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 Récit d'un homme en cage

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Zarquon
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Zarquon


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MessageSujet: Récit d'un homme en cage   Récit d'un homme en cage EmptySam 23 Fév 2013 - 11:32

Certains (n')attendent (plus) le retour de SIDUS, mais je fais face à quelques problèmes techniques... En attendant, voici une petite nouvelle simple, partie d'une petite idée qu'on m'a soufflée: un homme, une feuille, un stylo, que peut-il se passer?

A vous de voir.

Récit d’un homme en cage

Je ne sais trop pourquoi j'attends là. Il me semble que plusieurs heures se sont écoulées depuis qu'ils m'ont jeté ici. Que me veulent-ils? Je n'ai rien a me reprocher. Et à ce que je sache, ils n'ont pas le droit de laisser un honnête citoyen croupir dans une salle d'interrogatoire sans faire appel à un avocat. Certes, je n'en ai pas... Erreur que je ne commettrai plus. Mais ils peuvent m'en fournir un commis d'office. Je suis sur qu'il se révolterait contre les conditions de ma détention injustifiée. Franchement, me laisser ici, pendant des heures, sans rien me dire, et avec juste un bureau, une chaise, une feuille de papier et un stylo pour toute distraction, ça ne viole aucune convention de Genève? Certainement que non. Et puis après tout, écrire est un excellent moyen de passer le temps. Ils finiront bien par ouvrir cette foutue porte et à me dire quelque chose. Ils vont bien devoir me nourrir non? Ils ne vont certainement pas me laisser mourir... S'ils m'ont amené ici, c'est que j'ai quelque chose qui les intéresse, n'est-ce pas? Mais quoi donc? Franchement... Je n'ai rien de spécial. Je bosse chez Tech. Corp. en tant qu'ingénieur en chef depuis dix ans, comme nombre de mes collègues. Je vis... Enfin je vivais avec ma femme et mes gosses dans un bel appartement de San Francisco, comme tous mes voisins... Sérieusement, pourquoi moi? Y'a-t-il quelque chose, au fond de mon âme, qui justifie ma présence ici? Il n'y a que les criminels qui sont traités ainsi. Et je ne me considère pas comme un criminel! Je n'ai rien fait de mal! J'ai toujours rendu service à la société, bon sang! Mais la société le perçoit-elle ainsi? Elle est corrompue, menée par des politiciens véreux qui n'ont aucun charisme et tout sauf l'allure d'un leader. Le monde est voué a l'échec. Comment pourrais-je décrire l'horizon de l'année 2041? Un taux de criminalité en hausse. Des pays en faillite aussi bien au nord qu'au sud. Des corporations qui rachètent ces dits-pays pour en faire une industrie monstrueuse. Des machines qui remplacent les hommes. Des hommes qui surveillent des machines. Des machines qui surveillent les hommes. En qui avoir confiance? Tu me diras, pourquoi bosser chez Tech. Corp. alors qu'elle détient la moitié de l'Europe et l'a transformée en une vaste chaîne de montage ? Je me le demande moi-même... Mais ai-je vraiment le choix? Puis-je choisir entre mes principes et la vie de ma famille? Bien sur que non! Et ils le savent très bien! Ils ont mis en place ce système, ils sont responsables de ce qui nous arrive! Qu'on ose me dire après que nos problèmes viennent des bas-quartiers! Ils les ont conditionnés, ils ne leur ont pas laissé le choix! Forcément qu'ils font des erreurs! Forcément qu'ils volent, tuent et vandalisent tout et n'importe qui! Il faut se rebeller! Mais qui, qui peut se rebeller? Les pauvres, qui survivent à peine dans les bidons-villes de la banlieue, ou nous, les autres qui sommes entièrement dépendants de la société qui nous exploite? Je préfère le dire, du moins, l'écrire, ils nous ont piégés dans un cercle vicieux dont nous ne sortirons jamais. Ils créent nos besoins, nous travaillons pour les fabriquer et gagner de l'argent pour consommer. S'ils n'étaient plus là, nous ne nous conduirions pas mieux que ces sauvages extra-muros. Et me voilà enfermé ! Quoi donc ? Je n’ai pas assez acheté ? Je n’ai pas assez travaillé pour rembourser ma dette ? Ca fait près de trente ans que je travaille d’arrache pied... Je ne mérite pas d’être traité comme ces sous-hommes ! Ils veulent me rendre fou ! Ca ne peut être que ça... Pour quelle raison, je l’ignore encore, mais une chose est sûre, ils ne m’auront pas. Aucune cage ne pourra me retenir. Physiquement, peut être, mais psychologiquement, je pourrais toujours m’évader. Je pourrais enfin vivre ma vie comme je l’entends et pas comme ils me la dictent ! Le monde est devenu fou ! Il ne mérite plus d’exister. Il faudrait tout recommencer. Mais avant tout, il a besoin d’un bon défrichage. Ah ! Et voilà que j’arrive à la fin de la feuille ! Encore un moyen de me faire sombrer ! Que faire ?!


J’ai une nouvelle feuille. Alors que je m’emportais, la porte s’est ouverte dans un grincement désagréable. Une femme est entrée, a délicatement posé une nouvelle feuille blanche en passant devant moi, stupéfait au possible, et est ressortie avec l’ancienne, refermant la porte à double, voire triple tour. Ah ça ! On l’entendait cette foutue serrure. A croire qu’ils me prennent pour l’ennemi public numéro 1. Ca commence tout de même doucement à m’inquiéter. Ca doit faire quoi, un jour que je suis ici ? Et personne, à part cette femme, n’est venu me voir, m’interroger, m’expliquer ma position. Pourquoi ? Qu’attendent-ils de moi ? Suis-je censé agir ? Suis-je censé faire quelque chose ? Quand bien même, comment le saurait-il, me sachant piégé dans une pièce sombre et vide ? Vide ? Est-ce vraiment le cas ? A tout bien réfléchir, j’ai simplement admis qu’elle était vide. Pas de glace sans teint... Donc ils ne m’espionnent pas directement... Mais ils ont tout de même su que j’avais fini ma feuille... D’ailleurs qu’y a-t-il d’important avec cette feuille ? Que veulent-ils ? Ils se fichent de moi... Ces incapables se gaussent derrière la porte en pensant à mon désespoir. Eh bien non !

Peut être une caméra ? Avec la miniaturisation d’aujourd’hui, elle pourrait être caché dans un grain de sable, idem pour un micro. De toute façon, je n’ai rien dit, ni rien fait... Ca ne leur fournirait aucune information... Jusque là, je n’ai fait qu’écrire sur cette feuille...

Bon... J’ai regardé sur & sous le bureau, sur le plafond, sur mes vêtements qui, d’ailleurs, ne sont pas les miens... Mais a priori je suis hors de danger. Il ne semble pas y avoir d’appareil espion. Après, je sais bien que j’ai dit qu’ils seraient difficilement trouvables, mais je ne peux que me raccrocher à ça. Si je commence à prendre peur, à me retrancher dans un coin, c’est qu’ils auront gagné, qu’ils auront réussi à me détruire. Je ne peux pas leur laisser cette satisfaction. Je serai plus fort qu’eux, même si pour cela je dois me battre. Mais ils doivent me laisser cette feuille... cette pauvre feuille. Que ferais-je sans elle ? Hein ? Que ferais-je sans toi ? Si douce, si blanche, prête à recueillir la moindre de mes phrases, prête à me laisser m’évader dans un autre monde, à vagabonder dans mes pensées les plus profondes comme si elles faisaient parties d’un monde aussi matériel que celui qui m’entoure, aussi solide que ce bureau... Bien qu’il soit bancale. Ah ! Je les ai bien eus tout de même ! Ils n’auraient probablement jamais cru qu’une simple feuille blanche et un stylo pourraient me faire survivre aussi longtemps, et me donner assez d’énergie pour résister. Peu importe qui vous êtes, sachez que je remporterai la victoire, même si je dois rester ici jusqu’à la fin de ma vie. Cette simple feuille... C’est toute ma vie. Je peux y poser tout ce qui fait ma personne, tout ce qui fut, tout ce qui est, et tout ce qui pourrait être. Comment empêcher l’homme de rêver ? Même dans la douleur, même le cœur et le corps brisés, l’éternité nous tend les bras, le rêve s’offre à nous, pauvres êtres meurtris. Rien ne peut nous empêcher de nous enfuir, même si cette échappatoire n’est qu’irréaliste. Comment différencier le rêve du réel ? L’un n’est que le reflet de l’autre... Mais lequel est l’original ? Avons-nous formé le monde à partir de nos rêves, où nos rêves dérivent-il de la création du monde ? Pourquoi la réalité serait-elle meilleure que les songes ? Qu’y a-t-il de mal à s’évader de notre prison personnelle ? Quelle prison ? Celle forgée par notre société, nos misérables vies exécrables qui ne méritent pas d’être vécues. Un peu trop facile, hein ? Qu’importe, vu ma situation, je peux me permettre un élan de simplicité. Qui sais si je reverrai un jour le soleil ? Sa douceur ? Ses rayons qui nous caressent à son zénith et se dérobent au fur et à mesure de la journée, comme un éternel au revoir qui ne dure pas plus que le temps d’une nuit...

L’écriture est la plus belle chose que l’homme ait inventée. Elle nous permet de partir dans des contrées lointaines sans bouger de son lit, ou de sa chaise, en l’occurrence. Je me suis relu, aussi impensable que cela puisse paraître. C’est dommage qu’ils m’aient confisqué ma précédente feuille. Mes souvenirs s’effacent déjà et je serais presque incapable de dire ce qu’il y avait dessus. Une chose reste certaine, j’ai imprimé plus d’encre sur celle-ci. L’avantage d’écrire petit. Pourquoi n’y ai-je pas pensé tout à l’heure ? Qu’est-ce qui a fait que j’ais préféré écrire moins mais dans en volume plus grand ? Quel état émotionnel a pu me mettre dans un état pareil ? D’ici, je ne vois que l’ardeur. Pourtant, la vie est belle ici...

Une autre feuille, une autre machination, une nouvelle heure. Elle est revenue, assez rapidement pour me laisser penser qu’ils me regardent effectivement. Si vous me voyez, j’ai envie de vous dire : peu importe. Vous savez quoi ? J’abandonne. Je laisse tomber. Non, vous n’avez pas gagné, vous en êtes même loin, très loin. Je ne me bas plus, c’est tout. Se battre, c’est bon pour les gosses. Et vous savez pourquoi ? Parce que j’ai en moi un pouvoir bien plus terrifiant : l’imagination. D’aucun penserait qu’elle mènera l’humanité à notre perte, qu’elle nous écarte du droit chemin, du vrai chemin. Mais moi je sais qu’elle est porteuse de créativité, d’initiative et d’avenir. C’est elle qui nous guidera sur le chemin. Peut être pas le droit, peut être pas le vrai, mais une chose est sûre, elle nous amènera au bout. Je n’ai plus qu’à vous quitter et à me laisser glisser sur la route, sur ma route. J’ai à ma disposition tous mes souvenirs, tous les moments passés avec eux... Avec mes amis... Ah ! Que serais-je sans eux ? La vie serait beaucoup plus terne, maussade et insoutenable. Ils sont le ciel bleu dans une journée pluvieuse, le coucher de soleil après une journée éprouvante et le ciment qui lie les pavés du chemin. Quant à ces pavés... C’est à toi que je pense bien sûr, toi et les enfants. Vous êtes le monde, la grandeur des montagnes, l’or des déserts et l’océan azur. C’est avec vous que je veux vivre ces instants, du moins les revivre, puisqu’il semblerait que mon sort soit fixé. Mais quelle journée choisir ? Laquelle vaut-elle plus que les autres ? Notre mariage ? Leur naissance ? Notre rencontre ? Mais cette journée doit-elle vraiment être spéciale ? Notre vie de tous les jours n’est-elle pas plus grande encore ? Pourquoi me torturer alors que je suis si près...

Les larmes ont coulé, mais maintenant je sais, je sais que c’est cette dernière journée que je veux revivre. Les enfants étaient à l’école, et je suis rentré un peu plus tôt. Je savais que tu étais là. Je n’avais attendu que ça toute la journée. Toi et moi. Tu était ma seule motivation, la seule chose qui me permettait de tenir un jour de plus. La patience venait à manquer... Alors je suis revenu. Tu ne m’as pas entendu. Je pouvais te faire une surprise. Je n’aurais pas pu rêver mieux... Je t’ai alors aperçu, au loin, me suis approché, à pas de loup... Je t’admirai... Quel idiot.
J’ai sorti mon revolver, tu t’es retournée... C’est alors qu’il a choisi son moment pour entrer. Quel mauvais moment. Je savais que tu me trompais avec lui, mais j’ignorais qu’il était là. Oh, il faisait parti de mon plan aussi, mais de manière différente, bien entendu. C’est triste d’avoir du en arriver là. Mais tu ne m’as pas laissé le choix. J’ai tiré, une première fois, en plein cœur. Je voulais te faire ressentir ce que tu m’avais fait subir. Un cœur brisé, ça ne se guérit pas. Il a protesté. Il pouvait. Mais je m’en suis également débarrassé. J’ai été malin, cependant. Tu ne l’aurais jamais cru, n’est-ce pas ? Je portais ses empruntes digitales, et j’ai maquillé son meurtre en suicide. J’ai nettoyé mes traces, et je suis parti, souriant & sifflant. J’avais eu ma revanche.

La porte s’ouvre... Etrange, je n’ai pourtant pas fini ma feuille. Ont-ils eu ce qu’ils voulaient ?
Est-ce fini ?...
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MessageSujet: Re: Récit d'un homme en cage   Récit d'un homme en cage EmptySam 23 Fév 2013 - 12:39

Très bon texte court Zarquon, félicitation !

Finalement ça ne fait pas tellement "anticipation" lorsque l'on a lu le texte en entier, mais c'est vrai que le doute plane pendant les premiers paragraphes.

Dans tout les cas ça fait plaisir de te lire Heureux
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MessageSujet: Re: Récit d'un homme en cage   Récit d'un homme en cage EmptyDim 24 Fév 2013 - 19:13

BITE!*

Bon sinon bravissimo, tu as géré plus que je n'aurais pu l'imaginer !!! (j'ai pas répondu à ton SMS car je suis toujours de l'autre coté, n'est il pas!)




* Avec la tonalité argumentative qui suit le file du texte, tu donne une incidence rythmique au récit, plongeant ainsi le lecteur au coeur de l'intrigue. La structure même de l'histoire, donne une consonance métaphysique, presque mystique, au développement philosophico-narratif. Ce texte est clairement l'oeuvre d'un génie torturé ou d'un imbécile heureux!

PS : mon texte arrive, mais la tu mets la barre haute...
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MessageSujet: Re: Récit d'un homme en cage   Récit d'un homme en cage EmptyMer 27 Fév 2013 - 19:42

Voilà ma réponse :D enjoy it!

Un petit trait pour l'homme, un grand trait tiré sur l'Humanité

Un pièce, un homme, une plume, de l'encre et des feuilles blanches ! Le protocole était ce qu'il y avait de plus simple, mais sa porté était gigantesque ! Les scientifiques auront bientôt disséqué chacune des étapes de l'écriture d'un chef- d’œuvre. Le processus amenant l'homme à écrire une œuvre éternelle n'aurait bientôt plus de secret pour eux. Bien sur, certains critiquaient l'expérimentation qui avait lieu, arguant qu'il n'y avait pas qu'une façon d'écrire, que l’entreprise, si elle n’était pas vraiment raisonnable, était avant tout vaine. Mais l'expérience répétée des centaines de fois, que dis-je, des milliers, des dizaines de milliers de fois, aurait des résultats significatifs ! C'est la lois des grands nombres, les scientifiques trouveront ce qu'ils cherchent,ce n'est qu'une question de temps, et bientôt la parution d'un best-seller ne sera plus qu'une question de variables et d'équations... Du moins c'est ainsi qu'ils présentaient le projet « littérature bis » lors des conférences à destination des futurs potentiels candidats ! Ils faisaient le tour des grandes Universités, Oxford, Harvard, Cambridge, afin de faire, des plus brillants étudiants de ce monde, des cobayes littéraires. La proposition était alléchante, surtout dans ce monde où la littérature était clairement relayée au second rang derrière tous les systèmes de vidéo-communication. Même les professeurs demandaient à être de la partie , mais la plus part étaient trop vieux, la science avait besoin de jeune cerveaux, de génies en puissance. Et puis ça payait bien de se prêter au jeu, gagner de l'argent pour exercer sa passion, pourquoi pas ?

Pourtant dès le départ, certains crièrent à la magouille, même si c’était plus par esprit de contradiction que pour de véritables raisons de s'opposer au projet ! Puis, lentement certes, mais sûrement, un noyau de résistant est apparu. Leurs idées : ces scientifiques étaient entrain de voler les plus grands cerveaux, de piller leurs matières grises, la substantiel moelle de la littérature moderne. Là encore, ils ne s'attiraient pas vraiment les ferveurs de l'opinion publique : les cobayes étaient volontaires pour être observés durant la rédaction de leurs manuscrits, ils pouvaient ensuite garder ces derniers, et cerise sur le gâteau, ils étaient bien payé pour faire ça ! En faite, cette action a eu l'inverse de l'effet escompté ! Le sigle « cobaye » devint même un garant de la qualité de l'écrivain, il faisait vendre. Celui qui écrivait sous ce label, faisait preuve d'ouverture et de modernité, cela faisait de lui un actuel, un homme de son temps. Mais avant tout, cela faisait vendre ! Quant à ces résistants, ils étaient vu comme réfractaires au progrès, des conservateurs de la littératures. Le mouvement n'était pas viable, il n'y avait presque aucun intérêt à le maintenir … Presque, cependant certains esprits arguèrent que ces hommes mettant leurs plumes au service de la science, étaient entrain de signer la perte de l'écriture traditionnelle. Certes, si l'analyse réussissait, la littérature n'aurait plus besoin de l'homme pour exister, s'établir et évoluer. L'inimaginable, l'inimaginé pourraient avoir lieu. Depuis toujours, les œuvres littéraires avaient précédées les mœurs dans leurs évolutions, inspirant les peuples et donnant le ton. Qu'allait-il donc advenir de l'humanité, si toutes ses sources, ses conflits intérieurs, cette dialectique romanesque s’effaçaient au profit d'une écriture informatique, d'une production sans âme et d'un mercantilisme des belles-lettres ? Personne n'avait encore la réponse, après tout on n'était encore qu'à la phase expérimentale. Puis brusquement les premiers résultats apparurent, une des œuvres produites sous le sigle « cobaye » avait été reproduite d'une manière totalement artificielle, qui plus est c'était déjà un best-seller. La science avait reproduit ce qui se vendait le mieux !

Pour la plupart, tout allait pour le mieux. Personnes n'avait vu une telle pluie de chef-d’œuvres auparavant, il sortait un best-seller par semaine. Les politiques se félicitaient du phénomène, amenant un regain d'intérêt pour l'écriture, les entreprises avaient un nouveau marché prometteur, seuls les écrivains étaient mécontents. En effet, plus aucun éditeur ne prêtait attention à leurs manuscrits, les œuvres non assistées par ordinateurs ne pouvaient pas concurrencer ! Alors ce qui devait arriver arriva, ce pacte entre les sciences et la littérature, se brisa, d'un côté, une prolifération à outrance de best-seller bon marché et de l'autre une clique d'écrivains rejeté par la société ! La riposte fût sans pitié, les écrivains mirent tous leurs efforts dans la critique d'un système vendu au consumérisme et sclérosé par le manque d'imagination des machines. Les mêmes qui la veille prêtaient leurs cerveaux à certaines expérimentations scientifiques, les usaient jusqu'à la moelle pour lutter contre machinisme littéraire. Le combat était inégal, mais le génie des hommes est sans limite, les écrivains trouvèrent la faille : ce système ne pouvait pas évoluer car il était biaisé. En effet, dès la première œuvre résultant totalement d'équations, la machine avait pris pour réussi ce qui n'était qu'un effet de mode du à la machine elle-même. Ah ! L'argument fit mouche, malgré toutes les tentatives pour étouffer l'affaire, le scandale ne pouvait qu'éclore. Des demandes de contrôle de qualité furent revendiqué un peu partout, on voulait savoir ce qu'il en était réellement, des milliards étaient en jeu, des centaines de millions de livres avaient été lu … Et même si les relectures furent biaisées, la piètre qualité de tous ces soit-disant « best-sellers » était indéniable. Pourtant la réplique ne se fit pas attendre, tout d'abord, ces chercheurs, expliquèrent que l'erreur était avant tout humaine, en revanche la perfection littéraire, ne pourrait être atteinte selon eux, sans les machines. A vrai dire, ils avaient maintenant les moyens financiers de soumettre les écrivains à leurs bon plaisirs, car malgré les beaux discours la plupart n'avaient pas perdu leurs principaux intérêts. Ainsi une simple campagne de réhabilitation, mis fin à la crise que rencontraient le secteur de la littérature automatisée ; l'idée était simple, proposer une contre-expertise continuelle des œuvres par les ex-écrivains. Et bien évidement la majorité prirent le train en marche, les autres purent se consoler avec la petite part de sympathie que cette histoire leur avait valu auprès du public.

Mais avec le temps, la sympathie du public pour nous autres écrivains à de nouveau disparu. Je fini ces quelques lignes sans espoir, plus aucun éditeur ne prend la peine de nous lire, quelques pièces m'attendent si je cède, et dieu sait combien j'en ai besoin ! Un pièce, un homme, une plume, de l'encre et des feuilles blanches ! Voilà ce à quoi j'en suis réduit aujourd'hui..
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