Metro : Exodus [Jeu vidéo]

A l'occasion de l'E3 2018, Deep Silver et 4A Games ont révélé une nouvelle longue vidéo de gameplay de Metro Exodus. Pour ma part, celle-ci me conforte dans mon optimisme quant à ce jeu que j'attends avec impatience.

A l'instar de Metro 2033 et Metro Last Light, l'univers post-apocalyptique sombre, la direction artistique, l'atmosphère : la vision artistique semble toujours parfaitement calibrée. Et en parallèle, la conception d'un monde semi-ouvert permet à la franchise de proposer quelque chose de nouveau sur le plan du gameplay, qui semble un peu à mi-chemin entre les deux précédents titres et un S.T.A.L.K.E.R. L'extrait qui suit montre une synthèse qui semble être un peu le meilleur des deux mondes.


La seule question qui reste en suspens pour moi, c'est surtout l'intérêt de ce nouveau chapitre de l'histoire, et la capacité que les développeurs auront à renouveler autant le scénario que la conception et le gameplay du jeu.

Je ne sais pas trop quoi penser... moi qui suis fan du style FPS et ayant vu évoluer le genre avec Doom, Heretic, Hexen, Quake et consorts, je suis assez blasé par l'offre actuelle...

La sortie de Metro Exodus approche, le jeu devant être disponible le 15 février sur PC, PS4 et Xbox One. En conséquence, Deep Silver et 4A Games ont commencé à diffuser de nouvelles vidéos le présentant.

La version française (ci-dessous) n'est pas idéale à cause d'une erreur de doublage, mais il semble bien qu'avec l'Aurora (le train transsibérien que l'on empruntera), on aura la possibilité de découvrir plusieurs sociétés différentes de survivants en surface, ayant chacune leurs spécificités et leurs névroses.

Ce Metro, malgré la relative absence de buzz à son sujet, est un des jeux dont j'espère le plus cette année : les deux précédents étaient à la fois de bons jeux de tir et d'action, mais aussi de vraies productions d'auteur, avec une patte, une approche, un gameplay bien spécifique au service d'une histoire. Et j'aime beaucoup la direction artistique toute en retenue et faisant preuve d'une relative sobriété là où depuis quelques années, les jeux fluo délirants tels que Destiny ou Anthem envahissent le marché.

Pour ceux que ça intéresse la chaine Youtube du jeu contient quelques vidéos sur les coulisses de sa création, et Le Point a fait une interview de l'auteur des romans originaux et scénariste du jeu, Dmitry Glukhovsky.

Depuis plusieurs années, le genre du jeu narratif de tir à la première personne en solo est en voie de disparition, du moins dans sa version ambitieuse. Ainsi, début 2019, si l'on exclut les campagnes solo de grosses franchises multijoueurs (telles que celles de Battlefield V ou Call of Duty : WW2), le dernier jeu de ce type est Far Cry 5, qui s'est plutôt révélé raté. Plus loin, il faut remonter à 2017 qui fut une année plutôt riche à cet égard avec les sorties successives de Prey, Dishonored : Death of the Outsider et Wolfenstein II : The New Colossus. Mais même si l'on remonte aussi loin, la période actuelle est plutôt pauvre en la comparant à dix ans avant (où en l'espace d'un an étaient sortis notamment STALKER, BioShock, Call of Duty 4 : Modern Warfare, Crysis, Portal et Half-Life 2 : Episode 2).

J'attendais donc ce Metro Exodus avec une certain enthousiasme, d'autant plus que j'avais beaucoup aimé les deux précédents opus de la série et que j'apprécie plutôt les productions d'Europe de l'Est. Je n'ai pas été déçu.

Metro Exodus fait le pari un peu risqué de modifier sensiblement sa formule par rapport à ses deux prédécesseurs en sortant le joueur des tunnels du métro moscovite (et de ses rares excursions en surface) pour l'emmener à travers la Sibérie à bord d'un train nommé l'Aurora. Et à mes yeux, ce pari fonctionne. Si les deux premières heures prennent la forme très familière d'aventures à Moscou, on se retrouve vite projeté avec sa bande de Rangers vers l'extérieur de la ville sur les voies de chemin de fer à travers la Russie.

Là, Metro Exodus prend le parti d'adopter une structure hybride : on a bien affaire à un jeu narratif qui avance dans un sens au fil des arrêts de l'Aurora, mais chacun de ces arrêts donne l'occasion de partir à pied pour une durée plus ou moins longue laissant un degré de liberté plus ou moins important (et ce, de manière peu prévisible). Et je trouve que c'est à travers cette structure hybride que Metro Exodus parvient à briller, d'abord parce que chaque arrêt est différent et explore un nouvel environnement et une nouvelle idée. Chacun des environnements montre une manière dont l'humanité a trouvé sa dégénérescence (plus ou moins avancée) dans l'effondrement de la société. Ainsi, à l'instar des deux précédents opus, on a ici affaire à un jeu vidéo qui développe un propos (et le fait de manière plutôt convaincante) quant aux êtres humains et à ce que pourrait être notre manière de faire face à la destruction de notre société telle que nous la connaissons.

Cette structure permet également de proposer au joueur notamment deux cartes complètement ouvertes, et une autre semi-ouverte. Si j'ai parfois pu regretter que tous les environnements n'offrent pas autant de liberté, cela permet néanmoins de varier le rythme de l'aventure et de surprendre le joueur. D'autant que même les environnements ouverts trouvent le moyen de proposer des moments mis en scène qui participent à faire avancer l'histoire et à donner un coté très vivant à cet univers. De manière générale, Metro Exodus se distingue tout au long de l'aventure par son atmosphère extrêmement travaillée, ses personnages attachants et son histoire poignante. Si le personnage d'Anna m'avait parfois semblé... gênant dans Metro Last Light (en raison de la dissonance entre le joueur et le personnage), il en est globalement allé autrement ici où l'on parvient à s'attacher à elle de même qu'aux autres Rangers montés sur l'Aurora. Les moments sur le train sont d'ailleurs précieux, permettant à chaque fois de faire un pause entre l'intensité des combats, et d'approfondir la relation d'Artyom avec chacun des personnages.

Tout n'est pas réussi à la perfection pour autant : les animations des personnages sont souvent imparfaites, le jeu des acteurs en anglais est correct mais manque parfois de finesse, et on ne retrouve pas les questionnements parfois philosophiques que pouvaient connaître certains personnages dans Metro 2033 notamment.

Néanmoins, Metro Exodus est à mon avis une très bonne conclusion à cette belle trilogie de jeux Ukrainiens, qui parvient à en tirer les meilleurs éléments, tant en matière de narration, de conception que de gameplay. Et surtout, c'est une belle aventure solo dans un jeu vidéo immersif, chose devenue malheureusement trop rare en 2019. Au delà même de ce média, c'est une exploration intéressante de ce que pourrait être une Russie post-apocalyptique, conçue par un studio ukrainien en collaboration avec un auteur russe, donnant ainsi un point de vue différent de ce que peuvent offrir les pléthoriques productions états-uniennes sur la question.