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 Un jeune homme ordinaire

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4 participants
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Mat
Le Pharaon
Le Pharaon
Mat


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MessageSujet: Un jeune homme ordinaire   Un jeune homme ordinaire EmptyVen 4 Fév 2011 - 16:29

Ce projet s'adresse aux lecteurs ayant au moins vu une intégrale de Babylon 5 (avec ou sans téléfilms et spin-offs) . Je le pense plus accessible que Kaliam Connection, notamment pour tout ce qui est crossovers, même si vous mettrez peut-être un moment à cerner là où je veux en venir. Cependant, cette fanfiction se déroule dans la même timeline que Kaliam, des références communes peuvent donc être placées pour resituer mon postulat de base, mais il n'y aura pas de lien actif avec le nœud de l'intrigue Kaliam.
Mes sources d'inspiration les plus élémentaires sont nombreuses, l'on peut citer, pêle-mêle, L'odyssée de l'espace, Star Trek : Enterprise & : Premier Contact, Effet Papillon (la fanfic de Ruf', pas les thrillers temporels) , le film Stargate et quelques pans des séries éponymes, V, Moon 44, Universal War One, Valérian & Laureline...

Et pour ceux qui me feraient remarquer que je ne sais pas ouvrir une intrigue autrement que par un gars qui se réveille difficilement, après Jeffrey Sinclair et Malcom Reynolds, je leur répond, attention, hein!



Chapitre 1 : Une non-journée


Le signal sonore sirupeux de l'IA maîtresse de maison eut à insister quelques secondes, avant que l'individu ne parvienne à émerger laborieusement du tas de draps à l'odeur défraichie, dans lequel il était englouti sans confort. Au déclenchement du mode réveil, une lumière modérée, couleur d'urine, surgit sans douceur dans toute la pièce, rappelant au bon souvenir du dormeur l'innommable bazar de son clapier qui ne gagnait pas à être connu.

-Silmgn... Silence, articula Daniel, obtenant l'obéissance sans vraiment de mérite.
Une silhouette frêle se redressa à demi dans le plumard en désordre, le dos endolori par quelque pli du drap qu'il était vain de chercher à combattre, comme le lui avait appris l'expérience de plusieurs nuits blanches passées sur les nerfs. Ses cheveux châtain clair, mi-longs et lisses, paraissaient avoir le don pour se remettre d'eux-mêmes à peu près correctement en ordre, ce qui n'était somme toute qu'un maigre réconfort en ce début de... "journée".

Le jeune homme, qui affichait un air profondément las et fatigué, observa plusieurs dizaines de secondes sa cabine sur-investie. Dans la pièce longue et étroite lui servant tout à la fois de salon, de salle à manger et de chambre à coucher, une hideuse moquette gris clair couvrait l'intégralité du plafond, du sol et des quatre murs, ce qui n'était peut-être pas plus mal, eût égard aux parois métalliques industrielles qu'elle cachaient. Une table basse de bonne taille, en bois noir, était entièrement envahie par la vaisselle sale de ses derniers repas, ainsi que par des emballages alimentaires vides. Son bureau de métal clair et de verre croulait lui aussi sous une abondance répartie entre déchets pseudo alimentaires du type papiers de confiseries et pots de yaourt, et d'immenses tas dépareillés de feuilles de papiers aux contenus plus que divers. Plus proche de lui, une étagère haute du même bois peint en noir croulait sous des livres et cyberlivres universitaires, au type de rangement semblable, là-encore.
Dans le prolongement de la pièce à vivre, sans porte pour les délimiter, apparaissait un coin cuisine minimaliste, encore inéclairé pour l'heure, se terminant sur une porte d'entrée métallique.
Il n'y a avait rien aux murs, pas même une fenêtre, hormis l'écran plat mural conventionnel, un poster des Rocket, le célèbre groupe funky de Mars, et la seule chose en la possession de Daniel à laquelle il ait trouvé une valeur, une dédicace encadrée de Gene Roddenberry. D'époque, bien évidemment. Père de l'univers fictif où il vivait le plus clair de son temps, et qui l'avait hélas précédé de plus de cent cinquante ans dans la vie.

-Info, prononça-t-il en réunissant tout son courage pour s'asseoir au bord du lit. Frappé par la fraicheur des lieux, il reconnut instantanément le mérite des draps et du matelas qu'il venait de quitter, imprégnés de plusieurs heures de chaleur corporelle. Si bien qu'il grelottait, encore que la raison en soit essentiellement psychologique.
Le pan de mur s'anima, prit progressivement du relief, et des éclats de voix en sortirent, pas immédiatement accessibles au cerveau embrumé de Daniel.

-Il est 01H00, le 13 septembre, votre édition locale du journal de la nuit, présenta un homme à la peau blanche et aux cheveux gris portant de fines lunettes rectangulaires; le contraire des grosses lunettes rondes que le dormeur était en train de remettre sur son nez.

Après une autre tergiversation mentale sans but et pourtant longue de plusieurs secondes, Daniel O'Connel, vêtu d'un t-shirt jaune portant l'écusson de la ligue olympique des États-Unis d'Amérique du Nord -qui n'avaient rien de très novateur hormis que le Canada y avait été intégré après avoir été découpé en nouveaux états- et d'un short de bain noir, se leva et commença la préparation de sa journée nocturne de travail. Pendant ce temps, le présentateur, assis au milieu d'un décor rouge et blanc d'aspect plastique, poursuivait la présentation de ses titres sur une tonalité joviale, une luminosité pâle et sans source irradiant l'ensemble du plateau.
-... en raison du facteur dystemporel, le vaisseau scientifique ne sera de retour que dans onze ans, mais on peut gager que les savants de Sol attendent déjà de pied ferme ces apports déconcertants à la physique des couleurs primaires. La transmission quantique anticipée ne permettant l'échange que d'un très mince filet d'informations, et la communication conventionnelle demeurant soumise au même décalage temporel que le vaisseau, il n'est hélas pas envisageable de voir nos scientifiques étudier sérieusement l'échantillon de roche avant le retour pur et simple de l'engin... de quoi faire frétiller toutes nos méninges! Actualité plus terre à terre maintenant, la côte de popularité de la présidente Robinson toujours au beau fixe, un mois après son élection à la présidence de l'Alliance Globale, Annah?
-Et oui Gerald, répondit une petite femme sud-américaine en tailleur noir et blanc. Rien d'étonnant, dans la mesure où Elisabeth Robinson a beaucoup axé sa campagne sur la consolidation économique de la fédération, deux ans après la crise provoquée par la cohabitation des différents degrés de développement des multiples états-membre. Et plus précisément par le protectionnisme autoritaire de Ming, dirigeant d'un Empire de la Chine Céleste toujours décidé à gripper autant que possible le fonctionnement d'une autorité fédérale véritablement détestée.Tout miser sur ce traumatisme était peut-être populiste aux dires du sénateur Monshue, reste que manifestement les citoyens y retrouvent encore leur...
Daniel n'entendit pas la suite, la faute au grondement cristallin qui retentit lorsqu'il mit sa douche en fonctionnement. La fonction chaufferie suivit très vite, puis il se dénuda et ferma la porte de la salle d'eau, attenante au coin cuisine.

Tandis que le jeune homme peinait à débarrasser sa tignasse de l'intégralité de la mousse nettoyante, son esprit vagabondait, comme toujours, dans un univers qui n'existait pas, empli d'aliens et de planètes colorées. Il y avait plus de deux ans qu'il avait débuté cette titanesque fanfiction censée unifier enfin les univers de Star Trek et d'Andromeda, deux héritages créatifs de son idole. Malgré le succès public impressionnant pour une œuvre non-lucrative, remporté sur l'incontournable website mondial du Multivers, plusieurs de ses lecteurs-commentateurs avaient commencé à pointer, sous couvert d'humour, l'allongement des délais de parution entre deux chapitres... d'autant que l'arrivée imminente de la cent-onzième saison de Doctor Who renforçait le succès de son concurrent principal.
Pas que les planètes exotiques et les aliens n'existaient pas dans la vraie vie, mais... passé la Terre et Mars, beaucoup des mondes de Sol, petits et inhospitaliers, étaient du même bois, sauf à être un exogéologue pointilleux. De toute façon, il était Piritan, un citoyen de seconde zone, et les humiliations administratives le décourageait de voir ces autres mondes un jour.

Lorsqu'il eut enfin fini de se savonner et de se rincer, Daniel coupa l'arrivée d'eau, tendit la main en dehors de la cabine de douche et attrapa une serviette encore humide de la veille pour se sécher brièvement. Ceci fait, il repassa dans la pièce principale, toujours aussi nu, et après avoir enjambé sa robe de chambre, abandonnée par terre au même endroit depuis deux ou trois jours, entrepris de trouver des vêtements suffisamment frais dans son immense placard enfoncé dans le mur.

-La réforme de l'Autorité de Régulation Métasensorielle, je le répète, c'est une nécessité, martelait l'invité du programme télévisé, un obscur professeur Biélorusse d'un certain âge. Il est indigne d'une organisation d'inspiration démocratique comme l'Alliance Globale d'abandonner les populations estimées probablement télépathes au fond d'un trou juridique et légal dont...
-L'inspiration démocratique, marmonna Daniel comme à l'attention de l'écran mural. Ouais, ça dépend de son cours à la bourse.

Tôt le matin et tard le soir, ils ne faisaient que rediffuser les mêmes billets d'actualité. Daniel faisait partie de la population de plus en plus importante d'Humains dont l'emploi imposait de vivre une vie normale... selon un cycle inversé, autrement dit de nuit, à une époque où presque plus rien dans la société ne s'arrêtait la nuit. Socialement, la chose interrogeait davantage sur la Terre, Sélène et Mars, ou même dans les cités-ballons du ciel de Vénus, du fait que le jour demeurait une composante sensible du quotidien là-bas. Mais de Mercure, où, pour subsister face à la chaleur de la surface calcinée, les Terriens ne colonisaient que les crevasses et autres ravins, jusqu'à Planète X et sa nuit glaciale perpétuelle, le rythme colonial tolérait mieux cette organisation sociale. D'une certaine manière, Daniel trouvait triste et fascinante l'idée qu'une part grandissante de l'Humanité ne connaîtrait jamais l'autre partie, pourtant localisée au même endroit, mais ne vivant tout simplement pas dans un temps partagé.

Habillé d'un jean, d'un t-shirt noir des Simpsons (pas si loin de deux cent saisons et toujours le même succès, même si les gens s'étonnaient que tous aient encore le même âge depuis le début) et d'une veste noire aux mailles exagérément distendues, Daniel alla placer une brique de lactochoco au micro-ondes, farfouilla dans le placard de la cuisine pour en ressortir une boite cartonnée de cookies, puis, la boisson étant à point au bout d'une petite dizaine de secondes, il revint face au mur télévisé et s'assit sur un coin du bas du lit. Après avoir usé des coudes pour dégager suffisamment d'espace sur la table basse, il y posa sa pitance du matin... enfin, soir, et commença à extraire maladroitement deux cookies de la boite, avant d'en tremper un dans la boisson chaude. Il avait l'impression de pouvoir tomber de sommeil à tout instant, malgré sa position assise.

Encore une "non-journée" à prévoir, pour reprendre l'expression de son amie. De nouveau, une partie de son cerveau amorça automatiquement, comme une pensée parasite en toile de fond, la recherche théorique d'une activité rémunérée susceptible de lui plaire... en prenant en compte la réalité de sa condition. Et au bout d'une poignée d'instants, il abandonna, comme d'habitude, devant l'habituel écran mental noir et silencieux. Allons, s'il avait encore un peu d'énergie ce soir... enfin, ce matin, lorsqu'il reviendrait du boulot, peut-être pourrait-il avancer de quelques lignes un passage important de son "Star Trek : L'invasion du futur". A terme, il lui semblait inconcevable que son don pour la plume ne lui offre pas la résurrection qu'il imaginait. Daniel O'Connel, le maître Piritan de la science-fiction... bientôt.

Ses biscuits engloutis avec sa brique de boisson réconfortante, Daniel se leva du bord du lit en laissant là les boites, alla jusqu'à la salle de bain pour y attraper une pastille buccodentaire, puis ressortit à la recherche d'une paire de chaussures. Il n'avait pas de manteau. Dans les rues étanches de Hadès, capitale de Planète X, la température était toujours la même, moite et tiède. Et en cas de dépressurisation, ce n'était pas d'un blouson dont il manquerait.






Les mains enfoncées tout au fond des poches, Daniel avançait sans rien regarder au milieu de la rue Hadèsienne principale, grande galerie sombre dont le moindre angle était cubique, tout en métal puant et en plastique sur lequel perlait continuellement une buée ténue. L'espace dégagé était relativement mince, mais très haut, des rues rehaussées apparaissant sur deux étages par delà des garde-fous squelettiques, pour qui, sur la chaussée principale ou évoluait Daniel, pensait à lever le regard. Au niveau où il se trouvait, Daniel passait devant, à sa droite et à sa gauche, des façades de métal nues ponctuées de pauvres êtres en tenue de dockers défaites, affalés sur le sol à côté de poivrots achevant de cuver leurs drogues. Ces façades dépouillées étaient cependant encadrées, pour plusieurs d'entre elles, par des circuits et panneaux électriques, ainsi que par des conduites d'eau et de gaz inspirant plus ou moins de confiance selon la section. Succédaient à tout cela des enseignes colorées de bouis-bouis, dont plusieurs avaient pour entrée de lourdes portes blindées s'ouvrant avec un mécanisme de volant à tourner, pareil à ce que Daniel se représentait des sous-marins de la Terre et des océans sub-glaciers des lunes intermédiaires. Dans leur succession se tenaient des containers à ordure bleu criard débordant de déchets ménagers et machiniers, ponctués d'alignements de grands ventilateurs intra-muraux tournant mollement derrière des grillages fins et crasseux. Des sources de forte lumière, blanche comme de la neige, étaient projetées depuis l'arrière de ces installations, peignant dans la "rue" un halo blafard cisaillé cycliquement par le passage laborieux des pâles silencieuses. Ultime incongruité, des branches de lierre à la santé éclatante s'en extirpaient uniformément, par au dessus, par en dessous, par dedans.
Il n'y avait cependant aucune serre publique à Hadès. L'espace accessible au plus grand nombre n'était qu'une immense fourmilière de métal et d'ordinateurs, blindée contre le froid inimaginable du vide atmosphérique extérieur. Hormis ceux qu'il avait occasionnellement dans son assiette, ces pousses étaient les seuls végétaux que Daniel ait jamais vu de ses yeux.

-La mort du Soleil est pour bientôt! La mort du Soleil est pour bientôt, tonna encore de sa voix nasillarde le vieux robot à l'aspect de squelette Humain, noir et luisant, hormis ses yeux à facettes rouges. Son corps dépourvu de jambes s'arrêtant au tronc, il était posé dans une sorte de chaise roulante inconfortable, au pied du mur. A cause des vibrations généralisées de sa structure corporelle, que provoquaient ses sermons, la chaise elle aussi tremblait de manière tout autant pathétique.

Daniel croisa une femme âgée, en tenue de pilote, tandis qu'il posait le pied dans une flaque d'eau, alimentée par une fuite insidieuse d'une canalisation passant à plus de deux étages au dessus de sa tête. Machinalement, il rentra quelque peu la tête dans les épaules en passant au niveau d'une patrouille de soldats de l'Alliance Globale qui toisait tout passant de son habituel air soupçonneux et supérieur. Cette fois-ci, il échappa aux longs contrôles d'identité aléatoires. Hadès, et tout Planète X, d'ailleurs, était officiellement un bagne, tout comme l'ensemble de l'ancien empire interlunaire Piritan, et les patrouilles ne se privaient jamais de rappeler aux C.Z.P (civils zone Piritane) qu'ils n'étaient pas des citoyens fédérés jouissant des droits classiques. Vêtus et armés comme pour le front, les soldats en treillis noirs, casqués, mitrailleurs standards exhibés au poing, parcouraient une zone depuis longtemps pacifiée comme si des kamikazes s'étaient dissimulés à tous les coins de rue.

Tandis que deux des fantassins continuaient de le suivre du regard, le smart de Daniel vint à son secours en lui offrant la contenance qui lui manquait. Sentant le petit dispositif noir et oblong de sa poche de jean qui vibrait doucement, il y plongea la main pour l'en sortir, et accepta, d'une caresse du pouce sur la surface fluctuante semi-solide de l'appareil, la communication avec le destinataire dont le nom était projeté sous forme de petit hologramme vert et scintillant.
-Bonjour, Sun, commença Daniel, soulagé, sans varier le rythme de son pas dans la rue sombre et mécanique, inchangée.
-Bonne nuit, mon chéri, répondit sur le ton de l'humour une voix de femme, que Daniel savait être son amie intime, une petite femme légèrement enrobée dont les ancêtres étaient de la communauté Chinoise d'Amérique du Nord. Nocturne comme lui, elle travaillait au secrétariat de l'hôpital d'Hadès.
-Où es-tu? Demanda-t-elle encore.
-En route pour le restaurant, répondit concisement Daniel, qui n'avait jamais été fana des communications à distance sans objet réel.
-Tu es libre, après ta journée?
-Franchement, ça me gênerait de faire entrer même un rat mutant dans mon appart', là tout de suite, répondit O'Connel, franc jeu, en empruntant une bifurcation poisseuse sur sa droite, large comme une embrasure de porte domestique.
Sun éclata de rire.
-Chez moi, alors. Ça ne te fera que dix mètres de route en plus.
-Tu seras rentrée?
-Oui, pas de problème aujourd'hui.
-Bon, alors Ok pour chez toi ce soir, dés que j'ai terminé, conclut Daniel d'une voix neutre, en pensant à sa fiction qui s'envolait vers les limbes, et en approchant d'une porte de métal dégageant une forte odeur de friture, marquée d'un grand M jaune aux angles arrondis. Je vais te laisser Sun, je suis entré dans le resto, là.
-Désolée. Bonne journée, mon chéri... ajouta la jeune femme sur un ton presque implorant.
-A toi aussi. Bise, Sun.
-Je t'embrasse.
-Moi aussi. A tout à l'heure.
-A tout à l'heure.

Une fois de plus, tandis qu'il entrait, pour de vrai, cette fois, dans l'arrière-boutique, Daniel ressentit une pincée de culpabilité pour la distance qu'il marquait presque malgré lui. Chaque fois que sa voisine avait osé un pas de plus dans leur relation, il s'était contenté de ne pas y voir d'objection, et la découvrait aujourd'hui très amoureuse de lui, des manifestations qui l'irritaient presque tant elles mettaient en évidence sa propre absence de répondant. La pauvre méritait mieux qu'un raté dans son genre, parce qu'il était un raté excessivement fier de lui-même.







-Une dérogation tout-à-fait officielle, mon vieux, assura encore Max par dessus un fracas assourdissant d'éclats de voix, d'ustensiles métalliques et de grondements de fours, en gérant la distribution des frites dans les petits packs de carton. L'ensign de la Space Force n'a même pas cherché à demander quelque chose à mon beau-frère. Avec ça, fini Planète X et les bagnes Piritans. Une nouvelle carrière quelque part... comme colon.

Daniel, préposé à l'empaquetage des hamburgers, avait revêtu sa casquette et sa veste rouge. Son poste se trouvait à côté de celui de Max, dans une grande cuisine grise d'aspect industriel où une vingtaine de collègues parlant systématiquement très fort allaient et venaient fébrilement, dans tous les sens que permettaient la disposition rationalisée des lieux.

-Et tu voudrais faire le colon où? Demanda Daniel d'une voix trainante, agacé du gras qui s'était déposé sur ses verres de lunettes, et les mains toujours occupées.
-Je sais pas trop encore, répondit Max, côte à côte devant le plan de travail avec son collègue, sans quitter ses frittes des yeux. Pas la Lune. Je veux dire, Sélène, comme ils disent. P'tete bien Mars. Ils ont toujours besoin de main d'œuvre pas trop qualifiée pour tel ou tel poste à la con de leur chantier de conversion environnementale. Le rover security corps des mines-usines... rêve de gosse!

Daniel se gratta brièvement le nez tandis que Max commençait à mimer d'autant qu'il le pouvait un cosmonaute sur l'une des épaisses motos bleues Martiennes, bientôt dépassé par un collègue de travail à l'expression agacée, carton de canettes de soda entre ses deux mains.

-Ou bien Ganymède, ajouta Max en se recentrant sur sa tâche.
-Mhm... commenta Daniel sans cesser son action.
-Quoi?
-Beh, fais gaffe avec Ganymède. On raconte que les conditions gravitationnelles sont si faibles que malgré sa grande taille... et même avec le programme médical réglementaire... si tu n'en repars pas pendant plusieurs années, tu finis à peine Humain, tu vois. Incapable de survivre à un retour dans une gravité type Ter...
-Ouais, ouais, je sais bien, Dany, coupa Max avec fatalité. Mais après ça, c'est quand même le QG de toutes les installations de l'orbite de Jupiter, et du coup la meilleure chance pour un type comme moi de trouver un poste.
-Sauf que justement, ils "remercient" de plus en plus de "manuels", coupa O'Connel en se remémorant un journal télévisé récent. Actuellement, ils ne font venir que des botanistes, synthéticiens... médecins de la physique spatiale et tout le taintouin. Si tu te retrouve trop en galère pour pouvoir payer ton billet de retour, c'est terminé, conclut-il en corrigeant un geste raté.
-Ouais. Pas Ganymède. Avant j'pensais aux programmes de colonisation océanique, sur Terre, mais je pense pas que je pourrais vivre avec eux. Et ils me le rendraient bien. Tant qu'à faire, je pourrais aussi faire preuve de patience et attendre l'un des gros convois sans retour pour les colonies dystemporelles. Je crois que c'est le mieux que je pourrais espérer pouvoir donner à une possible future famille... étant donné mon statut de naissance dans ce foutu Système Solaire.
-Ho. Carrément... (il marqua une pause, se recentrant sur son activité) tu te sens prêt à ça? Glisser dans le temps? Et pour trouver quoi?
-On raconte qu'Alpha Prime est très belle...
-Mais très fatigante et très périlleuse. Proxima 3 c'est pire, sans doute une terre d'avenir, pour les industriels, mais perpétuellement dans la boue, sous les averses. En plus, c'est difficile de savoir comment ça fonctionne exactement là-bas, avec la distance, le décalage temps et tout. Mais on raconte que vu le peu de monde disponible pour tout ce qu'il y a à faire, les gens ne font pas ce qu'ils veulent. En fonction de ce qu'ils savent déjà faire et de ce qu'ils sont capables d'apprendre, on leur assigne une carrière qu'ils ne peuvent pas refuser. Si ça te plait pas, si tu craques, tu finira par retrouver une Terre plus avancée dans le futur que toi. A condition de pouvoir déjà te démerder pour repartir, bien entendu. Tu te vois, te taper trente ans de frigo pour aller balayer dans le système Gliese, si en plus tu prends double pleine en étant obligé de revenir? Soixante années dans la face, vis-à-vis de la Terre, sans vieillir d'un cheveu. Ça revient à dire adieu à tout ton univers, conclut Daniel en bourrant machinalement au fond de sa boite de polystyrène un sandwich dont les différentes couches s'étaient désolidarisées.
-Et alors? Dire adieu à un univers merdique... ça sera peut-être mieux dans quelques générations... quitte ou double... et puis tu prends un exemple extrême, c'est la colonie dystemporelle la plus lointaine qui soit, à vingt années-lumière et quelques. Alors que tous les autres choix sont entre 4 et 8 années-lumière. C'est déjà moins lourd. Et puis j'ai pas peur qu'on m'oblige à apprendre technicien, pilote, ou quoi que ce soit. Dans l'une des colonies extrasolaires, n'importe quelle place serait un vrai rôle dans... comment dire... tu vois, c'est un peu comme l'édification d'Humanités nouvelles, différentes de tout ce qu'il y a autour de ce foutu Soleil. Pas moins. Une vraie place valorisante dans l'Histoire, même si elle ne retiendra pas mon nom. Tu comprends? Et puis il n'y aurait plus jamais ces salopards de troufions fédéraux de la Terre pour me parler comme à un terroriste. Tu crois p...

Max s'arrêta en percevant la présence du gros chef de chaîne moustachu derrière lui. Ce dernier avait dû trouver, non sans pertinence, que la discussion ralentissait trop la cadence des deux précaires. Daniel fit en sorte d'accélérer le rythme, à nouveau silencieux pour les heures à venir.






Lorsque Daniel eût remonté la fermeture éclair de sa grosse laine noire distendue, devant la porte arrière du restaurant par laquelle il était rentré quelques heures plus tôt, il ouvrit son paquet de cigarettes d'une main et attrapa l'une d'entre elles, de l'autre. O'Connel bourra son paquet dans sa poche et en sortit en contrepartie son briquet. Après l'allumage de la cigarette, sa première expiration de fumée commença aussitôt à voleter sans naturel vers les conduits de recyclage atmosphérique. Son regard s'attarda sans rien voir sur le décor de plaques de métal et autres conduites cylindriques qui composait l'intégralité de la ruelle. Chance, il avait la motivation d'avancer son récit... Ho, mais il ne le ferait pas, rendez-vous oblige.

-Hep. Daniel O'Connel? Lança une voix à l'accent métropolitain.

D'abord simplement intrigué, Daniel sentit son corps s'alourdir et son rythme cardiaque s'accélérer lorsqu'il aperçut les tenues de ses deux visiteurs, à demi-révélés par l'éclairage public parcellaire.
Tous deux portaient d'élégantes casquettes militaires rigides, bleu et noir, ainsi que de longs et larges imperméables bleu marine.
Il eut beau penser à se garder de toute irrationalité -si des officiers de la Space Force qui s'ennuyaient voulaient se faire un Piritan, ils ne choisissaient pas un anonyme travaillant dans les coulisses d'un fast-food estampillé "collaboration Pirite-Fédération"- , la tension s'empara de lui, et il se retrouva comme un élastique prêt à claquer.

-Oui. C'est moi...
Les deux hommes étaient aussi grands l'un que l'autre, mais celui qui avait parlé était plus large d'épaules. Cheveux noirs et courts, son visage caucasien était musculeux mais pas spécialement martial, dans le sens où il n'était pas dénué d'Humanité, ni même d'une possible douceur. Il avait vraisemblablement une grosse dizaine d'années de plus que Daniel. Le second, beaucoup plus maigre, et à peu près du même âge que le Piritan, avait un visage creux souligné par la couleur blond paille de sa chevelure quasiment rasée, débordant légèrement de sous sa casquette.

Le brun s'approcha plus près, suivi par le blond, un pas en arrière. Leurs mains gantées restèrent cachées dans leurs larges poches.
-Colonel Jackson, se présenta l'apparent leader. Lieutenant Gordon, ajouta-t-il d'un coup de tête vers son confrère. Vous êtes bien le docteur Daniel O'Connel, promotion université d'Hadès 2155?
-Oui, je suis sorti il y a quelques mois...
Daniel se retint de poser une question. Il lui paraissait plus naturel de se montrer avare de paroles tant qu'il n'était au fait de rien.
-Space Force a un job à vous proposer, le coupa le colonel Jackson sur le ton de la routine. Vous êtes dispo?

Daniel se sentit confronté à un vide quasi spatial entre chacun de ses neurones, incapable d'intégrer ce que le colonel de la Space Force Terrienne et Solaire venait de lui déclarer. Sa cigarette allumée se consumait à bout de doigt, tranquille et oubliée.
-Allô?
-Heh... j'ai un CDI dans mon restaurant, répondit mécaniquement Daniel, tout en songeant que sa réponse, bien que véridique, était probablement atrocement stupide. Mais...
-L'armée fédérale paye bien ses consultants... vraiment bien. Et vraiment mieux que dans votre usine à viande qui pousse sur des arbres en plastique, si vous voyez ce que je veux dire, ajouta l'officier en appuyant sa position d'un croisement de bras.
-Consultant? De?
-Si vous êtes bien l'ex-étudiant que le président de l'université a qualifié de pratiquement messianique dans vos domaines, l'année dernière, pour cette lettre de recommandation sans suite, il y a un système de votre invention auquel vous avez donné votre propre nom.
-Ouais. Et qui m'a glorieusement valu de finir dans les cuisines du McDo, avec l'estime chaleureuse de la profession. Quand on est Piritan, impossible de se faire embaucher en dehors des bagnes sidéraux, où il n'existe pas de labo. Personne ne veut assumer les travaux d'Hercule administratifs que ça implique.
-Nous ne sommes pas là pour refaire le monde avec vous. Nous avons besoin de votre système, O'Connel. Vous pouvez être Malgache, Callistocien ou Piritian, on s'en cogne, tant que c'est votre cerveau. A l'heure actuelle, le manque d'implications concrètes a fait que personne d'autre n'a réellement étudié votre programme. Vous êtes le seul Humain à maîtriser réellement l'outil dont nous avons besoin. A en posséder le descriptif intégral, même.
-Besoin pourquoi, m'sieur?
-Pour rien qui vous concerne, tant que vous n'avez pas signé ça, répondit le colonel en dévoilant un smart professionnel argenté de la Space Force.

Un silence immobile s'installa dans la ruelle dans laquelle les défauts d'entretien provoquaient une légère brume. Lorsqu'il sentit ses doigts chauffer, Daniel jeta machinalement le mégot au sol, sans quitter les Terriens des yeux.

-Ah bon? Ici? Comme ça?
-Vous pensiez quoi? Demanda Jackson, l'air interloqué et en léger déficit de patience. Qu'il y aurait une cérémonie de passage à Genève? Mais vous pouvez aussi ne pas être intéressé?

Daniel se retint de tressaillir, tandis qu'une goutte de sueur perlait sur sa tempe. La situation lui échappait. La tiédeur perpétuelle des rues d'Hadès ne le touchait plus, maintenant qu'il alternait froid dans le dos et coups de chaud généralisés.
Il était obligé de dire oui, mais il ne pouvait le dire qu'en toute... méconnaissance de cause.
-Hé, ça va? Demanda le lieutenant Gordon, sourcils froncés, en obtenant un signe de tête pour réponse.
-Attendez, quoi... c'est dangereux?
-Peut-être, comme n'importe quoi dans la vie, estima mollement le colonel en haussant les épaules. Mais c'est pas spécialement prévu pour, dans la limite du prévisible. Alors? Vous restez dans votre fast-food, à écrire vos feuilletons sur les séries télé de l'antiquité, ou vous préférez savoir ce que ça fait, que d'embarquer dans un vrai vaisseau spatial?

Vaisseau spatial?
A vingt-six ans, Daniel n'avait jamais quitté la métropole verrouillée qu'était Hadès. Les mots de Jackson raisonnèrent sans fin à l'intérieur de son crâne. Un vaisseau? O'Connel n'était pas idiot. Le système de son propre nom, cette invention géniale et jusqu'ici relativement inutile, avait pour unique objet de favoriser la communication avec toute intelligence construite potentielle. Premièrement à l'aide d'un code d'appoint mathématico-universel utilitaire, censé être facilement traduisible pour toute entité à peine aussi avancée que l'Alliance Globale, ensuite, et principalement, à l'aide du meilleur programme de décodage de systèmes de communication inconnus, et traduction automatique sur langue déjà acquise. Daniel avait beau être un rêveur invétéré, il ne voyait aucune autre forme d'évènement qui pourrait impliquer ses codes, dans la zone d'influence d'une Humanité brassée et cloisonnée, que quelque chose impliquant des extraterrestres.
Mais non. C'était impossible. Pas en vrai. Pas à lui. Un délire? Un rêve? Le fait qu'il soit en mesure de s'observer mentalement, se posant encore et encore la question à lui-même, tandis que son environnement demeurait impassible face à ses observations méfiantes, laissait entendre que non, que sa "non-journée" était véritablement en train de basculer.

Presque à son insu, sa main se leva et détendit un doigt vers l'écran liquide du smart de Jackson, qui, subitement, mis sa propre main en retrait, avec l'appareil électronique dans cette dernière.
-En posant votre signature là-dessus, vous acceptez de vous mettre à disposition de la Space Force de l'Alliance Fédérale Globale pour l'année à venir, notamment pour tout ce qui concerne d'éventuels déplacements. Vous acceptez la nécessité d'une confidentialité absolue et comprenez qu'en cas d'entorse à cette règle, vous disparaîtrez, sans que jamais cette disparition ne puisse passer au crible de la voie judiciaire en place.
Il aurait pu y avoir un coup de tonnerre, mais Daniel dit "OK" d'une voix blanche, sans avoir vraiment entendu les mots du colonel, qui avança de nouveau l'interface portative vers O'Connel.
Celui-ci appuya son index sur le petit écran, et resta là quelques secondes, perdu, jusqu'à ce que Jackson range l'appareil dans la poche de son imperméable bleu.
La scène aurait pu demeurer inchangée un long moment encore, si le colonel n'avait pas esquissé un pas en arrière.
-Bon, et bien, voilà. Monsieur O'Connel, présentez vous à l'astroport d'Hadès, au prochain 01H00 du matin, avec ce titre de transport. Gordon vous y retrouvera.
Le lieutenant Gordon, discret jusqu'ici, tendit à l'ancien étudiant une carte magnétique noire sans aucune inscription ou détail d'aucune sorte.
-Je suis Piritan. Je n'irai nulle part.
-Vous irez.
Daniel hésita.
-Et on va où?
-Sparte II.

Daniel perçut l'excitation monter dans sa poitrine. Située sur Planète X, loin de la ville de Hadès, Sparte II était une immense base de la Space Force. Placée sur l'ancienne planète-capitale de la puissance spatiale vaincue, Pirite, cette installation avait bien entendu un poids emblématique, mais la présence de cette base immense ici avait aussi une raison bien plus tactique : découverte par l'Alliance en 2122, Planète X était une planète gelée, de la taille de la Terre, qui, depuis la tranche de la ceinture de Kuiper, ce nuage de mondes et d'astéroïdes qui encerclait Sol, faisait face au nuage de Oort et au vide interstellaire. Elle était tellement excentrée que dans son ciel, le Soleil était à peine plus remarquable que toute autre étoile. Planète X était l'objet physique le plus indiqué pour marquer la frontière du Système Solaire, selon la mentalité Humaine, qui préférait les objets finis et localisés à toute notion d'infini et d'indéterminé. L'ancienne planète Piritane servait donc de forteresse Fédérale pour la défense de Sol face à une éventuelle invasion alien, voire même à une possible tentative de "rétro-colonisation" de Sol par les descendants des actuels colons dystemporels, d'ici un avenir plus ou moins lointain. Par ailleurs, la gravité terrestre pour ainsi dire parfaite de la planète la rendait paradoxalement tout indiquée pour une "colonisation sous cloche", les considérations de température, pression et atmosphère étant finalement les moins déterminantes. La gravité était le seul facteur important qui ne se simulait pas à la surface d'un monde, pas avec la technologie de l'Humanité. Enfin, la planète était un eldorado d'hydrocarbures et de minéraux pour des milliers d'années d'industrialisation outrancière à venir.

Jackson et Gordon s'étaient éloignés dans la pénombre, comme ils y étaient venus. Daniel, demeuré seul, debout dans la ruelle à l'atmosphère chaude, humide et opaque, sans bruit à l'exception du déplacement d'air dans les ventilateurs et du son des quelques gouttes d'eau s'écrasant ici ou là, sortit son smart de son jean d'une main tremblante.
Le petit logo tridimensionnel de Wikipedia s'afficha dans les airs, à hauteur de ses yeux. En quelques gestes instinctifs, Daniel commença à survoler des pages qu'il avait déjà lu et amélioré des centaines de fois, rebondissant de l'une à l'autre tandis que son cerveau multipliait les connexions entre les souvenirs et les idées de toute sorte; sans cesser de tenter d'intérioriser que, en premier lieu,
ça concernait forcément des aliens.
Dépassé par l’excitation interne, Daniel tenta de tempérer ses émotions. Les aliens étaient une réalité depuis longtemps... au delà. Différents vaisseaux, différentes créatures, avaient été rencontrées, sans ambiguïté, depuis -coïncidence?- l'époque où l'Occident avait commencé à inonder le cosmos de ses multiples émissions radio, juste avant d'envisager un premier programme spatial. La première observation certaine datait tout de même de 1947, même si elle n'avait été admise à demi-mots que des décennies plus tard. On avait répertorié tant de planètes extrasolaires parsemant la Voie Lactée, dont un grand nombre de telluriques. L'étude de nombreuses d'entre elles avaient révélé des eco-systèmes. Il y avait eu les fossiles microscopiques de Mars, les poissons des océans sub-glaciers d'Europa, Encelade et d'autres. SETI elle-même avait capté des bribes de communications après plusieurs décennies d'échec! Cela n'était plus étonnant outre mesure.
Tu sais bien que ce n'est pas forcément pareil, songea Daniel.
Car aucune de ces expériences n'avait permis à l'Humanité d'établir des relations publiques, officielles et durables, d'état avancé à état avancé. Ni même d'établir un état des lieux de ce qu'il se passait éventuellement autour d'elle. Pour cette raison, s'était ancrée dans l'inconscient collectif Humain un étrange dépit, celui de s'être fait voler, gâcher, son premier contact, par des circonstances historiques improbables, une erreur de la probabilité. Même si les équipages d'arches subluminiques étaient partis coloniser les systèmes stellaires alentour au terme de voyages longs de plusieurs années, l'aire Humaine restait, dans l'absolu, attachée à Sol, son système d'origine, et ainsi, à sa solitude originelle.

-Coucou! Vous êtes bien sur le smart de Sun, je ne suis pas dispo pour le moment mais laissez-moi un message...
-Salut, toi, commença Daniel après une hésitation, la voix soudain plus tendre. Je suis vraiment navré, Sun, mais il y a eu un petit empêchement ici... rien de grave, au contraire, ça pourra peut-être être bien pour... toi et moi... à voir. Je peux pas encore t'en dire plus. On risque de ne pas se voir dans les prochains jours, mais je te promet de te joindre dés que possible.

Fin du chapitre


Dernière édition par Matthieu le Sam 6 Aoû 2011 - 0:10, édité 11 fois
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MessageSujet: Re: Un jeune homme ordinaire   Un jeune homme ordinaire EmptySam 5 Fév 2011 - 0:25

En voyant la description de la chambre, j'ai regardé autour de moi et me suis demandé combien de caméras tu avais chez moi.

Puis je suis arrivé au passage de la fic. Et j'ai hurlé de rire.

Citation :
Malgré le succès public impressionnant pour une œuvre non-lucrative, remporté sur l'incontournable website mondial du Multivers, plusieurs de ses lecteurs-commentateurs avaient commencé à pointer, sous couvert d'humour, l'allongement des délais de parution entre deux chapitres... d'autant que l'arrivée imminente de la cent-onzième saison de Doctor Who renforçait le succès de son concurrent principal.
Je ne sais pas pourquoi, mais j'ai comme la bizarre impression que c'est du vécu. D'ailleurs, est-ce que tu penses que le TARDIS du Docteur est gradué en chapitres de Kaliam, pour les déplacements temporels longs ?
"Alors, docteur, c'est quel bouton, pour voir la fin de l'univers ?"
"Ici, Rose, le bouton marqué "Chapitre 12 de Kaliam"..."

Quoi ? :-D

On retrouve Contact, Avatar, Farscape et d'autres ^_^

Citation :
Et au bout d'une poignée d'instants, il abandonna devant l'habituel écran mental noir et silencieux. Allons, s'il avait encore un peu d'énergie ce soir... enfin, ce matin, lorsqu'il reviendrait du boulot, peut-être pourrait-il avancer de quelques lignes un passage important de son "Star Trek : L'invasion du futur". A terme, il lui semblait inconcevable que son don pour la plume ne lui offre pas la résurrection qu'il imaginait. Daniel O'Connel, le maître Piritan de la science-fiction... bientôt.
..... je sais. Merci de me rappeler notre tendance générale à la procrastination.....


Par contre, remarque, rapport aux dialogues dans le restaurant : c'est pas très naturel, la manière dont ils font de l'exposition de l'univers.



Niveau global, j'apprécie pas mal. Alors, premier contact avec les Centauri ou une autre espèce ? Quelques expériences hasardeuses avec un certain Anneau ?
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MessageSujet: Re: Un jeune homme ordinaire   Un jeune homme ordinaire EmptyMer 9 Fév 2011 - 13:43

Et bien Mat ! C'est excellent !

Je dois dire que ce texte m'a impressionné. Le style y est vraiment très bon. C'est fluide, ça a de la personnalité, tu résistes aux sirènes des descriptions trop chirurgicales et des digressions trop détachées (qui ont toujours été mes uniques sources de chagrin sur tes textes, et sont déjà cependant des "maux" d'auteur affirmé), et, par-dessus tout (du moins de mon point de vue), l'univers que tu bâtis est riche, complexe et prometteur.

Je rejoins Rufus sur le côté un peu trop littéraire et un peu trop « cousu » (par opposition à décousu, comme le sont souvent les discussions de ce genre) de la discussion entre les deux amis à propos de l’univers et des choix qu’il offre, cette scène met légèrement à mal la crédibilité par ailleurs irréprochable de l’histoire. Les mots "breuvage" et "tube de papier", dans le contexte ou tu les emplois, m'ont également paru trop "périphériques". Et ce seront mes seules remarques.
Non, une dernière : je ne suis pas un grand fan du titre. Je comprends l'idée, mais je trouve dommage de l'exprimer de cette manière.

J'ai aimé la relation que tu décris entre Sun et Daniel. Ce n'est pas un couple classique, c'est plus inconfortable, ça le tiraille, et cependant le texte ne s'attarde pas là-dessus, indiquant peut-être que cette relation n'est qu'anecdotique ; et peut-être aussi nous faisant comprendre par ce biais que rien dans cette histoire ne sera simple.

Si j’avais lu ce texte en ouvrant un roman, j’aurais tiqué sur « breuvage », j’aurais sourcillé sur « tube de papier » (du moins dans la manière dont ils sont employés), et pour le reste, je me serai attendu à un bon roman de SF, dans la même ligne que Sphère ou Stargate, mieux rédigé que le premier, avec un univers plus exotique et plus crasseux en toile de fond, et un personnage central à priori plus attachant. Sérieusement, il y a quelque chose, et je pense que si tu peux garder ce texte à l’écart de l’univers Babylon 5 auquel tu l’as rattaché dans ton introduction, et si tu peux ou est désireux de revenir légèrement sur tes pas une fois cette histoire terminée pour arrondir un peu les angles au niveau des références de geek un peu trop volontairement évasives pour échapper à la transparence, tu tiendras quelque chose de très concret. Dans le cas contraire… Et bien, tant pis. Il restera une fanfiction très plaisante et très bien partie.

Je suis vraiment, réellement, sincèrement impatient de découvrir la suite de cette histoire.
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MessageSujet: Re: Un jeune homme ordinaire   Un jeune homme ordinaire EmptyMar 15 Fév 2011 - 23:39

Alors, déjà, j'ai envie de dire : fuck. Pas à cause de ta fic Mat, mais à cause de forumactif (car je suppose que votre forum est hébergé sur forumactif ?) qui ne garde pas en mémoire ce qu'on écrit lorsque la page change. Il suffit d'appuyer sur "effacer" au mauvais moment et voilà le drame... Moi qui avais commencé à détailler mon commentaire sur ta fic, il va me falloir tout reprendre du début, ô joie -_-

Comme Skay l'a dit, tu pourrais sans difficulté transformer ta fanfiction en un récit qui te serait propre, sans même avoir à faire de changement dans ce chapitre : les références concrètes à Babylon 5 sont rares (Mars, les télépathes, Genève, le blocage dans le système solaire) et assez logiques pour exister indépendamment de B5. Il ne s'agirait que de quelques références geek de plus. Je pense que tu devrais étudier cette possibilité, même si je suppose que la suite de ton histoire est déjà plus inscrite dans l'univers de B5. Pour en rester à Skay, je pense aussi que tu devrais changer ton titre : il manque d'ambition pour cette fiction. Autant "la non-journée", c'est intéressant, autant "Un jeune homme ordinaire", c'est trop... ordinaire, le genre de titre un peu facile qu'on doit trouver en cinquante exemplaires sur le net. Nul doute que tu vas réussir à nous concocter mieux que ça !

Au sujet de ta fiction, d'un point de vue général, c'est très bien. On sent qu'on a affaire à un univers dont les fondements sont solides, c'est réfléchi, muri, vaste. Tu poses déjà des pistes dont les ramifications peuvent être nombreuses et intéressantes. C'est un excellent point. Les descriptions des technologies futuristes apparaissent assez naturellement, sans fioritures déplacées. Ton monde est froid, terriblement cohérent, pour l'instant, je n'y trouve rien à redire. Même si elles m'étaient assez obscures, j'ai aimé tes réflexions sur la science de cette époque et le système inventé par Daniel. C'est à la fois assez vague pour ne pas paraître absurde à un scientifique et assez précis pour montrer que tu maîtrises tout de même ton sujet. On a pas affaire au Sherp12 de base qui se contente de dire que McKay est un génie qui atrouvé un moyen de communiquer avec les Aliens, mais bon, ça, on s'en doutait ^^ L'atmosphère instaurée par l'absence de vie extra-terrestre intéressante m'a semblé prometteuse, mais je suppose qu'elle va changer radicalement dans les chapitres qui suivront. Sans compter les multiples références geeks, je parie qu'on pourrait s'amuser pendant des heures à éplucher ce chapitre pour toutes les référencer ! Peut-être qu'on devrait en faire un concours, d'ailleurs ^^

L'aspect "non-journée" est très bien rendu, or dans un texte de science-fiction, c'est une ouverture très délicate : comment décrire un monde extraordinaire avec le regard d'un homme qui le trouve ordinaire ? C'est un petit défi que tu as relevé avec brio. Il n'y a guère que le passage du restaurant que je trouve plus artificiel, d'un parce que tu mêles assez étrangement langue familière et langue soutenue, de deux, parce qu'on dirait parfois deux journalistes qui parlent et comparent des sujets de fond, plutôt que deux amis qui se demandent ce qu'ils vont faire de leur vie. A cet endroit, la présentation de l'univers est donc moins naturelle, mais je pense qu'il n'y a qu'à cet endroit où tu as péché.

C'est dans le détail que j'aurai des reproches à te faire. Rien de véritablement gênant, mais des petites maladresses qui font que ton texte apparaît moins professionnel, alors que manifestement, il en a l'étoffe. Tu manies manifestement des niveaux de langage hétéroclites et qui parfois s'entrecoupent sans logique apparente. Petit exemple :
Citation :
des branches de lierre à la santé éclatante s'en extirpaient de partout
Ce "de partout" me choque vraiment, parce qu'on passe brusquement d'un registre soutenu à un registre familier, sans raison, puis on retourne comme si de rien n'était à un registre plus soutenu.

Ensuite, tu complexifies parfois tes phrases plus qu'il ne l'est nécessaire :
Citation :
De nouveau, il chercha à imaginer quelle activité rémunérée, susceptible de lui plaire, il pourrait peut-être pratiquer malgré sa condition sociale, dans un futur proche.
Ta construction est assez étrange, est-ce qu'il n'aurait pas été plus fluide d'écrire "susceptible de lui plaire, il pourrait peut-être pratiquer dans un futur proche, malgré sa condition sociale" ? D'ailleurs, on pourrait même croire qu'il cherchera à imaginer ça dans un futur proche, je trouve donc les mots assez mal placés.

Citation :
Il avait l'impression de pouvoir tomber de sommeil à tout instant, malgré le fait qu'il soit assis.
J'ai toujours eu du mal avec "malgré le fait", pourquoi ne pas préférer de simples "alors que", "alors même que", "bien que", etc. ?

On est d'accord hein, je pinaille, mais je pense que tu devrais faire attention à la fluidité de ton texte. Tu aimes les phrases longues et ça demande une attention de tous les instants. Malgré tout, l'ensemble reste globalement très lisible et même plaisant à lire.

J'arrête là avec les commentaires négatifs : je pense avoir fait le tour et j'ai de toute manière beaucoup aimé ce début. Je me suis efforcé de jusqu'ici de commenter, non pas une fan-fiction, mais un début de roman. Je n'aurais évidemment pas eu la même sévérité avec une fan-fiction plus lambda, mais je pense que tu as un grand potentiel, qui serait bien mieux exploité si ne tu laissais pas ta plume vagabonder un peu trop. Tu es manifestement à l'aise avec les descriptions (bien plus que je le suis d'ailleurs), avec la langue et du coup, tu oublies que lorsque tu écris un roman, ton adversaire numéro, c'est l'écriture elle-même. Ton style est plutôt bon, alors tu le laisses foisonner sans t'en préoccuper assez : je crois que si tu te surveillais un peu plus, tu nous offrirais vraiment quelque chose d'épatant. Évidemment, si tu écris juste dans l'optique d'une fan-fiction, la qualité est déjà supérieure à ce qu'on est en droit d'attendre, mais je reste persuadé que tu peux viser plus haut sans avoir énormément d'efforts à faire.

Donc, maintenant que ça, c'est dit, je vais revenir sur les points que j'ai particulièrement aimé : l'aspect geek de cette ouverture :p

Citation :
Malgré le succès public impressionnant pour une œuvre non-lucrative, remporté sur l'incontournable website mondial du Multivers, plusieurs de ses lecteurs-commentateurs avaient commencé à pointer, sous couvert d'humour, l'allongement des délais de parution entre deux chapitres... d'autant que l'arrivée imminente de la cent-onzième saison de Doctor Who renforçait le succès de son concurrent principal.
Nooon, ça ne sent pas le vécu ^^ Et arrêtez de rêver, les gars : d'ici 2200 et des poussières, votre site ne s'appellera plus le Multivers, vous aurez encore trouvé un nouveau nom qui définit mieux vos attentes !
Quant à Doctor Who... C'est tellement vrai, si on parle bien sûr du quatrième revival du remake de la série ^^

Citation :
Simpsons (pas si loin de deux cent saisons et toujours le même succès, même si les gens s'étonnaient que tous aient encore le même âge depuis le début)
Ah, toi aussi, ça te choque, hein ? Est-ce que Maggie ne parle toujours pas ?

Citation :
A terme, il lui semblait inconcevable que son don pour la plume ne lui offre pas la résurrection qu'il imaginait. Daniel O'Connel, le maître Piritan de la science-fiction... bientôt.
Rien que pour ce passage, j'aimerais que cette histoire devienne pour toi la clé de ton succès en librairie et que ce fragment soit étudié dans les siècles à venir ^^ Mais bon, on rêve tous un peu trop, je le crains...

Bonne description également de ce gars ordinaire, que j'apprécie déjà ! J'apprécie particulièrement cette phrase :
Citation :
La pauvre méritait mieux qu'un raté dans son genre, parce qu'il était un raté excessivement fier de lui-même.
C'est vraiment bien, bravo ^^

C'est moins geek déjà, mais je trouve intéressante la relation entre Daniel et officier Sun ! Je me demande si elle pourra évoluer prochainement, étant donné qu'ils vont vraisemblablement être séparés pour un petit bout de temps...


Bref, pour un résumé : un début très audacieux, qui pourrait sans aucun doute devenir le prologue d'un véritable roman, si tu le voulais. Je suis curieux de voir la suite, que je lirai avec assiduité !
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MessageSujet: Re: Un jeune homme ordinaire   Un jeune homme ordinaire EmptyVen 18 Fév 2011 - 16:29

Merci à vous trois pour avoir pris le temps de me faire connaître vos impressions Heureux Je suis très touché par la méticulosité et l'exigence dont vous faites montre pour ce texte. La suite est en cours de finalisation...

En ce qui concerne la discussion des "cuistos". J'avoue que je ne sais guère quoi en penser. Il est clair que, rapportées au contexte technologique et géopolitique qui est le nôtre, il m'arrive fréquemment d'avoir des conversations de ce genre avec certains ami(e)s qui sont loin d'être à Sciences Po, je m'en suis d'ailleurs inspiré. Et ils ne sont pourtant pas spécialement "bizarres" en société, comme on pourrait s'y attendre en visualisant des binoclards coincés avec la raie au milieu. Alors, je ne sais pas. J'ai copié ce passage sur mon vécu de la même manière que j'ai copié l'appart' de Daniel sur mon mode de vie d'il y a deux ans. C'est un peu la même chose que le fait de mélanger registre courant et soutenu : on m'en parle souvent, à propos de n'importe lequel de mes récits, mais honnêtement, je ne visualise pas en profondeur ce que cela veut dire : j'ai toujours parlé comme cela.
Concrètement, vous feriez quoi pour "découdre" légèrement le fil de la conversation?

Citation :
je pense que si tu peux garder ce texte à l’écart de l’univers Babylon 5 auquel tu l’as rattaché dans ton introduction
Je t'avoue qu'hormis les inspirations "spirituelles" que j'ai déjà évoquées partiellement dans mon intro, ce texte n'a aucun autre contexte formel où exister, dans ma tête, que celui de B5... le destin de mes personnages est lié à l'Histoire (grand H) de B5, c'est leur raison et leur façon d'être, à ce stade de mon parcours je n'ai pas les moyens de donner vie autrement à ces idées... disons que je n'en ai pas terminé avec B5 (Kaliam n'est pas pas du tout abandonnée d'ailleurs, navré pour le faux espoir^^) , et à ce stade de ma vie, je n'aurais pas le temps, pas l'énergie, d'inventer le cadre dont j'ai besoin, et que B5 m'offre sur un plateau doré. Mon histoire vient de B5, ce n'est pas B5 qui vient dans mon histoire, et je ne saurais l'en détacher de manière à ce que le jeu en vaille la chandelle, actuellement. Je n'ai pas de prétention particulière, ici, hormis continuer de m'entrainer pour l'avenir et apporter quelque chose aux aficionados francophones de B5 qui croiseront ce topic.

De la même manière que le fait que mon personnage soit un spécialiste de SF et notamment un fanatique des fictions de Roddenberry n'est pas uniquement un effet "clin d'oeil cool entre geeks"; ce sera un symbole important de son parcours tout au long de l'histoire.

Bon, concernant les couacs "techniques" que vous m'avez pointé, je suis d'accord avec vous pour certains d'entre eux, j'ai donc relu le chap' 1 à main levée pour modifier certaines de ces tournures, et essayer aussi de trancher un peu plus la discussion en cuisine. Des relectures mouvantes comme celles-ci, j'en fais fréquemment sur l'ensemble de mes récits (bon, hormis les vieux textes SG^^) .

Un merci très chaleureux à vous trois, en tout cas, tant pour vos compliments et encouragements que pour vos remarques. Je tâcherai de rester sur la même ligne stylistique à l'avenir -enchaînement linéaire, fluide, et dynamique; en somme, l'expérimentation d'une façon d'écrire différente de celle de Kaliam, que je sais plus alambiquée et plus touffue.
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MessageSujet: Re: Un jeune homme ordinaire   Un jeune homme ordinaire EmptyMar 22 Fév 2011 - 23:54

Mat Vador a écrit:
En ce qui concerne la discussion des "cuistos". J'avoue que je ne sais guère quoi en penser. Il est clair que, rapportées au contexte technologique et géopolitique qui est le nôtre, il m'arrive fréquemment d'avoir des conversations de ce genre avec certains ami(e)s qui sont loin d'être à Sciences Po, je m'en suis d'ailleurs inspiré. Et ils ne sont pourtant pas spécialement "bizarres" en société, comme on pourrait s'y attendre en visualisant des binoclards coincés avec la raie au milieu. Alors, je ne sais pas. J'ai copié ce passage sur mon vécu de la même manière que j'ai copié l'appart' de Daniel sur mon mode de vie d'il y a deux ans. C'est un peu la même chose que le fait de mélanger registre courant et soutenu : on m'en parle souvent, à propos de n'importe lequel de mes récits, mais honnêtement, je ne visualise pas en profondeur ce que cela veut dire : j'ai toujours parlé comme cela.
Concrètement, vous feriez quoi pour "découdre" légèrement le fil de la conversation?
Ce n'est pas, en fait, le contenu de la discussion qui est gênant, mais sa parfaite organisation, l'agencement élégant et optimal des phrases. Pour donner quelques exemples :

Citation :
On raconte qu'Alpha Prime est très belle, mais très fatigante et très périlleuse. Proxima 3 est sans doute une terre d'avenir, économiquement, mais perpétuellement dans la boue, sous les averses.
Citation :
-Tu prends un exemple extrême, la colonie dystemporelle du système Sirius est la plus lointaine qui soit, à huit années-lumière et quelques.
Citation :
tu vois, c'est un peu comme l'édification d'Humanités dissociées de ce foutu Soleil.
Ces formulations, à mon avis, ne seront jamais employées telles quelles dans une conversation orale. Ou, peut-être, une conversation particulièrement formelle entre deux érudits guère familiarisés l'un envers l'autre, qui tiennent à paraître à leur avantage. Je ne m'imagine pas employer des phrases de ce genre, aussi construites et parfaites, dans une discussion détendue avec un ami, pendant une activité qui plus est. Des modifications très subtiles, comme "La plus lointaine de toutes" ou "Tu vois, c'est un peu... Ah... L'édification d'humanités entières, dissociées de ce foutu Soleil." permettraient d'ajouter de la crédibilité à ce passage, en lui ôtant un peu de cet aspect excessivement construit.
Ton écriture de ces passages est, du reste, très en accord avec Babylon 5, ou les personnages parfois se lancent dans des discours ou des conversations qui tiennent davantage du roman classique que d'un entretien naturel.
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