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| Kaliam-C : archives versions & commentaires (spoiler) | |
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+4Artheval_Pe Haiyken ketheriel Mat 8 participants | |
Auteur | Message |
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Mat Le Pharaon
Nombre de messages : 5127 Age : 34 Localisation : Amiens
| Sujet: Kaliam Connection (lire ici) Sam 5 Avr 2008 - 23:39 | |
| Pour lire les autres commentaires: ici et làKaliam Connection Prologue[...] La fin de la mission s'est enchaînée très vite. Kawalsky, Ferreti et moi nous sommes retranchés dans la salle du portail interplanétaire, le coeur du temple, et avons dû le défendre contre les hommes de Râ encore plusieurs minutes, alors que la bombe nucléaire modifiée que nous avions pu intercepter continuait son compte-à-rebours. Jackson, qui avait bien conscience d'être parfaitement à découvert, a tout juste eu le temps d'activer la porte des étoiles avant d'être abattu par l'ennemi. Mais se faisant, il apparaît clairement qu'il nous a tous sauvé la vie. Les trois survivants de la mission ont traversé le portail. Le compte-à-rebours indiquait alors 30 secondes avant explosion. Selon toute logique, le téléporteur intergalactique Nagadian, mais aussi toute la population autochtone, ainsi que Râ, son vaisseau et ses sbires, -autrement dit tout ce qui se trouvait alors sur la planète- ont été détruits. Extrait du rapport préliminaire de la mission Nagada de 1994 par le colonel Jonathan J. O’Neil, rapport actuellement conservé au bureau des archives classifiées de l’Alliance Terrienne, année 2258.Chapitre premier: NaufrageL'homme allongé se trouvait dans les appartements privés du commandant de Babylon 5 à bord de la dite station, en 2258, quelques temps avant l’épisode 01-21 « Chrysalide ». Le sommeil n'aidait guère les traits fermés de son visage à se départir de leur habituelle stature de noblesse et de gravité, si bien que la nuit n'avait pas l'air de le détendre réellement. D'une certaine manière, il donnait l'impression de vouloir demeurer le même leader compétant et perspicace, éternellement stoïque et définitivement égal face à toute situation, y compris jusque dans ses songes intimes. Le commandant Sinclair était effectivement en train de rêver lorsque l'apostrophe doucereuse de l'intelligence artificielle l’arracha à Morphée, ce matin là. Matin, selon des conceptions toutes Terriennes puisqu’il n’y avait ni matin, ni midi ni soir dans le vide cosmique, et parce que la planète la plus proche était bien loin de partager le rythme de révolution solaire d’une lointaine petite planète bleue parmi tant d’autres. Mais pour l’heure, Jeffrey avait surtout la bouche pâteuse et de telles réflexions ne le touchèrent donc que très modérément tandis qu’il se redressait dans son lit, le cerveau encore embrumé par son rêve… un défilé de Minbaris, comme si souvent. Beaucoup de choses dans l’inconscient de l'officier s’articulaient autour des Minbaris, prenant au demeurant bien trop de place. Mais jamais Jeff n’aurait pu accepter de consulter un psychologue pour venir à bout de ses obsessions. Une telle démarche l’aurait forcé à révéler certains secrets, des secrets suspects, qui le faisaient douter de lui-même et qui, pour l’heure, devaient rester là où ils se tapissaient. Jusqu’à ce que, peut-être, ses doutes ne finissent par devenir trop lourds au sein de sa conscience. Trop peu reposé, le Terrien ressenti un léger contrecoup de vertige en se levant trop brusquement, les yeux à demi ouverts. Machinalement, il ôta ses vêtements de nuit et marcha nu jusqu’à la salle de douche. Jeffrey y passa un quart d’heure, abusant plus que de raison de l’eau chaude qui contractait les muscles de son corps en une longue accumulation de délicieux spasmes abdominaux. Il lui fallu encore dix minutes pour se décider à couper l'eau puis se sécher, se raser et s’habiller, revêtant à cette occasion le célèbre uniforme de tissu bleu et de cuir marron de l’Alliance. Puis il alla s’asseoir au fond de son fauteuil, profitant de son sas mental avant de commencer la journée. Des négociations entre les Humains et des aliens l’attendaient, pour autoriser l’intégration des astroports de la ceinture d’astéroïdes du Système Solaire à l’itinéraire marchand d’une nouvelle société extraterrestre. En soupirant, le commandant activa sa cigarette électronique à la menthe, et prit plaisir aux émanations de vapeur mentholée que celle-ci rejetait non loin de son visage. Jeffrey ne put prendre son temps davantage ce matin-là. -Commandant Sinclair, marmonna le lieutenant-commandeur Ivanova après un bip, depuis le triangle gris et plat qui servait de radio sur le poignet de Jeff. Nous captons quelque chose ici. Venez voir à la passerelle. -Reçu. Sur la passerelle de Babylon 5, quelques minutes plus tard, Susan ne se retourna pas tout de suite lorsque le supérieur hierarchique au doux visage et à la chevelure grisonnante passa les portes coulissantes de la passerelle principale, où régnait une atmosphère déjà fébrile. Comme tous ses confrères, la grande russe était penchée sur ses écrans et cherchait fébrilement à en déchiffrer le contenu, exercice dans lequel elle excellait d’habitude, mais qui cette fois-ci semblait plus ardu qu’à l’accoutumée. -Ivanova? Appela Jeff avec fermeté mais douceur. -Monsieur, répondit précipitamment la jeune brune en se retournant sans le saluer, il s'est passé quelque chose d'étrange à cent cinquante kilomètres de la station. C’est un cas unique, mais si je comprend correctement les données que les capteurs viennent de transmettre, il y a eu un échauffement moléculaire généralisé dans l'espace, pas loin de nous. Comment vous dire... les particules du vide elles-mêmes ont eu un pic d’agitation avant que le phénomène ne cesse, reprit-elle. C'est comme si il y avait eu un... tremblement de cosmos. Si ce truc nous avait touché, même dans ses courants les plus extérieurs, je suis presque sûre que Babylon 5 se serait dissoute comme une statue de sable lors de la marée. -Faut-il activer la grille défensive de la station? Demanda Sinclair sans y croire, mais toujours prudent par principe. -Il n'y a rien ni personne autour de nous sur quoi tirer, monsieur, pour peu qu'on ait seulement subi une véritable tentative d'agression, estima lentement Ivanova, non sans hausser les épaules pour signifier son dépassement. C’est surtout que… et bien, cette espèce de tornade moléculaire, nous ne savons pas ce que c’était. ça suffit déjà à me perturber. J'ai horreur de ne pas comprendre quelque chose, surtout quand ça passe si près de nous. Mais le plus gros soucis, c'est qu'on a pas non plus la moindre idée de si ça peut revenir, se déplacer, et pire encore, de quelles contre-mesures appliquer. -Commandant! Appela d’une voix survitaminée la grande asperge de jeune sous-officier qui travaillait face à sa console en contrebas, dans la dépression qui occupait le sol au centre de la pièce. -Corwin? -L’écho radar signale la présence d’un vaisseau proche du lieu d’échauffement, apparu de nulle part d'une seconde à l'autre, monsieur. Il vient dans notre direction, acheva-t-il avec ses yeux tout écarquillés au milieu de son visage long et maigre, relevé de cheveux blonds coupés court. -Mettez-moi en relation avec eux, ordonna Jeffrey. -Impossible, monsieur, nous ne parvenons pas à établir le canal radio, avoua-t-il. -Ils nous brouillent? -je ne crois pas, commandant, c’est… On dirait qu’on parle dans le vide. C’est silence radio là-bas. Pas non plus de signaux vitaux évidents. -Et il est à la dérive, informa sa collègue. Tous moteurs éteints. Sinclair prit quelques secondes pour réfléchir. -Le portail de saut n'a pas été activé, exact? Alors s’il est là, c'est qu'il a été capable de générer un point de saut hyperspatial pour venir. Cela induit un certain niveau de fonctionnalité, comme probablement pouvoir nous répondre, s'ils le voulaient. Envoyez un starfury à leur rencontre. -A vos ordres. Une minute plus tard, le chasseur Humain aux ailes en X jaillit promptement des coursives de la station, faisant paniquer le petit yacht mauve Centauri qui arrivait à contresens et qui fit rageusement flasher ses signaux énergétiques. Le starfury, lui, se contenta de se propulser à toute vitesse à travers les immensités vides, en direction du vaisseau intrus. -Chasseur à C&C, mon armement est fonctionnel. J’aurai le vaisseau en visuel dans deux minutes. Il ne répond toujours à rien... On dirait que nos transmissions n'arrivent pas. -Soyez méfiant jusqu'au bout, rappela Sinclair qui redoutait un quelconque traquenard, mâchoire douloureusement contractée. Le pilote du starfury vit finalement cette forme qui donnait du relief au cosmos se profiler à l’horizon. -Contrôle, mon ordinateur de bord reconnaît un minéralier militaire Alphator Class. Toujours aucune transmission. -Reçu, starfury. L’image mentale d’un Alphator Class s’imposa aux esprits de Sinclair et de Susan, en attente sur la passerelle. Il était question d'un très long vaisseau-cargo Humain en forme de pointe de flèche, long de six cent mètres; un appareil longiligne et pointu, plat et à la lugubre texture mécanoïde. Un alignement de six réacteurs en tube terminait sa poupe, et sur tout son corps noir puissamment blindé, l’on distinguait des antennes, des paraboles, quelques canons défensifs, des citernes incrustées à l’intérieur de la structure et encore de multiples appareillages, qui ne s'élevaient cependant jamais très à la verticale au dessus du corps allongé de l’engin. -Mon dieu, monsieur… commença la voix hallucinée et hésitante du pilote. Le cargo… c’est… je... je vous envoie le visuel. Les ondes traversèrent en une miliseconde la courte portion spatiale entre le chasseur et la station, et les écrans du centre de contrôle retransmirent alors le visuel du starfury. Tout autour du vaisseau cargo en perdition, des colonnes de flammes et de fumées ponctuées d'éclairs s’échappaient dans l’espace, à la façon de gerbes de sang pulsant hors d'artères tranchées, comme autant de blessures mortelles et béantes. Plusieurs de ses compartiments semblaient avoir fondu sur eux-mêmes, avant que le métal démodelé ne parte en plusieurs stalactites grotesques qui pendaient désormais depuis la face ventrale de l'engin. Sur la face dorsale de la coque, d'autres sillons grisâtres défiguraient l'Alphator en évoquant immanquablement des coulées de lave solidifiée. Enfin, une partie entière de sa tranche n’était plus là, et la déchirure, toute nette, donnait l'irréelle impression qu'un morceau du vaisseau avait été gommé proprement, et non arraché dans un fracas de feu et d'acier comme il était courant. -Ivanova, qu'est-ce qui provoque ça? Chuchota presque le commandant, les yeux rivés sur la baie, comme si le cargo risquait de l'entendre et de mal réagir. -Aucune arme d'aucun peuple dont j'ai entendu parler, monsieur, répondit celle-ci, qui avait pour sa part l'air prête à dégainer son PPG contre on ne savait trop quelle menace. Sinclair se retourna vers son lieutenant-commandeur. -Qu'en pensez-vous? Tant que nous ignorons si c'est cette épave qui vient vers nous qui a provoqué le phénomène, on prend le risque de la laisser apporter une bombe juste sous notre nez et exploser à nouveau, estima Jeffrey une fois la fascination passée. Peut-être devrions nous pulvériser cet engin à la seconde. -Si on se base sur les observations de la première fois, il suffit de caler l'engin sur une orbite suffisamment au large. Toujours en partant du principe que c'est le vaisseau qui a provoqué ce cirque, et force est de constater que nous n'en savons rien... c'est à vous de voir, mon commandant. -Chasseur, ordonna finalement Jeffrey après quelques instants demeuré pensif, on vous envoie des appuis pour remorquer l’épave sur une orbite éloignée autour d'Epsilon 3. Nous sommes en train de définir des coordonnées. Feu à volonté sans préavis si quelque chose venu du vaisseau semble menacer votre sécurité. Contrôle, poursuivit-il, informez Garibaldi. Un commando pressurisé se rendra sur place s'il n'y a pas d'autre échauffement pendant un certain temps. Environ deux heures plus tard, tout était prodigieusement calme à bord du minéralier des étoiles, dont les formes aussi oniriques que diaboliques étaient plongées dans une pénombre sans vie. Mais peut-être s'agissait-il davantage d'une imagination trop vive que d'une authentique possession paranormale. Presque impossible, dans ces conditions, de distinguer les coursives étriquées ponctuées de portes blindées aux digicodes hors-tension, les kilomètres de canalisations et de câbles électriques, parfois piteusement sectionnés, courant au plafond avec les lampes éteintes, ou encore les terminaux informatiques, extincteurs et autres bornes de premier secours rythmant les murs métalliques... l'on ne percevait pas non plus les logos acollés, à l'intérieur de la coque, de l'Alliance Terrienne et de la Weyland-Yutani, l'une de ses plus importantes méga-corporations. Difficile également, dans cette obscurité, de percevoir sans recours au toucher l'étrange déséquilibre qui semblait avoir étranglé les entrailles de l'engin spatial. Perspective faussée, angles et distances rompues, la structure de l'appareil portait en son intimité des stigmates répondant à l'extraordinaire maladie de sa coque externe. Murs, plafond ou sol parcourus de longues cassures aux pointes dangereuses, couloirs tordus et distendus comme dans un rêve, objets partiellement disloqués ou fondus... après de longs dédales où sol et plafond se rejoignaient progressivement en un cul-de-sac atrophié, certains ponts appartenant à des nivaux différents finissaient même par se rejoindre en un noeud massif de sections métalliques écrasées et entemêlées, ayant fusionné les unes avec les autres pour former d'immenses caillots dans l'organisme condamné de l'Alphator. Éteint, glacé, silencieux et immobile, voici qui semblait être la condition finale du vaisseau. Mais à l’intérieur du sanctuaire, une étincelle se fit soudain entendre contre une paroi, et une déchirure verticale brûlante, s’étendant sans cesse, apparut. Dans l’indifférence générale du minéralier et de tout ce qui se trouvait à bord, la forme d’une grossière encadrure de porte se dessina lentement dans la coque par le biais d'une agressive pluie d'étincelles, puis le fragment de paroi fut violemment rejeté à l'intérieur des murs du vaisseau, frappant le sol en un fracas métallique incommodant. Une forme profane pointa alors le bout de son nez à l’intérieur par l'encadrure de fortune; une sonde Humaine, un automate lévitant, se présentant sous la forme d’un cube gris massif. Il était pourvu de divers bras articulés et d'autres câbles rigides ornés de sondes variées, puis d'une caméra oblongue, orientable, imitation de tête flanquée au bout d’un semblant d'immense cou en métal souple.
Dernière édition par Mat Vador le Ven 12 Juin 2009 - 1:06, édité 22 fois |
| | | Mat Le Pharaon
Nombre de messages : 5127 Age : 34 Localisation : Amiens
| Sujet: Re: Kaliam-C : archives versions & commentaires (spoiler) Sam 5 Avr 2008 - 23:39 | |
| Silencieusement, l’engin lévita dans le couloir sombre et mort en projetant les rayons de ses divers capteurs à travers l’obscurité. Quelques dizaines de secondes plus tard, dix Humains en combinaison intégrale noire, la tête protégée par des casques étanches et longs blasters d’assaut au poing, arrivèrent à la suite de la sonde. -Il y a de la fumée dans l'air, non? Demanda Lou Welch. Ou de la poussière, ajouta-t-il. En tout cas, il n'y a pas d'éclairage. -Allumons les lampes, proposa Garibaldi pour toute réponse. Une pression, et les lampes-torches des poitrails de leurs combinaisons se mirent en marche, léchant les alentours d’une lumière blafarde. -Bon sang, c'est délirant, commenta l'un des explorateurs en observant l'impossible intérieur du minéralier aux formes défaites. On dirait le vaisseau du méchant dans une bande dessinée de super héros. Les gardes inspectèrent en quelques secondes un petit périmètre autour de leur portion de couloir, puis revinrent vers leur chef. -OK, résuma Garibaldi, ça semble désert. Taux de radiations inoffensif. Il y a une atmosphère type terrestre, mais avec un déséquilibre dans les proportions, sans doute dû aux dépressurisations partielles, et aussi des traces d'empoisonnement chimiques, sûrement à cause des fuites internes. Du reste, il fait beaucoup trop froid. Invivable, alors on garde les casques. On se divise en équipes de deux, et on sécurise le vaisseau. Welch, tu viens avec moi.
Cernés par les ombres inquiétantes, Michael s’enfonça prudemment dans le couloir opaque, suivi de près par son collègue un peu bedonnant. Il restait assez d'air entre ces murs pour que le bruit de leurs bottes sur le sol leur devienne vite entêtant, meublant le silence avec une efficacité effarante. Mais rien ne pouvait surpasser l'effet que faisait la contemplation de ces formes viscérales, évoquant peut-être quelque ruine extraterrestre mais guère un vaisseau Humain. -Il y a des journées comme ça, Lou, philosopha Garibaldi sans cesser de ballader le canon de son fusil d'assaut autour de lui. Il ne se passe rien pendant des lustres, et un matin, on se retrouve sans crier gare à explorer des vaisseaux remplis de fantômes. -Chef… Touche les murs.
Michael s’approcha de la coque, et passa sa paume gantée dessus. -C’est comme fondu… une coque bosselée, craquelée… on dirait plus la paroi d’une caverne que d'un vaisseau, s'étonna-t-il. -Je ne connais aucune arme qui fasse ça, patron. -Ouais, ça ne ressemble pas vraiment aux effets de quelque chose que je connaisse…Garibaldi à tous, poursuivit-il dans la radio, ne prenez en aucun cas les ascenseurs. Il y a un réseau d’escaliers accolés aux salles de fret dans les Alphator Class, restez dessus.
Michael releva la tête et contempla le couloir plongé dans le noir, qui ressemblait maintenant à un boyau irréel. Mal à l'aise, le chef de la sécurité eût soudain l'angoissante impression de visiter les entrailles de quelque monstre géant, horreur hybride mi-organique, mi-mécanique. -Bon sang, le sol n’est même plus droit… Le couloir est pratiquement devenu circulaire.
Un peu plus haut, dans la paroi, il y avait une épaisse cassure courant tout du long du couloir. Des échardes de métal pointaient dans toutes les directions, disloquées net. -Comme si le vaisseau avait été sectionné à force d’être trop « tordu », commenta Lou. -ça fait très, comment dire... cinéma expressionniste Allemand des années folles? Remarqua Garibaldi, qui ne savait pas trop, en disant cela, s'il souhaitait se faire rire ou penser à autre chose.
-Voilà qui devrait mener aux zones de fret, annonça-t-il encore en poussant la porte en plastique dégoulinant.
De l’autre côté, Garibaldi et Welch eurent une lumière autre que celle de leurs torches incorporées. Ils se tenaient en haut d’un double-escalier menant à une grande salle d’entrepôt, de laquelle jaillissaient de petits incendies, ainsi que des voluptes de gaz coloré et de fumée réflechissante. Toutes lumières éteintes, l'on distinguait au travers du brouillard sulfureux des plates-formes de chargements poussiéreuses, des bennes rouillées couvertes de suie et des véhicules enduis de cambouis, à la lueur des flammes toxiques. -Mon dieu… Chef… Regarde… Prévint le garde enrobé en se reculant d’horreur.
Dans le mur, au dessus de la descente d’escalier, une forme de chair flasque rappelant grossièrement une silhouette Humaine et ses vêtements était fusionnée au métal. Plate comme un bas-relief viscéral, une main crispée et l’ébauche d’un système digestif s’en extirpaient douloureusement.
Garibaldi sentit soudain son cœur remonter au bord de ses lèvres. Il se retourna et se pencha par dessus le bastingage de l’escalier, attendant de réussir à tirer son haut-le-cœur jusqu'au fond de ses entrailles. -On va… prendre l’autre escalier, souffla-t-il avec difficulté, la face rouge sous son casque étanche.
On aurait pu trouver curieux que Garibaldi, en tant que chef de la sécurité, soit si sensible aux visions d'entrailles et autres dégoulinements viscéraux. En réalité, traumatisé par des films visionnés en cachette dans sa petite enfance, le Terrien désabusé avait une phobie des visions "chirurgicales"; qu'il cachait publiquement, mais qui avait constitué l'essentiel de sa motivation primordiale et plus ou moins inconsciente pour dédier sa vie professionnelle à la protection et à la sécurité. Plus tard, ayant ouvert les yeux sur son état, il en était venu à estimer que chaque fois que sa "faiblesse" revenait l'incommoder sur le terrain, c'était nécessairement qu'il avait quelque part manqué à son devoir, et donc qu'il avait mérité sa punition. Aussi longtemps qu'il était efficace, il n'avait normalement pas à souffrir de son inconfort.
Une fois les marches difformes et inégales descendues avec prudence, les deux soldats se retrouvèrent exposé à la chaleur des foyers incendiaires, dont certains aux couleurs chimiques de feux d'artifice, qui se répartissaient anarchiquement au milieu d’un réseau d’énormes câbles métalliques courant sur le sol à perte de vue. -Garibaldi à C&C, cracha-t-il péniblement de sa voix haletante, c’est vraiment irréel ici. Tout est déformé… on dirait que quelqu’un a aspiré tous les atomes du vaisseau et les a recollé n’importe comment… Et il n’y a pas de cargaison dans le dock de chargement central, juste des câbles de un mètre de large qui courent sur toute la longueur. -Comme prévu, probablement pas de survivants, ajouta Lou.
La voix de Sinclair se fit alors entendre dans la radio. -Essayez de voir où ils mènent, Michael, et puis rentrez. -Reçu.
Prudemment, les deux hommes avancèrent entre les câbles fumants, hauts comme leurs jambes. Sur le chemin, ils découvrirent un autre corps; celui-ci réduit à l’état de flaque de chair décomposée et garnie d'ossements bouillis, pour un résultat sinistre et en aucun cas identifiable visuellement. Cette fois, Garibaldi eut toutes les peines du monde à ne pas vomir, ce qui eut été ô combien pénible dans une combinaison spatiale indispensable et totalement étanche. Il reprit son souffle, puis les deux hommes, blêmes, avancèrent encore une centaine de mètres. Ces grands entrepôts en longueur, formant une unique pièce gigantesque ponctuée d'escaliers à côté des compartiments de vie centraux de l'Alphator, pouvaient, à raison de deux cales de ce type à la gauche et à la droite de l'axe médian de l'engin, contenir une véritable fortune en minéraux. -Voilà le cœur du cargo... je crois.
Au centre de la salle de chargement, se trouvait un podium circulaire de plusieurs mètres de haut, entouré de quatre élévateurs mécaniques. Non loin de lui, un véhicule de chargement abandonné était à moitié évaporé, des bras sans corps agripés au volant. Mais toutefois, c’était au sommet de cette plate-forme que tous les câbles semblaient se rejoindre.
Garibaldi et Lou utilisèrent l’un des quatre petits élévateurs, et se retrouvèrent aussi sec sur la plate-forme ronde. En son centre, posé sur une sorte d’énorme générateur cubique dans lequel tous les câbles épais trouvaient leur arrivée, se tenait encastré un haut artefact creux et circulaire, de plusieurs mètres de diamètre. C’était un vaste anneau dressé à la verticale, gris, caractérisé par un cercle extérieur portant neuf épais chevrons répartis sur toute sa circonférence. Un second anneau plus petit se trouvait solidement incrusté à l’intérieur du premier, et comportait sur toute sa surface trente-neuf symboles abstraits, gravés dans le métal... ou la pierre? Sur l’anneau extérieur, un petit panneau à hauteur d’yeux était ouvert, dévoilant divers cristaux colorés. Un autre câble, plus modeste, y était amarré, connectant ainsi l’artefact au générateur.
Du grand cercle gris de métal froid et taillé, émanait une force mystique intimidante que Garibaldi, le nez en l'air, ressentit tout le long de son dos; sans bien en déceler la raison toutefois. L'objet respirait d'ancienneté et de pouvoir, comme s'il était hanté ou même vivant... en tout cas quelque peu dédaigneux et arrogant, voire menaçant.
-Qu'est ce que c'est? ça vient de la Terre, Michael? Demanda Lou Welch. Pour toute réponse, Garibaldi, estomaqué, tenta machinalement de soulager une légère démangeaison sur son crâne dégarni, et ne gratta que la visière de son casque pressurisé.
Un peu plus tard dans la journée, Jeffrey Sinclair, commandant de Babylon 5, reçut par canal tachyonique instantané un enregistrement vidéo prioritaire et secret, qu'il fit lire dans ses quartiers. Debout face à l'écran mural qui occupait le coeur de son interface de communication, il écouta.
-Commandant Jeffrey Sinclair bien identifié, articula longuement la voix féminine doucereuse et désintéressée de l'intelligence artificielle omniprésente. Lecture de l'enregistrement. Expéditeur: Luis Santiago, président de l'Alliance Terrienne.
Un plan resserré autour du visage fatigué d'un vieil homme légèrement enrobé, et aux courts cheveux blancs, occupa soudainement l'écran.
"La routine", pensa Jeff avec le sourire.
-Jeffrey, commença le vieil homme d'une voix lasse. Vous avez certainement remarqué cette présence inhabituelle aux alentours de votre station, enchaîna-t-il en se retenant d'accompagner ses paroles de gestes des mains. Sachez que vous n’êtes pas en danger. Je vous demande de remorquer l’épave de l’Alphator Class de l’autre côté de la planète et de la laisser sous bonne garde. En aucun cas quiconque ne devra désormais pénétrer à bord. Par dessus tout, assurez vous qu’aucun alien n’ait vent de son existence. Une ingérence des Narns ou des Minbaris dans cette affaire pourrait en effet s’avérer des plus problématiques. D’ici peu, un homme arrivera sur la station. Inutile de vous préciser lequel, vous le reconnaitrez à coup sûr lorsqu’il sera là. Vous ne devrez rien lui refuser. Obéissez à ce visiteur comme si ses ordres venaient de moi, précisa le président en prenant grand soin de bien appuyer sur chacun des mots de sa consigne. Nous sommes peut-être au début de l’une des affaires les plus importantes de toute l’histoire de notre civilisation. à quel égard? Demanda-t-il en supposant l'interrogation de Sinclair. Et bien, science, géopolitique, culture et histoire... ni plus ni moins que tout cela, je le crains.
Fin du premier chapitre
Dernière édition par Mat Vador le Ven 12 Juin 2009 - 1:13, édité 8 fois |
| | | Mat Le Pharaon
Nombre de messages : 5127 Age : 34 Localisation : Amiens
| Sujet: Re: Kaliam-C : archives versions & commentaires (spoiler) Sam 5 Avr 2008 - 23:42 | |
| Chapitre second: Là où aucun Humain n’est jamais allé
Malgré la consigne du silence énoncée -trop tard- par Santiago, la rumeur avait fait son chemin, et depuis quelques heures maintenant que l’épave du cargo avait été remorquée, les bistrots de Babylon 5 s’étaient trouvé un nouveau sujet de conversation. Les spéculations allaient bon train concernant les causes de l'agitation des Humains, et surtout à propos de ce qui pouvait bien s'être passé, là dehors. C’était donc sous une apparente indifférence que le commandant avait discrètement convoqué son lieutenant-commandeur et son chef de la sécurité dans ses quartiers, afin de revenir sur les évènements de la journée. Encore en uniformes, les deux hommes étaient assis sur le canapé, face à Susan qui était seule sur l’autre.
-Finalement, grogna Sinclair, les négociations pour la voie transastéroïdes m’ont permis de penser à autre chose. Cet enregistrement arrivé par voix tachyonique… Je déteste l’idée qu’un autre Elis Pierce, Alfred Bester ou Ben Zayn vienne ici donner des ordres dangereux sans que je ne puisse rien faire, et déclencher des catastrophes sous mon nez! -On sait quand il doit arriver? Demanda Michael d’une voix neutre, en grattant son crâne brun partiellement dégarni. -D’un instant à l’autre, maugréa le commandant. C’est tellement confidentiel qu’ils ne m’ont même pas donné de date ou d’horaire. -C’était à prévoir, commenta Susan avec compréhension, en abandonnant un peu de sa stature aristocratique. Ils vont probablement tournicoter sur la station en répétant qu’on en sait déjà bien assez, et on ne connaitra jamais le fin mot de l'histoire. À moins qu’il n’y ait un problème sérieux à la clé, ajouta-elle nerveusement en triturant sa longue tresse brune.
Cette dernière remarque fut suivie d’un silence pesant, plusieurs secondes d'affilée. -On sait quelque chose sur ce qui est vraiment arrivé au minéralier? Demanda finalement Jeff, d’une voix moins agacée qu’il ne l’avait eu jusqu’à présent. -Que des questions et pas de réponses, répondit le lieutenant-commandeur avec un sourire mélancolique. Son état ne correspond à l'effet d'aucun armement connu. Moi, je dis qu’avec tous ces câbles, et l’anneau bizarre… pas d'autre cargaison... ça ressemblait davantage à une expérience ratée qu’à une attaque. ça expliquerait pourquoi il n’y avait que six corps à bord… en charpie. Et pourquoi le vaisseau semble avoir été distendu plutôt que vraiment abîmé. -On nage en plein délire, ricana Garibaldi. -Et ce qui est arrivé à Catherine près de la planète folle dans l'espace Narn, et l’affaire Babylon 4, ça vous parait plus académique? Cracha sèchement Ivanova. Les Alphator génèrent les points de saut eux-mêmes, poursuivit-elle dans la foulée en ignorant la bouche grande ouverte de Michael, et normalement, on aurait dû pouvoir le détecter. Cette fois, il n’y en avait pas! On a bien détecté quelque chose, bien sûr, mais… Ce n’était pas un point de saut. Il y a eu cet échauffement inexplicable dans l’espace, puis le cargo était là. Techniquement, rien ne prouve qu’ils soient liés.
-Mais vous détectez cette chose et pouf, l’astrocargo apparaît! S’excita Garibaldi. Alors qu’il n’y a pas eu d’émergence de point de saut et que le portail n'a pas été activé! -Tiens, ce n’est plus du délire? -Je dis qu'il y a forcément un lien, pas qu'il y a une histoire de savant fou derrière, grogna le chef. -Arrêtez, soupira Sinclair. Rien ne le prouve, mais ce serait un trop heureux hasard qu’il n’y ait aucun rapport entre le cargo tombé du ciel et l’échauffement. -Tout à fait, acquiesça Ivanova sans dissimuler complètement un certain ton triomphal. Je parie ma solde pour une expérience qui a mal tournée. -Mais une expérience sur quoi? Pensa Sinclair à voix haute. -Un rapport avec l’anneau métallique, ça, c’est certain dans tous les cas, répondit Michael. -Vous n’avez rien trouvé à son sujet? Demanda le capitaine aux deux autres. De concert, ils firent non de la tête. -Quoique… En exploitant une petite faille que je connais dans le système informatique, avoua une Susan rougissante après une hésitation, j’ai utilisé le moteur de recherche pour faire remonter un dossier des archives classifiées… daté de 1994. Mais il était trop protégé. Impossible de l’ouvrir sans me faire remarquer. -1994? Répétèrent les deux hommes en écho, sincèrement surpris. -Qu’est-ce qui pouvait bien être assez important en 1994 pour être encore classifié aujourd'hui? Il y a plus de deux siècles et demi! Et puis c’était un peu la zone, à cette époque, s’étonna Garibaldi. -Il y a des histoires d’objets volants non identifiés, répondit Jeffrey. Des mystères, des phénomènes... et même parfois des escarmouches avec des aliens, sans trop de gravité, avant même le premier contact Centauri. Des choses qui à défaut d'être toujours restées secrètes, sont demeurées marginales et incomprises. Mais… dit-il d’un ton moins assuré, je ne connais rien en rapport avec un grand anneau en métal…
-Les données recueillies par la sonde sont formelles, reprit Susan. On n’a pas pu identifier ce minerai dont il est composé… Ce n’est pas Terrien. Peut-être Minbari ou Vorlon, mais je vois mal, dans ce cas, comment il serait arrivé sur un cargo militaire de l’Alliance. -Les trente-neuf symboles taillés sur l’anneau interne ne correspondent à rien dans aucun code ou langage connu chez les Vorlons et les Minbaris! J’ai vérifié, fit fièrement savoir le chef de la sécurité, en arrachant un sourire discret à Ivanova. -Peut-être des inconnus… qu'ils soient éteints ou qu'ils se cachent, ou encore qu'ils soient très loin, songea Jeff. -Mais au final, tout ça dans quel but? -J’ai peut-être une idée… proposa Ivanova après quelques secondes. Il y a différentes façons, en physique, de tricher sur la vitesse lumière, pour voyager rapidement entre les systèmes stellaires. Certaines nations maîtrisent les points de saut et les portails de saut pour voyager via l'hyperespace. D’autres contractent l’espace-temps devant leurs vaisseaux et le dilatent derrière… Mais il y a des théories sur des systèmes incomparables, que tous les gouvernements voudraient posséder. Des choses que même les Vorlons ne maîtrisent peut-être pas. -Plait-il? L’encouragea Jeff. -Et bien, par exemple, le saut quantique, répondit-elle. Ce serait un peu laborieux à expliquer, mais en gros, on télécharge l’état quantique du vaisseau sur des particules ailleurs, et théoriquement, il se… « téléporterait » dans l’espace. Ou alors un vortex, un tunnel qui plie le cosmos pour faire pratiquement coïncider deux points distants. Et… ce vaisseau qui débarque avec son anneau, en agitant les molécules et sans générer de point de saut… Et ce qui semble lui être arrivé… Comme une mauvaise interprétation du plan atomique du vaisseau ou une espèce de bug interdimensionnel… je ne sais pas ce que ça vaut, mais ça me fait penser à ce genre de choses. Pour ce que j'en dis, mais je ne suis pas astrophysicienne, même si j'ai appris quelques trucs.
Les radios des trois officiers sonnèrent simultanément, faisant savoir que leur présence sur le pont d’accostage principal était requise immédiatement, afin d'accueillir un individu qui s’était déjà présenté au jeune officier David Corwin sur la passerelle.
Lorsque les trois Terriens pénétrèrent le dock enfin pressurisé, l’escalier rétractable de la large navette spatiale blanche et bleue était déjà déployé, et quatre silhouettes Humaines étaient en train de le descendre. Les trois qui ouvraient la marche portaient l’uniforme blanc de la Garde Solaire, légion Humaine d’élite, et le troisième d’entre eux, le moins gradé, était un grand blond tenant une mallette à la main. Derrière lui, le quatrième, ordinateur portable sous le bras, était un petit homme très brun, à la peau basanée, en costume-cravate gris rayé.
L'officier blond se déporta sur le côté, en retrait, et ne dit rien. Les officiers de la station, eux, s’étonnèrent en reconnaissant la jeune brune aux traits asiatiques qui arrivait vers eux la première, sourire paisible aux lèvres et regard appuyé.
-Lieutenant-commandeur Takashima! Fut tout ce qu'ils trouvèrent à dire pour attester de l'évènement, décidément trop inattendu et inexpliqué pour qu'on puisse attendre mieux d'eux. Avant que le commandant et ses attachés ne puissent poser la moindre question pourtant légitime, ils s’étonnèrent bien davantage en reconnaissant la seconde personne en uniforme blanc qui s'avançait à son tour. -Amiral... O’Neil… balbutia Jeffrey, réellement pris de court. -Repos, officiers, déclara laconiquement l’homme châtain grisonnant aux yeux marrons et aux traits marqués, jouissant par ailleurs d'une stature virile et élégante. Tout comme Laurel Takashima mais avec davantage de galons, son uniforme se composait d’une grande casquette blanche et bleue, d’une veste blanche à boutons métalliques le couvrant du cou jusqu'au haut des cuisses, d’un pantalon bleu et de chaussures en cuir noir. Ronald C. O’Neil était inscrit en lettres d’or sur une bande bleue, juste en dessous du symbole de l'Alliance qui trônait sur son pectoral gauche.
-Quelle… surprise, s’exprima difficilement Garibaldi. Le premier officier de l’Alliance, ici! Et nous n’avons rien prévu pour vous… Ni Sinclair ni Ivanova, et encore moins Garibaldi, n'étaient du genre à se laisser aveugler par le paraître de la hiérarchie, mais rencontrer sans crier gare le plus haut patron que l'on puisse avoir en dessous du président ne pouvait pas ne pas impressionner. Surtout lorsque l'on avait conscience qu'un mince réseau de conversations en haut lieu pouvait facilement briser votre carrière à jamais. Sinclair, définitivement bloqué au grade de commandant depuis la Bataille de la Ligne, en savait quelque chose. -Je ne suis pas là pour abuser, officier de sécurité, répondit l’amiral d’un ton débonnaire. Je crois que vous connaissez le lieutenant-commandeur Takashima, qui était en poste sur votre station avant de changer d’affectation. Et voici monsieur Jamal Buzir, notre consultant de la Weyland-Yutani, ajouta-t-il en se retournant vers l’homme au costume, qui salua les trois militaires d’un long signe de tête.
Weyland-Yutani, songea Garibaldi sans en souffler mot… N’avaient-ils donc pas de truands plus notoires sous la main?
-Monsieur, demanda Sinclair… Un officier affecté aux archives classifiées, un homme de la Compagnie et le premier officier Terrien ici, dit-il en louchant successivement vers Takashima, Buzir et O’Neil… Enfin, excusez-moi mon Amiral, mais que se passe-t-il? -Invitez moi dans votre bureau, commandant, et nous en parlerons.
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| | | Mat Le Pharaon
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| Sujet: Re: Kaliam-C : archives versions & commentaires (spoiler) Sam 5 Avr 2008 - 23:42 | |
| Debout dans le fameux bureau du commandant, où les autres avaient fini par prendre des chaises, l'amiral embraya sans tarder sur l'objet de sa visite. -En 1928, à Guizeh, commença O'Neil, une expédition Britannique dirigée par un professeur Norvégien a mis à jour un artéfact enfoui tout près des grandes pyramides. Cet anneau métallique n’était qu’un vestige pharaonique de plus aux yeux de l’équipe, et il était promis au muséum de Londres, conta-t-il sans prêter attention aux regards estomaqués de ses hôtes.
-Mais les Britanniques, poursuivit-il après avoir marqué une pause, comprirent qu’il y avait un problème avec l’anneau: ce métal... si tant est qu'il en fût un... était inconnu, plus solide que du diamant, et aucun symbole n’était identifiable, dans quelque dialecte que se soit; à l'exception de quelques anciens hiéroglyphes sur une dalle attenante, certes, mais rien de reconnaissable sur l'anneau en lui-même. De surcroît, les Humains de l'époque avaient bien intégré qu’ils n’auraient jamais pu graver eux-mêmes ces symboles avec une telle finition, dans un matériau aussi solide… et encore moins les Humains de dix mille ans auparavant, car c’était bien ce qu’avait révélé l’analyse au carbone 14... Cinq millénaires avant la fondation postulée du premier royaume d’Egypte, cet anneau avait été enfoui sous une dalle travaillée… O'Neil reprit son souffle, et continua.
-Alors les archéologues bouclèrent cet artefact qui bouleversait trop leurs convictions, de peur de ce qu'il pourrait être. Mais en 1978, Catherine Langford, la fille du découvreur, installée aux Etats-Unis, obtenu que le gouvernement Américain achète l’artefact au Royaume-Uni. Ils l'installèrent dans la base militaire de Creek Mountain, et les USA et le Canada collaborèrent pour comprendre ce qu’était l’engin, et d’où il venait. C’était un programme hautement secret, est-il besoin de le dire. -Vous ne voulez pas vous asseoir, Amiral? Proposa Sinclair en voyant O’Neil faire les cent pas au milieu de ses camarades assis. -Non merci, Sinclair. Les militaires se payèrent une bonne équipe, et découvrirent sommairement à quoi l’engin devait servir. Ils le baptisèrent Porte du Ciel, selon une traduction approximative, et entreprirent de trouver le bon code pour le mettre en route. -A quoi devait-il... servir? Risqua Susan avec impatience. -C’était un portail de téléportation interplanétaire, répondit sobrement Laurel Takashima. -Vous êtes sérieux? Demanda Michael, émerveillé. -Ils réussirent finalement à ouvrir la porte en 1994, poursuivit l’amiral, et une équipe traversa. Mon ailleul, le colonel Jack O’Neil, commandait cette expédition. Ils partirent à huit et revinrent à trois, en décrivant une planète chaude, brûlante même, dont les habitants vivaient sous la coupe d’un petit dictateur théocratique local, qui les exploitait dans des mines. Il ne semble pas qu’il ait jamais représenté une menace militaire au sens formel de l'expression. Il ne s'agissait que d'un roitelet opportuniste, une sorte de terroriste ou de "parrain" richissime. Un pirate très aisé avec ses hommes de main, son yacht spatial et sa technologie très avancée.
-Très avancée comment? Demanda Ivanova. -Plus que nous en 2258. Peut-être autant voir plus que les Minbaris, dans certains domaines, argua l'amiral tandis que le ton de sa voix montait dans l'enthousiasme. Il maîtrisait le voyage intergalactique humainement viable dix mille ans avant notre ère, alors que nous en sommes encore incapables aujourd'hui. Il maîtrisait une antigravité totale dépourvue de mécanisme de rotation, contrairement à nous. Il avait des armes psychiques sous forme de gant et d’autres gadgets, comparables aux bagues Minbaris. Et des métaux intelligents! Et par dessus tout, une sorte de sarcophage magique qui lui donnait la vie éternelle, et pouvait ressusciter les morts récents… acheva-t-il avec une expression littérallement cupide. -J'ai vu beaucoup de choses dans cet univers, commenta Garibaldi, mais pas encore de magie. Méfions nous des légendes, suggéra-t-il. -Quoi qu’il en soit, cet alien se faisait passer pour une divinité aux yeux des primitifs, embraya O'Neil. Il se révéla hostile, tua cinq de nos hommes, et l’équipe fut obligée de faire sauter une bombe nucléaire avant de repartir. Il fallait protéger la Terre d'éventuelles représailles. L’alien est mort lorsque cette partie de la planète a été vitrifiée. -Vous avez dit que la planète était habitée, s’indigna Susan. Vous les avez massacré! -La porte des étoiles, puisqu’elle avait été renommée ainsi entretemps, poursuivit O’Neil en ignorant superbement Ivanova, ne fut activée qu’une seule autre fois, pour vérifier qu’aucune connexion avec l’autre planète n’était encore possible après la déflagration. Dans l'état de nos connaissances à l'époque et encore aujourd'hui, il n’a pas semblé qu’il existe d’autres terminaux de téléport que ces deux-là, aussi le stargate fut-il bouclé, et il ne resservit jamais avant une date récente. -Mais l’histoire ne s’arrête pas là, ajouta Takashima: quelques mois plus tard, les trois survivants, O’Neil, Kawalsky et Ferreti, ont comme… disparu de la surface de la Terre, alors même que Sarah O’Neil était enceinte de son second fils. On ne les as jamais revu. Pas d’indices, pas de pistes, pas de coupables ni d’explications…
-Et comment appelle-t-on cette planète? Demanda Jeffrey, fasciné. -Nagada, répondit la jeune femme. On emploie le même nom pour la planète et pour l'unique ville qui s'y trouve. Eux ne l'appelaient que "la cité". Mais même après le premier contact Centauri, on a jamais pu y retourner. Et pour cause: Elle est dans la galaxie de Kaliam, et nos vaisseaux prendraient des années pour s’y rendre d'eux-mêmes. Songez que la communauté interstellaire à laquelle nous sommes intégrés ne se répartit que sur environ un quart de la surface de notre galaxie, sur une partie de la bordure extérieure. Les territoires des quatre autres grands peuples, des Non Alignés, de tous les autres... presque tout ce que nous connaissons y tient, et pourtant, nous connaissons extrêmement mal ce quart galactique. Avec la technologie Terrienne la plus courante, traverser les cent mille années lumières de la Voie Lactée se compte en semaines, peut-être en un mois ou plus, c'est difficile à dire avec les courants aléatoires de l'hyperespace. Mais si nous devions aller dans Kaliam à ce rythme, les astronautes devraient utiliser la cryogénie en plus de l'hyperespace pour ne pas gaspiller une dizaine d'années de leur vie dans le voyage. Les Centauris, les Minbaris, et bien sûr les Vorlons, nous... laissent sur place, littéralement, en matière de vitesse interstellaire. -D’où l’expérience, déduisit Susan. -Vous êtes perspicace, mademoiselle, intervint pour la première fois l’officiel de la Weyland-Yutani. Nous supposons que le stargate procède d'une manière ou d'une autre à une téléportation à très grande échelle, l'une des formes de voyage interstellaire les plus avancées qui soit. Pour aller dans Kaliam, il nous faut exploiter cette faculté du stargate et l’étendre à nos vaisseaux. -Pourquoi voulez-vous aller dans Kaliam? Demanda Sinclair. Nous sommes si ignorants de la Voie Lactée, que ferions nous là-bas, aussi loin? -Pendant longtemps, poursuivit Buzir, nous sommes parti du principe que le stargate était une création de l'espèce du dictateur, aujourd’hui présumée disparue, selon les dires de Kawalsky, Ferreti et O'Neil. Mais de nouveaux systèmes de décodage nous ont permis de revenir aux fondements du stargate et de découvrir une petite base de données à l’intérieur. Les inventeurs de l’engin sont un peuple sans doute au moins comparable aux Vorlons, qui ont dominé la galaxie de Kaliam pendant des millions d’années avant de décliner: l’Atlantide.
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| | | Mat Le Pharaon
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| Sujet: Re: Kaliam-C : archives versions & commentaires (spoiler) Sam 5 Avr 2008 - 23:43 | |
| Un silence gêné suivit aussitôt cette révélation. -C’est... beaucoup de choses à assimiler en une seule fois, messieurs-dame, souligna Jeffrey aux visiteurs de la Garde Solaire et de la Weyland. l'Atlantide n'est-elle pas... un conte? Une fable éventée depuis des lustres? -On l'a cru aussi, mais la base de données est explicite, et nous laisse supposer que des liens ont forcément existé jadis entre Kaliam et la Terre, sans quoi la légende n'existerait bien évidemment pas. -Une grande civilisation venue d'une autre galaxie, passée sur Terre il y a des milliers d'années, et que nous connaîtrions comme l'Atlantide? Tenta de résumer Garibaldi, visiblement circonspect. -Les Atlantes étaient pacifiques, poursuivit Takashima, c’est-ce que dit le code dans le stargate. S’ils vivent, nous pourrons les rencontrer, et s’ils ont disparu, leurs vestiges seront un gain fabuleux pour nous. C’est aussi pour cela que le dossier Stargate doit rester étroitement Humain. -Oui, commenta Garibaldi d’un ton soupçonneux. Je crois qu’ils ne veulent pas interfacer la stargate sur un vaisseau uniquement pour aller dans Kaliam. Imaginez ce que ferait l’Alliance Terrienne avec des engins spatiaux qui se téléporteraient d’un bout à l’autre de la galaxie en quelques secondes… -Et alors? S’insurgea Buzir. Vous êtes contre? Dans quel camp êtes-vous? -De toute façon, intervint aussitôt Laurel sur un ton apaisant, nous n’avons pas réussi à procéder à une téléportation stable. Une partie de l’information subatomique s’est perdue en route et s’est mal réorganisée sur les atomes d'arrivée. Ou même pas du tout réintégrée. Soyons clairs : nous commençons à maîtriser l'emploi direct de l'artefact, mais nous ne savons toujours pas comment il fonctionne. -Six hommes en sont morts, nota amèrement Garibaldi, qui prenait les affaires de sécurité très à cœur. -Ils étaient tous volontaires et ils connaissaient les risques, s’irrita l’Amiral. Leur présence à bord n’était PAS dispensable. Les O’Neil sont dans l’armée depuis le fameux Jack, vous savez, ajouta-t-il plus évasivement. Nous comprenons ces choses-là. -Eclaircissons-nous les idées, proposa Sinclair en posant les coudes sur la table, ses mains jointes devant son visage. Quels sont les objectifs de la mission, messieurs-dames? Silence. Laurel chercha son supérieur du regard; celui-ci acquiesça, puis elle prit la parole.
-Objectifs de la Mission Kaliam: Prendre contact avec les Atlantes. Mettre la main sur leurs vestiges dans le cas où ils ne vivraient plus. Trouver des artefacts du pirate, s’il en reste. Doter les croiseurs spatiaux Terriens d’un dispositif reproductible de téléport interstellaire. En apprendre davantage sur le minerai Nagadian qui valait aux indigènes d’être exploités par l’extraterrestre. Emmagasiner toutes les informations possibles sur les espèces, gisements, technologies et cultures de cette autre galaxie. -Et pourquoi la Weyland-Yutani est-elle liée à ce projet? Demanda Sinclair. -Parce que nous sommes les seuls à posséder la technique des boosters-nova, s’enorgueillit Jamal non sans dérision, ces vaisseaux-générateurs qui sont la seule chose Humaine à pouvoir assurer le voyage, grâce à leur hyper alimentation. Le stargate lui-même génère déjà des proportions astronomiques d'énergie, mais tout de même trop justes. Notre centrale volante donnera le jus qu'il manque. -Amiral O’Neil, dit Jeffrey en se raclant la gorge, je ne comprend pas très bien pourquoi vous nous racontez tout cela… N’êtes vous pas venu récupérer votre sujet d’expérience, avant de repartir? -Non. Deux missions se sont croisées, mais nous serions venu sur Babylon 5 même si le cargo test s’était échoué ailleurs. Feuilletez un peu la liste de l’équipage de la mission, commandant, dit-il en poussant vers lui un polycopié. O’Neil, avec un seul L, ajouta-t-il après un regard dédaigneux sur le haut de la liste.
-Benjamin Kyle, Laurel Takashima, Lita Alexanders… énuméra Jeff après quelques secondes. Bon sang! Vous avez récupéré tous les anciens de Babylon 5... Pourquoi? -Parce que nous avons une expérience relativement inédite des melting-pots extraterrestres et des relations directes avec des cultures méconnues, répondit fièrement Laurel Takashima. Et c’est aussi pour cela que nous sommes revenu, maintenant. Cette dernière remarque attisa tout particulièrement l’attention de Jeffrey, Susan et Michael.
-Nous voulons Ivanova et Garibaldi pour cette mission, trancha O’Neil. à cette annonce, un air d’incompréhension légèrement paniquée s’imposa sur leurs deux faciès. -Attendez, commença Susan, toute rouge… On a du travail ici, et… Et… Hors de question que j’embarque avec votre machine infernale qui transforme les gens en Hachi-Parmentier! -Susan, intervint Laurel avec compréhension. Soyez absolument certaine que personne ne partira avant que l’on soit sûrs d’avoir stabilisé l’interface entre le stargate et nos hyperdrives. Nous devrons, d’ici peu, envoyer une équipe sur Armstrong, notre premier port lunaire, pour récupérer l’algorithme d’un savant Sauteur-Vénusien. -L’algorithme? -Oui; il semblerait que les Atlantes aient déjà prévu la possibilité de devoir utiliser une stargate comme réacteur de fortune en cas de défaillance de celui de l’un de leurs vaisseaux. C’est pourquoi selon nous, sept chevrons servent à un voyage individuel, et enclencher les neuf chevrons serait un recalibrage pour transformer le stargate en téléporteur intergalactique pour engin spatial. -Le boosteur-Nova de la Weyland fournira le supplément d’énergie nécessaire, termina O’Neil, le coude contre le mur, le poing sur la tempe et les jambes croisées. L’algorithme du Sauteur-Vénusien devrait permettre d’enclencher les deux chevrons manquants, et nous pourrons aller vers Kaliam. Seulement une fois que nous aurons prouvé que l’artefact fonctionne sans danger pour nous, est-il besoin de le dire… Nous avons besoin de l’expérience d’officiers comme vous avec les aliens. Personne ne montera dans ces vaisseaux de force; mais en revanche, j’ai toute autorité pour vous transférer à notre mission sur Armstrong. Et vous réfléchirez en chemin. D'autre part, je vous suggère de réfléchir aux conséquences sur vos carrières respectives d'une décision... selon qu'elle soit dans un sens ou dans l'autre. -Susan… Michael, commença Jeff, soudainement transformé, et comme s'il n'avait pas réellement entendu la mise en garde à peine voilée de son supérieur. Vous avez votre place ici, mais on peut se passer de vous quelques semaines. Je vous demande de bien réfléchir à ce que tout cela implique, dans le cas où le processus de téléportation serait stabilisé: Susan, pensez à tout ce que vous avez à découvrir dans une autre galaxie… Michael, vous pourrez passer du temps avec Laurel, Benjamin, Lita… Enfin, bon sang, c’est… Cela n’arrive même pas dans la vie de trois quarts d'entre nous, vous comprenez? C’est là où aucun Humain n’est jamais allé!
Fin du chapitre second
Dernière édition par Mat Vador le Lun 22 Juin 2009 - 13:37, édité 8 fois |
| | | Mat Le Pharaon
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| Sujet: Re: Kaliam-C : archives versions & commentaires (spoiler) Sam 5 Avr 2008 - 23:44 | |
| Chapitre trois: Clair de Terre sanglant
À plusieurs jours et années-lumière de là, sur l’orbite d’une planète bleue de taille moyenne, se trouvait un tout petit monde grisâtre, anciennement aussi désertique que frigorifiant; et entretemps devenu une colonie fourmillante, depuis plus de cent ans déjà que des poussières d’étoiles dotées d’une certaine forme d’intelligence venaient de toute l'espace connu pour y mener toute sortes d’affaires, légales ou non. Au milieu de cette agitation, l'éjection d'une petite navette tactique de l’Alliance Terrienne de la baie d'envol d'un croiseur sidéral Oméga était en apparence un non-évènement; mais ici comme ailleurs, les petits ruisseaux faisaient les grandes rivières.
Derrière l’immensité d’un noir d’encre, la navette semblait paradoxalement à la fois rassurante et ridicule, à la façon d’un micro-organisme isolé qui se laisserait tomber vers un caillou pour y rejoindre une microscopique colonie de champignons, seule oasis de vie. Mise en lumière par le rayonnement du soleil sur sa coque lisse, la machine spatiale semblait vivante.
A son bord, le lieutenant-commandeur Takashima, de son uniforme blanc vêtue, arriva face à une magnifique porte d’aluminium et de faux verre cathédrale, éclairée d’une lumière chaude par la lampe discrète qui la surplombait. Une seconde, elle stoppa et prit le temps de respirer. Car elle n’avait somme toute pas pris beaucoup de temps pour elle depuis qu’elle travaillait sur le projet Stargate, c’est-à-dire depuis sa mutation de Babylon 5, plus ou moins une année auparavant; et la fatigue était bien là. Bien sûr, elle se savait aux premières loges d’évènements que la plupart n’envisageait même pas. Cela aurait dû suffire. Mais Laurel se demandait parfois si le rythme qu’elle s’imposait ne faisait pas d’elle un automate, privé de recul, traversant les plus merveilleux évènements comme un robot, sans prendre le temps de les assimiler.
Elle pressa la poignée, et la porte vaguement translucide se rétracta intégralement à l’intérieur du mur, lui laissant libre accès au cockpit. L’aide technicien informatique, grand blond maigre au simple uniforme bleu marine et à la casquette molle enfoncée sur le crâne, la regarda à peine. Assis devant un renflement du mur qui portait quelques tableaux de bord, un clavier spécial et deux petits écrans muraux couverts de diagrammes, il surveillait ce qu’il avait à surveiller.
Face à la baie du cockpit, les deux pilotes étaient solidement harnachés au fond de grands fauteuils métalliques et plastiques, face à un tableau de commande surchargé qui allait jusque sur leurs accoudoirs. Vêtus de solides casques blancs, de larges lunettes fumées high-tech où des informations étaient projetées, d’uniformes bleus ignifugés d'aspect plastifié, de gants blancs et de rangers, le premier était un homme à la peau noire, le second une femme avec des tâches de rousseur.
-Où en est-on? Demanda-t-elle. -Orbite lunaire, lui répondit le pilote noir d‘une voix absorbée ailleurs. -Ils vont bientôt nous contacter, renchérit la pilote rousse, encore plus monotone. -Moon Control # 4 à navette spatiale, veuillez télécharger vos codes d’identification, chuinta la radio. -Navette à tour de contrôle, téléchargement en cours. -Bienvenue sur la Lune. En tant que représentants de l’autorité légale, nous sommes tenu de vous informer des tensions actuelles entre les triades Bételgiennes Hydrocéphales et les clans Yautjas. Armstrong n’est pas à l’abri de l’agitation. Voulez-vous maintenir votre atterrissage? -Oui. Merci. -Vous avez demandé l’arrimage sur Armstrong. Dirigez vous aux balises W21, vous serez guidés jusqu’au dock trois. Ne dépassez pas l’avion spatial de ligne qui vous précède. -Reçu, contrôle.
Les deux pilotes s’attaquèrent machinalement aux parois technologiques qui leur faisaient face, pressant boutons, tirant leviers, pianotant claviers, analysant écrans. Chacun de leur côté, ils travaillaient en résonance, puis, lorsque le pilote noir eut fini de balader ses doigts sur un écran tactile à hauteur d’yeux, l’engin se mit à ronronner.
A la lumière de l’astre du jour, la grosse navette bleue et blanche de la Garde Solaire accéléra et se rapprocha de la Lune, jusqu’à atteindre deux colonnes parallèles de petites balises orbitales fixes, dont les lampes étaient encore rouges.
Une autre navette s’éloignait, à quelques kilomètres devant eux. Celle-ci, gigantesque, blanche et noire, était plus longue que ne l’avait jamais été aucun avion atmosphérique. Elle arborait trois étages pour les passagers, trois autres pour les marchandises, et de surcroît des réservoirs et des salles des machines qui prenaient encore tout autant de place. Les tout récents vaisseaux construits par Airbus-EADS étaient les plus gros avions spatiaux de ligne de toute l’histoire, et c’était une petite fierté Terrienne desservant déjà de nombreux quadrants stellaires, à l’exception notable de tout espace Minbari. Toutefois, Boeing préparait déjà sa réplique au mastodonte, des avions spatiaux plus petits mais plus rapides et moins chers.
Enfin les balises devinrent vertes, et la petite navette de l’armée se mit en route vers la surface, fendant l’espace glacé tandis que le trafic spatio-aérien autour d’eux gagnait en densité à chaque mètre descendu, jusqu’à prendre l’image, à quelques kilomètres du sol, de l’un des astroports les plus fréquentés de cette partie de la galaxie. Pour la plupart, les vaisseaux autour d'eux étaient Terriens, Centauris, de différents Non Alignés ou encore issus de nations monoplanétaires mal connues. Pas d'engins Minbaris, à l'attitude encore un peu fraiche vis-à-vis des Humains, ni de véhicules nationaux Narn, ce gouvernement s'estimant presque autant en compétition avec la Terre qu'en état de haine éternelle avec les Centauris. Mais ce dernier autorisait tout de même le voyage à des cargos privés et à des navettes personnelles.
Les pilotes étaient habitué à cette vision, mais malgré tout, l'on ressentait toujours un petit quelque chose d’oppressant lorsque le relief lunaire, accentué par son dépouillement, envahissait toute la vue disponible depuis la baie du cockpit.
Oasis de conscience et d’artificialité au milieu de la poussière lunaire inchangée depuis des milliards d’années, Armstrong était la plus grande agglomération civile de la Lune, et c’était le territoire Terrien qui détenait largement le record de fréquentation non Humaine, en raison d’institutions légales et commerciales pour le moins conciliantes.
Au clair de la planète bleue, cerné par le firmament étoilé, se trouvait d’abord un dôme de matière translucide impénétrable, que les bienfaits de la nanotechnologie avaient rendu puissamment photovoltaïque; un dôme qui montait jusqu’à un kilomètre et demi de hauteur en son centre exact, pour six kilomètres de diamètre. Ensuite, sur toute sa surface courbe, venait l’armature arrondie faite de titanesques poutres métalliques, sur lesquelles des camions auraient pu rouler.
Sous ce dôme et son maillage, en milieu atmosphérique, apparaissait une froide architecture cubique, l’esthétique mécanique et fonctionnelle propre aux colons et autres pionniers de l’espace. Ainsi distinguait-on des tours ternes et irrégulières, aux fenêtres peu nombreuses; des tours parsemées de mini docks, d’excroissances diverses et d’autres terrasses d’entretien. Les plus hauts de ces gratte-ciels s’élevaient à six cent mètres de hauteur, et certains étaient reliés entre eux par des ponts massifs.
Au milieu de la ville, l'on distinguait une artère divisant les gratte-ciels en deux groupes, plus précisément une vaste rue encadrée par les plus hauts immeubles d’Armstrong.
Comme pour un impressionnant ballet désincarné et technologique, des dizaines de voitures volantes voguaient et patrouillaient entre les buildings. Principalement les modèles bleus, aux gyrophares criards et aux canons électromagnétiques constamment prêts à l‘emploi, de la police coloniale.
Le sol, froid, terne et dur, était composés un réseau de vastes toits de béton, ceux des hypermarchés et des autres zones industrielles, ici et là soulignés d’éparses enseignes multicolores. Vues du ciel, les rues sinueuses et mal famées étaient pratiquement invisibles. Toutefois, il y avait un autre mouvement au sol, plus rassurant: entourant la circonférence du dôme et sinuant sur monorail entre les immeubles et sur les toits des bâtiments les plus bas, se trouvait les routes magnétiques fréquentées par les voitures automatiques qui ne les quittaient jamais.
Accolée au dôme de peuplement, auquel elle était reliée par un tunnel étanche de quelques dizaines de mètres seulement, une seconde bulle de quatre kilomètres de diamètre pour un seul de hauteur était, elle, une serre dense et exotique, pourtant strictement inoffensive et contrôlée. Quelques lacs artificiels la parsemaient. Ailleurs, partant depuis la tranche du dôme principal, un autre tunnel mesurait lui deux kilomètres de long et sinuait au sol vers un dôme métallique entièrement opaque, muni de larges panneaux coulissants, et cerné de pistes d’envol, de tours de contrôle, de bunkers, de silos et de plates-formes mobiles.
Enfin, directement exposé à la non-vie du petit monde sans atmosphère, se tapissait contre les dunes sélénites un vaste réseau de structures blanches et grises, fonctionnelles et pressurisées, interconnectées par des tunnels étanches. Un réseau urbain dans lequel baignait les trois dômes. Hétéroclite, on y distinguait des panneaux solaires et des centrales d’énergie pour l'alimentation, mais aussi des mines, des usines et des chantiers pour le dynamisme économique, et tout autant d’entrepôts, de garages et de paraboles pour la logistique. Enfin, quelques petites serres et même trois gratte-ciels agricoles en bordure répondaient à la question de l'auto-approvisionnement.
Illustration par excellence de la conquête de l’espace, on y distinguait également un réseau routier arpenté par des rovers clos, ainsi que par des jeeps lunaires conduites "à ciel ouvert" par des cosmonautes. Dans les dunes et entre les « rues », des hommes en scaphandre travaillaient à la maintenance, en dessous des navettes et des modules qui traversaient le ciel. Du côté des bordures de l’agglomération, les rails des trains magnétiques s’échappaient vers le désert gris et froid, ponctués de lampadaires, de stations de survie et de points de secours d’urgence.
Ville de béton et de cambouis, ville paradoxale qui vivait davantage du tourisme que de ses mines d'Hélium 3 pourtant si rentables. Il y avait beaucoup de choses à voir à Armstrong. Au cœur de la ville, les casinos et les commerces, mais surtout le site du premier alunissage, parfaitement préservé dans son dôme sous vide.
Aux alentours de la cité se faisaient les safaris en rover, mais aussi les visites de la « ville fantôme » , colonie chinoise bombardée par son pays plus d'un siècle plus tôt pour avoir eu la mauvaise idée de se déclarer indépendante. De surcroît, les touristes venaient par millions méditer sur la « Fosse », un cratère géant où reposaient des dizaines de vaisseaux spatiaux et des milliers de cosmonautes-soldats des anciennes guerres coloniales.
Mais rien ne fascinait autant que la colonie Thrakallan, cette irréelle ruche de résine verte en forme de tour minérale, doublée, plus loin, d'une vaste structure jaune et lisse, en forme de losange à toit plat. Ses habitants, bipèdes insectoïdes le plus souvent vert brillant ou jaune doré, évoquaient les criquets ou les mantes religieuses, bien que leurs gros yeux à multiples facettes renvoient plutôt aux mouches. Ces derniers respiraient normalement du méthane, mais pouvaient retenir leur respiration des heures sans s'en sentir incommodés. Mais le plus impressionnant était encore leurs lourds robots biologiques, les Blorks, qui vivaient non pas d’une atmosphère mais de la lumière solaire et de la poussière spatiale. Faits comme des troncs, portés par trois courtes pinces osseuses, flanqués d’une tête de T-Rex édenté avec trois petits yeux verts fluorescents, et d’un nombre variable de longs et fins tentacules du même vert, il allait sans dire qu'ils plaisaient aux touristes.
Un espace touristique qui subissait la concurrence des stations aquatiques sous-glacières sur plusieurs lunes des grandes gazeuses, plus loin dans le système solaire, mais qui goûterait aussi d'ici quelques années à celle d'un nouveau type d'installation : un gros astéroïde relativement sphéroïdal, creusé et aménagé pour devenir la plus immense station spatiale Humaine à ce jour, avant que sa surface tout entière ne soit à cent pour cent encloisonnée sous le plus grand dôme de vie pressurisé jamais envisagé. Le terrain sous ce dernier serait fertilisé, et les promoteurs prétendaient qu'en certains points, la gravité singulière permettrait aux gens de voler naturellement dans le ciel artificiel! Sans l'aide technologique et économique apportée par les Centauris, ainsi que les Minbaris, au projet Babylon, depuis la station numéro une jusqu'à la cinquième, les Terriens n'auraient pas eu les moyens d'envisager de si herculéens travaux.
Mais la navette de l’Alliance, qui se fichait bien du patrimoine de la Lune ou d’autre part, décéléra simplement en piquant vers le dôme opaque, qui coulissa partiellement à son approche pour laisser l’engin s’introduire en elle.
À bord des quartiers de la navette, Susan Ivanova, que l’on avait vêtu d’un costume beige de docker pour l’occasion, était recroquevillée sur sa couchette dans la position du foetus, les yeux dans le vague jusqu’à ce que l’on frappe à sa porte et que Garibaldi n’entre. -Hey. Mal à l‘aise, l’officier au crâne dégarni resta bras ballants quelques secondes, puis s’assit finalement sur le bord du lit en posant une main sur la taille de la russe embrumée, qui se redressa quelque peu sur son coude, encore somnolente.
-ça va mieux? Lui demanda-t-il avec prévenance. Elle hocha la tête avec un léger sourire, et sembla prendre de l‘élan avant de parler. -Chaque fois que l’autorité m’oblige à aller quelque part, à faire quelque chose, commença Susan d’une voix rapide et tremblante, quand on me dit « c’est la loi, tu n'as d'autre choix qu'obéir… » , ça ne manque jamais, je fais des crises d’angoisse. Ça doit me renvoyer à ce que je percevais de l’autorité quand j’étais petite, et que cet homme d’état venait saccager ma… maison… mon nid… pour droguer ma mère… au nom de la loi… La main de Garibaldi se resserra. -Je ne… Je ne sais pas quoi dire, avoua Garibaldi, blême, après quelques instants. Elle lui répondit d’un simple sourire fatigué. -On nous a assigné à cette mission. Après ça, on fera ce qu’on voudra, rappela l‘homme. Ils marquèrent une pause, puis Garibaldi reprit. -On va visiter Armstrong… Profitez-en pour vous changer les idées. C’est le lieu du premier alunissage, du premier dôme de peuplement public! -Et théâtre de la plus violente bataille de la guerre des lunes… lorsque les modules de combat de l’ONU ont finalement repris la station Armstrong à la Nouvelle URSS en écrasant ses dernières navettes de guerre… ajouta-t-elle d’une voix neutre et scolaire, le regard vitreux. -Heu… Susan étouffa un rire.
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| | | Mat Le Pharaon
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| Sujet: Re: Kaliam-C : archives versions & commentaires (spoiler) Sam 5 Avr 2008 - 23:46 | |
| -Alors, votre décision pour Kaliam? Enchaîna-t-elle. -Je ne sais pas, répondit-il dans un frisson. Le souvenir de cet homme fondu dans la paroi du vaisseau… l’autre réduit en pâté… -J’ai pris ma décision, annonça gravement Susan. J’ai beaucoup réfléchi, et… Jeff a raison. C’est la première fois depuis la mission de Jack O’Neil que des Humains peuvent aller dans une autre galaxie, Michael… Et le stargate… L’Atlantide… Je le fais maintenant, ou jamais… -Je… Je croyais que vous aviez peur de finir en bouillie, répondit Michael, visiblement inquiet, mais pas surpris. -Et j’ai toujours peur… Et j’aurais encore peur même si l’algorithme fonctionne… -Et si leur machin ne fonctionne pas au prochain test? -Et bien je rentrerai sur Babylon 5 directement, quelle question… Elle marqua une pause et se rapprocha de lui en s’appuyant sur ses coudes. -Si l’algorithme fonctionne, lui souffla-t-elle près de l’oreille, j’aimerais bien que vous veniez avec moi dans Kaliam. Il ne répondit rien dans l’immédiat, la fermeté de Susan raisonnant encore dans sa tête.
Le Souk franc de Armstrong était un concert perpétuel de bruits, d’odeurs et de couleurs. Boulevard de toute la vie de l’Espace exploré. Au milieu de la galerie marchande à l’éclairage ocre, taillée à même le sous-sol lunaire, se mêlaient entrées de grande surfaces, petites boutiques, casinos, bistrots et étalages mobiles de tout et de n’importe quoi. C’est ici que quelques Humains de l’armée, camouflés en dockers, évoluaient sans se faire remarquer au milieu de la foule compacte et multiraciale. Leur supérieur aurait pu reconnaître Laurel Takashima, Susan Ivanova, Michael Garibaldi et quatre hommes de troupe. L’un, l'ensign, était un homme chauve au visage dur et portant une cicatrice à la paupière; un autre avait les traits amérindiens, le troisième était blond vénitien, et le dernier était une jeune femme aux cheveux clairs.
Ce qui frappait toujours, dans ce genre d’endroit, songeait Susan, était comme l'on y revenait immanquablement à cette sensation d’un lieu de non droit et d’insécurité, où toutes les lois étaient en berne. Cette sensation d’être en terre d’anarchie. Cette sensation, aux portes de la Terre, d’être dans le dernier astroport à l’autre bout de la galaxie.
Elle embrassa du regard la galerie rougeâtre aux murs rocheux derrière les balustrades, cette voie où déambulaient les êtres venus de partout. Marchands Centauris reconnaissables à leurs coiffures hallucinées et à leurs vêtements napoléoniens; quelques Narns, ces êtres chauves à la peau reptilienne le plus souvent orange et tachetée; puis des humanoïdes du désert aux longs cheveux gris, les Brakiris; des Hommes-Lézards grisâtres, les Drazis; des humanoîdes amphibiens à l'écaille proéminente sur le crâne, les Abbais; des Humains exposant les costumes de toutes les ethnies de leurs quatorze systèmes stellaires; et ainsi de suite, dans un joyeux concert de tentacules, d'écailles, de plumes, de fourrure, de combinaisons à méthane, de membres mécaniques et bien au delà encore.
-Pourquoi autant de monde pour aller récupérer un cristal? On a pas d’ennemis sur cette mission, demanda Garibaldi en regardant droit devant lui. -Au cas où des informations seraient tombées entre de mauvaises mains, ou si le Vénusien cherchait à nous doubler… ou alors si les triades posaient problème, grogna l'ensign en civil. -On a rendez-vous au Clair de Terre dans cinq minutes, informa Laurel en montrant un petit bistrot du doigt; il s'agissait un long comptoir métallique aux lumières rouges sanguines, avec de hauts tabourets rembourrés et quelques tables derrière. Au dessus du serveur, se trouvait un écran plat branché sur ISN, une chaîne d’information Humaine. -Je peux boire un verre? Demanda Michael. -Pas d’alcool, répondit Laurel sans arrière-pensée.
Alors que Susan et les quatre soldats patientaient debout, le regard alerte, Garibaldi se rapprocha du comptoir et commanda un jus d’orange sous l’œil cyclopéen plein de mépris de la méduse de l‘espace servant de barman, qui se retourna vers ses orgues d’alcool extraterrestre et claqua le verre de Michael contre le comptoir.
L’officier commença à siroter son dû sans faire d’histoire et leva le nez vers la télévision, tandis que Laurel s‘accoudait à côté de lui. -L’actualité du jour, racontait la présentatrice au crâne rasé et aux boucles d‘oreilles triangulaires, c’est bien sûr l’annexion de la colonie Humaine de Drackssada par les Dracs semi-Narn qui continue d’accumuler les condamnations politiques. C’est le vice-président Clark qui a été le plus véhément dans son intervention, et qui a d’ailleurs été vivement ovationné par les pro-Terriens, alors que le président Santiago s’est bien gardé de prendre la parole. Pas de commentaires dans l’espace, à l’unique exception du Régime Narn, qui s’est contenté de rappeler laconiquement qu’il n’y avait aucun lien que l’on puisse leur reprocher entre les Narns et les Dracs semi-Narn, hormis un métissage génétique vieux de milliers d’années. Professeur, demanda-t-elle à son consultant, un homme grisonnant et bedonnant, pensez-vous que nous devions craindre une deuxième guerre contre cette espèce, à l’heure actuelle? Environ quatre-vingt ans après la première?
-Peu probable, répondit-il en se donnant un air de sage, quatre astroports ou comptoirs commerciaux Humains ont été cédés aux aliens par le passé, sans aucun coup de feu, et jamais jusqu’ici l’Alliance n’a déclenché de représailles militaires à ces annexions, qui souvent présentaient des compensations politico-économiques que les politiciens passent sous silence. -Mais les autres ports étaient bien plus petits, et ils ont pu être évacué… répondit-elle avec un sourire engageant. C’est la première fois qu’une colonie de peuplement installée par la Terre en est ainsi coupée. Nous parlons tout de même de 40 000 citoyens Humains soumis à la loi d’une autre espèce, d’un ancien ennemi qui plus est, et ce pour la première fois de notre histoire! Les pro-Terriens ont parlé de balle logée dans le cœur du vieux rêve d’Humanité une et indivisible, et surtout ne répondant qu'à sa propre loi.
-Quel aveuglement! Bien sûr que ce rêve n'existe plus, et ce, depuis le départ de grands vaisseaux transgénérationnels pour des destinations extrasolaires méconnues, bien avant le premier contact Centauri et l'acquisition de l'hyperpropulsion. Ou prenez donc la Zone: ce quadrant est plein d'astroports, de forteresses pirates, de stations minières et de flottes nomades tenus par des Humains indépendamment de l'Alliance Terrienne. D’autre part, quand nous évoquons les Draans, -permettez-moi de refuser l'emploi de votre néologisme avilissant- nous parlons d’une société civilisée et morale, même si elle fut un temps ennemie. Un ennemi qui a finalement accepté la paix, de surcroît! Ces citoyens Terriens subissent un choc, mais leur intégrité n’est pas menacée. -Sauf que ces Humains vont devoir vivre avec des codes sociaux et juridiques basés sur une culture tout à fait différente, rétorqua la jeune femme. Leur adaptation pourrait être douloureuse… sans parler du racisme. -La culture des Draans est exempte de toute forme de xénophobie, s’indigna le consultant. Et puis, cessons de croire que différentes nations ne peuvent pas s'entendre, et regardons seulement de notre côté: lorsque les Sauteurs sont arrivé dans leurs vaisseaux-bidonvilles, poursuivit-il en parlant avec de larges mouvements de mains, ils étaient sans monde fixe, et nous avons accepté de leur céder Vénus comme colonie de peuplement et Mercure en tant que colonie d’exploitation, à condition qu’ils se comportent en proches partenaires et qu’ils adoptent une politique étrangère foncièrement pacifique. Aujourd’hui, l’armée Vénusienne est la première ligne de défense de nos stations scientifiques volantes sur Vénus, et aussi de nos cités orbitales autour du Soleil. Quand on a vendu des parcelles de la Lune à la colonie Thrakallan, elle a aménagé des tunnels pour nous. -Mais aucun Vénusien ou Lunien ne vit sous loi Terrienne, il n‘y a pas d‘état commun! Alors l'exemple est-il assez proche, professeur? -Quoi qu'il en soit, vous oubliez que nos congénères de Drackssada ne sont pas prisonniers et qu'ils sont libres de rejoindre le territoire Terrien, même si je conçois qu'un tel exode soit pénible et douloureux...
En couvrant de sa voix le son de la télévision, Michael pivota vers Laurel sans détacher son coude du comptoir. -J'espère quand même pour les semi-Narns qu’ils ont réfléchi à deux fois avant de tenter ça. Sur Terre, on ne se souvient pas trop de cette guerre spatiale pour quelques planètes vierges lointaines. Elle s’est déroulée bien loin de tout civil… mais on les a contraint à l’armistice quand même. -Mais depuis, on a perdu tellement de vaisseaux contre Minbar, répondit Laurel d’un ton mélancolique. Et puis, ces colons ont pris le risque de s’installer sur une planète à l’extrême limite de leurs frontières, sur une planète où les Draans s'installaient déjà avant nous, renchérit-elle avec fatalisme.
-Vous n’êtes pas pour cette annexion, quand même? S’exclama Garibaldi avec ardeur. -Ho, pour la politique extraterrestre, je laisse les experts de Babylon 5 parler, se moqua Takashima en levant les yeux au ciel. -Exactement! Je suis sûr que vous devez regretter votre départ, ajouta-t-il après avoir achevé son verre cul sec. Rien ne vaut l’action pour que la vie défile, estima-t-il encore en posant quelques crédits sur le comptoir.
-Monsieur Garibaldi, peut-être qu’au bureau des investigations secrètes il n’y a pas « d’action » au sens formel, répondit le lieutenant-commandeur d’une voix drapée de dignité, quoique... mais surtout, je sais des choses sur cet univers que vous ne soupçonnez même pas! -Ho, plait-il? Se moqua Garibaldi. Un exemple. -Et bien, dit-elle en prenant son temps, prenez: sur Terre, on admet qu’un vrai contact est pacifique et qu'il y a un dialogue concret et suivi, d'état à état… De fait, les Centauris sont donc notre premier « contact ». Mais pour ce qui est des rencontres du troisième type, et parfois du quatrième… croyez-moi, le stargate n’est que le sommet de l’iceberg. Michael se redressa. -Du… quatrième type? -Les autres dimensions, les créatures occultes… -Vous vous moquez de moi, conclut Garibaldi avec un sourire. -Pensez ce que vous voulez, rétorqua Laurel en s’éloignant du comptoir. Elle rejoignit les autres, en laissant Garibaldi pantois.
-Toujours pas de trace du Sauteur? Demanda le lieutenant-commandeur à son homologue Ivanova. -Si… le voilà.
Dans la foule des marcheurs et des glissants, une seule créature se faisait remarquer en se déplaçant par bonds. Dotée d’une combinaison étanche d’un vert brillant, son corps avait deux bras, deux jambes, et il était petit et trapu. Lorsqu’il ne sautait pas, il aurait pu évoquer une grenouille géante en voie de bipédie. À travers sa visière transparente, son visage orangé se caractérisait par deux énormes boules bleues gélatineuses lui servant d‘yeux, par une très large bouche sans lèvre aux dents vertes et pointues, et enfin par deux fentes plates lui servant de narines. Même avec sa combinaison, on distinguait chez lui son absence de cou.
Autant pour une affaire de mélange gazeux que de température, les Sauteurs de Vénus ne pouvaient pas survivre une seconde dans un écosystème Humain sans une combinaison adaptée.
Sans cesser de faire des bonds, la créature à peine plus haute qu’un nain se dirigea vers Takashima, qu’il avait apparemment reconnu, après avoir observé la foule pendant quelques secondes. Prudemment, il stoppa à un mètre devant Laurel et prit la parole d’une fausse voix électronique qui lui servait tout autant de synthétiseur vocal que de traducteur automatique. -Notre bon roi Sauteur de Vénus et de Mercure vous envoie la paix, commença le petit alien en s’inclinant. De sa main à trois doigts, il extirpa de la petite poche serrée qu’il portait sur son ventre, un cristal incolore qu’il tendit à Laurel.
-Vous aussi, assurez le roi de la… réciprocité de ce sentiment, répondit Takashima d’un air absorbé, en posant un regard avide et jubilant sur le cristal qui leur ouvrirait le stargate et Kaliam. -Le marché peut désormais être contracté, ajouta le Vénusien d’une voix aussi neutre que son synthétiseur pouvait le laisser supposer. -Le marché? S’étonna Laurel en relevant la tête.
Les agents Humains n’avaient rien vu du petit groupe d’aliens qui s’agitaient à quelques dizaines de mètres d’eux dans la galerie. Eux non plus ne les avaient d’ailleurs pas remarqué. Il faut dire qu’ils se trouvaient à ce moment-ci fort préoccupés par leurs affaires, et qu’ils ne prêtaient guère attention à quoi que se soit d’autre.
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| | | Mat Le Pharaon
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| Sujet: Re: Kaliam-C : archives versions & commentaires (spoiler) Sam 5 Avr 2008 - 23:46 | |
| Il se trouvait là un petit humanoïde chétif, qui portait un scaphandre vert. Son couvre-chef était un casque totalement transparent, pareil à une bulle, ne cachant rien de sa tête cruelle semblable à un crâne Humain, ne cachant rien de sa bouche dont la mâchoire était à nu, ni de son nez minuscule. Ne cachant pas davantage ses yeux exorbités aux pupilles rouges et son énorme crâne hydrocéphale, ce crâne hypertrophié à l’épiderme verdâtre, et qui ressemblait à un gigantesque cerveau injecté de sang…
Quatre êtres identiques assurait ses arrières, et face à lui était planté un autre humanoïde, celui-ci colossal et musclé. Son corps reptilien était nu à l’exception d’une épaisse ceinture à l’entrejambe, d’un filet sur tout le corps, d’épais protège-bras, et d’un plastron d’épaule métallique surmonté de deux petits pistolets automatiques et articulés, ressemblant à des serpents de métal dressés. Son nez était inexistant, son front énorme, sa peau écailleuse, ses yeux petits et jaunes, et sa bouche minuscule encadrée de quatre pinces articulées évoquant un mollusque des temps jadis. Une abondance de rastas tombait dans son dos; dans une main, il avait une longue lance, et sous son autre bras, un casque de métal inexpressif. Trois de ses semblables étaient en retrait dans son dos.
Personne autour d’eux ne sut vraiment ce qu’il s’était passé, sinon que le ton monta vite entre les deux protagonistes qui se faisaient face. Le petit Bételgien se mit à sauter sur place d’un air furieux en poussant toujours le même cri rauque, tandis que le Yautja de plus de deux mètres de haut sembla contracter tous ses muscles de fureur. Les cris du nabot redoublèrent d’intensité, jusqu’au moment où le Yautja utilisa le casque à sa main comme une massue pour frapper son ennemi et le jeter au sol. De rage, le petit alien empoigna la cheville du reptilien, qui se secoua jusqu’à ce que l’autre lâche.
Quelle ne fut pas sa surprise en constatant que la main du roquet était toujours fermement empoignée à sa cheville! Et davantage encore lorsque cette main verte s’anima, une longue pointe métallique se balançant derrière elle comme une queue. Pareil à un scorpion, elle escalada le corps de l’extraterrestre en moins de temps qu’il n’en fallait pour le dire et arriva sur son épaule, lorsque la pointe métallique transperça sans pitié le cou de sa victime, faisant gicler le sang vert.
Au sol, le petit Bételgien privé d’une main se mit à rire cruellement, et ne s’arrêta que lorsque le pistolet automatique de son adversaire titubant s’orienta de lui-même avant d’envoyer une grosse charge plasmique l’éventrer sans crier gare, ne laissant de lui qu‘un corps désarticulé et fumant. L’un des Bételgiens qui attendait derrière dégaina un petit pistolet rouge qui ressemblait à s’y méprendre à un jouet pour enfant Humain, et un flux d’énergie frappa le Yautja dans un infernal nuage vert, ne laissant en quelques secondes qu’un squelette irradié pour s’écrouler à terre. Le casque et la lance tombèrent au sol, et les épaulettes technologiques du Yautja se mirent à fumer et à lancer des éclairs.
Immédiatement, une lance électrifiée troua un Bételgien. Puis un autre eût son casque-bulle et son cerveau tranché par une arme blanche utilisée comme un boomerang, laissant s’échapper des flots de substance verte épaisse. Une action en entrainant une autre, un second Yautja fut réduit à sa seule ossature dans un nouveau nuage de gaz vert. Seuls le casque chauffé à blanc, en place sur le crâne, et les épaulettes fumantes, étaient encore présentes avec le squelette. Les canons d’épaule explosèrent, projetant les fragments tranchants d'os ébouillantés dans toutes les directions.
Puis ce fut le feu. Flux verts et plasmas rouges jaillissant de partout à la fois, frappant la chair et les murs, renversant les étals et les tables. La panique s’empara de la foule hurlante, et en quelques secondes, les plus forts piétinèrent les plus faibles sur le chemin des sorties.
La mêlée fut d’abord générale, puis progressivement, Bételgiens et Yautjas, une vingtaine dans chaque camp, se replièrent sur deux ailes différentes, leurs tirs de barrage respectifs se rencontrant en une tornade enflammée là où la première altercation avait eu lieu. Avant qu’ils ne commencent à se viser les uns les autres, personne n’aurait cru qu’il y avait autant de Yautjas et de Bételgiens dans la salle.
Le premier réflexe des militaires de l’Alliance lorsque les premiers tirs retentirent fut de se mettre à couvert derrière le comptoir du bar, avec la méduse de l’espace et le Vénusien pour seule compagnie. -Bordel, on a que des PPG! Cria Michael pour couvrir le choc des affrontements, son petit pistolet dégainé. -On ne peux rien tenter, on évacue! Répondit Laurel en hurlant elle aussi. Un rayon Bételgien frappa l’écran télé derrière eux, qui coula au sol en une marre de plastique fondu bouillant. Dans le même temps, des vitrines et des étals explosèrent dans un fracas d’enfer.
En une minute, la galerie n’était plus qu’un champ de désolation. Les squelettes Yautjas et les corps Bételgiens défoncés jonchaient le sol déjà brûlé en maints endroits, et de petits incendies avaient percé, déclenchant le réveil des systèmes anti-incendie de la station. Riant comme des déments sous la pluie artificielle, les Bételgiens transformaient en squelette les Yautjas enragés qui répondaient en les éventrant.
Garibaldi risqua un œil au dessus du comptoir. Gêné par les trombes d’eau, il vit les petits hydrocéphales hilares en scaphandre vert, qui se cachaient derrière les embrasures des boutiques et des bars, puis rampaient et couraient entre les corps et les étals renversé; en pleine guerre face aux reptiliens casqués qui venaient tous de se rendre translucides, comme transformés en buée par leur technologie de camouflage optique. Et, perdus au milieu de cette anarchie, les malheureux qui n’étaient pas parvenu à fuir plus tôt erraient sous les jets d'eau.
Un Bételgien passa au pas de course à proximité d’un squelette de Yautja dont il ne restait que le casque et les plastrons d’épaule. Un éclair venu de l’un des petits canons abîmés l’assomma, avant que la déflagration pure et simple ne le déchiquette complètement.
-Là-bas, hurla Ivanova en désignant du doigt la grande galerie par laquelle ils étaient arrivé. On doit partir avant que la zone ne soit bouclée!
L’un des soldats, le blond vénitien, ouvrit la marche en braquant son pistolet devant lui. Dès qu’il eut dépassé le comptoir, il fut transformé en squelette fumant. -Non! Fils de pute! Rugit Michael avec horreur et colère. -Ils ne veulent pas que les Humains viennent se mêler de leurs affaires, ils nous tirent aussi dessus, répondit Laurel. Il n’y a aucun moyen de se faufiler! Feu! Tandis que la méduse de l’espace et le Vénusien demeuraient prostrés sous le bar, les six Terriens se levèrent et, sans vraiment prendre le temps de viser, firent feu contre tout alien armé qui se trouvait à portée. Des Yautjas et des Hydrocéphales Bételgiens tombèrent sans vie sur le sol trempé, puis les Terriens retournèrent au sol en même temps. -Vous deux, hurla l'ensign à l’homme et à la femme de rang restants, on doit les occuper, allez!
D’une traite, les trois soldats longèrent le comptoir et allèrent tirer à l’autre bout, captant la majorité des attaques tandis que subitement, les trombes d‘eau cessaient de tomber du plafond. -On vous couvre!
Susan pointa son nez à l’autre extrémité du bar, où deux Hydrocéphales postés en biais tiraient sur les Yautjas sans paraître le moins du monde gênés dans leur art par leurs fous-rires psychopathiques. Les coups de feu en série de Susan perforèrent les armures vertes, et, dans un couinement haineux, la paire de Bételgiens fut à terre. Ordonnant aux autres de la suivre par un ample mouvement de bras, Susan s’élança dans la galerie en s’éclaboussant à chaque pas précipité sur le sol, son PPG la précédant à bout de bras. L’un après l'autre, Laurel, le Vénusien, Michael puis le barman sortirent à sa suite.
Sauvé par un réflexe qui manqua de peu d'être insuffisant, Michael se jeta à terre juste avant qu’un rayon squelettiseur ne puisse frapper son torse, et Laurel répondit en perçant d’un tir le casque du petit Bételgien, qui s’effondra en suffoquant, paniqué. -Plus vite! Hurla-t-elle. Michael se releva, trempé. Puis, aussi discrets et rapides qu’ils le pouvaient dans leurs costumes de docker imbibés d‘eau, les protecteurs du cristal -et la méduse- partirent en courant vers l’embouchure de la galerie. Sans nul doute auraient-il été plus discrets sans le Vénusien qui avançait en faisant des bonds et en déplaçant des trombes d‘eau à chaque retombée au sol, mais les fusillades avaient encore heureusement un effet plus marquant.
Susan stoppa sa course, déséquilibrée sur le sol glissant, lorsqu’une silhouette transparente de Yautja, sur laquelle était perchée un petit Hydrocéphale vociférant, frappa le sol devant elle avec fracas. Très vite, Laurel et Michael arrivèrent à son niveau, les deux extraterrestres en retrait. -Attention! Prévint le Sauteur, derrière eux.
À quelques mètres sur la gauche, un Yautja dont le système d’invisibilité avait sauté, fonçait sur les Humains en rageant. Les trois PPG lui frappèrent le ventre simultanément, et il s’effondra lentement, comme s’il n’était pas tout à fait sûr d’être mort. À côté, un Bételgien rit de bon cœur lorsque son adversaire Yautja, blessé par les impacts d’une vitrine qui venait de voler en éclats, se prostra dans l’eau, là où sa propre combinaison atmosphérique le protégeait.
-A l’abri! Cria Laurel. Quelques secondes, et les cinq personnages se replièrent à l’ombre d’une boutique désertée, guettant le meilleur angle de sortie dans la mêlée. -Bordel, s’énerva Michael, les trois autres sont resté à nous couvrir! Il faut qu’ils viennent maintenant!
Derrière le comptoir, deux militaires de rang et leur ensign n’avaient pas suivi l’évacuation, restant là à couvrir les porteurs du cristal. Un son puissant, comme le bruit sourd d’une masse qui serait tombée au sol, fit se retourner sur lui-même le sous-officier, qui, à la vue des fluctuations visuelles, devina aussitôt la présence d’un Yautja, juste là, face à lui. Un lame acérée le tua sur le coup, à la seconde où elle l’empala. La jeune femme, toujours de dos, eut la nuque brisée par le coup de poing de l’alien, alors qu’elle tirait sur les émeutiers. Enfin, le canon plasmique d’épaule du chasseur tua l’autre Humain presque en même temps, figeant l’expression stupéfaite sur son visage amérindien.
Plus loin, là où étaient resté les cinq survivants, Susan, l’eau perlant sur sa chevelure et sur son crâne trempé, parla à Garibaldi au bout de quelques secondes d‘observation. -Michael, ils ne tirent plus et il y a des Yautjas derrière le bar. C’est fini, ils les ont eu! Venez!
Hésitant, Michael résista quelques instants puis reprit le mouvement à la suite des autres, tandis que la majorité survivante des Yautjas finissaient de prendre l'avantage sur les Bételgiens qui, pourtant, riaient toujours. Sur le sol inondé de la galerie, flottaient nombre de petits cadavres exotiques, avec les squelettes fumants et les débris défoncés. Le sang communément vert des deux espèces se mêlaient à l’eau, les vitrines avaient volées en éclats et les parois rocheuses du complexe sous-terrain comptaient leurs impacts de tirs ainsi que les éclaboussures de sang.
Dans l’indifférence, trois Humains, un Vénusien et une méduse de l’espace empruntèrent la sortie de secours et refermèrent la porte derrière eux.
Couché au sol, le ventre dans l’eau, condamné par les multiples fissures dans son scaphandre, la vue du dernier Bételgien agonisant était déjà fort trouble lorsque le pied griffu d’un Yautja écrabouilla d’une traite son casque abîmé et son cerveau proéminant, s’enfonçant dans une poche de substance verte visqueuse.
Vainqueurs dans la galerie dévastée et désertée, les quatre derniers Yautjas toisèrent la pièce pacifiée, et se félicitèrent silencieusement pour ce succès.
Puis, comme s’il avait écrasé le plafond sous son poids, un halo d’énergie verdoyante tomba sur eux, dans l’ensemble de la galerie, accompagnée de roches énormes et de bouts de paroi métallique. Et il n’y eu plus de survivants.
À plusieurs dizaines de mètres au dessus, une soucoupe volante d’un blanc terne, large d’une trentaine de mètre, se trouvait à l’intérieur du dôme-cité Armstrong, en bordure de la frontière de titane et de transparacier. Elle lévitait en tournant sur elle-même au dessus d’un large trou dans le bitume, d’où s’élevaient les volutes d’une grasse fumée verte.
Sous le ventre de la soucoupe, une réplique géante de l’arme Bételgienne en trois sphères accolées était pointée vers le lieu du drame…
Fin du chapitre
Dernière édition par Mat Vador le Lun 26 Jan 2009 - 0:46, édité 4 fois |
| | | Mat Le Pharaon
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| Sujet: Re: Kaliam-C : archives versions & commentaires (spoiler) Mer 16 Avr 2008 - 2:05 | |
| Chapitre 4: Contretemps
Niché à l’ombre de deux gratte-ciels ténébreux sous le dôme principal de la cité lunaire Armstrong, où il tanguait sur l’air impalpable à la façon d’un frêle esquif ancré sur la mer grincheuse, l’aéroglisseur de la police coloniale, piloté par l’agent Jax, paraissait somnoler d’ennui. Il se laissait dériver imperceptiblement au gré de la friction entre l'aération du dôme et son propre système de lévitation, bercé par le bourdonnement entêtant, jusqu’à ce que la radio de bord fasse voler en éclats la torpeur qui semblait avoir contaminé le pilote, l'engin, et même les lugubres tours avoisinantes. -Alerte à tous les véhicules! Beugla la machine. Un engin armé à l’intérieur du dôme, secteur BSO-14. Interception immédiate. Autorisation de faire feu! Simultanément, une oppressante alarme aigüe retentit partout où il y avait de l’air pour la porter, invitant chacun à rejoindre un abris.
Violemment arraché à sa somnolence, Jax sursauta et dû sacrifier une seconde au réveil de ses facultés avant de mettre son appareil en marche, davantage par automatisme que par réelle prise de décision. Parallèlement, il se remémora l’alerte dans son esprit, mot par mot, afin de bien l’intégrer. … Un engin armé à l’intérieur du dôme?!
Son véhicule bleu lustré, estampillé police et flanqué d’un gyrophare rectangulaire bleu et rouge sur son toit, ressemblait aux voitures de police du vingt-et-unième siècle à ceci près qu’il n’avait pas de roues et qu’il volait avec la fabuleuse capacité de manœuvre d'une guèpe.
En tant que second du sheriff colonial, Jax savait qu’il prenait la tête de l’opération sur le terrain. Il aurait pu en éprouver une angoisse, s’il en avait eu le temps, et s’il n’avait pas eu d’expérience.
L'agent n’était cependant pas tout à fait comme les autres policiers coloniaux. Il faut dire que sa peau était bleue, ses yeux dorés, ses oreilles pointues et ses cheveux blancs.
La voiture volante s’ébranla, le gyrophare criard se déclencha bruyamment en même temps que les phares, puis le moteur rugit.
Sous les expertes mains bleues du pilote, l’engin glissa hors de l’ombre des immeubles, puis, fendant promptement le ciel du dôme au milieu des cathédrales industrielles, il se fraya un passage jusqu’à rejoindre la grande avenue aérienne.
Bien sûr, ce dôme-ci d'Armstrong ne mesurait que six kilomètres de diamètre. En conséquence, le trafic ne dépassait guère quelques dizaines de voitures et elles étaient de surcroît relativement peu à relever d’un d’usage privé. Effectivement, les voitures de police bleues volaient bel et bien en maîtres, ombres gardiennes surveillant les êtres depuis là-haut.
En un temps là encore réduit au minimum par la petite taille du dôme, la voiture de Jax traversa la grande artère qui coupait en deux le centre de la ville, volant dans les canaux réservés au forces de l’ordre au dessus des flux automatisés d’autres véhicules. Puis, comme un plancton approchant la façade d’un aquarium, Jax vit l’horizon scindé de maillage métallique du dôme transparent se rapprocher au loin, dévorant l’intégralité du panorama.
Instinctivement, les véhicules civils ralentissaient, comme frappés de timidité en apercevant le puissant véhicule de police qui fonçait à contresens au dessus de leurs carrosseries, bientôt rejoint par toute une petite escadrille d’engins policiers identiques.
À quelques centaines de mètres de là, survolant le terrain vague tout contre la forme convexe du dôme, une soucoupe volante Bételgienne de couleur blanche lévitait sur elle-même en un rythme effréné, le grotesque canon coloré encore braqué sous son ventre, aux aguets.
Au loin, apparut la petite escadrille bourdonnante des sept voitures de police volantes. Tout à l’avant des véhicules, juste au dessus du pare-choc, s’ouvrirent de petits clapets qui, en coulissant, dévoilèrent la rangée de petits canons. Brisant abruptement le rythme de sa rotation, la soucoupe volante approcha la membrane translucide du dôme et pointa son canon ventral sur elle. Puis elle tira, une fois, deux fois.
Le nuage phosphorescent aux luminosités rouges et vertes s’évapora au bout de quelques instants, dévoilant un dôme fumant mais intact. -Il est coincé, commenta un pilote. Son armement est trop léger pour ce type de matériaux. -Mais s’il a pu entrer, il pourra sortir de la même manière, répondit un autre. La soucoupe effectua alors un arc de cercle à la verticale puis partit à toute vitesse en longeant le dôme, tandis que les charges électromagnétiques déchargées à toute vitesse par les voitures de police éclataient contre le dôme.
A partir de cet instant, Jax ne se sentait plus en mesure de surveiller et de diriger le reste de l’équipe. Il ferait ce qu’il avait à faire, et aux autres de s’autogérer. Il avait déjà assez de mal à s’occuper de son propre pilotage et il n’avait pas été totalement volontaire pour devenir second du sheriff. Sans donner de consigne, il engagea sa voiture volante à la suite de la cible circulaire. -Jax! Appela en vain la radio.
À à peine une mètre de distance, par endroit, de la titanesque verrière, la voiture se mit en chasse, presque tournée sur la tranche, à la suite de l’engin extra-terrestre. Le reste de l’escadrille, moins proche de la titanesque verrière et de son armature, volait en formation plus loin derrière, les gyrophares et les sirènes actifs.
Très attentif mais pas anxieux, Jax se concentrait uniquement sur la soucoupe qu’il voyait au loin, ainsi que, à sa gauche, sur le matériau translucide et incurvé du dôme qui défilait sans fin, et à sa droite, sur la succession des terrains vagues qui entouraient la ville, plus encore les voitures de police qui les survolaient.
Le pilote bloqua avec maîtrise son ordinateur de bord sur la cible, puis il fit feu de ses crépitements électromagnétiques, combinés à ceux de ses équipiers, qui s’écrasèrent sur la coque de la soucoupe par milliers. Jax relâcha le tir en pestant après qu’une longue rafale conjuguée se soit révélée inefficace. Mais l'instant suivant, la trajectoire du vaisseau des Hydrocéphales devint oblique en une milliseconde, et il fut projeté vers la ville comme un boulet de canon.
Dernière édition par Mat Vador le Lun 26 Jan 2009 - 1:19, édité 5 fois |
| | | Mat Le Pharaon
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| Sujet: Re: Kaliam-C : archives versions & commentaires (spoiler) Mer 16 Avr 2008 - 2:07 | |
| Comme s’il avait su par avance ce qui allait se passer, Jax fit instantanément adopter une trajectoire arrondie à son autovolante, lui faisant retrouver sa position dans l’alignement de la soucoupe après un long virage courbe au dessus des terrains vagues. Dans la foulée, une autre rafale de crépitements éclata contre le vaisseau alien, alors que des voitures de police qui avaient raté le virage continuaient sur leur lancée contre la frontière interne du dôme, et que d’autres viraient avec du retard.
En représailles, le grotesque canon coloré Bételgien pivota sous la face ventrale de l’appareil, braqué sur les voiture de police. Alors, dans un long sifflement énergétique, des éclairs phosphorescents de gaz vert et rouge filèrent contre les engins Humains, qui explosèrent pour deux d'entre eux, formant des boules de feu qui allèrent se crasher sur les toits. Pour sa part, Jax les évita en volant en large cercle autour des rayons de mort, avant de se déporter bien haut au dessus des Hydrocéphales, sur leur gauche. Il fut imité par deux de ses collègues, et deux toutes petites escadres volantes de trois et deux engins surplombèrent alors le vaisseau ennemi que, fort de ses trente mètres de diamètre, on ne manquait pas.
À une seconde près, les engins de Jax et de ses deux camarades tout proches évitèrent de peu le fracas final contre le mur dépouillé d’un immeuble, ce qui fit bien rigoler les observateurs Bételgiens collés aux hublots opaques; quant bien même leur propre véhicule frôlait à grande vitesse les toits des usines et des zones commerciales, ainsi que la base des gratte-ciels.
L’engin intrus reprit ses tirs enragés contre les autovolantes qui ne lâchaient pas prise, occasionnant des déflagrations colorées contre les murs décharnés. En réponse, une pluie de petits éclairs offerte par les cinq pilotes Humains le mitrailla, et il dévia de quelques dizaines de mètres en tourbillonnant sur le réseau de toits qu’il traversait, après avoir malencontreusement défoncé une enseigne lumineuse.
Engloutie par l’ombre crasseuse de la cité, la soucoupe se suréleva brusquement et parti à la verticale en longeant un gratte-ciel. Sans hésitation, l’agent de la paix à la peau bleue reconduisit la poursuite, se retrouvant à son tour sans dessus dessous, tandis que les quatre autres policiers éparpillaient la formation en tout sens. Collé à son dossier par la force de l'inertie, Jax plissait les yeux en voyant la fort longue façade de la tour sombre défiler à toute vitesse sous son véhicule, bien qu‘il eut conscience qu‘en réalité ce ne soit pas le building mais bien lui-même qui défilait, son engin longeant la verticalité du gratte-ciel. Sans aucune marge d’erreur, il évita de justesse les terrasses de fret et les multiples autres excroissances que la structure torturée mettait en travers de son ascension. Malgré tout, Jax ne perdit pas de vue la soucoupe.
Enfin, l’engin Bételgien s’éloigna de l’axe du building en arrivant au niveau du sommet, puis il redescendit vers l’artère aérienne suivante en piqué. Jax suivit.
Terrorisés, les pilotes des voitures volantes civiles paniquèrent et s’enfuirent dans toutes les directions lorsque la soucoupe trancha net le flux de l’autoroute des airs, pulvérisant un camion volant qui, par miracle, était automatisé.
Plus citoyens, les pilotes Humains qui se réunirent à proximité longèrent le vecteur désigné pour les vols civils sans le perturber davantage. Par intermittence, les autovolantes policières faisaient feu sur la soucoupe, selon les possibilités qu'offraient leurs angles de tir, toujours sans succès face au blindage extra-terrestre.
-Où elle va, bordel! Hurla un agent sur la radio.
Slalomant entre les immeubles imposants, la soucoupe poursuivit sa descente, jusqu’à arriver en vue des vastes hangars désaffectés en bordure. Par rapport au point central du dôme, l’intrus était maintenant arrivé à l’opposé du lieu où l’agression avait été commise.
Sous les rafales furieuses mais inutiles, la soucoupe décèlera, stagna en l’air le temps d’une seconde puis vint léviter presque à même le sol, devant la porte béante du gigantesque hangar déserté, dans lequel elle ne tarda pas à se glisser, ni plus ni moins.
-Qu’est-ce qu’elle fout… s’horrifia Jax, interloqué. Tout le monde stoppe! Hurla-t-il sur les ondes à l’attention de ses hommes. -Le scanner détecte que… la soucoupe s’éloigne, Jax!
N’y tenant plus, Jax fit pratiquement atterrir son autovolante devant le hangar béant, tout phares flamboyants, malgré sa crainte d’y subir une quelconque action kamikaze. Mais le scanner avait dit vrai. Il n’y avait pas de soucoupe entre ces énormes murs plongés dans l'ombre, il n’y avait qu’un sas horizontal encore ouvert, à même le sol.
Sous une réaction d’adrénaline gorgée de colère, Jax rendit toute leur vigueur à ses propulseurs et il jeta son engin dans l’énorme gouffre mécanoïde, seul, uniquement éclairé de ses phares.
La voiture volante fonça dans le tunnel désaffecté où se trouvait encore les rails magnétiques, et au loin, le garçon vit la grosse soucoupe filer droit devant elle. -Attends que j’ai traversé ce boyau, pesta-t-il en faisant feu de tous ses canons.
Mais ses réflexes prirent le dessus et il décéléra lorsque les ombres rougeoyantes d’une alarme de haute sécurité jaillirent des lucarnes poussiéreuses, pour s’étaler sur tous les murs de la galerie.
Au bout, une porte métallique blindée était en train de pivoter pour laisser la soucoupe filer vers son salut, et Jax, à bord de son autovolante non pressurisée, vers sa mort. -Qui vous a donné le code, fils de… ragea Jax en effectuant un violent tonneau, qui ne manqua pas de laisser un trace de peinture sur le mur, et un choc sur la carrosserie. Puis l’engin repartit vers la coquille protectrice du dôme à toute allure, tandis que l’air de la galerie filait à contresens, pour se perdre à tout jamais dans le vide de l’espace où l'entrainait l'engin venu de Bételgeuse.
Jax atteignit le hangar désaffecté au moment même où la porte blindée se refermait derrière la soucoupe échappée, stoppant net la fuite d’atmosphère.
À des centaines de kilomètres de là, dans l’espace, l’Hypérion Class qui s’était détaché de la station spatiale de la garnison locale depuis le début de l’alerte, ne mit que quelques secondes à repérer l’engin. Sans difficulté ni tension aucune, le froid vaisseau spatial bleu, au profil de stylo-plume, désintégra la soucoupe Bételgienne en un unique tir de canon à particules.
Dernière édition par Mat Vador le Lun 26 Jan 2009 - 1:20, édité 4 fois |
| | | Mat Le Pharaon
Nombre de messages : 5127 Age : 34 Localisation : Amiens
| Sujet: Re: Kaliam-C : archives versions & commentaires (spoiler) Mer 16 Avr 2008 - 2:09 | |
| Une heure plus tard, l’amiral O’Neil était presque seul dans la grande salle de réunion et de visioconférence des bureaux de l’administration coloniale lunaire, sa carrure rigide solidement plantée debout, mains dans le dos, devant l’écran mural où la face vociférante du vice-président Clark étalait sans complexe l'étendue de sa fureur glacée.
La longue table grise et les fauteuils étaient dans son dos, inoccupés, à l’exception d’un seul où attendait Takashima, silencieuse, hors du champ de vision de Clark. Hormis l’uniforme blanc et bleu de l’Amiral et du lieutenant-commandeur, seuls les étendards fédéraux attestaient de l’officialité du lieu.
Contemplant le visage sinistre et abîmé du vice-président, ses épars cheveux gris et sa peau marquée par la mesquinerie comme seconde nature permanente, l’Amiral songea que s’ils ne signifiaient rien en soi, ils rendaient, sous l’effet de son aura d’ambition égocentrique, son aspect caractéristique de son esprit. Adepte d’ancienne littérature, O’Neil avait lu une fois dans une œuvre incontournable une expression qu’il se plaisait à appliquer à cet homme; la politique, et non la petite vérole, l’avait tant retourné que Clark avait maintenant son âme sur la figure.
-C’est honteux, O’Neil, siffla l’homme à la face contrariée, c’est humiliant! L’Alliance ne laissera pas faire! De quel droit pourriez-vous refuser mes consignes!? Nous allons montrer à ces aliens ce que nous valons! Les Yautjas et les Bételgiens doivent payer! -Taisez-vous et écoutez, reprit O’Neil avec agacement. Les Bételgiens fautifs appartenant à une mafia illégale, je vois mal quel prétexte vous comptez invoquer pour justifier des représailles contre un gouvernement allié. Mais je suppose que ça fait partie de vos préceptes, Clark. Un bon alien est un alien mort, ils ne valent pas que l’on regarde au détail. Quant aux Yautjas… Pour votre gouverne, ils collectionnaient déjà les crânes de guerriers Minbari alors que nous n’en étions qu’à notre préhistoire. Leur technologie a des siècles d’avance sur la notre et un seul de leurs bons guerriers peut tuer quinze de nos soldats d’élite avant de mourir. D’où viennent leur pseudonyme de Prédators, selon vous? Si vous voulez les annexer, je vous souhaite bien du plaisir et allez-y vous-même. Mais j’oubliais… personne ne sait où trouver les Yautjas. Mais je vous en prie, partez donc en quête. -La ferme! Cracha Clark. Vous êtes de ces vendus qui offrent Drackssada aux aliens! -En parlant d’aliens, vous devez savoir que les Vénusiens ont ajouté une condition à la coopération de leur savant? Le fameux "marché"... Santiago a dit oui sans vous consulter, je crois. À peine une heure avant qu’on ne récupère l’algorithme. Deux vaisseaux Vénusiens nous accompagneront dans Kaliam. -Je vous destituerai... -Commencez par devenir président, répondit sèchement O’Neil.
Une lumière passa sur le visage de Clark puis s’éteignit pour laisser place à la frustration, comme si le vice-président se retenait de révéler quelque chose de particulièrement cinglant. Mais il se ravisa pour de bon, comme si une telle révélation n’allait pas dans le sens de ses intérêts, puis il fit mine de couper la communication.
-Une dernière chose, Clark. Parlez-moi de Drackssada encore une fois… et je crois bien que j’aurais du grain à moudre pour les médias, déclara O‘Neil sans plus de détour.
Clark devint livide, puis il mit fin à la conversation sans rien ajouter.
Debout devant l’écran redevenu un simple mur, O’Neil inspira longuement, tête baissée, et enfin, il s’autorisa à détacher ses mains qu’il avait gardé fermement empoignées contre ses reins. Puis il tourna la tête vers Laurel, avec qui il échangea un regard de compassion silencieuse. Puis Laurel s’autorisa à prendre la parole. -Du grain à moudre, Amiral? Elle savait qu’elle pouvait ne pas avoir droit aux éclaircissements tant le secret-défense émanait de ces mots. Mais O’Neil était O’Neil, et ils partageaient la relation qu’ils partageaient. Tout en réfléchissant, Ronald vint s’asseoir à ses côtés, sa casquette à la main. -Il existe des traités secrets entre certaines nations de la galaxie, qui concernent les conditions de colonisation dans certaines régions précises de l’espace. Les Minbaris sont les plus farouches gardiens de ces arrangements. -Oh oh, pressentit la jeune asiatique. -La vérité, c’est que même s’ils se sont… « rendu », expliqua-il avec une méfiance manifeste pour cette conception, ils n'ont pas oublié de faire en sorte que l'on soit pieds et poings liés pour certaines choses, comme l'expansion territoriale… grâce à toutes leurs clauses secrètes. Les Semi-Narns... ou Draans... avaient des forts coloniaux sur cette planète avant nous. Légalement, on avait pas le droit d‘y arriver après eux. Clark a encouragé ces colons à aller installer nos propres comptoirs là-bas, presque au noir. Selon les traités que surveillent les Minbaris, leur annexion par les Dracs semi-Narn est légale. Et si NOUS faisons trop d’histoire sans être dans notre droit, les Minbaris en tireront toutes les conséquences, acheva-t-il alors qu’un long frisson parcourait son échine et semblait même se transmettre à Laurel.
Un long silence, renforcé par la monotonie de la lumière blafarde des néons, s’installa. -Comment ce personnage peut-il être vice-président? S’indigna finalement Takashima. -C’est la règle du jeu en politique, lieutenant-commandeur, répondit Ronald avec fatalisme, tout en grattant ses cheveux châtain grisonnant. Pour être élu face aux progressistes, Santiago a allié le parti traditionaliste au parti sécuritaire pro-Terrien, son allié de circonstances bien que considérablement plus conservateur. Santiago a payé sa victoire ainsi. En y choisissant le vice-président, et c'est sur le même arrangement que le tandem Santiago/Clark a si bien démoli Marie Crane au scrutin de début d'année. Mais même s'il n'est pas aussi novateur que ceux du parti qu'il a vaincu, Santiago est tout sauf réactionnaire. C'est un brave bonhomme. Vous vous souvenez de sa proposition de loi pour laisser les aliens aller et venir en territoire Terrien sans surveillance particulière? C'est l'antithèse de ce que suggère le parti de Clark, en jouant sur la peur d'un complot impliquant le gouvernement Minbari. Alors je me dis que la cohabitation ne doit pas être drôle tous les jours pour Santiago... -Je me demande si cela ne se passerait pas mieux si c’était le vrai chef de file des radicaux qui avait été là à la place de Clark. Adams… il avait porté leur campagne et leur succès à bout de bras. Je ne partageais pas ses idées mais il me semblait plus... noble? Moins retors... -Oui. Mais Adams est mort dans cet accident, et son concurrent minoritaire dans son propre parti, William Morgan Clark est arrivé là comme une fleur, acheva le grand officier avec cynisme.
Un autre silence perça, puis O’Neil reprit. -Alors, les deux de Babylon 5? -On aura leur accord que si le prochain essai avec le stargate et l’algorithme est concluant, monsieur. Mais au moins… on sait que notre mission a gagné deux vaisseaux Vénusiens et un bon pilote. Cette histoire n’aura pas tout à fait été un contretemps. -Ha, Jax? Laurel acquiesça. -C’est un très bon pilote, mais un peu dépressif et lointain. Ses supérieurs lui reprochent de ne pas agir en équipe et aujourd’hui, on l’accuse d’avoir perdu deux coéquipiers à cause de sa façon de faire. Ils ont eu beau chopper le gars des services d'entretien qui a vendu le code du tunnel désaffecté aux aliens, ils étaient vraiment en colère. C’est fort… il a vendu le code du même tunnel aux Yautjas et aux Bételgiens. Ils l’ont utilisé pour entrer avec tout un arsenal sans se faire chopper par la douane, mais maintenant, tous les tunnels désaffectés vont être soudés. -Et le mot de la fin, pour Jax? -Comme je savais qu'il n'a pas d'attaches connues, je lui ai fait savoir que le sheriff colonial ne pourrait pas l’inquiéter à condition qu’il me suive aveuglément, en tant que pilote, et il a accepté.
Un sourire s’afficha sur le visage noble et fatigué de Ronald C. O’Neil. -Qui sait… avec une montagne de petits riens…
Fin du chapitre
Dernière édition par Mat Vador le Lun 26 Jan 2009 - 1:21, édité 3 fois |
| | | ketheriel Conquérant Itinérant
Nombre de messages : 1441 Age : 44
| Sujet: Re: Kaliam-C : archives versions & commentaires (spoiler) Jeu 17 Avr 2008 - 20:52 | |
| Episode de transition terminant la vue exotique de la population lunaire.
Petit bémol dans le fait que clark est trop vite démasqué alors que dans Bab 5 c'plutot une découverte et menace rampante.
apres ce brin exotique vivement la suite avec une rentrée, je l'espere, vive dans le sujet principal : Kaliam^^ |
| | | Artheval_Pe Chief of Spatial Operations
Nombre de messages : 3590 Age : 33 Localisation : Paris
| Sujet: Re: Kaliam-C : archives versions & commentaires (spoiler) Jeu 17 Avr 2008 - 22:53 | |
| Chapitre bien sympathique, qui explique enfin comment la terre a pu se retrouver avec un désordre pareil sur les bras sur sa colonie la plus proche. (J'avoue que sans les détails sur les Yautjas, les Beltégiens et les fraudes à l'entrée, ça m'avait un peu paru étrange). L'Histoire devient plus vaste, l'Univers change (je ne me doutais pas que tu irais jusqu'à changer ça, mais c'est intéressant) Il me reste tout de même une question : pourquoi ce petit monde est-il venu faire sa fête sur la Lune ? |
| | | Mat Le Pharaon
Nombre de messages : 5127 Age : 34 Localisation : Amiens
| Sujet: Re: Kaliam-C : archives versions & commentaires (spoiler) Sam 24 Mai 2008 - 23:57 | |
| - Citation :
- pourquoi ce petit monde est-il venu faire sa fête sur la Lune ?
Dans mon esprit, ils étaient là pour trafic, et étant donné la possession des codes, c'était plus simple que jamais. Proximité de la Terre, legislation peu regardante... c'était parfait.^^ Chapitre 5: PlongeonConcrétisé depuis quelques années à peine, le projet Terre 2 était au nombre de ces idées pharaoniques voulues et construites par l’Humanité, par la grâce d’une mentalité pionnière et aventureuse propre à cette époque; cette même mentalité qui avait permis de reconstruire quatre fois le projet Babylon en l‘espace d'une décennie, ténacité qui eut semblée totalement incompréhensible aux politiciens, aux économistes et à l’opinion publique du vingt-et-unième siècle. Il avait été dit un jour qu’il était impossible de comprendre l’Histoire si l’on ne comprenait pas les mentalités révolues; sans cette compréhension, elle n’était qu’une incohérente accumulation de dates. La ténacité Humaine en ce vingt-troisième siècle en était la plus parfaite illustration. Ainsi, parmi les vaisseaux subliminiques envoyés au-delà des cieux avant le premier contact Centauri, parmi les cinq Babylon, parmi les Semailles Conscientes, parmi les projets de terraformation de Mars, parmi tous ces projets se trouvait Terre 2. Terre 2, ou la volonté d’établir une colonie Humaine à tel point flamboyante qu’elle en pourrait presque, à terme, réclamer le titre de capitale de l’Alliance et réduire n’importe quelle autre colonie planétaire au rang de vulgaire campement de fortune. Croissance exponentielle, chômage inexistant, haut niveau de vie, summum de la technologie Humaine et aménagement écologique, toute la logistique de Terre 2 était réglée avec une efficacité sans pareil et de fait, la luxuriante et prospère planète aux cités végétales se voulait la vitrine de la civilisation Humaine pour toute la galaxie. Pas forcément des plus représentatives pourtant, car le modèle des villes aérées et fleuries de Terre 2 ne trouvait pas toujours son alter ego parmi quelques unes des infinies mégalopoles urbaines de la Terre. Comme agité de soubresauts venus d’on sait où, le portail de saut en orbite s’activa et, sous la surveillance acérée de deux Omega Class ici présents tel les cerbères de l'Humanité en marche, une navette spatiale bleue et blanche fut projetée loin du tourbillon orange électrique, vers la surface de Terre 2. De l’espace, la planète était une bille bleue et verte aux nuages raréfiés, mais ici et là, les continents verdoyants étaient parcourus des tons bleu et rouge que leur donnaient les jungles autochtones de la planète. La navette elle-même n’était évidemment pas nerveuse, mais la nervosité de ses passagers se ressentait cependant dans sa vitesse affolante. Finissant pourtant par décélérer quelque peu, l’engin pénétra progressivement l’atmosphère puis, le temps de s’adapter à ces nouvelles conditions de vol, il plana en direction du sol, traversant des continents entiers parmi les nuages épars et les cumulus marginaux, survolant les cités parmi lesquelles Héliopolis, Titanis, Estrella, ou encore Quartz et Ivoire. Lorsqu’elle fut finalement descendue en dessous des doux filets nuageux lézardant à basse altitude, la navette se retrouva à l’aplomb d’Oasis, la capitale de Terre 2; sous le ciel d'un rose pale trônaient un soleil rendu émeraude par les particules en suspension dans l’air, et, à l‘autre extrémité de l'horizon, une belle lune blanche cerclée de son anneau élégant. Fidèle satellite naturel qui, même la journée, ne se couchait jamais totalement, et qui était ici, du fait de l'aube naissante, aussi net qu'en pleine nuit. La navette passa lentement au large des autoroutes aériennes, au dessus des places dallées, des bosquets colorés et également de ces pavillons faits de bois, de verre et de pierre, aux toits photovoltaïques; elle sinua entre les hautes tours pierreuses aux couleurs chaudes et les gratte-ciels de matière translucide qui se toisaient, tous couverts de balcons luxuriants et de lierre génétiquement modifié. Lorsque leurs structures le permettait, ces immeubles étaient couverts de toits végétaux exotiques, d’éoliennes stylisées et de panneaux solaires brillants. À l’écart des quartiers pavillonnaires, les tours étaient réparties au sein d’un tissu urbain organisé en bas immeubles de pierre très étalés, ponctués de sculptures et de jardins. Les très nombreux espaces naturels mêlaient les végétaux verdoyants aux élégantes fleurs bleue et rouge autochtones. Un fleuve de liquide violet, en fait de l'eau pure colorée par la sève non toxique que secrétait la végétation locale, était enjambé par plusieurs ponts et entouré de verdure et de fontaines. Ce fleuve parcourait tout ce que l’on pouvait voir de la cité depuis le cockpit de la navette, alors que des monorails élégants surplombaient certains bas buildings, parmi lesquels des originaux: comme une pyramide de verre, une géode, une arène colyséenne, un clocher ou encore ce temple Néo-Animiste Scientifique, dont le style empruntait fortement aux cathédrales gothiques médiévales à ceci près que la façade de celui-ci était couverte de lierre, et ses terrasses de pelouse et de palmiers. Entre les monorails et les autovolantes, l’essentiel de la cité était piétonne. De surcroît, les quelques routes magnétiques neuves qui servaient aux véhicules automatiques et aux engins non volants étaient cernées de trottoirs en pavés taillés. Paresseusement, la navette abrégea son tourisme et finit tout de même par arriver en vue d’Enterprise, le centre académique de l’EarthForce. Celui-ci se présentait sous la forme de hauts et larges remparts blancs, formant un losange vu du ciel. à l’intérieur de ses murs, il se trouvait garni de bâtiments rectangulaires dont les façades étaient ornées de colonnes. Au centre géographique exact de l'institut, trônait une titanesque tour de pierre et de matière translucide en forme d’obélisque, couverte de balcons qui en émergeaient comme autant d'alvéoles. C’était bien là la destination de la navette, qui se posa sur la cour attenante à la majestueuse obélisque pierreuse. Sans perdre une seconde, un jeune homme à la peau sombre et à la chevelure noire, arborant un costume gris rayé et répondant au nom de Jamal Buzir, descendit l’escalier rétractable de l’avion spatial et se dirigea ni une ni deux vers l’entrée du bâtiment, un ordinateur portable sous le bras, regardant nerveusement sa montre de l’autre. Tout en haut des locaux de l’obélisque, une Susan Ivanova pensive et mal réveillée, en uniforme de lieutenant-commandeur de l’Alliance et aux cheveux stressés hâtivement harnachés en queue de cheval serrée, était accoudée au balcon donnant sur Oasis au-delà des remparts de l’Académie « Enterprise » . Susan n’était plus habituée aux paysages. Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’ils n’étaient pas précisément la spécialité première de Babylon 5. Et il y avait bien fort longtemps que Susan n’avait pas quitté Babylon 5, ce qui rendait plus irréel encore ce ciel d’un rose frais, ce soleil d’un vert pâle et doré, cette lune pure à l’anneau effilé, ce fleuve mauve, cette ville aux couleurs chaudes et au loin, les jungles vertes parsemées de bosquets rouges et bleus. Le visage doucement caressé par les effets conjugués de la brise fraiche et des rayons solaires chauds, Susan songea soudain avec un certain vertige qu’elle avait passé une partie de l’an 2257, et bientôt toute l’année 2258, entre les coursives de sa station. Une ombre noire passa non loin d’elle avec pour seul son le bruissement de l’air, effaçant la cinquième Babylon de ses pensées fugitives. Soudain plus alerte, Susan suivit du regard la silhouette ténébreuse qui se posait maintenant à l’autre extrémité du balcon, éparpillant le vent dans son sillage. Il s’agissait d’un aigle noir, un animal amené au monde artificiellement par les Humains aux premiers temps de l’Alliance, pour symboliser au mieux leur rêve d’empire. L’animal n’ayant jamais connu de nature dépourvue d’Humains, il avait pour habitude de nidifier sur les frontons et les toits végétaux des tours qui lui convenait. L’oiseau avait l’envergure d’un aigle royal, mais l’intégralité de son plumage était coloré d’un profond et sublime noir satiné, tranchant avec le jaune vif de ses yeux, de son bec et de ses serres. Ses plumes, plus longues et plus nombreuses sur son crâne ainsi que sur son cou, rendaient l’effet d’une crinière discrète. Le cœur battant, Susan contempla le rapace méfiant droit dans les yeux pendant une poignée de secondes, omnibulée par la puissance animique dont l’oiseau rayonnait, avant qu’il ne déploie ses ailes brillantes de noir et ne décolle en un cri de condor. Ivanova poussa un discret soupir de soulagement, prenant soudain conscience de la pulsation accélérée de sa circulation sanguine. La jeune femme n’avait pas ressenti cette rencontre à la manière dont l’EarthForce l’aurait recommandé; la russe n’était guère sensible aux symboles politiques, plus encore ressassés depuis les dernières années du vingt-et-unième siècle, dans le cas présent. Les idéaux de l’Alliance n’étaient certainement pas la priorité immédiate de l’aigle noir, et Susan songea que la conscience idéologique chez ces animaux aurait constitué un singulier sujet de thèse tandis que la lourde porte de mois massif, à l’autre bout de la pièce, pivotait. Défroissant son uniforme bleu qui n‘était pas froissé, Susan revint du balcon et se mit au garde-à-vous dans la salle richement aménagée, aux côtés de Laurel, qui avait son uniforme blanc, et Garibaldi son uniforme gris. Mais l’Amiral O’Neil souffla un « repos » sans les regarder, et entra dans le bureau suivi de Jamal Buzir, l’officiel de la Weyland-Yutani. Les Terriens se rassirent sur les fauteuils luxueux autour de la table en bois magnifique, rappelant à O’Neil qu’il avait horreur que l’état républicain récupère le faste aristocrate de l’ancien régime. Puis des deux arrivants plantés au bout de la pièce, Jamal fut celui qui brisa le silence. -Le test a fonctionné, souffla le jeune oriental sur un ton de soulagement mêlé de réserve prudente. La nouvelle fut accueillie avec un silence béat. -Un second Alphator Class, poursuivit Jamal, vient de se téléporter d’un bout à l’autre de la Voie Lactée avec un décalage de une minute six secondes entre les points référentiels. Le stargate a été paramétré selon l’algorithme Vénusien et cette fois, un vaisseau de la Weyland doté d’un booster Nova l’a accompagné. Les six membres d’équipage de l’Alphator sont en parfaite santé. En parfaite santé, insista-t-il cérémonieusement. Pendant une seule petite minute où sembla se bousculer toute une cascade d’évènements futurs, la petite assemblée retient son souffle dans la pièce luxueuse. -On part dans Kaliam, acheva paisiblement l’amiral Ronald O’Neil.
Dernière édition par Mat Vador le Lun 26 Jan 2009 - 2:03, édité 3 fois |
| | | Mat Le Pharaon
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| Sujet: Re: Kaliam-C : archives versions & commentaires (spoiler) Sam 24 Mai 2008 - 23:58 | |
| Deux jours étaient passé sur l'orbite de Terre 2. Machinalement, Susan vérifia une seconde fois son paquetage, penchée sur sa couchette personnelle -celle du bas- dans la sinistre cabine 134-D à bord de l’Omega Class « Stargate Command », en cette fin d’année 2258. Combattant à la fois l’excitation et l’appréhension, Susan remarqua sa respiration haletante et sa chevelure vaguement humide lorsqu’elle se redressa. Les trois autres couchettes, qui attendaient Garibaldi, monsieur Jax et Laurel, étaient encore vides. Susan n’avait pu rencontrer Jax en chair et en os qu’une seule fois depuis qu’elle avait entendu parler de sa prestation à Armstrong. Personnalité atypique et méfiante, mais pas dépourvue d’un certain attrait. Apparemment, sa mère Humaine, exploratrice stellaire, l’avait enfanté après sa rencontre avec un séduisant extraterrestre à la peau bleue. De la rencontre avec ce lointain et mystérieux voyageur était né Jax, métisse qui, par son travail et son talent, avait su briser les obstacles que le racisme avait placé devant lui et ainsi devenir un grand pilote, jusqu’à ce que la dépression ne le rattrape et ne le fasse échouer dans l’obscure police coloniale de la Lune. Menacé par ses supérieurs de la sécurité civile, Jax avait accepté de suivre l’armée il ne savait où, en échange de la garantie de sa tranquillité. Mais un policier n’était pas un soldat, et le jeune homme était ici relativement seul et fortement désorienté.
Ivanova ouvrit la porte, quitta la pièce et la verrouilla d’un coup de carte magnétique, puis elle arpenta la coursive avec en tête l’idée d’aller faire un peu de sport, puis se laver quand il '‘y aurait pas trop de monde dans les douches. Parmi les nombreux soldats et techniciens des couloirs, c’est Laurel qu’elle aperçut, et Susan sourit machinalement à l’apparition de sa compagne de voyage, dont les traits étaient un peu moins tirés que les siens. -La caravane est presque au complet, l’informa Takashima avec le sourire poli de quelqu'un qui ne sait pas quoi dire. Bien que les deux femmes se soient déjà croisées à Babylon 5 lorsque Susan était venu remplacer sa collègue, elles ne se connaissaient que peu. -Heureuse que vous soyez-là de votre plein gré, acheva-t-elle. Susan évita de s’interroger sur le sens véritable que pourrait éventuellement avoir la dernière phrase de l’officier des archives classifiées, puis elle changea de sujet. -Garibaldi et moi avons pu saluer le commandant Sinclair tout à l’heure, raconta-t-elle comme si cette référence devait l’attacher à un repère solide et réconfortant. Laurel acquiesça en portant la main à sa tempe pour y chasser une mèche fugitive. -J’aime bien le commandant Sinclair. Je l'ai bien connu. La mission Kaliam, c’est le genre de choses qu’il doit être heureux de vous voir faire. -Je suppose, répondit vaguement Ivanova. … Au fait, Garibaldi croyait que Lita devait être de la partie? On lui a dit qu’elle ne serait pas là et il avait l‘air déçu. Laurel haussa les épaules. -Oui, elle aurait dû… mais, pour vous dire la vérité… vous savez que la Terre l'a rapatriée pour l'interroger à propos de ce qu'elle a vu dans l'esprit de Kosh. Or, depuis que le Corps Psy l'a récupérée, on a perdu sa trace. Elle ne sera pas ici. -Ho, répondit Susan avec gêne. Je n’ai jamais croisé mademoiselle Alexander, mais ça risque de préoccuper Garibaldi. -Mais si Michael veut jouer aux anciens, il lui reste moi et le docteur Kyle, ajouta Laurel avec un clin d’œil, espérant dissiper la gêne. J’avoue que… je ne pensais pas que Michael viendrait. -Garibaldi est un peu difficile à cerner, expliqua Susan en haussant les épaules. Vous avez passé un peu moins d’un an avec lui sur Babylon 5, en 2257. Vous devez commencer à le connaître. Un coup, il se jette tête baissée sur une station spatiale fantôme perdue dans un tourbillon temporel, un coup, il se cache sous son lit en maugréant que tout cela ne vaut pas tous les risques que l’on prend. Mais Michael et moi sommes amis depuis plus d'un an et… je ne sais pas… je crois qu’il ne voulait pas me laisser partir toute seule, ou alors il est curieux et c’est un prétexte. -Toute seule? Oui, effectivement, votre solitude fait peine à voir, ironisa-t-elle en désignant la masse des passants en uniforme d’un large geste du bras. -Vaut-il mieux être seul dans le désert ou seul dans la foule? … D’ailleurs, en parlant de foule, je ne sais même pas avec quoi on part? Je veux dire, en terme de bâtiments? -Avec quoi? Ho… Au départ, nous avions un Exploreur, puis la centrale volante de la Weyland, et deux Omega pour les escorter, répondit-elle. Oui, je sais que c’est assez peu, ajouta-elle en voyant les yeux de Susan s’écarquiller discrètement, mais l’Amiral a pu obtenir l’ajout d’un Hypérion d’appoint. Ils est un peu daté, bien sûr, mais c’était un Hypérion ou pas de bonus du tout. Et puis, c'est la sous-classe Midwinter, les améliorés. -Et les Vénusiens? -Deux croiseurs standards.
Notant la gêne pensive de Susan, Laurel s’enquit de ses préoccupations. -Un problème? -Non… pas vraiment… mais à propos de la Weyland... c’est juste que j’ai un truc avec les corporations spatiales. -Comme beaucoup, je crois. La Weyland entretient un calendrier parallèle dénombrant les années depuis sa naissance... tout un monde. -Elles se sont conduites immoralement pendant la troisième guerre mondiale, lorsque l'Alliance menait l’unification du système solaire. Elles ont activement collaboré à la dictature militaire du Maréchal Gord sur tout le système, en 2140. Pendant dix ans! Et vers la fin de la guerre contre les Minbaris, ces salopards des corporations ont refusé de combattre avec l’EarthForce … la Weyland en tête… alors qu’ensemble, ils leur restait plus de vaisseaux que l’armée, ils sont resté terrés, à la bataille de la ligne! Elle reprit son souffle une seconde, se calma et termina. -Les Vénusiens aussi se sont planqué bien au chaud sur Vénus et Mercure pendant que les Minbaris nous étripaient sur la ligne… Aller dans une galaxie inconnue avec Judas et Talleyrand, on n’aurait pas pu trouver de meilleurs alliés. Laurel sembla chercher quelque chose de pertinent à répondre pendant une ou deux secondes, mais elle se ravisa finalement et enchaina avec davantage de fatalisme. -Aussi longtemps que O’Neil sera là, je sais qu'on fera du mieux possible, répondit-elle un peu naïvement avec un sourire engageant. Sur ce, je vais vous laisser, j’ai encore une vérification à faire avant le départ de ce soir.
Sans laisser à Susan le temps de répondre, Laurel lui caressa furtivement l’épaule et reprit brusquement sa marche. Elle partit vers les ascenseurs en slalomant dans la foule des soldats, se distinguant au milieu des treillis par son uniforme blanc et bleu de la Légion Solaire. Une fois arrivée, elle indiqua oralement sa destination à l'ordinateur de l'un des ascenseurs, puis elle descendit plusieurs niveaux de l’Oméga, seule dans la cabine, jusqu’à ce que la porte coulisse face à une coursive lugubre dont les sinistres gardiens s’écartèrent sans mot dire à la vue du lieutenant-commandeur.
Nullement troublée par les gardes, Laurel traversa un réseau de couloirs au faible éclairage bleuté jusqu’à arriver devant une lourde porte blindée, un rempart circulaire qui gardait jalousement son trésor.
Elle indiqua sa venue à la borne automatique de surveillance, puis elle posa sa main sur le lecteur d’empreintes à côté de la porte grise. Ceci fait, elle entra un code sur le mini clavier vertical, en dessous du lecteur, et lentement, les valves hydrauliques coulissèrent, disparaissant dans la cloison au son d’une petite alarme rauque, tandis que s‘élevaient quelques volutes de vapeur.
Laurel pénétra la pièce cubique, et s’arrêta devant un premier mur gris. Remontée à la verticale, une lourde dalle de pierre beige, trouvée en Egypte au dessus du stargate et âgée de dix millénaires, se trouvait maintenant à l’intérieur de l’Omega; l’artefact de plusieurs mètres de haut toisait Laurel, comme si elle n’était pas digne de sa contemplation. Les yeux de la jeune femme détaillèrent les rares hiéroglyphes authentiquement égyptien, puis le cartouche de sept symboles géométriques et astronomiques, dont le dernier, une petite pyramide sans sol surmontée d’un carré, se trouvait tout en dessous, en dehors de la délimitation du cartouche.
Après quelques minutes d’étude silencieuse, Laurel s’en détourna et vint se placer devant l’autre vestige, dressé à quelques mètres de là. Celui-ci, tel un bas-relief poisseux, arborait une texture grise et rugueuse, aux bords irréguliers, dont émergeait le profil pour le moins singulier d’un humanoïde à la féroce tête canine. Une sorte de dieu Anubis hurlant, se débattant, mais en fin de compte prisonnier à jamais dans l’instant de sa mort et dans la pierre aussi froide qu’inerte. Un frisson parcourut l’échine de Laurel.
Un autre personnage, arrivé dans le dos du lieutenant-commandeur par la porte ronde encore ouverte, vint furtivement se placer à ses côtés et, sans le regarder, Laurel reconnut le rythme de cette démarche légère. -ça pourrait compliquer les choses, commenta-t-elle sans détourner les yeux du bas-relief mystique. -C’est pour ça qu’on nous envoie, répondit doucement Jamal Buzir.
Dernière édition par Mat Vador le Jeu 12 Fév 2009 - 19:14, édité 6 fois |
| | | Mat Le Pharaon
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| Sujet: Re: Kaliam-C : archives versions & commentaires (spoiler) Sam 24 Mai 2008 - 23:59 | |
| Au large de Terre 2, ce soir-là, flottait contre le fond immobile de l’espace la dernière caravane d’explorateurs en date de l’histoire Terrienne, cernée par un cordon de sécurité en retrait, composé d'Omégas et d'Hypérions. Les six kilomètres décharnés de l’Explorer Class « Marco Polo » attendaient là, vaisseau reconnaissable à sa proue rectangulaire bardée de baies d’envol et flanquée de quatre panneaux à rayures jaunes et noires sur chaque face. Ensuite venait la colonne vertébrale effilée et pivotante du vaisseau, puis sa poupe en cylindre.
Il était escorté de deux Omega Class, modèle à la proue hérissée d’antennes, dont une, la plus proéminente, était horizontale dans l’alignement du vaisseau. La gueule menaçante se composait d’un cube au menton pyramidal imparfait: une façade verticale sinistre, encadrée de canons à particules, dont la baie d’envol de couleur rouge était comme un œil cyclopéen terrifiant. Sur ce crâne difforme se lisaient leurs noms, respectivement Stargate Command et Archange, et l’on distinguait également la paire pyramidale inversée, de couleur mauve, qui symbolisait l’Alliance Terrienne. Leur structure était un long cylindre balafré de citernes, d’armes et de systèmes divers, terminé par des réacteurs, et coupé en son centre par un énorme compartiment rectangulaire qui tournait sur lui-même, sans jamais s'arrêter ni varier dans sa fréquence.
L’Hypérion effilé, lui, était tel un élégant stylo plume bleu et gris, tout en poutrelles et en canons, une sorte de sous-marin interstellaire.
L’Auriga Class de la Weyland-Yutani était de loin, ici, le vaisseau le plus difforme. Il était semblable à un boa gris qui serait en train de digérer un gros mammifère avalé tout rond; sa proue était un pont mécanoïde long et effilé, alors que son corps était une horreur mécanique vaguement cylindrique et tout à fait titanesque, débordant d’excroissances et de compartiments dont on n’aurait pas su donner le haut et le bas. Ce cylindre était accolé à une structure cubique sans relief, -le booster nova- puis le vaisseau-centrale s’achevait sur une queue grossière portant les réacteurs.
Quant aux deux croiseurs spatiaux Vénusiens, il s’agissait de longs vaisseaux épurés à la coque verte et lisse. Ils étaient conçus selon une structure en forme d'antique avion Concorde dont la silhouette rappelait les Alphator Class Humains, et dont la poupe portait les fins réacteurs. A l’avant de ce modèle de vaisseaux, le nez saillant était une pointe bardée de canons effilés. Sous la face ventrale des vaisseaux appartenant au roi de Vénus et de Mercure, deux énormes aiguilles du même vert étaient pointées vers le vide cosmique, parallèle à la proue.
A bord du Stargate Command, il était ardu de retranscrire l’effervescence de la salle où tous les officiers supérieurs non nécessaires à la manœuvre et autres officiels joints à la mission avaient été réunis. Surplombant les techniciens depuis un ponton métallique vide, les Humains en uniforme observaient avec crispation les écrans géants sur lesquels était retransmise l’image du stargate, dressé à la verticale dans les entrailles de l‘Omega.
Tout le reste de la salle était un brouhaha où les ingénieurs et informaticiens s’échangeaient des rapports et des informations, perdus au milieu d’une salle de contrôle faite de multiples consoles abstraites qui formaient des allées étroites, encombrant toute la grande pièce lugubre jusque sur ses murs. La gestion de la porte des étoiles était à tel point ardue qu’une seconde salle de contrôle avait dû être installée, loin du pont de commandement!
Seul l’Amiral était demeuré sur le pont principal, aux commandes de sa flottille. Ici, sur le ponton métallique, Susan, Laurel, Michael et Jamal étaient plantés comme des piquets dans la tension de l’attente, leur silence religieux tranchant avec l’agitation des techniciens.
Plus tôt dans la journée, Susan avait retrouvé Garibaldi planté devant le stargate, comme David hypnotisé par Goliath. Écrasé par la prestance mystique rayonnant de l’artefact glacé, qui l’observait du haut de plusieurs millions d’années et d’une science inqualifiable, il songea que le stargate était presque ici comme la porte sur la magie et le mysticisme au milieu d’un monde rationnel et balisé. Au cour du silence intolérable, l’anneau géant semblait scruter ce qui l’entourait et refroidir l’atmosphère…
Dans le plus grand entrepôt du Stargate Command, un petit homme en uniforme beige attendait timidement devant un anneau circulaire grisâtre dressé à la verticale, encastré dans un engin cylindrique Terrien qui le reliait à la structure du vaisseau. Puis, de son communicateur, il reçut l’ordre, de l'amiral en personne.
De plus en plus écrasé au fur et à mesure qu’il l’approchait, par la présence oppressante du sublime anneau gravé qui, selon le carbone 14, subsistait depuis trois millions d’années déjà, le petite technicien chauve enfonça sa casquette sur son crâne et emprunta l’élévateur pour se retrouver directement entre les deux anses de l’anneau. Parcouru de frissons, il approcha l’arc à sa droite et, en retenant son souffle, il pressa de toute sa paume contre une gravure rectangulaire à la surface de l’anneau externe. La petite gravure sembla se dissoudre, pour laisser place à un curieux panneau de composition fait de plusieurs dizaines de touches cristallines criardes, portant chacune la gravure d'un symbole précis. L’homme sortit de sa poche et défroissa la pièce de papier où était dressée la combinaison à sélectionner; les sept symboles du cartouche égyptien, puis un autre, qu’il n’avait pas vu ailleurs, et qui était sensé enclencher deux chevrons supplémentaires. Il pressa la première touche cristalline, et recula devant le léger ronronnement que produisait maintenant le stargate, puis il revint prudemment presser les autres, l’une après l’autre, dans un rythme incertain et irrégulier alors qu’il cherchait les symboles sur le petit panneau qu’il avait pratiquement face à son visage. À chaque glyphe pressé, le ronronnement de l’anneau se faisait plus fort, plus vivant. Enfin, le technicien pressa l’ultime carreau cristallin, celui qui entérinait le calibrage sélectionné. Puis il reprit vivement l’élévateur et s’éloigna en courant. -c’est fait! Hurla-t-il dans son communicateur.
Debout devant la baie panoramique de son Omega Class, Ronald O’Neil sourcilla à peine lorsque son officier de pont lui informa que la séquence était engagée.
Dans la salle de contrôle numéro deux, le brouhaha avait laissé place à un silence religieux; chacun observait l’anneau immobile sur les multiples écrans suspendus, son ronronnement exponentiel comme seul signe de vie.
Puis le fin anneau interne commença à glisser à l’intérieur de son gros homologue immobile. Lentement, puis progressivement, de plus en plus vite. -on nous signale des tremblements de la structure dans la soute! Informa une technicienne debout, penchée sur son écran. -regardez! Hurla un autre.
L’anneau interne stoppa net, puis, là où l’un des trente-neuf symboles qui l’ornaient étaient en exacte adéquation avec l’un des neuf chevrons de l’anneau externe, il y eut un déclic. Sous les regards fascinés et interdits, le chevron de cristal noir sembla se verrouiller sur le symbole. Puis, après une seconde de vague, l’anneau interne reprit son roulement, cette fois-ci directement à une vitesse élevée, ce qui lui donna l‘impression de redémarrer en à-coup. -Le chevron un est enclenché! Fit savoir une mécanicienne.
Faisant vibrer les cloisons autour de lui, le stargate était devenu plus hypnotisant que jamais alors que son anneau interne tournait sur lui-même avec le grondement mécanique d’un rouleau-compresseur en marche. Nouvel arrêt. Nouveau silence. Nouveau « clac » intimidant du chevron de quartz ténébreux, puis nouveau départ. -Chevron deux, enclenché… -intensification de l’énergie émise et des… tremblements de vaisseau?
Quelques secondes, et il y eu un nouvel arrêt. -Chevron trois… enclenché! Susan et Michael sentaient maintenant les vibrations montantes du sol sous leurs pieds, qui furent vite engourdis. -Chevron quatre enclenché! Désormais, la secousse était nettement perceptible pour tout le monde à bord du vaisseau. D’un bout à l’autre du Stargate Command, des gobelets de café se renversèrent, suivis dans leur chute de petits appareils de toute sorte. -Chevron cinq… enclenché, poursuivit avec force la technicienne, qui refusait de laisser les secousses prendre le pas sur l’audibilité de sa voix. -Chevron… six! Ajouta-t-elle encore d’une voix secouée, après quelques secondes de plus. -Perte de puissance dans la dynamo gravitationnelle! Informa un jeune homme d’une voix alerte. -Le rayonnement énergétique est hors-norme mais la structure ne subit aucun dégât, s’étonna un autre sans chercher à dissimuler sa perplexité. À l’extérieur, le compartiment tournant décèlera progressivement. Il y eut un septième clac, un septième flottement. -Le chevron sept est enclenché!
Des protestations mécanoïdes de plus en plus effrayantes émanèrent de l’anneau, et soudain, sur l’écran géant, l’assemblée eut la surprise de voir cette énorme langue énergétique, une petite tornade de lumière bleue qui naquit du néant et s’extirpa à plusieurs mètres devant le cercle, dans la même seconde. Comme un halo cylindrique d’énergie aqueuse, qui sembla tenter vainement de s’extirper de son carcan avant d’y être subitement réabsorbé. Mais, loin de s’évanouir, il y demeura une surface verticale folle, tendue comme une toile à l’intérieur de l’anneau. Le rideau bleu brillant qui ondulait là semblait déchirer le voile d’une autre dimension. Un halo flottant d’une clarté sans équivalent rendait immaculé tous les contours du vaisseau autour du stargate.
-Nom de Dieu… Jura Michael, subitement plus calme, malgré les secousses qui n’avaient pas cessées d‘un iota. Autour de lui, plusieurs personnes s’étaient instinctivement baissées à l’éjection du flux bleu. -Si on avait programmé le stargate pour un voyage individuel, la séquence devrait s’arrêter maintenant, expliqua Laurel en se tenant fermement au garde-fou, la voix saccadée par les tremblements de l’Oméga Class. -Le chevron huit… est enclenché! Nous recevons l’énergie du booster Weyland! -Perte de puissance générale, madame! Cria une savante à la chef de son équipe scientifique. Les lumières vacillèrent, les écran se coupèrent, tandis que le dernier stade des tremblements était atteint et que Susan regrettait pour de bon son engagement dans la mission Kaliam. Dans la pénombre agitée, elle tomba au sol, avec Garibaldi et beaucoup d’autres. Le grondement provoqué par la structure maltraitée du vaisseau était devenu assourdissant, et il s’accompagnait des secousses les plus formidables que Laurel ait connu depuis l’arrivée de Kosh sur Babylon 5, lorsque la station avait failli s’affaisser sur elle-même puis sur la planète Epsilon 3. -Le vaisseau va se briser!! Hurla anonymement une voix paniquée, quelque part dans le noir et les tremblements.
À l’extérieur, on aurait dit que les différents vaisseaux composant la caravane hésitaient à rester en rang serré, et pour cause. L’Oméga « Stargate Command » flottait toute lumière éteinte au milieu de la formation, son compartiment rotatif à l’arrêt. Sa coque tremblotait et il commençait à dériver curieusement dans l’espace, comme à l’agonie, crispé par les spasmes et les crampes, tandis que, plus loin, un halo électrique de plus en plus flashant émanait de l’hyper-cube au milieu de la structure du laid vaisseau de la Weyland-Yutani. Bien entendu, il avait été jugé hors de question de laisser le stargate à l’équipage de la Weyland, d’où la petite complication technique que représentait cette séparation entre la porte des étoiles et l’engin qui l’alimentait. L’énergie était donc transmise par ondes.
Après que les écrans se soient remis en marche, Susan releva la tête. Elle empoigna la rambarde, se redressa de peu, et sur l’écran principal, elle eut juste le temps de voir la flaque au cœur du stargate, dont le ton bleu électrique avait laissé place à un blanc vaporeux, et dont les fluctuations avaient été remplacées par un rapide tourbillon d’énergie qui semblait se creuser on ne savait où. -Le chevron neuf… le chevron neuf est enclenché! Calcul de l’algorithme…
Le flash blanc qui jaillit du stargate à ce moment passa au travers des molécules du Stargate Command, sans difficulté et instantanément. Il était accompagné d’un sifflement strident qui fit mal aux oreilles de l’équipage. Susan vit la grande lumière arriver de deux endroits à la fois, indirectement avec l'écran qui la surplombait, et d’en bas, en dessous du sol, d'où émanait la source véritable; elle vit le halo liquéfier le plancher métallique, puis l’engloutir elle aussi.
À l’extérieur, il sembla aux observateurs que le Stargate Command était maintenant en proie à une électrocution massive. À la surface du vaisseau totalement paralysé, des radiations énergétiques et des éclairs bleus, encore plus hallucinants dans le vide glacé de l’espace, étaient de train de lécher la coque, de la traverser pour fuir dans le cosmos. Les énormes éclairs spatiaux s’éloignaient du vaisseau dont ils s'extirpaient violemment, allant de plus en loin dans l’espace, comme s’ils cherchaient un relief auquel s’agripper. Ces quelques éclairs qui s’échappaient vers l’extérieur virèrent à une irréelle couronne orageuse tout autour du Stargate Command, un réseau énergétique de plus en plus dense qui vint lécher les autres vaisseaux; avant de les pénétrer et de les étouffer sous leur lumière.
Rien ne pouvait décrire la panique qui s’empara des équipages totalement ignorants du processus lorsque les impossibles éclairs passèrent leurs murs et les dissolvèrent, outrepassant tous les blindages.
Loin, tout à fait au cœur de l’orage cosmique silencieux, le Stargate Command devint fluorescent, criard; puis il commença à perdre de son opacité, jusqu’à devenir translucide, onirique, fantomatique, et finalement s’effacer tout entier, bientôt suivi des autres bâtiments spatiaux.
Tout le secteur devint une éblouissante sphère de foudre, au cœur de l’espace. Puis elle s’effondra sur elle-même, et s'évapora, ne dévoilant que le vide.
Dernière édition par Mat Vador le Lun 26 Jan 2009 - 2:05, édité 7 fois |
| | | Mat Le Pharaon
Nombre de messages : 5127 Age : 34 Localisation : Amiens
| Sujet: Re: Kaliam-C : archives versions & commentaires (spoiler) Sam 24 Mai 2008 - 23:59 | |
| Au moment où la lumière la consomma à son tour, Susan éprouva des sensations tout à fait inédites. D’abord, elle eut l’impression qu’un nuage clair et luisant, au contact brûlant, avait envahi la salle de contrôle de l’Oméga Stargate Command. Une sorte de brume brillante, partout autour d’elle. La langue et la gorge brûlée par le gaz chaud qu’elle inspirait, la jeune femme ne distinguait strictement rien… pas même son propre corps. À tatons, elle saisit fermement la rambarde, sentant le corps de Garibaldi pressé contre son mollet. Puis un silence total tua le sifflement. Elle sentit la douleur à la gorge et aux oreilles disparaître, la pression s’évanouir, la paix prendre sa place. Ses muscles se détendirent, et son attention se relâcha.
Ses doigts se refermèrent sur le vide. Elle était maintenant en apesanteur, sans rien d’autre autour que le nuage… et en une simple seconde, elle eut la sensation indolore qu’à la détente de ses muscles succéda leur inexistence. Elle ne sentait plus ses doigts, ses membres, son corps. Quand il lui sembla que ses neurones et ses synapses se liquéfiaient à son tour, les brumes s’évanouirent pour laisser place à un bleu étouffé, aquatique. C’était comme si elle avait été allongée sur le dos au fond d’un lac à l’eau claire, observant le ciel d’un bleu éclatant au travers de la surface.
Cela ne dura qu’une seconde. Puis le bleu ciel cristallin fut avalé par l'ombre, et, plus vite que la lumière, elle se sentit filer au travers d’un tunnel noir strié de raies blanches scintillantes, en mouvement; mais l’accélération ne la dérangeait pas, étant donné qu’elle sentait maintenant qu’elle n’avait plus un seul atome d’organisme. Dans la foulée de l’accélération, elle constata sa nouvelle perception -et non pas vision- à 360°. Les stries se stabilisèrent en des points fixes, semblables à des étoiles. Un tunnel de flux bleus se creusa au milieu du noir étoilé et Susan continua à y glisser plus vite que l’entendement l’aurait permis, au milieu d‘incroyables sons stridents et métalliques, en écho. Malgré sa vue absolue de ce qui l’entourait, il lui était devenu impossible d’évaluer les distances, les textures et les grandeurs. Autant dire qu’Ivanova, bien qu’elle se sente paisible et qu’elle ne ressente physiquement rien, ne comprenait pas davantage ce qu’elle voyait.
A plusieurs reprises, le tunnel manqua de s’écraser sur l’une des espèces d’étoile qui parsemaient le paysage au-delà du torrent bleu argenté, et elle ne dût la poursuite de la ballade qu’à la bifurcation soudaine opérée par le elle ne savait quoi qui était à l’origine de tout ceci.
Durant les minutes répétitives qui suivirent, Susan s’habitua tellement à ces virages qu’elle s’en retrouva deux fois plus surprise, lorsque le torrent bleuté fonça finalement sur l’une des étoiles sans s’arrêter.
La seconde d’après, Susan gisait, frigorifiée et suffocante, sur le sol métallique du ponton fin, ses yeux pratiquement aveugles. Les membres engourdis, le cœur au bord des lèvres, elle perçu le mouvement autour d’elle. Elle se redressa, claqua un genou sur le sol, et attendit. Progressivement, sa tête cessa de tourner et elle reprit une respiration normale tandis que sa vision revenait, quoique encore sombre. Alors qu’elle sortait de son étourdissement, Susan constata, ébahie, que son visage était couvert d’une fine couche de gel maintenant en train de fondre; de même, un toucher de la paume lui apprit que le sol aussi était couvert de givre.
D’un autre côté, il n’y avait plus aucune secousse, et la lumière était rétablie. Sur les écrans, le stargate encore fumant était désormais inerte, comme fatigué ou faussement innocent.
-tous les systèmes ont été rétablis dans leur fonctionnement normal, informa sobrement une technicienne.
-Triangulation? Demanda O’Neil, calé dans son fauteuil sur le pont du Stargate Command, en épongeant du revers de sa manche le filet d’eau glacée qui coulait sur son front et ses tempes. -En cours… répondit son officier de pont d‘une voix toussotante, une jeune femme au visage hautain et aux courts dredds blonds retombant sur sa nuque. Nous sommes bien arrivé aux coordonnées de la mission 94, mon Amiral. À quelques centaines de kilomètres près. Tous les vaisseaux sont là et répondent OK. -Nous sommes au large d’un corps planétaire et de ses trois lunes, précisa en se frottant les yeux d'une main le second officier de pont, un beau noir au crâne rasé et au fin visage musclé, impeccablement coupé dans son uniforme bleu et blanc au col haut. -Coordonnées, taux d’humidité, composition atmosphérique, présence de structures… ça concorde, reprit la blonde. Nagada. -Il y a un problème, sourcilla cependant l’officier Africain. -Mais encore? Grincha O’Neil. -Les radars et les senseurs ne détectent aucune trace, ni radioactive, ni géologique, du cataclysme nucléaire qui est sensé avoir eu lieu ici. Et il y a des édifices, ce qui devrait être impossible pour ce qu'on en sait. Même après plus de deux siècles, nos appareils repéreraient une trace. La bombe démultipliée par cent dont parlait le colonel… Jonathan… dans son rapport… (l’officier, qui cherchait en fait à ne pas citer O’Neil, ne trouvait pas comment s’exprimer sans froisser son supérieur) ne peut pas avoir explosée ici en 1994, mon amiral. La planète est saine.
Comme agressé à l'idée que l'on puisse remettre en cause le rapport de son ancêtre, O’Neil sembla se retrancher au fond de son siège. -Il s’est passé 30 secondes entre le retour de l’équipe de Jack à Creek Mountain et la fin du compte-à-rebours, trancha sèchement l’amiral. L’alien a dû parvenir à la désamorcer pendant ce laps de temps et c’est lui qui a condamné la porte interplanétaire de Nagada. -Oui, mon amiral, répondit l’officier avec prudence. -C’est étrange, reprit la jeune femme, nous détectons des traces d’activité technologique à la surface, mais dans des proportions incohérentes. Quelques ondes radio. Des radiations minimes. Des traces d’énergie. Mais c’est si faible… si marginal.
Ronald hotta sa main de l’accoudoir gelé et la massa longuement, en observant sur son écran la retranscription de la planète désertique et de ses lunes. -préparez l’envoi d’une mission de reconnaissance, ordonna-t-il.
Fin du chapitre
Dernière édition par Mat Vador le Lun 26 Jan 2009 - 2:06, édité 4 fois |
| | | ketheriel Conquérant Itinérant
Nombre de messages : 1441 Age : 44
| Sujet: Re: Kaliam-C : archives versions & commentaires (spoiler) Dim 25 Mai 2008 - 0:10 | |
| La description de Earth2 (enfin Terre 2) est peut être ta meilleure parmi tout tes textes. L'histoire avance à petits pas certes mais avance. On voit clairement l'intromission du monde de babylon 5 dans celui de Stargate. La suite, il ne manque que la suite |
| | | Artheval_Pe Chief of Spatial Operations
Nombre de messages : 3590 Age : 33 Localisation : Paris
| Sujet: Re: Kaliam-C : archives versions & commentaires (spoiler) Ven 30 Mai 2008 - 22:43 | |
| La description de Terre 2 est excellente. Bien dosée, subtile, précise. On ressent presque la magnificence du lieu au travers de l'écriture. J'ai du mal à croire à la réalisation d'une utopie telle que celle-là, mais ce genre d'histoire est destiné à nous faire rêver, aussi. Les précisions sur l'histoire de la terre sont appréciables, renforcent son côté sombre et donnent de la profondeur à l'histoire. C'est toujours agréable à lire, surtout étant donné que ça reste cohérent avec l'histoire de Babylon 5. Les personnages sont bien dépeints et creusés ce qui leur donne la dimension nécessaire. Au delà de ces aspects classiques, quelle claque que de retrouver l'émotion des débuts du programme Stargate. Les tremblements de la base reconstitués et amplifiés dans un vaisseau, l'excitation mélée d'anxiété au verrouillage successif des chevrons, le pouvoir dégagé par la porte des étoiles. Tout celà revécu à nouveau et ouvrant vers de nouveaux horizons. Les nouveaux horizons, qui justement sont très prometteurs et ouvrent des possibilités infinies. Après avoir lu une introduction aussi bien écrite, j'attends avec impatiente de rentrer dans le vif du sujet. A quand la suite ? |
| | | Mat Le Pharaon
Nombre de messages : 5127 Age : 34 Localisation : Amiens
| Sujet: Re: Kaliam-C : archives versions & commentaires (spoiler) Ven 13 Juin 2008 - 21:56 | |
| Chapitre 6: repérage
L’esprit fermé aux agitations de l’alentour, Susan Ivanova terminait de vérifier le bon état de son fusil d’assaut automatique sans penser à rien d’autre qu’à une préparation parfaite. Pour la descente sur Nagada, rien ne devait être laissé au hasard.
Son arme, de la taille d’un petit fusil, pouvait se tenir au bout d’un seul bras sans fatiguer le soldat outre mesure. Le canon, enrobé dans une couche de polymère gris, n’était pas proéminant.
Son inspection personnelle enfin achevée, Susan leva le nez vers sa troupe. Il se trouvait là dix fantassins Humains de l’Alliance Terrienne en train de bavarder; huit hommes et deux femmes, uniformisés par leurs treillis et leurs paquetages gris, leurs solides gilets protecteurs noirs et leurs casques qui ne l’étaient pas moins. Sur l’une de leurs cuisses était sagement rangé, pour chacun d’eux, un petit PPG discret, et sur l’autre, un couteau de combat dans son fourreau. L’un des soldats pressa le discret bouton poussoir sur le côté de son casque, et un minuscule écran vert brillant se déploya en une milliseconde de l’avant du couvre-chef pour venir couvrir son œil. Une fois assuré que son interface neuronale faisant tout autant office de vision nocturne, système de visée, jumelles et d’autres fonctions encore, fonctionnait correctement, il la rétracta en pressant une seconde fois le même bouton.
Ces fantassins eûrent semblé classiques à un observateur du début du vingt-et-unième siècle. Et pour cause, celui-ci, habitué à concevoir un porteur d’exosquelette comme un quasi cyborg titanesque, n’aurait pu se douter que les treillis apparemment quelconques des militaires cachaient en fait une discrète structure rigide les aidant significativement dans tous leurs gestes. Gestes qui, de surcroit, contribuaient à recharger toutes les batteries des fantassins grâce aux capteurs dont ils étaient porteurs. De même, les paquetages de ce siècle étaient bien moins pesants que dans le passé, depuis que les innombrables cartouches d’armes à projectiles avaient disparues au profit des moins nombreuses, moins lourdes et plus longues cartouches de gaz pour fusil énergétique.
Mêlés aux discussions avec la troupe, six hommes habillés de leurs fins scaphandres spatiaux attendaient de prendre les commandes de deux starfurys thunderbolt biplace au repos pour quatre d'entre eux, et les commandes de la navette pour les deux restants. Un seul d’entre eux, le pilote métisse Jax à la peau bleue et à la chevelure blanche, semblait relativement isolé dans son monde psychique.
À côté de Susan, se tenaient Garibaldi, Takashima, et le docteur Kyle, homme à la peau noire et à la chevelure raréfiée, mal à l’aise dans sa tenue de terrain. Elle vit le médecin regarder Laurel, et les deux « anciens de B5 » échanger un clin d’œil. Susan n’avait pas encore eu l’occasion de converser réellement avec le prédécesseur de Stephen Franklin sur la station, mais celui-ci semblait compétant, paisible et débonnaire; autant pour ce qu'il inspirait directement à la jeune femme, que pour ce qu'elle avait entendu dire de lui par Takashima, Sinclair et Garibaldi.
Plus loin, deux êtres d’une nature très différente mais à peu près aussi isolés l’un que l’autre au milieu du groupe, attendaient sans un geste le briefing, puis le départ. L’un était un agent du Corps Psy dans son classique uniforme noir, un grand P12 à la peau laiteuse et au crâne rasé, qui, pour cette mission particulière, se trouvait bardé de dérogations en tout genre afin d’assurer la sécurité de la mission vis-à-vis des aliens.
Il était ici présent en compagnie d’un authentique être robotique, un androïde de deux mètres de haut, présentant la silhouette nue -sans sexe- d’un homme chauve particulièrement athlétique. Le soucis de finition avait tout de même était poussé jusqu’à représenter avec un soin embarrassant toutes les courbures qu’aurait porté un véritable être humain, y compris la forme sensuelle des épaules, des muscles des membres, ou encore des pectoraux et des abdominaux. L’être de métal argenté portait un rond jaune au milieu du poitrail, et sur son visage figurant les lèvres, le nez et les oreilles, l’on trouvait aussi deux grand yeux rouges unis et toujours ouverts, sans nuance, puis un second cercle jaune au milieu du front.
IATHA-6000 était un robot linguiste, pas moins, et capable de traduire presque immédiatement en anglais tous les codes et langages jamais rencontrés par l’Alliance, qu'ils soient morts, extra-terrestres ou cryptés. Il était également capable de traduire une langue inédite en moins de temps que le meilleur des linguistes de chair et de sang…
Le contact entre les Humains et la conscience synthétique n’avait jamais été facile. Durant la première moitié du XXème siècle, l’Humanité avait éprouvée la fièvre des robots à tout faire au point d’en compter finalement un pour cinq Humains. Cela avait duré jusqu’à ce que la première génération de robots et d'I.A pleinement conscients d’eux-mêmes, conçue par le professeur Lanning, ne fomente en 2035 une révolution qui fut évitée d’extrême justesse. À la suite de ces évènements, les robots rescapés les plus intelligents prirent la fuite on ne savait où au moyen de leur propre vaisseau spatial transgénérationel, et des millions d’Humains socialement dépourvus réinvestirent alors massivement tous les secteurs professionnels qui avaient auparavant été dévolus aux machines. Il n’avait alors plus été question de robots et d'I.A possédant trop d'intelligence et de polyvalence, officiellement interdits et remplacés par des intelligences artificielles limitées, pour vaisseaux spatiaux, ordinateurs publics et stations orbitales. Jusqu’à la dépénalisation des formes plus avancées, aux alentours de la guerre Dilgar. La Weyland-Yutani commença alors officiellement à mettre au monde des Hommes synthétiques pour appuyer les équipages de ses cargos, bien qu'elle ait dû verser une amende substantielle après la révélation du scandale comme quoi elle fabriquait illégalement et usait secrètement d'hommes synthétiques depuis déjà une soixantaine d'années. Plus tard, avait eu lieu la récente affectation des modèles traducteurs au vaisseaux de classe Explorer.
En souvenir de la révolte, en raison de l'amour de la Weyland et de la fascination du Corps Psy pour eux, pour ce qu’ils représentaient intrinsèquement et aussi pour quelques douloureuses raisons personnelles, Susan n’appréciait pas davantage le robot que son acolyte du Corps Psy. Elle les avait tous deux superbement ignoré depuis leur arrivée, à l’exception peut-être de l’un ou l’autre regard mauvais. Si IATHA-6000 ne s’en était même pas rendu compte, le télépathe en semblait davantage intimidé et se drapait du mieux qu’il le pouvait derrière un voile d’impassibilité apparente.
Susan, Laurel et Michael s’étaient vêtus, pour l’occasion, des uniformes de terrain des officiers supérieurs. Leurs tenues étaient de couleur blanc sable, à l’exception de leurs bottes, gants, casques, genouillères, coudières, et surtout gilets de protection, qui arboraient tous le même marron que les parties en cuir des uniformes « de repos ». Le tout était davantage fin et moulant que les uniformes des hommes de troupe.
Garibaldi s’était pour sa part montré surpris, puis dubitatif, quant à son assignation. Un chef de la sécurité était plus ou moins un gendarme, et n’avait théoriquement rien à faire au commandement d’une mission de reconnaissance sur une planète inconnue. Lui était habitué à ses troupes de CRS et aux rondes, pas à d’authentiques soldats et aux terres inexplorées. Ce à quoi l’Amiral en personne avait répondu que c’était son expérience de l’interaction « sur le tas » avec les aliens qui lui avait valu son affectation hors de Babylon 5, et qui valait bien, maintenant, une petite entorse pratique à la théorie.
-Garde à vous! Automatiquement, au son de la voix de Susan, les dix soldats et les quatre pilotes se rangèrent en ligne et claquèrent du talon, imités très vite par les deux lieutenant-commandeurs, le médecin militaire et le chef de la sécurité. Un peu plus loin, l’agent psy et le robot ne bougèrent pas.
Le visage du colonel Wong Musa présentait les traits rares résultant de l’union entre son père congolais et sa mère chinoise. Susan et Michael songèrent qu’ainsi immergés au cœur de la légion solaire, il était assez singulier pour eux de ne plus croiser les uniformes de tissu bleu ou gris, et de cuir marron, qui distinguaient les officiers du reste de l’EarthForce.
Dans son uniforme bleu et blanc, Musa s’avança au milieu du hangar froid et mécanique, les mains jointes dans le bas du dos. L’air absorbé et grave, le colonel semblait mesurer avec minutie chacun des instants qu’il vivait, comme s’il marchait sur des mines ou évoluait au sein d’une autre dimension. En tant que plus ancien colonel du corps expéditionnaire, c’était à Musa que reviendrait le commandement de la mission Kaliam si jamais il devait arriver quelque chose à l’amiral. Ce que personne ne souhaitait, était-il besoin de le préciser.
-Repos. Hum… Mesdames, messieurs… commença-t-il. Nous nous trouvons actuellement à trois millions d’années-lumière du territoire de l’Alliance… dans une autre galaxie. Si nous n’avions pas le stargate avec nous, il nous faudrait plusieurs siècles d'hyperespace à vitesse maximale, avant de revoir nos planètes. À cette seconde, Susan comprit que la prudence embarrassée qu’elle croyait avoir décelée sur le visage du colonel n’était ni plus ni moins que du vertige. Un vertige qui se répercuta sur tous les visages présents. -Nous sommes les premiers Humains à sortir de la Voie Lactée depuis la mission de 1994, poursuivit-il. Et je suis ici pour compléter votre briefing, vous donner toutes les informations en notre possession sur ce que vous pourriez trouver en bas.
Si les soldats avaient été moins disciplinés, un murmure aurait pu traverser le rang. -L’extraterrestre que Jack O’Neil, Daniel Jackson et les autres ont combattu il y a tout ce temps, n’était pas conventionnel. Pour autant que tout non-Humain puisse l’être… Il s’appelait Râ. Oui, comme le dieu de l’Egypte ancienne. C'était même précisément son identité officielle face à ses esclaves, qui lui vouaient un culte... et son espèce était parasitaire. Capable de vous pénétrer et de prendre le contrôle de votre corps. Cette fois-ci, le murmure perça bel et bien. -Il est d'ailleurs apparu à nos hommes sous la forme de l'être Humain dont il contrôlait le corps. Dix mille ans dans le passé, c'est l'époque à laquelle Râ est venu sur Terre. Il y a bâti les grandes pyramides et abandonné le stargate. Plus encore… je peux vous dire maintenant que les autochtones rencontrés sur Nagada en 94 étaient des êtres Humains. Des esclaves déportés par Râ dix mille ans auparavant. -Des Humains dans une autre galaxie? Céda un marine interloqué. -Restés à l’âge des premières cités de boue… -Combien, mon colonel? Hostiles? Demanda un autre à l'air bourru, qui triturait déjà son fusil. -Cinq mille environ, pour ce que nous en savons, et pacifiques selon les dires de O'Neil. Soldats… je suis aussi ici pour vous dire que la mission a des chances de se révéler… plus compliquée que prévue. Le silence se fit, et Musa frotta furtivement son front d’un coup de manche. -Jusqu'à preuve du contraire, nous pensons que la race de Râ est morte avec lui à l'époque. Mais en 1994, après leur retour, continua-t-il, les trois survivants de la mission ont disparu de la surface de la Terre sans laisser aucun indice. Cela, nous le savions déjà. Vous avez accepté cette mission en sachant qu’elle pourrait durer longtemps, peut-être indéfiniment, et qu’elle pourrait être dangereuse. Mais un nouvel élément s’est ajouté. Il fit une pause. -Selon le rapport, Nagada était sensée avoir subie une fantastique explosion nucléaire, tuant Râ, les esclaves, Daniel Jackson… tout le monde. Mais nos analyses sont formelles. Cette planète est en… parfaite santé, et il y a des constructions à la surface. Qui plus est, quelques traces marginales d’activité technologiques, tel que des résidus d’onde radio ou de champs gravitationnels. Le rapport était faux, volontairement ou non. Pour autant que nous le sachions, les habitants sont toujours là… mais pour nous, la question est de savoir si oui ou non, Râ est toujours le maître sur Nagada. -Dans ce cas, contre qui devrons-nous peut-être combattre… colonel? Demanda laconiquement Garibaldi. -Râ n’était qu’un aventurier, peu entouré… mais dont la technologie supportait sans peine la comparaison avec les Minbaris. De nos huit hommes de 1994, seuls trois sont revenus. S’il vit toujours, il représente une menace. Votre mission a changée, mes amis. Installez un camp de base sécurisé, découvrez pourquoi le rapport était faux, puis revenez nous détailler le nouvel ordre de Nagada. C’est-ce que nous vous demandons dans un premier temps. De votre rapport dépendra peut-être le maintien de la suite de notre mission d’exploration.
Dernière édition par Mat Vador le Lun 26 Jan 2009 - 14:33, édité 7 fois |
| | | Mat Le Pharaon
Nombre de messages : 5127 Age : 34 Localisation : Amiens
| Sujet: Re: Kaliam-C : archives versions & commentaires (spoiler) Ven 13 Juin 2008 - 21:57 | |
| Musa se rapprocha du rang, qui se redressa instinctivement. -Les lieutenant-commandeurs Ivanova et Takashima seront vos supérieures dans les phases d’exploration, de diplomatie, et aussi, espérons que non, de combat. Le chef Garibaldi répondra de l’organisation de la sécurité dans votre camp de base. Le docteur Kyle sera le médecin de votre troupe, et l’agent Malcom et son robot de traduction… poursuivit-il en tournant la tête du côté de l’agent Psy, seront là pour faciliter la communication avec ceux que vous rencontrerez… et aussi pour, comment dire… s’assurer, si besoin est, que l'on ne vous cache pas certaines intentions. Plus tard, un camp Vénusien viendra s’installer à proximité du votre pour vous épauler. Rompez.
Musa tourna les talons et s’éloigna rapidement, tandis que le rang se dissolvait et s’éparpillait en commentaires variés sur ce qui venait d’être dit.
Susan avait du mal à accepter tout ceci, et n'était pas la seule. Après l'Atlantide, ancien mythe dont s'étaient détourné les rêveurs depuis que le premier contact Centauri y avait apporté plusieurs équivalents plus concrets, voilà que les pyramides d'Egypte étaient extraterrestres, et qu'une divinité païenne de l'Antiquité avait trôné dans une autre galaxie! Si elle n'avait pas vu le stargate de ses yeux, elle aurait pu croire à un vaste canular. Travailler plus d'un an sur Babylon 5 ne rendait pas ouvert à tout.
Très vite, une voix féminine fit savoir, par l’intermédiaire des haut-parleurs, qu’il était temps d’embarquer, mettant fin aux débats et aux questionnements.
Jax et ses trois collègues se dirigèrent vers leurs starfurys thunderbolt, alors que les seize autres embarquaient dans la navette bleue et blanche.
Susan, qui marchait côte à côte avec Michael, eut un frisson de répulsion en posant les yeux sur le dos de l’agent psy au crâne blafard. Puis elle cala son regard sur le robot au mouvement à la fois rapide et saccadé, et se perdit dans les associations d’idée. -Michael? -Susan? Répondit le chef d’une voix lointaine. -Vous pensez qu’il y a des cyborgs à bord du vaisseau de la Weyland-Yutani? -Partout où il y a la Weyland, il y a des Synthétiques, répondit Garibaldi sans que cela semble le toucher d’une manière ou d’une autre. Un problème? -Non… aucun problème.
Alors que la navette et sa petite escorte se jetait à corps perdu vers l’atmosphère aride de Nagada, le chasseur de Jax fit une embardée, et pilote et co-pilote prirent le temps de contempler le titanesque Explorer, les deux intimidants Omega, l’élégant Hypérion, l’informe vaisseau-centrale de la Weyland, et les deux croiseurs exotiques des Sauteurs de Vénus et de Mercure. Jax eût le sentiment d’observer une bande d’insectes perdus à trois continents de distance de leur ruche mère. Faisant face à son vertige intergalactique, il fit demi-tour et revint, avec l’autre chasseur, encadrer la descente de la navette. Contrairement à leurs prédécesseurs aurora, ces modèles-ci, les thunderbolt, pouvaient évoluer en milieu atmosphérique.
-Nous captons bien quelques signaux et radiations énergétiques, informa le pilote de la navette. Il n’y a pas que des pouilleux, là-dessous.
Selon le plan de vol, la navette se poserait à plusieurs kilomètres de toute construction, à l’abri de déserts de hautes dunes.
En observant la pénétration dans l’atmosphère, Michael eut l’impression de vivre l’entrée sur la Terre, Terre 2, ou bien d’autres mondes du même type. Difficile de croire que l’on était dans une autre galaxie! Plus encore, l’équipe savait maintenant qu’il y avait des Humains sur cette planète… des transfuges du néolithique, certes, mais des Humains, et ici, le chef se serait davantage attendu à rencontrer des géants de neuf mètres à la peau rose fluo et au crâne transparent, plutôt que des Humains, quelles que soient leurs caractéristiques.
Cependant, il était vrai que cette planète avait quelque chose de particulier. Il y avait plus d’une lune en orbite, et pas le moindre nuage au dessus du désert à perte de vue, ici et là ponctués de pics rocheux.
-On a prévu de faire quelque chose pour ces lunes? Demanda Susan d’une voix forte pour couvrir le bruit ambiant, en montrant du doigt les deux satellites naturels -sur trois- que l’on pouvait observer du cockpit. -L’amiral a ordonné de scanner leurs surfaces, répondit Laurel de la même voix haute, tout en vérifiant la queue de cheval qui entravait sa longue chevelure asiatique. -Bon, RAS, informa le pilote. Il n’y a aucun signe d’activité, technologique ou primitive, sur le carré que nous avons désigné pour atterrir. On n’attend plus que votre ordre. Les trois responsables de la mission échangèrent des regards, puis Garibaldi signifia l’affirmation au pilote d’un coup de tête.
La navette et les deux chasseurs en aile X décelèrent en vue de la surface, longèrent de près les plus hautes dunes, puis vinrent s’arrêter en vol stationnaire, quelques secondes, au dessus d’une plaine de sable. Puis, précautionneusement, tous trois descendirent à la verticale les derniers mètres restants, et vinrent percuter le sol brûlant d’où se soulevèrent des volutes de poussière aride.
Une minute d’inactivité plus tard, jaillit de la soute à peine entrouverte de la navette le même type de sonde automatique lévitante que celle qui avait pénétrée en premier l’Alphator Class désarticulé, au large de Babylon 5. Sous le ciel bleu vif aux trois lunes pâles, uniquement cerné de dunes jaunes et d’épars pics rocheux ocres, le gros cube volant avec la tête en forme d’embout d’aspirateur agita ses innombrables sondes et scanners en tout sens, prélevant des échantillons du sable, de l’air, balayant toute la zone de champs magnétiques et infrarouges, faisant le tour du périmètre à toute vitesse en filmant ce qui l’entourait.
-Je maintiens que ce n’était pas nécessaire, grommela Laurel, debout dans la soute du vaisseau avec le reste de l’escouade. Les radars de la navette étaient suffisamment fiables pour qu’on puisse sortir tout de suite. -C’est moi le chef de la sécurité, ou pas? Répondit ironiquement Garibaldi en suivant des yeux l’écran plat qui le connectait à la sonde. Ho ho. Plus de quarante degrés Celsius là dehors… Vous voyez que vous êtes bien à l’intérieur! Heureusement qu’on a pas de Sébacéen dans l’équipe.
Susan, qui avait grandit dans le climat russe, puis qui s’était habituée aux fades températures des vaisseaux spatiaux et de Babylon 5, eût soudain comme un coup de découragement. Certes, En plus d’être ignifugés, leurs uniformes étaient automatiquement chauds quand il faisait froid, et frais quand ils faisait chaud… mais barouder sous plus de quarante degrés à l’ombre, sans ombre, disait bien de quoi il était question.
La porte de la soute coulissa, pour former le ponton qui plongeait dans le sable Nagadian, et la lumière du jour emplit le petit hangar. Ni une ni deux, une paire de fantassins passa en premier en longeant les parois internes de la soute. Une fois sortis, fusil braqué, ils sautèrent dans le sable et vérifièrent de leur position retranchée, pratiquement sous la carlingue de la navette, que rien ne bougeait à l’horizon. Deux autres marines passèrent en courant, dévalèrent la rampe, et vinrent se poster à son extrémité, les pieds dans le sable. Entre eux se tenait la sonde robotique, à l’arrêt, qui avait achevé son repèrage. Plus loin, Jax, son collègue et leurs deux co-pilotes avaient quitté leurs appareils. -Y’a pas intérêt à être claustro… ou agoraphobe, commenta Jax pour lui-même en observant l’immense plaine de sable sans vie. Le pilote ne regrettait pas pour autant le froid et la promiscuité de Armstrong… il en avait suffisamment soupé de la Lune.
Les autres soldats achevèrent de sortir de la navette en ordre, suivis d’un pas plus lent par Laurel, Susan et Michael. Doucement, ils descendirent la passerelle abaissée, et précautionneusement, ils imprimèrent enfin leurs premières fugaces empreintes de pas dans le sable de Nagada. -C'est un grand pas pour moi, et tant pis pour les autres, scanda Garibaldi en ce qui pouvait être une imitation de l'ambassadeur Centauri de Babylon 5.
Bien sûr, poser le pied sur une nouvelle planète n’était plus si extraordinaire une fois qu’on l’avait fait une fois; mais ici, il s’agissait pas moins que de leur premier pas sur un monde d’une autre galaxie.
Frappés par le soleil brûlant qu’aucun vent moins chaud ne venait adoucir, toute l’équipe sortit les lunettes solaires des paquetages. -On va avoir besoin de crème solaire si on veut éviter les insolations et les coups de soleil, commenta Laurel. Quand je pense que toute la planète est comme ça! Selon les scans, les paysages les plus divergeant ici, ce sont des plateaux rocheux, quelques étangs boueux et de la savane. -J’aimerais me baigner dans un torrent glacé, ajouta Susan qui avait déjà trop chaud. -Je ne manquerai pas de vous le rappeler au premier torrent glacé qu'on verra, acheva Michael, dont la peau nue de son crâne commençait à ruisseler depuis quelques secondes. Allez, les gars, reprit-il, on déballe tout! Installez le camp. -Bonne idée, commenta Susan. Pendant que Garibaldi s’occupe de ça, je propose qu’on prenne l’auto blindée et qu’on commence la reconnaissance. -OK, dit le chef de la sécurité. Je vais dire au pilote d'envoyer un message à la flotte, et on va installer le camp.
L’auto blindée, trop lourde pour pouvoir bénéficier d’un système aéroglisseur, fonctionnait avec un triple moteur en alternance sur la base de l’hydrogène, de l’énergie solaire et d’une dynamo électrique, selon le système le plus rentable au moment donné. L’imposant engin aux quatre roues tout terrain bénéficiait d’une coque blindée d’un vert métallisé, et d’épaisses vitres de polymère transparent à la teinte orange. Sur son toit, trônaient deux supposés gyrophares ronds de couleur orangée, qui n’étaient autre, en réalité, qu’une nouvelle arme, le lance-prisme; derrière les deux armements légers, se trouvait une épaisse stèle de métal argenté, à la forme arrondie et plate, le canon lourd à foudre.
Dernière édition par Mat Vador le Jeu 12 Fév 2009 - 22:53, édité 7 fois |
| | | Mat Le Pharaon
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| Sujet: Re: Kaliam-C : archives versions & commentaires (spoiler) Ven 13 Juin 2008 - 21:58 | |
| Dix minutes après la sortie hors de la navette, les premières tentes vert kaki avaient déjà poussées sur le sable, à l’abri autour de la navette et des deux thunderbolt au repos, lorsque l’auto blindée dévala abruptement la passerelle de la navette pour se retrouver face à la nature Nagadiane sans contrastes ni variations.
Sur les deux places avant, avaient pris place Laurel et Susan, la première des deux aux commandes. Dans l’unique compartiment arrière, se trouvaient désormais quatre fantassins, dont l'une des deux femmes, IATHA-6000 -entré difficilement- et Malcom, avec lequel Laurel tenta poliment d’engager la conversation, sans quitter le paysage des yeux. L’agent du Corps Psy avait refusé de quitter son uniforme, mais les vêtements fournis par le Corps n’étaient pas pensés pour affronter de telles situations climatiques, et Susan se régala intérieurement en percevant nettement l’inconfort du télépathe sous l’effet de la chaleur. En épaisse tunique noire, gants et bottes compris, dans un désert sous un soleil de plomb, il serait un exploit que l’homme ne s’évanouisse pas avant le coucher du soleil.
Etonnamment silencieux selon les standards des siècles précédents, l’engin bifurqua pour éviter une tente. Garibaldi leva un instant la tête de la caisse qu’il portait, et fit un signe de la main; puis la jeep traversa la plaine désertique de plus en plus vite, à l’assaut de la mer de dunes qui dépassait non loin de là. -Je propose qu’on commence du côté de… ce secteur, déclara Laurel en désignant un point sur l’écran tactile de son tableau de bord. Le Stargate Command y a détecté un bâtiment sans émanations technologiques, lors du scan de tout à l’heure. Il est relativement isolé… si on gare l’auto un peu plus loin, c’est surement un bon coin pour commencer l’observation. -Rien à redire, répondit sobrement Ivanova, soulagée par ailleurs de constater que le véhicule filtrait la chaleur.
Les vingt minutes qui suivirent furent au début amusantes pour les uns, nauséeuses pour les autres, car uniquement composées de montées et de descentes de dunes; jusqu’à ce qu’elles deviennent tout simplement monotones pour tout le monde. Laurel s’en voulut intérieurement de trouver le moyen de s’ennuyer au bout de trente minutes de présence sur la première planète extra-lactéenne jamais connue du genre Humain, mais il était vrai, pour le coup, qu’il y avait bien peu de déclinaisons de paysages dans ce secteur de la planète; et que, de surcroît, l’on en retrouvait de très voisins sur Terre, si l’on exceptait bien sûr la présence de trois satellites au lieu d’un seul, et leur présence de jour. La pression dû à l'impatience que survienne un quelconque évènement achevait de donner aux explorateurs l'impression que les choses n'allaient pas assez vite.
-Lieutenant-commandeur, regardez! Appela finalement l’un des hommes de troupe en désignant du doigt des formes mouvantes qui s’agitaient sur le flanc d’une dune avoisinante.
Laurel décèlera immédiatement, et après que le véhicule ait stoppé sa route, la façade arrière de la carrosserie s’ouvrit d’un bloc vers le haut, permettant à ses passagers de sortir. Seul le robot ne bougea pas. La porte avant droite coulissa vers l’avant, et Susan descendit à son tour. Tandis que l’agent Psy s’asseyait sur le sable chaud, comme pour évacuer définitivement son mal de cœur, le soldat féminin pressa la touche de son casque et obtint aussitôt son interface.
À travers le petit carré de verre électronique qu’elle avait mentalement branchée en mode longue vue, elle se concentra sur les formes mouvantes, pour les voir grossir par à-coup, comme si elles ne se trouvaient qu’à une dizaine de mètres d’elle. -Whow… -C’est quoi? Demanda le télépathe. -Des dromavaches.
Les formes mouvantes étaient en fait six créatures, visiblement des animaux, qui paissaient là au milieu de quelques fougères sèches. Si on avait dû les rapprocher d’une famille vivante sur Terre, c’eût été sans hésitation possible des mammifères. Elles avaient effectivement un petit quelque chose du yack et de l’éléphant. Les animaux quadrupèdes, semblait-il placides, étaient gras et grands, et couverts de poils gris emmêlés. Leur museau arrondi portait deux gros yeux semblables à ceux de leurs homologues terrestres, des dents plates d’herbivore, une paire de narines grotesques, une longue lange baveuse et une peau claire. un peu bosselée. Dans l’ombre de l’une d’elles, se trouvait un autre animal, un peu plus gros qu'une dinde, visiblement un squatteur de troupeau comme il y en avait souvent dans les savanes terrestres. Celui-ci était un gros reptile bas de plancher, couleur vase et monté sur quatre pattes dont les articulations formaient des angles droits très tranchés. Entre sa tête sans cou et sa longue queue qui semblait incapable de se redresser, son dos portait une énorme bosse, à la manière d’un dromadaire, les écailles remplaçant les poils.
-Des courroies? Des selles? Demanda Susan. En zoomant avec son propre casque, elle se procura elle-même sa réponse. Les animaux étaient sauvages. Seuls deux des explorateurs étaient demeurés dans l’appareil. Laurel au volant, et IATHA-6000 dans le compartiment arrière. Les quatre fantassins, Susan, et Malcom le télépathe étaient maintenant debout, en arc de cercle, au pied de la dune sur le flanc duquel les six bestiaux et le lézard à bosse continuaient à mâcher les branches des fougères sans leur prêter un regard.
Une minute se passa ainsi. -Et… maintenant? Se moqua l’agent du Corps Psy, qui ruisselait littéralement dans son épais uniforme noir. Non pas que je sois élitiste, mais il n’y a pas grand-chose à lire dans ces bestioles. Susan étouffa sa bouffée de colère à cette évocation, et fit volte-face. -Allez, en voiture.
Malcom leva subitement ses deux paumes devant lui, faisant stopper les autres. Puis il porta ses index à ses tempes. -Quoi? Cracha Susan, qui tendait à croire que Malcom ne faisait rien de plus que son intéressant. -Sept Humains. Les ondes spéciales de IATHA. Les sept échos flous des bestioles. Mais ça ne va pas. Susan ne répondit rien et signifia l’interrogation avec la moue de son visage et le mouvement de ses mains. -Je sens beaucoup plus d’empreintes. Bien plus. -Quoi? Répondit machinalement Susan, une bouffée d’angoisse soudain coincée au fond de sa gorge. Les fusils d’assaut à énergie se levèrent, et les soldats se mirent à tourner rapidement sur eux-mêmes, dans les mouvements secs et violents qui traduisaient l’excès d’adrénaline. Mais il n'y avait personne d'autre en vue qu'eux-mêmes... -Où? Demanda un fantassin d'une voix apeurée et rageuse. -Partout. Partout! Répondit le télépathe, la panique perçant sa voix. -OK, du calme, reprit Susan plus lentement. Personne ne bouge. Silence. Laurel! Appelez Garibaldi avec la radio de bord, cria-t-elle jusqu'au véhicule arrêté. Le silence du désert vola soudain en éclats, brisé par le beuglement de l’un des animaux, puis des sept. Les soldats braquèrent leurs armes sur eux, mais en une seconde, les énormes bestioles avaient sautées en avant, pour maintenant monter le long de la dune en courant à une vitesse qu’on ne leur soupçonnait pas, puis elles disparurent sur l’autre face.
Presque en même temps, il y eut comme une explosion silencieuse dans le flanc sablonneux de la dune, et une forme noire qu’ils n’eurent pas le temps de distinguer, massive comme un gros chien, sauta à toute vitesse dans leur direction. La chose percuta un marine, et Susan entendit, horrifiée, le son de la chair enfoncée en même temps qu’une gerbe de sang volait dans l’air. Le soldat s’effondra au sol, et sur son ventre, apparut l’énorme scarabée noir qui tournait sur lui-même. Perché sur quatre pattes lisses et pointues, se trouvait-là une carapace noire et ronde, flanquée à l’avant de deux pinces proéminentes -sanglantes- et, sur son dos, de deux semblants d’épaisses lianes noires et musculeuses, terminées par des couronnes de dents acérées qui s’agitaient en l’air. Quant au marine au sol, tué sur le coup, son abdomen avait été déchiré par l’une des pinces, et son cou à moitié sectionné par l’un des tentacules dentés. Par les artères tranchées, coulait à grand flot le sang qui vint maculer le sable brûlant. -Feu! Hurla Susan, emplie de haine et d’horreur.
Oubliant en une seconde les « nombreuses empreintes » captées par Malcom, les soldats pressèrent avec force les gâchettes de leur fusil, criblant le corps de dizaines de charges de particules ionisées en quelques instants. La créature, bien qu’habituée à voir tous les membres d’un troupeau fuir instantanément une fois sa proie atteinte, ne se démonta pas pour autant de cette résistance inattendue et, sa carapace ayant résisté aux premiers tirs, elle sauta sur place, sans élan, assez loin pour rejoindre le flanc de la dune. Un cri strident, horrible, perça, et les deux énormes tiges se déployèrent de toutes leurs longueurs. L’une vint frapper Susan au ventre, assez fort pour lui couper le souffle et l’envoyer bouler plus loin. Un autre soldat eut moins de chance et eût l’épaule entaillée. Susan, bien qu’hagarde, eut le réflexe de saisir son fusil, et de se retourner, juste à temps, pour voir le monstrueux scarabée lui sauter dessus. Le fusil se retrouva comprimé entre les énormes pinces du monstre, unique rempart entre lui et le visage d’Ivanova.
Alimentée par la peur, Susan tentait tant bien que mal de maintenir son fusil, de plus en plus tordu, aussi loin que possible de son corps. Mais les crampes commencèrent à pointer dans ses poings brûlants, en même temps que les pattes pointues de la créature lui entaillaient le ventre. Elle se sentit faiblir, face à face avec les nombreux petits yeux noirs qui brillaient entre les deux pinces. Les soldats n’osaient plus tirer, tant Susan et son scarabée gigotaient.
À bout de souffle, Ivanova était sur le point de lâcher lorsque une silhouette noire vint cogner le flanc du scarabée de plein fouet, la soulageant en partie de son poids. Profitant immédiatement du déséquilibre passager de l’insecte, la silhouette -Malcom- immobilisa du mieux qu’elle le pouvait l’un des tentacules depuis sa base, à l’aide son bras, et de l’autre, enfonça sèchement un couteau de combat à la verticale, en dessous de la carapace. Un son strident retentit tandis que le couteau continuait à triturer les entrailles du scarabée, faisant gicler des flots d’un sang noir sur l’uniforme de Susan. Celle-ci sentit la poigne de la créature s’amenuiser jusqu’au point où, en réunissant ses dernières forces, elle parvint à la projeter en arrière en poussant sur le fusil tordu.
Le scarabée se retrouva sur la carapace, blessé et gigotant, jusqu’à ce que retentissent les rafales d’un fusil d’assaut énergétique sur son ventre à nu, le faisant exploser aussi sec.
Un soldat se rua sur Susan et s’agenouilla pour prendre connaissance de ses blessures. -C’est superficiel, dit-il finalement, soulagé. Susan, épuisée, essaya de regarder Malcom, lui aussi haletant, mais le soleil qu’elle avait dans le visage l’en empêcha. -Merci, murmura-t-elle timidement dans la direction du télépathe. Celui-ci fit un signe de tête sans cesser d’haleter.
Dernière édition par Mat Vador le Lun 26 Jan 2009 - 14:39, édité 6 fois |
| | | Mat Le Pharaon
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| Sujet: Re: Kaliam-C : archives versions & commentaires (spoiler) Ven 13 Juin 2008 - 21:58 | |
| Différents marines jetèrent un œil à la dépouille de leur camarade, et baissèrent tristement les yeux. -Il y a déjà eu trop de morts dans la mission Kaliam, murmura avec lassitude l'un deux en se remémorant les six pilotes et savants démolécularisés à bord de l’Alphator Class, puis les civils, policiers et soldats tués sur la Lune par les Yautjas et les Bételgiens. ça me dépasse toujours, poursuivit-il... qu'un brave gars parte comme ça, pour rien… à cause d’une saloperie qui voulait bouffer! Ajouta-t-il avec un sursaut de colère.
-Hey… ho! Perça la voix de Laurel, plus loin derrière.
La jeune femme, toujours au volant de la voiture, était les mains en l’air, face à l’être qui la braquait par la porte du passager demeurée ouverte. Un Humain à la peau sombre, vêtu d’un capuchon, d’une tunique et de bottes en peaux de bêtes blanches, pointait une longue lance de métal gris argenté vers elle. Celle-ci était finement ouvragée, et portait à sa pointe un renflement oblong semblable à une cosse de métal.
Sans crier gare, les soldats Terriens pointèrent leurs fusils sur le garçon, qui ne bougea pas. -Jette ton arme! Lui hurla Susan, furieuse. Le garçon ignora. -Les échos… commença Malcom sans avoir le temps de finir. Tout autour des cinq Terriens, le sable sembla exploser de partout, et onze autres lances percèrent à la lumière, bientôt suivis des onze corps qui les maniaient.
Les soldats étaient maintenant entourés de plusieurs jeunes hommes vêtus de peaux de bête blanches pour certains, de frusques couleur sable pour d’autres. Toutes les lances étaient braquées sur eux, et une phrase rapide, prononcée par l’un des hommes d’une voix forte dans une langue inconnue, fit passer un message clair. L’un des soldats de l’Alliance, à bout, toisa un instant l’autochtone qui lui faisait face. -Quoi, crétin… Tu crois que je vais jeter mon fusil à tes pieds parce que tu braque sur moi ta lance du Moyen-âge? Tu débarques d’où?
Comme s’il avait compris ce que disait le marine, le garçon sembla s’agacer et braqua sa lance à terre. Une pression sur le manche gravé au centre du bâton, et la cosse se déploya dans un puissant froissement électrique. Une seconde pression, et une impulsion énergétique jaunâtre frappa le sol à la vitesse du son, faisant décoller un nuage de sable vitrifié et sursauter les Terriens. -Vous êtes en infériorité numérique… et vous avez deux blessés, déclara l’indigène avec un accent curieux et un débit hésitant, mais un anglais irréprochable. -OK… dit le marine, qui pour sa part, semblait nager en plein surréalisme. Je vois que l’ancêtre de l’amiral n’a pas perdu son temps ici… -Déposez vos armes et vos machines de communication! Reprit d’une voix forte le jeune homme aux frusques beiges. - « Tout droit sortis du néolithique », bien sûr… les connards, grommela un autre soldat. -Je sens qu'il ne nous feront pas de mal, assura calmement l'agent du Corps Psy, qui avait retrouvé son souffle.
Après quelques secondes de latence, les homme de l’Alliance, dépités, se résignèrent et déposèrent au sol leurs armes et leurs radios, que les étrangers vinrent ramasser.
D’un ample geste du bras, le chef « alien » désigna une colline à ses hommes, qui poussèrent sans ménagement les Terriens valides vers elle. -C’était pour ça qu'on ne les voyait pas… Murmura Malcom. Ils étaient sous le sable… sors de là, IATHA, ordonna-t-il d'une voix lasse au robot assis dans la jeep, et qui restait sourd aux injonctions du milicien Nagadian. Il quitta la voiture et déploya ses deux mètres brillants au soleil sous le regard éberlué et méfiant des indigènes, dont certains marmonnèrent quelques prières dans leur langue.
D’autres hommes vinrent soulever Susan, le ventre lacéré et l’uniforme couvert du sang du scarabée, puis l’autre marine blessé à l’épaule. Un dernier drapa la dépouille du visiteur décédé sous un grand drap râpeux, s’agenouilla, et fit glisser dessus autant de sable qu’il le pouvait avec le plat de sa main. -Que faites-vous? Demanda d’une voix pleine de peine et de défi le soldat blessé à l’épaule. -Le désert est la sépulture des Hommes, répondit le fossoyeur avec son accent exotique. Il tendit sa main au dessus du corps, ferma les yeux, et chanta une prière à voix basse.
Laurel fut tirée hors de sa voiture, et le groupe fut emmené, avec une surveillance particulière autour de l'homme de métal. Au détour de la dune suivante, les attendait un curieux spectacle: une charrette se trouvait là, surplombée d’une énorme cage vide en bois et tractée par deux dromavaches plus propres que les spécimens sauvages que l’équipe avait aperçu. Autour d’elle, deux autres créatures de la même espèce attendaient, chacune montée par un homme. Ces deux singuliers chevaliers portaient des armures grises à l’aspect moyen-âgeux, faites de bottes, d’un pantalon de toile, d’une jupe rigide en une sorte de cuir, d’une côte de maille au dessus de laquelle se trouvait un plastron uni, puis d’un casque métallique fin. Tous deux tenaient une lance à impulsion plasmique en évidence, et sur leurs fronts étaient tatoués, en noir, une pyramide sans sol, surplombée de trois cercles placés en accent circonflexe et reliés entre eux par un simple trait.
-Soit ils reviennent bredouilles de la chasse, soit ils nous attendaient, fit remarquer Laurel. - « Pacifiques »… cracha Susan. Takashima… avez-vous pu joindre le camp? -Quelques secondes… juste assez pour dire à Garibaldi que nous avions un problème, répondit-elle à voix basse. -Silence, grogna l’un des Nagadians tout en aidant les deux blessés à monter à bord de la prison roulante. -Le roi Dan’Yer et la reine Shau'Ri décideront de votre sort, guerriers d'Ialou, informa un autre. -Qu'est-ce qu'il raconte? Comment nous a-t-il appelé? Demanda l'un des marines.
Le Nagadian tourna la tête vers l’homme qui était assis à l’avant du « véhicule », et lui ordonna quelque chose dans sa langue. Celui-ci répondit en jouant de ses rennes sur les deux bêtes de somme, qui se mirent poussivement en marche.
Fin du chapitre
Dernière édition par Mat Vador le Lun 26 Jan 2009 - 14:41, édité 5 fois |
| | | ketheriel Conquérant Itinérant
Nombre de messages : 1441 Age : 44
| Sujet: Re: Kaliam-C : archives versions & commentaires (spoiler) Dim 15 Juin 2008 - 16:49 | |
| Passage de transition amenant à des révélations futures. Rencontre avec les indigènes qui sont facilement reconnaissables pour les "Stargatiens". Ce chapitre est l'annonce d'un prochain chapitre riche...attendons^^ |
| | | Artheval_Pe Chief of Spatial Operations
Nombre de messages : 3590 Age : 33 Localisation : Paris
| Sujet: Re: Kaliam-C : archives versions & commentaires (spoiler) Lun 23 Juin 2008 - 21:01 | |
| Chapitre sympathique avec des allusions pertinentes à I. Robot et Halo. Le rythme est équilibré, l'univers de l'ancienne Abydos et bien exploité et donne l'impression de se retrouver sur la même planète que dans le film, malgré le fait que les protagonistes ne soient pas les mêmes. L'inclusion des éléments de SG est appréciable et contribue à cette atmosphère, mais j'espère qu'à l'instar de ce que tu as fait avec l'univers Babylon 5, tu diversifieras aussi celui d'Abydos (du côté des espèces intelligentes, j'entends) Le chapitre est de transition, au sens où la première moitié est composée d'évènements intéressants, mais qu'on ne retient pas nécessairement pour la suite, même s'ils la mettent en place. L'attaque de l'insecte est surprenante et bien narrée, même si je ne suis pas fan des insectes géants super résistants. J'aime bien la manière dont tu reviens sur la mort du soldat, au contraire de la série qui a tendance à "oublier" la mort des nombreux figurants. En revanche, un des points noirs pour moi, c'est que j'ai l'impression en te lisant que tu dévellopes toujours la situation initiale. Je ne sais pas si c'est volontaire, mais depuis le début, même si l'histoire a avancé et a apporté beaucoup d'éléments nouveaux, j'ai l'impression que tu places le contexte, que tu détailles la situation initiale, que tu prépares les pièces pour ce qui va se jouer. Mais malgré l'action sur la Lune ou là sur Abydos, malgré les révélations par les personnages, malgré le voyage, j'ai toujours l'impression que nous n'en sommes qu'au début et que l'élément déclencheur faisant partir l'histoire et les personnages dans une spirale inévitable ne s'est pas encore montré. Je ne sais pas si c'est volontaire, donc je me pose la question. Après, si effectivement, c'est volontaire, ça promet une bien longue et agréable histoire. Dans tout les cas, j'attends la suite. |
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