3x08 : Gotta Light ?

Je trouve qu'on atteint avec cet épisode les limites de la démarche de Lynch sur cette troisième saison de Twin Peaks, et ce pour plusieurs raisons.

Si l'esthétique est toujours aussi intéressante et recherchée, le sens est de plus en plus obscur et le rythme de la saison commence à devenir problématique.

Car depuis plusieurs épisodes, il manque à la série un fil conducteur qui face avancer les évènements. Dans l'ensemble, dans toutes les trames que l'on suit, on observe des évènements s'imposer aux personnages qui tentent tant bien que mal d'y faire face, mais bien peu d'évènements dont les personnages soient les protagonistes conscients. Cela, avec la destructuration narrative de toute la première partie de la série la rend... compliquée à suivre.

D'autant plus que, contrairement à la série originale, en tant que spectateur, on est ici très souvent très en avance sur la connaissance des évènements par rapport aux personnages. Ces évènements sont présentés initialement lorsqu'il n'existe aucun enjeu, et lorsqu'il y a un enjeu, on subit souvent une absence de suspense car on connait déjà l'issue. (C'est souvent le cas dans l'intrigue Dougie Jones).

En outre, je commence à trouver l'intrigue Dougie Jones particulièrement lassante : elle se perd en péripéties apparemment inconséquentes (je peux me tromper, on verra ensuite), à montrer un homme-légume complètement à coté de ses pompes pendant plusieurs épisodes. Sans cesse on en vient à espérer qu'il reprenne enfin ses esprits (et à plusieurs reprises, on l'entrevoit), sans jamais que cela se réalise.

Et tout ça laisse chez moi dans l'ensemble un sentiment de frustration : celui de ne pas savoir assez, de voir des intrigues intéressantes être inexploitées (le meurtre, l'identité du corps, la nature des propriétaires du bâtiment à New York, les connaissances de l'armée sur les phénomènes qui nous intéressent, les motivations du mauvais Dale Cooper) tandis que la série piétine sur certaines intrigues. Et là, cet épisode vient ouvrir de tout nouveaux pans, dont on peine à voir comment ils seront intégrés par la suite.

Cet épisode vient agréablement bouleverser les choses avec sa partie complètement abstraite, mais comme tu le dis, c'est quand même assez inaccessible. Et c'est là à mon avis le problème de cette troisième saison : elle introduit quantité d'éléments issus de l'univers de Lynch, qui ne me choqueraient en aucun cas dans un de ses films... mais qui me semblent faire de Twin Peaks un pot pourri de ses fantasmes visuels qui n'a que des rapports très ténus avec la ville ayant donné son nom à la série, et même avec le ton et les intrigues des deux saisons de la série originale.

Le tout est diablement intéressant, stimulant, recherché... mais en même temps extrêmement frustrant.