même parfois touristiques, abordaient les docks, ou en décollaient. Les engins semi-automatiques de la collectivité voletaient en tous sens aux alentours de l'édifice, pilotes à distance, logiciels évolutifs autonomes et itinéraires de vol à l'affut du moindre millimètre de déviation dans le ballet spatial qui se devait, au nom de la sécurité comme de la rentabilité, d'être parfait à tous les égards. Les ailes X Humaines au museau aplati partaient vers leurs rondes ou en revenaient, attentives à tous pirates, aliens ou quelque menace militaire que ce soit, qui convoiteraient la place forte.

Malgré la consigne du silence énoncée -trop tard- par Santiago, la rumeur avait fait son chemin; moins par le biais de sous-officiers et techniciens du C&C qui se seraient épanchés auprès de proches indélicats, que parce que les pilotes et ordinateurs, Humains ou aliens, de certains vaisseaux privés aux alentours avaient eux aussi capté la manifestation spatiale, si ce n'était même l'avaient observé à l'œil nu. Et depuis quelques heures maintenant que l’épave du cargo avait été remorquée au large, les bistrots de Babylon 5, pas prêts de désemplir, s’étaient trouvé un nouveau sujet de conversation. Une soupape momentanée à la pression du dossier Quadrant 37.
Du peu qui avait filtré, l'on avait seulement retenu un vaisseau fantôme atypique et un phénomène spatial inconnu, sans détails ni globalité scientifique pour unifier quelques informations éparses et non confirmées en un fait précis avec une nature, une cause et des conséquences. On ne percevait guère de la peur, mais plutôt de l'effervescence. Aussi les spéculations allaient-elles bon train quant à savoir ce qui pouvait bien s'être passé plus tôt dans la journée, là dehors, jusqu'à occuper si fortement les Humains, causant à cette occasion quelques retards dans le trafic spatial.
Signe des temps, la rumeur ne portait cette fois-ci ni sur les Vorlons, objets de fantasmes à la fois craintifs et subjugués depuis le premier contact récent; ni sur les Minbaris, toujours évités, détestés et soupçonnés depuis leur démonstration guerrière; ni sur les Vrees, auxquels l'opinion publique n'avait jamais vraiment pardonné les enlèvements dans les soucoupes volantes, les frôlements d'avions à toute vitesse, les destructions de matériel électronique et autres études scientifiques maladroites. Non, les nouvelles rumeurs portaient sur les super-armes secrètes du Régime Narn, que la sagesse populaire situait dans la forteresse des rocs jaunes, site militaire de la planète Narn équivalent dans l'idée à la bonne vieille Zone 51.

Face aux rumeurs et aux fouineurs invasifs, c’était donc sous une apparente indifférence que le commander avait discrètement convié dans ses quartiers, en fin de service, son lieutenant et son responsable de la sécurité, afin de revenir sur les évènements du jour. Il fallait réaliser qu'une fois le vaisseau remorqué hors de vue et la zone sécurisée, Sinclair n'avait pu échapper à ses vendeurs Pak'Mara'Ra, puis était venu le tour du désormais incontournable sommet international journalier portant autour du Quadrant 37 et de la question Narns/Centauris. Une telle crise valait bien cela... et le fait était que malgré le caractère si intriguant de l'affaire de l'anneau géant, le reste de la journée avait au final été assez chargé pour chasser rapidement des esprits le dit cercle métallique.

Encore en uniforme, Garibaldi s'était posé sur le canapé. Il respirait profondément et avec lenteur, les yeux fermés, face à Susan qui se trouvait seule sur un fauteuil, en tenue de travail elle aussi. La Moscovite observait son compagnon en pleine séance de relaxation spontanée avec un sourire en coin que soulignait un unique sourcil relevé, mais il s'agissait moins de moquerie que d'étonnement. Elle n'aurait pas spontanément estimé que Garibaldi l'agité était intéressé par ce genre de pratiques.
Catherine était absente, occupée par un rendez-vous au Zocalo avec un ancien ami.

Sinclair, en chemise blanche, avait retiré sa veste d'uniforme. Silencieux, debout derrière le buffet-bar du coin cuisine, il avait disposé trois verres sur le plan de travail et farfouillait dans une étagère à portée de main lorsqu'il appela à travers la pièce.
-Que buvez-vous?
-Huh, c'que vous avez, répondit poliment Garibaldi, dos à son patron. Il commença à ouvrir la bouche comme pour ajouter quelque chose, mais la referma sans qu'aucun son supplémentaire n'ait percé.
-J'ai du vin de rose bleue en provenance de Nouveau Paris, si ça peut vous mettre sur la voie. Un ange passa, et Jeff ajouta, sur un ton qu'il voulait distrait : c'est quasiment sans alcool.
-Va pour, répondit le flic avec un détachement semi-artificiel, que sa collègue fit semblant de ne pas remarquer en se donnant l'air absorbée par le contenu d'un cadre qui trônait au mur, relativement loin d'elle. La composition colorée évoquait un amalgame de paysage alien exotique et de trip immatériel obtenu à l'aide de quelque substance illicite. Le peintre était probablement Humain ou Centauri : ils se partageaient cette technique artistique et cette mentalité dans la représentation, à l'inverse, par exemple, des Narns et de leurs bas-reliefs couleur sable et roche, et à l'inverse des Minbaris et de leurs mosaïques cristallines acidulées. Deux techniques sans recours à la perspective, si bien que les œuvres Narnes et Minbaries, à mi-chemin entre le dessin et l'écriture, n'étaient jamais inscrites dans une perspective réaliste, à l'instar des hiéroglyphes égyptiens.
-Deux, enchaîna-t-elle.
-Deux verres, lieutenant? Vous avez un chagrin? Ironisa gentiment Garibaldi, avant de recevoir un petit coussin en plein visage.
Sinclair revint vers eux avec un verre dans chaque poigne. Il en donna un à Garibaldi, juste à sa droite, qui avait gardé le coussin sur ses genoux. Puis un autre à Ivanova, qui, étant plus éloignée, se redressa pour tendre la main. Ils soufflèrent un léger “merci” tour à tour, puis le maître des lieux fit brièvement volte face pour aller récupérer son propre verre. Il revint alors s'asseoir sur le canapé, aux côtés de Michael.
-Tchin, murmura l'Italien en levant son verre de concert avec ses amis et collègues. Puis chacun laissa glisser entre ses lèvres quelques onces de la liqueur bleue d'aspect sucré. Ils restèrent ensuite muets pendant une dizaine de secondes, jusqu'à ce que le commander brise le silence.

-Finalement, avoua Sinclair en scrutant le stylet électronique qu'il faisait danser entre les doigts de sa main libre, les négociations pour la voie transastéroïdes Pak'Ma'Ra m’ont permis de penser à autre chose. G'Kar et Londo ont été encore plus épuisants que d'ordinaire, sans qu'on ne gagne quoi que se soit à la situation pour autant. Et puis cet enregistrement arrivé par voie tachyonique… maintenir le secret! Il en a de bonnes, le président, quand tous les pilotes témoins de l'événement se sont déjà dispersé à bord depuis des heures! Pour la plupart dans les bistrots, en plus... Et puis je déteste l’idée qu’un autre Elis Pierce, Alfred Bester ou Ben Zayn vienne ici donner des ordres dangereux et déclencher des catastrophes sous mon nez, sans que je ne puisse rien faire! 
-On sait quand il doit arriver? Demanda le security chief d’une voix neutre, en finissant de masser d'une main son crâne partiellement dégarni. Il faillit renverser quelques gouttes de sa boisson sur le coussin qu'il tripotait machinalement, tandis que Sinclair comprenait que son ami devait souffrir d'un semblant de migraine.

-D’un instant à l’autre, maugréa le commander. C’est tellement confidentiel qu’ils ne m’ont même pas donné de date ou d’horaire. Nous n'avons qu'à être prêts quoi qu'il advienne, voilà l'idée, conclut-il sur un ton d'agacement et d'amusement mêlés, typique du sentiment d'impuissance dont les fonctionnaires coloniaux avaient l'habitude au contact des ordres fédéraux. Certes, ils étaient fédéraux eux-mêmes, mais la nature de leurs affectations éloignées et de leurs carnets d'adresse peu en vue en faisaient naturellement des inférieurs et des sujets de dérision pour les officiers qui dormaient sur Terre ou, à la limite, sur Sélène. Sans compter que leur méthode de travail déplaisait aux milieux traditionnels les plus respectés et que Jeff était Martien, donc bouseux autant que suspect et ingrat. Ce dernier se laissa s'enfoncer contre le dossier du canapé.
-C’était à prévoir, commenta Susan avec compréhension, et la belle jeune femme abandonna un peu de sa stature aristocratique. Ils vont probablement tournicoter sur la station en répétant qu’on en sait déjà bien assez, le temps de récupérer leur cargo, et on ne connaitra jamais le fin mot de l'histoire. À moins qu’il n’y ait un problème sérieux à la clé, ajouta-elle nerveusement en triturant sa longue tresse brune. 

Cette dernière remarque fut suivie d’un silence pesant, plusieurs secondes d'affilée, durant lesquelles ils se désaltérèrent de nouveau. Contrairement à Garibaldi, Susan n'était pas entrée ici depuis un petit moment... le mobilier était sobre mais chic, l'aménagement minimal mais riche, et le style classique mais pas trop. Le commander avait du goût... même si personnellement, elle trouvait les lieux plus frais que chaleureux. L'on n'apercevait par ailleurs aucune décoration relative aux traditionnelles réjouissances de fin d'année. Cela tombait sous le sens : après tout, pour ce qu'elle croyait en savoir, le Martien n'était pas malheureux, mais il était davantage d'un naturel paisible et optimiste que réellement comblé de bonheur par le destin, et avant que Catherine ne revienne tout récemment dans sa vie, peu de monde hormis lui-même était passé par cet endroit, d'où peut-être ce manque de motivation pour les fêtes : nombre de gens rencontraient leurs amis au travail, mais pour un officier supérieur, procéder de la sorte avec ses subordonnés était infiniment plus délicat. Sans doute l'appartement et son locataire étaient-ils, dans une certaine mesure, le reflet l'un de l'autre.

-Nous avons des techniciens et des consultants scientifiques payés pour ce genre de problèmes. Est-ce que nos enregistrements leur ont appris quelque chose sur ce qui est vraiment arrivé au minéralier? Demanda finalement Jeff, d’une voix moins irritée qu’il ne l’avait eu jusqu’à présent. 
-Que des questions et pas de réponses, répondit le lieutenant commander avec un sourire mélancolique. Son état ne suggère aucune correspondance à rien. A première vue, les données récupérées sont toutes trop endommagées pour nous informer significativement, tant le carnet de bord que la boite noire et même la bande numérique des caméras, mais l'ordinateur central de la station poursuit ses analyses malgré tout... nous avons juste pu déterminer qu'il n'y avait que six membres d'équipage à bord, et aucun survivant puisque six... « corps » ont été pointés. Et, pour information, Crésus est effectivement une antenne Française plus ou moins avouée de la Weyland, depuis plusieurs années, j'ai vérifié. Entreprise locale de taille quelconque égal statut juridique différent. La Compagnie utilise des leurres comme Crésus sur des marchés spéciaux où leur taille leur permet de moins souffrir des taxes qu'elle ne le ferait elle-même.
-Vous êtes sûrs que la Terre appréciera cette manière de contourner ses ordres? S'enquit Garibaldi d'un air faussement innocent, qui ne cachait pas son humeur rieuse.
-Ils ont seulement dit qu'on devait remorquer le cargo au large, maintenir tant bien que mal ce qu'il reste du secret et empêcher quiconque de monter à bord du Labeur, le temps que leur agent de liaison débarque. Il n'a pas été précisé qu'on devait se tenir nous-mêmes à l'écart du fond de l'affaire.
-Oui, c'est ce que je viens de dire : contourner l'esprit des consignes. Déjà qu'on a assez généreusement foiré notre coup pour ce qui est du secret...
-Ils savent pertinemment qu'on y pouvait plus rien. Et puis ne me la jouez pas bon petit procédurier, Garibaldi, ajouta-t-elle avec amusement. Vous n'êtes pas crédible dans le rôle.
Elle but.
-Moi, reprit-elle après avoir déglutit, je dis qu’avec tous ces câbles, et l’anneau bizarre… pas d'autre cargaison... ça ressemblait davantage à une expérience ratée qu’à une attaque.
Son regard se planta avec poids dans celui de Sinclair, et elle poursuivit, déterminée. Le chauffage de la pièce était agréable et la saveur réconfortante de son breuvage lui avait amené un léger rose aux joues.
-ça expliquerait pourquoi il n’y avait que six corps à bord… en charpie. Et pourquoi le vaisseau a été entamé d'une manière qui ne correspond ni à une attaque, ni à un accident.
-Haon, expérience secrète, ricana Garibaldi. Ce n'est pas ce plouc venu de Io-Centre qui crèche constamment au Zocalo en décryptant l'actualité à sa manière qui vous en a donné l'idée, j'espère?
-Et ce qui est arrivé à Catherine près de la planète folle dans l'espace Narn, nos soucis avec Epsilon 3 et son fantôme, et l’affaire Babylon 4, ça vous parait plus académique? Cracha sèchement Ivanova. Les Alphator génèrent leurs jumpoints eux-mêmes, poursuivit-elle dans la foulée en ignorant la bouche ouverte de Michael, et s'il en avait ouvert un, on l'aurait su. Cette fois, il n’y en avait pas! On a bien détecté quelque chose, bien sûr, mais… Ce n’était pas un jumpoint. On sait que la jumpgate fixe n'a pas été utilisée non plus. Il y a eu cet échauffement inexplicable dans l’espace, puis le cargo était là, tombé du, heu... ciel? Techniquement, rien ne prouve qu’ils soient liés, mais...

-Mais vous détectez cette chose et pouf, l’astrocargo apparaît! Accorda Garibaldi. Alors qu’il n’y a pas eu d’émergence de jumpoint et que la jumpgate n'a pas été activée...  son regard se fit plus distant, signe que son propriétaire était pensif.
-Tiens, ce n’est plus du délire? 
-Je dis qu'il y a forcément un lien, pas qu'il y a forcément une histoire de savant fou derrière, grogna le chef. J'aime pas le complotisme, je crois plutôt au principe de parcimonie.
-Arrêtez de faire les gosses, soupira Sinclair avec un sourire en coin et en roulant brièvement les yeux au plafond. Rien ne le prouve, mais ce serait effectivement un bien trop heureux hasard qu’il n’y ait aucun rapport entre le cargo sorti du vide et l’échauffement. L'espace est grand. Vous parlez de parcimonie, Michael, mais réfuter ce lien sans raison serait justement chercher les complications, plus encore avec la présence de l'anneau et de toute l'installation autour.
-Tout à fait, acquiesça Ivanova sans dissimuler complètement un certain ton triomphal. Je parie ma solde pour une expérience qui a mal tournée. Repensez au parallèle que vous avez fait à propos du Temple de l'Atome, commander. Et à ces sigles de l'Alliance Terrienne et de la Weyland-Yutani accolés, à l'intérieur d'un vaisseau sensé appartenir à un petit armateur sans histoire.
-Une démonstration de finesse inoubliable, ricana Garibaldi. Ils auraient pu installer directement un spot lumineux sur le pont extérieur, tant qu'ils y étaient. On aurait compris le message plus vite. Ou alors on nous tend un piège, tant ça semble téléphoné.
-Peut-être tout simplement qu'ils n'avaient aucun besoin de se cacher de quelque autorité que ce soit, lâcha Ivanova. Enfin, bon... je n'en ai aucune idée, bien sûr. Extrapoler sur de la spéculation, ça ne sert jamais qu'à épaissir les écrans de fumée.
-Soit... Mais, au final, quel genre d'expérience peut réunir secrètement Genève et la Compagnie? Pensa Sinclair à voix haute.
-Virtuellement, tout ce qui est ou sera plus utile à la finance ou à la défense que ce que nous avons déjà, mais dans cette histoire, il y a un dénominateur commun certain, qui est l’anneau métallique, répondit Michael.

Sa pensée dissimulée à la perception des deux autres par le voile intime de son silence, Susan se moqua affectueusement du retournement de veste express de Garibaldi. Elle savait que son ami avait tendance à se braquer par réflexe et à enrober le tout de sarcasmes, quand des ennuis potentiels émergeaient à l'horizon. Mais le chef de la sécurité était responsable et courageux, ce pourquoi il ne s'autorisait pas plus longtemps la politique de l'autruche et ne tardait jamais à attraper au vol les données du problème, afin de finalement s'y pencher sérieusement.

-Si tous les civils et les aliens qui nous harcèlent à ce sujet actuellement savaient qu'on en sait réellement à peine plus qu'eux! Poursuivit le chief. Ils sont persuadé qu'on leur cache l'affaire du siècle... en fait, ils sont systématiquement persuadés que quoi qu'il arrive, nous savons tout sur tout, et en cachons autant juste pour ennuyer le monde. En dehors du créneau de votre réunion où j'ai pu reprendre mon souffle, j'ai passé la journée à raser les murs et à faire des détours pour éviter Londo qui me cherchait. Je crois qu'il se figure par principe que nous pourrions avoir quelque chose, dans ce cargo échoué, qui puisse aider les siens face à G'Kamazad... comme s'il ne savait pas que son peuple n'est pas le seul à être menacé par le Kha'Ri, et que tous les ennemis du Régime Narn ont intérêt à ce que Centauri Prime tienne. S'il y avait un joker à faire valoir, nous le ferions.

-On a tous eu à faire aujourd'hui, je suppose que vous n’avez rien déniché en particulier au sujet de cette cargaison? Demanda le commander aux deux autres. 
De concert, ils firent non de la tête. 
-Huh... c'est-à-dire… en exploitant une petite faille que je connais dans le système informatique, avoua une Susan impassible après une hésitation, j’ai utilisé le moteur de recherche pour faire remonter un énorme dossier des archives classifiées… daté de 1986 à 2026, avec des annexes et des connexions étendant le spectre de 1925 à... attendez voir... 2030... non, 32, oui, c'était 2032, et des entrées récentes s'échelonnant depuis il y a deux ans, jusqu'à maintenant. Mais il était trop protégé. Impossible de l’ouvrir sans me faire remarquer. Même son intitulé était crypté. Il ne restait que le matricule.
-Oh, répétèrent les deux hommes en écho, sincèrement surpris. 
-Une affaire confidentielle courant sur tout un siècle et qui rebondit encore de nos jours, résuma Jeffrey, la curiosité très piquée.
-Qu’est-ce qui pouvait bien être assez important pendant les vingtième et vingt-et-unième siècles pour être encore classifié aujourd'hui? Il y a plus de deux siècles et demi, réalisa Garibaldi avec un soubresaut de rire nerveux dans la voix.

Ivanova se retint de se décrisper trop ouvertement. Voilà un an qu'elle avait appris à connaître cette carence d'un sentiment de sacralité de ses confrères de Babylon 5 vis-à-vis des mœurs de l'Earth Force et des cercles du pouvoir, notamment la culture de la confidentialité, de la discipline et des voies hiérarchiques. C'était naturel chez Garibaldi, et cela s'était amèrement inscrit en filigrane chez Sinclair depuis la Bataille de la Ligne et son injuste mise au placard qui avait suivie. Cependant, elle avait pris un risque en avouant à son officier supérieur de quelle indiscrétion elle s'était rendue coupable. Un risque calculé, certes, mais avec un autre commander, elle y aurait risqué... et sans doute perdu... davantage. Soudain, elle se sentit en colère contre elle-même. Arrogante, excitée par le mystère, grisée par la pleine conscience de ses propres talents et alléchée par la perspective de l'aventure, elle s'était mise à découvert bien trop tôt, se trahissant par là elle-même, sans être absolument certaine de ce qu'elle faisait et pourquoi... quelle idiote! Et qui aurait pu croire, hormis elle-même, que Susan Ivanova, le fameux robot de guerre à la plastique irréprochable, pouvait encore pêcher par imprudence et défaut d'analyse? Mais tandis qu'elle maudissait imperceptiblement sa précipitation et son inconscience, elle pensa qu'elle devait probablement se noyer dans un verre d'eau, car ni Sinclair ni Garibaldi ne semblaient s'être seulement posé la question. D'autres de leur grade se seraient senti fautifs rien qu'à discuter de ces mystères gouvernementaux sans y être invité, mais sans qu'elle sache s'ils étaient ou non dans leur droit, le duo s'en fichait, comme si toute information, classifiée ou pas, leur était due par principe.

En fait, l'un comme l'autre admiraient Susan. Sous un filtre paternel pour Sinclair, et un peu plus complexe et intime pour Michael. Ce dernier n'avait pas de vues sur sa collègue, qu'il considérait comme une amie, une alliée, et un collègue compétent, mais elle était aussi une belle femme et une personnalité magnétique. Il aurait fallu être aveugle, d'une manière ou d'une autre, pour ne pas voir qu'il s'agissait d'un personnage séduisant. Et lui... lui était seul depuis longtemps.

-Ceci étant, répondit Susan de l'air le plus naturel possible tandis qu'elle s'enfonçait dans son fauteuil, on sait qu'il s'est passé plein de choses étranges à cette époque, bien avant le premier contact Centauri, sans qu'elles aient jamais réellement été officialisées ou suivies de manière satisfaisante... les OVNI, par exemple... ou la guerre temporelle contre les machines, la genèse de l'Event Horizon... les messages reçus par SETI, ou encore ces bagnards extraterrestres fous, les Premiers Visiteurs, à bord de leur vaisseau semi-organique, et j'en passe... au final, on savait que les aliens existaient vraiment bien avant 156, même s'il faudrait attendre cette date pour un premier contact entier et continu, d'état moderne à état moderne. Alors, pourquoi est-ce que quelque chose de gros, même de très gros, qui tournerait autour de cet anneau, n'aurait pas pu se produire à l'époque? Il faut bien ça pour un dossier si dur à cuire à travers les siècles, lança le lieutenant en croisant les jambes.

-Mais tout de même, de l'eau a coulé sous les ponts depuis, répondit Michael d'une voix douce. Il faudrait que ce soit d'une importance cruciale, non? Et, de manière plus mécanique, s'il y a eu des entrées récentes, c'est qu'il y a eu des perspectives et des évènements récents. La question est donc, a-t-on observé des signes et des effets de ces évènements sans en avoir conscience?
Garibaldi oscillait entre nervosité, fascination, enthousiasme et incrédulité : chaotique à sa manière, comme il l'avait toujours été à la connaissance de ses deux pairs.
-Peut-être bien, répondit Jeffrey. Oui, il y en a eu, de ces événements avec plus ou moins d'implications, qui à défaut d'être toujours restés secrets, sont demeurés marginaux et incompris, ajouta-t-il en continuant visiblement de penser à voix haute, le regard lointain. Mais… dit-il d’un ton moins assuré, je ne connais rien en rapport avec un grand anneau en métal… 

-Les données recueillies par Garibaldi et son équipe sont formelles, reprit Susan. On n’a pas pu identifier ce minerai dont il est composé… ce n’est pas Terrien, et les relevés moléculaires indiquent que ça ne pourrait pas être Terrien, ni Narn, ni d'un autre milieu scientifique et technique de niveau similaire, car c'est trop solide, trop complexe, trop peu... conventionnel... trop « tout », pour cela. Peut-être Vorlon, ou Minbari à la rigueur, mais je vois mal, dans ce cas, comment il serait arrivé sur un cargo de l’Alliance, à moins de faire le jeu des complotistes de l'axe souterrain Genève-Yedor.
-Les trente-neuf symboles taillés sur l’anneau interne ne correspondent à rien dans aucun code ou langage connu chez les Vorlons et les Minbaris. J’ai vérifié, fit savoir le chef de la sécurité. Ce qui me frustre, ajouta-t-il, c'est que j'ai l'impression d'avoir déjà vu certains d'entre eux quelque part. Oui, Ivanova, inutile de me regarder comme ça, dit-il en lui arrachant un sourire discret, je sais très bien que ça a l'air bateau, dit comme ça, mais... c'est un sentiment authentique.
-Allons. Sa nature métallurgique induit une origine très sophistiquée, et si ce n'est ni Minbari ni Vorlon, c'est peut-être une source inconnue qu'il faut chercher… qu'elle soit éteinte, dissimulée, ou très éloignée, songea Jeff. Mais si Michael a réellement vu ces symboles quelque part, alors ça ne tient plus forcément debout...
-Centauris? Lança Susan.
Sinclair haussa les épaules.
-Pourquoi pas. Il est vrai que les Centauris talonnent Minbar, scientifiquement. Mais « pourquoi pas » beaucoup trop de possibilités, en fin de compte. Les Dilgars? Epsilon 3? Même chez les Non Alignés, on a du mal à évaluer le niveau réel des Brakiris, des Gaims, des Vrees... si ce n'est qu'ils nous dépassent confortablement en certains aspects non négligeables, des aspects dont nous ne comprenons même pas la définition, parfois. Nous n'arriverons à rien de la sorte.
-Et puis au final, tout ça dans quel but? Demanda le security chief, d'une voix étrangement ronde et floue : sur le point de boire, il parlait dans son verre, incliné à hauteur de sa bouche. J'entends par là, reprit-il d'une voix normale, ils ont réduit un équipage au strict minimum, l'Alphator est d'ailleurs pratiquement le seul vaisseau de cette taille à pouvoir se piloter en comité si réduit et le choix de cette classe de vaisseau n'est sûrement pas hasardeux... puis ils ont branché l'anneau sur le réseau énergétique le plus étrange que j'ai jamais vu. La conclusion la plus simple à supposer serait que la Weyland et Genève attendaient quelque chose de cet artefact, mais qu'ils craignaient également ses effets secondaires.

-J’ai peut-être une idée… proposa Ivanova après quelques secondes. Il y a différentes façons théoriques, en physique, de tricher sur la vitesse lumière, pour voyager rapidement entre les systèmes stellaires. À peu près tous les gouvernements et peuples spatiaux que nous connaissons maîtrisent les générateurs de jumpoints autonomes et les jumpgates fixes pour voyager via l'hyperespace. On raconte que d’autres, mal connus, comme par exemple quelques conglomérats Vrees, sauraient contracter l'espace-temps devant leurs vaisseaux et le dilater derrière… mais il existe des théories sur des techniques incomparables, que tous les gouvernements voudraient posséder. Des choses que même les Vorlons ne maîtrisent peut-être pas. C'est même le plus probable, puisque malgré tous leurs efforts de discrétion, nous les voyons souvent pénétrer et quitter ce qui semble être le même hyperespace que nous, parfois même en utilisant à cet effet de vulgaires jumpgates. A moins qu'ils ne fassent cela que pour brouiller les pistes, ce qui ne serait guère étonnant de leur part s'ils sont tous aussi transparents que Kosh, mais je digresse.
-Où est-ce que cela nous mène? L’encouragea Jeff. 
-Et bien, tout ce qui relève de l'idée de téléportation instantanée ou de quasi-téléportation à travers le cosmos, répondit le lieutenant. Par exemple, le saut quantique. Ce serait un peu laborieux à expliquer, mais en gros, on télécharge l’état quantique du vaisseau sur des particules “ailleurs”, fit-elle en imitant les guillemets avec ses doigts, et théoriquement, il se… “téléporterait” dans l’espace. Ou alors un vortex, un tunnel qui plie le cosmos pour faire pratiquement coïncider deux points distants. Et… ce vaisseau qui débarque avec son anneau, en agitant les molécules et sans générer de jumpoint… Et ce qui semble lui être arrivé… Comme une mauvaise interprétation du plan atomique du vaisseau ou une espèce de bug interdimensionnel… je ne sais pas ce que ça vaut, mais ça me fait penser à ce genre de choses. Pour ce que j'en dis, mais je ne suis pas astrophysicienne, même si j'ai lu quelques trucs à l'académie.

Sinclair et Ivanova étaient les plus susceptibles de se laisser fasciner par une telle énigme. Pour le limier et grognon Garibaldi, le problème était, à la source, beaucoup plus simple. Il se le posait en deux questions. Y avait-il oui ou non menace, et si oui, comment la neutraliser? Cela lui suffisait le plus souvent. De la curiosité, il en avait, mais elle n'était pas gratuite : elle passait par ce filtre pragmatique avant de pouvoir éventuellement s'exprimer.

Le silence tomba à nouveau... un peu plus longtemps. Jusqu'à ce que Garibaldi se réapproprie la parole.
-Bon, je sais que c'est sans transition, mais et concernant la session du conseil? Quoi de neuf? La situation n'a pas avancé, vous disiez?
-Pas d'un iota, répondit Jeff immédiatement après avoir avalé sa gorgée. Londo se débat comme un vieux lion malade, et G'Kar... franchement, à l'heure actuelle, il m'évoque plutôt un serpent ou une hyène. Pour les Narns, ce quadrant n'est qu'un prétexte, un... échelon. Ce qu'ils veulent vraiment, à terme, et c'est eux-mêmes qui l'affirment, c'est détruire ou soumettre tout ce qu'il y a de Centauri dans l'univers. Leur culture, leur homeworld, les colonies nationales du homeworld, les colonies indépendantes datant des ex âges impériaux... tout. Le Régime Narn n'a rien lâché. Pourquoi le ferait-il? Les Minbaris et les Vorlons sont les seuls à pouvoir l'intimider matériellement, mais tout le monde sait qu'au delà de la désapprobation formulée, la Fédération Minbarie ne s'en mêlera pas concrètement. Ils ont trouvé la guerre contre nous suffisamment incommode, malgré leur large succès, pour ne pas vouloir se risquer à défendre sans raison un allié décadent de la Terre, dont ils ont toujours désapprouvé le mode de vie. Et quand Kosh vient, il ne prend même pas la peine de dire quoi que se soit. Résultat, le Quadrant 37 reste verrouillé à triple tour. Un convoi Centauri passant par l'un de ses systèmes stellaires a encore été abattu cette nuit, c'est l'activation de la jumpgate qui l'a trahit... et la famine qui avait été annoncée a commencé dans deux bourgs de Grande Ragesh. L'aide Minbaro-Humaine est en route, mais les Centauris ne vont pas indéfiniment pouvoir faire nourrir les leurs par nos surplus de stocks, d'autant plus qu'avec le Quadrant 37 bouclé, la crise économique ne fait que commencer et le besoin va aller en s'approfondissant exponentiellement. Les Narns ont également révélé que leurs espions avaient rapporté avoir observé le Freehold Drazi rehaussant discrètement au cran supérieur son système d'alerte générale... ce que les Drazis n'ont pas cherché à démentir. Leur milice sidérale est en alerte et les patrouilles sont doublées. Ils craignent que si la marine Narn est réellement sur le point d'anéantir la civilisation Centaurie d'ici quelques jours, elle puisse, étant donné ses moyens démesurés et les limitations matérielles du Freehold très voisin, tenter de faire d'une pierre deux coups, en venant piller les mondes Drazis dans la foulée... si ce n'est les annexer purement et simplement. Vous savez que le territoire Drazi est, pour beaucoup de son volume, enclavé dans des quadrants historiquement pan-Centauris. Si les Narns viennent sillonner ces espaces pour massacrer tout un peuple, il y a fort à parier que plusieurs territoires Drazis tout proches vont muter sous peu en champs de bataille sanglants. Après tout, les Narns ont déjà tenté d'envahir la planète Gaim, il y a quelques années. Les super-soldats génétiques des ruches Gaim étaient pourtant un plus gros morceau. Et maintenant, le précédent Drazi est en train de faire mobiliser un certain nombre de planètes indépendantes à proximité. Notamment celles où il demeure d'importantes populations Centauries, parfois même des populations Centauries au pouvoir, datant du temps de la colonisation par le Lion. Ces états-là s'attendent à une guerre d'extermination, tout comme la République mère. Ils sont terrorisés. C'est de leur droit à survivre dont il est question.
-Et au bout du compte, ils perdront tous, ragea Susan. Drazis, Centauris de la République et d'en dehors, tous. Tout comme nous allons perdre nous aussi, quand notre tour viendra. Numériquement, le Régime Narn est invincible pour tous ceux qu'il est susceptible d'agresser, rappela inutilement Ivanova, sous l'œil triste de Garibaldi. Et tout ça, c'est la faute des Minbaris! Avant leur guerre, nous avions gagné la course à l'armement contre le Régime Narn. Ils se forçaient à rester courtois, parce que depuis notre victoire contre l'Empire Dilgar, nous les avions distancé. Si les Minbaris n'avaient pas anéanti les deux tiers de nos effectifs spatiaux, puis ravagé notre organisation et tous ces domaines industriels, nous maîtriserions encore le rapport de force... au lieu de ça, les Narns ont vingt mille grands engins de guerre de plus que nous! En nous laissant au bord de l'effondrement, les Minbaris ont sapé tout contre-pouvoir à la puissance Narn. Ils ont donné la moitié de l'espace en offrande au Kha'Ri. Et personne ne va tenir. Nous sommes au bord d'un gouffre noir. Je n'ai aucune idée de ce qui peut bien nous attendre au-delà de ses profondeurs.
Elle sentit un frisson courir le long de son dos.

Ils restèrent là sans rien dire, gênés, eux qui se sentaient tristes, idiots, inutiles. Même s'ils avaient été le triumvirat de l'Alliance Terrienne, ils n'auraient guère bénéficié de cartes beaucoup plus utiles face à la catastrophe en approche. Quels que soient ses chef, la nation n'avait tout simplement pas les moyens de se défendre contre Narn. Tous avaient conscience que c'était peut-être la dernière année de l'Humanité, en tant que force politique et culturelle affirmée et indépendante, qui était en train de s'achever ces jours-ci. Le point de rupture en présence avait une chance sur deux de provoquer des millions de deuils, et de faire disparaître leur civilisation sous sa forme d'entité physique et intellectuelle autonome.

D'ailleurs, eux-mêmes... si le Régime Narn en venait à défoncer l'Earth Force, abolir l'Alliance Terrienne, brûler nombre des villes Humaines et soumettre les citoyens survivants à la dictature, au rationnement, à la colonisation, où iraient-ils, tous les trois, à supposer qu'ils n'aient pas trouvé la mort au combat? Chacun d'entre eux avait déjà été amené à se projeter dans un proche et hypothétique exil alien, ou bien dans une résistance asymétrique. A moins que les évènements à venir ne les brisent jusqu'à les mettre à la hauteur de leur condition d'esclaves, comme à Sysk VI, dernière planète en date à avoir subi la conquête coloniale Narn. Garibaldi se souvint avec ironie que G'Kar lui avait déjà signifié, durant l'année, que les portes du Régime seraient toujours ouvertes à un officier de sa trempe. Lui, un collaborateur? En tout cas, il ne serait pas le seul. Un ancien captain de l'Earth Force, condamné à mort, servait à l'heure actuelle dans la marine Narn.

-Tout ceci ne va pas tarder à exploser dans tous les coins, soupira Michael avec fatalisme, tout en pensant qu'il aurait tout aussi bien fait de se taire. Dire que tout se concentre sur une unique forteresse orbitale Narn, au coeur du quadrant... je voudrais avoir une main géante pour gommer ce monstre sans laisser de trace, et libérer le système sanguin interstellaire de ce caillot mortel... ajouta Garibaldi, très imagé, en refermant son poing sur le vide. Héhé... une main géante pour gommer la station fortifiée... on est morts.

Les radios des trois officiers sonnèrent simultanément, faisant savoir que leur présence sur le pont d’accostage principal était requise immédiatement, afin d'accueillir un individu munit des plus hauts codes d'identifications, et qui s’était déjà enregistré auprès du jeune David Corwin sur la passerelle. Au moins, l'évènement impromptu les tirerait de leur torpeur angoissante et désespérée.
-Vous savez ce qui est vraiment chiant, quand on est officier? Grogna Garibaldi après avoir précipitamment achevé sa part de vin bleu. Quand vous avez fini vos heures de service, vous êtes libre... ou pas!
Il gémit discrètement en entendant son estomac qui gargouillait.

Lorsque les trois Terriens pénétrèrent le dock enfin pressurisé, l’escalier rétractable de la large navette spatiale blanche et bleue était déjà déployé, et une petite silhouette Humaine, portant l'uniforme de l'Earth Force, était en train de le descendre délicatement.

Adolescente, Ivanova s'était passionnée pour les vaisseaux spatiaux. Ce modèle-ci, le Hestrel Class, était, dans la mesure de sa classification technique, LE vaisseau à tout faire des services publics de l'Alliance Terrienne. Avec les angles arrondis de son corps triangulaire plat et à peine plus long que large, qu'égayaient un cockpit rebondi planté peu avant le nez de l'appareil, un trio de réacteurs de queue surmontés d'un aileron, et deux ailes longilignes, il ressemblait à un paisible animal marin ou aérien, à la fois gracieux et poussif. Son design d'avion large, sans queue et aux longues ailes fines était tout aussi ancien que moderne, et les bandes bleues argentées faisaient ressortir avec élégance le blanc de céramique de l'engin. Grâce aux cellules d'helium 3 qui alimentaient son réacteur à fusion nucléaire, elle pouvait décoller toute seule d'une atmosphère où la gravité était plus forte que sur Terre ; traverser un système stellaire en espace normal, ou alors en traverser plusieurs via les jumpgates hyperspatiales, les deux cas de figure en seulement quelques jours ; se poser sur une autre planète, en redécoller, et faire tout le trajet inverse, le tout sans aide ni révision ni recharge. D'autres véhicules Terriens étaient affectés à la même fonction par l'état, tel l'hideuse SDG-19, rectangle gris au nez pointu, couvert de tuyères et d'excroissances aux angles secs. Mais la Hestrel se démarquait fonctionnellement par sa capacité atmosphérique, là où l'autre devait prendre pour point de départ un lieu de faible frottement et de faible gravité, si possible le vide absolu.

La silhouette du passager qui descendait de la créature électronique était assurément féminine. Outre ses formes et sa démarche, une longue chevelure d'un noir de jais glissait sur ses épaules. Le temps de se rapprocher un minimum, et les officiers de la station reconnurent sans mal la jeune brune aux traits asiatiques qui arrivait vers eux, sourire paisible aux lèvres et regard appuyé. Elle leur fit un signe de main, et tandis qu'elle sautait la dernière marche de l'escalier pour poursuivre au sol, il sembla que l'ambiance dans le dock tout entier ait alors soudainement changé du tout au tout.

Un sourire digne de l'allégresse du commander métamorphosa ses traits. C'était bien là une très agréable surprise.
-Laurel, dit tout simplement Sinclair, radieux, en s'avançant doucement vers l'arrivante.
-Bonjour, Jeffrey, glissa l'officier Takashima en un simple souffle.
Instinctivement, leurs mains se joignirent avec force et affection, sans tentative de dissimulation.
-Je sais que je ne trouve rien de très original pour attester d'un événement si... disons, inattendu et inexpliqué, dit-il non sans son éloquence coutumière, mais... en tout cas, je suis très heureux de vous revoir, avoua sans gêne le gouverneur des lieux. Bon retour à vous. J'ai appris pour votre promotion, mais vous étiez déjà partie pour cette mission dans les limbes... félicitations, commander.
-Maintenant nous parlons d'égal à égal, lança Laurel avec complicité.
-Nous l'avons toujours été, conclut Sinclair en lâchant les mains de son homologue peu convaincue. Puis il se détourna pour laisser ses subalternes saluer la visiteuse. Il n'avait pas échappé au commander que Laurel était plus vive, plus expressive, plus émotive, que la Laurel atone et lointaine qu'elle avait finit par devenir à bord de Babylon 5. Ce que personnellement, il n'avait jamais vraiment compris, soit dit en passant, B5 étant à ses yeux la meilleure affectation de la galaxie. Mais là n'était pas l'essentiel. Son affectation à bord de cet Explorer Class lui avait visiblement changé les idées. De toute manière, tout ce temps passé ici, mademoiselle Takashima était toujours restée remarquablement discrète à propos de sa vie privée, même vis-à-vis de Sinclair et de Garibaldi, alors Jeff ne s'attendait pas à, ni n'espérait, en savoir plus maintenant à propos de cette ancienne déprime et des causes de sa résolution. Que Laurel aille mieux, voilà qui se suffisait amplement.
-Salut, la très ancienne, ricana malicieusement Garibaldi en serrant un instant contre lui son ex camarade.
-Toi, tu étais déjà vieux en arrivant ici, répondit-elle sur le même ton.

La station avait beaucoup changé en un an, et devant ce catalyseur de mémoire qu'était Laurel de par le fait, un flot de souvenirs aussi colorés que mystérieux submergea le chief. Babylon 5 n'avait été inaugurée, alors même pas entièrement finalisée, que fin 2256. Cette grosse année 2257 avait été si extraordinaire, si périlleuse, si surprenante... la seule année de sa vie où Garibaldi avait parfois apprécié de se sentir trop petit pour certains mystères et phénomènes. 58, sur le point de s'achever, était restée sur la même lancée mais n'avait déjà plus exactement le même parfum d'incroyable, la même force d'émerveillement. Laurel lui semblait imprégnée jusqu'à l'os de cette dimension étrange et trop tôt révolue. Elle en était à ses yeux le plus pur témoignage.

Takashima se libéra et tendit la main à Susan, qui la serra poliment, sans joie particulière mais avec une neutralité respectueuse et sincère. Les deux femmes s'étaient à peine croisées lorsque la seconde était venue remplacer la première. Le destin avait fait beaucoup pour sceller leur estime mutuelle, puisque la paire de lieutenant commanders s'était retrouvée, à peine quelques heures après une rencontre méfiante, en scaphandre à l'extérieur de la station, à la recherche d'une avarie sur le point de la disloquer. Du bon boulot, des souvenirs trépidants, mais elles ne se connaissaient pas personnellement pour autant, là où Michael et Jeffrey avaient fini par acquérir une intimité particulière avec l'officier venu d'extrême Orient.
“La paire de lieutenant commanders”, songea à nouveau Susan, comme si elle se citait elle-même en pensée. Certes, il y avait aussi le fait que Laurel soit passée commander il y a plus ou moins un an, au même grade que Jeff, tandis qu'elle-même était demeurée lieutenant commander depuis lors. Susan aurait voulu pouvoir penser que ce genre de considération était au dessus d'elle, mais elle savait pertinemment de quel mensonge il aurait s'agit. Le boulot était prenant, mais son objectif privé, c'était la carrière, la solde à la retraite. Matérialiste? Peut-être bien, et alors? Qu'avait-elle d'autre? Alors oui, et puis zut : elle était effectivement jalouse.
-D'où diable êtes-vous venue? S'enquit Sinclair avec un sourire étonné. Ne me dites pas qu'il y a un croiseur spatial, là-dehors? Là dernière fois, plusieurs aliens l'ont mal pris...
-Soyez tranquille, notre vaisseau mère est demeuré en hyperespace. Ma navette est repassée dans notre dimension via la jumpgate.
-Loin de moi l'idée de briser vos retrouvailles... ceci étant, l'un de vous aurait-il éventuellement un peu de temps à consacrer à nous autres, pauvres étrangers que nous sommes? Demanda depuis derrière une voix trainante et amusée, qui accusait un certain âge. Plus qu'une syntaxe riche et sophistiquée, son ton était doux et solide, très charismatique. Tous avaient perçu la musique des mots.
Le garde-à-vous aussi exagéré que subite d'Ivanova faillit laisser un œil au beurre noir sur le visage de Garibaldi, qui, surpris, suivit le mouvement maladroitement. Les deux autres firent de même avec plus de dignité.
-Repos, repos, déclara laconiquement l’homme aux cheveux très blancs, coiffés en une courte brosse désordonnée. Homme qui jouissait par ailleurs d'une stature virile et élégante, stature renforcée par l'uniforme bleu aux langues de cuir brun et par la cane de bois au manche argenté sphérique qu'il utilisait, plus pour s'aider que par vanité à en juger par sa démarche imparfaite, mais pas sans élégance pour autant. L'œil expert de Susan nota la très légère différence de réfraction lumineuse de son œil gauche à lui, et la peau légèrement plus pale de sa main gauche, comme du profil, gauche également, de son faciès. Avec une bonne vue et en se concentrant longuement sur son visage, l'on pouvait finir par repérer la très légère frontière cicatricielle entre deux.
Il s'agissait d'un “reconstruit”, devenu cyborg à la suite d'une destruction corporelle étendue. La moitié de sa chair et de son ossature, peut-être même une partie de son cerveau, n'étaient que chef d'œuvre de synthétique. Le corps de l'admiral valait bien dix millions de créds' , au bas mot.

Visage long, harmonieux, et synthèse étonnante entre une beauté masculine formelle, pas spécialement marquée par la douceur, et ce qu'elle aurait qualifié de “bonne bouille”, Ivanova nota silencieusement qu'elle avait affaire à un beau senior. Très beau, même. Voire confortablement dans la course, en tête du peloton. Mais ses deux compagnons masculins, bien qu'historiquement hétérosexuels, n'étaient pas mesquins pour autant et le notaient tout aussi bien.

À côté du vétéran, se tenait... un Narn, ce qui n'avait rien de forcément évident en ces temps de guerre froide qui se précipitait à présent vers on ne savait quel horizon douloureux.
Le pseudo-reptilien à la peau rouge terne avait les yeux de couleur jaune pâle, pas de tâches noires épidermiques sur son crâne imberbe, ce qui était rare, et un gros anneau d'or (gravé de formes cubiques et géométriques abstraites et entremêlées, à l'aspect très runique, païen) qui, faute d'oreille avec un pavillon extérieur chez cette espèce, était implanté dans le renflement cartilagineux de sa tempe gauche.
Sa face, bien que très symétrique et tout aussi harmonieuse, était fort large et musculeuse, tout comme son cou et ses épaules. Ses lèvres, épaisses et rebondies. Hormis le fait qu'il était taillé en V, musculairement développé, et plus grand que tous les Humains auprès desquels il se tenait, impossible d'en savoir plus sur l'esthétique corporelle de l'intéressé; car le Narn portait des chaussures de cuir marron, un jean noir, une chemise également noire maintenue dans le pantalon, une ceinture assortie à ses chaussures, avec une boucle dorée, et enfin, un blouson de cuir noir ouvert sur sa chemise.
Les mains dans les poches de son jean, ce qui avait pour effet de rejeter les pans de son blouson derrière ses bras, l'individu était planté là avec une sorte de légère désinvolture en conflit avec sa volonté de ne pas déranger, volonté lisible dans son expression faciale qui signifiait sans doute son désintérêt pour ce genre d'instants intermédiaires dans l'action, et son envie de passer rapidement à la suite, mais toutefois sans chercher à presser ses acolytes. Peut-être car il savait que s'il avait été concerné par les retrouvailles, il aurait apprécié qu'on lui laisse un minimum de temps. Sa gestuelle était bien plus Humaine que Narn, de manière largement plus troublante que son assortiment vestimentaire. N'importe quel bipède à la silhouette assez humanoïde pouvait s'habiller en Terrien. Peu pouvaient incarner la gestuelle d'un Humain dans une peau alien. Un Narn pur et dur, s'il avait eu des poches, n'aurait jamais eu les mains fourrées dedans par défaut, et ne se serait pas permis de briser avec tant d'indolence le parallélisme de ses jambes. Garibaldi songea à un avatar, ces espions Humains dont les échos conscients investissaient des corps vides, clonés pour l'infiltration. Mais ces derniers étaient conditionnés à se comporter seconde après seconde en parfaits Narn, et jamais l'état-major n'aurait risqué la couverture de l'un de ses modules hors de prix en l'affichant quasi-publiquement auprès d'officiers supérieurs Terriens.

-Admiral O’Neil… manqua de balbutier Jeffrey, réellement pris de court par l'événement. 
-Quelle surprise, s’exprima Garibaldi, fâché de se trouver si insipide. Le premier officier de l’Alliance, ici! Et nous n’avons rien prévu pour… heu...
Ni Sinclair ni Ivanova, et encore moins Garibaldi, n'étaient du genre à se laisser aveugler intimement par le paraître de la hiérarchie. Mais pragmatiquement, rencontrer sans crier gare Richard Dean O'Neil, c'est-à-dire, en tant qu'admiral, le plus haut patron que l'on puisse jamais avoir dans l'Earth Force en dessous du ministre de la défense puis du vice-président et du président eux-mêmes, ne pouvait pas ne pas impressionner. Surtout lorsque l'on avait conscience qu'un mince réseau de conversations en haut lieu pouvait facilement briser votre carrière à jamais. Sinclair, définitivement bloqué au grade de commander depuis la Bataille de la Ligne et son mystérieux "trou" de 24 heures, en savait quelque chose, lui qui aurait dû porter les gallons de captain en ce moment, pour le moins, si le monde tournait rond.
Aucun d'entre eux n'avait à reprocher de telles méthodes à l'admiral, mais il leur aurait été impossible de ne pas y penser quelques secondes.

-Je ne suis pas là pour abuser, monsieur... Garibaldi, c'est cela? Répondit le visiteur de marque sur le ton d'un voisin sympathique refusant poliment de s'inviter à un barbecue familial. Vous connaissez, comme vous me l'avez prouvé à l'instant, le commander Takashima... qui était en poste sur votre station avant de changer d’affectation. Et voici monsieur Ja'Mal, notre consultant de la Weyland-Yutani, ajouta-t-il en se retournant vers l’homme au costume, qui salua les trois militaires d’un long signe de tête. Ils le lui rendirent automatiquement.

Sinclair observa l'individu extraterrestre avec un étrange sentiment de stupeur mêlée de prudence et de curiosité. Pour Garibaldi, il était surtout question d'animosité immédiate, refoulée tant bien que mal. Ivanova également se situait plutôt de ce côté, mais... le visage du Narn titanesque, souligné par son anneau entêtant, l'atypisme de son naturel à s'habiller à l'Occidentale Terrienne... initialement, elle lui avait trouvé un côté plus bestial qu'autre chose, mais déjà, elle lui percevait inexplicablement un aspect piquant et plus spirituel, au sens le plus animal, le plus chamanique, du terme. Il y avait en cet être un petit et lointain quelque chose, qui la questionnait insidieusement sur elle ne savait quoi.
Toujours était-il que la période n'était déjà pas propice aux amitiés avec des Narns, alors quand, en plus, ils étaient de la Weyland! Pourquoi pas raider repenti et fanatique des Dilgars, tant qu'on y était?

-Un Narn dans la Compagnie? S'autorisa Garibaldi avec un sourire timide en travers du visage, espérant ne pas passer pour désobligeant.
-Ho, disons juste que le hasard m'a envoyé au mauvais endroit, au mauvais moment, répondit simplement l'alien, non sans autodérision et avec le fort accent de Centauri Sidéral des Narns habitant ces quadrants peuplés et ouverts, mais dissociés du Régime. Il détachait en saccade tous les mots les uns des autres, si bien qu'il était probable qu'il ne parle couramment l'anglais que depuis peu. Sa voix n'était pas fluette, mais elle était étonnamment basse et discrète pour un corps à qui l'on aurait plus volontiers prêté une voix forte et caverneuse. Par moment, elle tenait presque du murmure.

Le security chief avait déjà rayé l'hypothèse du faux Narn. S'il avait tort, alors une faute tactique potentielle avait été commise. Non, c'était sans doute autre chose, et l'accent avait en sus indiqué à Garibaldi que Ja'Mal n'était pas du Narn homeworld ni même d'une colonie nationale, excluant donc également l'hypothèse d'un traitre au Régime. Mais pendant une seconde, Garibaldi hésita à lui demander de quel cercle il faisait partie afin d'en obtenir confirmation, ou même un simple complément d'information.
Les cercles, pas exactement des castes, indiquaient la place d'un individu Narn par rapport à la structure du pouvoir dans le Régime (y compris depuis l'extérieur de ce dernier) à un moment donné. Le premier cercle était dévolu au clan royal, au rôle bien plus symbolique et spirituel qu'effectif, plus encore en matière de politique étrangère. Le second cercle était occupé par tous ceux qui ne pouvaient résolument avoir qu'un chef d'état -réel ou figuratif- au dessus d'eux : les équivalents Narn des ministres, des maréchaux, des grands prêtres, et ainsi de suite. Le troisième cercle -celui de G'Kar- était celui de la majorité des officiers, officiels et autres fonctionnaires d'un certain poids, et marquait la limite du Kha'ri, cet équivalent tentaculaire de l'Earth Dome, de la Sécurité Fédérale et de l'Earth Force. Le quatrième cercle était celui des derniers petits officiers et chefs fonctionnaires avant la masse des soldats et employés anonymes. Puis chaque cercle supplémentaire éloignait ainsi un peu plus du pouvoir hiérarchique central -sans qu'il y ait forcément corrélation avec la richesse- , jusqu'à en arriver logiquement, petit à petit, aux pires miséreux de la base populaire, et également aux hors-cercle, les lointains Narns indépendants chargés du fardeau éthique de ne pas être citoyens du Régime.
Connaître le cercle (ou le non-cercle) d'un Narn lié à la Weyland aurait sûrement déjà permis de deviner une partie conséquente de son histoire. Mais Garibaldi renonça. Normalement, la culture Narn faisait que l'un d'entre eux se présentait toujours en citant son cercle, c'était un automatisme qui n'était pas plus indiscret qu'un nom de famille pour un Terrien. Mais pourtant, Ja'Mal n'en avait rien fait, et ainsi donc c'eût été trop impoli, trop voyant. Et puis en tant que security chief, Garibaldi ne voulait pas avoir l'air de cuisiner n'importe qui sans raison. Il se contenterait des petits indices qu'il avait déjà recueilli... d'autant plus que refuser son cercle pouvait être un autre signe d'appartenance aux Narns d'en dehors du Régime.

Weyland-Yutani, songea-t-il enfin, sans en souffler mot… N’avaient-ils donc pas de truands plus notoires sous la main? La réputation de la Compagnie n'était pas volée. Il le savait bien, lui qui l'avait déjà affronté plusieurs fois dans le passé. Ivanova en particulier avait ses raisons de la détester.
Quoi qu'il en soit, pour Michael comme pour ses deux amis, cette visite en association confirmait l'un de leurs soupçons. Impossible, désormais, d'imaginer que l'alphator class n'ait pas été piloté par ceux qui étaient sensé être aux commandes, lors des faits. Les logos lui revinrent en mémoire. Ils dansaient dans son esprit avec l'immense anneau argenté et le pauvre Labeur d'Automne déstructuré, tandis que toutes sortes d'hypothèses s'y échafaudaient et s'y déconstruisaient à toute allure. Pour quelqu'un qui n'aimait pas le complotisme...

Garibaldi sortit de son caléidoscope mental en réalisant que le timbre tranquille et élégant de Sinclair tournait doucement dans ses oreilles, étouffé par le remue-méninges de sa pensée. Il se concentra.
-... mander affecté à un navire d'exploration en espace profond, un homme de la Compagnie et le premier officier Terrien ici, demandait le Martien en louchant successivement vers Takashima, Ja'Mal et O’Neil… Enfin, excusez-moi admiral, vous ne doutez pas que je sois ravi de votre visite sur ma station, mais cependant, que se passe-t-il?
-Invitez moi dans votre bureau, commander, et nous en parlerons.

Sinclair n'en pipa mot, mais il trouvait tout ceci grotesque. Ces pontes de la flotte qui vivaient sur Terre ou sur Sélène aimaient vraiment se faire mousser auprès des supposés cow-boys de la frontière... Pourquoi ne pas s'annoncer réellement? Pourquoi tant de mystères trainés en longueur? N'avaient-ils donc rien de mieux à faire que de chercher à se rendre intéressants auprès de gens en qui ils ne voyaient de toute manière que des ploucs?
Tandis que le groupe se mettait en route à l'invitation protocolaire de Jeffrey, Laurel prit une seconde en arrière pour détailler ce dock auquel elle avait régulé l'accès pendant un an environ.
Au delà des plate-formes de débarquement et des multiples passerelles interdites au public qui se croisaient les unes les autres, les canaux aériens ne donnaient que sur des “sols” , des “murs” et des “plafonds” bardés de structures mécaniques et électroniques inextricables, et passablement dangereuses pour quelque piéton non technicien expérimenté, qui se serait aventuré par ici. Tout ce qu'il fallait pour “accrocher” proprement les vaisseaux arrivants malgré leurs mille origines différentes et raisonnablement incompatibles partout ailleurs qu'ici, puis les connecter à l'intelligence centrale de la station, malgré des ordinateurs de bord qui n'avaient parfois d'informatique que l'équivalence conceptuelle dans un esprit Terrien. Quand elle y repensait, l'existence de cette Babel moderne et interspécifique se révélait proprement miraculeuse, dans le moindre de ses détails. Les Humains n'étaient peut-être ni meilleurs ni pires que les autres, mais l'histoire serait bien forcée de leur reconnaître cette extraordinaire aventure.
Les bruits usiniers de toute sorte jaillissaient sans cesse de chaque recoin des docks, et Laurel se surprit à trouver agréable cette cacophonie qui attestait que Babylon 5 était encore bien en vie, et toujours efficace.
Puis elle se mit en route à la suite des autres.


Fin du chapitre 2


Dernière édition par Mat Vador le Lun 20 Sep 2010 - 16:11, édité 17 fois
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Rufus Shinra
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MessageSujet: Re: Kaliam Connection   Kaliam Connection EmptyVen 19 Mar 2010 - 23:46

Mat, Mat.....

Content de voir que Kaliam reprend son chemin, tout d'abord. Pour ce qui est de la satisfaction, je ne te comprendrai vraiment jamais, ce chapitre étant du très haut de gamme (malgré l'influence néfaste de la VF sur les grades, mais bon, j'ai accepté de ne plus chipoter sur ce détail pour geeks, et les laisser en anglais est un bon compromis, je te l'accorde bien volontiers).

Les personnages sont vivants, bien retranscrits et fidèles à la série. Autour d'eux, on a le droit à des descriptions (ma bête noire, encore et toujours) qui, si elles ne sont pas du calibre de Skay (qui détient le record avec son panthéon farscapien, dois-je le rappeler), sont fines et bien amenées, enrichissant l'univers ou faisant quelques clins d'œil aux lecteurs.

Citation :
-Qu’est-ce qui pouvait bien être assez important pendant les vingtième et vingt-et-unième siècles pour être encore classifié aujourd'hui? Il y a plus de deux siècles et demi, réalisa Garibaldi avec un soubresaut de rire nerveux dans la voix.

Un dossier encore confidentiel deux siècles après sa création : ça, c'est de la persévérance, et c'est foutrement inquiétant (dans le bon sens du terme).

Citation :
la guerre temporelle contre les machines[...]ou encore ces bagnards extraterrestres fous, les Premiers Visiteurs, à bord de leur vaisseau semi-organique

D'accord, TSCC et Farscape sont officialisés dans ton univers. Ça, c'est l'un des aspects que j'adore dans Kaliam : on peut y croiser beaucoup d'univers sans liens apparents et dont l'influence sera demeurée limitée.

Citation :
Pour le limier et grognon Garibaldi, le problème était, à la source, beaucoup plus simple. Il se le posait en deux questions. Y avait-il oui ou non menace, et si oui, comment la neutraliser ?
Tout problème peut se résoudre par l'application adaptée et en quantité suffisante de tirs de PPG.

Le background géopolitique est toujours aussi plaisant, la paix régnant sans partage dans les étoiles. Les Narn, toujours aussi pacifiques.....

Citation :
u lieu de ça, les Narns ont vingt mille grands engins de guerre de plus que nous!
On voit que monsieur l'auteur préfère des chiffres réalistes à ceux habituellement présents dans des séries comme SG. ^_^;

En tout cas, le portrait que tu dresses de la situation nous rappelle quelques vérités si aisément oubliées lors du déroulement de la série : les Narn foutent vraiment un sacré merdier et, effectivement, l'Alliance Terrienne était dans une situation potentiellement désastreuse.

Citation :
Héhé... une main géante pour gommer la station fortifiée... on est morts.
Hé hé


Citation :
Richard Dean O'Neil
XD, juste XD



Bah il n'y a vraiment pas de quoi être insatisfait, Mat ! Avec des chapitres de ce calibre, tu nous rappelle, pour notre plus grand plaisir, qui est le patron ici (je pense d'ailleurs que Skay confirmera cette affirmation). Politique, économie, éthique, personnages, clins d'œil, suspense, élégance : tout est au rendez-vous dans ce texte que, comme je te l'ai dit sur MSN, j'achèterais sans hésiter pour notre bibliothèque familiale, où il prendrait place aux côtés de grands noms du genre, plus ou moins célèbres.
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MessageSujet: Re: Kaliam Connection   Kaliam Connection EmptySam 20 Mar 2010 - 11:19

Alerte à ceux qui ont déjà lu le texte. Etant idiot, j'avais tout simplement oublié de poster les deux derniers paragraphes du chapitre. L'erreur est bien entendue réparée depuis cette minute.

Je te répondrai plus en détail par la suite, Rufus, et merci clin d'oeil
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MessageSujet: Re: Kaliam Connection   Kaliam Connection EmptyDim 21 Mar 2010 - 18:19

Citation :
Content de voir que Kaliam reprend son chemin, tout d'abord.
En réalité, je n'ai jamais arrêté l'écriture du reboot, le soucis est que j'avais l'impression de ne pas m'en sortir sur ce chapitre-là et du coup j'ai avancé la rédaction de passages (tant inédits que réécrits) dont la publication sera beaucoup plus lointaine...

Citation :
Pour ce qui est de la satisfaction, je ne te comprendrai vraiment jamais, ce chapitre étant du très haut de gamme
Heureux que ça te plaise tant. Heureux Je ne saurais mettre de mots et d'arguments précis sur ce qui me gênait, c'était surtout une impression diffuse comme quoi les dialogues, les interactions, les attitudes, n'étaient pas naturels, pas réalistes, et que vous alliez vous ennuyer du fait de l'absence d'action et d'informations, et du fait que le chapitre mette surtout en forme les questions que vous vous posiez déjà tout seul...

Citation :
(malgré l'influence néfaste de la VF sur les grades, mais bon, j'ai accepté de ne plus chipoter sur ce détail pour geeks, et les laisser en anglais est un bon compromis, je te l'accorde bien volontiers).
Le truc, c'est que je voulais faire au plus proche de la série VO, sans soucis de savoir si ce qu'elle en faisait elle-même était réaliste ou pas par rapport aux codes et aux titres de notre monde, parce que le plus important pour moi était de ne pas provoquer d'invraisemblances quant aux habitudes des personnages de la série. On peut aussi très bien imaginer qu'en 250 ans, et après l'unification parfois forcée de tous les états, toutes les cultures, toutes les sociétés, toutes les traditions et organisations, en un organisme contrasté mais unique, certaines choses ne soient plus comme on les a connues. Il fallait trouver le juste milieu pour éviter que trop d'ex factions (du genre France) se sentent broyées dans la machine unificatrice, mais qu'en même temps la réadaptation (conversion?) générale vers un système hiérarchique mondial unique et efficace ne se fasse pas trop lentement, ni trop laborieusement.

Citation :
Autour d'eux, on a le droit à des descriptions (ma bête noire, encore et toujours) qui, si elles ne sont pas du calibre de Skay (qui détient le record avec son panthéon farscapien, dois-je le rappeler), sont fines et bien amenées, enrichissant l'univers ou faisant quelques clins d'œil aux lecteurs.
J'ai bien l'intention de concurrencer l'Olympe des Zeus à tentacules roses avec certaines des choses que j'aurai à décrire par la suite dans Kaliam aarf

Citation :
D'accord, TSCC et Farscape sont officialisés dans ton univers.
En même temps, pour Farscape, il y avait déjà Jack Crichton et la IASA dès le prologue, alors... aarf

Citation :
Ça, c'est l'un des aspects que j'adore dans Kaliam : on peut y croiser beaucoup d'univers sans liens apparents et dont l'influence sera demeurée limitée.
Héhé, et il y a aussi l'Event Horizon, du film horror/SF du même nom...^^ Même si dans ce qui a été publié jusqu'ici (première version inclue) , c'est au crossover avec Alien, bien que discret, que va ma préférence. Enfin, hormis le cross B5/film SG, bien entendu XD


Citation :
Le background géopolitique est toujours aussi plaisant, la paix régnant sans partage dans les étoiles. Les Narn, toujours aussi pacifiques.....
[...]
En tout cas, le portrait que tu dresses de la situation nous rappelle quelques vérités si aisément oubliées lors du déroulement de la série : les Narn foutent vraiment un sacré merdier et, effectivement, l'Alliance Terrienne était dans une situation potentiellement désastreuse.
Effectivement, je me suis fortement intéressé à cette situation propre à The Gathering, à la saison une, et à la saison deux jusqu'à la déclaration de guerre (dans l'épisode 9 je crois) . Et ce qui me fascine absolument, c'est de penser que toute cette intrigue, tout cette terreur, tout ce désespoir, et tout cet appétit meurtrier (selon le camp) , repose sur une illusion totale, forgée dans la douleur par la politique masochiste sans cesse répétée de Thuran. Si les entrailles de la machine Centaurie avaient vraiment été ce que tout l'univers (incluant beaucoup de Centauris eux-mêmes) croyait en savoir, alors l'avenir à court terme aurait réellement eu de fortes chances de virer au Narn partout sauf chez les Minbaris et les Vorlons. Mais les Narns vont provoquer leur propre perte et acquérir leur rédemption en shootant de manière trop téméraire dans le chapeau qui finalement cachait une brique.

Citation :
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Au lieu de ça, les Narns ont vingt mille grands engins de guerre de plus que nous!
On voit que monsieur l'auteur préfère des chiffres réalistes à ceux habituellement présents dans des séries comme SG. ^_^;
Je ne sais plus d'où venait sa source (c'était un truc genre JdR officiel) , mais c'est Ketheriel qui m'avait appris que juste avant la guerre contre les Minbaris, les Terriens possédaient environ 60 000 Hypérion et Nova, et à l'époque de B5, environ 18 000 Hypérion et Nova + environ 2000 des Omega apparus entretemps. Je considère donc qu'en 2245 (décès de Dukhat) , les Terriens avaient 20 000 grands vaisseaux de guerre de plus que les Narns, et qu'en 2248 (fin de la guerre) jusqu'en 2258/59, après la douche froide Minbarie, c'est l'inverse, le nombre de grands bâtiments Narn durant toute cette période qui va de juste avant la guerre Minbarie jusqu'au début de la guerre Narns/Centauris de 59 étant resté aux environ de 40 000.
J'utilise toujours ces deux chiffres des grands bâtiments Humains avant et après la guerre Terre/Minbar pour estimer les effectifs des différentes factions de la série, en fonction des modalités que montre le show.

Citation :
Citation :
Héhé... une main géante pour gommer la station fortifiée... on est morts.
Hé hé
Ravi que tu ai capté le truc! Hé oui, pour information, le clin d'oeil, plutôt un "présage", que je faisais, était une référence à l'image récurrente dans la série de la fameuse "main dans l'espace" de Londo... qui effacera bel et bien la dite station fortifiée, entre autres choses, et je ne sais pas si Garibaldi aurait réellement souhaité être exaucé de la sorte au vu de la suite.^^

Citation :
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Richard Dean O'Neil
XD, juste XD
Le pire, c'est qu'au départ le Ronald C. O'Neil de la première version convenait tout à fait, mais après la remarque de Skay sur le docteur Joshua Shank (j'ai retiré le s depuis) , je ne pouvais pas ne pas le faire xD

Citation :
Bah il n'y a vraiment pas de quoi être insatisfait, Mat ! Avec des chapitres de ce calibre, tu nous rappelle, pour notre plus grand plaisir, qui est le patron ici (je pense d'ailleurs que Skay confirmera cette affirmation). Politique, économie, éthique, personnages, clins d'œil, suspense, élégance : tout est au rendez-vous dans ce texte que, comme je te l'ai dit sur MSN, j'achèterais sans hésiter pour notre bibliothèque familiale, où il prendrait place aux côtés de grands noms du genre, plus ou moins célèbres.
Toi et Skay?^^
En tout cas, je suis soulagé que ça t'ai plu, et j'espère que d'autres lecteurs reviendront malgré le temps que j'ai mis...


Dernière édition par Mat Vador le Jeu 25 Mar 2010 - 21:46, édité 2 fois
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