Black Mirror [série]

The National Anthem est une entrée en matière vraiment soft comparée au reste de la série et pourtant d'une violence assez surprenante. J'ai particulièrement aimé le montage qui montre différentes personnes assistant et réagissant à l'évènement. On voit l'exaltation qui se transforme en malaise et rapidement en dégout. C'est assez prenant et en même temps tout à fait édifiant.

15 Million Merits est peut être l'épisode qui m'a le plus bouleversé. Même si l'histoire n'est en elle même pas très surprenante, elle fait quand même réfléchir à notre consommation des médias et aux promesses et manipulation des télévisions. J'ai été d'abord bouleversé lors de la scène où Abi subit un réel matraquage de l'opinion publique qui fait plus que l'influencer et l'oblige littéralement à accepter de devenir un actrice de film pour adultes. Mais ce qui m'a tenu au bord de ma chaise est bien évidement le discours déchirant de Bing devant le jury. Je me suis beaucoup identifié au personnage, et le voir tomber dans le piège de la manipulation à son tour m'a vraiment brisé le cœur.

The Entire History of You est pour moi l'épisode le plus intelligent. Au milieu du drame de ce couple qui par en vrille, l'utilisation magistrale de ce concept de technologie très simple est stupéfiante. L'idée est bien sûr de mettre en évidence qu'avec un moyen de tout revoir, de tout analyser dans les moindre détails, la vie telle qu'on la connaît, avec ses failles humaines, ses oublis, ses confusions, perdrait tout son sens. C'est effectivement quelque chose qui pourrait nous rendre fou.

Be Right Back fait effectivement écho au film Her mais amène le concept encore plus loin. C'est d'ailleurs l'épisode qui m'a le moins emballé, probablement car j'ai trouvé l'idée un peu simpliste. L'idée d'une personne virtuelle créée à partir de l'empreinte virtuelle que quelqu'un a laissé sur internet est pourtant très bonne. J'ai également aimé l'idée d'un corps synthétique, qui pousse l'idée d'un cran. J'ai cependant été frustré que le couple reste dans leur coin et qu'on ne les confronte pas au regard du monde. Heureusement, la fin un peu tordue permet de donner un dernier frisson qui laisse une bonne impression à l'épisode.

White Bear est l'épisode dans lequel j'ai eut le plus de mal à rentrer, malgré la présence de Lenora Crichlow en rôle principal. Pendant un moment, l'épisode semble patiner et surtout très confus. Pire, on se demande où ils veulent en venir. Grosse surprise au moment du twist de l'intrigue que je n'attendais pas du tout. On se retrouve littéralement de l'autre côté du rideau et on découvre petit à petit les coulisses de cette mise en scène sordide qui m'a vraiment mis mal à l'aise. On peut clairement perdre foi en la nature humaine en découvrant ce genre d'histoire, d'autant plus qu'on imagine facilement que cela puisse exister dans une société comme la notre, qui n'est déjà pas exempte de dérives dérangées. White Bear est le point fort de cette deuxième saison.

The Waldo Moment conclut avec brio la seconde saison. J'ai particulièrement aimé cette dérive totale de la société qui adule un personnage virtuel totalement exécrable. On y dénonce à la fois la dérive des médias dans le paysage politique qui n'hésitent pas à polluer le discours et à l'influencer, mais aussi l'illusion de démocratie du peuple via les réseaux sociaux, et quelque part le désir d'une anarchie politique qui serait bénéfique. L'idée que Waldo s'émancipe de Jamie pour devenir une entité propre est assez intelligent même si pas forcément nouveau. Waldo incarne alors une idée, un message, bien loin de ce qu'avait créé Jamie à l'origine. Avec l'Internet actuel et la naissance de groupes virtuelles influencés par les internautes sans aucun contrôles des gouvernements, nous nous trouvons clairement à la porte d'un monde comme celui-ci.

La manière dont l'épisode est écrit est assez géniale, de par le caractère complètement meta de la chose : on joue à un film permettant de choisir sa propre aventure, consacré à un jeune homme essayant d'écrire un jeu permettant de choisir sa propre aventure, inspiré d'un livre permettant de choisir sa propre aventure. Le caractère complètement meta est même renforcé quand on peut signifier au personnage qu'on le contrôle via Netflix ce qui a des conséquences amusantes (la plus drôle étant celle où Stefan se retrouve effectivement sur le plateau de tournage). Ce caractère meta est même renforcé par les propos de Colin.

Après, la légère déception que j'ai eue fut surtout la difficulté à arriver à une fin à peu près potable en raison de la quasi-absence de logique (ou bien la logique assez ténue) entre les choix réalisés et le résultat final. Mais dans tous les cas, ça reste une expérience assez fantastique à la limite entre le film et le jeu vidéo, et qui d'ailleurs reprend certaines des ficelles de ce dernier média pour fonctionner.

méta / mise en abîme m'a beaucoup plu.