Inversions

Cinquième roman du cycle de la Culture, Inversions pourrait paraître incohérent avec le reste de l’œuvre. Car ici, point de vaisseaux spatiaux, de mentaux, de drones et d'aventures spatiales, mais simplement la chronique de la vie de deux personnages n'ayant rien en commun et évoluant dans deux territoires différents sur une planète médiévale : DeWar, garde du corps du Protecteur, souverain ayant renversé un roi, et Vossill docteur du roi Quience.

Sauf qu'à la lecture, on découvre par des suggestions, des allusions, des histoires ou des faits étranges qui sont ces deux personnages, ce qu'ils ont pu avoir en commun et quelle est leur origine.

Car après avoir traité du thème des Mentaux dans la Culture dans Excession, Iain M. Banks explore ici un autre pan de sa société utopique : ses relations avec les civilisations pré-spatiales, ou plutôt son absence de relation. Et c'est à travers la vie de DeWar et Vossill qu'on va découvrir un peu, en tâche de fond, par suggestions, comment est-ce que cette question est abordée et quelles pouvaient être les réflexions de certains citoyens de la Culture à ce sujet.

Mais l'élégance particulière de ce roman, c'est ainsi de faire deux choses à la fois : à la fois proposer deux intrigues politiques parallèles se déroulant dans deux territoires différents d'un monde médiéval, mais également, en tâche de fond, pour le lecteur averti qui a lu les précédents romans consacrés à la Culture, via des allusions qui seront obscures pour le profane, aborder élégamment le sujet de fond.

On pourrait être tentés, dans la lecture du cycle de la Culture, de sauter ce roman étrange. Ce serait pourtant une erreur tant les personnages sont attachants, les intrigues stimulantes et le propos implicite instructif. Reste qu'il ne faut pas non plus en attendre de grands développements : il s'agit d'abord de l'histoire d'un moment de la vie de DeWar et de la vie de Vossill, mais qui prend tout son sens à la lumière de son appartenance à cet univers.