Sur la glace

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Sur la glace

Une forme marchait dans un couloir sombre de la cité ce soir-là. Elle se coulait contre les murs, ne passant que par les coins sombres, évitant les taches de lumière que reflétait la lune. L’ombre prudente ne se fit voir de personne. Elle connaissait les moindres recoins de la citée et semblait savoir les horaires des tours de garde. A peine un bruit lui parvenait aux oreilles qu’elle se fondait dans le décor, faisant oublier aux intrus qu’ils avaient vu ou cru voir quelque chose de suspect.

Doucement, elle s’approchait de son but. Elle ne savait pas pourquoi elle était là mais elle y était. Elle resserra l’étreinte sur le sac qu’elle portait dans les bras et avança encore un peu plus. Elle était maintenant devant une porte qui allait raviver de douloureux souvenirs et lui procurer un plaisir immense. De nouveau, elle hésita et après quelques secondes, entra vivement.

Elle se tenait face à la porte, n’osant plus bouger. La peur de se faire découvrir lui fit peur mais ensuite elle se détendit. Tout le monde dormait à cette heure-ci. Elle osa enfin se retourner et en eu le souffle coupé. C’était encore plus beau que quelques heures auparavant. La lune avait remplacé le soleil et il n’y avait que la lumière blanche illuminant la salle. Rodney avait dit que les plombs avaient sautés. Elle sourit, descendit les gradins et s’assit par terre. Elle sortit du sac deux patins qu’elle avait ramenés de son dernier voyage sur terre. Elle passa sa main sur le cuir blanc et soupira de bien-être. Ça lui avait tellement manqué. Elle enleva les protèges lames, se les mit aux pieds et avança vers l’étendue devant elle. Elle frissonna : l’air était glacé et elle n’était pas trop couverte. Mais le sport allait arranger tout cela. Elle hésita un instant et, cédant à la tentation, mis un pied sur la patinoire.

Aussitôt, l’esprit de la glace se fonda en elle et elle se sentit plus vivante que jamais. N’ayant pas pratiquer depuis longtemps, elle fit quelques tours de chauffe et vit que c’était comme le vélo : ça ne s’oublie jamais. Elle sortit de la piste et choisit une musique douce sur un CD qu’elle avait emmené. La musique commença par des notes de piano et elle s’élança vivement sur la glace. Elle ferma les yeux pour s’en imprégner au maximum puis, après quelques pas mal assurés, retrouva son rythme et sa technique. Elle fit une pirouette suivit d’une double mais négocia mal son atterrissage et finit les fesses par terre. Elle resta un moment sur la glace réfléchissant sur un nouvel enchaînement et, une fois debout, reprit de plus belle sans se soucier de l’heure.


***

John bailla sans discrétion dans un des nombreux couloirs de la citée et se gratta la tête. Ce fut vraiment une soirée pourrie ! D’abord, la soirée de poker « entre hommes » s’était terminée avec UNE gagnante, Teyla étant arrivé vers le début et Ronon avait eu la bonne idée de l’inviter, et maintenant ça ! De la musique douce filtrait sous une porte et fit grogner le militaire. Une salle qu’ils avaient découverte il y a à peine 12 heures et déjà une personne l’utilisait et allait lui casser les pieds pour dormir. Il soupira excédé et regarda sa montre : trois heures. « Bon. Je vais engueuler ce mec et ensuite, dodo ! »

***

Elle venait de tomber une nouvelle fois. Les larmes perlaient à ses yeux mais elle battit des paupières pour les empêcher de couler. La glace sous ses mains nues lui fit se rappeler des souvenirs d’enfants : son frère et elle patinant sur le lac gelé en face de chez eux, leur rire quand l’autre tombait, leurs parents les grondant car c’était trop dangereux. Cette fois-ci, les larmes qu’elle tentait de refouler glissèrent silencieusement sur ses joues pales. Elle les essuya et d’autres souvenirs affluèrent, moins plaisants. Les cris de ce frère qu’elle adorait alors que la glace se fissurait sous son poids, les plongeurs retrouvant son corps, les pleurs de ses parents lors de l’enterrement. Ce jour-là, elle s’était promis de ne jamais remettre ne serait-ce qu’un pieds sur celle qui lui avait enlevé son modèle. Elle venait de trahir sa promesse.

Elle se remit debout, essuya ses dernières larmes et secoua ses vêtements pleins de morceaux d’eau glacée. Si Sean était encore là, il aurait voulu qu’elle continue. Elle faisait ça à la mémoire de son frère. Sur cette nouvelle résolution, c’est avec le cœur léger qu’elle reprit la chorégraphie là où elle l’avait laissé, ayant enfin vaincu l’un de ses démons intérieurs.

***

Il entra dans la pièce en trombe, prêt à crier sur l’idiot qui avait mis de la musique quand sa voix se perdit au fond de sa gorge. Une dizaine de mètres plus bas, une jeune femme patinait. Il reconnu instantanément son allure et sa grâce. C’était celle qui le hantait, de jour comme de nuit. Elle virevoltait, faisait une toupie, fonçait à toute allure. Une pirouette, atterrissage sur une jambe puis une autre. John regardait ce spectacle, bouche bée. Elle ne l’avait pas remarqué et continuait son spectacle, ignorant que quelqu’un la fixait. Pourtant, à la fin de la chanson, son regard se tourna vers les gradins. John se cacha brusquement et espéra qu’elle ne l’avait pas vu. Les secondes lui semblèrent des heures tellement il était tendu. Puis, au bout, d’une éternité, une nouvelle chanson débuta. Il attendit et risqua un œil. Elle avait reprit une chorégraphie, une nouvelle fois seule au monde sur la glace. Mais John ne regardait plus la danse, il voyait surtout la tenue qu’elle avait adoptée : T-shirt à manches longues et jupette. Ses cheveux étaient attachés mais des mèches étaient sorties de l’élastique. Elle ressemblait à une fée coincée dans la réalité, tout en grenat.

Il la regarda encore une demi heure et ensuite se décida à la laisser seule. Il voulut ouvrir la porte avec la plus grande discrétion dont il était capable mais fit tomber sa radio par terre au même instant que la musique qui se tut brusquement. La radio fit un bruit impossible à masquer dans le silence de plomb de la salle. Il se retourna et vit qu’elle s’était arrêtée, figée sur place. Il se mit dos à un siège qui le masquait et ferma les yeux : il était cuit.

***

Elle en était sûre maintenant, elle n’était pas seule. Tout à l’heure, elle avait cru voir la silhouette d’un homme mais avait conclu que ce n’était que son imagination. Pourtant, quelque chose était tombée et ce n’était pas de sa faute.

- Il y a quelqu’un ? demanda-t-elle à la salle vide.

La question se répercuta sur les murs en écho mais resta sans réponse. Elle fronça les sourcils, soupçonneuse. Cela pouvait être n’importe qui. Elle était au centre de la patinoire et s’avança lentement jusqu’à la porte ouverte par laquelle elle était entrée. Elle s’avança prudemment, enleva ses patins qui la gênaient dans ses mouvements et passa par un chemin détourné pour savoir si le « rôdeur » était encore là.

Elle avança sans un bruit, passant par le bas des gradins, montant sur les nombreux sièges. Au bout de quelques minutes d’ascension, elle découvrit celui qui l’avait espionné, adossé contre un siège, les paupières closes.

- John ? s’exclama-t-elle à voix basse.

La diplomate fut étonnée de remarquer que celui-ci s’était endormi. Elle sourit : il était si mignon quand il dormait ! Elle vérifia quand même si il ne jouait pas la comédie. Sans le réveiller, elle s’agenouilla face à lui en le fixant mais il avait l’air réellement endormi et sur une impulsion, lui déposa un délicat baiser sur les lèvres, si doux que les yeux de John ne frémirent même pas. Souriant face à ce geste spontané, elle s’en alla. Le jour commençait à poindre et il ne lui restait que quelques heures à dormir. Elle refermait la porte quand John ouvrit les yeux, un sourire plein de malice sur les lèvres. Il se les humecta.

- Merci Elisabeth, répondit-il à la porte close.



Alors ? Suite ou pas suite ?

Ooooooooooooooooooh, que c'était meugnong...

Z'ai vraiment bien aimé, c'était très joli, et puis triste aussi...

Suite ou pas suite? A toi de voir, en tout cas, je serai là pour la lire ^_^

Remarque stupide : je pense que tu ne lis pas ma fic BSG, mais voir "Sean" comme prénom du frère de l'héroïne (mort, qui plus est, le frère) m'a paru quelque peu familier.

Sinon, eh bien, c'était très très bien écrit. Beau style

Mouai...j'ai essayé le coup du "je fais semblant de dormir" et avec moi, ça n'avait pas marché!
Et avec Sheppard en plus Zalouse, je suis. :209:

Beau texte, completement dans ta vague ship for Shep. Qu'est-ce qu'ils s'embrassent ces deux-là... quand est-ce qu'ils se souviendront qu'ils n'ont plus 20 ans?

Tu sais quoi : j'adore !!! Du ship comme je l'aime, discret et tout mignon ! Et l'idée d'Elisabeth en patineuse me plait vraiment beaucoup !

Merci beaucoup !

Citation :

voir "Sean" comme prénom du frère de l'héroïne m'a paru quelque peu familier.

J'avais pas fait attention. En fait, c'est le premier prénom qui m'ait passé par l'esprit quand je l'ai écrite.


Pour la suite, je vais la poster bientôt pour ceux qui veulent. Juste une peu de patience !

comme Mara la dit:

Citation :

Ooooooooooooooooooh, que c'était meugnong...

.

C'est comme toutes les fic que tu as déjà écrite. Super ship , super bien écrit et super beau.

voilà.

Bye

Merci Marpire

Bon, les vacances étant là, j'ai décidé de rattraper mon retard en matière de lecture, et pas de chance, c'est tomber sur cette fic .



Alors moi qui n'est pas trop fan du ship, celui là passe. Parce que c'est comme qui dirait du ship léger, et surtout parce que c'est très bien écrit et mignon!


Moi je dis suite pour voir comment Shepp va se comporter avec Lizzie par la suite....

Très jolie fic, j'ai particulèrement aimé l'idé&e d'une patinoire dans Atlantis... C'est vrai qu'il y a largement la place, mais à force de ne jamais voir que des couloirs, on finit par l'oublier... J'aime bien l'idée de cette rencontre romantique dans le silence de ce grand lieu froid, mais j'aurais davantage vu Teyla dans le rôle de la patineuse... J'avais espéré, un instant... Bref.

merci a tous !!


Teyla ? J'y avais jamai pensé, ( ) mais c'est vrai qu'elle est pas mal dans le rôle de la patineuse.

Ca me fait plaisir que vous appréciez mes fics.