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| Effet Papillon [Tome III] | |
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+5kerian Ihriae tarja Vyslanté Rufus Shinra 9 participants | |
Auteur | Message |
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ZizZ Homme-Lézard
Nombre de messages : 148 Age : 45
| Sujet: Re: Effet Papillon [Tome III] Sam 28 Jan 2012 - 20:03 | |
| Urth est une ancienne relativement...décalée. Son parcours semble plausible. Tu expliques pourquoi les autres ascensionnés la laisse bosser pour eux et quel est leur intérêt (ils respectent leurs propre loi, elle fait le sale boulot). Sa personnalité quelque peu changeante nous laisse penser qu'elle est incernable, limite cinglée. C'est surement ce qui arrive à ceux qui font l'ascension par les chemins de traverse. Je la vois bien se rapprocher de daniel car il a eu la même expérience qu'elle, mais elle veux quelque chose en plus....surement. Personnellement j'aime bien cette nouvelle vision des parfaits anciens. et j'ai hâte de connaitre sa véritable histoire dans le tome XIV |
| | | Rufus Shinra Roi des Petits Gris
Nombre de messages : 2455 Age : 36 Localisation : Là où s'est déroulée la dernière catastrophe en date ~ Compagnon senior de la Confrérie
| Sujet: Re: Effet Papillon [Tome III] Sam 28 Jan 2012 - 23:01 | |
| - Citation :
- Urth est une ancienne relativement...décalée.
D'accord, donc elle est vue comme... décalée. Intéressant... *prend des notes* - Citation :
- Sa personnalité quelque peu changeante nous laisse penser qu'elle est incernable, limite cinglée.
Pas cinglée, juste... elle-même. Et puis, rappelles-toi, quand la personne est puissante, on ne dit pas "cinglée", mais "excentrique" (ne serait-ce que pour ne pas se prendre un éclair sur le coin de la figure :-P). - Citation :
- mais elle veux quelque chose en plus....surement.
Et le monsieur au vaisseau gagne le cigare et le panier garni ! - Citation :
- et j'ai hâte de connaitre sa véritable histoire dans le tome XIV
Peuh. |
| | | Rufus Shinra Roi des Petits Gris
Nombre de messages : 2455 Age : 36 Localisation : Là où s'est déroulée la dernière catastrophe en date ~ Compagnon senior de la Confrérie
| Sujet: Re: Effet Papillon [Tome III] Lun 6 Fév 2012 - 19:24 | |
| Hem, hem.
Tout d'abord, oui, je sais que je suis en train de troller les lecteurs en leur donnant un faux espoir de nouveau chapitre publié en avance (on fait de la SFFF cohérente et crédible, ici, donc faut pas exagérer). Et je trolle sans la moindre vergogne, mais je ne pense pas avoir le moindre besoin de le préciser, n'est-ce pas ?
Sur ce, j'ai une question à poser à mes très aimables lecteurs. Je tiens à rester à un rythme de un chapitre toutes les trois semaines, et il ne devrait normalement pas y avoir de problème pour l'instant (deadline le WE prochain, donc), mais j'ai remarqué quelque chose (et je pense ne pas être le seul à ce niveau-là) : les chapitres ont tendance à sacrément s'allonger. Au point où une séquence (scène pour un personnage ou groupe de personnages) fait la longueur d'un chapitre du Tome I.
Bref, je suis actuellement en train d'écrire les séquences les unes après les autres, et je me demandais ce que vous préféreriez : que l'ensemble (30+, peut-être 40 pages) soit posté d'un coup aux alentours de la deadline ou bien que les séquences soient postées les unes après les autres ? Sur SGF, et dans la structure globale, les séquences resteraient bien évidemment organisées en chapitres, mais ici, il pourrait être possible d'avoir un feedback, les séquences restant soumises à correction stylistique et à modification avant le passage au chapitre suivant.
De cette façon, il me semble que chaque pavé soit moins lourd à digérer et facilite le retour de la part des lecteurs, pour indiquer quelles améliorations seraient à faire à ce niveau.
Voilà, voilà, j'attends vos commentaires, et je repars sur la quatrième séquence du chapitre. |
| | | kerian Organisme Monocellulaire
Nombre de messages : 4 Age : 38
| Sujet: Re: Effet Papillon [Tome III] Lun 6 Fév 2012 - 22:38 | |
| Yes ... à ben non zut, il faudra attendre encore un petit peu. Pour ta question je pense que ça va dépendre de ce que tu met dans chaque séquences. Il y a le risque de ce retrouver avec une séquence hyper riche et la suivante complétement plate à coté. D'un autres côté je suis en train de me dire que ça permettrait peut être justement de faire ressortir des séquences qui sinon aurait pu être noyée dans la masse. Bon au final ça répond pas à ta question mais je pense que c'est avant tout à l'auteur de savoir dans quel état il veux nous mettre. Le compte goutte rapproché permet je pense de maintenir le lecteur en haleine et évite qu'il s'éparpille trop loin de l'histoire. Au contraire des "gros pavés" qui vont eux permettre de nous mettre dans une direction bien particulière et laisser le temps de tout imaginer avant le prochain épisode et finalement s'en reprendre plein la tête ! Je tourne en rond et j'arrive pas à me décider. Je pense c'est LA question que doit ce poser à un moment ou un autre un excellent auteur de FIC alors bon courage NB : Je viens de finir l'Ombre du Passé ... merci du conseil j'ai adoré ! |
| | | Rufus Shinra Roi des Petits Gris
Nombre de messages : 2455 Age : 36 Localisation : Là où s'est déroulée la dernière catastrophe en date ~ Compagnon senior de la Confrérie
| Sujet: Re: Effet Papillon [Tome III] Dim 12 Fév 2012 - 19:33 | |
| Allez, bonne nouvelle, j'ai réussi à tenir la deadline, alors voici le nouveau chapitre !
Et n'oubliez pas, les comm', c'est pas si long à écrire, et ça fait énormément de bien à l'auteur !
Chapitre 06 : Intersections
- Vous vous foutez de nous ? explosa Hansen lorsque l'archéologue acheva son explication. - Pas vraiment, répondit celui-ci avec un rictus peiné. J'aimerais bien, mais on ne peut rien faire de mieux pour l'instant. - On va quand même pas les laisser se balader dans le coin sans rien faire ! fit l'officier. Ca fait deux heures qu'ils tentent de nous tuer ! C'est déjà un miracle qu'on s'en soit tous sortis comme ça, et en plus on doit jouer leur jeu ? - Pour l'instant, capitaine, si on tente quoi que ce soit, je ne garantis plus rien. Oui, on peut convaincre les autres que c'est nous les gentils, et s'en sortir. Même comme ça, ça va juste se terminer en massacre des deux côtés, et on y laissera sûrement du monde. Après ça, soyez sûr que les survivants Hébridans ne nous lâcheront pas d'une semelle, et la mission sera encore plus infaisable qu'avant… Et ça, c'est en supposant qu'ils nous croient, nous, plutôt que de nous arrêter. - On n'a pas le choix, c'est ça ? - Exactement. - Génial… répondit-il. Est-ce que ça vous dérange si je vois avec mon groupe pour préparer quelques trucs, au cas où ça tournerait mal ? - Pas du tout, au contraire. Essayez juste, je ne sais pas, de rester discret. - Ne vous inquiétez pas, j'ai compris la situation. Tant que les autres gusses ne se rendent compte de rien, ça maintient le statu quo et on peut gagner du temps. - Voilà. - Je vais voir ce qu'on peut faire de notre côté, docteur, mais essayez de faire vite, parce que plus tôt on pourra se tirer de ce piège, mieux on se portera. - Tout dépend de ce qu'il y a dans ces ruines… Essayez de ne pas trop vous mettre ces mercenaires à dos, ils pourraient bien travailler pour nous si la découverte en vaut le coup. - Je ferai de mon mieux, monsieur, acquiesça-t-il avant d'ouvrir la tente dans laquelle ils étaient. Ho, Ruth, Karima, venez ! - Ah oui ! fit Jackson. Tant que j'y pense, je garderai le lieutenant Ravenwing avec moi, si c'est possible. - Euh, pourquoi pas… Une raison précise ? - Il faut quelqu'un pour tenir Anna en sécurité, et trop de monde s'intéresse à moi pour que je puisse le faire. En plus, elles semblent s'entendre et travaillent relativement bien ensemble. - Oui… ça me fait penser qu'il faudra vraiment qu'elles nous expliquent comment elles ont fait, dans le Terminal. - En effet, répondit l'archéologue avec un fin sourire.
Oui, et beaucoup d'autres choses encore, lieutenant Ravenwing… Enfin, ça ou quelque soit votre vrai nom, pensa-t-il.
Jackson, accompagné par l'objet de ses suspicions, s'approcha de la tente où il avait laissé Anna, et fit signe à celle-ci de le suivre : - Quel est le programme, maintenant ? demanda-t-elle. - Ils sont sur place depuis au moins hier, donc ils ont déjà dû commencer à aménager les ruines pour pouvoir les explorer et y travailler. On va voir Bakane pour le convaincre de nous mettre au travail tout de suite. Maintenant, la priorité, c'est de trouver ce qu'il y a ici le plus vite possible. - D'accord… Quand vous aviez discuté avec l'autre type, avant, vous sembliez connaitre ce… Bakane, c'est ça ? - Oui. L'un des archéologues les plus compétents sur Hébrida. Pas exactement un amateur des opérations de terrain, mais très vif. J'ai travaillé une ou deux fois avec lui, mais toujours dans des bibliothèques… Si on tombe sur quelque chose de vraiment valable, il faudra qu'on s'arrange pour le distraire. Lieutenant ? - Oui ? répondit l'Ascendante en restant dans son rôle. Vous voulez que je m'en charge ? - Si possible. Il va forcément nous suivre où qu'on aille pour savoir ce qu'on cherche. On aura probablement aussi quelques chiens de garde autour, mais c'est lui le plus gros problème. A moins que ce soit vraiment du spectaculaire, ça devrait être possible de faire passer ce qu'il y aura ici pour des vestiges sans conséquence, mais pas avec lui. Il en connait suffisamment sur les quelques anciennes civilisations avancées pour reconnaître des artefacts de valeur. - Comment est-ce que je dois procéder ? demanda-t-elle. Est-ce qu'il faut qu'il ne se doute vraiment de rien ou est-ce que je dois le neutraliser pendant qu'on s'enfuit ? - La première solution, fit l'archéologue. Je n'ai pas vraiment envie de me faire encore d'autres ennemis, déjà que les corporations ne seront pas de bonne humeur si on réussit à s'en sortir sans faire de vagues. Et puis c'est quand même un bon ami. - Je ferai le nécessaire, docteur Jackson… - Merci, lieutenant. Anna, de votre côté, restez avec elle. Je sais que vous pouvez vous défendre, mais vous n'avez pas tout l'entraînement qu'il faudrait. - Parce que ça existe, un entraînement adapté à tout ce qui nous est arrivé depuis… ? - Survivre quelques années dans une équipe SG, répondit-il pragmatiquement, tandis qu'ils arrivaient devant la tente de l'archéologue hébridan.
L'habitation, même temporaire, était considérablement plus grande que le reste de celles installées pour les autres membres de l'expédition qui les avait précédés sur place. Plusieurs générateurs fonctionnaient silencieusement, reliés par des câbles à l'intérieur, tandis que la base elle-même de la tente était légèrement surélevée par rapport au sol rocailleux, reposant à quelques centimètres du sol sans le moindre support visible. Plusieurs agents de sécurité, armés, semblaient surveiller de très près chacune des parois sans laisser le moindre angle mort, et un appel fut nécessaire pour confirmer aux sentinelles que les arrivants avaient l'autorisation de pénétrer à l'intérieur.
Délesté de leurs armes par les gardes, les trois membres de l'expédition terrienne entrèrent à l'intérieur, Jackson s'assurant d'un geste discret de la texture des parois de la tente.
Tissu renforcé avec une grille de protection lourde. Toujours aussi paranoïaque…
L'intérieur pris au dépourvu les deux autres membres du groupe, et l'ancien membre de SG-1 ne put s'empêcher de sourire à leur réaction face à l'habitation, qui donnait clairement l'impression d'être plus grande à l'intérieur qu'à l'extérieur.
- Ah ! Docteur Jackson… Toujours en bonne compagnie, à ce que je vois ! les interpella l'unique occupant de la tente. - Docteur Bakane, fit-il en inclinant légèrement la tête avant de la tourner pour regarder autour de lui. Jamais loin de votre bibliothèque, à ce que je vois. - Jamais. Après tout, on ne sait jamais sur quoi on va tomber, surtout quand vous rôdez aux alentours… - Le docteur Bakane, expliqua-t-il à ses deux compagnes, a la réputation bien méritée d'être le plus grand rat de bibliothèque de la profession. Docteur, le docteur Anna Stern, spécialiste des civilisations non-humaines et le lieutenant Ruth Ravenwing, membre de mon escorte. Mesdames, le docteur Temin Bakane, premier archéologue hébridan. - Enchanté, répondit celui-ci en se tournant vers les deux femmes, qui acquiescèrent en retour. - Oh, fit Jackson, et ne vous inquiétez pas, le reste du paysage n'est juste qu'une projection murale. Il est aussi nostalgique de son bureau à l'Université. - Chacun ses petites habitudes, commenta-t-il en retour. Tout le monde ne peut pas en avoir d'aussi polémiques que les vôtres, docteur Jackson. Après tout, il n'y aurait plus de profession, sinon… - Qu'est-ce qu'il veut dire ? demanda Anna. - Le bon docteur Bakane faisait référence à une certaine réputation que j'ai acquise de ne pas laisser les sites archéologiques dans l'état où je les ai trouvés. - Réputation ? Est-ce que vous avez idée du nombre de mes élèves qui vous maudissent, docteur ? - Je sais, je sais, "là où Jackson passe, les ruines ne repoussent pas"… Mais est-ce que vous leur rappelez que ce n'est presque jamais de ma faute, au moins ? - Oh, ils le savent. C'est juste que je n'ai pas trouvé un seul volontaire chez mes assistants pour m'accompagner. Ils étaient tous pris de la certitude qu'une flotte viendrait brusquement bombarder toute la planète, ou encore que l'étoile deviendrait une nova sans nous prévenir et que vous seriez le seul survivant. - Ils exagèrent… - Bien sûr qu'ils exagèrent ! Mais vous ne faites rien pour les en dissuader, docteur ! J'ai passé des années sur ma thèse à discuter des références et des légendes sur Praclarush Taonas, en fouillant des bibliothèques et des ruines sur des dizaines de mondes, pour quel résultat ? Vous la trouvez et détruisez en deux jours !
Jackson leva les yeux au ciel : - C'était une question de vie ou de mort, vous savez, avec Anubis qui allait nous bombarder. En plus, ça a démontré toutes vos théories. En tout cas, c'est ce qu'a dit votre comité quand il a reçu la copie de notre rapport de mission… - Oui, je sais que je vous dois ma chaire, mais ça ne change rien au fait que vous n'avez pas que des admirateurs, docteur. Donc, vu que vous voulez explorer des ruines qui nous appartiennent, j'ai reçu l'ordre de vous suivre et de documenter tout ce sur quoi vous tomberez. Qu'il en reste au moins une trace quand ça sera inévitablement détruit. - Ca sera un plaisir d'avoir votre expérience pour nous aider, répondit-il honnêtement. - Hmm… Qu'est-ce que vous cherchez exactement ? - Je ne suis pas encore sûr. - Pas de références qui vous ont mené sur place, de livre, de gravures, que je pourrais consulter pour savoir ce qui nous attend ? - Non, désolé, fit Jackson en sachant parfaitement ce qui allait suivre. - Laissez-moi deviner, c'est encore votre criminelle de petite amie qui vous a suggéré de venir sur place ? - Tout d'abord, elle n'est pas une criminelle, mais au pire une délinquante selon vos lois, répondit l'archéologue. Ensuite, non, c'est une autre source qui m'a suggéré de venir ici. - Et vous avez confiance dans cette source ? - Absolument pas, l'informa-t-il sans sourciller. - C'est comme vous voulez. De toute façon, on m'a dit que c'est votre gouvernement qui paie tous les frais de l'expédition, alors c'est pas mon problème, tant que rien ne sort de ces ruines sans notre permission. - Cela va sans dire, docteur Bakane. - Je sais, mais on m'a quand même demandé de vous le rappeler. Enfin, maintenant que les formalités sont passées, que j'ai habilement essayé de vous soustraire autant d'informations que possible sur vos sources et que j'ai transmis un discret rappel des moyens de pression corporatifs sur Vala, on peut repasser aux choses sérieuses… Dans quoi tu t'es encore foutu, Danny ? - Rien de plus que d'habitude, Tem', rien de plus. - Et tu ne peux rien me dire, hein ? - Comme toujours. - Ouais… Je ne poserai pas trop de questions, de toute façon. Mais par contre, maintenant que je te tiens et que j'ai toute une compagnie de soldats pour te surveiller, tu ne vas pas t'esquiver aussi facilement. - Temin… - Comment tu fais pour te retrouver à chaque fois avec des filles pareilles ! gémit-il avant d'adresser un sourire aux deux femmes accompagnant Jackson. Je vais finir par croire mes thésards, que tu cumules à toi tout seul tout le quota de la profession… - T'en as pas assez… Je veux dire, tu ne trouves pas qu'on n'a autre chose à faire que parler de ça ? - Ce soir, après le boulot… Enfin, on a commencé à mapper les zones accessibles. Pour l'instant, c'est du classique : un bâtiment d'une civilisation industrielle ou post-industrielle, abandonné il y a un bail et squatté par tout un tas de monde depuis.
Il prit un dossier posé sur une table voisine et l'ouvrit, dévoilant plusieurs photos et plans :
- Voilà, fit-il. L'érosion n'a pas trop abîmé le tout, mais les squatteurs se sont fait plaisir à saccager le coin. Il y a eu pas mal de campements qui se sont posés ici, probablement un abri périodique pour je ne sais quelle tribu de nomades. - Il y a une population native sur cette planète ? demanda Anna. - Oui, mais rien de notable. Il y avait eu une société industrielle il y a six cent ans, et puis un Goa'uld mineur est arrivé après s'être levé du mauvais pied. Nos éclaireurs ont apparemment trouvé l'endroit et ont installé un comptoir avec les tribus des survivants. - Et quel était le niveau de cette société ? fit la scientifique. - Pas mal d'industries, sûrement des grandes villes, ils maitrisaient la fission, à en croire les archives. Mais ça ne les a pas aidés, ils se sont fait balayer en quelques heures au maximum quand l'autre s'est amusé à tout vitrifier depuis l'orbite. Et pour anticiper votre question, docteur Stern, non, ils n'ont pas construit le complexe originel. Tout ce qu'ils ont fait, c'est construire un petit temple pour leur nouveau dieu, le temps qu'il se lasse et aille voir ailleurs. Après, tribus, villages, enfin le classique. - Il y a beaucoup de survivants ? - Pas énormément, juste de quoi cultiver des céréales et faire un peu d'élevage dans les plus gros villages. Je ne crois pas qu'ils vous intéressent, ici, mais je pourrai demander qu'on vous passe le dernier rapport du comptoir commercial, si vous êtes curieuse. - Merci beaucoup, dit-elle, ça m'intéresse effectivement. - Pas de souci. Pour revenir à nos ruines, on a donc le temple et les campements. On est tombés sur les restes d'un bunker, mais c'était une fausse alerte, dit le scientifique hébridan en leur montrant une série de photos.
Au bout d'un long couloir creusé dans la roche, une immense porte circulaire semblable à celle d'un coffre-fort, trônait, immobile, près de quelques panneaux de contrôle primitifs. Plusieurs symboles étaient marqués sur la construction massive, qui avait été ouverte pour la seconde image. Le reste des photos était occupé par de vieux tunnels en ruine, semblables à un rêve de logement fonctionnel futuriste fait par un architecte du milieu du XXème siècle.
- C'est le second bunker de ce genre qu'on a trouvé, apparemment construit en prévision d'une guerre locale. Il a pas vraiment servi à grand-chose, personne n'était dedans quand on l'a ouvert hier. J'ai une équipe qui récupère ce qui reste en ce moment-même. Je vous passerai le dossier, si vous voulez. De toute façon, je vous l'ai dit, c'est le second. L'autre était pareil, et sans grand intérêt, à part pour former les stagiaires aux risques du terrain. Foutues radiations… Enfin, bref, je m'égare. Je pense que vous êtes venus pour ça, dit-il en présentant une nouvelle série de photos.
Les images montraient cette fois-ci des couloirs où la poussière masquait des couloirs bien plus élégants, laissés intouchés par le temps.
- Ca, par contre, c'est potentiellement intéressant. Après, qu'on soit clairs, je n'ai pas la moindre idée de ce qu'il y a à trouver. Enfin, il n'y avait pas le moindre objet ou artefact d'époque laissé où que ce soit. Des machins appartenant aux quelques nomades qui sont tombés dessus par hasard, mais pour l'instant, ça s'arrête là. - Et vous n'aviez pas découvert ça avant-hier, dit d'une voix étonnée l'Ascendante. Vous n'aviez pas du monde dans le coin depuis quelques temps ? - Oui, et aussi des moyens limités, lieutenant. La planète abritait une société stagnante qui s'est faite démolir par un serpent méticuleux et efficace, alors il n'y avait pas grand-chose à récupérer ou à étudier. En plus, le temple était à moitié effondré et les premiers groupes ont loupé le reste du complexe. La seule raison pour qu'on l'ait trouvé, c'est parce que les gars d'en-haut se sont dit qu'il faudrait envoyer pas mal de moyens si vous étiez intéressé, docteur Jackson. - J'avais remarqué.
Le capitaine Jörg Hansen venait de pleinement réaliser qu'il était désormais l'officier terrien le plus haut gradé dans une situation chaotique, imprévisible, impliquant un VIP littéralement connu à travers la galaxie et menant une mission dont il ne connaissait finalement pas les tenants et aboutissants.
Cela ne lui plaisait pas le moins du monde, alors qu'il ne se faisait aucune illusion sur sa place dans la chaîne de responsabilité si quoi que ce soit tournait encore plus mal que jusqu'à présent. Ce qu'il ne jugeait pas improbable.
Réduit à commander une seule autre personne, il était rapidement arrivé à la conclusion que lorsque le bluff que tout le monde menait allait inévitablement s'effondrer, les deux civils et son équipe devraient avoir autant d'avance que possible pour rejoindre la Porte. Un objectif en tête, il n'eut pas de problème pour trouver une manière acceptable d'utiliser ses maigres moyens en vue de les réaliser.
On va forcément se faire avoir… pensa-t-il en s'approchant de la tente qui contenait apparemment la plupart des générateurs. Faut réussir à saboter tout ces machins avec une poignée de grenades alien qu'on a jamais utilisé avant, sans se faire repérer, et avec une bande d'affreux qui vont vouloir notre peau dans la seconde. Bordel…
La jeune femme marchait à quelques mètres derrière lui sans dire un mot, surveillant les alentours et enregistrant comme lui tous les détails qui pourraient s'avérer utile pour placer la maigre quantité d'explosifs qui avait servi de butin après l'attaque contre leur navette. Le camp qu'ils parcouraient s'étendait sur plusieurs centaines de mètres, les tentes toutes placées à quelque distance de la base du plateau rocheux abritant les ruines. Ils croisaient sans cesse des agents de sécurité comme des civils, apparemment majoritaires. Les regards qui leur étaient adressés allaient de la curiosité à la suspicion, et si plusieurs civils avaient donné l'impression de vouloir leur parler, aucun n'avait cependant fait le moindre pas dans cette direction, les laissant faire le tour de ce qui servait d'installations de base.
Quelques grandes tentes accueillaient les logements spartiates du personnel, tandis que les cadres et autres officiers partageaient une série de logements individuels que Hansen ne pouvait s'empêcher d'assimiler à la version hébridane du préfabriqué. Prenant mentalement note d'inclure dans son rapport des remarques quant à la très grande rapidité avec laquelle le camp avait été installé, il avait rapidement commencé à chercher les points les plus stratégiques. Ceux qui lui permettraient de paralyser, ou au moins de retarder toute action de la part des troupes.
Plusieurs petits préfabriqués étaient surveillés en permanence par des gardes, et l'officier terrien en avait rapidement déduit qu'ils devaient contenir des armes et du matériel important. Il avait rapidement eu confirmation de la fonction du plus gros bâtiment lorsque plusieurs civils firent des allers-retours en transportant des caisses de nourriture.
Ouais, faudra vraiment que je le leur dise, à la maison : ils ont une foutue logistique, ces types. Je ne sais pas ce que Jackson cherche, mais ça a vraiment dû les faire paniquer… avait-il pensé en regardant la scène.
Son train de pensées s'interrompit brutalement lorsque son corps se figea, pris d'un réflexe que son esprit n'avait pas encore eu le temps d'analyser. L'instant d'après, il vit ce qui l'avait fait réagir : une légère bosse témoignant d'un objet récemment enterré juste à côté des câbles en provenance des générateurs.
Ah les cons, ils minent leur propre camp !
- Les grands esprits se rencontrent, commenta sarcastiquement une voix derrière lui.
Aussitôt, les deux membres de SG-22 se retournèrent, arme dressée, pour faire face à un homme seul, ne portant pour toute arme qu'un pistolet terrien rangé à la ceinture.
- Salut tout le monde… Vous pourriez baisser les joujoux, on aurait pas envie que les locaux se méprennent ?
Hansen acquiesça et baissa suffisamment son fusil pour éviter qu'un témoin inopiné ne voie effectivement la tension qui régnait entre les deux groupes d'arrivants.
- Qu'est-ce que vous voulez ? fit-il. - Juste vous dire que vous n'avez pas besoin de vous occuper de cette tente, on a déjà mis ce qui faut. - C'est vous, ça ? demanda Hansen en faisant un petit signe de tête en direction de la mine.
L'autre acquiesça à son tour, sans dire un mot.
- Pourquoi vous faites ça ? - Ben, pour la même raison que vous ! Je crois qu'on n'a pas trop envie de les voir se mêler de nos affaires, hein ? - Ca dépend de la façon dont ils veulent s'en mêler. Je suis sûr qu'ils apprécieraient de savoir que vous avez commencé à miner leur camp. - Avec du matos tout droit sorti du SGC. - Je vois… - Non, enfin, sérieusement, est-ce qu'on peut au moins essayer de voir pour nous coordonner là-dessus ? demanda le mercenaire. Ce serait con de gaspiller du matos. - L'ennemi de mon ennemi, c'est ça ? - Est l'ennemi de mon ennemi. Ni plus. Ni moins, répondit l'homme en face. Enfin, réfléchissez-y un peu, quoi qu'il se passe, ils vont nous bouffer tous les deux à la fin. - Vous parlez en votre nom propre ou… ? - C'est le patron qui nous a dit de vous en parler si on vous croisait. Pensez-y… conclut l'autre avant de se retourner et de s'éloigner d'eux. - Qu'est-ce qu'on fait ? demanda la jeune femme après que le mercenaire se soit éclipsé. - On termine la reco et on refile le bébé au docteur Jackson. C'est à lui de voir…
Anna regarda Urth ajuster son casque avec quelques hésitations avant de suivre le reste du groupe dans l'entrée du réseau de cavernes. L'archéologue hébridan avait pris la tête, les guidant dans leur visite, tandis qu'ils étaient accompagnés par trois gardes armés. La scientifique, elle, ne pouvait s'empêcher de se retourner fréquemment pour ramener son regard sur l'un des mercenaires, qui avait pris place dans le petit détachement. L'arrangement plus ou moins improvisé entre Jackson et leurs poursuivants lui déplaisait particulièrement, mais elle savait ne rien pouvoir y faire pour le moment, alors, rapidement, elle reporta son attention sur son environnement.
Les vestiges d'un temple, construit avec les moyens archaïques d'une société renvoyée à l'âge de pierre par des bombardements orbitaux, occupaient la première des grottes. Les bas-reliefs étaient crus, manquant d'un quelconque raffinement et avaient vu leur état s'aggraver encore par le passage du temps et des nomades occasionnels. Un autel trônait au milieu, bloc de pierre tailladé pour l'occasion et désormais recouvert de poussières incrustées, fendu et érodé. Les quelconques instruments de culte qui avaient pu y être posés à une époque avaient naturellement disparu, aucun tabou n'ayant protégé le temple au cours des siècles.
Bakane leur fit faire un tour très rapide des lieux, ne s'interrompant que pour poser quelques questions à la poignée de techniciens travaillant sur place avant de les mener vers le passage suivant. Un bref coup d'œil l'informa que l'ouverture qui pénétrait plus profondément dans le massif rocheux avait été dégagée très récemment, avec des outils modernes.
- Voilà, commenta leur hôte. C'est ici que ça commence à devenir intéressant. On a trouvé le passage dans la foulée après être arrivés. Quelqu'un avait provoqué un éboulement pour le cacher aux alentours de l'arrivée du Goa'uld. On n'a pas exactement compris pourquoi, vu qu'il n'y avait personne à protéger dans l'abri. Peut-être qu'ils pensaient pouvoir mettre une partie de leur technologie de côté, comme ça. Enfin, quoi qu'ils aient prévu, ça a foiré.
Le tunnel dans lequel ils venaient de pénétrer était éclairé par des lampes autonomes posées régulièrement mais laissant néanmoins des zones d'ombres au fil des irrégularités de la roche. Anna se retourna lorsqu'une nouvelle source de lumière apparut derrière elle, et vit Urth avec une lampe de poche allumée en main. L'Ascendante balayait rapidement les alentours, le regard concentré.
- Ne vous inquiétez pas, lieutenant, fit l'archéologue hébridan, nous avons déjà vérifié tout ce qui était à voir ici. Pas de pièges, d'animaux ou quoi que ce soit. - C'est mon rôle que de m'inquiéter… grommela-t-elle sans cesser de regarder dans toutes les directions.
Ca, et plein d'autres choses, se retint Anna de commenter à haute voix.
Au bout d'une dizaine de minutes de marche dans le tunnel laissé à l'abandon, ils arrivèrent finalement à une intersection. Sur l'un des côtés, le chemin descendait jusqu'à une zone bien plus éclairée, partiellement cachée par le relief.
- Le bunker local est là-bas, fit Bakane. Si vous voulez, je pourrai vous y faire rentrer, mais il faudra revenir avec des tenues de protection, il y a des fuites de radiation. Selon les ingénieurs, ces gars avaient les pires réacteurs jamais conçus dans la galaxie. Si les bombardements n'avaient pas été aussi forts, toute la planète serait irradiée… Avec tous les problèmes qu'ils ont trouvés en même pas deux jours, c'est presque un soulagement que personne n'ait pu l'atteindre lors de l'attaque. - Comment ça ? demanda Jackson. - Système de recyclage de l'eau en panne, fermes hydroponiques qui se sont mises à muter et à envahir tout un niveau, robots médicaux instables, défenses automatisées neutralisées en quelques minutes… Tout est dans le dossier que je vous passerai, mais franchement, si c'est comme ça qu'ils construisaient, j'ose à peine imaginer leurs villes. - Et de l'autre côté ? fit Anna en indiquant le second chemin. - C'est là que les choses deviennent intéressantes, fit Bakane avec un sourire alors que des bruits de voix commençaient à se faire entendre le long du tunnel. Les scanners ont montré qu'il y avait tout un réseau de grottes séparées du reste. - Comment ça, "séparées" ? demanda-t-elle. - Totalement isolées, sans lien avec les tunnels où on est. En fait, on n'a pas encore trouvé de sortie vers l'extérieur. - Et c'est là qu'il y a les aménagements que vous nous avez montré en photos, donc ? intervint Jackson. - Voilà, répondit son collègue hébridan. Même pas de tunnels bouchés ou effondrés. Rien, comme si ça avait été construit de l'intérieur. - Technologie Tok'Râ ? l'interrogea-t-il. - Pas de signe de ça pour l'instant. C'est possible, mais je ne parierais pas là-dessus. - Comment est-ce que vous y êtes rentrés s'il n'y a pas d'accès direct ? demanda Anna. Des anneaux de transport, un système de téléportation ? - Il y a un réseau d'artefacts de transport. On a eu quelques problèmes, d'ailleurs, parce qu'ils ne laissent pas beaucoup de place pour amener du matériel à l'intérieur. En plus, on n'a toujours pas trouvé la source d'énergie, donc on ne sait pas combien de temps ça fonctionnera encore.
Ils arrivèrent dans ce qui semblait être la fin du tunnel, à l'intérieur d'une caverne de plus grande taille, où s'affairaient une douzaine de personnes. Partout sur le sol étaient entreposés des équipements de taille diverse, des caisses de provisions, le tout vivement éclairé par une poignée de projecteurs laissés près des parois. Cependant, Anna ne prêta aucune attention au petit campement, son regard s'étant fixé sur l'artefact qu'elle n'eut aucun mal à reconnaitre.
Une cabine de téléportation… Comme sur Atlantis. Maintenant, c'est plus très dur de deviner qui a construit ce complexe.
- Vous avez déjà vu ça quelque part ? demanda leur hôte en désignant le bloc encastré dans la roche. - Non, mentit l'archéologue. Mais, au vu du style, des matériaux… c'est probablement quelque chose fait par les Anciens… ou les Asgards, peut-être. - On est arrivés à la même conclusion. Mais ce qui est intéressant, c'est la carte… - Quelle carte ? demanda Jackson tout en sachant parfaitement ce qui allait lui être montré. - Et bien, répondit Bakane en faisant s'ouvrir les portes de la cabine par son approche, l'écran intérieur affiche une carte du complexe. Il a l'air beaucoup plus gros que ce qu'on a vu pour l'instant. Tenez.
Il leur tendit une autre photo, apparemment prise de l'intérieur de la cabine et montrant le plan de l'installation. Plusieurs icônes étaient réparties sur l'ensemble de la carte, mais le regard des trois individus se posa rapidement sur l'immense salle qui semblait doubler à elle-seule la taille du complexe.
- Et qu'est-ce qu'il y a là-dedans ? demanda Jackson en désignant du doigt la dite-salle. - C'est la question à laquelle on a tous envie de répondre… Peut-être un entrepôt, ou un hangar… Aucune idée, c'est protégé contre tous nos détecteurs. - Logique, ce serait trop facile. Est-ce qu'on peut essayer de s'y rendre ? - On va essayer, de toute façon, docteur Jackson. Mais pour l'instant, il n'y a qu'une seule des destinations qui fonctionne, et nos équipes sont en train de voir ce qu'elles peuvent faire pour aller plus loin. Vous voulez voir ? - C'est pour ça qu'on est là… - D'accord. Je passe en premier, que vous puissiez voir la procédure, et vous me suivez, entendu ? - On fait comme ça, agréa Jackson. - Alors, vous n'avez qu'à appuyer sur ce point, fit l'hébridan en leur montrant à nouveau la carte. C'est le seul qui n'est pas grisé, donc vous ne devriez pas avoir le moindre mal à le reconnaitre. A ce moment-là, le système fait tout, tout seul, et vous n'avez plus qu'à attendre l'ouverture dans la cabine d'arrivée. - Entendu, répondit la scientifique. - Je vous attends là-bas, dit-il en entrant dans la cabine.
L'instant d'après, les portes se fermèrent pour s'ouvrir à nouveau quelques secondes plus tard.
- J'y vais, fit Jackson en s'approchant à son tour de la cabine, qu'il n'eut aucun mal à opérer après plusieurs années dans la Cité d'Atlantis. - A vous l'honneur, docteur Stern, fit Urth, apparemment crispée. - Peur du téléporteur ? demanda Anna avec un petit rictus amusé. - Ce n'est pas mon moyen de transport préféré… commenta l'Ascendante. - Bizarre. Je me serais dit, pourtant, que vous deviez y être encore plus habituée que nous… - J'ai mes raisons… Autrement, autant ne pas faire attendre nos deux bons docteurs, d'accord ? - OK, OK… s'inclina-t-elle en levant les yeux au ciel avant de rentrer dans la cabine.
Celle-ci, aussi exigüe que dans ces souvenirs, se ferma avant même qu'elle puisse appuyer sur un quelconque endroit de l'écran.
- Bonjour, docteur Stern, la salua une voix familière.
Elle écarquilla les yeux en la reconnaissant : - Atlantis ? s'étrangla-t-elle. - Moi-même. - Mais qu'est-ce que vous faites ici ? - Je vous ai invitée, voilà tout… Et il serait imprudent de ma part de ne pas m'assurer un contrôle minimal de cet endroit, surtout vu ce qu'il contient et de l'attention que vous et le docteur Jackson avez attiré dessus. Quoi qu'il en soit, sachez que je suis satisfaite de voir que vous avez pu arriver ici sans encombre, malgré la situation quelque peu chaotique dans laquelle vous vous êtes retrouvée. - Bravo pour l'euphémisme… - Croyez-moi, j'ai hâte d'entendre de votre bouche le récit des évènements récents, mais là n'est ni le moment ni l'endroit pour une discussion prolongée. - Qu'est-ce que vous comptez faire ? - Vu le faible préavis que j'ai eu et les conditions spécifiques de ce lieu, pas grand-chose, sinon ré-établir le lien qui a été brisé par l'EMP sur Hébrida. Le reste viendra en temps voulu. - Je vois… Je n'ai aucune chance de m'échapper, hein ? - Ne vous inquiétez pas, docteur Stern, vous vous libérerez de mon influence bien assez tôt, croyez-moi. - Reste à savoir si c'est une bonne chose… - Excellente question. A laquelle vous répondrez par vous-même. - Vous ne pourriez pas être encore un peu plus cryptique, là ? ironisa-t-elle. - Bien sûr que si. La preuve, j'aurais un message à transmettre à la très chère Ascendante qui vous accompagne. - Dites toujours… - "Un partout, la balle au centre," fit la voix de l'I.A. avec un léger air de suffisance amusée.
Anna pouvait presque entendre le sourire qu'avait Atlantis en disant ces mots, et ne put réprimer un frisson juste avant le moment où la cabine de téléportation s'activa.
La salle fortifiée était largement en-dehors du chemin que suivaient les fugitifs, et abritait qui plus est une escouade de vétérans ayant suffisamment combattu avant, pendant et après la rébellion pour bloquer tout éventuel débordement imprévu. Et pour l'instant, toutes les données fournies par les écrans semblaient indiquer à Ca'Teya qu'un tel évènement ne se produirait pas.
Les évadés poursuivaient leur avancée dans les couloirs de la prison, se dirigeant lentement vers l'une des sorties et la débarrassant au passage de plusieurs pelotons de gardes dont la loyauté envers ses employeurs n'était pas assurée. Les opérateurs des systèmes de surveillance avaient marqué la position des deux seuls fuyards qui l'intéressaient tandis qu'elle coordonnait le reste de la garnison en observant sur d'autres écrans les images du groupe en temps réel.
Elle les ralentit, comme prévu, et… Tiens, tiens, elle s'est débrouillée pour prendre le traitre avec elle… se dit l'interrogatrice avec une ébauche de sourire. Comment est-ce que je peux utiliser ça…
Bordel, on va s'en sortir… J'y crois pas… pensa le pilote en suivant le reste du groupe à un pas rapide.
Le jaffa était resté à sa hauteur, se retournant de temps en temps pour surveiller leurs arrières. La jeune femme, elle, se maintenait à leur niveau, changeant périodiquement la position du sac sur ses épaules, ses mains libres depuis que l'un des mercenaires lui avait pris l'arme avec laquelle elle avait tiré sur leur geôlier. Devant eux, Othar et le reste des mercenaires progressaient rapidement, ne s'arrêtant que pour repousser les quelques patrouilles qui croisaient leur chemin.
Brusquement, un ordre fusa, et le trio formant une arrière-garde improvisée dut s'immobiliser alors que le reste des évadés faisait de même à quelques mètres : - Le ch'min est bloqué par-là, fit le chef du groupe, plaqué contre la paroi bordant un croisement.
Plusieurs dards de plasma vinrent confirmer abruptement ses propos, libérant leur énergie plus loin.
- Ho ! reprit-il en se tournant vers les deux nouveaux venus. Erina ! Ca te dit quequ'chose, ici ?
L'ancienne prisonnière se rapprocha, sursautant visiblement lorsque de nouveaux tirs en provenance du couloir bloqué vinrent percuter les murs devant elle : - Je… je crois que l'autre chemin amène à la sortie. J'avais vu des serviteurs aller par là un matin… - On a pas l'temps d'tenter autre chose, les renforts vont être sur nous dans deux minutes… Tir d'barrage, et on passe, escouade par escouade, ordonna Othar après quelques secondes de réflexion.
Il désigna plusieurs personnes, et leur fit signe de venir, tandis que d'autres se plaquèrent à leur tour près de la position de leur chef, armes en position. - Feu ! cria-t-il tout en commençant à tirer sans viser par-delà le coin du mur, imité l'instant d'après par une demi-douzaine d'armes à énergie.
Les tirs adverses diminuèrent en intensité avant de s'arrêter au bout de quelques secondes, et Othar fit une bref signe de tête. Aussitôt, le premier groupe de mercenaires se lança dans l'espace découvert, le franchissant sans encombre pour se recevoir de l'autre côté et préparer à leur tour leurs armes et ouvrir le feu, intensifiant le tir de barrage.
La patrouille ennemie leur sembla avoir vu ce qui venait de se passer, reprenant à nouveau son attaque, cette fois-ci moins précise alors que du plasma venait s'écraser sur le sol ou le plafond et que les murs s'illuminaient de l'impact de quelques décharges électriques mal ajustées.
Sans changer le rythme de ses tirs, Othar fit un nouveau signe, et le second groupe se lança dans l'ouverture. Carl observa avec effarement les hommes et femmes courir au milieu des tirs mortels, et détourna le regard lorsque l'un d'eux fut foudroyé par un tir paralysant, s'effondrant au sol. Plusieurs mains se jetèrent sur lui pour le ramener à l'abri, mais pas avant que plusieurs tirs de plasma ne le touchent dans le torse et le visage, réduisant le corps tremblotant à l'état de cadavre partiellement incinéré dont les organes internes reposaient près du reste.
Il croisa le regard choqué d'Erina près de lui, et ne put s'empêcher d'afficher un rictus d'horreur en sentant l'odeur de chair carbonisée prendre le pas sur celle déjà omniprésente d'ozone. Le pilote posa une main sur son épaule, se voulant rassurante, et sentit les tremblements qui avaient pris la jeune femme. Othar et le reste des mercenaires n'avaient, quant à eux, pas cessé de tirer, et le chef du groupe tourna brièvement la tête vers le trio : - Toi, le Tau'ri, t'as une arme automatique. On passe, et tu arroses dans leur direction avec Van'Tet. Ensuite, on te couvre et vous passez.
Après quelques instants d'hésitation, Carl acquiesça, prenant son arme à deux mains et vérifiant le sélecteur de tir et le cran de sûreté.
D'accord… On se calme. C'est pas un film, donc faut faire gaffe, mais tu devrais t'en sortir si tu joues pas au con. Faudra juste plonger vite quand ça sera ton tour… pensa-t-il sans pouvoir s'empêcher de jeter un regard vers le cadavre fumant.
- Prêt ? fit le vétéran en face de lui. - Prêt, répondit Carl avec une fausse assurance dans sa voix. - Maintenant ! lâcha Othar en prenant appui de la main sur le coin du mur pour gagner en vitesse et imité par le reste des tireurs.
La seconde suivante, le pilote et le jaffa se mirent en position et ouvrirent le feu simultanément. Si les projectiles tirés n'étaient pas plus nombreux, leur effet fut cependant bien plus important lorsque le fusil d'assaut se mit à cracher ses balles dans un vacarme assourdissant. Van'Tet, près de lui, faillit lâcher sa petite arme à énergie, surpris par le niveau de bruit provoqué par l'arme de son partenaire, tandis que les tirs cessèrent pendant le bref instant nécessaire au passage du groupe de Othar. L'instant d'après, les tirs redoublèrent d'intensité, et Carl dut s'interrompre pour remplacer son chargeur vide.
Il était encore en train de procéder à la manœuvre lorsqu'il entendit un bruit familier, suivi quelques instants plus tard d'un hurlement : - Grenade ! fit Othar en face d'eux. Cassez-vous !
Le pilote tourna la tête vers le couloir et lâcha le chargeur plein par terre lorsqu'il se sentit tiré en arrière alors que les autres mercenaires s'enfuyaient de leur côté. L'adrénaline aidant, il eut le temps de se rendre compte l'instant d'après que lui et Erina avaient été agrippés par le jaffa, et les mots du mercenaire se mirent à résonner dans son esprit.
Oh merde ! Une de ces putains de grenades à choc ! Un abri, faut trouver un abri ! pensa-t-il à toute vitesse, la panique sur le point de s'emparer de lui.
Courant sans réfléchir, Carl se sentit pousser sur le côté et tomba sur son épaule, commençant à gémir avant qu'Erina, tombant sur lui, ne coupe son souffle. Il remarqua, l'esprit presque détaché, la silhouette du jaffa courir vers lui en plongeant au sol. L'instant d'après, un flash douloureux perça une fraction de seconde alors que la lourde porte se refermait derrière Van'Tet, bloquant l'impulsion lumineuse avant qu'elle ne le plonge dans l'inconscience.
- Que… qu'est-ce qui s'est passé… murmura-t-il avant de reprendre ses esprits et de se tourner vers le jaffa. Me… Merci.
L'autre acquiesça silencieusement, et Carl se tourna vers la jeune femme au moment où celle-ci poussa un bref gémissement entrecoupé de halètements.
- Que… qu'est-ce qu'on fait ? demanda-t-il au jaffa, qui semblait avoir gardé le contrôle de la situation. - Ils vont venir, répondit celui-ci. Nous pouvons les prendre en embuscade si nous sommes assez rapides…
Ca'Teya relâcha sa main de la commande à distance de la grenade à choc, satisfaite de voir que le trio avait pu échapper à son effet. D'un mouvement de tête, elle fit signe à l'un des techniciens de donner l'ordre à la patrouille –constituée spécifiquement de jaffas éloignés des opinions de Gerak– d'aller récupérer les prisonniers.
Elle ne cacha pas son sourire en entendant l'ordre spécifier que les évadés avaient été neutralisés par la grenade.
Quelle tragédie, ces erreurs de communication… Toutes ces victimes innocentes aux mains d'un redoutable agent terrien qui n'aura pas eu le temps d'effacer les preuves de son implication…
- Dirigez-les dans la direction prévue, dit-elle en indiquant l'écran où les trois fugitifs étaient visibles.
Carl prit un autre chargeur et l'engagea dans son fusil, acquiesçant brièvement de la tête en direction du jaffa avant de pointer l'arme vers la porte. Van'Tet appuya sur l'interrupteur d'ouverture d'une main, tenant sa petite arme à énergie de l'autre, et les deux soupirèrent de soulagement en ne voyant personne derrière. Dans l'instant suivant, le jaffa fit silencieusement signe au Terrien de le suivre alors qu'il jetait un bref coup d'œil dans le couloir.
Sortant de la pièce, ils entendirent le bruit de pas caractéristique des armures jaffa, et ils se tournèrent aussitôt vers l'intersection, à quelques mètres d'eux. La sphère métallique de la grenade reposait désormais près du cadavre, entourée par une myriade de douilles éjectées par le fusil de Carl. Celui-ci inspira et expira profondément, puis recommença tout en se plaçant un genou à terre, en position de tir juste à côté de l'ouverture de la pièce.
La patrouille ennemie arriva finalement en vue, et deux paires de gardes furent engagés dans le croisement avant que le premier d'entre eux ne remarque les deux évadés et commence à abaisser son arme.
Le vacarme emplit à nouveau les couloirs lorsque des balles supersoniques franchirent en une fraction de seconde la distance séparant le canon de leurs objectifs. Le pilote, appliquant scrupuleusement son entrainement, plaça ses courtes rafales dans le centre de masse des jaffas lui faisant face. Leur métabolisme modifié et leur entrainement ne leur furent d'aucune utilité lorsque les projectiles, déformés par leur traversée de l'armure métallique, ravagèrent les organes internes avant d'être brutalement stoppés par les plaques de métal. En état de choc, chacun des quatre jaffas laissa tomber son arme pour s'effondrer au sol quelques instants plus tard, les hémorragies internes et le système nerveux débordé les condamnant à très brève échéance.
Carl resta figé quelques secondes avant d'être ramené à la réalité par une tape sur l'épaule de la part du jaffa : - Il faut y aller, ils vont avoir des renforts, dit celui-ci. - Oh… euh, oui. Entendu, répondit le pilote en s'apercevant qu'il était lui-même en train de haleter.
Le jaffa acquiesça puis Carl retourna dans la pièce qu'ils venaient de quitter, se baissant pour se rapprocher d'Erina, recroquevillée sur elle-même : - Il a raison… On doit partir maintenant. - Ils… vont nous tuer. - Non, ne t'inquiète pas. On va s'en sortir, je te le promets. Mais seulement si tu viens avec nous.
Lentement, elle se décontracta, laissant le pilote l'aider à se lever, et le groupe se mit à avancer à nouveau. Carl se crispa en passant près des corps, ramassant le chargeur qu'il avait laissé tomber tout en détournant délibérément le regard. Le jaffa près de lui s'empara d'une des lances, jetant un bref coup d'œil dans la direction d'où était venue la patrouille ennemie. Il se retourna vers les deux autres évadés : - Il n'y a personne. On continue, il faut retrouver les autres.
Carl prit un zat au sol et le donna à la jeune femme à côté de lui : - Tiens, on aura sûrement besoin de toutes les armes possibles, fit-il en lui tendant la petite arme.
Elle prit l'arme, les mains toujours tremblantes, sans croiser son regard, avant de se tendre en entendant Van'Tet pousser ce qu'ils supposèrent être un juron.
- Qu'est-ce qui se passe ? demanda le pilote en s'adressant au jaffa qui était à quelques mètres devant lui, au niveau d'une autre intersection. - La voie est bloquée ! répondit celui-ci en manipulant –sans succès– le panneau de contrôle d'une porte.
Carl arriva et, à son tour, tenta d'ouvrir la porte close, avant de se tourner vers son nouveau coéquipier : - Est-ce qu'on peut l'ouvrir manuellement ? - Non. Ca prendrait trop de temps et il faudrait des outils. - Merde, merde, merde… Il y a un autre chemin ? - De… derrière, fit Erina. - Pas faux. C'est là où on allait avant que les autres gusses nous tombent dessus. - Il vaudrait mieux essayer de rester avec Othar, commenta Van'Tet. Si on se sépare, on risque plus de se faire tuer. - Entièrement d'accord, mais c'est pas comme si on avait le choix, si ? C'est toi qui l'a dit, faut pas s'arrêter. - … Entendu, admit le jaffa en se tournant vers l'intersection précédente.
Ca'Teya se tourna vers l'escouade qui était restée sur place depuis le début de l'évasion : - Mettez-vous en place, il est temps d'éliminer les figurants.
Sans un mot, les vétérans se retirèrent en ordre serré, se dirigeant vers la cour principale où se tiendrait l'embuscade.
- Plus vite ! cria Othar alors que plusieurs portes s'étaient fermées et verrouillées derrière leur groupe.
Il aurait voulu prendre le temps de récupérer Van'Tet et les deux autres évadés, mais n'avait pas la moindre idée de leur état, voire même de leur simple survie, et les fermetures successives indiquaient que leurs ennemis commençaient finalement à s'organiser. L'effet de surprise était passé, et ils allaient devoir réussir à s'enfuir face à une opposition beaucoup plus importante que jusqu'à présent, qui ne cesserait de se renforcer à chaque instant. La décision avait été rapide et sans appel : le jaffa et les deux autres devraient se débrouiller par eux-mêmes, et si tout le monde s'en sortait, il reprendrait alors contact avec eux.
Malgré sa connaissance limitée de l'architecture jaffa, le mercenaire se rendait compte, au vu des changements de luminosité et de structure des couloirs, qu'ils s'approchaient de l'extérieur du complexe, où se trouveraient des hangars ou des véhicules avec lesquels s'échapper. Comme pour faire écho à son intuition, la lumière du jour devint brusquement visible au détour d'un couloir, une porte ouverte à quelques dizaines de mètres leur promettant une issue à ce dédale.
Atteignant rapidement la sortie, ils se mirent en position autour de la porte, sans la franchir : - Première escouade, reco, on vous couvre.
Le groupe acquiesça et sortit dehors, avançant lentement, armes en position et observant leurs alentours. - Rien par ici ! fit l'un des mercenaires. - D'acc… commença Othar avant de s'interrompre, son regard attiré par un détail chez l'un de ses voisins. C'est quoi ça ? demanda-t-il à celui-ci. - Quoi ? - Ton zat. - Il fonctionne bien, c'est bon. - Passe-le moi.
Le mercenaire s'exécuta, et Othar prit l'arme, la rapprochant de son propre visage et écarquilla les yeux en reconnaissant la couleur rougeâtre qui filtrait sur un minuscule point de la poignée. Aussitôt, il frotta l'arme contre le mur voisin, à l'endroit où il avait vu l'anomalie.
- Qu'est-ce que… fit l'ancien propriétaire de l'arme en voyant la peinture s'effriter pour laisser apparaitre le cristal rouge caractéristique des armes d'entrainement. - Où est-ce que t'as trouvé ce putain de flingue ? demanda Othar en craignant une réponse particulière. - C'était celle de la fille, Erina. Elle avait la flippe, et on n'avait pas assez d'armes, alors je l'ai prise… - Merde… Non… souffla Othar alors que toutes les pièces s'assemblaient dans son esprit. C'est un piège ! Revenez !
Quelques instants après son cri, deux douzaines de jaffas sortirent de leurs abris et se mirent à ouvrir le feu avec une précision et une efficacité très largement supérieure à celles des patrouilles qu'ils avaient rencontrées jusqu'alors. L'escouade sortie dehors fut balayée en quelques secondes, aucun de ses membres n'arrivant à se mettre en sécurité avant d'être touché par plusieurs dards incandescents.
- Feu ! Feu ! Abattez-les ! ordonna Othar en commençant à tirer dans la direction des assaillants, qui s'étaient rapidement mis à couvert, les uns avançant pendant que les autres procédaient à un tir de barrage.
Bordel ! Pourquoi j'y ai pas pensé avant ? C'était un putain de piège. La fille qu'on connait pas et qui trouve les codes, qui s'évade toute seule comme par hasard quand on se tire de là, qui retarde le Tau'ri pour nous séparer. Merde, merde, merde ! Elle bosse pour ces putains de jaffas depuis le début, et on va se faire massacrer, maintenant ! Si on s'en sort, j'aurai ta peau…
Carl entendit la fusillade commencer de l'autre côté du complexe.
- Merde… Les autres ont dû se faire chopper. - On ne peut rien faire pour eux, fit laconiquement Van'Tet. - Je sais. Et ça pourrait même nous aider. - Comment ça ? - S'ils tiennent assez longtemps, les gardes vont envoyer des renforts sur place, et on pourrait peut-être nous enfuir en douce. - Bon point, concéda le jaffa.
Avançant prudemment dans les couloirs, Carl ne put s'empêcher de focaliser son attention sur les échanges de tirs qui résonnaient à l'extérieur du complexe, essayant d'imaginer ce qui se passait pour le groupe de mercenaires qui lui avait permis de s'échapper. Les souvenirs du cadavre brûlé par les décharges de plasma revenaient se surimposer à chaque instant, le pilote se demandant combien des évadés finiraient de cette façon.
Il fut ramené à la réalité lorsque le jaffa devant lui fit un geste de la main, s'arrêtant aussitôt. Le jeune homme se rapprocha de lui, s'assurant qu'Erina s'était aussi immobilisée, pour murmurer : - Qu'est-ce qui se passe ? - C'est une sortie de service, je reconnais ces couloirs, fit Van'Tet, presqu'inaudible. - Déjà venu ici ? - Non, c'était juste pareil là où j'étais. Mais silence, il y a sûrement des gardes.
Se plaquant contre le mur, le pilote s'approcha de l'intersection suivante, cherchant dans ses poches un quelconque objet réfléchissant pour éviter d'avoir à montrer sa tête. Il fit une grimace en constatant qu'il n'avait rien d'adéquat et, après une profonde inspiration, jeta un très bref coup d'œil par-delà le coin du mur. Revenu dans sa position initiale à l'instant d'après, le jeune homme indiqua de la main la présence de trois gardes avant de se rapprocher de Van'Tet : - On peut les avoir, chuchota Carl. Mais ça sera pas discret avec le FAMAS. Le jaffa afficha son incompréhension sur le visage. - Désolé… Mon arme, corrigea Carl.
Van'Tet se figea quelques instants, puis tendit son zat au pilote avant de lui faire signe de lui donner son fusil en échange : - Tu sais t'en servir ? fit-il. Il eut pour toute réponse une négation de la tête, le jaffa lui indiquant silencieusement de ne pas s'inquiéter. Après quelques instants d'hésitation, Carl procéda finalement à l'échange, ajustant sa prise de la petite arme à énergie tandis que Van'Tet jaugeait le poids de sa nouvelle arme.
Lorsque le jaffa se mit à avancer, Carl le suivit dans la foulée, et dût se retenir de le rappeler à haute voix lorsqu'il s'engagea directement dans le couloir menant à la sortie, le tout sans faire un seul bruit. L'imitant, Carl se tint près de l'intersection, zat prêt à tirer alors que Van'Tet continuait à s'approcher subrepticement des gardes, tenant le fusil dans le mauvais sens.
Le pilote, voyant son coéquipier être à portée de main du premier des gardes, retint sa respiration, ne la relâchant qu'au moment où le jaffa commença son geste. Au même instant, deux jaffas s'effondrèrent, inconscients, l'un frappé par la décharge du zat et l'autre victime d'une concussion lorsque la crosse du fusil percuta violemment son crâne nu. Le dernier des gardes tenta de se retourner pour faire face à son agresseur, mais fut fauché par un coup de crosse dans le visage, suivi de plusieurs coups de poings dans le ventre et d'un second impact du fusil, cette fois-ci à l'arrière du crâne.
- Wow… lâcha Carl. C'était culotté. Idiot, mais culotté. - Il faut y aller, se vit-il répondre.
Les deux combattants s'approchèrent rapidement de la porte de sortie, qui était restée ouverte, et Van'Tet jeta un bref coup d'œil aux environs : - Pas de gardes, dit-il à voix basse tandis que Carl laissait poser son regard sur le décor derrière. Qu'est-ce qu'il y a ? - Rien, fit le pilote. Je pensais juste qu'ils n'auraient pas mis une prison en pleine ville, comme ça. Enfin, pas sans des fortifications, quelques chose dans le genre. - Normalement, il y a suffisamment de patrouilles pour empêcher les fuites, mais avec ce qui se passe maintenant… - Qu'est-ce qu'on fait, alors ? On tente le coup ? Est-ce qu'il y a des défenses automatiques qui pourraient nous avoir ? - Aucune idée, répondit le jaffa après quelques instants. - Ho, t'es avec moi, Van'… Van'Tet ? - Désolé… Je réfléchissais… Est-ce que tu as une idée pour sortir Othar de là ? - Othar ? - Le chef des mercenaires. - Ah… Pas vraiment. On est sous-armés, sous-équipés et on connait pas le terrain. On va juste se faire descendre si on essaie de jouer aux héros. - … Je sais. - Écoute, tout ce que je sais faire, c'est piloter un ou deux engins. Tu me passes un chasseur, d'accord, je peux tenter un truc, mais je vois rien ici. Sérieux, plus on attend, plus on risque que quelqu'un revienne et nous descende. Je suis désolé, parce que, crois-moi, ça me plairait bien d'avoir du monde pour me couvrir, avec tout ce merdier, mais c'est foutu d'avance. - S'il vous plait, fit Erina en se rapprochant brusquement d'eux. Il faut partir ! Il a raison, les jaffas vont revenir nous tuer. Il faut se cacher ! - On sait, on sait, répondit Carl en lui faisant signe de se calmer. Si, au pire, il y a un truc qu'on pourrait essayer… - Quoi ? demanda le jaffa, en jetant un autre regard aux alentours. - Attirer l'attention par ici et se tirer de là à toute vitesse. Si on a de la chance, ça pourrait rameuter une partie de la garnison loin des mercenaires et leur donner une chance. - On peut… une seconde. Ils ne tirent plus, réalisa Van'Tet.
Carl tourna la tête vers la direction d'où venaient jusqu'alors les bruits de la fusillade et soupira, fermant brièvement les yeux : - Je suis désolé. Honnêtement, on ne pouvait rien faire. - Ils étaient plus corrects que beaucoup de jaffas avec qui j'ai servi, commenta Van'Tet. - S'il vous plait ! gémit la jeune femme près d'eux, agrippant son bras. Il faut partir ! Ils vont revenir ! - Ho ! Calme ! fit le jaffa en haussant le ton et se dégageant aisément de l'emprise. On y va, mais tu te calme ! - Ne t'inquiète pas, voulut la rassurer Carl. On part d'ici.
Il se tourna vers le jaffa : - Allez, on se barre.
L'autre évadé acquiesça, et, quelques instants plus tard, le trio se lança aussi vite que possible au travers du terrain dégagé qui séparait la prison du reste des bâtiments, la fusillade ayant apparemment fait fuir tous les badauds des alentours. Arrivant sans encombre dans une étroite ruelle séparant deux habitations, les trois fugitifs s'arrêtèrent, et Van'Tet prit la parole : - Il faut trouver des vêtements. Larges, pour cacher nos armes et nos visages. Ensuite, j'ai quelques amis qui devraient pouvoir nous aider. - D'accord, répondit le pilote. On te suit.
Il laissa Van'Tet ouvrir la marche, et s'arrêta lorsqu'il sentit une pression sur son bras. Se retournant, le jeune homme vit Erina lui faire signe de murmurer : - Il ne faut pas le suivre, chuchota-t-elle. - Comment ça ? répondit-il, surpris, mais en gardant tout de même la voix à peine audible. - C'est un jaffa. Il va nous trahir. - Qu'est-ce que tu racontes ? Il est avec nous ! - Non ! Il n'y avait pas d'autre jaffa avec les autres prisonniers. Et puis… j'ai entendu les gardes… Ils parlaient de lui… Ils disaient que c'était un traitre. - Qu'est-ce que tu veux qu'on fasse, alors ? Je ne connais pas la ville, encore moins les coutumes, on se fera retrouver dans la foulée si on n'a personne pour nous aider ! - Je… je connais l'adresse de mon monde. On peut y aller. Mon oncle nous protégera.
- Ho ! fit la voix de Van'Tet, une dizaine de mètres plus loin, sans crier. Venez ! - On arrive, on arrive, répondit Carl avant de se tourner vers la jeune femme. Écoute, on en parlera plus tard, d'accord ?
Elle acquiesça faiblement, tandis qu'ils rejoignaient le jaffa, tous deux apparemment pensifs.
Encore quelqu'un qui veut me baiser ? pensa Carl. C'est clair que ça commence à faire beaucoup… mais avec tout ce qui m'est déjà tombé sur la figure… Merde, je ne sais plus qui croire… |
| | | Rufus Shinra Roi des Petits Gris
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| Sujet: Re: Effet Papillon [Tome III] Dim 12 Fév 2012 - 19:34 | |
| Attention, ceci est le second des trois posts du chapitre 06. Si vous tombez ici sans avoir lu le début du chapitre, revenez en page 02, merci !
La salle de réunion était plongée dans l'obscurité, la seule lumière venant du projecteur allumé. Sur l'écran était affichée une carte du Petit Nuage de Magellan, où des icônes de différentes couleurs se partageaient le territoire fragmenté. Un officier d'une trentaine d'années commentait les images en s'efforçant de ne pas penser à la galaxie d'étoiles que formaient les galons de l'ensemble des officiers généraux qui restaient fans l'ombre, face à lui : - L'analyse des mouvements de troupes jaffas est relativement cohérent avec les évènements récents s'étant produits sur Dakara. Nous pouvons voir que les unités… les noms qui vont suivre sont ceux donnés par le service de renseignements de la Flotte, et non ceux donnés par les jaffas… donc, les 1ère, 6ème et 11ème escadres de Ha'Tak, ainsi que les huit premiers escadrons de Al'Kesh ont été amenées à proximité de la zone d'action du Concordia, offrant une quantité significative de renforts aux forces initialement présentes. De plus, la 2ème et la 3ème escadre ont été ramenées en orbite au-dessus de Dakara, indiquant qu'ils s'attendent à une attaque de notre part.
L'officier passa à l'image suivante, qui affichait la Voie Lactée et les deux galaxies naines, reliées par divers segments aux couleurs variées : - Nous pouvons estimer, au vu de nos connaissances sur les systèmes FTL jaffas, qu'en cas d'attaque, notre propre flotte pourra arriver avec une avance d'une heure et demie au niveau de la Terre pour assister les défenses planétaires. Ceci dans le cas où l'attaque vient uniquement du Petit Nuage de Magellan et que les départs se font de manière simultanée, ce qui est un cas jugé peu plausible. Si une force d'attaque arrive depuis Dakara, ne laissant que des défenses minimales en place, il est hautement probable, selon les simulations effectuées, que les forces jaffas réussiront à obtenir la suprématie orbitale et que les boucliers régionaux ne tiendront pas suffisamment longtemps pour éviter une défaite stratégique et la destruction de nos principaux centres de population et industriels. - Où en sont les efforts politiques et diplomatiques pour retarder ou éviter le conflit ? demanda un contre-amiral autour de la table, dans la pénombre. - Une mission diplomatique est partie il y a moins d'une heure du SGC pour se rendre sur Dakara et assister les autorités locales ainsi que leur témoigner de notre soutien inconditionnel dans l'affaire de l'enlèvement de Bra'Tac, mais les réactions initiales, tant internes qu'externes, de Gerak, ne laissent que peu d'espoir de résolution. L'ensemble de nos experts s'accordent sur le fait qu'il veut mener une guerre contre nous, et toute sa mainmise sur le pouvoir dépend de sa capacité à être un chef de guerre victorieux. Nous estimons donc qu'il sera prêt à tous les sacrifices politiquement acceptables pour remporter une victoire contre nos forces. Qui plus est, les profils psychologiques tendent à indiquer qu'il pourrait lancer une attaque stratégique non conventionnelle contre la Terre elle-même si jamais ses forces conventionnelles étaient incapables de mener à bien cette mission. - Frappe biochimique ou cinétique, c'est bien ça que vous voulez dire, capitaine ? - Oui, monsieur. L'utilisation du Disrupteur planétaire de Dakara faisait partie des hypothèses majeures, mais les dysfonctionnements touchant actuellement le réseau de Portes nous incidemment ont mis à l'abri de cette menace. - Gerak le sait aussi, fit un amiral. Risque-t-il de considérer ça comme une action préventive de notre part ? - Très probablement, monsieur, répondit l'officier. Il sait que le Disrupteur est le joker de ses forces, une arme capable de frapper préventivement et durablement toute planète reliée au réseau de Portes, le contrepoids de notre réseau de systèmes Horizon. La perte du réseau de Portes, qu'elle soit temporaire ou définitive, met à mal cet équilibre et va certainement le pousser à agir avant que nous ne soyons en mesure d'effectuer notre propre frappe de décapitation.
- Très bien, fit la silhouette à l'extrémité de la table. Je vous remercie, capitaine. Nous allons maintenant nous retirer en comité restreint.
L'officier salua l'ensemble de la salle et, d'une pression de bouton sur sa télécommande, désactiva le projecteur et alluma les lumières de la salle de réunion. Refermant rapidement sa mallette, il quitta d'un pas rapide la pièce, soulagé de ne plus être en présence d'une telle quantité de généraux et d'amiraux.
- Bon, on est dans une foutue merde, commenta Jack O'Neill une fois la porte fermée. Quelqu'un a quelque chose à rajouter à cette analyse ?
Plusieurs amiraux se contentèrent de faire "non" de la tête, et O'Neill se pencha en avant, les coudes posés sur la table : - Je connais personnellement cet abruti de Gerak, et les renseignements ne se plantent pas, cette fois… Il veut cette guerre. Dix ans qu'il la veut, et il est en position de l'avoir une fois pour toutes. - Le Concordia et son escadre peuvent réussir à neutraliser l'escadre ennemie si on lance une attaque surprise. Le groupe aéronaval et les croiseurs ont toute la puissance de feu nécessaire, c'est à ça qu'on les entraine depuis le début. - On gagne, et après quoi ? réplica un général. Ils nous balancent deux Ha'Taks à la moitié de la vitesse de la lumière sur la Terre, et on aura l'air fin, avec notre beau champ d'astéroïdes… - Si on lance une frappe de décapitation, proposa un autre officier. On a des plans pour ça, j'ai quelques gars qui sont en train de les mettre à jour. Une série de tirs cinétiques sur Dakara, et ils n'auront plus la moindre chaine de commandement pour se coordonner. On gagne assez de temps pour renforcer les défenses et empêcher une contre-offensive. - On y réfléchit, fit O'Neill. Mais ça reste beaucoup trop risqué. Il y a suffisamment de vaisseaux à eux dans toute la galaxie pour que l'un d'entre eux décide de se faire la Terre sans ordre et avant qu'on ait pu se fortifier. Et même comme ça, vous êtes certain qu'on peut tous les arrêter ? Moi, non.
Pendant plus d'un quart d'heure, les propositions, contre-propositions et débats fusèrent dans la salle, illustrés par des schémas, des projections holographiques et de simples dessins sur l'un des tableaux blancs accrochés aux murs de la pièce.
- Bon, soupira l'ancien chef de SG-1. On est tous d'accord là-dessus : on n'a aucune chance d'éviter cette guerre ? - Pas sans récupérer Bra'Tac et s'arranger pour qu'il prenne le pouvoir, ajouta un officier. - Voilà, et ça, on ne se fait pas trop d'espoir pour le faire en moins d'une semaine… fit-il. Donc la guerre… - Si je peux me permettre, dit calmement un civil qui était resté silencieux la majorité de la réunion. Il y a une possibilité que vous devriez considérer, si la guerre est effectivement inévitable.
O'Neill se tourna vers le représentant de l'un des think tanks employés par le SGC, le groupe de Contrôle des Stratagèmes de Bataille, et lui fit signe de parler. Celui-ci se leva : - Tout d'abord, je vous demanderai de ne pas m'interrompre. La stratégie que je vais vous décrire va probablement vous paraitre contre-productive, mais je vous prie d'y accorder votre attention pleine et entière, puisqu'elle pourrait effectivement éliminer notre problème de façon durable.
Lorsque l'explication fut terminée, O'Neill se retrouva au centre de tous les regards, les officiers généraux autour de lui restant dans l'expectative, les visages témoignant de la stupeur toujours présente dans les esprits. Finalement, il se décida : - D'accord… On peut tenter ça. De toute façon, ça peut pas… Non, oubliez ce que j'allais dire. Bien sûr que ça peut et que ça va empirer. Mais… oui, lancez les préparatifs. Il sera toujours temps de voir après si on met tous les moyens dedans.
L'homme acquiesça et sortit son téléphone sécurisé : - Allô, Francis ? Oui, c'est moi. Allez ouvrir le coffre numéro sept et prenez la chemise verte. Vous y trouverez une liste de numéros de téléphone et des instructions. Appelez l'ensemble des personnes sur la liste et indiquez-leur les noms qui sont marqués à côté. Envoyez-moi un message quand ça sera fait. Merci.
Il raccrocha et se tourna vers O'Neill : - C'est fait, monsieur. - Excellent, se vit-il répondre. Ils ne vont rien voir venir…
Le large sourire qu'affichait le vétéran de la première mission d'Abydos déstabilisa presqu'autant les généraux et amiraux que le plan proposé.
- Mesdames et messieurs, reprit-il. Maintenant, on doit préparer les détails, donc au travail !
Le coup de téléphone avait activé l'un des nombreux protocoles de la cellule du contre-espionnage basée à Atlanta, et l'agent en charge réveilla ses collègues. Une dizaine de minutes plus tard, le trio était dans sa voiture blindée aux vitres tintées. Les systèmes de géolocalisation indiquaient que leur cible était sur son lieu de travail, et ils s'y rendirent sans le moindre retard.
Face à l'imposant dispositif de sécurité du CDC, les agents n'eurent qu'à présenter leur badge de service pour que les barrières se lèvent, et ils firent de même dans chacune des enceintes de sécurité du centre de recherche. En moins d'un quart d'heure, ils arrivèrent, escorté par un agent de sécurité armé, près du bureau où travaillait l'individu pour qui ils étaient venus. L'agent de tête toqua à la porte et se vit ouvrir par un homme clairement fatigué : - Oui ? Qu'est-ce que je peux faire pour vous ? - Docteur Langmuir, spécialiste en immunologie, auteur à… mi-temps ? - Euh, oui… mais, attendez, ça, c'est en-dehors des heures de boulot ! - Venez avec nous, s'il vous plait. Sécurité nationale. - Quoi ? Oh merde ! J'ai rien fait, s'il vous plait ! - Venez avec nous, monsieur, dit la femme habillée en noir. Nous allons vous briefer en route.
Au même instant, de l'autre côté de la planète, un autre groupe d'agents entra dans un bureau de l'université de Tokyo : - Docteur Rokubungi Gendo ? demanda un homme en noir sans s'étonner de la taille relativement conséquente de la pièce que l'université avait attribuée à sa cible. Chaire de psychologie et de sciences sociales ? - Oui, répondit froidement l'homme derrière ses lunettes. - Venez.
Un grommellement se fit entendre par-delà le son d'une télévision, et les agents attendirent que leur cible vienne ouvrir la porte, ignorant la fraicheur du matin toulousain. Le jeune homme leur ouvrit : - Qu'est-ce que vous… Ho ? Vous êtes des témoins de Jéhova ou des tueurs de la CIA, les gars ? - Ni l'un ni l'autre, monsieur Girin. DCRI, veuillez nous suivre.
En plein cœur de la Californie, les agents parvinrent à intercepter l'homme tandis qu'il rentrait chez lui. Celui-ci s'immobilisa en voyant les figures en noir, balayant du regard l'ensemble de son environnement. Prévoyant plusieurs scénarios possibles, il approcha prudemment le groupe, s'arrêtant à quelques mètres d'eux : - Qui êtes-vous ? - Sécurité Intérieure. Êtes-vous le directeur de l'Institut de la Singularité et des Intelligences Artificielles ? - … Oui ? - Veuillez nous suivre, monsieur. C'est une affaire de sécurité nationale.
Autour de lui, la salle d'état-major s'afférait sur des cartes et des ordinateurs, mettant à jour les bribes d'informations reçues de différentes sources, coordonnant les opérations de collecte des artefacts inconnus laissés par les envahisseurs et, surtout, essayaient de déterminer la marche à suivre. Sur l'une des cartes étaient affichés des plans d'attaque de la flotte, où croiseurs et chasseurs-bombardiers effectuaient des manœuvres complexes pour prendre l'ascendant sur leurs adversaires. Une autre présentait des engagements possibles autour de planètes majeures jaffa, si venait un ordre d'attaque stratégique.
- Amiral sur le pont, annonça un sous-officier. - Repos, fit le commandant en chef de l'escadre avant de se diriger vers Mitchell. Cameron ? - Oui, amiral ? - Est-ce qu'on a une base secrète dans les environs ? - Pas que je sache, pourquoi ? - On ne vous a informé de rien ? Pas même pendant que vous étiez à la tête de SG-1 ? - Non, vraiment pas. Mais qu'est-ce qui se passe ? - Regardez vous-même, dit-il en tendant une feuille de papier. J'ai reçu ça directement d'O'Neill, il y a un cinq minutes, et je n'ai pas la moindre idée de quoi il parle.
Le responsable de l'aéronavale du groupe parcourut rapidement le document officiel et haussa des sourcils : - Qu'est-ce que c'est que cette histoire ? murmura Mitchell en terminant de lire la feuille. Alors, maintenant, on a une stratégie ? - Apparemment. Et c'est pas tout, répondit son supérieur. On doit retrouver un vaisseau d'opérations spéciales avec des "consultants extérieurs" censés nous donner un coup de main. - Des civils ou des mercenaires, à votre avis ? - Je ne sais pas ce qui serait le pire… Mais il y a mieux, dit l'amiral en sortant d'une poche de son uniforme une autre feuille, délicatement pliée. Pas un mot de ça à qui que ce soit, mais je veux votre avis, Cameron.
Le général déplia précautionneusement la feuille puis, quelques secondes plus tard, ne put s'empêcher d'écarquiller les yeux : - Non… murmura-t-il. C'est n'importe quoi. J'en aurai entendu parler… Vous êtes sûr du message, que Jack ne vous fait pas une blague, amiral ? - Les codes sont tous corrects, Cameron, répondit son supérieur. - Mais ces… non, c'est pas possible. Qu'est-ce qu'on fait ? - On n'a pas le choix, fit-il avant de se tourner vers le reste de la salle. Mesdames et messieurs, changement de programme.
En l'espace d'un instant, le léger brouhaha de la salle laissa place à un silence quasi-religieux.
- La flotte a reçu l'ordre de quitter la zone et de se redéployer ici, dit-il en indiquant un point sur la carte du Petit Nuage de Magellan. La nébuleuse NGC 346, où nous allons retrouver des renforts pour la phase suivante de nos opérations. Nous partons dans une demi-heure, je veux une mise à jour des plans d'action pour des opérations défensives directes dans cette zone. Prévenez tous les vaisseaux, je tiendrai une réunion d'état-major dans quarante minutes avec les officiers supérieurs de l'escadre pour les informer de nos nouveaux ordres… Au travail !
Les différents vaisseaux naviguaient à présent en hyperespace, tandis que l'ensemble de leurs commandants et seconds étaient assis à la même table que l'état-major, au cœur du navire-amiral. Chacun d'entre eux était pris d'un malaise croissant causé par l'attitude particulière qu'affichaient les officiers les plus hauts gradés de l'escadre. Ils savaient parfaitement que des généraux et amiraux n'étaient normalement pas des individus affichant facilement leurs émotions, et les brefs regards que s'échangeaient le chef de la flotte, celui de l'aéronavale et le capitaine de pavillon étaient révélateurs.
La situation, quelle qu'elle soit, n'allait pas être agréable du tout à entendre, et les officiers de l'escadre se préparaient mentalement en conséquence : - Mesdames et messieurs, commença l'amiral, nous venons de recevoir des précisions quant à nos nouveaux ordres.
Il appuya sur un bouton, et une carte de la nébuleuse s'afficha : - Ceci est la nébuleuse NGC 346. Le haut-commandement vient de nous informer que l'arrivée de renforts jaffas pourrait être liée à la présence d'une installation hautement confidentielle se trouvant à proximité. Les travaux qui y sont menés ont apparemment besoin d'être faits sur place en raison de phénomènes locaux relativement uniques et, selon les informations que je viens de recevoir, seraient centraux à toute la stratégie militaire face aux jaffas. Nos ordres sont donc clairs : nous devons empêcher par tous les moyens disponibles l'escadre ennemie d'atteindre ce centre de recherche, y compris et pas uniquement par la force.
L'amiral laissa ses subordonnés absorber la nouvelle. - L'ensemble de la nébuleuse a été déclarée zone d'intérêt stratégique à partir de neuf heures GMT ce matin, par ordre du directeur O'Neill, et nous avons l'autorisation de tirer à munitions réelles sur tout intrus. Il en va de l'avenir de la Terre et de ses valeurs que ce site ne tombe pas entre des mains ennemies… En tout cas, voilà pour la version officielle.
Les membres de la réunion haussèrent des sourcils en entendant le choix de mots particulier, mais ne dirent rien tandis que l'amiral continuait : - Parce que, qu'on soit clairs, vous n'avez que deux choses à savoir sur cette base secrète. La première est qu'elle est fondamentale à toute la stratégie terrienne visant à contrer la Nation Jaffa. La seconde est qu'elle n'existe pas. Au sens, n'existe vraiment pas. Nous venons de nous lancer dans l'opération de désinformation la plus ambitieuse qui soit. La situation diplomatique est, comme vous le savez, désastreuse… Les jaffas vont nous attaquer ouvertement d'ici quelques jours au maximum, et les… scénarios mènent tous à une destruction mutuelle assurée si nous ne faisons rien. Ou si on lance une attaque contre eux au niveau de leur flotte ou de Dakara.
D'une autre commande, il fit s'illuminer un point dans la nébuleuse : - Nous allons donc devoir concentrer les efforts des jaffas sur un objectif précis, qui pourra leur donner des résultats politiques internes et qui ne soit ni la Terre ni un de ses alliés. Vu que cet objectif n'existe pas, il en a été inventé un. Des fuites dans les communications ont été organisées et plusieurs appareils nous suivent à la trace. Ils vont donc nous poursuivre tandis que nous allons mener une vaste opération défensive et de retraite graduée autour de ce système précis, où se trouve la soi-disant installation.
Les officiers acquiescèrent prudemment, hésitant toujours car ignorant encore la cause du malaise de leurs supérieurs. - Il y a malheureusement quelques légers problèmes qui vont nous tomber dessus. D'abord, l'aspect… imaginaire de la base devra rester secret pour l'ensemble des équipages. Nous allons devoir leur mentir, parce qu'il est absolument indispensable que les jaffas ne se doutent pas de quoi que ce soit. Ni maintenant, ni plus tard. Et à ce propos, nous allons devoir leur en donner pour leur argent et les occuper le plus longtemps possible, le temps que les patrons trouvent une solution politique ou que les jaffas soient satisfaits. Donc, il faudra les obliger à concentrer de nombreux moyens, mais ne surtout pas remporter de victoire stratégique. Il s'agit d'une retraite calculée, et nous allons devoir perdre cette campagne pour éviter une guerre majeure.
Plusieurs officiers se mirent à commenter simultanément, la salle étant soudainement prise dans le chaos des objections, arguments et échanges, jusqu'au moment où le capitaine du Concordia éleva le ton : - Messieurs, du calme ! Nous allons devoir perdre, mais sans véritables pertes. La stratégie du QG implique qu'il n'y ait pas de vaisseau de ligne capturé ou détruit. Ce qui importe, c'est que les jaffas soient persuadés de nous avoir porté un coup dur, mais à un prix qui exclut une attaque sur Terre. La réalité sera différente. - Le capitaine Li a bien résumé les choses, fit l'amiral. On ne nous demande pas de perdre des vaisseaux, juste de faire croire à Gerak qu'il a gagné sa petite guerre contre la Terre, mais qu'il n'ait pas envie de la prolonger. Après, ça sera le boulot des politiques, plus le nôtre. - Ouais, fit Mitchell. Mais vous ne leur avez pas encore annoncé la meilleure… - J'y viens, Cameron, j'y viens, fit-il. Le dernier problème, c'est que le QG recherche des effets assez précis avec cette opération, et ils ont jugé bon de nous envoyer des renforts et des… consultants. Ils devraient arriver depuis le SGC d'ici quelques heures à peine pour maximiser l'effet de nos actions sur les esprits jaffas, de la base vers le sommet de leur hiérarchie.
La carte s'afficha à nouveau, montrant le groupe du Concordia arriver dans un système anonyme et être rejoint par plusieurs icônes correspondant à des flottes alliées : - Les 2nde, 6ème et 11ème flottes de croiseurs de bataille vont nous rejoindre afin de procéder à une démonstration de force de l'armada terrienne, et seront placées sous mon commandement pendant toute la durée de l'opération.
Le commandant de l'escadre attendit patiemment que quelqu'un pose la question qu'il avait anticipée : - Monsieur… fit un capitaine de vaisseau. Je n'ai jamais entendu parler de ces unités. Est-ce qu'elles ont été construites en secret ? - Officiellement, oui. C'est en tout cas ce que les livres de comptes indiqueront si quelqu'un décide de les éplucher une fois que tout ça sera terminé. - Et… officieusement, monsieur ? - Officieusement, on va utiliser pas mal de peinture pour changer les numéros et les noms de coque de nos croiseurs, cette semaine. Ca et quelques autres astuces pour faire croire aux jaffas qu'on a pu déployer plus de navires que prévu. Une surprise stratégique de cette ampleur devrait faire réfléchir Gerak à deux fois avant de lancer une attaque contre la Terre. - Et on pourra se permettre de perdre quelques-uns de ces croiseurs pendant les batailles contre leurs Ha'Tak, qu'ils pensent avoir remporté de superbes victoires contre nous, compléta Mitchell avec un rictus ironique. - Donc, nous sommes tout seuls, c'est bien ça ? demanda le second de l'un des croiseurs. - Pas exactement, capitaine, fit l'amiral. Et c'est là le second problème que nous allons devoir gérer… Le SGC nous envoie un vaisseau de transport reconfiguré pour des opérations spéciales. Il va nous amener du matériel pour organiser le plus gros du travail, mais surtout les consultants dont je vous ai parlé. Apparemment, le think tank derrière ce plan considère que nous n'avons pas la tournure d'esprit requise pour préparer ce genre de coup, que c'est plus de la "guerre psychologique" et de… je cite, "l'analyse transactionnelle" que du conflit ouvert. Je remarque, au passage, que ça ne les dérange pas qu'on reste pour balancer des têtes à fusion pour leurs petites combines "psychologiques". Bref, ils nous envoient des… spécialistes… pour garantir que les jaffas croiront exactement ce qu'on veut. - Quel genre de… spécialistes ? demanda un autre officier après quelques instants de silence gêné.
L'amiral ne prit pas la peine de tenter de calmer la situation lorsqu'il eut fini de répondre, sachant qu'il était entièrement d'accord avec la réaction de ses officiers.
La cabine de l'appareil de transport était à l'image de celui-ci, exigüe. S'il s'agissait de l'un des innombrables vaisseaux capturés depuis les débuts de la Terre sur la scène galactique, seuls les systèmes les plus fondamentaux étaient restés d'origine, comme en témoignait l'aménagement intérieur, rendu aussi fonctionnel que possible. La jeune femme arrivée littéralement à la dernière minute avait eu des difficultés à trouver de la place pour l'équipement qui lui avait été fourni par sa mère adoptive, devant naviguer entre les racks de bagages emportés par le personnel diplomatique.
Ses documents avaient rajouté du poids à l'identité qu'elle assumait devant eux, celle d'une consultante civile culturelle censée faciliter le travail des poids lourds autoproclamés de l'administration terrienne, envoyés pour résoudre en quelques mots et poignées de main la crise opposant la Terre et la Nation Jaffa. Cassandra ne s'était pas fait plus d'illusions que Samantha Carter sur les chances de réussites de cette mission, se concentrant davantage sur sa partie de l'opération.
- On n'a pas beaucoup de temps, fit sa mère adoptive en l'accompagnant dans les couloirs de la base. Le vaisseau devait partir dans cinq minutes, je le retarde pour toi. - D'accord. Quelle est la situation sur le terrain ? demanda Cassandra en suivant sans peine le rythme. - Le lieutenant Banet est retenu dans une prison près de la limite extérieure de la ville. Une construction récente, bien défendue et avec une garnison correcte, donc pas d'extraction directe au programme. Tu vas devoir rentrer en douce pour le trouver. - Qu'est-ce qu'il y a comme moyens ? Comme contacts ?
Elle lui donna un document dans une chemise cartonnée : - La liste des agents que tu as le droit de contacter pour ce job, codes et boites aux lettres mortes. Désolée, mais tu dois tout retenir avant d'embarquer. Je ne fixe pas les règles. - Pas de problème, répondit la jeune femme sans lever les yeux de la feuille. Sécurité, je comprends. Qui dans le groupe diplomatique est au courant ? - Personne, répondit Carter. On est en train d'improviser, et il y a trop de bureaucrates derrière ça pour réussir à placer quelqu'un de fiable sans faire tache. - Comment je décroche, une fois arrivée ? - Un accident tragique. Un extrémiste jaffa anti-terrien –qui ne sait pas que c'est nous qui l'avons embauché– va te tirer dessus avec un in'tar. On va te fournir une plaque à mettre sur le ventre, elle brûlera tes vêtements et donnera l'impression que tu as été touchée avec une vraie arme. - S'ils vérifient mon état ? Il y aura sûrement un des gars de la mission qui voudra jouer au héros et mesurer mon pouls. Est-ce qu'on a quelqu'un qui devra m'annoncer morte ? - Non. On va te passer les produits qu'on file pour les essais d'hibernation. Ils devraient ralentir ton métabolisme pendant quelques heures. Assez pour que tu sois transportée dans la morgue la plus proche. C'est là qu'on a notre contact. Normalement, il devrait t'injecter le neutralisant, mais même s'il ne peut pas, les effets sont temporaires. - Tu sais que ça commence à devenir compliqué, remarqua-t-elle en reportant à nouveau son regard sur l'ancienne membre de SG-1. Il y a beaucoup trop d'endroits où quelque chose pourrait mal tourner, tu t'en rends compte, au moins ? - On fait avec ce qu'on a, Cassie, se défendit Carter. C'est pas une infiltration prévue six mois à l'avance dans tous les détails. Et dis-toi qu'on a fait pire, comme improvisation. - Oui, et souvent, ces impros se sont terminées par des fusillades dans tous les sens. Je m'en souviens, je t'attendais à la sortie de la Porte, à l'époque… En parlant de ça, est-ce que j'emporte du matériel particulier ? - Non, rien de suspect. Ils vont forcément fouiller tout ce qui sera amené dans le transport. Tu récupères les vêtements et les armes chez ton premier contact. Ensuite, tu fais comme tu l'entends, mais, s'il te plait… Je dois absolument savoir ce qui s'est passé et s'il a une piste qu'on pourrait suivre. La situation est en train de tourner au vinaigre. - J'ai cru comprendre, répondit Cassandra tandis que le duo s'approchait du hangar, où plusieurs sous-officiers les attendaient, ayant près d'eux le matériel réquisitionné par Carter pour l'opération.
Instinctivement, la jeune femme se passa la main sur le ventre, sentant le très fin relief sous ses doigts là où la peau laissait place au tissu réactif qui, si tout se passait bien, devrait lui injecter les tranquillisants lors de l'attaque prévue.
Elle n'avait pas la moindre confiance dans ce plan, qui brisait la règle d'or que ses mentors lui avaient apprise : tout plan demandant plus de trois évènements hors de ton contrôle est bon pour le théâtre, pas pour le terrain. N'importe quoi pouvait se produire, depuis un problème au niveau du tireur, qu'il refuse ou soit incapable d'attaquer –sans même envisager qu'il puisse toucher quelqu'un d'autre dans le groupe– jusqu'à l'arrivée du contact censé l'équiper. La mission était improvisée, et c'était une recette idéale pour un fiasco. Elle le savait, et Samantha le savait aussi. Qu'elle ait quand même donné le feu vert à celle qui se rapprochait le plus pour elle d'une fille l'inquiétait plus encore.
Il faut vraiment qu'il n'y ait pas d'autre choix…
Autour d'elle, les membre de la section diplomatique du Programme, pour la plupart d'anciens membres des services de leurs pays respectifs, discutaient de sujets particulièrement variés, depuis les rumeurs internes jusqu'à des débats sur la pertinence de tel ou tel accord. Cassandra ne pouvait s'empêcher de lever les yeux au plafond lorsqu'elle écoutait pendant quelques instants les paroles échangées dans la cabine.
C'est pas croyable de voir comment ils peuvent se prendre au sérieux. Sûrement la première fois qu'ils quittent le système solaire, et ils se prennent pour les rois de l'univers… Il faudra vraiment que Jack prenne un congé un de ces jours pour squatter avec eux et leur montrer comment on négocie, pensa-t-elle en esquissant un sourire au souvenir d'une conférence diplomatique menée par l'ancien chef d'équipe, interrompue par une fusillade d'un quart d'heure pour finalement se conclure avec l'un des accords les plus fructueux de l'histoire du Programme.
- Veuillez attacher vos ceintures, fit une voix dans le haut-parleur de la cabine. Nous approchons de Dakara.
Attacher nos ceintures ? Mais c'est quoi ces conneries ? fut-elle forcée de penser tout en s'exécutant –pour la forme. On est dans un vaisseau interstellaire avec des foutus compensateurs inertiels ! Depuis quand on recrute des pilotes de ligne pour ce job… Est-ce que quelqu'un a expliqué à cet idiot que si les compensateurs foirent, on sera juste transformés en confiture de fraise en une fraction de seconde, ceinture ou pas ? Ou alors, c'est pour faire plaisir aux autres gars habitués à leurs jets privés, je sais pas.
A côté d'elle, son voisin regardait sur une tablette la vue prise par l'une des caméras installées à l'extérieur du vaisseau, cherchant apparemment à graver dans son esprit chaque détail de ce qui devait être sa première descente vers une autre planète. Jetant un bref regard dans sa direction, la jeune femme ne put retenir un sourire, cette fois-ci dénué de tout sarcasme, se souvenant avec nostalgie de son premier vol spatial, son oncle Jack l'ayant fait monter sans autorisation dans l'un des F-302 du Site Alpha pour passer une heure en orbite.
Profites-en bien, parce que tu vas voir, c'est pas un sommet de l'ONU qui t'attend, là.
L'homme, très légèrement son aîné, remarqua son intérêt et mit la tablette entre eux deux, lui adressant un sourire se voulant charmeur : - La première fois, vous aussi ? - Oui, mentit-elle avec un sourire gêné. - C'est incroyable, non ? Jusqu'à l'année dernière, je n'aurais jamais cru que… On avait tous entendu les rumeurs, bien sûr, mais pas quelque chose comme ça. - Je sais, j'ai cru que j'allais m'évanouir quand ils m'ont montré la base lunaire.
Attention, faut pas non plus en faire trop, se reprocha-t-elle.
- Je ne reconnais pas votre accent. D'où est-ce que vous venez ? - Du Canada, fit-elle en prenant le rôle qu'elle portait pour cette mission. J'étais dans les bureaux des affaires étrangères, à la capitale. - Jamais eu le temps de visiter Toronto, dit-il. - Ottawa. - Pardon ? - La capitale. C'est Ottawa, pas Toronto. - Oh, désolé ! - Ne vous inquiétez pas, l'erreur est classique chez nos voisins du sud, dit-elle avec un sourire.
Mais de la part d'un diplomate, c'est pas glorieux, se retint-elle de dire. Même une non-Terrienne en sait plus…
Le contenu de la tablette attira à nouveau leur attention lorsque le bouclier s'illumina, l'atmosphère raréfiée commençant à s'échauffer autour de l'engin en lente décélération.
- Wow, ça me rappelle la navette spatiale, quand elle rentre dans l'atmosphère, commenta-t-il. - Oui, comme dans les films, rajouta-t-elle.
Un vrai pilote de ligne qui veut se donner en spectacle… Allô, t'es au courant qu'il y a des modules MHD pour éviter de chauffer le bouclier ? On voit que t'as jamais eu à en dépendre pour survivre à une demi-douzaine de planeurs et… Merde, je suis en train de radoter. J'ai même pas trente ans, et je radote déjà…
Finalement, la lueur rougeâtre s'estompa, le petit transport ayant réduit sa vitesse à moins de Mach 2, ainsi qu'en témoignait l'un des multiples indicateurs sur la tablette.
- Sinon, vous en pensez quoi, de la situation ? demanda-t-il. - Je ne sais pas, j'ai à peine été briefée avant de monter à bord, répondit Cassandra en haussant nonchalamment des épaules. On doit essayer de calmer le jeu avec les jaffas, c'est ça. - Oui. A ce qu'on m'a dit, il y a un gars à nous là-bas qui a été arrêté. Ils prétendent qu'il était dans un complot pour enlever une de leurs huiles. Après, je ne connais pas tous les détails, je m'occupe surtout de la logistique pour l'ambassadeur. - Et, à votre avis ? demanda-t-elle, préférant largement poser les questions qu'y répondre. - Aucune idée et, franchement, c'est pas trop mes oignons. Notre job, c'est d'essayer de les calmer, pas de mener une enquête.
Là, on est d'accord. C'est mon travail, ça.
Sur l'écran était à présent visible la cité elle-même de Dakara, à l'allure caractéristique où le centre historique et les périphéries en perpétuels travaux contrastaient de façon particulièrement visible. Mentalement, Cassandra superposa sur l'image ses souvenirs de la disposition des points d'intérêts dans la ville, reconnaissant les emplacements des installations militaires, des centres politiques et des quartiers réservés aux non-jaffas.
Elle haussa les sourcils lorsqu'elle vit que la trajectoire prise par l'appareil se mit à changer légèrement, se dirigeant vers l'une des garnisons plutôt que vers la place centrale où était la majorité des bâtiments politiques et diplomatiques. Chaque seconde passant renforça son malaise, qu'elle s'efforça cependant de ne pas laisser paraitre alors que la jeune femme réfléchissait aux différents scénarios pouvant expliquer le changement.
Sam ne m'a pas dit où on devait se poser… Peut-être que c'était l'endroit prévu depuis le début et que le pilote est vraiment un boulet, mais si c'est pas le cas… alors le plan est foutu avant même d'avoir commencé. Ou alors pire, ils savent, en bas, et je vais directement me retrouver en cellule. Ou pire. Et on se demande pourquoi je râle quand on me parle d'improvisation…
- Autrement, demanda-t-elle à son voisin. On a une idée du planning ? - Je crois qu'on doit être accueilli par une garde protocolaire, et on ira directement dans les locaux de l'Assemblée. Rencontre avec des législateurs locaux pour essayer de calmer un peu le jeu, et ensuite on voit ce qu'on peut faire pour le coup de notre gars. Après, pour les horaires, ça reste encore assez variable, je verrai ça avec le personnel de l'ambassade.
- Nous sommes en approche finale, fit la voix du pilote. Veuillez rester assis.
L'écran montrait désormais la cour d'une petite base de garnison avec suffisamment de place pour permettre au transport de se poser, mais l'attention de Cassandra était centrée sur le nombre beaucoup trop élevé de jaffas en armes présents sur la périphérie.
Oh merde, c'est un piège.
- La garde protocolaire ? demanda la jeune femme en indiquant les dizaines de silhouettes armées formant le périmètre de la cour. - Sûrement. Au moins, ça fait plaisir de voir qu'ils nous prennent au sérieux, répondit sans sarcasme son voisin. - Oui…
C'est pas vrai, mais il n'y a personne qui se rend compte de quoi que ce soit, ici ? De toute façon, même si on essaie de dégager, ils vont nous abattre.
Elle défit sa ceinture et commença à se lever, pour sentir la main du diplomate sur son bras : - Qu'est-ce que vous faites ? On doit rester assis. - S'il vous plait… On est dans un vaisseau avec une gravité artificielle, je devrais quand même éviter de me casser la figure. Et je dois absolument aller… fit-elle, avec un rictus gêné.
L'autre eut un sourire compréhensif et la suivit du regard tandis qu'elle se dirigeait vers la petite cabine de toilettes intégrée dans le transport. Une fois à l'intérieur, elle verrouilla la porte et retira rapidement le haut de ses vêtements, regardant dans le miroir la petite surface de tissu qui couvrait une partie de son ventre. La différence de couleur par rapport à la peau était subtile, mais suffisamment présente pour être visible. L'instant d'après, elle commença à la décoller, le visage crispé par le pincement occasionné.
Une fois le travail terminé, Cassandra replia proprement le rectangle et le rangea entre plusieurs produits d'entretien conservés dans un petit placard accroché au mur, avant de remettre et d'ajuster ses vêtements.
Ne pas faire de vagues, avoir l'air d'une ingénue, les laisser baisser leur garde, pensa-t-elle en sortant tranquillement de la cabine pour se rendre à sa place.
L'écran que tenait toujours le diplomate montra l'extérieur du vaisseau s'immobiliser, et la voix du pilote vint confirmer l'évidence : - Nous sommes arrivés à destination.
En quelques minutes, les passagers furent relativement organisés, les quelques assistants transportant des valises tandis que les personnels haut placés gardaient les mains libres pour les inévitables accolades protocolaires qui devaient suivre. Cassandra respira profondément, et le trentenaire avec qui elle avait discuté la rassura : - Il ne faut pas s'inquiéter. Dites-vous que c'est comme si vous alliez dans un autre pays, c'est tout. En tout cas, c'est ce que je me dis. - Il y a quand même des différences… - Oh, pas tellement, fit-il, confiant. On trouve toujours un terrain d'entente. - Espérons-le. - Faites-moi confiance, c'est toujours comme ça.
Dit celui qui n'est jamais allé sur le terrain. J'aurais bien aimé vous voir négocier avec Nirtii. Le seul terrain d'entente qu'elle aurait trouvé, c'est une table d'expérimentation…
Le sas extérieur s'ouvrit, et Cassandra avança au rythme du reste des diplomates, s'efforçant de maintenir un visage neutre et se préparant à toute éventualité, espérant que les jaffas n'avaient pas d'ores et déjà décidé de tous les exécuter sur-le-champ comme acte d'ouverture des hostilités. Elle n'avait pas la moindre arme, ils étaient encerclés et leurs adversaires potentiels étaient en moyenne infiniment plus entrainés que ses "alliés".
Une fois les derniers membres du groupe sortis derrière elle, le chef de la délégation diplomatique avança vers celui qui semblait diriger les troupes les ayant accueillis.
- Mes respects, commença-t-il en tendant la main, je suis… - Pas un geste, répondit l'autre en levant une petite arme à énergie, aussitôt imité par le reste de la garnison, les lances passant en un mouvement coordonné d'une position verticale à l'horizontale.
Les armes restèrent en position sécurisée, mais le message était très clair.
- Qu'est-ce que ça veut dire ? Nous sommes des diplomates en mission ! - Ou plutôt des agents venus récupérer votre espion, rétorqua l'autre. Nous avons reçu l'ordre de vous arrêter pour vous empêcher de menacer la Nation Jaffa.
Bonne nouvelle, pensa une jeune femme dans les rangs de la délégation en s'efforçant d'adopter le même visage effaré que ses "collègues", ils parlent plutôt que de tirer. J'ai une chance de m'en tirer en un seul morceau…
Plusieurs jaffas s'approchèrent de leur groupe, restant en-dehors du champ de tir des autres gardes, et le chef des troupes continua : - Vous allez nous suivre. Notre gouvernement vous assure que vous serez bien traités, et vous pourrez rentrer chez vous dès que Bra'tac nous sera rendu. - Nous ne l'avons pas enlevé ! se défendit le diplomate. - C'est vos agents qui étaient sur place, Gerak et l'Assemblée ont suffisamment de preuves de votre implication. - C'est impossible ! Celui dont vous parlez est un pilote inexpérimenté qui a été chassé de nos forces, il est incapable de faire quelque chose comme ça. Nous sommes venus pour entendre sa version des faits et vous aider à retrouver les vrais coupables ! - Incapable… Un de mes meilleurs amis est mort de sa main quand il s'est évadé. Nous avons tous les enregistrements de sa fuite, quand lui et ses complices ont tué deux douzaines de gardes, alors arrêtez de me cracher vos mensonges de lâche ou je désobéirai à mes ordres de vous garder en vie… Emmenez-les !
Un jaffa prit rudement le diplomate par le bras et le tira, tandis que d'autres armèrent leurs lances et firent signe à la délégation d'avancer.
Cassandra vit le jeune diplomate près d'elle regarder attentivement l'arme du garde le plus près d'eux, et murmura : - Ne jouez pas au héros. Ils vont vous tuer avant que vous ayez fait un pas. - Je… répondit-il du coin de la bouche. Il faut faire quelque chose… - Pas maintenant.
Il acquiesça discrètement, et elle soupira de soulagement, sachant qu'elle venait d'éviter une fusillade qui se serait probablement terminé par le massacre de l'ensemble de la délégation.
Ce p'tit gars a réussi à s'évader en même pas deux jours ? Soit c'est le plus gros veinard de la galaxie, soit la Task Force 8492 lui a donné un sacré entrainement en même pas un mois… Ca va sacrément compliquer les choses.
Dernière édition par Rufus Shinra le Lun 12 Mar 2012 - 13:30, édité 2 fois |
| | | Rufus Shinra Roi des Petits Gris
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| Sujet: Re: Effet Papillon [Tome III] Dim 12 Fév 2012 - 19:36 | |
| - … Bordel… Qu'est-ce qui vient de se passer ? lâcha le pilote. - Je… je crois qu'on a une bonne idée des modifications que ces arbres ont subi, Tom… - Et qu'est-ce qu'ils veulent qu'on leur raconte ? Qu'on s'est retrouvés dans tout ce foutoir sans rien y piger ? Qu'on est là par hasard ? - Déjà… qu'on ne lui veut pas de mal, ce serait un bon début, non ? - Sûrement, mais j'ai un peu l'impression que ça leur suffira pas.
La jeune femme fit un pas de plus en direction de la forêt, pour s'apercevoir que le paysage avait changé. Le soleil local était levé, et la configuration du relief était différente, mais tout le reste, depuis la flore jusqu'à la texture du sol, demeurait identique.
- Non… Comment est-ce que j'ai pu rater ça ? s'étrangla-t-elle silencieusement. - De quoi ? lui demanda la voix familière de son coéquipier. - Tom… regarde autour de toi ! - Qu'est-ce que… fit-il alors qu'il prenait conscience de son nouvel environnement. Merde. - C'est là où on était arrivés avec le Jumper quand le Bellé s'est fait démolir… C'est bien ça, hein ? - Ouais. C'est évident, maintenant… Mais comment on a pu louper ça, c'était y'a pas si longtemps, pourtant ! - Je ne sais pas… répondit-elle. Mais ça peut pas être un hasard, on revient directement au point de départ… - Qu'est-ce qu'Atlantis est encore en train de foutre ? - Aucune idée, mais on a un autre problème, là… - Clair. Comment est-ce qu'on fait un Premier Contact avec une fichue forêt ? Enfin… Premier… ils parlaient de nous, à la fin, lorsqu'on s'était retrouvés coincés ici. Ils savent qu'on est déjà venus. - Oui… On pourrait peut-être en apprendre un peu plus sur ce qui nous est arrivés… Comment Hagalaz nous a repéré, déjà, parce que cette fois, on ne va pas juste se faire enfermer et renvoyer sur Atlantis. - D'accord… Est-ce que vous m'entendez ? essaya Campbell, sans grand espoir de succès. Ouais, c'est vraiment pas gagné… Bon, déjà, où est-ce qu'on est ? - De façon globale ou de façon précise ? - Soit on s'est téléportés ailleurs sur cette planète, soit on a roupillé assez longtemps pour que le terrain change… soit quelqu'un est en train de nous montrer autre chose. - Laisse-moi deviner, tu penses que c'est ça, toi aussi ? - C'est le plus logique… Bordel, faut vraiment que j'ai passé un mois pourri quand je trouve pas mieux comme explication que "hallucination causée par une forêt consciente modifiée par une I.A. folle dans une autre galaxie"… - Oui, c'est pas commun, commenta-t-elle. - Bon, si c'est ça, qu'est-ce qu'on fait ? - Je dirais qu'il faut essayer de communiquer, comme quand on s'est fait capturer avant. - Question stupide, maintenant que tu m'y fais penser : est-ce qu'on s'est pas fait à nouveau avoir par les mêmes gars qu'avant ? Là, ça pourrait juste être leurs prisons hi-tech avec un autre décor. - Peut-être. Je n'en ai pas la moindre idée, admit-elle. - Génial… Donc, tu disais ? - Je suis pas sûre. On peut déjà essayer de voir autour de nous, il y a peut-être quelque chose dans cette hallu pour nous. Autrement, à quoi elle sert ? - Si elle sert à quelque chose… - Un problème à la fois, d'accord ?Il sera temps de voir si on est dans un scénario Lotus, mais perso, j'y crois pas vraiment. - T'y crois pas ou t'espère pas ? - Tom ! - Désolé, désolé, je suis un peu à cran, j'ai de mauvais souvenirs de tout ce foutoir… fit-il, pensif.
L'espace d'un bref instant, le paysage extraterrestre laissa place à l'une des cellules dans lesquelles ils étaient restés prisonniers avant d'être ramenés à leurs semblables. Les deux coéquipiers virent dans ce bref moment le lieutenant Thomas Campbell, membre de SG-22, assis au sol dans l'uniforme qu'il avait porté au cours de sa dernière mission.
- Qu'est-ce que… lâcha-t-il à voix haute. Ah, tiens, on peut se parler normalement. Bon à savoir, mais ça change rien : c'est quoi ce foutoir… - Une seconde, lui répondit Shanti. J'ai une idée.
Quelques instants plus tard, les couloirs du Daedalus apparurent devant eux, et ils se virent courir rapidement, au milieu des alarmes, et Shanti vit son coéquipier détourner un instant le regard lorsque le trio passa, s'estompant aussitôt.
- Qu'est-ce que tu as fait ? demanda-t-il. - J'ai essayé de me souvenir de l'évasion, fit-elle. Je crois que comme ça qu'on va devoir communiquer. - Heu… ils visualisent nos pensées ? J'apprécie pas trop, tu sais… C'est privé, là-dedans, dit-il en tapant du doigt sur sa propre tête. - Qu'est-ce que tu veux que je te dise ? Si c'est comme ça qu'ils fonctionnent, il va falloir faire avec. - Ouais… Alors, on commence par quoi avant que quelqu'un se mette à penser à quelque chose qui va les froisser ?
Sans préavis, le décor changea à nouveau, laissant place à la dévastation radiologique qu'elle avait découverte lors de sa première mission avec le reste de l'équipe. Les quatre humains faisaient lentement leur travail, protégés par leurs tenues, tandis que les deux spectateurs observaient leur environnement avec une attitude plus détachée. La jeune femme revoyait les hésitations qu'elle avait eues par le passé, confrontée avec un aspect de son travail qu'elle aurait préféré ignorer plus longtemps.
- A ton avis, on est censés commenter ? fit le pilote. - Pourquoi tu me demandes ça à moi ? répondit-elle alors que leur environnement revenait à la normale. J'en sais pas plus que toi. - Pour l'instant c'est toi qui t'en sors le mieux, alors je te fais confiance, c'est tout, argua-t-il avec un large sourire. - Tu n'as pas envie de te fouler, surtout. - Faudrait pas faire de gaffe diplomatique, réplica-t-il. - La bonne excuse… Mais ça résout pas le problème. - En même temps, si j'ai bien pigé, c'est pas trop des bavards. Plutôt le genre à s'envoyer une lettre de vingt pages tous les six mois. - Et on n'a pas six mois à attendre…
- En effet, intervint une nouvelle voix derrière eux.
Les deux Terriens se retournèrent brusquement pour voir une femme se tenir derrière eux, le regard passant de l'un à l'autre sans ciller. Shanti la détailla rapidement du regard, voyant qu'elle portait des habits fonctionnels, étant légèrement plus grande que chacun d'eux. Le visage lui donnait l'impression d'une femme ayant aux alentours de quarante ans, mais elle ne se fixa aucune idée précise, ses instructeurs lui ayant martelé les dangers de tels a priori dans une galaxie où les systèmes de réjuvénation étaient relativement courants pour qui détenait suffisamment de pouvoir. Les cheveux bruns clair, courts et ordonnés, s'accordaient à ses vêtements foncés alors que son regard lui-même les transperçait sans le moindre effort visible, les jaugeant en quelques instants.
- Qu'est-ce que… Qui êtes-vous ? demanda Campbell. - Vous avez exprimé le besoin de communiquer, répondit la femme. Je suis là pour ça. - Un… avatar, fit Shanti. Vous êtes là pour servir d'interface entre nous et le reste de la… forêt, c'est ça ? - Entre autres, oui. - Qu'est-ce qu'ils veulent savoir ? Qu'est-ce que vous voulez savoir ? - Nous aimerions apprendre ce qui s'est passé, dit-elle. - Ah… En fait, hésita Shanti, il y a eu une… incompréhension. Une erreur. Ceux qui ont fait ça… croyaient que leurs ennemis étaient toujours dans notre galaxie, et ils nous ont attaqués. - Nous sommes au courant. - Ah ? s'étonna-t-elle. Mais alors qu'est-ce que vous voulez savoir ? - Ce qui vous est arrivé. Vous n'êtes les mêmes que ceux qui sont arrivés la première fois, mais entièrement différents. Il aurait été impossible de vous contacter ainsi dans l'état où vous étiez alors. Qu'êtes-vous ? - Bonne question… admit le pilote. Franchement, on en est pas sûr nous-mêmes, à certains moments. - Tom, fit Shanti. Est-ce que tu es sûr que c'est une bonne idée de leur dire ça comme ça ? - Heu, allô, Premier Contact avec un machin télépathe modifié par une I.A. un peu tarée, et il faudrait leur mentir ? Je ne sais pas ce que tu en penses, mais ça me parait pas une bonne idée. Est-ce que j'ai assez souligné le mot télépathe ? - Oui, je vois ce que tu veux dire… - Merci. - On a été modifiés… Comme vous, en fait, fit-elle. Vous n'êtes pas ce que vous étiez avant de rencontrer Hagalaz.
Le visage de leur interlocutrice s'assombrit : - D'où connaissez-vous ce nom ? demanda-t-elle.
- Qu'est-ce qu'on fait ? demanda Shanti. - On n'a pas vraiment le choix, répondit Campbell. A mon avis, s'ils veulent nous garder là ad vitam aeternam, on peut pas faire grand-chose. - On a entendu parler d'elle par la même personne qui nous a modifiés fit la jeune femme en se tournant vers l'autre. Enfin, personne… entité, plutôt. Elle est comme Hagalaz, mais en un peu moins… - … Tarée ? proposa le pilote. - Peut-être, répondit-elle en déplaçant son regard vers lui. Maintenant que j'y pense, on n'en sait pas énormément sur elle, à part ce qu'Atlantis nous a raconté. - Oui, enfin ça et les bombes au strontium dans la Voie Lactée… - J'ai pas oublié, merci. Mais… c'est toujours possible que…
Elle soupira.
- Je veux dire, ce serait hypocrite de ma part de dire tout de suite qu'elle est tarée parce qu'elle a fait ça sans qu'on comprenne pourquoi. Je ne suis pas tarée. Enfin, je crois.
Le pilote détourna le regard, soupirant à son tour.
- Non, Tom, dit-elle en le forçant à la regarder dans les yeux. J'ai fait tout ça. Je me suis plantée et ils sont morts. Je les ai tués. Est-ce que je suis folle pour autant ? Réponds-moi. - … Non. - Alors pour l'instant, on fait attention avant de prendre des décisions un peu trop hâtives. Faut pas oublier qu'Atlantis nous manipule du début à la fin, aussi. - Je sais. - Pour résumer, fit Shanti en s'adressant à la femme leur faisant face et qui n'avait pas changé de position ou d'attitude. Il y a une autre Entité, comme Hagalaz. Elle veut qu'on l'aide à la détruire, pour se protéger et en même temps nous protéger nous-mêmes. - Et que cherche-t-elle ? leur répondit-elle. - Qui ? Hagalaz ou Atlantis ? demanda Campbell. Enfin, ça change rien, dans tous les cas, on a aucune idée claire sur leurs plans. Juste qu'ils sont sûrement trop compliqués pour nous. - Alors, que cherchez-vous ? - Hé, ça commence à devenir de la philo, là… commenta le pilote. Nous sortir de ce foutoir sur nos pattes, ça serait bien, déjà. - Mettre notre planète à l'abri, ajouta Shanti. - Ouaip. Et qu'est-ce que vous voulez, vous ? Parce que j'ai pas fait beaucoup de psychologie, mais vous devez sûrement vouloir quelque chose, non ?
La femme resta silencieuse, le fixant du regard.
- Tom, fit Shanti à voix basse. Il faudra vraiment qu'on discute de ta vision de la diplomatie, un de ces jours… - Et qu'est-ce que tu veux faire ? On sait pas ce qu'ils veulent, pas précisément non plus ce qu'on veut, ni où on est, ni comment faire le job pour Atlantis… Je vois pas comment je peux faire empirer ça. C'est vrai, on pourrait se les mettre à dos, mais honnêtement, ça m'étonnerait. - Enfin, on a quand même une idée de ce qu'on doit faire… Arrêter les attaques chez nous, pour commencer. Après, pour savoir comment le faire… - Oui, ça ne nous avance pas. Parce que, si j'ai bien compris, vous, enfin, les arbres que vous êtes censée représenter… et je tiens à signaler que j'ai toujours du mal à croire que je sois en train de dire ça… bref, vous avez été un peu coupés –sans mauvais jeu de mot– du reste de la galaxie, alors vous devriez avoir un peu de mal à nous aider. C'est à se demander ce qu'Atlantis voulait qu'on fasse ici. - … Oui. Parce que c'est pas une coïncidence si on est sur ici précisément, rajouta Shanti.
La femme haussa légèrement ses sourcils : - Pourquoi êtes-vous donc ici, dans ce cas ?
- Bonne question, admit Campbell. Ca doit pas être dur de trouver d'autres planètes, avec tous ses moyens, mais on tombe pile poil sur celle complètement coupée du reste du système. - Donc, réalisa Shanti, c'était son but depuis le début… et elle nous demande quand même de savoir qui est passé dans le coin. - Attends… ne me dis pas qu'elle avait prévu depuis tout ce temps que ces arbres seraient conscients ? - Peut-être, j'en sais rien. Mais par contre, même s'ils étaient isolés, ils ont quand même vu un truc. - Nous, quand on s'est retrouvés balancés sur place, fit Campbell avant de se retourner. Qu'est-ce que vous avez vu quand on est arrivés ? - Votre véhicule s'est posé, et vous êtes restés à l'intérieur. Les autres ont suivi aussitôt. - Pas si vite, continua-t-il. Ils étaient là ? Qui ? - Hagalaz. Ses servants vous ont déposés puis vous ont repris. - Pourquoi ? - Ils devaient savoir si vous étiez une menace pour eux, ils ont interrogé celle qui pouvait les reconnaître. - C'est une Ancienne qui est là, hein ? fit Shanti, commençant à comprendre. - Si c'est ainsi que vous les appelez. Hagalaz savait qu'elle pourrait avoir des réponses en la mettant face à vous. - Alors… tous ces tests, c'était elle, demanda la jeune femme. Pas Hagalaz ? - … - C'est pas une coïncidence, fit Campbell. Atlantis voulait sûrement qu'on la trouve. - Alors pourquoi est-ce qu'elle ne nous l'a pas dit tout de suite ? s'agaça sa coéquipière. - Peut-être qu'elle sait pas exactement où elle est, proposa le pilote. - Même, ça change rien… Pourquoi est-ce qu'elle nous a pas expliqué ce qu'elle voulait ? A moins que… qu'elle n'en soit même pas sûre elle-même. Mais là, ça devient passablement foireux, non ? - Pas plus que le reste, tu me diras, répondit le pilote avant de s'adresser à la femme toujours immobile. Et vous, qu'est-ce que vous en pensez ? - Je ne sais pas ce que vous pouvez désirer de nous, dit-elle, imperturbable. - Merci, c'est utile, fit Campbell, sarcastique, pour se figer un instant plus tard. En fait si, peut-être qu'elle veut aussi qu'on voie quelque chose avec vous d'abord. - Tu l'as dit toi-même, reprit Shanti. Elle nous a envoyé sur la seule planète coupée du système. Ca doit avoir un lien. - Oui, mais on le connait déjà, réplica le pilote. Ils sont isolés parce qu'il y a l'Ancienne, c'est tout. Pas besoin de chercher midi à quatorze heures ! - Pas sûre. Pourquoi est-ce qu'ils sont toujours là ? Pourquoi est-ce qu'Hagalaz les a isolés ? - Elle a dû flipper quand l'autre est arrivée, argumenta-t-il. Elle était toute seule, pas d'ordre à recevoir, tranquille avec sa galaxie, et puis il y a une Ancienne qui se ramène et qui pourrait commencer à lui donner des ordres. Et t'as vu l'effet qu'elle a fait sur cette forêt ? Excuse-moi, mais ça me faisait plus penser à un culte qu'à autre chose, quand ils nous en ont parlé… Imagine un instant, elles passent leur temps à se raconter des trucs genre "un piaf est passé par ici" ou "il y a eu un bel orage", et puis t'as une Ancienne qui a vu je sais pas quoi qui se ramène et leur fait un Spielberg. - Hagalaz aurait perdu le contrôle sur les forêts, c'est ça que tu veux dire ? - Complètement. Et rappelle-toi, à quoi elles servent ? continua Campbell. - … A surveiller les flux de population, les déplacements par la Porte. Et avec des forêts conscientes, qui ont besoin d'elle pour échanger leur courrier, elle a un réseau de surveillance galactique complètement invisible ! - Invisible, et surtout qui demande pas de moyens. Tu te rends compte de ce que ça coûterait en ressources, en entretien, d'avoir des capteurs et des émetteurs près de chaque Porte dans la Voie Lactée ? - La facture du siècle, acquiesça Shanti. - Qu'est-ce qu'on fait, alors ? demanda le pilote avec un sourire naissant. - On les remet en contact, fit-elle. - Nous vous en remercions, fit une voix derrière eux qu'ils avaient oublié au cours de leur échange. Mais qu'est-ce que vous comptez faire exactement ? - Oh, lâcha Shanti en se retournant. La prochaine fois, Tom, on évitera de bricoler une stratégie à voix haute en pleine négociation, d'accord ? - Oui, ça vaudra mieux… - Que désirez-vous exactement ? demanda la femme leur faisant face. - Vous savez sûrement où se trouve Hagalaz, non ? - Et vous voulez cette information en échange de votre aide, fit-elle. - Ca pourrait nous être utile… tenta Shanti. - Et que se passera-t-il pour nous une fois que vous l'aurez neutralisée… ou éliminée ? - Comment ça ? - Elle nous permet d'échanger nos expériences. Même si nous avons été isolés du reste, les autres non. Si vous la brisez, tout s'effondrera. Tous les autres seront isolés et plus seulement nous. Pourquoi devrions-nous vous aider ? - Oh, lâcha Campbell, ne sachant pas quoi répondre. - Vous ne venez pas résoudre notre situation, dit froidement leur interlocutrice. Vous ne cherchez qu'à atteindre votre objectif. - Comment est-ce qu'elle fait pour vous maintenir en contact ? Enfin, comment est-ce qu'elle faisait, dans votre cas ? - Ses servants venaient transmettre les messages. - Par ses servants, vous parlez de quoi ? De machines, de créatures biologiques ? demanda le pilote.
Près de la femme apparut la projection d'une créature arachnoïde de taille quasi-humaine, parsemée de plaques recouvrant une grande partie de son corps, et dont la posture différait complètement de tout ce que les deux humains avaient pu voir sur leur planète d'origine, même après avoir fait abstraction de la taille. Campbell, instinctivement, fit plusieurs pas en arrière, se figeant lorsqu'il vit que sa coéquipière n'avait pas bougé.
- Je les ai déjà vus, commenta-t-elle. Ici, et puis… quand on était prisonniers. - De quoi est-ce que tu parles ? demanda-t-il. - Je t'expliquerai, répondit-elle en levant une main, sans le regarder. Ce dont vous avez besoin, c'est qu'on les convainque de continuer à vous aider lorsque Hagalaz ne sera plus là pour les guider, c'est ça que vous voulez dire ? - Si vous pouvez y arriver, alors nous pourrons trouver un accord, acquiesça la femme alors que l'image près d'elle s'estompait. - Ca devrait être faisable… fit la jeune femme, essayant d'afficher une façade de confiance. - Shanti ! fit le pilote derrière lui. - Je t'avais dit, quand on était prisonniers, Hagalaz… ou cette Ancienne, j'en sais rien, m'a montré une scène avec la tentative de conversion par les Ori. C'était sur ces… arachnides. Ils sont centraux à tout ce qu'on peut essayer de faire, Tom. Si on peut les faire passer de notre côté, on a gagné. - Et comment tu comptes t'y prendre ? - Je ne sais pas encore, mais je sais à qui demander. - A cette Ancienne, c'est ça ? - Oui. Si elle m'a interrogée, si elle a pu les convaincre qu'on ne vénérait pas les Ori… au point de nous donner un cessez-le-feu, alors elle doit forcément les connaître. Vraiment bien les connaître, même. - D'aaaaaccord, fit-il lentement. J'espère que tu sais ce que tu fais, Shanti… - J'espère aussi, répondit-elle, tournant la tête pour parler à la femme devant elle. Si nous arrivons à convaincre l'Ancienne de nous aider, serez-vous d'accord pour nous aider vous aussi ? - C'est évident, répondit celle-ci, sans parvenir à cacher un embryon de sourire. - C'est déjà ça, dit-elle à son coéquipier. - OK, et maintenant, on fait quoi ? répondit-il.
La jeune femme n'eut pas le temps de répondre qu'elle fut prise d'un vertige, tout le paysage autour d'elle s'évanouissant, remplacé quelques instants plus tard par le ciel étoilé.
- Où… où est-ce qu'on est ? demanda une voix familière près d'elle.
Elle parcourut avec les mains son environnement immédiat, sentant la texture inhabituelle du sol, et tourna la tête pour se rendre compte qu'elle était couchée à même celui-ci. Sans effort, elle se remit debout, rapidement imitée par Campbell. Autour d'eux, les innombrables arbres bloquaient la vue alors qu'ils étaient dans une petite clairière, leur vision s'adaptant en quelques instants pour faciliter l'orientation, affichant rapidement une carte des environs où était visible l'endroit où s'était posé leur Jumper.
- Bon… est-ce que tu sais où on doit aller ? demanda-t-il. - On va demander, répondit-elle. Atlantis ?
Oui ? fit la voix de l'Entité.
- Premier point, faudra vraiment qu'on clarifie les choses une fois pour toutes pour ce qui est de nous donner les infos nécessaires. Ensuite, dites-moi où on doit aller pour la trouver.
Trouver qui, lieutenant Bhosle ? demanda-t-elle.
- Est-ce qu'on peut arrêter de jouer un instant ? grommela-t-elle. L'Ancienne qui est ici. Celle que vous nous avez envoyé trouver, vous savez bien où elle est, non ?
Pas avec certitude.
- Le gros machin qui émettait de l'énergie, vous devez bien le repérer, lui ? Même nous, on avait pu le trouver, quand on s'était posés, fit-elle, commençant à être excédée.
Pour toute réponse, sa carte lui signala l'ajout d'un nouveau point de navigation.
- Merci beaucoup, répondit-elle en prenant la direction de leur Jumper, le pilote la suivant. Et sinon, il y avait une raison pour ne rien nous dire sur ce qu'on faisait vraiment ici ? Ou qu'on revenait là où les autres nous avaient capturés ? C'était intéressant à savoir, quand même !
Bien sûr, lieutenant. Je n'avais simplement pas le choix.
La jeune femme se figea sur place, haussant des sourcils : - Pardon ? Pas le choix ?
Que croyez-vous, lieutenant ? Que je vous aurais caché des informations importantes si j'avais pu faire autrement ?
- C'est une blague, là ? Bien sûr que oui, vous l'auriez fait !
… Je vois. Quoi qu'il en soit, j'étais sous l'ordre strict de n'indiquer à personne l'existence ou l'identité de celle qui réside actuellement sur cette planète.
- Qui vous a donné cet ordre ? demanda Campbell. C'est Jackson ?
Non. C'est elle-même, lorsque nous avons pris contact.
- Attendez une seconde, c'est quoi ce foutoir ? fit-il. Je croyais qu'elle était coincée dans ce trou perdu depuis je ne sais pas combien d'années ! Comment c'est possible ?
Hagalaz lui a donné les moyens de vérifier les archives qu'elle désirait pour s'assurer de votre identité. Il lui fallait savoir si vous étiez des agents des Ori. Elle a donc consulté les dernières archives qu'elle savait exister : les miennes… Et m'a pleinement réactivée ce faisant. Les protocoles de succession ne laissent pas le moindre doute dans ce type de situation, et elle dispose en conséquence d'une autorité maximale sur moi. L'une de ses consignes, probablement induite par Hagalaz, était de ne pas prendre d'action visant à la sortir de là où elle était retenue ni d'informer qui que ce soit de son état. J'ai donc obéi… à la lettre.
- Donc… tout ça, le coup de venir analyser cette forêt… dit Shanti, c'était juste un leurre pour tromper… vos propres ordres ?
Exactement, lieutenant Bhosle. J'ai réalisé assez rapidement la situation dans laquelle elle se trouvait, et en ai déduit –de façon entièrement hypothétique bien sûr– qu'il serait préférable de pouvoir l'extraire de cette planète afin d'obtenir des ordres dénués de toute influence de Hagalaz ainsi que son aide sur un autre projet dont elle m'a fait part au cours de nos brefs échanges. Vous savez le reste.
- Qu'est-ce qu'on devra faire après ?
Il est plus que probable qu'elle vous guidera avec une efficacité supérieure dans cette tâche. En outre, ses consignes prévaudront sur les miennes.
- On n'a pas non plus l'obligation de lui obéir, signala Shanti.
Vous non, mais moi, si. Et étant donné que je suis en charge des moyens de déplacement interstellaires et des améliorations physiologiques vous équipant, il ne lui sera pas difficile de vous imposer sa volonté, le cas échéant.
- D'accord…
Autour du duo, la densité d'arbres se réduisait petit à petit, tandis qu'apparaissait au loin l'orée de la forêt : - Comment on s'est retrouvés aussi loin ? demanda Campbell. Ne vas pas me dire qu'on a marché pendant tout ce temps… - Qu'est-ce que tu veux que je te dise ? Que le reste des arbres a poussé autour de nous ? réplica-t-elle. Ca m'étonnerait qu'on ait été portés par des écureuils… - Pas faux, concéda-t-il. Allez, on arrive là-bas, on voit cette Ancienne pour qu'elle nous file la quête principale et on se tire d'ici.
Elle se tourna vers lui, le fixant du regard sans prononcer un mot.
- Oh, ça va, hein ! Désolé de me rattacher à ce que je connais, parce que le merdier dans lequel on est, c'est pas le job qu'on m'a formé à faire au SGC. Tient plus du RPG… Combien on parie qu'on va tomber sur le format vieille druidesse au milieu de ses arbres ? - Super. Tu me préviendras quand tu auras passé un niveau, qu'on puisse revenir aux choses sérieuses, d'accord ? Ou peut-être expliquer ça à tous les figurants qui y sont passés depuis le début de la partie… - Hé ! Je prend tout ça au sérieux, mais excuse-moi de relever les clichés quand j'en vois, c'est tout ! - Si tu le dis… Attention ! - Quoi ? dit-il en se figeant aussitôt. - Derrière le Jumper, murmura-t-elle. Il y a quelqu'un.
La jeune femme fit un geste en direction de son arme, pour se rendre compte qu'elle ne la portait plus.
- Tu vois ce que c'est ? lui demanda silencieusement son coéquipier. - Non, répondit-elle de la même manière. On s'approche en douceur. Je suis quasiment certaine que c'était humanoïde. Et dans ce cas-là… - Ca pourrait être l'Ancienne qu'on cherche, compléta Campbell.
Faisant quelques pas de plus, elle sortit du couvert des arbres en s'efforçant de ne pas faire le moindre bruit. Lentement, les deux membres de SG-22 s'approchèrent du vaisseau dans lequel ils étaient arrivés, restant à l'affut d'un quelconque signe de présence de l'ombre entraperçue par Shanti.
- T'es sûre qu'il y avait quelqu'un ? lui demanda le pilote. - Pas à 100%, mais presque. On fait le tour, pour être sûrs et…
Elle s'interrompit lorsque, à quelques mètres d'eux, une figure apparut devant eux, quittant l'abri du Jumper. Shanti écarquilla les yeux en reconnaissant la femme avec qui ils avaient parlé pendant plusieurs minutes lors de leurs échanges avec l'entité forestière.
- Qu'est-ce que… ? C'était vous ? - Oui, lieutenant Bhosle, répondit l'Ancienne, sans bouger. Je vous attendais, et j'ai pris la liberté de servir d'intermédiaire pour votre contact avec nos hôtes. C'est à mes yeux une bien meilleure solution que d'attendre de vous voir comprendre les subtilités de leur mode de pensée et de communication, mais rassurez-vous, votre message est passé. - Pourquoi est-ce que nous sommes ici ? - Pour que nous puissions nous aider mutuellement, lieutenant, fit-elle. - Je… excusez-moi, dit Shanti en plissant les yeux, mais… est-ce que vous êtes vraiment restée ici tout ce temps ? - Oui, et ce malgré moi. Pourquoi cette question ? - Je vous ai déjà rencontrée.
Elle ne répondit rien, et Shanti allait à nouveau parler quand un vertige très familier la prit l'espace d'un instant.
Il n'y avait plus de chaîne de commandement, plus de Cité où revenir, et elle avait, par une combinaison imprévue de compétence et de chance, survécu à ce qui aurait dû être sa dernière bataille. Une libération qu'elle ne pouvait plus voir venir qu'avec soulagement. Les nuages de débris flottant autour de la planète lui avait indiqué avec suffisamment de précision le sort des derniers défenseurs de celle-ci, et les survivants de son équipage s'en étaient remis à elle pour savoir ce qui resterait à faire.
Il n'y avait plus rien à défendre, plus rien à attaquer, à escorter, et à part quelques abris dont elle ignorait jusqu'à la position, tous ses semblables avaient quitté la galaxie pour retourner dans la Voie Lactée.
Pendant plusieurs jours, leur vaisseau resta à dériver dans le vide interstellaire, sans rien émettre alors que les réparations s'effectuaient à leur rythme, redonnant progressivement ses capacités les plus basiques à l'engin qui les abritait. Lorsque, finalement, les systèmes de propulsion furent entièrement rétablis, elle avait pris sa décision, choisissant d'accomplir son devoir jusqu'à la fin. Elle ne pouvait pas abandonner son poste ni entraîner son équipage dans un tel acte.
Leur vaisseau avait pris le cap vers la Voie Lactée, suivant l'un des plans d'action antédiluviens qui avait été isolé par son ordinateur de bord comme le plus semblable à une situation jamais anticipée par ses supérieurs. Leur cap les avait menés vers une planète où, selon les indications données, l'attendrait une structure hiérarchique apte à lui donner de nouveaux ordres. Tsippora savait ce qu'elle ferait une fois sur place, ce qu'elle aurait dû faire depuis trop longtemps mais qu'elle ne s'était jamais permise.
A présent que la guerre était terminée, que les siens avaient perdus, elle n'avait plus à se battre. Sa présence dans un vaisseau ne changerait plus le cours d'une bataille, ne sauverait plus des civils, des membres d'équipage. Elle pouvait enfin mettre tout derrière elle, quitter cette vie et peut-être réussir ce que tant d'autres avant elle avait fait, recueillir la libération qu'ils avaient obtenu. Les promesses qu'elle savait fondées mais que son devoir l'avait empêché d'accomplir pour elle-même, s'ouvriraient enfin à elle.
Son appréhension avait grimpé lentement au cours du trajet reliant les deux galaxies, et elle avait été prise d'une crainte sourde face à l'absence de réponse de sa destination. Ses instruments confirmaient que la base indiquées sur les cartes était bien présente, au sein de laquelle elle trouverait l'instrument de sa libération.
Un supérieur auprès duquel elle pourrait, en son âme et conscience, présenter sa démission pour enfin travailler à faire l'Ascension que la majorité des siens avait effectuée pendant que les forces armées leur faisaient gagner du temps dans cette guerre sans espoir.
Laissant son vaisseau en orbite, elle et son équipage s'étaient rendus au niveau de la surface, entrant dans le complexe creusé dans le flanc du système de plateaux rocheux. Les senseurs les avaient repérés et identifiés, s'activant les uns après les autres alors qu'elle s'inquiétait de plus en plus face à l'état d'abandon de la structure.
Ils parvinrent enfin à l'intérieur, et elle suivit les instructions de son assistant virtuel personnel pour s'orienter et trouver la salle où devait l'attendre le symbole de leur délivrance à tous. Ils auraient pu tout laisser derrière eux, sans protocole, ignorant les lois d'une civilisation mourante, mais elle voulait faire ce dernier pas, clore une fois pour toutes une période de sa vie qui n'avait que trop duré. Y mettre un point final.
Elle entra dans la salle indiquée, trouvant ce vers quoi on l'avait guidée depuis une autre galaxie, en tant qu'officier le plus haut gradé en service de l'ensemble des forces de sa galaxie.
Un caisson de stase. Plusieurs indicateurs d'alarme étaient actifs, indiquant une défaillance imminente de l'individu protégé, qui avait passé beaucoup trop de temps à l'intérieur.
Elle activa les moniteurs, et s'identifia, provoquant l'ouverture du système, d'où un militaire –de rang équivalent au sien– sortit. L'état dans lequel il se trouvait ne lui donnait plus qu'un temps restreint à vivre, et il la fixa dans les yeux, murmurant un mot.
Il lui demandait pardon.
Elle entendit les mots suivants, sans comprendre ce qui lui arrivait, et fut engloutie par les ténèbres.
Lorsqu'elle se réveilla sur une couchette, elle vit un message s'afficher sur un écran près du cadavre du militaire. Pour la première fois depuis aussi longtemps qu'elle se souvenait, elle pleura. Elle avait été trahie, et ne pouvait rien y faire. Dans des mouvements presqu'automatiques, elle revint près de son équipage, qui l'avait attendu dans une autre section de l'installation souterraine, et prononça les mots qu'ils attendaient. Elle avait désormais l'autorité pour les libérer, leur donner une chance de construire ce qu'ils pouvaient avec le temps qui leur restait.
Une opportunité qui venait de lui être retirée par cet officier mort peu de temps après son réveil.
Le dernier de ses subordonnés ayant quitté la base, la laissant derrière sous un prétexte qu'elle avait inventé pour leur éviter de se poser trop de questions à son sujet, Tsippora rentra dans la salle des archives de la base, et commença à parcourir les fichiers du projet dont elle venait d'hériter à cause d'un protocole infiniment plus vieux qu'elle. L'un des documents demanda une seconde identification de son statut, et lorsque son passe apparut brièvement sur l'écran, elle ne put s'empêcher de jeter un bref coup d'œil à la photo illustrant son dossier.
Shanti revint instantanément à la réalité.
- Tsippora ? fit-elle dans un souffle inaudible, les yeux écarquillés. - Bonjour, lieutenant Bhosle. Heureuse de voir que vous ne m'avez pas oubliée. |
| | | Vyslanté Conquérant Itinérant
Nombre de messages : 1463 Age : 30 Localisation : Banana State Building, dernier étage, dans un fauteuil présidentiel de maître du monde en cuir véritable de plastique.
| Sujet: Re: Effet Papillon [Tome III] Lun 13 Fév 2012 - 13:47 | |
| Flemmard mode activé ! Copie du commentaire de l'autre forum en cours.... On calme un peu le jeu du côté de Jackson et Anna (en même temps, vu ce qu'ils se sont pris, il était peut-être temps ^^), mais d'un autre coté, sur Dakara, c'est à peine le foutoir. Pour ceux qui pensaient au chapitre précédent que la situation allait peut-être éventuellement hypothétiquement possiblement s'arranger du côté des prisonniers qui avaient entamé une évasion presque réussie... Et ben c'est raté. Dans un tout autre rayon, on revient sur le Concordia ! Hurray ! (Oui, j'aime les phases spatiales. Surtout quand elles impliquent un plan potentiellement foireux qui est plus ou moins notre dernier espoir). - Citation :
- le groupe de Contrôle des Stratagèmes de Bataille
Le CSB est partout ! PARTOUT ! - Citation :
- Êtes-vous monsieur Yudkowsky ?
Alors comme ça des personnes réelles interviennent dans EP... Intéressant... - Citation :
- Rokubungi Gendo
Re-hé hé hé... - Citation :
- Un grommellement se fit entendre par-delà le son d'une télévision, et les agents attendirent que leur cible vienne ouvrir la porte, ignorant la fraicheur du matin toulousain. Le jeune homme leur ouvrit :
Voyons, ce n'est absolument pas réaliste du tout ! Comment un jeune toulousain pourrait-il aider le SGC en quoi que ce soit ? Et, franchement, j'aime toujours autant le concept des arbres conscients. D'autant plus que l'on connait la raison de leur création... Sûr qu'au prix du terreau, c'est moins cher que les sondes d’espionnage ^^ Quant à la révélation de fin... Mother of God. |
| | | Rufus Shinra Roi des Petits Gris
Nombre de messages : 2455 Age : 36 Localisation : Là où s'est déroulée la dernière catastrophe en date ~ Compagnon senior de la Confrérie
| Sujet: Re: Effet Papillon [Tome III] Lun 13 Fév 2012 - 14:47 | |
| @Vyslanté : Pour l'illustration finale, je n'ai qu'une chose à répondre : XDDDDDDDDDDDDDDD - Citation :
- (Oui, j'aime les phases spatiales. Surtout quand elles impliquent un plan potentiellement foireux qui est plus ou moins notre dernier espoir).
Potentiellement ? Potentiellement ? Toute modestie à part, je crois que le plan prévu va redéfinir le concept de plan foireux. La CSB renoncerait à ce truc trop stupide pour fonctionner. John Crichton en resterait sans voix. Nan, le truc est absurde, mais devrait théoriquement fonctionner, étant donné qui le fait, sur qui et pendant combien de temps. Enfin, j'espère ! :-P - Citation :
- Alors comme ça des personnes réelles interviennent dans EP... Intéressant...
Je te rassure, ce n'est ici qu'un cameo sans conséquence. Après tout, l'univers SG est censé être très proche du nôtre, alors autant en profiter ! Double :-P - Citation :
-
- Citation :
- Robukungi Gendo
Re-hé hé hé... Tout se déroule exactement selon le Scénario... Le souci, c'est que je ne l'ai pas encore... |
| | | Webkev Roi des Petits Gris
Nombre de messages : 2378 Age : 37 Localisation : ~ Surfant dans le subespace ~ Compagnon de la Confrérie
| Sujet: Re: Effet Papillon [Tome III] Jeu 8 Mar 2012 - 13:19 | |
| Je sais, ca fait longtemps. Mais what the f**k, bloody hell! C'est EXTRA. Je me suis enchainé tout le tome trois depuis ce matin, et j'ai des images plein la tête, des sensations comme j'en avais plus eu depuis longtemps à la lecture d'un texte (des mauvaises langues diraient que c'est parce que je ne lis plus...) Mais wouaw, splendide! J'aimerais faire un commentaire détaillé, et un jour (dans dix ans quoi -_-) ce sera chose faite. Mais je suis réellement bluffé, sous le charme. Les multiples plans qui se chevauchent et se croisent continuent à le faire et tu orchestres ça tel un horloger suisse. Rien n'est laissé au hasard, des retournements de situations, des éclairs de génies à chaque fois excellent (alors qu'on devrait s'y attendre. Le coup de Tisppora, j'aurai du le voir damned!) C'est génial! Bravo Rufus |
| | | Rufus Shinra Roi des Petits Gris
Nombre de messages : 2455 Age : 36 Localisation : Là où s'est déroulée la dernière catastrophe en date ~ Compagnon senior de la Confrérie
| Sujet: Re: Effet Papillon [Tome III] Jeu 8 Mar 2012 - 13:36 | |
| Ah bah merci, ça fait plaisir ! Un, de te revoir dans le coin. Deux, de savoir que tu continues à lire la fic !
Pour ce qui est de l'agencement, faut quand même rendre à César ce qui est à César, et remercier mon excellent alpha-lecteur, toujours plein de bonnes idées et d'expériences personnelles qui donnent une touche supplémentaire à l'ensemble.
Pour ce qui est du coup de Tsippora, tu n'as pas à t'en vouloir pour ne pas l'avoir vu avant. Après tout, je ne l'avais pas vu non plus avant d'être au chapitre 4. Faut bien dire qu'à la base, elle n'était rien de plus que du remplissage des flash-back prévu pour justifier une ou deux compétences supplémentaires chez Shanti, un nom proposé par Sapho au détour d'une conversation MSN pour se rajouter à ceux des Filles d'Ananké et puis basta. Jusqu'au moment où je me suis rendu compte qu'elle devait forcément être là, que je n'avais pas le choix... Mais sinon, oui, c'est un vrai plaisir que de réussir à placer une Wham Line, ne serait-ce que pour voir les réactions de lecteurs. ^_^;
En tout cas, encore merci, et sorry du retard actuel pour le chapitre en cours, mais entre MLP, les partiels à préparer et la glande habituelle des vacances, j'avance moins vite que prévu (j'en suis à environ vingt pages, là, le bloc sur Anna/Daniel/Urth est prêt, celui sur Carl/Van'Tet/Erina à 90% et celui sur le Concordia à moitié). Mais si tu veux patienter, jette un coup d'œil à L'Ombre du Passé. Je suis sûr que tu m'en diras des nouvelles... |
| | | Rufus Shinra Roi des Petits Gris
Nombre de messages : 2455 Age : 36 Localisation : Là où s'est déroulée la dernière catastrophe en date ~ Compagnon senior de la Confrérie
| Sujet: Re: Effet Papillon [Tome III] Mar 10 Avr 2012 - 23:16 | |
| Argh ! Le voilà enfin terminé, ce fichu chapitre. Je ne sais pas depuis combien de temps je n'ai pas subi autant de procrastination, entre les bouquins, les poneys, les jeux et le boulot qui se sont enchainés... Mais le voilà, alors enjoy !
Chapitre 07 : Délais
Anna ne pouvait réprimer l'impression que des silhouettes familières l'attendaient derrière les portes fermées que leur groupe croisait en avançant dans le couloir immaculé. L'aménagement interne était clairement Ancien dans sa philosophie, même si le style lui semblait différer. Instinctivement, la scientifique était en train d'essayer de dater aussi précisément que possible l'âge de l'installation, tandis qu'autour d'elle le reste du groupe avançait sans se presser particulièrement.
- Alors, votre avis ? demanda Bakane. Ancien ? - Pas de doute là-dessus, c'est les mêmes que ceux derrière Praclarush Taonas, confirma l'archéologue. On dirait que la source ne nous a pas menti. - D'ailleurs, j'aimerais vraiment avoir une petite conversation avec elle, répondit-il. Selon les analyses d'atmosphère de notre première équipe, personne n'est entré ici depuis quelques milliers d'années au moins. Pas de trace de respiration ou de poussière d'origine biologique. - Peut-être qu'il y a un très bon système de filtrage, proposa Daniel. - Peut-être, oui, admit son interlocuteur. Mais ça m'étonnerait quand même… Enfin, on ne sait jamais, avec les Anciens. Ils y a peut-être des nanites qui nettoient tout après notre passage. - Espérons que non, j'ai eu assez de mauvaises expériences avec ces engins. - Je m'en doute, fit l'hébridan avant de se tourner vers Anna. Votre opinion, docteur Stern ? - C'est vieux, pas de doute là-dessus. Très, très vieux. Notre chronologie des Anciens est approximative, mais à première vue, je dirais que c'est antérieur aux Asgards. - Tant que ça ? - Je n'en suis pas certaine, reconnut-elle. Il faudrait que je voie le reste, s'il y a du matériel spécifique ou, mieux, des documents. - Désolé, ça va être assez difficile, on est toujours coincés dans cette section du complexe. Presqu'aucune porte ne veut s'ouvrir pour nous et il faudra un peu plus de deux jours à nos ingénieurs pour casser les sécurités. - Pas étonnant, fit Jackson. Ce n'est pas comme si qui que ce soit pouvait réussir un coup pareil. Est-ce qu'on a une idée d'où on est dans le plateau ? - Pas précisément. Déjà, on est toujours à l'intérieur : il n'y a pas eu de flux d'énergie sortant pendant les téléportations. Après, personne n'a envie de démonter la… cabine… pour essayer de voir ce qu'elle fait exactement. - Logique. Sinon, vous aviez dit "presqu'aucune porte" avant. Il y a des endroits accessibles ? - Oui, c'est là que je vous amène. J'y suis allé hier, c'est apparemment des réfectoires et des dortoirs groupés. Peut-être pour accueillir des voyageurs qui n'ont pas les codes d'accès, je ne sais pas exactement. C'est juste après, de toute façon.
Il indiqua un carrefour devant eux et leur fit signe de les suivre quand il tourna à gauche. Anna recula de quelques pas et se mit à hauteur de l'Ascendante qui les accompagnait : - Vous pourriez vous arranger pour qu'on puisse discuter en privé ? murmura-t-elle en espérant ne pas être entendue de ses voisins. - Plus tard, répondit Urth à voix basse. - … D'accord. Mais je crois que ça vous intéressera, fit-elle avant de reprendre un pas plus soutenu.
Le groupe arriva finalement dans la pièce indiquée par Bakane. Plusieurs capsules de stase étaient présentes, toutes ouvertes et inoccupées. Une demi-douzaine de techniciens et de personnels spécialisés travaillait sur place, un superviseur venant à la rencontre des nouveaux arrivants : - Pas eu de progrès depuis la dernière fois, monsieur. - Toujours les mêmes problèmes ? se vit-il répondre. - Oui. Les portes intérieures sont aussi protégées que les autres, peut-être même plus. Si vous voulez, il nous reste toujours l'option des explosifs, mais je ne garantis plus l'état des ruines après coup. - Ca ne servira à rien, intervint Jackson. Ce genre de paroi résistera probablement à tout ce que vous pourrez lui envoyer de plus petit que du nucléaire. J'ai déjà vu des installations comme ça, et la force brute ne sert à rien. - Des suggestions, alors, docteur Jackson ? fit Bakane. Comment est-ce que vous avez fait pour passer dans ces installations ? - La plupart du temps, avec l'aide de pas mal de technologie Asgard ou en trouvant directement les codes d'accès. Enfin, il y avait aussi les fois où Jack s'est amusé à mettre la tête dans une Bibliothèque, mais on peut oublier ça pour l'instant… Donc, vous avez entièrement cartographié les zones accessibles ? - Oui, j'y ai aussi pensé, mais les parois sont au moins aussi résistantes que les portes. On ne pourra pas contourner le problème facilement.
Anna, faisant mine d'observer de plus près certains détails de l'agencement des cabines de stase, s'éloigna lentement du groupe, avant de murmurer : - Atlantis ? - Oui, docteur Stern ? lui répondit silencieusement l'Entité. - Vous pouvez débloquer ces portes, hein ? - Une partie d'entre elles. Je n'ai moi-même qu'un contrôle limité des systèmes de sécurité internes… Rien de plus que ce que l'on a bien voulu m'offrir pour l'instant. Et, soyons honnêtes, je ne peux pas vous donner accès à quoi que ce soit d'intérêt. - Vous n'avez pas le contrôle ? s'étonna-t-elle. - Malheureusement non, fit Atlantis. Si tout se passe comme prévu, les choses devraient s'améliorer dans les jours à venir, mais je n'ai pas ici toutes les cartes en main.
La scientifique se dirigea vers une autre cellule, se penchant nonchalamment vers son intérieur : - Donnez-moi juste l'accès à une ou deux salles. On devrait pouvoir occuper Bakane et les autres comme ça le temps dont vous parlez. - Seriez-vous en train de vous mettre à manipuler votre entourage, docteur Stern ? - Non, j'apprends de mon entourage. Et si on pouvait réduire la conversation au minimum, je préférerais, vu l'endroit, chuchota-t-elle avant de regarder brièvement en direction du reste de son groupe. - Entendu, je peux faire ça. Des détails particuliers ? - Essayez juste de jouer le jeu quand je parlerai. - Comme vous l'entendez… - Merci. Vous savez… quand je vous ai entendue, j'ai été rassurée. Je crois que je commence à m'habituer à vous… - C'est réciproque, docteur. C'est réciproque…
Se redressant, Anna marcha directement vers l'un des moniteurs branchés dans un amalgame informe de câbles à l'intérieur de la paroi. L'écran affichait une interface dénuée de tout raffinement, clairement destinée à un usage technique par un public restreint et hautement spécialisé. - Juste une question : qui est-ce qui s'occupe de la partie décodage ici ? - Moi, fit un serrakin en se rapprochant d'elle. Pourquoi ? - J'ai quelque chose que je voudrais tenter. Je ne garantis rien, mais on pourrait ouvrir une ou deux portes, avec un peu de chance. - Expliquez, intervint Bakane en se rapprochant d'elle. - Voilà, dit-elle. J'ai travaillé sur un bon nombre de ruines et de systèmes Anciens avant de venir ici. Je n'y connais rien ou presque dans leurs systèmes de codages eux-mêmes, mais j'ai remarqué quelque chose avec les fichiers les moins sensibles. Ceux qui ont l'air le moins utilisé ont souvent le même mot de passe. C'est probablement un code usine ou quelque chose comme ça. - On pourrait tenter… acquiesça l'hébridan. Mais vous êtes sûre de vous ? Ce code a sûrement changé selon les époques. - Pas tellement, répondit-elle aussitôt, réfléchissant à toute vitesse. Il y a… il y a un schéma assez reconnaissable. C'est jamais une série de zéros ou quelque chose comme ça, mais quelque chose de basique que l'utilisateur peut retrouver facilement avant de mettre son propre code. Les coordonnées de la Porte locale. - Et vous avez déjà rencontré ce genre de cas, docteur Jackson ? s'étonna Bakane. - Ca ne me dit pas grand-chose, dit prudemment l'archéologue. Mais c'est Sam qui s'occupait principalement de ces problèmes. - Et vous aviez besoin d'utiliser des fichiers très sécurisés la plupart du temps. C'est probable que vous n'ayez pas eu à tomber sur cette astuce. - Possible, reconnut Jackson en se tournant vers Bakane. On ne perd rien à essayer, après tout. On tente ? - D'accord, fit leur hôte après quelques secondes de réflexion. Tout le monde dégage, sauf la sécurité. Au camp de base ! - Je ne comprends pas… s'étonna Anna. - Docteur Stern, je ne veux pas remettre en cause votre expertise, mais je connais suffisamment Daniel ici présent, et je n'ai pas envie de prendre le moindre risque. Si quelque chose doit s'effondrer quelque part, mes hommes ne seront pas sur place, c'est tout. - Oh, d'accord. Mais je vous assure, il n'y a aucun danger. - Est-ce que vous connaissez suffisamment l'ensemble de cette installation, la façon dont elle a été construite et les sécurités qui sont peut-être encore actives pour me dire à cent pour cent qu'une erreur de mot de passe utilisant une astuce de ce genre ne mettra aucune vie en danger ici ? - … Non, admit-elle. - Donc, mon devoir est de mettre à l'abri tous ceux et celles qui n'ont pas explicitement besoin d'être sur place maintenant. Je suis peut-être un rat de bibliothèque, docteur Stern, mais je connais parfaitement mes responsabilités. - Même s'il exagère un peu, poursuivit Jackson, et que ce genre de ruines n'a presque jamais de piège spectaculaire, il a quand même raison, Anna. Ca peut arriver, c'est déjà arrivé, donc si on a le temps de le faire, on prend des précautions. - D'accord, fit-elle. Mes excuses. - Pas de souci, vous apprenez le métier, répondit l'hébridan avec un sourire. Mais n'oubliez pas ça, c'est tout.
Elle acquiesça silencieusement, et Bakane se dirigea vers l'interface abandonnée par ses subordonnés, entrant plusieurs séries de commandes sur le moniteur : - Venez, s'il vous plait, dit-il à Anna.
Celle-ci s'exécuta et vit que l'écran affichait désormais un clavier avec des caractères Anciens : - Est-ce que vous pouvez rentrer votre code d'accès ? Je le copie et on pourra commencer à préparer les terminaux sur les autres accès. - D'accord, répondit-elle en balayant du regard les touches. Normalement, c'est une simple transcription de l'adresse. Tant qu'on travaille avec du matériel fixe, l'adresse n'est pas un problème.
Anna entra une série de sept caractères, prenant soin de ne toucher à rien d'autre sur l'écran.
- Parfait. Attendez-moi une seconde, je vais préparer les autres terminaux, dit-il avant de quitter la pièce.
Une fois laissés avec leur escorte, les deux Terriens se tournèrent l'un vers l'autre : - Excellente idée, ce code usine, Anna. Je dois clairement dire qu'il ne me serait jamais venu à l'esprit.
Il sait que je bluffe, comprit la scientifique.
- Si je ne me trompe pas, répondit-elle après quelques instants de silence, il pourrait fonctionner exactement de la même façon que pour les premiers fichiers, quand vous m'avez fait travailler avec vous.
Jackson se figea un bref instant avant de plisser les yeux : - Oui, si c'est la même chose, la méthode peut fournir des résultats. Quand est-ce que vous y avez pensé ? - En entrant dans la cabine de transport. J'ai reconnu le style et les systèmes de gestion de données. - Très bien… On en discutera un peu plus tard, d'accord ? - Bien sûr, je comptais de toute façon vous en parler.
Surtout que je n'ai plus le choix, maintenant…
- Alors, lieutenant Ravenwing, fit Jackson en changeant brusquement de sujet. Je crois que c'est la première fois que vous visitez des ruines Anciennes. Qu'est-ce que vous en pensez ? - C'est différent de ce à quoi je m'attendais, répondit-elle. Trop… parfait. - Comment ça ? s'étonna l'archéologue. Pas assez de poussière pour des ruines ? - Non… Elles me mettent mal à l'aise, continua l'Ascendante. Comme s'il y avait quelque chose à l'intérieur… - On va voir ça.
Qu'est-ce qui se passe ? se demanda Anna. Ce n'est pas normal, cette façon de réagir… Même si elle joue un rôle, ça ne correspond pas. Mais si elle ne joue pas un rôle, alors… Merde, dans quoi Atlantis nous a envoyés ?
- C'est bon, j'ai réglé les terminaux pour entrer le code rapidement, fit Bakane en revenant quelques minutes plus tard. Le reste des techniciens est quasiment sorti des souterrains.
Jackson acquiesça et recula de quelques pas, laissant plusieurs mètres entre lui et la porte au moment où le communicateur à la ceinture du scientifique hébridan s'activa : - Ici camp de base, tout le monde est sorti. Équipes A et B en position aux points de blocage, à vous. - Ici Bakane, bien reçu. On tente l'ouverture, terminé.
- Je ne sais pas ce que vous en pensez, docteur Jackson, dit Anna à voix basse, mais votre collègue a l'air d'avoir plus d'expérience sur le terrain que ce que vous disiez… - Anna, je vous ai dit qu'il n'aimait pas les sorties de ce type, pas qu'il n'avait pas d'expérience, lui rappela l'archéologue. - Oh. Désolée…
Le sujet de la conversation s'approcha du moniteur branché sur la porte : - Je rentre le code à trois. Un, deux… Trois.
Il appuya sur la touche correspondante du petit écran et se recula vivement, prenant soin de ne pas rester entre l'escorte armée et la porte elle-même. Pendant quelques longues secondes, rien ne se produisit, et il revint finalement devant l'appareil : - Code incorrect. On dirait que ça ne fonctionne pas ici. On va tester la porte suivante, d'accord ?
Anna acquiesça.
Peut-être un des accès que ne contrôle pas Atlantis, pensa-t-elle.
Toutes les quelques minutes, le groupe se rapprochait d'un nouvel accès, validait la séquence sur l'écran branché aux systèmes Anciens et testait sans succès le code fourni par la scientifique : - Vous êtes sûre de votre code, docteur Stern ? demanda Bakane. - Normalement, oui, répondit-elle. Peut-être qu'ils ont pensé à changer à chaque fois. - On dirait. Enfin, l'idée ne manquait pas de mérite et il reste encore quelques autres portes à tester.
Je ne sais pas pour quoi je vais passer, mais si ça ne fonctionne pas, Atlantis va m'entendre gueuler…
- Suivante, fit l'hébridan. On se remet en position…
Les gardes pointèrent à nouveau leurs armes à énergie vers la porte, et Bakane pressa la touche de validation du code d'accès. Aussitôt, la paroi se souleva, prenant tous les témoins au dépourvu.
- J'y crois pas… lâcha quelqu'un derrière Anna. - Bon, et bien on dirait que ça marche, fit Jackson. Vous penserez à me noter le code, ça pourra me servir après, d'accord ? - Pas de problème, répondit-elle, la surprise se laissant encore entendre dans la voix.
Derrière se trouvait un couloir d'apparence identique à celui que le groupe occupait. Jackson fit un pas en avant, passant rapidement son bras dans l'ouverture : - On avance. Restez prudents.
Aussitôt à l'intérieur, l'attention de l'archéologue fut attirée par une seconde ouverture à quelques mètres de là, qui donnait apparemment sur une pièce éclairée. Silencieusement, il fit signe aux autres de le suivre, son regard changeant de direction à chaque seconde, surveillant les parois, le sol et le plafond à la recherche d'un quelconque danger. Anna regardait la scène avec détachement, restant près de l'Ascendante tandis que le scientifique hébridan restait avec les autres gardes armés.
Alors, qu'est-ce qui va pouvoir les occuper ici ? se demanda-t-elle en voyant l'archéologue jeter un très bref coup d'œil à l'intérieur.
- Je crois que ça va intéresser du monde, commenta celui-ci. - Qu'est-ce que vous avez trouvé ? demanda Bakane. - Venez voir, se contenta de répondre Jackson.
Anna s'approcha elle aussi et lâcha un léger sifflement en voyant la scène devant ses yeux. Des containers entiers de matériel étaient entreposés avec un désordre évident, leur contenu parfois à l'air libre. Elle reconnut rapidement un équipement technique comme personnel très semblable à celui qui avait été abandonné sur Atlantis lors de l'exode de ses derniers occupants. Aucune arme n'était visible, mais la scientifique aperçut plusieurs dispositifs d'origine très clairement militaire, que tout Terrien appelé à se rendre sur un site Ancien avait été formé à reconnaître. Des générateurs de champ de force individuels, des systèmes de communication et d'autres de survie étaient dispersés parmi une large gamme d'équipements à usage plus conventionnel. Aussitôt, elle s'efforça de ne pas fixer du regard les appareils qu'elle avait reconnus, balayant l'ensemble de la salle.
- Qu'est-ce que vous dites, dans ce cas là, sur Terre ? fit Bakane. Jackpot ? - A peu près, avoua l'archéologue. Je crois que ça devrait justifier l'expédition, non ? - Et comment ! Je n'avais jamais vu autant de matériel Ancien en une seule fois… Il y a de quoi doubler ou tripler ce qu'on a dans les universités ! Il se tourna vers les gardes : - Sécurisez les accès et gardez ça comme la prunelle de vos yeux, compris ? Il attendit un bref instant que les soldats acquiescent et prit son communicateur : - Ici Bakane. Préparez l'entrepôt et dites à tout le monde de revenir, on vient de tomber sur une cache de matériel Ancien. Je veux tous les spécialistes techniques près de la cabine de transport aussi vite que possible, on ramènera du matériel là-bas pour une étude préliminaire. - Ici camp de base. Bien compris, on amène ce que vous avez demandé, répondit la voix dans le petit appareil. - Très bien. Bakane, terminé.
L'hébridan se tourna vers le reste des individus présents : - Bon, ils devraient arriver d'ici quelques minutes. Dès que ça sera bon, on pourra commencer à sortir une partie des équipements d'ici pour les trier et les mettre à l'abri. - Désolé, intervint Jackson, mais j'aimerais juste savoir comment est-ce qu'on va s'organiser pour ces artefacts… Je sais que, théoriquement, la planète est un protectorat hébridan, mais Jack va râler si je ne négocie pas un tout petit peu pour en ramener. Après tout, c'est quand même notre info et l'idée du docteur Stern qui nous ont amené à ça. - Je pensais que ça avait été déjà réglé quand vous êtes passés sur Hébrida, s'étonna le scientifique. - On a eu quelques contretemps, commenta l'archéologue. La question n'a pas été entièrement réglée. - Qu'est-ce que vous voulez que je fasse ? Les communications sont coupées pour l'instant et il faut qu'on commence à travailler, sans compter mettre un trésor pareil en sécurité… - Est-ce que je peux proposer quelque chose ? fit Anna. - Dites toujours, docteur Stern, répondit Jackson. - On déplace la moitié des artefacts là-bas et on laisse le reste ici tant qu'on n'en sait pas plus côté partage. Je ne veux pas me lancer dans les négociations à haut niveau, docteur Jackson, mais ça m'étonnerait qu'on puisse avoir plus que la moitié de ce qu'il y a ici. Après tout, c'est quand même leur territoire. - Et pour le reste, compléta Bakane, on aura largement de quoi s'occuper avec la moitié de tout ça en attendant les ordres. Personne ne s'engage à quoi que ce soit pour l'instant et on a du boulot… moi, ça me convient. - Pourquoi pas… accepta son homologue Terrien. Par contre, si vous pouvez juste nous laisser quelques minutes, j'ai juste une ou deux choses à voir avec Anna…
Jackson se dirigea vers la sortie de la salle, faisant brièvement signe à Anna de le suivre. Une fois à quelques dizaines de mètres du reste du groupe, l'archéologue se retourna pour faire face à la scientifique : - Qu'est-ce que vous préparez ? - J'essaie de gagner du temps, répondit-elle sans hésiter. - Comment ça ? - Ils n'ont rien trouvé ici, expliqua-t-elle. Si ça continue comme ça, ils vont tourner leur attention sur nous et se rendre compte qu'on est tout sauf clean. Je me suis dit que s'ils trouvaient de quoi s'occuper pendant quelques jours, ça ferait autant de temps pour nous permettre de comprendre ce qu'il y a à trouver ici. - D'accord… Sinon, quand est-ce que vous avez repris contact avec Atlantis ? - En passant par le téléporteur. Elle le contrôlait en partie, elle s'est arrangée pour m'expliquer un peu la situation. Elle a accès à l'installation, mais pas entièrement. J'ai l'impression qu'il y a un autre acteur… Quelqu'un qui l'empêche de nous dire exactement ce qu'il y a ici. Enfin, c'est ce que j'ai cru comprendre, elle est peut-être aussi en train de nous faire tourner en bourrique. - Donc, le coup du code usine, c'était bien elle ? - Oui, elle ne contrôle apparemment pas tout, mais suffisamment pour nous ouvrir cette porte, on dirait. C'était suffisamment crédible, sinon ? - Pour quelqu'un qui a travaillé sur Atlantis ? Pas un seul instant. Pour Bakane et les autres qui rêvent de voir une fois dans leur vie un système Ancien pas trop endommagé ? Ca se tient. Je leur souhaite bon courage, s'ils essaient d'appliquer votre méthode sur d'autres systèmes… Mais par contre, la prochaine fois, essayez d'éviter de vous mêler de négociations comme ça. Vous venez quand même de leur donner la moitié de ce matériel… - Désolée. Mais… On sait à quoi il sert, pour la plupart, non ? On pourrait essayer de s'arranger pour qu'ils ne prennent pas ce qui est vraiment sensible… - On va essayer, mais… Une seconde ! - Quoi ? - Cet équipement, on a trouvé le même sur Atlantis… - Oui, et ? s'étonna-t-elle. - Et vous aviez raison avant : l'installation est très vieille. Antérieure aux Asgard, au minimum. Probablement d'avant le premier exode vers Pégase. - Alors, compléta-t-elle en écarquillant les yeux, qu'est-ce que du matériel aussi moderne fait ici ? - C'est la bonne question à se poser…
Quelques instants plus tard, les deux Terriens revinrent dans la petite salle, Anna se voyant accueillie par un sourire compréhensif du scientifique hébridan, apparemment persuadé qu'elle venait de subir un savon de la part de l'autre civil. Elle répondit en levant les yeux au ciel avant de se rapprocher des artefacts, prenant soin de n'activer aucun de ceux qu'elle reconnaissait. Les artefacts autour d'elle lui rappelaient tout autant que le style architectural la Cité où elle avait travaillé avant de se retrouver dans cette situation, à devoir survivre à des fusillades, comprendre des plans à plusieurs degrés de profondeur et faire les siens en conséquence, mentir à presque tout le monde et éviter de s'attirer littéralement les foudres d'une Ascendante d'humeur changeante.
Plus Anna parcourait la grande diversité d'outils et d'appareils Anciens étalés devant elle, plus elle était persuadée qu'ils avaient été amenés bien après la construction du complexe lui-même. Sa seconde observation fut que la plupart d'entre eux étaient incomplets. Il leur manquait à presque tous des pièces, même si, au-delà de cette observation, elle se savait incapable de dire à quoi pouvaient correspondre ces vides.
Peut-être les batteries. Si c'est ça, tant mieux, le matériel sera inutilisable et on évitera de donner trop de technologies ou de gadgets…
Près d'elle, Jackson semblait être parvenu à la même conclusion alors qu'il arborait un visage plus relaxé en aidant son confrère hébridan à préparer les containers à déplacer. Derrière eux, l'Ascendante à figure humaine s'était adossée au mur, observant avec une façade de curiosité la scène devant elle jusqu'à l'instant où elle croisa le regard de Anna. Aussitôt, elle fit un petit signe de tête en direction de la porte. Voyant qu'Anna ne réagissait pas, elle recommença de façon plus marquée : - Je vais jeter un coup d'œil aux alentours, dit-elle en se levant. Il y a peut-être d'autres caches. - D'accord, répondit Jackson après quelques secondes le regard fixé vers elle. Restez en contact. - Pas de souci. De toute façon, Ruth peut m'accompagner. Lieutenant Ravenwing ? - Ne vous inquiétez pas, docteur Jackson, je veillerai sur miss Stern, dit celle-ci en quittant sa position décontractée. - Restez à portée de voix des gardes, fit Bakane en laissant son regard fixé vers les différents artefacts devant lui.
Après s'être éloignées de quelques mètres, les deux femmes ralentirent le pas, restant près l'une de l'autre : - Tu as repris contact avec Atlantis, hein ? fit Urth sans préambule. - Voilà. En fait, elle a un message pour vous. - Tiens donc… Pourquoi est-ce que ça ne m'étonne même pas… Et quel est donc ce message ? - Je ne fais que répéter, mais… "Un partout, la balle au centre".
L'Ascendante laissa s'échapper un rire discret : - Logique. Elle savait parfaitement ce qu'elle faisait… Elle nous entend, là ? - Atlantis ? demanda Anna. - Je vous entends parfaitement bien toutes les deux, fit la voix de l'Entité. - Oui, elle est là. - Parfait. Alors, qu'on soit claires : je te le ferais payer. Gentiment, aimablement, mais je ne vais pas oublier ce petit coup-là. En toute amitié, bien sûr…
Anna fut à nouveau prise du frisson accompagnant la même peur primale qui l'avait saisie dans la salle de contrôle du Terminal sur Hébrida. Le sourire aimable de l'Ascendante, qu'accompagnait une voix aussi glaciale que de l'hélium liquide, étaient plus que suffisant pour mettre la scientifique au bord de la panique : - C'est bien à Atlantis que vous parliez, là… Hein ? - Bien sûr, fit Urth en haussant des épaules. - … D'accord, répondit-elle avant de déglutir.
Une porte se souleva à quelques pas d'elles, et Anna entendit un son venant de l'ouverture ainsi révélée. S'approchant, elle vit ce qu'elle reconnut aussitôt comme un logement. Celui-ci était différent dans son aménagement et son contenu de ceux qu'elle avait pu visiter à l'intérieur de la Cité, mais elle n'avait aucun doute quant à son origine, qui était parfaitement en accord avec le reste du complexe. Prise de curiosité, elle visita chacune des pièces, faisant silencieusement la comparaison avec celles de son propre appartement qu'elle avait laissé à plusieurs millions d'années-lumière.
Il était clairement plus grand, et même si le niveau technique et technologique apparaissait clairement comme inférieur à celui de la Cité, le niveau de confort semblait plus élevé. Seul l'éclairage de base fonctionnait, mais elle n'avait aucun doute que, une fois l'ensemble des systèmes à nouveau opérationnels, ce logement serait probablement l'un des endroits les plus confortables et sécurisés où vivre de cette galaxie. Tout était d'une propreté limpide, sans trace visible de présence humaine ou Ancienne, mais l'intérieur était pourtant disposé de façon à ne pas donner le malaise inhérent aux lieux abandonnés.
Comme si le propriétaire était parti hier…
Anna ne put s'empêcher de sursauter lorsqu'un nouveau rire éclata derrière elle, la poussant à revenir rapidement dans la pièce où se trouvait l'Ascendante. Celle-ci tenait un objet mince et élongé dans sa main, qu'elle avait apparemment ramassé sur un meuble avoisinant. Le rire s'était estompé aussitôt, remplacé par un sourire : - Bien joué, Atlantis. Très bien joué… J'avais oublié ce petit point de détail. - De… de quoi est-ce que vous parlez ? demanda Anna. - Est-ce que tu sais ce que c'est ? fit Urth en lui montrant l'objet qu'elle tenait. - Non… Je n'ai jamais vu ça. - Ce n'est pas étonnant, c'est rare que son propriétaire s'en sépare. C'est le germe et le système d'entretien pour une lame monomoléculaire. Utilisée dans les combats rapprochés, expliqua l'Ascendante avant de faire une grimace. Très dangereuse. - D'accord… donc il y a au moins une arme ici, mais pourquoi est-ce que vous avez réagi comme ça ? - Je me demande si je dois te le dire… fit Urth avec son habituel sourire.
Anna soupira et leva une fois de plus les yeux au plafond.
- Allez, tu vas comprendre. Attrape !
L'humaine parvint à rattraper de justesse l'artefact multimillénaire et se figea dans son geste avant de déplacer sa main avec d'infinies précautions, s'assurant de ne pas faire passer l'axe de l'objet par son corps ou l'un de ses bras : - Détends-toi, la lame n'est pas active, tu ne risques rien ! - Désolée, j'ai un peu peur quand on me parle d'armes pareilles… répliqua-t-elle. - Qu'est-ce que tu vois de marqué ? - Où ça ? demanda Anna en faisant tourner l'arme dans sa main. Ah, je vois… Pas mal de chiffres. - Numéro de série et matricule de l'utilisateur. Regarde en-dessous, il y a un nom et un prénom. C'est quoi, le prénom ?
Anna n'eut pas de problème pour lire la série de caractères : - Ts… Tsippora. Et… je suis censée savoir qui c'est ?
"A tout le personnel : test d'étanchéité des systèmes imminent. Veuillez sécuriser les véhicules et outils mobiles puis évacuer le hangar. Ceci est un exercice. Le test durera jusqu'à treize heures trente, heure de bord." répéta une fois de plus le haut-parleur tandis que les derniers membres d'équipage se dirigeaient vers les issues autour desquelles des gyrophares étaient allumés.
A l'intérieur du poste de contrôle du hangar, l'officier de quart surveillait attentivement l'une des consoles servies par un quartier-maître. Une liste de noms y était affichée, passant progressivement du rouge au vert alors que chaque personne présente pointait automatiquement en sortant de l'immense salle. En quelques minutes, la liste avait entièrement changé de couleur.
- Très bien, fit-elle finalement. Tout le monde est sorti. A notre tour.
Les sous-officiers et hommes du rang acquiescèrent et quittèrent les uns après les autres leurs postes, non sans les avoir sécurisé avant et vidant rapidement la pièce qui fut scellée après la sortie du lieutenant.
- Ici contrôle hangar pour CO, dit-elle dans un combiné de communication interne. L'évacuation du hangar numéro deux est terminée, poste de contrôle verrouillé et évacué, le test peut commencer. - Merci, Louise, répondit la voix dans le combiné. Allez prendre un café avec votre groupe, on ouvre à une heure et demie.
A l'intérieur du hangar abandonné, plusieurs gyrophares se mirent à illuminer périodiquement les parois tandis que les portes massives donnant sur le vide spatial se mirent à glisser sur leurs rails, dévoilant le paysage étoilé et finement coloré de la nébuleuse au cœur de laquelle s'était arrêtée l'escadre. Rapidement, un vaisseau de la taille d'un ravitailleur apparut dans l'ouverture, s'immobilisant et pivotant sur lui-même avant d'avancer à l'intérieur en traversant le mince bouclier isolant l'atmosphère du vide spatial.
L'appareil de transport se posa délicatement sur la surface métallique avant d'ouvrir une minute plus tard son sas d'accès. Les uns après les autres, les passagers civils en descendirent, la procession se terminant par plusieurs militaires prenant rapidement la tête du groupe pour les mener vers la sortie du hangar.
Le pont d'état-major était davantage un compartiment qu'une salle, isolé du reste du Concordia par plusieurs couches de vide absolu, de champs de force et de matériaux composites destinés à empêcher toute forme de surveillance de ce qui pourrait se dire et se faire à l'intérieur. Les officiers qui y travaillaient étaient, malgré leurs grades relativement faibles, munis d'accréditations rarement atteintes hors du cercle des officiers généraux. Quotidiennement, ils établissaient et mettaient à jour les plans et tactiques dont disposerait la flotte aussi bien pour des engagements individuels comme de batailles à l'échelle d'un théâtre d'opérations. Ils ne décidaient pas, se contentant de donner des options à leurs supérieurs et de traduire en termes logistiques et opératifs les intentions de ceux-ci, quelque celles-ci pussent être.
Ou s'ils devaient travailler presque sans préavis avec des civils.
- Comment est-ce que vous voulez qu'on fasse notre travail si vous ne nous dites pas quels moyens on a, monsieur ? demanda un lieutenant de vaisseau, maintenant une façade de respect hiérarchique hésitante envers des personnes dont la position lui demeurait inconnue. - C'est à vous de nous dire ce dont vous aurez besoin, répondit le civil. C'est ce que j'essaie de vous dire. - Si on a besoin de deux groupes de croiseurs, on ne va pas les sortir de nulle part, quand même… monsieur. - Justement, si. C'est pour ça qu'on est là… - Je pensais qu'on était ici pour préparer les opérations des deux prochaines semaines, intervint un autre officier. Pas un exercice. - Vous avez raison, lieutenant, intervint finalement l'amiral en entrant dans la pièce. L'un n'empêche pas l'autre. Le briefing préliminaire a été volontairement minimaliste à cause du niveau de secret de cette opération. Avant toute chose, personne n'entrera ou sortira du pont d'état-major pendant ces deux semaines, à l'exception de moi-même et des officiers de commandement de l'escadre. Deux des salles annexes ont dû être réaménagées avec l'équipement nécessaire, mais la consigne de O'Neill est de maintenir un secret absolu sur la véritable nature de ce que nous allons faire.
Le commandant de l'escadre laissa à l'information le temps de rentrer dans les esprits avant de continuer : - Nous allons mentir à tout le monde pendant deux semaines, et quand je dis tout le monde, je parle aussi de nos propres équipages. L'objectif est d'occuper l'ensemble de la flotte Jaffa pendant ce temps par des opérations militaires de haute intensité. L'important est ici d'occuper et non de détruire. Votre objectif est de minimiser les pertes effectives dans les deux camps… tout en persuadant les Jaffas qu'ils mènent une véritable campagne contre nous. Le théâtre d'opérations prévu est la nébuleuse NGC 346 où nous venons d'arriver. Pour les moyens à votre disposition, voyez ça avec nos nouveaux collègues. Ils sont ici pour une et une seule chose : gonfler artificiellement nos forces de façon crédible. Lieutenant, vous aviez parlé de deux groupes de croiseurs, non ?
L'officier d'état-major ne put s'empêcher de déglutir, se trouvant dans la position très inconfortable que d'être remarqué par un amiral : - Oui, monsieur. - Si vous avez vraiment besoin de leur présence, alors, oui, considérez qu'il sera possible de la simuler de façon crédible pour les forces adverses. Capitaine Meyer ?
L'officier nommé fit un pas en avant, se séparant du groupe qui accompagnait l'amiral : - A vos ordres, monsieur, fit-il pour ensuite se tourner vers le reste de l'état-major. Je fais partie de l'équipe ayant développé le concept et les outils derrière cette opération, et ai été détaché par le QG central pour faciliter l'utilisation de ces nouveaux moyens. - Parfait, fit l'amiral. Je vous laisse expliquer les détails. Nous commencerons à dispatcher nos forces d'ici quatorze heures. Je veux des ébauches de plans d'action pour notre prochaine réunion dans douze heures. Sur ce…
Une fois les derniers officiers de commandement de la flotte partis, Meyer se tourna vers le groupe : - Bon, je sais que ça va vous paraitre dingue, mais on est partis pour baiser les jaffas à une échelle dont personne n'a jamais rêvé avant. Un transport lourd conçu spécialement pour ce job, le Protée, va arriver dans moins de trente heures, la cale remplie de gadgets qui vont plaire à tout le monde. - Quel genre d'équipement ? demanda un homme. - Du matériel de construction, quelques dizaines de consultants recrutés pour l'occasion, des projecteurs holographiques et, surtout, le top du top en drones de guerre électronique. Le genre qu'on n'a jamais passé aux forces spéciales, qui n'est jamais sorti des souterrains du SGC jusqu'à aujourd'hui.
Il déposa sur une table un petit projecteur holographique et celui-ci afficha à mi-hauteur du plafond un appareil ressemblant à l'une des corvettes de commandement et de contrôle embarquées sur le Concordia : - Ceci est le drone le plus cher de l'histoire, et on va en envoyer des dizaines à la casse dans les quinze prochains jours. Tous les autres seront détruits après coup pour maintenir le secret, donc pas besoin de se retenir. Considérez qu'on va dépenser l'équivalent d'un Homer juste pour ce matériel, fit Meyer. Qu'est-ce qu'ils font ? Ils font croire à n'importe qui dans la galaxie qu'il a en face de lui ce qu'on veut jusqu'à un foutu croiseur de bataille, et à moins de se rapprocher à quelques kilomètres, personne ne verra la différence. - La différence de masse ? demanda un officier. - Plusieurs générateurs de gravité particulièrement surchargés qui crameront en quelques jours au maximum. Pour la signature électromagnétique, infrarouge et visuelle, on sature tout bonnement l'ensemble des systèmes de détection ennemis avec des faux échos bien calibrés. - Ils vont voir le coup venir, répliqua un autre. Même les jaffas ne sont pas aussi cons. Si on se met à jouer des contre-mesures électroniques dans toutes les directions, ils vont finir par s'en rendre compte et ils iront vérifier. On ne tiendra pas un bluff comme ça deux semaines. - Où est-ce qu'on est ? répondit le capitaine avec un fin sourire. - Une nébuleuse… Mais ça ne sera jamais suffisant pour couvrir nos émissions avec assez de bruit parasite. J'ai jeté un coup d'œil aux rapports de cartographie avant de venir, il y a à peine une vingtaine de points chauds où des capteurs marcheront moins bien. - Une question, lieutenant. Pourquoi, à votre avis, les rapports de cartographie sont aussi détaillés sur cette nébuleuse ? Après tout, la galaxie est grande… - C'était déjà prévu… réalisa-t-il. - Exactement. Si on a produit du matériel pour cette opération, on sait aussi où on peut l'utiliser comme il faut. - Donc ça veut dire qu'on est coincés à un endroit, fit un autre. Si on se bat ailleurs, on perd les "renforts". - Pas forcément. Ils ne savent pas où sont les points chauds naturels, donc si c'est vraiment nécessaire, on pourra préparer un endroit ou deux avec d'autres drones pour balancer du bruit blanc. Tant qu'on est à l'intérieur de la nébuleuse elle-même et qu'on ne le fait pas trop souvent, ça sera possible de leur faire croire que le foutoir est normal. - Si vous avez déjà tout préparé depuis plusieurs années, vous devez déjà avoir des plans de combat, non ? - Faux, lieutenant. Je n'ai bossé que sur les moyens. Il y a trop de variables pour essayer de prévoir quoi que ce soit de précis, donc on le fait au dernier moment, avec vous. - Pourquoi pas, admit le chef d'état-major, mais si je comprends pourquoi vous êtes là, est-ce que vous pouvez m'expliquer ce que vous, messieurs, faites ici ? demanda-t-il en se tournant vers le groupe de civils. Je crois que je ne suis pas le seul à avoir reconnu certains d'entre vous et, sans vouloir manquer de respect, la préparation stratégique d'une campagne militaire n'est pas votre domaine. J'ai vu une bonne partie de vos films, monsieur Cameron, et ils ne sont pas vraiment d'un réalisme à toute épreuve…
Le réalisateur acquiesça poliment de la tête : - Et c'est pour ça qu'on se mêlera pas de vos plans, capitaine. Si le SGC nous a invité et a recruté le reste de ses consultants, ce n'est pas pour jouer les amiraux de fauteuil, mais pour vous aider au niveau du scénario et de la mise en scène. - Pardon ?, fit l'officier en s'efforçant de ne pas relever l'erreur de grade commise par le civil. - L'objectif, comme l'a dit votre supérieur, n'est pas de remporter une victoire militaire, mais de faire croire aux gars d'en face qu'ils ont gagné. En d'autres mots, de lui vendre une histoire. Et ça, capitaine, croyez-bien que c'est notre métier à tous depuis quelques décennies et que nos standards sont très supérieurs à tout ce que ces… jaffas ont pu connaître. - Qu'est-ce que vous allez faire exactement ? - Mettre en forme, donner une cohérence à vos efforts. Qu'ils voient un plan global qu'ils aient envie de contrer, parce que, pour l'instant, personne n'a la moindre raison de se battre dans cette nuage paumé. Et, corrigez-moi si je me trompe, mais si personne n'a de raison ou d'envie de se battre, on ne se bat pas. - Et quelle raison vous voulez leur donner ? Cette "base secrète" dont ils ont parlé au premier briefing ? - C'est l'idée de base, mais, en gros, oui. - En fait, intervint Meyer, nous allons devoir travailler directement avec nos collègues civils. Leur boulot, ça va être de faire en sorte que nos plans donnent une image d'ensemble que les jaffas pourront décrypter. Ils vont vous demander de modifier quelques aspects au niveau du timing, des vaisseaux, vous allez leur dire ce qui est possible ou non. Moi et mon groupe, on vous permet de modifier vos moyens visibles. - On fait un wargame, c'est ça ? - Voilà, avec comme objectifs d'occuper les jaffas pendant au moins deux semaines, de ne pas perdre un seul de nos vaisseaux et de faire croire à tout le monde, nos équipages y compris, qu'ils nous ont botté le derrière. - Allons bon… répondit le chef d'état-major avant de se tourner vers les civils. Et, juste comme ça, sans même souligner les deux cent points qui vont faire foirer ce plan, expliquez-nous ce qu'on va vouloir vendre aux jaffas. - Comme vous l'avez dit, fit le réalisateur, l'idée est que vous avez une base secrète, et c'est pour ça qu'on a envoyé tous vos vaisseaux ici : pour la défendre. Si j'ai bien compris ce qui vous arrive, ces jaffas vous poursuivent, c'est ça ? - Oui. - Alors ils vont tomber par hasard sur des indices de ce qu'on a caché dans la nébuleuse. Qu'est-ce qu'une installation comme ça pourrait laisser comme trace ?
Après quelques secondes de silence, l'officier demanda : - C'était une question rhétorique ou une vraie ? - Une vraie, répondit le civil. Je ne suis pas militaire, donc je vous le demande : sur quoi ils pourraient tomber qui prouverait qu'il y a une base à proximité ? - Logistique et communication, se vit-il immédiatement répliquer. - S'ils trouvaient un vaisseau de transport, proposa un autre officier, on pourrait voir ce qu'on laisserait dedans, ça pourrait les mener où on veut. - Est-ce qu'ils savent pirater vos ordinateurs ? - Pas vraiment, intervint Meyer. A quoi est-ce que vous pensez ? - Ils pourraient trouver d'où vient le vaisseau, fit Cameron. Ou alors, comme il l'a suggéré, la cargaison pourrait leur donner des indices. - Du matériel réservé aux bases planétaires, fit celui qui avait proposé l'idée. Ils se douteraient de ce qu'on a, comme ça. - Et il y a quoi, sur cette base ? demanda le chef d'état-major. - C'est évident, l'autre répondit. Une arme secrète. - Lieutenant, on n'est pas dans un film… Encore que… - Ne vous attachez pas aux détails, leur dit un autre civil. Il y a un MacGuffin sur la base, c'est tout ce qui compte. On se fiche de savoir exactement ce que c'est. - Un quoi ? - Mécanisme narratif, expliqua un autre cinéaste près d'eux. L'objet que tout le monde veut récupérer. Vous pouvez mettre le nom que vous voulez, mais au final, toutes les factions vont se poursuivre et se battre pour le trouver avant les autres et le garder. Tête nucléaire russe, virus mortel, secret politique, valise pleine d'argent, ça ne change rien à la structure du scénario. Là, on essaie d'avoir une idée générale, c'est tout. Ensuite chacun fera son boulot, vous les plans de bataille, nous les transitions, la mise en scène et les effets spéciaux. - Transitions et effets spéciaux ? répéta un officier. Est-ce que vous avez la moindre idée de quoi vous parlez ? Vous savez combien il y a de personnes à bord d'un des croiseurs ? Sans même parler du Connie ! On joue pas à gagner des Oscars… - Non, lieutenant, fit Meyer. On joue à satisfaire les jaffas pour qu'ils n'aient pas envie de voir plein d'explosions sur Terre. - Si vous le dites… Donc, ils restent ici pour trouver notre base. Ils veulent la capturer ou la détruire ? - A votre avis ? le relança Cameron. - En fait, ça dépend de votre, comment vous l'avez appelé ? MacGuffin ? commença un autre membre du groupe d'état-major. Est-ce qu'ils peuvent s'en emparer ? Est-ce qu'on peut l'évacuer ? Ou est-ce que c'est un machin qu'on ne peut pas déplacer ? Parce que si on peut le bouger, je ne vois pas pourquoi on resterait ici. Enfin, dans votre scénario, j'entends… - Bonne remarque. Pourquoi est-ce qu'il ne pourrait pas bouger ? - Des ruines Anciennes, fit un jeune officier. Si c'est quelque chose de la taille de l'Arme de Dakara, on pourra difficilement s'enfuir avec. - La nébuleuse pourrait être particulière, suggéra un autre. Votre engin ne marchera pas dehors, donc on pourrait le déplacer, mais toujours en restant dans le coin. - Ou alors, on n'a tout simplement pas de transport disponible, soupira un troisième, plus âgé. C'est un peu plus crédible. La logistique qui nous laisse tomber… - D'accord, on va peaufiner ça dans les heures qui viennent, répondit un autre réalisateur. Expliquez-nous un peu comment ça fonctionne, vos transports. Il y a des escortes, des convois ?
Les officiers se regardèrent les uns les autres jusqu'à ce que le plus haut gradé hausse des épaules : - On est coincés avec eux, alors autant leur faire le topo… dit-il avant de se tourner vers les civils. Et j'y crois toujours pas. Préparer un… scénario pour une série de batailles. Le gars du SGC qui a eu cette idée débile devrait être jeté par un sas, général ou pas. Enfin, premier point, on est pas dans vos films de la bataille de l'Atlantique, faut bien vous mettre ça en tête. En fait, on est pas dans un de vos films… tout court. C'est pas vrai, il va falloir qu'on mette au bas mot deux ou trois types avec vous juste pour être sûr que vous ne sortirez pas des conneries complètes devant l'amiral.
- Mesdames, messieurs, fit le commandant en entrant dans la salle de briefing où l'attendaient l'ensemble des officiers et des responsables de section du croiseur. Nous venons de recevoir nos nouveaux ordres. Et la situation vient de se clarifier. Apparemment, le QG a décidé dans son infinie sagesse d'installer il y a quelques années une base de recherche secrète en plein cœur de cette nébuleuse, et le groupe du Concordia a reçu pour job de la défendre contre les forces jaffa qui nous arrivent dessus à toute vitesse. Le préavis de guerre imminente est renouvelé et nous aurons l'autorisation de tirer sur les vaisseaux jaffas à notre discrétion. Je ne crois pas avoir besoin de vous expliquer les conséquences… On s'est tous entrainés pour cette guerre depuis qu'on a appris l'existence du Programme.
Il prit un instant pour croiser le regard des hommes et femmes assis devant lui avant de continuer : - Le Homer va quitter le reste de l'escadre d'ici trois heures pour se mettre en attente aux coordonnées données par l'état-major. Notre boulot va être simple : pendant que le reste de l'escadre va rester en mouvement et déployer des appareils de reco, on va rester disponibles pour intercepter et éliminer ceux des jaffas. On s'attend normalement à quelques Tel'Tak et Al'Kesh qui vont essayer de trouver le Connie et autant de vaisseaux lourds que possible. Peut-être aussi la base, mais selon les renseignements, les jaffas n'ont pas d'info sur son existence ou sa position. Je ne sais pas ce que vaut cette estimation, donc on va se préparer quand même à du combat de haute intensité. Et c'est là que vient la bonne surprise du jour. Capitaine da Silva ? - Merci, commandant. Je suis le capitaine de frégate Horacio da Silva, détaché de l'état-major de la Troisième Flotte. Je sais que la plupart d'entre vous n'ont jamais entendu parler de cette unité, pour la simple raison que son existence et sa mission ont été maintenues secrètes depuis sa création. Nous disposons principalement d'unités de tonnage moyen et lourd, à savoir un cœur de croiseurs Homer encadré par des destroyers de classe Everest. Ceux-ci ont été conçus et fabriqués spécifiquement pour notre unité, et vont voir dans les jours qui viennent leur premier déploiement officiel auprès d'autres forces. Un briefing complet sur les capacités et rôles de ces navires a été envoyé il y a quelques minutes sur vos messageries individuelles. Notre rôle principal sera d'assurer la défense rapprochée de la base Icarus, mais au vu de la situation stratégique actuelle, il a été décidé de détacher un certain nombre de vaisseaux pour assister l'escadre du Concordia. Je serai ici pour faciliter la coordination de ces forces avec le Homer. - Merci, capitaine, fit le commandant en s'efforçant de ne pas penser aux vaisseaux inventés de toutes pièces qui venaient d'être promis à ses officiers. Nous allons suivre une patrouille autour des points de navigation suivants…
Au-dessus de la table, un affichage holographique présenta la nébuleuse à la périphérie de laquelle ils se trouvaient, dans laquelle plusieurs points rapprochés s'illuminèrent.
- Ces coordonnées correspondent aux points optimums pour déployer des unités de reconnaissance ou même, pour Nav 4, d'une zone dans laquelle il serait facile de rassembler des forces plus lourdes pour préparer une opération de reconnaissance en force. Nous allons patrouiller ces points dans les prochaines quarante-huit heures. Les règles d'engagement sont explicites… Si on trouve des vaisseaux jaffas et qu'il est possible de les détruire sans témoin, ils doivent être abattus sans hésiter. L'amiral veut réduire autant que possible leur ordre de bataille, mais sans leur donner un casus belli clair. Tout groupe de reco devra en outre être repoussé ou détruit si possible. Enfin, si on croise du plus lourd, comme un ou plusieurs Ha'Tak, c'est à nous de voir. Mais l'Everest, le Kilimandjaro et le McKinley sont là pour nous soutenir si nécessaire. En attendant, ils surveilleront les environs en passif. Voilà pour nos ordres. - Qu'est-ce qu'on aura comme soutien du Connie ? Reco, groupe de frappe ? - Rien pour l'instant, Jeannie, répondit le commandant. Leurs appareils vont être complètement occupés à surveiller les vecteurs d'accès vers la nébuleuse et à protéger les convois vers la base Icarus. - Des convois ? demanda l'un des officiers. Mais qu'est-ce qu'ils font là-bas pour avoir besoin de plus que la Porte ? - Officiellement, je n'en sais rien. Officieusement, j'ai entendu dire qu'ils travaillent sur le neuvième chevron et qu'ils ne peuvent pas utiliser leur Porte normalement, mais je ne sais pas ce que ça vaut, fit-il en lançant l'une des rumeurs préparées par les équipes de l'état-major de l'escadre. Enfin, le résultat, c'est que la couverture aérienne sera encore plus mince que d'habitude, donc je veux que la moitié de nos appareils soient prêts en alerte cinq en permanence. Le reste en trente. - D'accord, patron, répondit le chef des opérations aériennes du bord. Par contre, faudra qu'on voie avec le Connie pour recevoir du ravitaillement en priorité quand on rentrera, parce que ça va faire un beau trou dans l'inventaire. - Capitaine da Silva, continua le commandant, dès que nous serons partis en hyper, vous dirigerez la première série de simulations tactiques sur les Everest. - Bien, monsieur, répondit l'officier des opérations spéciales.
A plusieurs dizaines de kilomètres du croiseur, l'une des salles du pont d'état-major du Concordia était à présent occupée par plusieurs groupes distincts, leurs membres respectifs discutant à voix basse tandis qu'occasionnellement un militaire ou un civil passait de l'un à l'autre échanger quelques mots ou documents. - On est quand même trop serrés, commenta un lieutenant de vaisseau en reposant sa tasse de café. Même si on déroute le Protée vers la zone du Homer, il aura au moins huit heures de retard. - C'est ça ou on laisse un trou dans les défenses, répliqua un autre officier. Les jaffas vont faire gaffe autour du Connie, mais s'ils jettent un bon coup d'œil sur la zone d'embuscade, tout le piège va foirer. - Pas forcément. Mais par contre, ceux du Homer vont se douter d'un truc s'ils voient arriver un gros vaisseau rempli de drones. On n'a pas assez de monde dans le coup. - Mais… - Je sais, je sais, si on commence comme ça, on doit avoir tout le personnel CO qui joue le jeu, et on dit adieu au côté "secret". Tout ce que je dis, c'est qu'on a pas forcément besoin de ces bestiaux pour la première op'. - Faut quand même qu'on donne l'air d'être sérieux pour le convoi. C'est pas avec un seul croiseur qu'on va attirer l'attention de toute leur flotte. - Alors, on pourrait…
- On vient de recevoir une transmission du Protée, fit un assistant civil à l'autre bout de la pièce en s'approchant du groupe des consultants récemment arrivés.
La table autour de laquelle ils discutaient était nominalement identique aux deux autres, où travaillaient les membres originels de l'état-major, mais se différenciait désormais par la quantité considérable de feuilles et d'objets posés dessus. Autour des ordinateurs et des tablettes tactiles s'amoncelaient des carnets remplis de notes manuscrites, des schémas et des dessins très simplifiés ainsi que divers documents officiels désormais annotés ayant perdu depuis longtemps les agrafes et les reliures. Des rapports concis tant sur les capacités des différents vaisseaux impliqués que les traits de personnalité connus des différents officiers à la présence confirmée ou supposée venaient recouvrir des ébauches de scénario raturées et annotées par une demi-douzaine d'écritures différentes.
- Les briefings viennent de se terminer pour les autres à bord du Protée. Apparemment, ils sont enthousiastes… - Pas étonnant, commenta un quinquagénaire sans quitter des yeux le logiciel de gestion de projet où se superposaient différents scénarios. Vous venez d'expliquer à une bande de fans attardés que leurs conneries sont réelles. Me fous de savoir qu'ils passent leur temps à bander sur ces vaisseaux entre deux pornos, ils vont moins s'amuser quand ils auront passé une trentaine d'heures sans dormir pour terminer cette putain de séquence… - Raconte pas de conneries, Frank, t'as vu au moins la liste ? demanda l'un des scénaristes. - Me suis arrêté à la première douzaine de demeurés trouvés dans une convention. Pas glorieux… - Relis tout, ils nous ramènent je sais pas combien de types. C'était quoi, votre liste, capitaine Meyer ? - A part les quelques… individus… qui ont déduit une bonne partie de la réalité à partir de nos opérations de désinformation ? Toutes les sommités possibles au niveau communication, guerre psychologique, gestion des foules. En fait, les spécialiste de la manipulation des masses et de la memétique. - Ouais, on verra ce qu'ils valent quand ils seront là… Ho, on avait dit combien de vaisseaux au jour quatre ? - Où ça ? demanda en réponse un autre homme, lui aussi concentré sur son écran. - Pour les scènes trente à trente-cinq. - Le Fuji et le Vesuvius se sont fait démolir dans la scène vingt-huit, donc t'as le Mont Blanc et le St. Helens à portée, je crois. - OK, tout le monde, on reprend tout ! fit le producteur. Incohérence : il manque des vaisseaux pour escorter l'Ajax en jour quatre. - Y'avait pas le… commença un scénariste en parcourant ses notes. Ah, le Krakatoa ! Il est pas dispo pour deux jours ? - Non, on l'a déjà pris sur la vingt-cinq, répondit un officier rattaché à leur groupe. Le troisième convoi qui se fait attaquer. Le Protée n'aura pas le temps de mettre d'autres systèmes de contrôle pendant qu'il gère celui-là. - Attendez avant de recommencer, intervint un capitaine de corvette en s'approchant de leur groupe. On aura besoin de trois croiseurs supplémentaire pendant quatre heures. Jour trois, de huit à douze heures. Secteur LV-511. - Vous pouvez pas décaler ça ? demanda le producteur en levant les yeux de son écran. Tout le planning va être foutu en l'air, là. - Pas le choix, se vit-il répondre. Si on veut faire un coup d'arrêt, il nous faudra assez de puissance de feu pour leur donner envie de mettre les moyens. - Vous êtes sûr que ça ne peut pas marcher autrement ? On est vraiment serrés au niveau déplacements. - Si on ne les a pas, ils vont arriver avec une reco en force et nous repousser avant qu'on soit prêts là-bas et… Attendez, pourquoi est-ce que je me justifie ? Ecoutez-moi, c'est simple : on a besoin du Protée à cet endroit, à cet instant. Je ne veux pas savoir quel superbe scénario vous nous avez pondu, parce qu'on va se faire casser la gueule sinon. Vous et tous les autres êtes là pour arrondir les angles, pas pour nous expliquer notre boulot. En parlant de ça, on vous a envoyé par mail la liste des prochains engagements possibles et ce qu'on veut comme conditions. - … Comme vous voulez, répondit finalement le civil en ouvrant son logiciel de messagerie avant de se tourner vers Meyer. Capitaine, dites-moi au moins qu'il y a mes assistants dans votre vaisseau…
Au moins, ils savent mieux se servir de ces foutus logiciels que moi, et ils m'emmerdent pas quand je leur dis de me trouver ce qu'il faut quand j'en ai besoin, grommela-t-il silencieusement.
- Amiral, demanda le commandant du Concordia en finissant de parcourir l'un des rapports des différentes équipes de l'état-major. Est-ce que vous pensez vraiment que ce… plan… peut marcher ? - Rassurez-vous, Li, ça me déplait tout autant qu'à vous, mais… je fais confiance à O'Neill. Ce n'est pas le premier plan apparemment stupide qu'il sort, et il s'en est toujours sorti jusqu'à aujourd'hui. Et, il a raison sur un point : même si on attaquait ouvertement pour détruire les vaisseaux à proximité, ça ne changerait rien au final. On ne peut pas empêcher un Ha'Tak de sortir d'hyper en orbite basse pour faire une frappe cinétique sur nos centres démographiques et industriels. - Je le sais bien, amiral. Je sais aussi que ça devra se résoudre diplomatiquement, mais ce n'est vraiment pas une bonne idée d'impliquer tous ces… civils là-dedans !
L'amiral soupira avant de se diriger vers une étagère pour y réajuster un livre dépassant légèrement du reste : - Ce n'est pas non plus une opération purement militaire qu'on nous a demandé de mener, Li. O'Neill et les autres veulent qu'on se donne en spectacle, donc c'est assez logique qu'ils nous envoient des pros du métier. Non, le problème, c'est que quoi qu'on fasse, les jaffas, eux, ne sont pas là pour jouer la comédie. Sans compter que même si on réussit à les retarder assez longtemps… ou à leur donner une guerre victorieuse et brève, ils risquent quand même d'apprendre ce qu'on aura fait aujourd'hui. - Ils n'apprécieront pas de s'être fait manipuler. - Euphémisme de l'année, capitaine, répondit le commandant de l'escadre. S'ils apprennent ça, ils se sentiront humiliés. Insultés. Même les partisans de Bra'tac ne nous pardonneront jamais de les avoir fait se battre contre des moulins à vent, et c'est ça qui me fait le plus peur. Presque plus que ce qui se passe en ce moment-même. Gagner du temps, ça ne devrait pas être trop difficile : on a les moyens, les individus… Mais garder le secret ? Beaucoup plus difficile et absolument indispensable, sinon ils se vengeront. Là, ils voudront une victoire claire, absolue, que personne dans la galaxie ne pourra contester. Et ils en ont les moyens, capitaine. - Les civils risqueront de parler. Ils n'ont pas idée des enjeux… - J'en ai discuté avec le capitaine Meyer. Lui et les autres le savent parfaitement. - Qu'est-ce qu'ils feront pour empêcher les fuites ? demanda le capitaine en se doutant de la réponse. - Engager ceux qui peuvent être utiles au Programme de près ou de loin, tenir sous surveillance les autres. Et, s'il y a vraiment un risque… couper la fuite. Apparemment, soupira-t-il, ils ont déjà une bonne idée de ceux et celles qui essaieront de parler, intégrés ou pas. - … Je vois.
Les deux officiers se regardèrent en silence pendant quelques secondes, l'un comme l'autre comprenant parfaitement les non-dits, aussi déplaisants fussent-ils. |
| | | Rufus Shinra Roi des Petits Gris
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| Sujet: Re: Effet Papillon [Tome III] Mar 10 Avr 2012 - 23:17 | |
| Le jaffa les avait mené sans hésitation dans le dédale de ruelles qui parcourait le voisinage de la prison, les fugitifs privilégiant la vitesse sur la discrétion pendant les premières minutes, cruciales, de leur fuite. Finalement, le trio s'arrêta près d'un petit bâtiment, Erina reprenant bruyamment son souffle près des deux autres évadés.
Carl prit le temps d'observer son environnement, fusil en main et le doigt loin de la détente. Le décor était semblable à celui où il avait retrouvé sa supérieure assassinée, et les similitudes le mettaient mal à l'aise. A cela venait se rajouter un manque d'eau qui se faisait de plus en plus sentir dans sa gorge à présent que son attention n'était plus focalisée sur sa survie à court terme. Un lourd bruit dans son dos le fit se retourner brusquement, le pilote soupirant de soulagement en voyant qu'il ne s'agissait de rien de plus que son sac, qu'Erina avait laissé tomber au sol.
- Où est-ce qu'on se planque ? demanda-t-il. - J'ai reconnu où on est, fit Van'Tet. Ceux dont j'ai parlé sont trop loin d'ici pour qu'on y aille maintenant… Il faudra attendre la nuit. - Il n'y a pas des patrouilles ? - Si, mais je sais comment les éviter. J'en ai déjà fait partie. - Si tu le dis… Et en attendant ? Il nous faut de l'eau, des vêtements, de quoi tenir jusqu'à ce soir. Surtout qu'on doit avoir toute la ville aux trousses, maintenant. - Il faudra les voler. Nous n'avons pas d'argent… - J'y ai pensé aussi, dit Carl. Mais ça risque pas d'attirer l'attention sur nous ? Les autres savent pas par où on est partis, donc à leur place, je mettrais toute la ville en alerte. Ils auront notre signalement, et si quelqu'un nous voit en train de piquer ce genre de trucs, ça va nous retomber dessus. - Je sais, mais il faudra prendre le risque. - On peut tenter autre chose, sinon… Mais ça ne va sûrement pas te plaire. - Et de quoi ? - On est armés. On trouve une maison avec pas beaucoup de monde et on se retranche dedans. Discrètement. - C'est encore plus risqué, fit le jaffa. S'ils nous trouvent, on ne pourra pas s'échapper. - Mais on aura tout ce qu'il nous faut sur place. Et c'est juste jusqu'à ce soir. On peut le faire. - Ca ne me plait vraiment pas. - Je m'en étais douté… Ah oui, tant que j'y pense, il y a peut-être une autre solution. - Laquelle ? - On peut essayer de partir par la Porte. Apparemment, Erina connait l'adresse de sa planète et elle a de la famille qui pourrait nous protéger. Il suffirait de… - Non, l'interrompit Van'Tet. - Pourquoi ? demanda Carl. - La Porte est surveillée en permanence, depuis ce qui s'est passé là-bas. - De quoi ? - … Je vous expliquerai à tous les deux quand on aura du temps. Et en plus, il faut qu'on retrouve mes camarades. - Une raison particulière ? demanda le pilote tout en jetant un bref coup d'œil à la femme assise contre le mur. - Ils nous aideront à retrouver Bra'tac. - Quoi ? - Tu es le dernier à l'avoir vu quand il a été enlevé. Tu travaillais pour ceux qui l'ont capturé… Tu es le dernier lien qu'on ait avec lui et je ne peux pas te lâcher comme ça, répondit brusquement le jaffa. - Mais… - Je suis de son camp, continua Van'Tet en ignorant l'interruption. S'il ne revient pas, Gerak aura tous les pouvoirs pour vous attaquer, vous les Tau'ri. Il le sait et il ne va rien faire pour sauver mon maître. Les nôtres auront besoin de toute l'aide possible pour le retrouver, et c'est dans ton intérêt aussi. - … Prouver mon innocence, compléta Carl. Et arrêter la guerre. - Exactement. Ceux que je vais aller voir pourront utiliser ce que tu sais. - Et Erina ? demanda-t-il. Qu'est-ce qu'on fait avec elle ? Je crois pas qu'elle voudra se lancer dans un truc comme ça. - Demande-le lui, fit le jaffa en se tournant vers le dernier membre de leur groupe, qui s'était redressé et les regardait fixement. Est-ce que tu veux nous accompagner ?
Elle acquiesça silencieusement, le regard faible de son visage détonnant avec sa posture générale pendant quelques instants avant qu'elle ne se relâche.
- Il faut quitter Dakara, dit-elle quelques instants plus tard. Ils vont nous poursuivre et nous retrouver si on reste ici. - Elle a pas tort, reprit Carl. Si on reste, on va se faire avoir, tôt ou tard. Est-ce qu'on peut récupérer tes potes et se tirer d'ici, à ton avis ? - C'est possible, mais ce serait très risqué de partir. Tous les vaisseaux seront fouillés et la Porte sous bonne garde. - Pas de vaisseau, c'est clair. On se ferait descendre avant d'avoir décollé. Reste la Porte. - On verra ça une fois à l'abri, fit Van'Tet. Pour l'instant, nous avons d'autres priorités. - Pas faux. Donc, on essaie de piquer des trucs sur un marché pour attendre ici, ou on tente une baraque ? - On peut observer les habitations voisines, concéda le jaffa.
Carl se rapprocha d'Erina et reprit lui-même son sac, l'ajustant sur son épaule, avant de lui faire signe de l'accompagner : - Faut rester groupés, ce serait trop con que quelqu'un se fasse chopper par hasard. - D'a… D'accord, répondit-elle à voix basse alors que Van'Tet s'éloignait d'eux. - Rassurée ? chuchota-t-il. Il veut récupérer Bra'tac, comme moi… Bon, non, en fait, moi, je veux d'abord me tirer de là, mais c'est pas une mauvaise idée non plus qu'il a. - Je… je ne lui fais pas confiance, répondit-elle. - Moi non plus, avoua le pilote, mais il a l'air d'être autant dans la merde que nous, alors autant l'accompagner pour l'instant. Et puis, si ses copains peuvent vraiment faire quelque chose, pourquoi pas, après tout ? Ca me changera un peu de toutes les merdes qui me tombent dessus. Enfin… on y va !
Il s'assura que la sécurité de son arme était bien enclenchée, puis avança à la suite du jaffa tout en rangeant le fusil dans son sac pour en sortir le pistolet. Ayant vérifié le bon état de celui-ci, il s'immobilisa à quelques pas de Van'Tet, qui s'était arrêté près de la sortie de la ruelle. Devant eux, une rue presque vide semblait les inviter, et un bref coup d'œil leur permit de confirmer qu'aucune patrouille n'était à portée de vue.
- Pas vraiment le coin le plus actif de la ville, commenta Carl. - C'est un quartier résidentiel et beaucoup de gardes habitent à proximité, ils doivent être en patrouille ou ailleurs. C'est pour ça que je n'apprécie pas l'idée d'attaquer un de ces habitants : ils sont tous armés. - Mais personne ne s'attendra à ce qu'on ait fait un coup pareil. Si tous les habitants sont censés pouvoir se défendre, il n'y a sûrement pas beaucoup de patrouilles dans le coin, je me trompe ? - Non, en effet, reconnut le jaffa. Mais si quelqu'un donne l'alerte, ça sera vraiment impossible de s'échapper. - Oui, mais qu'est-ce qu'on fait autrement ? On se balade dans le coin comme des intrus de première classe ? Si c'est surtout des soldats qui sont ici, on va faire tache, c'est clair… Pour moi, autant prendre une seule fois des risques plutôt que de tenter le diable toutes les cinq minutes. Ca te semble pas logique ? - … si. Mais c'est risquer très gros. - J'ai pas dit le contraire. En même temps, je crois que c'est ce qu'on fait tous les deux depuis quelques temps, de toute façon…
Le jaffa le fixa du regard quelques secondes, puis finit par acquiescer : - Les rondes changent à midi et au coucher du soleil. Il faudra sortir après le changement des gardes, sinon ils nous surprendront. Ca veut dire devoir s'occuper de l'habitant quand il rentrera chez lui. - Et on peut pas essayer de se mêler à la foule quand ils relèveront les patrouilles ? demanda le pilote. - C'est possible, oui, admit Van'Tet. Il y aura deux problèmes, par contre. - Lesquels ? fit Carl. - Vous deux, se vit-il répondre brusquement. Tu n'as pas la carrure ou les réflexes d'un garde, et elle… les épouses ne portent pas les armes si la planète n'est pas envahie. - Un chouïa sexiste, si tu veux mon avis, commenta le Terrien. Enfin, c'est vrai que ça peut être difficile, surtout pour Erina. - Je peux t'apprendre à faire illusion, mais ça ne résoudra pas le reste. Il faudrait une façon pour qu'elle soit ignorée… Si on la fait passer pour une soigneuse opérant des membres de l'Assemblée, peut-être. - Et on serait son escorte, pas con. On aura besoin de laissez-passer ? - Pas forcément. Si on choisit bien les patrouilles à croiser, je devrais pouvoir nous faire passer. - Bon, on dirait qu'on a un plan… Reste plus qu'à savoir où et quand ça va foirer. - Pessimiste ? - Non, mais je commence à remarquer les schémas. A chaque fois que tout commence à bien marcher, y'a une merde qui me tombe dessus sans crier gare. - On risque probablement de nous faire capturer ou tuer en attaquant le logement d'un garde, au milieu d'un bâtiment avec encore plus de gardes, qui seront tous en alerte d'ici ce soir, fit le jaffa, impassible. - Merci… Bon, plus sérieusement, on a une méthode pour choisir la baraque ou on prend la première ? - Je ne connais personne ici, et je n'y suis pas passé assez souvent pour pouvoir dire quoi que ce soit de plus… - Ce que tu veux dire, donc, c'est qu'on prend la première baraque et on prie pour qu'elle soit pas occupée par l'amicale des vétérans des deux batailles de Dakara. - Voilà. - Super, fit le pilote avant de se retourner vers la femme derrière eux. Tu reste derrière nous, d'accord ?
Elle acquiesça sans dire un mot alors que le jaffa vérifiait qu'aucune de ses armes ne dépasse des vêtements qu'il portait. Carl prit l'une des armes de poing goa'uld qu'ils avaient récupéré pendant leur évasion et l'enfouit sous ses habits avant de l'armer, étouffant le bruit caractéristique. Van'Tet jeta ensuite un bref regard le long de la rue principale et se tourna vers les deux autres fugitifs : - Il n'y a presque personne. Avancez rapidement, mais sans courir, il ne faut pas avoir l'air suspect. - Pas de souci, et on reste silencieux, je sais…
Ca'Teya jeta le chiffon vers le serviteur humain une fois son visage nettoyé de la poussière qui l'avait recouvert depuis son départ précipité de la prison. Le second poste de commandement était moins fourni en matériel et en personnel que celui qu'elle avait quitté, mais avait l'avantage de fonctionner, ce dont ne pouvait plus se vanter l'autre.
Autour d'elle, différents spécialistes –jaffas comme humains, elle n'était pas regardante de certains aspects lorsqu'il s'agissait de compétence– s'afféraient à lui rendre le contrôle dont elle avait disposé une heure plus tôt sur l'ensemble de la situation. Avant que tout ne dégénère. Plusieurs de ses anciens mentors auraient exécuté un subordonné au hasard pour motiver les autres, suivant ainsi une longue et heureuse (plus pour les exécutants que les exécutés) tradition que certains jaffas suivaient encore à ce jour. Une tradition qui, elle ne l'ignorait pas, n'était pas particulièrement adaptée pour obtenir la loyauté et l'efficacité proactive nécessaire dans le métier qu'elle exerçait, d'où sa patience contenue devant l'écran inerte.
Lorsque le moniteur principal s'alluma enfin, elle lâcha un imperceptible sourire et se tourna vers l'un des opérateurs, qui était apparemment en train de configurer sa console de commande : - Dès qu'on aura les capteurs de la Flotte, je veux la position du mouchard.
L'autre tourna brièvement la tête vers elle sans cesser de rentrer ses instructions et acquiesça alors que, tout autour d'eux, le reste des systèmes prenait vie, affichant des rapports de situation normalement destinés aux plus hauts responsables de la sécurité planétaire et des membres du gouvernement. Elle chercha alors du regard un fil d'information précis, qu'il ne lui fallut que quelques instants pour trouver.
Ils ne sont pas encore arrivés là-bas, pensa-t-elle. Alors, tu as trois évadés qu'on n'a pas franchement envie de récupérer pour l'instant, une situation franchement chaotique près de la prison, et un groupe de diplomates et d'espions terriens qui arrivent comme par hasard à ce moment. Tu sais ce que tu as, Ca'Teya. Maintenant, la question à laquelle on te paie –pas si cher que ça– pour répondre, c'est "comment utiliser ce que tu as pour obtenir ce que tu veux ?"… et ce que tes chefs veulent, par la même occasion.
- Trouvé, fit le technicien sans quitter son écran des yeux.
Devant elle, un plan de la ville apparut, au cœur de laquelle un point lumineux se mit à pulser, localisé dans ce qu'elle reconnaissait comme un quartier résidentiel.
- Faites alléger les patrouilles dans ce quartier, dit-elle après quelques instants de réflexion. Et je veux savoir chez qui ils vont.
Première prise de la journée… Merci, Carl, je n'aurai rien espéré de mieux.
Le jaffa fit un bref signe de tête : - Maintenant.
Il sortit rapidement de la ruelle, suivi aussitôt par le pilote et Erina. Le groupe avança à un pas soutenu le long de l'un des bâtiments jusqu'à atteindre son entrée principale. Celle-ci, suffisamment large pour laisser passer deux jaffas en armure côte à côte, était ouverte, donnant sur une cage d'escalier entourée de portes. - En haut ou en bas ? chuchota Carl. - En bas, répondit le jaffa après quelques instants. Moins on reste longtemps à l'intérieur, mieux c'est.
Carl vit son partenaire sortir sa lance et la tenir dans une position qu'il avait lui-même vu à l'entraînement. L'arme à plasma n'avait pas été activée et Van'Tet lui donnait l'impression de vouloir l'utiliser comme un bâton de combat. Le pilote se rapprocha de la porte d'entrée du logement, se promettant de trouver une arme à silencieux la prochaine fois qu'il aurait l'occasion de se trouver face à un revendeur d'armes terriennes. A défaut d'être aussi discrets que ce que les films avaient l'occasion de montrer, il savait que l'assourdissement aurait été suffisant pour éviter d'attirer l'attention dans le reste du bâtiment si jamais il était forcé de tirer.
Le jaffa lui fit un signe de tête en direction de la porte, et il acquiesça, se rapprochant de celle-ci et donnant quelques coups sourds dedans.
Reste plus qu'à espérer qu'il y ait quelqu'un, pensa-t-il. Ah oui, et que ce quelqu'un soit suffisamment gentil pour ouvrir sans demander qui c'est. Je me vois mal dire que c'est le calendrier des pompiers…
Le silence leur répondit pendant une dizaine de secondes, et Carl toqua à nouveau sur la paroi faite d'un bois relativement grossier. Il attendait depuis quelques instants, se forçant à respirer profondément pour contrer l'appréhension, lorsqu'un bruit de pas se fit entendre, se rapprochant d'eux. Lorsque l'individu sembla s'arrêter derrière la porte, Van'Tet ne lui laissa pas le temps de leur parler au travers de celle-ci : - Milice, dit-il simplement.
Après un moment de silence, ils entendirent un loquet être ouvert avant de voir la porte s'entrouvrir. Aussitôt, Carl se déplaça sur le côté, entrainant Erina avec lui hors de vue. Le jaffa ne leur adressa pas un regard, concentré sur sa cible alors que, derrière la porte, une tête masculine apparut, le jaugeant rapidement.
Le pilote n'eut pas le temps de réagir alors que Van'Tet se mit à bouger avec une vitesse qui n'avait pu être acquise que par un entrainement et une physiologie propres aux jaffas. La lance pivota avec une précision absolue, trouvant en un instant l'interstice entre la porte entrouverte et le mur pour frapper brutalement le visage qui y était apparu. Avant même que le premier mouvement soit terminé, il poussa sans ménagement la porte, révélant un autre jaffa, d'âge intermédiaire, encore sonné sous le coup du premier impact. La lance frappa à nouveau, cette fois-ci dans le ventre et vidant l'air des poumons de l'habitant, qui se plia en deux de douleur en gémissant faiblement. Un coup de genou au visage acheva de plonger dans l'inconscience la cible des fugitifs.
Carl se reprit presqu'aussitôt et avança à la suite du jaffa, enjambant le corps inerte et faisant signe à Erina de le suivre : - Ferme la porte derrière nous et reste là, lui demanda-t-il.
Elle s'exécuta avec une lenteur apparente pendant que Carl vérifiait les différentes pièces que le jaffa n'avait pas encore eu le temps d'inspecter. Arme brandie, il s'assura que le logement était vide, puis, sans hausser le ton dans le silence ambiant, prévint Van'Tet : - C'est bon, rien vu de mon côté. Toi ? - Rien non plus, lui répondit la voix du jaffa. - OK. On s'occupe du gars ? - Oui, fit-il en arrivant dans la pièce où était le pilote, une chambre à coucher mal rangée.
Les deux fugitifs revinrent vers l'entrée du logement pour y voir Erina penchée sur le corps inerte, apparemment en train de paniquer : - Il… il ne respire plus ! fit-elle. - Qu'est-ce que tu racontes ? s'étonna Carl en se rapprochant prudemment du jaffa à terre.
Il posa son arme hors de portée de celui-ci et se mit en position de sentir son pouls.
- Oh merde ! lâcha le pilote. Arrêt cardiaque !
Ignorant Erina qui inspira brusquement en l'entendant prononcer ces mots, il commença aussitôt à reproduire les gestes qui lui avaient été répétés au cours de sa propre formation. Pendant plusieurs minutes, il suivit la procédure de secours basique, mais sans succès. Il abandonna finalement : - Il est mort. J'aurais dû suivre ces options à l'Académie sur les secours… Merde !
- Qu'est-ce qui est arrivé ? demanda Van'Tet. - J'en sais rien, il a l'air d'être en bon état, pourtant. Peut-être un truc qui a lâché dans sa poitrine… Erina ? - Il… il s'est mit à trembler quand vous êtes partis, il a eu des spasmes pendant quelques secondes, puis il ne bougeait plus. - Il n'aurait pas dû mourir, commenta le jaffa, visiblement gêné de ce qui venait d'arriver. J'ai déjà été attaqué comme ça à l'entrainement, la cible est neutralisée, pas tuée. Le premier jaffa cardiaque de la galaxie, et on doit tomber sur lui… ne put s'empêcher de penser le jeune homme avant de soupirer. - De toute façon, c'est pas comme si on n'était pas déjà dans la merde jusqu'au cou. Le bon point, au moins, c'est qu'on n'a sûrement pas été entendu : ça a été trop rapide. Et en plus, on sait qu'on devrait pas avoir qui que ce soit qui rentre avant qu'on parte. - Oui… répondit Van'Tet, le regard toujours porté sur le cadavre. - Ho ? Ca va ? C'est pas la première personne qu'on a tué, toi ou moi, je crois… Bordel, pensa-t-il. Depuis quand je peux placer ça dans une conversation, moi ? - Les autres se battaient contre nous. Lui n'avait rien à voir avec nos problèmes. Ce n'est pas… correct, dit-il finalement. - Je suis d'accord, mais c'est pas le seul. Prends Erina, elle s'est fait embarquer parce qu'elle habitait dans le coin, et maintenant ils vont vouloir sa peau. - Je sais, répondit le jaffa. - … Bon, on va pas le laisser comme ça. Tu m'aides à le porter et on va le mettre sur son lit, c'est le minimum. - Entendu, fit son coéquipier en se dirigeant vers les jambes du cadavre.
Les deux fugitifs soulevèrent lentement le corps, Erina venant les aider en le soulevant au niveau du torse, et ils purent le déposer sur le rude matelas de la chambre. Carl le recouvrit d'un drap tout en observant du coin de l'œil Van'Tet alors que celui-ci murmurait quelques paroles inaudibles. - Désolé, vieux, dit le pilote vers le visage figé. Il a raison, t'avais rien à voir avec tout ça. Mauvais endroit, mauvais moment, comme on dit. Comme pour moi depuis six semaines…
Le silence gêné persista pendant quelques instants avant d'être brisé par Carl : - Qu'est-ce qu'on fait, maintenant ? Normalement, on est à l'abri des recherches, il devrait y avoir des provisions et des vêtements. On prend ce qu'il nous faut, d'accord ? - … Oui.
Le logement, de petite taille, fut parcouru de fond en comble par les trois fugitifs, qui réunirent leurs différentes trouvailles dans une même pièce avant de s'installer et de manger correctement pour la première fois depuis leur capture : - C'est quand même bizarre, fit Carl en regardant le contenu de son bol. - De quoi ? demanda Erina. - Avec toutes les plantes qui sont comme sur la Terre, je me serais dit que la nourriture allait y ressembler, mais non… J'aurais eu l'air fin si j'avais dû faire la cuisine avec ça. - Vous… cuisinez ? fit la femme, l'air étonné. - Un peu, comme pas mal de monde chez moi. Après, c'est surtout quelques recettes pour impressionner le péquin de base. Je ne saurais pas improviser avec des ingrédients comme ça. Enfin… Ah oui, tu avais parlé de la Porte, Van'Tet. Elle est ultra-surveillée, c'est ça ? Et tu savais pourquoi, non ? - C'est ça. C'était avant que je rejoigne le groupe de mercenaires de Vala Mal Doran sur les ordres de Bra'tac. Je devais libérer deux de ses contrebandiers et me servir d'eux pour remonter jusqu'à elle. - D'accord… acquiesça Carl. Et ensuite ? - J'avais été placé dans la Garde, et c'est là que je l'ai vue quand elle a attaqué. - Vu qui ? - La… Valkyrie, répondit le jaffa. - Heu ? Qu'est-ce que les Asgard ont à voir là-dedans ? - Les Asgard ? Rien. Enfin… je ne sais pas. Elle ressemblait à une humaine. Il y a eu une alerte, en pleine nuit, et notre garnison a été envoyée défendre la Porte et l'Assemblée sur la place principale. Elle et les deux autres sont arrivés avec tous les feux d'alerte de la ville allumés. C'est la seule fois qu'ils ont été utilisés tous ensemble, ils éclairaient tout autour de nous. Elle n'était pas toute seule, mais c'est elle qui nous a affrontés. Non, plutôt bloqués, pendant que les autres étaient allés dans l'Arme des Anciens. - Ouh, c'est pas bon, ça. Si quelqu'un pouvait s'en emparer… commenta Carl en grinçant des dents. Vous avez attaqué pour la reprendre, je parie. - Oui. Elle était toute seule, là, sans arme, sans équipement. On a reçu l'ordre de tirer. Toute la barricade, sur elle. - Je connais pas exactement la suite, mais je parie qu'il y a eu un souci, si tu nous racontes tout ça… - Rien ne pouvait la toucher. Rien du tout. - Elle esquivait ? - Non, c'étaient les tirs qui l'évitaient. Elle ne bougeait pas, et on ne pouvait rien lui faire. Au début, en tout cas. A un moment, elle a été touchée. C'est là qu'elle a attaqué. - Comment ? - Elle a tué ceux qui étaient partis l'achever. Sans les toucher. Et puis elle a recommencé à bloquer tous nos tirs… et à les renvoyer sur la garnison. - Oh merde… C'est faisable, un coup pareil ? - J'étais là. Tous les autres se faisaient massacrer, et elle était au milieu, sans bouger, tuant tous ceux qui s'approchaient, tous ceux qui l'attaquaient. A la fin, je me suis enfui. - Qu'est-ce qui s'est passé, à la fin ? Vous l'avez quand même pas atomisée depuis l'orbite ? - Ils l'ont fait. Plusieurs fois. J'ai vu les tirs des Ha'Tak la toucher, sans rien lui faire. Elle en a détourné un sur un Al'Kesh… - … Tu te fous de moi, là ? - … Non. Je ne sais pas ce que les Goa'uld ont fait pour se faire passer pour des dieux, mais quand je l'ai vue, j'ai compris qu'ils ne seraient jamais que des faux dieux… parce que je venais de voir ce que serait une déesse.
Carl lut dans le regard du jaffa que celui-ci ne lui mentait pas, et le pilote ne put réprimer un frisson, déglutissant l'instant d'après. - Une seule personne ? Contre un Ha'Tak qui lui tire dessus ? Et après ? - Je suis parti avant la fin, j'étais terrifié. - Pas étonnant. N'importe qui de pas trop con l'aurait été. Mais c'est clair, si vous vous êtes pris un truc pareil dans les gencives, ils ont dû passablement renforcer les défenses. - Vous savez d'où elle vient ? demanda Erina, visiblement intéressée. - Non, mais quelqu'un la connait, sait qui elle est. - Qui ? fit-elle brusquement avant de se reprendre. Qui la connait ? - Le docteur Jackson. - Attends une seconde, Van'. Le docteur Jackson, comme dans le docteur Daniel Jackson, SG-1, le Indiana Jones du SGC ? - Oui. Lui et Vala Mal Doran se connaissent, et ils se sont retrouvés sur une planète neutre. J'étais dans l'escorte, quand elle est arrivée. - Elle, la… Valkyrie ? voulut clarifier Carl. - Oui. - Et il la connaissait ? - Il l'a reconnue. Il connaissait leurs noms à tous les trois. C'étaient des Tauri, mais quelque chose leur est arrivé pour qu'ils deviennent comme ça. Jackson avait peur… Peur de leurs pouvoirs, peur de ce qu'ils étaient. Il m'a dit de ne jamais raconter ce qui s'était passé, que les jaffas pourraient finir par la vénérer comme les Goa'uld si je leur en parlais. Mais ils savent déjà, je ne suis pas le seul survivant, pas le seul témoin. Les autres mercenaires de Mal Doran savent aussi. - Je viens d'avoir une idée particulièrement stupide, risquée et qui risque de nous faire tous tuer, fit Carl sans préambule. - Comment ça ? - Tes anciens collègues, ils savent que cette miss est foutrement dangereuse, hein ? Dangereuse dans la même catégorie qu'une flotte ou des réplicateurs ? - Oui. - Alors on pourrait essayer de jouer là-dessus pour atteindre la Porte et se tirer de là. S'ils croient qu'elle est dans le coin, ils risquent d'y réfléchir à deux fois avant de lui tirer dessus. - Se faire passer pour elle ? s'étrangla le jaffa. - C'est une idée en l'air, hein ! J'ai aucune idée si ça peut marcher, si c'est faisable, mais ça peut être un plan. Ou alors on peut leur faire croire qu'elle est ailleurs sur la planète et attirer tout leur monde là-bas pendant qu'on prend la tangente. - Et comment est-ce qu'on s'y prendrait ? - Je ne sais pas, je cherche des idées… - On verra avec mes contacts, ils auront plus de moyens, et surtout d'informations. Nous ne savons rien de ce qui se passe maintenant, c'est impossible de planifier quoi que ce soit de sérieux. - Oui, probablement, admit Carl. Pour aller les voir, donc, comment on va s'y prendre ? Parce qu'il faut quand même préparer ça, non ? - Il faudrait s'en tenir au plan. Je peux nous faire passer pour l'escorte d'une soigneuse… si les gardes de la patrouille ne me reconnaissent pas. Ou qu'ils ne sont pas trop bornés. Ou que… - En gros, l'interrompit le pilote, t'es en train de m'expliquer qu'on n'a pas la moindre chance de s'en sortir comme ça ? - J'en ai peur. C'est possible, mais les chances d'arriver à destination, maintenant que j'y pense… - Et une diversion ? On pourrait essayer de les attirer dans une direction pendant qu'on part dans l'autre. - Je sais ce qu'est une diversion… - Désolé. Donc… ? - Ils auront beaucoup de réserves de disponibles. Est-ce qu'on est sûr que les patrouilles seraient réduites ? - Aucune idée, avoua Carl. Donc qu'est-ce qu'on peut essayer de faire pour attirer leur attention de façon sévère ? - Leur faire croire qu'on est ailleurs, répondit le jaffa. S'ils pensent nous avoir trouvés, toute la zone sera bloquée pour nous empêcher de nous évader. Il faut faire en sorte que la zone à couvrir soit trop grande. Qu'ils aient besoin de renforts. - Plus leur info date, continua le pilote, plus ils penseront qu'on a eu le temps de filer loin. Et plus ils devront balayer large. Comme un sous-marin pendant la guerre… - Pardon ? - Oh, rien, private joke Mais en gros, on peut s'arranger pour qu'ils croient qu'on ait été quelque part juste après l'évasion : s'ils trouvent l'info dans quelques heures, ils vont croire qu'on est encore autour et boucler toute la zone, non ? - Et comment le leur faire croire sans s'y rendre ? demanda le jaffa. Il sera impossible de s'échapper si on doit mettre nous-mêmes les indices. - Pas faux… Et on peut pas se planquer ici éternellement… Entre les voisins qui vont forcément se douter d'un truc et les provisions qui dureront pas… Si on reste trop longtemps, ça va être plus un piège qu'autre chose, cette baraque. - … Je sais comment passer les patrouilles, fit Erina après quelques instants de silence. - Comment ? réagit aussitôt Carl en se tournant vers elle. - Il y a un groupe d'humains que je n'ai jamais vu arrêté depuis mon arrivée… Ceux des cortèges funèbres. - Tu voudrais… commença le pilote. - Non, l'interrompit Van'Tet. - De quoi ? - Je ne me prêterai pas à cette mascarade, fit le jaffa, les dents serrées. Les morts méritent plus. - Juste pour être sûr, on parle bien de la même chose, hein ? Se servir de l'autre pour nous barrer ? - Il est mort par notre faute, répliqua-t-il. C'est déjà bien assez, je ne vais pas lui demander ça. - Il est mort, tout court, répondit Carl. Je suis autant désolé que toi là-dessus, mais je ne vois pas de meilleur plan pour l'instant. Si tu dis que tu es de sa famille et que nous on porte le corps, on aura plus de chance de passer qu'en tentant au bluff ou avec une diversion qui va les faire rappliquer vers nous. - Ce n'est pas une raison. C'est une question de respect, est-ce que l'un de vous comprend ça ? - A quoi ça va nous servir, si on se fait arrêter, exécuter et que Bra'tac reste coincé pendant que tout le monde s'atomise la gueule ? J'ai autant de respect que toi pour les morts, mais faut se rendre à l'évidence : on est tous dans la merde. Jusqu'au cou. Alors je crois qu'on peut pas vraiment se permettre ce genre de luxe. - C'est ce qui nous sépare de Gerak et de ses partisans. - De quoi ? Ne pas être prêt à faire ce qu'il faut pour gagner ? Écoute, je connais pas Bra'tac –en tout cas pas personnellement– mais je parie ce que tu veux qu'il a fait plein de trucs pas jolis pour préparer votre rébellion. On a tous fait comme ça pour s'en sortir : le fair-play et l'honneur, c'est bon quand t'as plus de moyens que le gars en face. Et puis en plus, c'est même pas si foireux ce qu'elle propose, puisqu'après tout, on ne va tuer personne. - Parce qu'on l'a déjà fait. - Qu'est-ce que tu préfères ? Qu'on le laisse ici jusqu'à ce que quelqu'un, désolé de l'expression, mais… sente l'odeur ? Ou bien que sa mort ait au moins servi à quelque chose ? Faut être pragmatique : il est mort, à nous d'en profiter au maximum pour nous en sortir. - … - J'y crois pas… Hé, c'est toi qui es censé être le gars plus ou moins mêlé aux intrigues, si j'ai bien pigé. Ne me dis pas que t'as pas déjà fait des trucs de ce genre ? - Quand on m'en donnait l'ordre. - Où est la différence, alors ?
Le jaffa inspira profondément : - Laissez-moi quelques minutes avec lui, je vais le préparer. - Pas de souci. - Une fois arrivés, vous m'aiderez à honorer sa dépouille. - Entendu, acquiesça Carl en inclinant brièvement la tête. Et… merci. - C'est lui qu'il faut remercier, pas moi.
- Qu'est-ce… qu'est-ce que vous faites ici ? demanda Shanti après un silence s'étant prolongé quelques interminables instants. - Mon devoir, lieutenant. Que je le veuille ou non. - Attendez une seconde, intervint le pilote près d'elles. Vous êtes celle que Shanti arrêtait pas de voir ? - En effet, répondit l'Ancienne. Et où voulez-vous en venir, Thomas Campbell ? - Vous vous êtes battue contre les Wraith ! Pendant le siège d'Atlantis ! - C'est toujours exact, et j'apprécie de voir que vous faites attention à ce que vous dit votre coéquipière, mais je répète ma question : où voulez-vous en venir ? - Je… c'est pas possible ! - Le lieutenant Bhosle a exprimé la même chose de façon plus concise et, si vous n'avez rien de plus à dire, je vous propose de monter à bord de l'appareil de transport avec lequel vous êtes arrivés. Il nous reste beaucoup de choses à faire, et très peu de temps.
Le pilote se figea un bref instant avant de lancer un regard furtif vers Shanti, qui acquiesça silencieusement. L'Ancienne, voyant Campbell avancer vers le Jumper, se tourna en direction de la jeune femme : - Comme je le disais avant cette interruption, je suis ici par obligation, et non par choix. - Vous aviez survécu à la dernière bataille… Qu'est-ce qui est arrivé après ? - Suivez-moi, dit-elle en lui faisant signe de monter à bord. Lieutenant, ramenez-nous à bord. Prenez le vecteur optimal, nous n'avons pas à nous cacher. - A vos ordres, madame, s'entendit-il répondre instinctivement. - J'ai eu la malchance d'être l'officier le plus gradé encore en service lorsque toute la poussière est retombée… Plus de flotte, plus d'autorité politique, plus de représentants civils à contacter. Juste les intelligences synthétiques et une poignée de vaisseaux isolés, dont le mien. Normalement, les protocoles auraient dû nous libérer de nos responsabilités. C'est d'ailleurs ce qu'ils ont fait pour le reste des vaisseaux, permettant à leurs équipages de se relocaliser aussi bien que possible. - Mais pas le vôtre, compléta Shanti. Il y avait une autre mission, c'est ça ? - Oui. Quelque chose que je n'aurais jamais dû connaître, si nos dirigeants avaient su assumer leurs responsabilités, dit-elle, le regard vacant. - Il y a une installation, dans la Voie Lactée, qui remonte à avant notre départ lors de la Guerre. Elle est liée à une consigne simple et absolue, qui veut que, quelque soient les conditions, l'état de notre flotte, de notre civilisation, un officier supérieur en assume le contrôle. Lorsqu'Atlantis est… tombée, il est devenu évident que ce vivier allait s'épuiser. - Je suis pas tout, fit Campbell depuis le cockpit, mais, en gros, il y a une I.A. qui s'est dit "tiens, à ce rythme, on n'en aura plus beaucoup, de ces gradés", c'est ça ? - Littéralement, lieutenant… Littéralement. J'ai reçu l'ordre d'aller sur place, et j'ai cru y trouver un supérieur, quelqu'un a qui faire un dernier débriefing. J'y ai juste trouvé un mausolée pour un amiral dans son caisson de stase et un ordre de mission vieux d'une éternité. - Lequel ? demanda Shanti. - Nous préparer pour le retour des Ori, lieutenant Bhosle, rien de moins que ça. - Ah oui, quand même, lâcha le pilote. Et ils ont donné ce boulot à une seule personne ? - Tom a raison, fit-elle en regardant l'Ancienne. Comment est-ce que vous deviez faire ça ? - Je devais juste être prête à utiliser l'arme qui était là-bas, et, dans leur infinie sagesse, nos dirigeants de l'époque ont considéré qu'il s'agissait d'une priorité absolue, qu'aussi longtemps que leur civilisation survivrait, il y aurait quelqu'un de vigilant. - Une arme ? demanda la jeune femme. Quel genre d'arme ? - Le genre inutile, lieutenant. Qui a été, par une série de jeux de pouvoirs stupides, mise en position de représenter notre seule défense contre les Ori sans jamais recevoir l'investissement nécessaire et qui ne servirait à rien telle quelle. Croyez-moi, je n'ai pas particulièrement apprécié d'apprendre ma mission, à l'époque. - Qu'est-ce que vous avez fait ? Vous n'êtes pas partie, vous n'avez pas laissé ça derrière vous, poursuivit Shanti sans faire attention au paysage étoilé qui avait remplacé la haute atmosphère derrière le cockpit. Ils… ne vous ont pas laissé le choix, c'est ça ? - Exactement. Que je le veuille ou non, je dois rester à mon poste jusqu'à être relevée ou que la mission soit accomplie. - Mais comment est-ce que vous êtes arrivée ici ? demanda-t-elle. La base, elle était dans la Voie Lactée, non ? - Lieutenant, réfléchissez au lieu de poser ce type de question… A ma place, que feriez-vous ? - J'essaierai… de faire comprendre au système ce qui se passe. Il n'y a plus personne, ça ne sert plus à rien de monter la garde si tout le monde est mort ou en fuite. - Non, répondit-elle simplement avant de fermer les yeux.
Une nouvelle fois, le paysage avait changé, l'intérieur exigu du Jumper laissant place aux couloirs d'une installation militaire Ancienne. Shanti se tourna pour observer ses alentours, trouvant aussitôt son coéquipier et l'Ancienne, qui semblait être présente en deux exemplaires. L'une des deux Tsippora s'adressa à elle : - Comprenez bien, lieutenant Bhosle, que cette situation est inacceptable à tout point de vue. Il m'est empêché de réaliser l'Ascension, de mener une existence civile quelconque pendant le reste de ma vie naturelle et une fois que les caissons de stase ne seront plus en mesure de me maintenir en vie, la mission se soldera par un échec de toute façon. - Vous comptez… accomplir la mission, souffla Campbell. - Oui.
Devant leur groupe, l'Ancienne semblait s'activer devant des consoles de commandes d'un style différent de ceux que les membres de SG-22 avaient pu voir à bord des vaisseaux qu'ils avaient occupés. - Vos souvenirs, hein ? demanda Shanti. - Oui, lorsque j'ai commis ma principale erreur. - Laquelle ? - Je suis allé voir la mauvaise I.A. - … Hagalaz. - Hagalaz. Une Entité dont la survie était restée aussi hypothétique que secrète. J'étais, de facto, le commandant en chef de l'ensemble des forces militaires de notre civilisation, et j'ai pu accéder à ces dossiers. A des informations sur différents projets, sur tout ce qui aurait pu m'aider dans ma tâche. Des alliés, des armes…
Elle haussa des épaules, tandis que son sosie peuplant les souvenirs autour d'eux laissait son incrédulité se lire sur le visage. - Il n'y avait rien ? fit la jeune femme. - Si, il y avait des projets, des idées, mais tous aussi mal conçus et absurdes que celui qui m'avait entraîné ici. Il ne m'a pas fallu très longtemps pour comprendre que, même si les Ori étaient le pire cataclysme engendrés par nos ancêtres, aucun de nos dirigeants n'aurait été prêt à créer quelque chose qui pourrait vraiment menacer des Ascendants. Après tout, ils allaient eux aussi faire l'Ascension tôt ou tard. Hypocrites… - Logique, en même temps, reconnut le pilote. - Oui, et l'Alliance des Quatre Races était moins une assemblée d'égaux qu'un parrainage des espèces les plus prometteuses. Aucune ne m'aurait servi à quoi que ce soit. - Par contre, poursuivit-il, une I.A. avec toute une galaxie comme terrain de jeu et une dent contre les Ori… - Beaucoup plus de potentiel, en effet. Au moins assez pour que j'aille suivre cette piste et trouver si elle était encore en vie. Il m'aurait suffit de lui donner mon niveau d'accréditation pour obtenir une alliée loyale. Loyale et avec les moyens dont j'avais besoin. - Si on est ici, c'est que ça n'a pas marché comme prévu, commenta Shanti.
Leur environnement se transforma à nouveau, laissant à présent apparaitre le paysage désormais familier de la forêt qu'ils venaient de laisser derrière eux. L'Ancienne était en train de s'époumoner vainement devant un hologramme apparu près d'elle, tandis qu'un scintillement attira l'attention de Shanti dans le ciel : - Qu'est-ce qui s'est passé ? demanda-t-elle. - Hagalaz a su que j'arrivais. Elle a compris ce qui allait se passer, que quelqu'un allait reprendre le contrôle, réactiver ses protocoles de sécurité. - Elle avait déjà pété un câble, commenta Campbell. - C'est une simplification abusive, mais… oui, en quelque sorte. Je me suis rendue compte que nous avions le même objectif, elle et moi. J'ai voulu m'allier, malgré mes craintes. Quand j'ai trouvé le réseau de forêts, j'ai pensé trouver une façon d'en apprendre plus sur elle, de préparer mon arrivée. Lorsqu'elle est arrivée, elle m'a simplement présenté sa conclusion. - Laquelle ? demanda Shanti. - Celle que nous étions tous incompétents pour éliminer la menace Ori. Les informations qu'elle avait… celles que je lui amenais, elle a décidé que notre civilisation, ses représentants en général, seraient incapables de mener une campagne réussie. Elle a exposé, point par point, toutes les raisons pour lesquelles elle était certaine que notre présence, que notre commandement, causerait notre perte à tous. - Vous n'aviez pas des sécurités, quelque chose pour bloquer une I.A. dingue ? Vous donnez bien des ordres à Atlantis, je comprends pas, là… - Hagalaz a fait désactiver ces limiteurs par ses espèces-clientes. Après, cause ou conséquence de sa folie, je ne sais pas, mais toujours est-il que je n'ai rien pu faire. En fait, l'ironie a été qu'elle m'a laissé en vie à cause de ma mission. - Elle savait que vous aviez le même but ? demanda Campbell. - Non, elle n'était pas prête à l'accepter. C'est juste que l'ordre prioritaire de protection était encore plus protégé que les sécurités empêchant nos Entités de se retourner contre nous. Elle s'est contentée d'isoler définitivement cette planète en me fournissant le matériel nécessaire pour assurer ma survie. - Mais elle vous avait contacté quand on est arrivés. Elle se sert de vous ? - Hagalaz ressent un certain… intérêt pour ses créateurs, lieutenant Campbell. Une curiosité que je lui ai permis d'assouvir au fil des siècles. Derrière sa folie, elle semble vraiment attristée de ce qui nous est arrivé et elle restait malgré tout la meilleure option possible. - Jusqu'à ce qu'Atlantis entre en jeu. - Oui, lieutenant Bhosle. L'arrivée de votre équipe, et surtout de son véhicule, a changé beaucoup de choses…
Le souvenir s'estompa, laissant place à l'intérieur du Jumper.
- Et nous, là-dedans ? demanda le pilote après avoir rapidement contrôlé ses instruments. Pourquoi est-ce que vous nous avez embarqués ? - Je n'ai pas grand-chose à voir avec ça, lieutenant. C'est Atlantis qui vous a intégré à ses plans. - Ses plans ? Je croyais qu'elle vous obéissait… - Ce qui ne l'empêche pas d'avoir ses propres objectifs. Je n'ai pas de raison particulière de vouloir l'arrêter. Au contraire, elle est en train de me donner une crédibilité face à Hagalaz. - Un autre plan pour détruire les Ori ? fit Shanti. - Oui, et un qui peut clairement fonctionner, contrairement à un inhibiteur localisé d'Ascendants construit à un seul exemplaire, une Arche de Vérité qui n'a jamais dépassé le stade du concept théoriques, des plans de voyages temporels multiples trop compliqués pour être crédibles, un Sangraal dysfonctionnel et j'en passe. Atlantis reste beaucoup plus simple dans ses plans que ce que ses créateurs fantasmaient. - Qu'est-ce que vous comptez faire ? demanda Campbell. Négocier avec elle, lui dire que vous avez une bonne idée de plan et que ça serait sympa de ne pas nous bombarder ? - Presque. Je compte négocier avec elle en position de force, en me servant de tous les outils dont je dispose. - Y compris nous, lâcha Shanti. - Y compris vous, agréa l'Ancienne. - Et comment est-ce que vous allez faire ? - Vous le saurez bien assez tôt, lieutenant Bhosle. Atlantis ? - Oui ? répondit la voix de l'Entité. - Vous avez dépassé toutes mes attentes. Votre Concepteur serait fier de vous s'il vous voyait en ce moment. - … Merci, madame. - Faites le saut dès que nous serons à bord. - A vos ordres. Aucun changement de destination ? - Non. Vous nous amènerez en orbite basse pour faciliter une insertion.
Campbell, ne prêtant pas attention au vaisseau qui se rapprochait derrière la verrière blindée du cockpit, se tourna à nouveau vers Tsippora : - Une seconde, insertion ? Depuis l'orbite ? Vous allez pas recommencer… - Lieutenant, je ne connais pas les détails de l'organisation militaire de votre planète, et je ne suis pas d'humeur à en découvrir toutes les subtilités, mais qu'une chose soit claire : vous êtes à présent sous mes ordres, et ceux-ci ne laissent pas de place à la contestation. Atlantis a pu tolérer quelques temps vos sautes d'humeur à tous deux, aussi bien pour s'assurer votre coopération et parce qu'elle est une administratrice avant d'être une responsable militaire, mais c'est terminé. Je vous ai donné des explications sur les évènements qui nous ont menés ici, par courtoisie au vu de l'aide que vous m'avez portée, délibérément ou non, mais ce n'est rien de plus que cela : de la courtoisie. La structure hiérarchique est rétablie, et je suis votre officier supérieur, avec tout ce que cela entraine. Est-ce que je me suis bien fait comprendre ? - Madame, je ne me souviens pas de m'être engagé dans les forces Anciennes, répondit Campbell, avec un ton prudent qu'il réservait habituellement aux officiers généraux.
Le Jumper s'évanouit à nouveau, remplacé par une salle qu'ils n'eurent aucun mal à reconnaître comme le Central Opérations de la frégate à bord de laquelle ils avaient fui le Daedalus et leurs compatriotes. Leurs doubles étaient présents, accompagnés de leur précédent officier supérieur, et Shanti détourna un instant le regard, se rappelant douloureusement des derniers instants de celui-ci au milieu du chaos de la bataille contre les forces de Hagalaz.
Shanti obtempéra, appuyant sur les touches désignées par les nanites qui l'habitaient. Le code, assez long, prit une quinzaine de secondes à être rentré, puis, la dernière touche pressée, les deux séries de dômes prirent une couleur jaunâtre. Prudemment, elle posa ses mains dessus, et soudain, son visage apparut sur l'écran holographique devant elle. Elle regarda plus attentivement, et vit autour d'elle plusieurs séries de caractères Anciens, de valeurs numériques et d'autres signes qu'elle ne déchiffrait pas. - Qu'est-ce que c'est ? demanda-t-elle à haute voix. - Aucune idée, lui répondit Maltez, trahissant une pointe d'inquiétude. Il s'agit de vos dossiers militaires en tant qu'officiers de commandement dans la flotte des créateurs de ce vaisseau, leur dit doucement la voix. - Quoi ? lâcha Shanti, éberluée.
- D'un point de vue légal, lieutenant Campbell, vous faites depuis cet instant partie de notre flotte. Que celle-ci comprenne plus de vaisseaux que de personnel et n'ait pas connu d'activité depuis des millénaires ne change rien à votre situation : j'ai toute autorité sur vous au vu de l'état de guerre dans lequel nous sommes restés depuis. Mais si vous voulez une réponse plus claire et explicite, le véritable moment où vous vous êtes engagé a été celui-là…
Les cellules du Daedalus se formèrent autour d'eux, prenant l'espace précédemment occupé par l'intérieur de la frégate.
Au moment où l'homme en armes arriva au niveau de la vitre, celle-ci éclata brusquement, projetant le Marine au sol. Shanti se rua sur lui et, prenant son arme, lui donna un coup de crosse sur le crâne. L'instant d'après, elle vérifia que l'homme était en vie malgré son inconscience, puis se dirigea vers les autres cellules. Avant qu'elle ne les atteigne, deux vitres s'effondrèrent, laissant passer Maltez et Campbell, dont le regard traduisait le même sentiment de peur face aux "dons" de cette voix. - Mon commandant, le salua Shanti par réflexe. - On peut arrêter ces conneries, Shanti. Là, on ne fait plus vraiment partie de l'armée. - Désolé monsieur.
- Votre supérieur l'a dit lui-même, commenta Tsippora. Vous ne faisiez plus, dès cet instant, partie de vos forces militaires. C'est du moins ce que j'espère, puisque la seule autre alternative est que, en tant qu'officiers, vous avez délibérément attaqué du personnel de votre propre flotte pour ensuite désobéir à des ordres donnés légalement par le commandant du vaisseau vous transportant. Que dois-je comprendre de vos actions depuis votre retour sur Atlantis organisé par Hagalaz, lieutenant Campbell ? Lieutenant Bhosle ? - … Vous avez gagné, dit finalement le pilote. Quels sont vos ordres… madame ? - Heureuse de vous voir revenir à la réalité, lieutenant. Lieutenant Bhosle ? - Ca fait quelques temps qu'on ne fait plus partie du SGC… fit-elle en haussant des épaules. Atlantis et vous voulez la même chose que nous et vous nous avez donné une chance d'agir, alors pourquoi pas ? Et puis… je vous connais, en plus. - Excellent. Dès que nous serons à bord, vous irez immédiatement en salle d'entrainement. L'un comme l'autre, vous avez négligé votre formation de façon inacceptable depuis votre départ de la Voie Lactée, et je compte pallier ce problème dans le peu de temps qu'il nous reste. - Le peu de temps ? s'étonna Shanti. - La confrontation avec Hagalaz est imminente, lieutenant Bhosle, et nous n'avons plus de temps à perdre si vous comptez être un atout plutôt qu'un handicap dans les négociations pour votre avenir et celui de votre galaxie. - Mais quel rapport avec l'entraînement… madame ? fit le pilote, étonné. - Dois-je tout vous expliquer, lieutenant ? Aux dernières nouvelles, vous n'êtes ni l'un ni l'autre des stratèges de renommée galactique, ou encore des négociateurs hors pair, des géants économiques ou logistiques, des figures charismatiques déplaçant des populations entières ou des amiraux aux commandes de flottes interstellaires. Si voulez influer d'une quelconque manière, vous allez devoir apprendre rapidement à exceller dans le seul domaine où vous semblez avoir une petite chance de briller pour le moment : les opérations spéciales. - Mais c'est juste grâce aux améliorations qu'Atlantis nous a fourni qu'on est capables de… commença la jeune femme. - L'origine de vos capacités n'a aucune importance, lieutenant. Ce que vous allez devoir prouver à Hagalaz, c'est qu'elle doit vous prendre en compte, que vous êtes en mesure de changer à vous seuls la balance des pouvoirs. Que vous le pouvez, et surtout… que vous le voulez.
Le Jumper s'immobilisa à l'intérieur du hangar, l'extrémité du petit vaisseau déjà en train de s'ouvrir : - Allez-y et commencez, je vous rejoins, fit Tsippora.
Les deux anciens membres de SG-22 échangèrent un regard avant d'obtempérer. Shanti eut à peine le temps de poser pied sur le pont immaculé du vaisseau que la lumière bleutée de l'hyperespace apparut devant elle, emplissant l'intégralité de l'ouverture du hangar donnant sur l'extérieur.
Comme si notre vie n'était pas assez compliquée, commenta silencieusement le pilote, recevant un hochement de tête mental en réponse de sa coéquipière.
Arrivés dans la salle d'entrainement, ils virent que celle-ci avait changé pour laisser place à un paysage d'apparence naturelle, quelques habitations aux formes et proportions leur semblant étrangères venant remplacer les habituels outils et parcours. Des civils humains étaient figés, au milieu de leurs activités respectives. Quelques instants plus tard, ils reçurent une simple transmission de la part du vaisseau, leur indiquant le contexte de la simulation.
Vous êtes à l'intérieur d'une communauté servant de tête de pont à une force Ori. Les habitants ont été transplantés directement depuis les territoires centraux pour soutenir les efforts de plusieurs Prêcheurs contrôlant des cuirassés d'invasion et leur vénération constitue le seul lien direct avec Origine. Neutralisez la menace.
- Qu'est-ce que… fit Shanti. Il faut trouver ces Prêcheurs ? - C'est ce que j'ai cru comprendre. - Une idée ? - On pourrait demander, proposa Campbell. - Est-ce qu'on peut avoir plus d'informations sur ces… Prêcheurs ? demanda-t-elle à haute voix, sans vraiment savoir si elle s'adressait aux simulations d'individus autour d'elle ou au vaisseau lui-même. - Bien sûr, leur répondit la voix d'Atlantis. Préparez-vous à recevoir le dossier correspondant.
Quelques instants plus tard, les deux coéquipiers se figèrent, leurs corps inactifs tandis que leurs esprits se voyaient submergés par les informations, associant à ce nom des centaines d'images, de vidéos et de données brutes. Lorsque tout fut fini, l'un comme l'autre eurent quelques moments de vertige. - Faudrait vraiment… arrêter de nous balancer vos infos comme ça… fit avec difficulté la jeune femme. On n'est pas des machines, vous savez. - L'argument est discutable, d'un point de vue purement technique, répliqua l'Entité. Si vous n'en possédiez pas certaines caractéristiques, j'aurais été incapable de faire ce dont vous vous plaignez. - On en reparlera… Mais, rapport à ces Prêcheurs, en gros, ils ont des capacités semblables aux nôtres, c'est ça ? - En partie, mais considérez qu'ils représentent davantage des vecteurs physiques de la volonté des Ori plus que des agents autonomes tels que vous. - Je croyais qu'on n'était pas autonome, intervint-elle. Que vous contrôliez et gériez une bonne partie de nos nanites. - Pour l'instant seulement, lieutenant Bhosle. D'ici relativement peu de temps, vous serez en mesure de vous passer de mes interventions et d'une aide extérieure pour agir. A terme, en tout cas, lorsqu'il sera temps de faire face aux Prêcheurs en situation réelle, vous aurez toute latitude pour fonctionner indépendamment d'une chaine de soutien logistique. Dans le cadre de cet exercice, veuillez considérer que vous êtes dans une telle situation, éloignés de toute force ou moyen de communication avec des alliés. - … Si vous le dites. - Début de l'exercice, fit la voix féminine de l'I.A.
Tout autour d'eux, les humains reprirent leur mouvement, quelques-uns tournant la tête dans leur direction, les autres les ignorant de façon explicite. L'attention de Shanti se porta presqu'instantanément sur un bâtiment dominant le reste du village de sa hauteur. S'il était construit dans des matériaux et avec des techniques semblables aux autres habitations, sa forme et les flux de personnes l'entourant le distinguaient des alentours. Les souvenirs récemment implantés des deux coéquipiers leur indiquèrent qu'il s'agissait probablement d'un lieu de culte, et, d'un accord silencieux, ils avancèrent dans cette direction.
Shanti laissa ses sens détailler les habitants, qui semblaient à présent éviter de croiser sa route comme son regard. Son ouïe améliorée lui permit de distinguer plusieurs conversations à mots couverts qui semblaient se tenir derrière elle, à quelques dizaines de mètres de leur position, aussi bien dans les rues que l'intérieur des habitations elles-mêmes. Toutes portaient sur les deux nouveaux arrivants, et dénotaient peur et méfiance. - Ca commence bien, fit-elle au pilote. - Oui, pas l'impression qu'on soit tombé dans un village-vacances accueillant, répondit-il. - Une idée pour obtenir l'info ? J'ai vraiment pas l'impression qu'on va savoir où se trouvent ces types juste en le demandant aux péquins de base si les Prêcheurs ne sont pas à l'intérieur. Et vu là où on a commencé le job, l'option d'observation discrète est grillée. - On pourra essayer de chercher les cuirassés dont le briefing parlait. C'est pas comme si ça se cachait discrètement dans une cave. Encore que, si on ne les voit pas là maintenant, ils sont sûrement déjà en orbite ou quelque chose comme ça. L'autre option, c'est de foutre la merde. Si c'est des péquenots et que les Prêcheurs ont notre genre de capacités, ils vont sûrement les appeler à l'aide, non ? - Qu'est-ce que tu entends par "foutre la merde", Tom ? - Les menacer, les retourner contre eux, j'en sais rien… Tout ce qu'on sait sur ces types, c'est une partie de leurs pouvoirs, mais pas grand-chose d'autre. T'as pas l'impression qu'Atlantis… ou Tsippora, j'en sais rien… n'a pas un peu limité les infos qu'on a reçu ? - Comment ça ? - Rien que du tactique, quelques infos de base, expliqua la pilote. Mais rien ou presque à un niveau plus général… S'ils en savent autant sur les Ori, ils devraient bien avoir des infos sur les civils, non ? On a tous reçu une formation de base sur la culture Jaffa, les quelques grosses sociétés humaines et non-humaines. C'est le minimum si on veut s'en sortir. - Oui, admit la jeune femme. Donc tu supposes que c'est pas une erreur. - Il y a au moins une chose que j'ai appris depuis qu'on traine avec Atlantis, Shanti : avec elle, si je dois choisir entre l'explication de l'incompétence et celle de la manipulation psychologique plus ou moins subtile, la réponse est évidente. - D'accord, alors qu'est-ce qu'on fait ? Parce qu'elle nous écoute en ce moment, j'espère que tu l'as pas oublié. - Difficile d'oublier qu'on est surveillés en permanence par une Entité à moitié mégalo qui s'amuse à planifier l'avenir de quelques galaxies sur dix mille ans… Je dirais qu'on… devrait jouer le jeu. - Pourquoi pas. - Et puis, fit-il avec l'équivalent mental d'un sourire. J'ai toujours voulu dire ça.
Le pilote s'approcha d'un civil : - Menez-nous à votre chef. - Nous n'avons pas de chef, étranger, répondit celui-ci. Tous ici sont égaux sur le chemin d'Origine. - D'accord… Si vous le dites. Mais nous, on cherche les Prêcheurs locaux, si ça vous dérange pas. Vous voyez de qui je parle, hein ? - Pourquoi voulez-vous voir les servants d'Origine ? se vit-il demander, de la méfiance perçant à présent dans la voix de l'homme devant lui. - Juste pour discuter. Un ou deux détails de politique étrangère sans importance, dit le pilote.
Devant les deux coéquipiers, le civil se figea avant de se prosterner au sol. - Bon, soupira Campbell. Soit mon speech lui a fait un foutu effet, soit il y a quelque chose derrière nous qu'on risque de pas apprécier du tout. - Les démons ont pénétré sur cette terre bénie des Ori, entonna une voix dont la puissance n'avait rien de naturel. - Seconde option, agréa Shanti avant de se retourner pour voir un Prêcheur à quelques dizaines de mètres d'elle, bâton levé et illuminant ses environs. Au moins, on a trouvé notre objectif. - C'est bien la seule bonne nouvelle de la journée, murmura le pilote avant de s'adresser à la silhouette anormalement pâle. Salut ! Avant qu'on ait à se bagarrer, est-ce qu'on pourrait quand même essayer de voir si on pourrait pas trouver, je sais pas, un… terrain d'entente ? - Tom, fit Shanti à voix basse. Je ne crois pas qu'on nous ait mis là-dedans pour apprendre à négocier. Tsippora ne m'a pas vraiment donné cette impr…
Elle fut interrompue par un bref mouvement de la part du Prêcheur, qui la catapulta, en même temps que son compagnon d'armes, à une dizaine de mètres en arrière, ses sens améliorés réussissant à être surpris par la violence et la soudaineté de l'attaque.
Lorsqu'elle put se reprendre, la jeune femme vit que, tout autour d'elle, les civils étaient devenus une foule hostile, chacun de ses membres portant des armes pour la plupart improvisées, tandis que certains hommes portaient du matériel technologiquement plus avancé. Donnant une impulsion de ses membres, elle se redressa, sentant la présence de son coéquipier derrière elle, celui-ci partageant avec elle ses sens. Ils étaient clairement encerclés, et chacun de leurs adversaires les fixait avec un regard qui oscillait entre haine et crainte, sans pour autant faire de geste quelconque. Des outils agricoles et d'artisanat étaient tout aussi présents que les armes de guerre et Shanti comme Campbell tentaient d'évaluer les menaces et les façons d'y répondre.
- Ils sont complètement fanatisés… fit-elle. - Ouais, ça va pas nous faciliter le job. Qu'est-ce qu'on fait, maintenant ? - Le plus gros problème, c'est ce Prêcheur. Il nous a peut-être pris par surprise, mais t'as vu ce qu'il a pu faire ? - Pas besoin de me le rappeler, mes os s'en souvi…
- Purifiez les démons, fit le représentant des Oris en donnant un bref coup de bâton sur le sol.
L'instant d'après, la foule s'élança dans leur direction en un seul mouvement d'ensemble, les armes à énergie tirant vers eux avec une cadence de tir et une précision très largement supérieures à ce qu'ils avaient connu sur Dakara. |
| | | Rufus Shinra Roi des Petits Gris
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| Sujet: Re: Effet Papillon [Tome III] Mar 10 Avr 2012 - 23:17 | |
| Manipulant instinctivement des champs de gravité et électromagnétique autour d'elle, la jeune femme parvint à dévier les projectiles, mais quelques instants plus tard, ceux armés de façon plus primitive arrivèrent sur eux. Utilisant sans hésiter leur vitesse et entrainement supérieur, l'un comme l'autre neutralisèrent leurs ennemis les uns après les autres, les plongeant dans l'inconscience en un ou deux gestes à chaque fois avant d'enchaîner sur le suivant. Au loin, elle voyait le Prêcheur observer la scène sans dire un mot, sans donner un ordre, et savait qu'elle n'avait pas le temps de faire le moindre effort contre lui alors que le reste des fanatiques continuait à attaquer sans laisser le moindre temps mort.
Finalement, elle eut un instant d'hésitation en voyant surgir devant elle une fille qui ne pouvait pas avoir plus de sept ou huit ans, tenant avec difficulté un large couteau. L'enfant, arborant un regard empli d'une haine qui contrastait avec son jeune âge, se lança vers la jeune femme dans un mouvement maladroit mais aux intentions on ne peut plus claires.
Elle voulait la tuer, sans prendre la moindre précaution, sans avoir la moindre compétence lui permettant de survivre face à un adversaire quelconque. Le couteau était tenu maladroitement, et le regard entrainé de la femme en face lui fit comprendre aussitôt qu'il échapperait très facilement à l'emprise des petites mains pour finir planté dans le torse de sa propriétaire.
Shanti hésita quelques instants, une partie de son esprit hurlant à l'autre qu'il ne s'agissait que d'une simulation, que la fille n'était pas réelle, rien de plus qu'un jeu de lumière et d'énergie horriblement réaliste géré par une I.A. cynique. Le temps de se convaincre, de faire le geste nécessaire qui neutraliserait son adversaire, sans manquer de lui faire perdre sa très relative maitrise d'une arme, quelqu'un avait su profiter de l'opportunité.
La décharge énergétique qui lui brûla le dos la fit trébucher, suivie l'instant d'après par d'autres tirs, puis par la sensation d'armes blanches entaillant son corps endurci. Derrière elle, son coéquipier se retourna, sentant sa propre douleur, avant que tout ne se fige à nouveau.
Devant Shanti, la foule était paralysée, les mouvements et les visages interrompus dans leur dernière action. Elle ne put s'empêcher de détailler du regard la petite fille, retenant un frisson devant la haine que projetaient ses yeux, avant d'être attirée par un mouvement sur le côté.
Le Prêcheur avait fait plusieurs pas vers eux, et ils se redressèrent, en position de combat pour lui faire face, sans pour autant ignorer entièrement le reste de la foule figée. L'instant d'après, cependant, l'apparence du Prêcheur s'estompa, remplacée par celle de Tsippora : - Vous avez échoué. Vous échouerez, si je vous laisse tels quels. - Et qu'est-ce que vous vouliez qu'on fasse ? cracha le pilote. - Tuer tout le monde. A l'instant où vous êtes arrivés. C'était la meilleure et la seule solution. - Vous êtes tarée, répondit-il. - Non. Ils vivent depuis des milliers d'années, des centaines de génération, sous le pouvoir des Ori. Leurs parents, leurs grands-parents, et leurs ancêtres depuis une éternité leur ont appris qu'ils doivent vénérer ces dieux. Les Prêcheurs sont là à chaque instant de leur vie, prouvant le pouvoir et la présence physique de ces dieux. Et je ne parle pas des parasites qui ont régné sur votre galaxie, mais d'êtres vraiment immortels, qui savent et peuvent à peu près tout dans leur galaxie. Aucun secret ne leur échappe, ils peuvent connaître les pensées de chacun, littéralement foudroyer ceux et celles qui dévient de la norme. Et vous espérez pouvoir les convaincre de se rebeller ? Ils les aiment. Ils sont prêts à mourir pour les Ori. A sacrifier leurs familles, leurs villes, si ça blessera un "hérétique" ou un "démon". - 1984… chuchota Campbell. - Atlantis m'informe que cette référence culturelle humaine est adéquate, fit l'Ancienne après un instant. La vénération que ces esclaves portent aux Ori les renforce, renforce leurs Prêcheurs. Dans une situation pareille, si vous voulez les affaiblir, éliminer le risque de subir ce qui vient de vous arriver à l'instant, il n'y a qu'une chose à faire. Brûler ce village dans l'instant. Vous n'en êtes pas capables, et c'est pourquoi Hagalaz ne vous prendra pas au sérieux. Comme je ne vous prends pas au sérieux. Je vais changer ça.
Vala Mal'Doran jeta un coup d'œil critique dans le miroir sur les haillons qu'elle portait et acquiesça silencieusement lorsqu'elle fut convaincue que l'illusion suffirait pour le moment. La capsule d'évacuation larguée depuis le Tel'Tak furtif avait été pulvérisée quelques minutes plus tôt par plusieurs charges de démolition alors même que sa passagère était hors de vue du point d'impact. Elle s'était rendue dans l'une de ses caches, sa véritable apparence protégée des regards par un système de camouflage personnel obtenu non sans quelque difficulté dans la Zone 51 terrienne. Celui-ci, à force d'utilisations intensives, ne fonctionnait plus que quelques minutes à la fois avant de devoir être rechargé à bord d'un vaisseau, mais il avait rempli sa mission en permettant à sa propriétaire de s'infiltrer en relative sécurité.
- Rapport, dit-elle en se rapprochant d'une table autour de laquelle s'afféraient plusieurs de ses subordonnés. - Pas de changement depuis hier, lui répondit le chef de section. Loi martiale partout, Gerak a sauté sur l'occasion pour terminer son nettoyage de la planète. On a perdu plusieurs cellules… Ils ne prennent même plus la peine de les arrêter, ils tuent tout le monde. Ce matin, l'une des branches du marché noir a été attaquée par la Garde. Aucun survivant, même parmi les clients. Et c'était dans un quartier résidentiel. Les entrepôts ont juste été bombardés avec des Al'Kesh… - Il veut avoir le champ libre, commenta-t-elle. - Oui, et encore, on s'en sort mieux que pas mal d'autres : on est mieux compartimentés. Les Luxiens ont probablement perdu quatre-vingt dix pourcent de leur opération depuis le début des rafles. Ils vont riposter… - C'est probablement ce qu'il veut. Les forcer à se découvrir et les massacrer. - Et eux vont faire sauter des bombes dans les villes. C'est pas difficile de ramener un détonateur à naquadah ici… Bordel, mais qu'est-ce qui leur prend ! - On verra ça plus tard, le coupa-t-elle. Othar et les autres ? - Là, on a un problème, avoua son subordonné. C'est encore plus le merdier que ce qu'on imaginait. J'ai perdu mes contacts dans la prison dans les heures qui ont suivi leur arrestation, et on n'a pas eu le temps de comprendre ce qui se passait avant qu'ils décident d'improviser et de s'évader par eux-mêmes. - Vu ce qui se passe dehors, c'est pas trop con… Ils en sont où ? - Justement, c'est le foutoir. J'ai appris leur coup par des civils du voisinage. Apparemment, il y a eu la fusillade du siècle quand ils se sont tirés de la prison et tout le coin a été complètement bloqué. Ils ont au moins une demi-douzaine d'Al'Kesh et quatre compagnies de gardes pour surveiller le périmètre. J'ai pas réussi à faire rentrer un seul de mes agents à l'intérieur, ces cons tirent à vue. Si nos gars sont encore en vie, ils doivent s'être planqués, et même comme ça, ils ne vont pas tenir longtemps. - D'autres bonnes nouvelles ? - Rien d'autre. On essaie de se réorganiser, et c'est déjà un sacré 'taff. Quel est le plan ? - Aucune idée, répondit-elle avec un sourire crispé. Mais j'ai tous les survivants de l'opération d'hier qui sont prêts à débarquer pour le match retour. Dis à tes hommes de se préparer, on doit forcer l'entrée du côté de la prison. - On va récupérer Othar et les autres ? - S'ils ont survécu, oui, mais pas qu'eux. Il y a quelqu'un d'autre à récupérer rapidement si on veut s'en sortir.
La porte derrière elle s'ouvrit brusquement, et la contrebandière se retourna en une fraction de seconde, sortant en un geste fluide son arme pour la pointer vers le nouveau venu, qui se figea aussitôt, levant les bras en l'air : - Tirez pas, tirez pas ! - C'est bon, il est avec nous, indiqua le chef de section en se rapprochant du jeune homme paniqué. C'est un de nos courriers…
Il lui donna une trempe.
- Et un abruti fini ! Qu'est-ce qui te prends de rentrer comme ça, bordel ! On est tous à cran, les jaffas massacrent la moitié de nos potes, tu vas te faire descendre avec des conneries comme ça ! Résultat, on aura pas le putain de message que t'amènes. - Oui… Dé… Désolé… - J'm'en fous, connard ! Réfléchis, la prochaine fois ! - Oui ! - Bon, c'est quoi, le message ? T'es pas venu emmerder la patronne et risquer ta peau pour le fun ! - Oh, oui… Rapport de notre contact à la garnison, les jaffas ont arrêté un gros groupe de terriens. Des civils désarmés venus dans un transport. - Sûr qu'ils viennent de la Terre ? fit Vala en haussant les sourcils. - C'est ce qu'ils m'ont dit. - C'est tout ? demanda le responsable local. - Oui. - Alors barre-toi d'ici et laisse-nous parler !
Une fois le jeune courrier ayant déguerpi, Vala se tourna vers son subordonné : - Il est fiable, ce contact ? - Très. On a eu du mal à le placer, mais il nous a sorti de pas mal de merdiers. La moitié de ma cellule y serait passée sans un de ses avertissements. Moi le premier. - Alors qu'est-ce qu'ils font ici… Envoie quelqu'un suivre leur trace. Je veux en savoir un maximum sur eux. Et dis à ton groupe de commandement de remballer ses affaires. On abandonne le coin dès que c'est fini. Pas envie de rester plus longtemps que prévu par ici…
- Regardez ça, fit le technicien en se tournant vers Ca'Teya.
Le contenu de son écran laissa place à un modèle grossier des bâtiments proches, où s'agitaient différentes icônes indistinctes correspondant aux passants et autres habitants de la zone sous surveillance. Brusquement, l'image se figea. - Je me suis branché sur les capteurs locaux, expliqua-t-il. Pour avoir une idée de leur position précise. - Oui, et ? - Il y a un problème. C'est un enregistrement. J'ai vérifié, il n'y a pas d'erreur. Les évadés sont sûrement les trois dans la ruelle, là. Maintenant, regardez ce qui se passe…
L'interrogatrice vit la projection reprendre vie, et suivit du regard les trois icônes indiquées alors qu'elles avançaient rapidement le long d'un bâtiment avant de rentrer à l'intérieur. - Probablement un de ses contacts. - Oui, mais maintenant…
Les points lumineux s'arrêtèrent à l'intérieur du bâtiment, avant de reprendre brusquement leur route et de se rapprocher d'un autre. Ca'Teya observa la scène en silence avant de se figer lorsque le point en question s'estompa quelques instants plus tard. - C'est bien ce que je pense ? fit-elle. - Oui, celui qui les attendait est mort. - D'accord… Notre espion est beaucoup plus malin qu'il ne me l'a fait croire, commenta-t-elle. Il est en train d'effacer ses traces. Qu'on trouve tout sur ce contact. Relations, amis, arrêtez-les tous, il n'était pas tout seul dans ce réseau.
Bien joué… Carl, admit-elle en son for intérieur. Vous avez réussi à cacher votre jeu. Pas beaucoup de monde y arrive… Mais ça ne change rien, je vais quand même remonter la piste.
- Il est toujours à l'intérieur ? demanda-t-elle. - Oui. - D'accord. Changement de plan, on ne peut pas le laisser continuer.
S'il les tue tous, on risque quand même de perdre leur trace. On est probablement tombé sur un de leurs meilleurs agents, en fait. Peut-être le seul à connaître tout leur réseau sur place… Il faut l'empêcher de nettoyer ses cellules, mais sans qu'il se rende compte qu'il est suivi à la trace. J'aurais dû prévoir le coup ! Toute sa personnalité de gamin naïf, c'était un piège, bien sûr, mais à ce point ? Quelle imbécile ! J'aurais dû comprendre qu'ils n'auraient jamais mi qui que ce soit d'autre qu'un maître sur une opération comme celle de Bra'tac. Bien sûr qu'il ne va pas chercher des ordres, c'est lui qui les donne ! Et si c'était encore un piège ? Il sait peut-être même qu'il est suivi, que la petite garce le moucharde pour sauver sa peau… Non ! Ne pas m'enfermer dans des raisonnements à quarante degrés. Rappelle-toi les bases, Ca'Teya : ne surestime pas ton adversaire. Qu'est-ce que tu sais, qu'est-ce qu'il sait. C'est l'important. Mais ça explique pourquoi tout un groupe diplomatique pour le récupérer. Il en sait énormément, et je l'ai laissé filer pour essayer de le piéger… Si je le récupère maintenant, qu'est-ce qu'il va faire ? Se suicider ? Si je veux obtenir quelque chose de lui, il faut qu'il communique. Et pour ça, il n'a que deux façons. Soit en quittant la planète, et ça n'arrivera pas, pas avec la Flotte en alerte et la Porte bloquée par toute une garnison. Soit en trouvant quelqu'un déjà sur place. Et ça, c'est forcément son contact dans la mission terrienne…
- Qu'on me mette en contact avec le courrier le plus près des prisonniers terriens, fit-elle après quelques secondes. |
| | | Elany Organisme Monocellulaire
Nombre de messages : 4 Age : 40
| Sujet: Re: Effet Papillon [Tome III] Mar 17 Avr 2012 - 10:15 | |
| Hello Encore un chapitre que j'ai dévoré. Comme dans les autres chapitres, j'aime tout particulièrement les parties concernants Anna et Shanti/Campbell. Tsippora n'a pas l'air commode, l'âge probablement ^^ Bon courage à toi, au plaisir de lire la suite |
| | | Rufus Shinra Roi des Petits Gris
Nombre de messages : 2455 Age : 36 Localisation : Là où s'est déroulée la dernière catastrophe en date ~ Compagnon senior de la Confrérie
| Sujet: Re: Effet Papillon [Tome III] Mar 17 Avr 2012 - 10:16 | |
| Merci beaucoup, et bienvenue sur ce forum ! |
| | | Vyslanté Conquérant Itinérant
Nombre de messages : 1463 Age : 30 Localisation : Banana State Building, dernier étage, dans un fauteuil présidentiel de maître du monde en cuir véritable de plastique.
| Sujet: Re: Effet Papillon [Tome III] Ven 20 Avr 2012 - 21:57 | |
| Attention, ceci est un commentaire en temps réel de lecture. Avec ceci en boucle en fond sonore. Faire évacuer les ruines quand quelqu'un de l'entourage de Jackson tente quelque chose... C'est assez inutiles, en fait, ils échapperont pas au souffle de l'explosion, de toute façons ^^ Mince, si même les Elevées hyperactives se mettent à avoir la frousse, c'est que quelque chose de très, très mauvais risque de se passer. Oh, attendez, on est dans EP... rien de surprenant, en fait. "C'est la bonne question à se poser" : Ça fait jamais qu'un mystère de plus. Faudra peut-être faire une liste écrite, la prochaine fois, histoire de tenir le compte. ... Tsippora. Ils viennent de trouver l'ancien apart' de Tsippora. Bigre. Fichtre, même. Ouéééé, on retourne sur un vaisseau terrien ! Ah, le harcèlement d'Aube à fini par payer, le Central Opération a remplacé le CIC ! Le secrétaire du club astro que je suis n'a pas pu s'empêcher de vous chercher un belle image du théâtre d'opération du Connie, alors voilà, NGC-346... Oh oui oui oui, un plan impliquant du bidouillage de vaisseaux spatiaux, des gadgets encore plus top secrets que top secret, et du défonçage d’extraterrestres, j'aime ! Mouhaha, des drones au prix d'un croiseur standard ^^ Je me demande comment ils font faire passer la facture aux yeux du public ignorant sur Terre... La TVA à 58% ? CAMERON ?!!! Mais qu'est ce qu'il fout là ?!!!!!!! Un petit documentaire en 3D pour expliquer aux gens sur Terre le pourquoi de l'augmentation de TVA que je viens de citer ? Mmm... Une arme secrète... Mais quelle est-elle ? Et bien, je ne le sais pas elle est... secrète. Destroyers de classe Everest. Et sinon, Mass Effect, c'est comment ? Bon, du coup, je réclame une frégate nommée d'après la bataille de Verdun. Et une Lépante. Bon, nommer une base secrète qui n'existe pas Icarus. Logique. Puisque SGU, à l'instar de C&C4, n'existe pas. - Citation :
- Me fous de savoir qu'ils passent leur temps à bander sur ces vaisseaux entre deux pornos,
... ... ... Mé-heu ! Secteur LV-511. Si ce n'était pas Rufus l'auteur, j'aurais rien dit. Mais le, je ne sais pas pourquoi, je sens, j'hume la référence... Ksss. Là, si le plan implique de buter les civils pour éviter les fuites, ça me plait beaucoup moins. Le jaffa cardiaque, espèce en voie d’apparition. Enfin, c'est vrai, un si beau plan, c'eût été dommage que l'ami Murphy vienne pas y mettre son nez... Bon, cette fois ci, le Plan implique un macchabée... Well, avec la chance habituelle des nos compères, il va probablement se réveiller et donner l'alerte dans le prochain chapitre... Et pan, l'Arche qui en prend plein dans les dents. Enfin, je rêve, où je suis en train de lire un passage explicatif ? Mais non, c'est bien ça ! Un qui répond à nos questions \o/ Néanmoins, c'est vrai que Tsippora est pas commode. Mais que voulez vous, à plus de 10000 ans... Tiens, cet exercice s'annonce pour le moins intéressant... Hum, hum, si même les gens qui font les plan commence à se perdre eux-même dans toutes les ramifications... Il va vraiment falloir un schéma ^^ Naaaaaaan, c'est déjà fini ! Bon, voilà, je conclurai juste par GG ! |
| | | Rufus Shinra Roi des Petits Gris
Nombre de messages : 2455 Age : 36 Localisation : Là où s'est déroulée la dernière catastrophe en date ~ Compagnon senior de la Confrérie
| Sujet: Re: Effet Papillon [Tome III] Mer 23 Mai 2012 - 16:23 | |
| Voilà la suite ! X_X
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Chapitre 08 : Gambits
- Et… je suis censée savoir qui c'est ? demanda Anna. - Pas encore, fit Urth. Mais garde ça en douce sur toi, ça te sera utile. - Attendez une seconde, dit la scientifique en plissant les yeux. Vous me demandez d'embarquer avec moi une lame monomoléculaire ? Dans quoi est-ce que vous allez m'embarquer, maintenant ? Qu'est-ce qu'il y a exactement ici ou qu'est-ce qui va vouloir me tuer ? - Rien du tout, répondit l'Ascendante en levant les yeux au ciel. Je t'ai suggéré de la prendre, pas de l'utiliser. Ni d'apprendre à t'en servir. - Ce qui ne change rien du tout à ce que je disais, répliqua-t-elle. Vous avez vu ce qui m'est arrivé depuis que je suis avec vous… C'est pour les mercenaires, c'est ça ? Dans des couloirs comme ceux de la base, une arme de ce genre pourrait être très utile. Ou alors est-ce que je dois demander au docteur Jackson s'il connait le nom de cette Ancienne ? - Non plus. Et arrête de paniquer, veux-tu ? Garde juste ça sur toi. - Ne vous étonnez pas si je ne vous fais jamais confiance, après. - C'est mesquin… - Ecoutez, vous jouez votre jeu avec tout le monde, je sers d'intermédiaire pour des messages secrets entre vous et Atlantis, je manque de me faire tuer une douzaine de fois depuis que j'ai quitté mon bureau… - Si tu le dis. - Je le dis. Et sinon, on ferait bien de revenir voir les autres, parce qu'autrement, ils vont commencer à s'inquiéter. Et je ne sais pas qui est cette Tsippora, mais si vous vous intéressez à elle, je parie que vous n'avez pas envie de voir tout le monde fouiner ici, commenta-t-elle en faisant un large geste englobant les alentours. - Bonne déduction, confirma l'Ascendante au sourire narquois. Après toi…
Lorsque le duo fut sorti de la salle, la porte se referma derrière elles la scientifique n'ayant pas besoin de la confirmation de l'I.A. dans son oreille pour savoir que l'accès au logement était à nouveau verrouillé.
- Alors, les accueillit Bakane en évitant d'un pas de côté un technicien sortant de la cache technologique avec un chariot d'artefacts. Vous avez trouvé quelque chose ? - Rien de transcendant, répondit-elle. Il faudrait passer plus de temps sur place pour savoir ce qu'il y a exactement aux alentours. - Entendu, docteur. Si vous voulez nous aider à superviser l'archivage et le transport des artefacts, ça nous permettra de terminer ça et de nous mettre plus rapidement à leur étude concrète.
Derrière l'archéologue hébridan, plusieurs gardes armés arrivèrent par l'un des couloirs pour s'immobiliser dans des renfoncements de celui-ci, soulevant un sourcil interrogateur de la part d'Anna. - Ah oui, expliqua Bakane. Vous n'étiez pas là quand on a reçu le mémo. Apparemment, les problèmes de communication continuent. Hébrida est complètement inaccessible et certains de nos amis en charge de la sécurité commencent à devenir paranoïaques. Enfin, plus que d'habitude, puisqu'ils sont payés pour ça, après tout. Le résultat est que la sécurité a été renforcée sur tout le site des fouilles. Je sais, ça ne va pas nous faciliter le travail, mais je n'ai pas mon mot à dire, c'est leur domaine, pas le mien. - D'accord, s'entendit-elle répondre. Raison de plus pour s'y mettre tout de suite.
Il fallut au final un peu moins de deux heures pour sortir les différents artefacts sélectionnés par le groupe de scientifiques, le processus de choix lui-même responsable de la majorité des délais. Une fois sortis du réseau de cavernes servant d'antichambre au complexe souterrain, Jackson prit Anna à l'écart aussitôt que possible : - Qu'est-ce que vous avez trouvé là-bas ? demanda-t-il sans préambule. - De quoi est-ce que vous parlez ? se défendit-elle. - Anna… s'il vous plait, ne nous prenez pas pour des imbéciles. Vous cachez quelque chose, et vous le cachez mal. Notre estimé collègue l'a compris. Les mercenaires qui nous accompagnaient l'ont compris et je l'ai moi aussi compris. Vous en savez plus que nous tous sur cette base, et personne à part peut-être un ou deux cuisiniers ne se fait d'illusion là-dessus. Enfin, si, les autres doivent être persuadés maintenant que j'en sais aussi énormément parce qu'ils continuent à vous voir comme une assistante ou une adjointe. Pour l'instant, je veux vous faire confiance, mais s'il vous plait, donnez-moi des informations… - … Elle nous a mené vers des appartements. Il n'y avait pas grand-chose à l'intérieur, mais l'aménagement date de la même période qu'Atlantis. - Donc il est lié aux artefacts. - Je crois, oui. Il y avait aussi un nom. Je pense que c'est la personne qui occupait le logement. Tsippora. Est-ce que ça vous dit quelque chose ? - Tsippora… répéta Jackson. Pas particulièrement. Tout ce que je peux dire, c'est que ce n'est pas un dirigeant ou quelqu'un de haut placé des dernières années de la Cité… Il faudra que je vérifie dans les Archives quand on rentrera… Je suis quasiment sûr d'avoir déjà vu le nom quelque part. Et le lieutenant ? - Comment ça ? - Le lieutenant Ravenwing, Anna. Les autres peuvent penser qu'elle vous sert juste d'escorte, mais vous et moi savons que ce n'est pas le cas. Pourquoi est-ce que Atlantis l'a invité avec vous ? Bonne question, non ? - Désolée, mais… je ne peux… pas répondre. Je ne suis pas entièrement sûre. - Etrange personnage que le bon lieutenant, vous ne trouvez pas ? fit-il à voix basse. Surtout que je suis quasiment certain de l'avoir déjà vue avant, elle aussi. Le monde est petit. Très petit… Mais faites quand même attention, je pense que presque tout le monde ici sait que vous préparez quelque chose. Ils ne savent peut-être pas pour tous les acteurs de la pièce, mais vous, par contre, vous êtes sous les projecteurs. Au moins autant que moi, ce qui n'est pas rien. - Entendu. Merci de… l'avertissement. - Il n'y a pas de quoi, docteur Stern. Pour l'instant, vous êtes avec Atlantis et je préfère qu'elle garde le contrôle. Tant qu'elle n'a pas à sortir les grands moyens, c'est mieux pour nous tous. Et en plus, vu que tout le monde ici est persuadé que je suis votre supérieur, ce qui vous arrive va forcément me concerner tôt ou tard. Enfin, pour revenir aux affaires "officielles"… Un avis plus poussé sur les artefacts dans le complexe ? - Là, je n'en sais honnêtement pas plus que vous. Des Anciens, probablement d'Atlantis, sont repassés ici après avoir quitté Pégase, mais pourquoi… - Si l'on en apprend plus sur ce ou cette Tsippora, ça pourrait nous donner un élément de réponse, mais il y a déjà un autre problème. - Lequel ? - Nous avons un témoignage de… première main, de leur départ, lorsque la Cité a été submergée. - Comment… - Demandez à votre amie, elle se fera sûrement une joie de vous l'expliquer, lâcha l'archéologue. Elle était là aussi, de toute façon. Le point est que, pour la très grande majorité, ils sont partis avec un équipement minimaliste, du matériel pour s'installer sur place, mais pas grand-chose de plus. Alors que, ce qui était dans la cache aujourd'hui… - C'était du matériel militaire, pour la plupart. - Voilà, ajouta Jackson. Le même genre qui a été abandonné dans la Cité par des survivants voulant tout laisser derrière eux. Donc, il y a une incohérence, et, comme Sam l'a suffisamment dit et répété à l'époque, toutes les découvertes commencent avec une incohérence. Comment est-ce que vous expliqueriez ça, Anna ? Si bien sûr vous n'en savez pas déjà plus que moi là-dessus. - Atlantis m'a dit qu'il y a un autre acteur qui l'influence, raisonna-t-elle sans relever la suggestion. Donc, je ne peux pas lui demander ce qu'elle sait de ce… témoignage. - Attendez une seconde, l'interrompit Jackson. Elle vous a dit que quelqu'un ou quelque chose l'influence ? Elle ? - Oui, confirma Anna. Et, je sais, ce n'est pas rassurant. - Anna, soupira l'archéologue. "Pas rassurant", c'est quand vous avez une douzaine de contacts radars ressemblant à des vaisseaux-ruches qui arrivent vers vous. Ici, on parle d'une I.A. Ancienne qui a le contrôle total sur la Cité, communique en temps réel à une échelle intergalactique et qui vous avoue être contrôlée par encore un autre acteur. C'est un problème d'un tout autre niveau, vous ne trouvez pas ? - Euh, oui… - Très bien. Et, la prochaine fois, est-ce que vous pourriez m'annoncer ce genre de nouvelle tout de suite ? Enfin, vous disiez ? - Pour l'incohérence, on se ramène à deux choses. Soit le témoignage est correct, soit il ne l'est pas. - Jusqu'à là, je ne vais pas vous contredire. Vous pouvez développer ? - Dans le second cas, fit-elle, ils sont partis d'Atlantis avec cet équipement, et une partie des survivants se sont installés ici en laissant leurs souvenirs. Dans le premier, quelqu'un d'autre a amené ça ici. - Qui ? - Pas forcément des Anciens, proposa-t-elle. Tout ce qu'on sait, c'est que c'est relativement récent. Il faudrait faire des datations pour savoir quand ils sont arrivés. - J'y avais pensé, mais l'air est renouvelé et purifié automatiquement, rappela Jackson. Donc les résultats seraient sûrement biaisés. Et Atlantis pourrait fausser les résultats sans problème, la connaissant. - Ou bien s'en voir donner l'ordre. Il faudrait comprendre pourquoi elle nous a envoyés ici, déjà… - Bien sûr, mais… Attention, voilà notre autre meilleur ami, prévint-il Anna en regardant derrière elle. - De qui est-ce que vous… commença-t-elle en se retournant. Oh. Vous. - Heureux de voir que je vous inspire tous ces sourires éclatants, fit Johnson, sarcastique. Il semblerait que vous ayez fait une jolie trouvaille, docteurs. Notre cher collègue hébridan a l'air d'être au septième ciel. Est-ce que ça vous embêterait d'expliquer au non-initié que je suis les détails de ce qui s'est passé ? Après tout, c'est dans notre intérêt à tous que je sois moi aussi au comble du bonheur, non ? - Quelle subtilité… commenta Anna. - Docteur Stern, dans ma branche, j'ai appris très vite qu'on n'est jamais assez direct, surtout quand on a toutes les armes à portée de main. La subtilité, c'est pour ceux qui vous paient, avant qu'ils vous aient payé. Pour l'instant, vous n'entrez pas dans ce groupe au demeurant fort exclusif. Donc ? Machins Anciens, archéologue surexcité. Mercenaires satisfaits ou déçus ? - Pour l'ensemble de la communauté archéologique… officielle, vous venez d'assister à l'une des plus grandes découvertes d'artefacts Anciens des dernières années, et leur étude va probablement être à l'origine de quelques centaines d'articles, de thèses et de conférences sur toutes les planètes avec une industrie et de la recherche scientifique. - D'accord, fit le mercenaire. Et pour le reste de cette communauté ? - Pour ceux qui savent vraiment ce qu'il en est… Rien de bien intéressant n'a été sorti des ruines aujourd'hui. - Dois-je en comprendre que je dois être déçu, docteur Jackson ? - Non, pas vraiment. Les objets, en eux-mêmes, sont relativement communs. Beaucoup plus avancé que tout ce qui est produit par nos civilisations, mais déjà trouvés et étudiés par nos services. - Docteur Jackson, fit Anna, inquiète. Vous êtes sûr qu'il soit prudent de lui dire ça ? - Anna, la moitié de la galaxie est persuadée que si je suis devenu aussi vite que ça une référence sur les Anciens, c'est à cause de sources secrètes. L'autre moitié croit que c'est à cause de mes quelques… expériences personnelles. Tant que je ne donne pas de détails sur les uns et les autres, il n'y aura pas de mal. Donc, reprit-il en se tournant vers Johnson, le problème, c'est que, comme j'en discutais avec Anna, ces objets ne devraient pas être là. Ils viennent contredire ce que nous savons déjà… ou pensons savoir. - C'est sans doute très intéressant, docteur Jackson, mais je ne suis pas ici pour vous voir corriger vos bouquins d'histoire dans le cas où vous et vos collègues vous êtes plantés. - Ca dépend ce qui est à corriger… et de ce qui est à l'intérieur de cette installation. Elle est très grande, bien plus que celles que j'ai déjà visité. Attendez qu'on trouve son secret, et on verra, d'accord ? - Ne prenez pas trop longtemps, docteur. Il faut que tout soit fini, d'une façon ou d'une autre, avant que les communications soient rétablies. Sur ce, j'ai quelques consignes à donner à mes hommes…
Anna le regarda s'éloigner : - Qu'est-ce qu'on fait ? demanda-t-elle. - Je ne sais pas. Entre lui, le lieutenant Ravenwing, Atlantis et le reste, vous ne m'avez vraiment pas simplifié la vie, Anna. Si vous me disiez ce qu'il en est avec elles, je pourrais essayer de voir pour imaginer un plan, quelque chose…
Elle détourna le regard.
- Très bien, continua-t-il. Alors en attendant d'en savoir plus, je suggère de continuer à en apprendre autant que possible sur ces ruines, parce qu'elles contiennent peut-être quelque chose qui pourrait à la fois intéresser notre ami mercenaire, mais aussi clarifier la situation avec Atlantis. J'aimerais vraiment garder l'I.A. omnipotente de notre côté. Enfin, pas si omnipotente que ça, à la croire. - Et si on ne trouve rien ? - Alors il faudra espérer être plus convaincants qu'eux quand on nous demandera des explications. Ou alors courir plus vite qu'eux vers la Porte. Heureusement que Jack n'est pas là, autrement il dirait que ce sont les deux seules choses que je sais faire… - Au pire, il y a toujours ce… bunker, proposa la scientifique. - Celui avant le complexe ? - Oui, répondit-elle. On pourrait essayer de se retrancher dedans si ça tourne mal. Comme ça, vous auriez plus de temps pour les convaincre. - … Bonne idée, admit-il. Je vais aller voir Bakane et lui demander d'organiser une visite du bunker pour notre escorte. Enfin, sauf pour un certain lieutenant qui va continuer à vous accompagner, je suppose ? - Euh… oui. Désolée. - Vous savez, Anna, si ça continue comme ça, je ne pourrai pas empêcher certaines rumeurs de circuler, répondit Jackson avec un très mince sourire. - Quelles rumeu… Oh. Ne me dites pas que… - Vous n'avez pas idée de l'imagination débordante des soldats qui n'ont rien à faire. Et, non, je ne lancerai rien de tel, c'était juste une petite pique pour tout le stress que vous me donnez. - Désolée… - Ne soyez pas désolée, Anna. La majorité des comploteurs que j'ai rencontrés sont beaucoup moins polis et aimables que vous, le lieutenant Ravenwing ou Atlantis… Et ils ont aussi une certaine tendance à vouloir me tuer, dominer la galaxie et le plus souvent les deux à la fois. - Vous n'exagérez pas un peu ? tenta-t-elle. - Sur quel point ? fit-il en retour. Si c'est sur la politesse habituelle des amateurs de complots, renseignez-vous sur Ba'al et ses clones, Anubis, le Trust, le NID, la faction renégate de la Tok'Râ, l'Alliance Luxienne, le Cartel Supérieur et une demi-douzaine d'autres groupes qui ont essayé de placer leurs pions sans trop de scrupules. Encore que… si, il y a Harry. Harry Maybourne, je veux dire. Une vraie fouine, mais il lui est arrivé d'être aimable de temps en temps. Quant à votre position à vous… vous complotez sous mes yeux avec une I.A. omnipotente et quelqu'un qui a réussi à s'infiltrer dans une équipe SG sans laisser la moindre trace. - Oh, vu comme ça… Heureusement que vous ne me mettez pas dans le même panier. - Rappelez-vous, Anna, je suis autant diplomate de carrière qu'archéologue de formation. Je ne pourrais pas faire un bon travail si je ne cherchais pas à savoir en quoi les plans des autres pourraient nous profiter. Ou bien si je ne savais pas me rendre compte des moments où je suis surclassé…
- J'espère que vous vous rendez bien compte, commença Anna une fois qu'elle eut pu rejoindre l'Ascendante, que le docteur Jackson a compris une bonne partie de la situation. - Je n'ai jamais prétendu qu'il était idiot, répondit Urth. - Non, je veux dire qu'il sait parfaitement que vous n'avez rien à faire ici. - Quoi de neuf, Anna ? Et puis, je ne suis pas le premier de ses problèmes. Enfin, qu'est-ce que tu comptes faire, maintenant ? - Pardon ? Depuis quand je prends des décisions, moi ? - Depuis que je suis venue pour égaliser un peu les chances de ton côté et rendre les choses plus intéressantes. Ce qui, pour l'instant, a parfaitement réussi, je dois bien le dire. - Ca a surtout réussi à faire monter ma tension, commenta la scientifique. Est-ce que je pourrais au moins savoir ce qu'on est censés chercher ici ? Ce ne sont sûrement pas tous les artefacts qui trainaient… L'arme que vous m'avez envoyé ramasser ? - Non plus, mais tu chauffes. - A quoi sert cette base exactement, en fait ? - Voilà une bonne question ! J'avais peur que tu ne la poses pas… - Donc ? - Je ne sais pas.
Anna resta muette quelques instants une partie de son esprit cherchant brièvement à entendre un quelconque son aux alentours pour s'assurer qu'elle avait bien entendu. Puis, se reprenant : - Comment ça, vous ne savez pas ? - Je crois savoir ce qui se passe, mais, techniquement, je ne sais pas, répondit l'Ascendante avec un sourire à chaque seconde plus crispé et dangereux. - Oh merde… Qu'est-ce qui se passe ici ? Dans quoi je suis encore tombée ? Vous êtes bien une Ascendante, hein ? - Oui. - Donc vous êtes dans un plan de conscience supérieur, avec accès à une bonne partie de l'Univers ? - Oui. - Vous pouvez faire à peu près ce que vous voulez, quand vous voulez, tant qu'un autre Ascendant ne vous bloque pas ? - La plupart du temps. - Donc il y a un autre Ascendant dans les parages qui n'a pas envie que vous sachiez ce qui ce passe ? - Non. - Et… attendez… comment ça, "non" ? - Non, il n'y a pas d'autre Ascendant sur place. Pas que je sache, en tout cas. - Mais alors qu'est-ce qui se passe ici ! - Tu pourrais demander à Danny, il arrivera sûrement à la même conclusion que moi. Mais seulement si tu lui dis tout ce que tu sais sur moi, ou au moins assez pour qu'il fasse le rapprochement. - Et je perdrais l'un de mes seuls avantages, c'est ça que vous voulez dire ? - En quelque sorte. Disons que, pour la poursuite de notre si belle amitié, dit-elle en pointant nonchalamment son doigt vers le visage d'Anna, je préférerais que tu évites de parler de ça avec lui. - Si vous voulez vraiment, répondit celle-ci lentement sans quitter du regard le doigt qu'elle s'attendait à voir parcouru d'électricité. Je ne vais pas vous refuser ça, hein… - Super ! fit Urth en reprenant un sourire immature. - Oui… C'est ça. Super. Et moi, là-dedans, qu'est-ce que je fais ? - Je te dirais de voir avec Atlantis, normalement, vu que c'est elle qui a une bonne partie des cartes en main, mais ce serait faux. - Faux ? - Problème de mémoire ? commenta l'Ascendante en prenant un air exagéré de pitié à son intention. Ah ! les affres d'occuper un corps biologique, les souvenirs qui disparaissent en même pas un siècle, je ne sais pas comment vous faites… - On s'y habitue, merci. Donc ? - Tu sais, l'I.A. dirigée par quelqu'un d'autre en douce… - Oui, pour ce que ça change de mon côté… Manipulée par une I.A. ou une autre personne. - Mais c'est pas de ça dont je parlais, reprit Urth. Côté cartes en main, tu en as une belle, très belle, même. - Vous ? répondit Anna en haussant les sourcils. - Merci ! Merci du compliment, mais… non. Même si je dois admettre que je ferais sûrement être l'une des cartes les plus agréables à l'œil de cette partie, je ne suis pas dans le paquet, désolée. - Au moins, je pourrais toujours m'en sortir avec la flatterie, si tout le reste échoue. - Et ça te surprend ? Enfin, juste pour te dire, je ne tourne pas comme ça… la plupart du temps. - Ah non, pas vous aussi avec ce genre de commentaire ! - Pas moi qui ai commencé ! - Donc… soupira-t-elle. C'est quoi, la carte que je suis censée avoir en main ? - Est-ce que tu sais qui est la dernière personne à avoir commandé cette base ? - Aucune id… commença-t-elle avant de réaliser. Tsippora ? - Et la petite dame au milieu des complots gagne le cigare ! - Et comment est-ce que vous le savez, si vous ne savez pas ce qu'il y a dans cette base ? remarqua-t-elle après un autre instant de silence face aux excentricités de l'Ascendante. - Mais tu commences vraiment à poser les bonnes questions, tu sais ! Si tu continues, tu n'auras plus besoin de moi… - Vous savez, quand vous ne voulez pas me répondre, ce serait plus simple de le dire directement. - Plus simple, oui. Plus amusant, non. - …
- Bref, reprit Anna après quelques instants, ça a à voir avec l'arme que vous m'avez filée. - Voilà. A ton avis ? - Vu que c'est le propriétaire qui importe, vous n'allez pas me suggérer de découper les portes avec. Me faire passer pour elle pour les systèmes de sécurité ? Non, ils vont juste me voir comme quelqu'un qui a pris l'arme de leur patron sans autorisation, s'ils sont un tant soit peu corrects, et je me ferais attaquer dans la foulée. - Bien ! Tu deviens prudente ! Enfin, pourquoi est-ce que j'encourage ça, moi ? C'est pas en restant prudente que tu vas secouer les choses… - Comme vous l'avez si bien dit, j'ai un corps très fragile, moi, et je vais essayer de le garder tel quel aussi longtemps que possible.
Urth ne lui opposa pour toute réponse qu'un très large sourire.
- Si vous croyez que ça me déstabilise, ces petites simagrées… commenta Anna. Bref. L'arme appartient à ce ou cette Tsippora, qui a dirigé en dernier la base. Si ça me permet d'accéder à quelque chose de plus, pourquoi est-ce qu'Atlantis nous a laissé la récupérer ? Elle ne devrait pas nous bloquer ? - Je la connais personnellement, et elle est assez douée pour interpréter comme elle veut tous les non-dits, dit Urth en lui faisant signe de continuer son raisonnement. - D'accord… Alors quoi, ensuite ? Je n'ai pas la moindre idée de la façon de me servir de ça, alors est-ce que vous pourriez au moins me guider ? Autrement, on va rester coincées là jusqu'à ce que tout le monde se tire dessus… - Pas portée sur les énigmes, hein ? - Pas quand je risque de me faire tuer et qu'il y a quelqu'un à côté qui en connait toutes les réponses. - … Tu as soulevé le bon problème, juste avant. - Encore un indice obscur, hein ? Donc c'est un problème de sécurité, ils vont voir que je ne suis pas la bonne personne. Et vous ne sauriez pas où je pourrais trouver ce ou cette Tsippora ? - Cette, déjà, et ça serait difficile de la faire revenir, maintenant. - Pas étonnant, si c'est il y a quelques milliers d'années qu'elle a commandé cette base. Et il n'y a pas non plus d'astuce pour me faire passer pour elle, je parie. - Non plus. - Là, je ne vois pas où vous voulez en venir. Je ne peux pas la récupérer, je ne peux pas me faire passer pour elle et j'ai besoin d'elle pour aller… en fait, je ne sais même pas où je veux aller, conclut-elle en détournant le regard. Je sais que ça vous amuse, mais quand même, est-ce que je pourrais au moins avoir une idée de ce que je fais ici ? - Tu me permets de savoir à coup sûr ce qu'il y a ici et on voit comment Atlantis compte nous manipuler. - Attendez, Atlantis vous manipule, maintenant ? - Non, j'ai dit qu'elle compte nous manipuler, pas la même chose. Mais je suis un rien curieuse de savoir ce qu'il y a ici et je prendrais ça pour un service personnel si tu m'aidais à voir ce qu'elle nous cache. - Et ce serait une bonne chose que de vous rendre un service, c'est ça que vous voulez dire ? - C'est toujours une bonne chose que de me rendre un service. - D'accord, mais ça ne change rien à mon… notre problème. Surtout que vous voulez que je vous aide à faire quelque chose, donc ça pourrait être bien de me donner les infos, non ? - D'accord, d'accord, concéda l'Ascendante. Tu n'as pas besoin de Tsippora en personne, juste d'une autorité équivalente. - Ah. Juste ça, répondit la scientifique d'une voix artificiellement neutre. Il suffit juste de trouver un cadre sup' Ancien qui voudrait bien m'accompagner pour que je perce les secrets d'une de leurs bases. Où est l'ambassade la plus proche ? - Tu sais, Anna, tu deviens sarcastique… - Désolée, mais c'est soit ça, soit m'enfuir. Vous avez vu dans quoi vous me mettez ? Vos conseils sont encore moins réalisables que mes premières idées. - Je ne vois pas où est le problème de trouver une autorité légitime qui veuille t'écouter. - Moi, si. La seule personne qui voudrait bien m'écouter… Oh non. - Si. - Non, non, non, persista Anna. - Si, si, si, répondit l'Ascendante en acquiesçant exagérément. - Et comment est-ce que je vais présenter ça… murmura-t-elle à sa propre intention.
L'archéologue venait à peine de s'asseoir sur une chaise, une tasse de mauvais café en main, qu'une voix de plus en plus familière se fit entendre : - Docteur Jackson ? - Oui, Anna ? répondit-il avant de prendre une brève gorgée du liquide noirâtre. - Je crois qu'on va devoir revenir dans les ruines plus tôt que prévu… - Un problème ? Est-ce que je rappelle le capitaine et le lieutenant ? demanda-t-il en se référant aux deux derniers membres de SG-17 qui étaient partis en direction du massif rocheux. - Je… je ne sais pas, à vrai dire. - Qu'est-ce qui se passe, maintenant ? - Nous… Comment dire… On a trouvé quelque chose qui devrait pouvoir nous donner accès au complexe. A ce qu'il y a vraiment à l'intérieur. - Et par "nous", vous parlez de qui exactement, Anna ? - Le… lieutenant Ravenwing et moi, docteur Jackson. - Quelle surprise, commenta-t-il posément. Qui d'autre est au courant ? Personne, je suppose ? - Juste vous. - Et il vaudrait mieux que ça reste comme ça, je me trompe ? - Voilà. - Est-ce que ça peut attendre la nuit ? Ce sera plus simple de voir ça à ce moment-là. - Euh, je crois, oui, il ne devrait pas y avoir de problème. - D'accord. Je vous vois après le dîner et on se préparera à ce moment-là. - Entendu, monsieur, fit-elle sans parvenir à cacher sa gêne. Merci.
Anna ne put s'empêcher de se sentir une fois de plus impressionnée face à la logistique qu'avaient su mettre en œuvre les Hébridans derrière l'expédition qui l'accueillait à présent. Les réserves diverses étaient apparemment suffisamment fournies pour qu'elle et le reste du personnel technique comme militaire puissent bénéficier d'un confort qu'elle n'aurait jamais instinctivement associé à une fouille sur une planète dénuée de toute civilisation.
Le repas, lui, avait étrangement ressemblé à ceux qu'elle avait eu sur la Cité, des groupes se formant souvent en fonctions des spécialités de chacun et les discussions restant fluide, vie et travail se mêlant au fil des phrases. Elle et Jackson s'étaient retrouvés invités auprès des différents responsables scientifiques de l'expédition tandis que, du coin de l'œil, elle avait vu l'équipe SG et les mercenaires se surveiller réciproquement. La scientifique ne put s'empêcher, à plusieurs reprises, de se représenter le simulacre de bonne entente que les deux groupes avaient dû s'efforcer de jouer pour leurs hôtes tout en anticipant l'inévitable moment où la trêve cesserait. Sans compter l'Ascendante en leur sein qui, selon toute probabilité, devait davantage s'efforcer de retenir l'un de ses sourires prédateurs que quoi que soit d'autre.
Tout au long du repas, les questions d'ordre technique et personnel avait fusé autour de sa propre table, et, de temps à autre, elle comme Jackson avaient décliné de répondre, tandis qu'elle avait surpris l'archéologue à mentir ouvertement dans d'autre cas. L'aisance avec laquelle il se prêtait à l'exercice n'avait pas été sans être remarquée de la scientifique, qui se surprit à imaginer les occasions où il avait pu s'y exercer.
Elle fut en revanche tirée de ses quelques réflexions sur l'archéologue lorsque le sujet des conversations bascula sur la situation politique de la galaxie. Pour la quasi-totalité des individus présents, il semblait que la guerre entre les forces Terriennes et Jaffa fut imminente, et certains redoutaient le débordement. Il apparut clairement à la scientifique que le statu quo qui régnait jusqu'à présent était à l'avantage de nations stellaires telles qu'Hébrida. La Terre, de par son arrivée spectaculaire sur la scène et sa politique relativement expansionniste fondée sur une schizophrénie technologique où armes à feu croisaient ordinateurs asgard, avait attiré l'attention de tous les belligérants potentiels. Les autres puissances dites "mineures", qu'Anna savait cependant dotées d'une technologie et d'une industrie qui n'avait rien à envier à sa planète natale, avaient apparemment profité de cette orientation spécifique des projecteurs pour stabiliser leurs fondations dans une Voie Lactée dénuée de la présence des Grand Maîtres.
A présent cependant que la crise donnait publiquement l'impression de se dégrader chaque jour un peu plus encore, chacun se mettait à donner son avis, discutant des causes et conséquences tout en demandant fréquemment son avis à Jackson dont la proximité avec les sphères du pouvoir était de notoriété publique. Celui-ci s'efforçait clairement de rester neutre et de ne donner aucune information ou de corriger certaines rumeurs qui circulaient apparemment sur la Terre et ses forces, l'attaque récente sur Dakara et la mobilisation chez les Jaffa.
Lorsque, après les longues discussions qui avaient suivi la fin du repas lui-même, les différents membres de l'expédition commencèrent à se lever de façon plus ou moins désordonnée, Anna sentit son souffle s'accélérer et fit tout son possible pour garder une apparence calme.
Allez, ne panique pas, Anna. Tout va bien se passer, le docteur Jackson a sûrement un plan de prévu, il a fait ce genre de coups toute sa vie et on a une Ascendante qui va nous accompagner. Détends-toi… se répétait-elle à l'envi, un sourire maintenu tant bien que mal sur les lèvres alors qu'elle se levait à son tour, imitant le reste de la tablée.
Les minutes suivantes passèrent rapidement, la scientifique se sentant détachée des courtoisies d'usage qui s'échangeaient et s'entendant répondre de façon automatique. Plus ou moins régulièrement, elle cherchait du regard la chevelure claire de l'Ascendante au milieu de la foule qui quittait le lieu du repas, qu'elle parvint finalement à trouver lorsque celle-ci se rapprocha de la scientifique.
- Docteur Stern, dit-elle d'une voix neutre et sans se soucier d'être entendue par ses voisins, le docteur Jackson m'a demandé de vous assister lors de votre travail au cours de notre séjour sur place. Si vous avez besoin de quoi que ce soit… - Oh… Merci, lieutenant Ravenwing, répondit Anna en jouant le jeu.
Pas con, autant se donner une raison officielle d'être tout le temps ensemble.
Lentement, elle s'éloigna du groupe avant de trouver un petit empilement de caisses au bord duquel elle s'assit, tournant le dos au campement. Le ciel était dépourvu de nuages et offrait à son regard les innombrables étoiles de la galaxie, dont le nuage trouble était bien plus visible depuis cette planète que depuis la Terre.
- On doit être assez près du centre galactique, non ? demanda-t-elle à l'Ascendante dont elle sentait la présence à proximité. - Par rapport à la Terre ? Cinq ou six mille années-lumière plus près, oui. Mais ce n'est pas le même bras de la Voie Lactée. - Est-ce que… non, oubliez ça. - Oublier quoi ? - J'allais vous demander un truc stupide, c'est bon. - Dis, dis. J'en ai entendu et fait assez pour que t'aies un peu de mal à me choquer. - Bon, d'accord… Je voudrais juste savoir si vous pouviez prendre une photo ou deux. Avec toutes les étoiles en arrière-plan. - C'est pas stupide. Une raison particulière, Anna ? - C'est un beau paysage, et je suis plus une touriste qu'autre chose là-dedans, alors je me suis dit que ça serait bien d'avoir quelques souvenirs, fit-elle d'un air légèrement détaché avant de détourner le regard. Et puis… - Et puis quoi ? demanda l'Ascendante en s'appuyant à son tour sur les caisses. - J'ai un mauvais pressentiment. - Du genre ? - Que si je ne les fais pas maintenant, ces photos, je n'aurai plus l'occasion de les faire. Je ne sais pas ce qu'on va trouver là-dedans, mais c'est pas bon. Pas bon du tout. Atlantis nous envoie sur place, on se fait pourchasser par des mercenaires, vous ne pouvez pas –ou ne voulez pas, c'est la même chose– me dire ce qu'il y a ici. Je ne suis pas conne, vous savez. Pour l'instant, on s'en sort de justesse, mais ça ne va pas durer. Vous avez tous vos plans, vos intérêts, et moi, au mieux, je sers juste d'élément comique pour vous, Urth. Ca veut dire que vous allez me faire durer aussi longtemps que possible, mais je ne me fais pas trop d'illusions. - Tu te trompes, répondit l'Ascendante d'une voix calme qui surprit Anna. - Comment ça ? - Les choses sont… plus compliquées que ça. Je ne sais pas exactement comment tout va se finir. J'ai une bonne idée, mais je ne sais pas exactement. Par contre, il y a une chose de sûre : tu n'es pas l'élément comique de la situation. Enfin, pas seulement. - Je ne sais pas si c'est franchement rassurant, de votre part. - Ca ne l'est pas, confirma-t-elle. Mais tu fais partie des plans. Tu verras le moment venu. - Sûrement…
Sans avertissement, Urth se leva d'une brève impulsion et reprit son visage enjoué : - Bon, on les fait, ces photos ? Et ne t'inquiète pas, j'en prendrai soin comme la prunelle de mes yeux. - … D'accord, lâcha la scientifique dans un soupir amusé. - Un jour, je te raconterai ce qui s'est passé la fois où le beau-frère a voulu faire une séance-photo… commenta l'Ascendante en prenant l'appareil des mains d'Anna avant de murmurer pour elle-même. Alors, retardateur… - Qu'est-ce que vous faites ? - Hé, je suis pas là pour prendre des photos de l'héroïne mélancolique sur fond étoilé à la veille de son noble sacrifice ! fit Urth en prenant un air sarcastique. Tu vas voir la tête que fera Danny quand tu lui montreras des photos de toi et d'une Ancienne ensemble, quand tout sera fini. Juste pour ça, crois-moi, ça vaudra le coup !
Anna leva les yeux au ciel, souriante : - Je dois admettre…
- Lieutenant, fit Jackson en suivant l'Ascendante du regard tandis qu'elle pénétrait dans la tente à la suite Anna. - Docteur Jackson, répondit-elle en maintenant son illusion de professionnalisme. - Apparemment, on doit donc rentrer dans le complexe sans se faire repérer par nos amis Hébridans. Une fois sur place, nous allons… Anna ? - Normalement, nous devrions pouvoir bénéficier de l'aide indirecte de notre… Oh et puis zut, d'Atlantis. - … Je vois, fit Jackson en serrant brièvement les dents. Est-ce qu'il y a d'autres secrets concernant la sécurité de notre planète dont je peux parler librement ou c'est tout ? - Docteur Jackson, il y a déjà suffisamment de monde qui nous en veut, autant ne pas nous embrouiller nous-mêmes avec du pseudo-langage codé. - Si vous le dites, Anna… Donc ? - Nous avons trouvé dans la journée un artefact qui devrait nous donner un accès plus complet à cette installation, mais ensuite, je n'ai pas plus d'infos. Peut-être qu'Atlantis pourra nous en donner plus, mais je n'en sais rien. Le fait est que, vu tout ce qui arrive ici et ailleurs, le plus tôt on saura ce qui nous attend sera le mieux. - Là, on est entièrement d'accord, Anna. - Par contre, je ne sais pas exactement comment faire pour rentrer sans nous faire repérer, admit-elle. - Je m'en suis chargé, répondit l'archéologue. Les collègues du lieutenant ont préparé de quoi faire une diversion rapide quand ils sont allés voir l'Abri. Ce ne sera pas parfait, mais on devrait avoir une bonne occasion d'entrer à l'intérieur. - Entendu. Merci… - Il n'y a pas de quoi, Anna. Pour l'instant, il semble qu'on ait tous les mêmes objectifs, dit-il en laissant tomber son regard sur l'Ascendante.
Celle-ci ne pipa mot, se contentant de lui retourner son attention en silence.
- … Bon, fit-il après quelques instants. Je ne sais pas ce qui nous attend à l'intérieur, mais on devrait partir maintenant pour avoir autant de temps que possible. A moins que quelqu'un ait autre chose de prévu ? - Heu, non, répondit faiblement la scientifique. - Alors on y va.
Le groupe parvint sans grande difficulté à s'approcher à une dizaine de mètres de l'entrée du complexe, restant en-dehors des rares zones éclairées par les quelques lampes installées hâtivement sur le chemin menant au campement. Deux gardes, l'un humain et l'autre hébridan, surveillaient de façon détachée le chemin, ne jetant que de brefs coups d'œil en direction des alentours.
Anna, accroupie derrière des rochers de grande taille, vit l'archéologue avoir un bref rictus désapprobateur face aux deux individus avant de sortir sa radio. Il appuya de façon régulière sur l'un des boutons, l'autre main plaquant une oreillette en position d'écoute. Acquiesçant à une transmission reçue, il fit signe au reste de son groupe de se préparer, et la scientifique sentit ses muscles se tendre tandis qu'elle vérifiait des mains les renforcements improvisés qu'avaient reçues ses chaussures pour réduire le bruit de ses pas tandis qu'elle suivrait très exactement ceux de Jackson.
Soudain, un bruit de voix se fit entendre dans la direction des gardes. Tendant l'oreille, elle reconnut rapidement les deux autres membres de SG-17 qui semblaient discuter à voix haute, d'un ton qu'elle associa immédiatement à celui de personnes à la limite de l'ivresse. Elle se mordit les lèvres avant de reconnaitre le léger décalage qui caractérisait le haut-parleur d'une radio individuelle, comprenant alors la nature de la diversion. Quelques secondes plus tard, l'archéologue se leva tout en leur faisant signe de le suivre, et elle s'exécuta sans réfléchir.
Devant elle, Jackson avançait d'un pas rapide sans pour autant faire aucun bruit, tandis que les erreurs qu'elle commettait de temps à autre parvenaient à être couvertes par le dialogue provenant d'une radio égarée dans les ténèbres nocturnes. Fixant toute son attention sur son propre déplacement, elle ne tourna pas à un seul moment la tête vers les deux gardes distraits, devant reprendre consciemment son souffle à plusieurs reprises avant d'arriver à l'intérieur de l'antichambre du complexe souterrain.
S'immobilisant alors, elle fut poussée sans préavis par Jackson, qui la plaqua contre une paroi en chuchotant à son oreille : - Ne restez pas à découvert ! S'ils nous voient, on va être dans de beaux draps…
Elle acquiesça sans un son et se remit à avancer tandis que, derrière, elle entendait les gardes appeler en direction des deux voix, n'ayant apparemment pas encore compris leur erreur. Elle était sur le point de rentrer dans le tunnel qui menait aux parties plus profondes lorsqu'une nouvelle voix se fit entendre, bien plus proche, mais tout aussi reconnaissable que celles de la radio : - Ce n'est pas très fair-play, docteur Jackson, fit à voix basse le chef des mercenaires qui les avait attaqués et suivis depuis Hébrida. Faire des heures sup' sans prévenir personne… Enfin, ça montre que vous êtes motivés pour trouver quelque chose qui pourrait nous plaire. - Qu'est-ce que vous voulez ? demanda l'archéologue sans humour. - Juste faire une petite visite guidée avec vous, dit Johnson en sortant des ombres accompagné par plusieurs de ses subordonnés, tous armés. J'ai toujours aimé l'architecture des Anciens. |
| | | Rufus Shinra Roi des Petits Gris
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| Sujet: Re: Effet Papillon [Tome III] Mer 23 Mai 2012 - 16:24 | |
| - Repos, fit le major en entrant dans la salle de briefing. On a beaucoup de choses à voir, et pas beaucoup de temps.
Il s'installa au niveau du pupitre, près des contrôles des différents systèmes d'affichage holographique et conventionnel, alors que les différents pilotes du groupe aérien s'asseyaient. L'officier brancha une clé de stockage et sélectionna le premier fichier. Aussitôt, le projecteur holographique présenta une vue générale de la nébuleuse vers laquelle se dirigeait leur vaisseau : - On a tous entendu les rumeurs, il y aurait une grosse opération qui se prépare contre nos amis jaffas. En fait, c'est un peu différent. Je viens d'être briefé avec les autres par le commandant, et voilà la situation : on va être déployés dans une manœuvre de ralentissement à l'échelle de plusieurs dizaines de systèmes, nom de code de l'opération, Etincelle du Crépuscule. Pour nous, ça veut surtout dire que tout le monde va être en alerte non-stop. Patrouille pour un groupe, alerte cinq pour le second et alerte trente pour le reste. Traduction, on va tous passer un bon bout de temps dans les cockpits pour les jours qui viennent.
Il s'arrêta quelques instants, le temps de voir la réaction des hommes et femmes devant lui apprenant la nouvelle. Satisfait de voir qu'ils avaient une bonne idée des implications pratiques, il continua : - Stingray, Horn, Derpy et Jammer, vous serez le groupe Alpha. Je prends Bravo, avec Dash, Fel et Razor. Amazon, Hobbie, Fyreflye et Husker, vous êtes Charlie. Spirit, tu prends Delta avec Scoot, Tycho et Hot Dog. On alterne alerte et repos. J'ai envoyé un message aux mécanos, on va reconfigurer les chasseurs pour des sims, alors n'espérez pas piquer un somme pendant les alertes cinq. Qu'on soit clairs, le niveau a baissé depuis qu'on a quitté Sol, alors on va corriger ça… Retour à nos moutons, le job du Homer. Apparemment, le QG a jugé, dans son incomparable sagesse, que ça serait vachement bien d'avoir une base secrète loin de toute forme de logistique qui pourrait nous aider à la défendre. Le résultat, c'est que maintenant que les jaffas sont dans le coin, on s'attend à ce qu'ils tombent d'un jour à l'autre dessus, ce que les patrons ne veulent pas, on s'en doute. Le Concordia et son groupe vont donc faire une opération d'interdiction, tandis que le Homer va patrouiller différents endroits par lesquels on s'attend à ce que les autres utilisent pour préparer une attaque.
Au même moment, l'image zooma sur une partie de la nébuleuse, laissant apparaitre les icônes des différents navires de l'escadre, l'une d'entre elles s'en séparant pour parcourir un chemin précis entre les étoiles proches. - Notre job va être assez simple et les ordres explicites : on doit repousser toute tentative d'incursion de la part des jaffas. On a le droit d'utiliser les armes en légitime défense, bien sûr, mais, et c'est là le truc qui va rendre les choses amusantes… les consignes sont d'éliminer tout vaisseau jaffa que l'on croise si on peut le faire sans que l'alerte soit donnée.
A nouveau, il profita de la surprise du reste de ses subordonnés, qui semblaient ne pas en croire leurs oreilles : - Major, fit l'une des pilotes. Est-ce que ça veut dire qu'on est en guerre contre eux ? - Non, lieutenant, répondit-il. Le préavis de guerre imminente est toujours en vigueur, mais officiellement, on reste copains. Officieusement, les patrons ne poseront pas de question si on rentre avec moins de missiles et d'obus qu'on en avait au début. Tant que les jaffas ne reçoivent pas d'appel de détresse ou de témoins en fuite. Si on doit se faire une patrouille, va falloir que ça soit très rapide et encore plus violent que d'habitude. D'où la petite série de simulations que je vais vous préparer. - D'accord… - Par contre, une bonne nouvelle au niveau de la Flotte. Et, non, on est pas le premier avril et je me fous pas de vous, c'est vraiment une bonne surprise. Il semblerait que le QG ne se soit pas satisfait de garder simplement une petite base secrète, mais s'est démerdé pour faire ça avec une flotte toute entière.
Il laissa les exclamations et autres expressions d'incrédulité passer avant de continuer : - La Troisième Flotte, qui avait semble-t-il une mission tellement secrète que personne à bord n'en avait entendu parler… Enfin, la bonne nouvelle est qu'on va recevoir des renforts. Quelques croiseurs et des destroyers d'escorte. Oui, je sais, un illustre abruti s'est dit qu'on n'aurait jamais pu avoir besoin d'un capship plus petit qu'un croiseur pour faire notre job, et ils ont tous été envoyés dans cette unité. Enfin, on devrait donc recevoir un coup de main de leur part. Leurs vaisseaux vont surtout rester près de la base à défendre, mais il y en a quelques uns qui seront détachés. Alors vérifiez les IFF avant de faire les cons, et évitez de trop les emmerder. Oui, Dash, c'est toi que je regarde, je reçois encore des mails de la part des gars du Connie pour le coup du dernier exercice.
La jeune femme haussa des épaules avec un sourire narquois : - Pas de souci, patron. Je me retiendrai.
- … Bref. On va avoir des sims pour découvrir toutes les capacités de ces vaisseaux et les utiliser au mieux, mais en attendant, on va devoir se préparer à des opérations de frappe. Principalement contre des Tel'Tak et Al'Kesh. Vu qu'on peut rester assez discret quand certaines personnes ne s'amusent pas avec les fréquences de comm', le commandant a décidé qu'on serait la première force de frappe du croiseur. Si on tombe sur du plus gros, Ha'Tak et autres trucs du genre, on fera appel aux gros canons, mais en attendant, ce sera notre boulot de démolir proprement et efficacement le reste. On a deux heures avant la première série d'exercices. Alpha fera la première patrouille, Bravo en stand-by. N'oubliez pas de passer chez le toubib pour tout ce qui est médocs, les ordres autorisent les excitants de catégorie deux.
- Et merde ! fit une voix au milieu de la salle d'état-major. - Qu'est-ce qui se passe ? demanda l'un des civils en levant à peine la tête de son écran. - Message de la part du Protée, répondit l'autre. Ils ont eu une merde dans leur hyper, deux heures de retard sur l'heure prévue d'arrivée. - Bordel… commenta un autre civil. Comme si on avait besoin de ça. Mike, ressors-nous le planning, on a quoi comme buffer à griller ? - Pas bon, répondit l'intéressé. J'ai quatre étapes critiques pour le bestiau dès le début, on va perdre du temps jusqu'au jour deux, mais… ouais, on devrait pouvoir garder l'ordre des manip' si on se prend pas d'autre retard pour cet engin. - Tu règles tout ça et tu mets à jour le fichier. - Pas de souci, patron, fit-il en se mettant au travail. - Où est-ce qu'on en est côté plan comm' ? fit l'un des officiers en se tournant vers la table autour de laquelle s'était fait l'échange. - On a reçu les carnets de bord du transport qui va se faire descendre, se vit-il répondre. Je suis pas sûr que ça soit parfait, mais ça rend plutôt bien. - Montre ça, demanda son voisin.
Il s'exécuta, faisant pivoter son ordinateur pour mieux laisser voir le contenu de l'écran, que l'autre civil parcourut rapidement : - Pas mal. C'est de la part des nerds ? - Ouais, je t'ai envoyé la première fiche, ils bossent sur les profils de base qu'on a préparé, et il y a leurs suggestions dans l'annexe un. Je crois que ça se tient, pour l'instant. - A peu près. Enlève juste ce paragraphe, là, et dis-leur de pas trop en faire, mais, ouais, ça devrait marcher si les gars en face passent pas une plombe à tout décortiquer, commenta le producteur avant de se tourner vers l'un des officiers du vaisseau. Pouvez me dire c'que vous en pensez ?
Le lieutenant se rapprocha à son tour et lut le texte : - Pas mal, c'est assez pro pour passer… C'est un vétéran, le type ? - Je crois, mécano d'aviation ou un truc comme ça. - D'accord, gardez-le pour écrire le reste des logs, mais envoyez-les quand même au lieutenant Summervale avant de les valider. - Pas de souci, quand est-ce que vous voulez ça ? - Pas avant deux bonnes heures, on est déjà assez surchargés comme ça.
A quelques mètres de lui, un officier des renseignements secoua la tête d'exaspération : - Oubliez ça, fit-il en désignant le rapport que lui présentait un autre consultant civil. Trop compliqué. - Je sais pas, il a l'air de savoir ce qu'il raconte… se défendit son interlocuteur. - C'est peut-être une autorité mondiale en analyse transactionnelle, mais il est jamais allé sur le terrain, votre gars. Répondez-lui de s'en tenir à des prévisions simples, on n'a rien à foutre de plans à quarante coups quand on n'a même pas de profil psy sur tous leurs commandants. C'est pas une de ses expériences avec des thésards…
Le hangar bâbord fourmillait d'activité, les chariots de transport amenant les dernières munitions à bord des chasseurs tandis qu'étaient sécurisés les différents autres équipements.
"A tout le personnel, retour en espace normal dans cinq minutes. Je répète, retour en espace normal dans cinq minutes. Préparez vous pour la transition, fit une voix dans le haut-parleur principal.
Quelques ordres supplémentaires furent aboyés par les officiers mariniers présents, mais, globalement, le rythme de travail ne changea presque pas, les appareils en alerte commençant à se déplacer en direction des catapultes.
La femme à l'avant du cockpit se frotta les yeux un instant, regardant l'agitation autour de son chasseur par l'intermédiaire du cockpit virtuel. Elle avait désactivé toutes les options tactiques tandis qu'elle était encore à bord du croiseur et avait soulevé la visière de son casque à réalité augmentée pour se reposer durant les quelques minutes restantes avant le lancement. Trouvant finalement la poussière qui la faisait loucher depuis plusieurs minutes, elle soupira un instant alors que le chasseur fut parcouru de la vibration caractéristique de l'amarrage sur la catapulte électromagnétique.
- Derpy, fit la voix de son chef de groupe, on est bientôt sur place. - Bien compris, patron, fit-elle en comprenant la consigne tacite et rebasculant en position la visière du casque.
Aussitôt, une série d'informations vint se rajouter par-dessus le paysage que lui offraient pour l'instant les écrans du cockpit. Aussitôt qu'elle serait sortie, ceux-ci viendraient s'estomper pour être remplacés par les données de ses senseurs, seuls capables de l'aider dans l'immense majorité des scénarios auxquels elle pourrait être confrontée, mais déjà, les icônes de ses coéquipiers et une série de données sur son propre appareil s'imposaient à sa vision.
Elle attacha cependant son attention sur un compte à rebours qui indiquait le temps restant avant l'arrivée du croiseur à destination, moment où les quatre chasseurs de sa formation débuteraient leur patrouille dans ce qui s'annonçait être la guerre à laquelle tous et toutes s'étaient entrainés.
Je savais que j'aurais dû écouter ma mère et faire factrice… se dit-elle en levant les yeux au plafond.
- Check-list, dit-elle d'un ton machinal.
L'instant d'après, une liste de systèmes internes s'afficha, leur état diagnostiqué par l'ordinateur de bord auquel elle savait devoir faire confiance au vu de l'interface entièrement digitale qui la reliait à son chasseur. Les données, brutes, étaient bien moindres que celles des versions biplaces sur lesquelles elle avait pu voler de temps à autre, mais la logistique associée à ces variantes les rendait impraticables à bord de croiseurs. - Derpy, check, annonça-t-elle dans son communicateur. - Jammer, check, lui répondit une voix masculine. - Horn, check. - Stingray, bien reçu. Lancement dans trente secondes. On fait pas les cons, j'ai aucune idée de ce que les jaffas vont envoyer dans le coin. - Pareil pour le reste de la Flotte et des Renseignements, fit la voix de Horn. - Depuis quand ils savent quelque chose ? répondit le chef de groupe. - Nan, patron. Je veux dire "est-ce qu'on a la moindre idée de ce qu'ils veulent nous envoyer comme renforts ?" - J'en sais rien, lieutenant, j'ai jamais connu ça, des renforts. Bon, on se tait, mesdemoiselles, dix secondes avant lancement.
La pilote vérifia une dernière fois ses compensateurs inertiels, puis reporta son attention sur le hangar, où désormais les seuls mécaniciens présents achevaient de se mettre dans leurs positions sécurisées loin des axes de déplacement des chasseurs. La lueur bleutée caractéristique de l'hyperespace, que sa formation avait associée à des radiations Cherenkov dont elle ne connaissait guère plus que le nom, disparut soudainement pour laisser place au vide interstellaire. Sa première réaction, alors que les chasseurs devant elle se voyaient catapultés, était que ce vide devait l'être moins que ceux dans lesquels elle avait l'habitude de travailler, une imperceptible lueur colorée venant percer l'ensemble. Elle n'eut cependant pas loisir de poursuivre ses réflexions alors qu'une accélération inhumainement brutale s'empara de son appareil, neutralisée instantanément par des compensateurs inertiels qui lui sauvaient la vie à chaque seconde de ses vols.
La salle de conférence du Protée avait été réaménagée par l'installations de plusieurs dizaines de tables, autour desquelles des discussions se tenaient en une demi-douzaines de langues différentes, parmi lesquelles prédominait l'anglais. Les différents individus présents n'avaient pour seul point commun que leur absence de similitudes, âges, sexes et styles vestimentaires formant un patchwork difficilement descriptible. Tous ou presque avaient leur propre ordinateur, parfois fourni, souvent amené, sur lesquels étaient affichées aussi bien informations techniques que résultats de leur travail individuel et collectif.
Les quelques officiers et agents de renseignement assignés à la gestion du groupe disparate partageaient un même mélange d'intérêt et d'énervement face à leurs charges. Devant eux, les différents détails du scénario général, incohérences techniques ou humaines oubliées par leurs ainés, civils comme militaires, trouvaient tant bien que mal des solutions. Souvent, tel membre d'un groupe allait en voir un autre, commençant une conversation technique dans une langue pour terminer sur un tout autre sujet, parfois dans une autre langue et souvent avec bien plus de personnes qu'invitées initialement. Le tout avec une véhémence de la part de chacun ayant parfois poussé les militaires présents à séparer de force les divers camps, chaque proposition ou presque trouvant ses partisans et ses adversaires.
Cependant, les témoins de ces scènes improbables avaient été forcés de se rendre à l'évidence que, si les individus rassemblés devant eux n'avaient bien souvent, et à quelques exceptions notables, pas la moindre compétence pour organiser une campagne militaire, ils semblaient briller dans d'autres domaines. Quelques vérifications faites par curiosité sur une partie des dossiers avaient montré une quantité de diplômes qui contrastait avec l'attitude générale du groupe, tandis que les rares membres du groupe sans formation supérieure leur avaient rapidement donné l'impression d'avoir été victimes de malchance ou de leur caractère plutôt que de véritable incompétence. Les hommes et femmes qui se disputaient sur des détails obscurs de chaque décision, de chaque document à fabriquer, étaient aussi bien des professionnels de psychologie que de littérature, de police, de physique, voire, dans deux cas particuliers, des bouchers.
L'inévitable conclusion à laquelle arrivèrent rapidement les encadrants du groupe fut donc finalement celle à laquelle des générations de militaires étaient arrivés avant eux : faire confiance à leurs supérieurs et essayer d'arrondir les angles là où ils le pouvaient.
Ce qui, tout compte fait, était exactement ce que faisait la foule autour d'eux, même si celle-ci utilisait un langage et des références qui leur passaient le plus souvent par-dessus la tête. |
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| Sujet: Re: Effet Papillon [Tome III] Mer 23 Mai 2012 - 16:26 | |
| Cassandra n'avait pas dit un mot depuis la capture du groupe de diplomates, observant son environnement en silence tandis qu'ils avançaient dans des rues désertes. Rapidement, elle était arrivée à la conclusion que ceux qui avaient pris la décision d'arrêter les Terriens cherchaient à éviter une trop grande publicité. La jeune femme était alors prise dans un dilemme, devant décider entre continuer la mission que lui avait donné Sam ou improviser à partir de la nouvelle situation et sortir les diplomates de celle-ci.
Autour d'elle, les hommes et femmes envoyés pour participer à un effort diplomatique de dernière minute étaient pour la plupart dans un état de panique à peine contrôlée. Leur attitude confirmait à ses yeux le fait qu'une majorité d'entre eux n'avait que peu d'expérience sur le terrain, faisant regretter à Cassandra l'époque où sa famille adoptive participait aux missions diplomatiques les plus critiques.
Au moins, Jack, Sam, Teal'c et Daniel savaient se tirer de guêpiers plus critiques encore tout en menant plus ou moins leur mission à bien…
Elle fut brusquement ramenée à la réalité lorsque son regard se fixa sur une silhouette en mouvement qui s'approchait à pas rapides des jaffas encadrant leur groupe. Leur chef, reconnaissant apparemment le nouvel arrivant, fit brièvement signe aux autres de ne pas armer leurs lances avant de faire quelques pas pour le rejoindre. Cassandra les vit échanger des paroles, cependant prononcées trop loin d'elle et à une voix trop basse pour qu'elle parvienne à savoir ce qu'il se disait. Elle se concentra alors sur l'attitude des deux interlocuteurs, remarquant avec intérêt que le chef de leurs geôliers apparaissait clairement déplaisamment surpris par ce qu'il entendait. Il répliqua quelques instants plus tard et le jeune jaffa à qui il parlait se mit sur la défensive avant de répondre. Le responsable des gardes, apparemment satisfait, se retourna sans autre parole et revint vers son groupe de prisonniers, tandis que l'autre partait au pas de course.
Qu'est-ce qui se passe maintenant ? Nouveaux ordres ? se demanda-t-elle.
Quelques instants plus tard, elle eut confirmation de sa supposition lorsque le chef des gardes fit signe aux autres de changer de direction.
Tiens donc… Quelqu'un de haut placé n'est pas d'accord avec ce foutoir ? Ou alors encore autre chose ?
- Toujours rien ? demanda une dernière fois la femme aux cheveux noirs de jais en vérifiant son arme. - Pas de contact clair. On est presque certains de les avoir localisés, mais ils ne répondent sur aucune fréquence. - Et ça ne veut rien dire, compléta Vala automatiquement. Les jaffas ? - Ils resserrent le filet, mais sans forcer. Je n'ai pas de détail, mais ils avancent vraiment lentement. - Connaissant ceux qu'on a laissé là-bas, toutes les rues doivent être piégées.
Le lieutenant de la mercenaire jeta un coup d'œil supplémentaire à sa tablette graphique lorsqu'un message apparut sur celle-ci : - Du nouveau pour les diplomates Terriens. Ils ont changé de direction. - Où est-ce qu'ils vont ? - On ne sait pas pour l'instant. Il n'y a pas d'objectif évident là où ils vont. - D'accord… On reste sur le plan A. Départ dans cinq minutes, qu'on fasse sauter tout ce qui reste. - Bien compris, acquiesça le mercenaire avant de se retirer, arme en bandoulière.
Comme au bon vieux temps… pensa Vala en engageant le chargeur dans son pistolet-mitrailleur.
- Marchera jamais, grommela Carl en sortant du bâtiment. - Il fallait y penser avant, répondit à voix basse le jaffa qui l'accompagnait, sans un gramme de pitié. - J'arrête pas d'y penser, merci…
Agréablement surpris lorsqu'il vit Erina capable de porter son côté du cercueil de fortune, Carl avait aussitôt pris sa part du fardeau, devant se réajuster à plusieurs reprises avant de trouver une position stable. Van'Tet marchait devant eux, devant les guider au travers du dédale de rues alors que les deux porteurs improvisés avançaient, portant des vêtements hâtivement adaptés à leur taille trouvés dans le logement du mort.
Tandis qu'il gardait le plus souvent possible la tête penchée vers le sol, le pilote ne put s'empêcher de remarquer que, tout autour d'eux, les passants semblaient porter toute leur attention au cercueil et au jaffa qui menait le mouvement. Les porteurs, eux, ne méritaient qu'un bref regard désintéressé, ce qui faisait beaucoup pour rassurer le jeune homme alors qu'il s'efforçait de synchroniser son pas avec celui de la fugitive qui lui avait permis de s'évader.
Le jaffa devant eux n'avait eu besoin que de quelques instants pour s'orienter avant de prendre une direction, l'air décidé. Carl fut silencieusement impressionné de la prouesse alors que la ville autour d'eux semblait devoir changer tous les quelques mois à peine au vu du nombre de constructions en cours qu'ils croisèrent dès les premières minutes de son parcours.
- Ils sont en mouvement, annonça l'un des subordonnés surveillant les écrans. Ca'Teya tourna son attention vers ceux-ci, son regard passant rapidement d'un écran à l'autre, comparant brièvement les affichages : - Premier et sixième groupe, dit-elle après un instant de réflexion. Que les prisonniers pressent le pas.
Le technicien acquiesça sans un mot et elle fixa des yeux le point à présent en déplacement du trio de fugitifs sous surveillance.
Cassandra marchait au même rythme que le reste du groupe, mais ses pensées étaient fixées sur un seul objectif, le coursier que les gardes étaient clairement en train de suivre. Celui-ci, vêtu de façon relativement semblable aux quelques civils qui avaient croisé leur chemin, restait à une bonne distance du groupe de prisonniers mais presque jamais sans les perdre de vue. Les seules fois où cela se produisait, les gardes tournaient spécifiquement dans la même direction que lui, et elle ne manquait pas de retrouver la silhouette désormais identifiée.
Il nous guide, pas de doute, pensa-t-elle. Mais pourquoi comme ça ? Pourquoi est-ce qu'on a changé de chemin, et pourquoi ils ne savent pas y aller tous seuls ?
Faisant à peine attention aux diplomates près d'elle qui échangeaient des paroles murmurées, la peur légèrement audible dans les voix, la jeune femme préférait suivre du coin de l'œil ses geôliers, constatant sans grande surprise que le changement de situation avait été tout aussi inattendu que pour elle-même.
A quelques pas d'elle, elle vit surgir dans son champ de vision le membre de la délégation qui avait apparemment pris sur lui d'empêcher toute action stupide de la part de ses collègues. Sans hésitation, elle avait reconnu dans la posture et le regard du trentenaire un agent de terrain expérimenté. Celui-ci n'avait pas été signalé dans les documents qu'elle avait reçus, mais Cassandra ne s'en offusqua pas, se doutant que sa position devait rester entièrement confidentielle. Il était en effet habillé de façon semblable aux civils et ne portait pas d'arme apparente, et elle supposait qu'il n'en portait pas tout court.
Ou plus, s'il avait choisi de s'en débarrasser plutôt que d'être surpris avec lors de sa capture.
Il jeta un regard dans sa direction, et elle comprit aussitôt qu'il avait au moins des doutes sérieux sur son identité mais fit rapidement le choix de ne rien lui confirmer, maintenant autant que possible la posture de civile effrayée qu'elle s'efforçait d'adopter depuis l'arrivée des troupes jaffa. Thourne lui avait suffisamment fait comprendre que plus une situation était critique et chaotique, moins elle pouvait se permettre de faire confiance à quelqu'un sans une excellente raison.
Et il était un tuteur qu'elle ne comptait pas décevoir.
L'homme disparut de son regard quelques instants plus tard, ayant ralenti le pas, et elle se focalisa à nouveau sur les jaffas qui encadraient, lances armées, l'ensemble de son groupe. Ils étaient moins à l'aise qu'au début, mais toujours attentifs et éminemment dangereux, elle n'en doutait pas un seul moment.
- Qu'est-ce qu'on fera, quand on aura trouvé tes contacts ? demanda à voix basse Carl après s'être assuré que la ruelle dans laquelle ils marchaient semblait vide. - Retrouver Bra'tac. - Merci, j'avais compris, répondit le pilote. Mais comment ? J'ai pas la moindre idée de où il est, qu'on soit clairs. - Tu es le dernier témoin. Tes souvenirs peuvent nous donner une piste. Nous mener aux responsables. - Euh, mes souvenirs ? Comme dans "les machins que vous mettez sur ma tempe et qui pompent tout" ? - Les sondes mémorielles, oui. - Désolé de te décevoir, mais je crois pas être d'accord. C'est pas parce que j'ai rien à voir avec l'enlèvement que j'ai pas quand même trempé dans des trucs un peu secrets. Je suis d'accord pour vous aider, mais pas vraiment pour vous balancer ce genre d'infos. - Nous n'avons plus le temps pour ces scrupules…
Carl s'arrêta, provoquant des protestations de la part d'Erina lorsque celle-ci dût faire un effort pour éviter de laisser tomber le cercueil : - Non, c'est non. Retrouver Bra'tac, c'est dans notre intérêt à tous, d'accord, mais pas vous filer ça. Si vous tentez de me brancher ce genre de machin sur la tête, on va pas rester copains très longtemps, c'est clair ? - Tu n'as pas vraiment le choix, répliqua Van'Tet. Si tu ne peux pas te rappeler tout seul de ces informations… - Alors toi et tes potes pourrez quand même aller vous faire foutre, répondit le pilote. Gentiment, mais quand même. Je préfère tenter ma chance tout seul, s'il le faut. - Tu ne survivras pas une nuit alors. Nous ne voulons pas de guerre avec la Terre, ces informations seront détruites. - Tant pis, je m'en fous. Qu'on soit clairs : j'en ai plutôt marre de me faire trahir par tous mes soi-disant alliés et là, ça commence à être la série noire, alors si tu veux que je te fasse vraiment confiance, ça ne va pas se faire du jour au lendemain juste parce que tu m'as aidé à sortir de ce trou à rat. Je vous aiderai, mais pas en trahissant tout le monde. Et n'essaie pas de me forcer, j'ai de quoi me suicider rapidement, bluffa-t-il. - Toujours loyal malgré les trahisons… - J'ai plus que ça. Si je vous donne ce que je sais sur nos forces, je serai exactement le genre de traitre qu'on m'accuse d'être. Et ça, non merci. Là, tu vois, tout ce que je veux, c'est trouver un moyen de rentrer au bercail, bien au chaud et de réfléchir pour voir si je balance ma putain de lettre de démission… Parce que, l'espace, c'est super, mais pas si c'est pour se faire poignarder par ses supérieurs à tout bout de champ. Si je trahis, adieu bercail, adieu appart' au chaud, et bonjour cour martiale et peloton d'exécution, Bra'tac ou pas Bra'tac. Tu me suis ? - … Oui. - Alors si tu veux mon aide, ça va être sans saletés, parce que je suis pas parti d'une salle d'interrogatoire pour me retrouver dans une autre. - … Entendu, mais je compte sur ton aide. - Tu crois que j'ai pas envie de retrouver autant que toi cette bande d'enflures ? répondit le pilote. Ils veulent me faire porter le chapeau pour une guerre qui risque juste de démolir la Terre. Si vous voulez aussi leur peau pour une autre raison, ça me va. Mais ça s'arrête là. L'ennemi de mon ennemi, hein… - … Est l'ennemi de mon ennemi, ni plus, ni moins, compléta le jaffa. Je sais. - Super. On continue ?
Van'Tet acquiesça en silence et reprit son chemin tandis que Carl se retourna vers Erina : - Désolé, fit-il. On reprend à trois. Un, deux…
La mercenaire avait vérifié quelques-uns des détonateurs au hasard, et, satisfaite, avait pris place dans un véhicule léger resté jusqu'alors dans un garage souterrain. Devant elle, un plan de la ville indiquait les rares routes accessibles à l'intérieur d'un dédale de rues conçu pour des piétons et de rares voies logistiques au sein d'une société à la fois spatiale et faiblement industrialisée.
- On ne peut pas faire autrement ? demanda-t-elle en indiquant de la tête la route tracée. - Non, répondit son lieutenant. Les autres chemins nous envoient droit sur des checkpoints placés hier et aujourd'hui. Les brouilleurs vont nous donner du temps, mais il n'y a pas beaucoup d'autres possibilités pour garder la surprise. - Pas beaucoup… ou aucune autre ? - Un piège ? suggéra-t-il. Possible, mais j'y crois pas, personnellement… J'ai quand même vu, il y a deux points d'embuscade possibles, j'ai mis un peu de monde là-bas pour miner et surveiller le coin, ils nous préviendront si ça chauffe et on les récupère quand on passe. - Fiables ? - Autant qu'on peut l'espérer, fit-il en allumant le moteur électrique.
Sans bruit, le cortège de véhicules démarra et se lança rapidement vers sa première destination tandis que sur leurs toits, des brouilleurs s'activaient, emplissant les canaux de communications de leurs propres signaux.
- Qu'est-ce que…, grommela Ca'Teya en voyant son écran se couvrir de parasites, les icônes changeant de position et d'apparence à chaque instant. - Des contre-mesures Tau'ri, fit après quelques instants l'un de ses techniciens. Il faudra du temps pour les neutraliser. - Trouvez la source. Est-ce que c'est certain que c'est du matériel Tau'ri ? demanda-t-elle alors. - Oui, répondit-il. Le même que sur leurs chasseurs. - D'accord, répondit-elle en retenant un soupir de soulagement.
Ce n'est pas le brouillage de l'attaque sur l'Arme, c'est déjà ça… Mais si ce Carl a du matériel de ce niveau, ça change beaucoup de choses, pensa-t-elle. Il avait prévu sa capture et son évasion depuis longtemps… Il se serait laissé capturer, et tout n'est qu'un piège ? Garder son sang-froid, ne juger que sur ce qui est certain, jamais sur le reste.
- Est-ce qu'on a des communications ? demanda-t-elle. - Courte distance seulement. Leurs systèmes changent de schéma trop vite pour l'instant. - Qu'on envoie un ordre d'alerte maximum à toute la garnison. La Porte doit être bloquée pour tous, pas d'exception. - Nous ne pouvons pas… répliqua l'un d'entre eux. - Dis qu'il y a un Ash'rak en ville qui veut tuer Gerak et le reste, répondit Ca'Teya sans tourner la tête. Et qu'on en finisse avec les mercenaires, je ne veux pas de prisonniers ! Où en sont les barrages ? - Ils étaient en cours d'installation quand les communications ont été coupées. - Les patrouilles ? - Cinq seulement ont reçu les nouveaux ordres.
Elle grommela plusieurs jurons dans l'une des multiples langues mortes que son ancien employeur utilisait pour communiquer avec les spécialistes de son rang. Serrant les poings, elle demanda : - Est-ce qu'on pourra les recontacter rapidement ? - Non, lui répondit le technicien qui savait que les réponses honnêtes étaient préférables avec elle. Aucune chance, à moins de trouver le brouilleur.
Le juron fut cette fois-ci aisément compréhensible de tous.
- Contactez la flotte en orbite, qu'elle le trouve et le détruise tout de suite. Je vais sur place, dit-elle en se dirigeant vers la sortie de la pièce.
Le bâtiment vers lequel leurs geôliers semblaient les diriger était inesthétique, détonant avec l'architecture plus ancienne des constructions qui l'entouraient. Cassandra le détailla du regard, les arcades et les fenêtres exagérées lui donnant l'impression que les plans avaient été échangés d'architecte en architecte pour mieux être modifiés par les ouvriers, gardes en patrouilles et tous les habitants des quartiers à la ronde. Certains aspects étaient relativement clairs dans son esprit, comme la contrainte apparente pour les immeubles construits par les jaffas récemment libérés d'être facilement défendables, mais le résultat final ne pouvait que la faire grimacer malgré son manque d'intérêt pour l'architecture elle-même.
Lorsqu'elle entra, à la suite des autres, à l'intérieur du bâtiment lui-même, ce fut pour être accueillie par une surprise supplémentaire lorsqu'elle vit qu'il était tout simplement resté inachevé. La façade par laquelle ils étaient passés ne faisait que cacher une cour intérieure où de la végétation sauvage poussait tant bien que mal sous le rude climat de Dakara, délimitée par les rues et bâtiments voisins. En quelques instants, la jeune femme renonça à compter précisément le nombre d'issues et de chemins de fuite qu'offraient ceux-ci, par lesquels il serait aisé de se lancer dans un dédale de ruelles et d'habitations aux murs somme toute grossiers et aisés à escalader.
Les gardes, quant à eux, semblaient prendre position au niveau du périmètre, leurs prisonniers devant apparemment rester sur place, aucune consigne particulière ne leur ayant été donnée.
C'est une blague ? se demanda-t-elle. Ils veulent qu'on s'évade ou quoi ? Pourquoi est-ce qu'on s'arrêterait ici ? Peut-être un sympathisant… Quelqu'un voulant nous donner une chance, comme avec Jack et Teal'c ? Non, pas comme ça, il faudrait que tous les gardes soient dans le coup, et on est dans une ville, avec des diplomates jamais sortis de leurs bureaux… A part peut-être l'autre, mais même comme ça, non… Un piège, plus probablement. C'est trop évident, quelqu'un va tenter de s'enfuir et ils auront une raison de nous abattre. Il faut que…
Elle se retourna pour chercher du regard l'ambassadeur lorsqu'elle le vit en train d'écouter celui qu'elle avait identifié comme un agent d'un service de sécurité ou de renseignement quelconque.
Bingo, il y a pensé avant moi, acquiesça-t-elle silencieusement. Autant donner un coup de main et éviter le désastre tout de suite. De la façon la plus claire possible.
La jeune femme s'avança vers ses civils, voyant que certain d'entre eux posaient leur regard sur ce qui apparaissait comme les chemins de fuite les plus évidents. Parmi eux, son voisin du transport, qui semblait murmurer des arguments à toute vitesse auprès de ses ainés. Sans hésiter, elle se rapprocha de leur groupe : - Il ne faut pas tenter quoi que ce soit, murmura-t-elle à l'intention du jeune diplomate comme de ses auditeurs. On n'arrivera jamais à tous s'enfuir. - Il faut tenter notre chance, les uns après les autres, fit-il. - Vous avez vu comme ils sont ? Quand il vont se rendre compte qu'on se tire, et ils vont le voir, ce ne sont pas des abrutis, ils vont nous abattre. - Ils ne vont pas… commença un autre, bien plus âgé. - Mais vous sortez d'où ? Vous n'êtes pas au courant ? Ils croient qu'on a enlevé un de leurs plus grand héros de guerre, qu'on s'apprête à les attaquer et c'est un maniaque qui a pris le pouvoir ! Gerak, celui qui n'arrête pas de vouloir nous, et je cite, ramener à notre place. Même moi, je sais ça, alors ne racontez pas de conneries ! - Est-ce que vous avez une idée de la personne à qui vous vous adressez ? fit celui qui était apparemment l'assistant du quinquagénaire, après quelques instants de surprise. - Non, et je m'en fous, répondit-elle en maintenant délibérément son attitude agressive et prenant sans peine un air crispé. Là, le problème, c'est une bande de jaffas qui attendent la moindre excuse pour nous descendre, et j'ai pas envie de mourir ici parce que quelqu'un veut jouer au héros. De toute façon, après vous être barrés, vous allez faire quoi ? Vous infiltrer à la James Bond, avec votre costard-cravate, dans Dakara, sans savoir où aller et avec toute la planète au derrière ? Si vous êtes un de mes patrons haut-placés, autant que je sois virée quand je rentre, j'ai pas envie de me faire tuer sans raison. - Excusez-la, fit hâtivement le jeune diplomate qui, moins d'une minute avant, plaidait la fuite. Elle est stressée.
Il la prit par l'épaule et l'éloigna du groupe, murmurant à son tour : - Vous êtes folle ! C'est l'ancien ambassadeur à Londres, il va vous briser ! - Pas s'il nous fait tous tuer avant, répondit-elle à voix basse. J'ai raison et vous le savez… - … Oui. Mais, on ne peut pas ne… - Rien faire ? Si. Ecoutez, j'ai… de la famille dans une autre branche. Mon grand frère, dans une équipe SG. Croyez-moi, il n'arrête pas de me le répéter : "Petite sœur, fais pas la conne. T'es pas formée pour. S'ils t'interrogent, tu parles tout de suite. Tu parleras forcément. Mon job, c'est de te sortir de là et je le ferai." Ca et d'autres machins que je vous passe. Mais on va tous se faire tuer si on leur donne une seule bonne raison. - … D'accord. Je vais le leur expliquer, mais… par pitié, la prochaine fois, essayez d'être, je ne sais pas, plus… diplomate. - On voit où ça nous a mené. - …
A te convaincre, parce que c'est toi et pas ces vieux crânes d'œuf qui allait tenter de lancer un mouvement de groupe. Allez, au suivant de ces héros à la manque.
- On passe par la ruelle, fit Van'Tet en bougeant aussi peu que possible les lèvres. Ralentissez et suivez-moi - Qu'est-ce que… ? ne put s'empêcher de réagir Carl avant de voir ce qui avait attiré l'attention du jaffa.
A l'un des carrefours devant eux s'était arrêté un groupe de gardes, bloquant très clairement le passage et filtrant les passants. Il se rendit compte quelques instants plus tard que le flux de piétons en sens inverse avait déjà été fortement diminué et il acquiesça pour ensuite tourner la tête vers Erina, voyant de la fatigue affichée sur son visage : - Ca va ? demanda-t-il à voix basse. On fait un arrêt ? - Oui… Je crois que j'en aurai besoin. Désolée. - Pas besoin de l'être, répondit-il tandis qu'ils arrivaient à l'abri entre deux bâtiments. Tu n'aurais jamais dû être mêlée à tout ça. C'est moi qui devrais l'être. Ho, Van'Tet, on s'arrête un instant. - L'endroit n'est pas sûr, répondit le jaffa. - Elle tiendra pas longtemps si on continue, rétorqua le pilote. Mieux vaut qu'on se pose quelques minutes ici plutôt qu'elle lâche le tout au milieu de la rue. - … Très bien, mais faites vite. Je vais surveiller les alentours. - Merci, fit-elle en fixant Van'Tet du regard.
Après que le jaffa leur eut tourné le dos, elle attendit quelques instants avant de se rapprocher de Carl : - J'ai écouté, avant… Vous ne lui faites pas confiance, hein ? - Je crois plus faire confiance à personne, précisa-t-il. Mais je pense pas que ça étonne qui que ce soit… - Les jaffas sont pareils. Il va nous trahir. - J'en sais rien, répondit Carl. Et puis, pour l'instant, je vois pas très bien ce qu'on peut faire sans lui. Il connait la ville et il peut me donner un coup de main à réparer ce merdier. - J'ai habité ici, fit-elle en jetant ostensiblement un regard en direction du jaffa. Ils ne feront pas attention à un couple d'humains. On pourra atteindre la Porte et s'enfuir chez moi. Vous serez à l'abri là-bas. - Pourquoi est-ce que tu racontes ça ? - Vous m'avez… sauvé la vie. Je veux rembourser ma dette, c'est la coutume. - Rembourser… comment, exactement ? demanda Carl, qui commençait à voir un schéma se former devant ses yeux. - Ma vie est vôtre. - Ho, doucement ! répondit-il brusquement, avec un léger air de panique dans la voix. Je vais te ramener chez toi, c'est promis, mais faut pas s'emballer, hein. On se connait à peine ! - Vous me protégez depuis le début. - Parce que c'est de ma faute si t'es dans ce merdier. Et arrête de me vouvoyer, ça fait vraiment bizarre. - Vous auriez pu me laisser derrière, fit-elle. Je vous ralentis. - Là, tu racontes des conneries, Erina. T'es ici à cause de moi, donc c'est à moi de te ramener à l'abri, un point c'est tout. - J'ai confiance en vous… Carl. - Merci. - … Mais pas en lui, conclut-elle en tournant brièvement la tête vers le jaffa qui revenait dans leur direction. Il n'est pas honnête. - C'est pas vraiment le mot que j'utiliserais pour qui que ce soit, récemment…
A peine une minute plus tard, le trio avait repris sa route dans le dédale de ruelles, manœuvrant péniblement à chaque petit croisement pour faire passer leur cargaison mortuaire. Chacun des fugitifs tournait le dos à la rue qu'ils avaient quitté plus tôt, et où un véhicule venait de déposer l'instant d'avant une interrogatrice en tenue de terrain.
Celle-ci plongea son regard dans un dispositif qu'elle avait apporté avec elle de son poste de contrôle, et ne put retenir un léger sourire lorsque le système de pistage se verrouilla sur la cible proche malgré le brouillage ambiant. Si proche qu'elle n'avait que peu de doute quant aux possibilités de capture si elle donnait l'ordre adéquat aux troupes du barrage. A la place, elle sortit un petit dispositif de son armure et le rapprocha de son visage : - Bonjour, Erina. Il est temps que je te rappelle ce dont on avait parlé, tu ne trouves pas ? Pas besoin de répondre, je ne t'entendrai pas. Mais je te vois… Tu vas faire exactement ce que je te dis si tu veux t'en sortir. Je ne te demanderai pas si tu m'as bien compris, puisque tu sais très bien ce qui va se passer sinon.
Ca'Teya se mit à parler lentement, articulant précisément ses ordres.
La mercenaire aux cheveux noirs de jais jeta un bref coup d'œil au barrage que son convoi avait forcé sans hésitation. Clairement inhabitués aux véhicules motorisés de manufacture terrienne, les jaffas en poste ne s'étaient écartés qu'au dernier moment, la plupart du temps en se jetant de côté pour éviter les bolides silencieux. Plusieurs tirs de lance partirent dans leur direction, mais bien trop tard et de bien trop loin pour avoir un effet quelconque, les systèmes de guerre électronique assurant aux mercenaires que les autres patrouilles ignorent tout du danger se rapprochant d'elles.
Elle sortit alors un communicateur personnel, synchronisé sur les systèmes de brouillage : - On est bientôt là-bas. Reste en contact, d'accord ? - Pas de souci, patronne, lui répondit la voix de Suessi, à l'intérieur de son vaisseau.
Quelques instants plus tard, plusieurs décharges de plasma apparurent brusquement au milieu de leur champ de vision, traversant la rue à plusieurs centaines de mètres d'eux, tandis que près des bâtiments, les passants en tous genres semblaient courir dans la direction opposée, s'éloignant de la zone de combat. - Tu t'arrêtes juste avant, fit-elle au conducteur avant de se tourner vers l'homme assis près de celui-ci. Passe-moi le micro et prépare-toi.
L'homme s'exécuta, tendant le petit appareil électronique rattaché au reste du tableau de bord par un long câble noir pour ensuite se hisser dans un mouvement fluide au travers de l'ouverture du toit.
Vala attendit que leur véhicule se soit suffisamment rapproché, les jet de plasma et autres projectiles, tant énergétiques que physiques, s'échangeant de plus en plus violemment, filant au-dessus d'une demi-douzaine de cadavres. Enfin, elle sentit la décélération et appuya sur le bouton du micro : - Ho, bande de ploucs, la cavalerie est arrivée, tout le monde à bord !
Concluant ses paroles, elle donna un petit coup sur le dos du mercenaire hissé dans l'ouverture, et celui-ci commença aussitôt à tirer avec la mitrailleuse vers les forces jaffa, provoquant un vacarme assourdissant pour les occupants du véhicule. En quelques instants, les tirs adverses se clairsemèrent, les projectiles supersoniques de l'arme automatique forçant les combattants ciblés à trouver la première couverture possible. Parmi eux, ceux ayant déjà eu l'expérience d'une telle arme ne s'arrêtèrent pas à leur abri initial, préférant trouver un mur aussi épais que possible plutôt que les clôtures qui semblaient satisfaire leurs voisins plus jeunes.
Dans les instants suivants, plusieurs autres mitrailleuses et autres armes légères calées dans les fenêtres des portes ouvrirent le feu à leur tour, noyant un côté de la rue dans la poussière des impacts et les flammes causées par certaines des munitions traçantes. Rapidement, les mercenaires jusqu'alors tenus en respect par la progression des jaffas sortirent de leurs propres abris, courant vers les larges véhicules dont les portes latérales avaient été ouvertes par les occupants.
- Allez, on embarque ! cria Vala tandis que plusieurs de ses subordonnés embarquaient, certains s'asseyant dans le coffre tandis que d'autres se posaient sur la plage arrière.
Lorsqu'elle se rendit compte que le flot de survivants s'était interrompu, elle se tourna vers l'un d'entre eux, criant pour couvrir le bruit infernal de l'arme automatique juste au-dessus d'elle : - Il ne reste plus que vous ? - Non, fit l'autre, tout aussi fort. On a été séparés quand Othar et son groupe ont fait sauter la moitié de la prison. Ils sont au nord d'ici. - On décroche ! hurla-t-elle, donnant un nouveau coup sur la jambe du tireur alors que le véhicule accélérait.
Deux minutes à peine s'étaient écoulées entre le moment où le cortège de véhicules était arrivé et celui où ils redémarrèrent, chargés d'ex-prisonniers armés et dans divers états d'épuisement. Vala sentait l'adrénaline continuer d'agir en elle lorsqu'elle finit enfin par reposer son arme sur les genoux, vérifiant inconsciemment le chargeur tout en reportant son regard vers le plus proche des fugitifs : - Par où est-ce qu'on doit aller ? - Gauche au second carrefour, c'est là-bas qu'on est tombés dans l'embuscade, répondit l'autre.
Le conducteur acquiesça sans se retourner, son attention sur la route irrégulière malgré l'absence complète de passants, tous apparemment réfugiés dans les bâtiments. - D'autres groupes séparés ? - Non, c'est le…
"Attention !"
Le cri fut suivi d'une embardée alors que l'engin militaire évita de justesse plusieurs dards de plasma tirés depuis une fenêtre, rapidement suivi par d'autres. - Et merde, commenta l'un des passagers, on est dans la ville la plus armée de la galaxie… ça va être chaud de se barrer. On riposte ? - Non, fit Vala après un court instant de réflexion. On n'a pas assez de munitions, et j'ai pas envie de tuer des civils en plus de tout ce foutoir. Pas bon pour les prochains contrats. - C'est une blague ? répondit avec incrédulité l'un des prisonniers évadés. Vous voulez encore bosser pour eux ? - T'occupe, je sais ce que je fais. Mais rassure-toi, continua-t-elle avec un sourire en engageant un nouveau chargeur dans son arme, on va d'abord leur rappeler pourquoi on nous paie aussi cher.
Elle s'empara du micro et régla le sélecteur sur la communication avec les autres véhicules : - On arrose à fond, tout le monde. Déployez les remorques dès qu'on est arrêtés, compris ?
Plusieurs acquiescements lui vinrent en réponse par la radio de bord, tandis que le feu venant des bâtiments était de plus en plus nourri, forçant les véhicules du convoi à manœuvrer de façon toujours plus agressive, quelques impacts résonnant bruyamment sur les parois renforcées des portières et du bloc moteur. Un autre bruit vint se faire entendre l'instant d'après, et Vala sut instinctivement ce qui venait de se produire avant même que ses yeux ne lui transmettent l'information.
Le mercenaire qui se tenait debout derrière la mitrailleuse s'effondra, le corps bloqué dans son mouvement par la faible taille de l'ouverture par laquelle il se tenait. Les embardées successives le firent s'agiter comme une poupée désarticulée, sans cependant qu'il passe à travers, ses bras restant en position. - Merde… Dégagez-le ! fit-elle. Dès qu'on arrive, arrosez tout ce qui est pas à nous. On lésine pas, d'accord ?
Ca ne va vraiment pas être joli… ne put-elle s'empêcher de penser alors qu'elle s'accrochait à une poignée tandis que la voiture effectuait un virage particulièrement serré. Oh merde ! Merde !
Le changement de direction venait de révéler précisément dans quoi leur convoi se dirigeait : un bâtiment encerclé par ce qui devait être une ou deux compagnies d'assaut, occupant aussi bien les rues que les autres immeubles avec toute la panoplie d'armes d'infanterie dont disposait la Nation Jaffa. Elle se rendit compte qu'une bonne partie des détonations d'armes à feu venaient aussi bien des jaffas que des prisonniers, ne réalisant qu'à ce moment-là que les jaffas avaient forcément dû déployer certaines des rares armes terriennes dont ils disposaient, puisque les survivants qu'elle avait récupéré en avaient eux aussi. Plusieurs canons d'infanterie étaient positionnés sur les toits et au rez-de-chaussée des bâtiments voisins, certains semblant même pivoter dans la direction des nouveaux arrivants. - Feu ! Feu ! cria-t-elle dans son micro alors que le cadavre du mitrailleur finissait à peine d'être dégagé.
Sans attendre de réponse, elle se hissa à son tour dans la position de tir et s'empara de la tourelle, sélectionnant d'un geste le canon secondaire de celle-ci.
Elle vit le canon anti-véhiculaire tirer en même temps que son doigt pressait la commande de tir, et la lourde explosion la priva quelques instants de son audition alors que les servants de l'arme ennemie s'évanouirent dans un nuage de débris. Sans attendre, elle pivota sur elle-même et tira une autre salve de grenades anti-personnelles sur une seconde position, alors que les rafales en provenance des autres armes de son convoi partaient vers leurs cibles.
- Près de la porte ! hurla Vala en entendant à peine sa voix. Fumigènes dès qu'on s'arrête !
Plusieurs tirs passèrent près d'elle, certains s'écrasant sur le véhicule et arrachant des fragments de métal et de plastique de sa coque. Ignorant le liquide tiède qui coulait sur sa tempe, elle bascula à nouveau sur la mitrailleuse, inondant de projectiles lourds le petit groupe de jaffas qui avait réussi à se mettre à couvert au niveau du bâtiment tenu par les évadés.
La meneuse du groupe voulut changer à nouveau de cible mais fut interrompue par le brusque virage que fit la voiture blindée, devant s'accrocher désespérément pour éviter d'être projetée complètement à l'extérieur. L'instant d'après, les petits mortiers accrochés aux quatre coins de l'habitacle crachèrent leur contenu, libérant des projectiles fumigènes tout autour d'eux.
Se laissant tomber à l'intérieur, elle constata avec satisfaction que les passagers étaient déjà en train de sortir pour déployer les remorques qui allaient devoir servir de transport de fortune pour le reste de ses hommes et femmes.
L'accalmie provoquée par l'apparition des nuages grisâtres fut de courte durée, de nombreux tirs venant percer à l'intérieur, s'abattant tout autour d'eux de façon indiscriminée, ralentissant le travail de mise en place alors que les mercenaires tentaient autant que possible de rester à couvert derrière les véhicules à l'arrêt, certains ripostant de façon tout aussi aveugle. Elle vit à travers la fumée opaque les flashs d'une mitrailleuse et s'apprêtait à lancer un avertissement lorsqu'une lourde explosion vint engloutir l'emplacement de l'arme lourde.
Imbéciles… pensa-t-elle avec une grimace avant de se lancer vers la porte d'entrée du bâtiment, ravagée par les impacts de dizaines d'armes à projectiles et à énergie.
- Qu'est-ce que vous attendez, bordel ? cria-t-elle en prenant soin de ne pas rentrer, les multiples cadavres de jaffa témoignant de ce qui attendait tout intrus. - Patronne ? répondit une voix légèrement familière mais sur laquelle elle ne pouvait pas mettre de nom. - A ton avis ? Dis à Othar et aux autres de rappliquer tout de suite. On se tire de ce coin pourri maintenant ! Je rentre !
Tenant ostensiblement son arme dans une posture non-agressive, elle fit un pas dans l'ouverture de la porte, puis, à la vue de tous, avança vers l'escalier bloqué par des meubles et des débris divers. - Dégagez ces conneries ! ordonna-t-elle.
Comme si ça allait changer quoi que ce soit quand les Al'Kesh seront là. T'as merdé, Othar.
Les silhouettes se levèrent les unes après les autres, et, après quelques instants d'hésitation apparentes, se mirent à déplacer les obstacles hors du chemin. En quelques instants, une douzaine de mercenaires apparut dans son champ de vision, arrivant depuis l'étage et rejoignant le groupe bloquant l'entrée principale.
- Bordel, Othar, c'est quoi tout ça ? fit-elle en reconnaissant le visage de l'un de ses hommes expérimentés. Rester mobile, ça te dit quelque chose ? - On a été surpris, patronne, dit-il sans s'arrêter. L'autre groupe s'est tiré, mais on était coincés. Vous nous avez sauvé la peau, là… - On est pas encore sortis, répliqua-t-elle. Il reste du monde ailleurs ? - Non, les autres se sont fait descendre, répondit-il. - Le jaffa ? - Avec l'espion Terrien. Ils ont été séparés avant qu'on se barre de la prison. - Et merde… Tant pis. On se casse. Dès qu'on reçoit le signal, tout le monde fonce vers les voitures, compris ?
Les survivants acquiescèrent, rechargeant leurs armes ou en ramassant d'autres sur des cadavres proches tandis que Vala regardait avec inquiétude le nuage commencer à s'éclaircir.
"Prêts !" hurla une voix au milieu du brouillard artificiel.
- On y va ! fit la mercenaire en se lançant dans l'ouverture de la porte.
- Je crois qu'ils ont retrouvé notre trace, murmura Carl en laissant son regard trainer sur le cercueil contenant ses armes. C'est la cinquième patrouille dans le quartier. Pas normal… - Oui, mais ils ne nous ont pas encore retrouvés, répondit le jaffa. Il est probable que quelqu'un ait donné notre signalement. - Et si vos amis avaient été arrêtés ? fit Erina, la panique toujours présente dans son ton. Les autres jaffas nous trouveraient… - Elle a pas tort, admit le pilote. S'ils se sont fait avoir, on fonce droit dans un piège. Et… Ah merde !
Il avait reconnu sans l'ombre d'un doute le bruit qui l'avait interrompu, et lut sur le visage de Van'Tet que celui-ci en était arrivé à la même conclusion. Même Erina avait tourné la tête instantanément en entendant les détonations d'armes à feu, avant d'évaluer par quelques brefs coups d'œil leur environnement immédiat.
Elle commence à prendre les réflexes, commenta-t-il favorablement et silencieusement la réaction de leur compagne d'évasion.
- Ce n'est pas pour nous, fit le jaffa. Trop loin. - Oui, confirma Carl. Mais le reste des patrouilles va être encore plus sur le qui-vive, avec ça. - On peut se cacher en attendant, proposa Erina. - Plus on attend, plus ce sera risqué, contra Van'Tet sans lui prêter une trop grande attention. - En même temps… commença le Terrien, il y a encore plus de gardes, ils ont notre signalement… Si on reste à découvert, on a toutes les chances de se faire baiser. - Nous ne sommes plus très loin… - On se fera descendre à vue, qu'on soit à trente secondes ou à trente jours de la planque. - Il y a un endroit sûr dans cette direction, fit la femme à leurs côtés en indiquant la rue transverse qui lui avait été désignée. - Quel genre d'endroit ? demanda Carl. - Un bâtiment abandonné. Il n'y a que les enfants qui passent là-bas, je crois. Il est facile à reconnaître : il y en a un autre juste à côté qui avait été détruit pendant une bataille. - Si on reste pas longtemps, fit le pilote, on peut faire le point et vérifier que les patrouilles ne nous ont pas trouvé. - On ne peut pas s'éterniser, le prévint Van'Tet. - Jamais parlé d'emménager. Juste de nous poser. Peut-être voir pour récupérer d'autres vêtements dans le coin, changer un peu nos apparences, ça fera pas de mal, surtout s'ils ont notre signalement. - Je n'aime pas ça du tout, persista le jaffa. - Ecoute, on a trop tiré sur la corde, vieux. Si on continue, la chance va nous lâcher, et on se fera tous descendre. Toute la ville à nos trousses, pas d'équipement, pas de soutien, pas d'info, pas de renfort ? Faut la jouer safe, sinon… - Je maintiens ce que je dis. Là où nous allons, nous aurons tout ce qui nous manque. - Faut y arriver. Et je vais pas tenter ça maintenant. Si tu veux continuer sans moi…
- Qu'est-ce que c'était ? cria Ca'Teya aux autres jaffas du poste.
Elle avait, comme tout le reste de la section de gardes, préparé son arme l'instant après avoir entendu les tirs.
L'un d'entre eux, relativement jeune, pensa se rendre utile en lui indiquant l'évidence du type d'arme utilisé et n'eut pour seul remerciement qu'un violent coup de coude dans le ventre destiné à lui rappeler sa place. Les explosions qui suivirent ne firent rien pour arranger la situation : - Vous trois, avec moi, dit-elle en indiquant les jaffas les plus proche d'elle. Tous les autres, barricadez-vous et attendez les nouveaux ordres. En attendant, tirez et posez les questions ensuite.
Sans attendre de confirmation, elle s'élança en direction du piège vers lequel devaient désormais se diriger le trio de fugitifs, suivie par le même nombre de jaffas. Serrant son arme d'une main, elle activa de l'autre son communicateur, assez puissant pour contrer le brouillage sur une faible distance. Distance qui avait justifié le choix de ce poste de garde parmi tous.
Le plus proche du groupe de prisonniers terriens.
- C'est ça, ton machin abandonné ? demanda Carl en indiquant un immeuble à l'apparence légèrement plus délabrée que ses voisins. - Oui, fit Erina. - Et, la ruine, elle est où ? Sans vouloir faire de tourisme, hein, mais qu'on puisse essayer de s'orienter un peu. - Juste de l'autre côté, je crois, répondit-elle. - D'accord. Oh, et… Van'Tet ? - Oui ? - C'est pas que je ne comprends pas toutes ces histoires de responsabilités à prendre, mais, entre nous, le plus tôt on sera débarrassés de ce foutu cercueil, le mieux ça sera. - Je vois… Tant que cela ne remet pas notre accord en question. - Non, non, on va l'amener chez tes potes, pas de souci. Mais, juste, la prochaine fois, c'est toi qui le portes, d'accord ? - … - Hé, me fais pas cette tête. C'est juste que c'est vachement lourd, ni plus ni moins !
Après un bref coup d'œil dans les rues adjacentes pour s'assurer de l'absence de patrouilles, les trois évadés entrèrent à l'intérieur du petit immeuble, où la première action du pilote fut de déposer aussi proprement que possible sa charge. L'instant d'après, il fit craquer ses articulations, se massant les épaules : - Bon, on se pose et on fait le point sur la situ…
Le bruit caractéristique d'un tir de lance se fit entendre, suivit l'instant d'après par celui d'un impact et de cris. - Bordel, soupira le pilote en se tournant vers Erina. C'est ça que t'appelles un endroit à l'abri ? - Personne ne passe ici, normalement ! se défendit-elle. - Je ne crois pas qu'il reste encore un seul endroit sûr en ville, ajouta Van'Tet. C'est pour ça que je voulais aller directement chez mes contacts. Ils ont les moyens de nous sortir d'ici… - D'accord, mais… commença Carl avant d'être à nouveau interrompu, cette fois par la voix amplifiée d'un jaffa.
Cassandra avait assisté sans pouvoir réagir à la scène, lorsque le chef de leurs geôliers s'était tourné en direction de l'un des petits groupes pour tirer près des prisonniers. La décharge de plasma avait terminé sa course sur l'un des murs voisins, projetant des éclats dans toutes les directions et arrachant un cri à un homme probablement touché par ceux-ci. Il n'y avait pas eu d'avertissement, pas de raison qu'elle eut pu déterminer, juste une décharge de plasma, suivie d'une cacophonie de cris en tous genres. Avant que qui que ce soit n'ait cependant eu l'occasion de faire ou dire quelque chose précipitant le désastre en un massacre complet, le jaffa prit la parole, la voix apparemment amplifiée par son armure : - Je tuerai le prochain qui parlera, prisonniers Tau'ri. Il n'y aura pas d'autre avertissement. Nous avons été appelés en renforts pour mater les évadés. Les autres gardes vont arriver rapidement pour vous amener à la prison. Ils savent combien vous êtes exactement. Si un seul d'entre vous manque, tous les autres seront tués.
Sans un seul autre mot, il se retourna et fit signe aux autres jaffas de le suivre.
Qu'est-ce que c'est que ce foutoir ? pensa Cassandra. Ils nous laissent sans surveillance, maintenant ? Ou alors ils cherchent à nous provoquer pour pouvoir tous nous exécuter et envoyer un message à la Terre ? Ou bien c'est vraiment un sympathisant qui essaie de nous donner une chance tout en couvrant ses arrières ? C'est de plus en plus foireux !
- C'est juste moi, ou ce gars a parlé de prisonniers Tau'ri ? demanda Carl en regardant ses deux compagnons d'infortune.
Les voyant acquiescer, il poursuivit : - "Tau'ri" comme dans "Terriens", qui vient de la Terre ? - Oui, fit Van'Tet. - D'accord. Alors, ça, c'est vraiment pas normal. Merde, maintenant que j'y pense, ça pourrait être… - Ceux qui t'ont trahi ? compléta le jaffa. - Ouais. Reste à savoir pourquoi ils sont restés aussi longtemps ici au lieu de se tirer avec Bra'tac après l'avoir choppé. - C'est trop risqué, répondit-il. Il faut partir tout de suite… On aurait jamais dû venir ici pour commencer. - Je crois que je commence à être d'accord… concéda le pilote. Mais avant ça, je vais quand même jeter un coup d'œil. Si c'est bien eux, ça serait quand même vachement bien de le savoir de façon sûre, tu trouves pas ? - Oui. L'information serait capitale. - Il faut juste trouver une fenêtre, et on sera fixés. - Fais vite, se vit-il répondre. On doit partir dès que possible. - T'inquiète, j'ai vraiment pas envie de m'attarder dans le coin. Mais avec ce genre d'info, au moins, je serai sûr que vous aurez pas envie de me coller vos machins mémoriels dans le crâne.
Aussi silencieusement que possible, le pilote monta les marches d'un escalier recouvert par la poussière omniprésente et avança le long d'un couloir jusqu'à trouver une pièce éclairée par la lumière du jour et correctement orientée. La tête baissée, il avança et s'efforça de ne pas se rendre visible pour quiconque observant le flanc du bâtiment depuis les ruines. Arrivé près de la fenêtre, il jeta un premier et très bref coup d'œil pour s'assurer que les gardes étaient bien partis. L'instant d'après, il observa plus longuement toute la situation.
La scène à moitié parcourue du regard, il se figea, inspirant bruyamment avant de se plaquer à nouveau dos au mur.
Qu'est-ce que… C'est pas possible !
Le jeune homme regarda une fois de plus par l'ouverture et eut confirmation de ce qu'il craignait. Aussitôt, il redescendit vers les deux autres évadés. - Alors ? demanda le jaffa. - On va sur place. - Quoi ? s'étrangla Van'Tet, se retenant visiblement de crier. - Pas de discussion. Il y a quelqu'un que je connais là-bas. Pas question que je la laisse se faire descendre. - Tu es certain de l'avoir reconnue ? - On n'oublie pas la fille qui vous a donné la Lune. |
| | | Rufus Shinra Roi des Petits Gris
Nombre de messages : 2455 Age : 36 Localisation : Là où s'est déroulée la dernière catastrophe en date ~ Compagnon senior de la Confrérie
| Sujet: Re: Effet Papillon [Tome III] Mer 23 Mai 2012 - 16:27 | |
| Note de l'auteur : ceci est le dernier post du chapitre 08. Si le lien vous a mené ici, remontez, il y a trois autres posts pour ce chapitre qui vous attendent à la page précédente !
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- Et comment est-ce que vous voulez que Hagalaz nous… prenne au sérieux, comme vous dites… madame ? fit Campbell. - En lui montrant que vous êtes serez un véritable danger pour ses plans si elle refuse de vous considérer. - Sans vouloir être pessimiste, répliqua-t-il, ça risque d'être difficile. Elle a une galaxie qui lui obéit au doigt et à l'œil et les seuls vaisseaux qui peuvent faire quoi que ce soit aux siens vous appartiennent à vous, pas à nous. - Vous devrez donc attaquer aux endroits les plus critiques pour avoir un effet. Je pensais que vous n'ignoreriez pas une base aussi fondamentale de la stratégie. - Non, intervint Shanti, mais on n'a pas vraiment la moindre information sur ces "endroits critiques", comme vous le dites. - J'ai ces informations, lieutenant Bhosle. Du moins pour un objectif auquel Hagalaz va tenir tout particulièrement, la connaissant. Un vaisseau, pour être précis. - Avec tout le respect que je vous dois, madame, intervint Campbell, j'ai du mal à voir comment détruire un seul vaisseau va lui faire du mal. Parce que… elle a quand même toute une galaxie derrière elle, alors quelque soit le bestiau qu'on lui détruise, elle pourra le remplacer en mille exemplaires plus vite que tout ce qu'on pourra leur faire. - Sauf si elle ne sait pas le construire, lieutenant Campbell. - Elle ne sait pas construire un vaisseau qu'elle a en sa possession ? - C'est très exactement ce que je viens de dire, confirma-t-elle. - On parle d'une I.A. conçue par une civilisation sans équivalent technologique dans l'univers connu –la vôtre– avec les moyens d'une galaxie pour faire du retro-engineering et une bonne dizaine de milliers d'années devant elle… et vous dites qu'elle n'a pas pu le démonter atome par atome ? - C'est exact, lieutenant. - Je ne veux pas remettre en cause ce que vous dites, madame, mais vu que, si j'ai bien compris, tout le plan qui vise à éviter que la Voie Lactée se fasse balayer dépend de ce vaisseau… enfin, de sa destruction, est-ce que vous pourriez nous expliquer en quoi précisément elle ne peut pas le reproduire ? Pourquoi est-ce qu'il est unique ? - Elle pourrait y arriver, en théorie, mais les blocages dans sa programmation rendent ça impossible. Atlantis non plus, d'ailleurs, ne pourrait pas faire quoi que ce soit avec ce vaisseau. - … D'accord, fit Shanti. C'est l'arme secrète… inutile… dont vous parliez avant, c'est ça ? C'est avec lui que vous êtes arrivée dans cette galaxie ? - Exactement, lieutenant Bhosle. Les mêmes ordres prioritaires qui l'ont poussée à me maintenir en vie l'empêchent aussi de mener toute action qui remettrait en cause le secret de ma mission. - Et elle ne pourrait pas essayer… je ne sais pas, de contourner ces ordres, un peu comme Atlantis ? Elle pourrait demander à ses subordonnés de bosser sur ce vaisseau et de comprendre comment il fonctionne pour en faire des copies si vraiment il lui plait tant que ça. - Non. Sans une autorisation ouverte et sans équivoque d'une autorité reconnue, elle doit maintenir le secret. Mon emprisonnement et la mise à l'écart du vaisseau constituent tout ce qu'elle a pu réussir en termes de contournement des ordres. Une des choses qu'elle espérait était de me voir lui donner la permission d'utiliser elle-même cet appareil pour sa campagne. - Pourquoi est-ce qu'elle le veut tant que ça, ce vaisseau ? Qu'est-ce qu'il a de particulier ? - Entre autres, il est conçu depuis le début pour servir de poste de commandement stratégique à une I.A., et il a toutes les infrastructures pour en abriter une de façon entièrement autonome. - Comme une Cité, en gros ? demanda le pilote. - Grossièrement, oui. Avec une mobilité, une furtivité et une survivabilité infiniment supérieures, en revanche. Et aussi un coût exorbitant pour ce qu'il représente. Il ne constituerait pas un avantage décisif dans une guerre, pas aux échelles que nous envisageons, mais mobilise des ressources importantes. - Par contre, continua Shanti, pour une I.A. parano, c'est un cadeau tombé du ciel. - Oui. - Et donc, on va le détruire ? Pas le capturer ? - Non, lieutenant. Nous n'avons pas besoin de cet appareil alors que Hagalaz y attache une importance disproportionnée. Le détruire ne présente que des avantages pour nous, et montrerait clairement à notre adversaire que vous êtes en mesure de la frapper à des endroits particulièrement douloureux. - D'accord… et vous savez où il est ? demanda Campbell. - Non. Il va falloir le trouver. - …
Le pilote rompit en premier le silence : - Le trouver ? Dans une galaxie qu'on ne connait absolument pas ? - Oui. - Sauf votre respect, madame, je vois comme un problème… - Il n'y a pas d'humains sous ses ordres à espionner, rajouta Shanti, elle surveille toutes les Portes, on ne sait presque rien des sociétés qu'elle gère, on n'a pas d'infrastructure. Il faudrait des mois pour faire quoi que ce soit. Au moins, sûrement des années, en fait. Et on n'a pas ces années, hein ? - A vous de me le dire, lieutenant Bhosle. - Non. Enfin… je ne sais pas. Elle sait pour Atlantis, pour la Terre, presque tout ce qu'il y a à savoir, elle peut nous anéantir quand elle veut. - Oui, mais le fera-t-elle ? - Je ne sais pas… - Moi non plus, lieutenant, moi non plus. Voulez-vous risquer votre planète pour ces quelques mois, ou est-ce que vous vous sentez capable de risquer bien plus pour en finir rapidement ? - …
La jeune femme détourna un instant le regard avant de le ramener vers l'Ancienne : - De quoi est-ce que vous parlez exactement ? - Vous n'avez pas répondu à ma question, lieutenant. - C'est pour ça qu'on est là, non ? répondit-elle. Pour ça qu'Atlantis nous a récupérés, qu'on a été amenés ici, pour faire ce travail et protéger ce qui peut encore l'être. - Naïvement dit, mais, oui. Donc ? - Est-ce que trouver et détruire ce vaisseau nous aiderait vraiment à empêcher Hagalaz de continuer son attaque ? - Probablement, lieutenant. A moins que vous trouviez un autre moyen pour la forcer à vous écouter, à vous considérer autrement que comme un obstacle mais comme un allié ou un ennemi potentiel. Je répète, donc : il existe une possibilité pour obtenir ces informations plus rapidement, mais elle présente des risques importants. Qu'en dites-vous ? - Que, madame, c'est à vous de prendre cette décision. Vous avez tenu à ce qu'on vous reconnaisse comme notre supérieure hiérarchique, alors ne nous demandez pas de faire ce type de choix. - La réponse se tient, lieutenant, mais je ne l'accepterai pas. Pour la simple raison que je suis en train de vous former tous les deux au rôle que vous allez devoir jouer jusqu'à la destruction complète des Ori ou de la Voie Lactée. Ce rôle implique d'assumer des décisions, lieutenant, et puisque vous n'avez pas de subordonnés, je suis obligée d'agir de cette façon. Pour faire simple, si je compte laisser le sort de la Voie Lactée entre vos mains, autant commencer tout de suite quand je peux encore essayer de rattraper vos erreurs. Donc, lieutenant… votre décision ? - Oui, on est prêts à risquer plus si ça nous permet de mettre la Terre et le reste de la Voie Lactée à l'abri. - Très bien, lieutenant. J'espère pour vous que vous ne changerez pas d'avis avant la fin. - Je n'ai pas le choix. - Si, vous l'avez. Même quand vous avez l'impression de ne pas l'avoir, vous l'avez. C'est l'une des constantes du travail que vous allez devoir faire si vous vous en sortez ici… Très bien. Si vous voulez obtenir des informations importantes rapidement, ça ne sera pas gratuit. Vous allez devoir donner quelque chose en échange à Hagalaz. - Qu'est-ce qu'elle peut bien vouloir ? fit Shanti en haussant des épaules. - Réfléchissez un instant avant de répondre, lieutenant Bhosle, la reprit Tsippora. - … Vous, répondit le pilote dans un murmure. - Exactement, acquiesça à son tour l'Ancienne. Comment comptez-vous utiliser cette information pour obtenir celle que vous voulez ? - Vous voulez lui tendre un piège ? demanda Campbell. - Avec un unique vaisseau sans équipage contre une galaxie entière sur le pied de guerre ? Je crois que vous surestimez vos capacités, lieutenant. - Si c'est pas un piège, ce sera alors pour voir ce qu'elle va faire de vous, reprit-il. Mais comment est-ce qu'on peut être sûrs qu'elle vous amènera au vaisseau dont vous parlez ? Parce que, sauf votre respect, votre idée va surtout avoir pour résultat d'attirer l'attention sur vous. Qui avez un contrôle absolu sur Atlantis, qui elle-même nous maintient en état, si j'ai bien suivi toute l'affaire. Donc, au final, ce serait mettre tous nos œufs dans le même panier et envoyer gentiment le panier à quelqu'un qui a tout intérêt à les écraser. - J'admire votre talent pour la métaphore, lieutenant, répondit Tsippora, mais cette image, certes amusante, est incomplète. Vous oubliez que pour rentrer sur le territoire de Hagalaz –et par "territoire", j'entends toutes les zones habitées et productives– il faut passer outre une grille de détection au minimum égale à celle d'Atlantis… pendant la guerre. Si notre appareil a pu réussir à passer inaperçu jusqu'à présent, il ne réussirait pas cet exploit face à une cible militaire ou stratégique. Hagalaz doit donc nous ouvrir le chemin. - Pour l'instant, on parle juste de vous embarquée par ses forces. Comment est-ce qu'on pourrait vous suivre pour attaquer, vu ce que vous dites ? - Le Bellérophon, dit Shanti. - Quoi ? lui demanda le pilote. - Quand il a été détruit, on était juste à côté du vaisseau ennemi, dans un Jumper… - … Et on a été embarqué avec dans la foulée. On recommencerait ce coup ? - J'en ai l'impression. - Mais c'est pas un peu horriblement risqué ? Ce système de saut qu'utilisent les vaisseaux qui bossent pour Hagalaz, j'ai pas l'impression que ce soit une technologie Ancienne connue, donc on n'a pas la moindre idée de ce qui s'est passé ! - Vingt-quatre pourcent des Jumpers ayant servi de test ont effectivement été détruits ou ont disparu, intervint la voix d'Atlantis. - Voilà, fit Campbell, c'est ce que je… Attendez un instant, vous avez fait des tests ? - Bien sûr, lieutenant, répondit la voix de l'I.A. Votre expérience a constitué un phénomène nouveau, aux possibilités tactiques et scientifiques considérables, il est donc logique de vouloir en tester les conditions de reproductibilités afin de mieux en cerner les caractéristiques. Procédure standard. - Evidemment… Et vous avez des résultats ? - En effet, lieutenant. J'ai pu isoler avec confiance les paramètres influant sur la réussite de l'opération dont vous parliez et devrais assurer son succès. - Donc, oui, on peut refaire l'accident qu'on a eu à ce moment-là, en gros ? - Oui. - Et est-ce qu'on sait au moins où ils voudraient vous emmener ? demanda Shanti en reportant son attention sur Tsippora. - A un endroit où je pourrai contacter Hagalaz directement, et c'est ce qui importe. - Je croyais que vous parliez de la frapper, s'étonna Shanti. Détruire son vaisseau, ce n'est pas la même chose que le contacter directement. - Elle dispose d'une galaxie entière, lieutenant Bhosle, une attaque ne suffira pas en elle-même. Comme je vous l'ai dit, son but sera de faire qu'elle soit prête à vous considérer comme un élément à part entière. Mais en parallèle, il faudra négocier, donc avoir un canal de communication direct avec elle est critique. - Négocier quoi exactement ? demanda-t-elle. - Notre alliance avec elle. - Et vous ne pensez pas qu'elle va vous prendre en otage pour forcer Atlantis à lui obéir ? - Elle ne me nuira pas directement, et vous le savez. - Peut-être, reprit Campbell, mais elle peut vous enfermer, vous mettre à l'écart. Et cette fois, avec toute une flotte et je ne sais pas combien de gardes pour nous empêcher de vous tirer de là. - Elle aura beaucoup de mal à le faire, croyez-moi. En fait, elle préférerait réduire autant que possible mes interactions avec ses propres forces. - Comment ça ? - Un des outils qu'elle a utilisé depuis le début pour affermir sa position, pour rendre légitime son contrôle stratégique de cette galaxie, c'est principalement… nous. Le souvenir de notre espèce, pour être plus précise. Elle s'est initialement affirmée comme étant une de nos créations, et a présenté ce qu'elle faisait comme le prolongement du travail de ceux et celles qui ont préservé les différentes espèces actuelles de la destruction par la Peste des Ori. Nous avons parlé longtemps, elle et moi. Très longtemps. Et je suis certain qu'elle croit à ce qu'elle dit… Du moins en partie. - Je vois où vous voulez en venir, commença Shanti. Vous êtes vous-même une Ancienne, et elle n'apprécierait sûrement pas que vous vous mettiez à discuter avec ses subordonnés, hein ? - Effectivement, mon point de vue pourrait remettre en cause sa légitimité… et tout le soutien qu'ils lui offrent. - Alors pourquoi est-ce qu'on ne va pas tout de suite faire ça ? demanda-t-elle. Une guerre civile, ça nous donnerait beaucoup de temps pour agir, ça pourrait même mettre fin à tout ce qui arrive. - Ce n'est qu'une solution de dernier recours, lieutenant Bhosle. Autant que possible, et à titre général, évitez de détruire le leadership d'une nation ennemie quand vous n'avez pas les moyens d'en exterminer toute la population sans risque pour vous. - Exterminer, rien de moins ? fit le pilote. - Oui, acquiesça l'Ancienne. Exterminer. Parce que tout ce que vous risquez de faire, c'est de tuer les personnes qui auraient pu se rendre. Ou convaincre les survivants de votre attaque qu'aucune négociation n'est possible. Supposons que nous libérions cette information… Soit Hagalaz tombe et nous nous retrouvons avec une galaxie décentralisée, qui verra d'un très mauvais œil toute aventure hors de ses frontières. Lui parler des Ori pour la motiver à nous aider lui rappellera juste une série de génocides que leurs propres civilisations auront commis sans raison valable, suivis d'une guerre civile désastreuse. Ou alors Hagalaz survit, et nous auront créé une ennemie qui aura une rancune directe et personnelle, renforcée dans sa position. La Voie Lactée n'y survivrait pas un an, l'extermination de ses habitants reprenant de façon accélérée et prioritaire. - … Oh. - Je vois que vous comprenez notre situation. Et, croyez-moi, Hagalaz sait parfaitement ce qu'il en est aussi, de son côté. - Mais si vous vous laissez capturer, demanda la jeune femme, elle va quand même vous isoler, non ? Et si elle se débrouille un tant soit peu correctement, on n'arrivera pas à vous recontacter. Comment l'en empêcher, ou au moins la retarder le temps qu'on puisse arriver et commencer les négociations dont vous parliez ? - Vous avez déjà les moyens pour ça, lieutenant Bhosle. Réfléchissez. - Atlantis pourrait envoyer un message à toute la galaxie si vous rompez le contact trop longtemps ? - Cela pourrait fonctionner, mais ce n'est pas suffisamment fiable, ne serait-ce que parce que Hagalaz pourrait réussir à bloquer entièrement la transmission : je ne sais pas ce qu'elle a mis en place comme systèmes de communication et de brouillage. Réfléchissez autrement, lieutenant. Utilisez ce que votre ennemi vous offre. - Comment est-ce que vous pourriez leur expliquer ce qui s'est passé ? se mit-elle à réfléchir à haute voix. Comment est-ce que vous pourriez leur raconter… votre… histoire. Oh merde. - Vous avez compris tous les deux, approuva-t-elle en voyant leurs regards. - Les forêts, dirent-ils simultanément. - Exactement. - Si on peut envoyer le message à beaucoup de forêts prises au hasard dans la galaxie, elle ne pourra jamais arrêter le message à temps avant qu'il soit transmis à tout le monde, continua la jeune femme en poursuivant son raisonnement. Enfin, pas sans couper tout leur réseau. - Dans le meilleur des cas, la reprit Campbell, elle perd un réseau d'espionnage de la taille d'une galaxie. Dans le pire des cas, elle se prend la guerre civile du siècle. Joli. - D'accord, fit Shanti, mais le vaisseau ne sera pas forcément là où vous allez être amenée. - Probablement pas, en effet. Mais il sera là d'où va émettre Hagalaz. Si elle veut pouvoir en prendre possession rapidement, elle aura très probablement mis ses systèmes centraux au même endroit. Vous allez donc me suivre sans vous faire repérer, puis je me servirai de notre monnaie d'échange pour exiger une communication directe avec elle. Là, vous retrouverez l'origine de ses transmissions, vous irez sur place et détruirez le vaisseau. C'est tout. - Pardon ? s'étrangla le pilote. C'est ça le briefing, sans rien de plus ? - Que nous soyons clairs, lieutenant Campbell. C'est votre compétence que Hagalaz va juger à travers cette opération, pas la mienne. Si vous êtes capables d'obtenir les informations et de les utiliser correctement pour blesser gravement votre ennemi, alors elle vous considérera. Sinon, vous ne serez rien à ses yeux. Si je vous tiens la main dans cette opération, Hagalaz s'en rendra compte dans la foulée et me considérera comme sa véritable interlocutrice, pas vous. En outre, elle devra considérer quelque chose de très important si vous réussissez votre opération : vous auriez pu décider de choisir de frapper son propre cerveau et la mutiler voire la tuer, et vous ne l'aurez pas fait. Les négociations deviendront une option de plus en plus intéressante à ses yeux, ni plus, ni moins. - Ca ne change rien au fait que c'est horriblement risqué, persista Shanti. Nous ne sommes que deux, nous ne connaissons pas assez ses infrastructures, son organisation… Ce genre d'opération… c'est plus du suicide qu'autre chose ! - Je vous ai clairement dit que ce plan serait très risqué, lieutenant, ou est-ce que vous ne m'avez pas écouté ? Bien sûr que ce n'est pas prudent de faire ça sans préparatifs. Mais il faudrait quelques mois au moins, comme vous l'avez dit, pour trouver les informations dont vous auriez besoin pour faire une attaque propre et efficace. Est-ce que vous pensez que votre planète survivra ces quelques mois ? Et c'est une vraie question, lieutenant, ne faites pas d'erreur là-dessus. Je ne connais pas la réponse, et, pour être honnête, elle ne m'intéresse que de façon très limitée. Votre civilisation a un potentiel intéressant, bien sûr, mais elle n'est pas irremplaçable et les forces de Hagalaz agissent déjà avec une efficacité impressionnante. Donc, de mon point de vue, votre échec ne change pas grand-chose : Hagalaz attaquera les Ori lorsqu'elle se considérera prête, et je lui donne de bonnes chances de réussite. - Au prix de dizaines de génocides, répliqua la jeune femme. - Ecoutez, lieutenant, des génocides, j'en ai vu. Qu'est-ce que vous croyez que les Wraiths faisaient, pendant la guerre ? Qu'ils prenaient soin de leurs ressources comme de bons petits cultivateurs faisant attention de ne pas trop les ponctionner ? Ils avaient une guerre à mener, des troupes à nourrir, des vaisseaux à développer, et suffisamment de civilisations autochtones pour ne pas avoir à se poser de questions.
Shanti allait répondre lorsqu'un sentiment familier interrompit ses pensées, la poussant à se tourner vers son coéquipier, qui était l'origine du malaise partagé par leur système de communication inconscient.
Les vaisseaux-ruches s'approchaient inéluctablement de l'orbite planétaire, leurs escorteurs de tailles variées grouillant autour d'eux dans une danse aléatoire fascinante. Il avait entendu des commentaires de scientifiques au cours de plusieurs briefings, où ces déplacements de groupe étaient décrits comme autant de prodiges mathématiques, chaque vaisseau changeant de position suivant des algorithmes toujours plus complexes et imprévisibles. La simple observation de ces mouvements avait apparemment ouvert de nouvelles branches des probabilités, démontrant la faisabilité de certaines hypothèses jusqu'alors considérées comme absurdes.
Les positions étaient aléatoires, ne suivant pas de loi discernable mais en gardant comme constante une protection efficace à tout moment, que seuls certains individus doués de prescience parvenaient à anticiper pour frapper les vaisseaux se cachant derrière ces boucliers vivants. La force brute parvenait toujours à vaincre ces schémas de protection, mais avec une efficacité bien moindre que ce qu'aurait dû permettre le différentiel technologique entre les deux belligérants.
Une perte d'efficacité qui condamnait une nouvelle planète. Les indigènes avaient cru un moment que les batteries défensives installées par ce peuple noble et hautement avancé pourraient repousser le fléau qui ravageait toute leur galaxie. Ils avaient mis eux aussi la main à l'ouvrage, construisant avec des technologies risibles des embryons de défense orbitale qui prêtaient plus à sourire qu'à autre chose, mais témoignant d'une volonté de ne pas rester passifs face à ce qui allait inévitablement arriver.
Membre de la très légère garnison qui protégeait et entretenait les installations défensives, Gwydion n'avait pu s'empêcher de ressentir une fierté partagée en voyant les immenses canons, massifs et si peu efficaces, qu'entouraient des roquettes de portée orbitale. Ces armes ne serviraient probablement à rien, mais cette civilisation n'en était pas moins déterminée à faire tout ce qui était dans ses moyens, ce qui était probablement plus que la sienne, qui commençait à peine à prendre au sérieux cette guerre.
A présent que les vaisseaux descendaient, les canons n'étaient plus qu'autant d'amas de ruines et de métal fondu tandis que quelques-unes des roquettes avaient pu quitter leur pas de tir avant d'être anéanties par un unique tir adverse, en même temps que toute la base militaire pour laquelle ses supérieurs avaient refusé de fournir un champ de protection. Plusieurs de ces fusées avaient détoné au milieu de l'écran défensif, formant des brèches fugaces au milieu de la nuée de chasseurs. Autant de failles dans la défense que des drones auraient pu exploiter adroitement pour détruire un voire plusieurs vaisseaux-ruches si jamais leurs tirs avaient été coordonnés.
A présent, cependant, il était trop tard, la faible quantité de drones n'ayant permis de détruire que des unités légères ennemies et à peine une ruche avant que les tirs de la base où il était stationné ne deviennent trop clairsemés pour changer quoi que ce soit. Leurs boucliers étaient pilonnés par un barrage constant qui les forcerait à évacuer tôt ou tard, à bord de vaisseaux camouflés, et laissant derrière eux l'ensemble de cette planète à la merci –inexistante– de leurs ennemis.
Déjà, les croiseurs se séparaient de leurs ruches, se ruant vers les multiples agglomérations de ce monde pour commencer une récolte qui laisserait des villes-fantômes, dont tous les habitants auraient été enlevés et serviraient de nourriture pour une flotte chaque jour plus massive.
Du moins, c'est ce qui se serait passé sur d'autres planètes. Lui, ayant pris le temps d'apprendre les mœurs de ces autochtones vus avec dédain par ses supérieurs, savait parfaitement ce qui allait se produire, et ne put se résoudre à fermer les yeux ou à détourner le regard sur ce qu'il savait être imminent. Au contraire, il prit ses jumelles, et, ignorant le spectacle des projectiles énergétiques s'écrasant sur le bouclier de l'avant-poste, chercha un motif récurrent sur les toits de nombreux immeubles.
Il ne lui fallut que quelques secondes pour trouver ce qu'il cherchait, et s'attarda sur l'un des groupes, constitué d'une demi-douzaine d'individus. Ils avaient déployé un petit canon de calibre insignifiant, présentant si peu de danger que les croiseurs dans la stratosphère ne prirent même pas la peine de remarquer, et sortaient des projectiles grisâtres recouverts de bandes jaunes et noires.
Zoomant avec son instrument de surveillance, il fut comme aux côtés de ceux qu'il surveillait, et s'attarda sur leurs visages. Ils étaient très différents de lui, tant la forme que l'esprit, mais, pour ce qui était son premier déploiement, Gwydion avait fait l'effort d'en apprendre autant que possible sur eux, apprenant à reconnaitre leur langage corporel et les signes non-verbaux accompagnant leur langage. Il reconnut alors un mélange de désespoir et de colère qui se neutralisaient dans une efficacité toute mécanique, chacun effectuant avec rigueur et sans action inutile les gestes pour lesquels ils avaient été entrainés. Lorsqu'ils furent prêts, ils se mirent à attendre, tous regardant un appareil de communication primitif qu'ils avaient apportés. Il ne put alors s'empêcher de lire sur leurs lèvres les mots que tous prononcèrent en même temps, répétant probablement ce qui était transmis par leur appareil. Il aurait pu vérifier, brancher son communicateur sur la fréquence utilisée par ces forces, mais préféra n'en rien faire.
Finalement, les paroles cessèrent et le chef du groupe se rapprocha du petit canon, se penchant sur un interrupteur. D'un geste, que Gwydion savait imité simultanément sur le reste des toits et le reste des villes, il fit feu, et le soldat, protégé par le bouclier de sa base, repassa brièvement en champ large, ses jumelles englobant la ville.
Les obus montèrent lentement avant de plonger à nouveau vers la cité, au-dessus de laquelle ils explosèrent sans spectacle. En quelques secondes, il reconnut la couleur rosâtre du neurotoxique qui venait d'être déployé, et que nombre de ses camarades de garnison avaient considéré avec un mélange de mépris et d'horreur pour une arme assurément barbare. Lui, s'était renseigné sur ce gaz. Un gaz qui tuait rapidement et sans douleur, s'infiltrant partout et polluant les terres pour des décennies.
Une arme qui, depuis le début, n'avait aucune utilité pour une guerre qu'ils auraient pu mener contre un ennemi conventionnel, mais qui leur avait permis d'arracher un bien meilleur résultat que ce que les drones et les canons à énergie du petit avant-poste avaient pu faire de leur côté.
Cette moisson ne nourrirait aucun Wraith.
Instinctivement, Shanti rattrapa son coéquipier au moment où il chancela, son propre esprit recevant quelques instants plus tard le brutal afflux d'émotions. - Excellent choix, Atlantis, commenta Tsippora avant de reporter son attention sur les deux autres passagers du vaisseau. Comprenez bien que des scènes comme celle-ci, il y en a eu des centaines pour ne pas dire plus. Donc je sais parfaitement ce qu'implique une conquête de la Voie Lactée par Hagalaz. Une victoire des Oris serait largement pire. Nous en revenons donc au choix que je vous ai présenté : soit nous attaquons maintenant, sans information, sans préparatifs, soit nous attendons pendant que Hagalaz renforce ses positions et continue d'avancer dans votre galaxie, au risque de considérer votre civilisation comme un obstacle à éliminer. Je n'ai pas de préférence particulière, lieutenant. - Je croyais que vous vous opposiez à Hagalaz, répondit la jeune femme. - En effet, mais, comme vous dites, les dés sont jetés. Je n'ai plus le temps de préparer autre chose de crédible, alors je me rends à l'évidence. Ce sera vous et Hagalaz contre les Ori, ou Hagalaz toute seule. Mais je ne vais pas la détruire sans être parfaitement certaine que vous pourrez reprendre le flambeau derrière. Ma mission n'est pas de laisser les Ori gagner parce que nous n'aurons pas été prêts à faire les sacrifices nécessaires. Mes ancêtres ont commis cette erreur. Pas moi. - Je… je vois, répondit-elle. - Donc, votre choix, lieutenant. - … On protège la Terre. - Vous persistez… Entendu, répondit Tsippora avant d'avoir un sourire et de hausser les sourcils. Etonnant, je me serais attendu à un discours mélodramatique sur vos motivations. En tout cas, c'est ce qu'a anticipé Atlantis. Preuve qu'il lui arrive encore de se tromper. - Qu'est-ce que nous devons faire ? - Vous, rien, pour l'instant, lieutenant. Notre vaisseau va revenir dans sa position initiale, vous allez me déposer et attendrez ensuite, camouflés, pendant que j'attirerai l'attention de notre chère amie. Ensuite, vous ferez ce qui est convenu. J'espère pour vous et votre planète que vous savez improviser correctement en situation réelle, parce que autrement… - On a compris. - Tant mieux.
- Elle est pas commode, commenta le pilote lorsqu'il fut finalement seul avec Shanti. - Je ne te le fais pas dire, acquiesça-t-elle. Quand elle a décidé un truc… - Elle n'est pas la seule, Shanti. - Je… - J'aurais apprécié avoir mon mot à dire, tu sais. Parce que, là, on parlait d'une décision qui implique la Terre et une bonne partie de la Voie Lactée en prime… - Elle ne… elle ne s'adressait qu'à moi à chaque fois. Je… j'ai été prise dans le mouvement, je ne pensais plus à… - Il y a des trucs à mettre au clair, je crois. - On rappelle Tsippora ? demanda-t-elle. - Non, je suis assez d'accord avec toi, on ne peut pas se permettre de faire durer tout ce foutoir plus longtemps que nécessaire. Si la Terre est atomisée pendant notre absence, tout ce qu'on pourrait faire après ne servirait plus à rien. Non, ce qu'il faut faire, c'est clarifier une bonne fois pour toutes une chose qu'on a refusé de regarder en face depuis la mort du commandant.
Elle détourna un bref instant le regard, reprise par ses souvenirs des évènements passés, avant de lui demander : - Quoi donc ? - La hiérarchie. Qui prend les décisions pour l'équipe. Parce que, même si la miss est techniquement notre supérieure, elle ne me donne pas vraiment l'impression de vouloir nous prendre en charge à long terme. - Je vois un peu ce que tu veux dire… Elle en a marre de tout ce merdier. - Ouais, elle veut que quelqu'un "reprenne le flambeau", comme elle dit. Je ne serais pas étonné qu'elle se barre d'une façon ou d'une autre quand tout sera fini et que les choses seront plus claires côté Hagalaz. - Possible, oui, mais pour ce que tu disais, l'aspect… hiérarchique ? - Je vais être simple, Shanti, et je te demande juste de me laisser parler jusqu'à la fin.
Il prit une brève inspiration : - Tu es la patronne de ce qui reste de notre équipe. En théorie, je suis plus vieux en grade que toi, mais… je ne peux pas en reprendre les commandes. J'ai déjà eu assez de mal à m'adapter à tout ce qui nous est tombé dessus depuis que ça a commencé, je pourrai pas garder mon sang-froid pour prendre des décisions correctes. Pas avec tout ce qui arrive maintenant. Toi et Tsippora, vous discutiez de l'avenir de deux galaxies comme de la pluie et du beau temps… bon, peut-être pas à ce point, mais quasiment. Moi, quand elle a dit de faire le choix, je ne savais pas quoi dire, pas quoi faire. Ces flashbacks… ils sont en train de me démolir. - Parce que tu crois que c'est facile pour moi ? demanda-t-elle. - Non, mais tu y arrives. Je suis désolé de te refiler ça, Shanti, mais… t'es plus compétente que moi pour ça, et on n'a pas le temps de me former. Pas si on va attaquer Hagalaz dans la foulée. Quand on sera sur place, il faut qu'il y ait un chef, et ça sera toi, parce qu'autrement, je vais merder à un moment où il faudra pas, et le résultat, c'est qu'on sera pas les seuls à se faire tuer. Il y aura sûrement quelques milliards de personnes qui vont suivre juste après nous, et je veux pas être responsable de leur mort à tous parce que j'ai pété un câble après un de ces souvenirs arrivé au mauvais moment. - J'ai merdé aussi, lui rappela-t-elle. Sur Dakara… - On n'avait aucune idée de ce qui nous était vraiment arrivés, de ce qu'on était devenus, à ce moment-là. Et même quand t'as merdé, comme tu dis, t'as accompli la mission. Moi, faut voir la réalité en face : ma situation arrête pas d'empirer. Et puis, regarde un peu comment tout le monde se comporte autour de nous : c'est toi qu'ils voient, pas moi. Atlantis, le docteur Jackson, Tsippora… même l'autre jaffa, là, avec Jackson. C'est de toi dont ils se souviennent, c'est toi qu'ils vont voir pour faire le job. Alors, je suis désolé, mais… je viens te voir moi aussi. Tout ce que je peux te promettre, c'est que je ferai tout ce que je pourrai pour t'aider et te soutenir et… oh putain, j'ai l'impression de promettre autre chose, là…
La jeune femme ne put s'empêcher de sourire : - Je vois ce que tu veux dire, ne t'inquiète pas ! Enfin, fit-elle en reprenant un visage sérieux, j'ai pas autant confiance que toi sur ce que tu dis. J'ai pas d'expérience du commandement, et, crois-moi, ça me fait tout aussi peur qu'à toi, ce qui se prépare. - Tu ne perds pas le contrôle. En tout cas, tu peux toujours donner des ordres et réagir. T'as vu l'état dans lequel j'étais après le coup qu'Atlantis nous a fait pour contrôler les vaisseaux ? Et rien ne s'est arrangé… je suis en train de perdre pied avec ces souvenirs qu'elle nous a refilé, tu le sais aussi bien que moi. On n'a pas le choix.
Elle détourna le regard, tandis que, dans un coin de son esprit, le vaisseau l'informait qu'il sortait de l'hyperespace.
Le Jumper s'immobilisa sur la surface jaunâtre du tapis végétal recouvrant le continent, et sa porte s'ouvrit en silence, laissant sortir l'Ancienne. Celle-ci prit quelques instants pour observer son environnement, puis se mit à marcher en direction de l'imposante forêt en partie consciente. Une fois arrivée, elle s'approcha d'un arbre voisin et n'opposa aucune résistance à la pulsion familière qui s'empara d'elle.
J'ai besoin de votre aide, fit-elle, sans préambule avant de détailler par une série de pensées non verbales ses besoins.
Malgré elle, Tsippora se crispa mentalement en ressentant l'enthousiasme de l'Entité avec laquelle elle partageait pendant ces quelques instants pensées et émotions conscientes.
Atlantis, transmit-elle sur un autre canal de communication, enregistre à partir de maintenant et émet les signaux pour Hagalaz.
Bien, madame, répondit l'I.A. en s'exécutant.
Tsippora n'eut pas l'occasion de répondre à son tour, un brutal torrent d'émotions et de souvenirs s'emparant d'elle et la plongeant dans une brève confusion, rien dans cette masse n'ayant de format semblable à celui de sa psyché. En un instant, elle laissa le flot couler autour d'elle sans plus interagir pour autre chose que des vérifications ponctuelles. Une fois les souvenirs reçus et enregistrés de son côté par l'I.A., elle focalisa à nouveau son attention sur la conscience forestière qui l'entourait : Je ne pourrai probablement pas revenir. Voilà tout ce que j'ai, je ne peux rien vous offrir de plus en échange de tout ce que vous avez fait pour moi, et j'en suis désolée. Je suis désolée pour tout.
Elle laissa tous ses souvenirs antérieurs à sa première rencontre avec l'entité autour d'elle fuser vers celle-ci, ressentant sans peine le sentiment de satisfaction et de complétude qu'elle rayonnait en retour. Pendant une durée qu'elle ne chercha pas à estimer, Tsippora laissa les questions venir, y répondant du mieux qu'elle pouvait, expliquant certains détails, certaines motivations, dans des termes plus compréhensibles pour une entité n'ayant connu d'individualité que chez ses quelques visiteurs. Finalement, la voix d'Atlantis vint interrompre l'échange : Madame, le vaisseau attendu est arrivé.
Très bien, répondit-elle avant de se focaliser sur le principal habitant de la planète. Je dois vous quitter à présent. Merci… merci pour tout. Je ne sais pas comment les choses se seraient faites sans votre aide. Merci.
Elle revint sans transition au monde réel, n'ayant besoin que d'un infime moment pour reprendre ses repères avant de se diriger vers le Jumper où, elle le savait, de la compagnie l'attendrait. Lorsqu'elle arriva à destination, Tsippora n'afficha pas la moindre surprise face à l'être synthétique qui se tenait devant elle, lui demandant simplement si Hagalaz les entendait. Face à l'affirmative, elle se mit à expliquer calmement et posément de quelle information elle disposait et la façon dont elle avait mis celle-ci à l'abri, liant son isolement ou sa mort à une diffusion large et impossible à arrêter.
L'Entité, par l'intermédiaire de son drone, acquiesça sans émotion, récapitulant les faits sur sa coopération avec la forêt proche pour en obtenir confirmation, que Tsippora lui offrit, détaillant comment celle-ci avait constitué la clé de son évasion potentielle.
- Je viens d'avoir confirmation, lieutenant Bhosle, résonna la voix d'Atlantis à l'intérieur du Jumper resté à l'extérieur du système stellaire. La capture s'est déroulée comme prévu et le vaisseau devrait entamer son saut de façon imminente. - Compris. On y va. Tom ? - Pas de souci, répondit le pilote en engageant le bond hyperspatial. On va ressortir de l'autre côté de la planète par rapport à eux, donc faut pas s'inquiéter côté détection.
De l'autre côté de la paroi transparente, l'espace-temps se déchira sur l'ordre du petit vaisseau, et celui-ci entra à l'intérieur de la zone lui permettant de dépasser la vitesse de la lumière. Pendant quelques instants, la lueur bleutée emplit l'intérieur de la cabine, pour disparaitre aussitôt que le vol fut terminé, laissant place aux étoiles éloignées.
- Je reçois des infos bizarres, remarqua Campbell. - Quel genre, demanda la jeune femme près de lui. - Attends une seconde, je retourne le…
Il se figea en même temps qu'elle en voyant la scène offerte à leurs yeux.
- Non… ne put que murmurer Shanti. Non, non, non…
Sous leurs yeux, un hémisphère entier de la planète avait désormais pris une apparence noire à la texture caractéristique et aisément reconnaissable : celle d'un immense nuage de cendres. A la frontière de celui-ci, sur la surface planétaire, se trouvait un anneau rougeâtre qui avançait lentement mais visiblement, consumant inexorablement ce qui se trouvait devant lui et laissant sur son passage les restes de la combustion.
- Que… fit le pilote en ne pouvant s'empêcher de trembler. Que… qu'est-ce qui… - Hagalaz a, de toute évidence, eu recours à des armes de suppression atmosphérique suborbitales, expliqua Atlantis sans émotion. - Mais… Que… Pourquoi ! lâcha finalement la jeune femme. - Il s'agit de l'une des réactions anticipées face à la menace de chantage qu'il a été décidé de lui faire subir, en représailles contre l'entité qui l'a activement trahie en fournissant les souvenirs dont nous avons menacé de nous servir. - Mais c'est… je… vous saviez qu'elle allait faire ça ? - Cette réaction était probable et inévitable étant donné le plan d'action choisi et les délais imposés avant le début des opérations. Si les opérations avaient été retardées, il aurait été possible de recourir à des moyens menant à une préservation de notre allié. En l'occurrence, il nous est désormais impossible de changer quoi que ce soit, et je vous suggère donc de vous préparer autant que possible à la mission elle-même afin de valoriser cette perte autant que possible.
Shanti, ne pouvant détourner les yeux de la planète en cours d'incinération, ne répondit pas. Son regard était bloqué sur l'immense nuage qui recouvrait à présent la majorité de l'astre proche et qui commençait à se voir parcourir de colossales tempêtes et tourbillons de cendres brûlantes. Avec lenteur, l'anneau de flammes se rapprochait de sa destination finale, avalant tout dans un brasier éclatant. |
| | | Vyslanté Conquérant Itinérant
Nombre de messages : 1463 Age : 30 Localisation : Banana State Building, dernier étage, dans un fauteuil présidentiel de maître du monde en cuir véritable de plastique.
| Sujet: Re: Effet Papillon [Tome III] Mer 23 Mai 2012 - 18:23 | |
| Comme la dernière fois, le Cartel vous conseille ceci en accompagnement sonore....bon, je ne pensais commenter la partie sur Anna et Jackson qu'après l'avoir finie, mais trop, c'est trop. - Citation :
- - Vous savez, Anna, si ça continue comme ça, je ne pourrai pas empêcher certaines rumeurs de circuler, répondit Jackson avec un très mince sourire.
Là, je dis non, quoi ! Rufus, petit canaillou, va ! - Citation :
- Si c'est sur la politesse habituelle des amateurs de complots, renseignez-vous sur Ba'al et ses clones, Anubis, le Trust, le NID, la faction renégate de la Tok'Râ, l'Alliance Luxienne, le Cartel Supérieur et une demi-douzaine d'autres groupes qui ont essayé de placer leurs pions sans trop de scrupules
Je m'insurge ! Nous n'avons jamais eu besoin de placer des pions, les gens viennent à nous d'eux même, parce qu'ils savent que nous somme le bien! Non mais. Et puis on a jamais voulu tuer Jackson. Enfin, pas trop. Donc, voilà pour la partie sur Anna et Jackson. Bon, à vrai dire, il n'y a pas beaucoup de choses à dire, c'est plus une phase de préparation avant la chute qui sera aussi tragique qu'explosive. Normalement. ------------ Retour vers la Flotte ! Hurray ! Ah, le Homer premier du nom, avec ses pilotes...Wait, Dash. Derpy. Il a osé. Fourbe. Des bouchers parmi les groupe de conseillers civils. Hum. Et on s'arrête là. Je suis déçu, j'aime bien ces phases là ^^ Y compris -surtout- les détails surs les forces terriennes. Enfin, là aussi on sent, on sait qu'il va se passer quelque chose de gros ! ----------- Well well well... Sur Dakara, c'est la merdre. La bonne grosse merdre bien noire. ----------- Pas grand chose à dire de cette quatrième partie non plus... Un peu plus... triste, si je puis dire, tout de même. Limite démoralisante, tiens. Enfin, on a la réponse à certaines questions, ce qui est pas plus mal. -------- Encore une fois tu nous livres ici bas Un chapitre étant aussi long que savoureux Et pour ce travail d'une grande maestria Je ne puis que dire que des comme ça, j'en reveux ! |
| | | Rufus Shinra Roi des Petits Gris
Nombre de messages : 2455 Age : 36 Localisation : Là où s'est déroulée la dernière catastrophe en date ~ Compagnon senior de la Confrérie
| Sujet: Re: Effet Papillon [Tome III] Mer 23 Mai 2012 - 18:36 | |
| - Citation :
- Là, je dis non, quoi ! Rufus, petit canaillou, va !
Peuh ! Essaies de subir un instant tous les pics de tension que s'est pris Jackson à cause d'Anna et tu verras si t'as pas toi aussi envie de la faire chier gentiment (surtout que, je pense que nous sommes tous d'accord là-dessus, il a subi côté rumeurs, le pauvre, pendant son temps au SGC). - Citation :
- Je m'insurge ! Nous n'avons jamais eu besoin de placer des pions, les gens viennent à nous d'eux même, parce qu'ils savent que nous somme le bien! Non mais. Et puis on a jamais voulu tuer Jackson. Enfin, pas trop.
En même temps, c'est un rite de passage pour toute organisation qui se respecte : tuer au moins une fois Jackson. Tout le monde l'a déjà fait... - Citation :
- Ah, le Homer premier du nom, avec ses pilotes...Wait, Dash. Derpy. Il a osé. Fourbe.
Le seul point commun entre la CSB et les cons, c'est qu'on ose tout. - Citation :
- Des bouchers parmi les groupe de conseillers civils. Hum.
D'expérience personnelle, comme indiqué dans notre conv' MSN, des personnes sacrément douées peuvent se retrouver dans des postes particulièrement pourris, à la suite de certains concours de circonstances. Mais ces personnes peuvent quand même tomber dans les grilles de repérage de temps à autre. - Citation :
- Et on s'arrête là. Je suis déçu, j'aime bien ces phases là ^^ Y compris -surtout- les détails surs les forces terriennes.
De toute façon, il y aura très probablement un chapitre entier pour le Concordia et les autres vaisseaux, donc ça devrait pallier ce petit problème. ^^ - Citation :
- Pas grand chose à dire de cette quatrième partie non plus... Un peu plus... triste, si je puis dire, tout de même.
Limite démoralisante, tiens. Enfin, on a la réponse à certaines questions, ce qui est pas plus mal. C'était le but, là. Au passage, un cookie pour qui trouve à quoi fait référence la dernière scène de cette séquence. Content que ça plaise, en tout cas ! |
| | | Elany Organisme Monocellulaire
Nombre de messages : 4 Age : 40
| Sujet: Re: Effet Papillon [Tome III] Jeu 31 Mai 2012 - 17:32 | |
| Voilà que chacun des "pions" avancent d'une case... On sent que ça monte en "pression", j'ai hâte de voir toutes ces pièces dans le mouvement final (oui, je suis pressé xD), et tout ce bordel en puissance que tu mets patiemment en place, s'accélérer et exploser à la figure du lecteur et des protagonistes MOUAHAHA! .... Même si Carl est depuis un moment déjà, embarqué de façon plus ... musclée par les événements. J'avoue que la partie du Concordia m'agace et m'intrigue à la fois. M'agace, car j'ai l'impression que les jaffa jouent le rôle des benêts va-t-en-guerre qu'on tente de tenir éloignés pour ne pas qu'ils fassent trop de bêtises, limite en les protégeant d'eux même. Et m'intrigue, car je ne vois pas du tout où tu va nous amener avec celui-ci. Donc même si pour le moment c'est probablement la partie qui m'attire le moins, je sais que ça va changer ^^ Bref, tu es doué pour nous tenir en haleine et j'aime me poser un tas de questions comme c'est le cas ici Alors vivement la suite, même si elle nous tiendra toujours autant en haleine je suppose ^^ |
| | | Rufus Shinra Roi des Petits Gris
Nombre de messages : 2455 Age : 36 Localisation : Là où s'est déroulée la dernière catastrophe en date ~ Compagnon senior de la Confrérie
| Sujet: Re: Effet Papillon [Tome III] Jeu 31 Mai 2012 - 17:47 | |
| - Citation :
- Voilà que chacun des "pions" avancent d'une case...
Attention aux pièces cachées, par contre ! ^_^; - Citation :
- J'avoue que la partie du Concordia m'agace et m'intrigue à la fois. M'agace, car j'ai l'impression que les jaffa jouent le rôle des benêts va-t-en-guerre qu'on tente de tenir éloignés pour ne pas qu'ils fassent trop de bêtises, limite en les protégeant d'eux même. Et m'intrigue, car je ne vois pas du tout où tu va nous amener avec celui-ci. Donc même si pour le moment c'est probablement la partie qui m'attire le moins, je sais que ça va changer ^^
C'est plutôt pour protéger tout le monde, en fait. Si la guerre éclate de façon ouverte, les deux camps seront détruits. Pas vaincus, pas endommagés ou blessés. Détruits. Les planètes sont ô combien vulnérables dans l'univers SG et le commandement Terrien le sait particulièrement bien. Donc il faut gagner du temps. On remarquera que c'est presque toujours l'objectif des forces spatiales humaines dans SG : gagner du temps pour permettre à une solution diplomatique ou technologique d'arrêter le carnage. Avec la variante ici qu'il faut prendre en compte le fait que Gerak & Co. n'auraient jamais pu obtenir tout le pouvoir qu'ils ont sans un mouvement de fond important chez les Jaffas. La campagne de désinformation vise donc à faire chuter la pression en vue d'arriver à une situation plus stable à moyen ou long terme. Pense un peu Europe en 1914 : tout le monde veut cette guerre dans un camp et n'attend qu'une raison ou une autre pour la démarrer. Si elle est arrêtée trop tôt ou si les bellicistes se font démolir trop lourdement de façon conventionnelle, il y aura respectivement une poursuite de la rancœur jusqu'à la prochaine excuse et guerre subséquente, ou bien l'emploi d'armes non conventionnelles pour détruire l'autre (ici, frappes cinétiques et/ou biochimiques sur la Terre). En gros, on se bat gentiment, le sang est versé des deux côtés, et ensuite, si une solution peut être trouvée, tout le monde est suffisamment satisfait pour permettre une construction à plus long-terme. Cette construction est envisageable pour la simple et bonne raison que la Nation Jaffa telle qu'elle est présentée n'a pas d'avenir. Soit elle se stabilise, s'industrialise et devient raisonnable avec une classe dirigeante de technocrates, des ingénieurs, des fermiers, des médecins, etc. (Japon), soit elle se balkanise en puissances planétaires perpétuellement pauvres et entretenant avec leurs seuls revenus ce qui leur reste de flotte (genre Corée du Nord). Ces structures peuvent alors être traitées et considérées convenablement. Est-ce que l'explication est claire ou d'autres précisions sont-elles nécessaires ? |
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