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 Mélange des genres : les limites, les défis et quel avenir ?

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Parnassus
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MessageSujet: Mélange des genres : les limites, les défis et quel avenir ?   Mélange des genres : les limites, les défis et quel avenir ? EmptyJeu 20 Sep 2012 - 21:47

Tout le monde ici sait que la SF peut prendre bien des visages, c'est d'ailleurs ça qui la rend si malléable, si adaptable et associable à d'autres genres. Je sais que la notion de genres devient de plus en plus floue avec le temps, mais je pense que les distinctions, les spécificités existent toujours de manière assez forte pour certains. Le Western ou l'Horreur par exemple.

Récemment donc, les films et séries télévisées ont beaucoup osé s'attaquer au mélange des genres. C'est probablement aussi vrai de la littérature, mais je m'en remettrai à vous pour m'éclairer sur ce point, mon volume de lecture étant bien inférieur à celui de certains en ces lieux.

Quoiqu'il en soit, on peut citer de nombreux exemples de synergie rejoignant cette idée :

-Minority Report ou Chrysalis s'approchent plus de l'enquête policière que de la SF explorant longuement ses concepts, même si le film de Spielberg tire habilement parti de sa base K. Dickiennne et parvient à lancer quelques pistes.

-Alien, Event Horizon ou Pandorum sont des représentants du sous-genre horrifique de la SF. Ces deux aspects semblent se marier assez facilement, bien qu'après Alien, la plupart des œuvres se soient contentées de recycler la même schéma et d'utiliser un vaisseau spatial comme huit-clos. J'ai du mal à percevoir un renouvèlement des thèmes de ce genre métissé depuis le film de Ridley Scott, et ce n'est pas son récent retour à la franchise qui me fera penser le contraire.

-Star Wars projette dans un environnement ultra-technologique des codes de la fantasy. Au final, ça n'a plus grand chose à voir avec la science-fiction des origines et se passe complètement de la dimension hard-science du genre.

-Brisco County Jr ou Firefly sont connus pour intégrer des éléments du Western dans la SF... ou peut-être l'inverse. aarf Ceci dit, j'ai du mal à voir dans ces travaux une relation organique entre le genre majeur et ses éléments perturbateurs (la SF pour Brisco et le Western pour Firefly donc). Dans l'un, des objets étranges font irruption et déclenchent de petites aventures sympathiques, mais on reste toujours dans cet espèce de décalage irréconciliable qui finalement ne fait pas muter le Western. Dans Firefly, la SF domine et les traits Western me paraissent relativement forcés : des chevaux alors qu'ils ont des véhicules, des stand-off pas toujours bien amenés, des plans américains à la pelle, une générique rustique... mais the New Frontier dans tout ça ? J'ignore si c'était l'intention de Whedon sur le long terme, mais c'est l'esprit du genre qu'il est intéressant de manipuler pour faire évoluer. Les quelques bricoles formelles sont la cerise sur le gâteau, pas la finalité de l'exercice, selon moi. Je me pose la question parce que toute cette entreprise de mariage semble s'en être allée dans Serenity, qui embrasse complètement sa SF et laisse le Western à la traine.

-De nombreux films, en revanche intègrent les codes du cinéma d'action à la SF sans grand problème. Mais cela tient peut-être de l'adaptabilité du genre de l'actioner lui-même.

Les grandes œuvres de SF sont majoritairement de la SF qui ne s'embarrasse pas tellement de l'alliance des genres. 2001, Brazil, Stalker, Metropolis, Star Trek, Blade Runner, Retour Vers le Futur, Le Jour où la Terre s'arrêta, Terminator, Sliders, Solaris, Babylon 5 sont des travaux immensément riches, mais qui ne s'aventurent guère au-delà des codes de la SF (qu'ils ont aidés à définir ou enrichir pour certains). Les exceptions sont assez rares dans les grands films, mais on peut citer Alien (encore), ou Matrix.

Plus récemment m'est venue la réflexion que tous les mélanges de genres précités, même si pas toujours heureux, fonctionnent finalement un minimum parce qu'ils ne dépassent pas ou bien peu les frontières de leur environnement culturel. Se tourner vers la science-fiction asiatique apporte une autre dimension, s'opposant parfois mais pas toujours. La SF nippone de type Space Op tire ses fondements, il est vrai, de la culture Otaku née d'un choc culturel orientalo-occidental, mais des cousins, comme le fantastique ou le film de monstre type kaiju représentent peut-être une facette plus originale de cette culture.

Ce qui m'a frappé, également, c'est la relative absence de science-fiction placée dans une société descendante de la présente Chine. On sait que le gouvernement a censuré les dystopies/uchronies/anticipations et autres joyeusetés, ce qui limite pas mal les possibilités, même pour la production cinématographique de Hong Kong. A ce titre, le film avec Andy Lau récemment évoqué dans notre quizz ciné fait figure d'exception assez incroyable.

La production chinoise est dominée par le Wu Xia Pian, qui est en genre que je trouve vraiment fascinant dans son entreprise de relecture d'une histoire démesurée et peut-être pas toujours en accord avec la société telle que présentée aujourd'hui. Mais si ces films qui se veulent historiques réactualisent un passé pour le rendre glorieux, pour l'unifier sous une même idéologie (voyage initiatique, rédemption des trahisons familiales, rapprochement et compréhension du monde alentour... et séquences de castagnes de fous furieux, accessoirement :D), la SF, par définition se révèlerait parfaite pour accentuer, amplifier ce projet qui semble ne jamais se terminer. Car comme tous les genres, le Wu Xia commence à s’essouffler. Certes, Tsui Hark et ses potes nous sortent encore des aventures visuellement à tomber à la renverse, comme Detective Dee, mais l'environnement se fige, n'évolue pas, radote même parfois, et se contente d'innovations superficielles au niveau narratif pour essayer de sortir chaque film du lot.

Ce qui m'intéresse ici n'est pas tant d'expliquer tout les tenants et aboutissants de cette absence de SF dans le paysage cinématographique et télévisuel chinois, ayant déjà évoqué la censure. Je me demande en fait plusieurs choses :

-Le mélange des genres, le vrai, est extrêmement difficile à composer, contrairement aux juxtapositions artificielles qui donnent seulement l'impression de nouveauté. Quand le Western rencontre la SF, on touche à deux conceptions américaines de la Frontière, à deux modes de pensée concernant l'évolution, la religion et le futurisme. Pourtant, des œuvres que j'ai vues/lues, aucune n'aborde réellement le sujet, aucune ne décortique le problème pour en extraire la problématique et, pourquoi pas, n'essaie de déconstruire les genres pour mieux engendrer un hybride qui permettrait de poser une nouvelle pierre dans l'édifice de la fiction. Cela vient-il d'une opposition possiblement présente au sein de la société, entre une volonté transhumaniste et un héritage religieux puissant, qui empêcherait d'allier le futur au passé ?

-Le genre du Wu Xian est certes historique, mais sa raison même d'exister le prédispose, selon moi, à la SF. Si les chinois eux-même sont contraints d'obéir à des règles strictes, la transition pourrait-elle être en partie aidée par une insertion de l'occident dans cette entreprise de relecture ? Je sais que cela est par définition une étude nationaliste, mais les experts de la culture chinoise ne manquent pas, et je ne peux que me demander dans quelles mesures et par quels moyens des artistes occidentaux pourraient essayer de propulser une tradition aux valeurs dont l'héritage est fortement mystique et fantastique, dans un environnement plus progressiste technologiquement parlant ? Quelle serait la place du Wu Xia dans le monde de demain ?

Cette interrogation sur la tentative de représentation d'une culture ou la reprise intégrale de codes appartenant à cette culture vaut dans tous les sens. L'Otaku a démontré dans une certaine mesure qu'il était possible de revitaliser l'essence même des héros occidentaux, et je pense que la SF aurait beaucoup à gagner de l'implication de nos voisins.

Les quelques aventures occidentales vers des mondes fortement ancrés dans la culture orientale m'ont beaucoup plu, et j'espère que des projets comme Pacific Rim vont permettre un rapprochement plus organique des genres, et pourquoi pas une digestion suivie d'un renouvèlement.

Voilà, j'espère que ce n'est pas trop décousu tout de même. Heureux
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MessageSujet: Re: Mélange des genres : les limites, les défis et quel avenir ?   Mélange des genres : les limites, les défis et quel avenir ? EmptyVen 21 Sep 2012 - 14:00

Ton post est très intéressant et je crois qu'il soulève des problématiques importantes sur l'histoire récente et l'avenir de la science-fiction. Tout le monde sur ce forum a du également assister à ce phénomène d'hybridation des genres et, si on se réfère à la littérature, la notion de genre, depuis qu'elle a dépassé le théâtre, la poésie, le roman et les nouvelles, est d'autant plus floue qu'aujourd'hui chaque espèce possède plusieurs spécificités. D'ailleurs, en découvrant ton post, plusieurs références littéraires me sont parvenues:

- pour ce qui est de l'enquête policière, il est tout à fait commun de la trouver dans la littérature de science-fiction. En premier lieu, et bien que cela n'est peu de pertinence puisqu'il n'y avait pas encore de théorie des genres littéraires, Poe, qui écrivait sans le savoir de la science-fiction (quand il ne s'agissait pas de la satire), écrivait aussi des histoires sous le sigle du mystère et de la "detective fiction". Au vingtième siècle, il m'a été donné d'observer un tel mélange dans quelques romans, je pense par exemple à Tool of the Trade de Joe Halderman ou encore à America 2040 d'Evans Innes, deux ouvrages publiés dans les années 80 et dont l'histoire fait intervenir à la fois enquêtes, espionnage et détectives, technologies improbables et uchronies. Pour ce qui est des séries télés, les premiers exemples qui me viennent en tête sont connus de tous: essentiellement dans The X-Files, Fringe, Mysterious Ways, Eleventh Hour mais aussi dans The Bionic Woman (première du nom) et à faibles doses dans John Doe ou bien encore dans Dollhouse. Un exemple pertinent de série policière de science-fiction est Baywatch Nights, une série de deux saisons dont la première est exclusivement "police procedural". L'audience étant mauvaise, et face au succès de The X-Files, les réalisateurs ont ré-inventés la série lors de la deuxième saison... sans succès !

- pour ce qui est de l'horreur, j'ai immédiatement pensé à Frankenstein et aux monstres en général (sans oublier Poe). Etant donné que ces deux genres se marient facilement, comme tu l'as souligné, on trouvait déjà de l'horreur chez les extraterrestres et les mutants bien avant Alien. Les Martiens de H.G. Wells par exemple. D'ailleurs quand tu dis que "après Alien, la plupart des œuvres se soient contentées de recycler la même schéma et d'utiliser un vaisseau spatial comme huit-clos", je rajouterai que, au même titre que les premiers films de Frankenstein, les réalisateurs se sont plus concentrés sur l'horreur que sur la science-fiction. On remarque magistralement cela dans AVP: Requiem, un chef d'oeuvre n'est-ce pas (!)... C'est un peu comme Skyline , un autre chef d'oeuvre (!) qui pompe largement son inspiration sur le remake de La Guerre des Mondes mais en faisant disparaître le peu de science-fiction qu'on y trouvait (rien de comparable à la première version où là, effectivement, on a de la science-fiction à proprement parler.)

Citation :
Star Wars projette dans un environnement ultra-technologique des codes de la fantasy. Au final, ça n'a plus grand chose à voir avec la science-fiction des origines et se passe complètement de la dimension hard-science du genre.

- là, à vrai dire, je trouve que c'est tout à fait normal puisque, en littérature, la science-fiction émane plus du merveilleux (Jules Verne, Jonathan Swift, H.G. Wells, E.R. Burroughs) que de l'étrange. D'ailleurs, une question que je me pose, le space opera, n'est-ce pas avant tout de la fantasy "avec des boulons" ? Si on enlève ses robots et sa technologie futuriste aux histoires d'Asimov (sans parler du cycle Fondation) ou encore ses androïdes à Star Wars, avec quoi nous retrouvons-nous ? Parler d'extra-terrestres et d'empires galactiques sans aborder la question de la technologie, du futurisme ou des robots, n'est-ce pas déjà de la fantasy ? Un extra-terrestre suffit-il pour que l'on parle de science-fiction ? D'ailleurs, ce qui rapproche tant Star Wars de la fantasy, ce n'est pas seulement les extra-terrestres mais le fait que le récit se passe "a long time ago in a galaxy far far away..."

Citation :
Brisco County Jr ou Firefly sont connus pour intégrer des éléments du Western dans la SF... ou peut-être l'inverse. Ceci dit, j'ai du mal à voir dans ces travaux une relation organique entre le genre majeur et ses éléments perturbateurs (la SF pour Brisco et le Western pour Firefly donc). Dans l'un, des objets étranges font irruption et déclenchent de petites aventures sympathiques, mais on reste toujours dans cet espèce de décalage irréconciliable qui finalement ne fait pas muter le Western

- pour ce qui est du Western, un exemple tout récent qui m'est venu à l'esprit est un ouvrage de Bruce Boxleitner intitulé Frontier:Earth. Un peu comme Brisco County avec ses chinois et ses mine, Boxleitner reprend les grandes caractéristiques du sud-ouest américain pour y faire intervenir une pure histoire de science-fiction dans laquelle on retrouve non seulement des gangs, des Amérindiens et des chevaux, mais également de l'horreur (l'un des narrateurs est un extra-terrestre fort peu sympathique à tous les niveaux possibles) et diverses légendes. On peut aussi ajouter Retour Vers le Futur III. De ce point de vue là, l'originalité de Whedon dans la franchise de Firefly aura été de plaquer le genre Western dans un cadre futuriste.

Citation :
Les grandes œuvres de SF sont majoritairement de la SF qui ne s'embarrasse pas tellement de l'alliance des genres. 2001, Brazil, Stalker, Metropolis, Star Trek, Blade Runner, Retour Vers le Futur, Le Jour où la Terre s'arrêta, Terminator, Sliders, Solaris, Babylon 5 sont des travaux immensément riches, mais qui ne s'aventurent guère au-delà des codes de la SF (qu'ils ont aidés à définir ou enrichir pour certains). Les exceptions sont assez rares dans les grands films, mais on peut citer Alien (encore), ou Matrix.

- pour ce qui est de l'action, je ne pense pas que la franchise de Terminator soit tant intéressée par la science-fiction que le serait Blade Runner, 2001 ou, à la télévision, B5. De même que pour Retour Vers le Futur et Matrix. Nous avons à faire à des blockbusters avant tout. Surtout, dans les deux derniers cas, au deux derniers films de la franchise. Les premiers posaient la base, les suivants l'ont exploitées. Blade Runner, 2001 ou encore The Andromeda Strain, ces films-là n'ont guère intégré que très peu de codes du film d'action traditionnel. Maintenant, il est clair que si on les compare à G.I Joe ou bien à Battle Los Angeles, Terminator et Matrix sont des films de science-fiction.

Si les genres paraissent si confus aujourd'hui, c'est que la science-fiction émane peut-être elle-même de cette confusion entre l'horreur, la romance, le roman policier, le mystère etc. A l'écran, je crois que cela nous paraît plus évident étant donné le format. Maintenant s'il fallait expliquer cette hybridation générique de la science-fiction, je dirais que d'un point de vue strictement commercial, la science-fiction pure et dure ne suffirait pas à plaire, surtout en littérature, alors les réalisateurs et les auteurs y rajoutent différentes sauces (je pense surtout à l'horreur et à l'action plus qu'aux autres.) C'est un peu l'inverse de ce qui est arrivé à Baywatch Nights dans les années 90. A l'époque, la série télévisée la plus regardée était celle de Chris Carter. Aujourd'hui, aux Etats-Unis toujours, c'est NCIS. Sans compter, à l'écran, les progrès dans les FX qui changent la donne: désormais le fond passe avant la forme et il arrive même qu'on entende des abbérations telles que "G.I. Joe" c'est mieux que "Babylon 5". Pourtant...

En ce qui concerne le rest de ton post, sur l'absence de la science-fiction en Chine, j'ai moins de choses à dire mais c'était très intéressant ! Peut-être la culture et l'identité chinoises permettront la naissance d'une nouvelle branche de la SF...
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Parnassus
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MessageSujet: Re: Mélange des genres : les limites, les défis et quel avenir ?   Mélange des genres : les limites, les défis et quel avenir ? EmptyVen 21 Sep 2012 - 19:29

Citation :
Tool of the Trade de Joe Halderman ou encore à America 2040 d'Evans Innes
*prend note* study

Citation :
- là, à vrai dire, je trouve que c'est tout à fait normal puisque, en littérature, la science-fiction émane plus du merveilleux (Jules Verne, Jonathan Swift, H.G. Wells, E.R. Burroughs) que de l'étrange.
Oui tout à fait, mais j'observais simplement que l'appartenance de Star Wars au genre SF est franchement douteuse selon moi... dans sa structure narrative, c'est une épopée antique ; dans son discours, c'est un voyage initiatique dérivé du monomythe de Campbell ; dans son traitement de la diégèse, c'est du merveilleux et absolument pas de la science-fiction dans le sens où les premiers romanciers du genre l'entendaient. D'ailleurs, je rebondis sur ta référence à Verne et Wells, que je croyais pourtant plutôt versés dans la science. Que ce soit Verne et ses description techniques du Nautilus ou ses concepts avant-gardistes, ou Wells avec ses théories de 4e dimension (3 dans l'espace, une dans le temps) formulées avant qu'Einstein ne publie son fameux papier.

Citation :
un ouvrage de Bruce Boxleitner intitulé Frontier:Earth
*prend note* study

Citation :
- pour ce qui est de l'action, je ne pense pas que la franchise de Terminator soit tant intéressée par la science-fiction que le serait Blade Runner, 2001 ou, à la télévision, B5. De même que pour Retour Vers le Futur et Matrix. Nous avons à faire à des blockbusters avant tout. Surtout, dans les deux derniers cas, au deux derniers films de la franchise. Les premiers posaient la base, les suivants l'ont exploitées. Blade Runner, 2001 ou encore The Andromeda Strain, ces films-là n'ont guère intégré que très peu de codes du film d'action traditionnel. Maintenant, il est clair que si on les compare à G.I Joe ou bien à Battle Los Angeles, Terminator et Matrix sont des films de science-fiction.
Pourtant, Matrix est à mon sens un des plus beaux travaux de digestion et de réhabilitation d'une multitude de genres. L'enfermer dans une seule catégorie n'est d’ailleurs pas possible. Si l'action est très présente, elle nait d'un postulat science-fictif qui la motive en partie. La culture anime, les concepts métaphysiques de la vieille SF, l'impact formel des films de kung-fu sur le cinéma américain, sans même parler des révolutions techniques (le bullet time) et de l'exploration de la plupart des systèmes de pensée religieux contemporains... et on a même pas effleuré la surface. L'ambition narrative de Matrix (les 3 films... qui n'en sont en fait qu'un) transcende largement les frontières des genres et dépasse sans problème la portée de tous les blockbusters de ces 13 dernières années. Pour le coup, c'est un des rares exemples de mélange des genres qui parvient à rendre l'ensemble naturel. Alors oui, ce sont des blockbusters par circonstance (ils ont "tout fait péter"), mais pas vraiment par nature. Sans même évoquer la genèse compliquée du projet et l'audace de ses réalisateurs, cette trilogie se permet de ne pas prendre son public pour un con une seconde en multipliant les niveaux de lecture tout en offrant un spectacle juste hallucinant. Ce que personne d'autre n'a fait depuis..?
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MessageSujet: Re: Mélange des genres : les limites, les défis et quel avenir ?   Mélange des genres : les limites, les défis et quel avenir ? EmptyVen 21 Sep 2012 - 20:47

Parnassus a écrit:
Oui tout à fait, mais j'observais simplement que l'appartenance de Star Wars au genre SF est franchement douteuse selon moi... dans sa structure narrative, c'est une épopée antique ; dans son discours, c'est un voyage initiatique dérivé du monomythe de Campbell ; dans son traitement de la diégèse, c'est du merveilleux et absolument pas de la science-fiction dans le sens où les premiers romanciers du genre l'entendaient. D'ailleurs, je rebondis sur ta référence à Verne et Wells, que je croyais pourtant plutôt versés dans la science. Que ce soit Verne et ses description techniques du Nautilus ou ses concepts avant-gardistes, ou Wells avec ses théories de 4e dimension (3 dans l'espace, une dans le temps) formulées avant qu'Einstein ne publie son fameux papier.

Elle l'est pour moi aussi, d'une part pour l'originalité des structures spatio-temporelles qui sont littéralement para-futuristes, aux noms de certains personnages (antagonistes principalement) qui ont une consonance merveilleux (Darth/Dark Maul, Vador...) d'autre part car l'emphase n'est clairement pas mise sur la science-fiction. En fait, ne crois-tu pas que la présence de la science-fiction se limite strictement à une poignée d'éléments (les clones, les machines et les technologies diverses ou encore à la Force qui est très grossièrement expliquée dans The Phantom Menace) ?

C'est vrai que dans ses abords narratifs, l'épopée de la franchise rappelle celle de Campbell dans ses récits. Mais si on en croit Raphaël Colson, qui a travaillé sur différents aspects de la science-fiction (le réel, la modernité), Campbell fait aussi partie de ses auteurs qui, avant 1945, servait de propagande technophile aux Etats-Unis. Je pense notamment à The Mightiest Machine (1938) qui illustre effectivement cette lutte manichéenne très sommaire que l'on retrouve dans Star Wars (et encore, on pourrait en discuter étant donné la fin de Darth Vador), lutte que beaucoup d'oeuvres de science-fiction, dont certaines qui me viennent à l'esprit sont des hybrides génériques tels que Tool of the Trade et America 2040, se refusent à orchestrer et qu'elles préfèrent surmonter et dépasser, par exemple (pour faire court) on peut l'observer dans le discours par un glissement de paradigme entre le "nous" et le "eux", chose qui n'arrive que très rarement chez Campbell.

D'ailleurs, dans le versant policier de la science-fiction, j'ai oublié de mentionner Virtual Light de Gibson, auteur que l'on connaît tous, notamment pour sa participation dans deux épisodes de The X-Files. Est-ce que tu l'as lu ? Avec Tool of the Trade, à qui il ressemble en partie, c'est un roman que j'ai beaucoup apprécié et duquel je n'ai jamais eu l'occasion de discuter.

Citation :
Pourtant, Matrix est à mon sens un des plus beaux travaux de digestion et de réhabilitation d'une multitude de genres. L'enfermer dans une seule catégorie n'est d’ailleurs pas possible.

En mon sens, il l'est aussi. On y trouve clairement de l'action et de la science-fiction mais l'intervention d'autres genres (horreur, romance...) est limitée, à part si tu y vois des contre-exemples comme avec la romance dans le second épisode de la franchise. Ce qui est plaisant dans Matrix, c'est évidemment sa philosophie et ses allégories explicites (la caverne...) et c'est ce qui le rend particulier car l'attention se porte sur le discours plus que sur les effets spéciaux, ce qui le rend inclassable. C'est pourquoi une étude récemment publiée à l'université de Nantes proposait qu'on le classe dans le genre de la philo-fiction (il s'agit de La science-fiction: Entre Cassandre et Prométhée.)

Citation :
Si l'action est très présente, elle nait d'un postulat science-fictif qui la motive en partie. La culture anime, les concepts métaphysiques de la vieille SF, l'impact formel des films de kung-fu sur le cinéma américain, sans même parler des révolutions techniques (le bullet time) et de l'exploration de la plupart des systèmes de pensée religieux contemporains... et on a même pas effleuré la surface. L'ambition narrative de Matrix (les 3 films... qui n'en sont en fait qu'un) transcende largement les frontières des genres et dépasse sans problème la portée de tous les blockbusters de ces 13 dernières années. Pour le coup, c'est un des rares exemples de mélange des genres qui parvient à rendre l'ensemble naturel. Alors oui, ce sont des blockbusters par circonstance (ils ont "tout fait péter"), mais pas vraiment par nature. Sans même évoquer la genèse compliquée du projet et l'audace de ses réalisateurs, cette trilogie se permet de ne pas prendre son public pour un con une seconde en multipliant les niveaux de lecture tout en offrant un spectacle juste hallucinant.

Je suis d'accord, le mélange de l'aspect blockbuster "qui fait tout péter" et de la métaphysique est très appréciable et ce n'est pas parce que c'est un blockbuster que Matrix perd de sa qualité, surtout si on regarde les productions de cette dernière décennie. Je pense que nous nous sommes mis d'accord: Matrix dépasse les genres pour entrer dans quelque chose d'autres, on a donc là l'exemple d'une franchise qui mélange habilement les progrès visuels (pour toutes les raisons que tu as énoncées) et la qualité discursive de la science-fiction quand elle ouvre la voie de la métaphysique.

Citation :
Ce que personne d'autre n'a fait depuis..?

Je cherche mais, au cinéma, je ne vois pas qu'est-ce qui pourrait rivaliser avec la franchise. J'ai bien apprécié Time-Out pour le concept (je l'ai regardé le jour après avoir vu Skyline donc bon...) et Prometheus parce qu'il représente explicitement un retour au mythe de Prométhée. Mais aucun des deux n'arrivent à la cheville de Matrix... J'en suis même venu à réaliser que les films à petit budget disposait d'une qualité de fond plus importante que les blockbusters qui sont à l'affiche depuis le début du millénaire. Mais là encore, productions à petit budget ou pas, très peu ont le niveau. 2012 ou Battleship peut-être Boulet... ?

Peut-être assistons-nous à la mort de la science-fiction américaine... qu'en penser ?
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MessageSujet: Re: Mélange des genres : les limites, les défis et quel avenir ?   Mélange des genres : les limites, les défis et quel avenir ? EmptyVen 21 Sep 2012 - 23:10

Citation :
En fait, ne crois-tu pas que la présence de la science-fiction se limite strictement à une poignée d'éléments (les clones, les machines et les technologies diverses ou encore à la Force qui est très grossièrement expliquée dans The Phantom Menace) ?
Oui, en effet, ça rejoint l'idée que les éléments à proprement parler science-fictifs ont une place relativement artificielle dans cet univers qui, même privé d'eux, fonctionnerait plus ou moins de la même manière.

Citation :
Virtual Light de Gibson, auteur que l'on connaît tous, notamment pour sa participation dans deux épisodes de The X-Files. Est-ce que tu l'as lu ? Avec Tool of the Trade, à qui il ressemble en partie, c'est un roman que j'ai beaucoup apprécié et duquel je n'ai jamais eu l'occasion de discuter.
Arf, hélas non. De Gibson, j'ai lu y a quelques temps sa collaboration sur The Difference Engine, que j'ai eu un peu de mal à finir, et j'ai commencé Neuromancer mais euh... je ne le trouve pas très bon narrateur, en fait. neutral
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MessageSujet: Re: Mélange des genres : les limites, les défis et quel avenir ?   Mélange des genres : les limites, les défis et quel avenir ? EmptySam 22 Sep 2012 - 8:49

Citation :
je ne le trouve pas très bon narrateur, en fait

Je suis d'accord, son écriture est intorchable (et je parle bien de la version originale.) Je me suis arraché les cheveux à plusieurs reprises parce qu'il n'adopte pas une écriture traditionnelle. Une chose est sûre: sa façon d'aborder les super-structures classiques ravirait les critiques post-modernes. Virtual Light a évidemment les mêmes qualités mais on le torche plus facilement que ce premier, tout simplement car il ne fait partie d'aucune série et demeure en soi un stand-alone. C'est en fait le côté social qui est séduisant chez Gibson et également la manière dont il développe un "technoscape" (Andrew Barry) dans ses écrits (plus les romans que les nouvelles à dire vrai.)

Citation :
La SF nippone de type Space Op tire ses fondements, il est vrai, de la culture Otaku née d'un choc culturel orientalo-occidental, mais des cousins, comme le fantastique ou le film de monstre type kaiju représentent peut-être une facette plus originale de cette culture.

Ce qui m'a frappé, également, c'est la relative absence de science-fiction placée dans une société descendante de la présente Chine. On sait que le gouvernement a censuré les dystopies/uchronies/anticipations et autres joyeusetés, ce qui limite pas mal les possibilités, même pour la production cinématographique de Hong Kong.

A part les exemples de réalisateurs que tu as déjà cités, tu as des titres à conseiller ?

Citation :
Le mélange des genres, le vrai, est extrêmement difficile à composer, contrairement aux juxtapositions artificielles qui donnent seulement l'impression de nouveauté. Quand le Western rencontre la SF, on touche à deux conceptions américaines de la Frontière, à deux modes de pensée concernant l'évolution, la religion et le futurisme. Pourtant, des œuvres que j'ai vues/lues, aucune n'aborde réellement le sujet, aucune ne décortique le problème pour en extraire la problématique et, pourquoi pas, n'essaie de déconstruire les genres pour mieux engendrer un hybride qui permettrait de poser une nouvelle pierre dans l'édifice de la fiction.

Je voudrais rajouter quelques mots sur un genre que l'on a un peu laissé pour compte pour l'instant. Il s'agit du roman historique. On l'a déjà abordé sous un certain angle en invoquant le Western (et notamment l'ouvrage de Boxleitner que je recommande bien que, explicitement, il n'effectue aucune déconstruction des genres et demeure au final très classique) mais si nous devons également invoquer une telle déconstruction, peut-être faut-il la chercher ailleurs. J'ai un ouvrage en tête, un "pavé", qui devrait te plaire.

Comme Boxleitner, malheureusement, il ne remet pas explicitement les genres en cause, mais il taquine abondement l'identité politique américaine en s'appuyant, par une uchronie, sur son histoire et sur ses lois. Il s'agit d'un roman tout à fait récent de John Barnes intitulé Directive 51. Déjà dans son premier roman (Sin of Origin), publié dans les années 80, Barnes avait entreprit d'attaquer l'identité américaine sous l'angle de la religion.

Plutôt classique dans le style, il mettait en scène des peuples aux croyances différentes forcés de co-habiter sur une planète où les humains, dans leur mission de purification, disposaient d'un avantage technologique sur la population locale (ça ne vous rappelle rien de notre histoire ?) Bref, dans son plus récent roman, dont on attend encore la suite, c'est une autre facette de l'identité américaine qu'il met en scène mais il garde tout de même l'aspect religieux en créant une secte autour de laquelle se concentrent, non seulement une grande partie de l'histoire, mais également la moitié du récit puisqu'il utilise une narration multi-focale.

En soi, il ne remet pas tant en cause les genres mais je trouve qu'il conjugue très bien plusieurs genres: roman historique, discours politique, science-fiction, merveilleux (uchronie) mais également il cultive également étrange. Un autre roman du même type et auquel on peut rajouter la satire est un ouvrage intitulé The Holy Land de Robert Zubrin. L'histoire s'inspire très largement du conflit Israëlo-Palestinien. L'importance de ces deux ouvrages, je trouve, est d'apporter une certaine distance sur des épisodes de notre histoire qu'il est devenu facile d'extrapoler ou de biaser et ce pour plusieurs raisons mais un tel sujet ré-orienterait nos discussions alors je m'arrête là. Alors, que penser de la science-fiction historiographique ? Est-ce là la suite logique de l'évolution du genre ?
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MessageSujet: Re: Mélange des genres : les limites, les défis et quel avenir ?   Mélange des genres : les limites, les défis et quel avenir ? EmptyDim 23 Sep 2012 - 12:05

La réécriture et l'exploration de l'histoire ont toujours été un peu présentes dans la SF, je pense. Même quand ce n'était pas explicite, la simple fait de créer un monde différent de celui dans lequel on vit est, d'une certaine manière, un acte de réinvention du présent (et parfois du passé aussi, surtout dans les uchronies).

Citation :
A part les exemples de réalisateurs que tu as déjà cités, tu as des titres à conseiller ?
De SF nippone ou chinoise ?

Dans le premier cas, je ne suis pas vraiment un spécialiste mais les bons titres de Space Op ne manquant pas, surtout en anime. Niveau séries, tu peux tenter Legend of the galactic heroes sans craintes, par exemple. Mais il y a des centaines et des centaines d'OAV/séries à découvrir, c'est une exploration digne du passage du Nord-Ouest.
En ce qui concerne les films live par contre, c'est beaucoup moins attrayant dans l'ensemble, du moins dans ce que je connais. J'ai vu pas mal de médiocrités sans âme (Space Battleship Yamato), de photocopies à court d'encre (Returner) ou de délires sans queue ni tête défiant toute logique narrative (Casshern).

Si tu parles de SF chinoise à la télé/au ciné, c'est un véritable parcours du combattant pour trouver des titres. Trouver des titres de bonne facture, n'en parlons pas. :D

La légende veut que le premier film de SF produit sur le sol chinois fut Death Ray on Coral Island, que je n'ai pas vu mais qui se traine une petite réputation nanardesque derrière lui. Visiblement, tout est histoire d'expérimentations scientifiques et d'américains joués par des chinois habillés de perruques blondes (!). Bon, à partir de là, de ce que j'en sais, le cinéma chinois n'a pas vraiment exploré le terrain science-fictif. C'est assez étrange, parce que des outils narratifs appartenant originellement au genre ont parfois servi à déclencher des histoires qui au final n'ont absolument rien à voir avec la SF. Je pense par exemple à Magic Crystal (Mo fei cui, 1991) de Jing Wong, qui présente un artefact étrange venu d'ailleurs dans le simple but de mettre en scène un pseudo film d'aventure du pauvre ; Sixty Million Dollar Man (Baak bin sing gwan, 1995) utilise quelques idées de robotique et d'améliorations du corps humain grâce à la science pour finir en comédie, à l'instar par exemple de CJ7, de Stephen Chow ou de Kung Fu Cyborg, de Jeffrey Lau.

À côté de ça, il existe quelques curiosités, que je n'ai pas encore eu l'occasion de voir (mais ça ne saurait tarder), comme Thru the Moebius Strip, un film d'animation sino-américain (!) qui semble embrasser le space opera.

Il faut aussi distinguer les productions de Chine continentale en SF (rarissimes) de celles de Hong Kong, moins rares mais peu souvent enclines à utiliser la SF autrement que comme McGuffin. C'est en ça que Future X-Cops faisait vraiment figure d'exception : son univers baigne dans une SF futuriste premier degré. C'est cet élément qui me semble étrangement absent des productions ciné chinoises.

Du côté des petits écrans, en revanche, j'ai récemment découvert l'existence d'une série intitulée A Step Into the Past, dans laquelle un officier de police remonterait le temps à l'ère de la dynastie Qing pour se voir embarquer dans du pur Wuxia Pian. Cette approche visiblement sérieuse du concept m'intéresse bien plus que celle d'une autre série nommée The King of Yesterday and Tomorrow qui, je crois, n'utilise l'excuse du voyage temporel que comme ressort comique dans son pilote (à vérifier, ceci dit).
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MessageSujet: Re: Mélange des genres : les limites, les défis et quel avenir ?   Mélange des genres : les limites, les défis et quel avenir ? EmptyMer 10 Oct 2012 - 22:33

Hé, mais Looper est une co-production sino-américaine ! Grosse surprise. Cela me rend encore plus impatient de découvrir ce film, qui bénéficie de bons avis jusque là.
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MessageSujet: Re: Mélange des genres : les limites, les défis et quel avenir ?   Mélange des genres : les limites, les défis et quel avenir ? EmptySam 20 Oct 2012 - 22:19

Parnassus a écrit:
La réécriture et l'exploration de l'histoire ont toujours été un peu présentes dans la SF, je pense. Même quand ce n'était pas explicite, la simple fait de créer un monde différent de celui dans lequel on vit est, d'une certaine manière, un acte de réinvention du présent (et parfois du passé aussi, surtout dans les uchronies).

Un peu ? Je pense que sans l'Histoire, l'écriture de l'Histoire, il n'y aurait jamais eu de science-fiction. Qu'on se réfère aux premières utopies de Francis Bacon ou de Thomas More, aux voyages sur la Lune, à Frankenstein ou même au cycle Fondation d'Asimov, même si elle n'est pas toujours vu en tant que telle, j'entends par là une réflexion méta-critique de l'histoire sur l'histoire, l'Histoire a toujours un rôle à jouer. L'Histoire fait partie des sciences humaines et elle est indissociable de la science en soi comme la philosophie l'eut été avant la révolution scientifique du dix-neuvième siècle.

Citation :
De SF nippone ou chinoise ?

Les deux pardi ! Je passe mon temps dans la science-fiction nord-américaine, j'ai bien envie d'explorer d'autres horizons, c'est toujours intéressant pour quiconque prétendrait à une anthropologie de la science-fiction.

Citation :
Dans le premier cas, je ne suis pas vraiment un spécialiste mais les bons titres de Space Op ne manquant pas, surtout en anime. Niveau séries, tu peux tenter Legend of the galactic heroes sans craintes, par exemple. Mais il y a des centaines et des centaines d'OAV/séries à découvrir, c'est une exploration digne du passage du Nord-Ouest.

Merci, je prends ça en note.

Citation :
En ce qui concerne les films live par contre, c'est beaucoup moins attrayant dans l'ensemble, du moins dans ce que je connais. J'ai vu pas mal de médiocrités sans âme (Space Battleship Yamato), de photocopies à court d'encre (Returner) ou de délires sans queue ni tête défiant toute logique narrative (Casshern).

Ce n'est pas comme si on était pas habitué à ça avec les américains...

Citation :
La légende veut que le premier film de SF produit sur le sol chinois fut Death Ray on Coral Island, que je n'ai pas vu mais qui se traine une petite réputation nanardesque derrière lui. Visiblement, tout est histoire d'expérimentations scientifiques et d'américains joués par des chinois habillés de perruques blondes (!).


Je crois que ça sera toujours mieux que le prochain G.I Joe , non ?

Citation :
C'est assez étrange, parce que des outils narratifs appartenant originellement au genre ont parfois servi à déclencher des histoires qui au final n'ont absolument rien à voir avec la SF. Je pense par exemple à Magic Crystal (Mo fei cui, 1991) de Jing Wong, qui présente un artefact étrange venu d'ailleurs dans le simple but de mettre en scène un pseudo film d'aventure du pauvre ; Sixty Million Dollar Man (Baak bin sing gwan, 1995) utilise quelques idées de robotique et d'améliorations du corps humain grâce à la science pour finir en comédie, à l'instar par exemple de CJ7, de Stephen Chow ou de Kung Fu Cyborg, de Jeffrey Lau.

Tant mieux... après tout, ça serait dommage de copier pâlement ce qu'ont fait les américains et les anglo-saxons jusque là dans la science-fiction. La parodie de L'homme qui valait trois milliards que tu as mentionnée ci-dessus doit être intéressante à voir. Tu as eu l'occasion de la mater ?

Citation :
Il faut aussi distinguer les productions de Chine continentale en SF (rarissimes) de celles de Hong Kong, moins rares mais peu souvent enclines à utiliser la SF autrement que comme McGuffin. C'est en ça que Future X-Cops faisait vraiment figure d'exception : son univers baigne dans une SF futuriste premier degré. C'est cet élément qui me semble étrangement absent des productions ciné chinoises.

Du côté des petits écrans, en revanche, j'ai récemment découvert l'existence d'une série intitulée A Step Into the Past, dans laquelle un officier de police remonterait le temps à l'ère de la dynastie Qing pour se voir embarquer dans du pur Wuxia Pian. Cette approche visiblement sérieuse du concept m'intéresse bien plus que celle d'une autre série nommée The King of Yesterday and Tomorrow qui, je crois, n'utilise l'excuse du voyage temporel que comme ressort comique dans son pilote (à vérifier, ceci dit).

Merci pour ce petit briefing. Je note quelques uns de ces titres dans un coin... Dans l'étude des genres littéraires, Todorov (La notion de littérature) disait que chaque civilisation, ou plutôt chaque culture, disposait de ses propres genres et les faisait évoluer d'une manière singulière à chaque. Il ne limite pas son propos à la littérature mais à l'art en général. Il a d'ailleurs lui-même travaillé sur le fantastique du dix-neuvième siècle, soit dit en passant.

En ce qui concerne la science-fiction, je l'envisage moi-même comme un genre fondamentalement occidental puisqu'elle est issue elle-même des pulps américains. Si on en croit ce point de vue, la science-fiction nippone et chinoise devrait être soit une ré-écriture bête et méchante de ce qui a été fait jusque là, soit une écriture innovante et singulière à leurs cultures respectives. Dans ton petit récapitulatif, je pense qu'on trouve a priori les deux espèces.

En cherchant bien, il sera sans doute possible de déceler le gène spécifique de la science-fiction nippone et chinoise. Etant donné l'Histoire philosophique et scientifique de chacun, on devrait aboutir à des résultats très intéressants. Il faudrait (par exemple) étudier des motifs tels que le confucianisme dans la science-fiction chinoise pour en rendre compte proprement.
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