Rencontre du Troisième Type

Ce film est rafraichissant. Tout d'abord il rappelle cette époque pas si lointaine où la plupart des gens considéraient l'éventuelle existence d'extraterrestres comme une fantaisie absurde tout juste bonne à faire des films à spectacle et des livres particuliers. Il rapelle ce temps où on considérait la observateurs d'UFO comme des fous (pas toujours à tort d'ailleurs). Depuis, bien des choses ont changé et la rencontre d'extraterrestres en SF est devenue banale. Parfois même trop banale et sans importances dans certaines oeuvres contemporaines.
Mais ce film bien ancré dans la réalité de l'époque est là pour nous rappeler ce que serait la rencontre dans notre quotidien d'extraterrestres, et les chamboulements que ceux-ci vont provoquer chez ces habitants de l'amérique profonde.

L'histoire est bien menée, pleine de mystères et d'interrogations. Notre incompréhension initiale face à deux trames à priori peu liées entre elles est levée dans un final majestueux. A ce point, on oublie presque le reste de l'intrigue, et on reste béat devant le spectacle et l'évènement que celà constitue. J'ai trouvé cette fin parfaitement dosée et rythmée. On montre ce qu'il faut, progressivement, avec un éclairage, une successions des plans et un placement des dialogues parfaitement maîtrisé. Alors qu'on assiste vers le début du film à des scènes d'expositions aux dialogues peu importants. Là, c'est chaque phrase qui est pesée et n'est prononcée qu'au moment adéquat.

Le film est optimiste vis à vis des extraterrestres (moins vis à vis de nos congénères, par moments), pas forcément d'une profondeur extrême sur le sens, mais il fait plaisir à voir et donne une vision tout d'abord unique à ce moment, et ensuite agréable.
Malgré tout, il a le potentiel de faire sursauter et trembler les spectateurs dans sa première partie, car lorsque les ET sont de sortie et qu'on ne sait pas ce qu'ils veulent faire, leurs actions sur leur environnement sont très ambigues...

A noter aussi l'excellente prestation de François Truffaut en tant qu'.... Acteur dans le film. Il y incarne le chef du projet franco-américain. Un homme qui en bon français a une maîtrise très approximative de l'anglais.
A noter ici la présence dans un film américain d'un personnage français central qui n'est pas une caricature ou un stéréotype et qui joue un rôle positif (ouvert d'esprit, il sera parfois plus clairvoyant que ses collègues et collaborateurs). On peut remercier Spielberg pour ça, car ça ne fut pas très courant dans l'audiovisuel américain par la suite, et ça ne l'est plus du tout depuis notre mésentente de 2003.
De manière générale, j'ai une pensée particulière pour les acteurs qui dans ce film semblent tous sincères, sans sur-jeu, avec une sobriété toute adaptée.

Techniquement, le film a beau dater de 1977, celà se ressent peu. Bien sûr certains effets visuels font datés, le son n'est pas ce qu'il est aujourd'hui, mais dans sa version originale, le ton et les voix des personnages ne semblent pas avoir vieilli. Les effets visuels ont de même très bien supporté les outrages du temps, preuve que quelle que soit la technique employée, de bons effets ne vieillissent pas réellement. Les vaisseaux sont juste parfaits, les effets dans les nuages totalement crédibles et la scène finale est magnifique. J'ai encore du mal à imaginer la manière dont tout celà a été monté sans ordinateurs.

En matière de réalisation, j'ai en particulier apprécié deux plans dans le film : Celui du premier ovni, appparaissant au premier abord comme une voiture avant de s'élever, et la diffusion à la télévision, où la caméra fixe montre la construction dans le salon, les informations à la télévision et Roy en train de s'agiter, jusqu'à ce que l'image sur l'écran corresponde à la construction tronant au milieu du salon.

Bref, à mon avis un très bon film de Science-Fiction, qui explore d'une manière magistrale le thème du premier contact sans en faire trop et sans placer de morale superflue.

S'il précède E.T, cet autre film de Spielberg porte déjà clairement sa patte pacifiste si particulièrement à contre courant, tout en revenant aux racines du mythe moderne des OVNI et de leurs pilotes "Gris". Le film se caractérise donc par un enchaînement narratif très peu conforme aux standards habituels. Les différents personnages ne font rien de spécial et n'ont pas grand chose d'autre à faire que de se laisser porter vers un enchaînement qui les emmène tout naturellement à la célèbrissime séquence finale... Ainsi la méfiance des Humains ne peut que se briser contre la beauté et la poésie de ce film, qui nous parle de manière très primaire, par l'émotion et l'instinct. En cela, il est une réussite cinématographique, et une oeuvre originale qui n'est pas célèbre sans raison.

Citation :

Il rapelle ce temps où on considérait la observateurs d'UFO comme des fous (pas toujours à tort d'ailleurs)

Je pense que c'est ce que veut illustrer la scène où le héros, embarrassé et dépité, semble se retenir de dire à son collègue complotiste fan d'UFO que ce dernier lamine le peu de crédit qu'on leur accorde, en racontant son histoire de Bigfoot aux officiers amusés...

Citation :

Mais ce film bien ancré dans la réalité de l'époque est là pour nous rappeler ce que serait la rencontre dans notre quotidien d'extraterrestres, et les chamboulements que ceux-ci vont provoquer chez ces habitants de l'amérique profonde.

Dans une optique positive, oui. Le même réalisateur dépeint avec brio l'impact négatif, dans sa Guerre des Mondes, où les mêmes habitants sont subitement face aux bombardements massifs, au meurtre de masse, à la traque, à la fuite rythmée entre blessure, épuisement, terreur, désespoir et privation...

Citation :

On peut remercier Spielberg pour ça, car ça ne fut pas très courant dans l'audiovisuel américain par la suite, et ça ne l'est plus du tout depuis notre mésentente de 2003.

N'est-ce pas quelque peu paradoxal, puisque des milieux intellectuels aisés tel que, précisément, Hollywood, se sont assez tôt opposé en majorité à Bush et à la seconde guerre en Irak?

à noter que dans ce film, Spielberg commence à tourner autour des Gris et des soucoupes volantes, intérêt qui le conduira à ce citer lui-même dans la mini-série Taken et dans le dernier Indiana Jones.

Citation :

la scène finale est magnifique. J'ai encore du mal à imaginer la manière dont tout celà a été monté sans ordinateurs.

Si je trouve que la silhouette du Gris géant fait un peu boudins de patte à sel, je suis d'accord pour le reste. j'ai adoré la scène où l'on comprend que les Terriens ont sélectionné des volontaires pour repartir avec les visiteurs.

Citation :

En matière de réalisation, j'ai en particulier apprécié deux plans dans le film : Celui du premier ovni, appparaissant au premier abord comme une voiture avant de s'élever,

Je cite cela car j'ai beaucoup rit avec ce plan très sympathique.^^