Annihilation

Vu la qualité d'Ex Machina j'attends ce film. Bon la présence de Natalie Portman ne m'enchante guère car je ne suis pas trop fan de son jeu, mais bon on verra bien !

Paramount a révélé un nouveau trailer du film ce mois-ci, et pour ma part, je suis assez enthousiaste.

Je n'ai pas lu le bouquin, mais le film me fait penser à STALKER/Roadside Picnic, avec ce thème d'une zone dangereuse à l'origine inconnue et que l'humanité tenterait d'explorer. D'ailleurs, ça me fait plus penser au livre original des frères Strugatsky qu'aux adaptations.

"Face aux premières critiques plutôt négatives des projections tests, la Paramount, en charge de la production, a décidé de limiter la sortie du nouveau film d’Alex Garland aux salles américaines, canadiennes et chinoises.

Pour ce qui est du reste de l’international, la Paramount a confié la distribution de l’oeuvre tirée du livre éponyme de Jeff VanderMeer à Netflix." source Le 12 mars chez nous.

On peut encore une fois déplorer et mettre en cause le système de la machine Hollywood et plus généralement les rouages du cinéma moderne qui ne laisse même pas une chance au film à l'internationale.

Pour rappel, à l'époque, le premier Star Wars n'aurait pas dû faire beaucoup d’entrée... Réservé à un public plutôt geek, dont le potentiel en terme de chiffre avait été mal estimé et/ou pas pris en compte.

C'est donc assez triste qu'à cause de quelques projo test sur sans doute quoi, 400, 500 personnes ? peut-être même moins, on condamne un film, qui aurait peut-être pu faire un bon "score" au cinéma.

Plus aucune prise de risque, du calcul et du calcul...

C'est une décision tout de même assez surprennante : ce film doit quand même avoir un budget assez élevé, donc il faut réussir à le rentabiliser.

Il aurait été complètement privé de salles ou presque, j'aurais compris la logique : ça voudrait dire que la Paramount (à tort ou à raison) ne croit pas du tout en son potentiel commercial et préfère limiter les pertes.

Mais là, le film sort tout de même sur les plus gros marchés (Amérique du Nord + Chine), du coup j'ai du mal à interpréter leur calcul... Est-ce qu'ils considèrent ce film comme difficile à vendre et n'ont pas envie de perdre leur temps sur les marchés secondaires ? Est-ce que le film est vu comme inintéressant pour les Européens mais pas pour les Américains ? (Je ne savais même pas que ces marchés étaient vus comme différents...)

Je suis vraiment curieux d'essayer de comprendre les raisons de ce choix !

En cherchant un peu, je n'ai trouvé qu'une explication sérieuse à ce choix : le patron de Skydance Productions, David Ellison, est un crétin ou un cynique pingre.

Monsieur Ellison trouve apparemment le film "trop intellectuel, trop compliqué" pour le public, au point qu'il aurait demandé des changements substantiel en post production. Par chance, le co-producteur, Scott Rudin, qui avait contractuellement le final cut, s'est rangé du coté du réalisateur Alex Garland, et donc le film est resté intact. Du coup, Ellison a négocié le contrat avec Netflix qui en échange des droits de diffusion, a payé la moitié des 55 millions de dollars de budget total du film.

Malheureusement, le film s'est pour l'instant bien vautré commercialement lors de sa sortie aux Etats-Unis, ce qui justifie les craintes d'Ellison... Alors même que les critiques sont globalement excellentes. A la lecture de certains avis de lecteurs, je pense qu'on a des chances d'avoir affaire à une sorte de Stalker contemporain (je parle là du film de Tarkovski), qui d'ailleurs, était peut-être une des inspirations du roman et du film. J'entends par là qu'il y a des chances qu'il s'agisse d'un film exigeant, peu accessible et plus suggestif que clair, ce qui ne me déplairait pas vu ma lassitude du formatage de beaucoup de films.

Enfin bon, pour en revenir au sieur Ellison, engager Alex Garland pour ensuite trouver son film "trop intellectuel" à la fin, c'est un peu comme acheter un avion de chasse et se plaindre qu'il passe le mur du son...

Je l'ai trouvé moins réussi que Ex Machina, mais il vole tout de même dans le groupe de tête en matière de cinéma SF actuel. C'est dommage qu'il n'est pas bénéficié d'une sortie ciné car certains plans sont très beaux. Au moins comme ça il hausse un peu le niveau des films sortis directement sur Netflix !

Quelle déception...

Annihilation se la joue beaucoup trop "pseudo-intello" pour moi. La réalisation est parfois très lourde

Spoiler:

, les acteurs sont pas non plus au top et les effets sonores (vous avez entendu ces bruits d'armes à feu ? wtf?) à la ramasse.
Bref, malgré la beauté de certains plan, ça ne m'a pas du tout convaincu.

Et je n'ai rien contre le réal, ayant moi même adoré Ex Machina (l'un des meilleurs film 2015 en ce qui me concerne), mais là c'est un loupé.

J'ai trouvé un film correspondant exactement à mes attentes. En clair, un film qui adapte le roman (que je n'ai pas encore lu), assez librement apparemment, mais surtout en s'inspirant beaucoup des deux œuvres qui partagent un fort lien thématique : le roman Pique-nique au bord d'un chemin des frères Strougatski, et le film Stalker d'Andreï Tarkovski.

En clair, c'est une aventure en partie métaphorique qui lie le destin des personnages à leurs propres démons qui sont mis à jour par l'environnement dans lequel ils se retrouvent. Et l'idée d'un environnement dangereux producteur accidentellement de phénomènes étranges à cause d'un évènement fortuit d'origine extraterrestre fait beaucoup penser au roman soviétique. J'y apprécie d'ailleurs énormément la reprise du concept de celui-ci : le fait qu'une chose venue d'ailleurs puisse se révéler incroyablement dangereuse et menaçante, non pas tant par volonté, mais par accident, par la force des choses.

Le parallèle avec les pulsions d'autodestructions décrites par la psychologue est d'ailleurs intéressant. Et je dois dire qu'un film de science-fiction où l'antagoniste est un mélange entre la fatalité et un phénomène physique étrange est assez rafraichissant et correspond à une des attentes que j'ai vis à vis du genre et qu'on voit bien peu au cinéma.

Du reste, Tracevol, je ne partage pas du tout ton appréciation du jeu des actrices : je trouve Natalie Portman extrêmement convaincante, de même que le reste du casting de manière générale : Jennifer Jason Leigh campe extrêmement bien une femme acariâtre et torturée, et les autres femmes sont relativement bien dans leurs personnages pour le peu de temps expressif à l'écran qu'elles ont. De même, les bruits d'armes à feu ne m'ont pas marqué. En réécoutant, j'ai noté qu'ils sont un peu particuliers (choix d'une tonalité assez basse sans claquement et sans écho, ce qui donne un coté un peu artificiel), mais sans que ça soit rédhibitoire.

Bref, pour moi un bon film, d'autant plus qu'il se prête bien à des analyses à posteriori car la symbolique y est très importante. Mais surtout un bon film parce qu'il fait plusieurs choses que j'attends au cinéma en SF en ce moment :
- La structure narrative n'est pas du réchauffé des poncifs hollywoodiens habituels avec des antagonistes caricaturaux
- Les concepts sont nombreux, peu explorés auparavant et leur mélange est original
- Le film ne prend pas son public pour des idiots.

Après, j'y vois vraiment un hommage au cinéma de Tarkovski, à Stalker et Solaris, dont Annihilation est un peu un lointain cousin contemporain, adoptant une approche comparable du cinéma de genre, qui (j'en conviens) peut être assez déroutante.

Artheval_Pe a écrit:

Monsieur Ellison trouve apparemment le film "trop intellectuel, trop compliqué" pour le public, au point qu'il aurait demandé des changements substantiel en post production. Par chance, le co-producteur, Scott Rudin, qui avait contractuellement le final cut, s'est rangé du coté du réalisateur Alex Garland, et donc le film est resté intact. Du coup, Ellison a négocié le contrat avec Netflix qui en échange des droits de diffusion, a payé la moitié des 55 millions de dollars de budget total du film.

C'est extraordinaire de découvrir des arrangements pareils... merci de me sortir de mon extrême naïveté sur le sujet ! Effectivement, c'est dans l'adversité qu'on reconnait les hommes de courage : je crois me souvenir d'ailleurs que Alan Ladd JR de la Fox s'était retrouvé obligé de démissionner au début des années 80, les actionnaires ayant mal pris le fait qu'il s'était rangé du côté de Lucas pour son Star Wars - à raison mais visiblement, cela ne comptait pas dans l'équation...

Sinon j'ai vraiment très envie de voir le film mais je me demande si ce ne serait pas mieux de commencer par le (ou les) bouquins ? Parfois, l'expérience est encore meilleure et on dispose de perspectives d'analyse enrichies...

Dans ce cas précis, je doute que ce soit utile : d'abord parce que le film prend des libertés avec les romans originaux et raconte autre chose, en exploitant vraiment les spécificités de la forme cinématographique. Ensuite parce qu'il repose beaucoup sur le mystère, le suspense et les questions qu'il entraîne dans l'esprit du spectateur. Or, je pense que cet aspect-là serait largement gâché pour le spectateur qui aurait lu le roman.

Donc une fois n'est pas coutume, je conseillerais plutôt de voir le film et de lire les romans après. Généralement, la richesse conceptuelle d'un roman résiste mieux au fait d'avoir défloré le sujet que la tension d'une production audiovisuelle. C'est un peu le cas inverse de celui d'une épopée ou d'une intrigue politique complexe (comme Le Seigneur des Anneaux ou Game of Thrones, dont il me semble préférable de lire les romans avant).