[Film VIII] Harry Potter and the Deathly Hallows Part 2

Bon, je rentre du ciné (enfin, pas tout à fait, mais bref)


Et mon avis est assez mitigé.


Alors, oui, on en prend plein les yeux, oui, y'a des effets spéciaux qui déchirent du steak de ponay (Et en cherchant bien, on peut trouver le bouclier d'Atlantis)


Mais, bon, c'est Harry Potter, quoi. Le film suit assez bien le livre, mais il n'empêche... deux heures, c'est long.

Suit bien le livre, suit bien le livre, c'est vite dit... Disons que le film réussit à donner l'impression de suivre le livre, tout en gâchant systématiquement toutes les bonnes idées du bouquin. Alors oui, les effets spéciaux sont magnifiques, tout ça, mais après... C'est creux, aucune émotion ne se dégage du film et il ajoute une flopée d'incohérences. Alors par exemple, le duel de kamehameha sortilèges final est joli, mais il ne faut pas oublier que les couleurs ne sont pas là pour faire jolies : elles correspondent à des sorts bien particuliers. En l'occurence, Avada Kedavra pour Voldemort (logique) et Expelliarmus pour Harry. Logique encore, vous me direz : c'est le héros, il ne va pas utiliser des sorts interdits de magie noire. D'accord. Ce qui signifie que Voldemort a été vaincu par un Expelliarmus. Tué par un sortilège non-létal qui désarme la victime. Logique. Très logique. Et on pourrait en trouver des dizaines comme ça, dans tout le film.

Autant la première partie avait été une belle surprise pour moi, parce que je l'avais trouvée assez agréable à regarder malgré mes a priori, autant la seconde conclut en beauté cet immense gâchis que constitue la franchie Harry Potter au cinéma.

Notons néanmoins les performances toujours aussi impeccables des acteurs adultes, dommage qu'on ne les voit pas plus que ça. Daniel se débrouille mieux que d'habitude dans son rôle, aussi.

Bah, le livre, ça fait au moins trois ans que je l'ai lu, alors, forcément, de ce que je m'en souvient, ça suit bien le bouquin ^^.


Je dois dire que ce combat final... Well, on voit bien que Voldemort est désarmé par l'Expelliarmus. A ce moment, je me suis dit : "Bon, et maintenant, comment il le bute ?".


Et ben comme, ça, par la magie du lactose.


Cheater !

Bah déjà, toute la partie "Harry revient à la vie puis joue à cache-cache avec Voldemort avant d'entamer un épique je-te-tiens-tu-me-tiens-par-la-barbichette" était complètement absent du bouquin. Normalement, le héros revient à la vie de façon spectaculaire, lance ses quatre vérités à Voldemort, qui fou de rage et de désespoir lance un sortilège mortel qui rebondit contre Harry et le tue par ricochet.

Bon, c'est pas spécialement original, mais ça a le mérite d'être bien épique comme Hollywood l'aime. Et bah non, là, Harry ressuscite en fanfare... Pour se cacher derrière un muret O_o ? WTF ?

La plupart des discours bien culcul genre "Harry vit encore... dans nos coeurs !" étaient aussi absents des bouquins, me semble-t-il.

Aaaaaah, oui, maintenant que tu le dit...


C'est vrai, dans le livre, on a droit à une annonce générale de Voldemort pour annoncer à tous qu'Harry est mort, en s’enfuyant.

Je viens de vérifier, et le discours de Neville est bien dans le bouquin.

Autant pour moi sur ce dernier point, mais je pense tout de même qu'un certain nombre de discours clichés ont été rajoutés dans le film.

Et puis enfin, avec tous les excellents acteurs qu'ils avaient, pourquoi avoir centré tout le film entièrement et uniquement sur Harry, au point de tuer tous les personnages importants hors caméra ?

Le sortilège ne rebondit pas sur Harry, il balance bien un Expelliarmus face à l'Avada Kedavra de Voldemort, le seul truc, c'est que tronche-de-sac-à-main vise comme un pied, Harry vise mieux, les deux sorts se cognent l'un contre l'autre, et rebondissent l'un contre l'autre, Harry se ramasse son Expelliarmus dans les gencives, mais Voldemort lui, ben il se mange un Avada Kedavra, et comme tous les Horcruxes ont été détruit, comme ce brave débile mégalomane n'a plus la moindre copie de sauvegarde sous la main, ben il crève comme un malpropre, en se ramassant dans la gueule son propre sortilège. Enfin en tout cas, c'est ce dont je me rappelle de ma lecture du bouquin, et dans le même temps, ya Bellatrix qui se prend une branlée par Molly Weasley. Faudrait que j'aille voir le film, histoire de boucler la boucle.

Je viens de vérifier du coup, et dans le livre, effectivement, Voldemort se mange bien son propre sortilège qui a ricoché. Ce qui semble aussi être le cas dans le film, sauf que dans le film il s'écoule presque une minute entre le duel et le moment où Voldemort meurt. Normalement, un Avada Kedavra est foudroyant et laisse un cadavre sur le sol : là, Voldemort meut trois plombes à partir en cendres, il a même le temps de taper la causette et d'écouter Harry lui expliquer ce qui s'est passé. D'où cet effet étrange qui fait qu'on ne comprend pas ce qui se passe.

Personnellement, que l'on parle des livres ou des films, je respecterai toujours l'univers Rowling littéraire & cinématographique pour ses concepts, son background, son imagerie, de la même manière que je respecte les univers de la Terre du milieu ou du Disque-monde. Ce foisonnement d'idées et d'esthétique reste inchangé.

Cependant, je ne suis pas loin de penser que la qualité de la saga au premier degré (les héros, l'action centrée) a très sérieusement décliné entre une éventuelle apogée que j'aurais du mal à cerner, et la toute fin. Bien sûr, la saga Potter a toujours été, au delà de son postulat magique fondateur que nous acceptons, plus ou moins sensée (un gouvernement qui confie une machine temporelle à une collégienne pour une raison triviale au regard de la civilisation Sorcière...) , mais la fin me laisse un sentiment de bâclage généralisé.

Manichéisme caricatural jusqu'au risible, comme une carte postale de 14-18 (les Malefoy et les Serpentard) certes atténué aux entournures, comme une caution de non-manichéisme justement, mais encore horripilant malgré cela, épique raté (résurrection de Harry, ascension sociale héroïque via discours poignants de l'ex petit gros maladroit et timide) , guimauve anachronique (19 ans après, tout le monde est toujours marié avec tout le monde, et a 150 enfants Poudlard-patriotes portant tous les prénoms composés issus de leurs amis et mentors morts...) , pas le moindre épilogue digne de ce nom sur l'après-bataille de Poudlard immédiat, mais plutôt une description générale expédiée en 10 lignes (à comparer aux épilogues Tolkien ou Jackson du LOTR!) ...

Le tome 7 était le seul que je n'avais pas lu. L'ayant survolé, il confirme, à mes yeux, deux impressions:
-la qualité d'écriture n'a cessé de baisser : descriptions absentes dans une rédaction linéaire, mécanique et sans fantaisie, dialogues sans intérêt autre que purement informatif (ou alors la traduction est-elle seule fautive?) ...
-j'ai l'impression que le soin apporté au background s'est beaucoup atrophié lui aussi. Avec l'avalanche de références dans les premiers tomes, je m'attendais à ce qu'on termine avec une vision de cet univers et de son passé, réellement pleine. On avait par exemple évoqué Merlin... en ce temps-là, je pensais que Arthur, Dracula, Ulysse, Atlantis, apparaîtraient bien nominativement... au bilan, je trouve que les derniers tomes apportent une contribution trop ambivalente à l'univers Potter, bonnes idées uniquement circonstancielles (induites par l'action centrée) perdues dans un silence radio global (difficile de se représenter le cadre de vie du temps de Godryc Griffondor et des autres, malgré une ébauche alléchante...) .

Matthieu a écrit:

Cependant, je ne suis pas loin de penser que la qualité de la saga au premier degré (les héros, l'action centrée) a très sérieusement décliné entre une éventuelle apogée que j'aurais du mal à cerner, et la toute fin.

Apogée que je situerais vers le tome 5, qui est mon préféré, aussi bien en livre qu'en film.

Vyslanté a écrit:

Matthieu a écrit:

Cependant, je ne suis pas loin de penser que la qualité de la saga au premier degré (les héros, l'action centrée) a très sérieusement décliné entre une éventuelle apogée que j'aurais du mal à cerner, et la toute fin.

Apogée que je situerais vers le tome 5, qui est mon préféré, aussi bien en livre qu'en film.

Skay-39 disait la même chose, et pour ma part je me souviens avoir bien accroché au livre et au film du volet 5, en revanche la lecture du tome 6 devenait, chapitre après chapitre, plus rébarbative. Donc je pense que je suis d'accord avec toi.

Dommage que L’école des sorciers soit si enfantin, et La chambre des secrets le seul relatif stand-alone de la saga (même si les 2 derniers tomes essayent tant bien que mal de repêcher son intrigue pour la ré-incorporer à l'action présente) ; cela me laisse l'impression que HP ne se sera pleinement réalisé que sur la lancée des tomes 3, 4 et 5.

Drôle de situation : Après avoir été pendant plusieurs années un grand amateur de la saga Harry Potter, la relative lourdeur du 6ème tome et d'autres occupations m'ont conduit à ne pas lire le 7ème tome, ce que je finirais probablement par faire un jour. Cela ne m'a cependant pas empêché d'aller voir la conclusion de la saga au cinéma, et récemment le septième opus.

En vrac : le contraste entre le quasi huit-clos de la première partie et ce second volet au rythme infernal est très saisissant, et parfois c'est malheureux. Là où la première partie s'attarde bien sur les personnages, parfois même un peu trop, et laisse de coté quasiment toute action, ce second volet tombe dans le déséquilibre inverse et les personnages et leur entourage ne sont traités que superficiellement, l'essentiel se concentrant sur leur quête visant à vaincre voldemort et sur l'action qui y est liée. J'ai notamment regretté d'avoir vu certains personnages morts, sans autre forme de procès, et sans avoir pu réellement suivre leur évolution personnelle au fil de l'assombrissement de l'univers Harry Potter. Les morts s'enchainent sans avoir l'effet dramatique qu'il devrait avoir, notamment parce que les seuls souvenirs que l'on a de la personnalité des défunts datent des deux précédents films qui n'avaient pas fait beaucoup plus de cas de certains seconds rôles. Au fil de l'aventure, j'ai eu de plus en plus l'impression d'avoir affaire à un film à grosses ficelles d'aventure-action, moins qu'à un Harry Potter, dont la densité narrative est en grande partie responsable de l'intérêt des livres.

Par ailleurs, même si j'ai apprécié la découverte de ressources cachées de Poudlard et de nouveaux détails encore inconnus de l'univers Harry Potter, l'histoire utilisait trop souvent des ressorts faciles, inventant de nouveaux objets, sorts ou caractéristiques destinés uniquement à arriver à la situation souhaitée par l'auteur. Les révélations finales sont par ailleurs intéressantes, mais comme d'autres, j'ai l'impression que cette conclusion à Harry Potter laisse l'univers largement inexploré, là où ce qu'on avait pu voir dans de précédents bouquins donnait l'impression d'un monde très vaste, très profond. La fin est rapide, abrupte et laisse un peu sur notre fin, ne donnant pas l'occasion d'admirer un réel épilogue donnant un aperçu des conséquences.

En bref, ce septième-bis opus cinématographique était pour moi un divertissement acceptable, mais une conclusion décevante à une franchise de fantasy dont le potentiel était bien plus important. Depuis Harry Potter 5, l'adaptation au cinéma de cette franchise me semble bien insipide, là où le troisième et quatrième opus auguraient une montée en puissance et en qualité bien plus importante.