Avatar : La Voie de l'eau

Ce second Avatar a de mon point de vue exactement les mêmes qualités et défauts que son prédécesseur. Sauf qu'après plus de dix ans de films de super-héros et autres grosses productions un peu fades, ma tolérance a sensiblement augmenté.

Je vais commencer par les défauts. Comme le premier opus, le scénario n'est pas très intéressant. La plupart des personnages parviennent à être encore plus unidimensionnels que ceux dont je me souvenais, et le film se paye d'ailleurs le luxe d'en faire revenir un qui aurait gagné à être remplacé.

Jake Sully se retrouve dans le rôle de bon père de famille, et le peu de relief qu'on trouve se situe plutôt dans les interactions entre ses adolescents et leurs compatriotes pandoriens. Le thème de la famille, très cher à James Cameron, est à à nouveau au centre de l'histoire, avec un traitement qui n'a rien de particulièrement intéressant ou original. Les nouveaux personnages deviennent peu à peu attachants, à une nuance près : pendant tout le film, j'ai été incapable de distinguer visuellement Lo'ak et Neteyam... ce qui n'est pas idéal.

Finalement, le vrai point fort de cette histoire, c'est le sens de la découverte et de l'émerveillement qu'elle parvient à susciter face à la faune et la flore sous-marine de Pandora qu'on découvre ici. La modélisation et le rendu de cet univers marins sont absolument magnifiques, résultat d'un travail dantesque sur les effets visuels de ce nouvel opus.

Et c'est ainsi que je dois ravaler un peu mon chapeau : à l'instar de ce qu'il avait réussi à faire sur le premier Avatar, James Cameron et ses équipes arrivent ici à mettre en scène et faire vivre une faune et une flore extraterrestres convaincantes. Les limites persistent : aucun animal n'est particulièrement original, l'écosystème mis en avant n'est qu'un pâle dérivé d'une petite partie de certains écosystèmes terrestres. Néanmoins, c'est beau, ça semble cohérent et c'est plus que ce que la majorité des films de science-fiction ont su faire jusqu'ici.

Cet écosystème, comme dans le premier opus, se révèle être aussi bien un décor qu'un personnage à part entière au cœur de l'action. Ainsi, une partie significative des péripéties est consacrée à des aventures entre les jeunes Na'vis et la nature. On découvre comment ces jeunes d'une tribu de la forêt parviennent petit à petit à s'intégrer dans la symbiose qui existe entre les tribus des mers et leur environnement marin. Ces passages sont dans l'ensemble très bien menés, et peut-être parmi les plus réussis du film, finalement.

Inversement, c'est dans les affrontements avec les humains que ce second Avatar devient par moments moins intéressant. D'abord parce qu'il y a un problème de rythme, particulièrement dans le dernier quart du film. Cameron enchaine les péripéties multiples, certaines inconséquentes, là où il aurait dû faire des choix dès l'écriture. Ensuite parce que ce dernier quart du film est celui qui souffre le plus de problèmes de cohérence interne : pourquoi est-ce que certains Na'vis disparaissent brutalement d'un affrontement ? Pourquoi est-ce que tel personnage ne s'assure pas d'avoir accompli son objectif de manière définitive plutôt que de laisser les choses inachevées (et donc à continuer dans le prochain film) ?

Je dois néanmoins reconnaître que le talent de James Cameron à la réalisation ressort très clairement ici : les scènes d'action sont très bien filmées, très délibérées et lisibles, et généralement assez satisfaisantes.

Pour synthétiser tout ça, je dirais que ce second Avatar me laisse un peu le même gout aigre-doux que son prédécesseur. C'est beau, c'est une belle prouesse technique, c'est très bien réalisé et je dois avouer que la découverte des environnements marins m'a fait une petite impression. Mais du côté du scénario, on retrouve des poncifs comparables au premier opus, des problèmes de rythme vers la fin, et un manque général de qualité dans les dialogues et d'intérêt des péripéties. Et surtout, le caractère subversif du propos sous-jacent n'est jamais vraiment abordé de front ou intelligemment développé, ce qui est vraiment dommage.