De toutes les jeunes nations dont nous ayons connaissance, aucune n’est plus puissante que la Fédération Minbarie. Il faut dire que, bien que née bien après les Premiers, cette espèce est tout de même arrivée considérablement plus tôt que les autres jeunes, avec les Epsiloniens et les Chasseurs d'âme.
La planète mère Minbarie, septième du système Chi Draconis, se nomme Minbar et orbite autour de l'étoile Midiri en 548 jours. Elle fait partie des dix planètes, dont seulement une gazeuse, que compte ce système. Pourvue d'une lune unique, Minbar est plus grande et plus froide que la Terre. Au pôle, la glace recouvre un quart de l'hémisphère nord, et la majorité de ses paysages se traduisent en gigantesques massifs de cristal, de quartz et de minerais, dans lesquels des cités seront taillées bien plus tard. Entre ce relief peu fertil et le froid, les créatures y vivant ont la vie dure.
La gravité est y est plus importante que sur Terre, mais reste dans les normes de tolérabilité que partagent Humains, Minbaris, Narns, Centauris, Drazis et d'autres.
La seule espèce pensante à s’y être développée est celle des Minbaris, dont la forme moderne, du haut de ses quarante mille ans d'existence, peut toiser les quinze mille ans de l'Humain moderne.
Les Minbaris sont, avec une masse musculaire très dense et un véritable endosquelette en guise d'ossature, (dont l'excroissance impressionnante sur le crâne, plate pour les femelles, plus ciselée pour les mâles, est représentative) beaucoup plus forts et plus endurants que les Humains ou les Centauris. Leur sang est très chaud, en raison de la température fraiche de leur monde. D'autre part, un fluide méconnu remplace la transpiration.
Leur sens du goût étant plutôt faible, les Minbaris mangent plusieurs viandes trés épicées, contrairement à l'idée générale qui leur prête plutôt un régime de végétariens.
Les femelles Minbaries n'ont pas de cycle menstruel mais une unique perturbation survenant tous les sept mois environ, lorsque l'oeuf non fécondé est réabsorbé par l'organisme.
Les Minbaris croient que l'univers est un unique être conscient se subdivisant en milliards de particules de vie afin de mieux se comprendre lui-même. Des prophètes comme Valen ou Valeria se révèlent plus en phase avec " l'Univers Un " que les autres. Les Minbaris eux-mêmes, selon la religion, se réincarneraient dans la génération suivante de leur peuple après leur mort.
Les couples Minbaris divorcent rarement, et les veufs et les veuves se remarient tout aussi peu. Ce peuple dit de lui-même qu'il ne ment jamais, préférant se taire; mais l'expérience a prouvé que si ce postulat était assez souvent fiable, il restait faux dans l'absolu.
La culture Minbarie du combat désaprouve le concept de redition et nie celui de la retraite, stipulant qu'un combat engagé doit se terminer, par la victoire ou la défaite, et une défaite digne serait plutôt la mort que la soumission. De “vrais” Minbaris, même attaqués et non attaquants, même en désaventage tactique, ne “fuient” pas, (pour un Guerrier, la retraite est égale à la fuite) mais achèvent le combat quel qu'en soit le prix. D'autre part, si des Guerriers Minbaris ayant largement le dessus dans un conflit souhaitent mettre fin à la guerre, il n'est pas question, théoriquement et traditionnellement, d'un traité d'armistice à leur avantage comme les Humains savent le faire. En toutes circonstances, si les Minbaris cessent le combat, ils perdent la guerre, point. C'est ainsi que les Terriens gagneront le conflit contre Minbar à la veille de leur anéantissement, car un Minbari qui cesse le combat voit la victoire lui échapper. Mais on verra toutefois quelques entorses pratiques à ces coutumes, lors de la guerre civile de 2261 par exemple. Il est possible que l'arrivée de concepts étrangers en général, et Humains en particulier, (notament par le biais de l'Anla Shok) dans le monde Minbari y soit pour quelque chose.
Inutile de dire que les codes d'honneur et les traditions martiales de la Caste Guerrière Minbarie peuvent paraître complètement stupides, contre-productives, voire suicidaires, à des tacticiens militaires d'autres cultures plus pragmatiques, notamment Humaines; pour qui la retraite n'est qu'une tactique et pas un déshonneur moral, et pour qui mieux vaut vivre aujourd'hui pour combattre demain. Mais au combat, la puissance, la ténacité et la supériorité technologique des Minbaris suffisent à rendre, la plupart du temps, pratiquement inopérante cette faille stratégique pour leurs ennemis.
Les Minbaris forment une société de longs et innombrables rituels pris très au sérieux par eux-mêmes mais souvent destabilisants pour les autres espèces, et ils ont trois principales langues qui se nomment
« Lumière » ou Lenn-Ah pour la caste de Travailleurs, « Sombre » ou Vik pour celle de Guerriers, et « Gris » ou Adrenato pour les Religieux. Ces langues se fondent toutes sur le langage commun de l’Adrihi’e. Dans un discussion courante, ces trois langages peuvent être utilisés chacun dans différents objectifs. L’Adrenato est plutôt de ton euphonique (suite harmonieuse de sons dans les syllabes d’un mot, dans les mots d’une phrase) et généralement lent dans son prononcé. C’est le seul des trois possédant des mots pour des abstractions spirituelles et philosophiques. Le Vik, lui, consiste en des sonorités aiguës, il est utilisé pour donner des ordres sans ambiguïté. Quant au Lenn-Ah, il est technique par nature, s’utilisant avec des adjectifs. Et il est utilisé pour les discussions scientifiques, ou encore pour les mathématiques.
La société Minbarie a, de tout temps, été un fragile exercice d'équilibre entre différentes factions puissantes et plus ou moins antagonistes. De ce fait, l'honneur et la situation de la caste, du clan et de la famille sont à peu près au coeur de la vie politique interne à la Fédération.
La longue histoire Minbarie compte ses propres guerres et atrocités, particulièrement à l'époque que les Minbaris appellent le Premier Triumvirat, et qui, il y a plusieurs dizaines de milliers d'années, vit le long itinéraire de cette culture depuis le barbarisme jusqu'à la spiritualité.
Lors du Premier Triumvirat, la population se divisait en nombreux clans nomades. Ce système était de rigueur sur Minbar, puisque les baies, le gibier, l'eau et les ressources n'étaient nul part assez foissonantes pour permettre de se sédentariser. Les clans naissaient habituellement avec une seule famille, menée par un chef mâle. Celui-ci prendrait alors sa sœur puis ses premières filles comme épouse avant d’être finalement renversé par un héritier mâle, ou le chef d’une autre famille. Par la suite, des familles seraient conquises ou formeraient des alliances, menant aux clans. La majorité de ceux-ci étaient constitués de trois familles ou plus, vivant et travaillant ensemble.
Encore au vingt-troisième siècle, les clans sont nombreux, avec des rapports sociaux bien entendu plus civilisés. Par exemple, les Zir et les Mir (celui de Delenn) chez les Religieux, ou encore les Dosh, les Kort, les Epées du Vent et les Star Riders chez les Guerriers. Il semblerait donc que, bien que chaque clan dispose de ses propres vocations plus ou moins militaires, ouvrières et spirituelles, il soit porteur, au moins dans sa forme actuelle, d'une tendance majoritaire allant à l'une où l'autre des trois castes.
Venons justement au dites castes; si le système clanique formait déjà un mode sociétal horizontal, un autre vertical, celui des castes, vint s'y superposer. À l'époque, les différentes factions d'un clan prenaient les commandes selon les circonstances. Lorsque l’abri et le gibier étaient disponibles, la Caste Travailleuse prenait le dessus, puisque ses membres savaient gérer les précieuses ressources du clan.
En temps de conflit, ou lorsque le clan devait partir pour trouver des ressources se raréfiant, la Caste Guerrière se devait de protéger et de conduire le clan vers son nouvel habitat. Au combat, les guerriers menaient l’ensemble du clan et étaient supposés abandonner leur pouvoir après la fin des combats.
La dernière caste à s’être élevée fut la Caste Religieuse, qui ne semblait pas avoir de position de commandement pertinente à faire valoir mais dont les membres, poètes, soigneurs et philosophes, étaient la clef de voute de la cohésion et de l'identité du clan. Aussi, il revenait souvent à la Caste Religieuse de devoir arbitrer les conflits internes, voire de négocier la paix entre clans en guerre. Car il faut bien avoir à l'esprit que si les Religieux Minbaris sont aussi effectivement des prêtres et des moines, leur titre est pratiquement un abus de langage, tant leur nature va beaucoup plus loin que le culte: diplomatie, littérature, médecine, philosophie, art, sont leurs prérogatives.
Le Second Triumvirat commença avec l'arrivée probable de l'élevage et de l'agriculture, permettant la sédentarisation à condition d'avoir assez de bras pour retirer le maximum des maigres ressources locales. Ainsi commença le premier Age d’Or des Minbaris, lorsque à l’appel des Castes Religieuses de plusieurs tribus, de nombreux clans se rassemblèrent pacifiquement pour fonder des cités et des cultures unifiées, notamment vingt clans dans dans la vallée de Tuquali. Taillées à même les massifs cristalins, des cités furent érigées pour des millénaires.
Les vallées devinrent fertiles et nouricières, partagées entre différents empires, confédérations et cités-états. La science, les arts, la culture, la philosophie et la société en général progressèrent. Les clans ne furent absolument pas oubliés, mais leur impact sur les rivalités devint moindre en raison de l'importance nouvelle des castes au niveau “interclanique”. Malheureusement, ce nouveau système apporta aussi de nouveaux problèmes. Durant le Premier Triumvirat, les chefs étaient choisis selon les circonstances, ce qui n’était plus le cas dans cet âge éclairé.
La grande division politico-culturelle coutumière des Minbaris refit donc surface, cette fois-ci pas au travers de luttes entre clans, mais de luttes entre castes. Puisque les Religieux avait encouragé et fondé cette structure à la fois sur le plan pratique et sur le plan des principes, il avait semblé normal qu'ils en assument le commandement, pour la première fois dans l'histoire. De plus, ce régime nouveau avait été établi à priori indéfiniment, en opposition totale aux anciens mandats décrétés de manière limitée dans le temps, en fonction de la conjecture.
Avec des ressources mieux exploitées et équitablement partagées, ainsi que des clans en paix si ce n'est unifiés, les compétences Guerrières furent exclues des besoins socio-politiques, éliminant les possibilités d'accession au pouvoir de cette caste, tandis que les Travailleurs, qui avaient toujours régné en période d’abondance, furent relégués à un rang d’exécutants, qui leur collerait à la peau pour de nombreux milliers d'années.
Mais les nations se dévellopaient à la surface de la planète, augmentant leurs besoins en territoires et en ressources. Et lorsque de grandes cités-état entrèrent en guerre, les Guerriers rassemblèrent immédiatement leurs forces afin de défendre leurs cités respectives, et allèrent devant la Caste Religieuse lui demander de se mettre en retrait, conformément au code de loi; et de laisser les Guerriers assumer leur place légitime de dirigeants jusqu’à la fin de la menace d’invasion. Comme les Castes Religieuses de certaines cités refusaient de laisser le pouvoir, les Guerriers décrétèrent que tant que la Caste Religieuse ne se plierait pas aux lois, ils ne combattraient pas les envahisseurs.
Acculée, la Caste Religieuse abandonna son autorité au profit des Guerriers. Pourtant, une fois les guerres finies, la Caste Guerrière refusa de rendre le contrôle à la Caste Religieuse, arguant que les menaces étaient omniprésentes. Des guerres civiles s’en suivirent fréquemment alors que les Castes Religieuses et Travailleuses défiaient les Guerriers, et la rivalité entre les Castes dominerait la culture Minbarie jusqu’à l’arrivée de Valen.
Après des guerres de plusieurs dizaines d’années, de nombreuses cités et nations furent laissées en ruine, les vallées fertiles détruites par les combats. Certains clans retournèrent au nomadisme tandis que d’autre essayèrent de reconstruire, malgré la division des Castes.
La civilisation poursuivit son histoire, entre conflits de castes, naissance et mort d'empires. Ce qui allait être considéré comme le Troisième Triumvirat, "l'Age de la Colonisation", commença plusieurs milliers d'années avant Babylon 5. A cette époque, alors que les Humains étaient toujours à l'âge du bronze, la culture Minbarie avait atteint un stade technologique lui permettant de voyager dans l’espace. Malgré les guerres entre nations rivales et les tensions entre castes qui faisaient partie intégrante du paysage géopolitique de Minbar, la colonisation de système stellaire Minbari commença.
Au cours des siècles qui suivirent, les lunes et les planètes de Chi Draconis furent colonisées et partagées entre les différentes factions Minbaries, à la lumière de l'étoile Midiri. Mais l'astronautique avança bien moins vite que chez les Centauris ou encore les Humains, et entre la première fusée et le premier moteur de saut hyperspatial, des millénaires s’écoulèrent dans Chi Draconis.
Cette dernière avancée (le générateur de point de saut) enfin effectuée, les Minbaris furent finalement contactés par les énigmatiques et inquiétants Vorlons, qui les aidèrent à améliorer leur technologie pratiquement contre leur gré, car les mystérieux bienfaiteurs ne faisaient pas grand cas de la tradition Minbarie priviliégiant une approche prudente et progressive des choses. Quoi qu'il en soit, cela permit à Minbar d'acquérir une science comparable à celle de Centauri Prime durant l'ére Babylon 5, avec un contrôle de l'antimatière et de la gravité.
Longtemps après le premier contact avec les Vorlons et environ mille ans avant Babylon 5, les Minbaris connurent enfin la vérité à propos de l'empressement de leurs alliés à les armer, lorsqu'ils se retrouvèrent tous deux impliqués dans un conflit qui faillit causer leur perte: la guerre des Ombres. Minbaris, Vorlons, et d'autres espèces tel que les insectoïdes Tak'chas formèrent une coalition contre les dieux du chaos. Mais rien n'arrétait la déferlante des Ombres, dont l'unique motivation paraissait être la destruction. Pendant des années de combat, les Minbaris y laissèrent des flottes et des mondes, puis finalement, leur principal quartier général et base armée fut détruit à son tour. Sans cette station spatiale fortifiée, les Minbaris ne pouvaient même plus coordonner leurs ultimes forces et semblaient voués à l'anéantissement.
Mais alors que tout espoir semblait éradiqué, une nouvelle forteresse spatiale surgit dans l'espace comme venue d'une autre dimension, avec à son bord deux êtres uniquement, deux êtres d'exception. Valen, le légendaire Minbari non né de parents Minbaris, le sans lignée, le sans clan, le sans caste. Et Zhatrass, l'étrange acolyte du premier.
Sous le commandement du mystérieux Minbari et en utilisant sa station fortifiée comme centre de coordination, les Minbaris retournèrent au front avec un regain de combativité, entrainant même les Vorlons avec eux dans leur nouvelle vague.
Cependant, les luttes entre castes revinrent, et lassé d'elles, Valen décida de les laisser de côté pour fonder l'armée de l’Anla Shok, (traduit littéralement, " l'emploi / l'usage / l'application de la force ") connu plus tard par l’Humanité comme les Rangers ou l'Etoile Céleste. Elle était "blanche", c'est-à-dire sans caste, à l'image de Valen en personne. Malgré un attrait majoritaire des Religieux en raison de leur ferveur toute particulière envers la figure de Valen, l'Anla Shok fut pensée pour brasser indistinctement des Minbaris issus des trois castes, sans séparations.
Ainsi, sa force de frappe encore davantage optimisée par l'Anla Shok, le peuple Minbari poursuivit la guerre avec ses alliés pendant des années. Jusqu'à ce qu'enfin, la majorité des forces Ombres soient détruites, le reste dispersé et mis en sommeil, et leur planète, Z'Ha'Dum, abandonnée. Les Minbaris et les Vorlons achevèrent la guerre pratiquement seuls. Les autres Alliés avaient été détruits, privés d'astronautique ou de technologie, ou parfois s'étaient repliés sur eux-mêmes. Quant aux Tak'shas, ils furent bannis de la coalition en raison de leur politique immorale.
Les Ombres parties, les Minbaris devinrent inutiles, et les Vorlons se murèrent dans le silence de leur empire sidéral interdit à toute autre circulation que la leur. Même les Minbaris, alliés de plusieurs siècles, n'intéressaient plus les Vorlons une fois leur objectif arrivé à sa finalité, et de fait, les quelques équipages Minbaris qui se risquèrent dés lors dans l'espace Vorlon n'en revinrent pas davantage que les pilotes d'autres peuples.
Après la fuite des Ombres, le repli des Vorlons et l'anéantissement technologique de nombreux peuples face aux forces de Z'Ha'Dum, les Minbaris réalisèrent bientôt être une force sans commune mesure dans l'espace qui leur était connu, si ce n'est quelques rencontres trop marginales pour représenter un danger, par exemple avec les Chasseurs d'âme. Mais sans menace de destruction pour alimenter l'union sacrée, les guerres entre les castes reprirent. Alors Valen réunit une assemblée des clans et des castes, et introduisit son discours ainsi; « Avec un grand pouvoir vient une responsabilité plus grande encore. Si nous ne pouvons nous maitriser, nous ne méritons pas ce pouvoir. Nous devons lutter pour être meilleurs que ce que nous sommes, et ne pas mener par la force des armes mais par l’exemple. »
Sous l'impulsion de Valen, la Fédération Minbarie fut fondée, dirigée par trois officiels Religieux, trois officiels Ouvriers et trois officiels Guerriers, dont un guide suprême élu par et parmi ces derniers. Si le nouveau Conseil Gris voguait surtout dans l'espace, la capitale serait la cité de Yedor, et l'Anla Shok subsisterait en parallèle de la Caste Guerrière, en mémoire de Valen et dans l'attente d'un retour des Ombres.
Valen prit ensuite une épouse venue d’au-delà de l’espace et du temps, et ils se réfugièrent tous les deux parmi les étoiles après que le Minbari non né Minbari ait édicté ses célèbres prophéties, annonçant l'alliance avec un ennemi futur et le retour des Ombres mille ans plus tard. Son destin resta à jamais inconnu, si ce n'est quelque rumeurs selon lesquelles Valen aurait reçu l'Hyper évolution de Lorien, comme le Tueur d'Etoile la recevrait lui aussi, un millénaire dans le futur. Mais Valen marqua la société Minbarie à tout jamais, demeurant présent dans sa politique, sa philosophie, ses légendes et ses rituels, mais aussi dans l'affection populaire.
Finalement, ne voulant pas s'exposer à la tentation d'abuser de leur puissance militaro-technologique vis-à-vis des autres peuples de leur secteur, les Minbaris se replièrent sur eux-mêmes, attendant l’accomplissement de la prophétie.
Certaines espèces, telles les Stribes, tentèrent à un moment ou à un autre d’attaquer les Minbaris. Tous ceux qui s'y essayèrent furent acculés jusqu’à leur planète-mère, les Minbaris faisant clairement comprendre qu’aucune attaque contre leur peuple ne serait tolérée.
Les siècles passèrent. La civilisation Minbarie, enfin unifiée grâce à la Fédération et son Conseil, connaissait la richesse matérielle et spirituelle, mais seule. Sa politique était demeurée isolationiste, et les Minbaris contactaient peu les autres espèces. Ils furent un temps inquiétés par une faction connue depuis longtemps mais en pleine phase ascendante, la République Centaurie; moins avancée technologiquement, mais jouissant à son apogée d'une incommensurable puissance économique, logistique, industrielle et militaire. Mais les Minbaris demeuraient un trop gros morceau pour l'Ogre, qui, après quelques contacts displomatiques frileux, se résigna à laisser Minbar et ses colonies en paix. Un ambassadeur Centauri fut même nommé momentannément à Minbar, puis vite prié de plier bagage en raison de son attitude. La fonction ne serait pas réinvestie avant Vir Cotto.
Le temps s'écoulant, l'on arriva à un point où quelques décennies seulement séparaient la prophétie de la réalité présente. Toujours repliés sur eux-mêmes, les Minbaris signèrent un pacte de non agression avec les lointains bourreaux Dilgars, attestant de leur neutralité tandis que des populations civiles suibissaient la barbarie de l'armée Dilgar.
Les Minbaris entendirent ensuite parler d'un impétueux nouvel acteur galactique, les jeunes Terriens qui avaient vaincu les horribles Dilgars, pourtant d'une technologie de niveau Centauri. Cependant, ils les méprisèrent et refusèrent d'entrer en contact avec eux.
Socialement, ces dernières décennies avant Babylon 5 virent l'irruption d'une espèce de mal de vivre romantique dans l'esprit des grands Religieux, en écho au malaise grandissant de leurs homologues Guerriers qui ne se retrouvaient plus au sein de leur monde. Des penseurs et des poètes Minbaris trouvèrent leur peuple trop vieux, trop terne, trop médiocre, sans objectif ni passion. (à l'avenir, les problèmes internes devraient être exorcisés par les évènements de la période Babylon 5, tandis que l'ISA, l'interaction entre les peuples et l'Anla Shok donneraient à nouveau un but et une fierté aux penseurs Minbaris.)
Dukhat devient un Guide Suprême populaire, tandis que Delenn de Mir se rapprochait du Conseil Gris. C'est à cette période que la résistance au retour des Ombres subit ses premières difficultés: nombre d'élites de la Caste Guerrière s'étaient détachées de la figure de Valen et certains se gossaient même de ses prophéties, arguant qu'il était inutile de maintenir encore et encore à flot la seconde armée -l'Anla Shok- pour courir après des chimères.
Pourtant, les Vorlons, eux, croyaient à la prophétie, ou du moins, c'est à cette époque qu'ils reprirent secrètement contact avec Dukhat, pour prévenir la déferlante imminante de l'obscurité.
Cela suffit à convaincre Dukhat de couper court aux doutes et de déclarer que le Conseil Gris irait lui-même étudier Z'Ha'Dum pour juger directement de la crédibilité de la prophétie. C'est ici que ce peuple devrait regretter d'avoir ignoré les vainqueurs des Dilgars, environ vingt années plus tôt, au lieu de prendre contact. L'époque où les prophéties de Valen devaient se réaliser était atteinte; et l'obscurité revient, d'abord de manière innatendue.
Une flotte de vaisseaux Minbaris escortant le Conseil Gris jusque Z’Ha’Dum rencontra par hasard une mission d’exploration Terrienne non loin de l’espace Minbari. Les Terriens, dotés d'un état-major quelque peu belliciste et qui, trop sûr de sa force et de son bon droit, avait l'intention d'imposer ses vues aux Minbaris, (dont il avait découvert l'existence par les rumeurs) n'étaient pas sur place dans un but réellement louable.
Les Minbaris furent capables d'identifier les vaisseaux comme Terriens, mais pas de communiquer, les langues respectives étaient impartagées de chaque côté. Les Minbaris approchèrent la flotte Terrienne avec leurs batteries ouvertes, un acte de grand respect dans leur culture.
La flotte Terrienne, brouillée par les scans Minbaris et croyant être sur le point de subir une attaque, ouvrit subitement le feu sur l’escadre en approche, dont la garde était baissée, avant de fuir dans l’hyperespace. Dukhat, le chef de la Fédération, compta parmi les morts du quiproquo. Le Conseil était désemparé, certains voulant tenter de comprendre ce qui s'était passé, d'autres combattre. Le camp de la guerre l'emporta d'une courte voix, (dont Delenn de Mir porterait à jamais le poids sur sa conscience intégre) et les autres, gagnés par la fièvre vengeresse, se ralièrent à la majorité.
Enragée par la mort absurde de son dirigeant, la société Minbarie fut prise de folie meurtrière et, pour la première fois depuis des siècles, les Minbaris exercèrent toute leur puissance. Ce serait une guerre sainte, et ils ne s’arrêteraient pas avant d’avoir tué les Humains jusqu’au dernier.
Des bases, des stations et des flottes furent assaillies, puis anéanties. Les Minbaris étaient trop puissants. Le cas de figure Dilgar était loin derrière. Les Minbaris combattaient selon une logique de caste et ne touchèrent donc pas les civils, mais le gouvernement Humain s'engoissa du sort qui serait réservé aux populations de la Terre, de Mars et de toutes les colonies une fois l'intégralité de la force armée Terrienne éradiquée.
La Terre tenta d’instaurer un dialogue avec les Minbaris, mais ses communications furent ignorées. En espérant persuader les Minbaris qu'ils s'engageaient dans un conflit qui serait lourd de conséquences, les Terriens lancèrent une attaque contre une base militaire adverse. Une flotte de quarante navires frapperait, la détruirait, et forcerait l'ennemi à la négociation.
Ce fut la première grande bataille de la guerre. La flotte Terrienne entra dans le système Minbari de ShLekkTha et avança lentement vers la zone de tir d’une flotte Minbarie les attendant. Celle-ci ne comprenait que douze croiseurs spatiaux, face aux quarante croiseurs lourds et cuirassés Terriens. Alors même qu’ils étaient déjà à portée des armes Minbaries, la flotte de ShLekkTha laissa les vaisseaux Terriens s’approcher et engager les hostilités.
La bataille ne dura que douze secondes. Durant celles-ci, les Minbaris détruisirent tous les vaisseaux Terriens, sauf un chasseur qu’ils laissèrent rentrer à la base pour annoncer le cataclysme qui attendait l'Alliance Terrienne.
Les Minbaris balayèrent le territoire de la Terre, détruisant hommes et vaisseaux sur leur chemin. Ivres de fureur, ils pulvérisaient des croiseurs spatiaux hors-service présentant leur reddition inconditionnelle. Rien ne pouvait arrêter les forces assaillantes, mais pourtant, les Humains retinrent les Minbaris durant trois ans, leur faisant lourdement payer chaque mètre conquis. De plus en plus désesperés et déterminés, ces derniers n'eurent qu'une seule victoire réelle, grâce à la ruse, lors d'une percée Minbarie dans la Ceinture d'Astéroïdes. Mais bien que la machine de guerre Minbarie n'ait jamais été compromise durant ce conflit, les Terriens imposèrent un coût “Humain” et matériel considérable à l'entreprise de mort menée par Minbar. Cependant, il ne faisait plus de doute que les Minbaris atteindraient la Terre.
Celle-ci rassembla ses dernières forces pour se protéger de la flotte Minbarie. Dans ce qui allait être connu comme la Bataille de la Ligne, en orbite de la Terre, une flotte de huit cent croiseurs de guerre Minbaris qui avait ignoré Mars, et toutes les installations Terriennes dans Sol, emergea de l’hyperespace près de la planète bleue et détruisit les vingt mille vaisseaux Terriens présents, dont douze mille Nova et Hypérions, le reste étant principalement des navettes et des Starfuries : c'est-à-dire tout ce qu'il restait.
Au moment d’achever une victoire totale, les Minbaris s’emparèrent d'un pilote de l’Alliance Terrienne, Jeffrey David Sinclair. Ce fut leur première vraie rencontre avec un Humain et, Spoiler:
lorsqu’ils l’interrogèrent, les Minbaris se rendirent compte que l’Humain n’avait pas seulement l’âme d’un Minbari, mais l’âme de Valen lui-même !
En conséquence, les Minbaris se rendirent immédiatement à l’Alliance Terrienne, alors même qu'ils visaient la Terre quelques minutes auparavant. à l'époque, les raisons de la reddition ne furent expliquées à personne en dehors du Conseil Gris. Le peuple Minbari fut outré, et nombre de Guerriers se suicidèrent ou partirent en exil plutôt que de se rendre.
Tout Minbar n'avait pas voulu la guerre. Les élites de l'Anla Shok avaient voulu la paix, Delenn de Mir, se sentant coupable de la tuerie, également. Plus encore car les Vorlons avaient révélé à cette dernière que selon la prophétie, la Terre aurait dû être l'alliée de Minbar contre les Ombres toujours sur le retour. Mais les tentatives souterraines de cessez-le-feu avaient été sabotées par l'ingérence, oubliée par l'Histoire, des services de renseignement Centauris aux ordres de Londo Molari. La guerre avait donc duré trois ans là où elle aurait pu se clore au bout d'une année "seulement".
Après la fin de la guerre, les Minbaris comprirent qu’ils ne pouvaient revenir à l’isolationnisme passé. En n’interagissant pas avec les autres peuples, une tragédie qui aurait pu être évitée par la connaissance avait failli mener au génocide d’une espèce entière. Ce fut une expérience cruciale pour les Minbaris qui, pour la première fois depuis l’époque de Valen, prirent part aux affaires de la galaxie, et engagèrent une diplomatie avec plusieurs peuples, dont les Terriens.
Lorsque l’Alliance Terrienne débuta la construction de la cinquième station Babylon en 2255 ou 2256, les Minbaris offrirent une assistance tant technologique que financière pour le projet. Babylon 5 allait devenir un nœud pour les activités Minbaries et serait décisive lors de la seconde guerre contre les Ombres.
Les Minbaris avaient exigé que le commandement de la station soit donné au commandant Sinclair. Delenn de Mir, nommée ambassadrice permanante de la Fédération Minbarie, le surveilla deux ans, en 2257 et 2258. Fin 2258, la dissension interne recommença dans la société Minbarie, avec la mutation biologique de Delenn, qui avait refusé le poste de Guide Suprême, vers un stade mi-Humain. Le Conseil se retrancha dans l'isolationisme tandis que l'Anla Shok et son chef, Sinclair, (sous la couverture de simple ambassadeur Terrien à Minbar) menaient leur guerre secrète contre le retour de l'Ombre.
La dissension interne se creusa encore, et en 2260, exedée par l'immobilisme de la Fédération Minbarie tandis que l'influence des Ombres se faisait sentir sur les Centauris, les Narns, les Terriens et les Non Alignés, Delenn de Mir parvint à dissoudre le Conseil Gris. Sous l'impulsion des Guerriers, ce dernier était resté les bras croisés devant l'accomplissement de la prophétie de Valen, alors que pendant mille ans, leurs ainés avaient consacré une partie de leur existence à cette attente. Le conseil avait trahi. La Fédération se disloqua, et puisque les Guerriers ne voulaient pas combattre, les Religieux le feraient, aux côtés de l'Anla Shok. Tandis que les castes se séparaient à nouveau, Delenn, à la fois Ranger One (dirigeante) de l'Anla Shok et extrèmement influente au sein de son clan Mir et de sa caste Religieuse armée et autonome, devint l'un des chefs politiques et militaires de premier plan dans un panorama politique morcellé.
Ce fut une période troublée, où la Caste Guerrière perçut comme une concurrence et un parasitage sacrilège la montée en puissance de l'Anla Shok accueillant non seulement des Humains, mais aussi des Minbaris Travailleurs et Religieux; de même que le pilotage de croiseurs Sharlin par des prêtres de la Caste Religieuse improvisés généraux, afin de pallier à l'isolationisme Guerrier face aux Ombres et aux multiples conflits interstellaires de l'ère de Babylon 5.
Ainsi la Fédération Minbarie n'existait techniquement plus, mais une alliance de factions Minbaries armées, majoritairement Rangers et Religieuses, participa de plein pied à la guerre des Ombres et des Vorlons, étant sur tous les fronts du début à la fin en 2260 et 2261. Juqu'à ce qu'enfin le temps de la prophétie soit achevé, et les Ombres disparues de nouveau...
Cette force Minbarie provisoire affronta même la percée de la Main du Troisième Espace à proximité de Babylon 5, et defendit cette même station contre Clark.
Ce conflit à peine fini, le territoire Minbari subit le harcellement heureusement passager des Drakhs, des serviteurs des Ombres. Puis le pire arriva. Les forces de la Caste Guerrière, jusque là demeurées retranchées et innactives, déclarèrent la guerre aux Religieux qui avaient pris les armes pour les remplacer sur le front contre les Ombres. Bien qu'elle n'ait duré que quelques semaines en 2261, ce fut une guerre civile d'émeutes et de guérilla urbaine, blessant les cités demeurées intactes depuis des milliers d'années. Des exactions innommables furent commises, telles des exodes massifs de membres de la Caste Religieuse vers des régions arides ou gelées, au cours desquels beaucoup périrent ; alors que pendant des siècles, on avait scandé “un Minbari ne tue pas un autre Minbari”...
Et dans ce conflit fratricide, les Guerriers triomphèrent. Les Religieux acceptent de se rendre (signe que la guerre civile avait vraiment effacée toutes les coutumes) tandis qu'un pouvoir militariste impartagé devait se mettre en place.
Mais finalement, Delenn de Mir, encore elle, parvint à faire éclater au grand jour l'illégitimité des dirigeants de la caste Guerrière et ainsi, reforma le Conseil Gris, cette fois-ci avec une légère prédominance (un rapport de cinq têtes contre deux et deux) de la Caste Travailleuse, la moins vindicative. La Fédération Minbarie fut donc reformée en 2261.
Cette même année, les Minbaris réunifiés participèrent à la coalition contre le président Clark, et devinrent l'un des peuples fondateurs de l'Alliance Interstellaire, accueillant même son président et Ranger One dans leur ville de Tuzenor, sur Minbar.
En quelques années, le monde Minbari avait profondément évolué, acceptant le métissage, la remise en question des traditions, l'amitié avec les Humains et même la présidence du “Tueur d'étoile” au sein de l'ISA, et donc au dessus du Conseil Gris lui-même.
2262 fut une année triste, avec la guerre éclair de l'ISA -donc des Minbaris- remportée contre la République Centaurie pilotée par les Drakhs. Elle se réitéra plusieurs années plus tard, mais s'acheva sur la libération du peuple Centauri des chaînes Drakhs en 2278. D'autres problèmes arrivèrent entre temps, telle une nouvelle percée de la Main du Troisième Espace, finalement contenue, en 2265.
Vers 2279/2280, Sheridan ne représenta pas sa candidature à la présidence de l'ISA et devient Ranger One, tandis que sa femme Delenn de Mir, elle même Ranger One jusqu'alors, approfondit davantage encore son empreinte dans la mémoire galactique en devenant la première présidente Minbarie et la seconde présidente tout court de l'histoire de l'ISA.
Les Minbaris n'en ont d'ailleurs pas encore fini avec la grande Histoire: il est dit que dans un million d'années, ils existeront toujours, et auront atteint l'Hyper évolution, à l'instar des Vorlons.
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