Superman Returns

J’avais vu Superman Returns lors de sa sortie au cinéma en 2006, et alors âgé de tout juste 16 ans, je l’avais trouvé long et ennuyeux. Près de six années plus tard, après avoir revu le Superman original de 1978 ainsi que la version de Superman II remontée et modifiée par Richard Donner injustement évincé à l’époque par les studios Warner Bros. Pictures au profit de Richard Lester, mon impression est tout autre. En effet, à présent, j’en viens à regretter l'avènement du reboot de Zack Snyder qui a scellé le sort d'une suite prévue mais annulée au vu des recettes obtenues au box-office par Superman Returns, jugées insuffisantes pour une production d'une si grande ampleur.

Quoiqu'il en soit, Superman Returns réussit le tour de force de fonctionner individuellement mais il ne prend véritablement tout son sens que lorsque l’on a vu au préalable les films Superman et Superman II: The Richard Donner Cut. En effet, avec Superman Rerturns, Bryan Singer créé une suite thématique bien qu’anachronique aux événements des deux films de Richard Donner. Du reste, de nombreux clins d'œil visuels ainsi qu’au niveau des dialogues sont faits, le plus marquant étant peut-être l’utilisation d’images d’archive de Marlon Brando permettant sa présence dans la Forteresse de Solitude dans le rôle de Jor-El.

Visuellement, Superman Returns est épatant. Les effets spéciaux sont eux aussi magistraux. Stylistiquement, le film de par son ambiance et son atmosphère, se rapproche du premier Superman. Cependant, une certaine poésie mélancolique se dégage tout au long de l’histoire. La réalisation sublime de Bryan Singer, très inspiré pour l’occasion avec plusieurs plans et séquences formidables, renforce ce sentiment. Thématiquement, le personnage de Superman est plus seul et isolé que jamais, le scénario et la réalisation lui conférant même une aura christique, ce qui rejoint et approfondi la problématique du deuxième film où Superman se voyait contraint de renoncer à Lois Lane afin de pleinement remplir sa mission. La relation père-fils au cœur de la saga prend de plus un tournant inattendu.

L’histoire quant à elle est magnifique dans sa très longue phase d’exposition, de même que lors des quelques scènes d’action durant lesquelles Superman effectue son travail quotidien. Cependant, la dernière heure qui voit notamment la confrontation entre Lex Luthor et Superman, sans être catastrophique, est trop lente et peu inspirée ; la magie du début n’opère soudainement plus. L’épilogue est sympathique et donne véritablement un sentiment d’achèvement pour cette trilogie entamée en 1978.

Les personnages sont en règle générale convaincants. Brandon Routh inconnu avant le début du tournage, excelle dans le rôle de Superman. Cependant, il peine à convaincre lorsqu’il endosse l’identité de Clark Kent, là où Christopher Reeve incarnait à la perfection ce journaliste maladroit, le rendant attachant. Kevin Spacey de son côté, est tout aussi génialissime que Gene Hackman à l’époque dans le rôle du machiavélique et désaxé Lex Luthor. Petite déception cependant en ce qui concerne Kate Bosworth qui n’est pas aussi incisive et percutante que ce que l’on est en droit d’attendre de la célèbre Lois Lane, reporter vedette du Daily Planet.

Pour conclure, Superman Returns est un projet hybride qui d’un certain point de vue est une réussite. Film hommage aux deux Superman de Richard Donner dont il reprend les codes et poursuit les événements malgré un anachronisme certain et assumé, il peut toutefois être vu indépendamment. Néanmoins, dans ce cas, plusieurs des aspects qui font sa force tels que les multiples références aux précédents films ainsi que son ambiance mélancolique et contemplative, peuvent dérouter. Cependant, la trilogie Superman initiée par Donner et conclue par Singer est une œuvre majeure de la science-fiction. Film incompris à sa sortie, il est possible que d’ici quelques années, Superman Returns soit reconsidéré par la critique et le publique.

Je soutiens totalement Joe dans sa réhabilitation de Superman Returns, dont l'aura mélancolique et solitaire tranche avec la superficialité de beaucoup de films de super-héros. Je n'aurai pas grand chose à ajouter à cette longue critique, à laquelle j'adhère. Je préciserai juste que si le final m'a aussi semblé un peu long, il renferme quelques très beaux moments, notamment quand Superman se retrouve sur l'île (ce qui ont vu le film sauront de quoi je parle).

En soi, je ne suis pas fan de l'idée d'ajouter le fils (la Superfamille, ça n'a jamais été trop mon truc, tout comme dans l'univers Batman, d'ailleurs), mais il permet d'utiliser des thématiques intéressantes que Bryan Singer a su intelligemment exploiter.

Ce n'est pas peut-être pas le film du siècle, mais il se dégage quelque chose de vraiment particulier de Superman Returns, et je crains que Zack Snyder ne nous sorte un reboot beaucoup conventionnel, avec plus de combats, plus d'explosions, mais moins de mélancolie.

Dans mon cas, le projet de reboot de Snyder aura au moins eu le mérite de me faire revoir les deux premiers Superman que je n'avais plus regardé depuis l'enfance, de découvrir la version de Superman II de Richard Donner, et de voir avec un oeil nouveau Superman Returns alors même que je faisais partie il y a encore peu de la cohorte des spectateurs insatisfaits.

Pour ceux que cela intéresse, il existe un formidable coffret Blu-Ray (Superman l'Anthologie 1978-2006) qui contient tous les films dans toutes leurs versions existantes. Superman II est notamment présent dans sa version d'origine et dans sa version remontée et révisée par Richard Donner. La présence de Superman III et IV aurait pu être facultative tant ils sont épouvantables, mais d'un point de vue nanardesque, ils tirent leur épingle du jeu.^^ Enfin, élément non négligeable, une pléthore de bonus sont disponibles.