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| | Mandy | |
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Artheval_Pe Chief of Spatial Operations
Nombre de messages : 3590 Age : 33 Localisation : Paris
| | | | Artheval_Pe Chief of Spatial Operations
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| Sujet: Re: Mandy Mar 5 Fév 2019 - 23:59 | |
| Ce film est complètement barré, à tous les niveaux. Sans être complètement déstructuré, il est bourré de choix très forts et extrêmement subjectifs qui font que l'apprécier et rentrer dans son trip n'est ni évident, ni prévisible.
Le scénario est assez classique et suit la trame habituelle d'un film de revanche : les protagonistes vivent heureux sans embêter qui que ce soit, ils tombent sur des gens mal intentionnés, ça tourne mal, ce qui implique vengeance étant donné que ces gens semblent vivre au fin fond des Etats-Unis très loin d'un quelconque policier. Je passe sur les détails pour éviter les spoilers et laisser un peu de surprise.
Là où le film est extrêmement particulier, c'est dans son traitement. Le premier détail qui saute littéralement aux yeux, c'est la photographie. Le parti a été pris de donner un film une colorimétrie et un grain faisant écho à ce que la technique produisait en 1983 (année durant laquelle est censé se dérouler le film). On commence le film en voyant des palettes de couleurs bien particulières, mais qui se trouvent rapidement exagérées, construisant une ambiance étrange et bien spécifique dès le début. Mais après ces expérimentations, on peut suivre tout au long du film une utilisation très forte et très symbolique des couleurs, qui fait écho à la descente aux enfers et aux sentiments du protagoniste (blanc, couleurs naturelles lorsqu'il n'a pas d'intentions hostiles, palette chaude et rougeoyante lorsqu'il fait face à ses adversaires).
L'autre parti-pris, c'est une réalisation lente. Au début, le maintien de plans contemplatifs ou symboliques m'a fait penser à Tarkovsky. Et, sans atteindre les extrêmes du cinéaste soviétique, le film contient un peu de cela. Cependant, cette dilatation du temps est à mon sens assez mal dosée au début, avec une première partie qui contient de nombreuses longueurs. Le reste du film n'est pas sans élongations temporelles pour autant, mais elles m'ont bien moins gênées.
L'autre détail, c'est la relative parcimonie des dialogues. Le personnage principal ne parle quasiment pas. Seul l'antagoniste se révèle très loquace. Tout ou presque se passe par l'image, et c'est à la fois ce qui explique certaines élongations (le réalisateur s'assure de l'attention du spectateur) et qui les rend plus logiques dans la deuxième partie.
Mandy est donc un film très visuel, où tout ou presque passe par une image extrêmement travaillée dans sa photographie et sa composition, avec un usage très fort et délibéré des couleurs (on est loin du standard bleu-orange des films d'action d'Hollywood). Et l'action n'est pas en reste. On n'est pas dans les combats frénétiques d'un John Wick (il n'y a quasiment pas d'utilisation d'armes à feu dans Mandy), mais plutôt dans de la violence extrême, sale et délibérée. Ça se joue au corps à corps, de manière personnelle, à l'arme blanche, avec un usage d'ustensiles assez varié thématiquement. Et le réalisateur ne cache rien ou presque.
On a affaire là à une film qui tient de l'expérience visuelle, onirique, étrange, dont les éléments de fantastique peuvent être aussi bien rationalisés que pris tels quels. C'est une expérience inhabituelle, délibérée, posée et d'une grande violence. Je conseille à ceux qui aiment vraiment le cinéma et ont envie de voir quelque chose qui sort un peu de l'ordinaire avec des partis pris forts. Pour les autres, on peut être parfois à la limite de la série Z tant tout est exagéré, et le film n'est pas sans grosses longueurs durant sa première heure.
Ah, et à ne surtout pas regarder en présence d'enfants, c'est quand même souvent dur et malsain. |
| | | | Mandy | |
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