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 Reaver Exquis # 1

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Mat
Le Pharaon
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Mat


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MessageSujet: Reaver Exquis # 1   Reaver Exquis # 1 EmptyVen 18 Avr 2008 - 2:41

Reaver Exquis # 1 Ae5bf71b2ebf0c33769d874c1027d35520081004233048

Je propose cette adaptation du cadavre exquis pour voir à quel genre de scénario les fans de Firefly peuvent arriver entre eux, sans se concerter aarf

Alors... Hem! Parce que je sais que Arth n'a pas vu Serenity, je place volontairement le premier numéro avant le film. Wink

_____________________

L'intuition? Un sentiment Humain. Fondé ou non, seuls les êtres de chair et de sang partis de la Terre des siècles plus tôt -parce qu'on en connaissait pas d'autres à cette date- avaient cette faculté à pressentir les choses dans la forme et le rythme de l'univers; du moins pensaient-ils qu'ils pouvaient le faire, à tord ou à raison. Superstition ou conscience supérieure, il n'était pas rare que la même scène puisse être interprétée différemment par deux Humains bien distincts, au gré de leur humeur et de leur expérience.

Aussi, les étoiles, le vide spatial et ce petit cargo de classe Firefly, le Serenity du capitaine Malcom Reynolds, étaient-ils objectivement toujours les mêmes lorsque l'engin spatial fendait le cosmos à la recherche d'un contrat. Pourtant, au gré de l'humeur de l'observateur, le Serenity, cette petite capsule grise errant dans le vide insondable, pouvait tout aussi bien passer pour l'oasis apportant la vie dans les confins, l'étincelle de conscience, le phare au milieu du rien glacé, que pour une torture claustrophobique, un rempart vulnérable et insignifiant contre la chute éternelle, exacerbant malgré lui le plus absolu sentiment de vertige que l'on puisse ressentir en cet univers.

L'intuition, quelles que soient ses sources, pouvait jouer pour beaucoup dans le fait que l'on appréhende le petit cargo comme oasis de vie ou couloir de la mort face à l'immensité spatiale.
Et ce matin-là, lorsque Mal émergea péniblement de ses draps à l'odeur de renfermé, il ressentait précisément un certain mal-être dont il ne connaissait pas la raison.
Était-ce là la marque de l'intuition, ou plus simplement le fait qu'il se réveille avec la gorge sèche, le dos endolori par les plis du drap, après que Kaylee l'ait réveillé en frappant quelque chose à plusieurs reprises contre l'écoutille de ses quartiers?

De singulière mauvaise humeur et physiquement au plus bas, le capitaine attendit aussi longtemps qu'il le pouvait, collé au sommier comme une masse, avant de se décider à se redresser au bord de la couchette, torse nu dans le noir.
La fatigue était réellement incommodante!

Sans que ses yeux ne cessent de le piquer, Malcom se leva, alluma la lumière et attrapa à tâtons une veste jaune sur le dossier de la chaise. Une minute pour tenter de remettre ses cheveux en ordre à la main et pour décoller ses paupières, puis il escalada la petite échelle pour se retrouver à frissonner dans un couloir vide et glacé; où il fut accueilli par un organisme vivant de relative petite taille, qui se jeta sur lui par surprise en émettant de la chaleur.
-Kaylee! Je dors encore, geignit-il pendant qu'une bouche appuyait un gros baiser sur sa joue hérissée de petits poils rèches.
-Tu piques, remarqua la rayonnante jeune femme au visage rond et à la chevelure châtain clair, habillée d'un top rose et d'un baguie blanc.
-Peut-être que j'aurais eu le temps de me raser si je n'avais pas été tiré de mon lit en sursaut par une mystérieuse peste qui tapait contre ma porte, répondit mollement Malcom en tentant piteusement de contenir les assauts sensuels de sa mécanicienne.

-C'est Wash qui m'a dit de le faire, se défendit-elle sur un ton innocent, non sans manquer de lui pincer le nez. Il voulait que tu vois un truc.
-Aye! Saleté! ... Quel truc?
-J'en sais rien, un de ces trucs à lui. Un truc de signal, ou dans le genre.

Bien loin de tant de décadence, Wash le rouquin était bel et bien concentré sur son pilotage lorsque le capitaine et la mécanicienne arrivèrent dans son dos.
-Hey, venez donc profiter du lever du soleil sur le jardin, ironisa-t-il en prenant une voix monotone.
-Il parait que tu as une histoire de signal? Enchaîna Mal d'une voix pâteuse.

Wash se pencha sur ses appareils, pressa un bouton et afficha un message écrit sur l'un des écrans qu'il avait sous le nez.
-Mars 2, commença-t-il d'un ton professoral. Planète désertique et irrespirable. En fait, ça a la tronche de Mars, mais si le gars qui a appelé cette planète comme ça avait été un vrai connaisseur du Système Solaire Originel... il aurait su qu'elle a plutôt les caractéristiques de Vénus.
-Bordel, Wash, pesta Malcom, je connais pas Mars et Vénus! Abrège.
-ça veut dire que c'est une planète chaude. Vraiment très chaude.
-Comme moi? Proposa Kaylee.
-Je souhaite pour Simon que tu ne sois pas du genre à larguer des pluies acides et des tempêtes incendiaires au lit, répondit dédaigneusement le pilote. Selon l'Alliance, reprit-il, Mars 2 n'est pas terraformable. Mais il y a plein d'hydrocarbures sur cette planète, précieux pour la conception de plastiques et de polymères. C'est pour ça qu'on a installé une petite mine bien pressurisée sur Mars 2. Et là, on vient d'en recevoir un SOS. Tout faible. Personne ne passe ici, capitaine. On est sûrement les seuls à l'avoir reçu.

Mal resta silencieux, pensif, jusqu'à ce que la voix avide de Jayne retentisse du côté de la porte métallique.
-Si jamais on les sauvent, on aura peut-être une récompense. Si jamais ils sont morts, ajouta-t-il comme s'il pensait tout haut, on pourra récupérer les hydro... les... substances. Et si la récompense est plus petite que les trucs à piller, acheva-t-il avec un ton réjoui, on pourra les finir!

_________________________________
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Mat
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MessageSujet: Re: Reaver Exquis # 1   Reaver Exquis # 1 EmptyVen 18 Avr 2008 - 14:35

Règles du jeu by Skay-39:

Skay-39 a écrit:
Voici les sept règles à respecter :


Arrow Les nouveaux messages doivent être dans la continuité des précédents, et poursuivre l'histoire de façon cohérente. On est sur un forum de fanfic, alors on devrait y arriver... Jack
Arrow Il est tout à fait possible d'inventer de nouveaux éléments par rapport à la série, mais il faut en revanche veiller à ne pas entrer en contradiction avec celle-ci, pour faciliter la compréhension. :cam:
Arrow Prière de ne pas jeter à la corbeille tout ce qui à été dit précédemment avec des suites du genre "ils périrent tout dans une supernova" ou "il se réveilla en sursaut et comprit que tout ce qui s'était produit depuis le second post était un rêve". :ronon:
Arrow Lorsqu'un membre décide de prendre la suite, il doit poster un message pour le signaler, qu'il éditera par la suite ; ceci pour éviter que deux personnes poursuivent le récit à partir du même point. :daniel:
Arrow Prenez soin de citer les passages précédents auxquels vous faites référence dans votre narration, afin de faciliter la compréhension. :sheppard:
Arrow Si possible, essayez de poster au moins quelques lignes, histoire de faire progresser l'action un minimum... :weir:
Arrow Si vous souhaitez intégrer un commentaire à votre message, prenez soin de l'écrire dans une couleur différente. :wraith:
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Artheval_Pe
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MessageSujet: Re: Reaver Exquis # 1   Reaver Exquis # 1 EmptyVen 25 Avr 2008 - 11:14

_____________________

-Il y a des jours, Jayne, où je me demande si tu connais les mots "Ethique" et "Morale"... Le reste du temps, je sais que tu ne les connais pas, ironisa Wash. Je ne suis pas sur ce soit le plan que le capitaine avait en tête...
-On peut au moins essayer de les secourir, répondit Mal d'un air pensif, amène nous vers Mars 2, Wash.
-Allons-y. Le problème, c'est que pour les secourir, il y a un hic... Mars 2 est tout sauf accueuillante, comme je te l'ai dit. Non seulement il y a des pluies acides, des tempêtes et d'autres phénomènes sympathiques, mais la pression est d'environ cent atmosphères standard. Les Firefly ne sont pas conçus pour résister à des conditions pareilles.
-Ce qui veut dire qu'on ne peut pas les sauver ?
-Il y a bien un moyen... mais c'est risqué... hésita Wash. On pourrait augmenter la pression à l'intérieur du Serenity, pour atteindre les cent atmosphères et compenser la pression externe, mais nos réserves d'air y suffiraient tout juste, et ça veut dire qu'on serait forcés de laisser le vaisseau plonger en pilote automatique vers la surface pendant qu'on resterait sur orbite avec les navettes...
-Mais si le vaisseau est inhabitable, quel intérêt pour ceux en bas ?
-Ils disposent de scaphandres pouvant résister à la pression de la planète, ils sont utilisés en cas de défaillance majeure de leurs systèmes de survie et pour la maintenance à l'extérieur de leur base. Normalement, ils doivent en avoir assez pour l'ensemble du personnel.
On leur envoie le vaisseau, ils montent dedans, et il les ramène sur orbite, on se rattache et on les ramène à la maison.
-Ce plan est merdique ! Pesta Jayne.
-J'ai tendance à être d'accord avec lui, souffla Mal, je n'aime pas beaucoup l'idée de leur laisser le vaisseau. Nos scaphandres ne permettraient-ils pas de rester ?
-C'est juste le seul plan de secours que je vois, et je ne fais que lancer des idées, là. Et pour les scaphandres, non. Ils ne sont pas conçus pour résister à une forte pression externe, mais à contenir une pression de une atmosphère, c'est tout.
De toute manière, il nous faudra quatre heures avant d'arriver là bas, ça vous donne assez de temps pour réfléchir à ça.
-Attends une seconde, demanda Jayne, tu veux dire qu'on irait secourir ces gars pour rien ? Et qu'on ne pourrait même pas se servir dans les biens de la base ?
-C'est exactement ça. Répondit sèchement Wash.
-Ce plan pue !
-Je crois qu'on avait saisi, Jayne, l'interrompit Mal. J'ai peut-être une idée sur comment arranger ça, mais il va falloir travailler les détails... En fait, on pourra peut-être secourir ces gens et en tirer un profit au final... Lança le Capitaine en quittant le poste de pilotage.
-ça te dérangerait de nous en parler ? Lui cria Wash à travers le couloir.

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Skay-39
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MessageSujet: Re: Reaver Exquis # 1   Reaver Exquis # 1 EmptyDim 27 Avr 2008 - 1:50

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La découverte du potentiel pétrolier de Mars II revenait aux indépendantistes qui avaient un temps écumés cette région du système, à la recherche de ressources que des colons bien armés ne se soient pas encore appropriés. Pendant un temps, l’exploitation avait été soutenue, et au plus fort de sa notoriété, la planète avait portée simultanément dix-huit stations de forage, réparties principalement sur l’hémisphère nord. La plupart des poches étant proches mais de taille réduites, des kilomètres de canalisation avaient parfois été forés à plusieurs kilomètres sous la surface. Malgré sa rentabilité, le personnel de Mars II n’avait jamais reçu beaucoup d’assistance de la part de la flotte, qui se contentait d’expédier des cargos qui arrivaient pleins de vivres et repartaient chargés d’hydrocarbures.
Après la chute des indépendantistes, l’Alliance avait reprit l’exploitation, sans grand enthousiasme cependant ; se contentant d’investir les stations et de les approvisionner de façon irrégulière, laissant aux ouvriers le soin d’entretenir leurs installations. Depuis quelques années, cet intérêt mitigé avait laissé place à une franche indifférence.
La station s’élevait laborieusement sur une centaine de mètres, à travers l’épaisse atmosphère d’un brun-jaune un peu trop évocateur de Mars II. Un vent puissant dont l’orientation ne variait jamais, contrairement à son intensité, avait amassé contre le coin nord-ouest de la station une petite colline de glaise saturée de déchets pétroliers.
Le corps principal du bâtiment, constitué de cinq étages et d’un « rez-de-chaussée » plus étroit, était de la même teinte déprimante que le reste de la planète. Son aspect étrangement trapu lui conférait une certaine élégance, qui était pourtant sans doute le cadet des soucis de l’architecte.
Les deux tiers restant de l'édifice étaient constitués d’une tour ovale massive, qui semblait avoir été rafistolée à de maintes reprises avec des plaques de métal de la taille d’une place de parking. Le matricule S-39, s’étalant en larges lettres grises sur la surface de l’édifice, indiquait sa position dans la longue série de stations démontées et rebâties, parfois avec les mêmes éléments, suite à l’épuisement du filon qui leur était assigné.
Trois faibles points verts clignotaient inlassablement au sommet de la tourelle, mourant lentement pour s’embraser à nouveau au bout d’un instant.
Mais il ne s’agissait là que de la partie visible de l’iceberg. La majeure partie du complexe s’étalait sous la surface de la planète, sous la couverture de glaise omniprésente, au cœur de la masse plus sombre, plus dense et parsemée de larges roches silex ; là ou les hydrocarbures commençaient à s’infiltrer vers la surface, poussés par le continuel affaissement de la croûte terrestre. C’était ici que les étages se succédaient sans fin, s’étalant dans toutes les directions, excavant inlassablement de quoi poursuivre l’extension de la station – car s’il était onirique de compter sur les livraisons de la flotte indépendantiste, espérer celles de l’Alliance était proprement délirant.
Parmi les matériaux composant l’infrastructure, le ciment et l’acier étaient présents en large majorité – l’un rongé par l’humidité, l’autre par une rouille comme on en avait jamais vu sur aucun autre monde. Des sections entières étaient fermées depuis des années, pour avoir échoué à retenir les coulées de boue ou les effondrements.
Dans les couloirs sombres ou l’odeur d’hydrocarbure s’était infiltrée au plus profond du métal et du béton, de basses silhouettes progressaient lentement, par reptation, dans un chuintement croisé ininterrompu. Des dispositifs d’éclairage, bien peu étaient encore en état de fonctionner, et les rares qui dispensaient une vague lumière le faisaient de façon vacillante, en crachant de temps à autre quelques étincelles. L’obscurité masquait la nature exacte des tentacules en mouvement. Ces étranges vrilles, dont aucune ne semblait immobile, avaient ouverts des fissures dans le sol et écartés les plaques de métal pour s’élever vers les niveaux émergés de la station de forage, depuis le niveau -28.
La majeure partie de cet étage était constitué d’un immense hangar, qui s'ouvrait sur le niveau 29 ; le reste se composait de petites pièces mal isolées, réserves et salles de repos, relais électriques et ateliers, bureaux et sannitaires.
Le niveau -28 comportait également une salle de traitement des relevés orbitaux, sensée à l’origine permettre la détection de navires pirates en approche. L’équipement était bien entendu totalement obsolète depuis que le satellite dédié avait été désintégré par un navire pirate, que nul n’avait vu approcher en raison de la densité de l’atmosphère qui bloquait 89% des signaux émis. Les termes « équipement inapproprié » avaient rarement été aussi… appropriés.
Pourtant, la pièce n’était pas vide. Un homme s’y trouvait assit, pianotant sans assurance sur un clavier artisanal à la seule lumière des écrans qui lui faisaient face. Il clignait souvent ses grands yeux cernés, comme pour s’éclaircir la vue, et essuyait de temps à autre d’un geste rageur et maladroit la sueur qui ruisselait sur son front plissé et son crâne dégarni. L’homme marmonnait sans cesse, d’une voix parfois furieuse, parfois suppliante, et jetait des regards d’animal traqué en direction des moniteurs.
- Non… murmurait-il, les pupilles étrécies, les narines dilatées. Non… Si vous ne venez pas, il y a encore une chance… Si vous repartez, il y a encore une chance…
Il frotta énergiquement sa tempe droite, et jeta un coup d’œil implorant à l’une des images pixélisées. La représentation d’un Firefly s’y affichait, de toute évidence tirée d’une banque de donnée et non d’un observatoire.
Quelque chose s’agita légèrement, dans un coin obscur du plafond, puis un frottement aqueux se fit entendre. L’homme n’y prêta pas attention, jusqu'à ce que le son se répète, un peu plus fort. Le son des touches du clavier s’interrompit tandis que celui qui les actionnait tendait l’oreille, déstabilisé.
La chose se déchira soudain, lentement d’abord, puis beaucoup plus vite ; une petite quantité de liquide se déversa sur le sol en clapotant. Presque en même temps, une masse conséquente se détacha du plafond avec un léger bruit de succion visqueux pour venir frapper le sol lourdement. Le choc avait été étrangement étouffé, comme élastique.
L’homme solitaire tenta de quitter son siège et de se relever en même temps, s’emmêlant les jambes et manquant trébucher. Un sourd gémissement sanglotant monta de sa gorge, tandis que la chose se relevait gauchement dans le noir.
Puis elle se mit à avancer.
Sa démarche était traînante, maladroite, un peu incertaine. Des pas courts, lents et séparés par de longues secondes, ceux d’un jeune enfant ou bien d’un infirme.
- Non… gémit l’homme d’une vois altérée. Non, non, non, non…
Les bruits de pas s’interrompirent un instant ; et puis ils reprirent, un peu plus rapides, un peu plus assurés. Précipités. Avides. Une silhouette commença à se dessiner dans l’ombre.
Le gémissement qui résonna dans le hangar désert se changea rapidement en un hurlement de terreur déchirant.

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Dernière édition par Skay-39 le Sam 6 Sep 2008 - 1:18, édité 5 fois
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Mat
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MessageSujet: Re: Reaver Exquis # 1   Reaver Exquis # 1 EmptyJeu 1 Mai 2008 - 23:13

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Vingt minutes supplémentaires s'étaient écoulées dans l'indifférent vide astral, depuis que le petit Firefly était arrivé en orbite de Mars 2 pour se retrouver confronté aux impraticables conditions de la planète. Mal avait demandé à son équipage de lui laisser encore le quart d'heure nécessaire à ses mystérieuses vérifications, après quoi chacun devrait se rendre au Quartier Général -le coin cuisine- pour y recevoir la sainte parole. Mais, fidèle à ses habitudes, Mal était lui-même en retard de cinq minutes alors que Zoé, Jayne, Simon, River, Shepeard et Kaylee attendaient autour de la longue table de bois. Inara, rageuse, s'était jointe à eux contre son gré, bien qu'elle ne soit que locataire, comme elle se plaisait à le rappeler, après que Mal lui ait fait savoir non sans plaisir apparent que sa vie serait certainement mise en danger par l'opération. Wash, pour sa part, était demeuré aux commandes.

Enfin, Mal, d'un pas lent et m'as-tu-vu, passa la porte d'entrée de la pièce la moins spatiale du vaisseau, en mettant plus de temps que de raison pour descendre les deux marches de l'escalier.
-Ho! Protesta Inara en levant ses beaux yeux au plafond. On a compris, tu as un plan et c'est assez rare pour être noté, maintenant bouges-toi!

D'une moue boudeuse, Mal chercha une répartie cinglante quelques secondes puis, ne la trouvant pas, il se contenta d'une forme de rhétorique moins violente.
-Wash n'est pas là? Wash! Hurla-t-il à l'attention du rouquin en passant sa tête par l'embrasure.
Une voix lointaine répondit quelque chose indistinctement, suivie de bruits de pas rapides.

Mal s'avança vers la table sans se retourner, et Wash, dans son dos, lui prit la parole avant qu'il ne puisse ouvrir la bouche.
-J'ai du nouv...
-Ha!! Le coupa Mal avec un regard écarquillé, les deux index levés en signe de mise en garde.

Une incompréhension blasée et discrètement méprisante se modela sur le visage de Wash, qui prit un air interrogateur.
-Ce que je vous propose, reprit Mal, c'est qu'on envoi le Serenity à la station après avoir égalisé la pression interne et être monté à bord des navettes. Par précau...
-L'une des navettes est ma chambre, imbécile, pesta Inara.
-Précaution, enchaîna le capitaine, Zoé et Jayne resteront à bord en se cloîtrant dans l'un des compartiments isolés du propulseur principal, qui est adapté aux fortes pressions. J'ai vérifié à l'instant. Comme ça, ils pourront surveiller les invités une fois qu'ils seront à bord. Ensuite, on leur pique les scaphandres et on redescend sur la planète pour se servir.
-Génial, reprit calmement Zoé. Comme ça, si nos invités protégés par leurs scaphandres spéciaux sont des pirates ou des fous, si le vaisseau leur plaît et s'ils refusent de rétablir la pression interne, vous serez coincés dans vos navettes et ils nous feront imploser, Jayne et moi, en nous sortant de force du compartiment. J'aime bien.
-Mal, c'est ce que je voulais te dire... S'agaça Wash. Il y a un ascenseur spatial non loin de la base. Il faut marcher six cent mètres sur Mars 2 pour aller de sa base à la mine, mais on y trouvera des scaphandres adaptés. Il m'a fallu quelques minutes de plus pour le détecter.

Seul le fou rire étouffé d'Inara perça le silence de mort pendant l'instant qui suivit.

___________


Dernière édition par Mat Vador le Mer 11 Juin 2008 - 10:55, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Reaver Exquis # 1   Reaver Exquis # 1 EmptyLun 12 Mai 2008 - 11:55

Merci à mat et à Arth pour leur review de ce passage. ^^ Difficile d'écrire sur une série qu'on a jamais vu...

_______________________________________

- J’aime pas les ascenseurs, bougonna Jayne.
- J’éprouve encore moins de confiance envers les navettes à faible autonomie livrées au bon vouloir d’un équipage potentiellement hostile, le tout en orbite autour d’une planète à la pression atmosphérique mortelle, fit Simon sur un ton circonspect.
- Hey, t’arrives à dire tout ça sans respirer ?
- J’aime pas les ascenseurs, répéta Jayne plus fort. Il m’est jamais arrivé que des merdes dans les ascenseurs.
- Je trouve ça sympa, moi, signala Kaylee avec bonne humeur tout en remontant la fermeture magnétique de sa combinaison. J’ai de bons souvenirs dans les ascenseurs.
- On s’en serait doutés… marmonna tout bas Jayne – pas assez cependant pour ne pas s’attirer un regard noir du Docteur.
- Ces combinaisons empestent, fit remarquer Zoé sur un ton dégoûté. Je n’ose pas imaginer combien de gars ont transpirés là-dedans.
- Sans compter les organismes qui ont pu se développer. Environnement humide, chaud, fermé et oxygéné. Un vrai petit paradis pour des saletés genre Matthilus Vadoria
- Hey, épargnes-nous les détails…
- Te plains pas, grommela sombrement Jayne. La mienne a été rafistolée avec du Darnex. Tu y crois, ça ? Du Darnex ! J’espère qu’il est encore cohérent, ou bien je vais finir à l’état de steak tartare.
- La mienne sent le Lila, remarqua Kaylee en reniflant son col à la manière d’un écureuil.
- Tu m’étonnes. C’est le seul modèle pour femme…
Pour de multiples raisons de sécurité, allant des plus inquiétantes aux plus bureaucratiques, un panonceau d’un jaune écoeurant invitait les voyageurs à se munir de leur combinaison atmosphérique avant de pénétrer dans la cabine. L’équipe s’apprêtait donc sans enthousiasme, dans le vestiaire attenant au sas de décompression de la Station d’Amarrage Direct de l’Ascenseur Orbital de Mars II. SADAOM.
Non. Ce n’était pas une plaisanterie – même si Kaylee en avait tenté quelques-unes qui s’étaient éteintes dans la tension ambiante. L’acronyme de la station était un mot d’argot qui signifiait, sur plus de quatre-vingts trois pour cent des mondes du Système Stellaire Colonial, « Purgatoire. »
Bien évidemment, cette bévue du concepteur avait donné lieu à pas mal de blagues de mauvais goût et à plus de sueurs froides encore. L’équipe du Serenity ne faisait pas exception à la règle – et encore ignoraient-ils le sens des dix-sept traits gravés au couteau sur la porte du sas, que Simon avait remarqué en arrivant. S’il avait su qu’il s’agissait du nombre de victimes d’accidents mortels causés par le Purgatoire depuis sa construction, il aurait sans doute préféré combattre un Reaver à mains nues plutôt que de l’emprunter.
La technologie était désarmante de simplicité. Un immense tube de trente mètres de diamètre, d’un blanc éclatant, courait sur plusieurs dizaines de kilomètres depuis l’orbite basse de la planète, ou stationnait la station d’accueil de l’ascenseur orbital Mars deuxien. De loin en loin, tous les deux kilomètres en moyenne, un anneau de suspension antigravitationnel soutenait la structure ; mais l’édifice n’aurait pu exister sans le concours de l’inverseur de pesanteur qui constituait soixante-deux pour cent de la masse du Purgatoire. Une longue série de lumières bleues s’allumant de manière successive – chacune de la taille d’un parasol – formait une ligne ascendante sur un côté du conduit, tandis qu’une ligne descendante de couleur rouge décorait l’autre flanc.
Trois cents trente-neuf de ces spots étaient hors service, sur les sept milles huit cents douze reliant la planète à la station. Un pourcentage pour le moins… alarmant.
Cette dernière, il fallait bien l’avouer, était d’un ridicule rare ; elle ressemblait de manière frappante à un chapeau haut de forme. La haute partie cylindrique, dotée d’une baie vitrée, contenait un sas de dépressurisation, un cabinet de toilette, un relais de communication moyenne portée, un quartier d’habitation pour quatre personnes – comprenez deux au grand maximum – et – en théorie – des vivres et de l’eau pour trois jours. Ces dernières mesures étaient un minimum syndical en cas de soucis technique au niveau de la navette de récupération, les équipes de surface ayant parfois plusieurs dizaines de kilomètres à parcourir dans le ciel de Mars II pour pouvoir déposer les voyageurs à la base de l’ascenseur.
Le Purgatoire était couvert de larges tâches de la même couleur bourbeuse – mélange de jaune et de noir – que le reste de la planète, et tous à bord se demandaient bien comment ce transfert avait pu s’effectuer.
La station faisait près de trois cents mètres de diamètre pour le disque d’opposition, et une petite centaine de longueur pour la salle d’embarquement. Le Firefly s’était amarré sur l’unique sas du Purgatoire, qui avait à cette occasion émit d’inquiétants craquements. Il avait été décidé qu’une personne demeurerait à bord du Serenity, afin de ne pas laisser l’appareil à l’abandon et pour que quelqu’un puisse, en cas de défaillance de l’ascenseur, suivre le « plan initial » (avait lourdement insisté Mal) et envoyer le vaisseau récupérer l’équipage et les éventuels passagers. Bien entendu, il n’avait même pas été question qu’Inara quitte sa navette, mais comme il était tout aussi grotesque de l’imaginer se cloîtrer d’elle-même dans le compartiment moteur, il avait fallu désigner une personne supplémentaire. Le vainqueur du tournoie de pierre-papier-ciseaux qui avait suivit n’était autre que Wash, qui s’en était montré enchanté… jusqu’à ce que Jayne lui promette d’un ton suave, d’une manière trop insistante pour être honnête, de lui ramener l’intégralité de sa part du butin dans le cas ou l’équipe ferait une découverte intéressante.
Malcolm avait bien entendu essayé de laisser River sur place également, mais une lueur dangereuse avait commencé à flotter dans le regard de la jeune femme dès qu’on avait envisagé de l’éloigner de Simon, et le capitaine avait jugé plus prudent de ne pas insister. River avait souvent ce genre de réaction irrationnelle. Se séparer de Simon étant hors de question – il était fortement possible que l’équipe rencontre quelques blessés dans la station de forage – Mal avait dû se résoudre à emmener la folledingue avec eux à la surface.
Le capitaine pénétrait justement dans le vestiaire mal éclairé, déjà vêtu de sa combinaison blanc cassé. Il était le seul, avec Kaylee, qui parvienne à paraître à l’aise dans ce qui était grosso modo une armure médiévale étanche. La façon dont il avait coincé le casque sophistiqué sous son bras lui conférait même un air de pilote de vaisseau de course.
- Ne me dis pas que Wash se plaint d’avoir gagné ? grogna Jayne d’un air menaçant. Parce que je suis tout à fait disposé à lui céder ma place, à cet espèce de…
- Il ne quitterait son siège pour rien au monde, grommela Malcolm, qui semblait passablement agacé. Il voulait juste me faire promettre que je ne te laisserait pas – il pointa un index menaçant sur le mercenaire – embarquer sa part. Je te jure, si tu recommences un coup de ce genre…
Jayne referma bruyamment le chargeur de son arme de prédilection. Il ôta la sécurité, arma le fusil, visa, le désarma, réenclencha la sécurité, regarda dans le canon, lança la courroie par dessus son épaule et fit passer son flingue dans son dos d’un geste fluide.
Kaylee haussa un sourcil lourd de sens. Mal leva les yeux au ciel. River continua de courir après des papillons imaginaires, se prenant régulièrement les pieds dans les plis de sa combinaison trois fois trop grande pour elle.
- Bon, on y va ? soupira flegmatiquement Jayne, satisfait d’avoir réussi à détourner l’attention d’une si – croyait-il – subtile manière.
L’évocation d’un possible butin semblait lui avoir fait miraculeusement oublier son aversion pour les ascenseurs.
La mécanicienne de l’équipe bondit sur ses pieds avec un « Hop ! » aspiré, enfila son casque sur sa chevelure ébouriffée et se précipita dans la cabine.
- Quel étage, messieurs ? demandât-elle.
- Ah, la ferme, soupira Malcolm en la rejoignant.

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MessageSujet: Re: Reaver Exquis # 1   Reaver Exquis # 1 EmptyLun 12 Mai 2008 - 18:23

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Nelson Jones, agent de la sécurité parmi d'autres sur Mars 2, s'était souvent demandé, sans trouver de réponse, s'il craignait davantage d'être seul dans le désert ou seul dans la foule. Désormais, il savait qu'à l'instant de la fin, lorsque le danger rodait, les plus viscéraux automatismes de survie remontaient à la surface, et on se serait alors allié à son pire ennemi plutôt que de rester seul. à plusieurs, les chances de survie augmentaient. Le plus demeuré des gros herbivores vivant en troupeau sauvage l'aurait confirmé. Ainsi Nelson savait-il maintenant que la réponse était double. Que le pire, c'était d'être seul dans le désert, lorsque l'on était précisément pas tout seul. Quand on était seul contre le reste.
Rien ne pourrait alors être pire, à moins que l'on se trouve également éclopé dans ce même désert; un désert de feu et d'acide aux cent pressions atmosphériques, ce qui, décidément, se trouvait hélas être aussi le cas ici.

à bout de souffle, Nelson s'affaissa sur le sable acidifié, en même temps que sa béquille. L'homme dans son scaphandre était trop engourdi pour ressentir encore clairement le choc de sa chute, en revanche, sa démangeaison à la jambe ne cessait pas.
-"Syndrome du membre fantôme..." Grommela l'agent en se retournant à l'aide de ses coudes. Sa jambe gauche s'arrêtait au genou, là où sa combinaison avait été colmatée au super liant moléculaire; couvrant sa combinaison d'une glu d'un bleu phosphorescent au niveau de l'articulation.

Tout haletant sous son casque, Nelson se redressa tant bien que mal sur sa béquille, malgré sa jambe absente, et il se remit courageusement à clopiner dans la direction de l'ascenseur spatial.

Même s'il ne trouvait aucune navette ou station radio là haut, il préférait encore y mourir au calme, si possible dans son sommeil, plutôt que de rester à la surface de Mars 2 à attendre son eviscération.

Nelson régla le logiciel optique de son scaphandre, et, projeté sur sa visière, apparut en agrandit le paysage qui lui faisait face.

Un ciel jaune et brumeux, du sable, des dunes, quelques éparses colonnes de fumée ou de gaz et des amoncellements de roches acérées, voilà tout ce que Nelson voyait entre lui et la base du sinistre ascenseur spatial, mélancolique témoignage de la présence Humaine sur un monde qui n'était pas fait pour elle. Monument silencieux qui attendait imperturbablement on ne savait quoi, dressé avec une rigidité sans cesse décroissante face aux éclairs et aux tempêtes de feu et d'acide de Mars 2.

Depuis des siècles, les parents tâchaient d'enseigner aux enfants que la guerre et l'aventure n'étaient pas comme à la télévision; ils leur apprenaient entre autres que dans chaque guerre, la grande majorité de ceux qui mourraient ne mourraient pas comme les héros de série télé, s'éteignant vaillamment au cours de la bataille ultime, dans la gloire et face à la plus périlleuse des menaces. Ils leur apprenaient que beaucoup de gens biens et courageux mouraient sans justice ni honneur, dans l'anonymat, dans une bataille quelconque et par une balle qui ne l'était pas moins; que la plupart des gens ressemblaient davantage au bon gars qui, dans les films, accompagne le héros et meurt d'une balle dans la tête dés le début, qu'au héros lui-même. C'était somme toute assez compréhensible. Quel auteur aurait voulu que son héros meurt par hasard au milieu du film, d'une seconde à l'autre et en vain?

Dans le feu de l'action, des gens biens et valeureux mouraient sans gloire par accident, erreur stratégique de la hiérarchie, malchance ou pire encore, tir ami. Bêtement. Pour rien.

Pendant la guerre d'unification, Nelson avait tout juste eu l'habilité de ne pas se faire descendre, et cela sans tuer lui-même. Pourtant, l'agent planqué était un fantasmeur, et il avait toujours été persuadé que s'il devait périr dans l'action un jour, ce serait dans la bataille ultime, au cours d'un combat épique contre les maîtres du Mal, à l'instar de ces héros télévisés lorsque l'acteur quittait le casting.

C'était pour cette raison qu'il valait mieux, pour Nelson, qu'il n'ait jamais compris comment il était mort. Sur Mars 2, on entendait presque pas de son, et le brouillard ocre qui nébulait là en permanence gommait les ombres et les silhouettes.

Sur sa visière-longue vue, Jones vit plusieurs silhouettes Humaines, aussi pataudes que l'imposaient les scaphandres et la planète elle-même, se profiler à l'horizon, arrivant de l'ascenseur dans sa direction.
Son coeur s'en réjouit, son cerveau se détendit, et il eût à peine le temps de se demander pourquoi diable les mystérieux scaphandriers avaient stoppé net leur marche, et pourquoi l'un deux le montrait du doigt dans un geste nerveux. Il avait plus urgent à analyser.

Comme cette crampe au ventre, la plus violente qu'il ait jamais ressenti, qui soudain avait frappé dans son dos pour rejaillir du côté de son nombril.

Nauséeux, le corps irradié par la douleur vive et l'esprit un peu plus vague à chaque miliseconde, Nelson baissa la tête vers son torse, pour observer sans bien comprendre la lance noire et crochue, grosse comme un tisonnier, qui venait de le percer d'un bout à l'autre combinaison comprise. Les fibres de celle-ci s'étaient instantanément resserrées autour du corps étranger pour empêcher la décompression, mais elle ne pouvait pas endiguer l'hémorragie interne et externe, sans parler de la destruction de bon nombre d'organes plus ou moins vitaux.
Puis finalement, Nelson n'était plus là.

La lance ressortit par où elle était entrée, révélant une puissante serre noire à trois doigts crochus. L'immense créature volante évoquait très fortement l'image d'un préhistorique ptéranodon, qui aurait été croisé avec un démon ou un mort-vivant. Ses énormes ailes sans plumes évoquaient celles des chauves-souris, son long cou à crête décharnée se contorsionnant dans toutes les directions en même temps que son coxis. Son long bec pointu claquait avec appétit devant la charogne, bien qu'elle soit hélas de santé douteuse, et sous la crête aérodynamique qu'arborait sa tête, ses petits yeux jaune inexpressifs étaient le seul coloris qui ne soit pas marron-noir sur l'intégralité de son corps.

Obnubilé par sa phobie irraisonnée de ce qui était venu des plus lointaines profondeurs de la planète, Nelson avait fini par totalement occulter la présence de la faune Mars Deuxième à la surface, primitive et éparse mais réelle et périlleuse, et qui tuait tout aussi bien...

Il faut dire que le peu d'écosystèmes autochtones que comptait le Système Stellaire Colonial avaient été éradiqués depuis des siècles par les terraformations mises en place par les colons. Mais Mars 2 étant précisément non terraformable...

Gêné par les lambeaux de scaphandre, le pseudo ptéranodon tantait tant bien que mal de dépiauter le corps entre son long bec et ses serres tranchantes, ses grandes ailes déployées pour conserver son équilibre au sol. L'animal ne s'arrêta subitement que lorsqu'il huma, dans l'atmosphère, une autre odeur; celle des matériaux artificiels, qui, en général, révélaient de la viande quand on les déchiquetait. De la chair en meilleure santé, qui sait?

D'un froissement d'ailes, la créature décolla et fonça sur les sept cosmonautes venus du sas béant de l'ascenseur spatial, et qui maintenant avançaient maladroitement au milieu des vapeurs toxiques.

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MessageSujet: Re: Reaver Exquis # 1   Reaver Exquis # 1 EmptySam 17 Mai 2008 - 13:47

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- Oh, nom de Zeus, murmura Malcolm en entamant une marche arrière. Bon sang, qu’est-ce que c’est que ce…
- On se replie ! le coupa Zoé d’un ton chargé d’autorité malgré un fond notable d’effarement. A l’abri, tous, maintenant !
Elle joignit le geste à la parole, tirant violemment Kaylee puis Simon en arrière en agrippant le relais radio fixé sur leur épaule, afin de les arracher à leur hébètement respectif. Les deux civils semblaient n’avoir besoin que de ça, puisqu’ils se changèrent aussitôt en coureurs de compétition. Ni leur combinaison malaisée ni la topographie Mars Deuxième ne semblaient capable de les ralentir.
Malcolm suivit rapidement leur mouvement, bientôt imité par le révérend Shepeard. Zoé reculait en crabe, assez précipitamment, gardant son arme braquée sur la vague silhouette qui grandissait rapidement à travers la brume – bien trop haut pour qu’elle puisse espérer l’atteindre avec son colt ; elle s’autorisa un sprint un court instant avant que Malcolm eut rejoint le reste de l’équipe derrière un haut rocher en aiguille, qui les dissimulait mais ne les protègerai nullement.
L’ex-soldat reconverti manqua percuter Simon, qui bataillait ferme avec Shepeard pour revenir sur ses pas.
- Bon sang, Doc, qu’est-ce que tu…
- Où est River ? cria le jeune homme sur les ondes, ses yeux bruns lançant des éclairs à travers la visière de son casque.
- Merde, Simon, répondit Malcolm sèchement en contournant le croc rocheux pour surveiller la bête, elle doit être derrière…
Le capitaine du Serenity acheva sa phrase par un juron qui n’était manifestement pas au programme.
Pour autant que pouvait en juger Malcolm de l’endroit où il se trouvait, la jeune femme essayait de se gratter le nez malgré la visière de sa combinaison atmosphérique, totalement indifférente aux voix de ses coéquipiers qui beuglaient dans son casque. Son frère parvint à se débarrasser momentanément de Shepeard et put s’avancer suffisamment pour l’apercevoir.
- River ! hurla Simon à plein poumon malgré la totale inutilité de la chose – la radio de sa combinaison ne transmettant plus, à ce niveau de décibel, qu’une bouillie sonore grésillante. River, viens ici ! River !
- Jayne ! aboya Zoé simultané, tentant apparemment de concurrencer le prodige mâle de l’équipe. Jayne, ramène-toi, imbécile !
Malcolm fit un pas de plus en avant, et sacrifia encore à la vulgarité en apercevant l’élément le plus indiscipliné de l’équipe s’avancer vers la menace aérienne. River, elle, semblait s’en éloigner, quoique ce fut apparemment le pur fruit du hasard.
- Laissez tomber, fit la voix calme du mercenaire qui résonnait dans leur casque. Je me charge de ce poulet de l’espace.

Jayne saisit fermement l’imposant fusil qu’il avait choisit pour cette mission, et le hissa – non sans peine – à hauteur d’œil. Il s’agissait d’un monstre de métal d’un noir verdâtre, avec le design d’un compresseur hydraulique à plasma pour navires de classe BC-304. Le mastodonte possédait – entre autres gadgets utiles et surtout inutiles – une vision nocturne, une visée laser, un zoom optique numérique et un balayage thermique. Le « BlueRing 0.96 » tirait des balles en titane cerclées d’acier à une allure trois fois supersonique, grâce à son système de propulsion magnétique. C’était un petit bijou qu’il chérissait entre tous, mais dont les recharges énergétiques étaient extrêmement difficiles à trouver – ce qui expliquait qu’il le réserva pour les grandes occasions.
Lorsque le mercenaire avait décidé d’emmener le BlueRing sur Mars II, il avait songé qu’il n’aurait hélas probablement pas l’occasion de s’en servir. Jayne étant Jayne, il n’était donc pas mécontent de voir une créature préhistorique fondre sur lui en dardant des serres acérées.
Il épaula son arme, ferma un œil, visa soigneusement – un peu gêné en cela par son casque profilé ; activa la vision thermique, afin de faire mieux ressortir la silhouette du monstre malgré les nuages de brume toxique, puis effectua un puissant zoom en réalisant que l’air de Mars II était plus chaud que les organismes de la faune locale.
Lorsqu’il eut dans son viseur la poitrine de la créature, qui volait en se balançant de droite à gauche, il écrasa la détente avec un sourire sadique.
Le recul du tir lui engourdit l’épaule malgré les compensateurs cinétiques. Les rafales de balles avalèrent la distance qui les séparait de leur cible en une fraction de seconde, laissant dans leur sillage les longs cylindres de lumière bleue qui avaient valu son nom au BlueRing, et se fichèrent l’une après l’autre dans la peau d’albâtre du monstre.
Ce dernier se replia violemment sur lui-même, poussant un grognement de surprise ; ce mouvement lui fit perdre quelques mètres d’altitude. Et puis le ptéranodon poussa un rugissement de rage, déployant à nouveau ses ailes parcheminées, ses yeux jaunes démesurément écarquillés ; et il se rua sur le cow-boy de l’espace avec une vigueur redoublée.
Jayne épaula immédiatement son arme et fit feu à nouveau, à deux reprises – prenant cette fois pour cible les épaules du monstre – sans plus de succès hélas.
- D’accord, murmura le Mars Deuxonaute, sans se souvenir que le micro de sa combinaison s’activait automatiquement dès qu’il ouvrait la bouche. Je suis dans la merde.
- Si ce monstre résiste à la pression atmosphérique locale, alors ton calibre ne lui causera même pas des démangeaisons, crétin ! pesta Zoé, oubliant également ce détail.
La bête poussa un nouveau rugissement, avant de se laisser tomber d’une vingtaine de mètres tout en dégainant ses serres tranchantes tâchées de sang.
Le Arthilus Peoptarius était de loin l’espèce majoritaire à la surface de Mars II. Certes, nul ne s’était donné la peine d’effectuer un recensement – il était déjà surprenant que quelqu’un se soit donné la peine de lui trouver un nom – mais il aurait fallu être aveugle pour ne pas apercevoir les hordes de six ou sept monstres volants qui emplissaient parfois le ciel.
Mars II n’était pas à proprement parler un monde à la démographie élevée.
Le Peoptarius possédait un certain nombre de caractéristiques qui en faisaient un créature exceptionnelle. La plus marquante était sans doute qu’il se reproduisait exclusivement par méiose. Kaylee aurait estimé – et elle n’aurait pas été la première – que c’était là la raison de leur mauvais caractère.
S’il fallait se rappeler autre chose au sujet des Peoptarius, c’était qu’ils aimaient leur viande bien cuite – ce qui expliquait qu’ils soient friands d’humains, ces derniers se réchauffant très vite une fois leur combinaison percée –, qu’ils étaient irrésistiblement attirés par les explosions et que leur peau était à l’épreuve des balles. Mais cela, Jayne l’avait déjà apprit à ses dépends.
La mort de l’agent de sécurité Nelson Jones l’avait démontré, l’univers ne connaissait pas le sens du mot « Justice ». Les hommes rencontraient rarement la mort qu’ils méritaient ; des héros périssent de manière stupide et anonyme, des criminels sont ensevelis avec les honneurs pour avoir été tués de terrible manière, en compagnie de beaucoup d’innocents. Il ne fallait certes pas en tirer une généralité : parfois, le hasard faisait bien les choses.
Le hasard, en l’occurrence, intervint par la triple entremise d’une trajectoire aérienne mal avisée du volatile Mars Deuxien, de la géologie locale de la planète et d’une activité magmatique souterraine propice. Et avec – il fallait bien l’avouer – une solide dose de chance.
En effet, à l’instant ou le Peoptarius déployait largement ses immenses ailes d’obscurité, une des très nombreuses poches de méthane du sous-sol rencontra une infiltration de pluies acides, enrichies d’un minéral détonnant drainé dans la glaise de surface. La réaction qui s’ensuivit était des plus communes à la surface de la planète, et c’est pourquoi les créatures volantes qui y évoluaient évitaient soigneusement les effluves méthaniques qu’exhalaient les cheminées des grandes plaines. Ventre affamé n’a pas d’oreilles, dit-on cependant ; et, certes, le Poaptarius n’était pas exactement affamé, mais il était suffisamment vorace pour n’en plus écouter sa raison – laquelle, à vrai dire, n’était pas des plus volubiles.
En un instant, le mélange s’embrasa, générant une tornade de flammes rouges chargées de vapeurs corrosives ; le nuage remonta en quelques secondes à travers le tunnel creusé par ses nombreux prédécesseurs, s’égarant ici ou là dans une galerie annexe, pour enfin s’élever dans toute sa superbe au milieu du triste ciel Mars Deuxien, fendant les nuages de brume toxiques sur plus de douze mètres.
C’est ici qu’intervinrent à la fois la mauvaise inspiration du monstre aérien en matière de plan de vol et une indéniable bonne fortune. La créature eut beau augmenter encore son envergure et virer sur l’aile, le jet brûlant la frappa de plein fouet et changea instantanément son aile gauche en une armature d’os et de tendons grillés. Le prédateur s’embrasa rapidement, atteint par les projections de combustible, et piqua vers le sol en poussant un hurlement de souffrance, de rage et de panique qui devint de plus en plus élémentaire à mesure que sa gorge fondait. Son aile restante se détacha à mi chemin, tandis que la boule de feu rugissante fondait sur Jayne tout aussi efficacement que son combustible l’avait fait de son vivant. Ce dernier, pestant et jurant, commença à courir avant de se jeter finalement dans une épaisse couche de glaise brûlante.
Malcolm quitta son abri de fortune, et s’avança lentement vers la comète qui partait en lambeaux flamboyants. Celle-ci s’aplatit au sol bien loin du mercenaire embourbé, au moment ou le capitaine passait devant ce dernier sans prêter une once d’attention à ses grognements blasphématoires.
- Cesse d’insulter le Seigneur dans mon casque audio, mon frère, déclama le révérend Shepeard d’un ton professoral en tendant la main à son coéquipier.
Lorsque retentit le hurlement de détresse de River, il sursauta si fort que Jayne retrouva aussitôt le sol bourbeux.

Derrière un monticule de roches usées, le corps tordu de l’animal Mars Deuxien s’était enlisé dans une mare de glaise pétrolifère, d’un jaune écoeurant marbré de noir. La bouillie se serait immédiatement enflammée, si le taux de gaz carbonique au niveau du sol n’avait pas été proche de la saturation ; ici, ce fut le contraire qui se produisit, et les flammes qui consumaient feu le prédateur volant moururent rapidement.
Une humeur huileuse orangée se mêla peu à peu à l’épaisse glue, dessinant volutes et dégradés à sa surface. Le liquide s’échappait lentement de la chair à vif, sous laquelle le dernier rescapé d’un trio cardiaque pompait encore hiératiquement des restes de fluides vitaux. La cadavre en sursit exhala un ultime souffle chargé de sang, qui s’enfuit par beaucoup de plaies avant d’atteindre sa gorge.
Soudain, la seconde griffe de la patte gauche du Peoptarius sembla se brouiller. Sa surface frétilla, se troubla, et finit par bouillonner furieusement ; le phénomène s’étendit, jusqu’à ce qu’une bonne partie de la moitié inférieure du volatile calciné paraisse grouiller de vers minuscules. Ces perturbations semblaient prendre naissance dans les fluides corporels de Nelson Jones, dont la bestiole s’était maculée en mettant le pauvre homme à mort.
Cette hypothèse parue se confirmer, lorsque de minces tentacules jaunes émergèrent lentement de la matière mouvante. Sous la surface à nouveau humide de l’hémoglobine humaine, un fin réseau d’étranges veinules sembla se déployer.
Sur le cadavre noirci au os rongés par l’acide, les vrilles rampèrent rapidement, blanchissant un peu au contact des flammèches corrosives.

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MessageSujet: Re: Reaver Exquis # 1   Reaver Exquis # 1 EmptyMer 26 Nov 2008 - 17:12


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Avant de se replier totalement, la porte automatique rouillée grinça et s'ébranla, comme si l'excédent de particules de saleté agglomérées dans les interstices de ses mécanismes et de ses transistors avait eu pour effet de gripper son fonctionnement. Mais peu importait: elle était maintenant ouverte, comme en attestait l'extrémité d'un canon de fusil énergétique qui pointait dans la pièce désertée, maintenue à l'horizontale par le propriétaire du fusil toujours dissimulé dans la pénombre de la coursive crasseuse.

Ce dernier était peut-être ce qui restait de plus reluisant dans l'intégralité des installations Humaines à la surface de la seconde planète rouge. Entendez un uniforme d'assaut neuf de la SCA-Army, pour Alliance Coloniale Stellaire. Les tissus bleu marine ignifugés étaient propres et sans déchirure, à l'instar des polymères et des métaux gris ou noirs composant son casque, sa veste de front, son fusil et quelques autres de ces gadgets tactiques qui, selon l'Alliance, pouvaient vous sauver la vie. En revanche, le visage creux, maladif, cerné et mal rasé du soldat lui-même n'était guère aussi avenant, quand bien même outre ces quelques incommodités passagères, il ne semblait somme toute pas si désagréable à regarder.

Comme si le canon de son fusil lui servait d'oeil, le soldat Fédéré balada ce dernier devant les reliefs de la pièce silencieuse et stoppa son geste là où, à côté d'un fauteuil roulant renversé à terre, une table abandonnée supportait un vieux clavier rafistolé, ainsi qu'un polyptyque d'écrans plats suspendus, zébrés de parasites et de messages d'erreur.

Mais sous la luminosité clair-obscur vacillante des écrans en fonction, le plus glauque dans tout ceci était encore l'espèce de sève baveuse dont l'ensemble des éléments précédemment cités semblaient avoir été généreusement barbouillés. La colle poisseuse dégoulinait d'un peu partout, les quelques gouttes qui finissaient très lentement par toucher terre y chutant sans le moindre bruit, sans la plus infime éclaboussure.

Sur l'un des écrans, le diagramme 3D d'un cargo de classe Firefly, représenté en quadrillage bleu sur fond noir, continuait indéfiniment de pivoter sur lui-même. Ses traits et ses contours étaient rendus plus flous et imprécis par la substance, translucide mais pourtant si grasse, qui maculait la surface de l'ordinateur. Un autre écran, accolé à celui qui n'en finissait plus de projeter le diagramme, était lui fendu de haut en bas, et le reste de sa surface morte était maintenant aigayé d'une multitude de couleurs arc-en-ciel à la texture chimique.

C'était trop bête... pourquoi maintenant? La Haute Assemblée Gouvernementale, sur Perséphone, s'était récemment émue de voir la suprématie de son armée fédérale grignotée aux quatre coins du territoire. Dans l'espace, par les Reavers, les pirates, ou encore les milices privées des rois de la pègre; sur les anciens mondes séparatistes, par les seigneurs de la guerre, les gangs de bandits et autres gourous villageois autoproclamés. Se réapproprier massivement Mars 2, afin d'exploiter ses hydrocarbures dans une optique guerrière, faisait partie intégrante du plan de réaffirmation du pouvoir matériel supérieur de l'Alliance. à quelques mois près, les mines auraient été reconverties en un réseau de forteresses et tout ce boxon aurait pu être endigué à la source. Mais maintenant?

Un bruit organique désagréable s'extirpa de la gorge du soldat, traduisant une montée supplémentaire d'angoisse et d'agitation.
Cependant, l'entraînement à l'endurance psychique reprit vite le dessus et, d'un geste impatient, le sergent McCain utilisa deux de ses doigts pour mettre en fonction le petit micro qui était adjoint à la lanière de son casque.
-Chasseur de primes?
-Flambeur t'écoute, petit homme, répondit la voix sirupeuse et masculine, étrangement indécente, à l'autre bout de la ligne.
-Il n'y a pas de corps ici. Tu es bien sûr que quelqu'un se trouvait là?
-Sans aucun doute, gamin... Quelqu'un était branché au système depuis le terminal où je t'ai envoyé.
-Il n'y a personne. Pas de corps. Juste cette merde collante un peu partout, et quelques signes de bagarre.
-Alors ne cherche pas midi à quatorze heure. Lui aussi a été emporté et recomposé, comme tous les autres. Dommage... à ce rythme, on est pas prêt d'élargir notre petite compagnie.
-Et l'agent Jones?
-Il est hélas resté sourd à mes arguments, et s'est lancé seul à l'extérieur... Isolé et sans arme, à pieds de la station à l'ascenseur, sa chair décortiquée aura probablement tout le temps de griller tout net à la chaleur de l'air... lorsque l'un ou l'autre prédateur l'aura repéré.
-Merde, jura McCain en frappant la tôle du mur avec la crosse de son arme. Merde, merde!
-Range ta hargne, petit. Tu ne dois pas perdre le contrôle, tu entends? Sinon, tu es hors-jeu.

La respiration haletante, le sergent plaqua son dos au mur et resta ainsi de longues secondes de silence.
-Comment... et ton associée? Reprit-il finalement.
-Calamity va bien, répondit la voix insupportablement perverse. Bon, puisque ton bonhomme est passé à l'ennemi, inutile que tu reste ici plus longtemps. Rejoins-nous. Ho ho...
-... Pourquoi ce petit rire mielleux, mercenaire? Demanda McCain en inspectant le plafond, fusil braqué vers le haut.
-L'alerte de proximité... on a de la visite. Des scaphandriers sont dehors, en train de nous approcher.

Un éclair d'espérance traversa subitement les yeux du militaire.
-Du renfort... attendez-moi, je vous rejoins.
-Sans aucun doute, chanta Flambeur de sa voix exagérément suave.

D'un pas précipité et soudain plus imprudent, le sergent s'engagea dans le couloir à l'âcre odeur mêlée de moisissure, de métal et d'essence. Paradoxalement, c'est l'aspect primaire et pulsionnel de son adversaire qui lui sauva la vie. Sans cet innommable meuglement comme sirène d'alarme, McCain était fichu.

-Au s'cours, hurla ce dernier dans son micro avant de manquer de trébucher. Au s'cours, y'en a un ici!

Effectivement, l'énorme silhouette lourde et pataude n'était pas un produit de son imagination. Soulignée par sa respiration nasale surpuissante, elle prenait la moitié de la largeur du couloir et bouchait le passage jusqu'à l'autre porte.

Pendant un bref instant, le regard de McCain s'attarda assez sur la chose pour qu'il puisse voir concrètement ce qui lui faisait face. Il manqua alors de tourner de l'oeil.

La créature était quadrupède, et montée sur des sabots. Son corps massif et robuste était couvert d'un indescriptible ramage fait d'une fourrure grise, hérissée et suintante, dont de longues lianes toniques terminées par des cosses dentées s'extirpaient pour danser en l'air.
Sa tête vaguement bovine, encadrée de deux énormes cornes, arborait une orbite vide ainsi qu'un oeil vitreux à moitié désorbité, qui visiblement ne voyait plus grand chose depuis un moment. De longues dents pointues, inégales et disproportionnées, avaient poussé n'importe comment depuis sa mâchoire, l'obligeant à garder la bouche ouverte en permanence. De cette dernière pointait une longue chose à mi-chemin entre une langue et une liane. Couverte d'épines et d'une glue visqueuse dont quelques filets tombaient jusqu'au sol, la longue langue tonique était elle-même pourvue d'une petit bouche saturée de dents acerées, ainsi que de deux minuscules bras terminés en lames tranchantes.

Un peu plus haut, sur le flanc gauche du dos de la créature, une autre excroissance coexistait avec les lianes dentées qui se dressaient à côté. Il s'agissait d'une espèce de torse sans jambes, consistant en un enchevêtrement de mousse, de lianes, de bourgeons et de bulbes, le tout protégé par un impressionnant réseau d'épines imposantes. Quelques organes et morceaux de squelettes Humains visibles faisaient apparement partie de son organisme.
Au dessus du buste, un semblant de tête ne portait qu'un oeil énorme, jaune hormis son iris noir, qui occupait tout le visage. Mais le plus inquiétant était encore les deux fusils d'assaut que l'être braquait, un pour chacun de ses deux bras mêlant os, chair et matière végétale.

McCain leva son propre fusil, et fit feu. La longue rafale de petits éclairs crépitants frappa la face cornue, ne provoquant que de petites odeurs de brûlé, accompagnées de filets de fumée grasse.

Ni une ni deux, McCain reprit sa course jusqu'à la pièce aux ordinateurs, suivi par la chose au pas de charge. Le militaire frappa la commande manuelle de la paume, et en un chuintement, la porte métallique coulissa in extremis. L'Humain, juste derrière, fut projeté au sol lorsque les cornes énormes entreprirent de défoncer le maigre rempart en un fracas d'enfer. à terre, le sergent contempla avec horreur les cassures et les dépressions que les coups forcenés inscrivaient petit à petit dans la porte.

Puis soudain, les coups cessèrent, laissant le sous-officier seul avec sa respiration haletante, ses larmes et les battements affolés de son coeur.
Pas pour longtemps; un son grossier, mélange de soufflerie à plein régime et de chaudière emballée, survint tandis que l'embrasure de la porte commençait à bouillir et à se désagréger à vue d'oeil, et l'air sur le visage de McCain, à devenir aussi puant qu'urtiquant.
D'un geste des bras, il tenta de protéger son visage de l'air toxique tandis qu'un petit gémissement étouffé survenait d'entre ses lèvres sèches.
La créature vomissait de l'acide sur la porte!

Le soldat s'était prostré au sol pour sa protection lorsque la porte ratatinée et percée comme du gruyère, brutalement désolidarisée de ses gonds, fut projetée au travers de la pièce et allla écrabouiller d'un coup la table, le clavier et les multiples écrans.

Dans un dernier sursaut d'énergie désespérée, McCain sauta sur ses jambes comme un ressort et fit feu à nouveau, sans succès, sur le museau grimaçant qui se tenait désormais en travers de l'embrasure défoncée, maculant de sa sève étrange chaque centimètre de sol qu'il arpentait. L'une de ses deux cornes avaient été brisées net lorsque le propriétaire avait tenté de l'employer comme bélier.

La silhouette Humaine sans jambes à l'énorme oeil unique, qui squattait le dos du buffle végétal zombifié, tendit l'un de ses fusils dérobés en direction du ventre de l'être humain, et fit feu une fois, puis deux. Sous le choc, ce dernier s'étala sur le dos de tout son long. Paradoxalement, son gilet pare-balle lui avait sauvé la vie au sens biologique du terme, mais l'avait aussi probablement condamné à la plus infâme des servitudes, puisque maintenant, McCain était trop sonné pour empêcher sa recomposition.

La partie quadrupède du monstre étira sa longue langue elle-même puissamment dentée en direction du visage du vaincu, ses deux lames s'agitant avec impatience, quand...

La balle explosive, qui vint frapper le dos pour se loger au coeur des tissus de l'excroissance humanoïde, détona en projetant deux fusils et plusieurs kilos de sang, de sève, de chair, d'os et de matière végétale un peu partout dans le couloir et dans l'ancien terminal de contrôle. Y compris sur le visage et l'uniforme du pauvre fantassin.


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MessageSujet: Re: Reaver Exquis # 1   Reaver Exquis # 1 EmptyMer 26 Nov 2008 - 17:12

Post numéro DEUX

Le buffle mutant, qui désormais ne portait plus que la base organique morte de son partenaire symbiotique, fit volte-face dans le petit couloir avec une aisance hallucinante pour sa taille et sa silhouette.

Devant la seconde porte, à l'autre bout du couloir, la mercenaire toisait silencieusement la bête. C'était une femme blanche, au crâne que l'on devinait rasé malgré son large chapeau. De son costume de cow-boy intégralement noir ne se détachaient que ses bottes, ses gants et sa ceinture d'un cuir marron ocre, ainsi que le foulard rouge autour de son cou. On ne pouvait en être sûr, mais les extrémités de tatouages tribaux et asiatiques qui dépassaient de ses manches et de son col laissaient supposer qu'une ample partie de son corps était tatoué à l'encre noire.

Surprise par le calme inhabituel de ce nouveau protagoniste, la bête resta interdite un instant, avant de pousser un hurlement sans pareil et de foncer au galop, donnant un nouveau sens à l'expression "un éléphant dans un couloir". Qu'à cela ne tienne, Calamity leva les deux colts qu'elle avait en main, visa rapidement, et deux balles explosives magnifiquement cordonnées vinrent faire exploser sa langue tueuse, ainsi qu'une bonne partie de sa gueule aux dents improbables.

Le monstre stoppa net, et manqua même de trébucher. Difficile pour la demi-gueule restante de faire passer le concept de rage, pourtant, celui-ci transparut sans grande difficulté. Avant que l'animal ne se redresse, les deux colts bien en main refirent feu une paire de fois chacun, et les cosses dentées de quatre lianes dorsales redressées, pourtant agitées anarchiquement, explosèrent aussi sec en éclaboussant les murs et la bête de jus végétal purulent.

Il y eut comme un appel d'air, et une soudaine odeur âcre. De la bouche privée de mâchoire inférieure surgit un jet d'acide corrosif sous pression, qui fila en l'air sur une distance remarquable, et que la chasseuse de prime évita de justesse, en se jetant à terre dans le compartiment attenant à son côté de couloir.

La bête perçut son acide qui rongeait le mur qui lui faisait face, mais pas la mort de la petite créature. à ce moment, elle renifla une étrange odeur métallique, puis entendit des pas lents et lourds contre le plancher d'acier.

Etait-ce un homme? Le nouveau venu, qui se tenait maintenant face à elle dans l'encradrement de la porte coulissante, portait une énorme armure mécanique, couverte de suie. Un tronc, quatre membres, mais camouflés par le plus large scaphandre de la base. étrangement archaïques, d'imposants rouages semi-externes, ainsi que de gros boulons et écrous, marquaient les articulations de ses membres épais comme de grosses bûches.
Une citerne noircie était arnachée à son scaphandre, côté dos, et il tenait entre ses grosses mains gantées un lourd canon relié à la citerne par un câble.
à demi caché par son col métallique, le visage de l'Humain pouvait paraître relativement inquiétant: sa peau était couverte de poussière de cendres, et une épaisse moustache rousse soulignait deux grosses joues pleines. Ses yeux était cachés derrière des lunettes d'aviateur du début du vingtième siècle, et il portait un béret bon pour la lessive en équilibre précaire sur son crâne.
-ça gaze? Demanda laconiquement l'étrange personnage. En même temps, un horrible casque étanche, avec une sorte d'énorme boulon à l'emplacement de la bouche, et deux excroissances circulaires avec en leur centre un semblant de bouchon de verre fumé à l'emplacement des yeux, s'abaissa sur son visage pour se verouiller à son col.

La créature inspira, et un jet d'acide fut craché en direction de l'homme mécanique. Avant de l'atteindre, il rencontra une gerbe de feu venue en sens inverse, et l'acide s'embrasa dans l'air. Les flammes aériennes suivirent à l'envers la trajectoire du liquide corrosif et en une seconde, les propres particules d'acide du monstre prirent feu à l'intérieur de sa gueule, générant autant de fumée noire qu'une cheminée d'usine.
Les quelques flammes s'éteignirent, et la bestiole rugit, alors que Flambeur se mettait à courir plus vite qu'on ne l'en aurait cru capable, à travers le couloir.

Le monstre, de plus en plus désarçonné, voire même peut-être un peu inquiet, resta dans l'expectative un instant de trop et le mercenaire, qui avait fermement empoigné sa corne valide, pu enfoncer le bec de son lance-flammes dans sa gorge, facilement accessible depuis qu'il lui manquait un bout de mâchoire.
-Voulez-vous du feu?

L'avant de la bête se couvrit de flammes aussitôt éteintes mais vite remplacées, et tout son organisme généra des mètres cubes de fumée grasse, caractéristique de la présence d'un surplus de bois vert dans un feu de camp.
Les tiges que l'être portaient sur une partie de son dos s'enroulèrent autour de l'exterminateur pour tenter de l'étouffer, en vain, était-il besoin de le dire. Puis il essaya tout simplement d'écraser l'avorton sous sa masse, le problème étant qu'avec son scaphandre et sa cuve, ce dernier était plus lourd que lui.
-Faut qu'ça chauffe!
Le drône organique ressentit de la panique pour la première fois, lorsque enfin tout son corps prit feu subitement, tellement subitement qu'il en explosa presque. La fumée envahissante laissa place à de hautes flammes incandescantes, et Flameur continuait de s'appuyer de tout son poids sur ce qui lui restait de tête, apparemment pas le moins du monde embarrassé à l'idée de tenir un foyer de la taille d'une vache sous son bras.

Finalement, entre fumée, flammes, cendres et odeur de cuisson, l'organisme s'effondra sur lui-même, anihilé.

-ça devait initialement être l'un des boeufs de leur élevage, commenta-t-il. Pour son cavalier intégré, plus difficile à dire.
-C'était risqué, reprocha entre deux quintes de toux la voix féminine glaciale qui venait de derrière lui. Ces bestioles sont gorgées d'H2O, tu aurais pu nous asphyxier, moi et le troufion, le temps qu'il soit assez asséché pour prendre feu.

Le golem moderne se retourna lentement. Après que le casque se soit levé, son visage rondelet aux yeux voilés par ses grosses lunettes se fendit d'un sourire sadique en direction de la cow-boy, qui utilisait son chapeau pour protéger son visage de la chaleur et de la fumée.

-En lui fichant Bertha dans le gosier, je savais que l'espèce de mazout qui le tapisse à l'intérieur et qu'il utilise pour produire son acide allait bien finir par s'embraser subitement.
-Humf! Commenta la jeune femme.

Le regard de cette dernière se porta au delà de la carcasse qui finissait de se carboniser. Encore chancelant, McCain observait le plafond, et devait probablement se demander depuis quand les systèmes anti-incendie avaient rendu l'âme.

Il baissa la tête, et regarda le tandem de tueurs professionnels.
-Je vous dois la vie, haleta-t-il en toussotant, les globes oculaires irrités.
-En temps normal, tu payerais de ta poche, répondit Flambeur avec un clin d'oeil invisible sous ses grosses lunettes. Mais ici, on a besoin de tout le monde. Maintenant, allons rencontrer nos invités et quittons cette planète toxique.
-On ne peut pas, répondit faiblement le sergent fatigué. On n'a pas le droit...
-Quoi, encore? Grinça Calamity.
-Je vous l'ai déjà dit, rétorqua McCain d'une voix plus forte, sa main levée pour protéger ses yeux de la charogne ardente. Je sais bien que le kaléidoscope multiphasique était sensé isoler les différents plans spatio-temporels, pour nous permettre de les étudier sans risque d'interactions. Mais les spectres qui sont sortis de la machine en ont pris le contrôle. On a beau avoir tout saboté, les accus vont bientôt retrouver leur niveau minimal de fonctionnement et le nexus de failles va s'ouvrir à nouveau!
-Et alors? épilogua Flambeur de sa voix lasse et traînante.
-Quoi, et alors? Ricana nerveusement le sergent, estomaqué. Les fantômes utilisent le champ de force pour superposer la réalité physique de différentes phases et tout mixer à la sortie. Ils en ont fait une espèce de propulseur à improbabilités, une véritable usine à aberrations aléatoires, qui ne devraient exister nul part. La faille est à peine restée ouverte, le temps qu'on coupe tout, et pourtant, vous avez vu comme moi ce que sont devenues les levures de champignons microscopiques à l'étage du kaléidoscope! Ce n'est que l'une des infinies manifestations possibles. N'importe quel élément ou boue initiale peut se coaguler en n'importe quoi. Un bombardement orbital des cuirassés de l'Alliance ne fera qu'enterrer le nexus. Alors allons-y, partons, ce n'est pas notre problème! Le champ grandira jusqu'à englober tout Mars 2 et la subdiviser en je ne sais combien de dimensions différentes, comme un miroir brisé! Elle se peuplera de hordes de monstruosités insensibles à nos lois physiques, aux ordres des spectres, et ils n'auront plus qu'à partir tranquillement conquérir tout le système stellaire, ou pire! Vous ne comprenez pas que les Reavers ne sont que des nabots à côté des démons apocalyptiques qui vont nous tomber dessus? Nous avons ouvert le portail de l'Enfer et il ne se referme pas! Acheva de hurler le soldat, maintenant hors de lui.

Il donna un coup de poing dans le mur, et se laissa glisser jusqu'à se retrouver assis par terre, contre la paroi. Les deux compères demeurèrent silencieux.
-écoutez... reprit-il, plus calme, mais exténué. Pendant qu'on essayait de couper le kaléidoscope pour étrangler le nexus de failles, j'ai vu le monde des fantômes. Là d'où ils viennent. On ne doit pas les laisser, eux ou leurs choses, s'étendre au delà. Si nous n'intervenons pas maintenant, alors à la fin, pour peu que vous surviviez, vous n'aurez plus personne à chasser et plus personne pour vous payer.

Flambeur soupira et se massa délicatement la nuque, paupières closes.
-Calamity... tu peux me rappeler ce qu'on est venu faire ici, déjà?

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MessageSujet: Re: Reaver Exquis # 1   Reaver Exquis # 1 EmptyDim 30 Nov 2008 - 4:13

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En surface, bien loin de toutes ces considérations, l’équipage du Serenity se rassemblait devant la porte principale de la station de forage, ressassant sur les ondes l’affrontement qui venait de se produire. Une fois n’est pas coutume, Jaynee traînait en queue de cortège, tâchant sans grand succès de débarrasser la visière de son casque de la boue rouge et visqueuse qui la recouvrait et enrichissant la culture de ses coéquipiers en matière de jurons divers.
- Et maintenant ? interrogea Book.
Le capitaine fit quelques pas vers la très grande porte maculée, trébuchant dans les larges ornières laissées par les véhicules d’exploitation. Puis il s’arrêta à une dizaine de mètre, les jambes écartées, les poings sur les hanches, les yeux levés vers le haut de l’entrée.
- Bon, lâchât-il au bout d’un bon moment. On va la jouer prudente. Tout le monde est armé ?
- Un peu, ouais !
- Affirmatif.
- Mhm-mhm.
- Heu, oui, je…
- Ça sent mauvais ici.
- Pas moi.
Sans un mot, Malcolm fourra son Nunfire Colt entre les mains de la mécanicienne, et celle-ci croisa maladroitement les bras dessus.
- Mais je ne sais pas tirer, protesta mollement Kaylee de sa voix ensommeillée, regardant le pistolet reposant dans ses gants renforcés comme s’il s’agissait d’un poulet en caoutchouc.
- J’aime autant que tout ceux qui sont capables d’appuyer sur une détente aient une arme. Juste au cas où. Simon, occupe-toi de la porte.
Le docteur, interprétant correctement ce choix de mots, adressa à Malcolm un regard mi-outré mi-résigné et se dirigea sans relever vers son poste.
- Allez, tout le monde se met en position. Jaynee, tu…
- Ça va, je sais ce que j’ai à faire.
Le capitaine ne releva pas. Les cinq hommes dont deux femmes se mirent en place, River trottinant en arrière-plan.
- Okay, Simon... fit lentement Malcom d'un ton bas, pénétré. Tu ouvres à mon signal, et ensuite tu dégages vite fait... Un... Deux... Tr...
Sans le moindre signe avant coureur, une large parcelle de sol rougeâtre et boueux sembla soudain être happée en sous-sol dans un grand craquement grinçant, entraînant dans son affaissement les six membres d'équipage en scaphandre. Une petite tempête de particules vaseuses tournoya un instant dans les airs, laissant vaguement entrevoir, au hasard des tourbillons, un gouffre sombre de forme plus ou moins rectangulaire.
Un instant paralysé par la surprise, le docteur retrouva soudain l’usage de son cerveau et de ses jambes, et n’employa le premier qu’avec un peu de retard. Le jeune-homme était déjà à genoux au bord de la cavité lorsque le sol sous son corps oscilla légèrement, lui rappelant un peu tard que la zone était loin d’être stable. Sans s’y attarder, Simon se pencha en avant, très entravé en cela par sa combinaison atmosphérique. Le spectacle qui s’offrit à lui fut celui d’une obscurité presque totale, sous le nuage de poussière qui continuait de tournoyer.
- Eho ! appela malgré tout le docteur, tendu et attentif. Heu, est-ce que… Tout le monde va bien ? Capitaine Reynolds ? River ? Kaylee ?
- Je suis entière, balbutia Kaylee. Wouh !
- Je vais bien, grinça Zoé. On dirait que je suis sur… une espèce de gros coussin lisse.
- Le mien est en train de s’abîmer, constata Book.
- Sûrement l’air de l’extérieur, signala Mal qui semblait dans une position peu confortable.
- Tout le monde va bien, énonça Simon, soulagé.
- Ben voyons ! grommela faiblement la voix amère et toujours hargneuse de Jaynee. Et moi, je peux crever, c'est ça ?
Ces mots provenaient de relativement prêt, quelques mètres tout au plus. Simon s’en sentit soulagé.
- Et bien, je dois avouer qu’en ce qui te concerne… commençât-il sarcastiquement, laissant sa phrase en suspend. River, est-ce que ça va ?
- Je vais bien, répondit la voix rêveuse de la jeune femme, et sa voix déformée par la radio se teintait d’un accent irréel. Tout le monde va bien. Mais ça ne va pas durer.
Un silence circonspect accueillit ces paroles. Simon scrutait toujours les ténèbres, tâchant d'apercevoir l'un ou l'autre de ses coéquipiers.
- Il va bientôt y avoir de la violence, poursuivit River sur le ton de la confidence. Et... de la peur. Et... de la colère. Et beaucoup, beaucoup d'avidité. La mort. Beaucoup de morts. Et... du jus de pomme, frais.
Dans un coin, quelqu'un gigota aussitôt.
- Du jus de pomme, du vrai ? Tu es sûr ?
- Kaylee !
- Quoi ? protesta la mécanicienne de sa voix perpétuellement éthérée. C'est une marchandise de premier choix, capitaine.
- Le petit génie, descend faire taire ta cinglé de soeur avant qu'elle ne nous porte la poisse, grogna Jaynee.
Un observateur non avertit aurait pu s'étonner du peu de réactions suscité par le présage menaçant de la jeune femme. En vérité, River était plus que coutumière de ce genre de sortie, et l'équipage du Serenity s'était peu à peu habitué à ne pas y prêter attention.
- Ne la traite pas de cinglée, protesta Simon de son habituel ton offusqué. Et je voudrais bien savoir comment je suis sensé descendre là-dedans sans…
- Oups, fit soudain River.
Un craquement terrible déchira l’atmosphère brûlante, et la corniche sur laquelle était perché le jeune homme bascula soudain, entraînant avec elle une pluie de terre écarlate.
- Simon ? fit Malcolm, alerte.
Il y eut un déclic, puis un pinceau de lumière troua l’obscurité, depuis l’épaule droite d’un des scaphandriers. Rapidement, d’autres vinrent le rejoindre, jusqu’à ce que cinq langues blanches se croisent dans les airs en tremblotant, illuminant des coulées de glaise corrosive. Cinq scènes distinctes surgirent alors des ténèbres, et sept cœurs se figèrent un instant.
Ici ce fut Simon qui apparut sous les yeux de Zoé, suspendu dans les airs la tête en bas dans sa combinaison cuivrée aux articulations mécaniques, maintenu au-dessus du sol par une longue liane grise semée de fleurs mauves graciles. Les pétales se flétrissaient à vue d’œil tandis que le tentacule déposait le jeune homme à terre.
Ici ce fut un enchevêtrement de tiges et de mousses qui fut révélé par Jaynee, rampant et grouillant, avançant implacablement sur l’ouverture au plafond et masquant rapidement le ciel. Les tentacules végétales avançaient en tournoyant, comme des fouets, dans un son d’ondoiement ; elles se desséchaient au contact de l’air Mars Deuxien, exhalant d’étonnantes quantité d’une sève jaune pâle qui durcissait comme un ciment, clôturant la brèche par où fuyait l’oxygène. Lorsque le mercenaire tira en l’air, des fragments d’ambre durs comme la pierre ricochèrent sur les murs.
Ici ce fut un tapis d’immenses champignons bas et gris qui se matérialisa devant les yeux de Malcolm, peuplant la salle menaçante d’ombres immenses. C’étaient à eux que les contrebandiers devaient leur atterrissage en douceur, et le réseau de fines racines noires qui couvrait le sol et reliait les Eumycètes entre eux se consumait en dégageant une acre fumée noire.
Ici ce fut un grand tunnel irrégulier qui se dévoila crûment à Book, ses parois de terre froides, humides et irrégulières façonnées par un réseau de racines, sa structure étayée par des arbres noirs qui poussaient en alternance à droite et à gauche et dont les branches robustes se nouaient au fait du souterrain ; des rideaux de fibres blanchâtres pendaient du plafond comme autant d’immenses toiles d’araignées, au milieu d’écoulements pétrolifères rapidement colmatée par un tubercule et aussitôt remplacés.
Et ici enfin, à moins d’un mètre de Kaylee, ce fut une silhouette humaine malingre qui s’embrasa sous l’assaut des photons.
La mécanicienne se figea comme une statue, les yeux écarquillés en cette expression de terreur ébahie qui lui était si caractéristique. Son cœur tressauta comme un réacteur d’hypervitesse entrant en phase d’accélération, et pendant un instant elle craignit de n’avoir mouillé sa culotte. Car l’être qui lui faisait face était un homme sans en être tout à fait un, et cette association contre-nature était de celles qui emplissent les cauchemars de toute une vie.
La part qui était encore humaine semblait âgée d’une cinquantaine d’année environ. Elle était mâle – car on ne pouvait décemment la désigner comme un homme – et son corps nu était celui d’un individu en bonne forme. Le visage était étroit, le front haut, les joues tombantes tiraient les coins de la bouche vers le bas. Le crâne était lisse, les sourcils inexistants, et, de manière générale, l’individu ne présentait aucune pilosité. La peau paraissait blanche comme le marbre, mais peut-être n’était-ce qu’en raison du puissant éclairage.
Ici cessaient les éléments identifiables. Le reste n’avait plus aucun lien avec la terre ou les hommes. Peut-être plus rien à voir avec notre univers.
Kaylee l’avait pensé nu. Il était en fait vêtu, d’une certaine manière. Ses jambes étaient prises comme dans une gangue végétale, une cosse presque reptilienne où le sang semblait parfois remplacer la chlorophylle. Des lianes lisses et translucides courraient sur les cuisses malingres en parties visibles, plongeant dans son ventre et s’enchevêtrant au niveau de son entrejambe. L’abdomen était gonflé, distendu comme pour une femme enceinte ; mais la chose jaune et noire qui battait et remuait derrière son épiderme sans pigments n’avait rien d’un enfant. Les vrilles rampaient comme un lierre le long de son dos, s’enroulaient autour de sa colonne vertébrale, se plantait dans le haut de son dos comme des fiches qu’on insère dans un ordinateur et grimpaient à l’assaut de son crâne en une ligne verticale de câbles végétaux qui ondulaient au rythme de ses mouvements. Une mousse bleuâtre mangeait la moitié de son visage, se glissant dans sa bouche entrouverte ; dans l’une de ses orbites, un globe rouge marqué d’une pupille en croix avait remplacé l’œil, et était relié au reste du parasite par de fines racines entrelacées qui couraient sur sa joue comme une larme.
Soudain, un second faisceau passa sur l’étranger, pour vite revenir sur lui ; aussitôt, le chuintement d’une arme énergétique en chargement retentit. Kaylee, comme éveillée à ce signal, rampa frénétiquement en arrière, des sanglots dans la voix ; de nouveaux pinceaux de lumière se fixèrent eux aussi sur l’intrus, qui s’illumina comme un messie d’épouvante. Des expressions d’horreur variées coururent sur les ondes.
L’étranger détourna la tête, apparemment gêné par l’intensité lumineuse.
Un instant plus tard, de minuscules boutons grossirent sur les murs de métal couverts de tentacules variés, des boutons qui enflèrent en bourgeons puis s’épanouir soudain. Des pétales émergèrent, qui se déployèrent à n’en plus finir, formant de grandes étoiles rouges et blanches. Puis leur pistil émergea, une sorte de bâtonnet lumineux qui dispensa alentours une douce lueur verte. Ces lueurs fleurirent un peu partout, en en quelques instants, la cave menaçante et hostile s’était changée en une bulle souterraine de beauté et de douceur au parfum suave et rafraîchissant.
Pendant de très, très longues secondes, nul ne dit un mot ni ne put tenir en place. La situation était plus tendue qu’il n’était besoin de le dire. Les doigts étaient si nerveux sur les détentes qu’il eut suffit d’une brise indélicate pour que le corps de l’inconnu vole à travers la pièce vers les quatre points cardinaux.
Et puis enfin, Malcolm réagit. Très posément, il coupa la lampe de sa combinaison. Puis il se redressa lentement, ses os craquant dans le secret de sa combinaison, sans que le canon de son arme ne dévie.
- Personne ne tire, lâchât-il d’une voix tendue.
Immédiatement, une déflagration ébranla les murs, et l’individu vint s’écraser contre la paroi derrière lui tandis qu’un mélange de sang et de sève giclait en tout sens. Il glissa au sol, inerte et flasque.
- JAYNEE !
- Pardon, capitaine, désolé ! Je croyais que tu allais demander…
- Baisse-moi-ce-flingue !
- Tu l’as tué ! fit Simon d’un air effaré.
- Non, mais vous avez vu sa tête ?
- Tu as vu la tienne ?
- Fais gaffe, il me reste des munitions !
Kaylee observait la dispute de loin, encore perdue. Le traumatisme infligé par la vision de la chose avait laissé son esprit sans dessus-dessous. Et rien ne s’arrangea lorsqu’elle se retourna et se trouva pour la seconde fois nez à nez avec l’homme qui n’est était plus un. Son épaule en charpie avait déjà cessée de saigner ; la chair, en fait, se résorbait pratiquement à vue d'oeil.
Le hurlement de la jeune femme fit cesser les bavardages. Les armes se dressèrent à nouveau, et sans doute y aurait-il vraiment eut un mort si un second cri n’avait pas perturbé l’équipe sur les nerfs.
- Arrêtez !
River s’avançait au milieu de la pièce d’un pas aérien mais impérieux. Elle ne portait plus ni casque ni combinaison, et ses longs cheveux noirs volaient à sa suite, libres de toute entrave. Une fleur blanche en étoile au cœur lumineux les décorait.
- River, non ! réagit Simon. La température est…
- …viable, acheva Zoé qui consultait son ordinateur de poignet.
- Le recyclage de l’atmosphère est actif ? fit Malcolm, stupéfait.
- Et la pression atmosphérique nominale.
- Les Spectres se sont occupés de cela. Ceux qui croissent dans l’eau et la lumière sont de notre côté. Ils peuvent rendre bien des services. Ceux qui marchent en maîtres ont été pervertis.
Un grand silence salua cette sortie. C’était la chose qui avait parlée. Sa voix était humaine, douce et basse, sans nuance menaçante.
- Qu’est-ce que vous dites ? demanda au bout d’un moment Malcolm.
Son instinct lui hurlait d’abattre la chose, ici et maintenant, de l’abattre comme il avait abattue tant de personnes par le passé. Un instinct dicté par la peur. Mais pas ainsi… Non… Pas un individu désarmé.
- Pardon, répondit l’autre d’une voix éteinte. Je m’égare un peu parfois, et je me mets à parler comme eux. Ce n’est pas ce qu’on attend d’un interprète. Je m’appelle Sam Young, et je suis le préposé aux communications et à l’enregistrement de cette station.
L’homme inclina la tête. Les vrilles qui pénétraient dans son crâne se balancèrent un peu. Kaylee eut un haut-le-cœur et un violent vertige. Simon était presque dans le même état.
- Que voulez-vous ? interrogeait maintenant Malcolm, de plus en plus tendu.
Son doigt dansait sur la gâchette de son arme.
- Je veux ce qu’ils veulent, répondit ce qui était Sam Young d’un ton absent. Votre aide, pour ce monde et les autres. Je vous ai vu arriver, reprit-il comme si cela n’avait aucun rapport. J’ai détecté votre appareil alors que je tâchais de déconnecter le signal. J’ai pensé que vous alliez permettre aux Spectres de fuir, leur permettre de se répandre. Mais ensuite… J’ai fais une… une rencontre. J’ai compris que les spectres n’étaient pas tous mauvais. On peut faire confiance aux plantes. J’ai compris où se situait la véritable menace. Peut-être serez-vous notre salut.
Toutes la végétation soudain frémit, bruit. C'était comme un murmure. La créature blanchâtre tourna vivement la tête en direction d'un champignon, et puis son regard dériva sur tout ce qui poussait alentours.
- Vous devez venir, affirmât-il.
Sans signe avant coureur, l’homme se mit en mouvement, s’engageant à toute allure dans le haut tunnel qui s’enfonçait vers les profondeurs. Des fleurs émergeaient et l’illuminaient rapidement, et Malcolm, éberlué, vit River emboîter le pas à l’hybride, comme hypnotisée.
- River ! River, reviens ici immédiatement !
- Ils ont besoin de moi, fit-elle comme si c’était un secret. Je n’aime pas où il descend, mais il faut. Il se passera des choses très graves si nous restons en dehors, ajoutât-elle encore.
- Simon, ta sœur est la pire plaie qu’un vaisseau spatial puisse trimballer à son bord ! pesta Malcolm en marchant après elle d’un pas énergique, presque brutal. Prenez sa combinaison !
Et les autres se précipitèrent à sa suite, pour l’escorter ou la ramener, ils ne savaient pas bien encore.
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