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| Kaliam Connection | |
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| Auteur | Message |
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Skay-39 The Vortex Guy
Nombre de messages : 4190 Age : 35 Localisation : TARDIS 39th room (blit), on Moya third level, in orbit around Abydos (Kaliam galaxy)
| Sujet: Re: Kaliam Connection Jeu 25 Mar 2010 - 19:38 | |
| Un chapitre pauvre en action, qui joue plutôt un rôle de transition. On s'arrête dans le salon de Sinclair pour bavarder et échanger des hypothèses... Fondamentalement, cela fait peu progresser l'histoire, si l'on excepte la dernière partie, mais il est toujours plaisant de voir nos héros dans l'intimité. - Mat Vador a écrit:
- Je pense que je vais couper ce passage ce soir, et je m'arrangerai pour le distiller tout au long du chapitre 2, dont la structure dépourvue d'action s'y prête davantage. Merci de tes conseils hii
De nada. Par contre, est-ce que j'ai sauté un passage, ou bien ce pavé ne s'est finalement pas retrouvé dans ce chapitre ?... - EvilLoki a écrit:
- Mais pour finir sur un compliment, tu as un style vraiment prenant, entre fluidité et sophistication qui me plait vraiment beaucoup. Surtout que je suis pas un grand fan des envolées lyriques et des textes trop littéraires; mais tu as su trouver un bon compromis (contrairement à certains passages de Cheval de Troie de Skay-39 que j'avais plus ou moins survolés pour cette raison).
Il y avait en effet quelques lourdeurs dans Cheval de Troie. J'espère m'être amélioré depuis. ^^ - Citation :
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- Citation :
- Mention spéciale pour la description de l'affiche qui en est presque réaliste (rassure moi, tu n'es pas le graphiste d'un sombre mouvement d'extrême gauche). On y retrouve les codes de tout bon travail de propagande. Franchement, c'est peut être qu'un détail mais c'est le passage que j'ai le plus apprécié de ce premier chapitre.
Héhé, ça me fait chaud au coeur que tu en parle car personne d'autre ne l'a évoqué, et j'ai pris un malin plaisir à rédiger ce passage, je compte bien truffer Kaliam d'équivalents!^^ Et non je ne suis pas le graphiste du PCF tongue , pour cette affiche de propagande je me suis tout simplement inspiré de documents authentiques Soviétiques et du Front Populaire principalement, mais aussi Nazis, Américains, Britanniques, Vichystes... Effectivement, cette affiche était très réussie, il y a d'ailleurs là-dedans un côté kitch et 50's que je trouve très adapté à l'esprit un peu vieillot de Babylon 5. ^^ Bon, chapitre II. ^^ Les choses se bousculent ! Oui, oui, pardon, j'arrête. Un truc que je trouve amusant, dans Babylon 5, c'est que le contexte particulier de la station nous donne constamment accès aux interprétations des outsiders concernant les évènements qui l'affectent. Ce n'est pas possible la plupart du temps dans Stargate ou Firefly ; lorsque cela se produit dans Farscape, c'est toujours avec plaisir ; l'atmosphère de Battlestar Galactica 2003 ne se prête pas à une approche légère de ce type de rumeurs. Bref, c'est une particularité de cette série que de donner une part si importante à la voix du peuple dans chaque épisode. Tu as bien su retranscrire cet aspect dans ce chapitre, en consacrant quelques paragraphes aux débats de bistrot autour de l'apparition du vaisseau terrien. L'ambiance est tout à fait la même que celle que l'on peut retrouver au comptoir du Zoccalo tandis que Garibaldi y prend un verre. Bien, j'ai trouvé les silences émaillant la conversation entre Sinclair, Ivanova et Garibaldi un peu redondants, mais on retrouve bien nos héros ici, avec des attitudes et des répliques qu'on les imagine sans peine adopter dans la série. Leur comportement les uns envers les autres ont ce petit je-ne-sais quoi qui donne l'impression de se trouver dans un épisode de la série. Je suis parfois un peu surpris des éléments que tu décides de décrire, je ne vois pas toujours de quelle manière tu les sélectionnes, mais tu sais dire ce qu'il faut pour transmettre moins une image qu'une atmosphère. C'est assez particulier, et cela parvient à la fois à être dense et à laisser une certaine liberté à l'imagination. - Mat Vador a écrit:
- -Huh, c'que vous avez, répondit poliment Garibaldi, dos à son patron. Il commença à ouvrir la bouche comme pour ajouter quelque chose, mais la referma sans qu'aucun son supplémentaire n'ait percé.
-J'ai du vin de rose bleue en provenance de Nouveau Paris, si ça peut vous mettre sur la voie. Un ange passa, et Jeff ajouta, sur un ton qu'il voulait distrait : c'est quasiment sans alcool. J'aime ce passage, c'est tout à fait l'attitude que j'imagine à Sinclair dans ce genre de situation ; c'est à la fois détaché et délicat, ce subtil mélange que le commander semble affecter en permanence. En parlant de commander, j'approuve ton choix de conserver les grades en version originale. C'est la meilleure solution je pense, puisqu'il est impossible de les traduire de manière fidèle et insensé de les remplacer par des grades français. - Rufus Shinra a écrit:
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- Citation :
- Héhé... une main géante pour gommer la station fortifiée... on est morts.
[url=httptvtropes.orgpmwikipmwiki.phpMainFunnyAneurysmMoment]Hé hé[/url] Très sympathique allusion en effet... La main des Ombres... Était-ce un effet de style de la part de Garibaldi, ou bien sa remarque signifie-t-elle qu'il aurait pu se laisser, du moins au départ, entraîner dans les mêmes excès que Londo ? Concernant la porte des étoiles, les Vorlons étaient effectivement une source envisageable... Les Minbaris, peut-être, pourquoi pas ? Après tout, il s'agit de la porte du film, pas forcément de celle, indestructible, de la série. En revanche, je m'étonne que l'on envisage les Centauris, les Dilgars, les Vree, les Gaims, les Brakiris... Mais bon, j'y songe, l'équipe à ce moment là en sait peu sur la porte. Ils ne savent pas qu'elle permet de travers la galaxie en quelques secondes. A la lecture de ton texte, il apparait que la menace Narn a été très nettement sous-représentée dans la série. Car à l'exception de quelques détails que tu inventes pour enrichir l'histoire, les faits que tu cites sont tout à fait conforme aux éléments donnés dans la série. Tu rends la menace bien plus tangible. Quelques détails ont un peu changé vis à vis de la version précédente. ^^ O'Neil cyborg, Jamal devenu Ja'mal... Intriguant, ce Narn humanisé. Adoption ? Transfert de personnalité ? Nous finirons bien par le savoir... J'ai un peu de mal à intégrer ces changements à mon souvenir de la fic, l'amiral comme Jamal avaient un visage dans mon esprit, mais je suppose que ce n'est qu'une question de temps. ^^ J'espère que ça ne va pas être la même chose que pour l'IA de Rufus, à qui j'ai toujours du mal à prêter une voix féminine. Je ne me souviens plus bien de ce que donnait le chapitre précédent de ce point de vue, mais j'aime la manière dont tu t'attardes parfois, au cours de l'histoire, sur une anecdote, l'état d'esprit d'un protagoniste, l'historique d'un vaisseau, une analyse de la part de l'un des héros. C'est une chose que je fais aussi, dans de moindres proportions. C'est un chapitre complet et harmonieux, avec ce petit goût de poésie propre à ton style, et, même si j'ai toujours un peu de mal avec certains choix de mots et de tournure, qui me rappellent un peu mes problèmes avec Dune, c'est toujours un plaisir de te lire. Mon soucis a été que ce chapitre était essentiellement centré sur les personnages, Sinclair, Ivanova, Garibaldi... Or, je n'ai jamais réellement su accrocher aux héros de Babylon 5. Les trajectoires de certains personnages sont tout à fait fascinantes, mais la série ne les met pas au mieux en valeur, ils manquent de fantaisie. Peut-être que Londo aurait su me captiver plus efficacement. ^^ C'est davantage pour ces Anciens, ses télépathes, ses jumgates que je l'apprécie. A cause de cette orientation, je crains de ne pas l'avoir apprécié autant que les autres, malgré le talent que tu as déployé pour les rendre plus palpables. Peut-être que cela viendra, si tu continues à te donner du mal à ce sujet. ^^ Mais j'attends le prochain chapitre avec impatience. - Mat Vador a écrit:
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- Citation :
- Autour d'eux, on a le droit à des descriptions (ma bête noire, encore et toujours) qui, si elles ne sont pas du calibre de Skay (qui détient le record avec son panthéon farscapien, dois-je le rappeler), sont fines et bien amenées, enrichissant l'univers ou faisant quelques clins d'œil aux lecteurs.
J'ai bien l'intention de concurrencer l'Olympe des Zeus à tentacules roses avec certaines des choses que j'aurai à décrire par la suite dans Kaliam C'est un défi ? *tire lentement son sabre du fourreau dorsal* - Mat Vador a écrit:
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- Ça, c'est l'un des aspects que j'adore dans Kaliam : on peut y croiser beaucoup d'univers sans liens apparents et dont l'influence sera demeurée limitée.
Héhé, et il y a aussi l'Event Horizon, du film horror/SF du même nom...^^ Même si dans ce qui a été publié jusqu'ici (première version inclue) , c'est au crossover avec Alien, bien que discret, que va ma préférence. Enfin, hormis le cross B5/film SG, bien entendu XD Je crois que j'ai cessé de me torturer à propos de ces aspects. ^^ En fait, c'est fou ce que Farscape a pu m'assouplir l'esprit de ce point de vue notamment. J'ai bien l'intention d'y introduire, sinon de réels crossover, du moins des "hommages" plus ou moins déguisés. - Mat Vador a écrit:
- Mais les Narns vont provoquer leur propre perte et acquérir leur rédemption en shootant de manière trop téméraire dans le chapeau qui finalement cachait une brique.
xD Très jolie métaphore. ^^ - Mat Vador a écrit:
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- Héhé... une main géante pour gommer la station fortifiée... on est morts.
Hé hé Ravi que tu ai capté le truc! Ma foi, je crois que tous le monde l'a capté. ^^ L'image de cette main de feu est un symbole fort et récurent de la série. - Mat Vador a écrit:
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- Richard Dean O'Neil
XD, juste XD Le pire, c'est qu'au départ le Ronald C. O'Neil de la première version convenait tout à fait, mais après la remarque de Skay sur le docteur Joshua Shank (j'ai retiré le s depuis) , je ne pouvais pas ne pas le faire xD Gnagnagna. Suis-je vraiment le seul que ces éléments d'autres séries rappellent à la réalité ? Personne d'autres n'a de difficultés à s'immerger à cause de ces références à d'autres univers, d'autres "réalités ? - Rufus Shinra a écrit:
- Bah il n'y a vraiment pas de quoi être insatisfait, Mat ! Avec des chapitres de ce calibre, tu nous rappelle, pour notre plus grand plaisir, qui est le patron ici (je pense d'ailleurs que Skay confirmera cette affirmation).
Oh, je ne retire rien à Mat, mais il y a ou y a eut des auteurs sur SFFS dont le talent à mes yeux rivalisait avec le sien. ^^ Je ne me risquerai pas à tenter d'établir un classement... |
| | | Mat Le Pharaon
Nombre de messages : 5127 Age : 34 Localisation : Amiens
| Sujet: Re: Kaliam Connection Sam 27 Mar 2010 - 22:29 | |
| Merci pour tes remarques, critiques et félicitations, Skay - Citation :
- Par contre, est-ce que j'ai sauté un passage, ou bien ce pavé ne s'est finalement pas retrouvé dans ce chapitre ?...
Non effectivement, car quand on se remémore la version antérieure du chapitre, la longue entrevue qui va suivre entre le staff de B5 et les visiteurs de marque constituait à l'époque la seconde partie du chapitre, et au début de la réécriture je pensais distiller les infos sur les trusts sidéraux à ce moment-là. Sauf que finalement, cette première partie prenant du poids et du volume, j'en ai fais un chapitre entier, ce qui fait que mathématiquement, nous aurons un chapitre de plus qu'avant. - Citation :
- Effectivement, cette affiche était très réussie, il y a d'ailleurs là-dedans un côté kitch et 50's que je trouve très adapté à l'esprit un peu vieillot de Babylon 5. ^^
Merci... et c'est vrai^^ - Citation :
- Bon, chapitre II. ^^ Les choses se bousculent !
Oui, oui, pardon, j'arrête. Lol! xD - Citation :
- Un truc que je trouve amusant, dans Babylon 5, c'est que le contexte particulier de la station nous donne constamment accès aux interprétations des outsiders concernant les évènements qui l'affectent. Ce n'est pas possible la plupart du temps dans Stargate ou Firefly ; lorsque cela se produit dans Farscape, c'est toujours avec plaisir ; l'atmosphère de Battlestar Galactica 2003 ne se prête pas à une approche légère de ce type de rumeurs. Bref, c'est une particularité de cette série que de donner une part si importante à la voix du peuple dans chaque épisode.
Tu as bien su retranscrire cet aspect dans ce chapitre, en consacrant quelques paragraphes aux débats de bistrot autour de l'apparition du vaisseau terrien. L'ambiance est tout à fait la même que celle que l'on peut retrouver au comptoir du Zoccalo tandis que Garibaldi y prend un verre.
Il faut dire que ce qui me passionne le plus dans B5, ce sont les dynamiques de factions et de cultures (d'ailleurs, lorsque je me projette dans le futur de cet univers, je l'anime toujours à coup d'état-nations et à la limite de leaders atypiques, pas de personnages au sens large) , et à la racine, ce sont les peuples et leurs pensées qui forment ces factions et ces cultures, alors... - Citation :
- Je suis parfois un peu surpris des éléments que tu décides de décrire, je ne vois pas toujours de quelle manière tu les sélectionnes, mais tu sais dire ce qu'il faut pour transmettre moins une image qu'une atmosphère. C'est assez particulier, et cela parvient à la fois à être dense et à laisser une certaine liberté à l'imagination.
Je ne suis pas fâché que ça donne ce rendu.^^ De mon côté, j'essaye tout simplement de trouver les trucs qui rendront vivants, de manière fluide et dynamique à la lecture, un passage où il ne se passe rien concrètement parlant : il s'agit de donner corps à des bouts de quotidien, donner l'impression au lecteur qu'il est dans la pièce avec le personnage, voire dans sa peau, si ce n'est même dans sa tête, et que tout parait évident, naturel. - Citation :
- Très sympathique allusion en effet... La main des Ombres... Était-ce un effet de style de la part de Garibaldi, ou bien sa remarque signifie-t-elle qu'il aurait pu se laisser, du moins au départ, entraîner dans les mêmes excès que Londo ?
De la façon dont je pense avoir compris Garibaldi par rapport à ce que la série montre de lui, avec tous les côtés un peu Dexteriens que peut avoir le personnage, je suis pour ma part convaincu que courant saisons une et deux, il n'aurait pas fallu pousser Garibaldi longtemps pour qu'il se laisse séduire par Z'Ha'Dum et qu'il lui fasse lâcher frénétiquement les Ombres, en tout idéalisme, sur le Régime Narn, sur la Night Watch, sur le Corps Psy, sur Free Mars, sur Cartagia... Cependant, à partir du moment (dans la ligne temporelle authentique de la série) où il aura pu découvrir le visage des Ombres par leurs crimes massifs, ainsi que le revers des "liaisons dangereuses" avec monsieur Morden, je pense que Garibaldi perdra rapidement son "potentiel" à signer ce pacte avec le Diable. Car à la base, il aurait signé en toute bonne foi, même si ces méthodes, "oeil pour oeil, dent pour dent", et autre "la fin justifie les moyens", déjà très présentes en Garibaldi depuis toujours, étaient déjà discutables dans l'absolu. - Citation :
- Concernant la porte des étoiles, les Vorlons étaient effectivement une source envisageable... Les Minbaris, peut-être, pourquoi pas ? Après tout, il s'agit de la porte du film, pas forcément de celle, indestructible, de la série. En revanche, je m'étonne que l'on envisage les Centauris, les Dilgars, les Vree, les Gaims, les Brakiris... Mais bon, j'y songe, l'équipe à ce moment là en sait peu sur la porte. Ils ne savent pas qu'elle permet de travers la galaxie en quelques secondes.
Oui, et de plus, The Lost Tales ainsi que la trilogie Centaurie en roman sous-entendent que des années 2250 aux années 2300, les Centauris deviendront plus ou moins la première puissance technologique en lice sur le plan militaire, devant les Minbaris. On peut donc en conclure que durant les premiers temps de B5, Centauri Prime est globalement pas loin derrière Minbar en matière de science. Alors, si les Minbaris, pourquoi pas les Centauris? Les Dilgars, je les cite car ils sont sensé avoir eu une technologie presque égale à leurs contemporains Centauris, durant les années 2230 (les Terriens les ont vaincu grâce au surnombre et à la stratégie) . Donc Minbaris <=> Centauris <=> Dilgars, à peu près. Les Vrees, il faut simplement se rendre compte qu'il s'agit d'une société capitaliste et techniciste, comme la notre, donc tournée vers l'innovation et la recherche, mais surtout, selon la version officielle que connait Sinclair, les Vrees visitaient déjà la Terre en 1947, à l'aide d'astronefs très silencieux, très propres, très maniables, très rapides, très polyvalents, et parfois très grands. En fait, les Vrees étaient déjà plus avancés que l'Alliance Terrienne de 2262... en 1947. Donc il n'y a rien de fou à suggérer que les "services secrets" de quelque corporation Vree (leur société est divisée en une galaxie entremêlée de trusts spatiaux comparable à la Confédération des Systèmes Indépendants dans la prélo Star Wars) de la fin 2258 puisse créer des choses dont les Terriens n'ont pas idée. Les Gaims, ils ont la réputation globale d'une technologie très robuste et très puissante, jamais à court de surprises, car elle est confiée aux bons soins d'une caste socio-génétique entièrement conçue pour la recherche théorique et son application pratique. Les Brakiris, la seule chose qui m'a décidé à les citer (en posant le fait que Sinclair connaisse cet évènement de réputation) , c'est le Jour des Morts. Car il faut bien dire ce qui est, tous les je ne sais plus combien d'années, les autorités Brakiries organisent paisiblement et banalement ce truc dont ne nous comprenons absolument rien de la nature et des modalités, et ça me suffit pour oser postuler que les Brakiris puissent surpasser de loin la science Terrienne dans des domaines que, encore une fois, nous ne savons même pas définir. Alors, au regard d'une chose pareille, pourquoi pas l'anneau, surtout qu'ils ignorent son utilité? D'autant plus qu'il ne faut jamais perdre de vue que dans B5, la cohésion entre la supériorité technologique et la supériorité géopolitique et militaire d'un état n'a rien de systématique. La République Centaurie est nettement plus avancée que les Terriens et les Narns, mais si en 2260, elle avait vraiment été ce qu'elle semblait être devenue sur les plans économique, démographique, industriel... et bien les deux géants archaïques l'auraient -séparément- massacrée. C'est bien ce qui est arrivé aux Dilgars, plus avancés que la coalition Terriens-Narns-Non Alignés, et d'autres exemples (Technomages, Soul Hunters, Lumatis...) vont également dans ce sens. En cela, plein de Non Alignés peuvent posséder des secrets technologiques faisant saliver les Humains plus costauds, à l'image des boucliers énergétiques Abbais, par exemple. Après, la dissymétrie n'est pas systématique non plus. Les Minbaris et quelques First Ones emblématiques possédaient à la fois l'avantage scientifique et l'avantage militaro-économique. - Citation :
- A la lecture de ton texte, il apparait que la menace Narn a été très nettement sous-représentée dans la série. Car à l'exception de quelques détails que tu inventes pour enrichir l'histoire, les faits que tu cites sont tout à fait conforme aux éléments donnés dans la série. Tu rends la menace bien plus tangible.
C'est une ambiance que je veux continuer de développer, même si je compte également faire quelques allusions à son caractère... atrocement factice (allusions à l'insu de nos héros, donc, puisque pour eux il s'agira d'une découverte de la saison 2) . - Citation :
- Quelques détails ont un peu changé vis à vis de la version précédente. ^^ O'Neil cyborg, Jamal devenu Ja'mal... Intriguant, ce Narn humanisé. Adoption ? Transfert de personnalité ? Nous finirons bien par le savoir...
J'ai un peu de mal à intégrer ces changements à mon souvenir de la fic, l'amiral comme Jamal avaient un visage dans mon esprit, mais je suppose que ce n'est qu'une question de temps. ^^ J'espère que ça ne va pas être la même chose que pour l'IA de Rufus, à qui j'ai toujours du mal à prêter une voix féminine. Moi, je dis la même chose qu'au début du reboot : le nouveau Kaliam n'est pas un hommage nostalgique à l'original, il est là pour lui être supérieur et le remplacer, donc autant que possible, mieux vaut évacuer les parasitages antérieurs, faire comme si aucun modèle précédent n'existait.^^ Après, pour O'Neil, je suppose que tu peux continuer à le voir comme tu veux puisque comme je le dis dans le texte, sa reconstruction est pratiquement indécelable. Tu en fais ce que tu veux, mais sache qu'à titre personnel, je vois Richard Dean O'Neil comme le clone physique (moins mental, malgré quelques similitudes et recoupements) de Jack O'Neill, deux L, beau vieux général aux cheveux blancs-argentés durant les dernières saisons de SG-1 (avant que l'acteur ne prenne subitement beaucoup de poids) . Pour Jamal et Ja'Mal, non seulement le contraste est extrêmement violent, mais en plus Ja'Mal aura pas mal de background en comparaison de celui, presque inexistant, de Jamal, donc je ne doute pas que la nouvelle incarnation du rôle supplantera rapidement l'ancienne.^^ Heureux que tu le trouve intriguant, en tout cas! Pour l'anecdote, l'image de l'alien-intégré qui m'avait frappé et à laquelle je suis revenu à la sauce B5 grâce à Ja'Mal, c'est ça. - Citation :
- Je ne me souviens plus bien de ce que donnait le chapitre précédent de ce point de vue, mais j'aime la manière dont tu t'attardes parfois, au cours de l'histoire, sur une anecdote, l'état d'esprit d'un protagoniste, l'historique d'un vaisseau, une analyse de la part de l'un des héros. C'est une chose que je fais aussi, dans de moindres proportions.
Si par chapitre précédent tu désigne le chapitre un du reboot, je pense pouvoir dire que c'est équivalent, même si dans le premier chapitre, cela donne un certain contraste du fait de la présence d'action^^ - Citation :
- C'est un chapitre complet et harmonieux, avec ce petit goût de poésie propre à ton style, et, même si j'ai toujours un peu de mal avec certains choix de mots et de tournure, qui me rappellent un peu mes problèmes avec Dune, c'est toujours un plaisir de te lire.
Ouf! Tant mieux... - Citation :
- C'est un défi ?
*tire lentement son sabre du fourreau dorsal*
Valen non^^ La postérité jugera... - Citation :
- Je crois que j'ai cessé de me torturer à propos de ces aspects. ^^ En fait, c'est fou ce que Farscape a pu m'assouplir l'esprit de ce point de vue notamment. J'ai bien l'intention d'y introduire, sinon de réels crossover, du moins des "hommages" plus ou moins déguisés.
Curieux de voir ça... - Citation :
- Gnagnagna. Suis-je vraiment le seul que ces éléments d'autres séries rappellent à la réalité ? Personne d'autres n'a de difficultés à s'immerger à cause de ces références à d'autres univers, d'autres "réalités ?
Moi, ça commence à m'interpeller à partir d'un certain degré, par exemple lorsque McKay cite McGyver, le personnage joué par RDA, dans une franchise où le O'Neill de RDA est omniprésent, parce que c'est une "boucle" entière, ininterrompue. Mais qu'importe que dans l'univers à multiples entrées de Kaliam, un certain O'Neil ait été prénommé Richard et ait eu un papy prénommé Dean, puisque "Richard Dean" n'évoque rien dans B5, dans le film SG, dans Alien, dans Farscape... c'est comme appuyer sur le bouton rouge si le boitier n'est pas branché : ce n'est alors qu'un jeu sans conséquence. Comment vis-tu le "Cameron" de TSCC, puisqu'elle est nommé ainsi en hommage à James, le père des deux premiers films Terminator? - Citation :
- Oh, je ne retire rien à Mat, mais il y a ou y a eut des auteurs sur SFFS dont le talent à mes yeux rivalisait avec le sien. ^^ Je ne me risquerai pas à tenter d'établir un classement...
Ils sont d'ailleurs invité à le rappeler à tous en fanfiquant sur Farscape, Firefly, B5...^^ - Citation :
- C'est un chapitre complet et harmonieux, avec ce petit goût de poésie propre à ton style, et, même si j'ai toujours un peu de mal avec certains choix de mots et de tournure, qui me rappellent un peu mes problèmes avec Dune, c'est toujours un plaisir de te lire.
XD Je sais ce que tu veux dire, mais ça reste un bémol agréable pour moi que d'être comparé à la complexité du style de Dune^^
Dernière édition par Mat Vador le Lun 3 Mai 2010 - 13:57, édité 3 fois |
| | | Skay-39 The Vortex Guy
Nombre de messages : 4190 Age : 35 Localisation : TARDIS 39th room (blit), on Moya third level, in orbit around Abydos (Kaliam galaxy)
| Sujet: Re: Kaliam Connection Dim 28 Mar 2010 - 0:32 | |
| - Mat Vador a écrit:
- Cependant, à partir du moment (dans la ligne temporelle authentique de la série) où il aura pu découvrir le visage des Ombres par leurs crimes massifs, ainsi que le revers des "liaisons dangereuses" avec monsieur Morden, je pense que Garibaldi perdra rapidement son "potentiel" à signer ce pacte avec le Diable.
Dexterien ? L'emploi de ce qualificatif à propos de Garibaldi ne me semble pas approprié. Le côté "justicier" de Dexter est secondaire ; sa motivation première, ce sont ses pulsions meurtrières. Je ne vais pas citer tout ton pavé sur les différentes races aliens à même de concevoir un engin du type porte des étoiles, mais "je vous ai compris". ^^ - Citation :
- Moi, je dis la même chose qu'au début du reboot : le nouveau Kaliam n'est pas un hommage nostalgique à l'original, il est là pour lui être supérieur et le remplacer, donc autant que possible, mieux vaut évacuer les parasitages antérieurs, faire comme si aucun modèle précédent n'existait.^^
Ma foi, ce que je voulais dire, c'est précisément que ça m'est difficile concernant certains détails, notamment des personnages comme O'Neill et Ja'mal, que j'ai encore en tête. - Citation :
- Pour l'anecdote, l'image de l'alien-intégré qui m'avait frappé et à laquelle je suis revenu à la sauce B5 grâce à Ja'Mal, c'est ça.
:tealc: - Citation :
- Si par chapitre précédent tu désigne le chapitre un du reboot, je pense pouvoir dire que c'est équivalent, même si dans le premier chapitre, cela donne un certain contraste du fait de la présence d'action^^
Je faisais allusion à la première mouture de ce chapitre. - Citation :
- Mais qu'importe que dans l'univers à multiples entrées de Kaliam, un certain O'Neil ait été prénommé Richard et ait eu un papy prénommé Dean, puisque "Richard Dean" n'évoque rien dans B5, dans le film SG, dans Alien, dans Farscape... c'est comme appuyer sur le bouton rouge si le boitier n'est pas branché : ce n'est alors qu'un jeu sans conséquence.
Comment vis-tu le "Cameron" de TSCC, puisqu'elle est nommé ainsi en hommage à James, le père des deux premiers films Terminator? Tu cites des arguments très logiques, mais quand je lis, c'est plus l'émotif qui se manifeste ; ce n'est pas une question de réflexion, quand je vois RDA, c'est le visage de l'acteur qui me vient, et cela me rappelle que je suis dans une fic, chose que je pourrais oublier sans cela. Le "Cameron" de TSCC ne m'interpelle pas, tout simplement parce que Cameron le réalisateur n'a pas la même présence dans mon esprit que l'acteur phare de l'une de mes séries préféré que j'ai suivis avec passion durant des années. De plus, l'impact de ce genre de chose n'est pas le même pour moi dans une série et dans un livre. Le livre fait davantage appel à l'imaginaire, il le sollicite à chaque instant, et c'est pourquoi il doit veiller à ne pas lui nuire. Enfin, c'est là que se situe mon soucis à ce sujet. |
| | | Webkev Roi des Petits Gris
Nombre de messages : 2378 Age : 37 Localisation : ~ Surfant dans le subespace ~ Compagnon de la Confrérie
| Sujet: Re: Kaliam Connection Lun 29 Mar 2010 - 20:26 | |
| Voilà, chose promise, chose due : j'ai lu ce deuxième chapitre. Je ne puis que rejoindre ce que Skay et Rufus ont déjà dit, c'est excellent. On sent d'une part la maitrise de la franchise B5 et de la complexité de la politique spatiale que la série décrit. D'autre part, on reconnait un bon auteur capable d'écrire de longues descriptions sans fatiguer le lecteur ni l'ennuyer, chapeau. Ensuite, ce chapitre permet de revenir analyser à la loupe les événements du chapitre 1, à travers les yeux experts de notre trio de la saison 1. On apprend donc qu'un dossier top secret vieux de 2 siècles est toujours autant protégé que Fort Knox, voilà de quoi attiser les curiosités bien que le rapport soit pour nous évident à faire. J'avais l'impression à ce moment-là de ma lecture que ce chapitre ne serait pas très "surprenant", mais quelques paragraphes plus tard me voilà détrompé, un personnage du pilote fait son come-back! Pour avoir revu "The Gatering" il n'y a pas si longtemps, c'est une bonne nouvelle car voilà un personnage qu'il n'aurait pas été dérangeant de revoir dans la série. Je vois que je ne suis pas le seul à le penser, merci Mat ^^ Mais ensuite, voilà l'homme qui valait 10 millions (j'ai presque cru, en te lisant, que tu allais mettre l'homme qui valait 3 milliards ). L'amiral O'neil (oups, j'ai failli mettre deux "l", il va falloir que je me surveille ). O'neil. J'ai cru un instant que c'était Jonathan O'neil que tu nous faisais ressurgir des limbes, comme Sylvouroboros l'avait fait avec la première équipe SG-1 dans l'une de ses fics. Mais non, il semble que nous ayons à faire avec l'un de ses descendants, qui a su faire son chemin dans l'armée on dirait XD. Une bonne surprise. Comme quoi, l'Univers a beau être infini, il est tout petit, lol. Mais que vient faire le Big boss de l'Earth Force sur Babylon 5? Certainement pas faire un tour au Zocalo je présume. Nous aurons surement la réponse dans le prochain chapitre, bien que je pense qu'il va dévoiler ce que le dossier cache (tout du moins, en partie) à notre fine équipe. Donc, voilà ce que je retiens de ce chapitre. (Ja'Mal pour l'instant m'intrigue un peu moins, mais peut-être est-ce parce que je ne saisis pas l'importance de la compagnie dans le projet "Stargate 2258"...). Je te félicite Mat pour ce chapitre qui est de la fine prose Bravo |
| | | Mat Le Pharaon
Nombre de messages : 5127 Age : 34 Localisation : Amiens
| Sujet: Re: Kaliam Connection Dim 4 Avr 2010 - 11:37 | |
| - Citation :
- Dexterien ? L'emploi de ce qualificatif à propos de Garibaldi ne me semble pas approprié. Le côté "justicier" de Dexter est secondaire ; sa motivation première, ce sont ses pulsions meurtrières.
Disons que même s'ils n'ont pas les mêmes raisons, factuellement, Garibaldi a le potentiel d'agir comme Dexter. Dexter invoque un côté justicier pour donner un sens socialement parlant à ses pulsions, Garibaldi peut consentir à tuer s'il l'estime nécessaire au rétablissement de l'équilibre de la justice et des idéaux (ou plus simplement à la satisfaction de sa vengeance, comme avec Bester) . Mais si le cheminement est inversé, le résultat concret est le même. - Citation :
- Ma foi, ce que je voulais dire, c'est précisément que ça m'est difficile concernant certains détails, notamment des personnages comme O'Neill et Ja'mal, que j'ai encore en tête.
O'Neill? 'Connais pas O'Neill. 'Jamais vu de O'Neill ici. Y'a pas de O'Neill. Maintenant partez, je dois fermer la boutique, il est l'heure. *abaisse brutalement le rideau de fer du topic* *accroche un panneau "délocalisé à Tombouctou" sur le rideau* - Citation :
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- Citation :
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- Citation :
- Je ne me souviens plus bien de ce que donnait le chapitre précédent de ce point de vue, mais j'aime la manière dont tu t'attardes parfois, au cours de l'histoire, sur une anecdote, l'état d'esprit d'un protagoniste, l'historique d'un vaisseau, une analyse de la part de l'un des héros. C'est une chose que je fais aussi, dans de moindres proportions.
Si par chapitre précédent tu désigne le chapitre un du reboot, je pense pouvoir dire que c'est équivalent, même si dans le premier chapitre, cela donne un certain contraste du fait de la présence d'action^^ Je faisais allusion à la première mouture de ce chapitre. Ha, d'accord. Et bien, je ne vais pas m'amuser à le relire juste pour vérifier, mais il me semble que globalement ça voulait aller plus vite que la musique, et en comparaison, on était quand même beaucoup plus cantonné à l'extérieur des pensées des différents personnages, un peu comme avec un narrateur objectif, celui qui décrit les faits et gestes sans entrer dans la tête des héros. Il faut quand même bien réaliser que, moins ces fameux développements présents dans le reboot, j'aurais la place de faire tenir le chapitre suivant à la suite de celui-ci, comme avant... c'est dire s'il n'y avait pas grand chose à ce titre dans la version précédente. - Citation :
- ce n'est pas une question de réflexion, quand je vois RDA, c'est le visage de l'acteur qui me vient,
En même temps, c'est pas trop gênant vu que RDO a effectivement le visage de RDA :tealc: - Citation :
- Voilà, chose promise, chose due : j'ai lu ce deuxième chapitre. Je ne puis que rejoindre ce que Skay et Rufus ont déjà dit, c'est excellent. On sent d'une part la maitrise de la franchise B5 et de la complexité de la politique spatiale que la série décrit. D'autre part, on reconnait un bon auteur capable d'écrire de longues descriptions sans fatiguer le lecteur ni l'ennuyer, chapeau.
__________
Je te félicite Mat pour ce chapitre qui est de la fine prose
Bravo Et bien merci, heureux que ça te plaise toujours - Citation :
- . J'avais l'impression à ce moment-là de ma lecture que ce chapitre ne serait pas très "surprenant", mais quelques paragraphes plus tard me voilà détrompé, un personnage du pilote fait son come-back! Pour avoir revu "The Gatering" il n'y a pas si longtemps, c'est une bonne nouvelle car voilà un personnage qu'il n'aurait pas été dérangeant de revoir dans la série. Je vois que je ne suis pas le seul à le penser, merci Mat ^^
Je t'en prie.^^ Je pensais effectivement qu'un tel retour pouvait être judicieux, cependant, je me méfiais du jeu un peu monotone de l'actrice, qui aurait pu rendre le personnage un peu lassant à terme dans Kaliam. J'ai donc introduit l'idée qu'elle n'était pas bien moralement sur B5 l'année précédente, pour des raisons encore à éclaircir, ce qui me laisse le champ libre pour lui développer un caractère tout neuf en cette fin 2258. Jusqu'ici, je me suis focalisé sur un côté chaleureux un peu ambigu puisque oscillant entre des tons familiaux (maternels, fraternels, filiaux) et des tons un peu sensuels. Le fait de pouvoir également plonger directement dans son esprit, comme pour les autres personnages (dernier paragraphe) , aide aussi pas mal. - Citation :
- (Ja'Mal pour l'instant m'intrigue un peu moins, mais peut-être est-ce parce que je ne saisis pas l'importance de la compagnie dans le projet "Stargate 2258"...).
Bah pourtant, après avoir vu Alien, tu devrais te méfier |
| | | Skay-39 The Vortex Guy
Nombre de messages : 4190 Age : 35 Localisation : TARDIS 39th room (blit), on Moya third level, in orbit around Abydos (Kaliam galaxy)
| Sujet: Re: Kaliam Connection Dim 4 Avr 2010 - 12:45 | |
| - Mat Vador a écrit:
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- Citation :
- Dexterien ? L'emploi de ce qualificatif à propos de Garibaldi ne me semble pas approprié. Le côté "justicier" de Dexter est secondaire ; sa motivation première, ce sont ses pulsions meurtrières.
Disons que même s'ils n'ont pas les mêmes raisons, factuellement, Garibaldi a le potentiel d'agir comme Dexter. Dexter invoque un côté justicier pour donner un sens socialement parlant à ses pulsions, Garibaldi peut consentir à tuer s'il l'estime nécessaire au rétablissement de l'équilibre de la justice et des idéaux (ou plus simplement à la satisfaction de sa vengeance, comme avec Bester) . Mais si le cheminement est inversé, le résultat concret est le même. Ma foi, si on regarde les choses sous cet angle... ^^ - Mat Vador a écrit:
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- Citation :
- Ma foi, ce que je voulais dire, c'est précisément que ça m'est difficile concernant certains détails, notamment des personnages comme O'Neill et Ja'mal, que j'ai encore en tête.
O'Neill? 'Connais pas O'Neill. 'Jamais vu de O'Neill ici. Y'a pas de O'Neill. Maintenant partez, je dois fermer la boutique, il est l'heure. *abaisse brutalement le rideau de fer du topic* *accroche un panneau "délocalisé à Tombouctou" sur le rideau* :tealc: - Mat Vador a écrit:
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- Citation :
- ce n'est pas une question de réflexion, quand je vois RDA, c'est le visage de l'acteur qui me vient,
En même temps, c'est pas trop gênant vu que RDO a effectivement le visage de RDA :tealc: Tu m'as très bien compris ! :apophis: |
| | | EvilLoki Pirate Galactique
Nombre de messages : 421 Age : 37
| Sujet: Re: Kaliam Connection Mar 13 Avr 2010 - 22:44 | |
| Ça y est, j'ai lu ce chapitre 2. Alors certes, c'est calme et il ne se passe pas grand chose dans les faits, mais ce chapitre n'en est pas moins utile puisqu'il permet de voir une interaction plus qu'intéressante entre Sinclair, Ivanova et Garibaldi. Contrairement à Skay, c'est ce trio de personnage que j'adore dans B5 et leurs petites appartés concernant les nombreux évènements se déroulant autour d'eux sont toujours un plaisir. J'irai même jusqu'à dire que ce passage est trop court et que leurs spéculations auraient pu aller plus loin. Les descriptions sont toujours de qualités et les personnages très bien rendus et fidèles à la série ... tu les rends même sur certains aspects plus consistant que cette dernière. L'ensemble des clins d'œil sont appréciable également et j'ai principalement aimé celui concernant Avatar qui est plus discret que les autres et qui du coup passe mieux que l'énumération précédente qui fait un peu fourre-tout. Et puis le rythme s'accélère un peu sur la fin avec l'arrivée de l'Admiral Richard Dean O'Neil et Ja'mal qui personnellement (n'ayant pas lu la première version de Kaliam) m'intrigue beaucoup. Au final, il ne se passe peut être pas grand chose, mais on en ressort avec encore plus de question qu'auparavant et c'est tant mieux. J'attends avec impatience ce que l'Admiral a à dire. Pour conclure, très très bon chapitre. Vivement la suite. |
| | | Mat Le Pharaon
Nombre de messages : 5127 Age : 34 Localisation : Amiens
| Sujet: Re: Kaliam Connection Mar 27 Avr 2010 - 17:36 | |
| Merci beaucoup, EvilLoki, pour la pertinence de ton commentaire. Parlotte, parlotte, mes amis. Encore un chapitre que je n'aime pas énormément, loin de là, mais je ne veux pas vous faire mijoter indéfiniment ^^ Chapitre 3 : Aucun Humain, vraiment? Curieuse ambiance, que ce mariage orageux entre l'impatience palpable des invitants et la décontraction peu empressée qui, de manière peut-être un peu puérile, s'inscrivait ouvertement chez les invités. Mais Laurel étant déjà connue et considérée en tant qu'alliée par ses anciens partenaires, et Ja'Mal étant ici un peu comme hors-concours, c'était bel et bien sur l'humeur générale sautillante et bien peu protocolaire de l'admiral que s'appuyait et se réfléchissait cette attitude partagée par les visiteurs. O'Neil était de ces êtres dont le charisme emportait naturellement, magnétiquement, l'âme de celles et ceux qui les fréquentaient, jusqu'au bout de leur excentricité, parfois. Sinclair aussi était de ceux-là, tandis que Takashima, Garibaldi et Ivanova n'auraient pu espérer susciter un tel effet de manière si globale, ni dans de telles proportions. Debout dans la fameuse pièce du commander où les autres avaient fini par prendre des chaises dos au bureau, l'admiral, qui flânait de l'une à l'autre décoration en s'appuyant sur sa cane, embraya sans plus tarder sur l'objet de sa visite. En tournant la tête en arrière, il détailla ses interlocuteurs : Sinclair, calé derrière son bureau (O'Neil avait refusé de l'occuper momentanément) paraissait prudent et attentif, mais ouvert. Sa posture complexe, murement réfléchie au gré des expériences, passait tant par l'expression faciale que par le positionnement de chaque articulation du corps, et elle permettait d'informer du respect du cadre hiérarchique et institutionnel auquel il ne dérogerait pas, mais sans jamais lui abandonner sa noblesse et sa dignité d'homme penseur, sensible, expérimenté, et en cela égal à tout gradé supérieur. Le plus fort était que cette posture était faite pour transmettre ce message tout en évitant de froisser outre mesure les plus retors parmi les dits gradés supérieurs. Du grand art. Sur les chaises en métal et en plastique placées devant en prenant garde à ne point boucher la vue au commander, Garibaldi respirait la méfiance. Ivanova, elle, se situait quelque part entre ces deux pôles magnétisés respectivement par Garibaldi et Sinclair, et à intervalles irréguliers, elle lançait un regard aussi furtif que circonspect au géant Narn. Ja'Mal, puisque l'on parlait de lui, se contentait, comme il avait fait jusqu'ici, de prendre sur lui en attendant que les choses se fassent, visage fermé. Outre son flegme de façade et l'ironie distinguée dont il avait fait preuve en s'exprimant rapidement, il était encore difficile, pour les « babyloniens », de se faire une idée de ce personnage énigmatique. Enfin, Takashima détaillait de son côté, tout comme l'admiral lui-même, la pièce de taille moyenne; plongée dans ses souvenirs des lieux et dans des perspectives qui, à l'heure actuelle, n'existaient qu'en songes et en pensées. Puis elle revint au présent, et se prépara à s'exprimer. -Tout d'abord, dit-elle en ouvrant la discussion, j'ai été autorisée à vous révéler que le poste d'auxiliaire au commandement à bord d'un explorer, qui m'avait été donné à votre connaissance, lors de ma promotion et de mon départ, était une couverture. J'ai en réalité rejoint un programme secret de l'Earth Force, chapeauté par les services secrets de l'armée, avec la collaboration des services secrets fédéraux et de deux groupes spatiaux privés : IPX, la "traqueuse de reliques", et la Weyland-Yutani. Je sais qu'étant vous-mêmes soumis aux règles de ce milieu, vous ne m'en tiendrez pas rigueur. -En effet, répondit Ivanova de manière pas particulièrement engageante mais avec sincérité. La nouvelle éveilla la curiosité de Sinclair, sans le brusquer, quant à Garibaldi, et bien... il l'avait toujours plus ou moins soupçonné, allez savoir pourquoi. Allons, il fallait se presser. Et pour se presser, Richard se pressa. -Bien, une bonne chose de faite. Avez-vous déjà entendu parler du stargate, commander Sinclair? Commença-t-il sans concession. Jeffrey se sentit soudain comme sur le grill. -Non, répondit-il aussi simplement que précautionneusement. C'était la vérité la plus stricte et la plus neutre, même si l'officier fit instantanément l'évidente connexion entre le terme employé et l'artefact circulaire. Et peut-être le programme secret de Laurel? -Ce dont je vais vous parler est, vous l'aurez appris par vos propres moyens, secret défense. Il s'agit de l'un des replis secrets les plus surprenants de notre histoire, autant par la densité que par la durée et par le fond-même. Oubliez les Minbaris, Mars, les Narns -sans vouloir vous offenser, Ja'Mal-, l'hyperespace, et tout ce qui compte dans notre univers. Il n'y a rien de tel dans l'histoire que je vais vous raconter. Il s'agit d'une boite de Pandore qui a longtemps sommeillé entre nos mains, et ce n'est que très récemment que nous avons réalisé... réalisé une seconde fois... à quel point elle pourrait tout changer. Ceci étant dit, sachez dés à présent que beaucoup de temps a été perdu et je ne compte pas laisser traîner notre projet plus longtemps encore. Il est temps pour nous d'avancer plus franchement vers la suite de notre affaire... ceci parce que les Narns nous menacent plus que sérieusement -sans vouloir vous offenser, Ja'Mal-, aussi ai-je besoin que vous me soyez parfaitement attentifs. Au terme de cette entrevue que je veux comme une simple introduction aux grandes lignes, puisque je n'ignore pas que la journée a été longue et que vos estomacs sont creux, il vous sera remis des cristaux de haute sécurité, avec en leur sein le détail et le développement des informations évoquées ce soir. Vous devrez vous familiariser rapidement avec ce contenu, jusqu'à en assimiler la substance. Sinclair s'éclaircit la gorge. -Admiral O’Neil, si je puis me permettre, je ne comprend pas très bien pourquoi... quel est notre rapport avec tout cela? N’êtes vous pas venu récupérer votre sujet d’expérience, avant de repartir? En fait... pourquoi sommes-nous intégrés à votre secret défense? Takashima et Ivanova notèrent le mauvais regard en biais que Garibaldi lança discrètement à Sinclair, comme s'il craignait que les mots du commander ne fassent se raviser O'Neil et que finalement, celui-ci s'en retourne sans avoir rien dit. Cela avait visiblement été plus fort que lui. -Non, répondit le généralissime. Deux missions se sont croisées, mais nous serions venu sur Babylon 5 même si le cargo test avait été dirigé ailleurs. Je suis ici pour faire pourvoir à un job, Sinclair, comme vous le subodorez sans doute déjà. Mais je reviendrai sur ce point ultérieurement. Pour l'instant, laissez-moi raconter mon histoire, voulez-vous? J'aime beaucoup raconter mon histoire. Projecteur? Appela-t-il en semblant parler au plafond, comme s'il attendait une réaction de sa part, tandis qu'Ivanova retournait dans sa tête la mention du “cargo test”. A cet appel pourtant d'apparence vaine et idiote, une soucoupe volante grise, large comme une bonne assiette, s'éleva bel et bien en roucoulant du meublier attenant aux parois de la pièce, et vint se placer devant l'admiral en laissant l'air onduler sous elle. Sa surface était égale, à l'exception de l'embout en forme d'objectif de caméra qui se détachait à l'horizontale de sa tranche lisse. O'Neil empoigna cette dernière d'une main, et de l'autre, introduisit un petit cristal blanc dans l'orifice installé à cet effet sur la face supérieure. -Ces cristaux Minbaris sont stupéfiants... savez-vous qu'à catégorie égale, ils peuvent porter environ vingt-six fois plus de contenu que les meilleurs équivalents Terriens, qui régnaient sans partage sur Terre jusqu'à la fin de la guerre de Minbar? Lumière éteinte. Va à la dernière piste de lecture utilisée. Lecture. Mode d'enchainement interactif. Alors que l'éclairage de la salle passait hors-tension, une image singulière se constitua instantanément depuis le néant, et il se mit à flotter dans l'air une photographie de la taille d'une diapositive. La technologie ne la rendait pas en trois dimensions à proprement parler, mais l'effet d'un léger relief et d'une profondeur réelle, bien présent, était saisissant. Il s'agissait là d'une sorte de bas-relief photographique en noir et blanc qui flottait, immatériel, dans le vide de la pièce sans lumière. Comme une fenêtre ouverte sur une autre dimension, ou sur un lieu invisible, figé et sans couleur. Quant à la photo elle-même... à voir le grain de l'image et les costumes des protagonistes, le noir et blanc n'était pas un effet de style, mais plutôt une nécessité d'époque. Susan n'était pas particulièrement experte en histoire de la technique photographique, mais il lui semblait qu'une telle image impliquait une photo sans doute pas postérieure aux années... 1950? 60? L'on y voyait, en grand angle, une troupe de gens -tous des mâles Humains à l'exception d'une fillette brune- posant fièrement devant un anneau métallique gravé, plus grand qu'une autovolante. L'une d'elles aurait même pu passer en son vide central. L'objet était encombré par de nombreux cordages tendus, le maintenant de partout en position dressée. Garibaldi reconnut immédiatement son anneau, tout comme ses compagnons, puisque ces derniers avaient brièvement étudié les enregistrements vidéo de l'équipe envoyée dans le Labeur d'Automne ce matin-même. Une minorité d'individus représentés sur la photographie avait le type Caucasien, et ces derniers étaient vêtus tantôt à la victorienne (ainsi qu'il était le cas de la fillette) , tantôt à la gavroche. La majorité des individus avaient cependant le type Maghrébin ou Africain et les vêtements simples de la majorité d'entre eux traduisaient un milieu social peu favorisé financièrement. La photo ne laissait rien voir d'autre que la troupe et le cercle encordé, si ce n'était un sol aride et naturel, et un ciel dégagé, que l'on devinait parfaitement bleu malgré l'absence de couleur. La Terre. Sinclair retint un léger rire. Bien que se doutant de l'âge du dispositif mystérieux et par extension de l'affaire qui y était associée, il avait jusque ici eu en tête l'image de l'anneau géant sortant d'une usine incompréhensible, Minbarie ou Vorlone, puis finalement apportée aux Humains par un OVNI... mais jamais il n'aurait imaginé la chose exhumée de rien moins que le sol terrestre, après un sommeil d'on ne savait combien d'années. Ceci étant dit, l'objet ne pouvait pas avoir poussé sous terre tout seul... Richard prit une inspiration, et commença. -En 1928, en Égypte, relata-t-il comme s'il lisait un conte à son petit fils, une expédition Britannique a mis à jour un chantier très intéressant enfoui tout près des grandes pyramides, sur le plateau de Gizeh. Il y avait là toutes sortes de restes très atypiques, dont une pièce maîtresse, un artefact circulaire en très bon état. Cet anneau métallique n’était qu’un vestige pharaonique de plus aux yeux de l’équipe, certes une pièce extraordinaire, mais il était tout simplement promis au muséum de Londres, conta-t-il sans prêter attention aux regards estomaqués de ses hôtes. L'image fondit et se reconstitua instantanément. Le grand portail circulaire, toujours traduit en noir et blanc, était maintenant posé debout contre un mur, face à un amoncellement de caisses en bois clair, solide mais sans beauté. Des lettres et des numéros s'y trouvaient inscrits en noir. Aux caisses succédaient quelques étagères métalliques, couvertes d'objets archéologiques étiquetés. Deux hommes en complet veston d'antan, dont un au calepin bien en main, se tenaient non loin du cercle et semblaient débattre à son égard sans prêter attention au photographe. -Mais les Britanniques, poursuivit O'Neil après avoir marqué une pause, comprirent qu’il y avait un … « problème » avec l’anneau: ce métal... si tant est qu'il en fût un... était inconnu, plus dur que du diamant, et aucun symbole n’était identifiable, dans quelque dialecte que se soit; à l'exception de quelques anciens hiéroglyphes sur une dalle attenante, certes, mais rien de reconnaissable sur l'anneau en lui-même. De surcroît, nos Anglais de l'époque avaient bien intégré qu’ils n’auraient jamais pu graver eux-mêmes ces symboles avec une telle finition, dans un matériau aussi solide… et encore moins, par voie de conséquence, les Humains de dix mille ans auparavant, car c’était bien ce qu’avait révélé l’analyse... le carbone 14 le confirmerait bien plus tard. Cinq millénaires avant la fondation postulée du premier royaume d'Égypte, cet anneau avait été enfoui sous une dalle travaillée… O'Neil reprit son souffle, et voulu continuer, mais... -L'Égypte n'existait pas encore, protesta Susan sur un ton robotique, presque procédurier. -Je viens de le dire, répondit joyeusement l'admiral, tandis que Sinclair songeait que seule Ivanova aurait pu se fendre de cette intervention. Alors les archéologues bouclèrent cet artefact qui bouleversait trop leurs convictions, poursuivit Richard, de peur de ce qu'il pourrait être, et signifier. L'image se reconstitua une troisième fois. Désormais en couleur, on y retrouvait l'anneau, ce coup-ci installé debout au terme d'une rampe métallique inclinée, partie ascendante vers lui. Deux bras mécaniques à l'aspect rigide retenaient le cercle ainsi en le saisissant par la partie supérieure de l'anse, comme une paire de mains sur un volant. Les scientifiques portaient maintenant la blouse blanche tandis que les soldats en présence prenaient eux aussi une allure un peu plus contemporaine, avec leurs treillis verdâtres, leurs bérets, et leurs grosses pétoires à projectiles même pas électromagnétiques. Susan interprétait le lieu qu'elle voyait comme une pièce étriquée, dont les murs de béton gris paraissaient s'élever démesurément, hors de vue. Hormis les portes coulissantes à la peinture bleue, des postes électroniques et des canalisations étaient tout ce qui brisait leur monotonie. Le cliché lui-même semblait avoir été pris sur un angle de plongée, derrière une baie vitrée interne qui se trouvait vraisemblablement à l'aplomb de la salle circulaire, à voir ce curieux reflet qui barrait discrètement la photographie. L'esthétique ambiante évoqua à Sinclair la façon dont il se représentait grossièrement la période de la guerre froide tardive, parmi l'histoire oubliée de l'ancienne Terre désunie. -Mais en 1992, Catherine Langford, la fille du découvreur, installée aux États-Unis, obtint que le gouvernement Étasunien achète l’artefact au Royaume-Uni. Elle avait ré-étudié les pistes ayant mené à la découverte du secteur et de son trésor, et découvert de nouveaux détails. De surcroît, elle s'était procurée les conclusions des équipes scientifiques Britanniques ayant planché sur la composition de l'engin. La synthèse de ces découvertes était un coup de canon dans l'esprit de l'Humanité. Les recoupements induisaient la présence en Égypte de quelque chose de gros, quelque chose qui n'aurait pas dû exister à cet endroit et à cette époque. Une anomalie qui faisait figure de tâche d'encre sur nos livres d'histoire bien sages et sur notre conception linéaire du monde. -La théorie des “anciens astronautes”, je parie? -Précisément celle-là, lieutenant Ivanova. Pour le trio, la nouvelle était intéressante, mais pas à s'en extasier, cause d'être né dans une Humanité habituée à percevoir et interagir continuellement avec nombre d'aliens différents, depuis plusieurs décennies. Toutefois, aucun d'entre eux n'eut de mal à se représenter l'impact que cette simple piste avait pu avoir sur leurs ancêtres, exposés au doute quant à leur éventuelle solitude dans l'univers, et moins au fait des mystères de leur propre passé qu'on l'était fatalement aujourd'hui, avec deux ou trois cent ans de pratique supplémentaire de l'archéologie et de ses variantes. Cependant, il leur restait encore à établir l'impact au sens large de cette présence révolue. Puisque l'histoire l'avait oubliée, elle devait logiquement avoir été plutôt limitrophe, mais... et si la civilisation Humaine lui devait davantage qu'elle ne s'en souvenait? En ce cas, comment les citoyens de la très fière Alliance Terrienne prendraient-ils cette révélation qui remettait en cause leurs mérites propres dans leurs premiers pas historiques? Les trois têtes capitales de Babylon 5 pensèrent une fraction de seconde que la série de photos était revenue au noir et blanc, lorsque le visuel flottant changea à une nouvelle reprise. Puis ils virent que bien qu'effectivement en noir et blanc, il ne ne s'agissait en fait pas d'une photographie. C'était cette fois une composition graphique, un dessin... réussi et détaillé, au trait extrêmement fin, pour un rendu fort réaliste. Une oasis de palmiers, de lagunes et de hautes herbes à perte de vue, ponctuée de dunes et de bras sablonneux, y était représentée. Au premier plan, sept silhouettes étaient visibles. L'une, un peu à l'écart du groupe, était celle d'un grand bipède à tête de loup, une tête étrangement géométrique, statuaire. Une tête noire, à l'image de l'armure intégrale élancée que son corps supportait, uniquement contrastée par les gros bijoux clairs que l'on trouvait sur son poitrail et sur ses membres. Était-ce Anubis, le dieu des morts? Il se tenait là, raide, orgueilleux, comme en faction aux yeux de tous les mortels, avec à la main une sorte de longue fourche à trois dents, élégamment conçue. Puis restait six silhouettes Humaines de taille comparable à l'Anubis, bien que moins hautes et plus fines, plus fragiles. Des silhouettes probablement masculines, aux cheveux noirs ou au crânes rasés, qui portaient indifféremment la bure ou de simples pagnes, agrémentés de brassards brillants et autres bijoux de très grande taille. Offrant leurs profils au dieu chacal, ces petits personnages avaient tous les bras ouverts vers le ciel, et deux d'entre eux étaient même tombés à genoux. Depuis leur secteur jusqu'à l'autre terme du panorama, une route pavée filait droit malgré le relief, côtoyant un moment un troupeau de dromadaires montés. Le Soleil n'était pas oublié sur la représentation, choyé par une cour de nuages légers et filamenteux. Au dernier plan, couronnant le paysage plus encore que l'astre du jour, quatre immenses pyramides scintillantes à l'étrange aspect lisse et sculptural, trônaient. Les volets titanesques, bas-reliefs abstraits ou figuratifs, et autres balcons géométriques qui striaient leurs surfaces les rendaient d'aspect plus sophistiqué, aux yeux de ceux qui découvraient maintenant leur image, que les habituelles pyramides Égyptiennes communément représentées, très dépouillées en comparaison. Mais ces monuments n'étaient pas pour autant chargé jusqu'à l'excès et conservaient une importante et solennelle aura de sobriété. De l'édifice qui se présentait en premier, son sommet pointu divisé en quatre segments désolidarisés formant une ouverture centrale, montait vers le ciel un torrent aérien de lumière au tracé à la fois limpide et nébuleux, qui allait en s'élargissant petit à petit. Trois aéronefs à l'aspect avionique, mais dont les angles et postures autour du flux évoquait plutôt la technologie de l'hélicoptère, avaient l'air de monter lentement en spirale autour de l'énorme rayon d'énergie. Symboliquement, la lumière avait l'air plus étincelante que celle du Soleil lui-même, mais d'une manière si concentrée que tant que l'on avait pas les yeux posés précisément sur le rayon, elle n'éblouissait aucunement. Laurel savait déjà tout ce qui se dirait ici, et ce n'était pas la première fois qu'elle voyait ce paysage incolore. Pourtant, un frisson mêlant plaisir et appréhension passa en elle. Il y avait de tels échos de puissance et d'étrangeté dans ces captures d'une essence d'outre-tombe, une essence irréelle, hors du temps... et le commander se doutait que de sa remplaçante et de ses deux anciens collègues, il y en avait au moins un qui ressentait la même impression, au même instant. Et pourtant, Sinclair, Garibaldi et Ivanova n'étaient pas destiné à en savoir jamais moitié autant qu'elle-même... cette dernière réflexion la troubla. Pourrait-elle encore revenir travailler à Babylon 5, comme avant, si elle le voulait? Qu'est-ce qui avait changé en elle et en eux, durant cette campagne secrète qu'elle avait menée dans les limbes et dans les plus puissantes forteresses de l'Earth Force, pendant un an? Seraient-ils encore compatibles? -D'où vient cette image? Demanda Ivanova. S'agit-il d'une illustration quelconque, ou bien d'une représentation pertinente? -Plutôt pertinente, pour ce que nous en savons, lui répondit Takashima. Elle a été découverte dans la crypte d'un monastère médiéval de la campagne avoisinante d'Istambul, monastère orthodoxe qui le tenait apparemment d'une université Athénienne antique s'étant intéressée, plusieurs siècles avant Jésus Christ, à la même histoire pré-égyptienne que celle que l'admiral vous raconte aujourd'hui. -Tout ce que nous avions, disait O'Neil comme s'il n'y avait eu aucune interruption, mettait très clairement en évidence, malgré la mauvaise foi carabinée de certains, une hypothèse en particulier : quelque chose, une force, au sens géopolitique du terme, était là des milliers d'années avant l'aube de nos grands empires antiques, et avec une technologie supérieure. Pas juste supérieure aux pharaons ou aux empereurs de Rome. Supérieure à nous. Pour autant qu'on le sache, cela ne ressemblait pas forcément à quelque chose qu'on puisse véritablement qualifier d'état, de culture ou de nation... son étendue et ses ambitions étaient trop réduites, et sa raison d'être trop pragmatique, pour ça. Disons plutôt un dominion localisé, une sorte de... comptoir. Un dominion de dieux et de surhommes venus sur ces terres d'Afrique du Nord avec leur magie, y établir une enclave en phase avec la vie des étoiles. Un monde uniquement dédié à l'édification de leur propre fortune. Tout laissait entendre qu'ils nous avaient “fondé”, d'une certaine manière, sans que nous en ayons gardé le souvenir historique. Les inscriptions faisaient référence à d'étincelantes cités pyramidales en or et en quartz, dont la richesse scintillait jusque dans les grandes vallées verdoyantes du sud... -Des... “vallées verdoyantes” au sud de l'Égypte, à l'époque de l'ancien Sahara? Coupa Garibaldi. -Ce désert n'est devenu aride qu'environ un millier d'années avant Jésus Christ, répondit Laurel. Avant cela, il ressemblait plutôt à ce qu'il est majoritairement aujourd'hui, depuis sa terraformation : marécages, steppes, savanes, prairies, lacs... villes, peut-être. -La description rappelle les mythes qu'affectionnaient les conquistadores du continent Américain, à propos des métropoles d'or des Amérindiens cachés... l'Eldorado, les sept cités de Cibola... évoqua le commander de la station. Son air était à la fois distant et impliqué, sensationnel et professoral, comme si Jeff cherchait à rationner sa propre émotivité dans le cocktail de ses réactions. Dans les têtes de Susan, Michael et Jeffrey, les hypothèses plus ou moins structurées naissaient de l'impatience, tentant aussi frénétiquement que prématurément de combler le vide entre ce début de cours universitaire inédit et la destinée finale du Labeur d'Automne. Vers quoi se dirigeaient-ils? Quelle serait la révélation centrale, quel serait le liant? Nouveau changement d'illustration. Cette fois, il s'agissait de portraits photo d'individus en couleur, tous des hommes. Les visages étaient photographiés de face, jusqu'aux épaules, l'expression neutre. Des clichés administratifs, probablement. La projection n'était plus statique. Elle défilait lentement, une photographie à la fois. Pour l'heure, flottait dans le vide le visage imberbe d'un jeune homme noir, au crâne parfaitement rasé. Ses traits étaient fins, et son regard, bien qu'inexpressif du mieux qu'il le pouvait, laissait espérer selon Sinclair une nature honnête et empathique. Le sous-titrage de la photo indiquait, entre autres courtes informations génériques, qu'il s'agissait d'un certain lieutenant Brown. Une autre image remplaça la première. L'individu suivant avait un visage long et anguleux, et étrangement, ce dernier paraissait d'aspect à la fois sec et poupin. Ses paupières tombaient légèrement sur ses petits yeux d'un bleu électrique, des yeux qui malgré leur beauté plastique, renvoyaient un air éteint et impitoyable. Ses cheveux blonds paille étaient disciplinés par une coupe en brosse bien mieux entretenue que celle de l'admiral, une coiffure qui, conjuguée à la morphologie particulière de sa face, contribuait à faire ressortir ses oreilles quelque peu décollées. Sa bouche était fine, et de manière générale, ce visage parfaitement symétrique semblait investi d'une perfection froide, antipathique. Celui-là avait au moins trente-cinq ans, et était désigné comme étant un certain colonel... O'Neil?! Releva Garibaldi, interpellé. L'intéressé nota que son nouvel auditoire était captivé. Tous trois paraissaient crispés, comme en attente de répercussions importantes du récit trois fois centenaire -ou dix fois millénaire, selon le point de vue adopté- sur leur présent immédiat, quoique chacun avec des nuances semblables à ce que l'admiral avait par ailleurs déjà eu le loisir d'observer d'eux: la concentration perplexe de Sinclair passait pour ouverte et bienveillante, là où celle de Garibaldi évoquait hostilité et scepticisme, et encore une fois, le lieutenant se situait entre les deux, son humeur naviguant aléatoirement de l'une à l'autre de ses faces... chacune à l'image de l'un de ses deux compagnons, pensa Richard avec ironie. Ivanova avait la dureté de Garibaldi, mais encadrée par un stoïcisme Sinclairien qui la rendait d'une certaine manière réfléchie et calculatrice, là où le caractère torturé similaire du security chief, plus sulfureux, s'exprimait le plus souvent à chaud, par la passion et l'émotivité. Bien, un bon départ. Sa propre équipe n'était pas là dans l'unique but de raconter de belles histoires. Bien entendu, l'admiral attendait quelque chose de la trinité dirigeante de Babylon 5. -Autant il n'y avait rien de plus à faire de l'artefact en 1928, reprit-il, autant passées les années 1990, la technologie des États-Unis bousculait la donne. Ils installèrent l'anneau, et tout ce qui se trouvait avec lui, dans la base militaire de Creek Mountain, où les USA et le Canada collaborèrent pour comprendre ce qu’était l’engin, et d’où il venait. Ce fut la fondation du programme Gizeh 28 : hautement secret, est-il besoin de le dire. -Vous ne voulez pas vous asseoir, admiral? Proposa Sinclair en voyant O’Neil faire les cent pas dans la pénombre, devant ses subordonnés assis. -Non merci, Sinclair. Les militaires se payèrent une bonne équipe scientifique, divisée en une section de mathématiciens, de physiciens et de quelques auxiliaires spécialisés, en sidérurgie par exemple, puis en une seconde section consacrée à l'archéologie, aux langues et à la xénologie. Ils passèrent une année entière, l'an 1992, à tâtonner sur l'anneau, tentant de le scanner, de le sonder, de prélever des échantillons, de l'exposer localement à des substances chimiques diverses... et même de pister ses dimensions, son parcours et son esthétique dans les recoins de notre histoire... j'en passe et des meilleures. L'anneau était aussi opaque et inaltérable qu'en 1928. Il ne répondait à aucun stimulus d'aucune sorte, nous étions totalement à la rue face à ce fort... impossible d'ouvrir la moindre piste qui nous aurait mené à son secret. Jusqu'à ce jour, en 93, où un technicien est parvenu à activer plus ou moins par hasard un panneau externe coulissant. De là, l'engin muet est devenu bavard. Il possédait un disque dur, dont il nous abreuvait spontanément des données. Nous craignons alors de nous heurter à un code ultra-crypté dans une langue alien, à jamais indéchiffrable, mais nous avons compris que tel n'était pas le but des bâtisseurs. Il s'agissait au contraire d'une langue basée sur des notions scientifiques universelles, des sons simples, et des images explicites et schématiques, l'ensemble souvent mis en relation, le langage absolu. Il serait donc possible pour nous, malgré des difficultés, de comprendre sommairement ce que nous disait la machine... peu après, la traduction de l'une des deux séries d'écriture présente sur la dalle nous est parvenue. Outre un premier nom pour l'engin, fenêtre sur le ciel, elle nous a indiqué dans quelle direction chercher, elle nous a aiguillé sur ce que nous étions probablement sensé découvrir quant à sa fonction. C'est à ce moment qu'une troisième équipe a été constituée, orientée sur l'astronomie, la cartographie spatiale, l'astronautique, l'astrophysique et plein d'autres trucs marrants commençant par astro. Comme connectés par l'esprit, Garibaldi et Ivanova s'amusèrent simultanément de la façon dont l'admiral alternait le point de vue de son récit entre les première et troisième personnes du pluriel, comme s'il avait lui-même participé à ces évènements d'une autre époque... tendance qui trahissait son investissement extrêmement personnel dans le projet. Le défilement des photomatons se poursuivait. Différents visages de jeunes hommes se succédaient pendant le récit de O'Neil, tous selon le même modèle, si bien que l'attention de l'assistance se détacha... jusqu'à l'affichage d'un visage différent. La photo semblait avoir été prise dans des conditions similaires, cependant, l'homme souriait discrètement, d'un air un peu benêt mais engageant. Ses yeux grands ouverts, chaleureux, étaient d'un gris légèrement porté sur le vert, et au dessus de son visage fin et imberbe, ses cheveux blond paille -comme ceux de l'autre O'Neil- étaient mi-long, là où les autres les portaient en brosse, à ras ou tondus. De grosse lunettes rondes achevaient de lui donner un air « dans la Lune », pour reprendre une expression contemporaine au personnage. De surcroît, ses épaules ne montraient pas cette musculature sèche qui caractérisait celles des militaires photographiés. Docteur Daniel Jackson. -Alors, à quoi devait-il... servir, cet engin, si je peux me permettre? Risqua Susan avec impatience. -C’était un portail de téléportation interplanétaire, répondit... Michael Garibaldi, d'un air pincé, comme si la révélation l'émouvait autant que la programmation télé du lendemain soir. Son irruption à contre-emploi fit l'effet d'une détonation d'adrénaline chez Susan et Jeffrey, même s'ils n'en laissèrent rien paraître. Garibaldi, qui s'était contenté de regarder fixement les photos flottantes pendant et après sa prise de parole, comme s'il voulait se donner une contenance à défaut de pouvoir être seul dans la pièce, les avaient-ils mis dans le pétrin? O'Neil ne répondit ni trop vite, ce qui aurait pu donner à penser qu'il savait d'avance que ses hôtes connaitraient déjà la vérité, ni trop tard, ce qui aurait pu laisser croire que l'intervention du policier fédéral l'avait pris au dépourvu. La normalité de sa réponse avait de quoi déconcerter, d'autant plus que Garibaldi avait pris le risque de se faire remarquer... en mal. Richard cessa de faire les cent pas, restant levé sur ses deux jambes et sur sa cane. -Comment l'avez-vous deviné? Demanda avec amusement le visiteur de marque. Enfin, à partir du moment où j'ai parlé de stargate, de fenêtre sur le ciel, puis d'une équipe d'astronomes, d'astrophysiciens... c'était facile, n'est-ce pas? Cependant, j'ai le sentiment que vous le saviez déjà avant. J'entends bien que vous avez dû en discuter longuement entre vous : c'est Humain. Et je ne compte pas vous chercher des poux pour cela. Mais je suis curieux. Alors? Garibaldi marqua une courte pause avant de donner satisfaction à l'admiral, d'un regard encore légèrement fuyant. -Un vaisseau spatial appartenant à une classe connue pour sa polyvalence et ses faibles besoins en personnel, qui apparaît d'une seconde à l'autre dans un point du cosmos, sans avoir recouru à l'hyperespace, du moins tel que nous le connaissons officiellement. Pas de fret à bord. Implication de la Weyland, armateur sidéral. Alors quoi d'autre qu'une question de transport dans l'espace? Un armement? Dans ce cas, le choix d'un Alphator apparaitrait curieux et moyennement adapté. -Pas mal, chief, constata O'Neil. Admettez que ce n'était pas bien compliqué, mais c'était bien vu.
Dernière édition par Mat Vador le Sam 21 Aoû 2010 - 0:45, édité 9 fois |
| | | Mat Le Pharaon
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| Sujet: Re: Kaliam Connection Mar 27 Avr 2010 - 17:37 | |
| Il reprit son va-et-vient. -Petit à petit, on a amassé une idée à peu près claire du processus mis en branle par l'engin, poursuivit-il. À partir de là, il ne leur a pas fallu longtemps pour comprendre que les symboles inconnus étaient en fait des constellations graphiquement camouflées. Comme l'anneau inté... -Ha, ricana le security chief, je savais bien que j'avais déjà vu plusieurs de ces symboles! -... Comme l'anneau intérieur, auparavant figé, était devenu roulant depuis l'activation du panneau, il était désormais possible d'essayer la combinaison. Problème, le cartouche n'en indiquait que six, et il en fallait sept pour déclencher le processus. -S'il n'y avait que trente-neuf symboles disponibles, il suffisait de tous les tester les uns après les autres et de noter ceux qui fonctionnaient? S'étonna encore Garibaldi, dont l'intérêt grandissant se traduisait par une certaine propension à la prise de parole fréquente, voire envahissante. Mais l'admiral R. D. O'Neil semblait apprécier Michael d'une manière un peu paternaliste. -Ils l'ont pensé au début, jusqu'à ce que les données indiquent que l'engin n'était plus relié à un réseau, mais à un homologue unique, et qu'en vertu d'une mesure de sécurité relative à des états de faits empiriques incompréhensibles et peut-être révolus depuis des siècles et des siècles, une mauvaise activation pourrait entraîner un “dysfonctionnement” dont on ignorait la nature. Ils décidèrent donc de n'activer aucun septième symbole sans être à peu près sûr de leur choix et des conséquences possibles. C'est afin de détruire ce dernier problème qu'ils ont fait appel à Daniel Jackson, un jeune égyptologue génial mais décrié pour sa dernière théorie en date, leur seule chance restante de vaincre le code. Quand celui-ci, sans-abris depuis peu, a suggéré que le septième symbole soit tout simplement une variante de celui qui était gravé l'air de rien juste en dessous du cartouche, comme une sorte de clé, un immense malaise s'est emparé de l'ensemble de l'équipe. -Vous voulez dire que personne d'autre n'a été capable de penser à ça plus tôt? Hoqueta non pas Garibaldi mais Sinclair, estomaqué. -Le projet a été mené de manière catastrophique, même surréaliste, poursuivit l'admiral. Et si je vous disais que les tenants du programme Guizeh 28 n'ont pas dit à Jackson, l'archéologue, qu'ils savaient déjà à quoi correspondaient les six symboles du cartouche, cela vous donnerait-il un élément de réponse? Ils l'ont laissé chercher cela inutilement, seul, pendant deux semaines, puis le re-découvrir, uniquement par méfiance, soit-disant pour un test. Il faut comprendre qu'à la demande de sa hiérarchie, le général West, en charge de la co-gestion du projet avec madame Langford, avait instauré un immense compartimentage du travail entre des équipes ultra-spécialisées qu'un secret défense absurde, gangrené par une méfiance maladive, empêchait de connaître le travail du voisin. Le tout, baignant dans une lenteur procédurière comme on en avait rarement vu, et ponctué de quelques pannes techniques qui se sont multipliées comme de vrais virus. Peut-être qu'avec une plus grande liberté de circulation des gens et des informations, l'abcès aurait été crevé presque aussitôt. Mais ce n'est pas ce qu'il s'est passé. Bien sûr que les archéologues ont pensé à ce glyphe attenant à la séquence, ils n'étaient pas stupides. Mais comme ils n'avaient alors pas librement accès à l'appareil, lorsqu'ils ont demandé à l'équipe technique d'entretien si le symbole en question était présent parmi les trente-neuf possibilités, on leur a tout simplement répondu que non. Heh! Techniquement, c'était la pure vérité. Le fait qu'un symbole parmi les autres ressemble vaguement à celui qu'on leur demandait de traquer n'avait pas interpellé les esprits trop froidement analytiques de ceux qui avaient vérifié pour eux. Ce n'était pas ce qu'on leur avait demandé de chercher. C'est complètement ridicule, mais c'est le genre de choses lamentables qui se produisent en vrai, de temps à autre. Le compartimentage démesuré et les procédures à multi-tiroirs sont encore l'une des principales failles de l'Alliance Terrienne aujourd'hui-même, et un beau générateur à inepties improbables. Cependant, il ne faut pas se figurer que ces hommes et ces femmes ont passé cette seconde année à se tourner les pouces en n'arrivant à rien. La discussion avec la fenêtre du ciel se poursuivait, l'étude des autres vestiges aussi. La connaissance ne cessa jamais d'être engrangée. Au début, il fut question de deux arrivées simultanées. Celles d'un jeune archéologue prodige et d'un colonel perspicace qui débarquèrent sur le projet à peu près en même temps, avec du charisme et de la ruse à revendre. De sacrés bonhommes. Le premier était fantasque, égocentrique et versatile, le second violent et suicidaire jusqu'au nihilisme, depuis la disparition subite de son jeune fils. Deux êtres instables et imprévisibles, mais dés leur arrivée, ce fut un vrai feu d'artifice. Ils ne s'aimaient pas beaucoup, mais ils renversèrent la routine incapable du général West et de ses gars démotivés, à vitesse grand V. L'archéologue enterra le “mystère” du septième symbole sans même avoir conscience du problème que cela avait posé, le colonel suggéra au général de donner plus de souplesse à la gestion des équipes. En cela, ils ramenèrent de l'intelligence dans la gestion du projet, et en seulement deux semaines, l'affaire fut pliée. C'est à partir d'ici que la fenêtre sur le ciel est devenue la porte des étoiles, selon une traduction améliorée que l'on doit à Jackson. C'est à partir d'ici que le programme Guizeh 28 a réellement commencé à exister. -Ils ont donc réussi à... "ouvrir" leur porte ? Supposa Michael.
Nouvelle photographie flottante, en lieu et place du portrait photo d'une dame âgée à la peau claire. Un bouillon vertical de lumière bleue tourbillonnait maintenant à l'intérieur de l'anneau gris, stable comme une toile tendue. La mélasse de ciel électrique scintillait en léchant les murs du bunker comme l'eau d'une piscine, éclairée de sous la surface du bassin, colore des murs dans la pénombre. Aucune matière ne semblait couler en dehors de l'enceinte délimitée par le cercle dressé, comme si un champ invisible l'avait maintenue en place. -Oui, en octobre 1994, poursuivit l’admiral, et une équipe de militaires traversa. Mon aïeul, Jack O’Neil, commandait cette expédition. C'était lui, le fameux colonel. L'archéologue, Daniel Jackson, était là aussi. Ils partirent à huit et revinrent à trois, dont O'Neil et sans Jackson, en décrivant une planète chaude, brûlante même, dont les habitants primitifs vivaient sous la coupe d’un petit tyran théocratique local, qui les exploitait dans des mines. Pas... n'importe quels habitants. Il s'agissait d'Humains, des descendants de gens déportés d'Afrique du nord pendant le néolithique, et depuis maintenus de force par leurs oppresseurs à un niveau pas beaucoup plus haut qu'à l'origine. A titre d'exemple, l'écriture était strictement proscrite. Les maîtres eux-mêmes étaient Humain aussi, à l'exception de leur chef, qui n'en avait que l'apparence physique. -Un faux corps? Interrogea Sinclair. -Non, répondit Laurel, plutôt un parasite extraterrestre qui avait prit le contrôle de l'un des nôtres. Jeffrey entendit, mais sans écouter, faute à la photographie qui venait d'apparaître et qui avait entièrement accaparée son attention. Réalisant ce qu'il se passait avec deux ou trois secondes de retard, il dut se concentrer pour aller pêcher dans sa mémoire immédiate la réponse que Laurel venait de lui faire. Ce n'est qu'alors qu'il pu péniblement s'atteler à analyser puis interpréter l'information.
Le cliché suivant était surélevé par rapport à son objectif, lui aussi. Et pour quel spectacle! Le photographe, perché au sommet d'une dune de sable, capturait le reflet d'une pyramide primitive faite de bois sec, de corde et de toile, qui se prélassait en contrebas, au centre d'une vallée de sable orangé étincelant. Cette parcelle désertique était elle-même cernée à perte de vue de dunes de la même couleur et de monticules rocheux d'aspect ambré. Ces derniers, véritables gratte-ciels naturels, étaient aussi fins que hauts, leur élégance atypique ne répondant qu'à l'évidente puissance de leur solidité. Plusieurs centaines de mètres de hauteur, clairement, et bien moins en largeur, bien que leurs bases demeurent massives. Ce paysage n'était pas inanimé. Pareil à des colonnes de fourmis, de minuscules silhouettes bipèdes, présentes par milliers, formaient des queues reliant les rocs majestueux (des niches et des chemins aménagés étaient creusés un peu partout sur leurs moitiés basses) au coin de lumière filtrée qui attendait les travailleurs, dans l'ombre des poteaux de bois et des étendues de toile. Pour quelle activité? Un rapport avec le domaine minier, c'était évident. Difficile de se représenter le contenu de ce chapiteau. Était-il creux dans sa partie haute, ou alors ces gens étaient-ils sophistiqués au point de l'avoir empli d'étages, des niveaux conçus à partir de plate-formes de bois suspendues, de couloirs de cordage...? Impossible à savoir.
-Là où se niche le caractère très particulier de cette faction mystérieuse, celle à l'origine de tout ceci, c'est dans le fait que ses membres aient trouvé un moyen très efficace d'imposer leur pouvoir à des esprits crédules et vulnérables: ils se sont tout simplement fait passer pour des dieux. Pas de droit divin, ou divinisé à leur mort, comme dans notre histoire, les pharaons, certains monarques Européens... non, des dieux eux-mêmes. Pour autant qu'on le sache, c'est probablement eux qui ont fondé la mythologie de l'ancienne Égypte. Ceux que nos hommes ont rencontré là-bas, de l'autre côté, étaient à l'effigie d'Horus, d'Anubis, et de Râ, leur maître! -Tout ceci me rappelle quelque chose, c'est assez etr... -Je crois savoir ce qui vous chiffonne, commander, le coupa l'admiral. Si vous le permettez, nous y reviendrons en temps voulu.
Garibaldi ne tenait plus en place. Étrange, songea Ivanova. Les mystères historiques et l'Égypte ancienne n'étaient jamais passé pour un hobby du security chief. Elle ne l'avait jamais vu s'emballer que sur ce qui l'enthousiasmait du plus profond de son coeur... fut-il uniquement question de vieux dessins animés.
-C'est tout ce qu'il y a de plus véridique, susurra la voix élégante du Narn en habits Terriens, en réponse a l'air perdu de l'Italien. Cela ne m'émeut pas personnellement, mon mental n'ayant pas baigné dans votre inconscient collectif où nagent entre autres figures mythologiques les dieux de l'Égypte antique, mais je comprend bien quel effet cela me ferait d'apprendre que G'Quan était un aventurier extra-Narn. Les manifestations de Ja'Mal étaient d'autant plus remarquées et décortiquées qu'elles étaient rares. Plusieurs, dans la salle, avaient semblé surpris. -Quoique le parallèle ne soit pas parfait, nota Takashima. G'Quan n'était qu'un homme. Un leader et un philosophe. Il n'a jamais s'agit d'une figure surnaturelle dont l'existence ait pu être remise en question, contrairement aux dieux à aspect mi-Humain, mi-animal, que nous évoquons. Bouddha serait certainement une image plus indiquée.
Le dernier cliché en date montrait une immense pyramide de pierre jaune, utilisant comme entrée un épais portail rocheux, troué par un grande ouverture rectangulaire ombragée qui marquait l'entrée sans éclairage. Ce portail était comme escorté, sur chacun de ses deux côtés, par un grand immeuble plat à la coupe à peu près carrée, soit deux compartiments de la même pierre jaune, légèrement plus hauts et plus enfoncés en arrière que l'entrée centrale elle-même. Tous deux étaient criblés de onze meurtrières horizontales. L'ensemble de ces trois constructions accolées se tenait dressé sur un même bloc pierreux en rectangle. Celui-ci formait par son contours une allée étroite devant l'entrée et les deux vastes blocs aplatis, mais cette allée était happée sous le sable sur presque tout le reste de son pourtour. Ce dernier trio de bâtiments solidaires se trouvait quant à lui précédé d'une longue rampe taillée qui se déroulait depuis le grand portail de pierre, comme une langue de caméléon, à ceci près que deux obélisques à base cubique montaient la garde à la gauche comme à la droite du terme de la rampe. Au final, cette triple-structure attenante naissait dans le sable, à plusieurs décamètres en dessous et en avant de la base visible du temple pyramidal (qui en lui-même ne présentait que des murailles absolument pures, sans la moindre ouverture ou irrégularité) , induisant que les soubassements réels de ce dernier se trouvaient en réalité profondément ensablés. L'édifice complet baignait dans un panorama de dunes oranges dont aucune ne présentait de quelconque détail, et l'on aurait pu se croire sur Terre si, dans le ciel bleu que caressait de longues et légères bandes nuageuses, ne trônaient pas trois lunes blanches et gris clair, monotones, en plein jour ensoleillé.
Ivanova, Sinclair et Garibaldi avaient tous déjà vu ou arpenté des mondes largement plus exotiques que celui-ci, sur le plan formel. Mais la jonction d'un passé Terrien colossal, devenu légendaire, avec des traits d'exoplanète, leur donnaient l'impression d'observer quelque chose de paradoxalement bien plus lointain que la plus ancienne des galaxies ne le serait jamais, comme une sorte... d'autre dimension, de réalité fantasque et onirique.
-Il ne semble pas que Râ... l'alien, pas le dieu de légende... ait jamais représenté une menace militaire au sens formel de l'expression, informa O'Neil, visiblement désireux de poursuivre sur sa lancée initiale. Il s'arrêta un instant, et ajouta, avec l'air de mesurer le poids de ses mots au fur et à mesure qu'il les prononçait : pas depuis le début de notre ère, du moins. Il ne s'agissait que d'un roitelet opportuniste, une sorte de richissime seigneur du crime. Un pirate très aisé avec ses hommes de main, son yacht spatial et sa technologie très avancée. Cela suffisait pour asseoir un pouvoir perpétuellement renouvelé sur une population mince, démunie et intellectuellement balbutiante. Enfin, je veux dire... au sens scolaire. Le positionnement au sein du monde et de la réalité. Ces gens savaient de leur environnement ce que leurs ancêtres de la basse préhistoire en savaient, rien de plus, la faute au régime imposé. -Et où est passé ce dominion en Egypte, alors? Questionna le security chief. Je crois avoir compris qu'il n'était pas resté dans l'histoire, alors qu'en est-il advenu? Il y eut un échange de coups d'œil très rapides entre l'admiral, son amie commander et leur allié Narn. Ce fut Takashima qui répondit après un hochement presque imperceptible de la tête de Richard. Un hochement ambigu, selon Garibaldi, qui n'était pas certain qu'il n'ait pas s'agit d'une forme de négation. -Il y a eu une révolte sur Terre. -Chasser des extraterrestres avancés avec une technologie venue de la préhistoire tardive? -je vous l'ai dis, épilogua O'Neil, Râ n'avait pas énormément de moyens matériels, bien qu'ils soient de grande qualité. Ajoutant cela à l'effet de surprise... en fait, ce pouvoir était avant tout psychologique. Dés lors que le sentiment mental et moral d'obligation à adhérer était brisé dans l'esprit des esclaves, le pouvoir n'avait plus aucune chance de se maintenir, n'ayant pas les moyens matériels de s'assurer par la force.
L'image qui suivit dépeignait une grande muraille de pierre et de boue séchée et, derrière, la ville dont elle gardait l'entrée. Cette agglomération, d'aspect plus ou moins anachronique, était comme un amoncellement de petits buildings... en pierre et en boue séchée, eux aussi. Les cases s'étiraient vers le ciel bleu, sur un, deux, trois étages, parfois plus. Elles s'empilaient anarchiquement, presque les unes sur les autres, et étaient parfois directement jumelées à des homologues de taille différente, si bien qu'on avait du mal à croire qu'il puisse exister des rues, ou même un simple sol, entre les rez-de-chaussées de toutes ces petites tours presque toujours pratiquement collées les unes aux autres. Appuyant ce doute, un nombre incalculable de ponts suspendus et de plate-formes aériennes, conçus en corde et en rondins de bois, partaient en hauteur, d'un peu partout et vers toutes les directions, formant parfois des angles peu sécurisants. La sophistication qui leur avait parfois été donnée frappait l'entendement, comme lorsque sable et terre étaient utilisées pour créer l'illusion de vastes chemins fertiles serpentant en l'air, entre les toits-terrasses et les toits-chaussées des tours préhistoriques. Visiblement, les véritables rues du bourg étaient là, à des dizaines de mètres au dessus du niveau réel du sol.
-Attendez... Râ? Nous parlons bien d'un temps antérieur à l'Antiquité? Il n'a pas été question de le rencontrer à la fin du vingtième siècle? À quelle époque a-t-il vécu, alors? Je ne suis plus sûre de saisir, avoua le lieutenant commander Ivanova. -Il a vécu depuis au moins dix mille ans avant notre ère, jusqu'à 1994, répondit sa camarade plus haut gradée en prenant plaisir à l'effet que fit cette révélation. Cette immortalité virtuelle faisait partie de leur pouvoir scientifique. -Technologie très avancée, donc, ce n'est rien de le dire... conclut sobrement Jeffrey.
La conversation prenait un tour étrange. Aucun des trois personnages récemment « mis au parfum » n'avaient idée de ce dont il était question, et chaque information supplémentaire ne faisait que les précipiter un peu plus loin dans l'extraordinaire. Mais, plus encore, chacun d'eux avait gardé en mémoire la réactivation récente du dossier consacré à la question, et en conséquence, guettait le moment où le récit commencerait à concerner leur propre univers, et qui sait, leurs propres carrières.
-Plus que nous en 2258. Peut-être autant voire plus que les Minbaris, dans certains domaines, argua l'admiral tandis que le ton de sa voix montait dans l'enthousiasme. Rendez-vous compte que les concepteurs de cette science maîtrisaient une antigravité totale dépourvue de mécanisme de rotation, ce qui les dispensait des compartiments rotatifs de nos croiseurs ou équivalents. Des armes psychiques sous forme de gant et d’autres gadgets, comparables aux bagues Minbaries. Et des métaux intelligents! Ils les avaient dans le corps et cela faisait d'eux les cyborgs les plus étranges qu'on ait jamais vu... on sait aussi que leur technologie était capable de voyage intergalactique il y a 10 000 ans au moins, mais sans savoir en combien de temps ils parcouraient cette distance, ça ne veut pas dire grand chose. Nous aussi nous le pourrions, en voyageant des années. Cependant, ça veut tout de même dire que s'ils avaient -au pire- notre niveau hyperspatial il y a dix millénaires, leurs hypderdrives devaient dans tous les cas être d'un niveau inégalé pour nous à la fin du vingtième siècle. Et, ainsi que nous le disions, il y avait une sorte de sarcophage magique qui donnait la vie éternelle, et pouvait ressusciter les morts récents… acheva-t-il avec une expression qui flirtait avec la cupidité. -Quoi qu’il en soit, embraya Laurel, Râ se révéla hostile d'office, et tua quatre de nos hommes, mais sa faiblesse matérielle était telle que le schéma se révéla le même que sur Terre : à partir du moment où ses esclaves ouvriraient les yeux sur son compte et sauraient se retourner contre lui par surprise, il ne pourrait pas résister à la lame de fond. C'est effectivement ce qu'il se produisit. -Vous avez dit que le commando était parti à huit, et revenu à trois. Ça fait cinq morts, pas quatre. Sinclair songea à nouveau avec amusement que seule sa machine de guerre de lieutenant pouvait décidément avoir tilté instantanément sur une chose pareille.
L'image suivante faisait preuve de bien plus de proximité, d'intimisme. Elle semblait avoir été prise presque à hauteur du sol, comme si le photographe s'était tout simplement assis par terre, et c'était en effet probablement le cas au regard du contenu du cliché. L'endroit ne s'appréhendait pas facilement : on aurait dit une minuscule place publique à terre, nichée et étouffée dans un rarissime espace vide entre plusieurs des buildings archaïques déjà observés précédemment. Il faisait manifestement nuit, bien que l'on ne puisse distinguer le ciel. Le sol, très sablonneux, était scindé entre des terrassements de différentes hauteurs, parfois étrangement officialisée par de frêles palissades de bois, et reliés entre eux par de petits escaliers inégaux, en pierre. Draperies fatiguées, charrettes sans bêtes de trait et autres éléments de la vie courante étaient abandonnés aux pieds des bâtisses bancales, souvent au coin d'étroites ruelles sombres, sans que l'on sache trop à qui ils appartenaient en particulier et pourquoi on les retrouvait éparpillés ainsi, sans surveillance en plein « centre ville ». Mais la photo était loin d'être désincarnée : hommes et femmes, seniors et enfants, assis en cercle autour d'un brasier ronflant, riaient et discutaient à l'occasion du repas, apparemment composé d'animaux rôtis et de végétaux bouillis. Des formes de vie que les Babyloniens n'avaient jamais vu, bien que reconnaissant un signe distinctif de l'une ou l'autre branche de la vie animale ou du règne végétal, dans un plat ou dans celui d'à côté. Plusieurs visages semblaient fascinés par l'objectif de l'appareil photo, comme s'il avait émané de lui une lueur enchantée. Jurant dans l'image avec leurs treillis verts, rangers et t-shirts noirs, des visiteurs avaient été accueillis dans le cercle. On reconnaissait Jackson, affalé de profil, avec ses cheveux lisses mi-longs dont la couleur ne devait guère courir les rues là-bas. Un morceau de viande presque porté à la bouche par sa main nue, il semblait grisé par tout ce qu'il percevait autour de lui, tandis que O'Neil, le colonel, tout en rejetant les volutes de sa cigarette dans l'air pur, avait l'air d'analyser son environnement actuel de manière aguerrie, par le prisme d'une réflexion lasse et désabusée, mais débordante d'acuité. Un autre homme, brun, de grande stature, avec la face plutôt large bien qu'il n'ait pas semblé en surpoids, regardait l'appareil photo du coin de l'oeil avec un début de rire embarrassé. Un type dont le nom avait une consonance d'Europe de l'est, se remémora Susan. Quelque chose-sky. Quant au photographe, il aurait pu être n'importe lequel des autres marines du commando. Le cliché rayonnait de joie de vivre, de bonne volonté, de convivialité. Il y avait du bonheur, dans ces murs.
-J'y viens, reprit la commander. Au début, la population -les Nagadians, de Nagada, pour information, ce dernier terme couvrant confusément leur planète et leur unique ville... la population, donc, a traité les nôtres avec une déférence née de la crainte, car elle les prenait pour une délégation envoyée par le dieu autoproclamé. Mais avec le temps, nos hommes étant ce qu'ils étaient, les habitants ont appris à se sentir à l'aise avec eux, pensant que le dieu soleil avait peut-être fini par devenir plus miséricordieux. Quand les sbires de Râ nous ont attaqué, ils ont compris que nous n'étions pas leurs émissaires, mais la majeure partie d'entre eux ne se sentaient pas de taille à braver les dieux pour la sympathie naissante qu'ils avaient pour l'équipe de l'ancêtre de l'admiral. Cependant, un petit groupe de leurs jeunes a pris parti pour nous. Inutile que je vous raconte les péripéties dans le détail, vous trouverez tout dans les dossiers complets que vous devrez lire avec attention après cette réunion. Le fait est qu'au bout du compte, la population se rebella massivement en comprenant que la divinité était factice. Râ lui-même y trouva la mort. Sur huit, nous accusâmes quatre pertes, mais le commando revint effectivement à trois, et non quatre, parce que Jackson pensait avoir trouvé le sens de sa vie sur cet autre monde. Après tout, précisa-t-elle comme en réponse à l'expression étonnée de Susan, il n'était plus rien sur Terre, il y était même devenu clochard juste avant de la quitter, et il doutait beaucoup de la générosité des militaires une fois rapatrié et inutile. Là-bas, il avait trouvé une jeune femme, et il pouvait d'autant plus consacrer son temps à sa passion professionnelle dans des proportions dont aucun égyptologue n'aurait jamais osé rêver, tout en étant considéré par son peuple d'adoption comme un leader et un prophète. Jolie revanche sur la vie pour un marginal. En comparaison, pourquoi s'accrocher à la Terre? La télé? Les sodas? L'eau courante? Il n'aurait même pas pu s'y payer ça.
Il y eu une pause dans le dialogue, et les différents individus composant l'assistance multiplièrent les œillades aux uns et aux autres.
-Ils semblent très... heureux, fit remarquer le lieutenant commander après un autre regard sur la diapositive flottante, compte tenu de la tyrannie et de l'exploitation qu'ils subissaient par ailleurs. Si j'ai bien compris votre récit... C'est encore son presque-homologue féminin qui lui répondit. -Il faut savoir que Râ était loin de vivre parmi ses ouvriers. Il ne logeait même pas sur la planète. En réalité, lorsque nous sommes allé là-bas, les derniers à avoir vu Râ étaient des vieillards, et ce récit remontait à leur enfance. Il y avait apparemment soixante ans que les dieux n'étaient pas venu. Malgré la pression, voire parfois la violence, qui distinguait ses visites, les Nagadians vivaient en autogestion sur deux, trois générations d'affilée, sans qu'aucune date de retour ne soit jamais clairement communiquée. Les visites « divines » étaient faites de jours toujours tendus et parfois assez noirs, mais elles étaient entrecoupées de périodes suffisamment sures pour leur permettre de ne pas vivre dans la détresse. Ils savaient qu'ils étaient tenus de pouvoir présenter à leurs maîtres les quotas de minerai complétés, à n'importe laquelle de leurs visites surprises, ce pourquoi, même en l'absence de Râ et de ses sbires, la majorité de la population active travaillait très dur à la mine, les autres se réservant aux tâches nécessaires à la survie; tel que l'entretien de la ville, l'encadrement des troupeaux et la bonne tenue des récoltes. Mais malgré la pénibilité de ce travail aux gisements, ils avaient au moins la chance de faire cesser les punitions et le harcellement tout le temps qu'ils passaient à gérer l'exploitation entre eux. Cela leur permettait de vivre leur temps libre avec contentement. Oui, ils étaient effectivement heureux, lieutenant, lorsque nos hommes sont arrivé, Râ n'ayant pas été vu depuis des décennies. C'est peut-être l'un des points qui a contribué à la perte du tyran, d'ailleurs. Pour les jeunes natifs qui l'ont défié, il était une sorte de Moloch chimérique, un monstre de conte dont ils appréhendaient mal la réalité physique. L'absence de cette habitude de vivre Râ comme une autorité tangible au lieu de voir en lui un simple leitmotiv oral, a peut-être donné assez de force à leur sentiment de révolte pour leur faire franchir le pas. Pour ces adolescents dont le peuple était laissé si longtemps livré à lui-même, sans grande organisation du pouvoir en place, le Râ agressif descendu du ciel tandis que nos hommes faisaient connaissance avec eux, relevait davantage d'une agression extérieure que d'une autorité naturelle. Mais il ne s'agit là que d'une interprétation personnelle.
La photo suivante était ambivalente. Le portail d'entrée, avec sa longue rampe de pierre et les deux façades jumelles qui l'escortaient, permettait de reconnaître la zone, mais la pyramide avait disparue, remplacée par une autre pyramide, bien plus grande, de couleur or. Comte tenu de la taille de l'édifice qui se tenait là précédemment, elle devait bien avoisiner les trois cents mètres. Non plus en pierre mais en métal, sa structure se subdivisait en treize blocs géométriques légèrement surélevés les uns par rapport aux autres, comme un jeu d'assemblage mal enclenché. Quatre séries verticales de trois blocs, les plus gros en bas, les intermédiaires au centre, et les plus fins en haut, étaient accolées pour former le corps du tétraèdre (pyramide à quatre faces) . En leur sommet commun, la treizième pièce, une petite pyramide en soi, était comme un capuchon géant, bien qu'elle soit d'une finesse remarquable comparativement au reste du bâtiment. De larges bandes gravées et quelques figures géométriques simples, notamment, les ornaient. À l'exception de ces dernières et de longues stries peu profondes, sans doute décoratives, qui les traversaient dans le sens de la longueur, les autres blocs avaient leur surface totalement nue, fermée et lisse. Leurs faces latérales visibles qui ouvraient sur l'extérieur de l'appareil étaient inclinées, afin d'épouser à elles toutes une forme pyramidale globale. Dans les interstices horizontaux vastes d'au moins six ou huit mètres et peut-être profonds d'autant, qui se nichaient entre les différents compartiments, des sources de lumières vraisemblablement électriques pointaient d'espaces ombragés, non identifiables à cette distance. Entre les deux colonnes de trois blocs qui passaient pour marquer la proue de l'objet, l'interstice vertical ainsi formé prenait cependant bien plus d'épaisseur que ses équivalents horizontaux, et allait en s'élargissant de plus en plus depuis les blocs les plus petits et les plus hauts jusqu'aux blocs les plus vastes et les plus bas. À cet étage, la profonde ouverture géométrique découpée de la sorte dans la structure du building marquait le milieu exact de la façade. Une navette Hestrel, forte de ses vingt-neuf mètres, aurait peut-être bien pu passer un tel couloir sans y laisser ses ailes. Les quatre grands blocs de la base, eux, reposaient tous sur une immense plate-forme noire sur laquelle brillaient nombre de points lumineux, plate forme moins étendue que la base pyramidale formée par les quatre compartiments, ce qui faisait qu'elle apparaissait comme une sorte de tampon discret en dessous de la structure. En fait, elle rappelait la texture que l'on pensait apercevoir dans les plus fins des interstices évoqués précédemment, si bien qu'il était raisonnable de supposer qu'à la base, la... chose, ce vaisseau ou ce bâtiment qui s'était déployé sur la pyramide, était une plus petite pyramide métallique noire, unie et striée de points de lumière, sur laquelle avaient été arnachés les treize immenses blocs, comme une carapace. Sinclair s'aperçut alors que l'on distinguait encore un coin pierreux inférieur de la pyramide classique, surnageant difficilement entre les dunes de sable et la masse écrasante de ce qui s'était accouplé au bâtiment d'origine. L'officier commençait à comprendre. Une sorte de pyramide volante, creuse sur la majeure partie de sa hauteur, avait procédé à son atterrissage... sur le monument! Mais c'était tout bonnement extraordinaire! Une telle masse ne pouvait pas se mouvoir dans la zone d'influence d'une gravité planétaire, avec une forme pareille! À moins que... antigravité? Mais dans ce coin de Voie Lactée, les agiles Vorchan des Centauris étaient les seuls à priori du même ordre de taille que cette pyramide, à pouvoir procéder de la sorte. Même les puissants sharlins Minbaris et les grands transports de luxe Centauris, connus pour pouvoir descendre en atmosphère malgré leurs dimensions immenses, ne pouvait pas décélérer en deçà d'un certain seuil, ni descendre trop bas, et encore moins atterrir. Désormais, le sable était terne, le ciel orange, et les trois lunes jaune pale, comme si l'ambiance était devenue plus lourde sur Nagada.
-Mais alors, où allaient-ils, Râ et ses hommes, pendant des périodes si longues? Poursuivit Ivanova. -On aimerait vraiment beaucoup le savoir, répondit l'admiral avec un petit rire, avant de se décider à rependre la main à Laurel. Permettez-moi de poursuivre mon récit de manière plus chronologique. J'explicitais donc la décision de Jackson de demeurer à Nagada. Une fois rentrés sur Terre, les trois autres survivants informèrent leur hiérarchie que l'autre monde ne représentait plus aucune menace. On les interrogea longuement sur les intérêts technologiques et financiers que la planète pourrait avoir pour les États-Unis et le Canada. Eux, qui s'étaient attachés aux autochtones, essayèrent plutôt de préserver les intérêts du peuple de l'autre côté, estimant que leur propre pays n'était pas assez nécessiteux pour pouvoir se permettre d'importuner les Nagadians. Ils eurent donc plutôt tendance à minimiser les ressources intéressantes de Nagada, malgré ce qu'ils avaient observé. Ensuite, le président décida de stopper toute activité relative au stargate afin de se donner le temps à la réflexion quant à l'avenir d'un éventuel programme suivi, et selon quels objectifs. Le dossier était en position de se faire enterrer -Garibaldi voulut demander pourquoi, mais s'abstint de couper l'admiral une fois de trop- , et tout aurait pu en rester là... sauf que l'année suivante, en 1995, des archéologues visitant des ruines nouvellement mises à jour libérèrent un guerrier de Râ, qui, grâce à la technologie, était resté en stase depuis le départ de son maître. -Des ruines en Égypte? Questionna Susan. Il y eu un nouvel échange de regards furtifs entre l'admiral et Takashima. -Oui, en Égypte, répondit-il. Il assassina beaucoup de monde avant d'être tué lui-même. Cette tragique mésaventure pouvait ne rien signifier de particulier, mais plusieurs pensèrent qu'il était important d'entendre la leçon et de tirer une meilleure connaissance de l'histoire secrète de la Terre antique et de Nagada, afin de prévenir ce genre de mauvaise surprise à l'avenir. En 1996, O'Neil forma une nouvelle équipe, comprenant aussi les deux autres survivants de la première mission, et ils retournèrent sur Nagada, se présenter devant les chefs de la communauté libérée. Incluant Jackson, devenu en très peu de temps leur conseiller le plus influant. Les retrouvailles furent chaleureuses, et O'Neil transmit la proposition de ses chefs : établir un contact diplomatique suivi entre les deux mondes, puis laisser les Terriens explorer et étudier Nagada en échange d'éventuels services si le besoin devait s'en faire sentir. Les Nagadians, qui avaient déjà commencé à se lancer dans de nouveaux et ambitieux projets, acceptèrent. Le programme Stargate en tant que tel était né et, tout en restant secret, il fut placé sous le contrôle de la IASA. -La IASA? Coupa timidement Ivanova. -C'est l'ancêtre direct de l'Earth Force, expliqua Laurel. Une idée de programme spatial international sous bannière de l'ONU, lancée par l'ancienne Union Européenne. Les Américains acceptèrent le projet en 1988, suite à l'échec de leur tentative unilatérale de colonie Sélénite, deux ans plus tôt. C'était une association qui coordonnait notamment des agences spatiales et aériennes, mais aussi des universités et des laboratoires, puis des armées de l'air et des industriels privés, originaires des différents pays membres. Chaque agence ou organisation adhérente étant sommée, en échange des gains technologiques, politiques et financiers de l'adhésion, d'apporter un tribut financier et matériel à cette antenne astronautique de l'ONU. Décennie après décennie, elle est devenue aussi militaire que scientifique, et de plus en plus englobante et centralisée, jusqu'à être réorganisée en Earth Force lorsque l'Alliance a conquis tout le Système Solaire, lors de la quatrième guerre mondiale. -Dans le cadre du programme Stargate, différentes équipes confidentielles furent fondées, recommença O'Neil, chacune tournant sur un domaine de prédilection qui lui était propre, bien qu'elles soient toutes pensées pour assurer leur propre défense. Des domaines de compétence applicables à Nagada, bien entendu. Diplomatie, géologie, astronomie... cartographie, archéologie, climatologie... -Sociologie, microbiologie, chimie, linguisme, zoologie, botanique... et caetera, compléta le commander des services secret. La quinzaine d'équipe SG opérait sur Nagada le plus clair du temps, en utilisant Creek Mountain comme QG, tandis qu'O'Neil gardait la tête de SG-1, sa propre équipe, la seule à ne pas posséder de domaine de prédilection préétabli. Chaque équipe se vit attribuer des contacts Nagadians. -Pourquoi “assurer leurs défenses”? Dit Garibaldi.
Autre image, autre instant de vie et d'histoire prisonnier du temps à tout jamais. Jack O'Neil, Kawalsky, Ferreti et une jeune femme à la peau noire posaient, en treillis vert clair et débardeur noir, avec lunettes de soleil, casquettes et fusils d'assaut, devant les ossements de ce qui avait apparemment été une sorte de crocodile géant, à mi-chemin entre le dinosaure quadrupède et le dragon alternatif. Les restes blanchis dépassaient du sable avec des roches rouge terne, ce qui laissait entendre qu'un mouvement aléatoire de dunes l'avait mis à jour de manière fortuite. Le ciel était autant azuré qu'il le pouvait, ce jour-là.
-Même Râ parti, Nagada était un monde rude, avec des bêtes sauvages que vous n'imaginez pas. Puis il y eut rapidement autre chose, introduisit l'admiral. Ce fut une surprise totale pour tout le monde de découvrir que nos amis n'étaient pas les seuls habitants civilisés de la planète. Râ avait fondé loin de là une autre communauté dévolue aux mêmes fonctions minières, chaque implantation devenant une “roue de secours” au cas où l'un ou l'autre évènement priverait Râ de sa main d'œuvre. Pour limiter les risques de “contagion” de ces potentiels accidents d'une population à l'autre, elles ignoraient mutuellement leur existence. Mais ces autres, eux, n'avaient pas eu de révélation désacralisante. S'inquiétant de ne plus voir leur dieu revenir vers eux, des explorateurs en quête de réponses rencontrèrent “nos” Nagadians et apprirent la vérité de leur bouche. Furieux, ils repartirent en qualifiant leur peuple frère de maudit, et il sembla alors qu'il y ait deux ennemis de principe qui se retrouvent à vivre ensemble sur Nagada. Toutefois, les choses en restèrent là pour le moment. Il se passait des choses importantes en parallèle. Les années passaient, durant lesquelles nous observâmes la civilisation Nagadiane changer, et les déserts locaux révéler l'étendue de leurs pouvoirs fantastiques. Le général West prit finalement sa retraite, puis fut remplacé par Jack O'Neil, monté en grade. Pour sauver son programme de la fermeture, il dû prendre des mesures drastiques. Pour les politiciens, la science, c'était très bien, mais le programme Stargate ne pouvait plus continuer de la sorte s'il ne servait qu'à étudier les lichens et les coutumes d'une planète si lointaine. O'Neil proposa à Jackson, entretemps devenu le principal leader de Nagada, une collaboration bien plus conséquente : l'établissement d'une base scientifique et militaire permanente sur l'autre planète. Les généraux se voyaient déjà en possession d'un terrain d'expérimentation à échelle planétaire pour leurs nouveaux engins et leurs armes spéciales, débarrassé des chartes internationales, des journalistes embusqués, d'une armée de contraintes. En échange, les Nagadians recevraient une aide économique et logistique accrue pour leur développement. On passa une année pour concevoir des éléments assez démontables pour passer le stargate, préparer le terrain, et ainsi de suite. Puis une autre année pour construire notre enclave. Des centaines de militaires et de scientifiques passèrent la porte pour aller peupler notre colonie Nagadiane à mi ou plein temps pendant des mois et des années durant. -Comment fait-on, demanda Garibaldi d'un ton sur la défensive, pour permettre à des centaines ou des milliers de gens issus de l'armée et de grands laboratoires, de disparaître de la surface de la Terre pendant des mois, ou même passer leur journée de travail sur une autre planète et rentrer docilement à la maison le soir, sans qu'aucun en ait jamais parlé à sa famille, à un ami, et sans qu'aucune question n'ait jamais été posée plus ou moins publiquement? Il y aurait forcément eu des fuites! -Ho, mais il y en a eu, répondit patiemment O'Neil. Considérablement, même. Avez-vous jamais entendu parler de la fenêtre sur la dimension des sables divins, et ce genre de choses, monsieur Garibaldi? Le silence de ce dernier parla pour lui. -Moi, oui, intervint Sinclair. Au vingt-et-unième siècle, c'est devenu un mythe moderne d'ampleur au moins identique aux OVNI, à la théorie de la conspiration mondiale, ce genre de chose. Il n'y avait pas un numéro de magazine occultiste à sensations qui n'y fasse pas référence. -Effectivement, je crois que le commander Sinclair désirait évoquer cet aspect, il y a déjà plusieurs minutes. L'administration de l'époque n'a pas toujours fait preuve d'efficacité dans sa gestion du programme Stargate, mais ceci est un exemple brillant de désinformation publique orchestrée dans l'ombre. Le programme avait pour ligne directrice de recruter une majorité de militaires isolés, sans famille ou un peu taciturnes, à conditions que leurs compétences cadrent avec les besoins du programme, bien entendu. Mais cela ne pouvait pas être le cas de tous. Oui, il y avait nombre de maris, d'épouses et de parents dans le programme Stargate. Et le général O'Neil a eu l'intelligence de ne pas croire une seconde qu'il n'y aurait pas de fuites, serment du secret ou pas. C'était Humain. On ne pouvait pas faire partager un secret à un si grand nombre de gens de toute position hiérarchique sans que certaines langues ne se délient fatalement. Alors ils ont préféré jouer la carte du culot. Dés que les premières indiscrétions ont filtrées, un soldat dévoilant son histoire à sa compagne, un technicien vendant son histoire sous anonymat à un journaliste... ils ont fait en sorte que les bons récits arrivent aux oreilles des bons complotistes notoires, des bons opportunistes à la tête de revues de mystères de série B. Le genre à pondre des dossiers sur les liens secrets entre Hitler, l'Eldorado et le cyber-dieu Lucifer de la Grande Ourse. En très peu de temps, il s'est forgé une version courante du mythe, sur laquelle venait se briser tous les témoignages suivants, et il n'était désormais plus possible de parler sérieusement de cela sans que quelqu'un, en levant les yeux au ciel, vous fasse remarquer les similitudes de votre histoire avec les élucubrations de quelque doux dingue croyant aux demi-dieux alien. Et comment ne pas le comprendre? La légende urbaine a pris la forme d'une fenêtre interdimensionnelle ouvrant sur une version magique et mythologique de l'Egypte ancienne, à échelle planétaire. Il fallait le faire. Il y a même eu des films sur ça! Quelle meilleure couverture pour la mission Stargate?
Le cliché suivant était manifestement dû à un engin aérien. Une enclave Terrienne s'était dressé dans le sable. Les officiers furent frappés de la ressemblance physique des moyens de l'époque avec ceux qu'ils connaissaient aujourd'hui. Les petites structures préfabriquées côtoyaient les bâtiments en dur, incluant une tour de contrôle encombrée, au milieu d'un réseau de routes goudronnées. L'ensemble était séparé du monde extérieur par un haut et long mur fortifié, probablement conçu pour couper les tempêtes de sable. Des véhicules blindés manœuvraient au sol, à côté d'hélicoptères au repos, entre une multitude éparpillée de petites silhouettes de techniciens et de soldats.
Dernière édition par Mat Vador le Sam 21 Aoû 2010 - 1:26, édité 2 fois |
| | | Mat Le Pharaon
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| Sujet: Re: Kaliam Connection Mar 27 Avr 2010 - 17:37 | |
| -Eh bien, mon récit en arrive aux choses sérieuses. C'est après l'implantation du Site Alpha que les “autres Nagadians” ont lancé par surprise une attaque contre les déicides, les damnés. Au début, nous n'avons pas compris que c'était eux : leur matériel hautement sophistiqué, incompatible avec le savoir du bas néolithique des Autres, nous avait amené à croire à quelque succursale ignorée de Râ, repassant à l'attaque. La vérité se nichait entre les deux options. Pour faire produire son matériel loin de ses espaces de confort, tout en restant indépendant des forces qu'il côtoyait au-delà de Nagada, Râ avait érigé deux “temples de la science” secrets dans les déserts géants et rocailleux, amalgames de laboratoire et d'atelier où des prêtres Humains rompus à la science de leur maître concevaient le matériel du faux dieu presque à la main, de façon quasi artisanale, en la faisant progresser technologiquement de temps à autres, en fonction de leurs dernières découvertes. Ainsi, aucun de leurs artefacts n'était entièrement identique à un autre. Ces savants, peu nombreux, peu armés, malhabiles au combat, restèrent pantois en comprenant que leur employeur était mort. L'un des centres secrets, dirigé par Hathor, amante de l'enveloppe Humaine de Râ, et l'autre, dirigé par Horus, fils des deux autres, observaient discrètement les Nagadians et nous autres, Terriens, depuis des années, avec le secret espoir de se débarrasser de nous, mais sans avoir idée de la marche à suivre. C'est alors que, découvrant que les “autres Nagadians” étaient restés fidèles au monarque mort, ils s'allièrent à eux, faisant fusionner leurs commandements respectifs. Avec toute cette chair à canon, représentée par le peuple "Autre Nagadian", désormais à leur disposition, ils leur construisirent des armes lance-plasma, des chasseurs spatio-aériens, des explosifs... par centaines. Et lorsque leur arsenal fut prêt, leur armée organisée, ils passèrent à l'attaque. Étant donné la faiblesse matérielle de leurs alliés autochtones, ce furent dans un premiers temps nos ancêtres Terriens qui menèrent la contre-attaque de front. Puis progressivement, les miliciens Nagadians furent armés et mêlés à l'affrontement.
Ivanova se sentait chamboulée. Une guerre exoplanétaire secrète contre des dieux égyptiens!
-Je vous avait prévenus, dit O'Neil en devinant ses pensées. Rien de ce que nous connaissons n'entre en compte dans le tiroir secret le plus extraordinaire de notre histoire. Le peuple d'Horus et d'Hathor comptait peu de têtes, mais les Terriens et Nagadians amis étaient peu nombreux eux aussi, et contrairement à nos alliés, il ne vivait pas que dans une grande cité fortifiée, bien qu'il en posséda effectivement une, la capitale. Depuis des siècles, ce peuple vivait majoritairement en clans et en avant-postes habilement dissimulés dans les cavernes rocheuses, à travers les étendues de dunes souvent à l'ombre... tandis que la localisation des deux temples de la science étaient tenue secrète, également. Ce pouvoir de discrétion et de mobilité fut décuplé avec la généralisation des technologies de Râ à toute leur faction, toujours semi-archaïque. Il s'agissait donc pour beaucoup d'un conflit de guérillas mouvantes, se jouant dans les labyrinthes de rocs, dans les déserts à perte de vue, dans les marécages de l'équateur, dans les airs, et finalement sur l'orbite.
La photo suivante semblait venir d'un personnage rampant discrètement au sommet d'une colline. En contrebas, vision délurée : un homme, vêtu d'un casque, de brassards, d'un plastron et de bottes dorés, puis d'un pagne bleu intense, montait une créature reptilienne couleur de bois, longue d'environ quinze mètres queue incluse, pour trois ou quatre de hauteur. Le lézard géant, quadrupède, présentait une longue et énorme gueule dentée, deux yeux verts allongés et brillants, et des trios de courtes cornes à la place des oreilles. Une couronne de plumes blanches et d'autres noires saillait de sa nuque horizontale. Le monteur était installé sur une énorme selle de couleur voisine, elle-même agrémentée de voilettes vertes, et tenait d'imposantes rennes à une seule main : l'autre était occupée à empoigner une sorte de longue lance métallique avec un embout en forme de cosse longiligne au bout supérieur, et en forme de cosse écrasée à l'autre. Autour de lui, quatre « cavaliers » similaires se contentaient de montures plus modestes : de loin, elles ressemblaient à un croisement de yack et d'hippopotame, trapues, poilues et bossues, sans cornes, dont les têtes étaient dans le prolongement direct de leurs corps, presque sans cou. A cette distance, leurs gueules évoquaient des dromadaires obèses, croisés avec de bons airs de labradors. Tous avaient le poil gris, sauf un qui l'avait noir, et les selles étaient ornées de larges voilures roses.
Les cinq créatures montées et leurs maîtres semblaient monter la garde autour d'une sorte d'avion de chasse qui était au sol au milieu de la photo. Il avait une forme de croissant de lune plat, le cockpit et ses grandes faces vitrées occupant le centre et chaque aile faisant office d'extrémité en pointe. De couleur bleue, des dorures marquaient son fuselage. Son cockpit, particulièrement, avait de curieux airs de nacelle d'avion de chasse ultramoderne qui aurait été désigné à la mode ancienne Égypte. Enfin, des versions plus massives des lances maniées par les cavaliers surgissaient du milieu de la face inférieure de chaque aile. Une petite silhouette piétonne était dans une position burlesque au niveau du siège de commandes, postérieur en l'air. Sans doute l'engin ennemi était-il escorté le temps de profiter de quelques menues réparations. Un peu plus loin, quatre soldats Terriens, reconnaissables à leurs vêtements, gisaient dans un sable rouge. Ivanova, férue de vaisseaux, remarqua la ressemblance physique frappante avec les chasseurs Centauris, même si ces derniers étaient de couleurs or et mauve.
Pauvres gars, pensa Sinclair en se focalisant sur les vaincus. Il y avait quelque chose d'indécent à voir des êtres dont l'existence toute entière était ainsi réduite à jamais aux yeux d'inconnus, au moment où ils avaient tout perdu. -Les Nagado-Terriens, poursuivait O'Neil, ne mettaient que rarement le grappin sur une implantation d'Horus, en général déjà aux trois quarts évacuée et vidée de son matériel. La majorité de nos avant-postes fixes ayant été rapidement détruits par l'ennemi, notre faction n'avaient plu que deux sites à protéger, le Site Alpha et Nagada-Ville, tous deux fortifiés par la technologie militaire Nord-Américaine de l'époque. Malgré les raids incessants, aucun ne tombait. Horus et sa mère avaient la technologie la plus sophistiquée et l'avantage d'une furtivité très mobile adaptée à leur société dispersée, mais nous autres avions de meilleures capacités stratégiques, logistiques et coordinatrices pour protéger nos places. Ainsi tout s'équilibrait. La guerre des dunes, une guerre de fantômes dans le sable, dura des années, tandis que sur Terre, l'on organisait annuellement de faux accidents pour expliquer la mort de soldats par dizaines, et de fausses correspondances pour pallier leur silence. Dire qu'avec nos moyens terrestres, tout cela aurait été réglé bien vite! Mais cela aurait équivalu à faire passer un croiseur spatial Oméga par le goulot d'une bouteille... Au début, on laissait ceux d'en face venir récupérer les dépouilles des leurs après les escarmouches. Puis il apparut que l'ennemi disposait probablement de sarcophages de vie semblables à celui de Râ lorsque plusieurs de ces macchabées revinrent fringants et armés sur les terrains d'affrontement. Dés lors, on fit en sorte de détruire physiquement les cadavres et les agonisants pour empêcher leur résurrection et leur retour au combat. Lorsque les situations d'engagement ne permettaient pas de faire de prisonniers, on tuait aussi les jeunes désarmés qui tentaient de venir récupérer les corps. Une très, très, sale guerre, parla Richard, mélancolique, comme s'il se remémorait un souvenir personnellement vécu.
Aucun ne commenta. Le récit faisait son chemin dans la tête des officiers en charge de la station, non sans manquer de leur faire froid dans le dos.
-Il y a pourtant bien eu une conclusion à ce... bourbier, suggéra Sinclair, pensif. -On peut le dire, admit le supra-officier au corps artificiellement réparé. Effectivement et heureusement, le... « bourbier » sembla pourtant pouvoir trouver une issue lorsque la guerre tourna petit à petit à notre avantage et s'achemina semaine après semaine vers notre victoire. Au départ, il ne s'agissait que d'un coup de chance : un mois d'apparence routinière, une ou deux caches mobiles de plus que d'ordinaire étaient détruites, mais avant évacuation, et ce trou dans leur dynamique bien huilée nous permettait de prendre une légère avance au « tour » suivant, permettant un plus grand succès encore, et ainsi de suite, jusqu'à essouffler et réduire progressivement, exponentiellement, leurs moyens. Il arriva un temps où la majorité de leurs QG d'importance, parfois de simples stocks d'armes et de vivres dans des pics rocheux, avaient été rasés sans que leurs habitants et leur contenu puissent en réchapper. Un nombre croissant de leurs convois de nourriture et de minerais furent capturés, ce qui eu pour effet d'affamer leurs producteurs et leurs combattants, et aussi de faire tomber leurs temples de la science en pénurie de matière constructible pour les armes, les avions et tout le reste. Notre nouveau système de déploiement aérien massif abusa des bombes pour être certain de rayer de la carte la majorité de leurs clans de guérilleros. Leur cité-mère finit par être atomisée.
Le champignon funeste qui se dressait maintenant dans le ciel, et indirectement dans le bureau de Sinclair, se passait de commentaires. -Joli héritage posthume pour un tyran de si "faible envergure", nota Ivanova, incisive. -Finalement, l'un des deux temples vitaux fut même localisé. Le plus important, celui dont Horus et Hathor avaient fait leur ultime forteresse tandis que la défaite approchait. La machine de guerre de l'ennemi était dissoute dans sa grande majorité lorsque les défenses principales du temple assiégé furent détruites. Il était temps : à cause du conflit, la population de nos alliés locaux était passée d'environ quinze mille individus à seulement cinq mille! Et c'est là que prit fin brutalement le programme Stargate.
L'admiral semblait jouer avec ses hôtes. Ces derniers, polis autant qu'interloqués, n'osèrent pas presser l'officier silencieux, jusqu'à ce que Garibaldi s'impatiente. -Ha? Claqua-t-il simplement. -Il faut comprendre, aussi surprenant que cela puisse paraître, que les relations entre Jackson et O'Neil, opposants de toujours, n'avaient cessé de se détériorer depuis le début du conflit, la faute aux ordres transmis à mon ancêtre par sa hiérarchie. Depuis toujours, les Nagadians n'avaient pas été très enthousiastes à l'idée que nous emportions sur Terre de ce minerai qu'affectionnait tant Râ, celui qui justifiait toute notre implication dans cette guerre. Mais Creek Mountain, ou plutôt ceux qui lui donnaient ses ordres, ne se satisfaisaient jamais des échantillons transmis, bien qu'ils aient été de plus en plus gros, et se faisaient de plus en plus pressants pour obtenir purement et simplement le contrôle de gisements entiers à même Nagada, ainsi qu'un renforcement de la présence Terrienne et de ses attributions. Jackson refusa même les deux derniers aller-retours sur Terre qu'on lui proposa, doutant carrément qu'on le laisse repartir. C'est dire si les relations étaient devenus lugubres entre natifs et invités. -La direction choisie semble avoir été un peu colonialiste... jugea Ivanova d'un air hautain. -Qu'est-ce que Jackson venait faire sur Terre, auparavant? Demanda Garibaldi. -Tout dans cette histoire n'est pas joli-joli, consentit l'admiral en ne répondant qu'à Ivanova. Mais c'est notre histoire. Les Nagadians n'étaient pas stupides. On voulait leur échanger des gisements monstrueux contre quelques caisses de médicaments. Ils savaient bien que le jour où leur propre technologie future regretterait l'absence du minerai consommé par les étrangers Terriens, eux maudiraient ces médicaments consommés depuis des siècles... et ceux dont ils venaient. O'Neil aussi avait honte de cette situation, et était brisé de devoir en être l'instrument contraint. Il savait très bien que se contenter de refuser n'aurait eu pour seul effet que son remplacement, avec tout ce que cela impliquait. C'est dans ces conditions qu'il décida secrètement d'une ultime bataille entre sa conscience et son rang, quand bien même cela correspondait avant tout à son propre sacrifice. On sait aujourd'hui que seul l'admiral Jack Crichton, le vieux chef de la IASA et aussi son ami, allié et confident, avait connaissance de son projet. Il n'avait rien dit à sa femme et à leurs nouveaux enfants, afin d'assurer leur intégrité judiciaire. Les deux Jack aimaient Nagada, et estimaient devoir la sauver de la reprise en main Terrienne qui arrivait de plus en plus nettement au bout du couloir de la guerre.
La photo d'intérieur qui suivait jurait à nouveau par son aspect fortement anachronique. Le colonel Jack O'Neil, vêtu d'un uniforme bleu, non pas celui de l'Earth Force mais celui de l'US Air Force de l'époque, était assis dans un fauteuil en osier apparemment confortable et, penché par dessus son accoudoir, il posait près de l'individu occupant l'autre siège, jambes croisées. C'était Jackson, pieds nus, et vêtu d'une longue tunique noire, uniquement ornée d'un collier doré fait de nombreux cercles accolés, comme des pièces de monnaie dont la taille variait jusqu'à ce qu'un unique médaillon large comme une paume repose sur son torse. Si les deux hommes avaient pris de l'âge, O'Neil avait toujours la même coupe en brosse, et le même épiderme lisse, tandis que Jackson, au visage plus musclé, arborait maintenant des cheveux beaucoup plus courts et très ébouriffés, ainsi que des joues porteuses d'une barbe de trois jours probablement perpétuelle. Le sol était dallé, couvert de tapis magnifiques, et outre le orange lancinant des torches, leur principale source de lumière était le ciel bleu scintillant qui se découpait avec la vaste fenêtre sans vitre devant laquelle les deux fauteuils avaient été installés. On ne voyait que l'infini aérien par cette ouverture. Où pouvaient-ils bien se trouver, et à quelle hauteur? Des draperies blanches encadraient l'intérieur des bords de ce balcon, et autour de son tracé, les murs jaune sombre, dont la décoration se composait de masques et de boucliers, étaient semble-t-il d'une épaisseur remarquable. Les visages étaient graves, fermés, mais ce n'était pas ce qui étonnait le plus dans cette immortalisation de rencontre officielle pas comme les autres.
-Alors qu'il officiait une visite de routine à la garnison de Nagada-Ville avec son chef d'état-major, O'Neil assomma celui-ci... oui, confirma-t-il face aux regards interloqués de ses interlocuteurs. Ensuite, il usa de son grade et statut de général en charge du programme Stargate pour faire précipitamment évacuer la planète à la majorité des Terriens, en abandonnant le gros du matériel sur place, prétextant une catastrophe chimique inégalée survenue dans le temple de la science assiégé. Catastrophe totalement fictive, vous l'aurez deviné. Lorsqu'il ne resta plus qu'un petit contingent de Terriens sur place, il révéla que le chef d'état-major était son otage et que celui-ci ne serait pas rendu aux États-Unis sans le retrait total des Terriens. Estomaqués et furieux, ceux-là tentèrent un commando de secours, mais après son échec, ils ne purent que consentir. Jackson fit en sorte que le stargate Nagadian puisse être scellé à volonté, puis proposa l'asile à O'Neil, qui répondit après réflexion qu'il ne pouvait pas laisser sa famille affronter seule ses choix à lui. Politique oblige, les deux hommes étaient passé par tous les stades, d'amis à adversaires, mais ne pouvaient que s'estimer mutuellement, dans la proximité comme dans le ressentiment. Après que le chef du programme Stargate ait fait ses adieux à Jackson et à ses amis de la planète, lui et son otage de marque furent les derniers Terriens à quitter Nagada, laissant la majorité des richesses du Site Alpha à la disposition des Nagadians, face à un ennemi exsangue. Nous étions en 2026, longtemps après la première visite de 1994. -Qu'est-il advenu de lui, après ça? Demanda Jeffrey, anxieux, comme si le sort n'en était pas jeté depuis plus de deux siècles.
Le projecteur lui répondit en premier. C'était le bunker terrestre qui leur avait déjà été montré précédemment, quoi qu'il paraisse plus avancé maintenant. Devant le stargate, neutre et insensible, dont l'horizon scintillant demeurait impassible, Jack O'Neil, malgré son âge, était à genoux sur la rampe, les mains derrière la tête, tenu en joue par deux fantassins. Du sang s'écoulait à la commissure de ses lèvres.
Un flash fit imploser la photo et il ne resta plus rien de particulier en l'air, tandis que l'éclairage conventionnel revenait à ses attributions. Leurs yeux, en clignant des paupières davantage que d'habitude, se réhabituèrent aussi vite qu'ils le pouvaient. -Il a évidemment été écroué sur le champ, dégradé et jugé en cour martiale. Le soldat O'Neil était dans les couloirs de la mort depuis plusieurs années, avec sa conscience en paix, lorsqu'un nouveau président fut élu. Crichton, dont la complicité ne serait pas percée à jour de son vivant, parvint à le persuader que O'Neil avait été l'avatar des États-Unis en lutte face à leur propre face la plus sombre. Estimant que l'histoire future jugerait mal, si le programme Stargate était révélé un jour, l'exécution procédurière, pendant son mandat, d'un héros de la morale, O'Neil bénéficia secrètement de la grâce présidentielle, ce qui dans une telle situation était une incroyable première pour un mutin de sa sorte, et après sa radiation, il fut finalement rejeté dans la nature, avec une surveillance permanente. C'était le mieux qu'il pouvait espérer, et il s'en contenta avec ravissement. -Et le programme Stargate? -à partir du moment où le subterfuge d'O'Neil avait chassé les Terriens de Nagada, dont les habitants avaient claqué la porte derrière eux, il ne restait plus grand chose à faire. Ils tentèrent sirupeusement d'appâter les Nagadians par la diplomatie à travers la stargate scellée, supposant que les Autres Nagadians recevraient la transmission, ou alors des Nagadians ayant récupéré les radios des Terriens, ou celles de leurs ennemis, n'importe quoi qui puisse faire affaire de main coincée en travers de la porte. Il n'y eut jamais de réponse de quelque camp que ce soit. On ne sut jamais comment finit la guerre que nous avions menée et ce que devint le peuple de Nagada après cela. Et puis après tout, une fois la fureur passée et l'humiliation refroidie, il apparut que Nagada avait beaucoup aidé les nôtres en leur permettant d'expérimenter leurs techniques à une échelle jamais vue. Nos savants n'avaient rien pu tirer de révolutionnaire de la technologie abandonnée par Râ à sa mort, celle-ci étant alors trop sophistiquée pour notre niveau de l'époque, mais nous avions toutefois tiré d'elle assez de substance pour améliorer significativement notre avionique. Et l'étude de Nagada avait tant apporté à notre science de la cosmologie, des exoplanètes... au final, il y avait surtout fort à faire, désormais, du côté de la planète bleue et de sa banlieue. La IASA colonisait Sélène, qu'on appelait tout simplement la Lune à l'époque, pour le compte de l'ONU, et les premières équipes d'astronautes motorisées arpentaient Mars dans le détail. Il y avait tellement d'enjeux scientifiques, économiques et Humains sur Terre comme ailleurs autour du Soleil... et puis, commençaient à se mettre en place les événements qui mèneraient à la proclamation de la nation Nord-Américaine unifiée, à la seconde guerre de sécession, à la troisième guerre mondiale, puis à la fondation de l'Alliance Internationale, la première version de notre république fédérale actuelle. Après tout, le programme Stargate avait fait son temps dans un monde que la science et l'économie tournaient maintenant vers son propre système stellaire. L'organisation pouvait prendre fin avec un beau bilan... et elle fut effectivement scellée et démantelée, aussi secrète dans la mort qu'elle l'avait été à sa naissance et depuis lors. Dans l'état de nos connaissances à l'époque et encore aujourd'hui, il n’a pas semblé qu’il existe d’autres terminaux de téléport que ces deux-là, aussi le stargate fut-il bouclé. C'était la fin de l'aventure. De cette aventure-ci. On entendit plus parler du stargate pendant des lustres... -Jusqu'à ce que l'achat de l'hyperpropulsion aux Centauris rouvre indirectement la voie vers Nagada, paria Ivanova. -Bien essayé, mais raté, informa Takashima avec un sourire en coin. Même après le contact Centauri, on a jamais pu y retourner. Et pour cause : elle se trouve dans la galaxie de Kaliam, une galaxie naine qui orbite autour de la galaxie d'Andromède, à quelques trois millions d'années-lumière d'ici. -je comprend mieux pourquoi vous évoquiez leur technologie intergalactique, déclara Garibaldi. -Comme vous le savez, continua Laurel, c'est en 2233 que Genève, souhaitant fêter dignement sa reconnaissance tacite comme superpuissance un an après la défaite des Dilgars, a envoyé les premiers Humains de l'histoire quitter la Voie Lactée, hormis la « tricherie » avec la porte des étoiles, dans un vaisseau qui s'est posé sur un monde quelconque du Grand Chien. Une galaxie naine, la plus proche de notre propre galaxie. Le point d'arrivée n'étant qu'à vingt-cinq mille années-lumière de Sol, cette aventure intergalactique unique dans son genre était symbolique sur le papier, mais factuellement, et c'est un comble, la distance à parcourir avait été bien moins importante que si l'on s'était contenté d'envoyer ce même vaisseau traverser la Voie Lactée dans le sens de la longueur, pour aller atterrir quelque part dans les Limbes, de l'autre côté de sa périphérie. Puis il y a quelques années, après que des cartes aliens nous aient mené à la découverte de la luxuriante planète Rosamond 6, des missions furent envoyées vers elle, malgré le fait qu'elle soit perchée dans l'une des galaxies naines accompagnant elles aussi la Voie Lactée, et beaucoup plus lointaine que le Grand Chien, celle-là. Les premières missions des Terriens à aller aussi loin. De la Terre, du centre Lactéen, de notre avant-poste le plus éloigné... de tout. Or, le voyage durait déjà 17 mois aller, alors que la destination était plus de trois fois plus proche que ne l'est Kaliam! Avec la récente installation de nouveaux calculateurs quantiques de courants hyperspatiaux sur nos appareils, nous estimons qu'à l'heure actuelle, pour les plus rapides de nos engins, Nagada se trouve à cinq années de trajet aller, dix ans d'aller-retour, de n'importe quel point de la Voie Lactée. C'est en quelque sorte un retour aux longs voyages pionniers du temps des colons-lumière, avant que l'hyperespace ne soit découvert. Songez que la communauté interstellaire à laquelle nous sommes intégrés ne se répartit jamais que sur environ un quart de la surface de notre galaxie, sur une partie de la bordure extérieure. Les territoires des quatre autres grands peuples, des Non Alignés, de tous les autres... presque tout ce que nous connaissons de près ou de loin y tient, et pourtant, nous connaissons extrêmement mal ce quart galactique. Même feu le Lion de la Galaxie ne dépassait guère cette surface! Avec la technologie Terrienne la plus courante, traverser les cent mille années lumières de la Voie Lactée coûte approximativement deux mois, peut-être plus, ça n'a jamais été fait et c'est difficile à théoriser avec les courants aléatoires et maelströms de l'hyperespace. Après tout, les notions de distance, de direction et de vitesse n'ont pas tout à fait le même sens dans cette autre dimension que dans la notre, et plus le voyage s'éternise, plus cela empire... si nous devions aller dans Kaliam via l'hyperespace à ce rythme, la cryogénie empêcherait les astronautes de gaspiller une dizaine d'années de leur longévité dans le trajet, mais les voyageurs devraient malgré tout sacrifier une partie de leur époque et de leur vie privée, derrière eux. Les Centauris, les Minbaris, et bien sûr les Vorlons, nous... laissent sur place, littéralement, en matière de vitesse interstellaire. -D’où l’expérience menée sur le Labeur, déduisit Susan. -Vous êtes perspicace, mademoiselle, intervint pour la seconde fois l’officiel de la Weyland-Yutani. Nous avons découvert d'autres moyens pour utiliser l'anneau que le seul transport à échelle individuelle, des configurations que nous ne soupçonnions pas à l'époque. Nous supposons que le stargate procède d'une manière ou d'une autre à une téléportation à très grande échelle, l'une des formes de voyage interstellaire les plus avancées qui soit. Pour aller dans Kaliam, il nous faut exploiter cette faculté du stargate et l’étendre à nos vaisseaux. -Pourquoi voulez-vous aller dans Kaliam? Demanda Sinclair en posant les coudes sur la table, ses mains jointes devant son visage. Vous l'avez dit, aucun Humain n'a encore atteint la tranche opposée de notre seule galaxie d'origine. Nous sommes si ignorants de la Voie Lactée, si ignorants des étoiles entourant nos propres systèmes, parfois même des mondes noirs qui gravitent à l'intérieur de nos propres frontières, que ferions nous là-bas, aussi loin? L'inconnu n'y sera pas forcément plus riche que celui qui est directement à notre porte, d'autant plus que nous ignorons quel accueil nous sera réservé sur Nagada, et par qui, si du moins il reste qui que se soit pour nous accueillir d'une quelconque manière. Alors quels sont les objectifs de la mission Kaliam?
Silence. Le Narn chercha son supérieur (du moins l'espéraient-ils) du regard; une fois encore, celui-ci acquiesça rapidement, et en conséquence, il prit la parole avec son étrange accent qui modifiait son débit. Il était impossible de l'oublier en l'écoutant parler. -La raison en est tout simplement, poursuivit Ja'Mal, que notre société, nos valeurs, notre avenir, tout cela est aujourd'hui grandement mis en péril par la menace Narn. (Susan estima vraiment cocasse que Ja'Mal s'intègre si impunément aux Humains, en opposition aux Narns, dans son discours) Le temps nous est compté, nous avons peut-être moins d'un an, et les dizaines de planètes et de lunes de la Voie Lactée retournées par IPX n'ont rien révélé susceptible de nous sauver la mise. Toutefois, la plupart du temps, ces explorations sont ordonnées à l'aveugle et leur succès laissé au hasard, dans la mesure où beaucoup de civilisations de mondes actuellement morts ne s'étaient guère étendues dans l'espace et n'avaient donc pas spécialement établit de relations interraciales, si bien qu'il n'existe que rarement des pistes historiques interstellaires à suivre. Or, nous savons déjà ce que nous sommes en droit d'espérer de Nagada : le minéral dont il était question lors du récit de l'admiral est encore plus précieux que ce qu'il a laissé entendre. Il peut s'utiliser de différentes manières, mais il est surtout une source d'énergie propre et renouvelable au moins deux fois plus puissante que la fusion d'hélium 3, actuellement à la base de notre système énergétique multistellaire. Ne prenez pas cet air courroucé, lieutenant; la matière en question peut être reproduite. Nos ancêtres n'ont pas su le faire, mais nous, nous devrions y parvenir. Se procurer une petite quantité nous suffirait, il n'est pas question de piller les descendants des Nagadians, comme les Terriens de l'époque ont voulu le faire à défaut de pouvoir constituer leurs propres stocks. Outre cela, Nagada regorgeait à l'époque des technologies de Râ et de ses croyants, des technologies sans aucun doute supérieures à celles des Narns puisque nous les comparons à celles des Minbaris. Là-encore, les Nords-Américains de l'époque ne surent pas en tirer grand chose, mais serait-ce le cas de l'Humanité entière, plus de deux cent cinquante ans après? Et que dire d'un appareil aussi merveilleux que le stargate lui-même? Et si nous trouvions une piste menant à leurs concepteurs? Dont Râ ne fait pas partie, l'ancien programme l'a prouvé sur Nagada. Enfin, une telle mission ne doit pas être pensée en négligeant toutes les possibilités qui sont ouvertes en matières de futures relations diplomatiques insoupçonnées et de découvertes scientifiques, intellectuelles, de toutes sortes, qui s'y grefferont fatalement. Emmagasiner toutes les informations possibles sur les espèces, mondes, gisements, technologies et cultures de cette autre galaxie. En ramener tout ce que nous pourrons. Nous avons beaucoup à perdre à attendre que les choses se passent ; pas grand chose à tenter le coup ; mais beaucoup à gagner si nous ramenions de Kaliam une ressource, une technologie ou un allié capable de repousser le Régime. C’est aussi pour cela que le dossier Stargate doit rester étroitement Humain. -Oui, commenta Garibaldi d’un ton légèrement goguenard. On comprend bien qu’ils ne veuillent pas interfacer la stargate sur un vaisseau uniquement pour aller dans Kaliam. Imaginez ce que ferait l’Alliance Terrienne avec des engins spatiaux qui se téléporteraient d’un bout à l’autre de la galaxie en quelques secondes… -Et alors? Questionna Ja'Mal avec une façade d'étonnement poli, totalement dénuée d'agressivité. Vous êtes contre? Ne serait-il pas étrange que de nous deux, ce soit l'Humain qui n'ait pas l'air sûr de son camp? Cette dernière remarque fit faire irruption à un profond sentiment d'agacement chez Ivanova, bien qu'elle demeura impassible en apparence.
-De toute façon, intervint aussitôt Laurel sur un ton apaisant qui tua partiellement le début de tension, nous n’avons pas réussi à procéder à une téléportation stable. Une partie de l’information subatomique s’est perdue en route et s’est mal réorganisée sur les atomes d'arrivée. Ou même pas du tout réintégrée. Soyons clairs : nous commençons à maîtriser l'emploi direct de l'artefact, mais nous ne savons toujours pas comment il fonctionne. -Six hommes en sont morts, nota amèrement Garibaldi, qui prenait les affaires de sécurité très à cœur. -Ils étaient tous volontaires et ils connaissaient les risques mieux que personne, s’irrita l’admiral. Leur présence à bord n’était PAS dispensable. Les O’Neil sont dans l’armée depuis le fameux Jack, vous savez, ajouta-t-il plus évasivement. Nous comprenons ces choses-là. Et puis, pardonnez-moi l'argument "bateau", comme on dit... mais maintenant que nous en sommes là, doivent-ils être morts pour rien? -Comment fonctionne le repérage des coordonnées pour la téléportation? Demanda Jeffrey. -Notre stargate se cale sur le signal de son homologue Nagadian, répondit Laurel. Nous avons déjà établit que ce dernier émettait toujours. -Mon admiral? Demanda platement le chief. -Oui, monsieur Garibaldi? Renchérit poliment l'intéressé. -Pourquoi la Terre a-t-elle repensé subitement à cette histoire, des siècles après le début du silence radio sur le programme? Quel est l'élément déclencheur?
O'Neil sembla embarrassé par la question. Il se redressa, s'appuya sur sa cane, et parla après un soupir. -En 2256, le stargate inactif était en transit dans un transport automatique qui le déplaçait de la Terre vers Sparte 2, notre base militaire sur Dixième Planète. Cela se faisait sans raison précise, sinon une réorganisation procédurière plus globale. Il ne semblait plus utile de penser à dévoiler au public un tel sujet de honte, dans la mesure où de toute manière, tout ce qui s'y rapportait était révolu depuis longtemps. Définitivement, à priori. Alors à quoi bon se l'infliger? Durant le trajet, le stargate s'est activé. Un rapport subspatial du cerveau électronique du vaisseau nous ayant alarmé, un joli comité d'accueil a attendu le transporteur. Durant son inspection, des hommes ont été mystérieusement assommés. De manière extraordinaire, personne n'a pu être interpellé. Mais c'est à partir de ce moment-là qu'a émergé une criminelle de renom, supposée télépathe, que vous connaissez bien, chief. Les yeux de Garibaldi s'écarquillèrent, juste avant qu'il ne fronce les sourcils. -Vous voulez dire... Vala Black? -Elle-même. Je vous sens déjà encore plus impliqué dans notre dossier.
Cette fois, Garibaldi était réellement pris au dépourvu. Impossible pour lui d'oublier cette jeune femme multipliant les coups d'éclat illégaux, qui s'était emparé de tout un navire Asimov, ces engins civils d'environ 600 mètres de long, composés d'une sphère géante et d'une proue montée sur un large pont en barre horizontale. Il était à bord, pour une inspection, lors des faits, survenus l'année dernière, et c'était lui qui avait finalement libéré le bâtiment, sans avoir pu constituer Vala prisonnière.
L'égypte ancienne, Kaliam... et Vala Black? Diable! Quel imbroglio!
-Sa nature Humaine, ou du moins proche de l'Humain, nota Takashima sans prêter attention au trouble de son ami, induit sans doute qu'il y a encore de l'activité du côté des Nagadians, même si nous n'avons pas pu retrouver l'adresse employée dans le stargate. -Et pourquoi la Weyland-Yutani est-elle liée à ce projet? Demanda Sinclair. IPX, c'est évident, l'archéologie est sa raison d'être, mais, un armateur marchand? -Parce que nous sommes les seuls à posséder la technique des boosters-nova, s’enorgueillit Ja'Mal, un nouveau modèle de vaisseau-générateur qui est la seule chose Humaine jamais construite à pouvoir assurer le voyage, grâce à son hyper alimentation. Le stargate lui-même génère déjà des proportions astronomiques d'énergie, mais tout de même trop justes. Notre centrale volante vient de sortir du dock spatial et c'est la première dans son genre. Elle donnera le jus qu'il manque. -Et qu'est-ce qui la motive, la Compagnie? Demanda Ivanova, soupçonneuse. -La même chose, répondit Ja'Mal sur un léger ton de défiance. Empêcher les Narns de détruire notre espèce. Susan prit une inspiration. -Mouais. Vous savez ce qui me chifonne? Personne ici n'ignore que même si tous les grands trusts sidéraux Humains ont des avoirs immenses à même les mondes de l'Alliance, presque tous possèdent également des territoires extérieurs implantés et entretenus par leurs uniques soins, et où ils jouent eux-mêmes le rôle d'états, appuyés par leurs armées privées respectives. Genève a peut-être décidé qu'il s'agissait de “mandats économiques spéciaux” d'origine tout à fait officielle et maîtrisée, pour faire croire au peuple qu'elle tempérait facilement ses trusts ressortissants, mais en réalité, on sait bien que les méga-corporations se fichent juste éperdument de son avis. D'ailleurs, et dites-moi que je me trompe si vous l'osez, dans ces enclaves dans les quadrants libres, l'Earth Force et la Sécurité Fédérale ne rentrent pas sans invitation, tandis que la fiscalité en vigueur... et autoproclamée... ne laisse percevoir à la Terre qu'un impôt à la limite du grotesque. C'est dire. A l'heure actuelle, combien y-a-t-il de ces systèmes stellaires, déjà? Sept, il me semble, où les trusts Humains règnent sans partage, et sans que l'Alliance Terrienne ne s'y trouve elle-même. Et le double de systèmes déjà fréquentés préalablement, où ils sont simplement présents. Il faut dire les choses comme elles sont : vous êtes un état indépendant, qui agit parfois comme un concurrent tordu vis-à-vis de l'Alliance Terrienne. Vous pourriez très bien faire cavalier seul, vous arranger directement avec Narn. Vous pouvez survivre à l'Alliance, survivre sans l'Alliance. Sans la Terre. -Vous présumez beaucoup de nos mentalités, répondit Ja'Mal. Nos gens sont des citoyens de l'Alliance avant d'être des employés de la Compagnie. Pensez-vous réellement qu'aucun attachement ne nous lie aux mondes où nous sommes nés, aux peuples et aux cultures qui s'y trouvent, aux institutions qui les dirigent? Et puis de manière très pragmatique, vous l'avez dit vous-même, les trusts ont beaucoup de possessions à protéger sur le territoire de la fédération. -A moi, renchérit Garibaldi, ça ne me parait pas surprenant. Il y a encore un peu plus d'un an, chez les méga-corporations, la reine parmi les reines, c'était bien la Weyland-Yutani, plus puissante que tous ses concurrents réunis, et qui possédait à elle seule presque autant de territoires stellaires qu'eux tous à la fois. Je ne vous apprend rien, à priori? La Weyland avait flairé le bon filon, non seulement en s'associant avec l'état plus souvent qu'en ne le défiant, mais aussi en inventant les stations de conversion atmosphérique moléculaire, actuellement actives par dizaines sur de nombreux mondes gravitant dans des zones de viabilité. Dont Mars... la Compagnie, comme on l'appelait sans risque de la confondre avec une autre, fondait un nombre immense de colonies qu'elle co-gérait ensuite avec la fédération. Plus fort encore, cela faisait maintenant une bonne cinquantaine d'années qu'elle avait été chargée par la Terre de l'occupation de la planète Arcturus, monde à la civilisation alien anciennement florissante. Mais tout ça, tout ce prestige, tout ce porte-feuille, c'est fini. La Weyland l'a perdu récemment. Lors de la guerre de la nébuleuse d'Orion.
Cette référence sembla refroidir tant Ja'Mal que Susan. Ce conflit était l'une des passades les plus compliquées de l'histoire de l'Humanité dans l'espace. Tout avait commencé presque un siècle plus tôt, quand la Weyland, apprenant à utiliser l'hyperespace, installa des mines, des usines, des chantiers et des comptoirs commerciaux dans six systèmes stellaires sans vie de la nébuleuse d'Orion qui flottait à 1500 années-lumière de la Terre, loin de son contrôle. Des milliers d'ouvriers firent le trajet en espérant faire carrière dans les cités-usines étanches de la Compagnie. Mais sur place, la vie était dure, et la Weyland l'était tout autant en affaires. Des colonies industrielles furent abandonnées à leur sort par la Compagnie lorsque le conseil d'administration s'en désintéressa, ce qui amena nombre de raiders dans le quadrant, et la majorité des travailleurs, trop pauvres pour payer le voyage retour, durent auto-gérer leurs mondes à l'aide de mutuelles et autres formations socio-politiques locales. Certaines installations-bidonville subsistèrent en vendant leur minerai aux aliens, d'autres en se reconvertissant en astroports commerciaux sulfureux, et cætera, dans l'indifférence générale du noyau Humain à 1500 années-lumière de là. Puis en 2256, alors que la Weyland, en perte de vitesse, tentait de réinvestir son quadrant depuis une demi-douzaine d'années, une Coopérative d'Orion indépendante fut proclamée par les cent mille Humains et trente mille aliens qui vivaient là. Alliance explosive de pilotes, ouvriers, mineurs, techniciens, mercenaires, marchands, pirates et autres astronautes autour d'un projet commun, la Coopérative devait à terme devenir un pays. La Weyland multiplia les injonctions envers ce mouvement indésirable, puis, après l'échec d'une division de son armée privée, exigea du premier mandat présidentiel de Santiago qu'il intervienne militairement. Ainsi débuta une guérilla spatiale et hyperspatiale qui causa d'énormes soucis à l'Alliance, malgré le nombre relativement faible de morts Terriens. Non seulement le rat Orian ne se laissait pas attraper par le chat Genévois et lui mordait la queue, mais en plus, l'opinion publique, déjà peu convaincue initialement de la nécessité d'impliquer ses soldats dans ce conflit économique très lointain (et portant sur un quadrant dont la Compagnie avait toujours tenu la fédération à l'écart) , était petit à petit devenue majoritairement favorable à la faction ennemie, dans ce qui était vu comme un combat inégal entre braves soldats de la liberté et oppresseurs vénaux, la Weyland ayant de longue date une mauvaise image médiatique. Et celle du gouvernement y étant mécaniquement indexée de par son implication, elle n'alla pas en s'améliorant, semaine de soutien après semaine de soutien. Une grande dépression toucha les gropos et les pilotes, eux aussi persuadés d'être contraints de lutter pour la victoire du mauvais camp. Fin 2257, lasse de voir son Earth Force penaude contre un ennemi insaisissable et imprévisible qui malmenait sa conscience autant que son image, l'Alliance Terrienne reconnut à Babylon 5 l'indépendance de la Coopérative d'Orion, malgré les protestations de la Compagnie. Santiago parvint à se faire réélire en amenant la faute sur le dos du ministère Monroe, en charge de l'intérieur et de la défense.
-Cela m'aurait étonné que le sujet ne soit pas jeté sur la table, avoua Ja'Mal, qui ne parvenait plus à cacher toute son irritation. -C'est la vérité, estima Garibaldi. Vous avez perdu six systèmes miniers et industriels, des capitaux astronomiques, ainsi qu'une partie de votre armée privée, dans cette histoire. Tout ce que vous avez acquis de nouveau, c'est un terrible scandale. Vous étiez « la Compagnie », et maintenant, vous n'êtes pas loin du redressement financier. Genève pourrait nationaliser vos stations de terraformation. Quel est le deal? Vous aurez le monopole sur l'exploitation de la substance Nagadiane ou des technologies de Râ, quelque chose comme ça? De quoi vous refaire?
O'Neil et Laurel n'intervenaient pas, apparemment intéressés par l'échange. Eux aussi étaient de l'Earth Force, et aux aussi en voulaient sans doute à l'Earth Dome et à la Weyland pour la guerre d'Orion.
-Votre agressivité est indécente, jugea Ja'Mal avec des airs d'innocence combattive. -à cause de vous, des soldats qui s'étaient engagés pour servir de vraies valeurs sont allé crever dans une guerre financière injuste, en tuant des héros. Votre guerre, ajouta sèchement le security chief. Tant que tout allait bien, vous décrétiez que la fédération n'avait rien à voir dans vos histoires, rien à faire dans vos territoires, mais quand ça a commencé à sentir mauvais, c'était subitement son rôle d'intervenir. Que ce soit en soutenant la dictature militaire du maréchal Gord, il y a plus d'un siècle, ou en désertant la Bataille de la Ligne, la plupart des trusts et la Weyland en tête se sont toujours démerdés pour être du mauvais côté de l'histoire. Et vous vous étonnez de votre impopularité? Votre Compagnie aurait dû être démantelée il y a un an, monsieur, lors du traité de Babylon passé avec les Orians. Vous ne valez pas mieux que Pirite.
Pirite, le trust illégal qui vivait hors la loi et qui avait été chassé de l'Alliance Terrienne avant même le contact Centauri, symbolisait tout ce que l'on reprocherait jamais aux état-corporations. Une injure qui fit mouche.
-Allons, allons, déclara fortement Richard, presque avec regret, tandis que Ja'Mal se gonflait comme un ballon. Nous nous éloignons très fortement de notre sujet. Feuilletez un peu la liste de l’équipage de la mission, commander, demanda l'admiral. Les premières lignes, dit-il en poussant vers lui une page électronique souple dont on faisait défiler le contenu avec le toucher et qu'Ivanova ne l'avait pas vu sortir. O’Neil, avec un seul L, ajouta-t-il après un regard dédaigneux sur le haut de la liste.
-Benjamin Kyle, Laurel Takashima… énuméra Jeff après quelques secondes. Bon sang! Vous avez récupéré tous les anciens de Babylon 5... Pourquoi? -Parce que nous avons une expérience relativement inédite des melting-pots extraterrestres et des relations directes et inévitables, à l'aveugle même, avec des cultures méconnues, répondit fièrement Laurel Takashima. Dans des proportions uniques. Quoi de mieux pour se jeter dans une autre galaxie? -Vous n'avez pas "récupéré" Lita Alexanders? Demanda Sinclair en baladant ses yeux sur la liste. -Il semble que votre ancienne collègue se soit mise dans de sales draps, répondit l'admiral. Une affaire avec le Corps Psy, les Vorlons et Free Mars, dit-on, précisa-t-il en haussant les épaules. C'est tout ce qu'on a "voulu" nous dire quand nous nous sommes renseignés. Je ne devrais même pas vous le répéter, ajouta l'officier malgré la mine déconfite de Sinclair à l'annonce de la mauvaise fortune de son ancienne relation de travail, manifestement due à sa mésaventure lors de la première venue de l'ambassadeur Kosh. Il ne lui tenait pas rigueur pour sa mésaventure de l'époque, elle avait fait ce que tout le monde, à sa place, aurait dû penser devoir faire... hormis Garibaldi; qui ne pardonnait pas. -Bref, reprit Richard, nous avons proposé cette mission à tous les anciens de Babylon 5 pour qui c'était pertinent. Ma chère Laurel en a précisé les raisons. Et comme je vous l'avais laissé entendre précédemment, c’est aussi pour cela que nous sommes revenu, maintenant. Cette dernière remarque attisa tout particulièrement l’attention de Jeffrey, Susan et Michael.
-Nous voulons Ivanova et Garibaldi pour cette mission, trancha O’Neil. A cette annonce, un air d’incompréhension légèrement paniqué s’imposa sur le faciès d'Ivanova, tandis que Michael semblait juste pensif. -Attendez, commença Susan, toute rouge… On a du travail ici, et… et… hors de question que j’embarque avec votre machine infernale qui transforme les gens en hachis-parmentier! -Susan, intervint Laurel avec compréhension. Soyez absolument certaine que personne ne partira avant que l’on soit sûrs d’avoir stabilisé l’interface entre le stargate et les systèmes de nos vaisseaux. Nous devrons, d’ici peu, envoyer une équipe sur Armstrong, notre premier port lunaire, pour récupérer l’algorithme du professeur Cornelius. -L’algorithme? -Oui; il semblerait que les concepteurs de l'anneau aient déjà prévu la possibilité de devoir utiliser une stargate comme réacteur de fortune en cas de défaillance de celui de l’un de leurs vaisseaux. C’est pourquoi selon nous, sept chevrons servent à un voyage individuel, et enclencher les neuf chevrons serait un recalibrage pour transformer le stargate en téléporteur intergalactique pour engin spatial. Le boosteur-Nova de la Weyland fournira le supplément d’énergie nécessaire, termina O’Neil, le coude contre le mur, le poing sur sa poignée de cane et les jambes croisées. L’algorithme du professeur devrait permettre d’enclencher les deux chevrons manquants, et nous pourrons aller vers Kaliam. Seulement une fois que nous aurons prouvé que l’artefact fonctionne sans danger pour nous, est-il besoin de le dire… Nous avons besoin de l’expérience d’officiers comme vous avec les aliens. Personne ne montera dans ces vaisseaux de force; mais en revanche, j’ai toute autorité pour vous transférer à notre mission sur Armstrong. Et vous réfléchirez en chemin. D'autre part, ajouta-t-il en changeant de ton du tout au tout, mais sans perdre un aspect mielleux, je vous suggère de réfléchir aux conséquences logiques sur vos carrières respectives d'une décision... selon qu'elle soit dans un sens ou dans l'autre. Ivanova se contraignit à ignorer la fin du message. -Ce Cornelius, j'ai déjà entendu son nom quelque part, dit la Russe. Pourriez-vous préciser, s'il vous plait? -C'est un linguiste-archéologue arrivé d'IPX qui est devenu le directeur de notre section de recherche scientifique et historique sur le passé alien de l'Égypte, expliqua l'admiral. C'est à son abnégation que nous devons la reconstitution du dessin que vous avez eu le loisir d'admirer. -Un linguiste-archéologue pour un algorithme? S'étonna Sinclair. -C'est un abus de langage, reconnut Laurel. En fait, une partie de ce dernier était verrouillé par un code linguistique que nous n'étions pas parvenu à casser et qui nous empêchait de relier les dernières pièces du puzzle. Le professeur a réglé le soucis avec son assistant. -Pourquoi ne pas simplement le transmettre? Interrogea Garibaldi. -Parce que nous avons aussi besoin du professeur Cornelius lui-même pour cette mission... or, il se trouve actuellement dans le quartier souterrain d'Armstrong, son lieu de résidence. Un froid tomba sur l'assistance. -Qui est aux mains des trafiquants de menthe Hydrocéphales depuis une semaine, épilogua tristement Ivanova. Hasard fâcheux. -L'armée est toujours en négociation avec les hors-la-loi, mais sonner l'assaut pour aller récupérer Cornelius pourrait lui coûter la vie, expliqua Laurel. Nous avons besoin d'une exfiltration discrète et précise, puis de laisser nos camarades régler la question Hydrocéphale de leur côté. -Susan… Michael, commença Jeff, soudainement transformé, et comme s'il n'avait pas réellement entendu la mise en garde à peine voilée de son supérieur, ce qui étonna Garibaldi de sa part. A moins que Sinclair en soit précisément plus conscient que quiconque dans la pièce et qu'il cherche à influencer ses camarades pour les empêcher de risquer leurs carrières, de connaître son propre sort, songea-t-il également. -Vous avez votre place ici, poursuivit le commander, mais on peut se passer de vous quelques semaines. Je vous demande de bien réfléchir à ce que tout cela implique, dans le cas où le processus de téléportation serait stabilisé: Susan, pensez à tout ce que vous avez à découvrir dans une autre galaxie… Michael, vous pourriez passer du temps avec Laurel, Benjamin, d'anciens amis mutés hors de la station… enfin, bon sang, c’est… cela n’arrive même pas dans la vie de trois quarts d'entre nous, vous comprenez? C’est... Il marqua un arrêt, l'air de se remémorer une chose importante, et rit. -J'allais dire que c'est là où aucun Humain n’est jamais allé, mais...
Fin du chapitre
Dernière édition par Mat Vador le Ven 3 Sep 2010 - 0:54, édité 23 fois |
| | | Webkev Roi des Petits Gris
Nombre de messages : 2378 Age : 37 Localisation : ~ Surfant dans le subespace ~ Compagnon de la Confrérie
| Sujet: Re: Kaliam Connection Mar 27 Avr 2010 - 19:20 | |
| Un seul mot : bravo! Excellentissime chapitre, qui verrouille définitivement mon assiduité à Kaliam Connection. Le chapitre précédent laissait supposer ouvertement que celui-ci allait nous permettre d'avancer dans l'histoire. Et pour avancer, on avance, à pas de géant même. L'histoire du film de Stargate est revisitée, améliorée dirais-je même. Là où le film était de la "simple" SF, avec de la découverte et de l'action ('tention, je ne dis pas que ce n'est pas bien ), cette ré-invention du mythe Stargatien tient compte de tous les éléments que le film passe allègrement sous silence : hiérarchie militaire, compartimentage, politique coloniale toujours existante au XXè siècle, racisme, volonté d'unification (je pense à la IASA). Tout ca pour donner naissance à une aventure crédible et réaliste, inspirée du film, le dépassant même! Bravo! Je tiens ensuite à te féliciter car on peut reconnaître de par ce chapitre que tu es un fan de SF, et pas n'importe lequel! Babylon 5 et Stargate sont présente, bien sur. Mais l'on Farscape et Alien, que de la bonne SF (pour Stargate, pensons à son âge d'or ). Et il y a surement des détails que je n'ai pas repéré à la première lecture! Un seul point moins positif, les descriptions qui parfois me semblent un peu indigestes, ralentissant le rythme du récit. Mais bon, tout cela est bien subjectif, et complètement noyé par la qualité incontestable de la fiction! Franchement, je te tire mon chapeau bien bas (je le fais souvent sur ce forum on dirait ). Kaliam Connection est plus qu'à la hauteur de mes espérances! Quelques passages que j'ai particulièrement affectionnés : - Citation :
- -Et alors? Questionna Ja'Mal avec une façade d'étonnement poli, totalement dénuée d'agressivité. Vous êtes contre? Ne serait-il pas étrange que de nous deux, ce soit l'Humain qui n'ait pas l'air sûr de son camp?
Ou comment faire référence à ce qui va se passer dans le futur de nos personnages et à l'ère de Clark ^^ - Citation :
- -Vous voulez dire... Black Vala?
Parce que sincèrement, je ne m'attendais pas à ça - Citation :
- -Il semble que votre ancienne collègue se soit mise dans de sales draps, répondit l'admiral. Une affaire avec le Corps Psy, les Vorlons et Free Mars, dit-on, précisa-t-il en haussant les épaules. C'est tout ce qu'on a "voulu" nous dire quand nous nous sommes renseigné. Je ne devrais même pas vous le répéter, ajouta l'officier malgré la mine déconfite de Sinclair à l'annonce de la mauvaise fortune de son ancienne relation de travail, manifestement due à sa mésaventure lors de la première venue de l'ambassadeur Kosh.
A, chère Lyta, grâce à qui une nouvelle fois, le fervent fan de B5 se raccroche à la franchise ^^ Mais le meilleur pour la fin : - Citation :
- C’est pourquoi selon nous, sept chevrons servent à un voyage individuel, et enclencher les neuf chevrons serait un recalibrage pour transformer le stargate en téléporteur intergalactique pour engin spatial.
Voilà une idée qui ridiculise non seulement le Whormdrive de fin de saison 5 de SGA, mais tout le concept de SGU... Si seulement tu étais à la place de Malozzi, Mat... SG aurait encore de beaux jours devant elle... Encore une fois, bravo! |
| | | Rufus Shinra Roi des Petits Gris
Nombre de messages : 2455 Age : 36 Localisation : Là où s'est déroulée la dernière catastrophe en date ~ Compagnon senior de la Confrérie
| Sujet: Re: Kaliam Connection Mar 27 Avr 2010 - 20:06 | |
| Très sympathique chapitre, où nous avons droit à l'un des passages les plus appréciables de tout texte concernant la Porte : des personnages rentrent dans le secret. Un tel passage, en soi, est particulièrement agréable à lire (surtout vu l'auteur), mais l'ensemble des ajouts supplémentaires sur les évènements ayant suivi le film..... superbe.
C'est logique et totalement crédible (d'ailleurs, je verrais très bien des séquelles à Stargate qui suivraient ce scénario), avec une Terre dont l'aspect déshumanisé reprend ses droits.
Mention aussi aux informations supplémentaires sur l'historique de Babylon 5, mais par contre, une remarque négative : certains de tes personnages (Garibaldi et Ivanova) ont tendance à faire de l'exposition un peu maladroite. Bien préparée, mais peu naturelle (on dirait qu'ils donnent une conférence, comme O'Neill).
Oh, et pour le personnage fouteur de merde qui semble arriver, je n'aurai qu'une chose à dire : XD (et aussi XDDDDDDDDDDDDDDDDDDDD)
C'est quand la suite ?! |
| | | EvilLoki Pirate Galactique
Nombre de messages : 421 Age : 37
| Sujet: Re: Kaliam Connection Mer 28 Avr 2010 - 1:02 | |
| Eh bien, ce fut un chapitre très long, mais un très bon chapitre, voir même un excellent chapitre. Redécouvrir le film Stargate de 94, raconté par un descendant du colonel O'Neil, avec les yeux et les interrogations du triptyque dirigeant de Babylon 5 est très plaisant surtout par le biais de ces quelques ajouts que tu y apportes (surtout énorme le fait de bien souligner que Jackson n'a en fait rien découvert, la scène mythique du film en prend un coup ). Pour ta vision de ce qui aurait pu être un Stargate 2 indépendant de la série, l'idée est sympa, mais je trouve que cela fait un peu "comment trouver un nouvel ennemi pour faire une suite". A ce rythme, on aurait pu faire Stargate 3, 4, ... . Par contre, je vois que tu n'as pas pu t'empêcher de reformer l'équipe SG-1 . Et sinon, j'ai vraiment eut l'impression à plusieurs reprises de relire certains de tes posts de SGF dans le discours de l'Admiral O'Neil. Très marrant. - Citation :
- Black Vala?
A quand Amanda Carter, Christopher Judge'c ou le général George Davis. A part ça, tes descriptions sont toujours aussi bonnes, notamment celle de la photo avec le vaisseau de Ra sur la pyramide de Nagada (même si peut être un peu longue). Je suis également assez impressionné part ta connaissance assez approfondie de l'univers de la franchise pour être assez à l'aise pour y rajouter des détails tels que la guerre de la Nébuleuse d'Orion ou la navette de 29 mètres de large dont je ne retrouve pas le nom (à moins que cela ne soit des éléments canoniques). Les raisons que tu avances pour le recrutement d'Ivanova et de Garibaldi sont assez pertinentes même si je pense que bien d'autres pourraient s'acquitter de cette tache. Pas grand chose d'autre à ajouter si ce n'est que la relation Garibaldi/Ja'mal m'a l'air prometteuse. Bravo! |
| | | Mat Le Pharaon
Nombre de messages : 5127 Age : 34 Localisation : Amiens
| Sujet: Re: Kaliam Connection Ven 30 Avr 2010 - 0:20 | |
| Soulagé que ça vous plaise tant, et très touché par tous vos compliments à vous trois, il faut croire que ne pas être satisfait de mes chapitres est de bonne augure.^^ Dire que je m'étais résolu à voir en ce chapitre un moment moyen à passer... - Citation :
- L'histoire du film de Stargate est revisitée, améliorée dirais-je même. Là où le film était de la "simple" SF, avec de la découverte et de l'action ('tention, je ne dis pas que ce n'est pas bien ), cette ré-invention du mythe Stargatien tient compte de tous les éléments que le film passe allègrement sous silence : hiérarchie militaire, compartimentage, politique coloniale toujours existante au XXè siècle, racisme, volonté d'unification (je pense à la IASA).
Sacré patchwork que ce récit, avec la IASA et Jack Crichton qui débarquent tout droit de Farscape, certaines facettes qui n'existent que pour étouffer des incohérences du film... et aussi mon envie d'imaginer un programme SG alternatif qui puisse surprendre en prenant le contrepied du "vrai" : au lieu d'avoir des centaines de mondes rejoints, et O'Neill qui décrète qu'il n'y a rien sur la planète après dix kilomètres à pieds dans la forêt de pins abritant le stargate, je voulais évoquer l'idée que même avec des milliers d'hommes et de femmes, un tel programme aurait très bien pu ne se concentrer que sur une unique planète pendant plus de trente ans. Combien sommes-nous sur Terre, et en avons-nous pour autant appris tout ce qu'il s'y trouve d'utile, de surprenant, de précieux, depuis 12 ou 14 000 ans qu'on construit les premiers camps sédentaires? - Citation :
- Un seul point moins positif, les descriptions qui parfois me semblent un peu indigestes, ralentissant le rythme du récit. Mais bon, tout cela est bien subjectif,
Ici, je me suis permis, à propos des descriptions, des choses que je ne pense pas que je me serais permis en temps normal, profitant de l'aspect "photographique", statique, des sujets. Le vaisseau de Râ, par exemple.^^ - Citation :
- Ou comment faire référence à ce qui va se passer dans le futur de nos personnages et à l'ère de Clark ^^
C'est clair que ce genre de remarque a toujours foutu les jetons dans B5^^ Même dans la saison 1, les deux volets du conflit avec la Terre au sujet de la grève, brr. - Citation :
- Parce que sincèrement, je ne m'attendais pas à ça
Si je réussis mon coup, tu le dira encore plusieurs fois - Citation :
- A, chère Lyta, grâce à qui une nouvelle fois, le fervent fan de B5 se raccroche à la franchise ^^
Dans cette version je fais ce que je ne faisais pas du tout dans l'original, à savoir truffer de références canon ou extrapolées à propos du background et des évènements de la franchise^^ - Citation :
- Très sympathique chapitre, où nous avons droit à l'un des passages les plus appréciables de tout texte concernant la Porte : des personnages rentrent dans le secret. Un tel passage, en soi, est particulièrement agréable à lire
Ce qui est génial, c'est que grâce au côté "Égypte futuro-antique" et mystique qui y est inhérent, même pour des gens pour qui l'hyperespace, les aliens, les exoplanètes... ont toujours existé, ça reste malgré cela quelque chose d'unique et de merveilleux. - Citation :
- Mention aussi aux informations supplémentaires sur l'historique de Babylon 5, mais par contre, une remarque négative : certains de tes personnages (Garibaldi et Ivanova) ont tendance à faire de l'exposition un peu maladroite. Bien préparée, mais peu naturelle (on dirait qu'ils donnent une conférence, comme O'Neill).
C'est exact, bien que j'ai plusieurs fois essayé d'adoucir ça. Je me console en me rappelant que le côté "conférences" est pour moi l'un des défauts récurrents de la série, et quelque part, est un peu comme une tâche de naissance.^^ - Citation :
- (surtout énorme le fait de bien souligner que Jackson n'a en fait rien découvert, la scène mythique du film en prend un coup ).
Le pire, c'est que tout comme d'autres informations, la seule raison pour que j'écrive ça est de rendre cohérent le film avec lui-même, et ensuite avec Kaliam. C'est peut-être bien ce qui m'a pris le plus de temps dans le chapitre. - Citation :
- Pour ta vision de ce qui aurait pu être un Stargate 2 indépendant de la série, l'idée est sympa, mais je trouve que cela fait un peu "comment trouver un nouvel ennemi pour faire une suite". A ce rythme, on aurait pu faire Stargate 3, 4, ...
Si pour un Stargate 3, on avait dit "ha ha, il y avait encore une cache de droïdes-anubis aux ordres de Râ, planquée dans le sable et qui se réveille", je serais d'accord. Cependant, pour une fois, je crois que ça passe. Je ne pense pas que l'idée que Râ ait possédé un second bourg d'ouvriers au cas où, et une paire de temples où faire concevoir ses artefacts, et que sa mort ait tourneboulé tout ce beau monde, soit un deus ex machina, je me suis basé sur des extrapolations que j'ai cherché logiques et cohérentes, comme coulant de source à partir de leur point de départ. - Citation :
- Par contre, je vois que tu n'as pas pu t'empêcher de reformer l'équipe SG-1
Le clin d'oeil me semblait approprié^^ - Citation :
- Je suis également assez impressionné part ta connaissance assez approfondie de l'univers de la franchise pour être assez à l'aise pour y rajouter des détails tels que la guerre de la Nébuleuse d'Orion ou la navette de 29 mètres de large dont je ne retrouve pas le nom (à moins que cela ne soit des éléments canoniques).
C'est un mixe de choses vues ou entendues -dans la série -dans les sources canon -dans les sources non canon mais cohérentes, puis de pures inventions et de produits logiques de crossover. Voici la Hestrel, navette spatiale à tout faire dans B5, surtout dans la saison 1, que j'aime beaucoup et que je décris dans le chap' 2, en plus de la citer dans ce chapitre là. Pour la Coopérative d'Orion, en fait, elle est née de mon envie assez ancienne de réutiliser l'esthétique et l'ambiance des raiders de la saison 1 pour créer un genre de petit état spatial Humain dissocié de l'Alliance Terrienne, mal famé et où la moitié des machines sont bonnes pour la casse, un état entièrement sous cloche car ne possédant aucun monde naturellement vivable, avec un côté Alien, Moon 44, Outland, Supernova... C'est une idée que ceux qui suivent mes écrits sur B5 depuis le début ont déjà croisé, sous sa forme initiale de Confédération Skywalker, par exemple. - Citation :
- Les raisons que tu avances pour le recrutement d'Ivanova et de Garibaldi sont assez pertinentes même si je pense que bien d'autres pourraient s'acquitter de cette tache.
Moi, honnêtement, je pense que non. Les ambassadeurs Terriens et les officiers à bord des vaisseaux de premier contact ne voient qu'un seul peuple à la fois, ne rencontrent pas beaucoup d'espèces en finalité (en comparaison de ce qu'on voit à B5) ... et dans ces deux cas, les rapports sont codés, différés, distants, biaisés, pour tout un tas de raisons (rangs similaires, préparation diplomatique, chacun arrive de derrière la coque d'un vaisseau armé, etc) . Même dans le cas des aliens voyageant longtemps dans l'Alliance Terrienne, le fait d'être plongé dans notre culture résorbe un peu leurs traits et ceux qui ont l'habitude de les côtoyer ne côtoient jamais que les espèces qui s'entendent assez bien avec nous pour fouler nos sols. à Babylon 5, Garibaldi peut être amené à tout moment à gérer physiquement un conflit entre des spécimens d'une espèce hostile à l'Alliance Terrienne, et des spécimens d'une espèce dont il ignorait l'existence avant de passer un couloir, pendant qu'un bonhomme meurt pour avoir couché avec une femelle d'une espèce où il est parfaitement évident qu'il faut tuer le mâle après l'accouplement. Et ça, que tous ces spécimens soient de parfaits chiffonniers ne parlant pas un mot des langues principales, ou l'élite de leur peuple, enfermée dans plein de codes et de rituels. Je pense pour ma part que le projet Babylon est d'une portée unique, très récente, et qu'aucun terrain d'expérience ne le remplace pour ce dont on parle. - Citation :
- Pas grand chose d'autre à ajouter si ce n'est que la relation Garibaldi/Ja'mal m'a l'air prometteuse.
Héhé... moi qui connais la suite :sheppard: , ça me fait tout rigolo que tu dise ça^^
Dernière édition par Mat Vador le Dim 22 Aoû 2010 - 13:52, édité 7 fois |
| | | Skay-39 The Vortex Guy
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| Sujet: Re: Kaliam Connection Dim 2 Mai 2010 - 23:37 | |
| (Nouveaux lecteurs, il vous est fortement déconseillé d'ouvrir les balises spoiler ci-dessous, sous peine de gâcher une partie du plaisir de la découverte) C'est un chapitre très réussi, comme d'habitude, rédigé avec adresse et subtilité. J'aime le changement de titre. ^^ L'ancien sonnait mieux, mais celui-là a le mérite d'être exact, et puis c'est un genre de clin d'œil à la subtile inexactitude du précédent. L'exposé de O'Neil et Laurel a été bien mené, de façon plus naturelle que je n'y serais parvenu, sans doute. Autant les dialogues ponctuels ne me posent pas trop de problème, autant, lorsque le moment est venu d'organiser un débat, une discussion posée et approfondie, j'ai l'impression de sombrer dans l'amateurisme et de manquer des tas de choses. C'est loin d'être le résultat ici, et pour cela, bravo. Les répliques de part et d'autre sont spontanées et pertinentes (même si, de ce point de vue, certains échange de conques entre Laurel et O'Neil faisaient très discours répété - chose possible au demeurant, mais qui aurait peut-être pu être remarquée par un des protagonistes), et nous font naviguer sans heurts de révélations en révélations, jusqu'à dévoiler une immense fresque qui, même pour les humains de l'époque, doit être à peine croyable. Ce que tu dis à ce sujet est très vrai : ni les Vorlons, ni les Minbaris ne préparent tout à fait à ce genre de surprise. Je dois avouer que, comme la plupart des lecteurs sans doute, je n'avais pas du tout anticipé ni même imaginé que tu puisses à ce point enrichir l'intrigue du premier opus. Tu as là la trame d'un Stargate II qui n'aurait pas eut à rougir je pense de la comparaison avec son aîné - à moins bien sûr de n'être réalisé par Michael Bay. C'était assez culotté de ta part d'enchaîner sur le récit de ces évènements directement après avoir narré les péripéties du film. ^^ En tout cas, là encore, tu prends ton temps, tu donnes des détails qu'un auteur, connaissant la finalité de la conversation, aurait tendance à négliger, mais qui, dans la bouche d'un personnage vivant le récit, accentuent de manière remarquable la crédibilité de la scène. Ainsi les indices épars de la présence de Râ sur Terre, quelques gravures, quelques hiéroglyphes, quelques légendes, et le soudain afflux de données apporté par la mission dans Kaliam. L'un des éléments que tu as mentionné m'a comme électrisé : c'est le concept de technologie artisanale. Je crois que je n'avais jamais envisagé un tel système, ou chaque appareil produit est pensé individuellement, et différent de tous ceux qui assurent des fonctions similaires. C'est tellement poétique et séduisant, cette idée, tellement à l'opposé de la productivité à tout prix à laquelle on attache tant d'importance par chez nous, au point de pousser au suicide les maillons de la chaîne qui ne supportent pas la pression. Quoique maintenant que j'y réfléchis, ce n'est guère différent des appareils hypersophistiqués des Goa'uld produits par des esclaves sur des chantiers primitifs... Je n'avais simplement jamais songé à toutes les implications d'une telle méthode. Les intérieurs de vaisseau tous similaires m'ont empêché de songer aux aspects les plus séduisant de cette option de production. D'où t'es venue cette idée, est-ce bien de la série ? Je serais très curieux de le savoir. Voila quelque chose en tout cas qui n'a pas finit de faire son chemin dans mon esprit. Je ne sais trop que penser du fait que ces développement au film se soient produits hors-caméra, et se trouvent révélés au cours d'un briefing, et non, par exemple, de la voix même des protagonistes. J'ai l'impression que, dans la première mouture de cette fic (ou la seconde, bref, la précédente), tu avais l'intention de distiller certaines de ces données de manière plus vivante, visuelle, au cœur de l'action. - Spoiler:
Tu l'avais déjà fait pour la flotte Nagadienne, dont l'irruption avait bien failli causer une bataille ouverte, et je me dis que les Sphinx évoqués à cette occasion étaient peut-être liés, d'une manière ou d'une autre, à tes "Autres"
; et, d'une manière ou d'une autre, les autres éléments dont nous venons de prendre connaissance nous auraient probablement été révélés peu à peu, donnant au voyage un petit côté nostalgique. J'imagine très bien Ivanova et Garibaldi circulant à l'intérieur d'une base militaire du XXème siècle à demi ensablée, escortés par des Nagadians montés sur des lézards géants. Mais force m'est de reconnaître que je suis ignorant de ce que tu as prévu pour la suite, et il se peut que mes regrets s'avèrent totalement infondés. ^^ Justement, parlant de cela, j'adore l'enrichissement de l'univers de Nagada-world que tu amènes par tes photographies. Ces salamandre colossales avec des plumes sur l'arrière du crâne et des selles affublé de voilettes roses, c'est tellement kitch, mon dieu, mais aussi tellement bon. ^^ "Veux !", comme dirait l'autre. Du reste, ce côté outrancier, ostensible, c'est parfaitement en accord avec les goûts de Râ en matière de design et de décoration. je suppose que ce n'est pas un hasard si j'ai immédiatement eut l'impression de tenir en main un vieux roman d'anticipation. Paradoxalement, cette esthétique décomplexée est très en décalage avec le style de Babylon 5 par ailleurs, et ce contraste n'est pas déplaisant. :vala: Parlant de photographie, il y a tout de même quelque chose que je dois mentionner, c'est la densité effrayante des descriptions. Je ne suis pas réfractaires aux descriptions, bien au contraire ; j'aime avoir suffisamment de matière pour pouvoir me faire un dessin mental, sinon à proprement parlé, des paysages, personnages, faunes et flores, artéfacts. Mais il y a quelque chose dans ton style, cette rigueur un peu excessive mêlée à un amour de la périphrase et des représentations imagées, qui rend certains passages absolument épuisants à comprendre et encore plus à retenir. Le meilleur exemple ici en est sans doute la description du vaisseau de Râ : j'ai eu beau lire avec attention, l'esprit aux aguets - et, je préfère prendre les devants, sans rien autour pour me distraire, une fois n'est pas coutume -, il m'a fallu revenir en arrière à de nombreuses reprises pour saisir ce que tu avais en tête, et, même arrivé à ce point, le côté sans doute trop formel de tes tournures ne m'a pas aidé à me représenter vraiment l'engin. A vrai dire, bien qu'ayant le visuel du vaisseau en tête durant la lecture, je n'ai pas toujours bien réussi à faire coïncider mes souvenirs avec tes descriptions, et, alors que je pensais être enfin venu à bout de ce passage, une capture d'écran du film m'a montré que j'en étais en fait loin. Je ne veux surtout pas avoir l'air de m'acharner, mais, pour tout dire, en tâchant d'intégrer tous les éléments que tu mentionnais de la manière dont il me semblait qu'il fallait les placer, j'en étais arrivé à un résultat que je savais pourtant inexacte. Une petite citation pour illustrer mes propos : - Citation :
- Quatre séries verticales de trois blocs, les plus gros en bas, les intermédiaires au centre, et les plus fins en haut, étaient accolées pour former le corps du tétraèdre (pyramide à quatre faces).
Ce genre de passage est selon moi à éviter. C'est trop technique, trop géométrique, cela sollicite une réflexion trop consciente, poussée. On est forcé d'abandonner un peu la torpeur dans laquelle nous avait plongé l'histoire, de laisser s'échapper l'ambiance progressivement acquise pour focaliser tous ses neurones sur une phrase. Ce désir d'exactitude à tout prix t'amène également à des concessions comme ce (pyramide à quatre faces) qui seraient plus à leur place sur un compte-rendu d'architecte que dans un roman. En vérité, je me suis un peu énervé sur ce passage, frustré de buter ainsi dessus, et c'est pourquoi j'insiste sur ce point. Je crois que lorsqu'il est impossible de retranscrire simplement et précisément ce type de structure, il vaut mieux abandonner et opter pour une description qui, si elle manque de valeurs numériques et de rapports de taille, conserve au moins l'esprit, les répercussions émotionnelles du résultat. Après tout, quand on parle d'un feuillage, il est souvent plus pertinent d'évoquer les jeux de lumière que l'organisation de la feuille et des branchages. Si j'éprouve toujours quelques difficultés à m'intéresser aux personnages de B5 - du moins ceux que tu mets ici en scène - et ce malgré les approfondissement que tu apportes à leur caractère, j'ai en revanche bien apprécié le caractère O'Neillesque de ton admiral, qui amène un peu de fantaisie autour du trio par ailleurs un peu trop formel à mon goût que forment Garibaldi, Ivanova et Sinclair. Ja'mal a également retenu mon attention, en cadre impliqué dans son entreprise, et surtout par sa réflexion à propos des dieux d'ancienne Egypte. Ainsi, bien que largement acclimaté et franchement opposé au Régime Narn, nous constatons qu'il se considère bel et bien comme un Narn, et a apparemment grandit baigné dans la culture de son monde. Intriguant, très intriguant... - Citation :
- Le Narn chercha son supérieur (du moins l'espéraient-ils) du regard
Tout simplement parce que j'ai adoré ce passage. ^^ - Spoiler:
Enfin, ta conclusion indique quelques changements dans la structure du chapitre suivant. Cette fois-ci, le grabuge n'arrivera pas par erreur, et c'est un mieux, je pense : dans la mouture précédente, je me souviens que j'avais trouvé l'affrontement un peu déplacé, puisqu'il n'affectait les héros que par le fait du hasard. La bataille aura bien plus de sens si l'équipe plonge dedans en toute connaissance de cause.
Je suis réellement très curieux de revoir Beltegiens et Yautja s'affronté à nouveau sous ta plume selon les nouvelles modalités que tu appliques à cette fiction. =D
- Mat Vador a écrit:
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- Citation :
- par contre, une remarque négative : certains de tes personnages (Garibaldi et Ivanova) ont tendance à faire de l'exposition un peu maladroite. Bien préparée, mais peu naturelle (on dirait qu'ils donnent une conférence, comme O'Neill).
C'est exact, bien que j'ai plusieurs fois essayé d'adoucir ça. Je me console en me rappelant que le côté "conférences" est pour moi l'un des défauts récurrents de la série, et quelque part, est un peu comme une tâche de naissance.^^ Clairement. ^^ Ce faisant, tu demeure parfaitement en accord avec les habitudes de Babylon 5. - Citation :
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- Citation :
- Par contre, je vois que tu n'as pas pu t'empêcher de reformer l'équipe SG-1
Le clin d'oeil me semblait approprié^^ Yes Indeed, même si je m'aperçois que j'accueille désormais ces crossover Stargate/Stargate SG-1 comme n'importe quelle autre référence à un autre univers, les liens entre les deux franchises n'étant plus qu'anecdotiques. - Mat Vador a écrit:
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- Citation :
- Les raisons que tu avances pour le recrutement d'Ivanova et de Garibaldi sont assez pertinentes même si je pense que bien d'autres pourraient s'acquitter de cette tache.
Moi, honnêtement, je pense que non. [...] à Babylon 5, Garibaldi peut être amené à tout moment à gérer physiquement un conflit entre des spécimens d'une espèce hostile à l'Alliance Terrienne, et des spécimens d'une espèce dont il ignorait l'existence avant de passer un couloir, pendant qu'un bonhomme meurt pour avoir couché avec une femelle d'une espèce où il est parfaitement évident qu'il faut tuer le mâle après l'accouplement. Et ça, que tous ces spécimens soient de parfaits chiffonniers ne parlant pas un mot des langues principales, ou l'élite de leur peuple, enfermée dans plein de codes et de rituels. Je pense pour ma part que le projet Babylon est d'une portée unique, très récente, et qu'aucun terrain d'expérience ne le remplace pour ce dont on parle. + 1... Il est d'ailleurs difficile de croire qu'un tel lieu puisse exister. Le coup de la femelle qui tue le mâle après l'accouplement en est un bon exemple. - Mat Vador a écrit:
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- Citation :
- Pas grand chose d'autre à ajouter si ce n'est que la relation Garibaldi/Ja'mal m'a l'air prometteuse.
Héhé... moi qui connais la suite :sheppard: , ça me fait tout rigolo que tu dise ça^^ Ils vont sortir ensemble ? |
| | | Mat Le Pharaon
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| Sujet: Re: Kaliam Connection Ven 7 Mai 2010 - 14:05 | |
| Petite info. En discutant de la question avec Ketheriel, j'en suis arrivé à trouver peu vraisemblable que la position de Takashima soit de notoriété publique. J'ai donc modifié quelques répliques pour que les officiers de B5 la connaisse comme commandant en second sur un Explorer Class depuis son départ, survenu un an plus tôt. Voici l'ajout le plus important, situé au début du chapitre 3. - Citation :
- [...] Enfin, Takashima détaillait de son côté, tout comme l'admiral lui-même, la pièce de taille moyenne; plongée dans ses souvenirs des lieux et dans des perspectives qui, à l'heure actuelle, n'existaient qu'en songes et en pensées. Puis elle revint au présent, et se prépara à s'exprimer.
-Tout d'abord, dit-elle en ouvrant la discussion, j'ai été autorisée à vous révéler que le poste d'auxiliaire au commandement à bord d'un explorer, qui m'avait été donné à votre connaissance, lors de ma promotion et de mon départ, était une couverture. J'ai en réalité rejoint un programme secret de l'Earth Force, chapeauté par les services secrets de l'armée, avec la collaboration des services secrets fédéraux et de deux groupes spatiaux privés : IPX, la "traqueuse de reliques", et la Weyland-Yutani. Je sais qu'étant vous-mêmes soumis aux règles de ce milieu, vous ne m'en tiendrez pas rigueur. -En effet, répondit Ivanova de manière pas particulièrement engageante mais avec sincérité. La nouvelle éveilla la curiosité de Sinclair, sans le brusquer, quant à Garibaldi, et bien... il l'avait toujours plus ou moins soupçonné, allez savoir pourquoi.
Allons, il fallait se presser. Et pour se presser, Richard se pressa. -Bien, une bonne chose de faite. Avez-vous déjà entendu parler du stargate, commander Sinclair? Commença-t-il sans concession. Jeffrey se sentit soudain comme sur le grill. -Non, répondit-il aussi simplement que précautionneusement. C'était la vérité la plus stricte et la plus neutre, même si l'officier fit instantanément la connexion entre le terme employé et l'artefact circulaire. Et peut-être le programme secret de Laurel? -Ce dont je vais vous parler est, vous l'aurez appris par vos propres moyens, secret défense. Il s'agit de l'un des replis secrets les plus surprenants de notre histoire [...] - Citation :
- C'est un chapitre très réussi, comme d'habitude, rédigé avec adresse et subtilité.
Je ne peux pas tout citer, donc, merci pour les compliments. - Citation :
- J'aime le changement de titre. ^^ L'ancien sonnait mieux, mais celui-là a le mérite d'être exact, et puis c'est un genre de clin d'œil à la subtile inexactitude du précédent.
Et puis il forme une sorte de "boucle" avec la dernière réplique du chapitre. - Citation :
- D'où t'es venue cette idée, est-ce bien de la série ? Je serais très curieux de le savoir. Voila quelque chose en tout cas qui n'a pas finit de faire son chemin dans mon esprit.
En fait, à la base, cela vient du jeu Star Wars Galactic Battleground, un Age of Empires version Lucasfilm, et la faction Gungan, dotée d'une technologie-civilisation semi-biologique, était caractérisée par le fait qu'aucun artefact ne soit exactement identique à un autre, compte tenu du caractère artisanal de leur production pourtant bien technologique (même si ce n'était qu'un élément de décorum n'ayant pas d'incidence sur le gameplay, en fait identique à celui des autres espèces et puissances) . Et l'idée m'avait marqué, même si effectivement on peut l'étendre à la civilisation Goa'uld/Jaffa. - Citation :
- J'ai l'impression que, dans la première mouture de cette fic (ou la seconde, bref, la précédente), tu avais l'intention de distiller certaines de ces données de manière plus vivante, visuelle, au cœur de l'action.
Difficile à dire puisque ce programme Stargate alternatif n'existait pas dans la première version (j'avais repris l'idée de rapport bidonné de Children of the gods faisant croire à la destruction de Nagada -ou plutôt d'Abydos- , souviens-toi, donc baisser de rideau dès 1994) . D'ailleurs, tu as peut-être remarqué que la révélation centrale du briefing dans la première version a été coupée. Après, - Citation :
- et, d'une manière ou d'une autre, les autres éléments dont nous venons de prendre connaissance nous auraient probablement été révélés peu à peu, donnant au voyage un petit côté nostalgique.
Je me suis effectivement posé la question lors de la rédaction, et j'ai tout de même fait ce choix, en estimant que ce que le lecteur allait découvrir ultérieurement, quoi que ce soit, aurait 250 ans de plus que ce dont il aurait déjà connaissance, et porterait des implications totalement nouvelles. Aussi, je préférais poser un cadre initial susceptible d'évoluer et de surprendre, plutôt que de risquer de m'embourber par la suite entre les faits présents et le détail de leurs origines de 1994 à 2026 (puisque de toute manière j'aurais été forcé de les détailler à un moment ou à un autre, bien qu'ils ne soient plus forcément d'actualité) . Un briefing est une occasion plus simple et plus légitime, pour poser les choses, surtout des choses plus ou moins révolues, que des prises d'information posées artificiellement dans le récit. Certains de ces évènements passés auront subsisté, d'autres non, certains auront changé et d'autres seront inédits. Certains éléments du récit d'O'Neil font particulièrement écho à la suite, d'autres non, voilà. Alors j'ai estimé que poser ce cadre en prenant le risque d'amenuiser un certain nombre de surprises relatives, valait le coup. De plus, il y a une autre raison : pour avoir lu l'ancienne version, tu sais que nous allons partir sur un certain nombre de chapitres "pur B5" avant de s'orienter vers la sphère SG-alternative de la fiction. Et évidemment, dans ce reboot, il y aura au moins autant, peut-être plus, et certainement pas moins, de chapitres pur B5, à ce stade de l'histoire. J'ai donc songé à ce chapitre, développé de cette manière, comme une dernière bouffée d'air SG avant un petit moment. Je voulais briser le rythme, parce qu'autrement, hormis le prologue, tout le premier quart de la fic serait quasiment pur B5. - Citation :
- Ces salamandre colossales avec des plumes sur l'arrière du crâne et des selles affublé de voilettes roses, c'est tellement kitch, mon dieu, mais aussi tellement bon. ^^ "Veux !", comme dirait l'autre.
C'était l'idée Heureux que cela transparaisse... - Citation :
- Du reste, ce côté outrancier, ostensible, c'est parfaitement en accord avec les goûts de Râ en matière de design et de décoration. je suppose que ce n'est pas un hasard si j'ai immédiatement eut l'impression de tenir en main un vieux roman d'anticipation. Paradoxalement, cette esthétique décomplexée est très en décalage avec le style de Babylon 5 par ailleurs, et ce contraste n'est pas déplaisant.
En effet, je suis fan du côté nanar des débuts de B5, et par extension, de l'aspect pulp tant des oeuvres SF que des oeuvres Fantasy, datant d'il y a quelques décennies. La Trilo originale Star Wars (qui m'inspire beaucoup dans ma représentation du B5 pulp) , les couvertures de vieux romans du style une indigène dénudée, lance au poing, montant un lézard géant dans une cité végétale sous un ciel avec une planète à anneaux... *bave* J'ai imaginé que Nagada s'y prêterait bien et que ces nouvelles données esthétiques et conceptuelles, pourraient donner un rendu intéressant une fois mêlées à B5. Pour la description du vaisseau, j'essaierai peut-être de l'adoucir ultérieurement. Mais pas trop parce que j'ai aussi des lecteurs qui ont aimé cette précision.^^ - Citation :
- Si j'éprouve toujours quelques difficultés à m'intéresser aux personnages de B5 - du moins ceux que tu mets ici en scène - et ce malgré les approfondissement que tu apportes à leur caractère, j'ai en revanche bien apprécié le caractère O'Neillesque de ton admiral, qui amène un peu de fantaisie autour du trio par ailleurs un peu trop formel à mon goût que forment Garibaldi, Ivanova et Sinclair.
Takashima est assimilée au trio, je suppose? En même temps, quand on en parlait sur MSN, tu me citais en tant qu'exemples Captain Jack, John Crichton, qui auraient déjà roulé une pelle à O'Neil ou équivalent... sauf que ça n'a pas de forme sensée dans ce contexte de hautes sphères militaires, l'Earh Force est un milieu sérieux où les actes ont des conséquences, un milieu que l'on peut assimiler à une armée moderne et réelle, comme le "vrai" programme Stargate d'ailleurs (la plupart du temps) . Que mes personnages puissent se comporter autrement entre eux ou en dehors de leurs heures de services, c'est une certitude, mais en briefing avec l'admiral, non, j'ai une responsabilité à ce que ça ne se barre pas dans tous les sens, sinon ce n'est plus B5 mais une parodie.^^ - Citation :
- Ja'mal a également retenu mon attention, en cadre impliqué dans son entreprise, et surtout par sa réflexion à propos des dieux d'ancienne Egypte. Ainsi, bien que largement acclimaté et franchement opposé au Régime Narn, nous constatons qu'il se considère bel et bien comme un Narn, et a apparemment grandit baigné dans la culture de son monde. Intriguant, très intriguant...
à ce stade, Ja'Mal doit bien être deux fois plus visible que Jamal, non? - Citation :
- Yes Indeed, même si je m'aperçois que j'accueille désormais ces crossover Stargate/Stargate SG-1 comme n'importe quelle autre référence à un autre univers, les liens entre les deux franchises n'étant plus qu'anecdotiques.
Pas des crossovers, juste des clins d'oeil. Un crossover implique d'induire la continuité, le background de l'univers évoqué, or, l'univers et les actions des séries SG n'existent pas ici, on l'a vu^^ - Citation :
- + 1... Il est d'ailleurs difficile de croire qu'un tel lieu puisse exister. Le coup de la femelle qui tue le mâle après l'accouplement en est un bon exemple.
J'ai d'ailleurs déjà essayé de l'évoquer d'une manière un peu détournée à la fin du chap' 2, lors du monologue intérieur où Takashima rappelle le challenge qu'il y avait déjà dans le simple fait que les docks de la station soient un minimum compatibles ou adaptables à peu près toutes sortes de technologies imaginables, même significativement éloignées de nos propres techniques, et venues de toutes sortes de milieux, même antagonistes au notre en matière d'atmosphère, de pression, de températures, de rayonnements, etc. - Citation :
- Ils vont sortir ensemble ?
C'est malin, je vais devoir changer de fil rouge, maintenant X-)
Dernière édition par Mat Vador le Dim 22 Aoû 2010 - 13:55, édité 4 fois |
| | | Mat Le Pharaon
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| Sujet: Re: Kaliam Connection Mer 12 Mai 2010 - 20:55 | |
| Nan nan, pas de chapitre 4, mais j'avais envie de partager avec vous le rire mégalomaniaque qui m'est venu en voyant ceci...^^ Enfin, si vous devinez de quoi je parle |
| | | Skay-39 The Vortex Guy
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| Sujet: Re: Kaliam Connection Jeu 13 Mai 2010 - 4:24 | |
| XDDDD Surréaliste... Désolé, pas très constructif, mais XD quoi ! EDIT : - Mat Vador a écrit:
- Difficile à dire puisque ce programme Stargate alternatif n'existait pas dans la première version (j'avais repris l'idée de rapport bidonné de Children of the gods faisant croire à la destruction de Nagada -ou plutôt d'Abydos- , souviens-toi, donc baisser de rideau dès 1994) . D'ailleurs, tu as peut-être remarqué que la révélation centrale du briefing dans la première version a été coupée.
Indeed. ^^ - Mat Vador a écrit:
-
- Citation :
- Si j'éprouve toujours quelques difficultés à m'intéresser aux personnages de B5 - du moins ceux que tu mets ici en scène - et ce malgré les approfondissement que tu apportes à leur caractère, j'ai en revanche bien apprécié le caractère O'Neillesque de ton admiral, qui amène un peu de fantaisie autour du trio par ailleurs un peu trop formel à mon goût que forment Garibaldi, Ivanova et Sinclair.
Takashima est assimilée au trio, je suppose? En même temps, quand on en parlait sur MSN, tu me citais en tant qu'exemples Captain Jack, John Crichton, qui auraient déjà roulé une pelle à O'Neil ou équivalent... sauf que ça n'a pas de forme sensée dans ce contexte de hautes sphères militaires, l'Earh Force est un milieu sérieux où les actes ont des conséquences, un milieu que l'on peut assimiler à une armée moderne et réelle, comme le "vrai" programme Stargate d'ailleurs (la plupart du temps) . Que mes personnages puissent se comporter autrement entre eux ou en dehors de leurs heures de services, c'est une certitude, mais en briefing avec l'admiral, non, j'ai une responsabilité à ce que ça ne se barre pas dans tous les sens, sinon ce n'est plus B5 mais une parodie.^^ C'est Captain Jack qui aurait roulé une pelle à O'Neill, pas Crichton. ^^ Et je suis parfaitement conscient de ce que tu dis concernant les obligations imposées par le contexte militaire, et c'est précisément pourquoi je n'ai jamais tellement apprécié ces personnages de Babylon 5 : leur attitude et leurs relations les uns aux autres sont trop contraintes par leur statut respectif. Par ailleurs, même s'ils ne peuvent pas se permettre des sorties trop humoristiques en présence de l'admiral, cela ne les empêchait pas de penser des choses impertinentes et caustiques. ^^ Mais ce n'est le type de personnalité que je leur prêterais... Ou, tout du moins, pas dans les proportions que j'apprécie. ^^ - Mat Vador a écrit:
- à ce stade, Ja'Mal doit bien être deux fois plus visible que Jamal, non?
Je le reconnais sans mal. ^^ - Mat Vador a écrit:
-
- Citation :
- Yes Indeed, même si je m'aperçois que j'accueille désormais ces crossover Stargate/Stargate SG-1 comme n'importe quelle autre référence à un autre univers, les liens entre les deux franchises n'étant plus qu'anecdotiques.
Pas des crossovers, juste des clins d'oeil. Un crossover implique d'induire la continuité, le background de l'univers évoqué, or, l'univers et les actions des séries SG n'existent pas ici, on l'a vu^^ Autant pour moi, ce n'était pas le terme approprié, en effet. ^^ |
| | | EvilLoki Pirate Galactique
Nombre de messages : 421 Age : 37
| Sujet: Re: Kaliam Connection Sam 15 Mai 2010 - 18:26 | |
| Je réagis un peu tard, mais je voulais légèrement développer mon point de vu. - Mat Vador a écrit:
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- Citation :
- Les raisons que tu avances pour le recrutement d'Ivanova et de Garibaldi sont assez pertinentes même si je pense que bien d'autres pourraient s'acquitter de cette tache.
Moi, honnêtement, je pense que non. Les ambassadeurs Terriens et les officiers à bord des vaisseaux de premier contact ne voient qu'un seul peuple à la fois, ne rencontrent pas beaucoup d'espèces en finalité (en comparaison de ce qu'on voit à B5) ... et dans ces deux cas, les rapports sont codés, différés, distants, biaisés, pour tout un tas de raisons (rangs similaires, préparation diplomatique, chacun arrive de derrière la coque d'un vaisseau armé, etc) . Même dans le cas des aliens voyageant longtemps dans l'Alliance Terrienne, le fait d'être plongé dans notre culture résorbe un peu leurs traits et ceux qui ont l'habitude de les côtoyer ne côtoient jamais que les espèces qui s'entendent assez bien avec nous pour fouler nos sols. à Babylon 5, Garibaldi peut être amené à tout moment à gérer physiquement un conflit entre des spécimens d'une espèce hostile à l'Alliance Terrienne, et des spécimens d'une espèce dont il ignorait l'existence avant de passer un couloir, pendant qu'un bonhomme meurt pour avoir couché avec une femelle d'une espèce où il est parfaitement évident qu'il faut tuer le mâle après l'accouplement. Et ça, que tous ces spécimens soient de parfaits chiffonniers ne parlant pas un mot des langues principales, ou l'élite de leur peuple, enfermée dans plein de codes et de rituels. Je pense pour ma part que le projet Babylon est d'une portée unique, très récente, et qu'aucun terrain d'expérience ne le remplace pour ce dont on parle. Il est vrai que l'expérience Babylon 5 se révèle être un bon "entrainement" pour ce genre de mission d'exploration en espace profond et inconnu dans le sens où elle les aura préparé à gérer toutes sortes de situations. Cependant, j'ai l'impression que leur travail sur la station est quand même très différent de ce que peut imposer une mission de premier contact. Après tout, ils côtoient certes des dizaines d'espèces différentes mais ce sont toutes des espèces connues pour lesquelles ils disposent surement de toute une panoplie d'information et de procédures déjà établies. En outre, "l'incident" du premier contact Minbarie a certainement du entrainer une redéfinition complète de la procédure de premier contact et un entrainement différent pour les militaires chargés de ces missions. Enfin, je suis également un peu surpris que le docteur Franklin ne soit pas de la mission alors qu'il m'apparait comme le plus aptes sur la station à partir. A part ce détail, pour l'image. |
| | | Mat Le Pharaon
Nombre de messages : 5127 Age : 34 Localisation : Amiens
| Sujet: Re: Kaliam Connection Sam 22 Mai 2010 - 15:58 | |
| - Citation :
- Cependant, j'ai l'impression que leur travail sur la station est quand même très différent de ce que peut imposer une mission de premier contact. Après tout, ils côtoient certes des dizaines d'espèces différentes mais ce sont toutes des espèces connues pour lesquelles ils disposent surement de toute une panoplie d'information et de procédures déjà établies.
Ce n'est pas ma conception de la chose, je vois un modèle contraire et concernant cette fanfic, j'avais déjà écris quelques lignes d'un chapitre à venir pour détailler cela. De toute façon, tu verra que la mission ne se résumera pas à des actuels et des anciens de B5 dans une navette, tout ne reposera pas entièrement sur leurs épaules - Citation :
- En outre, "l'incident" du premier contact Minbarie a certainement du entrainer une redéfinition complète de la procédure de premier contact et un entrainement différent pour les militaires chargés de ces missions.
Je n'en suis pas tellement persuadé puisqu'à voir le téléfilm Au commencement, la procédure en elle-même était plutôt bonne, et c'est une série d'entorses à cette dernière qui a provoqué la catastrophe. Une flottille de guerre a été mandatée par un état-major de plus en plus "régime-narnesque" pour effectuer le boulot normalement dévolu à un Explorer Class spécialisé, et le captain, qui voulait se faire remarquer de la hiérarchie, a trop approché la flotte Minbarie, trop longtemps, alors que si ma mémoire est bonne, il n'aurait pas dû, procédurièrement parlant. Enfin, son choix de tir préventif suite au scan intrusif des Minbaris, plus qu'un acte discutable, était clairement une erreur occasionnée par sa panique naissante (mais une erreur qui n'aurait pas eu lieu sans les deux transgressions précédentes du règlement) . - Citation :
- Enfin, je suis également un peu surpris que le docteur Franklin ne soit pas de la mission alors qu'il m'apparait comme le plus aptes sur la station à partir.
Autant il y a plein d'officiers capables pour gérer le boulot de Ivanova et Garibaldi, sous la direction de Sinclair, pendant quelques semaines, autant un médecin aux doigts en or pour pratiquer consultations et chirurgie sur un nombre d'espèces inédit, tout en dirigeant en même temps le premier ("juste" deuxième dans ma fic mais bon, ça reste pas banal) gros service de médecine à la fois Humaine et xénobiologique de l'histoire, c'est déjà moins simple à remplacer sur le pouce, que ce soit avec des éléments intérieurs ou extérieurs à la station. J'ai estimé que le docteur Kyle, estimé par Sinclair, Garibaldi et Takashima, qui avait dirigé le service médical de B5 avant Franklin pendant un an, et qui a réussi à traiter presque à l'aveugle un Kosh comateux et mourant, alors que ce contact a détruit instantanément la représentation qu'il avait du monde, et qu'aucun Humain n'avait jamais vu un Vorlon l'heure d'avant, et tout ça tandis qu'en parallèle l'assassin essayait d'achever le patient, avait largement gagné ses galons pour être crédible à la tête d'un service médical susceptible de devoir intervenir auprès de formes de vie extragalactiques. Il était donc plus simple (et plus riche, dans le sens de l'exploitation d'un personnage tout juste esquissé) de laisser Franklin à son poste.^^
Dernière édition par Mat Vador le Dim 22 Aoû 2010 - 14:00, édité 3 fois |
| | | Mat Le Pharaon
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| Sujet: Re: Kaliam Connection Sam 19 Juin 2010 - 23:18 | |
| Chapitre 4 : Épilogues
Chaque mètre parcouru révélait un peu plus l'Enfer dans toute sa diversité douloureuse et malsaine, dans toute l'ampleur de sa démence autodestructrice. Les étroits couloirs gris et mécaniques, d'ordinaire secs, sombres et froids, étaient devenus spongieux sous les secrétions des ignobles racines organiques, ces énormes tentacules aux multiples nuances depuis le vert de moisissure jusqu'au noir luisant, infections mi-solides, mi-molles d'aspect à la fois minable et vénéneux, adhérant sans un mouvement aux contours complexes des formes industrielles sans âme.
Puis ces dernières s'étaient chargées d'une sinistre luminosité tremblotante entre rougeur et pénombre, ainsi que d'une chaleur amère, résultant des multiples foyers incendiaires qui prenaient vie puis s'animaient sporadiquement ici ou là, selon qu'une conduite de gaz quelconque ou le premier terminal informatique venu, explosait plus ou moins rapidement sous l'action de quelques étincelles, ou d'une montée de pression. Le feu, l'acier, l'envahissante chair mutante, tout tremblait sans aucun contrôle à chacun des soubresauts cataclysmiques que le réacteur atomique, en passe de toucher à son dernier et meilleur orgasme, inscrivait dans chaque centimètre carré, dans chaque rivet, de la titanesque et labyrinthique structure de métal, une montagne-machine construite par les hommes et les femmes en quête de nouveaux ciels azurés pour leurs enfants et leurs porte-monnaies.
Tandis que l'air demeurait vrillé des gémissements des alarmes, des crépitements des flammes et des plaintes grinçantes de la structure, de petits segments de câbles, de tuyères, de grilles ou d'autres composantes techniques chutaient désormais du plafond, terminant leur voyage parmi les flammes, annonçant l'endroit du choc selon le vacarme strident sur le sol métallique ou le clapotement écœurant des colonies biologiques. Le métal chauffait à blanc et se tordait, tandis que l'horreur vivante cuisait et se calcinait en dégageant sifflements grossiers et odeurs nauséabondes. Ces énormes soupirs de flammes qui jaillissaient des parois sur un trop-plein de pression, comme autant de grossières flatulences démoniaques, étaient-ils les orgues du jugement dernier? -Attention, articula d'une voix aussi forte que désintéressée la stricte intelligence artificielle aux consonances féminines et sévères, castratrices. Attention, répéta-t-elle, son calme glacial raisonnant naturellement en diapason avec le chaos presque immobile, lourd de menace, qui imprégnait les lieux. Il reste dix minutes au personnel pour rejoindre la périmètre de sécurité avant implosion. Attention...
La malheureuse s'efforça d'ignorer la pesante compagnie de l'intelligence désincarnée, dont l'étroitesse d'esprit n'avait d'égale que l'absence totale, même fondamentale, de toute trace d'empathie en elle. Parmi les convulsions violentes et insalubres de ce temple de terreur baroque lancé sur la voie rapide pour le chaos originel, restaient encore quelques ombres mouvantes; les échos insensibles, impersonnels, indétournables et assassins des formes de vie maudites qui, faute d'une meilleure directive à suivre, étaient demeurées fidèles au poste, glissant comme des courants d'air sur les écorces suintantes, comme s'ils faisaient partie d'elles. Leurs esprits simples et voraces, efficaces à leur manière, ne souffraient aucunement de cette déconstruction progressive. Focalisés qu'ils étaient sur un seul but. -Newt? Le son, délicat, fragile et discret, transpercé par la peur, était faiblement parvenu aux coursives inattentives, comme irréel au milieu d'une telle enclave de cauchemar. Mais tout ici était la stricte réalité. La jeune femme, psychiquement écartelée entre terreur, souffrance et épuisement, s'était prudemment lancée dans la traversée de ce Styx d'un genre nouveau, affublée de vêtements de techniciens androgynes et d'une arme à feu qui, dans l'onirisme cauchemardesque et maladif des lieux, aurait pu sembler deux fois plus grosse qu'elle. Une petite flamme tremblotante pointait du canon, minimale mais farouchement menaçante. Quant à elle, grande et fine, visage anguleux au teint pâle, des boucles noires dévalaient son crâne jusqu'à sa nuque.
Sa peau était luisante de sueur, rouge de sang, noire d'une crasse tant mécanique qu'organique, et aussi écarlate que craquelée sous l'effet conjugué de la sécheresse et de la température. Sporadiquement, elle sentait sa peau chauffer par endroit, jusqu'à la brûlure. Mais qu'y pouvait-elle, quand la notion de brûlure devenait si quelconque, noyée dans le flot ininterrompu de douleur? Ses yeux piquaient, et les bouffées d'air brûlant, fumeux et nauséabond se chargeaient de l'achever. Mais à cette seconde, son esprit était bien plus marqué que son corps. -Neeewt! La voix s'était cette fois-ci montrée éraillée et violente, et il ne faisait aucun doute qu'elle n'échapperait à rien qui soit équipé pour entendre. Un grondement bruyant qui avala brièvement l'alarme entêtante secoua la jeune femme, avec tous les murs alentours, et les vibrations manquèrent de la faire basculer. Le lieutenant-navigateur sentait le désespoir et la fatigue s'insinuer en elle, poison noir n'épargnant aucune de ses veines. Ne pouvait-elle pas céder à son appel, se laisser choir ici-même et sombrer doucement dans le doux et profond réconfort de sa propre dissolution? Oui... abandonner tout ceci à la lumière dévorante, laisser le feu nucléaire prendre enfin toutes les âmes en détresse, leur offrir le repos... un ciel noir et frais, atone, silencieux, inconscient, voilà qui pour elle faisait en cet instant figure de paradis par excellence. Elle le voulait de tout son être, mais pour une raison qui lui échappait, il semblait que son corps continue de se mouvoir par lui-même, automatiquement, tandis qu'elle-même s'effaçait de plus en plus derrière l'écran opaque de l'abandon et de l'inconscience. C'est à-peine si son corps saturé, ankylosé, percevait encore la douleur, rendue absurde, intangible, si ridiculement banale.
En ce même instant, à des années-lumière de là, des enfants vivaient le bonheur d'une fête d'anniversaire, des adolescents découvraient de nouveaux plaisirs, des adultes les redécouvraient; inconscients de la seule existence de ses enfers personnels, ou alors conscients de leur réalité et heureux d'y avoir échappé, heureux que le fardeau ait échoué à d'autres. Pourquoi elle, devait-elle être ici et maintenant? Ne s'était-elle pas déjà assez posé la question pour toute une vie, lorsque le huitième passager avait anéanti tous ses proches et tout son univers en commettant le massacre sanguinolent de son équipage, avant de l'expédier violemment dans une époque qui n'était pas la sienne? Elle ferma les yeux, se persuadant dans un souffle de panique et d'incrédulité que tout ceci ne pouvait pas être réel, qu'en rouvrant les paupières elle retrouverait la morne obscurité de sa chambre bien au calme sur la station spatiale Midway, ainsi que ses draps rendus insupportables par la sueur froide... pas elle, pas ça... mais rien ne voulait changer, glisser, partir. C'était la réalité, son horrible réalité, et elle ne pouvait que réaliser durement. Envers et contre toute décence. Si elle s'en sortait, ce serait pour ne plus jamais oublier Achéron... pas une seconde. Pourquoi! Pourquoi elle? Mais la malheureuse n'était plus seule.
L'énorme masse sombre et suintante, enroulée sur elle-même, descendit du plafond jusqu'au sol avec une grâce lente et silencieuse, avant de se déployer de toute sa hauteur. Sa propension à apparaître de face, sans se presser, l'éloignait du chasseur pragmatique pour le rapprocher du chasseur sadique. Sa stature, son habilité, ses formes infernales, l'allure de l'environnement qui l'accueillait... tout contribuait à lui insuffler un souffle, un charisme, presque messianique, mais au travers d'un reflet corrompu, pervers. Le filet de bave toucha laborieusement le sol et commença à y tiédir, toujours relié par un cordon aqueux et visqueux jusqu'à l'effroyable gueule aux dents carrées qui la générait. Il eut l'air de sourire...
Quelque part, l'on aurait dit l'un de ces raptors des temps immémoriaux, tout en griffes, avec leur bipédie agile et nerveuse, et leur corps cambré maintenant leur équilibre grâce à la longue queue en balancier. Mais la ressemblance s'arrêtait là. Le monstre était tout noir, d'un noir luisant comme les parois organiques qui poussaient partout. Son corps évoquait tour à tour le reptile, l'insecte, le crustacé. On y distinguait des éléments de ses muscles, de son thorax et de son cou, évoquant immanquablement quelque câblage à aspect squelettique ou intestinal, selon l'endroit. Son dos était justement couvert de grotesques trompes et appendices à la texture révulsante, pointées vers le ciel. Son crâne, extrêmement allongé et achevé d'un capuchon équivoque, tirait vers l'arrière en évoquant de manière aussi claire que dérangeante un phallus Humain. Enfin, au dessus de sa gueule, d'où s'extirpa une espèce de langue blanchâtre et elle-même munie de quatre crocs, ses deux yeux entièrement rouges, dépourvus de pupille, d'iris ou de tout organe, brillaient avec avidité dans le noir, vides de certaines choses essentielles et emplis... d'autres choses, redoutables. L'Humaine redressa machinalement son arme, prête à en découdre avec l'apparition obscène, sans sensibilité, simplement à la manière d'une machine programmée repérant un mouvement... -INCROYABLE! Une sorte de refrain musical techno, évoquant un dérapage ou le bruit d'un antique magnétoscope se préparant à éjecter une cassette, rebondit dans l'air, bientôt suivi d'un rythme simple et dynamique joué en boucle à la batterie. Vêtu d'une combinaison intégrale en imitation de fourrure de léopard, intégrale au point qu'on y trouvait même des chaussures en pointe et une cane assortie, bien qu'elle lui laisse nues ses épaules blafardes en autorisant une épouvantable collerette derrière sa nuque, le grand personnage dégingandé fila en travers de son espace mauve scintillant en marchant à une vitesse que l'on aurait pas cru possible lorsqu'il s'agissait d'imprimer un tel effet de ressort et de moulinet à chaque enjambée. De larges et épaisses lunettes roses pailletées, surmontées de petites ailes angéliques sculptées, lui barraient le visage au dessus de son grand nez à l'arrête rebondie et il arborait un long bouc blond tenu par un curieux bijou blanc. Avant de s'arrêter, il fit un tour complet sur ses pas, à une rapidité telle que la manœuvre était quasiment rendue imperceptible, et sans se déplacer d'un millimètre sur son axe. La banane-vortex en cheveux rose barbe à papa, qui pointait au dessus de son visage long et mince, frétilla en encaissant l'arrêt.
De la même voix ténue et nasillarde, presque électronique, qui partait par moment dans des aigus inattendus, l'intervenant reprit la parole à un débit surhumain, et généralement sans marquer de pause. A l'exception notable des points d'exclamation, ou encore de virgules mal placées. Mais tout cela ne rendait pas pour autant d'impression anarchique, tant l'être avait exercé des années durant son intuition des rythmes, conventionnels ou non. Tout en débitant à vive allure, d'un air farouchement convaincu, il parlait avec de grands gestes des mains. En fait, l'Humain parvenait étonnamment à faire traîner des syllabes tout en paraissant les avaler à une vitesse ahurissante. -à toi veinard le grand concours Mc Donald & Cosmic Soung Radio propose-impose ici-maintenant de PRENDRE-TON-FUN-EN-MAIN! À gagner sans tarder dix billets pour la croisière historique du RAGESH PARADISE! Le luxueux paquebot, Cen-tau-ri!! Dans quelques heures la bête profitera du panorama de Sélène vu depuis l'espace! Pour une nouvelle représentation du célèbre opéra de la cantatrice Arcturienne Oh'Ih'Oh'Anh'Ouh'Ouh!!
Une élégante dame humanoïde à la peau bleu pervenche, qui portait une longue robe rouge brillante à l'aspect mi-caoutchouteux, mi-biologique, se matérialisa dans un nébuleux arrière-plan noir et rouge sang. Hormis sa silhouette dans les grandes lignes, le plus Humain chez elle était sans conteste son visage, simplement celui d'une femme au grand front, qui aurait eu la peau bleue. Mais à la place de cheveux, on ne trouvait qu'une sorte de grosse queue imberbe, bleue, qui lui faisait un crâne haut et long avant de partir vers l'arrière et d'amorcer un enroulement sur elle-même derrière la nuque, comme une coquille d'escargot. La robe, qui touchait le sol sans laisser deviner de jambes ni même de pieds, allait jusqu'à ses poignets avec de somptueux bracelets grisâtres intégrés, et remontait sans laisser aucun décolleté grâce à un solide poitrail gris, gravé, qui la tenait depuis le haut du cou jusque entre ses seins. Enfin, comme une version exotique et minimaliste d'une capuche, une sangle noire d'aspect cuir partait de son collier couvrant, passait sur ses tempes et faisait le tour de son crâne, là où naissait son appendice, comme un serre-tête. Elle prit une profonde inspiration et un son tantôt fluide et aiguë, tantôt grave et saccadé, raisonna partout, imposant sa mélodie extraterrestre. Tandis qu'elle secouait la tête en rythme, les trois tentacules bleus qu'elle arborait sur chacune de ses deux grandes tempes se mirent à virevolter, en entrainant dans leur mouvement les tubes blanchâtres flexibles, au moins trois fois plus longs qu'eux, tenus par la sangle noire et dans lesquels ces étranges attributs naturels avaient été insérés un à un. Enfiler un tel vêtement ne devait pas être de tout repos. Deux autres tubes similaires pendaient dans son dos depuis ses épaules. Le bleu plastique de son visage, de sa queue crânienne et de ses mains contrastait avec le rouge tomate de sa robe, le noir de sa sangle, le gris argenté du métal de ses ornements et les touches de blanc vaporeux des tubes pendants. Elle était magnifique, à sa manière, mais surtout enthousiasmante et mystérieuse. Un visage à la peau pâle, Humain, surgit soudainement et prit à nouveau toute la place, son regard perçant vous déchirant l'âme. -C'est Youpi Rose qui t'le dit alors CONNECTE-TOI! Vu?!! Le curieux personnage, pas rassasié pour un sou, entra soudain, apparemment sous l'influence d'une inspiration transcendante, dans une danse sophistiquée et post-moderne. -All-night-long! All-night-loooong, all night lo...
Peu réceptive aux images et aux sons qui percutaient ses rétines comme ses tympans, Ivanova porta négligemment à ses lèvres le gros verre de lacto-caramel. Lorsqu'elle avait déjà bu quelque chose de sucré ou d'alcoolisé plus tôt dans la soirée, il était rare de la voir se resservir. Mais après ce que l'admiral et sa prédécesseuse lui avaient révélé, elle avait eu besoin de ce petit coup de pouce pour doper sa réflexion. Après tout, elle allait sous peu avoir une décision cruciale à prendre, non? Sauter ou non, en une seconde, les normalement-cinq-années de voyage qui la séparait d'une galaxie même pas lointaine, universellement parlant. Et pour y faire quoi? Rencontrer les dieux capricieux et les extravagants pharaons futuristes, fondateurs malgré eux, de sa civilisation? Quelle connerie... Des images, extrapolées des photographies de l'admiral et issues de sa seule imagination, l'obsédaient seconde après seconde, entêtantes. En traversant le casino pour venir s'installer, elle avait, pour la première fois depuis un an qu'elle passait ici au moins deux fois par semaine, remarqué les deux pyramides irradiées de lumière solaire et surplombées d'engins volants. Elles trônaient, prisonnières de la 2D, au coin d'un paysage chimérique occupant l'énorme toile en noir et blanc d'un peintre Allemand ayant reçu l'honneur de décorer la grande salle. Quelques secondes plus tard, le cercle couché et traversé d'une luminosité bleue clignotante, servant à un jeu d'argent électronique dont elle ignorait la provenance mais qui attirait les foules dispendieuses, l'interpella de la même manière.
Une fois le satané briefing achevé, elle était rentrée chez elle, et avait avalé deux pilules nutritives, sa solution de secours lorsqu'elle avait faim et pas le courage de préparer quelque chose tant soit peu davantage sophistiqué. Puis elle s'était péniblement changée, et, se laissant guider par son inconscient plus que par sa pensée, elle était ressortie, et venue au Zocalo commander un verre. Humains aux couleurs de peau et aux styles ethniques variés, aliens relativement humanoïdes ou pas du tout, évoquant des animaux connus ou pas du tout, respirant l'air terrestre ou s'en protégeant par différents dispositifs, organiques, mécaniques, autre chose ou un peu de tout, et ainsi de suite... une magnifique explosion de vie, comme à l'accoutumée. Pour monter à bord de Babylon 5, il suffisait de posséder l'une des nombreuses sortes d'identicards utilisées dans le quart galactique extérieur, et que les Centauris, les Drazis, et d'autres alliés de l'Humanité, avaient eu la sympathie de recenser pour les Terriens en 2555, afin d'organiser le système d'accès à la future station cosmopolite. Cette mécanique, qui n'évitait pas les contrefaçons, avait pour seul objectif de réduire le flux de visiteurs aux espèces ayant déjà approché la communauté interstellaire par un bord ou par l'autre et n'étant connues pour aucun risque sanitaire ou stratégique significatif. Le résultat factuel en était que pour être à bord de Babylon 5, une espèce n'avait pas à être connue des Humains, mais seulement à ce qu'une espèce qui connaissait une espèce qui connaissait les Humains, se porte garante d'elle ; ou, plus fréquemment encore, qu'aucune espèce « de référence » n'en ait entendu dire trop de mal. Il fallait bien comprendre que dans les quadrants commerciaux francs et multiraciaux constituant le plus clair de la superficie de l'espace exploré, colonisés anarchiquement par tout le monde et n'importe qui depuis des millénaires, nombre d'espèces, voire de spécimens isolés; mutants, métissés, robotisés ou même synthétiques, dépourvus de planète maternelle à proprement parler, nés dans les étoiles entre deux cales clandestines d'un cargo ayant trop approché une supernova ou la planète d'un savant fou, ne répondaient plus à quelque classification génétique ou nationale que ce soit. Si bien que tracer leur nature, leur provenance et leur passif était parfois une idée intrinsèquement dépourvue de sens. Tant que quelqu'un ou quelque chose avait une identicard d'un modèle répertorié, qui ne trahissait aucune alerte en matière de santé, de justice et de sécurité lors du passage en douane, alors personne ne demandait rien à personne, et un individu appartenant à une forme de vie non répertoriée à Genève n'avait aucun compte à rendre, aucune information à communiquer, auprès des autorités de la station. D'ailleurs, nombre d'entre eux n'étaient que des individus isolés, marginaux pour une certaine proportion, et n'auraient pas eu grand chose à dire à propos des leurs. Un tel système avait eu pour conséquence qu'une célèbre criminelle de guerre Dilgar, membre d'une espèce dont, depuis sa défaite fatale en 2232, la probabilité d'une rencontre n'avait d'égal dans sa faiblesse que la joie qui aurait été associée à ce même évènement, puisse se faire admettre à bord sans aucune difficulté grâce à une identicard truquée. Ho, bien sûr, depuis cet incident embarrassant, les aliens dont l'espèce n'était pas identifiée à l'entrée étaient automatiquement repérés par les caméras de surveillance, et leurs moindres faits et gestes légalement observables étaient suivis par leur biais, afin que les experts de l'Alliance puissent établir les premières ébauches de dossiers concernant une espèce nouvellement repérée, mais peu encline à détailler ses origines et ses mœurs. Avec des cafouillages, parfois : pouvaient être classés comme espèce inédite des individus atypiques qui n'auraient été que des personnes naines, albinos ou d'une certaine couleur de peau, sur Terre.
Une telle organisation avait eu pour effet d'appuyer Babylon 5 dans son identité d'astroport franc, de dernier avant-poste avant le cosmos sauvage, certes aligné derrière l'Alliance mais où il était inutile d'espérer trouver une petite planète Terre en conserve, bien rangée et propre sur elle. De toute la fédération, seule l'administration coulante de la Mer de la Tranquillité, un pays Sélénite membre de l'Alliance Terrienne et dont Port Armstrong était la capitale, avoisinait ce degré de... tranquillité, quoique inférieur à la souplesse des réglementations « Babyloniennes ». Si ce très grand libéralisme était ce qu'il était, avec ses bons côtés et ses failles, la conséquence était qu'Ivanova voyait souvent au détour d'un couloir, et notamment au bar, des créatures non identifiées avec lesquelles les Humains n'avaient pas eu de premier contact formel. A ses yeux, c'était à peu près aussi grisant que cela la terrifiait. Et encore, elle admirait le savoir faire de Garibaldi, souvent amené à intervenir physiquement, à chaud, dans des altercations qui impliquaient certains de ces individus obscurs, ressortissants d'espèces que l'on ne connaissait pas. Peut-être qu'un jour, prince héritier capricieux et immature d'une puissante dynastie stellaire, l'un d'eux réagirait en déclarant la guerre à l'Alliance Terrienne. Peut-être était-ce un risque à prendre... peut-être pas. Mais cela n'avait pas échappé aux détracteurs de la station, et Sinclair pensait qu'il était sage de les écouter pour trouver le juste milieu, même si personne ne pourrait jamais prétendre sérieusement pouvoir tout prévoir et tout contrôler, quels que soient ses choix stratégiques, plus ou moins prudents. Mais demeurait que cette affluence dont personne sur place ne niait le danger potentiel, était synonyme de rentrées sonnantes et trébuchantes pour la station, une manne dont elle se serait coupée en restreignant son accès sur la base d'un modèle plus cadré. Il n'était pas entièrement acquis que Babylon 5 puisse rester Babylon 5, ou même puisse rester tout court, sans cette composante un peu sulfureuse de son identité. En tout cas, si Ivanova elle-même était amenée à diriger un premier contact, ce serait par radio interposée, de la station à un vaisseau, protégée derrière des mètres de coque blindée et de canons aux aguets. La vie de Michael devait être passionnante, mais à l'heure actuelle, le lieutenant commander n'allait pas jusqu'à l'envier.
La jeune Humaine pensive se recula sur son tabouret haut en ayant l'air d'y visser son derrière, puis elle avala quelques gouttes. Susan aimait sentir le brouhaha joyeux de la vie qui tournait autour d'elle sans lui prêter attention, lorsqu'elle avait besoin de réfléchir. Ce simple échantillon de variétés illustrait parfaitement la démesure de cet univers qui tournait autour d'elle en cet instant. Pas besoin de galaxies d'Andromède et de Kaliam pour ça. S'il y avait bien un endroit à bord où même le péril Narn ne parvenait pas à gâter l'atmosphère, c'était bien le Zocalo à cette plage horaire. Elle s'était faite jolie, avec son petit gilet mauve « à l'ancienne » négligemment boutonné au dessus d'un haut-morphing blanc, puis sa jupe noire, ses collants de même couleur et des bottes marron. Ses cheveux ondulés, lâchés derrière ses épaules, adoucissaient des traits de visage que, personnellement, elle avait toujours trouvé trop peu fins. Mais chacun avait ses petits complexes, n'est-ce pas? Et puis pourquoi ce type bizarre ne voulait pas la lâcher des yeux? On aurait dit un Pak'mara à la peau vert pomme, hormis qu'il n'avait qu'une seule trompe, plus grosse et plus longue que d'ordinaire, et pas d'yeux sur son visage mais une vingtaine de fins tentacules, tous surmontés d'un oeil, qui s'agitaient au sommet de son crâne en clignant de la paupière par tranche d'une demi-douzaine. Il portait une grande cape d'un vert moins flashy que sa peau, mais parsemé de paillettes dorées. -Chouette film, hein?
Le son de cette voix marquée par son accent alien prononcé percuta son esprit et sa perception corporelle comme une pierre frappant la surface d'un lac tranquille, et elle ressentit d'emblée un pic de stress. En tournant très faiblement la tête vers le colosse Narn qui se tenait accoudé au comptoir de l'autre côté du fauteuil vissé le plus proche, elle éprouva une émotion étrange, comme une sorte d'appréhension incommodante mais dont un elle-ne-savait-toujours-pas-quoi lui semblait accrocher son muscle cardiaque pour l'obséder malgré elle. C'était éprouvant. - « Alien 2 » , tiré d'une histoire vraie, à ce qu'on dit, poursuivit Ja'Mal, apparemment pas gêné de monologuer tandis que ses yeux posaient une attention flottante sur le bandeau de publicités diffusé par le téléviseur-relief que la brasserie avait installé en hauteur. J'ai vu sur tachyonet que le réalisateur avait voulu ajouter des yeux rouges aux créatures parce qu'ils les jugeaient plus effrayantes comme ça. Dans les bouquins et les documents qui parlent de ces histoires, ils n'ont pas d'yeux du tout. Personnellement, je les imagine plus effrayants sans, et je dis pas ça parce que la plupart des Narns ont les iris rouges. -J'suis pas convaincue que Ellen Ripley ait vraiment existé... j'veux dire, telle qu'on a décrit sa vie, répondit Ivanova d'une voix et d'une syntaxe lasses, après avoir marqué un silence de quelques secondes. Son regard se cala presque malgré elle sur le massif anneau finement gravé qui saillait sur sa tempe, esthétique.
L'E.T lui coula un regard qui semblait demander poliment un renfort de précisions. Un instant, elle se sentit comme vide, irritée, puis après un soupir, elle se lança mollement. -Il n'y a pas réellement de preuves précises de l'existence des créatures. La perte du cargo, la disparition des gropos, l'explosion sur Achéron... ok, ça ne contredit rien, mais rien non plus ne dit que tout ça ne vient pas d'un incident technique, ou d'un sabotage. Si ça se trouve, c'était juste une psychopathe qui avait de l'imagination à revendre et qui ne faisait pas les choses à moitié pour nettoyer derrière elle. Elle marqua une pause, avant de reprendre. -L'affaire Ripley est un sacré dossier à charges contre la Weyland, pourtant. 'Pas pour rien que la Compagnie essaye de faire interdire toute la documentation qui s'y rapporte. Z'êtes sur d'y travailler? -Je ne suis pas l'un de ces jolis mammifères laineux, et je n'ai jamais pensé que ma Compagnie était une enfant de chœur, répondit l'E.T. Moi, j'y crois, à ce genre de choses. J'ai longtemps vécu dans ce type de système stellaire sans lumière, avec quelques astroports multiraciaux miteux et des individus dont on identifie à peine l'espèce... un peu comme ici, en fin de compte, surtout les niveaux inférieurs, à ce qu'on m'en a dit. Ce genre de coin est beaucoup moins bien rangé que Yedor ou Genève, vous savez. -Je ne suis pas une espèce de sait-tout aveuglée qui déblatère depuis sa tour d'ivoire Genèvoise, s'empourpra Susan, de plus en plus agacée et irritable. Bien au contraire, avant d'arriver ici il y a un an, j'ai servi dans des zones dangereuses de l'espace. Au lieu de voir des manifestations bizarres partout, simplement par envie d'épicer le quotidien, je demande juste des indices probants avant de m'autoriser à « y croire », c'est tout. Monsieur, j'imagine que vous ne m'avez pas suivie pour me parler de films d'horreur et de légendes urbaines? -Je ne vous ai pas suivi, répondit Ja'Mal, pas vexé le moins du monde, en affichant une sérénité olympienne. Où vouliez-vous qu'un nouveau venu sortant pour la première fois de sa cabine aille, à bord, sinon ici? Dans un troquet du secteur gris, aux émanations de vapeurs illicites? J'aimerais attendre au moins la seconde visite.
Un ange passa, sans doute Pak'ma'ra au vu de sa lenteur. Ja'Mal, affichant un air neutre, continuait de détailler le visage de l'officier de l'Earth Force, lui-même brusquement passionné par cette publicité qui vanta brièvement les mérites d'un nouveau robot majordome, aux vraies dorures Centauries sur bois, garanties style âge Or-Empire; avant que l'actrice Proxima-Troisième jouant le rôle de feu Ellen Ripley reprenne son duel face à un monstre en images de synthèse visuellement indécelables. -De toute évidence, ma présence ne vous sécurise pas, déclara l'alien avec lucidité. L'articulation qu'il prêtait à ses dires pour conjurer son accent étranger, accentuait fortement leur impact. Ivanova laissa échapper un rire mauvais. -Sans rire! Pour ça, je veux bien vous aider à y faire de la lumière, mon vieux, commença-t-elle sans faire le moindre effort pour adopter un phrasé lent et clair qui aurait pu aider un anglophone de courte date. Petit un, vous êtes un Narn, ce qui autorise quelques questions quand votre peuple appelle à annexer et à coloniser tout ce qu'il n'aura pas anéanti. Le petit deux tient en deux lettres, W et Y, je pense que la réunion vous aura déjà appris ce que vous aviez à savoir sur mon appréciation. Petit trois, un extraterrestre débarque en étant présenté comme un homme de la Compagnie, ce qui n'est déjà pas coutumier, mais en plus, vous arrivez dans l'ombre de l'admiral Terrien, les yeux et les oreilles grands ouverts; sans grade, sans uniforme, flottant comme un prince au dessus ou en dessous de la hiérarchie, on ne sait pas. Le genre de fantôme politique qu'on nous impose, qui hante les réunions d'officiers et les projets top-secrets douteux, qui n'a de comptes à rendre à personne, du moins personne qui agisse en pleine lumière, et dont les rapports faits pendant le thé pourront avoir dieu sait quelles conséquences sur les mondes et sur les gens que je suis sensée défendre. Et, désolé de vous le dire, mais cette facette de vous me rappelle ce que j'aime le moins dans l'Alliance Terrienne. Vos magouilles d'espions et d'agents gouvernementaux, merci, très peu pour moi, je tiens à me protéger de ce genre de choses. Que vos commanditaires soient L'Earth Dome, le Kha'ri ou le conseil d'administration de la Weyland, ou les trois à la fois, ou d'autres organismes, faites bonne route... mais surtout, ne prenez pas la mienne. Ivanova sentit à quel point elle s'était essoufflée lorsqu'elle eut achevée sa diatribe. Après avoir inspiré précipitamment, elle finit son fond de verre, cul sec. Puis sans même avoir fini de déglutir, elle commença à chercher quelque chose dans la poche de son gilet avant de se rappeler qu'elle avait déjà réglé la note, tandis que l'individu lui répondait. -Vous ne pensez pas vraiment TOUT ce que vous dites. Si vous envisagiez réellement que je sois l'agent secret qui sert d'éclaireur à la marine Narn, vous auriez déjà détourné tous vos services sur l'enquête, et vous ne me feriez pas part de vos doutes. -Non, mais en revanche, claqua Ivanova en quittant son tabouret, je ne doute pas que la Terre puisse s'engager auprès du Régime dans je ne sais quelle affaire gluante, pour essayer de marchander misérablement le prix de sa peau. Au revoir, monsieur.
Tandis qu'elle s'éloignait à pas contrôlés, le commander sentit son cœur s'emballer, comme saisi de panique. Elle respirait mal. Bon dieu, que lui arrivait-il? -C'est la guerre d'Orion, n'est-ce pas? Vous aussi vous vous sentiez dans le mauvais camp, et c'est comme si c'était de ma faute? Putain! Le playboy extraterrestre la suivait! Elle sentit le rouge lui monter aux joues. -Si je vous attire tant que ça, répondit-elle sans un regard en arrière, vous n'aurez qu'à m'acheter comme esclave d'ici un ou deux ans. Du moins, si je fais partie des prisonniers et pas des morts. -J'imagine la scène, poursuivit Ja'Mal d'un ton plus appuyé, moins diplomatique. Le lieutenant Ivanova a-t-il dû affronter et tuer d'honnêtes combattants de la liberté Oriane sur ordre des autorités politico-économiques avides de crédits? Vous aviez le choix, aussi terrible qu'il ait été. Je ne vous blâme en rien, je n'aurais pas fait mieux, et d'ailleurs je n'ai pas su non plus empêcher cette collusion entre Genève et la Compagnie. Mais c'est indigne de me faire porter la responsabilité des actes qui vous ont dépassé!
Était-ce au niveau du cœur, du cerveau? Difficile à dire, mais la jeune femme perçut bien la soudaine et violente éruption de toute cette gamme d'émotions qu'elle ressentait, oppressante, depuis ces dernières minutes. Ivanova sentit en elle l'agitation d'une force brûlante, stridente, insupportable, qui l'électrisait de la tête jusqu'au dernier de ses muscles, imposant à la jeune femme de l'extraire hors d'elle comme on aspire un venin hors d'une plaie. Immédiatement.
Elle se retourna si brusquement que le colosse, lancé derrière elle en marche rapide, ne put éviter l'uppercut qu'elle lui décrocha en plein ventre. Malgré la puissance de sa rage et de l'effet inertiel, l'on pouvait douter que le Narn ait senti grand chose, eu égard à l'épaisseur et à la fermeté du cuir qui recouvrait ses abdominaux puissants. Toutefois, il ne put éviter de tomber sur le dos lorsqu'elle le poussa de toute ses forces après lui avoir fait un croc-en-jambe. Bon sang, c'était pas son genre, mais... Elle allait se jeter sur lui et frapper, frapper encore, quitte à se faire massacrer par le géant reptilien d'ici une minute, lorsque sans l'avoir vu venir, elle se retrouva nez-à-nez avec une autre face extraterrestre, tandis que des mains lui empoignaient solidement les épaules. Une face pas trop lointaine, bien que repoussante, avec deux yeux clairs, un gros nez écrasé et une bouche sans lèvres. C'était Shonkir, du peuple Grome, une espèce mutante apparentée aux Drazis, qui payait sa cabine et élevait sa petite fille en effectuant des tâches d'entretien courant pour le compte du Zocalo. Son épiderme abondamment ridé, crevassé et bosselé avait la couleur de la chair caucasienne, et certaines de ces rides avaient une couleur sanguine luisante, ce qui lui donnait, selon des yeux Terriens, un air d'irradié purulent. Imberbe, une frêle crête osseuse au sommet de son crâne saillait sous sa peau. Au dix-neuvième siècle, des Gromes auraient pu habiter sur Terre en se faisant passer pour des phénomènes de foire à la Éléphant Man. Susan aimait bien Shonkir. Il leur était arrivé plusieurs fois de discuter du quotidien avec espièglerie et prévenance, tandis qu'elle se désaltérait à une heure tardive et que lui, nettoyait et rangeait le comptoir.
-Mademoiselle Ivanova, quel fantôme vous possède, demanda l'alien de sa voix de vieil homme, sans attendre de réponse. Une dame si mesurée! Partez d'ici avant que votre ami monsieur Garibaldi ne doive infliger à vous deux l'embarras de votre garde à vue! Une brume noire flottait dans l'esprit du lieutenant, passant entre ses yeux et son cerveau. Elle voulu dire quelque chose, mais se heurta au vide assourdissant qui occupait le fil de sa pensée à ce moment-là. Son poing lui hurlait la douleur qui était venue en retard, petit à petit, quelques secondes après le coup. En fuyant le regard du vieillard déçu et celui du Narn à terre qui ouvrait de grands yeux ronds, elle fit prestement demi-tour et s'en alla pour de bon, d'un pas sec et précipité qui n'essayait absolument pas de donner le change à propos de son état d'esprit. L'officier, qui en cet instant était avant tout Susan Ivanova, l'Humaine, avait les larmes aux yeux.
Régulièrement, Garibaldi se surprenait à penser que les paysages cosmiques étoilés, c'était bien sympathique, mais tout de même un peu lassant à terme. Nombre de gradés de l'Earth Force se piquaient d'afficher un air de poète charismatique en contemplant la voute étoilée, le torse droit, les mains croisées dans le dos, et les yeux dans l'éternité; une façon de se donner une contenance selon Garibaldi, mais qui avait l'intelligence de ne jamais faire part de son sentiment. Si encore il y avait des planètes à voir, ou des nébuleuses, un trou noir... dans ce cas il comprenait, mais si non, qu'est-ce que de petits grains blancs figés dans un ciel noir avaient de si mirifique, en comparaison de ce qu'il nommait un « vrai » paysage, avec des mariages de formes et des couleurs? Il n'y avait ni forme, ni couleur, dans une section banale de ciel étoilé.
Il était venu entre les murs immaculés et bombés de la baie d'observation pour prendre le temps de se reposer l'esprit, mais à cette heure-ci, l'orbite de Babylon 5 autour d'Epsilon 3 n'offrait à voir aucune des nébuleuses nombreuses dans le secteur, ni la planète rocheuse elle-même, et pas l'étoile locale non plus, ne laissant regarder que les étoiles, lointaines... dans le vide. Et, quoi qu'en auraient dit les lumières parfois autoproclamées du corps des officiers, il n'arrivait pas à s'ôter de sa tête peut-être trop terre-à-terre, l'idée que dés la deuxième minute d'observation, il avait déjà parfaitement appréhendé tout ce qu'il y avait à voir.
Son célèbre « flair » lui fit déceler naturellement le pas à la fois souple et appuyé, à la fois tranquille et précis, du commander. -Vous êtes encore là à vous demander ce que je leur trouve, hein? Paria-t-il avec un sourire paisible. -Il doit me manquer une case, estima Garibaldi en haussant les épaules. -Vous vous ennuyez parce que vous regardez trop avec les yeux, pas assez avec la pensée. Les étoiles, l'espace, c'est un jeu de dupes qu'aucun esprit ne dépassera jamais. On voit des étoiles briller tranquillement, alors qu'elles ont explosé ou dépéri depuis 25 000 ans, tout simplement parce que la lumière qu'elles nous ont envoyé il y a tout ce temps n'a même pas fini de nous parvenir. On croit contempler ces astres, alors que même la lumière est vaincue par l'étendue du cosmos! À cette échelle, avec ou sans hyperespace, l'espace-temps est une donnée ténue, fragile, volatile. Avec tel vaisseau, vous êtes à cinq jours de telle planète. Avec telle avarie au moteur de saut, ce pourrait tout aussi bien être quinze siècles. Vous savez, je me dis parfois que les sociétés d'antan n'étaient pas si stupides que cela quand elles priaient le Soleil. -Ha ouais? Dit simplement Garibaldi, en voulant par là illustrer dignement son dépassement. -Vous n'avez jamais lu le livre écrit par le capitaine de la mission Icare, ce vaisseau scientifique envoyé pour frôler pratiquement le Soleil à la fin du vingt-et-unième siècle? Un regard inattentif ou trop présomptueux, et on est aveugle, ou carbonisé : sa taille, son poids, sa luminosité, sa chaleur, son énergie, sa puissance, sa longévité... tout ça, on peut le lire, le schématiser de manière très efficace, mais en fait, on ne le comprend pas pour de vrai. Cette chose donne la vie sur Terre mais, à cette distance, elle peut la reprendre à tout instant. Ils avaient beau être des esprits rationnels, savoir qu'il n'y avait rien, niché dans cette boule de feu, qui ressemble à une conscience, un esprit ou même à une quelconque perception des choses... pourtant, ce sujet qui donne la vie mais que seuls les morts peuvent regarder, cette chose symbolisant la lumière ultime, absolue, pour laquelle on pourrait donner son existence en risquant un regard, parce qu'on sait qu'on ne verra jamais rien de plus grand, de plus beau, de plus terrible... traditionnellement, il n'y a que Dieu que l'on trouve à décrire de la sorte. -Et dans ce cas, un trou noir, c'est quoi? Répondit le chief sans le moindre sentiment de sacralité. Le Diable?
Sinclair rit dans la barbe qu'il n'avait pas. -Vous me posez une colle. -C'est ça, ce que vous voyez, quand vous regardez ces grains de lumière suspendus sur une toile d'encre? Des genres de dieux? -Difficile à dire, estima Jeffrey, qui faillit presque hausser les épaules. Mais les étoiles... les trous noirs, comme vous dites, les quasars, Solaris, et caetera, pourraient être, de toutes les choses tangibles que nous connaissions, celles à se reprocher le plus, factuellement, de la définition de dieu, en effet. Pour autant, ce n'est pas moi qu'on verra prier des objets inanimés, aussi troublant que soit ce parallèle. Et même s'ils pensaient et percevaient, je doute qu'ils se préoccuperaient de nos histoires, pas plus qu'on ne s'inquiète du parcours d'une enzyme dans notre intestin. J'ai juste parfois du mal à réaliser quelle place peut bien tenir la vie dans tout ce grand cirque. Quelle est la vraie valeur de tout ce nous faisons, finalement, au regard de ce qui attend l'Univers? Regardez, aujourd'hui, on se demande s'il faut aller dans la galaxie de Kaliam ou non. L'aventure du siècle selon nous, mais, et après? Que restera-t-il de ça, de l'Alliance Terrienne, de Nagada, dans plusieurs milliers de siècles? Des lions de la galaxie, il y en a eu il y a un million d'années dans le passé, et il y en aura d'autres un million d'années dans le futur. Qu'on instaure une dynastie tyrannique de mille ans, ou qu'on retourne à la préhistoire pendant trente milliers d'années, qu'est-ce que ça peut bien leur faire, à ces planètes et à ces étoiles qui sont là depuis toujours et qui seront encore là dans des milliards d'années? Lorsque le temps aura effacé de l'univers la trace la plus infime de notre présence, comme si nous n'avions jamais existé? Qu'est-ce que ça change, pour elles? Nous ne sommes que des locataires d'un jour pour les mondes et les astres, nous ne sommes que des micro-organismes à la surface d'une peau. -Super. Maintenant, je vais aller me jeter par un sas pour abréger cette vie idiote et insignifiante dont se gaussent d'une seule voix l'univers, les dieux et le temps. Merci de me rappeler ma place dans la création, Jeff. Le captain sourit doucement. -On est là. Il faut bien vivre et s'activer, pour soi et pour ceux qu'on aime. On est pas des soleils... juste ce qu'on est. Je ne le vis pas mal.
Les deux acolytes demeurèrent côte-à-côte, silencieux, pendant plusieurs dizaines de secondes. D'ordinaire, cela n'occasionnait entre eux aucune forme de tension; cette fois-là, en revanche, était un peu différente. L'un comme l'autre savaient qu'ils avaient tous deux le même sujet potentiellement délicat à aborder... et que l'autre aussi en avait conscience.
-Je ne cacherais pas que je vous ai trouvé bizarre pendant le briefing, Michael, commença Sinclair face à la baie, sans oser tourner la tête vers le visage de son ami. Je pense que vous voyez où je veux en venir. Vous avez pris un risque significatif, en plus de … faire le malin, dirons nous, face au supérieur le plus haut gradé que nous ayons l'un comme l'autre. Qu'en pensez-vous? -Que je devais jouer mon rôle, Jeff. Garibaldi aussi continuait de balader son regard vers l'abstraction cosmique, protégé de son appel fatal par l'épaisseur transparente. Mais il avait l'air légèrement moins tendu. Face au silence de son, par ordre d'importance, ami, allié, et supérieur, le security chief poursuivit. -Il y a longtemps que j'ai pris la peine d'analyser le profil psychologique des plus grands pontes que je risquais de rencontrer au cours de ma carrière. Je savais quelles étaient les limites pour celui-ci. L'excentricité d'O'Neil est célèbre, tout comme sa tendance à répondre à un décalage superficiel d'un subordonné par une sorte de jeu psychologique. Il n'y a que cette personnalité qui puisse expliquer que l'admiral en personne se mette à la tête d'un projet précis et mène une mission aussi banale que celle de nos recrutements, à Susan et moi, en délaissant ses grandes prérogatives habituelles. On l'aurait dégagé depuis longtemps si en plus de sa popularité, il n'y avait pas ses états de service et son carnet d'adresses. -Et... que vous a appris votre, « mission sous couverture »? -Ils mentent...
Sinclair tourna la tête vers Garibaldi et planta ses yeux dans les siens, silencieux. -Ou du moins ils dissimulent, ajouta encore l'Italien. Vous souvenez-vous de ce que nous a dit Ivanova à propos des dates anciennes du programme? La première année qui est référencée? -Valen, j'avoue bien volontiers que non, répondit le commander. Quelque chose comme 1990? -1986, rétorqua Michael d'un air appuyé, et ne citez pas le héros de cette bande de tueurs de soldats aux mains en l'air. Alors que le récit de l'admiral n'a commencé qu'en 1992. Six ans ont disparus, apparemment rayés de l'espace-temps... on pourrait s'interroger à moins, non? N'êtes-vous pas curieux de connaître le contenu de ces premières années? Mais à plusieurs reprises, nos hôtes ont aussi eu de furtifs échanges de regards au moment d'aborder l'un ou l'autre point du récit. J'ai observé leurs gestuelles et leurs yeux dans ces moments-là : il y a des choses qu'ils ne nous disent pas. Plus encore, je crois que de faux passages ont peut-être été incorporés à l'histoire pour boucher les trous. Un mensonge fonctionne toujours mieux une fois imbriqué entre deux vérités. -Nous parlons aussi du commander Takashima... -Avec tout le respect que je dois à notre amie et à son grade, Jeff, Laurel est dans les services secrets, maintenant. Cela ne la rend pas moins vertueuse que nous l'avons connue, mais désormais, elle ne pourra plus se départir de la part d'ombre et de tromperie qui lui emboitera le pas fatalement, partout où elle ira... même contre son gré. Vous l'avez vu vous-même, sa seule mutation là-bas a suffit à un premier gros mensonge, sur son affectation. Ce que les services secrets penseront bon pour la fédération, à tort ou à raison, passera toujours avant nous, et elle nous mentira autant de fois que nécessaire. Sans doute le ferions nous aussi, dans d'autres circonstances. -Vous le saviez, n'est-ce pas? Concernant son poste. -Je ne peux pas prétendre que je le savais, mais étant donné que mes recherches n'ont trouvé aucun commander Takashima en service sur quelque appareil que ce soit, j'avais des raisons solides de supposer que... -Pourquoi diable aviez-vous seulement cherché une telle chose? Demanda Sinclair, un peu interloqué, entre rire paternaliste et agacement désespéré. C'était Laurel, votre amie! Bon, j'admets que les faits vous ont donné raison, mais normalement, vous n'auriez juste pas dû penser à aller soupçonner quelque chose. Vous croyez vraiment que tout le monde vous ment! -Et j'ai raison de le croire, comme je vais vous en apporter la preuve sur le champ. Avant de venir ici, j'ai eu le temps de lancer quelques recherches informatiques, pendant que j'avalais un sandwich. La biographie officielle du général Jonathan « Jack » O'Neil fait état, en guise d'états de services, d'affaires classifiées, ainsi que de longues périodes de service calme qui apparemment servaient de paravent à d'autres affaires secret défense, certainement Nagada, je pense que la déduction est solide. Puis d'une comparution classifiée en cour martiale pour haute trahison, finalement condamné mais sans peine, après une révision du procès. Sacrée vie. L'admiral a situé le dernier volet du programme Stargate en 2026, et a précisé que le général a ensuite connu quelques années de détention avant de recouvrer la liberté de manière inattendue, grâce à Jack Crichton, admiral de la IASA et vieil ami. Selon la version officielle, O'Neil est décédé quatre ans après la fermeture définitive du téléporteur, le 25 juillet 2030 sur Sélène, en civil. Asphyxié dans son sommeil après un incendie chimique dans une aile enclavée d'Armstrong. Le corps a été très largement anéanti durant la suite de l'accident, puisqu'il y a eu une explosion de conduite à cause du feu. J'ai donc cherché des informations sur le trajet qui l'avait amené jusque là, et cela m'a permis une très intéressante découverte. En 2030, on comptait sept vols au départ d'Armstrong, par semaine. Quatre étaient intra-Sélénites. Deux concernaient la station First Moon, en orbite Sélène. Et un était pour la Terre, avec un crochet par ISS-2. Ça a tourné comme ça de 29 à 31. Or, une intuition m'a fait écumer les archives d'enregistrements de vols d'Armstrong. Cette semaine en particulier, et celle-là seulement hormis durant les périodes d'avaries avérées, il n'y a pas eu de vol vers la Terre d'enregistré... il n'est fait mention d'aucune annulation, c'est juste comme s'il n'avait jamais été prévu. Comme ça, pouf! Étrange, sachant que la ligne était automatiquement reconduite de semaine en semaine, non? -Peut-être une bricole mineure au décollage, n'ayant pas été consignée, comme un mouvement de grève? À moins que cet incendie ait eu des effets étendus sur les installations... en milieu étanche, ils sont d'autant plus redoutables. -Attendez un peu d'entendre ça. Conformément à la date du dernier vol sur cette ligne, le délai étant invariablement d'une semaine, le vol régulier qui n'a jamais existé aurait dû voler à 15H30... devinez quel jour? Le 24 juillet! La veille de ce petit matin où un incendie chimique a tué Jack et l'a rendu non identifiable. Et personne sur la lune n'a vu Jack, de 15H30 le 24 juillet jusqu'à la découverte des morceaux du corps calciné avec les autres débris, le 25 en fin de matinée. Attendez, ce n'est même pas tout. Comme vous vous en doutez, tous les carnets de tous les bureaux IASA concernés n'étaient pas tout à fait centralisés. Si dans ses archives générales, la direction coloniale internationale de l'époque s'est contentée de sceller un « blanc » inexplicable là où aurait dû figurer le vol Terre-Sélène... enfin, Terre-Lune, à l'époque, du 24 juillet 2030 à 15H30, les livrets électroniques de l'astroport lui-même sont bien exempts de la mention du vol en soi, cependant, ils ont oublié de supprimer les accusés de réception des notifications d'annulation adressées aux trois autres autres passagers. Des fonctionnaires et intervenants auprès de la colonie, hormis l'un d'eux qui était juste un touriste spatial friqué, et j'ai même retrouvé l'attestation de son paiement puis du remboursement de ses frais supplémentaires! Par la suite, une navette de plus qu'il n'était originellement recommandé par la commission suite au dernier inventaire, a été assemblée à l'occasion du renouvellement du matériel, qui lui, a été avancé dans le temps. Et ce n'est pas le plus beau. Dans un rapport technique rédigé seize ans plus tard, à l'occasion de la construction d'une autoroute électro-magnétique reliant Armstrong à Romulus, dans l'état-colonie Italien de la Sicile d'Argent, les techniciens ont fait état de manière très anodine de la découverte d'un ancien site de crash, ayant apparemment déjà été nettoyé de ses corps, de la boite noire, et de différents fragments. Pourtant, aucun lieu de crash de vol enregistré n'a jamais été perdu sur Sélène. Il ne pouvait donc s'agir que d'un vol qui ne l'avait pas été, enregistré, d'autant plus qu'aucun pilote de la IASA n'a été déclaré mort, ni même disparu, à l'époque. Pour finir, mes recherches préliminaires sur la question montrent que selon des sources alternatives de l'époque, et malgré les dires de la version officielle, il semblait furieusement improbable qu'un tel incendie accidentel ait pu se propager dans la ville de manière à rendre inopérants les différents systèmes de sécurité. Une chance sur des millions. Fondamentalement, moi, je veux bien, mais quand cela se superpose au crash non répertorié d'une navette qui n'existe pas et à la mort d'un type aussi important qu'O'Neil, même s'il n'était plus dans la course, j'estime que cela passe dans le domaine du pour ainsi dire impossible, en ce qui concerne l'hypothèse accidentelle. Selon l'enquête de l'époque, O'Neil était venu voir son ami Crichton, il n'était pas là pour prendre racine! Sa femme l'attendait pour août au plus tard. Combien misez-vous sur le fait que si je vérifie, une disparition du corps d'un défunt quelconque à la morgue, sera annotée pour juillet 2030? -Et vous avez découvert tout ça depuis tout à l'heure, la bouche pleine de salami mozzarella? Nota Sinclair, radieux, l'air réellement fier de son ami qu'il avait jadis ramené de si loin. -C'est mon boulot, estima Garibaldi, penaud. -Michael... même si Jack a réellement été tué par je ne sais quel service gouvernemental... ce que je suis, à la lumière de vos recherches, tout à fait disposé à croire... cela s'est passé plus de deux siècles avant la naissance de l'admiral, dit-il, une lueur dans les yeux tandis qu'il prenait toute la mesure de cet implacable écoulement du temps. L'Alliance Terrienne n'existait pas encore. Tous les pays concernés à l'époque ne sont plus que des états fédérés, aujourd'hui. Je doute qu'il reste des coupables à piéger. Peut-être que s'ils n'en ont pas parlé tout à l'heure, c'est tout simplement parce que cela les désole mais n'a plus d'influence sur les évènements actuels. -Je ne peux pas y croire. Il y a plus. L'admiral l'a bien dit, tout avait été balisé pour rendre inoffensive une fuite relative à l'anneau et à Nagada. O'Neil et ceux qui ont eu sa peau auraient-ils, d'un côté comme de l'autre, pris des risques pour détruire ou pour protéger un secret qui serait neutralisé dés sa révélation? O'Neil devait savoir quelque chose d'autre, et pensait peut-être que cela valait le coup d'en parler. Et ses ennemis ont pris le risque de s'exposer à un scandale qui les aurait tous fait tomber en cas de percée à jour par un journaliste ou un flic. Ils ont préféré risquer d'autres vies précieuses, démolir un engin spatial et endommager une partie de la première colonie extraterrestre de l'histoire, de la technologie ultra moderne qui devait équivaloir au tiers du budget annuel des anciens États-Unis, plutôt que de prendre le risque de laisser l'ex général parler. C'était du lourd. Davantage que Râ et le reste, à leurs yeux, ou du moins quelque chose que l'opinion publique et les autres gouvernements auraient été davantage disposés à croire. Ce secret, je crois qu'il existe toujours, et que les services secrets contemporains... Laurel, O'Neil, Ja'Mal... le protègent encore. -Une conspiration inter-générationelle? Demanda Sinclair, l'air désarmé, et Michael ne savait pas si c'était face à cette perspective en elle-même ou juste parce que lui, y croyait.
-Même si je me fourre le doigt dans l'œil, il faudra fatalement que je creuse pour le savoir. -Qu'allez-vous faire? -Ho, accepter la proposition, je crois. O'Neil est malin. Avec cette promenade à Armstrong, il nous coupe de nos appuis et de nos repères et nous plonge, isolés, dans son propre milieu, il nous implique dans le feu de l'action qu'il a instiguée, espérant nous influencer de la sorte... mais ce sera inutile. D'une part, j'ai envie de savoir en quoi et pourquoi ils nous ont menti. D'autre part... et bien, je crois que me voilà plongé dans une enquête policière à retardement, Jeff. Puisque aucun autre n'a rendu justice, à moi de découvrir qui a tué Jack O'Neil il y a plus de deux cent ans, et pourquoi. J'aurais bien profité du séjour forcé pour aller voir des mes propres yeux son ancienne chambre et l'astroport de l'époque, malheureusement, il y a longtemps que ces installations ont été réagencées en simple quartier périphérique, depuis que la construction des grands dômes a déplacé le centre de gravité de la ville. Et, si les données informatiques ont été archivées, les indices physiques ont en revanche sûrement été perdu depuis des décennies d'aléas administratifs. Même s'ils m'en laissaient la latitude, je doute que je pourrais trouver quelque chose de plus là-bas. -Ceci étant dit, bien que je comprenne bien votre intérêt pour cet aspect.. refroidi... du dossier, vous avez déjà l'air d'oublier ce qu'il implique avant tout pour vous, à savoir que vous serez l'un des rares Humains à avoir quitté notre horizon, sourit Jeffrey. Que tout cela ne vous empêche pas de me prendre quelques photos. Garibaldi lui rendit son sourire. -Après Epsilon 3 qui a manquée d'exploser à cause de mégapoles extraterrestres enfouies depuis les dinosaures, et un vaisseau-fantôme géant peuplé de cosmonautes spectraux, qui a failli m'embarquer sans retour dans une guerre biblique du sixième millénaire, j'avoue que ça manquait d'une dernière expédition bizarre pour Noël.
Dernière édition par Mat Vador le Dim 22 Aoû 2010 - 15:51, édité 5 fois |
| | | Mat Le Pharaon
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| Sujet: Re: Kaliam Connection Sam 19 Juin 2010 - 23:19 | |
| Sur Terre comme ailleurs, parmi les mondes habités de formes de vie aux schémas de pensée avoisinant plus ou moins sensiblement ceux de l'Humanité, l'image d'Épinal du « méchant » avait pour vocation de broder une représentation absolutiste, à tel point absurde et surdimensionnée, que chacun puisse y trouver la latitude pour se démarquer lui-même de sa représentation du monstre, du mal. Et par là, se rassurer sur son propre compte, bercé dans la douce illusion d'appartenir à un bois différent, fondamentalement incorruptible. La réalité avait le douloureux inconvénient de révéler les dictateurs, terroristes, idéologues stupides ou pervers, bourreaux et autres personnalités toxiques de tout calibre, dans toute la dérangeante étendue de leur ambiguïté. Combien de bouchers politiques de l'Histoire Humaine s'étaient-ils fait aimer pour leur culture, leur convivialité et leur magnanimité, en dehors du « service »? A première vue, peu auraient compris que la pièce ombragée et rougeoyante, à la rusticité pierreuse, faisait partie non pas d'un antique temple troglodyte dévolu à quelque entité cosmique calamiteuse, ni même d'un bunker fortement empreint des goûts sulfureux de ses bâtisseurs, mais bien de la très technique, très moderne, très rationnelle, station spatiale Babylon 5.
L'odeur d'encens prenait au nez et piquait à la gorge, évoquant la mauvaise qualité de l'air sur le monde torturé qui avait servi de modèle à l'élaboration de ce segment spatio-temporel arraché au cadre de sa planète natale, avant d'être transplanté ici, loin de lui-même, comme une sorte de greffe malavisée. Même les sections eau et méthane étanches de l'astroport flottant étaient, visuellement parlant, d'un aménagement et d'une décoration plus commune.
Ombre penchée derrière l'épais bureau de granit, l'individu demeurait aussi silencieux qu'il était concentré, ne troublant l'oppressante tranquillité du pavillon diplomatique que par de faibles crissements secs et sporadiques de la baguette pointue sur une forme extraterrestre, belle mais archaïque, de papier jaunâtre au toucher légèrement abrasif. Il écrivait de droite à gauche, en recourant à une essence qui avait la couleur du sang. Les symboles étaient hachés et anguleux, empêchant par là une écriture fluide et rapide, et les gants imposants du rédacteur n'étaient certainement pas pour aider. Les Humains se montraient souvent impressionnés par la saisissante cohérence d'ambiance et d'esthétique qui imprégnait chaque échelon, chaque détail, de l'identité Narn toute entière. Une cohérence terrifiante pour beaucoup, puisque symbole d'enfermement, d'angoisse et de rugosité.
L'ambassadeur G'Kar du Troisième Cercle était un paradoxe vivant. Ses ennemis politiques non-Narns, tel que Sinclair, avaient autant conscience que ses admirateurs de la légèreté de sa compagnie mondaine, du curieux charisme de son humour poète et éloquent, ainsi que de la générosité idéaliste et désintéressée dont il pouvait faire naturellement preuve dans certains cadres et à l'égard de certains milieux. Mais la facette politique et militaire du personnage dissimulait une chimère scabreuse et nocive, une créature au cynisme haineux et manipulateur, à la colère aussi violente qu'inélégante; un monstre en tout point dissymétrique et incompatible, du moins le souhaitait-on de toutes nos forces, à l'avenante personnalité que présentait l'humanoïde au cuir reptilien orangé, tâché de noir sur le front et le crâne, et aux iris rouges.
Car, délicieux personnage à la vie civile et culturelle, G'Kar était aussi l'un des agents gouvernementaux les plus retors, les plus malveillants, les plus fermés, les plus minables, toutes factions confondues, qui soient en exercice en cette fin d'année grégorienne. Comment un esprit si vif, si clairvoyant, remarquable par sa bonté et sa malice, pouvait-il muter, sitôt dans la sphère géopolitique, en un saboteur à ce point convaincu du bon droit du Régime, sur la base d'injustices révolues, à envahir et coloniser toutes sortes de mondes? A viser l'extermination de paisibles civils dont seuls une partie étaient les descendants de la minorité de Centauris à s'être rendu coupables de crimes sur Narn, des générations plus tôt? Comment un si invraisemblable cloisonnement sensible et intellectuel pouvait-il être possible au sein d'une même identité, si éclairée par ailleurs? De ceux qui s'étaient fait de G'Kar un adversaire par le prisme du Régime, tous se posaient la question. Quelque-uns croyaient plus ou moins avoir une réponse. Mais aucun ne pouvait se départir entièrement de cette triste perplexité.
Le parchemin auquel l'officier-diplomate était en train de donner vie pouvait tout aussi bien retranscrire avec esprit l'essence de contes philosophiques extirpés d'outre-tombe, ou donner naissance à de nouveaux sonnets que leur beauté destinerait à rejoindre leurs nobles homologues dans le torrent de la nuit des temps, que signer très officiellement l'arrêt de mort de mille colporteurs Centauris, mille partisans de la décolonisation Ajiquienne, mille Narns fatigués de la pensée unique et des perpétuelles guerres sans objet raisonnable. C'était bien là, la force, ou le plus grand drame, du monstre G'Kar : l'on aurait voulu un monstre entier, pour s'autoriser à souhaiter sa perte sans l'ombre d'un remord. Mais personne n'aurait pu faire expier ses crimes et complicités à l'homme sans songer un instant à ce qui restait manifestement de bon et de précieux en lui, à ce qui, peut-être... en d'autres temps, d'autres circonstances... aurait pu prendre le dessus. Mais G'Kar avait une soixantaine d'années terrestres : peu espéraient que l'aventurier du pouvoir changerait jamais vraiment, à ce stade, quelle que fut l'intensité de l'électrochoc. Une révélation spirituelle compliquerait peut-être même inutilement l'affaire, plus qu'autre chose. Quoi qu'il en soit, un tel coup de théâtre passait pour plus qu'improbable. Mais, par définition, l'avenir restait toujours à prouver.
Le léger mais immanquable signal sonore Terrien informa par deux fois l'ambassadeur extraterrestre de la présence d'un visiteur désireux de s'entretenir avec lui. Prenant le temps de parachever brièvement une fulgurance littéraire (non pas qu'il ne pouvait consentir à la laisser se noyer dans l'oubli de son subconscient, car à l'inverse des Humains, les Narns naissaient avec une mémoire auditive et visuelle objective digne d'un caméscope et que les espèces concurrentes qualifiaient d'enregistreuse, mais en bon passionné, l'alien ne voulait pas faire patienter son plaisir de l'art) , et de reposer sa baguette étroite dans le bel encrier en verre noir-vert, G'Kar se leva ensuite pesamment, dévoilant les lourds oripeaux du pouvoir dont il ne s'était pas encore délesté... à l'exception de l'étoffe verte terne de sa cape, posée plus loin, partie chambre à coucher. Plusieurs couches de cuir noir, hérissées de pointes métalliques à bout tout juste arrondis, renforçaient la menace de son aspect. Appuyant avec calme ses grosses bottes sur le sol, il contourna son bureau et traversa la courte distance le séparant de la porte d'entrée de ses quartiers. Sans chercher à connaître préalablement l'identité de son visiteur, le Narn fit coulisser l'épaisseur métallique.
-Bonsoir, G'Kar. … Je vois à votre tenue que je ne vous dérange pas autant que je l'avais crains... rapport à l'heure tardive. La bouche épaisse du militaire à la face argile tressaillit à peine, et ses réflexes de politicien chevronné l'aidèrent à contenir instantanément une partie de la surprise qui cherchait à s'exprimer par le biais de ses yeux. Après un silence plus neutre que froid selon les critères en vigueur avec le vieux routier des intrigues de donjons Narn, G'Kar mit fin à un face-à-face pesant en faisant signe d'entrer d'un rapide geste de sa main gantée, puis il fit demi-tour, sans un regard.
L'habitué du Troisième Cercle contournait à nouveau son bureau lorsqu'il entendit, dans son dos, sa porte d'entrée glisser à nouveau en travers de l'ouverture. Se penchant vers un joli panier rectangulaire en osier qui était niché au pied du bureau typique, il s'en releva avec un artefact long et fin dans chaque main. L'on aurait dit des tubes dont l'une des deux entrées était plus large que l'autre. L'un était couleur noir satiné et peint de symboles Narn rouge coquelicot, l'autre était doré et peint d'autres symboles Narn, verts. Elles étaient faites d'un bois ensuite recouvert de peinture métallisée. -Une plume vous ferait-elle plaisir, très cher? Demanda courtoisement l'officier alien de son anglais parfait, en tendant les baguettes enluminées vers son hôte. -Je vous remercie, G'Kar, mais je m'en passerai, répondit une voix masculine suave qui ne pouvait dissimuler un certain âge. Je suis trop vieux et trop artificiel pour les plaisirs empoisonnés. -Poison? Répondit G'Kar, l'air poliment peiné. J'allume des plumes depuis mon troisième anniversaire terrestre. Enfin, second. Il est vrai que vous autres Humains ne comptez pas l'année de gestation maternelle dans le décompte de vos âges. Nous vivions dans le baraquement d'esclaves près de la villa de notre maitresse, à l'époque. Je me suis toujours demandé comment mon père s'y était prit pour s'en procurer. Même pour une chose aussi futile, la vie ne nous a pas laissé assez de temps. Ni la vie, ni l'égoïsme maladif d'une foule lointaine et abstraite.
L'autre se retint de se renfrogner trop ouvertement. Il connaissait la tendance de G'Kar à tourner facilement à toutes les sauces son triste passé, celui d'un esclave devenu enfant-soldat à la suite du martyr absurde infligé à son père. Ceci, afin d'appuyer un rapport de force de tout le pathos susceptible de désarmer partiellement un adversaire trop scrupuleux. L'opportunisme politique de G'Kar ne permettait pas réellement de différencier ses calculs de communication des moments de véritables réminiscences intimes et douloureuses.
Le Narn se repencha au dessus du panier d'osier et en sortit ce qui évoquait un gros bâton d'encens. Il en frotta brutalement une extrémité sur le roc de la table, l'enflammant brusquement par ce biais, mais la petite flammèche se résorba sans s'étendre ni s'éteindre, tandis que le bout incendié se changeait en une braise irradiante. Il enfonça intégralement le petit bâton dans la plume noire et rouge, côté brûlant vers l'extrémité large, puis prit l'autre bout entre ses lèvres, avant d'inspirer, puis d'expirer longuement, une expression de volupté sur le visage qui disparaissait derrière la fumée. -Fruits du désert, informa-t-il, toujours plongé dan la pénombre rougeoyante de son éclairage domicile. L'un des rares mets à avoir si bien survécu à l'écologie Centaurie, tous les dieux de l'espace en soient loués.
Lui aussi transfiguré par le choix d'éclairage, l'individu avait une peau apparemment claire et de courts cheveux en brosse défaite, probablement argentés. Son visage était long et harmonieux, à la manière de sa ligne, qu'encadrait un uniforme de l'Earth Force.
-Alors, admiral, que puis-je faire pour mes vieux et proches amis de la marine Humaine? Demanda très joyeusement G'Kar entre deux inhalations de félicité. -Pas grand chose dont j'ai été mis au courant, à dire vrai. Malgré ce que pourrait faire croire ma tenue, je ne suis ici qu'en mon propre nom et sans objectif tactique particulier. Du moins, rien dont j'ai déjà décidé avec une détermination solide. -Ho, je vois. Bavardages? Politique, société, mœurs? -Et histoire. -C'est à dire vrai plus ou moins ce que je craignais... soupira l'Inhumain. -Pour tout vous dire, il était évident pour moi, à partir du moment où j'ai su que je passerai par cette station, qu'il était impensable que je ne vienne pas à la rencontre de cette cabine. Ç'aurait été comme vouloir aller à contre-courant d'un siècle entier marchant contre moi. Le poids de l'histoire ne me laissait guère le choix. Mais maintenant que nous y sommes, je constate qu'il n'y a ni éclairs, ni tonnerre, ni rires démoniaques désincarnés, pas de vent qui fait claquer les portes... je crois qu'une part de moi croyait réellement qu'une main divine sortirait des cieux et vous pointerait de l'index pour vous asséner vos quatre vérités. Mais la révélation n'est pas au rendez-vous... il faut croire que l'Univers se fiche bien de nos histoires. Voilà où j'en suis... -Scandaleux, n'est-il pas? Le coupa G'Kar. -... Et je ne sais plus si c'était bien nécessaire, reprit O'Neil après l'interruption, comme si cela lui tenait particulièrement à coeur. -Et bien, puisque pour vous il est si évident qu'il y a quelque chose à dire, peut-être pourriez-vous vous contenter de parler? Sans vouloir mettre en défaut mon hospitalité, nous n'allons pas passer la nuit à attendre que l'ange passe. -Vous savez pertinemment ce qu'il y a à dire, G'Kar. -Ho, arrêtez donc de tourner autour du pot, Terrien, et osez! Assumez vos états d'âme! Tonna G'Kar de manière inattendue, mais sans perdre réellement son calme pour autant. On aurait dit qu'il cherchait surtout à atteindre celui de son adversaire. -Vraiment? Et cela changera quelque chose, pour vous? Avez-vous quoi que ce soit à faire de ce qui m'accable à cause de vous? -Peut-être pourrais-je au moins voir en quoi je peux régulariser notre situation. Allez, Ronald, l'Univers ne peut rien pour vous! C'est à vous-même, non à lui, que revient la tâche de me foudroyer de la liste de tous vos reproches. -Ne me raillez pas, G'Kar! Cessez de faire comme si votre pays était l'innocent incompris, cible de la méchanceté des autres! Vous savez que vous n'avez pas mérité la chance qui vous a été donnée! Se fâcha O'Neil en le pointant vigoureusement de son propre doigt, se surprenant lui-même de son empressement à sauter à pieds joints sur cette occasion de vider son sac. J'ai consenti à ce sacrifice au nom de la justice, je rêvais d'une chance de repartir sur un monde plus sain! Mais depuis le début, vous m'avez dupé, méprisé...! Vous n'avez jamais cru à ces aspirations autrement que pour m'embobiner! Je n'ai pas... (il stoppa et chercha le mot qu'il consentait à utiliser) j'ai joué contre les miens, pour que les Narns se sentent rétablis dans l'intégrité à laquelle ils avaient légitimement droit, et soient capables de sérénité politique à l'avenir. Pas pour que l'horreur qui vous sert de gouvernement annexe et colonise encore plus de planètes souveraines, harcelle et agresse encore plus de civils jugés coupables par interim d'on ne sait plus vraiment quoi... toujours plus largement, toujours plus violemment... En fait, cette lueur que je vous offrais n'était pour vous qu'un outil de pouvoir et de manipulation comme un autre... Tandis qu'il reprenait, essoufflé, sa voix devint légèrement tremblante. Une frénésie vibrante mais encore contenue montait en son âme comme dans ses entrailles, perceptible même aux yeux de G'Kar. Mais pour l'instant, c'était surtout la plus criante mosaïque de tristesse, faite de regrets, de mélancolie, d'amertume et de désespoir, qui s'exprimait librement dans sa voix comme sur ses traits. Un chagrin à double tranchant, entre résignation atone et colère vaine. Comme les secondes s'égrainaient sans que G'Kar ne dise rien, il poursuivit, sans avoir besoin d'aller chercher son propos bien loin.
-A l'époque de la première guerre froide... j'étais capable de croire qu'il y avait des héros dans les deux camps. Après tout, vous sortiez à peine de votre calvaire planétaire. Vous nous avez confondu avec des Centauris lors du premier contact, puis vous avez appris qu'à défaut d'en être, nous étions tout de même leurs alliés, alors après ce que vous aviez subi, votre position se comprenait. En partie. J'en voulais aux gouvernements Terriens qui se succédaient de reconduire sans questionnement l'alliance privilégiée avec les Centauris, sans aucun égard pour les crimes qui vous avez été infligés peu avant. J'étais prêt à envisager une inversion des alliances, pas guerrière mais simplement diplomatique, morale! Assura l'officier en ouvrant sèchement ses bras.
Il se déplaça en longeant le mur de la pièce, obligeant G'Kar à pivoter lui-même pour rester en face. L'ambiance était plus lourde et plus électrique à chaque seconde, pressée entre la pénombre braisée et les odeurs épicées des fumées. L'air frais se faisait aussi rare que la lumière et la clarté, rareté renforcée par l'enfoncement mutuel de l'humeur, amorce d'un cercle vicieux.
-J'ai voulu croire que mon geste ferait des Humains et des Narns des alliés honnêtes, peut-être même des amis, au pire des voisins capables de s'ignorer pacifiquement, poursuivit l'Humain. Mais j'ai juste démultiplié un monstre abominable et son pouvoir. Votre attitude après les accords de paix de 224, le fait de vous être retourné contre vos alliés Dilgar, même si vous n'aviez peut-être pas vraiment le choix... tout n'était pas parfait, mais l'espoir d'un avenir plus paisible était permis. N'en avez vous donc jamais voulu? -Allons, admiral, bien sûr que moi et le Kha'Ri souhaitons la paix, à terme. Mais une paix forte et juste, pas la paix de l'aigreur et des non-dits. Notre paix a besoin d'une certaine terre pure et fraiche pour s'épanouir. -Allons donc. C'est sûrement pour cela que tout s'est effondré pour moi dans les derniers jours de la guerre des Minbaris? A la minute où, coincé sur une Terre en passe d'être encerclée par les sharlins, j'ai appris qu'après nous avoir vendu des armes Centauries, votre Kha'Ri avait envoyé l'un de ses seigneurs razzier un avant-poste Terrien qui tenait encore à peine debout... 116 morts... un coup de poignard parmi quelques autres... les premiers d'une trop longue série depuis que cette deuxième guerre froide couve. Quelque chose à en dire? -Si le Kha'Ri a estimé que l'Alliance Terrienne ne devait pas s'en sortir sans avoir dû regarder en face son soutien aux Centauris, ce n'est pas à moi de commenter cette... -Oui, le coupa Ronald, c'est bien ce que je pensais. Cette fois-ci, vous n'aviez pas d'excuse. Juste votre boulimie d'impérialisme. Un concurrent à abattre pour la domination de l'espace. Quel était votre calcul? Attendre que les Minbaris nous aient suffisamment massacré pour pouvoir donner quelques coups de pied dans le blessé sans risquer de riposte? Aujourd'hui, j'ai compris que Thuran ne pouvait rien faire de plus, ni aujourd'hui ni hier, pour essayer de faire pardonner la génération de ses parents. Si j'avais su quel était le vrai visage du jeune soldat que je prenais pour un défenseur torturé, à l'idéalisme aigu, jamais je n'aurais fait ce que j'ai fais. Je me serais contenté de sortir mon arme et de vous descendre, en emportant au tombeau avec vous et moi la seule chance des Narns d'avoir un futur, dit-il, dans un état second, en extrayant de son emplacement à la ceinture un PPG d'aspect étrange, plus long et d'aspect plus électronique, que les modèles Terriens habituels. G'Kar suivit l'engin des yeux, sans bouger la tête, et expira une autre goulée de fumée parfumée.
-Je pense que je vais faire ce que j'aurais dû faire avant, et vous descendre ce soir, dit O'Neil en braquant son engin infernal sur la poitrine de l'alien rougeâtre. Les mots seuls ne suffisent pas. Ils vous glissent dessus comme le vent. Pour vous atteindre enfin, je dois aller jusqu'au terme de cette voie. J'ai... j'ai bien conscience que cela ne changera ni le passé ni l'avenir, parce que le moloch Narn gardera sa voracité et ses moyens avec ou sans vous, seulement... si je dois faillir à l'ensemble de ma mission, si l'Univers veut que par ma faute, l'année prochaine, ou la suivante, marque la chute des valeurs que je voulais préserver... la fin de tous ceux que j'ai aimé et que j'entendais protéger, l'incendie de toutes ces rues que j'allais arpenter le soir... il y a au moins une dernière volonté que je voudrais m'accorder. Ne pas permettre que vous, personnellement, puissiez être l'un de ceux qui viendront piétiner nos vies, admirer votre oeuvre macabre en vous félicitant de vos convictions... si le peuple que j'ai aimé, avec ses qualités et ses défauts, doit se mettre au garde-à-vous à la vue d'un Narn en armure, alors soit, l'Univers fait et défait les vainqueurs et les civilisations, cela a toujours été et sera toujours. Votre propre tour viendra, dans un siècle ou dix. Mais je ne peux pas accepter que ce Narn en armure, ce soit vous, G'Kar. Pas après ce qu'il s'est passé entre nous deux. -Formidable, railla périlleusement le diplomate en croisant les bras, ce qui déplaça le filet gazeux de la plume calée entre deux de ses doigts. A la fois récapitulatif historique détaillé, autobiographie, démonstration lyrique et dramatique, je suis convaincu par tout le contenu que vous parvenez à bourrer dans l'expression très... théâtrale, nota-il en toisant l'arme, de votre sentiment, Richard. A un détail près. Croyez-vous sincèrement qu'à l'époque ou même de nos jours, j'aurais eu ou j'ai le poids nécessaire pour peser dans la balance? J'ai fais mon devoir. J'ai dis ce que je devais dire, et j'ai fais ce que je pouvais. Mais vous-même deviez bien vous douter que si les choses devaient prendre un autre cours, je n'aurais guère le pouvoir de les empêcher de s'échapper hors de notre portée. -Merde! Ne me prenez pas pour un idiot! N'avez-vous aucun respect pour vous-même? Même à quelques minutes de votre mort, vous mentez encore comme une putain d'I.A de casino! Je sais très précisément à quel degré de bassesse vous êtes tombé, G'Kar. Votre troupe comme vous-même. Vous vous croyez capable de vous faire passer pour un prisonnier du système? Vous n'êtes pas un objecteur de conscience, ni même un maillon passif de la chaine. Tout au long de votre carrière, vous vous êtes battu assidument pour jouer en toute connaissance de cause le rôle le plus actif et le plus volontaire possible, dans l'édification de la dictature et de ses brimades. Sachez que je suis l'un des rares Fédéraux à savoir ce qu'il s'est passé dans cette barcasse flottante il y a un an et demi, lors de l'arrivée de l'ambassadeur Kosh. Vous avez payé un foutu serial killer fanatique pour commettre des meurtres, quelques uns de plus, et monter une accusation salissant un innocent bien plus valeureux que vous... tout ça pour détruire le message bienveillant de cette station et faire rayer de la carte par les Vorlons un concurrent entier... dix-milliards-de-vies, G'Kar... nous l'avons gardé secret en respect pour la mission de Babylon 5, en respect pour la paix... -Et surtout parce que de toute manière, vous auriez perdu une guerre contre le Régime, ricana G'Kar avec un ton mondain dont l'espièglerie était au demeurant charmante. Richard se raidit. Sa posture, ses yeux, les détails de son visage, tout indiquait qu'un torrent de fureur glaciale le dévalait, inhumain, intenable. Mais O'Neil ne laissa rien déborder de sa stricte contenance, héroïquement. -Salopard, vomit-il cependant, tout en souffrant profondément de la vacuité de sa contre-attaque. L'admiral se sentait ridicule.
G'Kar empoigna la manche de sa grosse veste gothique, et la tira laborieusement à lui, jusqu'à dénuder le plus gros de son avant-bras. Puis il en exposa l'intérieur à son futur assassin, exhibant une marque, une espèce de cicatrice ou de très vieux tatouage. Il s'agissait d'un sigle en forme de lettre V légèrement écrasée, et dont la branche gauche était deux fois plus courte que la droite. Certains Humains employaient un signe similaire pour cocher hâtivement des cases dans des formulaires administratifs.
-Vous vous en souvenez, n'est-ce pas? Demanda gravement le Narn. -... -Tout ce que j'ai fais de ma vie, et que je referais si la question se posait, c'était en tout et pour tout... pour ça. Centauris! Humains! Vous n'avez pas payé! -Et les mondes non concernés que vous avez asservi pour soulager vos pulsions et exploiter autrui dans vos plans de vengeance absurde, quand vous feront-ils payer, eux?
G'Kar ne dénicha pas de réponse convaincante assez vite : O'Neil poursuivit, d'un ton clair et amical qui semblait surjoué, comme destiné à refréner la violence de sa propre poussée d'adrénaline autant qu'à jouer, ivre de plaisir haineux, avec l'anxiété de G'Kar.
-Vous savez, les services secrets ne manquent pas d'avantages spécifiques. Le prototype que je tiens en fait partie. Je me désole que l'infarctus foudroyant qui va vous écraser lorsque je presserai la gâchette ne soit pas différentiable de la version naturelle de cette même affliction, à moins que le médecin légiste, non content d'être un virtuose, sache exactement quoi chercher... et croit en la crédibilité de cette éventualité. L'onde électromagnétique déchargée automatiquement par un dispositif annexe, lors du tir, effacera aussi les enregistrements sonores et visuels de ces dernières minutes, s'il y en a, avec toutes les apparences d'une banale baisse de tension passagère. Bien sûr, s'ils pensent à les vérifier, bien que cela ne semble guère nécessaire pour cette affaire claire comme de l'eau de roche, on me verra entrer et sortir de l'appartement. Mais je n'aurai qu'à donner moi-même l'alerte médicale, lorsque je me serai assuré que le point de non-retour a bien été atteint. J'accompagnerai votre civière jusqu'au medlab, en état de choc évident, et même un type dans le genre de Garibaldi ne pensera pas à établir de connexion. Quoi, vous seriez mort de peur en me voyant? Selon vous, quel agent de la Sécurité Fédérale osera fouiller son très honorable admiral à la recherche d'une arme impossible dont la seule idée n'a aucune raison de lui venir à l'esprit? Le crime parfait, ambassadeur. Et vous allez rater la fête, j'en ai bien peur. Vous qui avez vécu uniquement dans l'attente de la chute de Centauri Prime, une bien longue attente... vous allez mourir quelques semaines avant l'assaut décisif, sans rien voir du triomphe de votre vieux et seul rêve. Et les circonstances de votre trépas feront que votre cher Kha'Ri vous oubliera bien vite... irrémédiablement. Tout comme votre peuple. Vous serez l'inverse d'un martyr. Pensez donc, une crise cardiaque loin de tout champ de bataille, en compagnie de l'un des plus importants leaders Terriens, qui plus est... j'entend déjà le boucan des vautours politiques de votre planète, venant arracher toute dignité à votre image posthume... vous ne devriez pas manquer de concurrents avides d'outrager votre mémoire, vous, non?
Du pouce, O'Neil arma son pistolet, qui commença à charger. -Au moins, ajouta d'une voix joyeuse et précipitée un G'Kar agité jouant jusqu'au bout la carte de la déstabilisation, même si je n'en aurais pas profité longtemps, je pars avec l'agréable certitude que vous êtes un véritable gentleman, admiral, comme on dit sur Terre! J'ai beaucoup d'ennemis politiques, mais peu s'inquiéteraient de savoir si je ne trouve pas trop tardive l'heure choisie pour venir m'abattre à mon domicile.
Le face-à-face se poursuivit de longues secondes, silencieux et immobile, bien qu'englué dans une tension et une atmosphère à couper à la lame. Plus que deux individus, c'était deux destins, deux spiritualités, deux puissances et deux univers qui se toisaient, au seuil de l'irréparable, tout juste retenus au dessus du gouffre noir et bouillonnant par la seule appréhension du Terrien.
Puis G'Kar craqua. -Mais, double-coeur, tirez-donc! Cria-t-il, en tendant brusquement sa plume qui se consumait sans être utilisée, et le filet de fumée fut sèchement tranché par le mouvement. Je ne vais pas mourir pendant des heures! Vous croyez votre Alliance Terrienne irréprochable, mais vous-même jouez avec les derniers instants d'un homme à votre merci! Tirez, et que votre Diable vous emporte, vous et votre race, sous les bombardements de nos navires! Allez-y donc, qu'à c'là n'tienne, O'Neil : on se reverra très vite, l'affaire d'un ou deux ans, et vous me présenterez votre famille! Au grand complet! Quitte à ce qu'un Terrien me descende... je suppose que je peux m'honorer qu'il s'agisse de celui qui a offert le cosmos aux Narns sur un plateau d'argent.
O'Neil se sentait aussi mortellement atteint par le moindre de ces mots, que si c'était G'Kar qui avait dirigé contre lui le flux fatal et invisible. Il sentit des larmes perler discrètement aux coins de ses yeux, tandis que sa gorge et sa poitrine se serraient. Lui, le grand admiral, personnellement impliqué dans les manipulations les plus secrètes de la Fédération et dirigeant plusieurs milliers de vaisseaux spatiaux de combat, ainsi que les centaines de milliers d'hommes et de femmes chargés de les maîtriser... ne pouvait pas empêcher que ses jambes deviennent flageolantes. C'est au moment où il perçut que sa main tremblait qu'il abaissa son arme, le souffle court, sans même se souvenir de s'être seulement posé la question. Après cela, une vague scélérate, faite de désespoir et de reddition, frappa son âme de plein fouet, comme si un barrage venait de se fendre. Il parla sans chercher ses mots. -De grâce, G'Kar, s'il y a une once en vous de la noblesse en laquelle j'ai cru autrefois, un atome de la spiritualité que les élites vous prêtent, alors, s'il y a encore quoi que ce soit que vous puissiez faire pour aller à l'encontre du sort que vous nous réservez... je vous en conjure, pas comme admiral, juste en tant que simple homme désespéré, dépassé, attaché à ses croyances et à ses proches... faites-le. Renoncez à cet égoïsme, à cette obsession du contrôle et de la punition, et montrez-nous à tous, ce que valent vraiment les Narns. Ou, du moins, ce que vaut G'Kar du Troisième Cercle, termina l'admiral avec une difficulté évidente à ne pas s'étrangler.
O'Neil baissa tristement la tête, et fit demi-tour. Sans un regard ni un mot, il marcha lentement vers la porte d'entrée, tandis qu'il rengainait à l'aveugle son PPG spécial. A chacun de ses mouvements semblait s'attacher une douleur et une lassitude sourdes, diffuses, intraitables. Le coulissement du portail découpa un cadre de clarté, accompagné d'air pur et frais, qui trancha dans l'ombre volcanique et son éther toxique d'une manière presque mystique. La carrure agréable surmontée de la chevelure argentée en désordre retrouva ses teintes réelles en s'extirpant du rougeoiement opaque, puis elle tourna sur sa gauche tandis que le panneau se refermait sur l'ouverture, rétablissant entièrement sur le Narn esseulé l'étreinte corrompue et sensuelle de ce tombeau de Charon.
La plume occasionna un petit claquement allongé en roulant quelques secondes sur le sol, à la suite du choc de son arrivée par terre, en dessous de la main qui l'avait lâchée sans prêter attention. Les traits et les muscles de G'Kar se décrispèrent progressivement, et alors que sa tête tournait, l'homme politique dû s'appuyer d'une main sur son bureau, solidement calé dos à lui, pour ne pas choir piteusement au sol. Sa respiration devint haletante et pathétique, à l'instar du léger sifflement qui perçait au milieu de cette dernière. L'E.T ferma les yeux et laboura toute la moitié haute de son visage de sa main gantée et tremblante, frottant, massant, appuyant du plus fort qu'il le pouvait sur son front, ses tempes et ses paupières closes. D'un pas agité et désordonné, il fit rapidement le tour du bureau, jusqu'à arriver devant son fauteuil, et il s'y laissa tomber lourdement, comme si toute énergie l'avait entièrement et instantanément abandonné. En cet instant, G'Kar n'aurait vraiment en rien voulu être dans la peau d'un Humain. Car les Narns ne suaient pas, ni ne pleuraient.
Il resta ainsi, immobile, longtemps. Plus sa respiration revint vers son état normal, plus le silence se fit de nouveau dans la pièce, approchant progressivement d'un vide sonore... sidéral. Ses yeux fixèrent leur regard vagabond sur les dernières lignes du parchemin abandonné sur le plan de travail, les détaillant sans les déchiffrer. Puis ce regard animal repartit en errance, jusqu'à se caler par hasard sur le vortex de fumée qui continuait de monter depuis la plume laissée allumée sur le plancher, invisible de sa position. Son regard dansait mentalement avec le tourbillon translucide plus ou moins rectiligne, jusqu'à s'en laisser hypnotiser. Puis, pour la première fois depuis cette lointaine époque où il avait finalement conclu, plus ou moins inconsciemment, que sa seule chance d'être jamais heureux de lui-même et du monde qui l'entourait, était de s'auto-persuader de la justesse qu'il y avait à appliquer, voire devancer, toujours avec exaltation, chaque sentence du Régime, il réfléchit. Bien malgré lui, G'Kar ne trouverait pas le sommeil cette nuit-là. G'Kar, l'homme public et l'homme privé, allait réfléchir.
-Mhm... non... je n'ai pas vraiment protesté tout à l'heure, s'expliqua Laurel après avoir fini d'avaler sa bouchée. Je n'avais juste pas compris que vous aviez besoin de parler à Michael, et que vous iriez vous changer avant de me rejoindre. -Après une journée pareille, je me sens un peu à l'étroit dans l'uniforme, expliqua Jeffrey, souriant, en finissant de couper un bout de viande. Besoin de changer de peau, pour ne pas laisser un contexte en parasiter un autre. Il porta à sa bouche le morceau de viande, partiellement enroulé dans une feuille de salade verte. -Je cloisonne pas comme ça... savoir que la journée est finie, la flemme de faire autrement... ça me suffit à décompresser, répondit-elle.
Takashima s'était contentée de retirer sa veste d'uniforme, dévoilant sa chemise blanche. Assise face à un Sinclair en civil portant pantalon marron et chemise noire librement relâchée, ils dinaient à la terrasse de ce restaurant qui avait leur préférence à tous, indistincts au milieu de toute les têtes de clients occupés à se nourrir et à bavarder. L'établissement proposait des plats Humains comme aliens, et les services d'hygiène se faisaient un devoir de s'assurer qu'aucun amuse-bouche E.T prisé ne soit un poison mortel pour les Humains, ou inversement. Cohabiter avec tant de formes alien différentes nécessitait une logistique vigilante et habile, à tous les égards, et absolument à tout instant. Un filon de carrières aussi enrichissantes qu'ardues. Depuis que les Humains étaient arrivés sur la scène galactique, quatre évènements majeurs, la chute du second empire Centauri -celui qui avait asservi Narn- , la disparition de l'emprise Dilgar, la course à l'expansion dans les territoires vierges entre Humains et Narns, puis la fin de l'isolationnisme Minbari, avaient donné aux zones de brassage un coup de fouet comme elles en avaient rarement reçu. -Et puis le fait d'avoir changé d'air, non? Ajouta le commander après avoir fini de mastiquer. -Comment ça? -La nouvelle affectation. Une lueur à la fois agitée et triste s'alluma dans le regard de Laurel, soudainement plus lointain. -Vous savez, depuis que je suis sur cet autre poste... (elle baissa de ton après de furtifs regards sur ses flancs) j'ai découvert en un an que la moitié de ce que je tenais pour acquis était finalement bien loin de ressembler à ce que je croyais... j'ai vu les catacombes et les coulisses de tout ça, je sais que beaucoup de vérités sont ailleurs. Je les connais, et parfois je frissonne un peu de regarder le monde dans lequel les gens évoluent sans savoir... ce monde qui était le mien peu avant. J'avais des choses à oublier ici. Le moins qu'on puisse dire, c'est que j'ai trouvé un dépaysement à la hauteur de l'enjeu. -Vous deviez oublier Babylon 5? -Pas B5, ni même ceux que j'y voyais. Juste une personne... -Et moi qui croyait qu'affronter de telles aventures dans l'exercice de ses fonctions pouvait tout faire oublier... Je suppose que vous n'avez pas forcément plus envie d'en parler qu'à l'époque, mais, j'espère qu'il ne s'est rien passé de grave qui nous soit passé sous le nez? -Non, c'était tristement banal... et légal. J'étais juste tombée amoureuse, Jeffrey. Plus que je ne l'avais jamais été. Sinclair se redressa, presque imperceptiblement. Il ne s'était réellement pas attendu à ce que le commander libère enfin son secret, encore moins ainsi, de but en blanc. -Un saxophoniste Péruvien, qui revendiquait haut et fort d'avoir quitté l'Alliance Terrienne en 46, lorsque le danger devenait plus vif que jamais, pour s'installer dans la communauté Humaine du Freehold Drazi. La colonie Roddenberry de Zagros 7. Pas par provocation. Pour lui, il était évident que c'était la meilleure chose que les Humains inutiles pour le front puissent faire pour l'Humanité. La disperser là où les Minbaris ne pourraient aller la traquer sans se mettre à dos tout le Quart Extérieur. En 57, il est revenu en territoire Fédéré. Il a tenté sa chance sur Babylon 5 après avoir eu une altercation avec les autorités Drazies de sa planète. Je l'ai rencontré au cours d'un petit concert confidentiel... et on s'est aimé. Vraiment. Mais pour fuir son incapacité à aider son fils obèse et les difficultés de communication avec lui, il s'est plongé de plus en plus souvent et de plus en longtemps dans Avalon, Galaxy Quest, et tous ces jeux d'aventure massivement multijoueurs, vous savez, la réalité virtuelle... en même temps, une connaissance lui a fait découvrir le sucre Antarean frelaté, et ça n'a rien amélioré, bien sûr. Il avait l'air heureux, mais, il négligeait de me voir, il n'allait plus travailler, il ne jouait plus, et... à force, je ne voyais plus qu'une épave cloitrée chez elle, dans des univers que je ne voyais pas. Et pour moi, plus rien n'avait de goût ou d'intérêt, j'étais fatiguée de tout. -ça... s'est vu, souffla délicatement Sinclair. -Lorsqu'on m'a proposé la promotion, j'ai décidé d'en parler avec lui avant de transmettre ma décision... j'avais encore espoir de l'attacher à mon destin d'une manière ou d'une autre, en renonçant au poste pour lui, ou bien en l'emmenant avec moi. Je crois que j'aurais même pu tout laisser tomber s'il avait accepté d'aller explorer la vraie galaxie, juste avec moi... Je l'ai trouvé vautré dans sa cabine sens dessus dessous, encore complètement torché avec son fichu sucre périmé. Il ruminait tout seul à propos d'une espèce d'épée laser rarissime qu'il avait échoué à obtenir, sur l'une de ces fameuses planètes qui n'existent pas, je suppose. Je crois qu'il n'a réellement entendu aucun des mots que j'ai essayé de lui faire entendre. Je ne sais pas s'il a jamais compris que j'étais sur le point de partir. La lumière était allumée, mais il n'y avait personne à la maison. Je l'ai laissé là. Je savais qu'il ne me retrouverait jamais, car j'allais choisir une nouvelle vie, loin du pont de vaisseau convenablement enregistré que je vous avais vendu à tous. Pendant cette année, je suis parvenue à l'oublier, je me suis passionnée pour le rôle qui était désormais le mien, et j'ai rencontré d'autres personnes. Je n'ai jamais eu de nouvelles ou cherché à en avoir. Je ne sais pas ce qu'il est devenu, s'il est toujours là. Je ne le chercherai pas, ni dans le bar où il jouait, ni dans son appartement. Ni elle, ni Sinclair n'avait porté de nourriture ou de désaltérant à la bouche depuis le début de cette mise à nu. L'homme avait écouté, sérieux, concentré, avec un air d'équilibre entre la neutralité et la gravité. -Je suis fier de vous, Laurel. Fier que vous soyez parvenue à cette démarche réactive, au lieu de vous attacher à suivre une pente glissante. -Comme avant... quand je croyais que l'existence d'injustices à mon encontre me donnait le droit de faire n'importe quoi? -Je ne pensais pas particulièrement à cette période. -Je sais, dit-elle, chaleureuse. Merci. Ils profitèrent du silence qui suivit, silence personnel reposant par dessus le brouhaha heureux de la terrasse, pour avaler une ou deux bouchées supplémentaires. -Et vous? Reprit Laurel. Comment va Carolyn? -Ma foi, je lui souhaite d'aller très bien, car je ne sais pas vraiment ce qu'il en est, mais... -Mince... excusez-moi. -Non, justement! Répondit Jeff avec un sourire. Il ne faut pas. En fait... ho. En apercevant Catherine qui venait de quitter le boyau principal, et qui les cherchait du regard, Sinclair su qu'il n'aurait pas à fournir d'explication pour que Takashima comprenne.
La misérable silhouette était affalée contre le mur d'aspect industriel, dénudé hormis la crasse de composition variée. Pieds nus eux aussi, vêtu d'un poncho miteux et d'un chapeau asiatique pointu, il était semble-t-il d'origine Brakirie, les gens du désert. Sa peau était café au lait, ses cheveux scintillaient de mille reflets argentés, et il portait un bandeau sur l'œil droit. Ici, grâce à la grille de ventilation située à l'aplomb du mendiant, soufflait du vent. Un vent chaud, mais malheureusement chargé d'une odeur d'égouts et de désinfectants mêlés. Un curieux fumet que lui ne sentait plus depuis longtemps.
Presque assoupi d'ennui, le vieux Brakiri fixait sans le voir le géant bleu aux oreilles pointues et au blanc des yeux... jaune, qui, presque nu hormis un pantalon orange percé par une queue et un masque respiratoire relié à une bombonne dorsale attachée par une ceinture, discutait vigoureusement avec un petit Vree vêtu non pas d'un justaucorps ciré et argenté comme cette espèce en portait généralement, mais comme un punk Terrien. Et, si les Vrees pouvaient avoir des torticolis, la sentence ne tarderait certainement pas à tomber dans le cas de celui-ci. Il parlait en Centauri Sidéral, le sabir utilitaire dont tout le Quart Galactique avait hérité pour se comprendre depuis la fin du Lion de la Galaxie. Même si les Centauris eux-mêmes rechignaient à employer, même à l'extérieur de leurs mondes, cette mutation régressive et matérialiste de leur noble langage. Le contraste entre le géant et le nain était pour le moins distrayant, alors même qu'il n'en avait plus beaucoup, de distractions.
« Avec la guerre de la Nébuleuse Noire, les tarifs augmentent, Pandorien. 'Pas ma faute si les gens ne revendent plus leurs billets... dans trois ou quatre tours, peut-être...»
L'oeil du mendiant se détourna du duo et se posa sur la petite coupelle recyclée d'un plat de fast-food, dans laquelle reposaient quelques crédits fédéraux d'une valeur allant de quelques centimes à deux unités, et dont les côtés face représentaient tous la même paire pyramidale inversée, transpercée d'une torche ardente. Il n'avait jamais compris la symbolique de ce dessin aux yeux des Humains. Enfin, la torche si, mais les triangles? Il fut brusquement tiré de ces réflexions loin de son quotidien par le clinquement d'une autre pièce jetée au fond du réceptacle posé au sol, et qui envoya valdinguer un crédit Terrien. Avec une petite irruption de joie, l'infortuné remarqua qu'il s'agissait d'un gros écu d'or Centauri, frappé du visage de Thuran, l'empereur trop bon pour mériter qu'on le laisse en vie. C'était comme si on lui avait laissé un petit billet de banque. De quoi se payer une douzaine de sandwichs chauds ou de barquettes de frites après qu'il soit passé au bureau de change. Politiquement et militairement, les Centauris étaient devenus des nains, mais curieusement, les coffres de l'empire... ou du royaume, ou de la république, il n'y avait guère qu'eux-mêmes pour y comprendre quelque chose... s'affaissaient sous le poids des richesses, tant les finances, notamment relatives aux ventes d'outils sophistiqués basés sur la technologie civile, mais aussi au tourisme Humain et Vree, étaient prospères. Ainsi la civilisation Centaurienne en sursit demeurait-elle un géant économique, et ce, probablement jusqu'à sa dernière heure d'existence. Autrement dit, il leur restait probablement quelques semaines pour en profiter. -Tout mon respect et mes vœux de bonheur, princesse, déclara l'alien en penchant singulièrement la nuque et le tronc vers l'humanoïde qui lui rendit un signe de tête souriant, sans s'arrêter de marcher.
L'accoutrement de cette dame élancée était bien singulier, quoique sans doute quelconque dans cette ville. Elle portait un pantalon, des bottes et un haut coupés à la façon de l'ancien far west, sauf que tout était fait d'une sorte de cuir rouge et moulant. Par dessus, l'Humanoïde était vêtue d'un long manteau noir, actuellement ouvert, et d'un grand chapeau à la pointe molle, noir aussi, qu'un esprit indélicat aurait tôt fait de lier à l'arrête importante de son nez pointu. Ses traits, ciselés, encadraient un intense regard bleu-gris et ses cheveux noirs étaient sagement maintenus par deux couettes latérales d'aspect enfantin.
Il n'y avait pratiquement pas un zbrögl dans les rues que la jeune femme traversait comme si elle avait quelque chose à se reprocher. Elle chercha les décorations colorées de la fin d'année, que les Coloniaux allaient commencer à accrocher un peu partout en ville. Mais c'était peine perdue. Il n'y aurait rien dans ce quartier-ci. Détournant le regard des alignements d'immeubles d'habitation à l'aspect au mieux usinier, au pire carcéral, et en tout cas délabré, qu'elle longeait, son attention se posa sur le quartier alien qui s'étalait sur sa droite. Dressés à même une vaste étendue de terre grise, les tours et les bâtiments moins hauts, en forme de dômes et de cubes, faits de cette même poussière grise du sol chimiquement agglomérée jusqu'à solidification, étalaient l'ampleur de leur misère en périphérie de l'agglomération inattentive. Malgré le vide des rues, la lumière électrique, ainsi que des musiques et des odeurs culinaires venues d'une centaine de mondes, s'échappaient par les fenêtres mal isolées, parfois tranchées de sons pas toujours beaucoup plus rares et que l'on aimait moins entendre, comme celui des disputes familiales imbibées. Des vêtements de différentes couleurs et matières, pour bipèdes ou non (un Humain aurait été singulièrement décontenancé par certains d'entre eux) , pendaient sur les fils tendus entre les fenêtres de certains de ces petits dômes et cubes à l'air de mauvais ciment, parfois très rapprochés les uns des autres.
Tout en s'engageant dans une rue qui naissait perpendiculairement à elle, l'exploratrice se fit doubler par un jeune Grap jaune rayé de noir à la façon d'un zèbre -ces créatures humanoïdes au gros ventre rebondi et à la tête de crapaud chevelu pouvaient prendre bien des teintes d'épiderme- et portant une longue tunique grise. Il cahotait lentement sur son véhicule deux roues entre les tracés de peinture blanche et jaune défraichie, au milieu de la chaussée de bitume depuis longtemps crevassée, défoncée, sablonneuse et percée de fougères. Une piste qui aurait difficilement pu être plus mal adaptée. Surveillant régulièrement les alentours, elle avança ainsi jusqu'à tomber face à un grand bâtiment noir et métallique, en forme de rectangle couché, sans aucune ouverture hormis les lourds portails fermés cachant des sas. Il s'agissait du quartier méthane de la ville, qui jurait particulièrement avec le gris sablonneux des autres bâtiments du secteur, et elle le contourna par la gauche. La vie avait du mal à intégrer ce qui ne lui ressemblait pas. La plupart des espèces intelligentes composant la communauté du Quart Galactique Extérieur respiraient une atmosphère fortement oxygénée située dans une certaine échelle de pression, que les Humains avaient simplement baptisé « air de type terrestre » puisque c'était là précisément les conditions auxquelles la Terre avait habitué ses enfants. Un heureux hasard pour l'Humanité; une autre donne aurait considérablement handicapé son remarquable essor spatial au cours du siècle. Parmi les espèces respirant d'autres types d'atmosphère, celles vivant du second type d'air le plus répandu, le méthanien, et qui avaient fondé ensemble une succursale ignorée de cette communauté interstellaire, étaient les seules à pouvoir se mêler durablement aux espèces oxygénées, grâce à des lobbys communs assez fortunés pour financer des ghettos méthane ici et là. Pour les autres, quoi qu'aient valu leurs arts, ils étaient condamnés à rester cloitrés sur leurs propres mondes, à moins de pouvoir se procurer d'onéreux convertisseurs atmosphériques portatifs doublés de systèmes de nutrition indirecte, armures d'ajustement de la pression et autres greffes de branchies génétiquement synthétisées. Des équipements uniquement individuels, bien entendu. De tous les peuples non oxygéniens de l'espace connu, il n'y avait qu'une seule espèce, de surcroît méthanienne, celle des Gaims, qui avait réussi une intégration presque normale. Une société ultra-fonctionnelle et dépersonnalisée, fonctionnant à la dure sans laisser naître d'aspirations trop individuelles, n'était pas pour rien dans ce succès rondement mené, avec une régularité d'horloge. Les autres avaient jusque-là été reléguées hors de leurs mondes à une situation misérable. Du moins, cela avait été vrai sans une contestation possible jusqu'à ce que l'on sache que sur la lointaine Babylon 5, Kosh, l'ambassadeur de la nation la plus ancienne et la plus puissante, à tel point qu'on la prenait encore pour une légende à la fin de la guerre Terre-Minbar, respirait bel et bien un air non terrestre. Mais si ce symbole novateur devait avoir un impact concret par la suite, il ne s'était pas encore manifesté. Cette question de l'air respiré dans une certaine échelle de pression se doublait de la question de la gravité supportée, des rayonnements acceptés, des températures requises, et ainsi de suite. Toute espèce péchant trop largement, vis-à-vis de la moyenne des espèces du Quart Extérieur, sur un seul de ces tableaux, était le plus clair du temps condamnée à construire à part sa propre communauté interstellaire, dont l'intégration économique au reste du Quart demeurerait indéfiniment minime en comparaison de ce qui pouvait se faire; se limitant en règle générale à de prudents et procéduriers échanges de cargaisons, entre vaisseaux spécialisés dans le transfert entre milieux incompatibles.
Toutefois, respirer un air non terrestre, ou toute autre caractéristique physique empêchant une intégration naturelle et immédiate, était encore un moindre handicap pour une forme de vie intelligente, dans cet univers. On découvrait rarement des mondes vivants, accueillants, qui ne soient pas déjà le siège d'une civilisation indigène ou bien la possession coloniale d'une puissance extérieure. Lorsque l'Intelligence dans sa conception classique, attachée à la forme sociétaire et technique, avait besoin de l'un de ces territoires disponibles, il était souvent bien difficile de faire valoir leurs droits pour des formes d'intelligence sans science, parfois même ne vivant pas en groupe, ou bien "trop" en groupe, sans aucune forme de conscience personnelle. Ou pire encore, dérogeant totalement aux critères classiques en n'étant pas mobiles, ou même pas «matérielles ». Les rachitiques arbustes télépathes survivant péniblement au dessus des rochers secs de Morne VI, avec leur bagage philosophique ancien de plusieurs millions d'années, en avaient fait l'amère expérience lorsque les fonctionnaires impériaux de Korn IX étaient venu établir une raffinerie sur place. Ce n'était pas par mépris ou égoïsme. Tout simplement, les factions conventionnelles, bien qu'enclines pour la majorité à respecter plus ou moins les droits d'autrui, avaient du mal à reconnaître une intelligence là où elle se trouvait lorsque la forme prise par cette dernière n'entrait pas dans leurs représentations connues et balisées de la chose; à savoir une espèce faite d'unités matérielles, mobiles et non toxiques, comprenant un minimum les concepts de technique, d'individualité, de communication et de société, et enfin, faisant partie d'une certaine marge de dimensions physiques. Critères dont la réunion n'était pas si fréquente qu'on le pensait. Ou alors parfois, si ces formes d'intelligence "extra-conceptuelles" n'étaient pas totalement invisibles aux yeux inavertis, des enjeux économiques ou hiérarchiques trop importants donnaient naissance au petit soupçon de mauvaise foi nécessaire pour se persuader, malgré quelques doutes, qu'il n'y avait sûrement rien à voir du tout sur cette planète désertique au sous-sol riche en minerais, où les ouvriers entendaient pourtant des voix. La vie et l'intelligence sous des formes que les Intelligents traditionnels ne pensaient pas à regarder étaient probablement les plus répandues dans l'Univers, mais par définition, elles étaient pour ainsi dire inconnues. Aussi bien capables de se laisser détruire accidentellement sans que jamais personne ne remarque leur cri de détresse, que de balayer une flotte surarmée sans que elle, n'y ait compris quoi que ce soit. Et, de penser que toutes ces espèces intelligentes étaient miraculeusement connectées les unes aux autres par dizaines, grâce au partage de conditions vitales suffisamment proches, ou à défaut par une façon d'exister et des moeurs un minimum compatibles, ne faisait que renforcer l'avalanche vertigineuse qui suivait le plus souvent lorsque l'on réalisait que toutes ces créatures n'étaient jamais qu'une petite minorité de ce que la vie avait su inventer en travers de ces mêmes quadrants.
Devant elle, la porte extérieure de l'un des sas se décala, laissant sortir une sorte de cheval sans tête vêtu d'une combinaison intégrale, d'un bleu électrique veiné de rose cristallin, sans zones translucides à l'attention d'hypothétiques yeux. Une sorte de selle mécanique bardée de bombonnes était harnachée sur son dos. -Créature, dit l'équidé E.T dans sa propre langue sans que l'on puisse comprendre d'où exactement venait le son, le centre des communications interstellaires du quartier? Elle leva les yeux vers le gros alien quadrupède qui lui montrait son profil. Elle comprenait instantanément ce qui lui était dit, en quelque langue que ce soit, mais n'était pas capable de répondre dans le langage de l'interlocuteur sans avoir longuement étudié ce dernier. C'était là l'étrange malédiction de sa télépathie atypique. Elle montra du doigt la rue directement attenante au centre, et accompagna son information de la formule « marcher devant longtemps, et après, la gauche » en Centauri Sidéral. L'alien sans tête s'inclina sur ses deux pattes avant (deux fois le même jour! Elle n'en avait guère l'habitude) et partit au trot. Le tachyonique était une technologie toute récente pour les Humains. Nulle doute que le centre miteux en serait toujours au subspatial. Des enregistrements expédiés d'un système à l'autre en plusieurs heures là où en y mettant le prix, il aurait été possible à tous de discuter en temps réel d'un bout à l'autre de la galaxie. Si il y avait eu un autre bout de la galaxie, puisque personne dans l'espace exploré ne savait ce qui habitait ou n'habitait pas l'autre côté de la périphérie Lactéenne.
Lassée des interruptions, elle accéléra le pas pour se retrouver le plus rapidement possible en vue de sa destination, située non loin après le bloc méthane. Arrivée au coin de ce dernier et du bloc aquatique, pour les espèces marines les plus courantes, elle pesta contre le sol sablonneux qui la ralentissait tout en fatiguant ses jambes, puis arriva en vue du Space Khéops, un pub pyramidal d'un étage, battit en boue locale et grossièrement peint en jaune. L'édifice reposait au coin d'un agencement d'appartements classiques pour le lieu. Traversant le carrefour, elle eût tôt fait de se retrouver devant la fine porte grimée de hiéroglyphes de toutes les couleurs. Attentive à la musique qui s'en échappait, elle la poussa et pénétra les lieux. Dans la grande salle partiellement éclairée, quelques aliens paressaient mollement autour des tables rondes jaune canari et des grands verres fumeux qui y étaient déposés. Dont un couple de Léciants, ces créatures de petite taille, nues, qui ressemblaient à de grosses tortues dressées sur leurs pattes arrière. Avec leurs imposantes carapaces dorsales, il leur était fort compliqué de s'asseoir sur les chaises, fauteuils et tabourets de facture Humaine. Un jazz sous influences et sans chant raisonnait sur les parois rêches en s'insinuant partout, soporifique. Aucun musicien n'étant visible, il s'agissait probablement d'un enregistrement ou d'un poste de radio.
-Tu prends ta revanche, jolie? Lui demanda une blonde d'aspect engageant, en ouvrant largement son chemisier vaporeux pour exhiber ses trois seins. -La prochaine fois, répondit la visiteuse, un grand sourire grippé et idiot collé à la figure, tandis qu'elle attrapait son chapeau pointu pour le garder à bout de bras. Il n'y avait qu'un seul autre Humain dans l'établissement. Accoudé à la table la plus dans l'ombre, il attendait, chauve et très enrobé, sa mine flasque et patibulaire remarquable par sa vacuité expressive. Il était vêtu de la manière la plus passe-partout qui soit à Armstrong, à savoir l'uniforme des ouvriers de l'industrie d'hélium 3.
La jeune femme louvoya, comme si elle faisait mine de choisir à quelle table se poser, puis à la dernière seconde, s'assit en face du gros personnage, avant de poser son couvre-chef sur la dite table. -Presque pas en retard, grogna l'étrange individu. -Presque pas ridicule, votre accoutrement, répondit-elle. -Vous l'avez cependant reconnu sans mal. -Difficile d'en disconvenir, rit-elle en essayant de ne pas attirer l'attention des autres clients. -Prenez quelque chose, si vous ne voulez pas nous faire remarquer. Elle détailla le jus sombre, d'aspect épais et sirupeux, qui stagnait dans la chope, encore agitée de quelques soubresauts de chaleur. Cela n'avait pas empêché celui qui l'avait commandé d'en avoir déjà bu plus d'un tiers. -C'est quoi? -Bière Narn bouillante. -Ok. Je prendrai un diabolo fraise quand le barman passera prendre la commande. -... -Otez-donc cet air de mépris de votre face, A'Rone, même le tas de caoutchouc qui vous camoufle ne suffit pas à le dissimuler. Vous voulez-nous faire repérer? -L'avez-vous? -Bien sûr, je l'ai. -Je veux le voir. -Pourquoi? -Parce que vos seules paroles ne reflètent pas la réalité, pas davantage que vous ne vous appelez Vala Black. Autant je peux comprendre votre désir de protéger vos proches, autant il est périlleux de s'abandonner aux jeux d'argent et d'influences avec notre maître, le maréchal G'Rak. -Je doute que ma famille soit à la portée de quiconque dans cette zone de l'espace, répondit sèchement Vala en sortant de son décolleté rouge brillant les deux petits rouleaux blancs accolés, sur lesquels étaient enroulés plusieurs couches de papier électronique indéchirable. Oui, j'ai appris que G'Rak était parvenu à remuer tout le Deuxième Cercle lors de la dernière réunion des états-majors de la nation, reprit-elle. Je suis sûre que c'est une très bonne chose pour le Régime.
L'interlocuteur était visiblement un partisan très enthousiaste. Et sa joie contrastait avec ses traits figés dans un air désespérément négatif. -Le clan royal et ses arbitrages moraux sont devenu un obstacle qui diffère et tempère l'établissement d'un pouvoir plus volontaire et plus fort. Le Deuxième Cercle doit devenir le Premier. Plus encore, il a besoin d'un chef fort pour le mener. G'Rak est à la fois seigneur hériter de l'une des plus prestigieuses communautés Narn sur la planète mère, grand prêtre rompu à l'ésotérisme de l'ancienne époque, mais aussi haut officier expérimenté, tant dans le domaine militaire que diplomatique. Il est parfait pour mener le Kha'Ri et la patrie. -Je le sais, A'Rone. C'est pour ça que j'ai fais ce choix. Je crois en sa parole. -Pour de mauvaises raisons... Dépliez-le. -L'important est le résultat, non? Répondit Vala en écartant d'un coup sec les deux rouleaux métalliques, ce qui illumina la fine surface lisse tendue entre les deux tubes. Plusieurs colonnes y étaient retranscrites, emplies de symboles changeants, dans une langue inconnue de l'espion. Des relevés topographiques en trois dimensions s'y inscrivaient, agités, et striés de légendes incompréhensibles. Le jour du rendez-vous approche, poursuivit Black, et en échange de la traduction du contenu de ce petit jouet, j'aurai enfin ce manoir où finir en paix mes vieux jours. -J'espère pour vous que vous avez conscience des conséquences s'il apparait par la suite que la traduction était fausse. -Ne vous inquiétez pas pour moi. Personne dans cette galaxie ne peut me trouver un enfer à la hauteur de celui dont je me souviens. Pas même les Narns. -Nous ne plaisantons pas, Vala Black, siffla l'individu en appuyant sa paume sur la table. Nos espions rapportent des mouvements étranges chez les Terriens depuis ces trois dernières années, et qui ne vont qu'en s'accentuant. Des véhicules économiques et militaires sont détournés, de plus en plus nombreux et de plus en plus chargés, vers des angles morts du territoire de l'Alliance Terrienne, d'où ils ne reviennent parfois jamais. De vastes zones où officiellement il n'y a rien ni personne, comme au beau milieu des déserts Martiens! D'autres dépassent la frontière et s'enfoncent au loin dans les Limbes, à des milliers d'années-lumière des quadrants connus, biaisant aléatoirement leurs itinéraires et leurs manœuvres pour perdre d'éventuels poursuivants. Comme nous! Certains de nos avatars ont été abattus de la manière la plus sommaire, ce qui témoigne de leur nervosité. G'Rak dit qu'il est évident que les Terriens cherchent quelque chose, ou l'ont déjà trouvé; et dans un cas comme dans l'autre, il va de la sécurité du Régime de savoir de quoi il s'agit. Si votre document nous permet réellement de préciser la situation, comme vous le prétendez, vous aurez tout ce que vous mériterez. Si vous essayez de nous doubler... même chose. Vala se renfrogna, silencieuse. Les menaces récurrentes assénées comme autant de coups de poing par ses tempétueux partenaires étaient pour le moins lassantes. -Pas de changement pour le lieu de rendez-vous? -Non. Les militaires Humains ont isolé l'étage souterrain aux mains des trafiquants Betelgiens fous, mais ils n'ont toujours pas trouvé le passage que nous vous avons indiqué. Pas de raison, donc, de remettre cela en cause.
Le visage accueilli par la fraicheur de l'extérieur, Vala Black recoiffa son chapeau d'une main tandis qu'elle poussait la porte du pub de l'autre. Elle s'éloigna à grands pas, s'étonnant de trouver la luminosité en berne, avant de se rappeler que l'éclairage municipal était conçu pour reproduire un semblant d'alternance jour/nuit. La jeune femme soupira, et, les mains dans les poches profondes de son grand manteau, leva le nez. Au delà de la grande armature bombée formant un maillage d'énormes lignes métalliques grises et d'immenses plaques transparentes, il y avait le ciel étoilé. Et, trônant en son centre, gigantesque, majestueuse, la sphère bleue et blanche, parsemée de plus petites parcelles aux délimitations torturées et complexes, des parcelles de différentes sortes de vert et de beige. Presque dans la gueule du loup...
Fin du chapitre
Dernière édition par Mat Vador le Mar 21 Juin 2011 - 16:55, édité 15 fois |
| | | EvilLoki Pirate Galactique
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| Sujet: Re: Kaliam Connection Mer 23 Juin 2010 - 19:33 | |
| Tiens, bizarrement je suis le premier à commenter ce nouveau chapitre. Que dire si ce n'est que c'est encore un très bon chapitre, même si certains passages m'ont laissé assez perplexe. En effet, Mat chercherais-tu à faire le cross-over ultime ? C'est sympa de mélanger autant d'univers, mais ça fait quand même bizarre. Enfin bon, tant que ces cross-over reste dans le domaine de l'anecdote, cela ne dérange pas trop. Concernant l'intrigue, ce chapitre est un peu énervant (dans le bon sens du terme) car il n'apporte aucunes réponses mais multiplie les questions. Toute cette histoire s'avère finalement beaucoup plus compliquée que ce que l'on pouvait attendre jusque là et je pense notamment au lien qui unit ou unissait O'Neil et G'Kar. Les Narns ont l'air d'être fortement impliqué dans cette affaire ou en tout cas ils ne veulent pas laisser les Terriens faire cavalier seul. J'avoue avoir un peu oublié cette ambiance saison 1. C'est aussi marrant, mais j'ai eu l'impression que tu écrivais ce passage pour moi et répondre à ma remarque précédente. - Citation :
- Pour monter à bord de Babylon 5, il suffisait de posséder l'une des nombreuses sortes d'identicards utilisées dans le quart galactique extérieur, et que les Centauris, les Drazis, et d'autres alliés de l'Humanité, avaient eu la sympathie de recenser pour les Terriens en 2555, afin d'organiser le système d'accès à la future station cosmopolite. Cette mécanique, qui n'évitait pas les contrefaçons, avait pour seul objectif de réduire le flux de visiteurs aux espèces ayant déjà approché la communauté interstellaire par un bord ou par l'autre et n'étant connues pour aucun risque sanitaire ou stratégique significatif. Le résultat factuel en était que pour être à bord de Babylon 5, une espèce n'avait pas à être connue des Humains, mais seulement à ce qu'une espèce qui connaissait une espèce qui connaissait les Humains, se porte garante d'elle ; ou, plus fréquemment encore, qu'aucune espèce « de référence » n'en ait entendu dire trop de mal. Il fallait bien comprendre que dans les quadrants commerciaux francs et multiraciaux constituant le plus clair de la superficie de l'espace exploré, colonisés anarchiquement par tout le monde et n'importe qui depuis des millénaires, nombre d'espèces, voire de spécimens isolés; mutants, métissés, robotisés ou même synthétiques, dépourvus de planète maternelle à proprement parler, nés dans les étoiles entre deux cales clandestines d'un cargo ayant trop approché une supernova ou la planète d'un savant fou, ne répondaient plus à quelque classification génétique ou nationale que ce soit. Si bien que tracer leur nature, leur provenance et leur passif était parfois une idée intrinsèquement dépourvue de sens. Tant que quelqu'un ou quelque chose avait une identicard d'un modèle répertorié, qui ne trahissait aucune alerte en matière de santé, de justice et de sécurité lors du passage en douane, alors personne ne demandait rien à personne, et un individu appartenant à une forme de vie non répertoriée à Genève n'avait aucun compte à rendre, aucune information à communiquer, auprès des autorités de la station. D'ailleurs, nombre d'entre eux n'étaient que des individus isolés, marginaux pour une certaine proportion, et n'auraient pas eu grand chose à dire à propos des leurs.
Un tel système avait eu pour conséquence qu'une célèbre criminelle de guerre Dilgar, membre d'une espèce dont, depuis sa défaite fatale en 2232, la probabilité d'une rencontre n'avait d'égal dans sa faiblesse que la joie qui aurait été associée à ce même évènement, puisse se faire admettre à bord sans aucune difficulté grâce à une identicard truquée. Ho, bien sûr, depuis cet incident embarrassant, les aliens dont l'espèce n'était pas identifiée à l'entrée étaient automatiquement repérés par les caméras de surveillance, et leurs moindres faits et gestes légalement observables étaient suivis par leur biais, afin que les experts de l'Alliance puissent établir les premières ébauches de dossiers concernant une espèce nouvellement repérée, mais peu encline à détailler ses origines et ses mœurs. Avec des cafouillages, parfois : pouvaient être classés comme espèce inédite des individus atypiques qui n'auraient été que des personnes naines ou albinos sur Terre. Cette vision n'est pas la mienne concernant le mode de fonctionnement de Babylon 5 mais elle reste parfaitement plausible. A part ça, les descriptions sont toujours aussi efficace et les dialogues sont pour la plupart très naturels. J'attends avec impatience la suite car pour le moment, de nombreuses questions reste en suspens. |
| | | ketheriel Conquérant Itinérant
Nombre de messages : 1441 Age : 44
| Sujet: Re: Kaliam Connection Mer 23 Juin 2010 - 22:32 | |
| - Citation :
- Toute cette histoire s'avère finalement beaucoup plus compliquée que ce que l'on pouvait attendre jusque là et je pense notamment au lien qui unit ou unissait O'Neil et G'Kar
Il y a aussi le passage entre Garibaldi et Sinclair qui complexifie pas mal la chose^^ D'ailleurs pour ma part le meilleur passage de ce chapitre rendant même Garibaldi sous un jour peut être plus fin que dans B5. |
| | | Mat Le Pharaon
Nombre de messages : 5127 Age : 34 Localisation : Amiens
| Sujet: Re: Kaliam Connection Jeu 24 Juin 2010 - 1:43 | |
| - Citation :
- même si certains passages m'ont laissé assez perplexe. En effet, Mat chercherais-tu à faire le cross-over ultime ? C'est sympa de mélanger autant d'univers, mais ça fait quand même bizarre. Enfin bon, tant que ces cross-over reste dans le domaine de l'anecdote, cela ne dérange pas trop.
A mes yeux, c'est un jeu littéraire : je cherche à mettre la fiction en abime. Pour nous, B5 et Alien sont deux fictions, distinctes. Quand on se plonge dans l'une des deux, il n'y a que deux manières de prendre l'autre en compte (dans la mesure où on ne se contente pas juste de ne jamais l'évoquer, ce qui est le plus simple, le plus naturel et le plus courant dans la plupart des créations) : soit l'autre oeuvre est toujours de la fiction, soit un univers commun est reconnu, qu'il existe de manière active ou juste passivement, et dans ce cas, techniquement, c'est un crossover. Ici, j'ai cherché à bousculer les règles et les limites. Je propose donc trois modèles: -les deux fictions ne forment qu'une seule réalité, dans ce cas les conséquences de leur fusion n'existent pas forcément qu'à un niveau "sérieux" mais peuvent aussi très bien avoir un impact plus anecdotique, survenant notamment au niveau de la création intellectuelle interne à cet univers. => Dans le cas de la séquence sur l'univers Alien et plus précisément sur la relecture du film Aliens, j'ai cherché une sorte de mise en abîme, de jeu de poupées russes. Tandis que chez nous les évènements de la franchise Alien sont fictifs, dans Kaliam ils sont des faits réels... qui ont eux-mêmes donné naissance à des adaptations partiellement fictives au cinéma. La boucle est bouclée, la fiction revient à la fiction, le cinéma revient au cinéma. A ceci près que Ivanova sous-entend que les évènements de cette saga, fictifs pour nous mais véridiques pour mes personnages, tout comme le sont leurs propres aventures dans ma fic et dans la série télé, pourraient en fait, du moins de son point de vue, n'être à l'origine qu'un canular monté par la Ripley qu'on croit connaître, le même soupçon que celui que lui oppose à demi-mots le conseil d'administration de la Weyland dans le vrai film. Et c'est reparti pour une boucle de plus... -l'une des deux fictions reste fiction au sein de l'autre qui elle, fait office de réalité de référence : pour autant, ça ne veut pas dire qu'elle n'aura pas d'influence sur le cours des évènements. La fiction peut très bien avoir une influence réelle en tant que telle, à la manière, dans l'absolu, des mythologies antiques. C'est pourquoi, tout comme dans la vraie B5 il existe des cargos Asimov, l'on se retrouve ici avec une colonie baptisée Roddenberry. On peut donc en conclure que dans Kaliam, Star Trek (et le reste de son oeuvre, Andromeda et Earth: Final Conflict) est "juste" une fiction datant de notre époque, comme dans la réalité, mais une fiction qui a marqué les esprits au point d'influencer la manière que l'Humanité future, en l'occurrence l'Alliance Terrienne, a de penser sa nature, son organisation et son rôle dans le cosmos et dans les interactions interraciales. Par rapport à un certain nombre de concepts, également. Par exemple, peut-être que quelques années après Kaliam, la vision qu'auront les Terriens de l'Alliance Interstellaire sera directement influencée par la Fédération "Roddenberryenne" des Planètes Unies, ainsi que sa suite symbolique, la République intergalactique, vues il y a longtemps dans Star Trek et Andromeda, car ensemble elles seront devenu un concept générique et atemporel, l'état multiracial façon Roddenberry; à l'image de l'Empire Galactique et de la Robotique façons Asimov, des Anciens façon Clarke/Kubrick, de la terraformation façon Robinson, etc. -le dernier cas est celui du clin d'oeil classique, où l'une des deux fictions, prépondérante, fait office de cadre, de réalité locale, mais au sein de laquelle l'autre fiction n'a aucune existence formelle; ni factuelle, ni fictive. Il existe donc une concordance que les personnages ne remarquent pas, puisque pour eux tout est authentique et normal, mais dans laquelle le lecteur reconnaîtra, lui, un clin d'oeil. Il s'agit par exemple du clin d'oeil au 5th Élément. Il ne s'agit évidemment pas d'un crossover, puisque dans le film l'animateur radio s'appelle Ruby Rhod et non Ruby Rose, la chanteuse (tout en bleu) s'appelle en vrai Plavana-Guna, le paquebot sidéral est de facture Terrienne, et puis plus généralement, ce film se déroule en 2214 et ce qu'on y voit en termes de mœurs, de technologies et de faits en général est en large partie incompatible avec B5. Pour mes personnages, tout ceci n'existe pas, seul ce qu'ils connaissent est la réalité, mais le lecteur profitera, lui, de l'hommage, à un niveau autre que celui du seul scénario. En gros, si dans Kaliam on a côte à côte deux éléments venus de deux fictions différentes autres que B5, l'un pourra y demeurer une référence à une simple fiction, tandis que l'autre sera promu référence à un fait réel.^^ Bien évidemment, je ne prétend pas que démêler le vrai du faux soit forcément toujours évident à la première lecture, mais c'est une démarche que j'assume, malgré la possible désapprobation (fondée, je le reconnais sans mal) de certains d'entre vous. J'avais envie d'essayer des choses nouvelles, des choses qui ne se font pas. J'apprécie assez le côté mille-feuilles piégé, labyrinthique, obligeant à se casser un peu la tête, que donne le résultat, même s'il peut agacer que je mélange (trop?) jeu et rédaction. D'autres plus ou moins anecdotiques, comme le Pandorien ou Vala Black, sont à cheval entre plusieurs modèles, et dans une certaine mesure il faut se faire sa propre idée, jusqu'à ce qu'un élément nouveau arrive... éventuellement! C'est mon côté poil à gratter (Skay) . ^^ Toutefois, je vous rassure, je n'irais pas jusqu'à laisser une quelconque ambiguïté dans le cas de ce qui influe réellement sur la trame. Pas de doute sur le fait que la saga Alien et le film Stargate existent au même titre que B5, par exemple. - Citation :
- C'est aussi marrant, mais j'ai eu l'impression que tu écrivais ce passage pour moi et répondre à ma remarque précédente.
C'est seulement à moitié vrai^^ J'avais déjà commencé à en parler avant ta remarque, rapport à l'entourage immédiat d'Ivanova dans la scène. Il me semblait logique de parler un peu de ce dont tout ceci découlait. Cependant, je reconnais bien humblement que ta remarque a eu pour effet que je double au moins la taille du passage en matière de détails.^^ - Citation :
- Cette vision n'est pas la mienne concernant le mode de fonctionnement de Babylon 5 mais elle reste parfaitement plausible.
Ceci dit, avec ton propre modèle, celui que tu détaillais peu auparavant, comment explique-tu qu'un Soul Hunter et des Technomages soient à bord de la station alors que manifestement, les Terriens ne les connaissent alors qu'en tant que légendes, sans avoir eu de premier contact? Que le plus célèbre et le plus détesté des fugitifs criminels d'une espèce officiellement disparue depuis 30 ans puisse se faire admettre à bord par la douane si aisément? Que Sheridan ignore ce que sont les mendiants que Kosh lui présente? Etc? - Citation :
- Que dire si ce n'est que c'est encore un très bon chapitre, [...] A part ça, les descriptions sont toujours aussi efficace et les dialogues sont pour la plupart très naturels. J'attends avec impatience la suite car pour le moment, de nombreuses questions reste en suspens.
Je te remercie. Bien heureux que cela te plaise... j'avais menti à ceux qui m'avaient posé la question, en sous-entendant que le chapitre suivant serait le reboot d'un chapitre préexistant, alors que je savais qu'il s'agirait de pur inédit. Dans la version originale, l'on enchainait directement sur la suite de l'action. Je suppose que l'on peut tout aussi bien trouver que ce chapitre-ci apporte un approfondissement souhaitable aux coulisses de l'intrigue et à l'état d'esprit des personnages, que regretter que l'action mette encore plus de temps à démarrer qu'avant. Mais je pense que cet arrêt était nécessaire à la mouture de cette nouvelle version. Autant pour livrer l'état d'esprit personnel de nos héros adorés (hein Skay?) à la suite du choc du briefing (d'où le titre) , et accentuer certains traits de leurs personnalités et de leur background (je case par exemple ma conception de pourquoi la Takashima du téléfilm pilote était plus atone que celle de ma fic, plus d'un an plus tard) , que pour jeter les bases de certains des nouveaux fils rouges, inédits à cette version liftée (par exemple, G'Kar n'était toujours pas apparu au onzième et dernier chapitre de la première version, et rien dans mon plan de l'époque ne présumait qu'il y apparaitrait jamais) . - Citation :
- Il y a aussi le passage entre Garibaldi et Sinclair qui complexifie pas mal la chose^^ D'ailleurs pour ma part le meilleur passage de ce chapitre rendant même Garibaldi sous un jour peut être plus fin que dans B5.
Merci!^^ Je l'ai écris en forme de réaction aux informations du prologue. Mais il y aussi d'autres connexions internes au chapitre entre cette enquête et le reste des informations données dans le chapitre, même si c'est plus ou moins explicite. |
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