1x00 - Pilot

Pour la petite histoire le pilote a été diffusé le dimanche 8 avril en première partie de soirée. La volonté d’ABC est de reprendre des parts d’audience aux chaines du câble et à la vidéo en proposant une fiction de qualité, chose que les programmes peu coûteux (sitcom et télé réalité) n’ont pas réussi à faire. La série doit aussi faire concurrence à la rivale Cheers diffusé sur NBC.
La série est rapidement devenue culte, bien que les audiences n’aient cessé de chuter. La série allie dès le début un côté « soap opera » avec des éléments fantastiques et suréalistes. On découvre dès ce pilote 6 triangles amoureux.

Ce qui marque d’emblée  avec la réalisation soignée de Lynch, c’est l’apparition de plusieurs personnages forts :
L’agent spécial Dale Cooper, sorte de Sherlock Holmes de l’intuition. S’il parait aussi méticuleux que le détective anglais, l’agent du FBI privilégie les signaux envoyés par son inconscient. Ses lubies participent à donner un ton décalé à la série. D’autres personnages ne sont pas en reste comme Lucy la standardiste, pipelette qu’on a du mal à arrêter une fois lancée, Nadine et ses tringles à rideaux, l’adjoint Andy maladroit et aux larmes faciles…
Tandis que d’autres personnages paraissent plus mystérieux et sombres tels que Bobby qui trempe dans une affaire de drogue avec Mike (et la défunte Laura), Léo Johnson qui apparaît comme une brute épaisse, James Hurley l’amant de Laura qui semble torturé par les événements, Catherine et Josie qui magouillent pour le contrôle de la scierie et les parents de Laura dévastés par la mort de leur fille.
La scène ou Leland apprend la mort de sa fille avec sa femme Sarah au téléphone est d’ailleurs une scène forte du pilote. On est à la limite du « too much », mais le génie de Lynch arrive à se servir de cette exagération pour donner une force immense aux images. Je frissonne à chaque fois que je revois ce plan descendant sur le combiné…
En fait, seuls quelques personnages comme le shérif Harry Truman et Norma Jennings paraissent à peu près normaux.

Rapidement Laura Palmer est retrouvée morte sur la berge, entourée dans un emballage plastique, le vendredi 24 février 1989 aux alentours de 6 heures du matin. Une bonne partie du pilote se concentre sur la réaction des habitants de Twin Peaks face à la nouvelle. Peu après, Ronette Pulaski est retrouvée errante de l’autre côté de la frontière de l’Etat, ce qui permet l’intervention du FBI (et du meilleur personnage jamais créé !) sur l’enquête. Ronette a été battue et violée durant la nuit, un sort qui semble avoir été partagé par la défunte Laura.

Pour le moment, ce que l’on sait sur la nuit qu’a passé Laura, c’est qu’elle a souhaité une bonne nuit à sa mère avant d’aller se coucher vers 21h après être revenu de chez Bobby et qu’elle a reçu un appel.
A l’hôpital, Cooper inspecte les doigts de Ronette mais ne semble pas trouver ce qu’il cherche. Cette dernière se met alors à murmurer « Don’t Go there ». Peu après, Cooper et Truman croisent le chemin d’un étrange manchot dans l’ascenseur.
A la morgue, Cooper trouve la lettre « R » sous l’annulaire de Laura. Il demande à Diane de faire venir Albert et non Sam. Il s’agit surement de

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En ouvrant le journal de Laura Palmer, Cooper note que cette dernière était « nerveuse à l’idée de voir J ». Comme bon nombres de personnages ont un prénom/nom débutant par cette lettre, le mystère reste entier ^^ Coop’ et Truman commencent ensuite à faire le voile sur la part sombre de Laura en ouvrant son coffre et en y découvrant un magazine sulfureux (Étreintes Charnelles) dans lequel apparaît Ronette Pulaski. Sa photo y est entourée. Dans l’autre page on aperçoit une silhouette qui ressemble à Léo Johnson devant son camion. Le coffre contient également 10 000 dollars.
Dans la dernière scène ou Sarah Palmer voit une main ganté s’emparer du collier laissé par James, on aperçoit, en haut à droite dans le cadre, la silhouette de

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. Il s’agit, selon les versions, d’une erreur technique que Lynch a décidé de garder au montage, créant ainsi l’un des personnages les plus emblématiques de la série… Ou d'une improvisation sur le moment.
Une autre défaillance technique a été utilisé lors de la scène dans la morgue avec la lumière défaillante. Lynch a décidé de garder l’éclairage récalcitrant car il trouvait que cela donnait une bonne ambiance. Le médecin donne une mauvaise réplique en donnant son vrai nom à Cooper et cela a été gardé également.

Pour ceux qui ne possèdent pas l’édition DVD/Blu-Ray avec l’introduction de la Dame à la Buche, voici son introduction pour cet épisode :

Citation :

Bienvenue à Twin Peaks. Je m’appelle Margaret Lanterman. J’habite à Twin Peaks. Je suis plus connue sous le nom de « Femme à la Bûche ». Il y a une histoire là-dessous (on en apprend un peu plus à ce sujet dans L’histoire Secrète de Twin Peaks). Il y a beaucoup d’histoires à Twin Peaks. Certaines sont tristes, d’autres sont drôles. Certaines parlent de folie ou de violence. D’autres sont ordinaires. Pourtant, toutes laissent une impression de mystère. Le mystère de la vie. Parfois le mystère de la mort. Le mystère des bois. Les bois qui entourent Twin Peaks. Pour vous présenter cette histoire, Je dirai simplement qu’elle a un caractère universel. Elle se situe au-delà du feu. Bien que peu de gens puissent comprendre cela. C’est l’histoire d’un grand nombre de gens mais elle commence avec une personne, et je la connaissais. Celle qui conduit à tous les autres s’appelle Laura Palmer. Laura est la clé.

Effectivement, les différentes réactions tout au long de cet épisode montrent l’importance de Laura Palmer dans la communauté de Twin Peaks. On sent également que malgré sa mort Laura va avoir une importance capitale sur la série. Je me demande d’ailleurs si et dans qu’elle proportion son personnage va avoir un impact sur la nouvelle saison…

Dernière anecdote, Lynch a tourné une version alternative du pilote pour l’Europe et les gens qui ne verraient pas la série. Dans cette version

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[Je commence à me mettre à Twin Peaks, il était temps]

Ce pilote est très intéressant à bien des égards. D'abord au regard de ses choix dramatiques, avec des premières scènes qui parviennent à être absolument poignantes, celles des parents de Laura apprenant la nouvelle. La réalisation, la mise en scène et le jeu des acteurs sont à cet égard excellents, parvenant à susciter dès le début de la série de l'empathie pour ces personnages que l'on ne connait même pas. Le jeu et la direction des acteurs sont globalement d'un excellent niveau avec des réactions émouvantes et qui semblent sincères de la part de tous les personnages. Le choix d'introduire immédiatement la mort de Laura avant même les personnages et la ville permet d'avoir des enjeux importants immédiatement.

L'épisode parvient ensuite à présenter de manière experte et naturelle tous les personnages, leurs relations. C'est une véritable leçon d'écriture : tous sont caractérisés très efficacement, en action, en évitant tout lourd dialogue d'exposition. Et aucun ne laisse indifférent, que ce soit Bobby, espèce de fou tête-à-claques ou Ed et sa situation un peu pathétique dans une relation qui ne fonctionne pas avec une conjointe irascible. Enfin, l'introduction de Dale Cooper et ses manières étranges rajoutent au sentiment de malaise diffus que suscite l'univers de cette série, où la plupart des personnages ont un petit quelque chose de bizarre.

En tout cas, cette fin d'épisode donne envie d'en savoir plus, même si jusqu'ici, ce pilote donne plus l'impression d'une série policière très esthétisée que d'une série fantastique.

Je viens juste de finir aussi le premier épisode.

Artheval_Pe a écrit:

Ce pilote est très intéressant à bien des égards. D'abord au regard de ses choix dramatiques, avec des premières scènes qui parviennent à être absolument poignantes, celles des parents de Laura apprenant la nouvelle.

Même ressenti que toi à ce niveau. Quelle ambiance !

Artheval_Pe a écrit:

Enfin, l'introduction de Dale Cooper et ses manières étranges rajoutent au sentiment de malaise diffus que suscite l'univers de cette série, où la plupart des personnages ont un petit quelque chose de bizarre.

J'ai trouvé son personnage vraiment bien joué, tellement en décalage parfois... et le shérif qui a l'air d'avoir une patience sans borne...

Artheval_Pe a écrit:

En tout cas, cette fin d'épisode donne envie d'en savoir plus, même si jusqu'ici, ce pilote donne plus l'impression d'une série policière très esthétisée que d'une série fantastique.

C'est vrai que l'aspect fantastique ne m'est pas apparu du tout dans l'épisode (sauf à la fin peut-être, quand la mère de Laura se met à hurler...?). Je me demande à quel moment il va être introduit, et en rapport avec quoi !?

Art a écrit:

Enfin, l'introduction de Dale Cooper et ses manières étranges rajoutent au sentiment de malaise diffus que suscite l'univers de cette série, où la plupart des personnages ont un petit quelque chose de bizarre.

C'est sans doute l'une des grandes réussites de la série qui parvient à maintenir une fibre "burlesque" tout le long des deux saisons. La force de Lynch, qui se rencontre par ailleurs dans beaucoup de ses films, outre dans le cinéma pur est de savoir utiliser plusieurs registres cinématographiques sur un même film tout en maintenant un tout, en n'éclatant pas sa ligne narrative.

Twin Peaks, c'est du film noir, du fantastique, du burlesque et du romantique. La bande-son d'ailleurs de Badalamenti suit cela.