Tenet

Warner Bros. a dévoilé la semaine dernière une nouvelle bande-annonce du prochain thriller de Christopher Nolan, Tenet. Bien que celle-ci reste assez floue quant à l'histoire générale, on y comprend un peu mieux que le film sera consacré à un homme ayant la capacité d'inverser le temps.

Je reste prudent face à Nolan dont je n'ai pas aimé Dunkerque et qui a réalisé un Interstellar qui m'avait déçu, mais j'ai l'impression qu'il retourne ici à un film à la fois très conceptuel et très ancré dans notre monde contemporain, ce qui lui avait plutôt réussi sur Inception.


Vu la crise Covid-19, la date de sortie n'est pas annoncée (celle initialement prévue du 17 juillet 2020 ne sera probablement pas tenue).

Idem, je reste prudent.

La bande-annonce (et donc le sujet) a au moins le mérite d'expliquer le choix du titre, ahah.

#palindrome.

La bande annonce finale a été mise en ligne:


Le 26 août au cinéma.

J'ai récemment vu Tenet et je dois dire que je n'ai été qu'à moitié convaincu. Le concept du film est excellent, les scènes d'action sont très bien construites, mais c'est tout ce qu'il y a autour qui ne fonctionne pas.

Car si tout le concept de l'inversion, la manière dont le phénomène est découvert et dont il se manifestent sont intéressants, je trouve que le reste du scénario est malheureusement trop faiblard.

En effet, le film cumule plusieurs problèmes mineurs mais qui en s'ajoutant commencent à rendre moins engageante l'expérience :
1) Le contexte dans lequel s'inscrivent les protagonistes est complètement inconnu et jamais expliqué ou éclairci (ou alors par une pirouette à la fin). Pour qui travaille le protagoniste ? Où a-t-il été formé ? Quel est son passé ? Quels intérêts défend-il ? Qui sont ces gens qui l'aident ? Tout cela donne un caractère très irréel à l'aventure.
2) Les personnages sont des silhouettes en carton : quasiment tous sans passé, sans aspirations et à la personnalité très limitée, voire unidimensionnelle. Il est ainsi très difficile de s'attacher au très froid protagoniste incarné par le trop taciturne John David Washington. Son compère joué par Robert Pattinson a un bagout naturel qui le rend plus sympathique mais il reste très peu développé. Tout cela limite l'empathie qu'on peut avoir pour les personnages et donc l'investissement émotionnel dans l'histoire (et je ne parle même pas des personnages secondaires).
3) Au delà du concept de l'inversion, trop de situations dans le scénario sont directement inspirées de films ou séries récents, rendant le tout trop peu original voire donnant un air assez pénible de déjà vu. Ainsi, Elizabeth Debicki est engagée dans exactement le même rôle que celui qu'elle campait dans la série The Night Manager. Kenneth Brannagh joue un personnage très similaire à celui de Richard Roper (incarné par Hugh Laurie dans la série) mais croisé avec celui de Viktor Cherevin dans le dernier (mauvais) film Jack Ryan : Shadow Recruit, déjà incarné par un certain... Kenneth Brannagh.
Bref, si on s'intéresse un peu aux films et séries d'espionnage, Nolan fait du pur réchauffé dans les péripéties, en allant en plus chercher les mêmes acteurs pour jouer les mêmes rôles. Et si Kenneth Bannagh fait un accent russe convainquant, je suis toujours agacé par cette pratique de prendre des acteurs américains ou britanniques pour jouer des personnages aux origines et aux accents très différents.

Le tout donne pour moi un film intellectuellement intéressant, face auquel j'ai passé un bon moment, mais qui n'a rien d'un grand film et reste en retrait d'un Inception dans lequel les névroses des personnages donnaient un peu de cœur à l'ensemble. Ici, on a l'impression de voir un concept majeur (et très intéressant !) et quelques idées marquantes de scènes, exploitées dans un film au scénario pour le reste assez paresseux.