Mona Lisa s'éclate (Mona Lisa Overdrive)

Mona Lisa Overdrive conclut la trilogie Neuromancien, et c'est heureux car malgré quelques pirouettes intéressantes à la fin, on sent que William Gibson était alors arrivé un peu au bout des idées développées dans les deux premiers romans.

Ici, on retrouve une suite plus directe, avec à nouveau une narration à trois personnages différents, aux vies et enjeux bien distincts, qui finissent par se retrouver (ça en devient presque un gimmick chez cet auteur). Et si Kumiko et Mona sont d'obscures inconnues, on suit le destin plutôt surprenant d'Angela Mitchell déjà rencontrée dans Comte Zero, et on revoit plus tard certains personnages familiers tandis que d'autres sont mentionnés.

L'intérêt du livre se trouve plus dans l'univers qu'il décrit que dans l'intrigue, menée étrangement, pas franchement palpitante et dont la conclusion laisse un peu sur sa faim. En revanche, on y retrouve une description qui continue de s'approfondir de l'univers du sprawl (la conurb), ce futur cyberpunk lointain. Et si la misère sociale est toujours présente, c'est intéressant de découvrir un peu plus le star system de cet univers (sujet que Gibson a continué à explorer plus tard dans d'autres romans) ainsi que d'autres pans de cette société et de ses marges.

Cependant, je reprocherais quand même une vision de moins en moins précise et cohérente du cyberespace, et une description assez floue de ce qui s'y passe. Ainsi, si les changements subis par le cyberespace sont souvent commentés, on peine à se faire une idée précise de leur nature. Et bien des choses dans le roman ont juste lieu ainsi, sans qu'on en perçoive bien la cohérence avec la vision décrite dans les précédents.

Coté style, ça reste dans la même veine que les précédents, avec une rapidité qui provoque parfois la confusion, ainsi que des espèces de "sauts" temporels (sans saut de paragraphe) qui sont au départ étranges à suivre. Mais si on y a été habitué par la lecture de Comte Zero, ça ne pose pas de problème. Comme pour le précédent opus, je ne commenterai pas la traduction car j'ai fait le choix de lire la version originale qui reste assez engageante malgré quelques descriptions tordues et un vocabulaire riche.

Bref, c'est un roman que je recommanderais à ceux qui ont apprécié Neuromancien et Comte Zero malgré leurs défauts. En revanche, à mon avis il n'amène pas assez de nouvelles idées pour être un passage obligé comme peut l'être Neuromancien. Donc si vous avez une fibre ou êtes dans une période Cyberpunk : allez-y. Sinon, passez votre chemin. Ça reste un roman intéressant, mais il y en a tant d'autres à lire et qui sont plus abordables.