Le livre électronique, anciens VS. modernes ?

Comme vous le savez tous, l'offre de livres électroniques se développe petit à petit (même si c'est à vitesse d'escargot en France). Amazon livre le Kindle, Sony a le Reader et de nombreuses firmes semblent considérer avec intérêt ce marché.

Concrètement, le livre électronique, c'est quoi ? C'est une sorte de tablette avec un clavier, et un écran spécial sensé reproduire l'effet d'une page de livre (ie. ne pas fatiguer les yeux comme nos bons vieux LCD). Se sont développées toutes sortes de fonctions périphériques, comme la possibilité de surfer sur les pages internet, de prendre des notes, de faire lire le livre à voix haute... Bref, un appareil aux possibilités intéressantes qui pourrait bien remplacer le papier et la reliure à terme, d'autant plus qu'avec les mémoires qui grandissent de plus en plus, c'est une bibliothèque entière que l'on pourrait faire tenir dans un petit appareil.

Cependant, il n'y a pas de que des enthousiastes. Beaucoup clament que "rien ne remplacera le livre papier", alors que d'autres critiquent cette vision en disant qu'à l'heure l'ère numérique, on va de toute passer à la dématérialisation des contenus, et que de toute façon, les livres ça tue les arbres et puis c'est faire preuve d'un matérialisme forcené que de vouloir à tout prix un objet.

Mais le problème se pose alors : quelle est la valeur d'un livre électronique ? La plupart des éditeurs fixent des tarifs assez proches du livre papier pour l'instant, alors que la valeur d'une simple copie électronique semble bien inférieure à celle de son homologue papier. Comme pour la musique d'ailleurs, peu de gens semblent prêts à payer quasiment le même prix pour une version matérielle et une version physique. Pire encore, à l'inverse du CD qui ne contient que des données numériques facilement copiables, le livre papier ne peut être copié en intégralité qu'en dactylographiant son intégralité ou en scannant l'intégralité des pages (ce qui devient très vite fastidieux). Cela rend l'analogie entre ces deux contenues assez difficile.

Par ailleurs, l'industrie littéraire (puisqu'il faut utiliser les grands mots...) est, comme l'industrie du disque, une grosse friande du copyright. Difficile d'imaginer une offre légale de livres électroniques sans DRM, parce que aie aie aie, on pourrait pirater le livre électronique et certains pourraient le lire sans avoir payé son auteur ! Problème insensé quand l'on regarde les usages autour du livre papier, que l'on prête à ses amis, collègues, membres de la famille ; que l'on donne si on n'en veut plus... Et on pourrait dire qu'une "licence globale" existe déjà pour le livre papier, c'est ce qu'on appelle... les bibliothèques.

D'ailleurs, le problème du tout numérique couplée à une interface propriétaire bourrée de DRM donne cela :
http://www.lemonde.fr/technologies/article/2009/07/22/amazon-jette-1984-dans-le-trou-de-memoire_1221324_651865.html
http://www.numerama.com/magazine/13484-Kindle-Amazon-efface-a-distance-des-centaines-de-livres-achetes-legalement-MAJ.html
Ironique quand l'on voit le ouvrages concernés, vous ne trouvez pas ?
Que penser alors de ce livre électronique sensé nous simplifier la vie si la société qui nous l'a vendu peut l'effacer unilatéralement ?
Les acheteurs potentiels risquent bien d'être rebutés par un tel aspect : quand on achète un livre, on le possède pour de bon... alors que pour le livre électronique, on ne peut pas en faire une copie de sauvegarde (sacrés vieux DRM) et on se retrouve avec une copie numérique qui peut s'erronner, être détruite à distance...

Et puis, la disparition du livre papier, c'est tout de même la disparition de toute la "magie" qu'il peut y avoir derrière la lecture : les reliures bien rangées dans la bibliothèque, le partage à nos proches, l'odeur des pages plus ou moins neuves...
Sur ce sujet une planche assez drôle de Martin Vidberg :
http://vidberg.blog.lemonde.fr/2008/02/27/le-livre-numerique/


Pour finir, je dirais que personnellement, je n'achèterai sans doute pas (car il ne faut jamais dire jamais, même si là j'en ai très envie) de livre numérique avant un bon bout de temps ! Je n'aime pas lire sur un écran ("mais siiii le confort de lecture est le même, voire meilleur !"), j'aime posséder les livres que je lis ("sale matérialiste, tu détruits les forêts!") et je pense que le livre papier ne pourra jamais être remplacé par son équivalent numérique ("pfff, c'est avec des gens comme toi que la société n'avance pas")...

Et vous, quel est votre avis, "Anciens" ou "Modernes" ?

Le "vrai" livre électronique c'est à base d'encre électronique, à savoir un support blanc sur lequel on modifie la couleur de billes (par exemple bicolores blanc/noir) via une commande. La différence avec un écran est que l'engin ne consomme que pour modifier l'affichage, d'autre part, il est visible via la lumière ambiante, comme du papier. Je n'ai pas encore testé mais ce n'est sensé n'avoir rien avoir avec un écran.

Pour le reste il faudra attendre qu'un fabriquant "indépendant" fournisse des supports sur lequel on pourra faire tourner ce qu'on souhaite. Il faut s'attendre à une part de résistance des éditeurs mais si ça peut éviter le pilon et le tri difficile qu'il y a dans l'édition... le seul coût important deviendra celui de la campagne de promotion éventuelle pour chaque ouvrage.

A moyen terme se pose la question de la conservation (mais imprimer quelques exemplaires doit être possible) et celui des "marchands de livre". Quitte à être un peu terre à terre, je dirai que les petites librairies de quartiers c'est déjà du passé pour la plupart d'entre nous, et qu'à l'inverse elle seront la destination "naturelle" des amateurs de l'objet livre. Je ne nourrit guère de sentimentalité pour ce dernier, et je considère qu'il conviendra bien aux oeuvres qui le méritent tandis que les autres ne se lisent qu'une fois.

Je lis moins de livres depuis que j'ai internet, mais je reste quand même énormément attachée à ceux que j'ai aimé, de la même manière que Mara - physiquement, quoi chut Rufus -_-'
Par contre, j'ai toujours acheté mes bouquins en format poche, révoltée que j'étais par les prix - et un peu le gaspillage de papier aussi :weir:
Ce qui me paraitrait intéressant, ce serait de pouvoir acheter la version papier ET la version électronique en même temps, pour un prix modérément plus élevé.

Pour l'achat du livre électronique par contre, si je suis très tentée par l'idée alléchante de pouvoir balader ma bibliothèque partout dans un volume réduit, je pense que ce ne sera pas pour tout de suite. D'abord à cause des prix, et puis parce que je ne voudrais pas me retrouvée coincée avec un support ne prenant pas en compte n'importe quoi (je suis pas sûre d'avoir été très claire).

Je devais avoir une douzaine d'années la première fois que j'en ai entendu parler, je suis pas à dix ans près ^^

Moi je suis peut être un peu vieux jeu aussi mais j'aime bien posséder matériellement les choses. Même si télécharger un CD coute en général un peu moins cher, je préfère avoir le joli disque brillant entre les mains. Pour les livres c'est pareil. Et franchement je ne vois pas du tout le mal d'avoir utilisé plein de papier pour un livre qui durera au minimum un bon siècle. (l'argument gaspillage de papier est une énorme connerie)

Bref, à part le gain de place je vois pas l'avantage du livre électronique...

Si l'offre est bien pensée, le livre électronique permettra probablement de faire ce qu'on a vu dans le jeu vidéo depuis le boom des ventes en ligne : Laisser à de jeunes auteurs et à des indépendants la possibilité d'être édités pour un coup très faible et ainsi de devenir professionnels plus facilement. Le média ne s'en porterait que mieux même si alors il faudra faire le tri et dénicher les perles parmi une masse de productions indigentes.

A titre personnel, je n'ai pas l'intention de me mettre à acheter des livres numériques. Je suis attaché au confort de lecture du livre papier pas seulement par rapport au dispositif d'affichage (qui est le même), mais par la flexibilité des livres classiques qu'on peut emporter partout, lire partout, et qu'on n'est pas susceptible de nous voler (contrairement à ce machin).

De plus, je suis opposé à l'idée d'acheter en ligne, pour la raison exposée ci-dessus : l'éditeur a la possibilité de supprimer des livres. Autant dans le cas de jeux vidéo ça ne change rien parce que l'éditeur a alors toujours (quel que soit le support) le droit de révoquer les licences utilisateur, mais en ce qui concerne les livres, on reste légalement propriétaire de l'objet physique qu'on peut continuer à utiliser quoi qu'il arrive.

Donc le livre numérique pour les auteurs "indépendants" oui, du reste, je continuerai à acheter des livres classiques.

Horus a écrit:

Bref, à part le gain de place je vois pas l'avantage du livre électronique...

Ben, ça me parait déjà sacrément pas mal.

Le livre électronique est un concept qui m'enchante, je l'attends avec impatience !
Oui, je l'attends... Parce que pour moi, ce que nous avons là, ce n'est pas un vrai livre électronique.
D'où peut-on appeler livre un objet dont on ne possède pas le contenu ? Qu'on ne peut pas prêter ? Qu'on ne peut pas revendre ?
Nay, nay, nay. Non merci. Certes, c'est bien pratique de pouvoir l'emmener partout avec soit, mais je me refuse à adhérer à ce système anticonviviale, c'est plus fort que moi.

Ceci étant dit... Et bien... Pour moi, il y a un plaisir particulier dans le livre papier. La technologie moderne qui remplace la classique, oui ; mais si elle l'imite en l'améliorant, c'est encore mieux. Ce serait vraiment magnifique, un livre électronique qui soit un vrai livre, avec, disons, une trentaine de pages, que l'on puisse tourner pour de vrai, et qui permette de revenir en arrière de temps en temps pour vérifier un détail. Mais bon, je sens que ça, faudra que je l'invente moi-même...