Daredevil

civil war qui nécessite un catalogue suffisant de personnages sur scène pour permettre de mettre en place une histoire convaincante et un développement suffisamment cohérent.

Je commencerais par dire que je ne connaissais que des brides d'informations sur Daredevil à travers mes divagations sur internet mais que je n'ai jamais lu un seul volume de ce comics (ni même vu le film de 2003). Chose à laquelle je compte remédier sous peu (pour les comics!). J'entamais donc la série avec peu d’appréhension, quelques vagues connaissances des différents protagonistes et mes attentes se portaient d'avantage sur la qualité des adaptations Marvel ces derniers temps (la noirceur de Winter Soldier et le peu dont on a aperçu dans les trailers d'Age of Ultron laissant penser que le MCU prend un ton plus sombre) et de savoir si cela allait transparaître dans une série comme Daredevil. L'idée de faire une série sur Netflix permettait surtout d'éviter la bienveillance de Agents of SHIELD/Agent Carter au profit de quelque chose qui prend un peu plus aux tripes.

Clairement, Marvel s'en ai donné à coeur joie et a su montrer avec Daredevil qu'ils sont capables de faire du grand divertissement tout aussi bien qu'une série de 13 épisodes plus violente et poignante que la plupart de ce qu'on peut voir à la télévision en ce moment. Il est plus qu'évident que sans les brides que posent la notion de "grand public", l'univers comics prend une tournure très différente. Et à ce que je comprend, Daredevil était la série parfaite pour faire ça, et c'est grandiose. On trouve la noirceur d'un Sin City de Frank Miller (qui a donné son aspect sombre à Daredevil à l'époque, justement) mélangé à des combats chorégraphiés dignes de Old Boy de Park Chan-wook. Et on a en prime l'hémoglobine et la provocation que j'attendais de l'adaptation de Kick Ass de Mark Millar et John Romita Jr, édulcoré pour le cinéma, à mon grand désarrois. Si la saison n'est pas constante sur tout ça, les hauts et les bas n'ont que peu d'écart et j'ai trouvé que cette saison de Daredevil tenait plus la route que la plupart des séries de super-héros dont on nous abreuve dernièrement (la trainée en longueur du SHIELD, le hachage narratif des flashbacks d'Arrow, la non-intrigue de Agent Carter et je ne parlerais pas du pilote de Powers qui est une blague de série).

Daredevil a le mérite de travailler avec un casting assez réduit. Quelques personnages principaux, quelques personnages secondaires et une intrigue unique, qui s'amuse cependant à prendre des détours habiles pour construire l'univers. Difficile, pourtant, lorsqu'on existe dans un monde aussi vaste que celui du MCU. Nous y reviendrons. Charlie Cox en Daredevil m'a particulièrement convaincu, et son costume noir lui va à merveille. Homme aux comics de Frank Miller, il incarne l'esprit du "vigilante", le justicier, mieux qu'à pu le faire un Green Arrow ou, oserais-je ?, un Batman. Il y a cette simplicité, ce "fait-maison" qu'on perd très rapidement chez les super-héros, à cause de leur gros comptes en banque ou de la narration qui doit avancer. Il suffit de voir The Amazing Spiderman et le peu de temps que Peter Parker utilise son sweet-capuche avant d'aller vers le costume plus classique. Là, on nous en fait profiter, de ce costume noir, et il faut même partie de l'intrigue. Même si évidement on attend impatiemment de voir Murdock enfiler le costume rouge aux cornes de diable. Charlie Cox parvient à jouer les deux personnages (car à ce niveau, on est dans la même dualité qu'un Brune/Batman, deux personnages tout à fait différents) avec un talent fou, avec la maladresse de Murdock et l'aptitude physique de Daredevil. Bluffant. Le reste du casting est également très bon. Déçu que Rosario Dawson, malgré l'importance de son personnage, n'apparaisse si peu. Je reste par contre stupéfait de l'interprétation de Vincent D'Onofrio dans le rôle de Fisk. L'acteur est méconnaissable, en tout cas par rapport à ces derniers rôles (impossible de ne pas avoir des échos de Full Metal Jacket), et son interprétation est tout en subtilité. Il devient presque plus important que Daredevil lui même, ce qui m'interpelle vraiment. J'applaudis sincèrement le showrunner Steven S. DeKnight qui a réussit à créer un méchant complexe et profond là où tant d'autres adaptations de comics ont échoué.

Niveau scénario, cela reste très simple, mais très bien géré. Dès le début on voit se dessiner l'intrigue de la saison. Tous ces barons du crime, les Russes d'un côté, les Japonais de l'autre, la mystérieuse Madame Gao et Leland Owlsley, autour de l'inquiétant Fisk. Des ennemis que Daredevil devra battre un à un pour obtenir ce qu'il faut et "sauver sa ville" (oui, lui aussi!). Si on peut être un peu blasé de ces clichés mafieux et de leurs trafics respectifs, je trouve au contraire que c'est cela qui apporte l'effet comics dans la série, qui ne serait qu'un simple thriller sans ça. Les protagonistes sont définis en quelques secondes et je trouve que cela facilite énormément l'intrigue, permettant de se concentrer sur d'autres relations plus importantes, comme celle entre Foggy et Matt par exemple, au lieu de passer plusieurs épisodes à expliquer un ennemi. C'est d'ailleurs la façon dont chacun est éliminé du tableau petit à petit, avec parfois des twists inattendus, qui est intéressant. L'intrigue est résolue de façon parfaite, avec une habile boucle scénaristique autour du "mur" de Fisk, un rabibochage de Foggy et Matt, mais aussi des portes entre-ouvertes pour la suite, avec Vanessa, bien évidement, mais également Potter, Gao et Stick.

L'intégration avec le MCU était prévu d'être légère, comme annoncé par la production. C'était clairement le cas, avec seulement quelques mentions d'Iron Man et Thor, une référence de Captain America par Foggy et, bien évidement, aux évènements de New York. Si cela suffit amplement pour le moment, tout laisse à penser qu'avec l'arrivée prochaine de Spiderman dans le MCU, un crossover ou au moins un caméo dans la deuxième saison de Daredevil pourrait arriver. C'est en tout cas le plus probable des crossover puisque les deux personnages habitent la même ville et se croisent régulièrement dans les comics. La prochaine série a débarquer sur Netflix est AKA Jessica Jones, un personnage qui évolue directement dans l'univers de Spiderman et Daredevil. Parfait pour poser petit à petit les éléments de cet univers partagé.

Pour résumer, je pense que cette première saison de Daredevil est une vraie réussite. Le ton est noir et violent, plus que n'a jamais osé le faire une adaptation de comics DC/Marvel. L'humour est bon, dosé et tranchant, les personnages sont bourrés de failles, de défauts et prennent de mauvaises décisions, l'ambiance est lourde et moite, parfaite pour ce genre d'histoire. Si la série a des défauts, je lui pardonne sans problème ses quelques facilités scénaristiques, ses méchants conventionnels et qui ne pensent jamais à enlever le masque du super-héros à terre. Je n'ai pas été captivé devant une série depuis longtemps, et je n'ai aucun doute sur les prochaines séries Marvel/Netflix. Malheureusement, cela fait tomber Agents of SHIELD bien bas dans mon estime, surtout avec leur intrigue Inhumans qui n'a que peu d'intérêt à quatre ans du film prévu. Je n'ose imaginer ce que la série aurait pu donner si elle avait été diffusée sur Netflix directement avec la même liberté de réalisation.

Par contre, j'ai trouvé ça flou leur histoire de Black Sky. Car finalement on sait toujours pas vraiment ce que c'est. Mais bon je suppose qu'on le saura l'année prochaine si la prochaine saison sort à un an d'intervalle ^^)

La saison est scénaristiquement intéressante (en 3 parties assez distinctes) à l'exception du cas Black Sky. J'ai vraiment l'impression que le traitement de la partie Black Sky ne sert que de prétexte au cliff de la fin (bien trop prévisible d'ailleurs) et à la construction de la 3ème partie de cette saison. Concrètement il ne se passe pas grand-chose et les révélations ne sont pas à la hauteur des attentes qu'ils ont su mettre en place au sein cette fin de saison.
Tout ça pour ça ?

On nous fait d'abord tout un foin sur "la main", cet énorme trou dans le sol (dont je n'ai toujours pas saisi l'utilité ou j'ai loupé quelque chose ?) et la super arme alias "Black Sky". Au final plus rien sur ce fameux trou, on devine assez vite qu'Elektra est la super arme évoqué par la main et qu'elle va mourir. Mort suivis de son exhumation pour une future résurrection qui n'aurait pas dû être traité comme Cliff, mais plutôt dans la 3ème saison. Un personnage qui au fil de la saison m'a paru de moins en moins intéressant et dont l'avancé du point de vue scénaristique n'a au final que très peu d'intérêt. Pourquoi la faire mourir pour la ressuscité ? Mettre un peu de pathos ? Et encore ce n'est pas assumé.
J'ai l'impression d'avoir perdu mon temps sur 3 ou 4 épisodes à voir cette "super arme" enquêter pour bêtement se faire tuer sur la fin. Prétexte comme dit plus haut pour avoir un cliff et nous la resservir ensuite. Mouai... C’est un peu fainéant comme procédé et on risque de se retaper toute une histoire sur Elektra, black Sky, la main etc dans la saison 3. Trame qui aurait pu être réglé au cours de cette saison afin de ne pas perdre de temps et avancer dans l’univers Dardevil avec pourquoi pas Le Tireur ?

En revanche le traitement du Punisher est vraiment une bonne surprise. La relation de Franck et Karen (ange et démon) donne un bon rendu et le réalisateur s'en amuse. Je pense notamment au plan dans le bar (dans l'épisode 12?) où Franck tend un piège à ses assaillants. Il y a plusieurs jeux de couleurs et de lumière avec un Franck très sombres en contraste avec une Karen exposé à la lumière des néons qui fait ressortir  son teint de peau très clair et sa chevelure blonde.
L'autre force du personnage de Franck Castle réside sur la frontière morale extrêmement mince de ce dernier qui est très bien retransmise à l’écran. Présenté comme un monstre dans un premier temps, pour ensuite être humanisé au travers du regard de Karen, le personnage nous surprend à tout moment que ce soit dans l’horreur ou dans sa part d’humanité. Jon Benrthal est d’ailleurs très bon en Punisher.

Les références au reste de l’univers Marvel sont toujours aussi bien insérées dans le récit et ça fait plaisir de ne pas les voir arriver comme un cheveu sur la soupe. Pour ceux qui ont vu Jessica Jones, on l’évoque clairement via l’avocate (présente dans Jessica Jones d’ailleurs) qui veut engager Foggy.