Episode 18: Intersections in Real Time

Episode assez extraordinaire, le plus noir de toute la série.

C'est un choc. Franchement, je ne pensais jamais voir un tel épisode dans Babylon 5. C'est noir, c'est déprimant et surtout, sans espoir et sans compromis. Tout est gris et noir.

Le parallèle avec le livre 1984 d'Orwell est cette fois-ci évident. Ce que l'on fait subir ici à Sheridan, s'apparente à ce que l'on fait subir à Winston le héros d'Orwell dans son livre. C'est à dire que l'on redéfini la vérité. Elle est malléable, elle est ce que le système dit qu'elle est. Au final, si on dit que 2+2=5, alors 2+2=5. Pour Sheridan, cela commence avec les heures qui fluctuent sans cesse. Sheridan doit en plus de confesser ses crimes et dénoncer ses complices, être complètement sincère. Il doit se repentir devant la foule pour servir d'exemple. Il doit être briser et accepter le système. Il doit être convaincu de sa propre traîtrise.

Face à lui, se dresse un bourreau fonctionnaire "bienveillant", qui ne veux "qu'aider" Sheridan. L'ancien commandant déchu malgré la torture tant psychique que physique, ne craque pas. Il exhorte même un Drazi à se battre et à ne pas céder. A la fin, il reste fort et préfère mourir plutôt que céder. Son discour est très beau mais il est vain. Finalement, Sheridan voit peut être dans la mort une délivrance car il l'accepte et la préfère aux aveux.

Cependant, et c'est là tout le tragique de l'épisode, Sheridan ne meurt pas. Non, il recommence le processus à zéro. Seulement, cette fois-ci, il a perdu toutes illusions. Le Drazi était un fourbe qui jouait la comédie et il sait maintenant qu'il n'a aucune chance de sortir, même par la mort.

Il finira par craquer... personne ne peut résister éternellement au système. Cela prendra le temps que cela prendra, mais le jour ou Sheridan craquera arrivera fatalement... C'est une roue démoniaque, une torture sans fin. J'espère vraiment que quelqu'un arrivera à le sortir de là, mais la fin de l'épisode ne laisse pas beaucoup d'espoir quant à cette solution.

Le personnage de Sheridan si il s'en sort, ne sera plus jamais le même. Z'Ha'Dum fut une partie de plaisir par rapport à ce que ses propres frères humains lui ont fait subir...

J'ai une préférence marquée pour cet épisode, de par la force qu'il dégage. Pratiquement aucun décor (pas d'espace, pas de Babylon 5, pas de décor Martien ou Terrien, Minbari ... rien que quelques murs très sombres), un huis-clos entre Sheridan et son interrogateur - à peine interrompu par une scène avec un pseudo-prisonnier - ... je suis resté scotché devant l'écran quand j'ai vu cet épisode pour la première fois... et la deuxième fois aussi... et la fin n'est que le recommencement du processus.

Superbe....Je sais que je ne manque pas de superlatifs pour cette série, mais là, nous avons le droit a du très beau : Un duel perdu d'avance pour Sheridan face au Système, qui veut non seulement son être, mais aussi son esprit, pouvoir le parader et exposer son repentir sans le moindre trucage.
Et ils y arriveront, ce n'est qu'une question de temps. Ici, pas d'évasion en solo bien spectaculaire, mais une résistance mentale et physique.
Au niveau de la réalisation, pas le moindre défaut, l'environnement est oppressant au possible. Les deux acteurs jouent très bien leur rôle, et l'on a de très bonnes répliques (je pense au moment où l'interrogateur veut faire dire à Sheridan qu'il est midi, quelle que soit l'heure, et qu'il répond qu'il est midi quelque part).

Franchement, c'est du joli. Original, et parfaitement pertinent.

Un épisode au cours duquel Sheridan fait preuve d'une force de caractère peu commune. Et épisode dans lequel il passe par beaucoup de choses, de tortures, mentales et physiques... Un épisode qui sort de la lignée scénaristique traditionnelle de Babylon 5. Ici, un seul arc. Ici, une seule histoire. Ici, il faut bien 40 minutes pour montrer ce qu'un homme peut subir, ce qu'un homme est capable d'infliger à un autre.
Sheridan aura été roué de coups avant que cet interrogateur n'arrive. Il n'a pas mangé depuis deux jours, un sorte de mise en condition pour ce qui va suivre. Et Sheridan tente de résister, le fait de contredire le Goodmorning en disant qu'il y avait de la lumière la dernière fois et plus cette fois-ci, essayant tant bien que mal de convaincre ce prisonnier Drazi qui aura joué la comédie à la perfection, ... L'interrogateur quant à lui joue très bien son rôle de briseur d'homme. Il utilise toutes ses astuces : privation de sommeil, privation de nourriture, empoisonnement, douleur physique, douleur émotionnelle, chantage affectif à peine voilé, ... Aucun repos n'est offert au capitaine, qui sait qu'il est seul, seul contre tous les occupants de cette base. Clark le veut lobotomisé, brisé, esclave de sa propagante, et mes prédécesseurs ont raison, ce n'est qu'une question de temps...

Très bon épisode, dur aussi.