Attention, fic ultra-triste, ultra-dramatique.
Léger cross-over entre Atlantis et SG1.
Possibilité d'AU car je n'ai pas vu grand chose de la saison 10.
Lisez cela donc comme une fic un peu intemporelle, ou alors comme un futur possible.
Je ne suis pas totalement satisfaite de ce que j'ai fait, et comme c'est la première fois que j'écris dans un tel genre, j'aimerais vraiment votre avis.
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La fin d'un monde
L'inquiétude les ronge tous, petit à petit.
Cela fait deux jours qu'il n'arrivent plus à contacter la Terre. Après avoir lancé une bonne dizaine de programmes de diagnostics, ils en arrivent toujours à la même conclusion.
Le problème ne vient pas d'Atlantis, mais de la porte terrienne.
Le pire, c'est qu'hormis la porte, il n'ont aucun moyen de contacter la Terre. Le Dédale est reparti pour leur planète il y a maintenant quatre semaines, et il n'était sensé quitter la Terre, à nouveau chargé de matériel pour Atlantis, que demain.
À partir de quoi, il faudrait compter encore trois semaines pour pouvoir espérer avoir des nouvelles de la Terre.
Et cela, se disent les membres de l'expédition, mais sans l'exprimer à haute voix, dans le meilleur des cas.
***
Trois jours plus tard, la tension est devenue permanente. Personne ne sait ce qu'il est advenu de la Terre, et les membres de l'expédition se demandent tous ce qui est arrivé à leur planète, à leur famille, mais personne n'ose le dire à voix haute, car tout le monde a peur d'embêter les autres avec ses problèmes, quand tout le monde partage les mêmes.
***
Au bout d'une semaine et demie sans contact avec la Terre, la moitié de l'expédition est déjà au bord de la crise de nerfs. Les équipes d'exploration ne tournent désormais qu'à la moitié de leur capacité, les études scientifiques de la cité sont imprécises et incomplètes, les rapports sont vagues et contiennent de plus en plus d'incohérences.
Elizabeth va frapper à la porte de Kate pour lui demander de ne plus attendre que les gens viennent la voir, de monter avec le personnel médical d'Atlantis une sorte de « centre d'écoute », car elle sent son expédition partir en miettes jour après jour.
Le visage de Kate lorsqu'elle lui ouvre sa porte la dissuade complètement de faire une telle
proposition.
***
Au bout de deux semaines et demie, les gens finissent par craquer, beaucoup se mettent à pleurer, d'autre à crier de frustration.
Certains se sont précipités sur les balcons et hurlent au vide de leur donner des nouvelles de leurs proches. La cité connaît une ambiance étrange ce soir-là. Des bouteilles d'alcool ont été sorties de nulle part, beaucoup finissent ivres morts, et, bizarrement, ils font la fête, une fête qui ne fête pas grand chose, une fête juste pour oublier.
Ce soir-là, Elizabeth s'endormit sur sa table dans la salle de réunion après avoir bu et joué aux cartes avec John, Rodney, Radek, Laura, Evan, Kate, et sûrement d'autres dont elle ne se souvenait plus exactement.
Teyla et Ronon, quant à eux, avaient observé les terriens se détruire peu à peu, ne pouvant partager leur peine, mais la percevant partout autour d'eux. Ils se retrouvaient souvent tous les deux, n'étant pas réellement capables de ressentir ce que les terriens ressentaient, et en conséquence, se retrouvaient quelque peu écartés du sentiment collectif.
Ils sont cependant d'une aide précieuse lorsqu'il faut tout remettre en ordre le lendemain.
***
Après trois semaines, il avait fini par s'installer une sorte de calme froid sur la cité. Cette nuit de débauche avait permis à tout le monde d'extérioriser ses craintes, et de comprendre qu'ils se soutenaient tous, même s'ils ne pouvaient pas se réconforter les uns les autres, chacun sans doute trop enfoncé dans sa propre douleur pour pouvoir porter celle d'un autre.
La cité fonctionne maintenant totalement au ralenti, et tous les jours, toutes les trois heures, on essaye de continuer de contacter la Terre, et on relance toujours les mêmes programmes de diagnostic, qui donnent encore les mêmes résultats. Maintenant, pendant cette procédure, il n'y a même presque plus d'espoir de rétablir un contact. Pendant les deux premières semaines, on avait essayé, à chaque fois on se disait que ce serait peut être la bonne, mais, au final, on était trop fatigué pour supporter une charge émotionnelle de plus.
Surtout quand c'est une charge aussi encombrante que l'espoir fou qui ne veut jamais vraiment s'éteindre.
***
Le soir où le Dédale devait revenir, tout le monde savait parfaitement qu'il ne reviendrait pas.
Les scanners de la cité ne donnaient rien, malgré le fait, qu'eux aussi on les surveillait tous les jours, un technicien, Rodney ou Radek eux-mêmes passant des heures à regarder l'écran noir.
Cependant, ce soir-là, Elizabeth est debout sur son balcon, à observer les étoiles, espérant presque que le Dédale sorte de nulle part et lui ramène des nouvelles.
La nuit est tiède, mais elle doit déjà être bien avancée, et Elizabeth n'a aucune idée l'heure qu'il est exactement. Mais elle voit que la salle de contrôle était quasiment déserte.
Elle est pourtant surprise d'entendre la porte s'ouvrir derrière elle, et de voir John et Rodney arriver avec de la nourriture, un lecteur DVD portable, quatre bouteilles de vin, un exploit qu'elle leur demanderait de lui expliquer, au vu de l'autre nuit.
Radek, qui était encore une fois devant l'écran de contrôle, finit par les rejoindre, apportant avec lui une petite console Ancienne qu'il a configuré pour qu'elle transmette les données des scanners en temps réel.
Ils passent la soirée à manger, boire, ils regardent Star Wars : « la trilogie originale, s'il vous plaît! » comme le dit énergiquement Rodney. Ils s'amusent à renommer les constellations, et se racontent des histoires sur leur enfance. Les quatre bouteilles se vident petit à petit.
Lorsque l'aube se lève, John est le seul encore. Les autres s'étaient endormis, Rodney et Radek dans une position plutôt comique, leurs têtes l'une contre l'autre, adossés contre le mur. Elizabeth, dans un état de légère ébriété, s'était endormie sur lui, et il l'avait allongée par terre, et elle dormait paisiblement, la tête délicatement posée sur ses jambes.
Il regarda ses deux amis, puis le leader de la cité, déplace une mèche de cheveux bouclés qui retombe sur son visage. Il ferme les yeux, une ribambelle de sentiments contradictoires tournent dans sa tête. Il n'avait pas eu grand chose qui le retenait à la Terre. Et pourtant, elle restait toujours son premier foyer.
Soupirant, il ouvre à nouveau les yeux, jette un coup d'oeil vers le ciel, puis vers le scanner, se demandant quel est le geste le plus vain des deux.
***
Le Dédale ne revient pas dans la semaine qui suit non plus, et cela fait maintenant bientôt un mois et demie qu'ils n'ont plus eu de contact avec la Terre.
Presque résignée, Elizabeth envisage sérieusement de faire un discours aux membres de l'expédition, pour sortir Atlantis de cet état comateux dans laquelle elle se trouve. Ils avaient toujours leurs ennemis, et devaient toujours craindre une éventuelle attaque. Ils ne devaient pas être pris au dépourvu.
De plus, les explorations interplanétaires devaient à nouveau fonctionner normalement. Il fallait qu'ils continuent à faire ce qu'ils étaient venus faire, ou alors, ce qui était arrivé à la Terre... quoiqu'il soit arrivé, n'aurait servi à rien. En leur mémoire...
Il fallait qu'ils continuent, chacun commençait lentement à réaliser et encore plus lentement à accepter qu'ils étaient sans doute les derniers terriens en vie de l'univers.
***
Cinq jours après, Elizabeth n'a toujours pas prononcé son discours. Elle n'arrive pas à trouver ses mots, se retrouvant à chaque fois devant sa propre tristesse, et ses propres peurs.
Parce que, d'une façon indirecte, ce serait reconnaître que la Terre avait été détruite, que tous leurs proches étaient sans doute morts, et les membres de l'expédition n'étaient sans doute pas encore prêts à entendre cette dure vérité.
Elle a demandé à John de venir dans son bureau, pour qu'il en discutent.
Et cela faisait deux minutes qu'ils s'échangeaient des banalités, en se regardant dans le blanc des yeux, chacun attendant que l'autre aborde le sujet tant craint. Les regards qu'ils se jettent sont remplis de peur de l'avenir, de recherche de sécurité, d'une incertitude teintée d'angoisse.
Au moment où Elizabeth se décide à ouvrir la bouche pour aborder le sujet, Rodney et Radek entrent dans son bureau telles deux tornades, en hurlant qu'ils ont détecté deux vaisseaux terriens, apparemment en mauvais état, qui devraient arriver dans deux semaines.
Elizabeth n'arrive pas à décrire l'expression qui passe sur le visage de John à ce moment-là, mais elle est sûre que son propre visage arbore la même.
***
Il n'y a aucun doute, ces deux semaines furent encore plus longues que celles qui avaient précédé.
Ils avaient établi un contact avec les deux vaisseaux, c'était le Dédale et l'Odyssée, qui transportaient ceux qui étaient apparemment les derniers survivants de la Terre.
On avait refusé de leur donner des détails par radio, mais Elizabeth savait que les Ori avaient envahi la Terre, ainsi que la Voie Lactée entière.
Elle n'aurait jamais cru qu'entendre la voix de Caldwell aurait été aussi bon.
L'expédition entière attend, avec une impatience teintée d'appréhension.
***
Les deux vaisseaux se sont respectivement posés sur les digues Est et Nord de la cité.
Ne sachant pas quoi faire exactement, et ne voulant favoriser aucun des deux vaisseaux, Elizabeth est restée dans la salle de contrôle pour attendre l'arrivée des premiers survivants. John se tient debout à côté d'elle, ainsi que Rodney, Teyla et Ronon, qui voulaient être présents pour soutenir leurs amis terriens. Carson, Radek et beaucoup d'autres ont été directement envoyés sur les vaisseaux, pour soigner d'éventuels blessés et faire un diagnostic de leur état.
***
La première figure à apparaître dans la salle de contrôle est celle du Colonel Caldwell.
Pendant un instant, il fixe Elizabeth, qui se retrouve gorge sèche.
Elle parvient à lui murmurer un « Colonel Caldwell » de reconnaissance, et il se contente de hocher la tête. Il a changé. Il est encore plus renfermé, plus sombre. Plus absent aussi, et beaucoup moins vivant qu'avant.
La seconde figure est celle du docteur Jackson. Il a le regard complètement vide, et marche d'un pas absent. Atlantis ne lui fait aucun effet. Elizabeth trouve cela extrêmement triste.
Il s'arrête devant elle, adresse un signe à John et Rodney, puis la regarde d'un air empli d'une profonde détresse.
Elizabeth en a presque les larmes aux yeux, et après avoir laissé échappé un doux « Daniel... », elle le prend dans ses bras.
Elle fait tout pour ne pas pleurer. Après tout, ce sont ces hommes et ces femmes qui viennent de revenir de ce qui avait l'air d'un enfer, pas elle. Elle sent Daniel la serrer dans ses bras, et une sensation humide sur son épaule lui fait comprendre qu'il a laissé couler quelques larmes. Elle ne peut pas empêcher l'un d'elle de s'échapper de ses yeux.
Doucement, ils se lâchent, et, sentant la question dans ses yeux, Daniel murmure alors, d'un ton funeste et cassé :
« Il n'y a plus rien... Les Ori ont envahi la Terre... On a essayé de les en empêcher... On a tenté de leur résister... On n'a pas trouvé l'arme de Merlin... Et ils ont envahi la galaxie, très vite, tellement vite... J'ai vu Sam mourir devant moi, Cameron est mort... Je crois... Je n'ai aucune idée de ce qui est arrivé à Jack, et encore moins pour les autres... Teal'c est sur l'Odyssée, et Vala est toujours en soins intensifs dans l'infirmerie du Dédale... »
Il s'étrangle, refoule tant bien que mal un nouveau sanglot, et ajoute d'une voix faible :
« J'en suis pas sûr... Je crois qu'ils ont déclaré la guerre aux Anciens... Il y a un combat d'Ascendants dans la Voie Lactée maintenant... Quelque chose qu'on a jamais vu... Une incroyable énergie... La structure de la galaxie change... On n'a pas compris... On a pris peur, on s'est enfuis... »
Devant le regard compréhensif mais toujours légèrement interrogateur d'Elizabeth et des autres, il termine :
« Pas maintenant... S'il vous plaît, Elizabeth, pas maintenant... »
Voir cet homme qui lui avait toujours paru si enthousiaste, ouvert, et intelligent dans un tel état, complètement ruiné, ravagé, cela lui brise presque le coeur.
D'une voix faible, mais qu'elle se veut rassurante, elle répond :
« Bien sûr, Daniel. Nous avons mis des quartiers à votre disposition. »
Elle se tourne vers John et Rodney qui lui adressent leur support, par un simple regard. Elle les remercie intérieurement.
Daniel hoche la tête, doucement. Il lui fait presque penser à un enfant brisé. Elle ne peut s'empêcher d'ajouter quelques paroles de réconfort, même si elle a totalement conscience qu'elle ne le consoleront en rien :
« Daniel... Sachez que... Vous êtes chez vous ici. Tous. »
Il la regarde et lui adresse un faible sourire, tellement faible qu'il n'est qu'une ombre. Puis il se tourne vers John et Rodney qui commencent à guider les survivants.
Teyla et Ronon s'avancent doucement, et, avec une attitude presque délicate, commencent aux-aussi à diriger les survivants, aidés de Caldwell, qui prend sur lui et se sert de sa connaissance relative de la cité pour trouver quelque chose à faire, se rendre utile, vider son esprit, se soucier toujours d'autre chose que de son propre calvaire.
Elizabeth, quant à elle, reste debout au milieu d'une salle de contrôle emplie de tristesse et de peine, et réalise petit à petit l'énormité de ce qui s'est passé ces deux derniers mois.
Ils sont les derniers de leur planète, et ne reverront jamais leur maison, et les Anciens, créateurs de la cité, sont engagés dans une guerre hors du temps et de l'espace.
Un tel scénario est tellement dingue qu'il lui semble presque irréaliste, mais pourtant, c'était la réalité des choses. Il fallait trouver un moyen d'aller de l'avant, même si elle ne savait pas encore lequel.
En attendant, elle jurerait que la cité elle-même est en deuil.