Il est difficile d'être un Dieu (It's Hard To Be A God)

Il ne pourrait y avoir meilleur exemple du cinéma interprétationaliste albanais que ce Il est Difficile d'être un Dieu.

Le film a demandé 13 ans de tournage, un grand temps de post production et le projet avait même commencé en 1968, avant qu'Aleksei German ne le mette de côté pour des problèmes techniques et de censure qui l'auraient empêché de concrétiser sa vision du film à l'époque.

Il est difficile d'être un Dieu prend place dans un monde SF médiéval ou l'obscurantisme règne. Au milieu de ce chaos féodale (chaos est surement le mot qui résume au mieux le film, même s'il s'agit d'un chaos organisé au millimètre près) un Terrien chargé d'observer la planète essaie de venir en aide à quelques artistes persécutés et d'éclairer la population (en vain). Rien n'est vraiment expliqué durant le film, le réalisateur étant plus attaché à nous montré de la boue, des merdes de pigeons tombant sur les personnages et du sang. Dis comme ça ça ne donne pas forcement envie, mais voilà Il est Difficile d'être un Dieu est l'un des films les plus immersif que j'ai pu voir, bien qu'il nécessite un certain effort de la part du spectateur pour rentrer dedans.

Une immersion favorisée par la caméra toujours placée au cœur de l'action (et à auteur d'homme) comme un personnage. Le spectateur devient ainsi un observateur complet de ce monde absurde, une sorte de robot qui suivrait Don Rumata pour l'aider dans sa mission d'observation. D'ailleurs certains personnages lancent parfois des regards à la caméra comme s'ils se demandaient ce qu'elle venait foutre ici, d'autres agitent des pattes de poulet devant l'objectif pour jouer et un dernier fait semblant d'attraper une mouche juste devant.



Autre point fort du film : ses décors et costumes fabuleux. J'insiste sur ce point tellement le travail à du être fastidieux et le rendu merveilleux. On a vraiment l'impression d'être retourné à une sorte de Moyen-Age avec les maison branlantes, les costumes tantôt farfelus, tantôt miteux mais toujours parfaits, les personnages décharnés et défigurés, et des accessoires improbables qui semblent pourtant toujours à leur place. D'un point de vu visuel, le film est une réussite complète.



Ajoutons à ça les déplacement des acteurs, dont on à l'air de véritablement capter des moments de vie, tant leur va et vient devant la caméra à l'air naturel tout au long de plans souvent long.

Au final, ce qui m’empêche de qualifier ce film de chef d'oeuvre, c'est que malgré toutes ces qualités, sa vision reste assez éprouvante (surement un euphémisme pour certains)...
Surement la faute à un manque d'explication (qui n'aurait pas eu lieu d'être) ainsi qu'à sa durée. 2h50 de promenade dans la boue et la merde sans qu'on comprenne véritablement ce qui est en train de se passer c'est long... Personnellement après avoir mis un peu de temps à rentrer dedans (une vingtaine de minutes) j'ai été happé dans le monde de German mais c'est vrai que j'ai senti le temps long après 2h de film.

Bref, Il est Difficile d'être un Dieu...

Moi je connais la version franco-soviéto-allemande des années 1990, qui n'est pas mal (surtout fascinante en tant que produits cinématographique dans son contexte). Un ami qui a vu la version de German à l'Étrange Festival m'en a dit beaucoup de bien aussi. J'essaierai de mettre la main dessus.

Citation :

J'essaierai de mettre la main dessus.

Tu fais bien A mon sens le film mérite d'être vu, après je ne te cache pas que la vision est un peu éprouvante...