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| La trilogie de Gormenghast | |
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harsiesis Routard Interstellaire
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| Sujet: La trilogie de Gormenghast Sam 22 Sep 2012 - 15:16 | |
| La trilogie de Gormenghast : Titus d'Enfer, Gormenghast et Titus Errant, de Mervyn Laurence Peake, Préface d'André Dhôtel (Titus d'Enfer et Titus Errant) et Patrick Reumaux (Gormenghast), traduction de Patrick Reumaux (pour les trois tomes) et Gilberte Lambrichs (pour le deuxième tome), Editeur/collection : Points/Points Littérature; Vintage Classics pour la version anglaise.
PrésentationAu château de Gormenghast règne une famille farfelue: les d'Enfer. Lord Tombal lit toute la journée. Son épouse Gertrude ne vit que pour ses chats et ses oiseaux. Leur fille Fuchsia est d'une nature sauvage et rêveuse. Autour d'eux s'agite une société hétéroclite dont le quotidien est figé dans l'exécution de rites ancestraux. La naissance d'un fils, Titus, va rompre la monotonie du château. L'auteurMervyn Peake (1911-1968) est un illustrateur, poète et écrivain britannique. Précurseur de la fantasy moderne, il a été comparé à Swift, Rabelais, Edgar Poe, ou encore J.R.R. Tolkien (dont il fut contemporain). Parmi ses modèles, Peake citait volontiers les deux grands écrivains de l'ère victorienne que furent Dickens et Stevenson. En 2008, un classement du Times le compte parmi les 50 écrivains britanniques les plus importants depuis 1945 (en 18ème position). |
| | | harsiesis Routard Interstellaire
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| Sujet: Re: La trilogie de Gormenghast Sam 27 Oct 2012 - 17:55 | |
| Bon bon bon... c'est pas tout ça d'ouvrir un topic, encore faut-il décrire la bête et donner envie à d'autres lecteurs ! d'autant que Gormenghast reste très méconnu en France... Quel choc ! Même lorsqu’on s’y prépare et que l’on s’y intéresse de près car l’œuvre est souvent présentée comme fondatrice d’un certain type de fantasy (certains auteurs comme China Miéville ou avant lui Michael Moorcock ont dit leur admiration pour Mervyn Peake), on est frappé par le charme, l’extravagance ou la noirceur qui se dégage du récit. Le cadre est celui d’un château dans lequel vit une famille et des serviteurs farfelus, qui perpétuent des rites ancestraux même s’ils n’en comprennent plus guère le sens. Le château et ses alentours (un village de pauvres hères habitant dans des huttes) ne sont pas situés : il s’agit peut-être bien de notre monde, mais l’ensemble semble vivre en autarcie. Bien sûr au vu de ce descriptif et de la couverture, on est fortement tenté de qualifier cette œuvre de gothique. En réalité rien n’est moins sûr, et si l’on a débuté la lecture par la préface d’André Dhôtel, on sait que ce terme faisait bondir l’auteur. Arf, mais qu’est-ce-donc ? se dit avec angoisse le français qui aime bien faire rentrer les livres dans des catégories Est-ce de la fantasy ? Et bien il n’a pas du vous échapper que déjà, le topic n’avait pas été placé dans Merveilleux mais dans Inclassable. En outre, le surnaturel n’est qu’extrêmement rare, seules deux scènes pouvant en être et encore, cela demande à être précisé dans les tomes suivants. Alors après lecture, je maintiens que Peake est davantage un « précurseur » qu’un auteur de fantasy à proprement parler. De fait, à la lecture, on s’aperçoit que gothique, le récit ne l’est pas spécialement. Les premiers chapitres sont une sorte de visite guidée des salles du château et sont d’ailleurs titrés des noms de ces salles. Les personnages sont d’entrée très extravagants, à commencer par le cuisinier Lenflure (!) au physique aussi gras qu’on peut l’imaginer, ou encore le majordome Craclosse, raide comme la justice. Et Peake de multiplier les descriptions impossibles confinant au grotesque. On comprend aisément que certains l’aient comparé aux grands satiristes comme Rabelais ou Swift. L’intrigue de ce premier tome est plutôt lente du moins dans sa première moitié. Le récit, ponctué de descriptions plus ou moins longues, réclame un peu plus de concentration que celui d’un ouvrage lambda de SFFF. Rien d’insurmontable toutefois, mais je préfère prévenir ^^ surtout que cela vaut le coup : indéniablement, les descriptions sont belles. Peake procède par petites touches jusqu’au détail, certains y ont vu d’ailleurs l’influence de son travail d’illustrateur (il avait illustré l’ Ile au Trésor et Alice de Lewis Carroll). Cela peut troubler quelque peu au début car on se demande si l’on n’a pas à faire à de l’excès de description (Jaworski franchit fréquemment la limite à mon sens par exemple), ce qui nuit à l’imagination du lecteur. Heureusement, on est bien vite rassuré. Au passage, si l’on arrive à percevoir la qualité du style à partir d’un texte traduit, c’est sans doute que la traduction est excellente. Subjectivement, il y a deux passages de description développée qui sont formidablement réussis : celui sur le toit de Gormenghast et celui dans la salle des Araignées. Passé les premiers chapitres qui comme je le disais tiennent autant de la visite guidée que de la découverte des personnages, l’action se met en branle. Le château s’affère pour la naissance de l’héritier. Titus focalisant l’attention mais ne jouant pas encore un rôle important (forcément), c’est surtout l’occasion de découvrir les personnages. Chacun a une certaine importance, mais les deux qui semblent se détacher sont sans doute Fuchsia et Finelame (Steerpike en anglais). La première est rêveuse, romantique, charmante et en même temps un peu agaçante, bref une parfaite figure de l’enfance. Le deuxième semble être un opportuniste et un calculateur, le Rastignac du château. La mère de Titus, malgré son goût immodéré pour les oiseaux et les chats, apparaît finalement comme quelqu’un de rationnel et réfléchi. Le père semble animé des meilleurs intentions mais paraît déjà moins valorisé. C’est qu’il s’abandonne à la tradition faute de mieux, même les livres ne sont guère une passion pour lui. Il est certes une victime des forces du mal (ou du moins du chaos…) qui s’agitent au sein du château, mais il n’en sortira que du désespoir pour lui. Peake veut-il montrer par là que la tradition est mortifère, déshumanisante ? il faut peut-être attendre d’avoir lu les trois tomes pour le dire mais c’est l’impression que cela m’a donné. Le début du deuxième tome va également dans ce sens. Bref vous l’aurez compris Gormenghast est une lecture indispensable. Il est dommage que cette œuvre et son auteur soient si méconnus en France (je serais d'ailleurs curieux de savoir qui en avait ne serait-ce qu'entendu parler sur ce forum), et ce n'est pourtant pas faute d'une bonne réception critique (les quatrièmes de couverture présentent des extraits de critique dithyrambiques de Frédéric Vitoux et du Monde littéraire). Mais je crois quil y a toujours eu une certaine résistance en France à intégrer les littératures d'autres pays : même Shakespeare a mis longtemps avant d'être reconnu comme l'égal de nos plus grands écrivains. Bref... Tout en se situant plus du côté de la culture classique, Mervyn Peake a réinventé le conte à l’anglaise et en a ouvert le champ des possibilités que la culture populaire a repris depuis avec les univers de Tim Burton, la famille Addams, la fantasy urbaine… Indice de satisfation pour le premier tome : 9~9.5/10 c/c, merci word... ^^ |
| | | harsiesis Routard Interstellaire
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| Sujet: Re: La trilogie de Gormenghast Sam 17 Nov 2012 - 14:56 | |
| Deuxième tome lu.
Bon là, j'ai eu un peu peur. Car en fait, pendant presque 300 pages, soit presque la moitié du livre (!), je n'ai pas beaucoup accroché... Non pas que ce soit fondamentalement différent du premier tome, c'est toujours baroque et extravagant, mais plutôt que le récit se focalise sur des personnages et dans une direction que je trouve peu intéressantes. En effet, sur cette partie, Peake introduit et développe les professeurs du château de Gormenghast. Cela fait beaucoup de nouveaux personnages d'un coup et perturbe, en tout cas me perturbe. A certains moments on est au bord de l'ennui et, il faut dire ce qui est, en manque de Finelame et Fuchsia. Heureusement, passé cette partie qui aurait gagné en concision, on retrouve tout ce qui fait la saveur de cet univers.
Ce second tome, c'est le tome où les masques tombent et les quelques ambiguïtés du tome 1 dont j'ai parlé au-dessus sont vite levées. Titus étouffe dans la tradition et les rites du château et ses désirs de liberté ne demandent qu'à exploser, mais pendant ce temps une force tente de prendre peu à peu le contrôle du château... Certains comme le docteur Salprune ont des doutes et cherchent à débusquer le mal qui est à l'oeuvre. S'ensuivra à un moment une course-poursuite à l'intérieur des murs pour mettre à jour les complots. Pour ma part c'est le grand moment du second tome : hallucinant et halluciné. Un autre passage très révélateur et une belle démonstration de l'art de Mervyn Peake est celui où il décrit l'action à travers l'ombre d'un personnage. Ca paraît un peu grossier quand on le dit comme ça mais là où Peake est très fort c'est qu'il arrive à être très subtil à partir d'un postulat volontairement caricatural.
Malgré une première moitié de récit poussive, Peake parvient à nous captiver jusqu'à la dernière page. Indice de satisfaction : un bon petit 8~8,5/10... |
| | | harsiesis Routard Interstellaire
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| Sujet: Re: La trilogie de Gormenghast Dim 6 Jan 2013 - 15:14 | |
| Ca fait quelque temps que j'ai lu le dernier tome de Gormenghast, Titus Errant même si j'étais pas passé donner mon avis. Pour moi, c'était un très bon tome qui conclue parfaitement la saga. Je ne suis pas d'accord avec les quelques avis que j'avais lu ici (bon pas ici en fait ^^) ou là, comme quoi il serait décevant, trop déconnecté des deux précédents, avec une fin pas satisfaisante, ou que sais-je encore. Il est vrai qu'il est assez différent des deux précédents, on ne peut guère le nier. L'action a quitté Gormenghast, on suit maintenant les pérégrinations de Titus à travers un monde qui a davantage les traits du notre, mais qui n'en est pas moins inquiétant, et c'est là sans doute un des intérêts de cette dernière partie. Police, industrie (en cela, je me demande si Peake n'a pas plus ou moins des idées similaires à Tolkien), plus généralement tout ce qui est l'émanation d'instances officielles apparaît en effet agressif et menaçant. On se dit qu'Orwell n'est pas très loin... Titus a bien du mal à trouver sa place dans tout ça et s'il se trouve des "alliés" ils ne le restent souvent que pendant un temps. Il découvrira aussi l'amour... sous toutes ses formes, y compris l'amour vache (deuxième moitié du livre environ). Il est vrai aussi qu'il peut parfois être agaçant comme personnage, et ce tome est plus centré sur lui que les autres... Quant à la fin, sauf à penser que l'histoire devait se finir avec un héros vieux (euh pardon mais... WTF?), je ne vois pas en quoi elle pose problème. Non cela conclue très bien la trilogie. Mais pour moi ça reste un tome globalement satisfaisant, et même très audacieux puisque c'est celui où le personnage principal est déchiré et confronté à la réalité. PS si les modos trouvent que ça fait trop de posts à la suite je les laisse fusionner. Y a pas de mal je comprendrais très bien |
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