2x01 : Brother

La première saison de Star Trek Discovery, bien que divertissante, a clairement établi une chose : cette série n'est pas une digne héritière de l'illustre franchise qu'est Star Trek. Son approche est complètement différente et elle est intellectuellement bien plus pauvre. C'est pour cette raison que je ne traiterai pas les épisodes de Star Trek Discovery comme des épisodes d'une série Star Trek, car si je le faisais, je passerais mon temps à en dire beaucoup de mal. Je vais prendre le parti de les traiter comme une série de space-opera qui n'aurait aucun héritage à assumer.

Et même à cet égard, ce premier épisode de la nouvelle série m'a laissé sur ma faim : creux, confus, mal rythmé. Il y a quelques qualités prometteuses mais beaucoup de choses qui ne vont pas.

L'épisode est tout d'abord confus. Commençant in medias res littéralement quelques secondes après la fin du dernier épisode de la saison 2, il passe d'un enjeu à l'autre extrêmement rapidement sans réellement prendre le temps de les développer. Les flashbacks sur Spock tombent tout au long de l'épisode comme un cheveu sur la soupe.
Le nouveau commandant à peine débarqué en raison de mystérieux signaux rouges, il ne prend presque pas le temps d'expliquer ces choses qui font trembler Starfleet au point de l'assigner en urgence. A peine Discovery est-il arrivé près de ces astéroïdes, que sans crier gare ou prendre le temps de les analyser, tous les officiers supérieurs sautent dans des véhicules spatiaux individuels pour aller rejoindre un vaisseau échoué pour une raison inconnue. Et de scène en scène, on peine à suivre les enjeux, les causes et conséquences : beaucoup de choses semblent ne pas avoir de sens, et le passage d'un élément à l'autre rapidement semble presque là pour cacher ce fatras logique.

Ensuite, l'épisode est creux. Au delà d'une vaine tentative de construire une histoire émotionnelle entre Spock et Burnham, rien n'est réellement travaillé. Il y a beaucoup de spectacle mais peu de substance, aucun concept n'est exploré, aucun propos n'est développé, et encore une fois, les enchainements trop rapides et la confusion générale ne parviennent pas à masquer ce vide.

Le rythme, aussi, est problématique et ajoute à la confusion. Des dialogues à l'intérêt limité sont tirés en longueur, tandis qu'il manque des explications nécessaires. Des scènes d'action effrénées passent à l'écran pour ensuite retourner vers un flashback lent et intimiste. Rien ne va, et j'ai eu l'impression d'être en permanence pris à contre-pied pendant toute la durée de l'épisode, tandis que l'enjeu de signaux peine à réellement se dégager.

Je dois ajouter aussi que le ton semble bizarre, variant entre les scènes censées faire sourire (l'éternuement dans l'ascenseur qui n'a aucun intérêt, l'embarras de Tilly face au Captain qui est juste une scène gênante) et les moments plus sérieux, sans aucune cohérence. Sur le plan émotionnel aussi, rien ne va : l'équipage perd un de ses cadres dans la mission de sauvetage, et tout le monde semble l'avoir oublié quelques minutes plus tard.

Enfin, il y a des problèmes logiques fondamentaux : pourquoi le Captain se retrouve-t-il embarqué dans un vaisseau fragile pour une mission à très haut risque, à fortiori avec trois autres officiers supérieurs ? Pourquoi est-il jugé intelligent d'utiliser des machines fragiles pour voler au milieu d'un amas d'astéroïdes extrêmement dense plutôt que d'approcher le Discovery ? Et tant qu'à voler dans des machines fragiles, pourquoi ne pas porter en permanence le scaphandre intégral, casque inclus ? Les décompressions explosives peuvent aussi ne laisser aucun temps de réaction pour fermer le scaphandre. Sur le plan de la simple vraisemblance, on n'est pas au niveau.

Dans ce bazar, il y a cependant quelques bonnes choses : Anson Mount est parfait en Captain Pike et le personnage est à la fois charismatique et extrêmement sympathique. Le reste du casting se débrouille bien et la direction artistique est toujours soignée. Ensuite malgré le bazar que fut ce premier épisode, la piste ouverte pourrait peut-être se révéler intéressante. Mais pour l'instant, à mon avis, cette seconde saison ne part pas sur un bon pied, même en oubliant qu'il s'agit d'une série Star Trek.

Citation :

Et de scène en scène, on peine à suivre les enjeux, les causes et conséquences : beaucoup de choses semblent ne pas avoir de sens, et le passage d'un élément à l'autre rapidement semble presque là pour cacher ce fatras logique.

Il y a eu lors de la saison 1, des soucis avec les showrunners et le casting. Les audiences ne sont probablement pas étrangères à cela qui a logiquement obligé de revoir certaines choses.

La saison 1 cochait toutes les cases fantasmatiques de l'alliance des minorités en terme de casting où la seule place du "mâle blanc hétéro" était le méchant (Lorca) et des femmes blanches hétéro..celui de caméo.
J'ai l'impression (mais peut être que je me trompe) que l'introduction du Capitaine Pike s'est faite en catastrophe quand ils se sont rendus compte qu'ils avaient été trop loin en excluant en terme de représentation l'écrasante majorité des téléspectateurs.

Cette tentative de rattrapage "au dernier moment" semble avoir un coût en terme d'écriture car il semble avoir voulu renouer avec un classique de star trek : l'exploration avec un recentrage sur le capitaine. Sauf que forcément pour rendre ça relativement crédible, il faut travailler sa réalisation et son script. Cela ne s'improvise pas et j'ai bien l'impression qu'ils ont été un peu pris de court car ils n'avaient pas prévu de genre de situation lors de la saison 1.

Citation :

Dans ce bazar, il y a cependant quelques bonnes choses : Anson Mount est parfait en Captain Pike et le personnage est à la fois charismatique et extrêmement sympathique

Oui c'est une bonne surprise et heureusement qu'il est là car franchement après la saison 1 qui fut pour moi un massacre pour du Star trek.. je n'aurai pas supporté de continuer dans la même optique.