La reine des larmes

Voici l'un des textes que j'ai présenté au troisième concours d'écriture du forum SciFi Fan-Séries, ayant pour thème "Les méchants en SF". Les franchises traitées sont Starcraft (et un peu Starship Troopers, mais bon, c'est un peu la même chose).

La reine est bien ici Sarah Kerrigan, pour les connaisseurs :


La reine des larmes

Le lieutenant Johnny Rico voyait sa vie défiler devant ses yeux. Buenos Aires, le camp d’entrainement, le sergent, l’attaque des Arachnides, Klendathu, Tango Urilla, la planète P. Rien ne l’avait préparé à l’épreuve qui l’attendait désormais. La terreur avait enfin pris un visage, là où se trouvait auparavant la masse informe des mercenaires Arachnides.
Il regrettait le passé, la simplicité qui faisait le quotidien de sa vie de membre de l’infanterie mobile. Personne n’aurait pu deviner la véritable nature de l’ennemi qui terrorisait les forces terriennes, menées par l’amiral DuGalle lui-même. Personne.
Et maintenant qu’il savait, la certitude que sa mort était proche s’installait lentement dans le cerveau du militaire endurci. Il leva les yeux vers l’Ennemi de l’Humanité, qui répondit par l’intermédiaire de l’un de ses drones.
La créature informe, artefact génétique conçu pour muter à la demande de l’esprit unique à la tête du Collectif, s’approcha, et, de l’une de ses mandibules, poussa le seul survivant de l’unité d’élite vers le centre de la couveuse.
Au centre de celle-ci se trouvait une figure humaine au corps meurtri par des aberrations biologiques, excroissances monstrueusement élégantes, qui ondulaient au rythme de la ruche dont elle constituait le cœur.
La créature se retourna, et le lieutenant, craignant ce qu’il allait voir, détourna le regard.
Une pince lui ramena délicatement le visage en position, et il vit le visage meurtri d’une femme, dont le regard croisa le sien pendant quelques secondes.
Puis, sans avertissement, elle le déchira en deux, projetant ses lambeaux parmi la salle vivante, provoquant un mouvement parmi les larves qui y pullulaient.
Sarah Kerrigan, souveraine des Zergs, ou Arachnides, selon les Terriens, regarda son propre reflet dans les yeux morts du soldat qui avait atteint sa ruche. Il n’était rien, elle était tout. Il n’était qu’un, elle était tous.
Il était humain. Elle était…

Quelques secondes durant, une accalmie parcourut les champs de bataille. Puis la Reine sécha ses larmes.

L'un des textes dont je n'ai trop su que penser. Starship Troopers, je connais et j'aime ; l'autre univers, en revanche, m'est totalement inconnu. Je sens bien qu'il y a quelque chose dans la rencontre de ces deux univers, un genre de révélation, une nouvelle manière de voir les choses de proposée, peut-être de part et d'autre... Mais de par mon ignorance, cette subtilité ne m'apparait pas, et je passe sans doute à côté de l'intérêt du texte.
Le style en tout cas est bon, de même que le rythme... De ce côté là, comme d'habitude, rien à redire.

J'ai tout de même beaucoup aimé la fin de ce drabble triple-dose :

Il n’était rien, elle était tout. Il n’était qu’un, elle était tous.
Il était humain. Elle était…

Quelques secondes durant, une accalmie parcourut les champs de bataille. Puis la Reine sécha ses larmes.

Bien que je ne connaisse ni Starcraft, ni Starship Troopers, ce texte est indiscutablement mon préféré du concours.