Seven Sisters (What Happened to Monday)

N'ayant pas entendu parler de Seven Sisters avant sa sortie (que ce soit ici ou ailleurs), j'ai été voir ce film par curiosité en attendant une œuvre plutôt convenue dans la continuité de biens des films de SF de série B.

Ce que j'ai trouvé, c'est au contraire une des bonnes surprises de cette année. Car si l'univers dans lequel se déroule le film est présenté de manière un peu lapidaire pour faire place toute de suite à l'histoire personnelle des soeurs Settman, c'est au final surtout un procédé efficace pour placer tout de suite le scénario au niveau des enjeux individuels et personnels. Ainsi, on découvre rapidement les contraintes de la vie des sept sœurs Settman (y compris par le biais de flashbacks judicieusement appelés) et la manière dont elles s'organisent pour présenter une identité unique au reste du monde. Avant même que la curiosité soit entièrement rassasiée, les péripéties commencent avec la disparition de Monday : elle ne rentre pas chez elle à l'heure prévue, son GPS est désactivé et les autres ne la trouvent pas. Et de là partent des péripéties que je ne détaillerait pas pour ne pas gâcher le film.

Celui-ci est une bonne surprise, car le scénario est plutôt habile et évite les travers caricaturaux : s'il y a évidemment des antagonistes, ils évitent de tomber dans le cliché du "méchant machiavélique" et ont systématiquement des raisons qui leurs semblent bonnes de faire ce qu'ils font (même si les conséquences sont disproportionnées). La fédération européenne dans laquelle le film se déroule semble être un régime plutôt autoritaire dans son traitement de la population, mais en même temps démocratique. Il y a donc une ambiance parfois Orwellienne, mais qui est envisagée d'une manière (me semblant plutôt réaliste) comme celle d'un État oppressif au quotidien mais ayant néanmoins les traits formels d'une démocratie élective.

J'ai également apprécié la direction artistique : pour des raisons que j'imagine être de budget, mais qui font également sens dans cet univers, on voit plutôt un monde au niveau technique largement proche du notre, mais simplement surpeuplé où les gens vivent dans des vieux logements autant que dans des buildings immenses à l'architecture utilitariste de fin de XXème siècle. Dans la continuité de ce qu'on a pu voir ces vingt dernières années, l'évolution technique ne se remarque pas dans l'architecture, mais plutôt dans des évolutions subtiles des objets technologiques de la vie quotidienne (ordinateur, téléphone devenu bracelet, etc.). Le tout donne un futur un peu Cyberpunk, avec un cadre de vie plutôt misérable, mais une technologie informatique qui a avancé.

Mais ce qui fait la force de ce film, c'est surtout son histoire très personnelle, plutôt tragique, où les émotions des personnages (et particulièrement des sept sœurs jouées par Noomi Rapace) conduisent les évènements et parviennent à faire réellement rentrer dans cet univers et cette histoire.

C'est un film sans grandes prétentions, mais plutôt intéressant et plutôt réussi. Donc si vous hésitiez à aller le voir : allez-y, c'est pour moi une des petites bonnes surprises de cette année (qui jusqu'ici avait été surtout riche en déceptions).

Vu le film également et je suis moins enthousiaste.
Malgré les bonnes idées et la présence des 7 sœurs toutes différentes (mais un peu trop cliché ayant chacune une personnalité assez simpliste), je reste assez mitigée.

Sans dire que c'est un mauvais film, ce n'est pas ce que j'attendais non plus avec des réponses assez évidentes sur ce qui se passe réellement et sur la conclusion. Avec son lot d'action un peu trop présent pour ce que j'en attendais. J'aurai préféré quelque chose de plus subtil. Le film était trop bourrin et avançait trop de facilité scénaristique.